III Les différents genres de Fantasy1963 par les studios Disney sous le nom de Merlin...

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Les différents genres de Fantasy Si la Fantasy commence à être connue, elle est trop souvent assimilée à un de ses sous-genres : l’Epic Fantasy. Or elle est protéiforme, elle peut connaître de multiples facettes, des univers variés. Les débats sont nombreux et animés entre fans, critiques littéraires, libraires et auteurs pour définir les sous-genres. Non, la Fantasy ne se résume pas à des elfes, une lutte manichéenne du bien contre le mal, des chevaliers, ou à une quête. Elle peut également se baser sur la mythologie, l’époque contemporaine, être sombre ou légère. Peut-être lisez-vous de la Fantasy sans même vous en rendre compte…. A- Sword and sorcery C’est le sous-genre le plus ancien et le plus analysé de la Fantasy. Il porte plusieurs noms, Sword and Sorcery (épées et sorcières) ou Héroic Fantasy (récits héroïques). A la différence de l’epic Fantasy, la sword and sorcery se concentre sur un personnage ou deux maximum. L’exemple emblématique est celui de Conan écrit par Robert E. Howard. Le personnage est un élément clé de l’intrigue. Il est souvent solitaire, sans attache (dans le cas de Conan, toute sa famille fut massacrée dans sa jeunesse), il évolue dans des royaumes en conflit et dans un monde excessivement violent. Conan est un personnage massif, qui manie plus facilement l’épée que le verbe et fait face au travers des nouvelles écrites par Howard à un grand nombre d’aventures. Comme dans beaucoup d’œuvres de Fantasy le contexte est basé sur un monde médiéval imaginaire. Conan est originaire d’une Cimmérie imaginaire de « l’âge hyborien », civilisation qui aurait existé entre la chute de l’Atlantide et les civilisations antiques que l’on connaît (Egypte et Grèce). Pour les universitaires américains Thymm, Boyer et Zahorski, quatre caractéristiques définissent la sword and sorcery : Un guerrier barbare charismatique Un style simple, prosaïque, familier Une mise en avant de l’action La violence y est gratuite Howard, avec son personnage, a créé un véritable engouement. Après sa mort plusieurs auteurs se sont passé le flambeau pour continuer les aventures de Conan, que ce soit Lyon Spargue de Camp ou Robert Jordan. Sur les traces de Conan, plusieurs personnages vont voir le jour : John Jakes écrit les aventures de Brak the Barbarian (1968), Lin Carter celles de Thongor dans Affiche du film Conan le destructeur avec dans le personnage principal Arnold Schwarzenegger

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Les différents genres de Fantasy

Si la Fantasy commence à être connue, elle est trop souvent assimilée à un de ses sous-genres : l’Epic Fantasy. Or elle est protéiforme, elle peut connaître de multiples facettes, des univers variés. Les débats sont nombreux et animés entre fans, critiques littéraires, libraires et auteurs pour définir les sous-genres. Non, la Fantasy ne se résume pas à des elfes, une lutte manichéenne du bien contre le mal, des chevaliers, ou à une quête. Elle peut également se baser sur la mythologie, l’époque contemporaine, être sombre ou légère.Peut-être lisez-vous de la Fantasy sans même vous en rendre compte….

A- Sword and sorcery

C’est le sous-genre le plus ancien et le plus analysé de la Fantasy. Il porte plusieurs noms, Sword and Sorcery (épées et sorcières) ou Héroic Fantasy (récits héroïques). A la différence de l’epic Fantasy, la sword and sorcery se concentre sur un personnage ou deux maximum. L’exemple emblématique est celui de Conan écrit par Robert E. Howard. Le personnage est un élément clé de l’intrigue. Il est souvent solitaire, sans attache (dans le cas de Conan, toute sa famille fut massacrée dans sa jeunesse), il évolue dans des royaumes en conflit et dans un monde excessivement violent. Conan est un personnage massif, qui manie plus facilement l’épée que le verbe et fait face au travers des nouvelles écrites par Howard à un grand nombre d’aventures. Comme dans beaucoup d’œuvres de Fantasy le contexte est basé sur un monde médiéval imaginaire. Conan est originaire d’une Cimmérie imaginaire de « l’âge hyborien », civilisation qui aurait existé entre la chute de l’Atlantide et les civilisations antiques que l’on connaît (Egypte et Grèce).Pour les universitaires américains Thymm, Boyer et Zahorski, quatre caractéristiques définissent la sword and sorcery :

