Imaginez (re)voir Les Dents de la Mer et, · 2015. 7. 17. · Imaginez (re)voir Les Dents de la Mer...

Imaginez (re)voir Les Dents de la Mer et, plus vous avez peur, plus vite le requin approche. Imaginez (re)voir La Rose Pourpre du Caire et, plus vous tombez amoureux, plus les héros sortent de l’écran. Imaginez (re)voir Lost Highway et, plus vos émotions sont fortes, plus le personnage plonge dans la folie.

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Vers un cinéma émotif ? Depuis les premières peintures rupestres jusqu’aux installations numériques actuelles, les oeuvres d’art ont finalement principalement cherché à provoquer une émotion chez la personne qui la découvre, qu’il s’agisse d’une émotion individuelle devant un livre, ou collective devant un film ou un concert. Depuis longtemps, les créateurs de tout genre se sont ainsi posé la question de l’implication du spectateur devant l’oeuvre. En 1967, Kinoautomat, la première expérience de cinéma interactif est créée. A l’époque, le film s'arrêtait et les spectateurs devaient voter pour la scène suivante parmi deux choix possibles. Comment rendre un public actif, plus spect-acteur que spectateur ? Depuis, l’interactivité est devenue très courante, que ce soit dans l’industrie du divertissement ou dans l’art contemporain. Le jeu vidéo répond pleinement à cette notion d’interactivité, ainsi que les nouvelles émissions de télé-réalité à base de votes, les dispositifs second écran, les installations numériques, les web-documentaires, ou, auparavant, les livres dont vous êtes le héros. Dans la plupart des cas, l’action du spectateur est consciente, voulue. Que se passe-t-il si le spectateur se met à agir inconsciemment sur l’histoire ? Alors, comment repenser le rapport d’un spectateur à une oeuvre ? Comment expérimenter de nouvelles voies de narration alliant questionnement technologiques et artistiques ? La réponse est peut-être dans la captation même de ses émotions. Le spectateur agirait alors inconsciemment sur l’oeuvre en fonction de celles-ci. Le cinéma deviendrait alors littéralement émotif.



Qu’est-ce que le Cinéma Émotif ? LE CINÉMA ÉMOTIF est un prototype de cinéma interactif dans lequel le film varie en fonction des émotions des spectateurs, analysées par des casques EEG (Electro Encephalo Gramme) qui captent leur activité cérébrale. Le film répond au ressenti des spectateurs en temps réel : l’histoire change, les personnages agissent différemment et le scénario varie d'une séance à l'autre. Cette recherche pose de nombreuses questions primordiales qui doivent être explorées par des groupes de travail mixtes scientifiques/producteurs/artistes : - Comment capter, qualifier et traduire les émotions d’un spectateur devant une oeuvre ? - Quels types de capteurs pouvons-nous utiliser pour affiner cette traduction ? - Sur un public global, quel pourcentage de spectateurs doit/peut être actif émotionnellement en même temps ? - Le spectateur doit-il être conscient du dispositif et de son influence sur l’oeuvre ? Comment rendre compte de cette interaction ? - Comment créer de la fluidité dans l’interaction, un véritable dialogue entre le spectateur et l’oeuvre ? - Quel modèle économique pour une application dans les champs du cinéma, de la télévision, des nouveaux médias, des performances ou installations numériques, etc ? - Et, question primordiale pour nous : comment écrire une oeuvre rendue interactive en fonction des émotions de son spectateur ?

Nous souhaitons démontrer avec Le Cinéma Émotif qu’un dialogue entre technologie et création est indispensables pour proposer des oeuvres pertinentes et étonnantes au public. Recherches de nouvelles technologies et de nouvelles écritures sont ainsi intimement liées.



