Ils débarquent... Ces heures qui ont changé la face du monde

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description

Des plages du débarquement à la libération de Paris, voici l'histoire du D Day et de la bataille de Normandie. Un dossier illustré des images du film "Sacrifice" de Daniel Costelle et Isabelle Clarke.

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ce jour-là2 juiN 1934, le zoo de viNceNNeS ouvre SeS porteS

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Ces heures qui ont changé la face du monde

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6 �ActualitésCes Français d’adoption au pouvoir

10 �À l’afficheExpos, films, documentaires… notre sélection

18 �L’art de l’HistoireAntoine Jean Gros : les couleurs de l’amitié

48 ce jour-là2 juin 1934 : l’ouverture du zoo de VincennesUne faune bigarrée d’hommes politiques se presse aux côtés du président albert Lebrun…

54 �reportageLe corridor de VasariUn passage secret à travers Florence, haut lieu de l’art.

Guillaume Nerces TutundjianValence est la terre d’élection, ce mois-ci, de ce jeune journaliste, qui a flâné amoureuse-ment dans les rues de la « porte du Midi ».

Claire L’HoerCette historienne boulonnaise brosse le portrait d’une pion-nière de l’aviation : Bessie Coleman (1892-1926), la première pilote afro-américaine.

Jean-Michel DerexHistorien, entre autres, des bois de Boulogne et de Vincennes, il nous fait revivre en direct, dans « Ce jour-là », l’inauguration du zoo parisien, le 2 juin 1934.

Rémi Kauffer« Paris libéré ! » Leclerc, la 2e DB, la « Nueve », les FFI, Choltitz et la fin du Gross Paris… Un récit enlevé par un spécialiste de cette période.

Frédéric GueltonCet expert en stratégie militaire s’est immergé dans le bocage nor-mand pour décrire la lente progression des armées alliées dans l’arrière-pays.

Claude QuételAncien directeur scien-tifique du Mémorial de Caen, il connaît le jour J et ses acteurs sur le bout des doigts. Il nous en relate les minutes décisives.

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60 �PortraitBessie Coleman, femme, noire et aviatriceCette Afro-Américaine quitte son Texas natal pour la France, où elle va vivre son rêve : devenir pilote.

66 �Les hauts lieux de la préhistoireArcy-sur-Cure

68 �L’inédit du moisUn film de Jacques Tati innovant

70 �L’air du tempsLili Marleen

72 �Pas si bête !Le Lion de Belfort, aux rugissements historiques

74 �À tableLe poulet Marengo

76 �Spécial villeValence : une classe royaleEntre nord et sud, cette cité choyée par la géographie et les rois est un des joyaux de la vallée du Rhône.

87 �Un illustre inconnuBrennus

88 �Un mot, une expressionLe ban et l’arrière-ban

89 �Mots croisés

90 �Livres

98 �Les couacs de l’HistoirePlus « duce » sera la chute

DossierIls �débarquent…Historia a vu en exclusivité le film Sacrifice (diffusé ce mois-ci sur TF1), consacré au D Day – la plus grande opération navale de tous les temps – et à la bataille de Normandie.

// �24 � Au cœur du jour J

// �32 � La Normandie à feu et à sang

// �40 � �Paris libéré

// �46 � �Vivre l’Histoire à hauteur d’homme

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l’art de l’histoire

L’impératrice Joséphi-ne (1763-1814) a mar-qué le monde des arts et a, très tôt, fait appel aux grands peintres

de son temps : David, Regnault, Prud’hon, Gérard, Gros… Chacun d’eux a pu saisir l’élégance de cette personnalité aux multiples facettes, qui se prête volontiers aux séan-ces de pose, mais n’hésite pas à donner son avis si elle trouve sa mâchoire « trop forte » ou son cou « trop long ». David l’immorta-lise pour l’Histoire dans Le Sacre de l’Empereur (1806-1807). Prud’hon, lui, traduit son charme et sa douceur, empreinte de ma-jesté impériale, dans son Portrait de l’impératrice Joséphine dans le parc de Malmaison (1805). Gros, en revanche, montre une femme simple, dans le por-trait en pied qu’il réalise d’elle en 1808. Une preuve d’amitié et de confiance réciproques.Car Antoine Jean Gros connaît déjà bien l’impéra-trice, précisément depuis 1796. Fils d’un pastelliste et

