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Imagedecouverture:©proxyminderCouverture:LaëtitiaKalafat

CollectiondirigéeparArthurdeSaint-VincentOuvragedirigéparMarineFlour

©2016,C.S.QUILLTousdroitsréservés

©2016,LaCondamine34/36rueLaPérouse75116Paris

ISBN:9782375650172

«Cetteœuvreestprotégéeparledroitd’auteuretstrictementréservéeàl’usageprivéduclient.Toutereproductionoudiffusionauprofitdetiers,àtitregratuitouonéreux,detoutoupartiedecetteœuvre,eststrictementinterditeetconstitueunecontrefaçonprévueparlesarticlesL335-2etsuivantsduCodedelaPropriétéIntellectuelle.L’éditeurseréserveledroitdepoursuivretouteatteinteàsesdroitsdepropriétéintellectuelledevantlesjuridictionscivilesoupénales.»

Chapitre1—Sin

—Tudoisvraimentgardercettecapucheignoble?OndiraitlaGrandeFaucheuse.—Tagueule,Lylia.—Lesgarsvonttechambrer.—Arrange-toipourqu’ilsnem’adressentpaslaparole.Onenadéjàparlé.Jeluilanceunregardnoir,coupantcourtàlatentativedenégociationquejesensarriver.Vaincue,

elle me répond par un hochement de tête compréhensif. Après plusieurs centaines de mètres, nousarrivons devant son immeuble. Je lève alors les yeux sur le bâtiment qui vam’accueillir pendant les9moiset14 joursmeséparantde la liberté.Le18 septembre j’auraivingt-et-unanset je serai libre,dégagéedéfinitivementdesonemprise.Pourl’heure,décembredébuteàpeineetjemelespèle.

J’aurais pu continuer à admirer la façade victorienne si trois filles ne m’avaient pas bousculéecommeunemerde.Surlecoup,uneboufféed’angoissemeserrelecœur.

Tuviensd’arriver,impossiblequ’onmettelamainsurtoiici,coolmavieille.Jemeparle àmoi-même commeune putain demalade.Oui, et alors ? J’en ai pris l’habitude ces

dernièresannées,mêmeàvoixhauteparfois.Totalementflippante.—C’estquoicebordel?ditLyliaexaspérée,enregardantlaqueuequis’estforméesurletrottoiret

quis’engouffredansl’entréedel’immeuble.

On doit pousser des dizaines de filles, plus poufiasses les unes que les autres, pour accéder auxescaliers.Làencore,lafiled’attenteserpentesansquej’envoielebout.Jeperdsdevuemonamiedansleflotdepétassesetjemedépêchedelarattraper,incapabledesupportertoutecettefoule.Audeuxièmeétage,ons’arrêteenfindevantuneportebordeauxetLyliafulmineentapantdupoingsurleboisusé.

—Pousse-toidelàtoi!dit-elleens’adressantàunegrandebrune.—Hey,faislaqueuecommelesautres!répondcettedernièreavecsaboucheàpipe.—Laqueuepourquoi?—Pourlacoloc,t’esdébileoubien?Lylialaregardeuninstant,letempsderéfléchir,etjepourraisjureravoirvuunéclairpasserdans

sesprunellesvertes.—Non,maisjerêve…Ouvrezcetteportelestrousducul!hurle-t-elleenmartyrisantcetteporteque

j’imaginedéjàtomberenmorceaux.Ellecontinuedeplusbelle.—J’entendstonsaleriredecon,Charly.Jetejure,viensm’ouvrirtoutdesuitesituveuxpasqueje

raconteàcesgonzessescommenttuéjac....Laportes’ouvreengrandetunbrasattrapelamanchedeLylia,quiajusteletempsdemechoperpar

le coude.Avant d’avoir pu expirer, jeme retrouve dans son appart, enfin lemien pour ces prochains

mois…Normalement.

L’intérieurestimmense,maistellementbordéliquequeçaendevientrisible.Desbouteillesdebièrevides gisent dans des plantes assoiffées, des canards en plastique apparaissent dans tous les coins etl’odeurdeclopeestétouffante.Riennepourraitmechoquer, jesuismêmeplusà l’aisedanscegenred’ambiancequedanslesparfaitespetitesbaraquesdebourges.

Lylia attend, les bras croisés, que le fameux Charly lui explique ce que font quatre-vingts nanasdevantlaporte.

—Tachambreestlibre,c’étaitl’occasiondebienteremplaceretçanécessitedegrandsmoyens!Ellelefixesanscilleretjenesaispastrops’iltrembleenretenantsonfourireous’ilsechiedessus.—Alors…ducoup,onaeul’idéeaveclesgarsdefaireungenredecasting…Sérieux,onpensait

quetut’enfoutrais.Etonnepeutpaslaissern’importequivivreavecnous.Elle reste toujours immobile, mais je la connais, elle va lâcher la vapeur dans 4-3-2-1… Elle

retourneverslaported’entréeetl’ouvred’ungestesecaumomentoùtroisautresgarsapparaissentparlaportedelacuisine.

—Votreattentions’ilvousplaît!hurle-t-elledanslecouloir.Untroupeaudefemelles,çapeutfaireunbruitfouetçan’écouterapasunevoixféminine.Peut-être

faudrait-illancerunpénisdansl’escalier?—Fermez-la,lescatins!!!Lesilencetombe.Lesinsultes,çafonctionnetoujours.— Bien. Merci infiniment d’avoir déplacé vos implants jusqu’ici, mais la chambre n’est plus

disponible!—Commentça,plusdisponible?sifflelabrunequiattendencoredevantlaporte.Çafaitplusd’une

heurequejepoireaute!Elleessaiedeforcerlepassage,maisLylnecèdepas.—Jo!s’exciteencorelamêmedégénérée.C’estmoi,Lucy,tusais!Avantdeluiclaquerlaporteaunez,Lylialuimontresonplusbeaudoigt.Elleseretourneversmoi,

mefaitunsourireàseroulerparterreetlèvesonpoucedansmadirection.J’aitoujoursmacapuchesurlecrâne,maisçanem’empêchepasdesentirdesregardsseposersurmoi.Quelleidéedemerde,vivreiciavecquatregars…Stupide.

—Mêmepasenrêve,reprend-elleendirectiondetouslesgarçons.C’estmachambre,lamienne!Etj’aidéjàtrouvéquelqu’unpourl’occuperpendantmonabsence.

—Putain,Lyli,onavaittropmoyen!râleCharlyenrecoiffantsonchignon.Unchignon,bordel!Nonmec,t’espassérieuxlà?Ellememontredudoigt.—Ferme-la,Charly.Elle,c’estSin,etjeluidoisbeaucoup.Elleabesoind’unepiaule,alorselleva

resterlàuneannée,letempsquejerevienne.Je me tords les mains, gênée par leurs regards appuyés. Lylia décolle dans deux jours pour une

missionhumanitaired’unanauBurkinaFaso.Jel’aiappeléequandj’aieubesoind’elleet,mêmesijel’aime énormément, j’ai été soulagée d’apprendre son départ imminent. Elle a bien essayé de meconvaincre de la suivre, mais c’est impossible. Elle a vingt-quatre ans, elle est libre. Pas moi. Lesaéroportsmeserontinterditstantquemonvingt-et-unièmeanniversairen’aurapassonné.Beaucouptroprisqué.

—Allez,viensmapoule,onvat’installer.Ellemimeunecourbetteenmemontrantladirectiondesachambre.—Salut!melancel’undesgarsalorsquejepasseàsahauteur.

JefixeLylpourl’encouragerdanssonmensonge.—Tefatiguepas,Brennan,elleestsourdeetmuette.Jerigoleintérieurement.J’espèrequeçaleurcouperal’enviedevenirmefairelacausette.

***

AssiseentailleursurlelitdeLyl,j’essaiedepoufferderireensilence.—«Jo,c’estmoi,Lucy,tusais!»répèteLylavecunevoixd’allumeuse.Nonmaisquellepute!Lylian’ajamaismâchésesmots,etj’adoreça.—C’estlequelJo?jeluidemandealorsenchuchotant.—Déballetonsac,monarmoireestdéjàvidée.Quandt’aurasfinirejoins-moidanslesalon,jeferai

lesprésentations.Elles’apprêteàsortir,maisseretourneetmeditàvoixbasse:—Franchement,j’aihonte.J’aijamaisvuunemeufaussisauvage.Sefairepasserpourunesourde-

muette, toutçapouréviter lescontacts.Si jene teconnaissaispas j’appellerais les flicspour te faireenfermer.

Je souris sans lever les yeux vers elle. Elleme connaît, c’est vrai et c’est la seule qui peut s’envanter.Quandelleclaquelaporte,jemelaissetombersurlelit.

Est-cequejemesensensécuritéici?—Vousn’avezpasintérêtdel’emmerder,j’entendsLyliamenacersesamis.Jeme faufile horsde la chambre, forcéede les saluer.Àpart aujourd’hui, je ne les croiserai pas

souvent.C’est justementpourçaque j’aiaccepté lapropositiondeLyl.Personnesur ledos,maispascomplètementseulenonplus.Jeneveuxrienavoiràfaireaveceux,maisçamesécurised’avoirquatrehommessousmontoit.Enfinsousleurtoit.Notretoit.

Bref.

Je les détaille depuis le couloir.Lylia est debout dans le salon, face auxquatre garçons sagementassisdanslecanapé.Enfait,«avachis»seraitplusapproprié.Brennanressembleàunsoldat:cheveuxbrunsrasés,pantalonlargeetmarcel.Mais,heureusement,sestatouagesviennentcassersoncôtérigide.D’oùjesuis,jenevoispaslesmotifs,maissonbrasgaucheestcouvertdel’épauleaucoude.Leblondauchignon—vraiment, jene comprendrai jamais certainesmodes–,Charly, doit être le rigolode labande, ou le relou, à voir. Il a déjà interrompu Lylia trois fois, enfin pas lui,mais ses pets. Je veuxmourir.Letroisièmeal’aird’êtremexicainmaisilgeekeàmortsursontéléphone,sibienquejenevoispascomplètementsafigure.Etlequatrièmesembledormir,unecasquetteposéesursonvisage.Sesbrassontentièrementrecouvertsd’encre,aussibiennoirequecolorée,maisçanecamouflepassesmusclesfinementdessinés.

J’aiunfaiblepourlestatouages.Lesmienssontnoirs,commemonâme.—Dis-luid’approcher,ellemefaitpitié.«Pitié»?C’estleconnardàlacasquettequiaprononcécesmots.Commentilm’avue,d’abord?Il

n’apasbougéetsacasquetteesttoujoursenplace.—Viens-là,Sin.Ellemefaitdegrandssignesdelamain.Ellem’aprisepourunedébile,ouquoi?J’avancejusqu’à

elle en haussant les sourcils devant cette mise en scène digne d’un film de cul zéro budget. Quatre

hommes alignés devant nous, sérieusement, bachelorette version partouse, rhabille-toi. Elle attrape unbloc-notessur la tablebasseetunmarqueur.ElleécritBrennan,puismontreBrennandudoigt.Quellesurprise!PuiselleécritCharly,CarlosetJolan.VoilàlefameuxJo.Sacasquetteglissesursonventreetsesyeuxnoirsmeviolent.Lyliatiresurmacapuche;j’aienviedefeulercommeunchatmouillé,oubienunvampiresous la lumièredusoleil.Lemot«connasse»s’inscritdansmesyeuxet jesaisqu’elleacompris.JocontinueàmescruteralorsqueCharlyselèvepourm’embrassersurlajoue.Enfin,c’estcequ’ilvoudrait,maisjemereculesivitequ’ilreparts’asseoirenriant.

—Elleestunpeudébilenon?demandeJo,d’unevoixtrahissantunennuiprofond.Jesuissourde,doncjen’airienentendu–logique.Jenepeuxdoncpasleregarderdetraversnilui

faireundoigtd’honneur,etencoremoinsluidired’allersemangerlescouilles.Lylial’ignoreetsetourneversCharly.—Charly,neluisautepasdessuscommeça.Sinesttrèsdiscrète,ellevousferapaschiersivousne

lacalculezpas.—Tuluiasparlédujeudisoir?demandeJosansmequitterdesyeux.—Jeleferai.Lylluilanceunregarddifficileàdéchiffreretsetourneversmoi.Joselèveducanapéetsedirige

verslaporte.Avantqu’ilnesortedel’appartement,jel’entendsvaguementsemoquerdemoi.Putain,tuvasvoirtoi...

Jefaisunclind’œilàLyletretournem’effondrersursonlit.Letrajetm’aépuisée,enplustouteslesidées qui se bousculent dansma tête nem’aident pas àme reposer. J’entendsdes rires dans le salon.Mêmesiriennepourrameréparer,çameréchauffeunpeu.Jesombredanslesommeilalorsquelesoleilbrilleencore;c’estLyliaquimeréveilleenvenantsecoucher.«02:00»clignotesursonvieuxréveil.Jen’aiplusdutoutsommeil.

Je fermedoucement laporte, un jogging sous le coude, enquêted’unedouche.L’appartementdoitbienfaire150m²,etjemedemandetoutàcoupcequecesgarspeuventbienfairedanslaviepoursepayer un tel endroit. Chacun leur chambre, sûrement chacun leur salle de bain, mon gros souci dansl’immédiat.Quandjedébouchedanslesalon,seulelatélédiffusedelalumièreetjedistingueunetêtequi dépasse du canapé. J’attrape le bloc qui traîne sur la table de la cuisine et dessine une baignoiresuivie d’un point d’interrogation. Je siffle en direction du canapé et, quand la tête se tourne dansmadirection,jereconnaiscetroudeballedeJo.Jem’approchepourluimontrermondessin,histoirequ’ilcomprennecequejeveux.

—Laportetoutauboutducouloir,c’estlaplusgrande,rienquepourtoi.Jeluilanceunregardperplexeetluitendslecalepin.Ilsoupire.Jeprendsmonpiedàmefoutrede

sagueule.Puisjeréalisesubitement,quandunetêtebruneserelèvedenullepartetémergepar-dessusledossierdusofa,quejenesuispaslaseuleàleprendre,cepied…

—Continue,grogne-t-ilendirectiondelafillequejesurnommeraiPipelette.Il appuie sur son crânepour la faire redescendre et elle disparaît aussi vitequ’elle était apparue,

absolumentpaschagrinéedemoninterruption.Jomelanceleblocquejerattrapeàmoitié,interrompantmonabsencephallique.Comprenezparlà

quej’étaisperduedansmesréflexions,imaginantmalgrémoiàquoipouvaitbienressemblersa…

Bref.

Jebaisseleregardsurmonbloc,m’attendantàylirequelquechose,maisàmagrandesurpriseilapris le tempsdedessiner lecouloir, chacunedesportesendétailset la fameuse tant recherchée,celleouvrantsurmasalledebain.J’aiunlienparticulieravecl’artetledessinesttrèsprésentchezmoi.Jenepeuxcontenirunlégersourireenvoyantlafinessedesontraitetletalentcertainqu’ilsembleavoir.

—Laisse-moimaintenant,j’essaiedejouir.C’estsurcettedernièrephrasedénuéed’émotionsquejelelaisseavecPipeletteetfilem’enfermer

dansmasalledebain.

Chapitre2—Jolan

Lapauvrefillequimesuceleboutdepuispresquevingtminutesestsoulagée.Fautdirequ’ellen’ycroyaitplus.Etpuisfinalement,maqueues’estlevéeavantlesoleil.C’estpasqu’elles’yprenaitmal,maisjenelaressentaispas.Oui,çan’ariendenouveau,jen’arriveplusvraimentàressentirlesgens,c’estcommeça.Jecompensecevideentravaillantàfondparcequec’estleseultrucquimefasseencorevibrer,etenmultipliantlesbaisesexpress.

JecroisqueDéborahattendunegentilletapesurlatêtepouravoirétéunebonnepetite.Jen’aipasenviedeluidirequecen’estpasellequim’afaitbander.Pourautantjeneluilaisseaucunespoir,niàelle ni aux autres. Et puis, ça les excite de croire que ce sera sûrement différent avec elles, qu’ellesparviendrontàs’accrocher.Faux.

Jemerelèvesansunregardetjelasensdéçue.Maisçanemetouchemêmepasunpeu.J’ouvrelefrigoetvided’untraitlabouteilledejusd’orange.Jelareposeàsaplace,espérantfaireenragerLylousanouvellecopine.MespenséescommencentàdériversurellequandDéborahs’accrocheàmondos.Maintenantqu’ellepensem’avoir fait succomberavec sa langue, je la sensqui s’excite toute seuleenimaginant la suite. Jeme dégage d’un geste souple et pars en direction du couloir pour rejoindremachambre.

—Claquelaportederrièretoi.Je l’entends attraper son sac en soufflant et, quand la porte se referme, je prends une grande

inspiration.Mespiedsnussurlevieuxparquetrencontrentunvêtement,jeleramassemachinalementenpensantqu’ils’agitsûrementd’untee-shirtdeCarlosquitraîne,commed’habitude.Maisàpeinel’ai-jedanslesmainsquesonparfummesurprend.Jeledépliedevantmoietréalisequec’estunpantalondejoggingbientroppetitpourapparteniràCarlos.Jecontinueàavancerjusqu’àlaportedemachambre,celletoutaufond,enfacedelasalledebaindeLyl,enfindeSinmaintenant.Cettefilleesttropbizarre,limiteflippante.Maisquandj’aisurprissonregardtoutàl’heureversmaqueue,çam’afait…réagir,augrandplaisirdeDéborah.

Alorsquejeréfléchisencore,bloquédevantmaporte,celledelasalledebains’ouvresuruncorpsàmoitiéhabilléd’undébardeuretd’uneculottenoire.

—T’aspasperduquelquechose?dis-jeenbalançantlevêtemententreelleetmoi.Puisjemerappellequ’ellen’entendrienetfinisparluijetersonjoggingenpleinefigure,enaffichant

unsourirediabolique.Ellenesouritpasdutout.Complètementpsycho,cettegonzesse.Jehausselessourcilsensoufflantet

rentredansmachambre,lalaissantimmobilecommeuneputaindemeufattardée.Je referme derrièremoi et lance une playlist avant dem’installer devantmon chevalet. Il y a des

dizainesdetoilesposéescontrelesmurs,toutesinachevées.Jeresteassislà,hésitantdevantmesfusainscommeundébutant.Puis,unefoisdeplus,j’abandonneenmettantuncoupdanslespiedsenboisetme

laisse tomber sur mon lit. Avant de sombrer dans le sommeil, je repense à cette petite culotte noireinsignifianteetpassexypourunsou.

***

Lelendemain,quandj’ouvreunœil,ilestdéjàpresque15heures.Putain,jedoisretrouverlesgarspourunesessionimprodansquaranteminutes.Ilfautqu’onbossecettefacettedenotreperformancepourpouvoir aller plus loin dans l’opportunité qui nous est offerte. On va devoir maîtriser des dansesbeaucoupplusdiversifiéesquenotrehabituelhip-hopet trouverdesréflexespourêtresynchronisésentoutescirconstances.

J’ouvre le tiroirdematabledenuitpourattraper lacléUSBquicontientnosnouveauxmorceaux,composésetmontéslasemainedernière.Carlosavraimentfaitdubonboulot,sonmixestexceptionnel.

Jemefigequandj’entendslamachineàcafésemettreenroute:çam’étonne,vuquejesuisleseulàenboireici.Quandj’entredanslacuisine,jetrouveSinaccoudéeaucomptoir,metournantledos.Ellerespireàunrythmesoutenuet,vusatenue,j’endéduisqu’ellerevientd’uneséancederunning.Soncorpsestvraimentbientaillé,onremarqueaisémentqu’elleestsportive.Moncôtéobsédés’emballesansavoirbesoin de voir son visage. De toute façon je me fous bien de leurs gueules.Mais cette fille est uneénigme,çasesentdanssonregardvifetbrillant.D’habitude,lesfillesquiserapprochentdenouslefontpluspournotrenotoriétéquepourautrechose.Cettefille-là,j’ail’impressionqu’ellen’aaucuneidéedequionestoudecequ’onfait.Lylianenousaquasimentrienracontésurelle,cequim’étonneconnaissantsonpenchantdecommère.

Jeladétailleencoreunpeuavantquemonnaturelrevienneaugalop.—C’estàmoiça,j’écrissurunepubquitraîne,endésignantlacafetière.—J’aiachetéducafé,note-t-ellesansmeregarderetencontinuantàsirotersoncaféultralong.—Ilnetemanquequelacafetièrealors.Elle se fige un instant en lisantmesmots puis, sans réagir, tourne les talons et s’enferme dans sa

chambre.Jesuisunconnard,jelesais,c’estplusfortquemoi.JenesupportequeBren,CarletCharly.Même

avecLylc’estcompliqué.Çameprocurequelquechosequandjesuismauvaisavecquelqu’unetc’esttoutcequim’intéresse.Mêmesilà,lemanqueflagrantderéactiondeSinmelaissefrustré.

Je froisse notre discussion matinale, attrape les clés de mon Range et claque la porte del’appartementpourallerretrouverlesmecs.

Chapitre3—Sin

Jedétestecemec.

Il a peut-être un physique à faire saliver toutes les poufiasses enmanque,mais c’est un sale con.Pourquoij’aitoujoursunfaiblepourlesabrutis?Putain,çafaitseulement24heuresquejesuislàetjesensdéjàqueçanevapassepassercommeje l’avais imaginé.À labase, j’étaiscenséen’encroiseraucun dans la journée et bam, Jo l’incruste. Peut-être vaudrait-il mieux que je me tire d’ici mais,franchement,pourlesneufderniersmoisquimerestentàpatienter,cettecolocestlameilleuresolutionpourmoi.

Etpuisl’appartsesituetoutprèsduCentral,l’endroitoùjevaispouvoirterminerleprojetquimemaintientenvie.TenirlapromessequejeLuiaifaitelesoiroùtoutestpartiencouilles.Celledetrouvermaplace.

Jesuisassisesurleborddulit,encoreàruminer,quandLyliaentredanssachambre.Machambremaintenant,MAchambre.

—Tuesbienbonneencollantderunning,coquine!—Tagueule.—Oh,maisc’estqu’elleestcrispéelapetite,vienspariciquejetedétendeunpeu.—N’essaiemêmepas!Jeroulesurlelitjusteàtempspouréviterlatornadequimesautedessus.Jesuissoupleetrapide,

ellen’aaucunechance.Elletombelourdementsurlelitenriant.—J’auraispréféréquetuarrivesavant,seplaint-elle.Jen’aiplusenviedepartirmaintenant.Çafait

silongtempsqu’onnes’estpasrevues,etjedoisdéjàtelaisserdemain.EllemejettealorsLEregardque jedéteste,celuiquiraconteceque j’aivécuquandj’habitaisen

facedechezelle.—Ça fait deux ans, Sin, tu te rends compte.Deux ans. Tu sais, je n’espérais plus te revoir. J’ai

imaginélepireplusd’unefois.—Tuvaspaschialerlà,rassure-moi?Faispastafillette,tuvaspartirunetoutepetiteannée,çava

passer super vite et à ton retour je suis sûre que tu seras comblée et que tu auras plein de choses àraconter.

Jeluisouris,etellefaitpareilenretour.Ellen’imaginepasquejeneseraipaslàpourécouterseshistoiresquandellereviendra.9moiset13jours,pasundeplus.Voilàtoutcequej’aiencoreàoffrir.

—Lesgarsmedéposentàl’aéroportdemain,tuviendrasaussi?Jefaislagrimace.—S’ilteplaît...

—OK.Jeluidoisbiença,mêmesicen’estpasl’endroitleplussûrpourmoi.—Jevaisprendremadouche,etj’aiunecafetièreàalleracheter.—Pourquoi,celledeJolanestH.S.?—Commetul’asdit,c’estcelledeJolanetilmel’abienfaitcomprendre.—IlestaussiperchéquetoiSin,dit-elleens’étirantsurlelit.Soittufinirasparluimettretamain

surlagueule,soitiltelamettraoùjepense.—Mêmepasenrêve.Surcettedernièrephrase,jelalaisseetmarchejusqu’àlasalledebain.Enarrivantdevantlaporte,

jenepeuxm’empêcherderepenseràmarencontrenocturneavecJo.Iladûmeprendrepourunefollemaisc’étaitplusfortquemoi.Quandjemesuisretrouvéefaceàlui,endébardeuretlesjambesàl’air,jeme suis figée car j’ai flippé. Oui, j’ai balisé que dans la pénombre du couloir il puissemalgré toutdistinguermesstigmates.Quelleconned’avoirfaittombermonpantalonenroute!Jeseraibeaucoupplusprudente à l’avenir. Il n’est pas question que l’un d’eux remarque les blessures du passé qui nedisparaîtrontjamaisdemesjambesetdemonflanc.

Jemedéshabillesansmeregarderdanslemiroiretentredanslacabine.Cettedoucheàl’italienneestmerveilleuse,notammentcegrandbancornédepetitscarreauxdorésquipeutm’accueillirtoutentièreallongéesouslejet.L’eauquiaspergemoncorpsestbrûlante.Çanemefaitplusrienmaintenant,jeneressensplusladouleurphysique,maisellen’apastoutàfaitdisparu.Commeunsablier,elles’estjustedéverséedanslecompartimentdudessous,làoùladouleurpsychologiqueresteimmortelle.

Quandjeretournedanslachambre,Lylian’apasbougéd’unpouceetfixelemurcommeuncadavre,maisuncadavresexy.

—ElleauraitadorévenirauBurkina.Mon cœur avarié se contracte violemment. Je la déteste pendant une seconde de dire une chose

pareille,maisjefinisparmerésigner.—C’estvrai.Incapabledefairesortiruneparoledeplusàtraversmesdentsserrées,j’attrapemonsacetlalaisse

là,perduedanssespensées.L’airdedécembreestfrais,unpetitventd’hiversoufflesurmessouvenirsbrûlants.Toutenmarchant

surletrottoirquilongelesboutiquesducentre-ville,jeregardemonreflet.Monbonnetaavalétousmescheveuxbrunsetmeslunettesdesoleilsontbienancrées.Parfait,personnenepeutvoircequisecacheen dessous. Je repère unmagasin d’électroménager et, quelquesminutes plus tard, je repars avecmacafetièresouslebras,lepremierprixcertes,maispour9moiset13jours,ellesurvivra.Commemoi.

Alorsquejeremontelarueensensinverseetquejesuispresquearrivéeàdestination,cequejevoismetransperced’unpicd’angoisseetmefaitbifurquersurlagauche,aupifévidemment.J’ailachanced’ytrouverunpetitbardanslequeljem’engouffre.

—Bonjour,mademoiselle.Lebarmanestâgé,maissonexpressionestsibienveillantequejem’installesuruntabouretprèsde

lui,aucomptoir.—Unpetitremontantpourseréchauffer?—Unchocolatchaudseraparfait,s’ilvousplaît.—Nouvelledanslequartier?—Enquelquesorte.Ilhochelatêteensouriant,conscientquejenesuispasloquace.—Au fait,moi c’estLéopold,mais tout lemondem’appelleOld.Quand j’étais jeune c’étaitLéo

maismaintenantquejesuisunvieuxcon,c’estOld.

Jeluisourisenportantàmeslèvreslatassefumante.Voyantquejeneluidonnepasmonprénomenretour,ilm’adresseunclind’œiletparts’occuperd’autresclients,deshabituésvulespoignéesdemainsincèresqu’ilséchangent.Ilrevientderrièrelecomptoirquandj’avaleladernièregouttedechocolat.Lamenace doit avoir disparu, je peux certainement repartir maintenant. Je lui tends donc un billet qu’ilrefused’unmouvementdetête.

—Ilparaîtqueças’appelle«fidéliserlaclientèle»,alorscelui-làestpourmoi,àconditionquetureviennesboireleprochain.

—Merci.Ilmesouritdenouveau.Ilal’aird’êtrequelqu’undefoncièrementgentil,maisjereconnaisderrière

sesiriscettelueurdesouffrance,cetteempreinteindélébilequeseulunpassédouloureuxvouslaisse.Ilfixemesyeux,luiaussi.Est-cequ’ilvoitlamienne?

Avantderefermerlaporte,jemeretourneverslui.—Àbientôtalors.Je jetteuncoupd’œilrapidedanslarueprincipaleet lapressionredescendunpeu.Lavoiturede

flicsn’estpluslà.

Chapitre4—Jolan

—Hey,c’estpaslacopinedeLyldevant?Charlytendsonindextatouéendirectiond’unesilhouettequis’engouffredansnotreimmeuble.—Quiça?Lanouvellecoloc?demandeBren.—Ouais!C’estquoisonnom,déjà?—Sid,jecrois,çadoitêtrelediminutifdeSidneyàmonavis.—Oudesidérurgie?Sidérant?Sidéral?—T’esconmec!Ilséclatentderire.—Hey,Sidney,map’titepoulette!hurleCharlydanslarueenenfonçantdeuxdoigtsdanssabouche

poursiffler.—C’estSin,abruti!Etelleestgenresourde,situfaisfonctionnertoncerveaucinqminutes,jelui

réponds,agacéparsaconnerieperpétuelle.—Maisdis-moiJo,t’asunebonnemémoire,petitqueutard!Tuveuxlapécho?Il insistesurle«o»pendantencoreplusieurssecondesetcontinueàsemarrertoutseulquandon

rentredansl’immeubleànotretour.—Entoutcas,poursuitBren,elleestcarrémenttrop…—Flippante?jeluisouffle.—Sourde?semoqueCharly.—Bonne,lesgars,cettemeufestcarrémenttropbonne!Jeregardeverslaportedel’appartetelleestlà,àcherchersesclefsaufonddesonsac,tenanten

équilibreuneboîteentresonventreetlemur.—C’estvraiqu’elleestbandante,maisfranchementcoucheravecunemeufqui jouitsansfaireun

bruit,çadoitêtretropbizarre.—Tudisvraimenttropdeconneries,Charly!ditBrenenluimettantuncoupdepoingdansl’épaule.—Hey,enfoiré!IlessaiedelefrapperàsontourmaisBrenestdéjàentraindecourirjusqu’àelle.Quandilesttout

prèsetqu’elleserendcomptedesaprésencesoudaine,ellesursauteetlecartontombeàsespieds.Ellebaissedoucementsonregardverslaboîte,fermelesyeuxquelquessecondesavantdesecouerlatêtededépit.J’aimeraissavoiràquoiellepenseencetinstant.Attends,quoi?Maisnon,putain,carrémentpas,depuisquand jem’intéresseauxpenséesdesautres?Rien.À.Foutre. Jedevrais songeràme le fairetatouersurlecorpsd’ailleurs,çaenrefroidiraitplusd’une.

Brens’excuseenlevantlesmainsdevantluietsecouedevantsonpetitnezletrousseaudeclefs.Illuiouvrelaporteet,sansunregardversnous,elleattrapesoncartonetdisparaîtdanssachambre.Avantquesaportenesereferme,jecomprendscequ’elletientdanssesbras.Unecafetière.J’éclatederiredevant

lesautresquimeregardentsanscomprendre,etfonceaufrigonousravitaillerenbières.Jedisposelesbouteilles sur la table basse pendant qu’ils s’installent, eux dans le canapé etmoi sur l’accoudoir dufauteuilquileurfaitface.

—Alors,demandeCarlosquidaigneenfinparlerunpeu.Pourladernièrecompodelaplaylistfautvraiment trouver autre chose. Ça manque de… je sais pas… de vie. Même niveau chorégraphie, çacoince.C’estcenséêtreunfinaletçapueducul.

Charlyserelèveenrenversantdelabièresursontee-shirt.—Ilapastort,leBurritos.Vousavezrepenséàmonidéedestripteaseuses?Çarajouteraitgravede

vie!Iltienttoujourssabièredansunemainetavecl’autre,ilmimelesfesséesimaginairesqu’ilmettraità

sagogo.—Fermetagueule,Charly!Etarrêtedefaireçamerde!luibalanceBren.—Sérieusement,lesgars,reprendCarlosavecundemi-sourire.Ilnousrestequoi,genre,mêmepas

dixmois?Onauneréputationàtenir.Fautqu’onassure,ilyadegrosenjeux.Carlosestvraiment investidansnotreprojet,quece soitpour lamusiqueoupour ladanse.Alors

mêmes’ilnebaisepasassezàmongoût,jelerespecteetlesoutiens.—Carl,tusaisqu’onvaassurer,fautjustetrouverlecaillouquifaittoutmerderetçavacoulertout

seul.—Çasuffirapas,Jo,yauraquasimentquedespros…Jem’apprêteàluirépondrequandjesuisinterrompu.Jerelèvelatêtepourvoircequis’estinvité

dansmonchampdevision.C’estSin,quivientdesortirdesachambreettraverselesalonenfacedemoipourrejoindrelacuisine,sacafetièretopbudgetentrelesmains.Ellecroitsérieusementquecemachinestcapabledefaireducafé?

Jevoisunbrass’agitersurmadroite,c’estBrenquitentedecaptersonattention.Qu’est-cequ’ilestlourd,àlafin!Quandelleregardedanssadirection,illuiproposeunebièremaisellerefused’unlégersignedelatêteetluisouritavantderepartirdanssachambre.ElleasouriàBren.ElleasouriàBrenetj’aibandé.Commeça.Putaindebordeldemerde.

—Pourquoielles’estachetéeunecafetière,mec?Allôj’tecause!Jemedétournedelaportederrièrelaquelleellevientdes’évaporerpourfairefaceàBrennanqui

s’adresseàmoi,lesourcilmécontent.—Cettemeufapasd’humour,c’estpasdemafaute!Jeluiaiditdes’acheterunecafetièrecematin

maisc’étaitpourlachambrer.Mecassepaslescouilless’teplaît.Jeconnaisceregard.Celuiquimetraitedepauvreconnardpathétique.J’enfoncemamaindans la

pochedemon jean et presse fortmapaumecontremaqueue.Elle nevapas semettre àm’emmerdercelle-làaussi.

—Lylia,tuveuxunebière?hurleCarlos.—J’arrive!Ellenousrejoint,seule.—C’estquoisonproblèmeàtapote?Ellemeregarded’unairsérieuxquineluivapasdutout.—Jel’aidéjàdithier,Jolan.Laissez-latranquille!Ellecherchepasàsefairedesamis,d’accord?

Elleavaitjustebesoind’untoitpourcetteannéeetc’estpourçaqu’elleestlà,pointfinal.Situveuxunconseiletçavautpourtouslesquatre,ignorez-la,cettefilleesthorsd’atteinte.

—Ellecomptebeaucouppourtoi,jet’imaginaispascommeça.Elle se tourneversBrennanet j’ai l’impressionque sesépaulesviennentde recevoirdixkilosde

charge.

—Tuasraison,ellecomptebeaucoup.EtjecomptebeaucoupsurtoiBren,tueslemoinsstupidedetous.

Elleme regarde directement en disant ça. La connasse. Je crois que la fois où je l’ai serrée l’acalméeàmonsujet.Commelesautres,finalement.Jeluienvoieunbaiserauquelellerépondparundoigtd’honneurvif.

Jedoisbienlereconnaître,Lyliaapiquémacuriosité.Ellemeconnaîtpourtant,ellesaitquejesuisun enfoiré, elle sait que maintenant qu’elle m’a dit de me tenir loin de Sin, de l’ignorer, je vaiscertainement faire tout l’inverse. Je suis comme ça, je fais ressortir le pire chez les autres. Ça acommencéavecmamèreetdepuis,çanes’arrêteplus.

Chapitre5—Sin

Direque j’ai failli casserma cafetière.Elle doit tenir 9mois et 13 jours, on a undeal toutes lesdeux!Quandj’aientendulesgarsarriver,j’aifaitressortirmestalentscachésd’actriceporno.Oui,cellequi feint la surprise quand un plombier se promène le tournevis à l’air. Alors, lorsqueBrennan s’estapproché,j’ai«sursauté».Maisj’aioubliémanouvelleamie,recroquevilléeentremesabdosetlemuret elle a chuté, comme une fiente de pigeon sur un pare-brise. Je la regarde maintenant, pleine decompassion.Jesaiscequeturessens,monamie!

Jefermelesyeuxetsecouelatêteenmerendantcomptequejeparleàunecafetièredansmatête.Putaindecinglée.

Dèsquelaportes’ouvre,jefiledansmachambreetressorsquelquesinstantsplustard,uniquementpourexposerfièrementmachèrecafetièreàlavuedecettepetitebitedeJolan.Sansunregardverslesofaoùilssonttousinstallés,jem’apprêteàrejoindreLyliamaisjevoisBrennan,encorelui,agitersonbraspourattirermonattention.Desonautremainilmeproposeunebièrefraîche.Jesalivemaisrefusepoliment. Il m’adresse un sourire de dentiste auquel je réponds, malgré moi, de manière polie maissincère.Jesuisuneépave,unerecluse,maisjesuisquandmêmecapablederépondreàuneexpressionfrancheetchaleureuse.Sesyeuxbleussontmagnifiques,presquerassurants,maislesbillesnoiresdeJom’observentdepuislefauteuiletçamerendbizarrealorsjereparsdanslachambre.

Quand Lylia se voit offrir une bière, je me sensmal. J’aimerais avoir une vie comme la sienne.Facile, libre, spontanée, au lieu d’être sans cesse sur mes gardes. Il n’y a que lorsque je danse quej’arrive àme libérer, lamusique comble les vides et lesmouvementsme redonnent vie l’espaced’unmorceau.

Monventremerappellequ’ilestl’heuredemanger,doncdefairedescourses,doncderessortir…dans la nuit. Lyl m’a expliqué leur fonctionnement ici, chacun s’occupe de se nourrir quand bon luisemble,aveccequ’ilveut.Pasdecoursescommunes,pasd’obligationsderepascommuns.Nickel.Saufquelàilfaitnuitnoiredanslesrues.

—Demain,jesoupirepourmoi-même.Jenerestejamaisdehorsaprèsquelejoursoittombé.Tropd’angoisses,tropdemauvaissouvenirs.

Jenepeuxpasprendrederisque,passiprèsdemadatelimitedeconsommation.J’attrapemontéléphonepour envoyer un SMS àLyl dans la pièce d’à côté. J’ai besoin du numéro de la pizzeria du coin, dutraiteurchinois,peuimporte,j’ailadalle.

Sasonnerieretentit,sousmesfesses.Merde,sontéléphoneestlà.Bienobligéedesortirdemontrou.Jeprendslecalepinetydessineunlivreurdepizza,unplateaudesushisetdesnouilleschinoises.Ellecomprendra bien ce que je cherche. Quand je retourne dans le salon, Lyl s’apprête à entrer dans lachambredeCarlosetellemefaitsignequ’elleenapourcinqminutes.Jesouffleetm’accoudeaubardela cuisine. J’aurais dû accepter la bière, bordel. Un frisson me parcourt quand je sens une présence

derrièremoi.Sansbougerleresteducorps,jetournesimplementlatêtepourregarderquic’est.Jolan.Ilmedétaille sans vergogne, ce qui a le dondeme chauffer. Je suis une sauvage, d’accord, jememetsvolontairementdecôté,jenelaisseentrerpersonnedansmonmonde,maisjenesuispasdevenuenonnepourautant.Ilm’arriveparfoisdetrébuchersurunphallus,plusrarementdeuxfoislemême.Et,sijemefie à mon instinct, Jolan n’est pas du genre à avoir des conneries de sentiments. C’est trop tôt pourl’instantetj’aidutravail,maisquisait…

Jemeretourneversluietluitendslebloc-notes.Ilregardelesdessins,puismoi,puisànouveaulesdessins.Aucuneréaction.Ilsepencheprèsdemoi.Jenebougepasquandilattrapeuncrayonquitraîne.Songenou touche lemienmais ça n’a aucun effet, ni sur lui ni surmoi. Je le vois dessiner d’un traitrapideet,enmoinsdedeuxminutes,ilmerendmonbloc.Messourcilsselèventd’étonnement.J’avaisdéjàpuremarquercettenuitquesoncoupdecrayonétaitbonetlà,jenepeuxqueleconfirmer.Devantmes yeux, c’est un petit restaurant qui prend vie sur un bout de papier ridicule. Je vois les tables, lecomptoir.Mêmes’ilyapeudedétails,jeressensunsentimentfamilier.Jeprendslecrayonetnotetroislettres.

—Old?Jelevoissurprisparmaquestionetilhochelatêteenmeregardant.Ilreprendlecahieretécritàson

tour.—OnyvatouspourlepotdedépartdeLylia,tuvienspas?Jeleregardeetsecouelatêteenposantundoigtinsistantsurmondessindepizza.Sabouchesepince

enmêmetempsquesonsourcilgauchesehausse.Ilsortsontéléphonedesapoche,jelevoischercherdans son répertoire et ilme tend l’appareil. Je repère tout de suite le contact « Pizza », coincé entre«Pipe»et«Pute».Charmant.Jehochelatêteet,alorsquejemedemandecommentunesourde-muetteestcenséecommanderunepizza,ilreprendsontéléphone.

—Paolo,c’estJo,fautquetumelivresunepizzamonvieux.Non,pascettefois,attends...Ilmeregardeetj’écrisrapidementsurlamêmefeuille«Ananas–Curry–Crèmefraîche»suivide

«???».—UneHawaïennemon pote. Super,merci.Non, celle-là c’est pas pour la niquer. Pas encore du

moins,tusaiscommentellessont.Ilnesaitpasquejel’entendsbiensûr,etquandjevoissonregardquimontreàquelpointilestsûrde

lui,jeluifaisunegrandepromessesilencieuse.Tunemedicteraspastesrègles,monvieux.Tantmieuxs’ilssortenttousensemble.Jerêvedesquatterleurcanapé,devantn’importequellesérie,

que je pourrais commenter à voixhaute si j’en ai envie.Quand je retourne encore et toujours dans lachambre,Lylestentraindesechangeretm’invitesilencieusementàlesaccompagner.

—C’estnon.—Tupourraisvenir,c’estmonpotdedépart,chuchote-t-elled’unevoixsuppliante.—Tusaistrèsbienqueçan’arienàvoiravectoi.—C’estjusteàcôtédelamaisonetonestsix.—Cen’estpaslaquestion,jelacouped’unevoixdevenuedésagréable.—Jesais,excuse-moi,Sin.J’oublieparfois.—Pasmoi.Elletermined’enfilersonpulletsonslimnoirsansunmot,maisjevoisquedestonnesdepensées

parcourentsonesprit.J’entendsdescoupssurlaported’entréeetchercheaufonddemonsacunbilletdedixpourréglermapizza.Quandlaporteclaque,jefonceetpercutequelqu’un.Enfin,jepercutesurtoutlecartonàpizzaqueBrennantientdanssamainàhauteurdemonnez.

—Merde,Sin,putaindésolé!Ilme fait des signes qui témoignent sa gêne et je lui tape sur l’épaule amicalement pour qu’ilme

lâche avec ses excuses et se casse au restau. D’ailleurs, les autres sont déjà sur le palier et

s’impatientent.—Tuveuxpaslafairemangernonplus,râleJo.—Bouge-toi,connard,rajouteCharly.JetendsmonbilletdedixàBren,qu’ilrefused’unsignedelatête.Putain,maisest-cequejefais

pitiéàcepointpourquepersonnenemefasserienpayeraujourd’hui?

