IMAGERIE DES DILATATIONS KYSTIQUES DU...
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IMAGERIE DES DILATATIONS
KYSTIQUES DU
CHOLEDOQUE (DKC)
M.CHELLAOUI, S. El HADDAD, L. CHAT, N. ALLALI, R.DAFIRI.
Services d’Imagerie Médicale. Radiopédiatrie. Rabat. Maroc.
INTRODUCTION
Les dilatations kystiques congénitales des voies
biliaires sont des malformations rares.
Ces maladies regroupent plusieurs types, selon le
siège, la forme et la distribution de la malformation.
Leur diagnostic a beaucoup bénéficié de l’apport de
l’imagerie en coupes, notamment de la cholangio-
IRM qui permet l’analyse de :
La malformation biliaire,
L’anomalie de la jonction biliopancréatique.
Objectifs :
Présenter une approche sémiologique avec illustration
iconographique des DKC,
Connaître l’apport et les limites des différents moyens
d’imagerie,
Insister sur le rôle actuel de l’IRM.
Épidémiologie
La dilatation kystique des voies biliaires (DKC)
est une affection rare,
Incidence = 1/100 000 à 1/175 000 naissances,
Plus fréquente en Asie
Prédomine chez le sexe féminin,
Révélée habituellement avant l’âge de 10 ans.
20-50 % des cas sont découverts à l’âge adulte
dans les pays occidentaux ,
DEFINITION
Les DKC sont des malformations congénitales des
voies biliaires.
Seconde cause de malformations des voies
biliaires après l’atrésie des voies biliaires.
Ce sont des dilatations kystiques, sacculaires ou
fusiformes communicantes avec les voies biliaires
le plus souvent extra-hépatiques.
PHYSIOPATHOLOGIE
De nombreuses théories ont été proposées pour
expliquer l’origine,
En 1969, Babbit incriminait une anomalie de la
jonction bilio-pancréatique retrouvée dans 57-96%
des cas, caractérisée par trois critères :
Canal commun long > 15 mm de long ;
Jonction extra duodénale des deux canaux à distance
des sphincters ;
Angle de raccordement > 30°.
Cette anomalie de la jonction bilio-pancréatique est incriminée dans:
Reflux d’enzymes pancréatiques dans la voie biliaire principale => irritation pariétale => formation des dilatations kystiques congénitales des voies biliaires,
Dégénérescence des segments biliaires dilatés et de la vésicule biliaire.
Autres causes possibles:
Facteurs génétiques, familiales ou immunes
Infection au retrovirus,
Anomalies fonctionnelles du sphincter d’Oddi,
Faiblesse congénitale de la paroi des voies biliaires,
Anomalies de l’innervation autonome de la voie biliaire principale « hypoganglionose »,
Tout facteur => obstruction de la voie biliaire principale.
MANIFESTATIONS CLINIQUES
La triade classique n’est retrouvée que dans 1/3 des cas:
Douleur ,
Ictère,
Masse du quadrant supérieur droit de l’abdomen.
Parfois par des complications :
Pancréatite
cholangite
Rupture
CLASSIFICATION
En 1723, première description de dilatations
canalaires de l’arbre biliaire par Vater,
En 1959, Alonso-Lej propose la première
classification de ces anomalies.
Actuellement, la classification de Todani est la
plus utilisée. Ces malformations sont regroupées
en cinq types en fonction :
Siège,
Étendue,
Type de dilatation des voies biliaires.
Ia
I
c
Ib
Type I (80-90%) Dilatation kystique de la
voie biliaire principale
C’est la forme la plus
fréquente
Jusqu'à 60%
des cas sont diagnostiquées
avant l'âge de 10 ans.
Il y’a une prédominance
féminine
3types: Ia, Ib et Ic.
Type Ia: Dilatation d’une partie ou de
toute la voie biliaire extrahépatique
avec un canal cystique prenant
naissance à partir du kyste.
Type Ib: Dilatation segmentaire de la
voie biliaireprincipale.
Type Ic: Dilatation fusiforme du canal
biliaire commun et du canal
hépatique commun
Ia
Ic
Ib
Type II (3%) Diverticule de la VBP
C’est un diverticule qui
provient du canal
cholédoque ou du canal
hépatique commun.
Type III (5%) Cholédochocèle
C’est une dilatation intra-muros de la partie distale du cholédoque qui fait saillie dans la deuxième partie du duodénum. Selon la classification de Sarris et Tsang : Type A: l’ampoule s’ouvre dans le
sommet du kyste, se déverse dans le duodénum /orifice distinct : A1: canal commun bilio-
pancréatique,
A2: canaux distincts,
A3 : cholédochocèle de petite taille intra-mural.
Type B: l’ampoule se déverse directement dans le duodénum.