Un guerrier barbare charismatique Un style simple, prosaïque, familier Une mise en avant de l’action La violence y est gratuite

Howard, avec son personnage, a créé un véritable engouement. Après sa mort plusieurs auteurs se sont passé le flambeau pour continuer les aventures de Conan, que ce soit Lyon Spargue de Camp ou Robert Jordan.Sur les traces de Conan, plusieurs personnages vont voir le jour : John Jakes écrit les aventures de Brak the Barbarian (1968), Lin Carter celles de Thongor dans

Affiche du film Conan le destructeur avec dans le

personnage principal Arnold Schwarzenegger

La roue des temps de Robert Jordan

The wizard of Lemuria en 1965. Dans cet afflux d’œuvres d’Heroic Fantasy des années 70 et 80, deux auteurs sont à mettre en avant : Fritz Leiber et Michael Moorcock. Le premier tient une place considérable dans la Fantasy avec son Cycle des épées et ses personnages Fahrd et le Souricier gris, deux antihéros, mal vus, immoraux. Le personnage de Michael Moorcock est Elric le nécromancien, un guerrier albinos et son épée Stormbringer. Elric est le dernier roi de Mélniboné, son royaume est en décadence, sa santé est défaillante, mais il trouve un remède dans son épée, qui absorbe les âmes des guerriers terrassés pour redonner de la vigueur à Elric. Il est, selon Moorcock « un champion éternel destiné à rétablir la balance entre la loi et le chaos dans le Multivers ».

Aujourd’hui l’héroic Fantasy est en déclin, peu d’auteurs lui apportant de nouveaux personnages emblématiques. On peut citer toutefois David Gemmell qui créa deux personnages : Druss et Waylander dans le cycle Drenaï.

B) E pic Fantasy La Fantasy épique est le sous-genre prédominant, c’est elle qui inonde le plus la production éditoriale. Pourtant c’est également le sous-genre qui est peut-être le plus saturé et le plus sclérosé. En effet les différents canons qui le composent sont issus de l’œuvre de Tolkien. En écrivant sa magistrale quête, Tolkien a ouvert des portes de l’esprit, mais aussi obstrué de nombreuses pistes.

L’epic Fantasy est déterminée par plusieurs champs :Un monde secondaire de type médiéval, composé

d’une société féodale (suzerain, aristocratie, serfs, bourgs, corporations) et dont l’architecture est moyenâgeuse. C’est le cas du monde imaginé par Robin Hobb dans l’Assassin Royal. Fitz Chevalerie grandit dans les écuries d’un château, avant de recevoir sa propre chambre. Dans son livre, l’auteur décrit les différents éléments d’une ville médiévale mais aussi les liens de loyauté et d’allégeance. Un autre auteur qui décrit en détail une société médiévale est George R.R. Martin dans son cycle Le trône de fer.Dans le royaume des Sept Couronnes (un monde imaginaire ressemblant à l’Europe), le roi Robert Baratheon, qui a renversé la dynastie des Targaryen quinze ans auparavant, propose à Eddard Stark, son ami et ancien compagnon

Druss la légende de David Gemmell

Le trône de fer de George R.R. Martin

d'armes lors de la rébellion contre les Targaryen, le poste de Main du roi (sorte de premier ministre). Stark accepte à contrecœur l'offre du roi et quitte ses terres glacées du nord pour gagner la capitale, Port-Réal, où il se heurte à l'inimitié de la reine, Cersei Lannister, et aux intrigues de différents conseillers.Pour caractériser cet univers, on parle souvent de « Médfan » ou de Médiéval fantastique.