Chapitre6—Jolan

Lerepaspour fêter ledépartdeLyliaestaussichiantqu’uneputaindemeufquiattend lemariagepoursefaireprendre.Jesuisvenuparcequec’estellequirégaleetaussiparcemonoccupationdecesoirn’arriveraquedansdeuxheuresàlamaison,aprèssonservice.J’imaginedéjàsesseinsrecouvertsdemaliqueurd’orgeat,sibienquejen’entendspasCharlyquimeparle.Ilmefileuncoupdebootsdansletibia,cequialeméritedemefairereveniràlaréalité.L’enfoiré.

—Recommenceçaetjetebriselajambe.—JereconnaisbienmonpetitJojo,quandilalagourdepleineilfaitlefurieux.—Fermetagueule,Charlot.Jeluilanceunechipsdanslafigure,maisceclownréussitàl’attraperavecsalangueetlèvelesdeux

poucesenforçantungrandsourire.J’éclatederireetportelegoulotdemabièreàmeslèvres.Charlys’adresseàLylenpiochantdanssesfrites.

—AlorsLylia,tuescontentedetetirerdeSanFrancisco?Elleréfléchitquelquessecondes,loind’icitoutàcoup,puissereprend.—Ouijesuiscontente,c’estunechanceincroyablealorsjevaisl’apprécieràsajustevaleur.J’irai

aubout.C’est…c’estimportant.—C’esttacopinequiterendsimorose?demandeCarlos.—Pasdutout,cettefilleauneffetcomplètement inversesurmoi, tuvois,ellemedonneenviede

vivreetdeprofiter.— Elle et toi vous avez déjà… tu sais… ? demande Charly d’un air profondément lubrique, en

portantsesdoigtsàsabouche.—Tumefaispitié,t’esvraimentunobsédé.ElleretrouvesonairhabitueletlèvelebraspourappelerOld.—Çavalesjeunes?demande-t-il.J’adore ce gars. Ilm’inspire quelque chose de spécial et il a toujours su commentme prendre. Il

connaîtpasmald’élémentsdemonpasséetilsaitmeconseiller,mêmequandjeneluidemanderien.—Old,tuasrencontrénotrenouvellecolocjecrois?Ilsetourneversmoietfrottesapeauridéecouverted’unebarbepoivreetsel,enréfléchissant.—Sinestvenueici?demandeLylia,visiblementtrèssurprise.—J’aibieneuunejeunefilleenfind’après-midi,unebellepetitebrune,nouvelledanslequartier

apparemment.Maispastrèscausante.—C’estlemoinsqu’onpuissedire!Montéléphonebipe.Ledevoirm’appelle.—Ah!Jodoitfairesavidange.—SoispasjalouxBren,tusaisqu’ellesfinissenttoutesavecmoi!

JelèvelamainpoursaluerOldetremontemoncolpourmeprotégerdufroid.

***

Quand j’entredans le salon, la télé tourne.Quel intérêtuneputainde sourdepeut-elle trouveràregarderlatélé?Jemarchejusqu’àlacuisineetpousselafenêtrequidonnesurlebalcon.JevoisSin,au fond, dans la pénombre, les brasposés sur la rambarde, le regardperdu au-dessusdesmilliers delumièresdelavilleetunecigaretterougissantàsabouche.Sonleggingbleucolleàsescuissesmuscléesetsoncul,putainsoncul…Uneenviede la tringlermeprendauxtripes,purementphysique,purementsexuelle.Ellesetourneversmoi,commesiellem’avaitentenduarriver,etmeproposeunecigaretted’ungestede lamain. J’approche et regarde encoreunpeu soncul sans aucunediscrétion. Je remarqueunlégersouriresursonvisageetquandelleme tenduneclope,elle sentque j’aienviede la fourrer, là,contre cette rambarde. Elle l’a vu dans mon regard bestial et elle en joue, la salope, ça l’amuse.J’aimeraisbienvoircequ’iladviendraitdesonsouriresi jememettaisàl’action.Ellen’auraitmêmepasàbougeruncil. Jemevoisdéjàbaisser soncaleçonmoulant jusqu’àsesgenouxpour lapénétrer,aussifacilementqu’unpinceauquiglissesurunetoile.

Sonsouriredisparaîtdeseslèvresetellesepenchedangereusementsurlebalcon.Pendantuninstantjemedemandesiellenesongepasàsejeterdanslevide.Cettenanaal’airtellementtimbréequ’elleenseraitcertainementcapable.Justepourmefairechieretniquermasoirée.

Jetournelatêteverslavillequandlapremièrevaguedefuméesortdemesnarinesetjelaregardedisparaîtredanslanuit,soufflantplusfortpourqu’elleemmènemesfantasmes.CesoirVéravafairemasoirée,unpointc’esttout.J’aidéjàvucequeçadonnaitdesetapersacolocetfranchementçacasselescouilles.Alors aussi bonne soit-elle, j’ai tout intérêt àme tenir tranquille. C’est pas de la chatte quimanque autour demoi de toute façon. Je jettema clope d’une pichenette et retourne au salon sans unregardpoursacroupe.

J’aime coucher avec des tas de filles différentes, en quoi est-ce un problème ?Ma pute demèrecouchaitavecbienplusd’unhommedifférentchaquejouretdoitsûrementencorelefaireaujourd’hui.

Trois coups frappés à la porte mettent fin à mes divagations ; j’ouvre sur une Véra carrémentexcitantedanssajupeultracourteetsondébardeuréchancré.Ellem’embrassesurlabouchesansquejem’yattende.Merde,larappelerunetroisièmefoisétaitunemauvaiseidée,ellecommenceàprendresesaises,j’aihorreurdeça.Bonnesuceuseounon.Jeluilanceunregarddésagréableavecunsignedelatêteendirectiondemachambre.Sinestmaintenantposéecontre lecomptoirde lacuisine, ses lèvresglissantsurunebouteilledebière.Putaindemerde.Jenesauraispasdiresielleestconscientequetoussesmouvementsinvitentausexeousijesuisjusteunpeuplusobsédédejourenjour.Jepenchequandmêmepourlasecondeoption.

—Magne-toi, Jolan !Tum’as chauffée avec tespromessespourunpiedd’enfer.Mapetite chattet’attend.

Je regarde toujoursSinenrejoignantmachambre.Elledoitavoirunsixièmesenscar,quandVératerminesaphrase,SinportedeuxdoigtsàsabouchepourformerunV,danslequelelleinsèresalangue.

Jeluifaisunclind’œiletmimeunerévérenceavantdedisparaîtredansmonantre.

Bordel, la langue de cette pétasse deVéra est plus efficace qu’un bataillon de somnifères.Aprèsm’êtrelonguementvidéenelleenimaginantàsaplacelacambruredeSinetsonpetitculplusrebondi,jel’aivitedégagéedechezmoipourmieuxm’enfoncerdansmonlitcettefois.

***

Lorsque j’arrive dans la cuisine le lendemainmatin, Sin scrute sa cafetière comme une putain dedémente. En la regardant un peu plus longtemps, j’en viens rapidement à une conclusion : je suis sûrqu’elletented’entrerencommunicationavecelle.J’imaginedéjàledialoguequecettetaréesefaitdanssatête.Ellerestefigéedanscettepositionalorsquej’enclencheunecapsuledanslamienneetrécupèremonalliéindispensablequelquessecondesplustard.

QuiaeucetteputaindemauvaiseidéedeproposeràLyldel’accompagneràl’aéroport?Cettenanasetireennouslaissantsataréedecopineetilfautenplusjouerlesgentlemenlivreurs?

Sinnesemetenmouvementquelorsquesonimmondecaféafinalementcessédecouler.Ellelèvesespoingsensigned’unevictoirepathétiqueetremuelebolàmoitiévidedevantsonnez,commesiungrandcruvenaitsoudainementd’apparaîtreentresesmains.Ellesesertunetasseet,ôincroyable,lavoilàquigrimace.Tum’étonnes,commentpeut-onboireunemerdepareille?Paslapeinedelegoûter,jevoisd’iciquesonjusestfoireux.Et,commesicen’étaitpassuffisant,voilàqu’ellesemetàfaireuncheckàsacafetière.

—Mec,ellevientdepokersacafetièrelà,j’aipasrêvé?ditCharlyenarrivantdanslacuisineavecsabonnetêtedecon.

—Jevousaiditquecettemeufestcinglée.—Jemesuisjamaistapéunecinglée…—Bren,tut’esjamaistapépersonne.—Biensûrquesi!—Letrav’dePhuketnecomptepas.—Fermetagueule,Jo!J’aipasbesoindemeviderlescouillestouslessoirs,moi.—Parcequ’ellessontàsec,monpote.

Sin se tiredans sachambre,certainementpourdiscuteravecsa lampedechevetoubienpeut-être

pours’habiller.Quoiqu’elleseraitbiencapabledeveniravecnousàl’aéroportdanscettetenue…

J’entendssoudainLyliaquis’excitecontreCarlos,etjedirigemachinalementmonregardverseux.Ensortantdesachambreàl’instant,ilvientdelabousculer,luifaisantrenversertoutsonthésursatenuepimpante.

—MaisqueldébiledeMexicain,putaindeFajitasempoisonné!Ellecontinuesesinsultessurlamêmethématiqueens’enfermantdanslachambre.Elleenressorttrès

vite,changée,lançantunregardnoiràchacund’entrenous.Tousauxabris.—Bandedetrousducul!—Hey,calmos,lasorcière!Onn’arienfait,nous!—Lâchel’affaire,Charly,ignore-laetnelaregardepasdanslesyeuxsurtout,malheureux!Lyliaest

stressée.PasvraiLyliquetunousfaistapetitecrisedenerfs?ironiseBren.Il évite de peu une chaussure lancée comme une arme de destruction massive. Lylia finit par se

retournerversmoienm’entendantpouffer,prêteàmedéfoncer,maisparchanceelleestcoupéedanssonélanparSinquisortàsontourdeleurchambre.

Putain,jerêveoùelleaessayédesefairebellepourledépartdeLylia?Unpeuplusmaquilléequed’habitude,elleporteunleggingnoirsousunetuniquebordeauxetsanstropforcer,jel’imaginedéjà

sans. Et ses cheveux qui sont remontés en une queue-de-cheval bonne à agripper et laissant voir lescourbesdesanuque…Putain,cettefilleestvraimentunappelausexeambulant.

Chapitre7—Sin

Jesorsdemachambreetjeremarqueimmédiatementquej’interrompslecombatquiestsurlepointdecommencerentreLyletJolan.Elleasatêtedechiendechasseprêtàtrancherdujarretetlui,ilsentqu’ilvapasserunmauvaisquartd’heure.JesuisprêteàenjubilermaismonapparitiondétourneLyliadesacible.Faitchier,j’auraisbiensortilepopcornpourmaterJolansefairedémonter!

—WaouhSin,tuessuperbellecommeça!

Poursauverlesapparences,enbonnecomédienne,ellelèvesesdeuxpoucesenl’airetposesurmoiunregardemplidefierté.Jeluiadresseunsouriregênéettiresurmatuniquetoutenpinçantleslèvres.Jetentemêmededissimulermaraideurlorsqu’ellemeserrerapidementdanssesbras.C’estvraiquej’aifaitunpetiteffortdecoquetterieaujourd’hui,mêmesijepréféreraisavalerunlitredelaitpériméquedel’admettre.C’estbête,maisj’aienviequ’ellegardeunebelleimagedemoi.

Jesorsdel’immeubleladernière,monbonnetenfoncéjusqu’àlalimitedemeslunettesdesoleilbonmarché,etcapteleregardimpatientdeJolanquiattenddevantcequidoitêtreleurvan.

—C’estpastroptôt,bordel!Ilsembleavoirdumalàpercuterquejesuissourdeetqu’ils’énervedoncdanslevent.Jelefrôlesansunmotetm’engouffredansl’habitacle.Brenestinstalléauvolant,LyliaetCharlyà

soncôté.Larangéesuivanten’estcomposéequed’unseulsiège,occupéparCarlos,soncasqueenfoncésur ses cheveuxqui touchent presque ses épaules.Et, à l’arrière duvan, il ne reste que deuxpauvressiègesabîmésl’unenfacedel’autre.

Je regarde les ruesdéfilerpendantdixminutes, absorbéepar lamusique sortantdesenceintes.Unmalaisefinitparmefairedétournerlesyeuxdestrottoirsbondés.Jolanmefixe,enfinnon,ilfixesurtoutmesjambesquibattentlamesureinstinctivement.Merde,quelleconne!Jesuissourde!Jenesuispascenséeréagiràlamusique.Dèslors,jenebougeplusd’unpouce.

—Toutlemondedescend!hurleCharlyengrimpantàmoitiésurLyliapourenfoncerleklaxon.—Dégage!Sans lâcher des yeux les abords noirs demondede l’aéroport, je tente deme calmer grâce à des

grandesinspirations.Jedétestecetteimpressiondepouvoirlescroiseràtousmoments,mêmeàplusieurscentainesdekilomètresdelà-bas.

Ce n’est que lorsque Jolan me tape sur le genou, me faisant sursauter, que je me décide enfin àbouger.J’hésitequelquesinstants,unpiedendehorsduvan,l’autrededans,commesiunmaladeattendait

surletrottoirpoursejetersurmoi.—Allez,bouge!

Absorbée parmon analyse des risques, je n’ai pas la présence d’esprit dem’écarter lorsque des

mainssepositionnentsurmesfessesetmepoussent.Laseconded’après, jemesenspartirenavantetj’atterrissurlesgenouxdansunbruitsourd.

—T’esvraimentunconnard,Jolan!s’écritLyliaenm’aidantàmerelever.Jelui lanceunregardnoiret luimeretourneunsourired’enfoiré,puisildisparaîtentrelesportes

automatiquesdel’aéroport.

Onestunpeuenavance,alorsjem’installeaveclesautresdansunpetitsnack.Jesuisvraimentmalàl’aise. Beaucoup trop de monde, des flics partout. Putain, c’est pas bon pour moi, ça. J’essaied’éloignermonangoisseenreportantmonattentionsurleurdiscussion.

—J’airencontrélafilledonttum’asparlé,Lyl,maisçanevapaslefairedésolé.—Pasdeproblème,Carlos,répond-elleenmejetantunregardenbiais.—Tuessûrdevouloirfaireça,Carl?demandeCharlyenmordantsapaille.Tucroisvraimentque

c’estcequinousmanque?—J’ensaisrien,Charly,j’essaiedecomprendrecequibloquecesdernierstemps.—Ouais…maisj’aidumalàcroirequ’onpuissecréerquoiquecesoitavecuneinconnue.Jenecomprendsrienàcequ’ilsracontentmaisjem’entapepasmal.Jenepeuxpasm’empêcherde

regarder partout autour demoi,ma tête fait des va-et-vient d’un bout à l’autre du couloir, comme unarbitredetennisàlacon.JecroiseaupassageleregarddeJolanetfaisdemonmieuxpourluienvoyerdesondesmauditesenpleinegueule.

—C’estl’heured’allerensalled’embarquement,annonceLylendescendantdesonsiège.DepuisunpetitmomentJolanfaitbasculersontabouretsursesdeuxpiedsarrière.LuietCharly,dans

lamêmeposition,fontuncombatd’équilibre.Toutlemondeestdéjàdebout,n’attendantplusqu’eux,etmoi,sanspouvoirmeretenir,jecèdeàlatentationdevenuetropgrande.Uncoupdebootsbienplacéetletabouretglisse,emportantJolandanssachute.Aprèsavoiragitélesbrasdanslesairscommeunabruti,iltombe lourdement sur les fesses et reste immobile, allongé sur lemarbre froid. Alors que je le voisessayerdedécortiquerl’action,unrictusdiaboliqueprendviesurmeslèvres.JesenssonregardacérédansmondoslorsqueLylpassesonbrasautourdemesépaules.

—T’aspaschangé,ellericanetoutbasdansmonoreille.C’estvrai,jen’aipaschangé.Ceseraitpourtantçaqu’ilmefaudrait.—Jetrouvequ’ilst’ontplutôtbienaccueillietusais,mêmeJo.—Raviedel’apprendre!—Tusais,vousavezpeut-êtreplusdechosesencommunquetul’imagines.—Qu’est-cequetuveuxdireparlà?Mais on est interrompues par une employée de l’aéroport saucissonnée dans son tailleur, qui

m’informequemabalades’arrêteici.Lylseretourneversmoiet,maintenantquelesgarssontàcôtédenous,ellesecontented’unregardquivautmilleparoles.MagorgesenoueencoreunpeuplusquandjelavoisserrerSoncollierdanssapaume,commesiElleluitenaitlamain.

Je la prends longuement dansmes bras, des images d’enfance affluant sousmes paupières. Jemedétache d’elle et caresse sa joue, puis jeme recule pour laisser les garçons luimettre lamisère unedernière fois.Malgrémoi je prends de la distance, angoissée à l’idée qu’ils attirent l’attention de lasécurité.J’aifaituneffortincroyableenvenanticiaujourd’hui,maisilmetardedéjàderetrouverl’abridemachambre.

JelèvelamainunedernièrefoisendirectiondeLylaumomentoùelletraverselesbornesdesécuritéetreparsimmédiatementendirectiondelasortie.Jem’allumeunecigarettedevantlevanetregardelemessagequejeviensderecevoirdesapart.

**MapetiteSin,j’auraisaiméresteravectoi,vraiment,maistusaisquejedoisfairecevoyage.Jelefaispourmoibiensûr,maisjetementiraisentedisantquejenelefaispasaussipourelle.Chacuneadespromessesàhonorer,pasvrai?Jesaisquetun’agisjamaissansraisonetjesuiscertainequetasoudainevenueàSanFranciscon’estabsolumentpaslefruitduhasard.Quoiqu’ilensoit,jesuisheureusequetusois ici, je suis sûre que tu trouveras ce que tu ignores chercher. Prends soin de toi je t’en prie. Jet’embrassecommetasœurl’auraitfait.LYL.PS:J’aioubliédeteparlerdujeudisoir,demandeàBrenqu’iltebriefeetbonnechanceavecJo,touslesdeuxçapique!**

Sonmessagemelaissepensive.Lyliaestladernièrepersonnequimerelieencoreàmavied’avantetjenesaistoujourspassic’estunebonnechose.Sanss’enrendrecompte,quandellemeparled’Elle,elleravivetoutlemauvaisenmoi.Mamèrediraitquedetoutefaçon,iln’yariendebondanslepéché.

Montéléphonevibreunesecondefois.Numéroinconnu.J’ouvrelemessage,méfiante.**C’estBrennan,faispascettetête!**Jelèvelesyeuxetremarquequ’ilsetientdevantmoi.**Lylm’adonnétonnuméro,pourcommuniquerceseraplusfacileetpuistuneconnaispersonneici,

c’estplusprudent.**Petitepute!Ellesaittrèsbienquejesuiscontre.Merde,ilmeregardeenattendantuneréponse.**OK**C’esttoutcequ’ilobtiendrademoi.Jem’engouffredanslevan,àlamêmeplacequ’àl’aller,seuleà

l’arrièrecettefois.JoaprislaplacedeLyliadevant,laplacedumort!S’ilm’avaitbriséunerotuletoutàl’heureilauraittoutdétruit,etjejurequejel’auraisdécapitésansretenue.

Lamusiquecracheunmélangedemétaletdehip-hop.Parfait.J’aibesoindeçapourboostermonimagination. Même si je sais déjà ce que vont raconter mes différents tableaux, mes mouvements etenchaînementsdoiventêtreparfaits.Jedoisêtreparfaite.CommeEllel’était.

Jeme rappelle soudain une partie dumessage deLyl et attrapemon portable dans la foulée pourécrireàBren.

**C’estquoil’histoireaveclejeudisoir?**Sontéléphonebipesurletableaudebordetc’estJoquis’enempare.Illanceunregardàsonpote,

puisundansmadirection.—BenalorsBrennou,tubranchesdéjàlacinglée?Cetermem’exaspèreplusqu’ilnelesaurajamais.—Tagueule,Jo, j’essaie justed’êtresympaavecelle.Déjàquec’estpasévidentdese retrouver

dansungrouped’inconnusdansunevilleinconnue,alorsavecunconnardcommetoidanslesparages…—Enpluselleestsourdeetmuette,ajouteCharly.Je ne sais pas trop s’il prendmadéfense ou s’il semoque demoi. J’ai vraiment l’impression de

pouvoirliredansleurspenséesquandilsparlentdevantmoisansavoirconsciencequejelesentends.Jereçoisunnouveaumessageetcomprendsvitequienestl’expéditeur.

**Sucemagrandebite**

Charmant.—Qu’estcequetufousavecmontéléphone,putain,Jo!Jerépondsaussitôt.**Sielleestsigrandequeçatudoispouvoirtelasucertoutseul**Jel’entendspoufferetjesuissûrequ’ilréfléchitàunebonnerepartie.Maislevans’arrêteàunfeu

rouge et Brennan en profite pour récupérer son téléphone, sans négliger quelques coups de poing au

passage.Cinqminutesplustard,ilnousdéposedevantl’entrée.Je referme doucement la porte dema chambre derrièremoi etm’adosse un instant contre le bois

rouge. Je stresseunpeudeme retrouver seule avec eux. J’ai déjàutilisé le coupde la sourde-muetteplusieurs foiset jedoisdireque rienne fonctionnepareil ici.C’estmon troisième jouret ilsessaienttoujoursdefaireunpasversmoi,Brennandumoins,etJoaussid’unecertainemanière.Habituellement,onm’ignorepurementetsimplement.Ceux-làont l’airdifférents, jenesuispasétonnéequeLyl lesaitchoisiscommeamis.

Çanepeutpasêtremoiquiaiechangé,non, impossible.LaprésencedeLylyasûrementétépourquelquechose.Maiselleestpartiemaintenant,toutvadoncrentrerdansl’ordre.

Jeferaitoutpourleséviter.

Chapitre8—Jolan

(PutainKaren,faisgaffe,quandtumesucescommeçatufaisremontermesboules.Elleprononceun«désolé»àmoitiénoyéentresalangueetmaqueue,tousseetmanquedes’étouffer

quandelle l’enfonceunpeu trop loin.Mamain sepose sur sa tête, lui intimantdenepas s’arrêter, etj’attrapeunepoignéede ses cheveuxpour qu’elle accélère le rythme.Àmesure que je bute contre sagorge, sesongles s’enfoncentdansmes fesses.Unebonnepipec’est lepied,mais se faire tirer sur lemanchetroplongtempsçamemetlesnerfs.Jefinisparlarepousser,ellen’yarriveradécidémentpas.Elleme regardeétonnée, àgenoux surmonparquetpendantque je suis assis sur leborddemon lit àcogiter.Jemelèveetjelavoisflipper.

—T’inquiètepas,jevaistebaiser.Restelà.J’enfileunecapoteetmecale justederrièreelle,maqueueposéesursesreins.Je lasensfrétiller

d’impatience et passe un doigt dans sa fente pour vérifier qu’elle est plus excitée que moi. Quandj’effleuresonénormeclitorisprêtàpercer,ellelâcheunrâleaiguetrelèvesesfesses,s’ouvrantunpeuplus.OK,lubrificationparfaite,çaluicoulemêmeunpeusurlescuisses.L’effetquejeleurfaisdevraitmefairebandercommeunâne,putain.Enattrapantsesseinsdansmesmains,jelapoussecontrelelitetlapénètreaussibienquemaqueueunpeuramollielepermet.JeremercieleSeigneurdem’avoirpourvud’unoutilsiimposant,carquandlestempssontdurs,enfincen’estpasvraimentlebontermelàtoutdesuite,sataillelesempêchederéaliserquemajaugedegaulen’estpastotalementremplie.

Sesmainsfroissentmesdrapsgrisens’yaccrochant,sa têtedisparaîtentresesbrasetsesgenouxraclentleparquetélimé.Pressédesentirsachatteseresserrerautourdemaqueue,j’abandonnesesseinsetfrappesesfessesmaigresd’unemain.Àchaqueclaquementquirésonne,ellecrieunpeuplusetjesenssesparois se rétrécir. Jepassedeuxdoigts autourde sonclitopourydessinerdescerclesqui la fontgémir plus fort à chaque passage et, quand ils sont bien humides, je les enfonce tout entiers entre sesfesses.

J’enchaîne les va-et-vient profonds en ellemais putain, ça nemonte toujours pas assez bordel. Jedevraispeut-êtremecontenterd’unjoursurdeux....Mespenséessontsoudainementinterrompuespardesbruitsdepasdanslecouloiretlesond’uneportequisereferme.Sin,lefantômesexydelabaraqueestdanslaplace.DepuisqueLyliaestpartieilyapresquedeuxsemaines,jenel’aipluscroiséeuneseulefoisetj’aicrucomprendrequec’étaitpareilpourlesgars.Iln’yaqueCarlosquiaaffirmél’avoirvueenville,lejouroùonacommencéàs’inquiéter.

Karenémetungémissementaiguquandjesensmabitesedurcirunpeuplus.—Ah,nousyvoilà…Oui, penser à Sin me fait encore une fois bander. J’ai ça dans le sang, c’est mon côté animal,

prédateur.Ilvafalloirquejelacoincedanscecouloirunjouroul’autre,c’estunequestiondeprincipesexuel.Jeveuxqu’elleflanche.Commelesautres.

J’entendsl’eaucouleretjel’imagineallongéesurlebancdesadouche,enfoncersesdoigtsdanssa

petitechatteluisante…—Ouiiii…!!!Et voilà, l’affaire est dans le sac. Karen vient de jouir, je l’ai suivie de peu. Je me relève, me

débarrassedelacapoteetenfilemonboxer.—Encore…,supplieKaren,toujoursleculenl’air.—Claquelaported’entréederrièretoi,tuserasmignonne.Elleseretourneversmoi,arborantlemêmeairvexéquelesautrestandisquej’ouvrelaportedema

chambre.L’eaunecouleplusmaislalumièrefiltretoujourssouslaportedelasalledebain.Jemarchejusqu’au salon, attrapeunecanettedans le frigoetmecaledansmon fauteuil.Positionnécomme je lesuis,elleestobligéedepasserdevantmoipourretournerdanssachambre.Cettefilleestunvraimystère.J’ail’habitudedecôtoyerdesallumeusesmaisavecelle, iln’yariendetoutça.Jel’indiffère,etmonégodétesteça.

J’entends le loquet, puis la porte s’ouvrir et se refermer. Je fixe le couloir et la vois apparaître,exhibantun leggingbleu.Leggingmoulantaupossibleauquelmaqueueadresseunsalutencemomentmême.Ellemedévisage,pensive,etellesemblegonflée–jeparletoujoursdeSinévidemment–mais,contretouteattente,aulieudefuirelleentredanslacuisine,saisitunecanetteidentiqueàlamienneetsautepar-dessusledossierducanapépours’asseoirfaceàmoi,ungenourelevé,l’autrejambeunpeuécartée,sibienquejen’aiaucunepeineàdevinersonminouserrédanscepantalondudiable.

Je regarde sachatte.Elleme regarde.Elleme regardemater sachatte etmalgrémoi jepasseunemain sur la bossequi grossit.Les filles aiment ce genrede trucs non ?Unmecqui bandepour elles,ouvertementquiplusest.C’estuneinvitationdesplusclaires.Pourtantelleneréagitpas,nesemordillepaslalèvreinférieure,n’humectepassabouchecharnue.Nada.

Quand elle rejette sa tête en arrière pour vider les dernières gouttes de sa canette et se lèvedoucement,j’espèrelavoircéderàsesinstinctsdesalope,commetouteslesautres.J’espèrequ’ellevame rejoindre et grimper à califourchon sur mes cuisses pour que nos deux sexes fassent enfinconnaissance.Maisàlaplace,ellemefixeavecsesprunellesquineracontentrienetdisparaîtdanssachambre.

—Putaindemerde,jegrogneenappuyantplusfortsurmaqueuequiendevientdouloureuseàforcedetrépignerd’impatience.

Jetapedupoingderagesurl’accoudoiraumomentoùKarensortducouloir,rhabilléeetprêteàsetirer,ouàsefairetirerc’estauchoix.Jelaregardeetbondissoudainsurelle,guidéparlaseulepulsionquejenecherchepasàmaîtriser.Quandmoncorpspercutelesien,animéd’unefrustrationincontrôlable,sondoss’enfoncedanslaportedelachambreSin.JetiresurmoncaleçonlaissantapparaîtreunsoldatplusfierqueKarennel’ajamaisvu,avantderéserverlemêmesortàsonstringbleu.Unleggingbleucontreun stringbleu.Elleme sourit d’un air satisfait, persuadéequ’elle est à l’originede cebrusquerevirement de situation. Qu’elle pense ce qu’elle veut du moment qu’elle me laisse la prendre là etmaintenantsansdiscuter.Jetrouverapidementunecapotedansletiroirdelapetiteconsoleàgauche.J’enlaisse partout, c’est une habitude. Je tire sur son top pour dégager ses seins tout en relevant sa jupejusqu’àsa taille,attrapeseshancheset je labaise, là,contre laportedeSin.Karenrencontreenfin labête.Ellepoussedeshurlementsàchaquepénétrationetlavieilleporterougesubitlesassautsincessantsdemoncorps.Jemordssestétonsavecrage,m’accrocheàseshanchessansdouceuretlatranspercedetoutemaforce.Karenenfoncesesonglesdansmesépaulesetnetardepasàsecontracterautourdemoi,étouffant son cri dans mes cheveux. Quand la capote est pleine je la laisse retomber, chancelante etdécoiffée,etmereculedeplusieurspas.

Si Sin n’a rien pu entendre des cris deKaren, elle ne peut pas être passée à côté des secoussesinfligéesàsaporteetauxmursdesachambre.J’espèrequ’elleauracomprislemessage.Ellevientdepasseràcôtéd’unebaisemémorable,cellequejeluiréservepourbientôt.Elleauraenfinsaisiquiestlemâledominanticietquesesproiesneluirésistentpas.

—N’oubliepascequejet’aidit,claquelaporteenpartant.

Ayant pris son compte pour la soirée,Karen quitte l’appartement sans se faire prier cette fois. Jem’apprête à rejoindre ma chambre quand la porte de celle de Sin s’ouvre dans un doux grincement.J’affichemonsouriredeguerriervainqueur,maiscederniers’effacepresqueaussitôtdevantceque jevois. Ses joues sont rouges, un voile d’humidité recouvre l’orée de sa poitrine et unminuscule rictusanime le coinde sa lèvre.Et lepiredans ce tableaududiable, ce sont les troisdoigtsqu’elle essuieouvertementcontresontee-shirt.

Sa porte se referme déjà, et je reste comme un con, l’esprit envahi par les images de Sin semasturbantpendantquemabitesedéfoulaitsurKaren.

Jemelaissetombersurmonlit,épuiséetperturbéparl’audacedecettesorcière.Jetrouveraiunmoyendel’avoir,jetrouverailafaillequilaferatomber,letrucquisaural’exciter.

Quandj’enauraifiniavecelle,jepourrairetrouvermesidéesclaires.

Chapitre9—Sin

Je suis restée adossée à cette porte tout le temps qu’il lui a fallu pour la faire jouir. De longuesminutesledosappuyécontreuneépaisseurdeboisquinem’apasménagéeetquiaquelquepeuébranlémasatisfactiondel’avoirdéfiéplustôt.Lesyeuxfermés,j’aifaitabstractiondescrisdecettepoufetjeme suis concentrée sur sa respiration à lui. Ce souffle animal, qui s’est infiltré en moi malgré laséparation. S’il croit avoir un quelconque contrôle surmoi en agissant de la sorte, il est très loin ducompte.Jenelaissepluspersonnemedominer.Alorsj’aiposémamainfurieusesurmonleggingpourtenterdecontrôler la chaleurqui irradiaitdéjàdemonentrejambe.Puis j’ai eubesoindeplusetmesdoigts se sont faufilés sous le tissumouillé d’excitation. Ils se sont branchés sur sa cadence sauvage,d’aborddeux,puisun troisième.Les jambesdéjà tremblantesdeplaisir, ils se sontenfoncésplus loinencore.Monautremain les a rejointspour s’occuperdececlitorisquinedemandaitqu’àexploser etrapidement,mesgestesn’ontplusdutoutétécoordonnés.Chaquefoisquelaporteaclaquécontremondos,desspasmesincontrôlablesontparcourumoncorps,commesic’étaitluiquisubissaitlescoupsdeboutoirdeJolan.Meshalètements,couvertsparleshurlementsdesapoupée,sesontaccéléréssivitequelebienfaitdemadoucheestpartiàlapoubelle.Labouchesèche,j’aijouicontremesdoigtsnerveuxenréprimantuncriquiauraitfacilementpudépasserlacapacitévocaledel’autrenana.

Putain ilest fort, ilsaitcomments’yprendre.Heureusementpourmoi, j’aivécudans laperversitéassezlongtempspourpouvoirlasentiràdeskilomètresàlaronde.Ilmechauffe,ilveutmepousserdansmesretranchementsmaisc’estmoiquileferai.J’aiaumoinsapprisçademesparents.

Quandlaported’entréeclaque,jesouffleetlefeuquim’animediminuepeuàpeu.J’entendstoujourssarespirationrapideetjelelaisseencoreprofiterdesonprétenduquartd’heuredegloire.Puisj’ouvremaporteetjesaisquej’aigagnéquandsonsouriresatisfaits’efface.Jesavoureunpeupluscemomentlorsquesesyeuxseposentsurmapoitrinebrillantedesueuretsurmesdoigtshumidesetavecunpetitsourirevictorieux,jerefermemaporteetmetsfinàcecombatpervers.VictoiredeSinparKO.

J’ouvrelafenêtredemachambrepourfairebaisserlatempératureambiante.Unfrissonmeparcourtquand l’air froid s’insinueentremescuisseshumides, et je souris en repensant à cettedernièreheure.J’en oublierais presque que demain c’est le réveillon deNoël. Brennan, Carlos et Charly sont partisrejoindre leurs familles respectives et j’ai failli avoir l’appartementpourmoi toute seule.Àundétailprès.Toujourslemêmepetitdétail.Quoique,aprèsl’avoirvudanscefauteuiltoutàl’heure,cedétailnesemblepassipetittoutcomptefait…

Cesquinzederniers jours, j’aiuséde toutes les rusespossiblespournecroiseraucund’entreeux.J’aipresqueeuquelquesremordsenlesentendants’inquiéterunefoisoudeux.Eneffet,malgrétousmesefforts,Brennanacontinuéàmemontrercombienilprenaitàcœursonrôledetuteur.Àcoupsdepetitsmots,poséssurlecomptoirdelacuisineouscotchésàmaporte,ilacontinuéàfairedespasversmoi.

Pourquoi?Jen’ensais rien. Jenesenspaschez luid’attiranceparticulièrequipourrait justifierqu’ilagissecommeça.Maismoi,j’aireculé,commetoujours.J’aisouriquandJos’estoccupédedétournercertainesdecesattentionsàsasauce.EnretournantplusieursmotsdeBren,j’aiainsidécouvertaudos,toutessortesdedessins,certainsplusexplicitesqued’autres.Cegarsavraimentdutalentetlesensdudétail,surtoutdanssesreprésentationsdeBrennanentraindeleverlapattesurlaportedemachambre.

Quandl’airfraisasuffisammentdissipétoutetracedecemomentdeplaisirsolitaire,jerefermelafenêtreetmecouche.Jedoisvraimentdormirmaintenant,demain,j’airendez-vousauCentral–oui,lejourduréveillon.J’aieudelachance,lesinscriptionsétaientpresquecloses.

***

Après une nuit trop courte, le menton posé sur le plan de travail, je regarde les gouttes tomberlaborieusementdans la cuvedemacafetière. J’ai arrêtéde l’insultermentalementdepuisune semaineenviron.J’aidécidéque lesencouragementsseraientsûrementplusutiles,alorsdansmatête j’imaginedespom-pomgirlsentraindelasoutenir.Unefoisletoutavalé,jedoisavouerqu’elleaprogressé.C’estencorerelativementproched’ungoûtdenuoc-mâmmaisj’aibonespoir.

Jeretournefinirmonsacenessayantd’imaginercommentvasepassercetteépreuvedesélection.Laplupartdesparticipantsserontencrews,alorslefaitquejemeprésenteseule,ceseraquitteoudouble.J’ai trouvé la musique presque idéale pour aujourd’hui, je regrette cependant de ne pas connaîtrequelqu’unquipourraitmemixerexactementlemorceaudontj’aibesoin.Pourlesprochainesétapes,jevaisdevoirmebougerleculetentrouverun.

Jefourredansmonsactoutcedontj’aibesoinpourmonaudition,enfoncemonbonnetsurmoncrâneet décolle. Le Central est à peine à un kilomètre de l’appartement. C’est une immense bâtisse,ressemblantàunevieilleusinerevisitée.C’estlepointdeconvergence,l’objectifultimedel’ensembledesdanseursdeCalifornie.Etc’estensonseinquesejouentlesqualificationspourleplusgrosshowdupays. LeDOTY.Un événement demalade, un concours intransigeant qui attire tous les passionnés destreetdanceàlaronde.J’aidéjàpasséavecsuccèsbeaucoupd’éliminatoiresunpeupartoutdanslepayset c’est ici que se joue la dernière ligne droite. Encore quelques épreuves avant la finale qui seraretransmise en direct à la télévision dans tous les états et sur internet.Une diffusion enmasse et desmillionsdespectateurs.Parfait.

Quegagnelevainqueur?Desreprésentationsenpagailleetunenotoriétédanslemilieudeladansederue.Qu’ai-jeàygagner,moi?Lesalut.

Lafilledel’accueilmelanceunregarddégoulinantdemascaraetmetendunformulaireetuncrayongrisagonisant.

—Merci.—Pasd’quoi.C’estlà-haut.Oùsontlesautres?—Jesuisseule.—Ah.OK.Bonnechancealors.Jeluisourisetmontelesmarchesmétalliques,lesyeuxplongésdanslespapiersàremplir.J’aiprévu

le coup pour la partie concernant l’identité. En revanche, celle concernant les frais d’inscription melaisseungoûtamerdanslabouche.Arrivéeàl’étage,jejetteunœilàceuxquiattendentdepénétrerdanslasalledanslaquellesedéroulel’audition.C’estbiencequejepensais,ilssonttousengroupe,certainsasseznombreuxd’ailleurs.Jecroiseleregardd’unmecquimedétailleetdécidedeposerlaquestionquimetaraudeàlafillequis’étireàcôtédemoi.

—Excuse-moi…—Oui?

Savoixestdouceetempreintedegentillesse.Çanecourtpaslesruesdanscegenredecirconstancesoùtoutlemondesetiredanslespattes.Jeluimontreleformulaire.

—C’estquoilesfraisdontilsparlent?— M’en parle pas, mes parents vont criser, c’est sûr. T’imagines, huit cents balles juste pour

s’inscrirec’estabusé!J’ailanauséed’uncoup.—Ilfautlesdonnerquand?—Situvalidesl’auditiond’aujourd’hui,t’asjusqu’au31décembre.OK,génial…Jen’aipasdecartedecréditévidemment,seulementdesespècesamasséesdepuisdeux

ans en bossant ici et là et quime permettent de vivre simplement. Je ne pensais pas avoir besoin detravaillertoutdesuitemaisilestclairquejevaisdevoirrevoirça.J’aidequoileurdonnerleurshuitcentsrondsdemerded’icilasemaineprochaine,maispourtenirensuitejusqu’àseptembrevafalloirquejetrouveuntruc.Pasévidentquandonneveutpastropmontrersatête…

Jeremplisrapidementleformulaire,dépitée.Çanedoitpasmedéconcentrer.C’esttropimportant.Laporte s’ouvre surun jeune,unbandana rougeserré sur soncrâne rasé,uneoreilletteaccrochéeau-dessusdesonlobepercé.

—Çavamonpote?Iltapedanslamaindumecquimefixaitduregardtoutàl’heure.—C’estàvous,soyezbons.Puisilsetourneversmoi,réclamantmonformulairedesamaintatouéed’unetêtedemortstylisée.—Sin?Sympacommenom!Tuparles....JeluitendslacléUSB,qu’ilrefuseensouriant.—Improvisation!C’estlethèmepourpasserlesinscriptions.Etceserarécurrentsurlerestedes

épreuves.Putain.De.Merde.—Ah,trèsbien.Ilm’adresseunclind’œiletrefermelaporte.J’ensuiscapable,2minutes30d’improvisationçane

mefaitpaspeur.—Jem’appelleSonia,aufait,ditlafilleàcôtédemoi.—Sin,jeréponds,tendue.La salle se vide au fil des minutes et du passage des groupes. Je me retrouve seule à l’étage et

esquisse quelques pirouettes pour faire redescendre la pression.Mon style est un peu à part, j’espèrequ’ilssaurontl’apprécier.

—Sinmabelle,c’esttontour.Jerejoinslascène.Faceàmoi,lejuryestsilencieux.Ilssonthuit,desprofessionnelsinternationaux,

desdanseurset chorégraphesextraordinaires.Dans lesgradins, àmoitiécachésdans lapénombre, lesautresgroupesmescrutentensilence.

Chapitre10—Jolan

C’est le premier réveillon depuis quoi, sept ans, que je vais passer accompagné. Enfin«accompagné»estpeut-êtreunpeuabusé.Jevaisresterdanslesalonavachicommeunelarve,lamaindans lecaleçonet l’autre tenantunefourchette,àmangerdesplats industrielsdevantdesbêtisiersà lacon.Pendantcetemps-làSinferadelamagienoire,ouuntrucdugenre,enferméedanssachambre.

C’estl’undesraressoirs,leseulenfait,oùjem’interdislabaise.Jenesaisplustroppourquoi,maisj’aigardécettehabitude.

LanuitvapresquetomberquandSinouvrelaporteàlavolée,lesbraschargésdesacsénormes.Elleessaiede refermer laporteavecson talon, le fameuxquiacausémachuteà l’aéroport. Je la regardegalérerquelquessecondesmais,àlaveilledeNoël,jemesensd’humeurcharitable.J’attrapel’undesescabasprêtàs’écraserausol;sesyeuxmelancentunregardétonnéau-dessusd’ungrandpoireauetd’unebouteilledevinrouge.

Je la suis dans la cuisine et en profite pourm’ouvrir une bière avec un briquet qui traîne. Je luiproposelamême.Madamedoitêtreenmodedétentecarelleacquiesceensouriant,etengloutitlamoitiéenuneseulegorgée,sansreprendresonsouffle.Quandelleressortlabouteilledesabouchejelaregardeenriant;contretouteattente,elleavancesamainverslamiennepourtrinquer.

