Illusions perdues (Fiche de lecture) · 2013-08-07 · LePetitLittéraire.fr –iche de lecture...

Illusions perduesHonoré de Balzac

Fiche de lectureDocument rédigé par Magali Vienne

maitre en langues et littératures françaises et romanes(Université libre de Bruxelles)

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RÉSUMÉ 3

ÉTUDE DES PERSONNAGES 5Lucien Chardon

David Séchard

Ève Chardon

D’Arthez

Étienne Lousteau

Mme de Bargeton

Coralie

Le comte Sixte du Châtelet

CLÉS DE LECTURE 7Un roman réaliste

Un roman tout en contrastes

Une grande part d’autobiographie

Le personnage balzacien

Paris, le centre littéraire

PISTES DE RÉFLEXION 11

POUR ALLER PLUS LOIN 12

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2Illusions perduesFiche de lecture –LePetitLittéraire.fr –

Honoré de BalzacÉcrivain français

• Né en 1799 à Tours• Décédé en 1850 à Paris• Quelques-unes de ses œuvres :

Les Chouans (1829), romanEugénie Grandet (1833), romanLe Père Goriot (1835), roman

Honoré de Balzac (1799-1850) est l’un des écrivains français majeurs du xixe siècle. Jeune homme, il s’ouvre les portes des milieux aristocratiques parisiens qu’il ne cessera de fréquenter. Mais des entreprises désastreuses et un train de vie excessif le ruineront rapidement : l’écriture littéraire, pratiquée avec passion et assiduité, deviendra pour lui le seul moyen de rembourser ses dettes.

Ambitieux, il s'attèle à une œuvre monumentale, La Comédie humaine, qui compte plus de quatre-vingt-dix romans, et dont le but est de dresser un portrait exhaustif de la société de son temps (pour « faire concurrence à l'état civil »). Parmi ses romans les plus célèbres, on trouve Eugénie Grandet (1833) ou Le Père Goriot (1835).

Balzac est considéré comme l’un des pères du roman réaliste moderne.

Illusions perduesUn roman clé du réalisme balzacien

• Genre : roman• Édition de référence : Illusions perdues, Paris, Le Livre

de Poche, coll. « Les Classiques de Poche », 2006, 864 p.• 1re édition : 1837-1843• Thématiques : salon littéraire, amour, journalisme,

vengeance, invention

La Comédie humaine se compose de trois grandes par-ties : « Études de mœurs », « Études philosophiques » et « Études analytiques ».

Illusions perdues appartient aux « Études de mœurs » et plus particulièrement à la sous-catégorie des « Scènes de la vie de province ». Écrit entre 1836 et 1843, ce roman, l’un des plus longs de la fresque balzacienne, est un récit d’apprentissage fortement autobiographique. Il raconte les aventures de deux jeunes intellectuels : l’un veut tenter sa chance comme auteur et l’autre souhaite révolutionner le monde de l’imprimerie à Angoulême.

Illusions perdues a donné lieu à une suite, Splendeurs et Misères des courtisanes. Certains de ses personnages secondaires sont également devenus les héros d’autres romans de La Comédie humaine, comme Mlle des Touches dans Béatrix.

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RÉSUMÉ

PREMIÈRE PARTIE – LES DEUX POÈTESLucien Chardon travaille dans l’imprimerie de son ami d’enfance, David Séchard. Après la mort de son père, le pharmacien du village, il a dû se résoudre à vivre modestement grâce au travail de sa mère, une ancienne aristocrate désargentée, et de sa sœur, Ève. À ses heures perdues, le jeune homme s’essaie à la poésie et tente de s’introduire dans la haute société de la ville d’Angoulême. Il parvient à intégrer le salon de Mme de Bargeton où il est invité à venir lire ses œuvres. La beauté de Lucien et l’intérêt de plus en plus flagrant que lui porte Mme de Bargeton attisent la jalousie des autres membres du salon, plus particulièrement du comte Sixte du Châtelet qui désire faire de Louise de Bargeton sa maitresse. Le comte monte la société d’Angoulême contre le jeune homme et tente de le discréditer en s’attaquant au statut modeste de Lucien.