La lutte entre le bien et le mal : la Fantasy épique narre toujours un combat entre deux forces opposées, par exemple entre Gandalf et Saroumane chez Tolkien ou entre Rand Al’tor et les réprouvés dans l’univers de Robert Jordan (La roue des temps). Les forces en action sont différentes mais on retrouve toujours les mêmes idées : l’une de ces forces inspire une forte terreur, et propage chaos et désespoir dans tout le royaume. On retrouve cette thématique dans l’œuvre de Barbara Hambly : Le cycle de Darwarth, écrit entre 1982 et 1984.C’est dans cette lutte manichéenne que Jacques Baudou insère la notion de magie. Pour lui, elle peut être utilisée à des fins bénéfiques (magie blanche) ou maléfiques (la magie noire), et rentre dans le cadre d’une lutte du bien contre le mal. Cette dualité peut être observée à une échelle plus réduite. Si on prend l’exemple de La roue des temps, lorsque Rand Al’thor utilise la saidin (une sorte de magie) pour lutter contre les réprouvés (utilisation bénéfique), elle le corrompt (côté maléfique). On retrouve cette idée dans un autre classique de l’imaginaire : Star Wars avec les deux utilisations de la force.La Fantasy épique ne met pas seulement en scène le combat entre deux armées, les auteurs insèrent également des affrontements entre sorciers. Plusieurs écrivains ont beaucoup travaillé sur les implications de la magie dans leurs univers, sur ses effets et ses limites ; c’est le cas de David Eddings, de Lynn Fleming ou de Raymond Feist.

La quête initiatique est celle de l’anneau. George R.R. Martin, l’auteur du Trône de fer, déclare : « Nous ne devrions jamais oublier que le voyage a

commencé à Cul-de-Sac et que nous marchons tous, toujours, dans les pas de Bilbo ».La quête est la grande figure narrative de la Fantasy épique, elle mène généralement une personne sans expérience à travers de nombreuses aventures pour réussir à détruire un objet, obtenir quelque chose… On peut citer en exemple le personnage d’Eragon de Christopher Paolini publié en 2003. L’intérêt de cette quête vient de la valeur des péripéties qui la composent. Robert Jordan dit en parlant des personnages de la Roue des Temps : « Je les engage dans une quête, moins pour qu’ils conquièrent l’épée magique, que pour la façon dont cette quête va les changer ». La quête comprend une forte valeur morale, plusieurs personnes se réunissant et faisant face à l’adversité, comme dans le cycle Drenaï de David Gemmell, où les personnages solitaires Waylander ou Druss, changent au contact des autres :

L’assassin royal de Robion Hobb

Dros Delnoch est la plus grande forteresse du royaume Drenaï, un passage étroit entre les montagnes, protégé par 6 murs et une imposante citadelle. Mais les défenseurs de la forteresse ont été réduits à moins de 10.000 hommes, sous le commandement d'un général, Orrin, nommé plutôt pour ses liens de parenté que pour ses réelles aptitudes militaires. L’avenir des Drenai est lié à la citadelle. Si la forteresse peut bloquer les hordes adverses pendant 3 mois, les Drenai pourront reprendre l'avantage. Malheureusement, Delnoch a très peu de chances de tenir pendant ce délai. Druss, un guerrier légendaire des guerres précédentes, âgé de 60 ans et terrifié à l'idée de devenir vieux et faible, se dirige vers la citadelle pour y combattre son plus vieil ennemi : la mort.

Les personnages féériques et folkloriques : comme Tolkien, beaucoup d’auteurs empruntent un nombre important de leurs personnages aux mythes et légendes. On aperçoit beaucoup d’elfes, de nains issus du folklore nordique ou de Grande-Bretagne. On peut signaler que depuis la transfiguration des petits esprits de la forêt scandinave en elfes de Tolkien – des personnages grands aux traits indéniablement beaux – la grande majorité des auteurs sont restés bloqués sur cette description. On peut prendre comme exemple Eragon ou Le cycle de Shannara de Terry brooks, qui sont des œuvres où les elfes sont la copie conforme du Legolas de Tolkien.On retrouve également d’autres personnages issus des mythes comme les faunes (Le monde de Narnia), les