J’attrape le bloc-notes qui ne quitte plus le comptoir depuis son arrivée et qui contient encorequelquesdessins.Surunefeuillevierge,jeladessinerapidemententraindesourire,sabièreàlamainetj’écrisquelquesmotsendessous.

—Tut’esfaitsauter?Pourquoiunesibonnehumeur?—JamaislesoirdeNoël!Unpeuderespectmerde!Jerisenlisantsesmotsquej’auraispuécrire.—Toutàfaitd’accord.Elletournelapageetdessinedeuxverresdevin.Soncoupdecrayonrapidem’impressionneet je

hoche la tête en comprenant que c’est une proposition. Elle semble satisfaite, aurait-elle envie de semettreunemine?Jelaregardedéboucherlabouteillependantquejesorsdesverres.Ellelesremplitjusqu’enhaut,attrape lesienetdisparaît sur la terrasse.Armédubloc-notes, je la retrouveassiseparterre,ledoscontrelemurcouvertdelierre.Jel’observe,elleestpensiveetregardelavillecommesiledestindumondesejouaitdevantelle.Elletiresursaclope,laisselafuméeressortirdoucementdesesnarines.

Quiestcettefille?Quandlesgonzessesm’ouvrent leurscuisses–etelles le font rapidement– jemefouspasmalde

connaîtred’autrespartiesd’elles.Mais,danslecasdeSin,lesquestionsviennentmalgrémoi.Qu’est-cequ’ellefoutlàun24décembre?Qu’est-cequilapousseàêtresisecrète?Jemefrottelesyeuxd’unemain,conscientquejevirecomplet.C’estcontretoutesmesrègleslà,merde.J’auraivingt-septanscet

étéetcettegamineestentraindemeretournerlecerveauenquoi,troissemaines?Jel’observeencoreetsonâgemequestionne.

Jedessineungâteaud’anniversaireetunpointd’interrogation.Dèsqu’ellem’avugriffonner,elleatoutdesuitelevéunsourcilcurieux.Elleprendleblocetlecrayonquejeluitendsethésite.Ellefermefortlesyeuxetécritfinalement«21le18/09».Jeladétaille,surprisd’apprendrequelafillequisetientdevantmoi a à peine vingt ans. Tout en elle inspire le vécu. Et çam’excite putain, je suis obligé del’admettrejepenseforcémentàdestrucstordus!Jelavoiss’agiteretjecomprendsquemonregardladérange,jesensquejesuistropprésentdanssonespacealorsjefaiscequejefaislemieux.Jemetire.Saufqued’habitude,jelessauteavant.

Jem’approchedesenceintesdusalonetyinstallemontéléphone.J’aibesoindemusique.JechoisisuneplaylistdeCarlos,unmélangedehip-hoplatino,etlesonmonterapidement.Sinestrentréeaussietsortd’undessacsunmorceaudeviande,desmarronsetdespommesdeterre.Jen’aipasl’intentiondel’aider à cuisiner. Ce dont j’ai envie là tout de suite, en dehors d’un autre verre, c’est de danser. Jepousselecanapé,sansgêneaucuneàl’idéequeSinpuissem’observer.Ladanseestdansmanature,ellepourraitaussibienmeregarderpisserqueçaseraitpareil.Jedécalelatablebasse,lefauteuiletmonteun peu plus le son. Je vide un troisième verre de vin et elle en fait autant. Un quatrième, puis uncinquième.Lesonmonteencored’uncran.Jevoissonregardalleretvenirplusieursfoisdel’enceinteàmoi.Jesuissûrqu’elleressentlavibrationdesbassescommedanslevan.Jel’oublieuninstantettournesurmoi-même,enchaînantquelquespirouettesausol.

J’aigrandidanslarue,mamèrefaisaitletapinsurletrottoirpendantquej’ydansais.Enmeredressantjecroisesonregardetluitendsunemainsansréfléchir.Jem’apprêteàmerétracter

quandelleserapproche,ingurgitantunautreverreaupassage.Ahbon.OK.Sesirisontquelquechosed’étrange.Jemetsçasurledosdescinqousixverresdevinqu’elles’est

envoyésenl’espacedequoi,quarante-cinqminutes?Je lui faisunerévérence,unairdedéjà-vuquimerappelle lesoiraveccette filledont leprénom

m’échappe,etjesaisqu’elleypenseaussicarellesourit.Levinmedonnechaud.Lamusiqueaccélère.Samainseposedanslamienneetjem’attendsàcequ’ellesoitfineetmollecommecelledesautresmaisj’aitort.Elleestfermeetforte.Sûre.

Cettefillen’apasdûsouventdanser,alorsjeluimontrequelquesmouvementsfaciles.Ellelèvelesyeux au ciel sans que j’en comprenne la raison. Sagement, elle les reproduit et on finit par danserensembleune sortedepetite salsad’écolier.Riendechaudquoi. Je la fais tournoyeret labasculeenarrière.Çanel’impressionnemêmepas.Lerythmes’accélèreetelles’accroche,labougresse.J’essaiede la déstabiliser sans succès, ses yeux sont concentrés et passent demesyeux, àmesmains et à nospieds.TempératuredeSeanPaulretentitetjelasenstrembler.J’ail’impressionquec’estd’excitationetc’estplusfortquemoi,jelaretourneetcalesondoscontremontorse.Elleneditrienetcontinueàsebalancer,secalquantsurmonrythme.J’ailesjouesenfeuetlesoldataugarde-à-vous.Ellenepeutquelesentircontresondoscarmoijenesensquelefrottementdesesfesses.

—Putain,jesoufflecontresescheveuxquisententletabac.Puis,commeunealarmeincendie,lesenceintessemettentàhurlermasonnerie.—Merde,jejureenlalâchantpourchopermontéléphone.

Chapitre11—Erin

—Sin,dépêche-toideramenertesfessesici!Jesuisenbasdesescaliersetjel’attends.Elledoitêtreentraind’hésiteràdescendreaprèsavoir

enfilé la robe que je lui ai offerte. On a seulement quelques heures devant nous, une trop courteparenthèsedeliberté,alorsellevadevoirsebouger.Lasonnettedelaported’entréeretentit.Jemefige.

—C’estlelivreurdepizza!Lapressionredescendaussivitequ’elleestmontéequandjereconnais lavoixdePaul.Moncœur

s’affoleet jemehâted’aller luiouvrir, tiresursacravateet referme laportederrière lui. Il se laissetombercontreenm’attirantdanssesbras,etjel’embrasseavectoutl’amourquejeveuxluitransmettre.

—Sic’estpourvousregardervouschopertoutelasoirée,jepréfèreencoreresterdansmontrou!—Sin,toujoursaussidélicate,jerépondssanslavoirenlevantlesyeuxauciel.Paullaregardepar-dessusmoncrâneetluisourit.Jelesenssecouerlatête;j’espèrequ’ellenevient

pas de lui faire un doigt d’honneur. Jeme dégage des bras de Paul etme tourne vers elle, le regardfaussementdésagréable.Monvisagechangequandjelavoisaumilieudesmarches,magnifiquedanssesvêtementsneufs.

—Tuessplendide,machérie.Ellenesouritpasettiresursarobe,gênée.—Allez,encuisinetouslesdeux!j’ajoutepourladérider.EllesetourneversPaul,sonregardperçantannonçantlapiquequ’ellevaluibalancer.—Hey,Paul,lacravateavecdesrennesc’estcenséêtreaphrodisiaque?—C’estuncadeaudemongrand-père,jelametspourchaqueréveillondeNoël.—Unsentimental,Erin,merde,t’auraispasputrouverpire!—Ignore-la,Paul,jeluisouffleenriant.Àvraidirejesuiscontentequ’ilnelefassepas.Elleméritel’attentiondetous.Bientôt,Sin,jetele

jure.—Sin,tupèleslespommesdeterre;Paul,tuprendslesverresàpieddanslebahutdusalon,tuseras

unamour.Jevaislancerlaviande.—Sì,commandante!C’estnotredeuxièmeréveillontouslestroisetsitoutvabien,ceseraledernierdanscettemaison.

L’autoritéparentale–c’estletermeleplusdénuédesentimentsquej’aiputrouverpourparlerd’eux–estàunrepaschezlesSmith,pourdesinvestissementsjecrois.

—Alors,petiteSin,tuasregardélesvidéosdontjet’aiparlé?—Erin,tusavaisquePaulmefaisaitvoirdesvidéospornos?dit-elleenriant.—Arrêtetesbêtises!Oui,onlesaregardéesensemble,Paul.Merci,elleaadoré!—Erins’estentraînéetusais,elleajouted’unaircoquin.

—Sin…—Ahoui,Erin?J’aimeraisbienvoirça!—Sers-nousduvinavant!EtSin,accélèreunpeulacadenceaveccespatates.Pendant que jemets la table, je regarde les deux personnes les plus importantes dema vie etme

répètetouteslespromessessecrètesquej’aienverseux.—Jevaisfumerunecigarette,j’arrive.—Nerestepastroplongtempsdehors,Sin.Ellehochelatêteensoufflantetdisparaîtparlaportedederrière.Quelquessecondesplustard,une

musiqueentraînantesediffusedelachaînehi-fietunsourirenaîtsurmonvisage.Jelèvelatête,nepeuxcontenirunfourireenvoyantPaulsetrémousser.

—J’aiprogressénon?demande-t-il,hilare.—Tutraînesavecdeuxdanseuses,monpote!Vafalloirrevoirtesprétentionsàlabaisse!Ilmetendunemainpendantquejevidemonverreetunmessaged’espoirexplosedansmoncœur.Il

croitquej’hésiteetcommenceàretirersamain,maisjem’ensaisiscommeunenaufragées’accrocheraitàsabouée.JesuisRose,etilestmaplancheenbois.

—Oh,Seigneur,parpitié!J’ignorelaremarquedeSinquivientdereveniretcontinueàdanseravecl’hommequej’aime.Ilme

renverse,mefaittourner,vireretj’exulte.Quandlerythmedevientpluslangoureux,ilmeretournedosàsontorseetm’enlace,sonsoufflechauddansmescheveux.

—Taviandebrûle,Erin.Jepousseunjuronetcoursàlacuisine.

Chapitre12—Sin

C’estforcémentàcausedel’euphoried’avoirréussimonaudition.Oubienlescinqousixverresdevinquej’aiavalésunpeutropvite.Ouencorepluscertainementlecocktaildesdeux!C’estforcémentça,sinon,commentexpliquercequivientdesepasser?Cetteconnexion…Quand ilme lâchepour courir répondre à son téléphone, c’est comme si jeprenaisun seaud’eau

glacéesurlatête–avecleseauenprime,bienentendu.Pendantuninstantjerestetétanisée,jenesaisplusquijesuisetdistinguerlaréalitédufantasmerelèvedel’exploit.Jecroisdevenirfolle,cettescèneavecJolansesuperposeàmessouvenirset j’ai les idéesdiablementconfuses.ElleetmoiouElleestmoi…

Je reproduis cette soirée pour la seconde fois, mais l’année dernière j’étais seule et je m’étaiscontentéedumêmemenuetd’unpaquetdecigarettes.Cetteannéej’avaislemêmeprogrammeentête:refaireSarecette,reboireSonvinpréféré.JesavaisqueJolanseraitàl’appartement,maisconnaissantsestendancessexuellementtransmissiblesj’étaiscertainequ’ilpasseraitsontempsdanssachambreavecunefille,oupeut-êtreplusieurs,etquemaseulecompagnieseraitdesgémissementsetdesfessées.

Aulieudeçaj’aibienfaillimefaireprendre,là,aumilieudusalon.Quand il a mis en marche la musique et qu’il a commencé à danser, j’ai cru faire une crise

d’épilepsie. Une décharge émotionnelle bien supérieure à ce quemon cerveau peut supporter l’a faitdisjoncter.JeL’airevue,jelesairevuset,àdéfautderessentirlesémotionshabituellesàleurévocation,j’aiplongé.ÀSaplace.

Enmêmetemps jenepeuxblâmerquemoi-même.Avoirbu troisshotsde tequilaculsecavantdefairelescourses,suivisd’unebièreetdeplusieursverresdevin,çan’étaitpastrèsmalin.Etçanem’apasaidéeàavoirlesidéesclaires,sitantestqu’ellespuissentl’êtreentempsnormal.

C’estfinalementuneodeurdebrûléémanantdelacuisinièrequiparvientàmefairereprendremesesprits.Mêmesi,làencore,lasimilitudeesttroublante.Jecoursjusqu’auplandetravail,attrapelapoêledanslaquellemaviandeapérietlacontempleunmoment,carbonisée.Trèsmauvaiseidée,cespectacleenclencheunsaleréflexetenacequimefaitlâcherlapoêlecommesiSatandansaitleHulaàl’intérieur.

Super.Jem’agenouille,lesjambestremblantes,etm’affaireàramassertoutcequiesttombésurlecarrelage

delacuisine.Marrons,oignons,corpscarbonisé.Putain,non!Unsursautdoubléd’unhaut-le-cœurmeprendetjetombeassisesurlesfesses,lesoufflecourt,unesueurglacéedégoulinantdansledos.Merde,j’aivraimentbeaucouptroppicolé,jemetapedeshallucinationsdefou.

C’estdelaviande,Sin,justedelaviandebordel.J’essaiedeprendresurmoiautantquejepeuxetrecommenceàrassemblerlanourriturefichue.Jeme

brûleleboutdesdoigts,maiscen’estrienencomparaisondecequel’onpeutressentiravecunevraie

brûlure, intense et sans limite. Celle qui continue à calciner vos chairs de l’intérieur même quandl’incendieestéteint.

Jesensunemainseposersurmonépauleetlasecondequisuit,jevoisJolanaccroupiprèsdemoi,tirant sur le manche de la poêle. Son intrusion me donne envie de lui hurler de dégager, quitte àcompromettremonmensonge,maismagorgeesttellementserréequedetoutefaçon,aucunsonnepeutensortir.

Je sens de l’interrogation dans le regard qu’il me lance et que j’ignore. Je le laisse faire.Minutieusement, il récupère chaque bout de nourriture, en continuant à balancer ses yeux dans madirectionde tempsen temps.Quand ila terminéetque lapoubellese régale, je suis toujoursprostréecontre lemeubledecuisine, lesbrascroisésautourdemesgenoux.Honnêtement,àcemomentprécis,deuxchosestraversentmonesprit.Récupérerlabouteilledewhiskycachéederrièrelecumulusparjenesaislequeld’entreeuxpourmesoûlerdansmachambrejusqu’aucomaéthylique.

OubienmefairesauterparJo.Àmêmelesoldelacuisine.Jesaisqu’ilenaenvieetjesaisqu’ilnechercherarienau-delà.J’hésiteparcequejem’étaispromis

deneplusnoyermesangoissesdanslesexe.Maisquandjeleregarde,jesaisque,lui,c’estexactementcequ’ilfait.

Chapitre13—Jolan

JelancemontéléphonesurlefauteuilaumomentoùlapoêledeSintombeparterre.Jem’empressedelarejoindre.Leregardqu’ellem’adresselorsquejeposeunemainsurelleferait

flipperlafilledansl’Exorciste.J’essaiederécupérertoutecettebouffeéparpillée.Putain,c’estbrûlant!Àchaquemarronramassé,jelèvelesyeuxverselle.Elleaunedrôledetête.Carrémentravagée,cettemeuf.Quandellebougeenfin,satêteoscilleentrelabuanderieetmoi.Etlà,c’estcommeunerévélationcosmique.

Jelavoisdanssesyeux.Lalueur.Jecaptelemomentexactoùl’enviedebaisersefaitsifortequ’elleenrateunsouffle.Justeunpetit

loupédanssarespirationetsesprunellesquis’agitent.Jelesconnaisparcœurlesnanas,c’estcommeunsuperpouvoirchezmoidesentir lemomentoùellesflanchent.Jesuisunpsychopathed’aprèsBrennan.UnhérospourCharly.UnmalheureuxpourCarlos.LuietBrennansont jaloux,voilà tout.Jalouxparcequelesfillesetmoiçaglissetoutseul,danstouslessensduterme.

Çalarendaitfolle,çaaussi,matraînéedemère.Jeme suis redressé etmaintenanton se toise, à seulementquelques centimètres l’unde l’autre. Je

croisquec’estlapremièrefoisquejeprendsletempsdeladétaillersifinement.Jeveuxparlerdesonvisagebiensûr,parcequepourlereste…Jecomptesixpiercingsàsonoreilledroiteetquatreàgauche.Jedécouvre,étonné,unmorceaudetatouagequiretombesursaclaviculeetjemedemandebienàquoiilpeutressemblerdanssatotalité.Salèvreinférieureestcharnue,etsesdentslaissentdesmarquesdessusà chaque fois qu’elle la mord. Je m’imagine déjà en train de baiser Sinmais je reste celui que j’aitoujoursété.Unbeaupetitconnard.Jedoisd’abordlapousseràbout,qu’elledépassesescertitudesetqu’elleensoitréduiteàneréfléchirqueparmoi.Jenesuispasfierdececôtédemapersonnalité,maisjenesuispasprêtàchanger.

Je regarde l’heure. Il est seulement21heures, alors jem’approcheet saisis lebloc-notesderrièreelle.J’aiditpasdebaisele24décembre.

—OnaunréveillondeNoëlàfêtertuterappelles?Jeluitendscettephrase,illustréeparunescènenousmontrantavachisdanslecanapéàmangerdes

barquettesréchauffées.Ellepenchelatêtelonguementetacquiescefinalementenmeprenantlecrayondesmains.—Jevaismettredeshabitsdefête.Quandjeliscettephrase,jel’imaginedansunetenuepluspropiceàcequejeluifassesafêteetmes

burnessefontsoudainpluslourdes.Pasencore,lesfilles.Elledisparaîtdanssachambre,puisenressortpours’enfermerdanslasalledebain.Jerepousselatablebasseetlefauteuilàleurplaceetbalancedeuxbarquettes surgelées dans le micro-ondes, tout en buvant la fin de la bouteille de vin directement au

goulot.Ilestvraimentbon,fruitéetfortàlafoisetquandjefaispivoterlabouteillepourlirel’étiquette,jesuisencoreplussouslecharme.«SweetSin.»

—Unpéchémignonhein?Jemeretourneensouriantetrefermelaboucheaussisecquandmesyeuxentrentencontactavecun

aviondechasse.Mayday,mayday,mesboulesvontsecrasher.Touteslesmeufsquejesautesontbiengaulées,saufpeut-êtrelesfoisoùl’alcoolm’afaitfairequelqueserreursdeparcours.Maislà,bordel,elleestjuste…Sarobehypermoulantenoirenemontrepourtantaucunboutdesein.Bienaucontraire,elleremontepresqueencolrouléetlesmanchessontlongues.Maissatailleestcomplètementdécouverteducôtégaucheetletissunedoitpasdescendrebienplusbasquelemilieudelacuisse.Jelavisualisedéjàdanstroisouquatrepositionsdifférentesavantdereprendremesespritsaubipstridentdumicro-ondes.

Quandj’arriveausalon,lesmainspleinesdeproduitsbiologiquementlouches,elles’estdéjàassisesurlecanapéetfixelatélédesyeux.Jesuisunputaind’obsédé,carlaseulechosequim’intéresse,là,cesontsesbasquiapparaissentsoussajuperelevée.J’entendsdansunrecoindematêtelavoixdeCharlymesouffler«lasalope»,eninsistantbiensurle«o»,etrienqued’imaginersatêtedetrimardpendantqu’ilmimedesactesvirtuels,jecontractemesabdospourmeretenirderire.Cen’estd’ailleurspaslaseulechosecontractéechezmoi.

—Restetranquille,monbonhomme!J’ai parlé à voix haute et j’appuie sur mon dard pour l’attendrir, mais tant qu’il n’aura pas été

hydraté,jen’obtiendraiaucunsoutiendesapart.Lesminutesetlesheuresdéfilent;jenesenspluslafébrilitédeSin.Sapostureestplussûre.Levent

tourne.Saténacitém’exaspère.Soitjemesuistoujourstapédesputainsdechaudasses,soitelleestaussidouéequemoiàcepetitjeu.

Finalement,pendantqu’ungarsplongedansunepiscinegeléesurlepetitécran,jelasensseleveretjeluttepournepasmatersonculsinonjerisqued’oubliermesbonnesrésolutionsetdeluisauterdessusimmédiatement.Quand j’entendssespasdans lecouloir, jeme retourneet remarque lecalepinposéàcôtédemoi.

—Ilestminuitpassédedeuxminutes.25décembre.Notredignitéestsauve.Sesmotscheminenttrèsvitedansmonespritet,mêmesijeréalisequejen’aitoujourspasledessus

tantespérésurelle,matroisièmejambesemetenrouteetmefaitsortirducanapéenunéclair.Elleestlàetellemeregarde.Sonépaulenégligemmentappuyéecontrelemurducouloir,sesdents

mordant sa lèvre inférieure et le regard ardent. J’approche comme un loup attiré par le sang. Monpantalondesurvêt’grisahissélagrand-voileet,maintenantquejesuissuffisammentproche,jedécouvreentreelleetmoiunboutminusculedetissunoir.Laseulebarrièreentresachatteetmesmainsvientdepériràmespieds.Mesyeuxremontentdifficilementlelongdesesbasqu’elleportetoujourset,quandjepercute qu’elle a doucement relevé sa robe jusqu’à ses hanches, ça me déclenche une éjaculationpsychologique.

JoyeuxNoël.C’estcequejemedisensilence,toutenfondantsurelle.

Chapitre14—Sin

Quelquepart,jesaisquejen’agispasbien.Jesuistoxique,unevéritablefuméeirritante.Maisc’estplusfortquemoi.Lefierétalonquiapensépouvoirmemontercommeunegentillepoulichevaretournerauboxmaté!

Soncorpschaudpercute lemien.D’ungestevifetassuré, ilmesoulèveetmeplaqueaumursansaucunedélicatesse.Mesomoplatescognentcontrelaparoi,jemecambre.Jesenssonsoufflechauddansmoncouetvoissespupilless’enflammer:lefauveaattrapésaproie,placeaujeu.Sesdoigtsexpertsdisparaissent très vite vers mon intimité. Pas besoin d’y aller progressivement, je préfère autant uneattaque frontale,massive. Ilsme remplissent,atteignentmes recoinsélectriques. Ilnem’embrassepas.Parfait!C’estexactementcequejesouhaite.Mamaindroites’accrochefermementàsonépaule,tandisquej’enfoncel’autredansmacuissepourgarderlecontrôle.Jenesuispasdugenreàhurlerdeplaisiràchaquepoussée.C’estforcémentplusfaciled’êtredanslaretenuequandonneressentpasgrand-chose.Je ne parle pas de plaisir,Dieumerci, ça j’en profite sans problème.Mais ça se limite à un besoinphysique.Lesémotionsprofondesquiysontliéess’essoufflentets’évanouissentavantd’arriverjusqu’àmonâme.Jesuisunesorted’hybrideentreuneaccroausexeetunenanablasée.

Quoiqu’ilensoit,j’aimesentirsesdoigtsjoueràShifumidansmonbocal.Nosrespirationssuiventlamêmecadencejusqu’àcequejeremontelamainquitenaitmacuisseet

enfonce deux doigts dans ma bouche, tant par envie que pour m’éviter de produire le moindre son.J’enroulemalangueautouretfermelesyeuxensoufflantdeplaisir.C’estàcemoment-làquejelesenspartir en hyperventilation. Je ne m’arrête pas, même quand il m’arrache du mur pour m’allongerbrusquementsurlaconsoledel’entrée,renversanttoutcequisetrouvedessusd’ungesteimpatient.L’unedesesmainspoursuitsesmouvementsimpatientsdanssongantdechairtandisquel’autreouvreuntiroirpourychercherunpréservatif.

—Putain!Grogne-t-ilquandilneparvientpasàtrouvercequ’ilcherched’uneseulemainetretiresesdoigtshumides.

Pendantqu’ilenattrapeenfinun,jeremplacesesdoigtsparlesmiens,enfaisantondulermoncorpsaumêmerythme.Sesyeuxflambentàcettevueetiltiretellementfortsurl’emballageavecsesdentsqu’ildéchire tout. Il ferme lesyeuxun instant, tentede reprendre lecontrôlede lui-mêmeet réitèreplusendouceur.Quandillibèreenfinlacapotedesonétui,ildescendsonpantalond’ungestesec,entraînantsonboxer enmême temps et s’équipe. Je ne regarde que ses yeux habités, pas son sexe. Je veux garantirl’effetdesurprisemaximum.

Prêteàlui laisserlechamplibre, jeretiredoucementmesdoigtset leslècheduboutdelalangue,sans lequitterdesyeux.Concentrée sur ce silenceque jeveuxpréserver,mesoreilles captent chaque

petitbruitqu’ilémet.J’aimêmel’impressiond’entendreretentirlegrognementquimontedoucementenlui.

Dansunsoufflerauque, ilmepénètresifortquelaconsoleglissesur leparquetetfrappelaported’entrée dans un bruit sourd. L’effet du plaisir est tellement soudain et surprenant qu’il me coupe lesouffle.Heureusementcarj’aibienfaillicrier,j’étaisàdeuxdoigtssijepeuxmepermettre.

Difficilederestersilencieusequandunepoutredecetteenvergurevoustransperceetquesonglandimpérieuxs’écrasesansrelâchecontrevotrechairquisalive.

Jelesensconcentrésurmarespiration.Çadoitluifairebizarre,d’habitudesespoufshurlentcommedesdindesdèsqu’undoigt seglissedans leursorifices. Jesensqu’àchacundemessouffles, rapides,puissants, saccadés, il gonfle unpeuplus enmoi.Çam’enivre,même si le vin a déjà fait unegrandepartieduboulot.Laconsolefrappe toujours laportemaissoudain le rythmechangeet jeglissesivited’avantenarrièrequejelèvemesbraspourm’accrocherauxcôtésdumeuble.Jolanattrapemesmolletspourlesposersursesépaulesetsepencheunpeuplussurmoi,faisantremontersonglandauxfrontièresduréel.

Il accélère encore, enfonce ses doigts en haut demes cuisses. Je découvre alors le bonheur d’unorgasmemuet.

C’estcommesecouerunecanetteetnepasl’ouvrir,lesbullessediffusentdetoutesparts.Ehbienlà,c’estpareil.Ànepaspouvoir s’échapperparmagorge, la jouissancepénètrechacunedemesveines,chacundemesnerfs. Je sens l’énergiequi se libère remonter le longdemapeaupourvenir s’écrasercontremapoitrine.

Bienquejesoisdansunétatsecond, jesenslestressautementsnerveuxdesaverge.Simonespritn’étaitpassidéconnecté,ilréaliseraitquelesbattementsdemoncœurfontparfaitementéchoàchacundesesjets.Quandilrendsondernierflot,moncœurcontinuesacoursefolle.Cetypeestassurémentunboncoup.

Il se retire dans un bruit de baiser etmes hanches se soulèvent pour l’accompagner.Mes oreillesbourdonnent tellementquecesontmesyeuxquiprennent le relaiset l’observent.Samaingaucheresteappuyéesurmapoitrineetsatêtebaisséesesoulèveaurythmedesarespirationerratique.Ilbrilledesueuretsesmèchesbrunesdésordonnéesparceteffortluicaressentleboutdunez.Jenedistinguepassesyeuxderrièrecerideaubrunmaisjesuissûrequ’ilssontposéssurmoi.Ilfinitparreculerdoucementjusqu’au fauteuil du salon et s’y affale, la tête rejetée en arrière. Il a encore son tee-shirt, seul sonpantalonauxchevilleslaissedevinercequivientdesepasser.

Quantàmoi,jemeredressetoutensouplesseetmeremetsdebout,rabaissantmarobepourcouvrirmesfesses.Iln’yaquelestremblementsdansmesjambesquej’essaiedecamouflerquitémoignentdelascèneprécédente. J’avanceen silencevers le couloir etmebaissepour ramassermaculottenoire. JelanceunregardendirectiondeJolanquiesttoujoursdanslefauteuilsaufque,cettefois,sesyeuxsontsurmoi.Jeluisouriset,ignorantsanouvelleérection,jeparsm’enfermerdansmasalledebain.

Sansallumerlalumière,jedéfaislafinefermeturedemarobe,puismeséparedemesbas,heureusequ’ils soient restés enplacepour camouflermapeaumeurtrie.Familièredes lieux, jepénètredans lacabine de douche noyée dans l’obscurité et enclenche les jets chauds. Seules lesLED lumineuses quiaccompagnent l’eau apportent une faible lumière et je reste assise là, sur ce banc dur, ignorant lespulsationsdemavulvegonfléeetmenantunebataillepsychologique.

Je suis une coquille vide qui subit les courants et se perd au fond des océans.Qui n’appartient àpersonne et n’a pas de place. Alors dansmon cas, le sexe, c’est comme un bernard-l’hermite. Il mepénètre,mepossèdeunpetitmoment,puis repart. Ilnes’installepasetne revient jamaisdeux foisaumêmeendroit.Ilestplaisantetdistrayant.Jolanmériteraitunecomparaisonphysiqueplusélogieusemaislaquestionn’estpaslà.

Jeme sens à la fois soulagée et perturbée, commeaprès toutesmes relations sexuelles. Soulagée,parcequetouslesdeuxonapercélacloque,lepuss’estécouléetdèsmaintenant,onn’ypenseraplus.Perturbée,carjemesensàchaquefoisunpeuplusvide.C’estcommeunevaguequis’engouffreenmoi,meremplit,puisenseretirant,laissedessillonstoujoursplusprofonds.

Chapitre15—Jolan

Jelaregardedisparaîtredanslapénombreducouloir,commeuneBloodyMarycouche-toilà.Elleabienvuquejebandaisencorecommeunfoumaisçanel’apasarrêtée.

—Faischier!Jeluiauraisbiencaléundeuxièmeroundmaislecoupd’œilqu’ellem’ajetéenpartantétaitassez

clair.Jemesenstoutdemêmedéjàmieuxàsonégard,libérédupoidsdel’avoirenfinbaisée.Quoiquelà,j’aiunbonkiloentrelesjambesdontjevaisdevoirmedélestersijeveuxmesentirvraimentléger.Çavapasredescendre,c’estclair.

Jefaistournermontéléphoneentremesdoigts,l’antennetoujoursàl’air.J’hésiteentretéléphoneràunedemes«amies»pourqu’elleviennemesiphonneroubiensimplementmebranler.Quoiqu’ilensoit,sijen’agispas,mabitevafinirpars’ouvrirendeuxcommeunboudinenfindecuisson.Jen’osemêmepasremontermoncaleçonpar-dessus.

J’opte assez facilement pour la seconde solution. C’était vraiment bon avec Sin. J’ai encore lapoitrinequimelancetantmoncœurs’estexcité.Jeneveuxpasenchaînercashsuruneautre,jepréfèreattendredemain.Oui,c’étaitexquis.Déglinguerunemeufquinesortpasunputaindehurlementàchaquecoupdeboutoir,c’estjusteincroyable.Touslescrisfinalementçatedonnel’impressiondelesfairejouiretçat’excite,maistupassesàcôtédedétailssexuellementinqualifiables.

Cequej’aivusursonvisage.Cequej’aisentidanssonpouls.Cequej’aientendudanssessouffles.J’avaisjamaisressentiàcepoint-làlescontractionsd’unechatte.Certeslasienneestdélicieusement

plusétroitequecellesdespétassesquejeserrehabituellement,maisquandmême.Ellenem’apasparlémaissoncorpss’estmontrédesplusbavardsaveclemien.J’aiencorelasensationdesapeauélectriquesous lapulpedemesdoigts.Plus jem’enfonçais en elle, plus jepercevais l’excitation courir sous sachairfrissonnante.

Jememordslalèvreensentantunegouttedégoulinerdemongland,medébarrassedemonpantalonetdemonboxeretmepressederejoindremachambre.Quandjepassedevantsasalledebain,j’entendsl’eaucoulermaisaucunelumièrenesediffusesouslaporte.Uneénigmeàpartentière,cettefille.

J’arrachemontee-shirtetmelaissetombersurmonlit.Mapaumegaucheprendpossessiondemescouilleset l’autres’enrouleautourdemonmembre.Ladouceurdesdrapsquiglissentsurmapeaumerappellesamainsurmonépauleetjegrogne.Messensn’ontjamaisétéplusexacerbésqu’àcetinstant.Je démarre les va-et-vient en repensant à son corps glissant contre la console. Putain, ce meuble nem’avaitjamaisaussibienserviqu’aujourd’hui.J’aiàlafoischaudetfroidetjenesaispassiçavientdemafenêtrerestéeouverteoudemonproprecorps.Peuimporte,mesyeuxclosrevoientseslongsdoigts

sortirdesachattetrempéeetremonterjusqu’àsaboucheenlaissantdestraceshumidessursarobe.J’aiunspasmeetmesonglescherchentàs’enfoncerdansmaqueue.

Encoreunpeu…Jelavisualisetoutentièrecettefois,sesbasexquisfrottantcontremoncoudansundélicieuxsonque

je n’avais jamais remarqué jusqu’ici, sesmains s’accrochant à la console, ses reins qui se cambrentquand l’orgasme la consume. Et dans le silence de ses souffles, mon sperme qui suit le tempo desbattements de son cœur. Je pousse un grondement rauque en tournant ma tête pour l’enfoncer dansl’oreiller,laissantletissueffacerlesdernièresgouttesdesueurdemonfront.

Missionaccomplie.J’encenseJésus,lepèreNoël, ladindeetlechapon,bref, tousceuxquiontunrapportaveccettejournéedu25décembre.Meilleurebaisedel’année.

Toutecettesoiréem’aépuiséetjegardedifficilementlesyeuxouverts.Tantmieux,çam’éviteralessouvenirsdéplaisantsquireviennentàchaqueréveillon.

Avant de glisser complètement dans le sommeil,mon esprit se demande quandmême le goût quepouvaientbienavoirsesdoigtsluisantsetsalangue.

Maistoutsenoiedansl’obscurité;jeserremesdrapsentremespoings.

***

Jen’aipasdevoletsàmesfenêtresmaiscen’estpasgrave.Jesuistoujoursréveilléavantleleverdusoleil,etaujourd’huiplusencore. J’ai tendu l’oreille toute lanuitpouressayerd’entendresesgrelots,maisl’amideMamanafaittropdebruit.Etj’aiaussientenduMamancrierplusieursfoisàsonamiqu’iln’étaitpassageetqu’ilseraitpuni.J’espèrequelepèreNoëlsesouvientquemoijesuissageetque,mêmesijen’aipasdesapin,jemériteuncadeau.Onn’apasdéménagécetteannée,doncilnepeutpassetromperd’adressecommel’annéedernièreetnerienm’apporter.

Quandlesoleilapparaîtderrièrelegrandarbreduvoisin,jesautedemonlitetdescendslesmarchesgrinçantesjusqu’àlacuisine.Jetournesurmoi-mêmeenquêtedestrésorstantdésirés,jemelèvesurlapointedespiedspouraccéderàdesendroitsplushauts.Rien.Jecoursausalon,regardedanstouslesrecoins.Riennonplus.Leperron!J’ouvrelaporteengrand,tiresurlamoustiquaireetdévalelestroismarchespourriesquidonnentsurletrottoirsaleetdésert.Jemetsmesdoigtsenvisièredevantlesyeuxetregardetoutautour,dansl’espoirnaïfdedécouvrirmoncadeaudanslejardinpasentretenu.Jeréfléchisàcequej’aipufairepournerienrecevoir.J’aibienécoutéMaman,jenevienspasladérangerquandelletravaille. Jenettoie lavaissellequi traîneet jesuissageavec lamaîtresse.C’estpeut-êtreàcausedupainauchocolatquej’aivoléàStevenaprèslarentrée.

Jeremontelesmarches,lenezbaissé,etpercutequelquechose.—Etalorsp’titmec,ilfautleverlesyeuxquandonmarche!C’estlapremièrefoisqu’unamiàellem’adresselaparole.Enfinsi,parfoisilsmedemandentune

bièreoum’ordonnentdedégager.Luial’airgentil.Ilressembleauxjeunesquitraînentdanslecentre-villeetquidansentprèsdusquare.

—Commenttut’appellespetit?—Jolan.—Qu’est-cequetufaislà,Jo?Jemeretourneversmamèreetlaregardedescendrelesmarches.—Jen’aipastrouvémoncadeau.Elles’allumeunelonguecigaretteetgardelesyeuxfermésenfaisantsortirlafuméedesonnez.—Tumefaischier,vadanstachambre.Jem’apprêteàremonteràl’étagequandunemainpuissantem’attrapeparl’épaule.

—Hey,monpote,t’aspasbiencherchéondirait.Dederrièresondos,ilsortunecasquetteetjemejettedessus.—C’estcommeàlatélé!Etlesdanseursenvilleontpresquelesmêmes.Jel’enfoncesurmatêtemaiselleestunpeutropgrande.Jetournelavisièrederrièreetleregardeen

souriant.—Lesdanseursdusquaresontmesamis,viensnousvoirquandtuveux.—Maisj’aipasencoretoutàfaitseptans.Illanceunregardàmamère,puiss’accroupitàmonniveau.—L’âgeminimumc’estsixans,alorsyapasdeblem’.Jeregardemamère,quimefaitunsigne,enremontantlesescaliers.—Alorsd’accord,jeviendrai.—Nickel.Ilsortdelamaisonet,avantdedépasserleportail,illèvesamain.—Moi,c’estLéo!

Chapitre16—Sin

—600,700,800.Jepose la liasse surmon lit en réfléchissant.Cen’est pasde l’hésitation, c’est plutôt unmélange

d’appréhensionetdecolère.Mais,commeàchaquefoisquedessentimentsremontent,peuimporteleurnature,jelesrenvoieaussisecaufonddemoi.C’estdevenud’unefacilitédéconcertante.

—Vafalloirtetrouverunboulot,chérie.JemeparlesouventcommeEllem’auraitparlé,parcequ’Elleesttoujoursavecmoi.LeronronnementdelamachineàcafédeJolanremplitlapièceetjerepenseàcettenuit,commeon

serappelleraitunfilmsympa,riendeplus.J’aiprismonpied,çam’afaitdubienmaismaintenantquemes projets vont réellement se concrétiser j’ai besoin deme concentrer sur l’essentiel. J’ai déjà bienavancésur lamiseenscène finale. Il fautque jepasse lesdernièresépreuveséliminatoiresetceserabon.Lapromessequimefaittenirexploseraenfin.

Jerangel’argentdansunepetitepochetteenbandoulièreetsorsdemachambre,bonnetetlunettesenplace.J’aperçoisJolanquisirotesoncafé,lesyeuxfermésetlescoudessurlecomptoir.Ilm’aforcémententenduemaisilnebougepasetnedaignepasm’adresserunregard.Touteninstallantunfiltreetducafédansmacafetière, je lui lancementalementdesparoles réconfortantes.Ehoui, ellenem’apasencoreoffertsonmeilleursuc.

TuconnaislesmiraclesdeNoël?Vas-ymapoule,c’estpourtoicematin.Jebougemesdoigtsau-dessuscommeunesorcièrevaudou,espérantquececaféserameilleurque

les autres. Concentrée sur elle, je vois apparaître devantmes yeux un doigt poussant une petite tassefumante.Elleestposéesurundessousdetasseunpeuspécial,ledessind’unpèreNoëlnucommeunver,levantsabouteilledevinversmoi.

Jelouchesurcecaféquial’airdélicieuxmaisjenepeuxpasleboiredevantmacafetière.Quisaitlaréactionqu’ellepourraitavoirenmevoyantlatrahircommeça.Cingléepourcinglée,j’attrapeletorchonhumidequitraînesurlavaisselleetlejettesurelle.Jem’emparealorsdel’offrandedeJolan.VoilàmonmiracledeNoël:boireuncaféexquis.

Jenettoielatasseet,quandj’aifaitdisparaîtrelesdernièrestracesdemoncrime,j’enlèvelechiffonquirecouvremacafetièreetmesensunpeucoupable.Lapauvreadonnétoutcequ’elleapourm’offrircejusunpeutroublemaisolfactivementcorrect,alorsjevidesoncontenudansmonthermos.Lajournéerisqued’êtrelonguepuisqu’aprèsavoirpayélesfraisd’inscriptionauCentral,jevaisdevoirtrouverunboulot.Untravailquisegoupillebienavecmonemploidutempscarrémentemmerdant.Etsurtout,pasuntravaildenuit.Easy,quoi!

Jolanamigrédans lecanapé,d’oùjenevoissortirquesesgrandspieds.Proportionné, legarçon.J’enfoncelesmiensdansmesbootsetmeretrouvedevantleCentralsixminutesplustard.

—Hey,salut,j’tereconnais.T’eslafillequiadanséseule,Sinc’estça?T’asdéchiré,c’étaitjusteouf.

—Ah,merci.La fille de l’accueil a toujours autant demascara. La seule différence, c’est qu’aujourd’hui il est

violet.—Tuviensmefilerl’oseille,jeparie?—Oui.Je sors délicatement plus de la moitié de mes économies et les lui tends. Quand elle a fini de

recompter,elleenregistredesinformationssursonordinateur.—Voilà,c’estOK.Prendscettecarte.Turecevrassouventdes instructionssur ton téléphonedonc

essaiedel’avoiraumaxsurtoi.Laprochaineétapec’estenmarsilmesemble.Tupeuxreveniriciquandtu veux pour t’entraîner, t’as des salles au sous-sol, tu peux les réserver, c’est gratuit pour lesparticipants.

—Super,merci.Je lasalueet resteunmomentdans legrandhallà regarderceuxquientrentetsortent.Jemesens

tellementdifférented’eux,c’enestflippant.—SalutSin!Jesursauteetlâchemonthermosquiroulesurplusieursmètres.Merde!Quandjeleramasseenfin,je

tombesurlafilledel’audition.Ellevoitàmonregardquesonprénomm’échappe.—Sonia.—Oui,excuse-moi,tum’assurprise.—Désolée!T’esvenuepayertoiaussi?T’auraisdût’inscrireencrew,çaauraitdivisélesfrais.—Jedansetoujoursseulemaintenant.D’autres se joignent à nous, et je cherche la sortie des yeux pour vitem’échapper de cette ronde

insupportable.Jen’aimepastroplesgens,lafauteàqui…Lasienne,évidemment.—T’étaisincroyable,meuf!J’aimepaslessolosmaislàsérieuxc’étaitgraveswag.Jeregardeletypequim’interpelleet,mêmesijen’airiencomprisàlafindesaphrase,jeluioffre

l’undemessourireslespluspolis,deceuxquiprécèdentmondépart.—Sonia,jevaisyaller,j’aiunboulotàchercher.Pourquoijeluiracontemavied’uncoup?Quelleconne.—Ahoui?Bonnechancealors.Elleécritsonnumérosurunboutdepapieretmeletend.—Appelle-moisituveuxfaireuntruc.J’aienviedem’esclaffermaislapauvre,ellenesaitpasàquielleaàfaire.Jemecontented’opiner

dubonnet.Je sors de cet attroupement à reculons et prends un grand souffle en arrivant sur le parvis. Je

débouchemonthermosetavaleunegorgée.—Passimal!Jem’exclameàvoixhaute,enlançantunregardcompliceversmongobelet.Jesuissurlepointdedescendrelapremièremarchequandunegrossemainseposesurmonépaule.

