IFMSA-MOROCCO SPIRIT #1

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Révélations sur la Greffe D’Organes Sondage Pourquoi avez-vous fait Médecine ? Plongée au coeur d’IFMSA-Morocco Lettres ouvertes et Mot de la présidente Le Saviez-vous ? 6 Questions/Réponses surprenantes S ? ! N° 001 SEPTEMBRE 2014 ALLERGIES PÉRIODE DE VACANCES … D’ALLERGÈNES AUSSI !!

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Transcript of IFMSA-MOROCCO SPIRIT #1

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Révélations sur la

Greffe D’Organes

SondagePourquoi avez-vous fait

Médecine ?

Plongée au coeur d’IFMSA-Morocco

Lettres ouvertes et Mot de la présidente

Le Saviez-vous ?6 Questions/Réponses

surprenantes

S

?

!

N° 001 Septembre 2014

AllergiesPériode de VAcAnces … d’Allergènes Aussi !!

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Copyright ©Ceci est la propriété de IFMSA-Morocco.La reproduction, même partielle, de tout texte, image ou photo présents sur ce support est interdite sans accord préalable. Les logos, marques et marques déposées sont la propriété de leurs détenteurs.

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Copyright ©Ceci est la propriété de IFMSA-Morocco.La reproduction, même partielle, de tout texte, image ou photo présents sur ce support est interdite sans accord préalable. Les logos, marques et marques déposées sont la propriété de leurs détenteurs.

EditoChers lecteurs, si vous lisez aujourd’hui ces lignes c’est que nous avons réussi !!

Nous avons réussi à écrire et à publier le premier magazine de l’histoire d’IFM-SA-Morocco. La route a été si longue que nous avons à maintes reprises été au bord de l’abandon. Mais à chaque fois, nous avons reçu les encouragements né-cessaires de nos chers amis IFMSAians pour pouvoir continuer. Et le rêve est de-venu réalité.

Ce magazine est destiné à tous les étudiants en médecine marocains, il a été pensé pour vous ! Vous pourrez y trouver de l’information scientifique de premier choix et aussi des articles qui vous présenterons IFMSA-Morocco comme vous ne l’avez jamais vu.

Vivez au cœur de notre association en lisant des lettres ouvertes dont la lettre de fin de mandat de notre chère présidente Faouz MANSOURI 2013-2014. Découvrez nos projets comme le dossier greffes en page 22. Eva-dez-vous avec des articles plus légers comme en page 56 . Et bien plus encore.

Je vous souhaite une bonne lecture !

Zineb Bentounsi, rédactrice en chef.

IFMSA-Morocco Spirit Cette publication est la propriété de l’as-sociation IFMSA-Morocco.www.ifmsa-morocco.orgRédactrice en chef: Zineb Bentounsi,Publication Support Division Director [email protected]édacteurs:Amine Lotfi (Comité local de Casablanca) Leila Elammari (Comité local de Rabat) Zineb Benhdech (Comité local de Fès) Responsable graphique:Youssef Ghlial (Comité local de Rabat) Conception et édition: Zineb Bentounsi et Youssef Ghlial.

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Sondage

Sommaire

Edito.

DossierGreffes

Le Saviez-Vous ?Nouveautés - Mini-IRM

Théories farfelues

Pensées d’une PubSDDZineb BENTOUNSI, Rédactrice en chef

Plantes et Rhumatismes

Lettres de deux IFMSAiansBasma LAHMER - Ossama KALLEL

Face à la maladiePr. David Servan-Schreiber

Une garde aux UrgencesVue par une externe.

Présentation de l’association.

Mot de Faouz Mansouri Présidente 2013-2014

SondagePourquoi avez-vous fait médecine ?

AllergiesComment les éviter en vacances ?

♣ Pourquoi avez-vous fait médecine ?