centaures (Harry Potter), dragons (L’assassin royal, Le trône de fer), …

C) Fantasy arthurienne et Fantasy mythiqueLa légende du roi Arthur et des chevaliers de la table ronde ne cesse de fasciner des générations de lecteurs depuis sa création en 1135 par Geoffroi de Monmouth. De nombreux spécialistes situent les origines de la Fantasy à cette légende. Cette dernière recèle une grande partie des codes de l’épic Fantasy : l’histoire est localisée au Moyen-âge (alors que les faits doivent se situer entre le Vème et le VIème siècle), elle comprend une cité, Camelot, dont on ne sait encore pas aujourd’hui si elle a réellement existé, et l’île d’Avalon où Arthur est mort. On y trouve également une quête : celle du Graal, une lutte manichéenne entre Arthur et Mordred, et la présence de la magie avec Merlin, Viviane et Excalibur.

Eragon est le premier tome de la

quadrilogie de Christopher

Paolini L’héritage

Les dames du lac de Marion Zimmer Bradley

Le précurseur de la Fantasy arthurienne est Hanbury White qui revisite la vie d’Arthur à travers plusieurs romans. Le premier, Excalibur, l’épée dans le roc (1938) sera adapté en

1963 par les studios Disney sous le nom de Merlin l’enchanteur.

Dans la Fantasy moderne, on trouve plusieurs auteurs qui revisitent régulièrement le cycle arthurien et certains de ces personnages. Marion Zimmer Bradley traite le cycle arthurien d’un point de vue féministe en retraçant l’histoire des dames du lac à travers plusieurs romans, en particulier Les Dames du lac et Les brumes d’Avalon (1982). Dans ses romans, elle s’intéresse à Viviane, Morgane et Guenièvre. D’autres auteures, constatant que la vision de Monmouth est résolument misogyne, vont s’approprier le cycle arthurien et placer au centre de leurs narrations Guenièvre ; il s’agit de Sharan Newman et Nancy McKenzie.

Certains auteurs comme Gillian Bradshaw se sont concentrés sur des personnages annexes. Bradshaw centre sa trilogie sur Gauvain et le choix qu’il doit faire entre sa mère et son roi. Elle replace également son roman à la bonne période historique.

L’un des cycles les plus intéressants consacrés à Arthur est celui de Stephen Lawhead qui replace aussi son Pendragon au VIème siècle. L’époque et la société sont décrites de manière très réaliste, il a pris le parti de christianiser son cycle arthurien en transformant tous les personnages.

Le cycle de Pendragon La dernière Licorne Histoire des rois de Bretagne Stephen Lawhead Peter S. Beagle Geoffroy de Monmouth

La Fantasy mythique peut être rapprochée de la Fantasy arthurienne par ses interprétations des grandes gestes comme celles d’Homère. David Gemmell a écrit sa propre version de l’Illiade dans sa trilogie Troie, où il insère de nouveaux personnages comme Helicon et modifie totalement des parties entières de l’histoire. Mais la Fantasy mythique permet également l’adaptation de motifs du folklore et des codes des contes ou du mythe. Elle se rapproche par là de ce que l’on appelle la

Codex Merlin de Robert Holdstock regroupe les trois tomes de l’auteur

fairytale Fantasy. On y retrouve des œuvres comme La dernière Licorne de Peter S. Beagle ou La forêt des Mythagos de Robert Holdstock.

D- Urban Fantasy et Bit-lit

L’urban Fantasy, ou Fantasy urbaine, est un sous-genre peu exploité par les auteurs. C’est un univers où les éléments magiques interviennent dans une grande ville existante. Ce genre est le seul qui permet à l’auteur de Fantasy de faire une critique sociale. Elizabeth Ann Scaraborough dans son Clan des fées peint le quotidien d’une assistante sociale confrontée à la misère quotidienne, qui demande