Je pousse un cri sourd et, vu que c’est sa journée on dirait, ce foutu thermos finit encore une fois sacourse plusieurs mètres plus bas, après avoir répandu tout ce qu’il contenait sur les marches. Je meretourne, mi-furieuse, mi-terrifiée.C’est encore un des gars de l’audition, celui qui m’a fixée un bonmomentavantetaprèsmonpassage.

—Tucherchesduboulot,ilparaît?Cemecaunetêtedeproxénèteoudechefdegang.Flippantmaiscanon.Lescôtésdesoncrânesont

raséstandisqueledessusestbeaucouppluslongetsoigneusementcoifféenarrière.—Jechercheunedanseuse.

J’éclatederire.—T’espassérieusemententraindemeproposerunboulotdegogo,là,j’espère?—Non.J’aibesoind’unedanseusepourdonnerquelquescoursdansuneassoc’.C’estpastrèsbien

payémaisçaenvautlapeine.Tiens,voilàlescoordonnéessituveuxypasserundecesjours.T’aurasqu’àdemanderSean.

Je regarde le prospectus froissé sur lequel le nom et l’adresse sont inscrits. Pas de numéro detéléphone.J’apprécie.

—Penses-y,Sin.Ilrepartentrottinantjusqu’auCentraletjerestelà,étonnéequ’ilconnaissemonprénomluiaussi.

Chapitre17—Jolan

—Whisky!—Yeah!!!Lanuittombeàpeine,etlasoiréeduNouvelAnadéjàcommencé.Lesalonestpleindefuméeetde

coupleséphémères.—File-moidesglaçons,petitebite.Depuislecomptoir,jelancelecontenuduboldeglaçonssurCharlyetilesttoutheureuxquandtrois

d’entreeuxtombentdirectementdanssongobeletrougequidoitcontenirfacileundemi-litred’alcool.Ilnefaitpasattentionauxquinzeautresquiglissentsurleparquet.Ilestarrivécematin.C’estledernieràêtrerevenu,CarlosetBrennansontrentréshier.Enfinaucomplet,cesabrutism’ontquandmêmemanqué.Mêmesij’aitrouvépasmald’occupationspendantleurabsence.D’ailleurs,enparlantd’occupation,Sinn’estpasencorerentrée.Peut-êtrequ’elleaunesoiréeprévueailleurs.Enfait,lesgarsetmoionn’enaaucuneidée.Commeàsonhabitudedepuispresqueunmois,c’estàpeinesionlacroise.Moijetrouveça cool, les gonzesses trop présentes c’est gonflant. La plupart font leurs intéressantes constamment.D’ailleurs,encemomentmême,lesquelquesfillesquisontlàfontexactementça.Ellesrientfort,tirentsur leurs robespour faire ressortir leurs tétonset remettent leurscheveuxsur lecôtéen regardant toutautour.Oui,vousavezdesgrosseinsetdescheveuxlongs!

—Alors,Jojo,commentt’aspassétonréveillon?—Arrêtedem’appelercommeça,putain,tucassesmavirilitéetmonintellectavecseulementdeux

petitessyllabes.—Allez,détends-toi,t’enaurasbaiséaumoinsdeuxavantd’avoirhurléun«bonneannée»déchiré.

Ellestebouffentlescouillesendeuxsecondesàchaquefois.—Tuvoulaispasplutôtdire«ellestemangentdanslamain»,Charly?—Non,Brennan,pasdutout.Dansdesmomentscommeça,jesuisapaisédesavoirquej’aiquelquesamisenorquimefontbien

marrer.—EtSin,quoideneuf?—Çayest:baisée!BrennanetCharlyrecrachentenmêmetempsleurwhiskyetmeregardentpourtenterdecaptersije

mefousdeleurgueuleoupas.—T’espassérieuxlà,mec?—Quandonparleduloup,nous interromptCarlos,quiestdeplusenplussilencieuxcesderniers

temps.Onse retourne tousvers laported’entréepourapercevoirSinfaire irruption.Elle fait lamoueen

reconnaissantcertainesdesfillesprésentes,pourlesavoircroiséesdansdespositionsabstraites.J’aime

l’art,merde.Elletraverselacuisineetsepencheaurobinetpourboire.Jebandeunpeudelavoirsuantedanssoncollantderunning,c’estplusfortquemoi,maqueueetmesyeuxontunlienhyperfort.

Je lavoissortirsonportabledesapocheetregarderversnousavantdetapercequidoitêtreuneréponseàunmessage.C’estautourduportabledeBrennandebiper.

—Tubranlesquoi,Bren?—JeproposeàSindeboireuncoupavecnous.—Jolan,tum’accompagnessurlebalconfumeruneclope?JemeretourneversKaren,regrettantdéjàqueCharly l’ait invitée.Ellepoussesa languecontresa

joueplusieursfoispourêtresûrequejesaisissebien.Qu’est-cequ’ellecroit?Jesaistrèsbienqu’ellen’estpasdugenreàvouloirfaireunbrindecausettesurlaterrasse.

—Tupeuxfumerdedans,poupée.Etdansmachambreaussi,rajouteCharlyenhaussantsessourcilsplusieursfois.

—J’arrive,Karen.PuisjemeretourneversCharly,unsourireespièglepeintsurlevisage.—Jetel’envoiequandonaterminé.Elleestdugenreinsatiable.Illèveunpouceetterminesonverreenrotant.Lesfillesrigolent.Bref.—T’aspasfinidenousraconterpour...IlmontredelatêteSinquiestentrainderentrerdanssachambre.Jeluifaisunclind’œilcomplice

etfaissigneàKarendeselever.Tandisqu’elleouvrelamarcheverslebalcon,jeluienfonceundoigtentrelesfessesetelleglousse

commeunegamine. Je suisobligédepenseràSinet son silencebandantmais les seinsdeKarenquiviennentdes’échapperdesonhautmelafontviteoublier.Sondosbutecontrelarambardeenferetelleouvreunpeupluslafermetureéclairdecequej’avaisprispourunhaut,maisquiestenfaitunerobeminuscule. Elle attrapemesmains, les pose sur ses seins avec ardeur et enfouit les siennes dans sescheveux. Le son de lamusiquemonte un peu plus du salon, elle commence à se trémousser. Elle estbonne.Etellen’estpaspudique.Ildoitbienyavoirquelquesvoisinsauxalentoursmaiselles’enfout.Jem’approched’elleetluidévoresesputainsdegrosseinspendantunelongueminute.Ellecontinueàsedandinerengémissant et,quandmabitepointe suffisammentcontre sonnombril, je l’abandonneetmelaissetomberdansletransat.

—Suce-moi.Elle s’exécute. Sa bouche cerclée de pourpre aspire inlassablement ma queue et la recouvre de

gémissementsexagérés.Ellelibèrel’unedesesmainsetsetripotelapoitrineavantdes’occuperelle-même de sa chatte. Quand elle ouvre sa bouche de plaisir je jouis etmon sperme dégouline sur sonmenton.Ellesedébrouillesacrémentbien,maisjedoisreconnaîtrequecesoirjelatrouvetropbruyante

Quandonrejointlesautresausalon,jemeposeavecmespotesquidiscutentchorégraphieetmixageavecCarlos.Lasoiréedéfileet,auboutd’unmoment,monregards’attardesurSinquiestderetourdanslacuisineetroulesestranchesdejambonavantdelesporteràsabouche.Putain,ellemecherche.

—Alors,raconte,Jo,tut’esvraimenttapéSin?medemandeCharly.—Mec, j’aidûmerebranlerderrière tellementellem’aexcité.Tu l’auraisvuenfoncersesdoigts

danssachatte.Cettemeufestunvraidémonducul.Jem’interrompsàcausedubruitd’uncouteauquitombeausoldanslacuisine,maisc’estjusteSin.—Jedétestet’entendreparlercommeçamec.Respecteunpeu.—Faispastaprude,Brennan,tubandesrienqu’enl’imaginant.—T’estropcon,monvieux.—Vas-y,continueàdonnerdesdétails!s’impatienteCharly.—Vousparlezdequi?

Karen.Putainellevapasnouslâchercelle-là.Elleposesonculpointusurmesgenouxetécarteunpeusesjambes.

—JoasautéSinlacoloc’,lejourdeNoël,l’informeCharly.Jesenssesfessessecontracter.Jelabaisetrop,ellevamecasserlescouilles,jelesens.—Lasourde-muette?Çam’étonnepas,avecsatêtedepoufiasse.Etpuis,sérieux,c’estsonvrainom

Sin?C’estquoicenomdetraînée!Sesparentsavaientdûcaptertoutdesuitequeceseraitunesalopepourluidonnerunprénompareil.

Jenerispasetdetoutefaçon,mêmesij’avaisvoulu,jen’auraispaseuletemps.UnemainvienteneffetattraperlescheveuxplatinedeKaren.Jenepascomprendspastoutdesuitecequisepasse.C’estquandjevoisSinlatraînersurlesolet luifoutreuncoupdepoingvifquejecommenceàm’alarmer.Puiscettecingléemeclouesurplace.

—T’asencorequelquechoseàrajouter,pétasse?Unsilencedeplombs’installe,etonentendjustel’échodelaruequandilestminuitpileetquedes

«Bonneannée!»remontentjusqu’ànous.Onesttousfigésdevantcequisepasse.Elle crache surKaren, qui est àmoitié sonnée sur le sol, et se redresse vers nous, remettant ses

cheveux bruns derrière ses oreilles. Elle fixe l’assemblée d’un air indéchiffrable avant de nous fairel’honneurdesaparole.

—Bonneannée.Psychopathe.Carrémentpassourde.Etdéfinitivementpasmuette.

Chapitre18—Erin

—Sin,tudors?jeluidemandeaprèsm’êtrefaufiléeendoucedanssachambreaumilieudelanuit,etm’êtreassisesursonlit.

Ellenerépondpas.—Allez,faispassemblant!—Avoirlesyeuxfermésetronflerc’estfairesemblantpourtoi?Elleme répondd’une voix ensommeillée et jemords l’intérieur dema joue, tiraillée entre rire et

culpabilité.J’aimesarepartie,cettefacultéqu’elleaderebondirdutacautac.J’aimeraisqu’ellepuisseenfaireautantdanssesactesduquotidien.

—Paulm’aembrasséedanslavoiture.Elleseredresse,etjelavoisnouerseslongscheveuxblondsenunchignonrapidegrâceàlalumière

demalampedepoche.Elleposesescoudessursesgenoux,prêteàm’écouter.—Vas-y,raconte.Jedevrais avoir hontede lui exposermonbonheur enpleine figure,mais elle a ce fond tellement

bon…Quoiquel’autreendise,iln’yapersonnedepluspuretdeplussincèrequeSin.—AlorsilademandéàDorissic’étaitellequimeramenaitaprèsladanseetelleluiaditnon,alors

quenormalementsi,enfintuvoiselleafaitexprèsenfait.—Accouche,Erin,jecommenceàsaignerdunezd’ennui.Jemelaissetombersursonmatelasgrinçant,lesmainssouslementon.—Ilesttropgentil.—Ilt’atripotéeunpeusurlabanquette?—Arrêtedeparlercommeça!—Çaveutdireoui?Je lui tire la langueetposema têtesurses jambespliées.Sa têteestau-dessusde lamienneet je

distinguesesyeuxpensifsmalgrél’obscurité.—Àquoitupenses,Sin?—J’aihâtedevivre.Cesquelquesmotsm’ouvrentlapoitrine.Elleestsibelle,avecsapeauclaireetsescheveuxblonds,

ondiraitunange.—Turessemblesàunange,machérie.—Lesangesn’ontpasleurplacesurTerre,t’auraispasputrouverunemeilleurecomparaison.Jelapinceaussifortquepossible.—Arrêtededireça,Sin,neleslaissepasavoircepouvoirsurtoi.—Ilsm’ontchoisi«Sin»commeprénom,sérieux,dèsledépartilsm’ontchargée,etjevaisdevoir

letraînertoutemavie.

Jelesdéteste,etjemedétested’êtresiinutile.Ilfautquej’agisse.—Promesse.—Ohnon,merde,arrêteavecça!Elles’affaleentresescoussinsetcachesatêtesoussondrapjauni.—Tum’endoisune,tuaslamémoirecourtemapetiteSin.—Ettoiaussi,jeterappelle.—OK,alorsdonnantdonnant.—Tumefaischier.—Sin…—T’asunvraiproblèmedeconfianceàmedemandersansarrêtdefairedespromesses.Cen’estpasentièrement faux.J’aipeurqu’ellecraque.Jenesaismêmepascommentellepeuten

supporterautant.C’estunjeuqu’onadepuislongtempstouteslesdeux.Audébutc’étaitpourrire.Puisaufuretàmesurej’aicomprislepouvoirindirectd’unepromesse.

Tenirunepromessec’estresterenvie.—Vas-y,jet’écoute.—Rappelle-toi,unepromessec’estunedette.—TuvastemettreàléviterenmodeYodadanscombiendetempsàpeuprès?Jeveuxpaslouper

ça.—Soissérieuseunpeu.—Oui,maîtresseErin,unepromesseestunedette.—Elleestassezsimple.Promets-moidenelaisserpersonnetejugersurtonprénom,peuimportela

significationqu’onpeutbienluidonner.—Tusaistrèsbienqueçaarriveraencoreetencore.Cen’étaitpasunchoixhasardeux.Commesij’y

pouvaisquelquechose.—Eh bien ils auront tort etmême si, dansma position, je ne peux que te conseiller une attitude

diplomatique,teconnaissant,jeveuxbientolérerunpetitcoupdepoingbienplacé.—Tu te rends compteque je risquedepassermavie à frapper des tonnesd’abrutis ?Autant les

ignorer.—Tune sais pas ignorer les autres, tu peuxme faire croire ce que tu veux, tu n’y arriveras pas.

Promesse?—Promesse.Onseserrelepetitdoigt,unefoisdelamaindroiteetunefoisdelamaingauche.—Jepeuxfinirmanuit,maintenant?—Oui.Elle éteint sa petite lampe, disparaît sous son drap, mais j’entends quand même sa petite voix

étouffée.—Aufait,avecPaul,laprochainefoisqu’ilvienttechercher,tiens-luilamainbienfortsituveux

pasqu’ilt’échappe.—Pourquoitudisça?Onsetientdéjàlamain.—Jeneparlaispasdecettemain-là.—Tuesignoble.Onrigoleunedernièrefoiset jerejoinsdiscrètementmachambre.Jetireuncartondederrièrema

penderieetenfoncemamaintoutaufond.J’entireunvieuxcahieretattrapeunstylo.J’ynotesanouvellepromesseetfaislecompte.Jeluiendevaisuneetmaintenantjeluiendoisunenouvelle.

Siellesavaittouteslespromessessilencieusesquejeluiadresse,ellen’auraitpasassezd’uneviepourmerattraper.

Chapitre19—Sin

Voilàvoilà.Sin1–Karen0.Jeclaquelaportedemachambrederrièremoiaprèsavoirpassémesnerfssurcettesalope.Jelâche

lerestedemacolèreenagitantfrénétiquementmespoingsdanslesairs.Àcaused’Ellejesuiscommeunpitbulldressépourattaquerquandonprononcemonnomavecdédain.Putaindepromesseempoisonnée.IlfautdirequeJolanm’avaitdéjàbiengavéeenparlantdemoicommed’unetraînée.Quandj’aientenducetabruticommenceràsevanter,j’aipréférélâchermoncouteauquedeluibalancerentrelesdeuxyeux.

Jesoufflebruyammentpourmecalmeretj’enlèvemontee-shirtblancsurlequelKarenarenversésonverrepour enfilerunbustier en lycranoir.Le jeanque j’ai enfiléquelquesminutesplus tôt est intact.Queue-de-cheval.

Inspiration.Expiration.Jesuisdeboutsurmonlitquandonfrappeàmaporte,unseulcoup,fortetbref.Ceseraittropbizarre

derépondreàvoixhauteaprèscederniermoisàvivredanslesilencealorsjesautejusqu’àlaporteetouvresurunBrennantotalementfermé.Ilrestedebout,droitcommeuni,lesbrascroisés.

—Tupeuxm’expliquerledélire?Cegarsestsympa,putain,maisçanesuffirapas.—T’asqu’àmettreçasurledosdemafolie.—Ma sœur est internée en institut depuisonze ans, alorsniveaupathologie, je croisque j’ai une

longueurd’avance.Merde, comment se fairemoucher en deux secondes.Malheureusement, je ne sais plusm’excuser

depuiscesdeuxdernièresannées,alorsjemecontentedelefixer.—Hey,Sin.Laportes’ouvresurunCharlycomplètementdéfoncé.—Charly.— T’es une connasse, tu t’es bien foutue de notre gueule. Mais ta voix est quand même hyper

bandantequandtudismonnom.J’aienviedet’entendrelecrierducoup,yamoyend’allersetripoterdansmachambre?J’ai jamaisniquéune timbrée.Unesourde-muetteçamebloquaitunpeu,maisunefollejem’enfous.SurtoutdepuisqueJoaditquetuétaisunsuperboncoup.

—Tagueule,Charly,tuparlestropquandt’esbourré.Faispasgaffe,ilneréalisepas.—Qu’est-cequetuveux,Brennan?— J’essaie de comprendre ce qui a pu pousser Lylia à cautionner cette pure connerie.On habite

ensemble,merde!

—Ouimerde!renchéritCharlyquis’estassisauborddemonlitetfaittournerundemessoutiens-gorgeautourdesondoigt.

—Charly,tuasinvitéKarenalorstularaccompagnes,lanceJodepuislesalon.—Putain,gars,jesuisbourrélà.—J’enairienàfoutre.Ellehabitepasloin,tutedémerdes.J’aperçoissesbillesnoiresmescruterparl’entrebâillementdelaporte,commeuneputaindebête

sauvage.Ilavaitlemêmeregardenmeprenantsurlaconsole,alorsj’avouequejesuisunpeuperdue.Jecontinueàledévisagerquandilserapproche,d’unedémarchesvelteetassurée.Ilposesoncoudedansl’encadrementdelaportesansbroncheret,mêmedanstoutcemerdier,ilarriveencoreàmematerlesseins.

—Alors…tuvastejustifier?Maismonpauvre Jolan, si tu savais le temps que j’ai passé à tout faire pourme justifier.Ça n’a

jamaisriendonné.—Non.Simpleetprécis.Jen’enaipasgrand-choseà fairequ’ilsm’enveuillent.D’unemanièreoud’une

autre,j’auraiaumoinscequejeveux:lapaix.JenecomprendspaslatêtequefaitBrennan.Jenesuispassonamie,c’estàpeinesions’estvusdepuisquejesuisarrivéeici.Ilyabieneulesmotsàlaporteetlesmessagessurmontéléphone,maisbon…

— J’veux pas d’une meuf comme ça ici, elle peut dégager ? On pourrait refaire défiler descandidates.

—Ouaiscarrément,jesuisd’accordavecJo,ajouteCharlyavantdesortir.Merde.— J’ai besoin de boire un truc plus fort, lâche soudain Brennan. Sin, je connais Lylia et t’as un

arrangementavecellepourlapiaule,c’estlaseuleraisonquimepousseàlaisserpasserça.Netefousplusdenotregueulesituveuxpasavoirdemesnouvelles.

—Menace?—Absolument.Il sort dema chambre d’un pas énervé, suivi de près par Jolan. Je lui balance un bon gros doigt

d’honneurauquelilrépondparunrireétouffé.Etvoilà,jemeretrouveseule,cequin’ariendebiennouveau.Quandjem’allongesurmonlit,jene

saisplusquoipenser.Jedoispouvoirtrouverunechambreailleurs,merapprocherdeLyliaçasentaitlamerdedepuisledébutdetoutefaçon.Çameferaitquandmêmechierquesesamisluienveuillentàcausedemesconneriespathétiques.Ellem’avaitprévenuequeçanetiendraitpasbienlongtemps.

***

Plusieursheuresplustard,quandlesilenceestenfintombésurl’appartement,jenedorstoujourspas.J’aiencoreenviedeboireetdefumer,alorsjemeglissedoucementdanslesalonetrejoinslaterrassesansunbruit.Unseauremplideglaceetdeboissonsesttoujoursàdispositionetjedécapsulemabièred’uncoupsecsurlarambarde,puisj’embraseuneclopeentirantuneprofondebouffée.

Jemeretourneverslavilleetjettemacendrepar-dessuslebalcon,toutenréfléchissantauxoptionsdisponibles.Leproblèmequandlessentimentssontbloqués,c’estqu’onnecomprendplustropceuxdesautres. J’ai senti leur colère et je ne crois pas que ça ira en s’arrangeant. Le souci, c’est que ça nem’atteintplus.

Aumomentoùjeprendsunegrandeinspiration,unfrissonglacémetraversedespiedsàlatêteet,pile à cet instant, je sens un corps chaud s’enfoncer dans mon dos, une grosseur immanquable

s’épanouissantentremesfessesmalgrénosdeuxjeansépais.Unehaleinemélangeantwhiskyetclopesmepénètre,àdéfautd’autrechose,maisjenefrissonneplus.

—Tut’esretenuedecrierladernièrefois,unevraiecomédiennelapetiteSin.—J’aipaseubesoindefaireungroseffort.Ilritdansmonoreilleetenfonceunpeuplussaqueuedansmonderrière.Parréflexe,jemecambre

légèrementetjevoissesmainsserefermerplusfortautourdelarambarde.—Arrête,jel’aisentie,tachattecomplètementréactiveàmabite.—J’suispasdifficilecommefille,unpetitrienmesatisfait.Ilcollesabouchecontremonoreilleetresserresapriseautourdemoi,unbrinmenaçant.—C’estcequ’onverra.

Chapitre20—Jolan

Jenesaispascequimemetlepluslesboules.Savoirqu’elles’estfoutuedemoipendantprèsd’unmois,etenlefaisantvraimenttrèsbienenplus,

ouréaliserquejen’aipasréussiàbrisersonsilencedefaçadeàcoupsdequeue.J’étaismoinsexcitéensaprésencedepuisNoël,maiscenouveaudéfimeprendauxtripes.Lafairecrier,non,lafairehurlerdeplaisir.C’estunequestiondefierté,monégophalliqueenaprisuncoup.

—Qu’est-cequetufous,Jo?T’asfiniouquoi?Je regarde le profil deLisa, je crois que c’est sonnom, àmoinsque ce soit celle d’hier.Aucune

importance, jeregardesonprofil tournéversmoiautantquelapositiondanslaquelleje labaiseleluipermet.Jeréaliseque,perdudansmespensées,jel’ailaisséeassisesurmabitependantunpetitmomentsansbouger.Jereprendsaussitôt lacadence, levantsoncorpsle longdemonsexedansunclaquementsec.Jedétailleletatouagequilongesacolonnevertébralepourtenterderetrouvermaconcentration.Lessonsquisortentdesaboucheoscillententregémissementsethalètementsetj’essaiedevarierlesanglesdepénétrationpourvoirdequellemanièreçainfluesursesréactions.Jecommencevraimentàfaireunefixation sur ça, putain de merde. Et en même temps, je ne supporte quasiment plus d’entendre leursjappementsincessants.Jesuisentraindeserrercomplet,j’ail’impressiondeneplussavoirpourquoijefaistoutça.Jedevraispeut-êtreécoutercecurédeCarlosetmeconcentrersurleshow.

—C’estquoitonproblème,connard?Merde,voilàquejel’aiencorezappée.Ellesedésemboîte,puisseretourne,sesyeuxfurieuxrivés

surmoitandisqu’ellerenfilesontangablanc.Jel’ignoreenmelaissanttombersurlelit,ledosdemamain couvrant mes yeux. Quand elle claque la porte d’entrée en jurant, je reste là, comme un vieuxboudoirmâchéetoubliésousuntabouret.

—Benalors,Apollon,t’asdumalàbandertonarc?JelèveàmoitiémamainquimecachelavueetrepèreSindansl’interstice,quiaunevueplongeante

surmoncorpsnu.On s’ignore complètementdepuis leNouvelAnet je suis étonné à chaque fois quej’entendssavoixplutôtgraverésonner.

—Lavueteplaît?Endisantçajememetssurlecôté,unemaintenantmatête.—D’ici,elleal’airtoutepetite.—Salope.Ellemefaitunsalutmilitaireetdisparaîtdanslecouloir.Jen’ai jamaisvuquelqu’uncommeça.Elle se foutcomplètementdes rapportshumains,d’ailleurs

j’aibienvuqueBrenestdéçudelavoirsipeuréagirànotreignoranceexacerbéeenverselledepuisle31.

Leproblèmeavecmoi,c’estqu’ellen’apasbiencernél’enfoiréquejesuis.Siellem’ignore,jelapousseraiàbout.Siellemecherche,jevaisluienfairebaver.Lepsyavaitditquej’avaisunproblèmeavec lagent féminine.Surtout lesmeufsquiontun fortcaractère. Je suisunaspour les repéreret lesbriser.

Aprèsunedouchebrûlante, j’attrapedeschips,sautepar-dessuslecanapéet tapedansl’épauledeCarlos,quialenezcolléàsontéléphone.Sansleverlatête,ilmeparleàtoutevitesse.

—J’aibouclélesderniersmix,maisilfautabsolumentseréunirpourcalerlesrythmiques.— Ouais, pas de problèmes, les gars vont arriver. D’ailleurs j’ai réfléchi à de nouveaux

enchaînements,ilnememanquequedespassagespourleslier.Jet’avouequeçatravailleauralenticesdernierstemps.

—Cette représentation est plusqu’importante, Jo, sans ce contrat onpeut retournerdistribuerdesprospectus.

—Ilsmegaventànepasnousfaireconfiancecash,onaquandmêmefaitnospreuvesdepuis.

QuandonagagnéleDOTY,ilyadeuxans,çaaétélafolie.Pendanttoutel’annéequiasuivi,onamultipliélesémissions,lesscènes,lessponsors,etonarencontréuntasdepersonnes.Lapromessefaiteauxvainqueursaétélargementhonoréeetonatousprisunpiedd’enfer.Onaencaisségravedepognonet de gloire. Et puis ça s’est un peu tassé, quelques mois plus calmes se sont écoulés. Et là, trucincroyable,plusieursproducteursduDOTYnousontrecontactéspournousproposerundeal.Unetournéedéliranteunpeupartoutetsurtout,unpaquetdedatesàVegas.Putain,j’enrevienstoujourspas!Laseuleconditionpourqu’ilsnoussuivent:faireexploserlafinaleduDOTY.Onvadevoirdanseraprèstouslesparticipants pour clôturer la soirée et en fonction des réactions, Vegas nous ouvrira ses portes.Consécration.Fellations.

—Onaungroscoupdemou,tupeuxpaslenier,reprendCarlos.—C’estvrai.Ilaraison,quandonacommencéàcréerensembleilyasixans,c’étaitjusteincroyable,unmélange

savantdeplusieursstyles.Maintenant,onatouslatêtedansleculduvoisinetilyfaitsombre.—OnpourraitpasserchezLazer,ilasouventdesinfosparleCentral.—Bonneidée,maisfautd’abordbouclerlesderniersarrangements.Laportes’ouvresurCharlyetBrennanenpleindébattordu.—Jetejure,surlesfajitasdelamèredeCarlos,qu’elleétaitplusquechaude.—T’étaisbourrémonpote,encoreunefois.—Jo,rappelle-toi,lesoirduNouvelAn,j’auraispulaserrerfacile.—Sintetoucherajamaismonpote.—Nonmec,jeparledeKaren!—Karennonplus.—Elleestlà?BrenestencoredeboutetilposelaquestionenregardantlaportedelachambredeSin.—Ouais.—J’aienvoyéunmailàLylmaisj’aipasencoreeuderéponse.—Pourquoitulâchespasl’affaire,Bren?Situcontinuesàpsychoterellevafinirparlesentiretelle

vatejeterunsort.—Qu’est-cequ’ilraconte?—CharlyestpersuadéqueSinfaitdelamagienoireoujenesaisquoi.—Attends,ellesortdesachambreessouffléeetensueuretyapleindebruitsbizarres.—Jel’aivues’enfilerquatredoigtsmonpote,cherchepas,elledoitsefairemonterlesang,c’est

tout.

—Putain,dispasdestrucscommeçaJo,j’aiplusbaisédepuisNoël.—Lapetitevoisinedetesvieux?—Ouais!Il prend une intonation de vainqueur et j’éclate de rire.Comment unemeuf peut-elle se taper un

clownpareil?—Onpeutseconcentrerunpeusurleboulot,lesgars?—Carlos,mec, je t’avais confondu avec le coussin, t’as unemine tellement grise en cemoment.

C’estpasbonsignepourunAztèque.IlnerépondpasàlaboutadedeCharlyetjecommenceàmedemandersimonamin’apasunsouci

plusprofondquelamiseenscènedenotrereprésentation.Aprèsdeuxbonnesheuresdediscussionsanimées,Sinnousinterromptquelquessecondes,letemps

depasserdesachambreàlaported’entrée,entenuedesport.Jedétaillesoncorpsbiendessiné,sataillemarquéeetsescuissesmusclées.JeremarquequeBrennanlafixeaussietjesupposequ’ilestenpleinehésitation:continueràl’ignoreroubrisercecerclevicieux.Onatousbiencomprisquenotreignoranceneluifaitnichaudnifroid.

—Tiens,j’aiterminécequetum’asdemandé.Je regarde Carlos, pensant qu’il s’adresse à l’un d’entre nousmais àmon effarement total, il est

tournéversSinetluitendunlecteurMP3.—Mercibeaucoup,Carlos,jet’endoisune.—Àvraidirej’aiquelquesidées,situveuxbienprendreunmoment,quandtupourrasbiensûr.—Çaroule!Elle enfile son éternel bonnet et ses lunettes, rajoute par-dessus un gros casque audio bleu roi et,

quandelleestpartie,Carlosseretourneversnousl’airderien.Onatouslestroislamêmetêteahurie.Sansleverlesyeuxversnous,ilsentlepoidsdenosregards.

—Quoi?—Genrevousêtespotestouslesdeux?—Non,c’estjustequejeneluienveuxpas.Etpuisjelacomprendsunpeu.

Onleregardetousaveclemêmeairinterrogateur.

—C’estvraiquoi,àpeuprèsàchaquefoisquejesuisavecvous,jepréféreraisêtresourd.

Chapitre21—Sin

Jecours.Encoreetencore.J’imaginequejecoursassezvitepourmelibérerdemesmauxenleslaissantloinderrièremoi.Mais

ilssontcommeunparachuteaccrochédansmondos,plusj’essaied’accélérer,pluslavoilesegonfleetmeralentit.Elleestrempliedepromesses.Dedettes.Quandjelesauraihonorées,jeserailibre.

J’ailecœurprêtàexploserd’avoircourutantdekilomètressansm’arrêter.Jeposeunemainsurlesbriques froidesd’un immeublepour reprendremonsouffle. J’aivolontairementorientémacourseversl’adresse inscrite sur le prospectus froissé que j’ai toujours enma possession. J’ai réfléchi plusieursjoursavantdemedécideràallerrôderautour,pourvoiràquoipeutbienressemblercetteassociation.Lebâtimentestplusbasquelesautresetlafaçadeestdécoréedegraffitis.Jeremarquequeplusieursjeunessontposésdevant,uneenceintecrachantunemusiquequejeconnaisbien.

—Onpeutt’aider?Lafillequis’adresseàmoiessaiedem’impressionner.Ellenedoitpasêtrebeaucoupplusjeuneque

moi,peut-êtreunequinzained’années.—Salut,jechercheSean.Elletouchesasono,regardesescollèguesenrigolantetlanceunnouveaumorceau.—Levoilà.Madameestunecomique.JeleréalisequandSeanPaulrésonnedanslarue.Décidément.—Hilarant.—Benalors,gamine,tuvasbiennousfairequelquespasdedanse,faispastatimide.Gamine? Jesecoue la tête, incapablederetenirunsouriremoqueur.J’avancevers laporteen les

ignorantmaisilsnel’entendentpasdecetteoreille.—Situveuxrentrer,tudanses,meuf.Onveutvoircequetuasdansleventre.Oh,non,vousn’avezpasenviedelesavoir.Mais,pousséeaudéfi,jeposemonsacparterre,yrange

tranquillementmoncasquepuismerelèveverseux.J’attendsdepouvoirmecalersurletempoet,quandlemomentestvenu,jelaissemoncorpss’exprimer.C’estleseulmomentoùjelelibèretotalement.

J’aicourupasloindedouzekilomètresalorsjesuisplusqu’échaufféeetiltrouvetrèsvitesaplace.Mesbrasetmesjambesbougentavectantdenaturelquejenesaismêmepasoùilsm’emmènent.Quandlemorceaus’arrête, le sangbatdansmesoreillesetmoncœurse jette surmonsternumpour s’enfuir.Sansunmot,j’attrapemonsac,leremetssurmesépaulesetfixelafille,mesyeuxinvisiblesderrièremeslunettesnoires.

—Putain,tusorsd’où?J’aimeraistropquetum’apprennestontrucaveclajambec’étaitjustefou!—TupeuxmedireoùtrouverSeanmaintenant?—Euh,ouioui,viens.

Je rentre enfin dans le bâtiment et longeun couloir décrépi.Vu l’état général, je ne vois pas tropcommentilspeuventmepayerpourdescoursdedanse.Onpasselelongd’unevitrederrièrelaquelledespetitesfillesentutus’exercent.C’estunpeulebazarmaisçarestemignon.J’imagineàquoiElledevaitressemblerdanssontutuquandElleacommencéladanse.Pourmapart,jen’aipasbesoind’imaginer,jen’yaijamaiseudroit.

—Aufait,jem’appelleCherry.TuluiveuxquoiàSean?Jen’aipasletempsdeluirépondre,carj’entendsmonprénomquirésonne.—Sin,parici!Jerecule,passe la têtedansunesalleoù jereconnaisSeanetcertainsmembresdesoncrew.Ilse

lèveencourantetmefaitlabisesansmelaisserletempsdelerepousser.Contactshumains,help!—J’ycroyaisplus!Viensavecmoi,jevaist’expliquer.Cherry,tupeuxallerdireauxautresqu’il

fautcalmerunpeulesondehors?Onvaencoreavoirdesennuissinon.—Çaroule.ÀbientôtSin,etj’aimeraisvraimentapprendreletrucdetoutàl’heure.Jenerépondsqueparunpetitsourireetelledisparaîtencourant,sesbasketssalestapantsurlesol.—C’estsupercoolquetusoisvenue.Jevaisêtrebref,onencadredesjeunesduquartierpourleur

transmettreautrechoseque lamerdequ’ils trouventdans les rues.On les faitdanseret ilme fautunepersonnecommetoipourlescoacher.T’asunstylejusteincroyable,tusorsdessentiersbattus.

—Tum’asseulementvuedanseràl’audition,Sean.—C’étaitsuffisant.Parcontre,niveauoseille,çavapasvolertrèshaut.—J’aibesoinde200parmois.—Ah!Jepeuxmonterunpeuplus,200c’estbeaucoupmoinsquecequej’avaisimaginé.—J’aibesoinde200.—OK,Sin,OK.Troisaprès-midiparsemainepourcommencer,çatesemblecorrect?—J’accepteseulementjusqu’àseptembre,au-delà,jeneseraiplusdisponible.—Ceseradéjàsuper.Tupeuxrevenirlundi?Jeteprésenteraiauxjeunes.—Onsevoitlundi,c’estbonpourmoi.Jem’apprêteàrepartirquandilenfoncedansmamainunboutdepapierfroissé.—Monnuméro.Justeaucasoù.Faitchier!Ilpart,etjeréalisesoudainqu’ilestbientardetqu’ilvafalloirquejemebougepourrentreravantla

nuit.Déjàlecielsecouvreetmêmesij’arriveàsemerlalune,jenecroispasréussiràéviterlapluie.Résultat : je cours sous le déluge et dans la nuit noire. Je suis incapable de distinguer si je suis

trempéedesueuroud’angoisse.Quandj’arrivedevantlaported’entrée,j’essaiependantaumoinsuneminuted’enfoncermaclefdanslaserrure,sanssuccès.Jetape.Jesonne.Avecinsistance.

—Allô,onpeutvenirm’ouvrirbordel!Cettefois je tapedupoingsuffisammentfortet,ômiracle, laportes’ouvresur levisagedeJolan.

Machiavélique.Sonexpressionachangédèsqu’ilavuquec’étaitmoi.—Tuveuxquoi?—Rentrerchezmoi?—Onestjeudisoir,c’estlemien,dégage.—Pardon?—Ah,c’estvraiquet’essourde.ONESTJEUDISOIR,DÉGAGE!C’est seulement au moment où il me claque la porte au nez que je réalise. Chaque jeudi soir

l’appartementdevientpropriétéexclusivedel’und’entreeux.Lescolocsdoiventsetrouverunepiaulejusqu’aulendemain.Jusqu’àmaintenant, les troisautresm’onttoujourslaisséeresterdansmachambre.J’aurais dûme douter qu’avec Jolan ça se passerait différemment. Ce connard a trouvé unmoyen de

pression d’une puissance qu’il n’imagine pas. J’entends des voix au bas des escaliers ; pensant qu’ils’agitpeut-êtredeBrenouCarlos,jeredescendsvitedevantl’immeuble.

Personne.Et pour couronner le tout, la porte de l’immeublevient de claquer.Mes clefs sont restéesdans la

serruredel’appartetmonsacsurlepalier.Jesonneàl’interphone,chezmoi,chezlesvoisins…Lapluieet lespleursbrouillentdéjàmavue.L’angoissecommenceà ressortirde sa tanière, commeunehyènehystérique.

Respire.Respire.Çafaitdesheuresque je suisassise là, sur lamarchedevant l’immeuble,enproieauventet à la

pluie,incapabledefaireunmouvement.Pétrifiée.J’ail’impressionquelesspectresdemoncauchemarvontsurgiràchaquecoinderue,derrièrechaquevoiture,sijebouged’ici.Maissijenebougepas,jevaisfinirparattirerl’attention,pauvreépavetrempéesuruntrottoir.Jehurleintérieurementàmoncorpsdesemettreenmouvement,maistoutcequemonespritperçoit,c’estlebruitdelapluie,l’oppressionassourdissantedelanuitetjebasculemalgrémoidansmessouvenirs.Commeàchaquefois,jenesuisplusenmesuredesavoirsilesvoixquej’entendssontdansmatêteousiellessontréelles.

—Qu’est-cequetufais?Onvaoù?—Nemeparlepasavectavoixdeserpent.Je serre lesdentsenappuyantma têtecontre lecarreauglacéde lavoiture. Je regarde lepaysage

défiler, les arbres lugubres se succéder par centaines. Il pleut sans interruption depuis la veille et lebrouillardrendlanuitencorepluspesante.Jegrattelacouturedusiègeavecmesonglesrongés,essayantdefaireabstractiondubruitquefaitsarespirationanimale.

Putain...quandest-cequejesuismontéedanscettevoiture?J’enfoncemesonglesdanslebétonquimesertd’assiseetmeforceàrouvrirlesyeuxpourquemonesprittroublécomprenneenfinquecen’estqu’unsouvenir.

Les palpitations de ma poitrine remontent jusque dansmes oreilles. À chaque fois qu’un passantmarchesur le trottoir, jepousseuncriétouffé.Jedétestecettefaiblesse,c’estunpiègequiseresserrequandj’essaiedemedébattre.Impossibledem’endéfaire,incapabledemeraisonner.

Uncoupdetonnerreretentitetjemecrispe,sombrantànouveaudansmesdélires.—Sorsdelavoiture.—Quoi?Yarienici,qu’est-cequ’onfaitlà?—Sorsdelavoiture!Montympansifflesouslecoupdecehurlementtranchantetsesyeux,plissésparledégoût,mefont

toujourslemêmeeffet.Ilsmeterrorisent.Jenesuisrien,jen’aiaucuneexistence.Unsimplesouffledesapartpourraitmefairedisparaîtrepourtoujours.

Je refais surface quandmon dos tape contre la porte de l’immeuble et jemordsmes doigts pourrésister. Je tremble de froid et de fièvre à la fois. J’ai beau serrer les poings contremes tempes, lesminutescontinuentàs’écouleretmesdémonsm’assaillent.Jehurlemaispersonnenem’entend.Est-cequelemoindresonsortdemabouche,aumoins?

—Tupeuxcrier,personnenet’entendraici.Jesursauteausondecettevoiximpossibleàoublier.Elleestsinetteàmonoreillequejetrouvela

forcedemeredresserpoursonner,encoreetencore,àl’interphone.Envain.Jetombeàgenoux,lefrontcontrelemurgelé,etj’oscilleentrelavieetlamort,n’ayantjamaiseuma

placedansl’uneetpasencoretoutàfaitdansl’autre.—Sin?Jemerecroquevilledansunangleetenfoncematêteentremesgenoux.

—Va-t’en,va-t’en,va-t’en...Je psalmodie ces mots en basculant d’avant en arrière. Je n’ai plus la force de garder les yeux

ouverts.Pourtant,quandunemainseposesurmonépaule,jebondisenavant.—Sin!Ceprénomdemalheur,j’enpeuxplus,ilrésonnedansmatêtepourmerappelercequejesuis.—Nefaispasça!Arrête!jel’imploreencore.Moncriestsuppliantmaisrienn’yfait.Jetombeenarrière,dansunebouegluante;lapluieestsi

fortequejenediscernepresqueplussasilhouette.—Sin,putain,qu’est-cequetuas?Cettevoixnecorrespondpasàmessouvenirsetmesortunpeudematranse.Pasassezcependant,je

suiscommeaveugle.Des lumières tournentdevantmesyeuxcommedesballesenflammées, jusqu’àcequeletrottoirsejettesurmoidansunbruitsourd.L’obscurité.Lesilence.

Maconsciences’effilocheetquanddesbrasenserrentmoncorps, jen’aiplus la forcede résister.Ellenepeutplusmesauver,cettefois.

—Erin?

Chapitre22—Jolan

—C’étaitqui?—Personne.Je reste le dos appuyé contre la porte d’entrée, surpris qu’elle ait abandonné si vite. J’espérais

qu’ellepéteraituncâble.Jesuispresquedéçu.Jen’arrivejamaisàdevinersesréactions,cequiestàlafoisénervantetexcitant.

—Jolan,reviens!L’appartementestblindé,monjeudisoirestsacré.Alcooletsexeenlibre-service,commemamèreà

l’époque, sauf que c’est moi qui ai le contrôle. Je décide quand ça commence et quand ça s’arrête.J’ignore la fillequim’appelle et passeunegrandepartiede la soirée àboire, fumer et parlerboulot.Beaucoupsuiventnotrecrewdepuis ledébutet ils attendentqu’on franchisseenfin l’étape supérieure,pour réellement accéder au Graal des danseurs. Les gros shows, les tournées, Las Vegas…L’accomplissementetlareconnaissance,jecroisquec’estcequimefaitrêverlà-dedans.Ça,etdansersansarrêt.