Les origines du Cinéma Émotif MARIE-LAURE CAZIN, CRÉATRICE DU CINÉMA ÉMOTIF : Née à Casablanca en 1969, Marie-Laure Cazin est réalisatrice et artiste numérique. Elle enseigne à l'Ecole Supérieure des Beaux-Arts du Mans ESBA-TALM et est chargée de cours à l'UFR d'Arts Plastiques de l'Universté Panthéon-Sorbonne, Paris 1. Ayant une formation de plasticienne, elle a commencé sa carrière avec un travail de photographie et de vidéo, présenté dans de nombreux musées et galeries en France et à l'étranger comme la Kunsthalle de Basel en Suisse, la Deweer Art Gallery en Belgique ou le Musée du Jeu de Paume à Paris. Après son passage au Fresnoy en 2002-2003, elle s'est orientée vers le cinéma, réalisant plusieurs courts métrages de fiction, dont certains ont été sélectionnés dans des festivals internationaux comme le festival de Locarno en Suisse ou la Mostra de Sao Paolo au Brésil. Parallèlement, elle a développé des dispositifs cinématographiques expérimentaux, les Living Cinema, qui intègrent une interaction temps réel entre le film et des performeurs ou des spectateurs, faisant varier certains éléments comme la vitesse, la colorimétrie ou le montage pour obtenir un film réactif et changeant. Ces prototypes au croisement du cinéma, du spectacle vivant et de l'art numérique ont été accompagnés et présentés dans des centres d'art numérique et des scènes nationales comme Ars Numerica à Montbelliard, Stéréolux à Nantes, La Panacée à Montpellier, la scène nationale de Mulhouse, La Chartreuse - Centre National des Ecritures du Spectacle à Villeneuve-lez-Avignon et dans des festivals comme le VIA à Mons en 2009 ou la Nuit Blanche à Bruxelles en 2014. En lien avec le type d'interaction qu'elle choisit, les sujets de ses fictions évoquent souvent les forces invisibles qui commandent nos désirs, une tache de lumière mystérieuse qui manipule les personnages dans « Les histoires de la tache 1 et 2 », les corps mis en transe par la musique dans « Tarentelle » ou celui de « Mademoiselle Paradis » soigné par les ondes magnétiques de Mesmer.



Le Cinéma Emotif est produit par Le Crabe Fantôme après avoir été développé par FILMO, en coproduction avec Pictanovo, « Expériences interactives», avec l'aide de la Région Nord-Pas de Calais, Lille Métropole communauté urbaine, Le Fresnoy Studio National des Arts Contemporains et Transfictions. Il a bénéficié de partenariats avec plusieurs structures, Stéréolux Lab à Nantes, La Panacée à Montpellier, La Condition Publique à Roubaix pour des accueils en résidence.

Le projet a reçu l'aide du Dicréam - aide à la Maquette (CNC- Ministère de la Culture et de la Communication).

LES LABORATOIRES DE RECHERCHE PARTENAIRES :

L'Institut NUMEDIART (Institute for New Media Art Technology, Université de Mons, Belgique) Janvier – mars 2012.

Laboratoires LIFL-NOCE et le LAGIS, Université de Lille 1- Expertise.

Le LABRi, le SCRIME et l'INRIA, Université de Bordeaux avec la société bordelaise de développement informatique ASI. Finalisation du prototype 2012-2013.

Équipe IVC (Images et Vidéo Communications) de l’IRCCYN (Institut de Recherche en Communications et Cybernétique) de POLYTECH Nantes. À partir de janvier 2014 - Études sur le comportement du spectateur.

LANCEMENT DU PROTOTYPE AU FRESNOY

Après deux ans de travail de recherche avec les différents laboratoires partenaires, le lancement du prototype (voir plus bas) a eu lieu au Fresnoy, studio national des arts contemporains (Tourcoing), le 12 février 2014, deux « spectateurs agissants » étaient équipés de casques et interagissaient avec le film.