David et Ève, la sœur de Lucien, se marient.

Des rumeurs courent concernant la relation qui lie Lucien et Louise. Pour défendre son honneur, celle-ci demande à son mari de se battre en duel contre l’un des colporteurs de la rumeur. M. de Bargeton est blessé et doit se retirer dans sa maison de campagne pour se reposer. Louise en profite pour s’enfuir à Paris avec Lucien, afin de l’introduire dans le monde et lui permettre de rencontrer un réel succès littéraire.

DEUXIÈME PARTIE – UN GRAND HOMME DE PROVINCE À PARISÀ leur arrivée à Paris, les deux amants commencent à douter de leur amour : chacun compare l’autre aux hommes et aux femmes de la société parisienne, et le trouve bien fade en comparaison. Louise, qui a rejoint la compagnie de sa cousine, Mme d’Espard, comprend qu’elle doit se détacher de Lucien si elle veut acquérir une certaine crédibilité dans le monde. Ils rompent.

Un autre désenchantement attend Lucien : il découvre les difficultés du métier de poète à Paris. Il rencontre un groupe d’amis, des intellectuels de tous horizons, qui l’invitent à faire partie de leur cercle et le motivent dans son travail. Quelque temps plus tard, il fait la connaissance d’Étienne Lousteau, un jeune journaliste qui décide de prendre Lucien sous son aile et de le faire entrer dans le monde des journaux. Les autres amis de Lucien le mettent en garde contre ce milieu et se détachent peu à peu de lui.

Dans un premier temps, Lucien connait un assez grand succès dans le journalisme : Étienne lui trouve une place de critique littéraire et théâtral, et l’introduit dans les cercles de la librairie et du théâtre. Il l’aide également à faire publier son ouvrage de poésie, ainsi que son premier roman. Mis au courant de la relation qui unissait Lucien et Louise de Bargeton, Étienne propose à Lucien de se venger en publiant des billets humoristiques sur l’entourage de Mme d’Espard.




Lucien rencontre ensuite Coralie, une jeune actrice entretenue par M. Camusot, un riche marchand. Ils se mettent rapidement en ménage. C’est une période de grand succès pour Lucien, tant du point de vue professionnel que personnel. Malheureusement, ce succès lui monte quelque peu à la tête : Lucien contracte de nombreuses dettes pour réussir dans la société parisienne. Ses articles, brillants, mais acerbes, irritent du plus en plus ses collègues journalistes, jaloux d’un tel succès. Ils le poussent à faire de mauvais choix professionnels. Lucien en vient à travailler dans un journal rival de celui de ses anciens amis : ceux-ci, plus nombreux et mieux établis dans le milieu, parviennent à l’isoler totalement et lui font perdre toute légitimité. Ses articles ne sont plus publiés, il perd ses privilèges dans les théâtres et ses livres ne se vendent plus. Il ne peut plus payer ses dettes. De plus, sa vengeance contre Mme de Bargeton se retourne contre lui : il perd toute chance de soutien auprès de la noblesse.

Pour régler ses dettes, Lucien contracte des billets au nom de David.

Coralie, tombée malade, meurt brutalement : Lucien utilise l’argent récupéré avec les billets pour payer ses obsèques. Se retrouvant seul et ruiné, il décide de retourner en province.

TROISIÈME PARTIE – LES SOUFFRANCES DE L’INVENTEURDe retour en province, Lucien découvre la situation financière catastrophique dans laquelle il a plongé Ève et David. Ceux-ci sont pourchassés par les créanciers qui veulent récupérer l’argent emprunté par Lucien.

De son côté, après le départ de Lucien, David délaisse quelque peu l’imprimerie au profit de ses recherches pour trouver un nouveau processus de fabrication du papier. Ève, qui remarque la mauvaise posture de l’imprimerie, décide de s’y impliquer à plein temps. Elle parvient ainsi à faire tourner l’entreprise. Les frères Cointet, uniques concurrents de David, qui possèdent la plus grande imprimerie de la région, voient d’un très mauvais œil la reprise en main de l’imprimerie Séchard par Ève. Ils décident donc de lui livrer une concurrence déloyale. Ils parviennent à acheter l’un des ouvriers de David et tentent de découvrir ce que David cherche à inventer.