Je retourne finalement sur le fauteuil et la roussequim’yattend reprend saplace surmesgenoux,laissant suffisamment d’espace entre ses cuisses pour que ma main s’y réchauffe. Elle pousse un criétoufféàchaquefoisquemondoigtappuiesursonbouton;sansm’enrendrecompte,jefermelesyeuxetimaginel’instantoùellecrierapourmoi.Sin.

Commeune transmission de pensées, des cris s’élèvent soudain de derrière la porte et des coupsviolents la secouent. Jeme lève en reconnaissant les voix deBren etCharly, et ce que je vois quandj’ouvre me file le tournis. Elle, tremblante et livide, une poupée de chiffons dans les bras de Bren.Inconscienteettrempée.

—Dégagez,tous!BrennanhurleenentrantdansdelachambredeSinavecuncoupdepiedbrusque.Personnenebouge,

sauflesplusnetsquiviennentfairelescommères.—Putain,Jolan,fais-lessortird’ici!Jesursautequandsonintonationinquiètemefaitpercuterqu’unemerdeestarrivée.—Lesgarsbarrez-vous,alleztoutlemondedehors!Larousseestladernièreàsortir,etlebruitdelaportequiclaquem’angoisse.—Jolan,ramènetonculici!—Qu’est-cequ’ellea?SoncorpstrembletellementqueCharlydoitaiderBrenàluienleversesvêtementstrempés.—Jet’enprie,dis-moiquepourunefoistun’aspasétéunputaindeconnard?—J’ycomprendsrienmec,elleaquoi?

—Onl’atrouvéecommeçadevantl’immeuble.Sonsacétaitdevantcheznous,dis-moiquetul’aspaslaisséeàlarue?T’espasuntelenfoiré?

—C’estjeudisoir,mec.—SérieusementJolan,tuveuxtoutesleurfairepayeràcepoint?Ilsecouelatêtededégoût.—Vachercherdesservietteschaudesquejepuisselasécheretdégagedemavue,tumefaisgerber.

Charly,vaprendreunecouettedansmachambre,magne.Commeunrobot,jecoursàlasalledebain,attrapelapiledeserviettespropresetreviens.Lesbras

tendus, jeme fige enmême tempsqueBrennan lorsqu’il fait passer son tee-shirt par dessus sa tête etqu’ondécouvresoncorps.C’estCharlyqui,enmebousculantpourdonnerlacouetteàBren,appuiesurleboutonPlay.

—TiensBren,j’ai…Maisputainc’estquoiça?Cettequestionn’attendpasderéponse.Ona touscompriscequesontcesmarquesrecouvrantune

partie de ses cuisses et de son flanc. Je remarque d’autres détails sur son corps mais ses brûluresm’hypnotisent.Brennanjettelacouettesursasilhouettefragileetlelienestrompu.

—Montelechauffage,fautqu’elleseréchaufferapidement,jepréfèrenemêmepaspenserautempsqu’elleestrestéesouslapluie.

—Elleauraitpuallern’importeoù.—Ahouais,sanssac?sanstéléphone?Toutétaitdevantlaporte,jeterappelle.Tuluiaslaisséle

tempsdes’expliquer?deprendreuneveste?Je suis à court d’arguments et pourtant je ne comprends vraiment pas ce qui l’a poussée à rester

devant.Putain,j’aidéconnéetçamerendfoudedevoirl’avouer.Dignefilsdesamère.Cettepenséemerévulseetjedéguerpisdecettechambre,laissantBrennanluienfilerdesvêtementssecs.

***

Le jour se lève et jen’ai pas fermé l’œil. Je traînemacarcassedans la cuisine, écouteCharly etBrennandiscuterdanslecanapé.

—Elles’estunpeucalméemaiselledorttoujours.—Qu’est-cequetucroisqu’illuiestarrivé?LavoixdeCharlyestpluscalmequed’ordinaire,jenel’aipassouventvusisérieux.—J’ensaisrien,maisçadoitpasêtrelégercommetruc.T’asvucommentelleétaithierdanslarue?—C’étaitflippant,j’aicruqu’elleétaitdéfoncée.—Jecroispas,elleétaitjusteterrorisée,jesaispascequ’elleatraversémaisjecomprendsmieux

pourquoielleesttoujoursrentréeavantlanuit.—T’avaisremarquéça,toi?—Oui.Je les écoute encore un peu et avance malgré moi vers sa chambre. Je pousse la porte et entre,

observantdemanièregênéecettefilleplusétrangeencorequ’hier.Ellegémit,sedébataveclacouetteetpasseunejambepar-dessus.Jeregardesapeaunue,marquée,brûlée,etdenouvellesquestionsaffluent.

—Promesse…—Quoi?J’avance au bord du lit mais elle est toujours endormie. Ses paupières bougent sans arrêt et je

discerneendessoussesyeuxquivontdedroiteàgauche.—Erin…

Jesuisjusteau-dessusd’elleetjefinisparposerungenouparterre,levisagetoutprèsdesajambe.Incapablederetenirmongeste,jefrôlesacuisseduboutdel’index.Lasensationestbizarre,lapulpedemondoigtestcommechargéeenélectricitéstatiqueetjesuistellementconcentrésursapeauquejeneremarquepasdesuitequesesyeuxsesontouverts.Jevoisseulementsesdoigtssecrisperautourdelacouvertureetjefaisunbondenarrièreenmêmetempsqu’elle.Elleresserrelacouvertureautourdesapoitrine,fermelesyeuxplusieursfoispourréfléchir.Jevoislemomentoùlepuzzleseconstituedanssonintégralité.J’entendssonsoufflesebloquerdanssagorgeetellerecouvredoucementsajambeaveclacouette,toutenmeregardantdroitdanslesyeux.

—Sorsdemachambre.—Sin,jesuisdésolé.Elleseraiditetinspiretoutdoucementparlenez.—Vousm’aviezprévenuepourlejeudi,tantpispourmoi.MaintenantSors.De.Ma.Chambre.Jemeremetsdebout,j’aidumalàcroirequeçavas’arrêterlà.Jedevraissortirsansdemandermon

restemaisjetentemalgrétoutunedernièrechose.—QuiestErin?Elle relève sesyeux sombresversmoietmord sa lèvrequiblanchit sous lapression. Jevois ses

muraillesreprendreleurplace.Etlorsquejecomprendsqu’ellenerépondrapas,Brenarriveàsontour.—Sin,çava?—Oui.

Elleselèveetsefaufileentrenous.

—T’essûre?Hiertu…—Dis-moi,lecoupdelasourdec’estuntrucàmoi!Ilyaquelquechosequin’étaitpasclairdans

mon«oui»?rétorque-t-elled’untoncassant.

Putainj’hallucine,ellenepeutpassérieusementfairesemblantàcepoint?

Chapitre23—Sin

Merde.Merde.Merde.Je sais tellement bien faire semblant, mais là, j’ai envie d’exploser, de les rouer de coups. Me

retrouver dans cette situation était le pire que je pouvais imaginer. Il s’est écoulé plus d’une semainedepuis l’incident du jeudi soir et ils continuent de me fixer avec des regards compatissants quidégoulinentdequestions,putain!

Jemeretiensdeleurhurlerd’allersefairefoutre.SurtoutJolan!Ah,celui-là,ilestmagique.Ilmefoutdehorsetl’instantd’aprèsilmedemandepardoncommeungamindecinqans.Pitoyable.J’enairienà faire de ses excuses, je veux juste qu’il arrête de me regarder avec ses yeux soudain plus doux,coupables.Jeveuxrevoirsesprunellesd’enfoiré,cellesquimepénètrentparlapensée.Basta.

Et jesaisexactementcommentm’yprendre.Çaferadoubleemploi,petitevengeancepourm’avoirclaquélaporteaubecetretourauxsources.

Cematin, jedéguerpis immédiatement après avoirbumoncafé et prismadouche. J’erredans lesrues,avantdefinirparpousserlesportesdubard’Old.

—Alorsçapourunesurprise!Jecroyaisavoirunchocolatchauddansl’os!—Commequoi,çafonctionneleprincipedefidélisation!Jem’assoissuruntabouretetenfoncemesdoigtsdansmescheveuxencorehumides.—Turestesauchocolat?—Vodka.Jetapeduplatdelamainsurlecomptoiretilfroncelessourcils.Ilnecommenceàréagirqu’aubout

dusixièmeshot.—Allez,çavaallerpouraujourd’hui,gamine.Alorsqu’ils’éloigneversd’autresclients, le tabouretàmagauchegrincesur leparquet.Ondirait

bienqueledestinmefileuncoupdepouce.—Salut.—Salut.—Unautre?—Lepatronaditnon.—Ondoitpassouventtedirenon.Je lève les yeux vers l’homme quime lance un regard sans équivoque et continue à le dévisager

pendantqu’ildétaillemapoitrineetmesjambes.Ildoitavoirtrenteans,peut-êtremoins,peut-êtreplus.Détail inutile. J’ai besoin de lui. Je fais tourner le tabouret dans sa direction et écarte doucement lesjambes,assezpourquelemessagesoitexplicite.Ilavalesonwhiskyd’unetraiteetfaitunsignedelatêteendirectiondelarue.

Avantdesortir,jesensleregardd’Olddansmondos.—J’ailaisséassezpourpayerlaprochainetournée.—Jepréféreraiterevoirboireduchocolatchaudlaprochainefois.Jecroisquec’estcequ’ilmerépond,avantquelaportesereferme.—Tut’appellescomment?—Onn’aqu’àdirequejem’appelleSimon.Ettoi?—Sansintérêt.Ilmepoussecontrelemuretcommenceàpassersesdoigtssousl’élastiquedemonlegging,pressant

sabossecontremonnombrilenpinçantmesfesses.Jenevaispasmefairesauterici,jepourrais,maisçanefaitpaspartiedemonplan.

—J’habitejustederrière,viens.Quandj’entredansl’appart,jesaisqu’iln’yauraqueJolan.Lesautressontpartispresqueenmême

tempsquemoietnedoiventrentrerquetarddanslanuit.Brennanahésitémaisjel’aiviterecadré.L’objetdemacolèreestlà,toujoursavachidanscettemêmepositioninsupportablementsexy,surson

fauteuilfétiche.J’aimeraisbaiseravecSimondessus,rienquepourbrisersespréférences.Illèvelatête,sonvisageestperplexe.Ehouimonpote,jepeuxaussiramenerdesmecspourme

fairesauter.Ondisparaîtdansmachambre ; le spectaclepeut commencer.Lumièreéteinte,Simonmepoussesurlelitetjelèvelesfessespourl’aideràfairedescendremoncaleçonmoulant.Ilsedébarrasseseulementdesonjeanetdesonboxer.Chaussettesettee-shirttoujoursenplace,Sainte-Mariepriezpournous.Pasbesoindeluicachermesmarquesdanscetteobscuritéetjecroisqu’ilestbienchargéenskydetoute façon. Tant qu’il arrive à viser, et encore… Il cherche ma bouche et son haleine alcooliséem’écœure.Jetournelatêtesurlecôtéetillèchemoncou,pendantquesesmainsmalaxentmesseins.Ilestchaudbouillant.J’aidéjàeuaffaireàcegenredemecs,alorsçanedevraitpasprendreplusdecinqminutes.Cœurdepierre,uneâmeàlamer.

J’écartelescuissespourluidonnerletopdépart.Aprèss’êtrecouvert,ils’enfonceenmeuglant,sanstropdepeinetoutefois.

OK.J’aienviederiremaisledevoirm’appelle.Actricepornodujourbonjour.—Han…Vas-y,Simon,tusaisutilisertalanguetoi.Ouais,pourmelécherlelobedel’oreillecommeuncon.Bref.—Oui,oui,ha,Simon…Toutunéventaildesimulationsàmaportée,jerégalequiveutbienm’entendredemesjouissances.

J’aiuneimaginationdébordanteetjevariemêmelestonalités.Simonn’yvoitquedufeuetjesuissûrequeJoaussi.Jesimuleàchaqueinstantdetoutefaçon,quandjesouris,quandjeparle.Alorsfairecommesi je prenais un pied d’enfer, ce n’est pas si compliqué.Quoique, ce serait plus facile si la queue deSimonétaitunpeuplusengageante.Legarçonn’estpastrèsbiengarni,maispeuimporte.

Quandjereconnaisdanssonsoufflel’instantdesadélivrance,j’attrapeavecmamaingauchelatabledechevetetlafrappecontrelemurdanslamêmecadencequesespoussées.Etmescrisredoublent.

—Vas-y,enfonce-la,oui,commeça,ouiiii...Jenecroispasavoirdéjàeuautantenviederiredemavie.Trèsbizarrecommesensation.Suantetessoufflé,lecorpsdeSimonglissesurlecôté.—T’estellementbonne,souffle-t-ilenfrottantsonvisage.Ilseretourneversmoi,maisjesuisdéjàdebout,unenuisetteàfinesbretellessurledos.Jen’allume

pas la lumière etme faufile dans le salon.Quelle joie de voir Jolan aumême endroit, sa poitrine sesoulevant rapidement, levisagecomplètementcrispéet lesphalangesblanchies.Je lui tourne ledosetrepasse la tête dans ma chambre, en accentuant la courbe de mes fesses quand je me penche. Vu lalongueurdemanuisette,ildoitêtreenmodepanoramique.

—Claquelaporteenpartant,Simon.

Jemarchenonchalamment jusqu’aubalconetm’allumeunecigarettepost-coïtale.Enfinenquelquesorte, elle en porte seulement le nom. Je frotte mes cuisses entre elles pour éponger un peu monexaltation.Jedoislereconnaître,cettesituationm’alargementexcitée.Maisceconstatalourditmoncôtépsychoquandjeréalisequej’aimouilléd’imaginerJolanentraindem’écouterjouir.Etenyrepensant,letauxd’humiditégrimpeenflèche.

Quand le mégot vole au-dessus de la ville, je retourne dans le salon. Jolan a disparu, ainsi queSimon.Jejubiledemonattaquefrontaleetj’attendsleretourdeflamme.Jesuismaso.

J’entrepourlasecondefoisdelajournéedansmasalledebainmais,cettefois,unpetitdétails’estajouté.Unénormedétailseraitplusprochedelaréalité.Jefermelaporteàcléetinspireunegrandedosed’oxygène.

Jolan est là, son regard féroce enfinde retour, ses fesses appuyées contre le lavabo, affichant unetriqueàfairepâlirunâne.

Chapitre24—Jolan

Quandlaported’entrées’estouvertesurSin,j’imaginaislavoirlaclaquercommetoujours.Maisaulieudeça,unvieuxgarsestapparusurleseuil.Jesaismêmepascommentilarriveencoreàvoiroùilmetlespieds,tellementiladusexepleinlesyeuxetleregardaccrochéauculdamnédeSin.Iln’amêmepascaptéquej’étaislà.

Auboutduquinzièmehurlement, j’aidûmordremonpoing,prêtà l’arracheràcettepetitebitedeSimon—pasbesoindedevinersonprénomquandellelehurlesifort.

J’aiculpabilisépendantdesjoursdel’avoirfoutueàlaporteetqu’ellesesoitmisedansuntelétat.Déjàça,çanemeressemblepas,çadoitvenirdelapitiéinduiteparsoncorpsbrûlé.Maisencetinstant,toutetracederemordsaquasimentdisparuetlachasseàlahyènepeutrouvrir.

Jevaistefairecrier,Sin.Ellepassedevantmoidanssanuisettequiferaitbanderunmortetdisparaîtdans l’obscuritéde la

terrasse.J’aiuneidéeplutôtprécisedel’endroitqu’ellevarejoindreensuite.—Quelcoupd’enfer!Je regardecetabrutiqui tient lapoignéede laported’entréedanssamain.M’a-t-ilprispourson

frèredebaise?Iln’yaqueCharlyquipasseaprèsmoi.—Allezmec,dégage.Jemetsleverrouettraverselecouloirjusqu’àlapiècedufond.Pasmachambre.Sasalledebain.Je

meposecontresonlavaboetj’attends,desflotsd’imagesentêteetunequeueaupremierrang.Elle inspire longuementquandellem’aperçoit.Jesuissur lequi-vive,curieuxdesavoirsielleva

tourner les talons.Maiselle tourneplutôt le loquet.Sesyeuxbranchésauxmiens, elle faitglisserunebretellepuisuneautre,laissanttomberceboutdetissuencombrant.Jeregardececorpssublimeetsesbrûluresnem’empêchentpasd’approcher.

—Jesuislàpourmedoucher,Jolan.Ellemefrôleetentredanssacabine,mettantenroutelesjetsd’eauquirebondissentsursoncorps.Je

regardesondostatouémaisilyatellementdedétailsquej’yreviendraiuneautrefois.Jepassemontee-shirtpar-dessusmatêted’ungestesouple,défaislenœuddemonshortet,complètementnu,jelaregardeencoreunpeudepuisl’entrée,unemainsurmaqueuecommepourlaretenir.Jedétaillechaquepartiedesonanatomie,depuissoncougracieuxquibougesouslepommeau,jusqu’àsesfessesquisecontractentquandellesemetsurlapointedespieds.Malgrél’eauchaude,sesseinssonttendusetausommet,sestétonsm’appellent.

Jepatiente en lamatant commeunperversprêt à éjaculer, lui laissant lepeude répitdont je suiscapablepourqu’elleeffacedesoncorpsl’odeurdel’autreconnard.Ellemetourneledosetrestesansbougersousleplusgrospommeau.Puis,attrapantunflaconorange,ellelaissecoulersursoncorpsungeldouchedélicieusementparfumé.Majaugeatteintdéjàunbon75%,rienqu’enlaregardantsesavonner

avec sensualité. Elle est très douée, je dois lui reconnaître ça, car ma queue est hypnotisée par sesmouvements.

—Jesuislàpourtebaiser,Sin,jegrondeimpatient.—Sansblague.Jebaisselatêteuninstant,unsourirepossédésurlevisageetquandjelarelève,elles’estassisesur

lebancetécartedoucementsescuisses.Ellesavonnesuggestivement l’intérieurdeses lèvressansmequitterdesyeux,memettantouvertementaudéfi.Puiselleaugmentelapressiondel’eauetserinceenfermantlesyeuxetentrouvrantsabouche.

Jesuistellementtenduquejelalaissepasserdevantmoisansciller.Lemoindremouvementtiresurmaqueuedresséeàsonplushautniveauetilfautvitequeçacesse.Elleneprendmêmepaslapeinedes’essuyer avec une serviette et ouvre la porte de la salle de bain.Alors qu’elle s’apprête à en sortirentièrementnueet complètementdégoulinante,moncorps se remet enfinen route.Unbancenbois estinstallé depuis toujours contre le mur entre sa porte et la mienne, et aujourd’hui je le vois d’un œildifférent.L’idéed’unnouvelusagefleuritenmoiaumomentoùj’attrapelecoudemouillédeSinpourlafaireasseoirdeforcesurcenouveloutildeluxure.Jamaisplusjenereverraiunbanc,quelqu’ilsoit,delamêmemanière.Satêtetapedoucementcontrelemurets’enfouitentrelesvestesquisontaccrochéesjusteau-dessus.

Quandmesgenouxtouchentlesoletquej’agrippesataillelasecondesuivante,sonventredessinésecontracteetunsoufflesebloquedanssapoitrine.Quandj’écarteseslèvresavecmespoucesetsouffledoucementsursachairécarlate,elleinspireetrejettesatêteenarrière.L’eauluidégoulineencoredanslescheveuxetl’excitationestpalpabledanschacundenospores.

Jevaislagoûter.

Commeuneglaceàl’italienne,j’enroulemalanguedanssesplis,ladégustantetjerelèvelementonpourscrutersonvisage.Sesyeuxbrillantssontsurmoi;àcetinstant,ellerelèvelesjambespourposersestalonssurlereborddubanc.Complètementouverte,offerte.Jecontemplesoncônegonflédedésir,mesyeuxayantbesoindephotographier cecorpsmagnifique.Enproieàdesdéchargesdescendantdemon ventre jusqu’àmon gland luisant,ma langue s’enfonce plus loin dans sa chatte et sa petite fleurdiffusesonparfumexquisdesorbetfruité.Mescoupsdelanguegénéreuxsonttantôtdoux,tantôtacérés,et lapulpedemeslèvress’enflammesousladouceurdesonsexe.Bordel,soncorpstoutentierexaltemessens.Jedétachemamaingauchedesahancheetfrottemonsexedouloureusementgonflé.Sijeveuxcalmer la tension et assurer jusqu’au bout, je vais devoir larguer les amarres une première fois.J’accélèrelemouvementdemamain,pressantavecforceetmalangues’accordeautempo.Sinremarquemonagitationetquandellecomprend,jevoissesmainss’accrocherauxvestespenduesau-dessusd’elle,sifortqu’ellessedétachentettombentparterre.Jesensquejel’excite,auxpetitsjetshumidesdesonminou, à ses seins qui se balancent au rythmede ses respirations saccadées, aux tremblements de sesjambesqu’elleessaiedecontenir.

Maistoujourspasunson.

Quelputaindecaractère!J’aspiresapetite tigepourlacueillir,encoreetencore, jusqu’àcequemongelintimes’écouledoucementàmêmelesol.Sonclitorisbrûlantpulseviolemment,m’avouantsansunmot sa jouissance.Alors jedétachemabouched’ellepour reprendremonsouffleet elleenprofitepourmerepousseravecsonpiedetseremettredebouttantbienquemal.

Attends,ellepensevraimentpouvoirmelaisserdanscetétatetallers’enfermerdenouveaudanssachambre?Horsdequestion!

Jecherchedansl’unedemesvestesunecapotepuis,paré,jel’attireànouveauàmoiavantqu’ellenefranchisseleseuildesaporte.Jelaplaqueaumuretviensmecolleràsondos,enfonçantmabitecontresesfesses,unseindanschacunedemesmains.Ilssontlourdsetdoux,débordantdemesgriffesaffamées.Jemordssagorgeetunlégergémissementluiéchappe.Monégogonfle,luiaussi.

—Vas-y,Sin,jouispourmoi,jeveuxentendretoncridéchirermestympans.Jel’écrasedetoutmonpoidscontrelemurfroidet,pliantunpeulesjambes,jetrouvel’anglepourla

pénétrer en une seule poussée. L’arrière de son crâne frappe contre ma clavicule et ses seinss’alourdissent. Sa respiration se fait plus erratique, ses mains s’enfoncent dans mes cheveux et sacambruremedonnelevertige.Unnouveaugémissement,aussilégerqu’unéchoseformesursalangueetsoussonsein,jesenssoncœurbattredeplusenplusvite,gonflanttoutcommemaqueue.Jemerappelleàquelpoint j’aiadoré lasentir jouirsansunbruitet toutd’uncoup, l’enviedel’entendrecriersefaitmoinsoppressante.MabiteserappellelejourdeNoël,plusparticulièrementlemomentoùl’étuideSins’estrefermésurelle,emprisonnantsalongueurdansunsilenceassourdissant.

Jelapilonnesifortquesesjambescèdentsanspréveniretmapoigneseresserresursesseinspourlamaintenir.Àmon tourdem’asseoir sur cebanc, clairementpensé et construit pour le cul.Sansmeretirer,jel’entraîneavecmoietlafaisasseoirsurmescuisses.Essoufflépartouscesefforts,j’arrêtedebougerpourlalaisserfaireetsoncorpss’anime,tellementgracieuxquandils’empalesurmoi.Sachatteavalemaqueueavecappétit ; j’aimeraisqu’ellem’avale toutentier tellement lasensationdenosdeuxchairsest enivrante.Elle relève sescheveuxhumidesenunequeue-de-cheval, lesmaintenantavec sesmains,etcontinuesesva-et-vientensorcelants.Puisellelesrelâcheaussiviteetposesescoudessursesgenoux, m’observant par-dessus son épaule. Le regard qu’elle me lance électrise mes sens. Sansavertissement,jefaisbasculernosdeuxcorpsenavant,nosgenouxamortisparlesvesteséparpilléesetmamain. En parfaite levrette, je pince sa hanche pour avoir une bonne prise et prends une profondeinspirationpourcanalisertouteslessensationsquitourbillonnentenmoi.Poussanttoutemaforcedanscebras, je projette son corps d’avant en arrière, le long de ma queue qui demande grâce. On exploseensemble et je laisse tomber mon front contre sa colonne vertébrale. On reste comme ça un tempsindéfini,jusqu’àcequ’unrecoindemonespritmerappellequenoussommesaumilieuducouloiretquenousvivonsàplusieursdanscetappartement.

Jeneluiauraifinalementarrachéaucunson,maisc’estcommesisachatteavaitcriépourelle.Uncriquirésonnecommeunealarmedansmatête.

Chapitre25—Sin

Ildoit sentirmes jambes tremblercontre sescuisses.D’ungeste, ildécolle son frontdemondos,malaxeunedernièrefoismeshanchesengourdiesetseretiredoucement.J’aibesoindeplusieursverrespournoyertoutcequej’aiàl’intérieur,ycomprislescrisenfermésdansmapoitrine.

Jerejoinsmachambreaprèsavoirvidéunebouteilledebière,sèchemapeaurougieetsensibleetenfileunsurvêtementconfortablesanséchangerunmotavecJolan.Ilm’asuiviedepeuetmesurveilleenrenfilantsonboxer.

—Avouequej’yétaispresque?Jelèvelesyeuxauciel.Pourquoifait-ilunefixationlà-dessusàcepoint?J’aimeraisqu’ilarrête,je

n’auraisalorsplusderaisondejoueraveclui.Entoutcas,sesyeuxontrecouvréleurlueurmalsaineplusvitequejenel’auraiscru.Tantmieux,metaperplusd’unSimonauraitétéd’unennuimorteletjedoisbienadmettrequeJolanestsexuellementremarquable.

—Désoléepourtoi,mais jemefais jamaissauterdeuxfoispar lamêmepersonnehabituellement,l’attachementmerépugne.Tupeuxdéjàprendreçapourunevictoire.

—Sin,jepourraistebaisercentfoissansm’attachertusais.Jeprendsmonpiedavectoi,vraiment,tuesincroyablementbonneàprendre,maisj’aimepaslesfemmes.

Jeleregardeenlevantunsourcilinterrogateurfaceàsesproposlourdsdedoublesens.—Jesuispasgay,c’estpasçaquejeveuxdire.J’aimelestringler,lesretourner,lesplier…—J’aisaisi.—Mais jeveuxriend’autre,c’est laseulechosequ’ellessontcapablesdedonnerde toutefaçon.

Alorstuvois,sit’asenviederevenirfrottertonminoucontremoi,tupeuxlefairesansréfléchir.Jeleregardefixementetjesensqu’ilestsincère.Dansmoncas,c’estfaciledecomprendrecequi

mepousseàagirdelasorte,maisdanslesienjemedemandebienquiluiatransmisunetelleimagedesfemmes.Enfin,jemeledemanderaissij’enavaisvraimentquelquechoseàfaire.

—Promesse?—Quoi?— Tu le promets ? Je ne veux ni d’une amitié ni d’un truc calé et rigide, en gros je ne veux

absolumentrien.Alors,promesse?—Promesse.Iltendsamainversmoietjerevoisdesimagesd’Elle,avectouteslesdettes,passéesetprésentes.Je

laserrevigoureusementetavantderefermerlaportesurlui,jerajouteunélémentimportant.—FaisgaffeJolan,unepromesseestunedette.

***

Çafaitdeuxsemainesquejevaistouslesdeuxjoursàl’assoc’.J’aidétestélepremierjour.Depuis,aprèsenavoirmatéplusd’unàcoupdesaltoetgrandécartsuspendu,ilsmemangentdanslamain.Jepasse presque trois heures avec eux et ensuite, je termine la journée dans le bar d’Old, à boire deschocolatschauds.Ilrefusedemeservirautrechosedepuisladernièrefoisetcommecetendroitm’estagréable,jetolèresonsalecaractère.

La petite cloche rouillée au-dessus de la porte tinte mais je ne me retourne pas, même quand jereconnaislavoixdeceluiquivientdes’asseoirsurletabouretd’àcôté.

—Commed’habitude,amigo.—Sin,jeteprésenteSean.—Onseconnaîtmonvieux,c’estellelanouvelledanseusequientraînelesjeunes,jet’enaiparlé,je

savaispasquetulaconnaissais.—Alorscommeça,lagamineestunedanseuse?JeregardeSeanetOldsansbroncher.Décidément,cegarsconnaîtbeaucoupdemonde.Jehausseles

épaulesetplongelenezdansmatasse.—Ellefaitunsuperboulotaveclesjeunes,j’aijamaisvuquelqu’ungagnerleurrespectaussivite.

Tudevraislavoirdanser,tucomprendraistoutdesuitepourquoiilsnelaramènentpasavecelle.—J’aimeraisbienvoirça,eneffet.Aprèstout,j’aimesavoiroùpassemonargent.Jelèvelevisageverslui,tentantdedécortiquerlesensdesaphrase.—Commentça?—C’estmoitonbossgamine,j’aimontél’associationquandjesuisrevenuvivreiciilyadixans.—Lemondeestpetit.—Tuseraislibrelasemaineprochaine?Jefaisunbarbecuechezmoidimanchemidietj’aimerais

quetusoislà.—Euh,non…pasvraiment.Jesuispriseaudépourvuparcetteinvitationsoudaineetessaiedeconstruirerapidementuneréponse

béton.—Prendsçacommeunepartdetonboulot.Ilyaurabeaucoupdejeunesduquartier,desvieuxamis.

Çavadanserdetouslescôtésetilfautquejeteprésenteàceuxquifinancentunepartiedenosactivités.—Est-cequec’estloind’ici?—Trenteminutesquandc’estOldquiroule,vingtsic’estmoiquit’emmène.Çatedit?laramène

Sean.—Jeveuxêtrerentréeavantlanuit.—Biensûr,Cendrillon.Quelleconne, ledernierendroitdans lequel jemets lespieds,c’estcegenrederassemblementde

trousducul.Rha,jenepeuxpasmettreçasurledosduchocolatchaud.Oldaunregardtellementdouxquej’aiplongé.Jen’aimepaslamanièredontleschosestournentàSanFrancisco.Àl’inversedesautresvillesoùj’aivécu,icijemesuislaisséeapprocher,malgrémoi,parbeaucouptropdegens.Jem’inventeuneplacequin’existepas,letempsdefinalisercequim’amèneici.C’estperturbant,bordel.

JerépèteSonnomdansmatête,encore,encoreetencore.—Ohégamine,ont’aperdue?Jerelèvelevisagedansunlégersursaut,revenantàlaréalité.—J’aipleindechosesàfaire,jedoisyaller.—Àdimanchealors!Jeluisouris,programmantdéjàderevenirsurmonaccord.J’agiteunemaindanslesairsetquittele

bar,monbonnetenfoncéjusqu’aucou.J’attendspourtraverser,fulminantcontremoi-même,quandungrosRangenoirs’arrêteàmonniveau.Savitrepassageropaquedescenddoucement.Mesabdossecrispentmaislatêtequiapparaîtauvolantm’estfamilière.Jolan.

—Monte,jerentre.J’hésitemaisfinisparcéder.Jem’installesansm’attacheretsansparler,lesbrasenroulésautourde

mesgenoux.—T’asl’airénervée.—Perspicacelegarçon,t’asvraimentenviedemefairelacausette?—Vas-y,lâchetoutsurmoisiçapeuttefairedubien.Ilaraison.—Gare-toi.—Quoi?—Gare-toi,j’tedis.Il s’exécute. Ses vitres sont si noires que personne ne peutme voir grimper sur ses genoux,mon

débardeurdéjààsespieds.—Putain…Lerestedesaphraseseperddansmesseins,pendantquesesmainsdéboutonnentsonjeannoir.À

tâtons,illèvesonaccoudoir,sortunecapoteetquandtoutestenplace,jedécalelégèrementmaculotteetmelaisseretombersursaqueuegonflée.

Il me procure tant de jouissance que, l’espace d’un instant, j’oublie mes pensées trop lourdes àsupporter.Sabitem’apporteexactementcedontj’aibesoinpourtenirjusqu’àseptembre.C’estpurementchimique,sauvageetchacunytrouvesoncompte.Jedevraislebénirdemedonnerexactementcequ’ilmefaut.Ilnem’entendrajamaiscriercommeill’espère,cen’estpasmoi,maisjepeuxquandmêmeluirendreunpeulapareille.

Commes’illisaitmespensées,sesmainssefontpluspressantessurmesfesses,mapeauseresserreautourdelasienneetmabouchecolléeàsonoreille,jejouissansretenuecettefois.

Chapitre26—Jolan

—Allô,Jolan,tuesavecnouslà?Jereconnectemestuyauxetsautesurmespieds,remettantmescheveuxenarrièred’ungestetendu.—Yes!—Tupeuxrefairel’enchaînement?—Lequel?—BordelJolan,t’asquoidanslatêteaujourd’hui?!Sonputainde cri, voilà ceque j’ai dans la têtedepuisplusieurs jours.Commeun refrain entêtant

qu’onfredonnetouteslescinqminutes,ilm’obsède.Merde!Carlosrenversetoutcequ’ilyasurlatableetselèvecommeunfou.—Putain,j’enaipleinlecullesgars!—Ducalme,Carlos,tuteprendstroplatête.Onadéjàbienavancé,reconnais-le.Jesaispasceque

tu as en cemoment,mais tu ne peux pas continuer à te tordre les boules comme ça. Peut-être que tudevraist’enservirunpeuplus,d’ailleurs.RegardeJocommeilestfrais!

—Ferme-la,Charly.Vousneréalisezpasqu’aveclepeuqu’onapourl’instant,onramasseraquedesordures.

—Allezfrère,onsecalmeetonreprend.Lareprésentationsimpleestcalée,cequ’ilnousmanquec’estl’impro.Ilfauttrouverdespassagesquipeuventêtreutilisésdanstouteslesconfigurations.

—Brenaraison,Carlos.OndevraitaussirecommenceràtraînerdanslescrewsdelacôteOuest,çanousapporteraunevisionplusactuelle.T’esenpleinecrisedelapageblanchemonpote.

—J’aipluslelien.Ilfrottesespaumessursonvisageetrespirefortdanssesmains.Jedétesteentendrecettephrase.Je

sais très bien de quel lien il parle, celui entre l’âme, le cœur et la danse. Celui qui fait bouger vosmembres sans utiliser le cerveau, qui vous fait ressentir.Qui vousmaintient en vie.Lui etmoi on estpareil, on a besoin de ce lien pour tenir, car rien d’autre ne sait nous apporter ça.Carlos a grandi àMission,lequartiermexicaindeSanFrancisco,et lavien’apasétéplustendreavecluiqu’avecmoi.Quandilavaittreizeansetquesonpères’estfaittirerdessus,ungroscalibreenpleinetête,sesfrèresont sombré et samère a triplé ses heures.Depuis on se serre les coudes. Lui etmoi on a ce truc encommun,cemazoutcollantquisouilletout,cepasséquivouspoursuitetentachechaquecellulevivante.

—Ettupensesqu’agrandirlecrewpeutêtrelasolution?—JetrouvequepourunshowcommeleDOTY,ondoitviserplushautettaperfort.Riennenous

interditd’incorporerd’autresdanseursdansletableaufinal.—Onadéjàdumalàsecalerensemble,alorsfaireentrerd’autresdanseursçameparaîtchaudma

poule.Maisjesuispascontredansl’idée.

Carlosestappuyécontre labaievitrée, le regardperdusur laville. Ilaprisuncoupcesderniersmois.

—Àquelleheureondoitdécoller?—Oncommencetoujoursàboufferà15heureslà-bas,alorsonpeutattendreencore.—L’undevousaproposéàSin?Brennanetsonsensaigudupartage.—Elleavaituntrucprévu,jel’aientendueparlerautéléphonecematinavecquelqu’unquidevait

passerlachercher.—Ahbon?qui?—Çat’intéresse,Jolan?Charly lève ses sourcils plusieurs fois et je lui fais un doigt d’honneur.À vrai dire non,mais la

questionestsortiedemabouchesansmonautorisation.Connasse.—Lazeresttoujourschaudpournousaider,j’ajoutepourchangerdesujet.—Non,ceseraitbizarredefaireappelàlui.Cettediscussionnemènenullepart,unehabitudecesderniers temps. Jemedirigevers la sonoet

branchemonlecteur,laroulettedusonàfond.—Onaassezdiscutélesfilles,placeàladanse.C’estencorecequ’onsaitfairedemieux.

***

—Jeconduis,unpointc’esttout.—LaisseBrennanprendrelevolant,Jo,onpourrapicolertranquilleaumoins.Onse tapedans lamainavantdes’installerdans lavieilleFordTaunusquesonpèreafinalement

réussiàluilâcher.—Lesvoisinsvontencoreflipperennousvoyantarrivercommeça,danscettevoiture.Ona l’air

d’ungang.—T’aurasqu’àpassertatêteparlavitreCharly,ilscomprendrontcashqu’ilsn’ontrienàcraindre.—Etpuisaveclemondequivasepointer,onpasserainaperçu.C’estsonanniversairemec,tousses

potesvontseramener,detouslescoinsdupays!Jesoufflemesnerfssur lavitreet labuéerecouvre lesmaisonsquidéfilent.Sespotes,super.Les

clientsdemamèrevontsefaireunejoiedemedonnerdesnouvellesdesesdernièresMST.

Vingt minutes plus tard, la musique qui résonne dans le quartier fait office de GPS, même si jeconnaiscetterouteparcœur.Brennanouvresafenêtreetlèvelamainpoursaluerceuxquidiscutentsurletrottoir.

—Qu’est-cequejevousdisais?Regardezunpeutoutcepeuple.—Lebarbec’nefumemêmepas,j’ailadallemoi!—Ilssonttoustropoccupésparlà,matezçalesgars,jesaispascequisepassemaisyauntruc!Carlostendsondoigtverslegrandjardinàgauchedelamaison.D’ici,onnevoitpascequelesgens

regroupésregardent.—C’estpeut-êtreunestripteaseuse,oumêmeunescadrondegogosàpoil.—Turêves,Charly!Brennan gare la voiture dans une contre-allée et, pendant qu’on marche jusqu’à la fête, les cris

enjoués des invités gagnent en intensité. Je serre plusieurs mains sans vraiment faire attention, tropcurieuxdu spectaclequi remporte tantde succès. Je jouedesépaulespour traverser la fouleetquandl’horizonsedégage,jecroisuninstantquelesoleilenfacem’abrûlélesyeux.

Chapitre27—Sin

MesjambesbattentunemesureinexistantetandisquelavoituredeSeantraverselescollinesdelaville.Moncœurbatfort,ilaunemémoireinfaillibleetlà,ilmerappellequejen’aipasmaplaceici.Quellevasteconnerie!Letempsapassésivitejusqu’àaujourd’huiquejen’aipluspenséàannulermavenue.QuandSeanm’aappeléecematinilétaitdéjàtroptard.

Jesursautequandsamainseposesurmajambe.—Arrêtedebougercommeça,c’estjusteunefêted’anniversaire!—Commentçad’anniversaire?—Celuid’Oldpardi.Jecroyaisqu’iltel’avaitdit.Je ferme les paupières pour tenter de maîtriser ma colère. J’ai une sainte horreur de ce que le

commundesmortelsaimeàfêteravectantd’ardeur,etçaparpurejalousie,lemienn’ayantjamaisétéunmomentdefête.LejourJ,l’ignoranceétaittoujoursdemiseetgénéralementlasemainesuivantefaisaitpartiedespiresdel’année.

Jesoufflesurcessouvenirsquimecollentàl’esprit,rassuréedesavoirqueseptembreserapprocheetquetoutçaserabientôtloinderrièremoi.Septmoisjourpourjour.

—Onyest.Lequartierqui s’étenddevantmoisemblepopulaireetchaleureux.Pourunmoisde février, il fait

vraimentbonetilyaénormémentdegensdanslarue,quidiscutententreeuxmaissurtout,quidansent.Quand Sean gare sa voiture le long d’un trottoir, j’hésite à en sortir.Qu’est-ce que je fais là ?Maportières’ouvreetjesuisbienobligéed’attraperlamainquisetendversmoi.J’aimebienSean,ilestgentiletbeaugarçon.Maispourlereste,aucunsignaldétecté.

—Hey,lesjeunes,vousarriveztôtpourm’aider,c’esttellementgentildevotrepart!—SalutOld.—Old.—Sin,répond-ilsurlemêmeton,leregardrieur.J’entredansunepetitemaison, rafistoléeçàet là,mais il s’endégageune telle tranquillitéqueça

passeinaperçu.Rienàvoiravecleurmaisonfroideetmalheureuse.Cesouvenirmeglacelesang,maisquandOldnousfaitsortirparunevieilleporte-fenêtre,jemeréchauffeinstantanémentgrâceausoleilquibrilleau-dessusd’unimmensejardin.

—Ahouais,yadumondequandmême...Oldseretourneversmoi,l’airheureux,etjemedemandecommentilfait,quandj’aperçoisderrière

sesirissesdouleurspassées.—Attendsqu’ilssoienttoussoitlàdansuneheureoudeux...

Je ne réponds rien et laisse mes yeux découvrir l’endroit. Des chaises en plastique blanc sontentasséesdanstouslescoins,degrandesplanchesplacéessurtréteauxsontprêtesàaccueillir lesgrossaladiers que des femmes disposent au fur et à mesure. D’ailleurs, l’une d’entre elles s’approche ensouriant.Elledoitavoirlatrentaineetsescheveuxbrunstrèsbouclésluidonnentunairsauvage.

—Salut,jesuisClaire.Ellesefaufileentrelesbrasd’Oldetluiposeunlégerbaisersurleslèvres.—Claire,jeteprésenteSin,lagaminequivientd’arriverdansl’asso.—Ah, Sin ! Les jeunes m’ont beaucoup parlé de toi ! Pas mal de curieux risquent de te défier

aujourd’hui,j’espèrequetuesenforme.—Medéfier?C’est-à-dire?ElleetOldéclatentderireavantderepartirendirectiondelamaison,leursbrastatouésentremêlés.—Tiens.JemetourneversSeanquejen’avaispasvupartir,etquirevientavecdeuxgrandsgobeletsrouges.—Mojitos!Jeluitendslegobeletvidedix-septsecondesplustardalorsqu’iln’apasencoretouchéausien.Je

vaisenavoirbesoindeplusd’unpourtenirtoutelajournée.(Ah,d’accord,prendslemienjeretourneaubar.Jehochelatête,leregardallantdesunsauxautres.Ilyadeplusenplusdemondeetjeréfléchisàun

moyendem’enfuir.J’aiprévuassezd’argentpourpayeruntaxid’urgence,rienn’estperdu.—Sin!Je la reconnais quand elle court vers moi, ses chaussures sales, un pull énorme à capuche et un

joggingtroisfoistropgrand.—Hey,Cherry,çaroule?—Jesuistropcontentequetusoisvenue!Regarde,j’aibossélemouvement!Ellefaitunfliparrièreetunepirouettebasse,puisseredresseensouriant.—Viens,jevaisteprésenteràmespotes!—Nonc’estbon...Ellemetireparlebrassansécoutermonrefuset,aprèsavoirdiscutéavecunequinzainedegamins,

jem’affaleenfinsurunechaiseavecungobeletderosé,viterejointeparOldetSean.—Tut’amuses,Sin?Siunjourjedécouvrelesensprofonddel’amusement,jeprometsderépondreàcettequestion,mais

là,jenepeuxpas.Alorsjehochelatêtecommeunchienposésuruneplagearrièredebagnole.Lesseulsanniversairesquej’aifêtésétaientlesSiens,maiselleétaittellementgênéeparmaprésencequ’ellenes’amusaitpas.