IV a
Type IV (10%) Dilatations kystiques multiples
Il existe 2 types:
Type IVa: dilatations
intrahépatiques et
extrahépatiques
de l'arbre biliaire.
Type IVb: kystes
multiples extrahépatiques IV b
Type V (1%) Maladie de Caroli
Maladie congénitale rare.
Dilatations multiples sacculaire
des voies biliaires intrahépatiques
Elle peut être uni ou bilatérale.
Elle a un faible pronostic.
Elle se complique: précocement de lithiases intrahépatiques, de cholangites bactériennes
récurrentes
et tardivement de cirrhose biliaire, hypertension portale et dégénerescence maligne.
Elle peut être associée à des anomalies rénales (polykystose rénale, maladie de Cacci ricci, la fibrose hépatique congénitale ….
Diagnostic anténatal
Échographie et IRM permettent par la détection
d’un kyste du hile hépatique d’évoquer:
soit une atrésie des voies biliaires
soit une DKC.
Cependant un kyste petit et anéchogène est
hautement suggestif d’atrésie, par contre un
kyste qui augmente de taille est en faveur de
DKC.
Diagnostic postnatal
Échographie et Tomodensitométrie sont les techniques initiales pour l’évaluation de la pathologie des voies biliaires.
Les opacifications des voies biliaires et la Bili-IRM sont d’excellents outils pour l’étude:
des voies biliaires
de l’extension du kyste.
de la jonction bilio-pancréatique.
Echographie: spécificité de 97%
DKC:
Formation kystique ou fusiforme bien limitée à paroi fine, contenant un materiel échogène correspondant au sludge biliaire.
Elle siège près du tronc porte séparée du hile pouvant communiquer avec:
un canal commun hépatique dilaté
ou
un tronc biliaire intra-hépatique.
Étude de:
État des voies biliaires intrahépatiques
Éventuellement, présence d’une hypertension portale.
Inconvénients:
L’interposition gazeuse gène l’exploration hilaire
Présence en regard du segment V, entre la tête du pancréas et
la vésicule d’une image kystique de 22 mm faisant pression
sur le canal hépatique droit avec dilatation en amont
Formation liquidienne de 30 x 9
mm de diamètre au niveau de la
plaque hilaire sans dilatation
des VBIH
Enorme masse anéchogène
multiloculaire occupant la
quasi-totalité du foie droit et
contenant de fins échos avec
discrète dilatation des VBIH
en regard
Tomodensitométrie
DKC: Bonne caractérisation
Masse du hile hépatique, au dessus de la tête du pancréas iso ou hypodense à paroi fine, non modifiée après contraste. Elle contient un sludge.
Étude: La portion distale du canal biliaire commun,
La tête du pancréas
Les signes d’hypertension portale
Inconvénients: Irradiation
Nécessité parfois de sédation.
Masse arrondie hilaire hépatique sus pancréatique à paroi fine, de contenu liquidien,
non rehaussée après contraste: DKC de type I
Volumineuse masse kystique avec importante dilatation des
VBIH
La DKC peut avoir une capacité de 1Litre
DKC de type IVa avec dilatation kystique de la voie biliaire principale et des
VBIH. Présence du « Dot sign » (flèche) : visibilté d’une structure portale au
sein des kystes: pathognomonique de la maladie de Caroli.
Opacifications invasives des voies
biliaires Réalisées quand l’échographie
ou la tomodensitométrie ne
sont pas contributive.
Actuellement, elles sont de
plus en plus remplacées par la
BILI-IRM
Réalisées par trois techniques:
retrograde per-
endoscopique: technique
préférée
trans-hépatique
per-opératoire
Avantage: excellente étude
des voies biliaires
de l’extension du kyste.
de la jonction bilio-
pancréatique.
Inconvenients: Techniques
invasives et présentent des
risques dans 5-30% des cas, à
type de pancréatite, de sepsis,
de perforation et les
complications de la sédation.
CHOLANGIO-TDM
A été supplantée par la Bili IRM Permet de:
Visualiser l’accumulation du produit de contraste dans le kyste,
Cartographie de l’arbre biliaire, et pancréatique mieux que la bili-IRM
Délimitation précise de la lésion .
Présence de lithiases.
Limites: irradiation et allergie au PC.
CHOLANGIO-IRM OU BILI-IRM DKC:
Masse régulière, bien limitée, de taille variable en continuité avec la voie biliaire principale,
Signal liquidien hypointense T1, hyper intense T2, non modifié par l’injection de produit de contraste.
Étude: de la jonction bilio-pancréatique dont la sensibilité varie de 0 à 100%.
Avantages:
Technique non invasive.
Inconvénients:
Sédation chez les enfants de 6 mois à un an.