d’une miniaturiste, Antoi-ne Jean Gros entre à 14 ans dans l’atelier de David et suit, en parallèle, les cours de l’Académie de peinture. Il porte alors peu d’intérêt aux sujets antiques et au style néoclassique. Si bien qu’en 1792, on lui refuse le prix de Rome pour un tableau jugé trop baroque. La mort de son père l’oblige à gagner sa vie, et ses opi-nions modérées, lors de la Révolution, l’incitent à s’exiler en Italie où il sé-journe pendant six ans, à Milan, Florence et Gênes. C’est dans cette dernière ville qu’il fait la connais-sance de Joséphine. Elle avait su repérer chez ce jeune peintre de 25 ans une touche ample et aérée, tra-versée d’un souffle lyrique. Joséphine venait d’épouser Bonaparte, nommé com-mandant en chef de l’armée d’Italie. En présentant Antoine Gros à son époux, déjà illustre, Joséphine al-lait relancer sa carrière : le futur Empereur lui passe commande de plusieurs toiles. D’abord le célèbre Général Bonaparte au pont

d’Arcole (1796), qui donne une dimension épique au personnage et nourrit la propagande qui entoure ce général plein d’ambition.Joséphine fait appel aux talents de Gros et l’aide à obtenir un poste : il est nommé adjoint de la com-mission chargée de choisir les œuvres d’art à envoyer en France. À son retour à Paris, il réalise (sur les conseils de Vivant Denon ancien de la campagne d’Égypte) le tableau qui le rend célèbre : Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa, exposé au Salon de 1804. Deux ans plus tard, il y présente La Bataille d’Aboukir, œuvre de plus de dix mètres de long, dans la tradition des œuvres héroïques, commandée par Murat. Puis il remporte le concours pour Le Champ de bataille d’Eylau, qui montre Napoléon réconfor-tant les soldats blessés.L’énergie de son trait, ses harmonies de couleurs et ses effets de mouvement révèlent un tempérament romantique avant l’heure. Mais, en 1810, ses tableaux

la Reddition de Madrid et Bonaparte à la bataille des Pyramides annoncent le déclin de sa peinture. Et seul son François Ier de France et Charles Quint, réalisé dans la foulée, et qui renoue avec la vigueur de ses débuts, connaît un succès considérable.En 1815, quand David s’exi-le, Gros le remplace dans son atelier. Sous la Restau-ration, il devient membre de l’Institut et professeur à l’École des beaux-arts de Paris. En 1824, il est nom-mé baron. Il se tourne alors vers un néoclassicisme décevant, alors que les jeu-nes peintres romantiques n’ont d’yeux que pour ses peintures napoléoniennes pleines d’emphase. En 1835, l’échec de son tableau Hercule et Diomède et l’in-compréhension que suscite sa nouvelle orientation artistique le conduisent au suicide. Il était loin, désormais, le temps où Jo-séphine, qu’il appelait son « ange tutélaire », décédée en 1814, pouvait tout obte-nir pour lui. LÉlisabeth Couturier

Antoine Jean GrosLes couleurs de l’amitiéÀ l’occasion du bicentenaire de la mort de Joséphine, le musée du Luxembourg présente (jusqu’au 29 juin) celle qui fut la muse de nombreux artistes. Dans l’entourage de l’impératrice, le peintre occupe une place particulière, marquée par une confiance et une entente réciproques.

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Portrait de l’imPératrice joséPhine. Huile sur toile. H : 2,35 m. ; L : 1,60 m. • Nice, musée Masséna.

� LA POSE. Il s’agit d’un portrait en pied. Avec le corps légèrement tourné vers la droite, et la tête vers la gauche, le modèle semble avoir été surpris par le peintre. Ce qui donne une impression de naturel, sans rien de pompeux. Le teint clair de son visage la fait paraître plus jeune que son âge : elle a alors 35 ans.

1 LE buStE. L’impératrice regarde la statue de son

fils, le prince Eugène, fils d’Alexandre de Beauharnais et adopté par l’Empereur. La lettre qu’elle tient de la main droite vient de lui : l’enveloppe décachetée, tombée à ses pieds, porte l’inscription : « À Sa Majesté l’impératrice et reine, le prince Eugène. »

2 LA rObE. Elle porte une robe claire à taille haute et

manches courtes, selon un style à la grecque qu’elle a elle-même lancé en 1790. Une mode qui a pour avantage d’allonger la silhouette. Un châle rouge est jeté sur son épaule. La robe est élégante mais plutôt simple, bordée de motifs cachemire et mousseline.

3 LE PAySAgE. On reconnaît le parc de

Malmaison, avec sa rivière, le temple de l’Amour, la serre et l’aqueduc de Marly, l’environnement préféré de Joséphine. Le livre, titré Flore de Malmaison, témoigne de son goût pour la botanique. Le bouquet d’hortensias est une allusion à sa fille, Hortense, reine de Hollande.