alors l’aide d’une fée. Attention, Fantasy urbaine ne veut pas forcément dire que l’œuvre doit être contemporaine. Elle peut se dérouler dans une grande ville à une autre période. Les personnages de ce genre évoluent généralement entre la fin du XIXème et le XXIème siècle. C’est un genre difficile à classer, car il se trouve à la frontière entre la low Fantasy et le fantastique. Chacun essaye de tirer la Fantasy urbaine de son côté. Elle peut se croiser à n'importe quel autre sous-genre de la Fantasy, sauf l’heroic Fantasy, l’epic Fantasy et la science Fantasy.La Fantasy urbaine est souvent confondue avec l’uchronie, une réécriture de l’histoire qui peut avoir lieu dans le passé, le présent ou le futur. Dans une uchronie, la magie ou l’élément de Fantasy est connu de tous, alors qu’il reste caché dans la Fantasy urbaine.L’un des auteurs qui a le plus contribué au genre de la fantasy urbaine est Megan Lindholm (alias Robin Hobb) avec Le dernier Magicien (1986), un vétéran du Vietnam errant à

Seattle est recruté par une guilde magicienne pour affronter des forces maléfiques. Une grande agglomération, un usage de la magie cachée sont des signes d’urban Fantasy. Un autre auteur important de la Fantasy urbaine est Neil Gaiman avec Neverwhere publié en 1996 :

Dans une rue de Londres, un soir, Richard trouve une jeune fille au sol, blessée. Il la prend dans ses bras, elle est d’une légèreté surprenante. Le lendemain tout dérape : sa fiancée le quitte, on ne le reconnaît pas, certains ne le voient même plus. Le monde à l’envers en quelque sorte. Car il semblerait que Londres ait un envers, la « ville d’en bas », une cité surprenante où vit un peuple d’une autre époque, invisible pour le commun des mortels. Comme plus rien ne le retient « là-haut », Richard rejoint les profondeurs…

Neil Geiman co-rédige avec Terry Pratchett une autre œuvre d’urban Fantasy : De bons présages. L’association de deux grands écrivains donnera une œuvre magistrale.

Le dernier magicien de Megan Lindholm

alias Robin Hobb

Hesitation (Twilight tome 1) Never Plaisirs coupables Stephanie Meyer Neil gaiman Laurell K Hamilton

La bit-lit est un genre apparu dans les années 2000 aux Etats-Unis et qui déferle aujourd’hui grâce au succès des romans de Stéphenie Meyers : Twilight. La bit-lit signifie littérature mordante (t bite literature). Le nom bit-lit n’existe pas aux Etats-Unis où on parle plutôt de paranormal romance.La bit-lit repose sur un univers contemporain qui mélange réalisme et personnages fantastiques comme le loup-garou (Dark Divine de Bree Despain 2010), le vampire

(Twilight de Stephenie Meyers, La communauté du sud de Charlaine Harris,

Les chroniques d’Anita Blakes tueuse de vampire par Laurell K. Hamilton), le

démon (Maudites de Michelle Zink en 2010). On y retrouve la composante

magique (16 lunes de Kami Garcia et Margaret Stohl en 2010).

Ce sous-genre vise un public particulier de lecteurs entre 15 et 30 ans. Cela est visible chez les personnages eux-mêmes, qui sont souvent des adolescents ou de jeunes adultes. Les maisons d’édition ont bien compris qu’il y avait un nouvel engouement pour ce genre littéraire et chaque maison essaye d’avoir sa collection et ses titres phares. Pour certains spécialistes, ce genre est censé supplanter à terme la Fantasy qui est pour eux en perte d’inspiration. S’il est vrai que certains courants de la Fantasy commencent à connaître le même déclin que la science-fiction il y a quelques années, on ne peut pas dire cela de l’ensemble de la production du genre.

Certaines écoles comme l’école française, moins influencée que les écoles anglaises et américaines par l’œuvre de Tolkien (traduit tardivement chez nous) apportent un renouveau certain.