UNE PREMIÈRE PHASE D'EXPÉRIMENTATION

Sur la base de ce premier prototype, une série de workshops et de résidences se sont déroulées à partir de mars 2014 en partenariat avec des structures d'accueil. Ces étapes de travail ont été réalisées avec de petits groupes de public qui testaient le dispositif.

Les enjeux principaux de ces rencontres ont été d’analyser le ressenti des spectateurs, développer le feedback sonore et graphique de l'interaction (c'est-à-dire la perception de l'interaction avec le film par les spectateurs), de travailler la scénographie et d’augmenter progressivement le nombre de « spectateurs agissants » :

● Workshop à La Condition Publique avec les étudiants du BTS audiovisuel Jean Rostand, Roubaix, mars 2014. ● Présentation par Marie-Laure Cazin à la 14e soirée Di*/zain, 12 avril 2014, dans le cadre de l'exposition Bill Viola, Grand Palais, Paris. ● Workshop au laboratoire arts et technologies de Stereolux, Nantes, avril 2014, en collaboration avec l’IRCCYN, laboratoire

universitaire, Polytech Nantes . ● Présentation par Marie-Laure Cazin à la journée d'études Digital Stories organisée par Jean-Paul Fourmentraux, MESHS, Lille, 13 juin

2014. ● Salon CrossVideoDays 2014, présentation du projet sur le stand de Pictanovo, Pantin, juin 2014. ● Présentation au SCRIME - LABRI, Université de Bordeaux, juin 2014. ● Diffusion du travail en cours au Festival FET NAT, Blandy-les-Tours, Seine-et-Marne, juillet 2014. ● Workshop à La Panacée, Centre de Création Contemporaine, Montpellier, juillet 2014. ● Diffusion à la NUIT BLANCHE Bruxelles, Belgique, octobre 2014 ● Présentation par Marie-Laure Cazin, journée innovation, “Des contenus aux écrans”, organisée par la Plaine Image, Pictanovo, Région

Nord Pas de Calais. ● Présentation par Marie-Laure Cazin au Colloque Obs In, Marseille, Maison Méditerrannée, novembre 2014.

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Technologie et dispositif

Le dispositif du Cinéma Émotif est composé :

● d’une oeuvre interactive ● de spectateurs agissants sur l’oeuvre en fonction de leurs émotions ● de la représentation des émotions des spectateurs agissant (sur des écrans par exemple) ● de spectateurs passifs

Sur cette base, plusieurs variations sont possibles :

● Les spectateurs agissants et les spectateurs passifs sont dans la même salle. ● Les spectateurs agissants et les spectateurs passifs ne sont pas dans la même salle. ● On peut même imaginer que les spectateurs passifs découvrent l’oeuvre influencée en direct sur le web ou en télévision. ● Les spectateurs agissants voient la représentation de leurs émotions. ● Les spectateurs agissants ne voient pas la représentation de leurs émotions.

En fonction de ces choix, l’auteur provoquera des effets différents et pourra changer le sens de son oeuvre.



LES CHOIX TECHNIQUES :

Le Cinéma Émotif utilise actuellement les casques munis de capteurs EPOC, de la société américaine EMOTIV pour équiper les « spectateurs agissants ».

Les données brutes du signal sont interprétées par le logiciel OPENVIBE développé par l'INRIA Rennes et reconnu mondialement dans le domaine du BCI ( Brain and Computor Interface).

Le logiciel a été programmé par le laboratoire LABRI de l’université de Bordeaux pour interpréter le niveau d'excitation et les émotions positives ou négatives du spectateur. Les données traitées par le logiciel Openvibe sont envoyées à un player vidéo qui lance les différentes séquences du film.

Avec ce dispositif, nous ne sommes pas capables de détecter un type d’émotions (joie, peur, colère, etc.) mais nous pouvons interpréter 4 combinaisons différentes : excitation haute et émotion positive, excitation haute et émotion négative, excitation basse et émotion positive, excitation basse et émotion négative.