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Jour J.� Omaha beach, 6 h 30 du matin. Les portes des barges s’abaissent : la première vague US va affronter des lignes allemandes intactes.

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Avec l’ouverture d’un nouveau front sur les côtes

normandes, l’étau se resserre sur l’Allemagne nazie.

Pari militaire, prouesse logistique, haut fait d’armes…

l’opération Overlord mérite tous ces termes. Pendant

plus de six semaines, les Alliés affrontent un ennemi

motivé et qui utilise au mieux le terrain pour ralentir

la progression d’un million de soldats. Pour rétablir

l’équilibre, on recourt à des bombardements massifs,

qui entraînent la mort de milliers de civils et la dévas-

tation d’une région entière. Cependant, ces opérations

conduisent enfin à la rupture des lignes allemandes

et à la libération de Paris. Avec leur nouveau docu-

mentaire, Sacrifice, du Débarquement à la Libération

de Paris – dont nous avons tiré les illustrations de ce

dossier – Daniel Costelle et Isabelle Clarke proposent

de découvrir l’Histoire en couleurs, ce qui rend encore

plus poignant cet été qui fut bien « le plus long ».

Ils débarquent…

Ces heures qui ont changé la face du monde

26 x 33,5 cm • 304 pages Contact presse Contact web et partenariats

29 euros Mona Fatouhi : 06 29 60 51 45 Laetitia Matusik : 01 44 16 06 82 Mise en vente le 28 mai 2014 [email protected] [email protected]

COMMUNIQUÉ DE PRESSE Mai 2014

SACRIFICE

Du Débarquement à la

Libération de Paris

Isabelle CLARKE, Daniel COSTELLE & Frédéric LUMIÈRE

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SACRIFICE, le Débarquement comme vous ne l’avez jamais vu dans un album photo grand format en couleurs et en noir et blanc. Isabelle Clarke et Daniel Costelle, avec la collaboration de Frédéric Lumière, ont rassemblé des images d’archives exceptionnelles, plus de 800 photos inédites, des témoignages poignants qui plongeront le lecteur au cœur de l’Histoire.

L’action commence le 5 juin 1944 en Angleterre, cela fait plus de cinquante heures que les soldats attendent

l’heure de partir. La flotte du Débarquement est assemblée dans toutes les criques, toutes les plages, tous les

ports du sud de l’Angleterre, la tension est à son comble. Malgré les revers qu’elle a déjà subi, l’armée

allemande est encore si forte que les Alliés anglo-américains ont dû concentrer deux millions d’hommes prêts

au sacrifice. La bataille fera plus de 400 000 morts.

Sacrifice est le récit du Débarquement de la plus grande flotte maritime et aérienne jamais réunie sur les

plages de Normandie le 6 juin 1944. Des témoignages courts et percutants qui font écho à des images fortes

dont certaines ont été mises en couleur par les auteurs.

Le lecteur se retrouve au cœur de l’événement et dans l’intimité des principaux acteurs du D-Day à travers des

images d’archives prises sur le vif, exceptionnellement émouvantes.

Des anonymes, civils ou militaires, un jeune soldat qui allait devenir le grand cinéaste Samuel Fuller, ou

encore la belle Kay Sommersby, chauffeur féminin d’Ike Eisenhower. Autant de témoignages rassemblés dans

ce livre au grand format qui vous emportera au plus près de la réalité de l’époque.

Sacrifice est une œuvre qui fera date dans l’histoire du documentaire.

Isabelle Clarke et Daniel Costelle ont réalisé des œuvres marquantes pour la télévision comme : La Traque

des nazis ; Hitler ; L’occupation intime ; La Blessure, la tragédie des harkis ; Apocalypse, la Première Guerre

mondiale, Apocalypse, la deuxième Guerre mondiale. Ces documentaires ont tous donné lieu à des livres

documentaires devenus des best-sellers.

L’aLbum. Les éditions Acropole publient un ouvrage illustré de 800 photos inédites en couleurs et en noir et blanc.

Un documentaireexceptionnel sur

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dossier libération

Une opération militaire sans précédent

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Au soir du 6 juin, Overlord est un succès, mais la confusion règne. Le nombre de morts et le total des troupes débarquées demeurent incertains : au moins 55 000 Américains et 80 000 Anglo-Canadiens tiennent les têtes de pont. Les pertes alliées se révèlent bien inférieures aux craintes de l’état-major : autour de 5 000 hommes (environ 3 % des forces engagées).