Temps d’examen long
Coûteux
Non disponibilité du matériel
Dilatation kystique de la portion proximale du cholédoque mesurant 40 x 30
mm avec canal bilio-pancréatique commun associés à une dilatation des VBIH
DKC type IVa:
Importante dilatation
kystique du cholédoque
mesurant 12 x13 cm de
grand axe. Cette formation
comporte un sludge et
s’étend jusqu’au pôle
supérieur du rein droit qui
est refoulé. L’abouchement
du cholédoque est difficile à
visualiser
Association DKC atrésie des voies biliaires: rare seulement une
centaine de cas rapportés dans la littérature
1
3
2
1
1
1
3
DKC type I (1)avec signe d’atrésie des voies
biliaires ( Hypersignal T2 périportal (2) et kyste
de la plaque hilaire (3)
IRM AVEC AGENT DE CONTRASTE
BILIAIRE
Le Mangafodipir trisodium (Teslascan*) est un agent
de contraste hépatobiliaire permettant une
opacification non invasive des voies biliaires.
IRM de deuxième intention réalisée après étude
morphologique.
Il montre la communication de la DKC avec les voies
biliaires.
SCINTIGRAPHIE
Elle montre si le kyste a une communication
avec les voies biliaires. Réalisée à 30min, 6h et
24h. Sa sensibilité est de 100% pour le type I
et diminue jusqu’à 66% dans le type IV
Elle utilise le Tc-99m disofenin qui est fixé par
les hepatocytes et excreté par les voies biliaires
avec accumulation et stase de ce radionuclide
dans les voies billiaires dilatées et la DKC.
COMPLICATIONS
Lithiase,
Pancréatite,
Cirrhose biliaire primitive,
Hypertension portale,
Cholangite ,
Dégénérescence maligne à type de cholangiocarcinome,
Rupture spontanée.
DÉGÉNÉRESCENCE
La cancérisation se fait à type de
cholangiocarcinome, de carcinome des cellules
squameuses et de carcinome anaplasique.
Le risque de dégénérescence en cholangio-
carcinome est <1% chez les enfants de moins
de 10 ans.
Les tumeurs touchent la paroi postérieure du
kyste
PERFORATION Touche les enfants de moins de 4
ans
Rupture spontanée ( 1,8 % à 7 % )
Les causes sont obscures: Irritaion épithéliale par le suc
pancréatique avec anomalies de jonction.
Immaturité de la paroi chez le petit enfant .
Site habituel = jonction du canal cystique avec la voie hépatique commune.
Imagerie: DKC avec ascite. Un cas de perforation dans le rétropéritoine a été rapporté dans la littérature.
DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
Différentiation de la
DKC avec:
Atrésie des voies biliaires
avec kyste hilaire
Duplication digestive
Kyste hépatique: biliaire,
hydatique
Kyste mésentérique
Kyste rénal et
syndrome de jonction
Pseudokyste du pancréas
Différenciation des
lésions kystiques
hépatiques de la
maladie de Caroli avec:
Polykystose rénale
récessive,
Kystes hydatiques
Abcès hépatiques
Métastases kystiques
Cholangite slérosante
KH
Polykystose
hépato-rénale
Kyste biliaire
Abcès tuberculeux
Faux kyste du pancréas
Duplication duodénale
Métastases d’un
néphroblastome
TRAITEMENT
Résection complète du kyste avec anastomose
hépatico-jéjunale en Y et déconnection du
cholédoque et du wirsung.
Le cholédochocèle peut être traité par
sphincterotomie endoscopique ou excision
chirurgicale.
CONCLUSION
Les DKC sont des malformations rares, pouvant être diagnostiquées en anténatal.
L’imagerie en coupe joue un rôle essentiel dans leur diagnostic, surtout la Bili-IRM qui permet une cartographie biliaire exacte, évitant ainsi le recours aux opacifications invasives.
De nouveaux agents de contraste biliaire pouvant être utilisés en IRM permettent d’améliorer la sensibilité de cette technique.
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QCM 1
Cochez la bonne réponse
Les DKC
A. Sont une malformation fréquente
B. Responsables toujours chez l’enfant de la
triade: ictère douleur et masse.
C. Dégénèrent fréquemment chez l’enfant.
D. Sont surtout représentées par le type II.
E. Prédominent chez la fille
QCM 2
Cochez la bonne réponse
Les DKC
A. Le type I est subdivisé en trois types.
B. Peut se compliquer de rupture surtout chez le nouveau-né.
C. La Bili-IRM n’est pas contributive dans le diagnostic.
D. Son diagnostic nécessite parfois le recours aux opacifications invasives.
E. L’échographie et la TDM permettent le plus souvent de poser le diagnostic.
QCM 3
Cochez la bonne réponse
Les DKC posent le problème de diagnostic
différentiel avec:
A. Les duplications duodénales.
B. L’hépatoblastome.
C. Le syndrome de jonction.
D. L’atrésie des voies biliaires.
E. Le kyste mésentérique