Jebasculelatêtepourfinirmonverreetquandjelaredresse,Oldestdevantmoi,unemaintendue.—Allez,enpiste!—Pardon?—Jet’avaisprévenue.(Ilmontredesamaintousceuxquinousentourent.)C’estladansequinous

lieetnousamaintenusenviejusqu’ici.Etquelquechosemeditquetuasbesoindedanser,toiaussi.—Avectoi?Jenesuispasmoqueusemaislasituationestàsetordre.—Jenesuispassivieux,j’aiquaranteansaujourd’huimaisjepeuxencoretemettreuneracléeen

Battle.—Sérieusement?jeluirépondsenentrantdanssonjeu.L’alcoolaidant,j’attrapelamainqu’ilmetend.QuandWatchOutForThisdeMajorLazerretentit

toutàcoupdanslequartier,jenerésisteplus.Iln’yaqueçapourmefairepasserunbonmoment.ToutlemondeseretourneversnousquandOldcommenceàdanser.Incroyable!J’hallucinequandilenchaîne

despirouettesdifficileset faitonduler soncorpscommeungamin. Je risquand ilavanceversmoiensecouant ses épaules, le regard brillant de cette lueur que je reconnaîtrais au premier coup d’œil.Audeuxièmerefrain,c’estmontourdelâcherlabête.Impossiblededécrirecequitraversemoncorpsàcemoment-là,iln’yaquelesvibrationsdelamusiquequejeressens,lesbassesremplacentlesbattementsdemoncœuretjenesuisplusqu’unemarionnetteanimée.Genouxpliés,brasdevant,au-dessus,fessesquiroulent,backflip,rouesanslesmains…Jenesaisplusquijesuis,parcequ’àcemoment-làj’existevraiment.

Lescrisautours’amplifientetmegalvanisent.Oldfinitpars’asseoiretenvoyerSeanàsaplace.—Alors,onabandonne?jehurleentournantsurmoi-même.LachansonachangéetSeanm’attrapeparlatailleenriant.—Toutdoux,Sin!J’ondulemoncorpscontrelesienpuis,faceàface,ondanseensedéfiantduregard.Luienchaînedes

figures au sol pendant que je lui tourne autour en remuant mon derrière, mes bras et mes cheveux.Possédée.

Ilattrapemoncorps,collemondosàsapoitrineetonterminelemorceaunosmainscroiséessurmonventre.Jerisensentantsonérectionmaisquandjelèvelesyeuxdroitdevantmoi,jeperdsmonsouffle.

Jolanestlà,sesmainsposéessursacasquette,sonregarddétaillantchacundemesmouvements.

Chapitre28—Jolan

Jeserrelesdoigtssurmacasquettequiabsorbel’humiditédemesmains.Jetremble.Destupeur,derireetpourlereste,jenesauraisdire.Lafillequejevoisdanseraumilieudelafoulenepeutpasêtrecelleque jecrois.Àchaque instantellechange, jen’ai jamais rencontréquelqu’uncommeça,unvraicaméléon.Cettefilledonnel’impressiondenepasexisteretpourtantelleestpartout,toujourslàoùjenel’attendsjamais.Ladécouvrirentraindedanserréveilleenmoiunmagmadesséchédepuislongtemps.Etl’observerbouger contreLazer en souriantmepousseà l’éruption. Je remarque lemomentoùellemerepèremaiselleresteinsondable.

—Tiens,Jo.Toutemonattentionétantfocaliséesurelle,jesuisincapablederépondreàCharly.Onsefixejusqu’à

cequeLazerluimurmurequelquechoseàl’oreilleetqu’elledétourneleregard.—LabièreàJo,allôôô,labièreàJo?Jesuislesmouvementsmillimétrésdesesjambes,sesbras,sescheveux.—Ohputain,jepeuxpaslecroire.Brennanesthypnotiséàsontour.Doncjen’hallucinepas.—Ohbordel!Charlyl’aremarquéeaussi.Plusdedoutepossible.—Pasmalmapetitedanseuse,heinJolan?Lavoixrauqued’Oldmetiredematranseetjemeretourneversluid’unmouvementbrusque.—Excuse-moi?—Sin.(Ilbalancesondoigtépaisverselle.)Elleenvoiedulourd,tutrouvespas?MesyeuxfontdesallersetretoursentreelleetOld.Moncerveauabesoindeplusdepiècespour

assemblercepuzzlefoireux.—TuconnaisSin?Ilm’entraînesurlecôté,prèsdeClaireetdeCarlos.—Ellebosseàl’assoc’depuisquelquessemainesetellevientaubarassezsouvent.—Attends,c’estSinlà-basavecLazer?Carlosvientdecomprendre,l’expressiondesonvisagereflètelemêmeétonnement.Oldmarqueune

pausepuislaconnexionsefait.—Vous saviez pas qu’elle dansait, c’est ça ? Décidément, je l’aime de plus en plus cette petite

cachotière.

Jehochelatête,détournantlesyeuxdelaqueuedeLazerfrottantleculdeSin.Jevidemabièresansreprendremonsouffleetmelaissetombersurunechaise.Pourquoiest-cequejesuistellementétonné?

Jeneluiaijamaisdemandécequ’ellefoutaitdesesjournéesaprèstout,parcequeclairementj’enairienàfoutre.

—Çavamonpote?—Lazer.Tut’amusesbienàcequejevois?OnregardetouslesdeuxversSinquiestrestéeavecunpetitgroupedejeunes.—Cettemeufestincroyable!Ellebougetellementbien.—Ah,tul’asbaiséetoiaussi?Ilmeregarde,surprisparmontonàlafoisfieretamer.—Tulaconnais?—Ouais,plutôtbien.C’estellequiaprislachambredeLyl.Etc’estpaslaseulechosequ’ellea

prise,situvoiscequejeveuxdire.Jepeuxmevanterdeconnaîtrelegoûtdesachattecertes,maispourlerestec’estuneénigme.Même

mondardquilatranspercen’arrivepasàébréchersesmuraillesunseulinstant.C’estfoucequeçapeutêtre bizarre quelqu’un de si secret, la discrétion ce n’est pas courant de nos jours, surtout chez lesgonzesses.Jecontinueà la regarderdanseravecCherryetsesamisavantqu’ellefinisseparrejoindrenotregroupe.JesuiscontentqueBrennanselanceàmaplace.

—J’enrevienspasdetevoirici,tunousasjamaisditquetudansaiscomme…ça.Merde,jesuisenhallulà.

—Jesuispasbavarde,tudevraislesavoirmaintenant.Oldposeunemainsursonépauleetjelavoisseraidir.Elleestétonnéedenotreprésenceici.—Sin,c’esteuxdontjet’aiparlé,lesgarsfinancentunepartiedel’association,doncunepartdeton

salaire.—Tusaiscequ’ilteresteàfairesituveuxunepetitepromotion...Ellemedévisage,furieuse,puisdescendsonregarddroitversmesboules,joueuse.Ellepresseses

dentssursa lèvre inférieureet jesensmabite lasaluer.Troisbaisesetelleenredemandeencore,maqueues’estrarementmontréesiattachée.Heureusementqu’elleestcomplètementindépendanteetqu’ellealarguémoncerveaudepuisunbail.

—Sin!Legarslà-basveutabsolumentdanseravectoi!JeregardeCherryquimontredudoigtunmecquej’aidéjàvutraîneraubar.Jecroisquec’estune

autreactivitéphysiquequecemecimagineenladétaillant.—Àmonavisilveutsurtoutquetuondulessurlui.Ellelejugeduregard,puissetourneversmoiavecsonvisaged’angedéchu.—JenesuispasdifficileJolan,tutesouviens?Lesgarsrigolentetellepartrejoindreletypeetsaclique,sadémarchefélineaccentuéeparceputain

debordeldecaleçonnoir.Sapetitechemisebleueàcarreaux,ouvertesurundébardeurmoulant,necachepassuffisammenttoussesatoutsquiréveillentmalascivité.

—J’étaissûrquevousvousentendriezbientouslesdeux.Elleestaussiperduequetoi.J’interrogeOldduregard.—Faispastonabruti,tuvoisexactementcequejeveuxdire.Àvraidirepasvraiment,elleestbizarrec’estvraimaisjen’aipasbesoindecreuserplusloin.—Jevaismelafairelesgars,jevaismelafaire!Charlypartencourantjusqu’àSinetmêmesijen’entendspascequ’illuidit,jeledevinefacilement

quandjelavoiséclaterderire.Ilssedéfientenfiguresdebreakdanceetellem’impressionneencoreunpeu plus. Quand Charly reste coincé en voulant imiter son grand écart, il abandonne et elle retournedanseravecl’autre.

—Regarde-ladanser,Jo,tusaistrèsbienqueceuxquiontcetteexpressiviténesontpasindemnes.

Jeladétaillependantqu’ellemetsoncorpsenactionetjedoisbienadmettrequ’elleauntrucspécialdans sa façon de bouger. Une liberté que seule la danse peut donner. Comme un écho à la mienne.J’enquille la findemonverreetme lèvepouratteindre la sono, ignorant l’invitationdedeuxou troispairesdecuissesquis’ouvrentsurmonpassage.Jechercheunmorceaubienprécis;quandTemptedToTouchdémarre,jemetourneversSin.J’aiinterrompuleurdanseencoupantlamusiqueetellem’attend,lespoingssurleshanches.

—Fautquequelqu’unteremetteàtaplace,Sin.T’asdevanttoileboss.—Arrête,tum’excites.J’éclate de rire, elle trouve toujours la petite repartie qui va bien. Je fais glisserma casquette à

l’envers et tendsmesmains vers elle.Le rythme latino estmon arme secrète.Et pourtant après trentesecondes,jedoisbienavouerqu’elleestvraimentbonne.Danseravecellec’estcommedanseravecmoi-même,untrucdefousepasse,sesmouvementssonttellementcaléssurlesmiensquej’ail’impressionqu’elleestleprolongementdemoncorps.Finalementjeneregardequesesyeuxetjemedéconnectedureste,sibienqu’iln’yaqu’aumomentoùlamusiques’arrêtequejeréalisecequivientdesepasser.Jelafaistournerunedernièrefoissurelle,penchesoncorpsenarrièreetl’attireversmoid’ungestesec.Sarespirationsemélangeàlamienneetjesuissûrequ’elleakifféautantquemoi.

J’aidanséavecbeaucoupdefilles,certainesaniméesparlebesoindereconnaissance,ouceluidesefairetringler.Elle,jenesaispascequil’anime.Maissonsoufflealegoûtdelavie.

Chapitre29—Sin

Voilàqu’ilrecommence!Ilmefixedenouveauaveccesyeuxquejedéteste!Ilacarrémentbugué,leregardscotchéaumien.

—T’asfaitdanstonfrocouquoi?Jevoisl’instantoùsonespritsereconnecteetjedoisutiliserlaforcepourquemesdoigtsselibèrent

desesmains.Jem’éloignede luisansunmot,essayantd’essuyerdiscrètementmesmainshumidessurmon pantalon. J’ai le souffle court et le cœur au bord des lèvres, car danser avec Jolan a été justeépuisant.Beaucouptropdesensations.Jesuisétonnéequenoscorpssesoientsibienentendus.Çafaitbeaucoupde révélationspour aujourd’hui.Avec les gars qui connaissent très bienOld etSean et qui,accessoirement, forment un crew assez connu, c’est gros à avaler. Effectivement, si j’avais suivil’actualité,j’auraissûrementreconnuceuxquiontgagnéleDOTYilyadeuxans.Malheureusement,àcemoment-là,j’avaisd’autrespréoccupations,commem’échapperdesEnfers.

—Sin,viensprendreuneassiette!—Merci,Sean.LaseulechaiseencorelibreestentreCarlosetBrennan.Allons-ypourlacausette.—Sin,franchement,quandjepensequ’onaunedanseusedefoliequivitcheznousdepuispresque

troismois!Pourquoit’asriendit?—DésoléeCarlos,neleprendspasmal,vraimentiln’yariendepersonnel.Jenem’épanchepas,

c’esttout.—Lazerm’aditquetuconcourspourleDOTY?B.O.R.D.E.L.—Quoi?!Et voilà. Brennan, Charly et Jolan se retournent comme un seul homme dans ma direction. Voilà

exactementpourquoiavoirdesliensaveclesgens,çafaitchier.—Ouais,jerépondsl’airderien,pourcasserlesilencepesant.J’engloutismamerguezquejefaispasseravecunpeuderosé,toutçapourcoupercourt,maisçane

fonctionnepas.—T’asuncrew?medemandeBrennanenléchantleketchupquidégoulinesursamain.—Non,jedansetoujoursseule.—GagnerunDOTYensolo,ças’estjamaisvu!—Jesais.Etaucasoùt’essaierais,Seanadéjàtentédemeracoler,maisc’estmort.J’iraiaubout

touteseule.Les yeux d’Old essaient de me percer à jour mais ils se heurtent à un mur. Comment pourrait-il

imaginercequisecachesousmonapparencemontéedetoutespièces?Unpetitmachinsecogneàmesjambesettombesurlesfesses.

—Mariamachérie,faisdoucement!Jelèvelesyeuxsurunejeunemexicaine,enceinteau-delàduréel,quimesouritchaleureusement.—Viens,mapuce!Salut,jesuisSilvia.—Sin.—Est-cequetuasvumonfrère?Jelaregarde,perplexe.—Carlos.—Euh,ilétaitlàilyauneseconde.—TuveuxbienjeterunœilsurMaria,justeletempsquejeleretrouve?—OK.Elle se faufile dans la foule en protégeant son ventre. La petite saute sur les genoux de Jolan et

s’installeentresesbrasenmeregardant.—Jet’aivuedansertoutàl’heure,tuesbelle!—MerciMaria.Tudansestoiaussi?—Oui!Etbientôtjedanseraiavecmasœur!Tudansesavectasœurtoi?Jelaregardesuçoterl’oreillecrasseusedesondoudouinforme,tâchantd’occulterlecourantglacé

quis’estinsinuédansmoncorps.Heureusement,samèrerevientjusteàcemoment-là.J’ignoreleregarddeJolanetfixelapetite.

—Tuveuxquej’ailletefaireunhot-dog,Maria?—Ouiii!Avecduketchupetdelamayonnaise.Jedépliemesdoigtscrispésetm’enfuisvers lebuffetpour récupéreruneassietteetdupain,puis

bifurqueverslebarbecuepourchoperunesaucisse.Unequeues’estforméeetj’attendspatiemmentmontour, ignorant les jeunesdevantmoiquichahutent, tropperduedansmespenséespouryfaireattention.Quand leurs cris attaquentmesoreilles, je suis forcéedeme tournervers eux etmonpropre cri restecoincédansmagorge.Jenevoisquelefeuetjesensmesfessesheurterlesol.Lechocdelachutelibèremoncri,encoretropfamilieràmesoreilles.

Je suis figée, spectatrice de cire, pendant que l’un des jeunes se débarrasse de sa chemise enflammes.Desmainspuissantesm’attrapentsous lesbraset l’instantd’après,mesonglessont incrustésdanssondos,monnezenfoncédanssaclavicule.

—T’esblessée?Jenepeuxpasluirépondrecarmesyeuxs’agitentdevantlesimagesinvisiblesquidéfilentàtoute

vitesse.Jeresserremonétreinteetmespaupièressonttellementserréesqu’ellessouffrent.—Sin,çava?Jeme détache de ce corps imposant et lève la tête pour voir à qui il appartient. Jolan bien sûr,

toujoursprêtàmepeloterlegarçon.Sonregardestinquietetpassedubarbecueàmoi.—Çavamerci,tupeuxmelâchermaintenant.L’incident est terminé, j’ai flippé pour rien. Il n’y a que la chemise qui a péri. Quelle chance !

J’aperçoisdeloinOldetBrennanquimeregardentendiscutantetj’ailesentimentqueBrennanluiparledemesbrûlures.Aucund’euxn’aabordé le sujet après le fameux jeudi soir ;mêmesi je leuren suisreconnaissante,jesaisqu’ilsseposentdesquestions.J’aiencoremerdé,bordel.

JemeretourneversJolan,etildoitliredansmesyeuxquec’estlemomentdemenoyerdanslesexe.Oudansladanse.Lesdeuxsontlesbienvenus.

—Viensdanser,Sin.—OK.Tantpispourlehot-dog.QuandilappuiesurPlayetqueTempératureretentit,meslèvress’étirent.De«profonds»souvenirs

remplacentceuxquimehantentdepuisquelquesminuteset l’excitationmonte.Onreproduit lesmêmes

pasqueceuxduréveillon,saufquecettefois,quandsaqueues’enfoncedansmondosetquesonsoufflecaressemescheveux, aucune sonnerienenous interrompt.Notredanseest si langoureuse, les contactssontsipoussésquej’ail’impressiondem’envoyerenl’air.Quandilmeretournefaceàluietpassesamainsousundemesgenouxpour le fairepasser sur sahanche, songlandappuiedirectement surmonclitorisetjeposeungémissementcontreseslèvres.Samainestfermementcaléesurmesreinsetjemecambreenarrièrejusqu’àcequemescheveuxfrôlentl’herbegrasse.Jelâchesamainettendsmesdeuxbrasenarrière,pendantquelesiensefaufilesousmontee-shirtpourcaressermapeau.Ilneréagitpasquandsesdoigtspassentsurlapartiebrûlée.Aufuretàmesurequejeremontejusqu’àlui,sesdoigtsserapprochentdemesseins.Ilpassesamainsouslabaleinedemonsoutien-gorgeetquandilmepinceletétonetmalaxemonseindesagrandemainchaude,nosnezsontcollés.Unméchantréflexeincontrôlables’emparedemoietj’aspiresalèvresupérieureentrelesmiennes.Chaudeetpleine.Deuxmalheureusessecondes.Quandmoncerveaupercute, il estdéjà trop tard. Jeme reculecommes’ilm’avaitgifléeetparsencourantverslamaison.

Putaindeputaindeputain.Jeviensdel’embrasser.J’auraitenuvingtansetcinqmois.Lemalestfait.Jeviensd’embrasserungarçonpourlapremièrefois.Obligéedel’assumer,çaetlapromessequivaavec.

Chapitre30—Erin

—Làtutournes,puistuplies.Lève,lève,tourneencoreetplie.Jelaregardereproduiremesmouvementsavecuneconcentrationinfaillible.—Tonbrasdoitêtreplustendu,Sin,ettonpoucecommeça.—C’estboncommeça?—Parfait.Allez,maintenanttufaisunronddejambe,tutournesettubloques.C’estunplaisirdelavoirdanser.Ellechangetotalement,sonvisagegrisetfermésetransformeetje

voiscellequ’elleestaufondetqu’elledeviendrapleinementquandelleseralibre.—Super,onatoutvu.—Déjà?—Sin,çafaitdeuxheuresquejetemontretoutcequej’aiapprisaujourd’hui.JesuiscrevéeetPaul

nevapastarderàvenirmechercher.—OK.Jemesenstellementmalàl’aisevis-à-visd’ellequej’enailecœurserré.Maisj’aibesoindeces

momentsàmoi,pourrespireretfairelepoint.Saufque,mêmequandjesuisloindecettemaisonavecPaul,jenepeuxpasm’empêcherd’angoisser.Jenelelaissejamaism’emmenerhorsdelaville,jerefusetoutessespropositionsdeweekendsenamoureux.Ilsedoutedequelquechose,mêmes’ilnepeutpasimaginerl’origineduproblème.Jeluiaipromisquejen’étaispasendanger.Cequin’estpasSoncas.Un jour, s’il estdignedeconfianceetqu’il est toujoursàmescôtés, je lui raconterai,mais seulementquandj’aurairéuniassezd’éléments.

—Arrêtedetetracasser,Erin,etprofitedetasoirée.Ellecoupecourtàmesdivagationsetjelaregardes’étirer.Jenecomprendstoujourspascomment

ellepeutm’aimer.Elledevraitmedétester.—T’asprisdescapotes,aumoins?—Arrête,cen’estpascommesionsesautaitdessusàchaqueinstant!Onyvatranquille,jeveux

êtresûredelui.—Vraiment?Nemedispasqueluiettoivousn’avezpasencore…—Findeladiscussion!—Allez,faispastaradine,jeviscegenredetrucsàtraverstoi,partageunpeu!Ellenel’apasfaitexprèsmaiscetteremarquemetoucheetelles’enrendcompte.—Tusaisquecen’estpascequej’aivouludire,Erin.J’observecettejeunefilletropminceetjefaislebilandecequiauraitdûêtresavie.—Onpartira,Sin.C’est lapremière foisque je le dis àvoixhaute et la surpriseque je lis sur sonvisagemevexe.

Après tout, je ne peux pas encore le lui promettre mais j’ai besoin qu’elle y croie. Parce que j’irai

jusqu’auboutpouryarriver.Jelerépèteencoreunefois,pluspourmoiquepourelle.—Onpartira.—NonErin,pastoi,moi.Seulementmoi.—Jamais,tum’entends?Nosplacesàtoietmoisontensemble,unpointc’esttout.—Quelleplace,Erin?Jen’enaiaucune.Ettunepeuxpasperdrelatienne.Çanevautpaslecoup.—Jet’interdisdedireça!Jesuislà,moi,ettaplaceestici.Jeluimontremoncœurpourqu’ellecomprenne.Elledoitréaliserqueleurcomportementnedoitpas

influencerquielleest.—Promesse.—Vatefairevoir.—Promesse!—Distoujours.—Promets-moidenejamaispartirsansmoi,Sin.Toietmoic’estpourtoujours.Promesse?Jelaprendsdansmesbrasenymettanttoutemaforceetjelaserreencoreplusquandj’entendssa

voixdoucedansmonoreillememurmurercedontj’aibesoinpourcontinuer.—Promesse.Nospetitsdoigtssetrouventnaturellementetscellentnotrepacte.—Allez,dégagemaintenant,tuasquelquesdoigtsàrencontrer.Jesorsdesachambreensecouantlatête.Jenefaispasunbruitetredescendslesescalierstorduset

inégauxpour rejoindre l’étageplusconfortablede lamaison.Celuioù se trouvent les chambreset lessallesdebains.Quand jepassedevant sa chambre, je nepeuxpasm’empêcher de laisser traîner uneoreille.Elleestencoreentraindeparlertouteseulecommelasalepsychopathequ’elleest.Etj’aibiencomprisqueplusletempspasse,plusçaempire.C’estpourçaquej’aipeur.

Jemetsunedernièretouchedeglosssurmeslèvresquandj’entendslavoituredePauls’arrêter lelongdelamaison.

—Paulestlà!Je déteste qu’ils le fassent entrer. Jem’empresse de descendremais il est déjà dans l’entrée, son

sourireangéliqueaccrochéàsabouchefine.Cegarçonestundonduciel.Jeletireparlamainpourluifairecomprendrequejeneveuxpasresterpluslongtempsici.Lesvoirsecomportercommeçamefaitvomir.

Maportièreclaqueetjerespire.Maislasoiréepassesivitequ’ilestdéjàl’heurederentrer.Surlechemin du retour, au travers du rideau de pluie qui s’abat depuis hier et malgré l’éblouissement desphares qui arrivent en face, il me semble reconnaître sa voiture. Je me déboîte presque le cou pouressayerdevoirquiestauvolant,sanssuccès.Undoutem’assaille.

—TupeuxaccélérerunpeuPaul,s’ilteplaît?—Qu’est-cequisepasse,Erin?Jenerépondspasetsautepresquedevoiturequandilremontel’alléedelamaison.Jepousselaported’entréeunpeutropbrusquementetelleclaquecontrelecadreenboisaffichant

unephotodefamille.Quelleblague.Jegrimpelesmarchesquatreàquatreettrouvesachambrevide.—Papa!—Jesuislà,Erin.Jecoursjusqu’àlabuanderie,manquantdeglisseràdeuxreprisesavecmeschaussurestrempées.—Elleestoù?—Quiça?—Sin!—Tamèrel’aemmenéefairedescourses,jecrois,quelquechosecommeça.

Quelquechosecommeça?J’hésiteentredébile,aveugleoutarécommeadjectifqualificatif.J’ailecœurquibatdanslesoreillesquandjeretourneàlavoiture.Jeviensdelescroiser,ellesne

doiventpasêtreloin.—Prête-moitavoiture,Paul,j’enaibesoin.Jetelaramènevite.—Quoi?Tuasunproblème?—Vite!Ilvoitàmatêtequejeneplaisantepasetsesyeuxfontdesallers-retoursentrelamaisonetmoi.—Jenetelaissepaslavoiture.Jeconduis.Jenepeuxpaslelaisserm’accompagner,passi,commejelecrains,ellevarecommencer.—Jet’enprie,descends.—Non.Merde,jen’aipasdetempsàperdrealorsjegrimpeetluimontreladirection.Mespiedss’agitentau

furetàmesurequeleskilomètresdéfilentsansqu’onlesrattrape.Lapluieetlebrouillardsemêlentauxarbressinistresetjepriepourlaretrouveravantqu’ilsoittroptard.

Chapitre31—Jolan

—EtalorsmonpetitJojo,c’estchaudentreSinettoi,dis-moi.Ilm’attrapeparlesjouesetsortsalanguepourmeroulerunepelle.—DégageCharly!Je décapsulema bière avec un briquet qui traîne,m’assieds sur une chaise et ramènemon genou

contremon torse. La fraîcheur qui se répand dansma bouche à chaque gorgée calme le feu qu’elle aallumé.Unedindes’approcheengloussantetfaitunetentativepours’asseoirsurmesgenoux.Jegardeleregardauloinetlegenoulevé,sibienqu’ellefinitparabandonnerets’éloigne.Avecmonautremain,jefaistournerlamolettedubriquetetbrûlelesfilsdemonjeandéchiré.Ellen’estpasencoreressortiedelamaison et jeme demande bien ce qui lui a pris de s’échapper comme ça. Je recommence à croirequ’elleestfolleàlier.

—Tamèrem’ademandédetesnouvelles,Jolan.Jemanquederecrachermabièrequandj’entendslavoixdecepetitenfoiré.Jelâchelamaisondes

yeuxetmeretourneverslui.—Tufaisdanslavieilleputemaintenant,Kyle?J’aperçois le regardsévèred’Olddansmapériphériemaiscontinueàdéfiercettepetitemerdede

Kyle.—J’espèrequetuluiasditquej’étaisledignefilsdesamère.Quoiqu’elleaundébitassezdurà

égaler…—Jedevraispeut-êtredemanderàtacopinelà-bassituluidonnesunpiedcomparable?Je suis la direction de son doigt et remarque Sin en pleine discussion avec Lazer. Je porte

machinalementlesdoigtsàmalèvre,ysentantencoreladouceurdesabouche,etj’imaginecettemêmedouceurplusbas,montantetdescendantlelongdemaqueue,sapetitemainfermecaressantmesboules.Putain,jesuisunobsédéetellemefaituneffetdefou.JemeretourneversKyleetfrotteouvertementmabraguette.

—Tupeuxtoutesleurdemandermonpote.Surcesdernièresparoles, jemelèveenlebousculantd’uncoupd’épauleetcoursverslamaison,

essayant de faire abstraction dupylône qui fourmille entremes jambes. Je tâtemapoche arrière pourvérifiersoncontenu.Ilmetardedemettrelamainsurelle.Ouplutôtenelle.Jeretrouvel’excitationdemes premières baises à son contact, alors autant dire que ça fait un bail. Je la repère en train de sepencherpar-dessusuncomptoiretjefondssurelle,mesmainsdepartetd’autredessiennes.Quandsespiedssereposentausol,sesfessesrebondiesaccueillentmonérectionet j’appuieunpeuplussursoncorps.Ellesouffle,maisalorsquejepensequec’estpourpartagermonexcitation,elleseretourne, latêtebaisséeetjenevoisquesonfrontplissé.

—Laisse-moipasser,Jolan.

—Tum’aschauffétoutàl’heureenremuanttoncorps.Tunepeuxpasmelaissercommeça.Jeladétailleenimaginanttoutcequej’aienviedeluifaire.—Si,jepeux.—AllezSin,onprendnotrepiedensemble,onestsurlamêmelongueurd’ondetouslesdeux.Jesuis

sûrquesij’enfouisundoigtici–etendisantçamamainestdéjàentraindesefaufilerdanssaculotte–tapetitechattenemecontredirapas.

Monindexglisseentreseslèvreshumidesetseposesursonbulbechaud.Jefixesesyeuxquisesontrelevésverslesmiensetjen’ylisrien.Strictementrien.Prisaudépourvu,j’enfonceunpremierdoigt,puisundeuxièmeplus loin,maisellene réagit toujourspas.Elle reste impassibleetquandellebougeenfin, c’est pour tirer surmonpoignet et dégagermamain de son intimité. J’essuiemes doigts sur sapoitrine;lesbattementsdesoncœursonttellementfortendessousquejem’interrogesursacapacitéàrestersicalme.

— J’ai jamais eu l’intention de devenir ton plan cul régulier Jolan. Maintenant lâche-moi, Seanm’attenddanslavoiture.

—Tuvastelefairesurlabanquetteluiaussi?—T’espassérieusemententraindefairecequejecroisquetufais,là?—J’aihorreurqu’onmedisenon,Sin.—T’enaspleiniciquitedirontoui,jenem’inquiètepaspourtaqueue.Jesuissidéréparsonrevirementsoudain.Ellejouemonrôleàlaperfectionetseretrouverfaceàsoi

estfranchementdésagréable.Jesuisungrosconnard.Maisunconnardquiatoujourslescouillespleineset quand Sin passe sousmon bras et sort de lamaison, je suis bien obligé de trouver un autre trou.Frustré,jerespireparlenezcommeunbuffleenrutetmonœilvifseposesurladindedetoutàl’heure.Quandelle captemon regard sexuellement explicite, elleme fait un signede tête etdisparaît dans lesescaliers.Jesuisprèsd’elleendeuxsecondes.Alorsqu’ellem’entraîneversunechambreentrouverte,jelapoussedansleschiottesetrefermelaported’uncoupdetalon.Elles’apprêteàparlermaisjecollemamain sur sa bouche maquillée avant de la retourner d’un mouvement brusque. Je la mets à laperpendiculaire, relève sa jupe en cuir jusqu’au milieu de son dos, décale son string de quelquescentimètresetaprèsavoirrécupérémonmatérieldanslapochearrièredemonjean,jem’enfoncesifortquemesboulesfrappentseslèvrestrempées.Putain,cettefillemouilleplusqu’untuyaud’arrosage.Jesenssonsuccouler le longdemaqueueetdégouliner surmescuisses.Trèsvite sachair secontracteautourdemoiet sesgémissements s’accentuent àmesureque je labourre. J’ai envieà la foisqu’ellehurleetqu’ellesetaise.

J’aimeavoirlecontrôlemaisjedoisêtrehonnêteavecmoi-même,dernièrementc’estSinquiaprisledessuset j’aiadoréça. Jepenseencoreàelleetune imagemepassedevant lesyeux,celledesoncorpsassissurceluideSean,sondosnuetsuantappuyécontrelevolantpendantqu’illafaitsautersursaqueue,sesdeuxmainssursesseinsrondsetchauds.Lesouvenirdesoncridejouissancesesuperposeàceluideladindeetjejouisàcoupsdelongsjetsopaques.Jefaisunnœudàlacapote,lajettedansleschiottesetsuisdéjàdanslecouloiralorsqueladinderemetàpeinesajupeenplace.

Cen’estpaslapremièrefoisquejebaiseenpensantàelleet jesaisqu’ilfaudraquejelaprennedanstouslessenspourpouvoirpasseràautrechose.Lesfemmesn’ontqueçaàm’offrir:corpsetvaginetjedésireceuxdeSincommeunputaindepuceau.

J’aiététémoindel’effetquejeluifais,sonhumidité,sonpouls,sesseinsquisetendentversmoienmesuppliantdelespresseravecardeur.Ellepeutjouerlacomédieàtoutlemonde,jeconnaiscelangagemieuxquequiconque.Etpeuimportelamanière,jeveuxlaremplirencore.

Chapitre32—Sin

Jeclaquelaportedel’entréeetlancemonsacsurlelit.J’ail’espritquibouillonne;sijerestesansrienfaire,jevaispenser.Etjedétesteça.Quandjecommenceàfairelepointdelasituation,letempssefigeetseptembremesembleinatteignable.J’aiduplombdanslapoitrineetjesuisobligéedeprendredegrossesinspirationspouroxygénermoncerveauquitangue.J’enfoncemesonglesdansmoncuirchevelu,mesdentsserréesprêtesàsecasser.Dansdesmomentscommeça,j’aiunetellecolèrequiremonteenmoique jepourraishurler jusqu’à enperdre lavoix.Crisedenerfs, crisedenerfs, crisedenerfs. Jetraversel’appartementdanstouslessensetfinisparm’accrocherauplandetravail,serrantmesdoigtsautourduboisdetoutesmesforces.JelahaisdenepasavoirtiréplustôtetElle,jeLahaisdem’avoirchargéeavectantdedettes.Sanstoutça,jeseraisdéjàlibre.EtElleseraitsûrementencoreenvie.

C’est dans ces instants-là que j’oscille entre deux besoins. Celui de danser sans faire de pausejusqu’àtomberd’épuisementlabaveauxlèvres,ounoyermoncerveaudansdesexaltationscharnelles.QuandJolanestvenume trouverchezOld, j’ai ravaléma tension sexuelleet cruquemoncœurallaitexploser.Repenseràsesdoigtsenmoimeprocuredescontractionsdanslebasventreetjeregretteraispresque de l’avoir envoyé bouler. J’ai envie de lui, peut-être plus que de n’importe qui jusqu’àmaintenant et depuis que j’ai dansé avec lui, c’est encore pire, je ressens un besoin irrépressible derecommenceretçanefaitquerenforcermonattirancepoursoncorps.Jeneveuxpasdelui,maisj’aisoifduvidequ’ilprocureenmoi.Jepourraismelaisseraller,soulagéequ’ilnechercherienau-delàdesonpropreplaisir.Pourtant,jenecéderaiplus.Maintenantquejel’aiembrassé,ilaunpouvoirsurmoiqu’iln’imaginepasetjenelelaisseraipasdécouvrirmesfailles.

Quandmagorgeestsuffisammentirritéeparladizainedeclopesquejeviensd’écraser,jemetraînejusqu’à la salle de bain et allumemon enceinte portable pourm’assourdir demusique. Je choisis lepremiermorceau sur lequel j’ai dansé avec Jolan aujourd’hui ; quandTempted To Touch démarre, jem’allongesurlebanc,l’eauchaudedeladouchemerecouvrantenunepluiefine.Jelaissevalsermespensées au rythme du souvenir de notre chorégraphie langoureuse et je dérape doucement vers sescontactspluspoussés.Àl’imagedesamainsurmonsein,jemecaresselapoitrine.Quandjerepenseàlasensationdesesdoigtss’agitantenmoi,mamaindescenddoucementetjelaissemesfantasmesbrûlantsprendrelecontrôledemoncorps.

Enfin,jenepenseplus.Jesuisbrisée.J’entends laportede la salledebain s’ouvrirdansungrincementet je saisqu’il est là. J’entends

seulementsarespirationsaccadée,commes’ilavaitmontélesescaliersencourant.Sesbasketstombentsurlesoletjevoissoncorpsmuscléapparaîtredevantmoi,seshabitsdéjàtrempés.Jemeredresseet,debout sur le banc, je le dépasse d’une tête.Mon corps nu face au sien habillé semble si fragile etpourtant,laforcequim’habiteencetinstantpourraitlebriser.Sabouchearriveauniveaudemesseins,

qu’ilaspiresansattendre,sesmainss’imprimantsurmesfessestremblantesd’excitation.Quandjeposemespaumessursesépaulesilm’attireàluietmeportecontresoncorpsenremontantseslèvrescontremaclaviculeet jusquedansmoncou.Mongémissement résonnedansmagorgeet fait échoà son râleprimitif.Dégoulinants,ontraverselasalledebainetlecouloirjusqu’àsachambre.Ilm’entraîneavecluiet nos corps tombent lourdement sur ses draps gris qui se gorgent d’eau. Sa langue est partout, danschaquerecoindemoncorpstrempé,provocantdespicsdeplaisirdansmesreins.Mesdoigtsfroissentsesdrapsaurythmedesesgesteshabiles.Seshabitsluicollentàlapeauetquandils’endébarrasse,ilsatterrissentsurlesoldansunbruitmoite,enéchoaubruitquefontseslèvressurmonnombril.Ilremontesa tête au niveau de la mienne, en traçant un sillon humide avec sa langue, puis ses yeux noirs metranspercent.

—Embrasse-moiencore.Jedétournelatêtepourluisignifiermonrefus.—Sin,embrasse-moi.—Non.—Çanechangerariendetoutefaçon,ilsuffisaitd’unefoispourquetusoisàmamerci.Quoi?Commentpeut-ilsavoirça?J’essaiedemeredressermaisilm’enempêche.—Qu’est-ceque…—Dis-le-moi,Sin,tuaspromisàErin.—Commenttu…Lapaniquemegagneetlepoidsdesoncorpsestsoudaintroplourdàsupporter,maisjeneparviens

pasà le repousser.Lesdrapsmouillésm’entraventet jemesenspriseaupiège,alorsqu’ilcontinueàcherchermeslèvres.

—Arrête!—Sin.Sin.Sin.Parpitié,entendrecemotquipèseunetonnem’enserreunpeupluslagorgeetl’eauquidégoulinede

ses cheveux s’engouffre dansmabouche. Je gesticule et finalement son corps s’éloigne.Libre demesmouvements,jeroulesursonlitettombelourdementsurlesol.

—Aïe!Le réveil àmême le carrelagede ladouche est violent.Putaindemauvais rêve…Il avait si bien

commencé.Quoiqu’il en soit, il aura aumoins eu leméritedem’épuiser.Sonnéepar la sensationderéalité qui en émanait, j’ai la tête qui tourne. J’enfilema culotte et un simple tee-shirt etme hâte derejoindremonlit.Cettejournéedoitviteseterminer.Quandj’arriveauboutducouloir,jesursauteenlesvoyanttousassisdanslesalonetj’enlâchemonenceintequiroulejusqu’àsespieds.Bordel.Leursyeuxmedétaillent,pauvrefillesetrimballantàmoitiénuedansunappartementàforteteneurentestostérone.Ilmetendl’amplisansunregardetsansrienajouter,jemefaxedansmachambre.

Jemeblottisentremescoussinsetpassemachinalementlamainsouslematelas.Quandmesdoigtsrencontrent la couverture râpeusedeSoncahier,un frissonmemord lebras. Je les connais toutesparcœur,cellesquej’aidéjàhonoréesetcellesqu’ilmeresteàteniravantseptembre.Uneenparticulier,ladernièreetlaplusimportante.

Leminusculebaiser avec Jolann’aurait jamaisdûarriver et lapromessequi endécouleauraitdûresterunesimplephrasedanscemauditcahier.

Chapitre33—Jolan

Àforcedeneplusressentirpersonne,cequepeutprovoquerSinchezmoiencetinstant,alorsquejelavoistraverserlecouloirentee-shirtetculotte,medésarçonnecomplétement.

—Est-cequequelqu’unaréussiàensavoirplussurelle?Brennanfixelaportederrièrelaquelleelleadisparu.—Jolandoitconnaîtrepasmaldedétails,pasvraimonpote?—Jeneparlepasdeça,Charly.Lylianem’apasrépondu,jesaisqu’ellealumonmessageetjene

comprendspaspourquoiellefaitlamorte.—Jenevoisvraimentpaspourquoi tu teposesautantdequestions,Bren,depuisquand tu fais la

commère?Ilmeregardeetjevoissespenséessebousculerderrièresoncrâne.—Laisseztomber,j’avaisoubliéquevousn’étiezintéressésqueparvospetitespersonnes.—Oh,arrête!Àvrai dire, jemeposedeplus enplusdequestions à son sujetmais là j’aimerais surtout savoir

pourquoielleneveutplusdemaqueue.Merde,lesgonzessesn’attendentqueça!

—Oldm’aditqu’onpouvaitpasserlevoirpourdiscuterdespassagessurlesquelsonbloque.Ilaquelquesidéesetilpense,commemoi,àagrandirlecrew,mêmesic’estseulementpourleshow.

Carlosesttoujoursàfondetc’estuncôtéquej’aimeparticulièrementchezlui,maiscesoirjen’aipasenviedediscuterduDOTY.Çafaitunmomentquejen’avaispasressentilebesoindedessineretsansexplications,jemelèveetm’enfermedansmachambre.Cen’estquelorsquelesrayonsdusoleilfiltrententremesrideauxquejem’endorsentraversdemonlit,mesdoigtsnoirsdegraphite.

***

—Oùest-cequ’ilest,bordel?J’ouvretouslestiroirsdelacuisine.Sanssuccès.—Unproblème?Jemeretourneverselle,surprisdelatrouverdansmondos.Quandellevoitmonvisageelleéclate

derire.—Quoi?—Rien.Ellemetenroutesacafetièrediscountetjenepeuxpasm’empêcherdefairecoulermonregardle

longdesacambrure.J’aimeraislaprendrepar-derrièreàcetinstantprécisetcettesorcièredoitliredans

mespensées,carelleseretourneavecunairamusé.—Pannedecafé?—Ouais.Elleattrapeunmugsurl’évieretmeletend,remplid’uneeaunoire.—Ilestdégueulasse.—Jenesuispasdifficile.—Arrêtededireçaàchaquefois.—Tutesensvisé,Jojo?OnsetoiseenavalantnoscafésetCharlymetfinàcetéchangemuet.—Houlà,est-cequej’interrompsquelquechose?Quandjetournemonvisageverslesien,iléclatederireàsontour.—Quoi,àlafin?—Tufaisdesessaisdemoustache?—Qu’est-cequeturacontes?Ilfaitpassersonindexau-dessusdesaboucheetsepenchepourdécrocherlepetitmiroirdumur.