Propriétaires des billets contractés par Lucien, ils harcèlent les Séchard pour obtenir le remboursement des dettes. Avec l’aide d’un avoué, ils parviennent à mettre David en prison parce qu’il ne parvient pas à rembourser ce qu’il doit. Dans le même temps, ils lui proposent de racheter l’imprimerie des Séchard ainsi que le brevet de son invention, ce qui annulerait ses dettes et lui permettrait de vivre décemment.

Lucien tente d’aider sa sœur et son ami, mais n’y parvient pas. Après l’arrestation de David, il s’enfuit à nouveau, laissant une lettre à sa sœur lui annonçant son désir de se suicider. Sur la route, il rencontre un prêtre espagnol qui lui propose de le prendre comme secrétaire particulier à Paris. Intrigué, Lucien l’accompagne une partie du chemin et finit par se laisser convaincre. Le prêtre lui promet alors d’envoyer de l’argent à Ève.

Ève et David acceptent la proposition des Cointet et se rendent dans le domaine du père de David. Ils s’achètent une petite maison et s’occupent des vignes. Ils héritent ensuite du domaine paternel et peuvent alors vivre confortablement. L’invention de David enrichit considérablement les Cointet et révolutionne le monde de l’imprimerie, mais, malheureusement, David n’en récoltera jamais les fruits, tous ses droits ayant été cédés aux Cointet.




ÉTUDE DES PERSONNAGES

LUCIEN CHARDONLucien est l’un des deux personnages centraux du roman. Issu du quartier pauvre d’Angoulême, c’est un jeune poète qui rêve de devenir un auteur reconnu. Couvé par sa mère et par sa sœur, et toujours encouragé par son meilleur ami, Lucien est devenu très égocentrique. Sa beauté très féminine lui ouvre tout d’abord de nombreuses portes, mais finit par lui porter préjudice parce qu’il ne se repose plus que sur elle pour réussir. Sa soif de reconnaissance le pousse à changer son nom pour reprendre le patronyme aristocratique de sa mère, « de Rubempré ». Émerveillé par le faste des soirées parisiennes auxquelles il est convié, Lucien s’endette pour rivaliser avec le train de vie de ses amis. Très rêveur et assez fainéant, il choisit la solution de facilité pour réussir dans le milieu littéraire parisien en décidant de devenir journaliste plutôt que de continuer à travailler sur son recueil de poésie et son roman.

DAVID SÉCHARDDavid est le second pilier de ce roman. Jeune inventeur idéaliste, il s’endette pour racheter l’imprimerie de son père. Il a pour projet de découvrir un nouveau procédé de fabrication du papier qui révolutionnerait l’imprimerie. Fou amoureux d’Ève et entièrement dévoué à Lucien, il accepte de financer les aventures parisiennes du poète, ce qui lui posera de gros problèmes financiers par la suite. Après son mariage avec Ève, il laisse le contrôle de l’imprimerie à sa femme pour s’adonner à plein temps à ses recherches sur le papier. Foncièrement honnête et gentil, il est très apprécié par son personnel. Peu intéressé par l’argent, il préfère abandonner les brevets de son invention pour favoriser sa tranquillité familiale.

ÈVE CHARDONÈve est la sœur de Lucien. Elle est l’image même à la fois de la force et de la douceur. Dans un premier temps, sa vie est entièrement consacrée à la réussite et au bonheur de Lucien. Mais, après son mariage et le départ de Lucien, ses priorités changent : elle se dévoue alors à l’entreprise familiale, et tente de concilier sa vie de jeune maman et celle de chef d’imprimerie. Intelligente et rusée, elle parvient à redresser les finances de l’imprimerie, mais n’arrive pas à contrer les manigances financières de ses concurrents.