Dark Divine de Bree Despain

E- Light Fantasy

La Fantasy humoristique est une composante importante du genre. Elle parodie le plus souvent les canons de la Fantasy. Bien qu’il soit possible de comprendre l’histoire et la plupart des jeux de mots sans avoir lu un seul ouvrage de Fantasy, pour apprécier à son juste titre toutes les tournures des auteurs, il vaut mieux connaître un minimum cet univers (Le personnage de Conar le barbant de Pierre Pelot ou de Chen le barbare dans Les Annales du Disque-Monde détournent le personnage de Conan le barbare). Ce sont des livres qui possèdent une intrigue et des thèmes qui leurs sont propres. Ils jouent de tous les registres de l’humour : l’ironie, la parodie, le burlesque mais aussi l’absurde pour mettre en relief le ridicule de certaines scènes. Le travail des traducteurs est ici à mettre en avant : ces auteurs étant souvent étrangers, il faut parvenir à adapter les différents jeux de mots et calembours. Cependant, les œuvres de light Fantasy sont en grande majorité bien retranscrites, les éditeurs étant justement attentifs à cet aspect.Parmi les nombreux auteurs de ce sous-genre, deux se démarquent particulièrement.

La huitième couleur, Le cinquième éléphant et Trois soeurcières sont quelqu’uns des romans de terry Pratchett issus des annales du disque monde.

Terry Pratchett connait un réel succès en l’Angleterre. Il est l’auteur de la plus longue série qui existe en Fantasy : Les Annales du Disque-monde. La série

se compose de 33 tomes, dont le dernier, Allez les mages !, est paru en 2010, mais

aussi de cinq romans annexes dont Je m’habillerai de la nuit (2011), et de documentaires sur le Disque-monde.Terry Pratchett y met en scène les différents peuples fantastiques (trolls, nains, sorcières, mages…). La grande force de cet auteur est de réussir à créer son propre univers en s’inspirant d’autres œuvres.Le Disque Monde est un système particulier, il se compose d’une Terre plate portée par quatre éléphants, eux-mêmes juchés sur le dos d’une tortue géante naviguant dans le cosmos. Cette terre est composant de plusieurs continents dont le plus important se situe dans les plaines de S’to. C’est là que se trouve la ville d’Ankh-

Morpork. A travers les différents romans on suit plusieurs personnages, dont certains sont récurrents comme le mage Rincevent, mais incapables de lancer le moindre sort, ou encore la mort qui s’essaye au rôle de Père Noël….

Piers Anthony est un auteur américain qui se consacre d’abord à la science-fiction, avant de se consacrer à la light Fantasy. C’est ce genre qui lui apporte le succès avec le cycle de Xanth débuté en 1974. Il obtient le British Fantasy Award en

1978 pour Lunes pour Caméléon, le premier tome du cycle. L’auteur utilise les mêmes codes que Pratchett, le détournement des objets et le ridicule de situation généré le plus souvent par la mauvaise utilisation de sorts magiques. Le point fort de Piers Anthony est l’utilisation de nombreux calembours. Ce cycle, très connu outre-Manche, n’a pas réussi à séduire le lectorat français. Le neuvième et dernier tome de la série Un golème dans le potage est paru récemment en France. On peut citer d’autres auteurs qui ont brillé dans ce domaine : Tom Holt qui tourne à la dérision des personnages mythiques comme Beowulf (Qui a peur de Beowulf ?),

ou Robert Rankin avec sa trilogie Armageddon, la comédie musicale : En 2050, après la troisième guerre mondiale, il n’y a plus de racisme ! La cause est simple, avec les effets de la radioactivité, tout le monde est vert. De plus le travail national consiste à regarder la télévision…Extrait :La planète Terre tournait autour du Soleil en décrivant des cercles qui ne cessaient de décroître. Et comme cela durait depuis tellement d’années que personne n’aurait pris la peine de les compter, il n’y avait pas de quoi s’inquiéter dans l’immédiat. Encore que, à ce moment précis, ce qui se passait sur cette bonne vieille terra firma n’était pas vraiment folichon, oh, ça non. Les choses n’avaient plus vraiment été les mêmes depuis ce jour où, dans un moment d’égarement, le futur ex-président des USA, Abe Synthe, avait choisi d’appuyer sur le bouton pour déclencher la guerre nucléaire, au moment précis où les cloches du Nouvel An célébraient gaiement notre entrée dans le XXIe siècle.Ceci, bien sûr, se passait dans un univers parallèle où Paco Rabanne était le plus grand visionnaire de son temps, puisque sa prophétie s’était indéniablement, indiscutablement réalisée. Autant dire que ce monde n’avait qu’un lointain rapport avec le nôtre. Néanmoins, la Terre reste la Terre.