Quandmonrefletmerenvoielesraisonsdeleursrires,jeregardeSinenforçantunrictus.—Connasse.Elle s’éloigne, un sourire collé sur sa bouche ; quelque part dansma tête, une toute petite partie

méconnuemesoufflequesonvisagesouriantestlachoselaplusdangereuseaumonde.—Çafaisaitunmomentquetun’avaispluslesdoigtsnoirsdecrayonmec,tut’esremisaufusain?—Ondiraitbien.Heureusementqu’ilnemedemandepasdeluimontrermescréationsdecettenuit.

***

—Çavalesgars?Qu’est-cequevousvenezfaireici?—OnvientvoirOld.—Ilfaitletourdessalles,vousn’avezqu’àl’attendredanssonbureau.Cet endroitme rappelle tellement de bons souvenirs que jeme demande pourquoi je n’y suis pas

revenuplustôt.Jerevoisencorecommentlesgarsetmoi,onestarrivéslàoùonenestaujourd’hui.—EtLazer,ilestdanslecoin?—IldoittraînerverslasalledeSinàmonavis.Jesuisencoreétonnéd’entendresonnomdanscetendroit.Cettefilles’insinuepartout,maparole.En

traversant lescouloirs, je réaliseàquelpointOldestunepersonne importanteàmesyeux.Cequ’il aconstruiticiestlerefletdecequ’ilafaitavecmoietregardertoutescespersonnesréuniesautourdeladanse,grâceàlui,merendencoreplusredevable.

Perdudansmespensées,jepercuteledosdeCarlosetBrennans’enfoncedanslemien.—PutainCarl,avance!—Regardeça,Jo.Derrièrelagrandevitreplutôtsale,desadolescentesenchaînentdespasdeclassique.—C’estdesgaminesentutumec,depuisquandtut’extasiesdevantcegenredetruc?Allezbouge!—PaslesfillesJo,regardesurlagauche.Jecherchecequipeutbienluidonnercetairsisérieuxetquand,autraversdesbrastendusetdes

pointesjel’aperçois,monfronttapecontrelavitre.—Jecroyaisquec’étaitlehip-hopsontruc.

— Je crois que tu as raison Brennan, finalement faudrait creuser un peu plus. Elle est pleine demystèrescettenana.

Jelaregardeencoreeffectuerdesmouvementsd’uneprécisionetd’unesouplesseincroyable,quandOldposesamainsurmonépaule.

—ElleaacceptéderemplacerSarahpendantquelquessemaines.Elleaplusd’untourdanssonsaccettegamine.Regarde-ladanser.

C’estexactementcequejefais,jenel’aipasquittéedesyeuxdepuisquejel’airemarquée.—Allezvenez,j’ainotéquelquesidéespourvous.Sean,vachercherCharlys’ilteplaît,ildrague

lesdanseusesdelasalleC.Le bureau d’Old est à son image.En désordre et imprégné d’une odeur de clope et dewhisky. Il

s’installedans son fauteuil en cuirmarron,dont lamousse ressort de tous les côtés et grincequand ils’enfoncededans.

—J’aipasmaldiscutéaveclesgarsduDOTYetunechoseestsûre,cetteannéeilsveulentquelquechosequisortedel’ordinaire.Untrucquis’estencorejamaisvu.Leshowdoitgénérerbeaucoupplusdeprofitsquelesannéesprécédentes.Ilsveulentuntrucdefou.

—T’esentraindedirequ’onn’estpasàlahauteur?—C’estpasunequestiondetalentBrennan,c’estunequestiondemiseenscène.Vousmanquezde

matière.Lesautresvontmisersurdegrostableaux.—Donctuconseillesquoi?T’esdumêmeavisqueCarlosalors,fairevenird’autresdanseurs?Il regardeBrennan en souriant et je connais ce visage. Je l’interromps alors qu’il s’apprête à lui

répondre.—TouslesquatreonaunehistoireOld,ondanseensembleparcequ’onestpareils.Onnepourra

jamais exprimer quelque chose avec des inconnus, c’est notre point commun. Je ne veux danser avecpersonned’autre.Pascommeça.

Ilmeregardeetsesyeuxsonttoujoursempreintsdelamêmelueuràmonégard.—Réfléchissez-y,lesenfants.Parfoisonestaveugléspardevieuxsentimentsetonpasseàcôtéde

ceuxquisonttoutprèsetquin’attendentqu’àéclore.—Plustuvieillisetplustoncôtéphilosophedemesdeuxs’amplifie,Old.—Sorslatêtedetonputaindecul,Jolan,etregardeunpeuautourdetoi.—Ah,jepréfèrececôtédetapersonnalité.J’écrasemaclopedanssoncendrierquidébordeetluifaisunsalutmilitaireavantdesortirdeson

bureau.Sesparolesrésonnentdansmonespritetj’aibeauregarderautourdemoi,jenevoisrien.Iln’yaqueSinenfait,assiseseuleaumilieuduparquet,entraind’enleversespointespourenfilersesbaskets.

Chapitre34—Sin

Jevoisleursfrontsmoitescolléscontrelavitredelasalledecoursetmoncœurs’emballe.Qu’est-cequ’ilsfontlà?Depuisquejebosseici,ilsnesontjamaisvenusetvoilàqu’ilssepointentpendantquejedépanneOldenclassique.Unefacettesupplémentaireàdécouvert.

—Jechoisislebrundedroite.—Legrandtatouéesttropexcitant.Jeregardemesélèvesdujouretlèvedessourcilsexaspérés.—Çavaallerleschattesenchaleurouondoitfaireunepause?—Ilssontpartis,onpeutcontinuer.Pourqu’ellescomprennentbienlarigueurdecettediscipline,jeleurfaisenchaînerdescombinaisons

tellementdifficilesqu’ellesfinissenttoutespars’effondrersurleparquetensoufflantcommedegrossesvachesenpleinedélivrance.

—Allez,barrez-vous.Etlasemaineprochainesoyezplusconcentrées.La minute d’après, je suis seule au milieu du parquet et alors que j’enfile mes baskets, leurs

silhouettes repassent derrière la vitre. Ils s’arrêtent net enme voyant et je suis obligée de rire quandCharlycollesonnezcontrelavitreetfaittournersalanguesurcettesurfacedouteuse.

—OnrentreSin,t’asterminé?Monteavecnoussituveux?Pourquoiest-cequej’aienviededireoui?—Non,merciBrennan,j’aiencoredestrucsàfaire.Jemenstellementbienettellementsouvent,queçasortdemabouchesanspasserparmoncerveau.—Ah,OK.Àplustardalors.Jelesregardepartirenmedemandantcequ’ilyadedifférentchezeux.Çafaitdeuxansquejepasse

d’unevilleàl’autreetquejerencontredestasdepersonneséphémères.Certainsontessayéd’ensavoirplus sur moi, mais ils ont tous abandonné très rapidement. Avec tout ce que j’ai pu faire ici, je necomprendspascommentilspeuventencorechercheràmeconnaître.Leproblèmevientpeut-êtredemoi.Maintenant que septembre est si proche, je relâche sûrement un peu la pression. Est-ce unemauvaisechose ? Tant que je nem’écarte pas de l’objectif final, non. Et puis comment le pourrais-je de toutefaçon?C’estlàqu’estmaplaceetilmetardedelaretrouver.

J’enfoncemon bonnet et posemes lunettes surmon nez, avant de sortir à petites foulées. J’avaisprévu de rentrer mais si je pars maintenant je vais sûrement arriver en même temps qu’eux. Pourquelqu’unquinedevaitjamaislescroiser,jesuisservie.

Je décide de rallonger un peu le parcours et terminema course sur le parvis du Central. Je n’aiencorerienreçuconcernantlaprochaineétapeenmars,maisjemesensprête.

Jenevisquepourça.

Quandj’estimequel’heureestsuffisammentavancée,jerentreàl’appartement.Jesuisencoresurlepasdelaporteetjeprofitequ’ilsnem’aientpasaperçuepourlesobserver.Ilsontmislamusiqueàfond,desbièressontposéesdanstouslescoinsetpendantqueCarlosfaitsauterdesalimentsdansunepoêlequifume,CharlyetJolandansentuntangoquiferaitvomirunprofessionnel.

—Siiin!Merde,Charlym’a vue. Sa tête est renversée en arrière et son chignon est presque complètement

défait.D’oùjesuis,jevoisclairementlalueurdanssesyeuxrieurs.—Viensparlà!Ilsejettesurmoietm’arrachepresquelesmainsenmetirantaumilieudusalon.Ilmefaittournersi

vitequ’ilestimpossibledemedéfairedesonemprise.—Attends!J’essaiedel’arrêtermaisentresaforceetmonfourireinattendu,jen’yarrivepas.Résignée,jejoue

son jeuetnousvoilàpartis. Ilestplusdouéque je lecroyais.SonstyleestcomplètementdifférentdeceluideJolanmaisjedoisreconnaîtrequ’ilauncertaintalent.Tandisquejesautesurlefauteuiletmejettedanssesbras,ilréaliseunportéplutôtpasmal.Ilmefaitglisserentresesjambes,mefaittournersurmoi-même et quand il a le dos tourné, j’en profite pourmemettre à l’abri dans la cuisine, entreCarlos,sespoivronscuitsetleplandetravail.

—Tempsmort!Jesuisessouffléeetendoloried’avoirri.Ilfautdirequejeneconnaissaispluscegenredesentiment

depuisunsacréboutdetemps.—Pouletbasquaiseavecquatredieuxdeladanse,t’eschaude?—TusaistemontrerconvaincantCharly,tum’impressionnes!—Etencore,attendsdevoirsousmontutu,làtupourrasdirequejet’impressionne.—Charly,arrêtedefairedespromessesquetunepeuxpastenir.—Brennanaraison,enplustusaisquepasseraprèsmoic’esttoujoursdifficile.QuandJolanditça,jeréalisequ’ils’estfaufilédansmondosetsonhaleinebière/clopemechatouille

lespiercings.Non,non,non,j’avaisréussiàoublierl’effetdesaqueuenichéeentremesfesses,va-t’endelà.Maiscontrairementàd’habitude, ilsecontentedemefrôlerpourattraperunenouvellebouteilled’alcooletretournes’asseoirdanssonfauteuil.C’estexactementcequejesouhaite,plusloindemoiilse tiendra,moinsdechance ilaurademepercerà jour.Pourtant, lavoixde ladéceptionessaiedesefaireentendreaufonddemoi.

—AvoirunegrandequeuenefaitpastoutJolan,pasvraiSin?T’enpensesquoi?—OhputainCharly,onvapassérieusementavoircegenredeconversation?Carloséclatede riredansmondosetmedonneuncoupdecoudepourme tendreunecuillèrede

sauce.—Alors?—Jevotepourdestalentsdecuisinier!Ça,çafaittout!J’ai toujoursécopédesvieux restes séchésde l’avant-veille, saufquandErinparvenaitàme faire

passerunepartiedesonassiette.Mais l’autren’étaitpasstupideetelle faisait toujoursensortede labloquer.

Jem’allumerapidementunecigarette,espérantquecessouvenirsseconsumentenfin.—C’estquandtaprochaineépreuve,Sin?—AucuneidéeCarlos.Etvous,c’estquoivotretrucavecleDOTYexactement?—Onamoyendefairedegrosshowsdanstoutlepaysmaisavantça,ilfautfairefureurauDOTY.

C’estledeal.—Vousl’avezdéjàgagné,ilsveulentquoideplus?—Ah,merciSin,jesuistoutàfaitd’accordavectoi!

Charlys’estassissurlecomptoirettrempesondoigtdansunverredebière.—Çafaitdeuxans,ilfautprouverqu’onesttoujoursautop.C’estcommeçaqueçamarche.Charlym’aspergedebièreavecsesdoigts,avantdereprendre.—Situgagnes,ceserapareilpourtoi.Onseraunpeutesmodèlesaufinal.Jesouris,affichantcettegrimacedefaçadequejemaîtrisesibien.Ilnes’endoutepas,quileferait,

maisjen’aipasbesoindegagnerleDOTY.Onmangetousensembleautourdelatablebasseet,d’aussiloinquejem’ensouvienne,çanem’est

jamaisarrivé.C’estagréable;pendantuninstant,j’ail’impressiondevivrecequ’Erinmeracontaitdesrepasavecsesamis.JemesenssuperposéeàElle,c’estdanscesmoments-làquejesuisbien.JesuisElle.

J’avale ledigestifqueBrennanme tendavantde les laisser.Carlosm’attenddans le couloir et jen’aimepasdutoutsonair.

—Hey,Sin,tuterappellesquetumedoistoujoursunservice?

***

—Non.Ilmeregardesansciller,pensantquejevaisflancher.Iln’imaginepasàquelpointjesuisblindée,un

vraichar.S’ilcroitmeconvaincre,ilsemetledoigtdansl’œiletleressortparsoncul.—Non.Jemerépèteuneénièmefoisetilneréagittoujourspas.Aprèsl’épisodedevantlasalledebain,il

estrevenuàl’assautdanslacuisinelelendemainetàl’associationtroisjoursplustard.—Putain,Carlos, je te jure que si tu continues àme harceler, je vais te casser le nez. J’ai plein

d’idéespouryparvenir.—Sin,jenecomprendspaspourquoiturefuses,c’estjusteuncoupdemainsurquelquessessions.

J’ai bien compris que tu ne voulais pas danser avec nous,même si je pense qu’on ferait un showdemaladetousensemble.

Jeleregarde,lamainsouslementon,saouléeparsesparolesrépétitives.—Jem’enfousdecequetupenses,Carlos.Jedanseseuleetjen’aipasletempsdevousfilerun

coupdemain.Tupeuxcomprendrequel’enjeuestimportantpourmoi!—OK.—Tum’asfaitunmixgénialCarl,et je t’enremercie.Maisceque tumedemandes là,c’est trop

pourmoi.Jenepeuxpas.—OK.Situchangesd’avis,oubiensituveuxjustevenirnousregarderpourtechangerlesidées,on

répètesoiticisoitdanslessous-solsduCentral.IlsortdelasalleetmoncôtéMèreTeresaentreenguerrecontremonautrecôtéplussombre.Mais

c’estsouventlemêmequigagne,cesdernierstemps.Jefermelaporte,tirelesrideauxpouréviterlescurieuxetjedanse.Jevis.Jesuis.Quandmontéléphonem’informequ’ilestl’heurederentrer,jereprendsmonsouffleenmeregardant

dans les grands miroirs. Sans m’en rendre compte, je me suis rapprochée de celle qui me dévisage,étonnéeparcertainsdétailssursonvisage.

—Jeteramène,Sin?Jesursautecommesimonrefletm’avaitdit«bouh»etjeramassemonsac.—OuaisSean,OK.Jem’engouffre dans sa voiture, perturbée. Je sens que quelque chose cherche à émerger et j’ai la

trouille. Rien ne doit venir me gêner. J’abaisse le miroir de la voiture et je me rassure en notant

mentalement tous lespointscommunsque j’aiavecElle.LavoixdeSean résonneensourdine ; jemetournefinalementversluiquandjesenssesdoigtspincermacuisse.

—Çatediraitdesortir?—Quandça?—Benmaintenant,enfincesoirquoi.Merde, voilà qu’il remet ça. Fini les excuses, autant être honnête. Enfin, juste un saupoudrage

d’honnêtetéévidemment.—ÉcouteSean,jenesorsjamaislesoir,prendsçacommeunephobiesituveux.—T’aseuunproblème?J’veuxdire,uneagressionouuntruccommeça?—Untruccommeça.Jeseraiscurieusedeconnaîtresaréactions’ilapprenaitcequiadéclenchécetteangoisse.—Vienschezmoialors?Tupeuxresterdormir.—Bienessayé,maisnon.Je pourrais m’envoyer en l’air avec Sean. Il a un corps d’enfer et j’ai déjà aperçu sa braguette

souffrir sous le poids de ses attributs.Mais il a ce côté sentimental qui pue à deux kilomètres. Si onbaise, il nevaplusme lâcher. J’ai déjà réussi àmedébarrasser de Jolan, alorsonva éviter les garscommeSean,encoreplusdangereuxd’unecertainemanière. Ilest tropéquilibrépourune fillecommemoi,ilfiniraitparserendrecomptequequelquechosecloche.

—Jepeuxpastediredevenirmangeràlamaison,onestjeudisoiretc’estlasoiréedeCharlycettesemaine.

—Ah,lefameuxjeudisoir.Depuis l’incidentavecJolan, j’ai toujourspu resterà l’appart les jeudis. Ils tolèrentmêmeque je

sortedemachambredetempsentemps.Quelhonneur.Jedevraisquandmêmesongeràorganisermonproprejeudisoir…

—Vousvoilàchezvous,machère.Quandmamains’apprêteàactionnerl’ouverturedelaportière,nostéléphonessignalentunmessage

simultanément.Onseregarde,devinantl’expéditeur.**03/03CENTRAL9H00–Prenezvosmix**—Le3,sérieusement,maisc’estquoi…—Après-demain.Jesorsdelavoiture,l’espritdéjàoccupéparcetteprochaineétape,quimerapprocheraunpeuplus

delafinale.

***

Jevoisleursvisagessedécomposerquandilsserendentcomptequ’onvatousdevoiréchangernosmusiques. À ce stade, il y a encore une trentaine de crews et seulement la moitié pourra accéder àl’épreuvedejuin.Jesuisconfiante,aucontrairedeSoniaquitourneenronddanslecouloir.

—C’est vraiment pas cool, ils nous préviennent deux jours avant, on peut ramener nosmix doncnickeletlàbim,enfaitonlesramènepourlesfilerauvoisin.Faitchier,faitchier!

—Détends-toi,c’estl’histoirequicompte,pastantlamusique.—Sin,c’estàtoi!Commeendécembre,lejuryestaupremierrangetlescrewsquiontdéjàperformésontinstallésplus

haut,dansl’obscuritédestribunes.J’aipuécouteruneseulefoislemorceauavantmonpassageetjesuisconfiante.J’aitoutcalédansmatête,ilesttempsdetoutdonner.

Quandcetteétapeestfranchieavecsuccès,unenouvelleportesedéverrouilleentreElleetmoi.

Jedévale lesmarches.Mêmesi j’aimerais l’ignorer jenepeuxpas,ellemefaitpeineàpleurersi

fort.—Sonia,calme-toi.Jet’aitrouvéetrèsbonne,lesautresontmerdéplusieursfois.Voilà pourquoi danser seule c’est la vie, impossible de trouver d’autres danseurs sur la même

longueurd’ondequesoi.Aufinal,çadonneunfoiragetotalcommeceluideSoniaetsoncrew.Bilan:éliminés.

—Mesparentsvontsefaireunejoiedemerabaisser.Jesavaisqu’enacceptantdeleslaisserpayerlesfrais,jem’exposaisàleursjugements.Ilsvonts’endonneràcœurjoie.Putain,jepeuxpaslecroire.J’ycroyaisSin,j’ycroyaistellement.

—TudansessuperbienSonia,tuvasrapidementrebondir.Etpuisilyad’autresmoyensdepercerqueleDOTY.

—Je sais,mais ce concours est spécial pourmoi. Je suis dégoûtée, jemisais énormément sur ceDOTY,j’avaisprévudemontrerbeaucoupdechosespendantletableaufinal.Deschosespersotuvois.

Ses sanglots redoublent pendant que je descends quelques marches et je prends une grosseinspiration.Ça suffit Mère Teresa, retourne au fond de mes tripes et restes-y. Tu ne dois pas êtretouchéeparcegenredeconfessions.Netemetspasàsaplacebordel!

Jem’arrêteenserrantlepoingetmeretourneverselle.—Tupourraisessayerd’intégrerundescrews«horscompét’»duDOTY?— Impossible, ils sont tous calés grave, ils prendraient jamais une gamine commemoi, sortie de

nullepart.Uncombatsanglantsejouedansmoncorps,entremonombreetmalumière.EntremoncôtéSinet

mon côté Erin.Je fais glisser mon doigt tremblant sur l’écran de mon téléphone et après plusieurshésitations, je choisis le numéro deCarlos. J’ai fini par l’enregistrer depuis qu’il s’est servi dans leportabledeBrennanetqu’ilm’aenvoyéplusd’unedizainedemessages.

—Diosmios!Tusaisutilisertontéléphone,Sin?—TudevraisvitelafermerCarlos,jet’appellepourcefameuxservicequejetedois.

Chapitre35—Jolan

—Carlos,qu’est-cequetufous?Luiquiestd’ordinairederrièrenousàchaque instantcommeunvieuxsadiqueestcomplètementà

l’ouest aujourd’hui. Je recommence le troisième enchaînement en incorporant deuxmouvements au solsupplémentaires.Aumomentdecalermonfliparrière,j’entendslaportedelasalles’ouvriretjevoisCarlos sauter de la scène. Aveuglé par les lumières des projecteurs, je ne distingue pas à quiappartiennentlesdeuxsilhouettesquisontentrées.

—Salut!Jenereconnaispascettevoix,maiscettepetitepoitrinefermemériteunaccueildespluschaleureux.

J’approcheenmodeprédateuretjesaisqueseshormonessontréactives,jelesensdansl’air.—Jepeuxt’aider?—TudoisêtreJolan?Elle enfonce sesmains dans ses poches et bombe sa poitrine, l’air de rien.Ouais, enfin l’air de

beaucoupquoi!—Bienjoué!T’asvuCharly,maréputationmeprécède.Étonnéqu’ilnemerépondepas, jelecherchedesyeuxet jelevoisplusbas,enpleinediscussion

avecsilhouettenumérodeux.J’aibeaumettremamainenvisière,jenevoistoujourspassonvisage.—Waouh!C’estbonça!Aprèssoncride joie,Charlyremonteetmefaitunclind’œil,avantde terminerparunpetitsalto

avant,àl’aise.—JesuisSonia.Ahoui,lagonzesse,jel’avaisdéjàoubliée.—Qu’est-cequetuviensfairelà?Elle rougit, me regarde, surprise par ma question, et je lui rends son regard ahuri en forçant

l’expressionavecmessourcils.—Jevienspourdanseravecvous,elleréponddesavoixplushésitante.Jepensaisque…—Quit’aditdevenirici?Putain, c’est quoi ce bordel ? Depuis quand des meufs se pointent comme ça, sans qu’on me

prévienne?JecherchecetraîtredeCarlosdesyeux,pour luifaireboufferunebonneenchiladapar lederrière. Ilcommencevraimentàmefairepéterunboulonavecsa lubiedefairevenirdesnanas.S’ilcherche à baiser, autant que je lui paie une bonne petite pute,mais qu’il arrête de vouloir à tout prixracolerunefilledansnotrecrew.

Jemeretourneverslapauvrefillequicherchedesyeuxunmoyendes’échapper.—Alors,quit’aditdetepointerici?—C’estmoi.

Commedansunjeudumarteauàlafoireoùontapedetoutessesforcespourfairesonnerlacloche,jesensuneboulemonterdepuismespiedsettinteràmesoreilles.

—Sin?—Jolan?ellerépètepoursemoquerdemoi.Je ne peuxpasm’empêcher de la détailler de la tête auxpieds, depuis ses cheveux réunis en une

tressefolle,jusqu’àsescuissesquej’aimeraisrouvrir.OK,j’avouequejem’arrêteàceniveau,carsespiedsm’intéressentforcémentmoins.Jedoisavoir l’aird’unfou,car jecontinueà laregarder, toutenm’imaginant la porter jusqu’à l’un des amplis stockés au fond, pour la prendre dessus au rythme desbasses. J’aivraimentunsérieuxproblème,puisqu’àchaque instantpasséàproximitédeSin j’aienvied’elle.

—Sinpensequesonamiepeutapporterdubonaucrew.—DepuisquandcequeSinpensem’intéresse?J’airéponduçapourfairelemalin,maisencroisantsonregard,jeressensquelquechosequejene

connaisplusdepuislongtemps.Leregret.Ellequiatoujourssonregardsiduretsicontenu,quandj’aiditcesconneries,j’aivupasserquelquechosedanssesprunelles.Çan’aduréqu’unbattementdecils,maisçaaamplementsuffi.

Jel’aiblesséeetçamefaitmonterlabile.—J’rigole,çava,détends-toi.Jeluifaisunepichenettemaladroitesurlenez.Quelabrutimaparole.Cen’estpasmoiquiviensde

faireça?

Pitoyable.— Ils sont trop mignons… minaude Charly, qui va se foutre de ma gueule pendant mes trois

prochainesvies.Ils’approcheetessaiedefrottersonnezcontrelemien,enbattantdescils.—Bougedelà!Je tape mon front contre le sien et il s’écroule par terre en hurlant et en faisant semblant d’être

gravementblessé.C’estSoniaquiluitendunemaintimidepourl’aideràserelever.Pauvred’elle,siellesavaitcequ’ellevientdedéclencher!

JemetourneversBrennan,quifaitdéfilerlespistesjusqu’àlaneuvième.—C’estcelle-làqu’ilfautbosseraujourd’hui,Carloslamélangeraaveclatroisièmeetlaseptième,

maisilfautqu’onsachedansersurtoutlemorceau.Il lance lamusiqueet jevoisSinbougersa tête,enpleine réflexion.Sesyeuxparcourent lascène

commesiellenousvoyaitdéjàdansermaisCarlosinterromptsonévasion.— Sin, on va te montrer ce qu’on a déjà mis au point sur cette bande. J’aimerais ton avis pour

commencer.Ellelefixependantdelonguessecondesetluifaitsignedelarejoindreplusloinentrelessièges.Je

voissabouches’agiterentotalecoordinationavecsesdoigts,quipointentversnousetversletorsedeCarlos. Quand ils reviennent vers nous, je ne saurais dire qui est ressorti vainqueur de cet échangehouleux.C’estCarlosquireprendlaparole,savoixmoinsassurée.

—Sonia, tuveuxbienobservernotrechorégraphie.Après,ceseraitcoolqueturéfléchissesàdespassagesdanslesquelst’insérer.T’ascarteblanche.

—Çaroule!OK.Sin1–Carlos0.Notementaleàmoi-même:Carlosestunebaltringue.Pendantaumoinstroisheures,onmultiplielesprogrammesqu’onadéjàpresquebouclésetjedois

avouerquelaSoniaenquestionnesedébrouillepastropmal.Laseulechosequibloque,c’estqu’ellene

se lâche pas pleinement. Du coup,maintenant qu’on danse l’un contre l’autre un passage salsa, je latrouvebientropraideetjefinisparlarepousserensoufflant.

—DésoléeJolan,jenesuispasàl’aiseavectoncorps.Charlyéclatederireetjeluibalanceunmajeurbienvacciné.—Carlos,çalefaitpastuvoisbien!MêmeSilviaenceinteestpluslangoureuse!Sin, qui nous observe tapie dans l’ombre depuis le début, comme une espèce de Fantômas sous

cachets, se décide à remonter sur scène. Elle attrape les mains de Sonia et reproduit nos pas d’unemanièreparfaite,luidonnantdesconseilsdepositionnement.Larevoirdansersiprèsmefaitréagiretjenecontrôlepasmesmainsquiseposentd’elles-mêmessurseshanchespourlaretournerversmoi.

—ElleabiencompristesexplicationsSin,maisriennevautunevraiedémonstration.Ellemeregarde,hésitelonguement,puisfinalementsesmainstrouventnaturellementlesmiennes.La

musiqueredémarre,nosdoigtsseresserrentunpeuplusetnoshanchess’accordent.Sesyeuxdescendentuninstantsurmeslèvres,sefermentpuisserouvrentplusbrillants.Accrochésauxmiens,ilscommencentàme raconter une histoire. Je n’en suis qu’aux premières lignes du prologuemais au fond demoi, jedevinequeleschapitressuivantsnevontpasmelaisserindemne.

Chapitre36—Sin

Noscorpss’entremêlent,setouchentets’éloignent.Ilsseretrouvent,sedécouvrentetserepoussent.Nosmainssecherchentetquandelless’accrochentenfin,l’oxygènerevient.

J’ai hésité quand ilm’a demandé de danser avec lui,mais sesmains puissantes surmes hanchesréveillentmespulsions.

D’abordcelledeladanse.Nourriepar lesouvenirde l’anniversaired’Old, il fautque jemeprouvequedanseravec luia la

mêmesaveurqu’avecn’importequi.Je ferme lesyeux,memenaçantmoi-mêmementalementdespiresreprésailles si jemerdeànouveau.Quandnoscorps semettent enmouvement,mesgestes trouventunprolongement dans les siens. C’est transcendant. Je sens des fourmillements, des spasmes, despincements,mondieu,jenesaispassijem’envoleoubiensijesuisentraindefaireunAVC.

Secondepulsionàsortirlesgriffes.J’aienviequ’ilentreenmoi.J’aieubeaulerepousserdetoutesmesforces,jenemelibèrepasdesonempreinte.Jesensencoreenmoietsurmoisesdoigts,salangueetsaqueue.Jenepensaispasqu’onpouvaitautantdésirerquelqu’unphysiquement.Jemefélicitedenepasêtrecannibale,lepauvreauraitdusouciàsefaire.

Putain,jeveuxsentirsonsoufflechaudsurmeslèvres,entremesseinsetdansmanuque.Partout.Jefinisparmegiflermentalementpourreprendrelecontrôledemespenséesetjeremarquequela

sueurcouleaussisurses tempes.Nosmainssontmoitesetquand lemorceauprendfin, jen’aiaucuneidéedelachorégraphiequejeviensdeproposer.Toutcequejesais,c’estqu’onesttouslesdeuxàboutdesouffleetquenotrepetitpublicnousfixe,muet,lesyeuxgrandscommedessoucoupes.C’estSoniaquiromptcesilencedemorgue.

—Ahouais,j’aibiensaisi.Elleréfléchitàlasuiteetfinitparlâchersaréplique.—Parcontrelatensionsexuellec’estobligatoire?Lesgarçonsexplosentde rire etCharlydoit soufflerun truc salacedans l’oreilledeSonia, car le

rouge luimonteaux joues. Je l’aimebien. Jen’aipasbougé,enfinsi, j’aiquandmêmefinipar lâcherJolanquise tientquelquescentimètresderrièremoi.Jedevinesonsouffledansmescheveuxet jesuispétrifiée.Monimmobilitéestpurementphysiologique,puisquepourêtrehonnête,j’ailesseinsquipèsentunetonneetmeshormonesfontunpogodansmonvagin.Jechoisisdonclapositiondelastatue,àdéfautd’uneautre…

—Bon,claironneCarloslesourireauxlèvres.Onn’ajamaisaussibienavancéqu’aujourd’hui.Çavaêtredelabombe.

Ilcontinueàparlertoutseulensouriant,avantdenousdirequ’ilrentreàl’appartementpourrevoircertainspassagesdelaplaylist.

—JeteraccompagneSonia?Jolann’auraqu’àramenerSin.

—Euh,jesaispas…Sin?Je suis incapable de parler, j’ai la langue collée àmon palais. Si je reste seule avec lui, je vais

laisserexplosermonexcitation.Si jepars…jevaisdevoirm’enfoncerplusquemesmainspour fairetairecesaletraîtredevagin.Autantquej’arrêtedemeraconterdeshistoires.

—Vas-y.Jelâchecesdeuxpauvresmotsd’unevoixrauqueetmoncœurrateunbattementàchaquepasquiles

rapproche de la sortie.Quand la porte claque et que le silence tombe, le bruit de son souffle bestialm’assourdit.Luin’arienditdepuislafindenotredanse,maisj’entendssoncorpshurler.C’estflippantd’êtresiréactive.

—Jetepréviens,situmerepoussescommechezOld,cettefoisjenetelaisseraipaspartir.Sa voix est plus lointaine et je me retourne d’un mouvement sec pour le situer. Il a relancé une

playlistetjereconnaislepremiermorceau,DarkTimesdeTheWeeknd.—Jen’aipasl’intentiondem’enaller.Je faisunepausedansmaphrase enavançantvers lui alorsqu’il s’enfoncedans les coulisses. Je

retiremontee-shirttrempéetlelaissetombersurlesol.—Entoutcas,pasavantquetum’aiesfaitjouir,Jolan.Jevoissesmâchoiressecontracteretsapoitrinesecomprimer.Contrairementauxfoisprécédentes

oùl’ons’estplusonmoinsjetésl’unsurl’autre,cettefois,ils’avanceversmoicommeunfélin.Lechatveutjouer,lasourisestprêtepourentrerdansladanse.Àchacundesespas,sespupillessedilatentunpeuplus.Jenerelèvelesyeuxversluiquelorsquejesenssonsoufflebrûlantsurlehautdemoncrâne.Samainchaudemesurprendentraçantunchemindansmondosetj’entameunedanselangoureusesansréfléchir.Ilsouritetsecalesurmespas.Ilmefaittournersurmoi-mêmeplusieursfoiset,sanscriergare,il défait d’un claquement dedoigtsmon soutien-gorge sansbretelles, qui tombe évanoui sur le sol. Jecontinuemalgrétoutàdanserpourluietmesseinsnussontcommedesœufstropcuitsprêtsàexploser,désespérésdesentirlacaressedesesmainssureux.IlsattendentlecoupdegrâcedeJolan.Unsourirecarnassiernaît sur sonvisage tandisqu’il leseffleure.Un frisson incontrôlable remonte le longdemacolonnevertébrale et je voudrais sentir samainprendrepossessiondemapoitrineofferte.Mais il serecule,leregardconcentréplusbas.

Décidéeànepasluifaciliterlatâcheàmontour,jem’écarteunpeuplusensouriant.Jemultiplielespirouettes.Sesyeuxsuiventmesmouvementsàtoutevitesse,commehypnotisés.Ilcomplètemesfiguresaveclessiennes,s’approchantets’éloignantdansunrythmesexuel.J’entendssespasquirésonnentsurleparquet,chaqueclaquementmelaissantimaginersonmembreclaquantenmoi.

Il se retrouve soudain derrièremoi, son torsemusclé contremon dos, je sens sa langue tracer unsillondepuismonépaulejusqu’àmoncou.Voilàquesesdoigtsagilestirentsurlaficelledemonjoggingetm’endébarrassententredeuxbattementsaffolésdemoncœur.

Jesuispresquenuedevantluialorsqu’iln’aencoreabandonnéaucunattribut.Pasunesecondejenepenseàmoncorpsabîmé,carsesyeuxnesesoucientquedemaculottenoiretransparente,ultimevestige.

Joueuse,j’exécuteunarbredroitfaceàluiet jesenssesmainschaudesmelaretirerdélicatement.Alorsquejem’apprêteàretrouverunepositionnormale,ilécartemesjambesengrandécartetdéposeplusieursbaiserssurmavulvespasmophile.Mesbrastremblentd’excitationetjesuisàdeuxdoigtsdetomber,maisilaccompagnemoncorpsjusqu’àcequejeretrouveunepositionnormale.Quandjesuisànouveausurmesjambes,entièrementnuedevantlui,ildétaillechacundemesgrainsdebeautéetdemes

tatouagesdésordonnés.Jesensmoncœurpulserjusqu’àlapartielapluschaudedemoncorpsàchaquesecondequ’ilpasseàmeregarder.

Mamainsursonépaule, lasienneaucreuxdemesreins,noshanchesscelléesdansentunslowenrythme.Ilserapprocheencoreunpeuetjesensquetoutsonsystèmefonctionneàcentàl’heure.Lecoindemaboucheseretroussequandjebaisselesyeuxsursonérection.Jem’imaginedéjàlasuitedenotredanseetilsoufflebruyammentensentantmacaressementale.

Jem’apprêteàenfoncermesmainssoussonélastiquemaisilmeretientlespoignetsetrepartsurunechorégraphieplushachée:iln’abandonnerapaslecontrôlesifacilement,prêtàendurerlecalvairepourfairedurerleplaisir.Quandilportemoncorpsau-dessusdusien,ilenprofitepouraspirerl’undemestétons.Quandillèvel’unedemesjambesjusqu’àmonoreille,ilenfonceavecfouguesesdoigtsenmoi.Jesuisessouffléeparleplaisirquecetéchangemeprocure.Quandjedanse,jeressensunimmensebien-êtremaislà,cesavantmélangedepassionetdesexemetranspercedetoutesparts.

Avantquelemorceauseterminejepositionnemesfessescontresaqueueetjedansecontreelle,delamanièrelaplussuggestiveetexcitantepossible.

—Attends…Jevais…Putainjesuisàdeuxdoigtsde…Savoixd’outre-tombemefaitmonterlesangdanslaboucheetjelepoussemachinalementdansune

petitesallederégie.Uncanapééventréaccueillesoncorps tendualorsqu’ily tombeassiset lemien,toujoursaussinu,seglisseentresescuisses.Jelesenss’agiteretquandilcomprendcequejem’apprêteà faire il enfonce ses doigts dans ses cheveux et rejette sa tête contre le dossier douteux.Quand sonpantalonnemegêneplus,jeposeunemainsursacuisseetl’autreàlabasedesaqueuequivabientôtvirerauviolet.Sonbusteseredresselorsquemamainlemasturbeetjesensdéjàquelquesgouttesglissersurmesdoigts.Jedéposedoucementmeslèvressursonglandbouillantetsongrognementvibrejusquedansmapoitrine.

—J’vaispastenir.Ilarticuleàpeinemaisj’avaisdéjàcomprisensentantsonaffluxsanguinsoudain.Jevaisaussiloin

quemabouchelepermetmais,appelonsunchatunchat,cettequeueestvraimenténormeetjem’étouffeavant d’arriver au bout. Ma langue trace des symboles imaginaires sur sa peau qui bouillonnelittéralement. Depuis ses bourses jusqu’à son gland,ma langue se fait plus pressante et je ravalemapropre excitation. Je retire doucement ma bouche car je sais qu’il va bientôt venir et accélère lemouvementdemamain.Quandjesenssonspermegiclersurmonbras,jel’accompagnejusqu’auderniersursautetmoncorpss’impatiente.

Ilest toujoursassiset jesuisencoreàgenouxdevantlui.Brusquement, ilmesurprendenavançantsonbustejusqu’àtapersonfrontcontrelemien.Jenesaisplusàquelmomentilaretirésontee-shirt,maisilletientdanssamainetessuielestracesdesajouissancesurmonavant-bras.J’entendsletissusouilléatterrirplusloinetjetrépigne,carjevoisdanssonregardquiaviréaunoirmat,quec’estàmontourdejouir.

Chapitre37—Jolan

Obligédeconstaterquej’aieuplusdefillescolléesàmesboulesquelaplupartdesmecsdemonâge.J’ai toujoursétéconscientque l’imagedemamèreaévidemment jouésurmavisiondesfemmes,uniquement bonnes à assouvir mes besoins sexuels pathologiques. Elle ne m’a pas donné une onced’amour,ellenem’aoffertquedesraisonsd’êtreunemachineàbaiser.Bienbâtieetbienhuilée.

Jusqu’ici,c’étaitclair.Sonvenincirculedansmesveinesetserépanddansmesconquêtes.Ellesontbeaul’aspirerjusqu’à

s’enétouffer,jamaisjenemelibèredesonpoison.Etpuisilyaeulasorcière.Jejettemontee-shirtsansquitterdesyeuxsabouchegonflée.J’aienviedel’embrasser,d’enfoncer

malanguejusqu’àsagorge,maisjemeretiens,parcequecetteenvien’estpasnaturelle.Jemerenfoncedanscecanapéquicolleàmoncorpssuant,l’entraînantsurmesgenoux.Pendantquel’unedemesmainsavidesessaied’attraperunecapotedansmonportefeuille,Sinsemetenmouvementetfrotteseslèvresmoelleuses contrema queue, au rythme de ses légers gémissementsmélodieux. Je ressens son clitorisdurcipar l’excitationtracerdes lignesbrûlantessurmapeausensible.Jenesuispluscapabledefairefonctionnermesdoigts,alorsjelaisselepréservatifsurlecôtéetmeconcentresursoncorps.Mesmainsseposentsursesreinsquioffrentunecambruredivine,puisremontentlelongdesacolonnevertébrale,essuyantlesgouttesdesueurquidégoulinentjusqu’àsesfessesbombées.Ellecontinuesesva-et-vientetmonentrejambeesttrempéparsonplaisirabondant.Jelarapprocheunpeuplusdemoienappuyantsursondosetjecollemabouchecontresontéton,essoufflécommejamais,alorsquejenesuismêmepasencore en elle. Je l’aspire, le fais tourner contrema langue et lemordille avant dem’occuper de sonvoisin,tandisquemesmainss’affolentetrecouvrentchaquecentimètredesoncorps.Quandmonindexs’aventureau-delàde son fondement, sonsouffle s’accélèredansmonoreilleet sesdoigts s’enfoncentdansmesépaules tendues.Elle rejette sa têteenarrière,noyéedans l’extaseet je réaliseque,pour lapremièrefois,j’ailaisséunefilleprendrelecontrôle.Quoiquej’endise,Sinmetientdepuisledébutetcontretouteattente,jen’ensuisqueplusexcité.

—Bordel,Jolan!Savoixestproched’ungémissementplaintifetjelaregardesanscomprendre.—Attrapecettecapoteetprends-moi,àlafin!Ses paroles ne trahissent aucun sentiment, mais le hurlement de ma bite recouvre celui de mon

cerveauquivoudraitmemettreengarde.Quandjesuiscouvert,jelafaispivoteretl’allongebrusquementsurlecanapé,faisantpesertoutle

poidsdemoncorpssurlesien,sifortetsifragileàlafois.Àcemomentprécis,lamachineseremetenrouteetmesinstinctsprimairesreviennentenmaréehaute.Jeposeunemainàlabasedesoncou,l’autresoussongenouetj’enfonced’abordmonglandaudacieuxpourattiserlefeuquiparcourtdéjàsesveines.

Je répètecemouvementplusieurs foisetquand jem’enfoncefinalement jusqu’à lagarde, jemordsmalangue au sang pour contenir le sentiment puissant qui me submerge. Je la pilonne tellement vite etprofondémentquejesuisobligédechangerdecapoteencoursderoute,reprenantaussitôtunrythmequiluifaitdéfinitivementperdrelesouffle.Notreorgasmesimultanéestsiviolentquenoscrissepercutentets’étouffent.Sesparoissecontractentencoresurmavergequandjemeretireet,épuisé, je roulesur lecôté et tombe sur le sol froid. Mon cœur tape si violemment contre ma cage thoracique que j’ail’impressionquelesoltremble,commetoutleresteenmoid’ailleurs,etquedesfissuresselogentdansdesendroitscachés.

Jenesaispascombiendetempss’écouleavantquejel’entendes’extirperducanapédansunbruithumide.Sansbouger,jelaregardeenjambermoncorps,hypnotiséparsesfessesparfaites.

—Tutrembles?Soncorpsencaissedelongstremblementsetjemeredresseenvitesse.—J’aifroid.Savoixl’estaussi.Sesdentsclaquentetj’entendsencoreleurbruitsecquandSinsortdelapetite

pièceàpeineéclairée,pourrécupérerseshabitséparpillés.Jemelèveetrenfilemonpantalonetmontee-shirtsouillé,persuadéqu’ellevarevenird’uneminuteàl’autre.Devilainespetitescasesdansmoncerveau cherchent à soulever des questions sensibles mais j’ai encore le contrôle sur elles et les enempêche.