D’ARTHEZIl s’agit du premier ami de Lucien à Paris. C’est un jeune intellectuel, membre d’un cercle de jeunes penseurs appelé le Cénacle. Il met en garde Lucien contre le milieu du journalisme et l’encourage à continuer son travail d’écriture loin des tentations de la vie parisienne. Il prédit à Lucien sa chute s’il accepte d’entrer dans le monde des journaux. C’est également lui qui ouvre les yeux d’Ève sur la véritable nature de son frère. Il reste fidèle à Lucien, même après que celui-ci lui a tourné le dos pour rejoindre le clan des journalistes.

ÉTIENNE LOUSTEAUÉtienne est la figure du journaliste dans ce roman. Il témoigne de l’hypocrisie qui règne dans ce milieu. Voyant que Lucien pourrait l’aider à gravir les échelons, il l’introduit dans le monde journalistique et lui présente ses patrons, ainsi que ses amis. Il ne tarde pas à lui tourner le dos et à le trahir dès qu’il voit que Lucien commence à connaitre un certain succès et qu’il risque de devenir dangereux pour sa propre réussite. Il est l’un des instigateurs de la descente aux enfers de Lucien. C’est un personnage sournois et cynique.

Mme DE BARGETONLouise est la reine de la société aristocratique d’Angoulême. Elle devient la mécène de Lucien, mais aussi son premier amour. S’ennuyant à Angoulême, elle décide de monter à Paris rejoindre sa cousine, Mme d’Espard. Elle propose à Lucien de l’accompagner pour pouvoir l’introduire dans le monde et ainsi lui faire connaitre le succès. Arrivée à Paris, elle déchante rapidement : son aventure avec un jeune poète de province désargenté la fait paraitre ridicule. Sa vanité la conduit donc à mettre un terme à sa relation avec Lucien afin de ne pas freiner sa propre ascension.

CORALIECette femme est le second et grand amour de Lucien. C’est une jeune actrice de 16 ans, jusque-là entretenue par un riche commerçant. Passionnée, elle le quitte pour n’appartenir qu’à Lucien. Elle meurt quelques mois plus tard, épuisée par les dettes contractées pour vivre luxueusement avec son jeune amant et les guerres intestines qui font rage dans les coulisses des théâtres.

LE COMTE SIXTE DU CHÂTELETC’est un aristocrate et dandy qui séjourne dans la société d’Angoulême. Il vise l’héritage de Mme de Bargeton qu’il tentait déjà de séduire avant l’arrivée de Lucien. Les deux hommes deviennent donc rivaux. Il devient l’objet des attaques de Lucien et de ses amis journalistes après la rupture du jeune homme et de Louise. À son retour à Angoulême, Lucien apprend le mariage du comte et de Mme de Bargeton.




CLÉS DE LECTURE

UN ROMAN RÉALISTEDans ce roman, qui se veut réaliste, Balzac souhaite dépeindre de la manière la plus exhaustive possible le monde littéraire de l’époque et toutes les professions qu’il recouvre. Dès lors, il s’adonne à de longues descriptions, extrêmement fouillées, qui englobent tant l’aspect matériel qu’intellectuel de chaque métier. Le lecteur a ainsi l’impression de voir se matérialiser sous ses yeux l’objet décrit. C’est le cas notamment lorsque Balzac présente l’imprimerie de David Séchard, les différentes sortes de libraires ou encore le restaurant Flicoteaux où se réunissaient les jeunes auteurs. Tout au long du roman, Balzac s’attache à recréer l’ambiance de ces milieux, qu’il tente de rendre encore plus réalistes en y intégrant des personnages ou des lieux qui ont véritablement existé : par exemple, il fait apparaitre Benjamin Constant (écrivain et homme politique français, 1767-1830) chez le libraire Dauriat.

Pour parvenir à un tel résultat, Balzac s’est énormément documenté. Pour décrire au mieux la ville d’Angoulême et rendre les déplacements de ses personnages les plus plausibles possible, Balzac y a même séjourné quelque temps. De plus, lorsque sa mémoire lui faisait défaut, il n’hésitait pas à demander à ses contacts angoumoisins de vérifier la justesse de ses propos.