Un autre style de light Fantasy qui commence à se répandre est la parodie d’œuvres de Fantasy. Les premiers à s’y essayer sont Henry N. Beard et Douglas C. Kenney en 1969 avec Bored of the Rings, parodie du Seigneur des anneaux (Lord Of the Ring). Le titre des deux auteurs fut

traduit en français bien plus tard sous le nom Lord of the ringard. En 2009, ils publient une nouvelle parodie, et cette

fois-ci, c’est la série Twilight qui a été escamotée.Tous les grands succès connaissent une version parodique, le personnage de J.K Rowling n’y échappera pas. Harry Potter deviendra Barry Trotter, un élève glandeur de l’école de Coudbar qui doit affronter un certain Valdemarne…

Lord of the Ringard d’Henry Beard est la

plus célèbre parodie du Seigneur des Anneaux

La light Fantasy se retrouve sur plusieurs supports : livres, films, avec le personnage de Shrek, mais aussi dans un tout autre style avec le Donjon de Naheulbeuk. Ce qui n’est au départ que le délire de quelques amis qui s’enregistrent pendant une partie de jeux de rôle va vite se transformer en un véritable succès depuis 2008. Ce dernier fut tel que les épisodes disponibles au départ sur internet sont vendus sur CD, on trouve des chansons, des livres, des bandes-dessinées, …. Le Donjon de Naheulbeuk narre les exploits d’une piètre compagnie composée d’un elfe, un barbare, un aventurier, une sorcière… Ils cherchent tous la gloire ou la fortune, ou les deux réunies.

F- Dark Fantasy

Ne vous attendez pas à une lueur d’espoir si vous lisez un roman de dark Fantasy, dans cet univers, espérer est peine perdue. On peut le traduire par Fantasy sombre ou noire, et c’est un sous-genre que l’on peut croiser avec tous les autres sauf avec la light Fantasy. Les deux sont antinomiques. Les romans de dark Fantasy sont généralement des ouvrages où le mal l’emporte s’il existe une lutte manichéenne à l’intérieur du livre. Ce sont des œuvres où les combats sont assez violents et l’auteur montre au lecteur avec force détails toute l’horreur des batailles.Le cycle le plus important de dark Fantasy est Les chroniques de la compagnie noire de Glenn Cook avec plus de 10 titres. L’auteur commence à rédiger son œuvre à partir des années 1980 et la poursuit encore actuellement. Le quatrième cycle est aujourd’hui en cours de parution. Paradoxalement, l’auteur a écrit Garett détective privé, une petite perle de la light Fantasy.D’autres auteurs s’essayent au genre, comme Laurent Genefort avec sa trilogie Hordes, qui nous montre un univers sombre empli de batailles, de cruauté et de chaos : Les seigneurs n’ont plus d’armées, ils recrutent des mercenaires. L’une des plus connues est celle du serpent dirigée par Audric, le fléau du démon. Ce surnom, le capitaine de la horde du Serpent le doit au brassard en acier articulé qui lui permet de manier une épée gigantesque que nul ne peut seulement soulever. On murmure qu'il a conclu un pacte démoniaque pour obtenir cette force surhumaine. Audric néglige ces rumeurs, tout comme il ne tient pas compte des mises en garde d'Umiade, son augure personnel, à l'encontre d'un jeune paysan qu'il a secouru à l'issue d'une bataille.

G- Animal Fantasy

La caractéristique principale de ce sous-genre est la présence d’animaux anthropomorphiques (qui possèdent des caractéristiques humaines, la parole, la gestuelle…) John Clute, dans son Encyclopedia of Fantasy, la définit en opposition avec deux autres genres : d’une part les fables animalières comme celles de La Fontaine, où l’on retrouve une vision satirique de la société, et une visée morale ;

animalière française Brian

Jacques connut le succès avec la saga

Rougemurailles

d’autre part les animaux parlants, comme dans le livre de C.S Lewis Le monde de Narnia, où l’animal personnifié joue le rôle de compagnon mais dans une civilisation à dominante humaine.