—Sin?Lamusique tourne toujours sur la scène ; une fois que j’ai fait plusieurs fois le tour des lieux, le

verdictestsansappel.Elleestpartie.

Chapitre38—Erin

Jemelaissetombersursonvieuxfauteuildélavé,m’étirantdetoutemalongueur.—Jel’aime.Ellemeregardeenhaussantunsourcilet,voyantquejen’ajouterien,ellereposeleregardsurses

dessins.—Jenesaispascequeçaveutdire,Erin.—Évidemmentquetulesaisvilaine,tum’aimesmoi,non?—Cen’estpaspareil,idiote!Tufaispartiedemoi,onestindissociablestouteslesdeux,çan’arien

àvoiraveccequ’ilyaentrePaulettoi.Cettephrasesonnepluscommeunequestionetjem’empressedelarassurer,toutenluiavouantce

quejeressensauplusprofonddemoi.—Biensûrqueçan’a rienàvoir,maisça reste toutdemêmede l’amour !Pour tout t’avouer, je

n’imagineplusmaviesanslui.—Sijecomprendsbien,jevaisdevoirmefarcirsescravatesridiculesunbonboutdetemps?—Jel’espèrebien,oui.Je remerciechaque jour lecieldeme l’avoirenvoyé.Paulestmabouéedesauvetage,monphare

dans l’obscurité.Lesoiroùelleaessayéde la tuer, ilacommencéàentrevoirceque jecachais.J’aihontedel’admettre,maisj’aieupluspeurqu’ilmerepousse,quedelevoirraconteràtoutlemondecequisepassechezlesMillerdepuisqu’Elleestnée.

Ilestresté,ilaassistépendantdesheuresauxpleursdesouffrancedeSin,puisilm’aencoreécoutéejusqu’au petit matin. Je lui ai chuchoté l’histoire entière et mon dieu, quelle délivrance ! C’est enm’entendantraconternotreviequej’airéaliséqueçanepouvaitpluscontinuer.Quoiqu’ilnousencoûte,ilfallaitàprésentquej’agisseetvite.C’estcesoir-làquejeluiaifaitcettepromessesilencieuse.Sinluiressembleunpeupluschaquejour,c’estpourçaqu’elledevientdeplusenplusméchante.Méchanteetdangereuse.Jen’aipasbesoind’imaginercequiseseraitpassésijen’avaispastrouvésavoiturelelongduchamp,cesoir-là.

—Tuverrasquandtuaurasrencontréle«spécial»,tuserasaussiaccroàsescravatesridicules.!—Jamaisdelavie!Etpuis,quivoudraitd’unepersonnecommemoi?—Tuluiraconterastoutetilcomprendra,s’ilt’aime.—Situcroisquejevaisraconterneserait-cequ’unejournéedemonenferàquelqu’un,tutemetsle

doigtdansl’œil,sœurette.—Tudevraslefaire,Sin,toutçadoitsortirdenous.—Ilsaittoutn’est-cepas?Paul.J’hésiteàluirépondre,maisjen’aijamaissuluimentir,elleestbientropobservatrice.

—Oui, il sait.Nem’enveuxpas, il était là le soir où…enfinbref, je nevoulais plus luimentirencore.Ilnousaidera,ilmel’apromis.

—PauvrePaul,ilnevaplussedépêtrerdetamaniedespromesses.Jecomprendsquetuluienaiesparlé,mêmesiçanemeplaîtpas.Jel’apprécie.Parcontre,jeveuxqu’ilarrêtedemeregarderavecsesyeuxquidégoulinentdepitié.Jenelesupportepas.C’estpourçaquepersonned’autrenedoitsavoir.Tudoismelepromettre,Erin.

Je mords l’intérieur de mes joues, totalement consciente que je serai incapable de tenir cettepromesse-là.Jedoisdétournerlaconversation.

—Tudoisd’abordm’enfaireune,Sin.—Certainementpas,j’enaidéjàbeaucouptropàtonsolde!—Tuveuxquejetemontrelecahier,espècedesalepetitescroc?—Cecahiermauditestl’œuvredudiable.—Promets-moideteconfieràungarçonunjour.—Ilfaudraqu’ilsoitvraimenttrèsmignon.Non,plutôtqu’ilaituneénormeb…—Ahnon,Sin,arrête!Tusaisquejedétestequandtufaisça!—Tuessidélicate,Erin.Ellemetsaboucheencœurethausselessourcilsunedizainedefois.—ToiaussiSin,tufaisladuremaisjeconnaistoncœur.Tunelechoisiraspaspourça,tuestrop

sensible,commemoi.Jesuissûrequelepremiergarçonquetuembrasserasserale«spécial».—Parpitié,laisse-moiroulerdespellesàdescentainesdegarsd’abord!Depuisletempsqueje

m’entraîneavecmongrosorteil…—Tum’écœures!Onéclatederire.Commequoi,onyarriveencoredanscettemaisondemalheur.—Lapromesse,Sin.—TuesunepsychopathemapauvreErin.—Tellemèretellefille,pasvrai?Sonregardestperdudanslestoilesd’araignéesquinoussurplombent.—Lepremiergarçonquetuembrasseras,tuluiraconterastout,Sin.Vraimenttout.—Aveclalangue?—Ferme-laetpromets!—Jenerisquepasgrand-choseaprèstout,ellem’aurasûrementfaitlapeauavant.—Çan’arriveraplus.—Tuavaisdéjàditçalafoisd’avantetcelleencored’avant.J’ailabilequimebrûlelatrachéeetlespoingsquiseserrent.—Toietmoionestcommepileet faceouticet tac, lesdeuxpartiesd’untout.L’unesans l’autre

c’estinvivable.—Tuesentraindemedirequetouteslesdeux,onestunpeucommedeuxcouilles?—Tumedésespères!Jet’aitroplaisséesurfersurInternet…—Tuplaisantes,tuasbloquétouslessitesintéressants!—TucroisquejenesaispasqueLyliatemontredestrucsdégueulassesquandtupassesendouce

chezelle?Ellemesourit,pasgênéepourunsouetjeveuxpouvoirvoircevisagesouriantchaquejourdecette

foutuevie.—Bon,parlonspeu,parlonsbien.Promesse?Elledoitmefairecelle-ci,j’ail’espoirqu’elletrouveraquelqu’unsurquisereposerquandonaura

enfin échappé à leur emprise. Pour l’instant, elle doit s’appuyer surmoimais, quand elle aura enfinl’opportunitédesefairesaplace,elleaurabesoindeplusd’amourquelemien.

—Promesse.Jel’embrassesurchacunedesesjouesetredescendsdansmachambreenmodeTotallySpies.Quandcettenouvellepromessetrouvesaplacedansmoncahier,jem’endorsplussereine.Maisleplusdurresteàfaire.

Chapitre39—Sin

Jen’arrivepasàarrêterlestremblements.Dèsquesoncorpss’estdésemboîtédumien,j’airessentiunfroidglacés’emparerdemoiet jene

croispasquelatempératuredelapièceysoitpourgrand-chose.Mesdentsclaquentencore,alorsquejemarchelelongdescommercesquis’étendentàgaucheduCentral.Jemerappellepresquemotpourmotlesmonologuesd’Erinausujetdesgarçons,ausujetdePaul,PauletencorePaul…Pourtant,jenetrouverienenmoiquifasseéchoàsesexplications.Jecroisquec’estàcausedemonvideintérieur.Dèsqu’unsentiment s’aventure au-delà demes propres limites, il tombedans les abîmes demon être inexistant.Comment quelqu’un qui n’a pas de place pourrait recevoir quoi que ce soit des autres ? Rien nemeremplit.Matoutepetitesources’esttariedepuisqu’Elleestpartie.Jesuislenéant.Unsombrepéché.

Les jours passent et je ne retourne plus avec Sonia et les autres. Je redeviens la Sin distante, lefantôme,Sonfantôme.Maisçanedécouragetoujourspaslesgarçons.Carlosn’enarienàfoutrequejel’envoiesurlesrosestouslesjours,ilcontinueàmebranchersurleurschorégraphiesouleursplaylists.Brennanmeserttoujoursuneassiettequandilprépareàmanger,ilacomprisquejenemangeaispresquerien. On perd difficilement ce genre d’habitude… Charly est assez absent ces derniers temps et jesoupçonneSoniadenepasyêtrepourrien.Finalement,iln’yaqueJolanquimelaissetranquille,mêmesisonattitudeetsonregardsurmoiontchangé.S’iladécidéqu’onavaittropcouchéensemble,cen’estpasplusmal. Jen’aimepas cette envie insidieusequimehante et quime rappelledèsque je levoiscombiensaqueueestl’uniquechosequimeremplitsibien.

Unenouvellesemainereprendetlemoisd’avrilserapproche.Lecapdessixmoisestpassé,encoreunpeudepatience,dedouleuretjepourraimedéfairedetoutça,lespromessesseronttenues.

Lesgarçonsmultiplientleursentraînements;c’estàl’associationquejelescroiseleplussouvent.JecroisqueSonias’estfinalementbienintégréeàleurcrew,entoutcasd’aprèsCharly.

—EncoreunsupercoursSin,onavraimenttropd’lachancedet’avoircommeprof!—Merci,Cherry.Penseà travailler tachandellepour leprochaincours.En toutcas, je te félicite

pourtonsérieux.Tuasbeaucoupdepotentiel,prendsjusteunpeuplusconfianceentoi.Elle se faufile entremesbras, tropvitepourque je l’esquive etme serre fort. Je reste immobile,

surpriseethantée.Satêtearriveauniveaudemonsternumetellelèvesesyeuxbrillantsversmoi.—Jesuiscontentequetusoislà.Lechocestsiviolentquemoncœurdoitbiendescendredequelquescôtes.Est-cequelacombustion

spontanée existe ?Si oui,Cherry devrait s’éloigner demoi très vite. Je ne sais pas si elle sentmonchangement d’humeur ou si son quart d’heure pot de colle est terminé,mais elle s’éclipse comme uncourantd’air.Enfin,uncourantd’airavecdeschaussuressalesquicouinentsurlelino.

Cettephraseprobablementinsignifiantepourelle,prendtoutsonsenspourmoi.Iln’yaqu’Ellequimel’aitjamaisdite.

J’attrapemonsac,meparedemonbonnetetaccrochemeslunettesàmoncol.Alorsquejemarchedanslelongcouloirmalentretenu,jereconnaisleursvoix.J’essaiedecanalisertoutemavolontépourtracermaroutesansunregarddanslasallequ’ilsoccupent,maisquandj’entendsSoniaetJolanrire,mesbonnesrésolutionss’évanouissent.

—Colleplustoncorpsaumien,Sonia!—Sij’mecolleplustumepénètresmec!Jelesregardedanser,discuter,rigoler.Vivre,ensomme.Jenepourraispasmesentirplusmorteque

maintenant.Jeresteencoreunpeu,quelquessecondesdetrop:Charlyserendcomptequejesuislà.—Hey,Fantômasnousfaitl’honneurdesaprésence!—SalutCharly.—Viensvite,sinonJolanvas’enfilerSonia.Jeluisouris,maisj’aienviededisparaître.—Jerentre,jesuisvannée.—AttendsSin,regardecommeSoniaetmoiçal’faitmaintenant!JeregardeJolanquirelance lamusiqueetattrapeSoniapar leshanches.Jesenssesmainssur les

miennescomme ladernière foiset je loupeune inspiration. Jedétaille leursmouvements,écoute leurssouffles et je ne pense plus qu’aux sensations procurées par Jolan lors de notre dernière rencontre auCentral.Quand il colle sonbassinà celuideSonia, jeme rappelle sescoupsdehancheorgasmiques.Quandilposesamainsoussongenou,j’ail’impressiond’êtreàsaplace.Àlafindeleurdémonstration,j’étouffeetmaculotten’aplussoif.

—Alors?Jeneveuxpaslevermesyeuxverslui,ilserendraitcomptedirectementdupornoquisejouedans

matêteencetinstant.Bonsang!AurisquedevexerSonia,jemecontentedehausserlesépaulesetjequitteleslieuxsansunmot.

J’arrive à l’appart dans l’heure qui suit et m’accoude au comptoir de la cuisine. Le calendrierm’informequenoussommesjeudi,enl’occurrencelejeudisoirdeJolan.Faitchier!Jem’empressederejoindremachambrequanddesclés tournentdans laserrureetderrièremaporte, je l’entendsrentrerseul,enpleineconversationtéléphonique.

—Pascesoirmec…J’aid’autresprojets…Carrémentpas,destrucsducrewquejedoisbosser…Savoixseperddans lecouloiretdans le silencepesantde l’appartement, j’entendssadouchese

mettreenroute.Jen’iraipaslà-bas.Jen’iraipaslà-bas…Sansvraimentréaliserj’aidéjàlamainsurlapoignéedemaportemaisunsursautdeconsciencemefaitreculer.Jemejettesurmonlitetenfouismatêtesouslescoussins.

DorsSin,dors!Jemeretournesurledosetmamaincurieusetâtemaculottepourévaluerlesdégâts.J’aiencorelamainsousmanuisette,quandjemerendscomptequemaporteestrestéeentrouverteetquedesyeuxdefauvemescrutentdanslapénombre.Jenepeuxpaslenier,j’aibesoinqu’ilapproche.Voyantqu’ilne fait aucunmouvement, jedécidedememontrerplusexplicite et écartedoucement les jambesjusqu’à être complètement ouverte et à découvert.Mes doigts disparaissent sous le tissu déjà humidealorsqueje lefixe toujours.Pasbesoind’accuséderéception, l’invitationabienétéreçue.Laminuted’aprèsilestenmoi.

L’heured’aprèsaussi.Ainsiquelesjoursquisuivent.Onneseditrien.Ilsevideetjemeremplisletempsd’unbrefmoment.Erinavaittort,Jolann’estpasle«spécial».Iln’yenaurapas.J’aibesoind’unebéquillepourme

traînerjusqu’auboutdececheminquinesembleplusfiniretlasienneestsuffisammentgrosseetsolidepourm’yaider.

Chapitre40—Jolan

Çafaitdesjoursqueçadure.Dèsqu’onsecroise,onfinit l’undansl’autre.Leplusbizarre,c’estqu’on n’échange aucune parole : déconcertant et putain d’excitant à la fois. Tout se passe dans nosmouvements,nosregardsetnossouffles.Jeneluidemanderienetellesemblenerienattendreenretour.L’équationparfaite,sansfaille.

Pourladeuxièmefoisdelajournée, jevisitesagrotte.Allongésursonlitdéfaitetauréolédenosébats,mon torse collé contre son dos, jem’emboîte en elle en levant une de ses cuisses.Mon doigtretrouve naturellement son clitoris, que je pince au rythme de ses soupirs. Nos désirs s’accordent etmontentcrescendo.Danscesmoments-là,jemesensdéraperetjedoiscontenirdetoutesmesforcesunnouvelhôteindésirable,quim’envoiedessignauxcontradictoires.Jeveuxseulementlabaiser,c’estcequejemerépèteàchaquecoupdereins.Jelatermineenm’allongeantentièrementsursoncorpschaud,attendantdevoircoulersursajouelamêmelarme,jouraprèsjour.Jenesauraisdiresielleprovientdesajouissancecontenueoud’autrechose.

Puis,unefoisdeplus,jesorsdesachambreensilenceetnelarecroisepaspendantplusieursjours.Ellen’a toujourspas remis lespiedsauxentraînementsetçamegonfle.Sonian’estpasmauvaise,

maisçanefonctionnepasavecmoi.JelacomparesanscesseàSin,sonbrastroptendu,sonmanquedegrâce,sesondulationstropraides.Jesuisintoxiquéetborné.

—Merdeàlafin,çanepassepascebout-là!—Désolée,Jolan,jenevoispascommentlierlesdeuxpassages.Soniaesttrèspatienteavecmoimaismalgréelle,ellemetapedeplusenplussurlesnerfs.—FaisuneffortJolan,leblocagevientcarrémentdetoi!—ÉcouteBren,j’enaimarred’accord,vousmefaitestouschier.Jeneparlepasquedecettedanseendisantça,maisdetoutcequisebousculedansmatêtedansun

tumulteorageux.Qu’est-cequejeveuxàlafin?—Sin!LecrideBrennanestcommeuneréponseàmesquestions.—ÇavaBrennan?Savoixautimbregraveatteintsipeusouventmesoreillesquejesuisfacilementpenduàseslèvres

cesdernierstemps.—Vienspariciquelquesminutes,parpitié!Viensnousaideràsortirdenotremerde.Jelavoishésiterlonguement,tournantplusieursfoislatêteverslecouloirpours’enfuir.—Çafaitunbailqu’ons’estpasvues,Sin,allezs’teplaîtresteunpeu,j’aienviededanseravectoi.Sonia lui fait un sourire, lance lamusique et la défie en avançant vers elle sur quelques pas bien

calés.Elleenchaînedesmouvementsdebreak,casséspardeladanserobotplutôtpasmal.MaisquandSin se laisse aller à son jeu et démarre sans crier gare, elle la remballe cent fois. Une poussée

d’adrénalinetraversemapoitrineetjenesaispasoùregarderpournerienperdredesonspectacle.Elleestextraordinaire.BadGirls deM.I.A. retentit dans la salle et lemorceaune pourrait pas êtremieuxchoisi.Charlymontelesonetlesdeuxnanassetournentautour.SoniarittandisqueSinestcomplètementconcentrée, son visage reflétant l’espace énorme qui nous sépare d’elle. J’ai fini par réaliser ce quevoulait dire Brennan.On la considère comme quelqu’un de prochemais je n’ai jamais rencontré unepersonnesilointaine.Depuisqueçam’intéresse,jedoisavouerquejesuisbienemmerdé…

—Çadémonte…JemeretourneversCarlos,quiparledanssabarbecommeunalluméetprenddesnotessurunbloc

recouvertde sonécriture illisible.Puis j’accrochemesyeux sur elle, surprisdupouvoirqu’elle a surmoi.Quandellebougedanslamêmepiècequemoi,jepourraisdanserdesheuresdurant,rienqu’enlaregardant.Jeressenstoujoursautantd’attirancepourellemais,jenesuispasidiot,jevoisbienqueçanese limite plus qu’à son cul de malade. Sa présence m’électrise et mes perceptions se modifient toutdoucement.Jesuisdanslamerde.Jelesais,maiscommeungamininsouciant,jemecalesursespasetdétournesonattentiondeSonia.

Ellemefaitfaceetmesourit.Jevoisdanssesyeuxquelesminutesquidéfilentsontdifférentes,ellen’estpasemprisonnéepar seshabituelles tergiversions.Elleplie sesgenouxetavanceen remuant sesfessesetsesbras.Jetombevolontairementàlarenverse,enchaînantsurunecabriolearrière.Quandjesuis à nouveau debout, elle s’allonge sur le dos et glisse entremes jambes ouvertes et je la sens, sapoitrine, à quelquesmillimètres demon dos. Elle passe ses bras sousmes épaules et nos corps sontconnectés.Jenevoisquesesmainsetsesavant-brasdépasseretonimprovisedesmouvementssaccadésen totale coordination.Elle tourne sur elle-même en partant sur la gauche et je rattrape samain alorsqu’ellelaissesacambrurepliersoncorps,sescheveuxsedétachantetbalayantlesolderrièreelle.Jelaremonteetlaramèneàmoi,sondoscontremontorse,nosmainsliéesaniméesparlesmêmesgestes.Noscorpsbougentcommes’ilsseconnaissaienttropbienetpuisjemedisquefinalement,c’estlecas.Aprèstout,jen’aijamaisautantjouéavecuncorpsquelesien.

Putain, jesuisentraindedansercommejamaiset jenepensequ’àsessursautsquandjemordslapeaufineentresescuissesouàsonsoufflequidéraillequandjepassemalanguesoussonmenton.Uneseulechoseencoreinconnuemefrappesoudain,commesiellem’avaitflanquéunebalayetteendouce.Sabouche,bordel.Jeneconnaispassabouche.Jemelaremémoretrèsbiensuçantmaqueue.LesouvenirchezOlddeseslèvresaspirantlesmiennesestencorebienimprimédessus.Maiscen’estriencomparéaufantasmequis’insinueenmoicommeunfiletdepoudrequis’enflamme,celuidesalangues’enroulantàlamiennecommenoscorpslefontencetinstant.

QuandBrennan s’interpose et entame à son tour une impro avec elle, çame fait du bien.Depuisquand jem’excite enpensantàunemeufquime rouleraitunepelle?Çanem’a jamais effleuré.Àcause demamère, j’ai zappé toutes ces sensations d’ado surexcité pour plonger directement dans larelationpurementcharnelle.Sentirmonpouvoirsurlegenreféminin,provoquerleurascensionetassisteràleurchutepresqueaussitôt.

Jedétestepenserceàquoijesuisentraindepenser,maisvuquemoncerveaudécidederéfléchirsansattendremonaccord, jesuisobligéde réaliserque jeviensde régresser.Toutescesannéesàmenourrirdeleursjouissements,commesilescontractionsdeleursvaginsgardaientmoncœurenvie.Cetteviedefilsdepute.Sinestentraindelaremettreenquestion.

—Jolan,regardecemouvement,tucroispasqueçacolleraitnickelauniveaudutroisièmetableau?Je relève la tête, me rappelant où je me trouve. L’espace d’un instant, je n’entendais plus ni la

musiquenilesgars.Jen’entendaisquelemécanismerouillédecetorganeoublié,reprendreduservice.

Chapitre41—Sin

Lessemainesdéfilentcommejamais.Entrelescoursàl’associationetlesentraînementsduDOTY,jesuisemportéeparcerythmerapidequimetmessouffrancesensourdine.Toutçaaleméritedememettredebonnehumeur! Ilsontdûremarquermonchangementdecomportementdecesderniers temps.À lamaison, je prends l’initiative de faire des remarques à Carlos sur certaines idées qui me viennent.D’ailleurspourêtrehonnête, laplupartdes inspirationsquim’assaillent encemoment les concernent.Après tout, mes propres tableaux prévus pour la finale sont clairs dans ma tête, je n’ai plus rien àinventer. Je ressasse tout ça depuis deux ans alors, quand bien même j’oublierais un enchaînement,comment pourrais-je oublier ce quim’anime ? Puisque tout est directement puisé dansmes tripes, jeréussiraitoujoursàfairepasserlemessage.Illefaut.

Aussi,quandjelesaideàavancer,jemesenstoutprèsd’Elle.Erinétaitunepassionnée.Elleauraittout donné pour transmettre sa passion, alors je le fais pourElle, pour lui rendre tout ce qu’Ellem’adonné.Tout.

—Sin,tucroisqu’ilvautmieuxunerythmiquehachéepourlepassageàcinq?J’hésiteavecquelquechosedeplusmusical.

Je regarde Carlos qui traversema salle de cours et je chassemes pensées. Je ne garde que Sonimage,m’observantluifairehonneuretperpétuerencoreunpeusonempreinteinestimable.

—Laisse-moivoirça,Carl.Iln’apasl’habitudequejel’appelleparsondiminutifetsonpetitsourire,quisedessinelentement,

memetmalàl’aise.—Olapoulette!OnpassevoirOldaurestauaprès,çateditdevenir?—Toujourspas,Charly!—Allez !On est bons potesmaintenant, tu pourrais traîner avec nous en dehors des sessions de

dansenon?Jenevoispaspourquoi.Maisjeneleluidispasetjemecontentedeluisourireenenfonçantdans

mesoreilles les écouteursqueme tendCarlos.Lamusiquem’habite et j’essaiedemedéfairedemesautomatismes passés pour memettre à leur place. Facile quand on n’a aucune place propre, on peutprendrecelledesautres,êtrecequel’onveut.Oubienn’êtrepersonne,dansmoncas.

—Jolan!J’ycroyaisplusmec!Oùt’asencorefaittraînertabite,monpote?Lamusiquequirésonnedansmesoreillesn’estpasassezfortepourm’empêcherd’entendreCharlyet

jecontrôlemontraîtredecorps,pourluiinterdirederéagirausondesavoix.—Fautbienqu’ellesenourrisse!Accroupie par terre, je tourne mon visage de quelques degrés dans sa direction et nos yeux se

harponnent. Son sourire sournois se fait moins prononcé et il ouvre la bouche trois fois avant decontinuer.

—JedevaisdéposerdumatoschezOld.D’ailleurs,petitconnard,t’étaiscensémefileruncoupdemainj’terappelle.

—Ohputainc’estvrai!IltiresurlebrasdeSoniaqu’iltientdepuisledébut,alorsqu’elles’étireensetenantàlui.—C’estSoniaquimefaittournerlatête!Ils éclatent de rire et elle se met à le faire tourner sur lui-même, jusqu’à ce qu’il s’effondre en

l’emportantavecelle.—Enlèvetamaindemesfesses,Charly.—J’enconclusquej’peuxlaissercellequiestsurtonnichonalors?—Idiot!T’esvraimentunobsédé…Jolans’estrapprochédeCarlosetfait lepointsurlesdernièresdécisions.Jelesregardechacunà

leur tour. Ils ont l’air crevés. Ils ont un rythme plus soutenu ces derniers temps et leurs mines s’enressentent.Soniadoitsefairelamêmeremarque,oubienelleajustebesoinderelâcherlapressioncarellemontelesonàfond,sefoutantbienqu’onaittoussursauté.

—Improlesamis…EllelanceStrongerdeKanyeWestetCharlynesefaitpasprierpoursuivresesgestesquimêlent

urban jazz et un truc bizarre, assez difficile à faire rentrer dans une case. Un rire rauque carrémentignobles’échappedemagorgedevantleridiculedelasituationetjeplaqueunemainsurmabouchedesurprise.Toutlemondemeregarde.Merde.

—Commentoses-tu,petiteimpertinente?Viensparici!Charlysejettesurmoietmebalancesursonépauleentournanttropdefoispourquemonespritreste

clair.Quandilmereposeenfin,jetanguecommeunequilleaubowlingalorsqu’ilcontinueàmimerunesortedelimbo,digned’unescènedel’exorciste.Tropconcentréesurlui,jen’aipassentitoutdesuitelesmains qui se sont posées sur ma taille pour m’empêcher de me casser la gueule comme une pétassebourrée.

—AhnonJolan,laisseunpeuprofiterlescopains!Brennan m’arrache à sa prise et m’entraîne dans une danse qui n’a rien de sexy. Il se lâche

complètement etmon corps ne sait pas comment réagir aux secousses produites parmon fou rire. Lepremier.

Jereculequandilfaitunepirouetteetquesajambefrôledangereusementmonvisage.Ànouveau,jem’enfoncedansuncorpstenduetjesenssesmainssurmataillelasecondequisuit.Jelèvemonprofilverssonvisage,maisilnedaignepasbaisserlesyeuxsurmoi.

C’estCarloscettefois,quim’arracheàluietmeprovoquegentiment.Pendantjenesaiscombiendetemps,jedansesansformuleruneseulepenséedansmonesprit.Jesuiscomplètementhabitée,delacaveaugrenier.

Il semblerait aussi que je sois profondément débile.En plus d’être sourde et aveugle. Sans aucundoute,puisqu’àaucunmomentjeneprendslapeinederegarderl’horlogeaccrochéeaumursale,nimêmedetendrel’oreilleversl’alarmedemontéléphone.

Quandon a terminé je suis la première à sortir dubâtiment et jeme fige si vite, queBrennanmepercuteàm’encouperlesouffle.Jesuistellementtétaniséeque,malgrélechoc,jebougeàpeine.Ilsmedépassent tous et j’ai beau voir leurs bouches former des mots, aucun son ne parvient jusqu’à mesoreilles.Jen’entendsqueceluidelapluiequitombesurlesolboueux,celuidelabouequisecolleàsessemellesetceluidesescrisquihurlentmonprénomdanslanuit.

—Sin?Sin?Sin?!Dansun réflexedésespéré,mamain recouvertedebouegelée trouveunpointd’accrochechaudet

ferme. J’entendsunevoix en écho à celle d’Erinquim’appelle dans l’obscurité,mais je reste perdue

entredeuxréalités.L’angoissemeserrelagorgeetalorsquej’aimeraishurler,jenesuiscapablequedemurmurer.

—Aide-moi.—Sin?La voix grave de Jolan fissure mon souvenir et me permet d’émerger suffisamment pour laisser

derrièremoisasilhouettelugubreetmenaçante.Jeserrecettemainprovidentielleetquandsonbrasseposesurmesépaules,j’arriveàfairepasserunmincefiletd’airdansmapoitrineécrasée.

—Qu’est-cequetuas?Pourquoitutrembles?Putaindepromessedupremierbaiser,acteun.Faitchier!—J’aipeur.Çamecoûteénormément,maisjedoisluirépondre,carElleattenddemoiquejelefasse.Àchaque

questionqu’ilmeposera,ilfaudraquejemelivreunpeuplus.Alorsqued’autresmotssontsurlepointdem’échapper,jenecomprendspaspourquoilachaleurqui

m’entouresedissipesoudainement, laissant saplaceàcelleplusétrangèredeBrennan.C’estquand ilm’entraîneavecdouceurverslavoiturequejecommenceàréaliser.

—Qu’est-cequetufousJo?Tuvienspas?—Non…

Jolanparleencoremaisj’aibloquésurce«non»quitourneenboucledansmatêtecommeundisque

rayé.Qu’est-cequiluiprend?Laportièreclaque,lavoituredémarreetmêmesijesuisconscientequeles trois autres sont là avecmoi, je suis seule. C’est bien la première fois que cette solitude qui estpourtantunehabitudemeterrifie.Jeposemonfrontcontrelavitreglacéeetlesparolesdemamèremereviennent en mémoire. Elle me l’a toujours dit, il n’a jamais été bon de céder au péché, alors quivoudraits’enencombrer?PasJolan.

L’image de ma mère est remplacée par celle d’Erin, qui savait si bien me sortir de ses griffesvenimeuses.Unecolèregrondeenmoi,nourrieparce«non»blessant.J’ai toujourstoutmisentrelesmainsd’Erinmaiselle s’est trompéesurplusieurschoses.Etcesoir, je luienveuxdem’avoir laissécroire ne serait-ce qu’une seconde que mon premier baiser serait salvateur. C’est faux, pas de typespécial,pasdeconfessions,pasdeplace. J’avais raisondepenserquepersonnenevoudraitporter lepoidsdemonexistence.Jolanvientenfindelecomprendrecesoiretfinalement,mêmesijeressensunecertainefureurmêléededéception,jeluiensuisreconnaissante.Ilvientderejeterunepartiedemoiquiavaitbesoind’unélectrochoc.Maintenantj’ail’espritplusclair.

Qu’ilsaillenttoussefairefoutre,etJolanentête.

Chapitre42—Jolan

Jene soupçonnais pas ça chezmoi. Jamais je n’aurais cru avoir unebaltringue en slip et collantscachéeàl’intérieurdemoncul.Pourtant,quandj’aientendulesmotsdeSinsortirdesabouchetordueparlapeur,j’aieuenviedem’envolersurletoitdupremierbuildingenl’emmenant.Putain,fautquejeboive.Et fautque j’enbaiseuneautremaparole.Oucarrémentmieux,que jeboiveenenbaisantuneautre.

Jem’écarted’elle alorsqueBrenprend le relais et la laissemonterdans lavoiture en tâchantdel’ignorer.Cettesensationmerdiquequicirculeenmoimedérangeetjedécidedenepascreuserplusloinpourcesoir.Brenm’avaitditqu’elleavaitgraveflippélanuitoùjel’avaislaisséeàlaporteetjevaiscontinueràmettreçasurledosd’unephobienocturneexacerbéeparsoncôtécinglé.

Jesuisenpleincontrecoupbordel.Danseravecelleetmelataperautantm’arendutordu.Jeneveuxpasdevenircemec-là.Jeneveuxpasqu’elleaitcepouvoirsurmoi.Jeconsultemontéléphone,maisaucunedespouffesdansmes contacts nem’interpelle. Ilm’en faut unebien fraîche, unede celles quis’effondrerontcomplètementaprèsl’orgasme.

—Qu’est-cequetufousJo?Tuvienspas?J’ignoreBrenetfixeSinàl’intérieurdelavoiture,maisellenemeregardepasetc’estmieuxcomme

ça.—Non,jerépondssèchement.JevaisauPixmechangerlesidées.—Ah…toi,tuveuxtefairesucer!Évidemment, mais pas que. Oh que non ! À vrai dire, celle que je vais épingler va prendre son

comptepourl’année.JefermelaportièresurlevisagedeCharlyquimimeencoredesfellationsetBrendémarre.Putain…Jemarched’unpasrapidejusqu’auPixetencalculant,jeréalisequeçafaitunbailquejen’aipas

mislespiedsici,plusdepuisl’arrivéedeSinentoutcas.Machinalement,jerepenseàmonderniercoupetj’aiencorepluslesnerfsenréalisantqueladernièrefillequej’aitringléeendehorsdeSinremonteàl’anniversaired’Old.Bordel,çafaitplusd’unmois.Oùest-cequejesuispassépendanttoutcetemps?Àquelmomentj’aioubliéqu’êtrecegars-làc’estlaseulechosequejecontrôlevraiment?

—Aide-moi…

LesmotsqueSinaprononcéssontunpoisonfamilierquin’ajamaisvraimentquittémoncorps.Ilsontravivécettemorsuredupasséquin’apascicatrisé.

—Aide-moiJolan,j’aipeur.

Lesondelavoixdemamèremereviententêtecommeuneberceusesordide.J’aiessayécommeun

dingue,j’aitouttentépourluivenirenaidemaisçan’aeupourseulrésultatquedelafairesombrerunpeuplus.Jen’aipaspul’aider.J’enétaisincapableetc’estencorelecasaujourd’hui.Lejouroùjesuisparti,jemesuisjuréquejenemelaisseraisplusatteindreparelle.

Sinmelarappellebeaucouptrop.Pointfinal.Alan,levideur,metapesurl’épauleetmespenséess’évanouissent.Ilmefaitpasserdevantceuxqui

attendentetavantderentrer,jeparcourslafiledesyeuxàlarecherched’uneproie.Bingo,jecroiselesyeuxbleusd’unepetitebichequiessaiedesoutenirmonregard,maisquifinitparregardersespiedsenreprenantsonsouffle.Elle.Jeglissequelquesmotsàl’oreilleduvideuretentredanslaboîted’unpasmilitaire. Installé au comptoir, je la repère quelques instants plus tard, elle et ses copines étonnéesd’avoireuunlaissez-passersirapideparAlan.Ellecroiseànouveaumonregardetjelaferreunpeuplus.

—Jolan,putainmonpoteçafaitlongtemps!—Lazer.—T’estoutseul?—Yes.—T’auraispuamenerSinpourfairekiffertonvieuxpote.Entendre sonprénom ici, encore, faitmonterunpeuplusmacolèreet sans réfléchir, je tire sur la

mini-jupeenjeand’uneallumeusequimematedepuisquejesuisarrivé.—Salut.Jecaleundemesgenouxentresescuissesmaigresetlarapprocheunpeuplus.—Bon,jevaistelaisserJo,disàSinquemoninvitationtienttoujours.Allez,encoreceprénom.Quandmoncerveauvisualiseces trois lettresdemalheuretcellequiva

avec,mesdoigts lacherchent.Pour lesempêcherdeme trahir, je lesenfoncesous lestringultraserréde…

—C’estquoitonnom?—Suzy.Suzy,Suzy,Suzy. Je le répèteencoreet encore, suivant le rythmedispenséparmesdoigtsdans sa

chattebientroplarge.Elleposesamainsurmabraguetteethausselesépaulesquandellenesentaucunetraced’érection.Je la laissemecaresser,mesyeuxperdusdanslemondequisedéhanche.Quandellefinitpar jouir, j’essuiemesdoigts sur son top roseet fends la foule jusqu’àmapremièreproieque jeregarde depuis plusieursminutes. Elleme tourne le dos et danse avec ses copines, comme une petitelycéenneàsapremièreboum.Quandjecollemonventredanssondos,elleétouffeunhoquetdesurprise,maisjevoissacopineluifaireunsigne.Aussitôt,ellesedétendetcalesesmouvementssurlesmiens.Enfin plus oumoins.Le rythme change et j’attrape sesmains pour la retourner face àmoi.Elles sontfragilesetmolles.

—Euh…Jenesaispasdanser.Jefaiscommesiçam’étaitégal,parcequejusqu’àaujourd’hui,çal’était.Jemecolleentièrementà

elle et son corps réagit aumienquandmaqueue s’enfoncedans sonventre. Je posemabouche à sonoreille,elleestdéjàpresqueprête.

—Maisest-cequetusaissucer?Sarespirationsebloquedanssapoitrine,jel’entendraispresqueréfléchir.Jeremontesarobelégère

etcaresselehautdesacuissepourl’aideràtrancher.Çafonctionne.Ellerelâchetoutl’airemprisonnédanssespoumonsetselaisseembarquerjusqu’auxvestiaires,abandonnésàcetteheuredelanuit.

Sijemedésapemaintenant,ellen’aurarienàraconteràsescopines,àpartpeut-êtrelalongueurdemabiteaurepos.Bandemongars,bandebordel.Cequim’excite,c’estdesentirleurcorpssuccomberfaceaumien,alorsjefaiscequejesaisencorefairecorrectement.Jelapoussesuruntasdevestesjetéesausoletenfoncemaboucheentresescuissesdéjàouvertes.Ellehurlesansretenueetçaaledondefaireredescendrecellequicommençaitàpeineàpointersonbout.Pourqu’ellelaferme,j’enfoncemesdoigtsdanssabouche,qu’elles’empressedesucercommeunquatuordequeuesquicouvresescris.Jefermelesyeuxetmeconcentreuniquement sur lespetits jetsprovenantde sa chatte et sur sesgémissementsétoufféslorsquemalanguefuribondelafaitjouir.Çavient.Quandj’aiunegaulerespectable,j’ouvremabraguetteetsansluilaisserletempsdereprendresonsouffle,jemontesurelleetremplacemesdoigtsparmaqueuerécalcitrante.Assissursapoitrine,jevaisleplusloinqu’ilm’estdonnéd’alleretmêmequand sesongles s’enfoncentdansmes fesses, çane suffit pas.Onen revient toujours aumêmepoint.Aprèsdixminutesàbaisersabouche,jemelèveenfurie,remplidefrustrationetdespermegréviste.

—Désolé,tusucesbienpourunegamine,maisj’suispaslà.Jemetsuncoupdepieddanslesblousonsquijonchentlesol.Jesuisréalistequandças’impose.Je

nesuispluslà.Autantarrêterlesconneriesetcesserdemejouerlacomédie.Jedevraisêtredansmonélément,maiscen’estpaslecas.Jedevraislabaiseretm’enfilertoutessescopinesderrière,maiscetteidée me répugne. J’ai paniqué tout à l’heure, comme le gamin que j’étais mais il faut que je rentre,j’auraisjamaisdûm’enfuirdemoncôté.Quelconnardputain!J’aibeauretournerletrucdanstouslessensjen’aibesoinqued’uneseulechose,lavoirpourcomprendrecequim’arrive.Jepeuxbienessayerdemeconvaincreducontraire,jenepeuxplusreprendremesancienneshabitudes.

Àmoidesavoirjusqu’oùjesuisprêtàalleretsij’ensuiscapable.

Remerciements

Avantdememettreàécrire,jelisaisrarementlespagesderemerciementsparcequebêtementjenelescomprenaispas.Des«merciPapapourm’avoirlaisséeutilisertonordinateurtouteslesnuits»par-ci,oudes«ohmondieu,mercipourtapatienceettonérotismeintellectuelKaren!»par-là.

Ouij’avoue,àcetteépoquejepensaisquel’écritureétaituntrucpersonnel,propriétéexclusivedel’auteur.Monprécieux…Ducoup,jeneréalisaispastropcommentdesdizainesdepersonnespouvaientseretrouverdanscetterubrique.

Meaculpa,quellegrosseconnerie!

Ilm’aurafallupassertroismoissurFyctiapourcomprendrelagrossièreerreurquej’avaiscommise.L’écriture ce n’est pas juste écrire seule la nuit devant son ordinateur. Ce n’est pas donner vie à sespersonnagessansenparlerautourdesoi.Etencoremoinsvomir200pagessansl’appelàunamiou levotedupublic.

Alorsaufinal,j’aiuntasdepersonnesàremercier.

Toutd’abordFyctiaetsacommunauté.L’écritureparticipativeestuneinventionextraordinaire.Exitl’écrivainsolitairequipassesesnuitsavecpourseulecompagniesonécranetsatassedethéfumante.Exitlesbaissesdemoraletlespassagesàvidequisemultiplient.MeschèreslectricesdeFyctia,vousm’avezsoutenueau-delàdupossible.Voscommentairesdrôlesetdélirants,votreharcèlementperpétuelchapitre après chapitre, votre patience face à mon sadisme croissant. J’ai découvert des personnesadorables,passionnées,vivantes.Grâceàvous, j’aicomprisqu’écrire,c’estpartagerdès l’écrituredupremierchapitre.Partagersesmots,sessentiments,samaladresseparfoisetsurtoutl’amourdulivre.Jemesensplusforteaujourd’huietmoinsseule.Alors,à toutescellesquim’ontaccompagnéedanscetteaventure, pendant le concours « À sa place » et même après, je ne vous oublierai jamais. Vous êtesl’essencedecelivre.

Marine,toiquiécrisdesmailspluslongsquemeschapitres,jen’auraispaspuimaginermeilleureéditrice.J’avaispeuraudébutmaistrèsvite,j’aiétérassuréepartamotivation,tesremarquespertinentesettonécouteinfaillible.Mêmesitoninnocenceaparfoisétéchamboulée,notretravaild’équipeaétéunexcellentmoment.

Nisha pour la version brochée, une découverte pleine de caractère et d’originalité.Merde, j’ail’impressiondeparlerd’uncamembert…

Mes amies de longue date, patientes et investies.Mention spéciale à l’instit quim’a accordé desheuresenpagailleetquicontinueencoreaujourd’huiàm’épaulerdanstousmesécrits.Mercidufondducœur.

Mesamiesdecourtedate,rencontréessurFyctiaetavecquiunlienfortsecréechaquejourunpeuplus.

Monbadboysexypastatoué,quim’apermisdepasserplusdetempsavecSinetJolanqu’aveclui,sans(trop)râler.

Mes(charmants)enfants,quisesontmontrés(généralement)patientsàchaquefoisquejeleurdisais«jefinismonchapitreetj’arrive!!!».

Et la dernière mais pas des moindres, la pâte à crêpes, fidèle parmi les fidèles, une alliéeindispensable.

Vousl’aurezcompris,enplusdem’avoirpermisdefinalisercetouvrage,toutescespersonnesm’ontfaitgrandiretm’ontapprissanslesavoirlagrandemoraledecettehistoire.

Au fond, écrire des livres c’est les vivre et c’est encore meilleur à plusieurs. Je ne fait pasd’allusionà…enfinc’estunefaçondeparlerquoi!

Allez,aprèscechapitrepommadeetroucoulades,jeremballemonviolon,macrêpebrûle.