Balzac profite également de la veine réaliste de son roman pour élaborer une critique acerbe du milieu journalistique. Pour cela, il se base sur sa propre expérience de cet univers : d’abord rédacteur dans un journal libéral, puis dans un journal légitimiste, Balzac a connu les rivalités du secteur journalistique de l’intérieur, ce qui l’a peu à peu dégouté du métier. Ensuite, il a subi les foudres de la critique concernant son travail d’auteur. Ce sont principalement ces deux raisons qui le poussent à dépeindre le journalisme comme il le fait. De plus, il s’inquiète du pouvoir que s’approprient les journalistes de son époque : en effet, sous couvert de la liberté d’expression, ceux-ci en profitent pour lancer ou détruire des carrières, selon leur humeur, en jouant avec l’opinion publique. Balzac désire dénoncer cette tendance en mettant au jour l’hypocrisie et la corruption qui régissent alors le journalisme. Pour ce faire, il décrit les manœuvres de Lousteau pour devenir rédacteur en chef, mais aussi ses relations avec le milieu théâtral et les actrices. Celles-ci, entretenues par de riches commerçants, offrent l’argent de leurs amants aux journalistes en échange de critiques positives pour les rôles qu’elles jouent. Balzac décrit également la vengeance orchestrée contre Mme de Bargeton qui, à cause de quelques articles publiés dans la presse, devient la risée de tout Paris.




UN ROMAN TOUT EN CONTRASTESL’ensemble du roman repose sur une structure construite sur des contrastes. Cette structuration ressort dans la trame même de l’œuvre : la première partie se centre sur la vie en province tandis que la seconde sur celle de Paris ; une partie s’intéresse uniquement aux aventures de Lucien, l’autre à celles de David.

Cette opposition constante se remarque également dans les plus petits éléments qui forment le roman :

• les lieux. Paris, lieu symbolique de la création et de la modernité s’oppose à la province conservatrice où l’art ne peut s’épanouir ;

• les milieux. Le milieu du journalisme, monde corrompu par la soif de pouvoir, de reconnaissance et de richesse, s’oppose au milieu plus intellectuel du Cénacle où la qualité du travail accompli prime sur ce qu’il pourrait éventuellement rapporter. De même, l’aristocratie du haut d’Angoulême s’oppose aux petits bourgeois de L’Houmeau ;

• les personnages. Tant au niveau physique que psychique, chaque personnage possède son double antinomique. Certains personnages apparaissent même dans plusieurs paires, suivant la caractéristique sur laquelle repose l’opposition :

ʟ Lucien possède une beauté féminine tandis que David est plus massif ; ʟ Lucien est égoïste et ambitieux tandis que David est altruiste et réservé ; ʟ Coralie réussit dans le milieu grâce à son talent tandis que Florine utilise la ruse ; ʟ Lousteau est hypocrite et préfère l’argent facile tandis que D’Arthez est travailleur

et honnête ; ʟ Coralie est jeune tandis que Louise est déjà âgée, etc.

Cette antithèse se poursuit jusqu’au dénouement du roman puisque Lucien, qui cherche à tout prix le succès et la reconnaissance, repart malheureux et seul à Paris, sans savoir ce que lui réserve son avenir, pendant que David et Ève, qui ont renoncé à la gloire, vivent heureux et à l’abri du besoin dans la campagne proche d’Angoulême.

UNE GRANDE PART D’AUTOBIOGRAPHIEBalzac s’est largement inspiré de sa propre vie, mais également de celle de son entourage, pour écrire La Comédie humaine. Notons toutefois qu’Illusions perdues est l’un de ses romans les plus autobiographiques. À travers les différents personnages, Balzac raconte ses propres luttes pour parvenir là où il est arrivé. D’un point de vue global, on retrouve sa conception personnelle de l’amour et de la fidélité dans l’amitié à travers le duo formé par David et Lucien, qui ressemble fortement à celui formé par Balzac et Jules Sandeau (écrivain français, 1811-1883).

Les deux personnages principaux de ce roman concentrent à eux seuls une grande partie des éléments autobiographiques qui le composent, mais certains personnages secondaires ont également emprunté certains traits – tant psychologiques que physiques – à l’auteur.