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L’air du temps

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le poème de 1915Comment s’appelle-t-elle, d’abord ? Lili Mar-leen ou Lily Marlène ? Les deux, mais c’est en alle-mand qu’elle commence sa carrière : « Vor der Kaserne/Vor dem großen Tor/Stand eine Laterne/Und steht sie noch davor. » Ce n’est qu’ensuite que l’on chante : « Underneath the lantern/By the barrack gate/Darling I remember/The way you used to wait. » Ou « Devant la caserne/Quand le jour s’enfuit/La vieille lanterne/Soudain s’allume et luit. » Cette chanson symbole de la Seconde Guerre mondiale est en fait née… lors de la Première Guerre mon-diale, sous la plume d’un soldat allemand de 18 ans, Hans Leip, futur roman-cier prolifique – aucune de ses œuvres ne connaîtra le succès de Lili Marleen.

« lili » en doubleD’ailleurs, la muse est double : il y a Lili, la nièce de la logeuse du poète, et Marleen, une infirmière. Les premiers vers de Leip, qui unissent en une seule femme ses deux rêveries amoureuses, sont compo-sés quelques jours avant son départ pour le front russe, en avril 1915. Vingt-deux ans plus tard, il publie son poème dans le recueil Das Lied eines jun-gen Soldaten auf der Wacht (« Chant d’une jeune sen-tinelle »). Ce n’est pas un

gros succès, mais il compte au moins une lectrice attentive : la chanteuse allemande Lale Andersen. C’est elle qui va interpré-ter la première Lili Mar-leen. En fait, elle en chante deux : la première, sur une musique de Rudolf Zink ; l’autre, écrite par Nor-bert Schultze, son amant d’alors. Cette seconde ver-sion, mélancolique, ne sou-lève guère l’enthousiasme. Enregistrée en août 1939, elle s’écoule à 700 exem-plaires à peine – jusqu’à ce que, deux ans plus tard, survienne un miracle…Le 18 août 1941, un offi-cier allemand chargé de la radio militaire de Bel-grade, ayant perdu les disques envoyés par les services officiels, récu-père un exemplaire de Lili Marleen, qu’il diffuse en ouverture des program-

mes. Dans les locaux de la radio, le téléphone sonne : « Repassez-nous ce disque, mon lieutenant ! » Radio Belgrade est l’un des émet-teurs en ondes moyennes les plus puissants d’Eu-rope : on l’entend de Nar-vik au Caire ! Lorsque Lale Andersen chantait pour les Allemands en Allemagne, c’était un bide. Mais, pour les Allemands éparpillés sur l’immensité des fronts d’une guerre mondiale, la chanson suscite une mélancolie imparable…

chacun la sienneBientôt, on parle de Lili Marleen au sommet du Reich. Joseph Goebbels s’oppose à sa diffusion, mais le maréchal Erwin Rommel, qui commande l’Afrika korps, se montre si enthousiaste que Radio

Belgrade passe la chanson jusqu’à trente-cinq fois par jour ! Or les Alliés écou-tent aussi cette radio, et Lili Marleen finit par pren-dre, pour les soldats du Commonwealth, la même valeur que pour leurs ennemis. Les Britanniques enregistrent une version anglaise en mai 1943. Et, quand Marlene Dietrich, l’année suivante, posera sa voix sur cet air, ce sera à la fois en anglais pour les Alliés et dans sa langue natale pour les émissions en allemand de la BBC.En France, Suzy Solidor enregistre sa Lily Marlène dès janvier 1942, qu’elle chante dans son cabaret parisien. Elle le paiera à la Libération, devant le comité d’épuration des artistes, d’un an d’interdic-tion professionnelle… LBertrand Dicale

Qui se cache derrière celle qui fit rêver les soldats des deux camps lors la Seconde Guerre mondiale ?

lili marleen

le saviez-vous ?c’est aussi le titre d’un film

bouleversant de Rainer Werner Fassbinder. Réalisé en 1981, il

revient sur la relation entre lale andersen, première interprète

de la chanson, et le compositeur juif Rolf liebermann.

Devant la caserneQuand le jour s’enfuit,

La vieille lanterneSoudain s’allume et luit.

C’est dans ce coin-là que le soirOn s’attendait, remplis d’espoir

Tous deux, Lily Marlène.

Et dans la nuit sombreNos corps enlacés

Ne faisaient qu’une ombreLorsque je t’embrassais.

Nous échangions ingénumentJoue contre joue bien des serments