Soit on fait la moyenne des émotions des spectateurs agissant pour faire varier le film, soit on assigne un spectateur à un personnage ou une partie du film, en fonction de ce que l’on veut raconter et provoquer.

Pendant la séance, les données EEG des « spectateurs agissants » s'affichent en temps réel sur des écrans placés de chaque côté de l'écran principal où le film est projeté.

Y sont signalés le choix provoqué par les émotions du spectateur et les bifurcations prises dans le scénario interactif.



MADEMOISELLE PARADIS Le court-métrage pilote du Cinéma Émotif A la fin du XVIIIe siècle à Vienne, le docteur Franz-Anton MESMER invente et expérimente sa théorie du MAGNÉTISME ANIMAL. Selon cette théorie, un fluide magnétique parcourt nos corps et l'univers tout entier et peut être utilisé pour soigner les maladies d'origine nerveuses. Comme le feront à sa suite les médecins Jean-Martin Charcot et Sigmund Freud, il est le premier à prendre en compte dans le domaine de la médecine les états émotionnels du malade comme origine de la maladie, et de s'en servir dans sa pratique médicale. À l'aide du « fluide magnétique, » il met ses malades en état de transe. Il est considéré comme le père de l'hypnose. MARIA-TERESA VON PARADIS est la patiente la plus célèbre de Mesmer. Jeune musicienne, fille du premier secrétaire à la cour de l'Impératrice Reine d'Autriche, elle reçoit de cette dernière une bourse d'encouragement pour son don de musicienne. Elle souffre de cécité nerveuse depuis l'âge de quatre ans, suite à un événement traumatique qui reste une énigme. Après les échecs répétés de ses confrères, Mesmer entreprend de la guérir. UN SCÉNARIO INTERACTIF Avec ce film pilote de vingt-six minutes sont testées les possibilités offertes par le dispositif. Selon les ondes cérébrales qui émanent des "spectateurs agissants" dans la salle, les variantes du film dessineront une interprétation différente de l'origine du traumatisme de Mademoiselle Paradis. L'invisibilité et la fluidité du magnétisme de Mesmer sont comparables à celles des ondes cérébrales qui vont agir sur le film.



Au bout d'une dizaine de minutes, le film bifurque en fonction des émotions des « spectateurs agissants ». La mère, qui pénètre brusquement chez Mesmer pendant la cure, aura quatre réactions possibles en les surprenant dans une position équivoque. Selon les versions, le spectateur se fera une idée différente de la relation des deux femmes avec Mesmer et de la culpabilité de l'un ou de l'autre des parents quant à l'origine de la maladie de leur fille. La séance d'hypnose, que Mesmer opère sur Mademoiselle Paradis en l'attachant à un arbre « magnétisé », développe également des options différentes en fonction des émotions du « spectateur agissant ». Alors qu'on pénètre le psychisme et les souvenirs fragmentés de Mademoiselle Paradis, la bande sonore est modifiée en temps réel par le signal des ondes cérébrales d'un ou de plusieurs spectateurs agissants. Mesmer a-t-il guéri ou pas Mademoiselle Paradis, a-t-il pénétré son secret ? Les témoignages du père de Mademoiselle Paradis et de Mesmer se contredisent. Les différentes versions du film obtenues par les émotions des spectateurs proposent chacune une lecture. Au fil des expérimentations, d'autres aspects interactifs du film seront développés, tant dans le montage que dans les modifications de la bande sonore. Le compositeur Andrea Cera « sonifie » les ondes cérébrales des spectateurs en temps réel, qui deviennent ponctuellement les performers du film en modifiant la bande sonore. EN LIGNE Extrait du film pilote « MADEMOISELLE PARADIS » : https://vimeo.com/88253953


https://vimeo.com/88253953https://vimeo.com/88253953https://vimeo.com/88253953mailto:[email protected]

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Le Crabe Fantôme www.crabe-fantome.fr Contact : Jérôme Fihey Tél. : 06 61 90 64 84

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