Chez David, on retrouve en premier lieu le portrait physique de Balzac, mais aussi ses projets d’imprimeur. En effet, Balzac, tout comme son père avant lui, a tenté de gagner sa vie grâce à l’imprimerie. Les nouveaux procédés de création du papier rêvés par David sont ceux qu’avait élaborés Balzac, sans succès. D’ailleurs, la description de l’imprimerie de David correspond à celle de l’imprimerie que possédait Balzac rue Visconti.

Lucien, quant à lui, présente une grande partie des défauts de l’auteur, notamment sa vanité et son ambition. Balzac se reconnait fortement dans ce jeune poète monté tout comme lui à Paris pour chercher la gloire. Cette ressemblance s’affirme davantage à travers les poèmes écrits par Lucien qui sont en fait des poèmes que Balzac a lui-même écrits dans sa jeunesse. De même, les idées que prône Lucien quand il parle avec ses amis journalistes sont celles que Balzac défendait à l’époque. Enfin, l’aventure que Lucien connait avec Mme de Bargeton s’inspire largement des relations que le romancier a entretenues avec des maitresses plus âgées.

Néanmoins, bien que ce roman comprenne une large part d’éléments autobiographiques, il ne s’agit en aucun cas d’une autobiographie de Balzac, mais bien d’une œuvre de fiction à part entière.

LE PERSONNAGE BALZACIENComme dans l’ensemble de La Comédie humaine, les personnages que nous retrouvons dans les Illusions perdues répondent aux caractéristiques du personnage balzacien. Tout d’abord, il faut savoir qu’il y a toujours deux types de personnages dans les romans de Balzac :

• les personnages de type « portrait » dont la description physique et morale peut faire plusieurs pages, et dont Balzac aime généralement exagérer les traits. C’est le cas pour tous les personnages principaux, mais aussi pour le père de David, qui figure un vieil avare ivrogne ;

• les personnages de type « figurines » qui constituent un ensemble de personnages relativement peu décrits formant une entité bien distincte. Dans cette catégorie, on retrouve, par exemple, les aristocrates qui fréquentent le salon de Mme de Bargeton.

Généralement, Balzac incorpore un peu de lui-même dans ses personnages : dans les Illusions perdues, il place ses propres considérations sur l’art dans la bouche de Lucien. Ensuite, l’auteur pioche des éléments physiques ou psychiques parmi son entourage afin de les construire. C’est ce que certains appellent le « portrait composite ». Dans ce roman, par exemple, on suppose que Balzac s’est inspiré du caractère de George Sand (femme de lettres française, 1804-1876) pour créer le personnage de Mlle des Touches. Enfin, Balzac tente d’universaliser au maximum les traits de caractère de ses personnages pour qu’à eux seuls ils représentent toute une catégorie de la population.

Ce qui intéresse surtout Balzac dans la construction de ses personnages, c’est de leur attribuer un rôle suffisamment intéressant qui puisse évoluer tout au long du roman, voire de la fresque : Mme de Bargeton, par exemple, semble terriblement ridicule tant qu’elle est en province car ses manières ne cadrent pas avec la société provinciale et elle ne peut donc pas s’épanouir comme elle le souhaiterait ; elle gagne alors en profondeur une fois à Paris.




PARIS, LE CENTRE LITTÉRAIREComme cela a déjà été dit, on constate une forte opposition entre Paris et la province dans les Illusions perdues. C'est d’autant plus vrai que le roman traite du monde littéraire où, en réalité, seule la littérature qui s’élabore à Paris est dite française. En effet, Paris est le centre littéraire : les libraires, les imprimeurs, les critiques, les auteurs, bref tout ce qui compose cet univers se trouve réuni à Paris. Dès lors, tout auteur vivant en dehors de ce centre qui souhaite se faire publier se voit automatiquement apposé l’étiquette d’auteur régionaliste et non pas d’au-teur français, même s’il vit à quelques dizaines de kilomètres de la capitale. C’est la raison pour laquelle de nombreux écrivains – et dans le roman, Lucien – viennent s’installer à Paris pour réussir leur carrière littéraire. Un écrivain qui voudrait réussir depuis la province doit donc s’orienter vers une littérature dite « de niche » (c’est le cas des symbolistes belges, par exemple).