L’animal Fantasy place son intrigue dans une société animale ou la présence de l’homme est lointaine voire inexistante. André-François Ruaud, écrivain et essayiste spécialisé dans la science-fiction et la Fantasy, signale que ce genre peut poser problème car l’anthropomorphisation ne suffit pas pour dire qu’il s’agit de Fantasy. Ces œuvres incluent généralement des univers secondaires imaginaires, un élément propre à la Fantasy. L’auteur à l’origine du genre est Kenneth Grahame (1859-1932) avec son roman Le vent dans les saules (1908), qu’il écrit dans un premier temps pour son fils. Il faut attendre 1972 pour voir un autre roman de ce type apparaître. Il s’agit du livre Les Garennes de Watership Down de Richard Adams. Comme pour Grahame, il a d’abord raconté cette histoire à ses deux filles qui insistèrent pour qu’il essaye de

la publier. En 1996, Adams écrit la suite sous forme de contes : Tales from Watership Down.

« Un groupe de lapins chassés par la destruction de leur colonie décident d'aller s'installer dans les collines de l'autre côté de la route. Parmi eux, un jeune lapin aux talents prémonitoires, qui leur a permis d'échapper à la mort qui a frappé le reste des leurs. Cette errance les conduira à rencontrer une garenne étrangement civilisée et à libérer des lapines de clapier... »Le succès rencontré par Richard Adams inspira d’autres auteurs comme William Horwood avec son cycle sur Les bois de Duncton, paru entre 1980 et 1993. Son œuvre est traduite tardivement, en 1997, en France par les éditions Atalante. Il narre les aventures d’une communauté oligarchique de taupes très violentes. Cette société animale guerrière et religieuse, permet à Horwood de faire une critique de la société telle qu’il la voit.Tad Williams et Garry Kilworth se sont également essayés à la Fantasy animalière. Le second en écrit plusieurs sur les loups (Midnight’s Sun), sur les lièvres

(Frast Dancers) et sur les souris (House of tribes). Lorsqu’on demande à l’auteur pourquoi il écrit de la Fantasy animalière, il répond : « Mes fantasies animalières ne disent pas « C’est ainsi qu’un renard pense », elles disent « Voilà ce que je sentirais si j’étais un renard ». J’essaie de me mettre au niveau des animaux et de voir le monde par leurs yeux […]. Les comportements, les tailles relatives des objets et des créatures vivantes, l’accès a la nourriture et à la boisson, l’environnement immédiat, la relation au monde, toutes ces choses et bien d’autres encore sont assez différentes de celles que connaissent les gens. Des humains ne feraient pas l’affaire. »

La couverture de la première

édition de Watership

down en 1972

L’auteur le plus prolifique de la Fantasy animalière est incontestablement Brian Jacques (1939-2011), avec vingt deux livres, sa série Rougemuraille est un succès international. Dans une Angleterre imaginaire, peuplée uniquement d’animaux anthropomorphisés, nous suivons l’histoire de l’abbaye de Rougemuraille. Les derniers tomes sont parus en 2011 et mettent fin à quinze ans d’écriture.

H- Science FantasyCe terme est défini par Gary K. Wolfe dans son œuvre Critical Terms for Science Fiction and Fantasy. Les œuvres de Sciences Fantasy sont des romans qui utilisent « les archétypes de la Fantasy dans un contexte science-fictionnel ».Plusieurs romans s’inscrivent dans cette mouvance : c’est le cas du cycle de La ballade de Pern d’Anne McCaffrey qui narre une société de colons futuristes de la planète Pern et qui ont besoin du feu produit par des dragons pour survivre. Le cycle Ténébreuse de Marion Zimmer Bradley est aussi à la croisée de la science-fiction et de la Fantasy.Le terme science Fantasy désigne des œuvres qui sont à la frontière des deux genres. Certains auteurs jouent sur les deux thèmes pour pouvoir toucher un plus large public.Les œuvres sont de plus en plus perméables aux différents genres et les auteurs s’inspirent volontiers des canons des différents genres pour rédiger leurs romans.