Cette notion de centre littéraire est propre à la littérature française et n’existe pas dans les autres grandes littératures mondiales.




PISTES DE RÉFLEXION

QUELQUES QUESTIONS POUR APPROFONDIR SA RÉFLEXION…• Pourquoi les membres du Cénacle conseillent-ils à Lucien de ne pas se lancer dans le

journalisme ? Leurs prévisions se révèlent-elles exactes ? Pourquoi ?• Balzac donne un exemple de ce qu’on appelait les « bas-bleus » dans son roman. De qui

s’agit-il ? Pourquoi lui donne-t-on cette appellation et à quel personnage réel fait-elle penser ?• À quelle section de La Comédie humaine ce roman appartient-il ? Pourquoi ? Justifiez votre réponse.• Pour quelle raison Balzac introduit-il des extraits d’autres genres littéraires dans ce roman ?

Quelle est son ambition ?• En quoi peut-on dire que ce roman se termine par une morale ? Quelle est-elle ? Justifiez.• Balzac use énormément de la description dans son roman. Dans quel but ? Justifiez votre

réponse à l'aide d'exemples précis.• Malgré son ampleur, ce roman serait facilement transposable au théâtre. Pour quelle(s) raison(s) ?• Comment Balzac dépeint-il le milieu du journalisme ?• Au début des aventures parisiennes des deux amants, Balzac annonce ceci : « Il se préparait

chez Mme de Bargeton et chez Lucien un désenchantement sur eux-mêmes dont la cause était Paris. » (p. 217) Qu'est-ce que cela signifie ? Expliquez.

• Connaissant désormais le caractère de Lucien, imaginez quelles pourraient être ses aventures dans Splendeurs et Misères des courtisanes.




POUR ALLER PLUS LOIN

ÉDITION DE RÉFÉRENCE• Balzac H. de, Illusions perdues, Paris, Le Livre de Poche, coll. « Les Classiques de Poche », 2006.

SUR LEPETITLITTÉRAIRE.FR• Fiche de lecture sur Eugénie Grandet d’Honoré de Balzac• Fiche de lecture sur Ferragus d’Honoré de Balzac• Fiche de lecture sur L’Élixir de longue vie d’Honoré de Balzac• Fiche de lecture sur La Cousine Bette d’Honoré de Balzac• Fiche de lecture sur La Duchesse de Langeais d’Honoré de Balzac• Fiche de lecture sur La Femme de trente ans d’Honoré de Balzac• Fiche de lecture sur La Fille aux yeux d’or d’Honoré de Balzac• Fiche de lecture sur La Peau de chagrin d’Honoré de Balzac• Fiche de lecture sur Le Bal de Sceaux d’Honoré de Balzac• Fiche de lecture sur Le Chef-d’œuvre inconnu d’Honoré de Balzac• Fiche de lecture sur Le Colonel Chabert d’Honoré de Balzac• Fiche de lecture sur Le Lys dans la vallée d’Honoré de Balzac• Fiche de lecture sur Le Père Goriot d’Honoré de Balzac• Fiche de lecture sur Les Chouans d’Honoré de Balzac• Fiche de lecture sur Sarrasine d’Honoré de Balzac

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Céline• Voyage au bout

de la nuit

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Chrétien de Troyes• Yvain ou le

Chevalier au lion

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Claudel• La Petite Fille de

Monsieur Linh• Le Rapport de Brodeck

Coelho• L’Alchimiste

Conan Doyle• Le Chien des Baskerville

Dai Sijie• Balzac et la Petite

Tailleuse chinoise

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Dicker• La Vérité sur l’affaire

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Diderot• Supplément au Voyage

de Bougainville

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Gautier• La Morte amoureuse• Le Capitaine Fracasse

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qui n’aimaient pas les femmes

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Mérimée• Tamango• Colomba

Merle• La mort est mon métier

Molière• Le Misanthrope• L’Avare• Le Bourgeois

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Orwell• La Ferme des animaux • 1984

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de la terre

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