Dossier

22♣ Greffe au fil du temps ♣ Révélations sur la situation des greffes au Maroc♣ Interview de Pr. Ramdani

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IFMSA-MoroccoL’IFMSA (International Federation of Medical Students’ Associations) est une organisation indépendante, non-gouvernementale et apoli-tique. C’est la plus grande formation représen-tant les étudiants en Médecine au Monde.Elle est officiellement reconnue par l’Organisa-tion des Nations Unies (ONU), et est membre de l’Organisation Mondiale de Santé (OMS) de-puis 1969, qui la reconnaît comme le forum in-ternational des étudiants en médecine.Aujourd’hui, l’IFMSA compte plus de 115 asso-ciations venant de 110 pays, et représente plus de 1,3 millions d’étudiants en médecine.Chaque année, l’IFMSA organise deux Assem-

blées Générales, l’une en Mars (Appelée « March Meeting ») et l’autre en Août (Appelée « August Meeting ») et rassemble ainsi plus de 800 étudiants en mé-decine des quatre coins du monde, afin de discuter de l’avenir de la fédération, de décider de ses activités, de son règlement et de sa gestion. Ces congrès sont également une occasion de faire le point sur les projets, échanger des idées et méthodes, sans oublier les nombreuses formations dont bénéficient les participants.C’est dans l’optique de rejoindre cette fédération qu’un groupe d’étudiants en médecine de Rabat et de Casablanca ont joint leurs efforts pour créer l’asso-ciation IFMSA-Morocco.Le Maroc (à travers l’association IFMSA-Morocco) a rejoint l’IFMSA en tant que candidat en Août 2012, au cours de sa 61ème Assemblée Générale qui s’est déroulée en Inde, et est devenu membre permanent d’IFMSA lors de la 63ème

Assemblée Générale, ce Mars 2014, soit une année et demi plus tard !

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mot de Faouz maNSouri

Chères lectrices, chers lecteurs, très chers IFMSAians,Du Chientan Youth Activity Center, Taipei, Taiwan, là où la 63ème Assemblée Générale (August Mee-ting) de l’IFMSA a eu lieu, je vous écris ces quelques mots qui vont probablement être mes derniers en tant que présidente nationale d’IFMSA-Morocco ; mon man-dat touchant bientôt à sa fin.Il y a de cela quelques mois, lors de nos élections natio-nales, deux possibilités se présentaient à moi  : briguer un deuxième mandat ou pas-ser le flambeau à un éventuel successeur. Après plusieurs mois de réflexion, la décision

a été facile à prendre certes, mais très douloureuse. Car je mentirai si je vous disais que je m’en vais le cœur léger !Mais ceci ne se veut pas le cœur de ma lettre.Ce fut un grand honneur pour moi de pouvoir servir

notre jeune association et j’es-père réellement que mon pas-sage aura apporté quelques fruits. L’expérience que j’ai vécue ce mandat a été des plus enrichis-santes. Je n’ai certainement pas été parfaite, mais je puis vous assu-rer que j’ai fait de mon mieux et même plus.

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“à IFMSA-Morocco il y a toujours quelque chose sur le feu à surveil-ler, un travail à terminer, un projet à mener à bien, un problème à

gérer et beaucoup d’imagination à concrétiser”

Satisfaire toutes les exigences qui incombent à cette fonction n’est pas toujours aisé, et les déci-sions sont souvent difficiles à prendre. Mais grâce à une équipe compétente, dévouée et digne de confiance, ce travail devient alors plus fa-cile, moins prenant. Et même quand les choses sont devenues floues, compliquées et impossibles par moment, j’ai tou-jours trouvé le soutien et l’écoute en des membres qui se reconnaîtront, des personnes exception-nelles.Ceci dit, je reste reconnaissante à tous les membres actifs d’IFMSA-Morocco, tous comités locaux confondus, qui se sont montrés dignes de confiance et des plus efficaces quand les projets affluaient et les demandes à satisfaire se multipliaient à l’infini.Car oui, à IFMSA-Morocco il y a toujours quelque chose sur le feu à surveiller, un travail à terminer, un projet à mener à bien, un problème à gérer et beaucoup d’imagination à concrétiser.Et c’est grâce à vous et à votre dévouement, qu’en-semble, nous avons traversé ce que nous pen-sions être l’impossible il y a quelques années, tout en mettant la sociéte marocaine au cœur de nos

Faouz Mansouri Présidente de L’IFMSA-MoroccoMandat 2013-2014

préoccupations et oeuvrant à son éducation, sa sen-sibilisation et à son bien être. Ceci étant la principale mission d’IFMSA-Morocco ! Et ainsi nous avons gagné de jeunes leaders, une re-lève en qui j’ai toute la confiance du monde et qui sau-ra mener notre formation sur le chemin du dévelop-pement. Car le monde évolue et nous devons suivre le pas autant que nous le pouvons !

A toi Salim Chajai, mon successeur, et à toute la mer-veilleuse Team of Officials qui saura te guider et don-

ner à notre association une autre dimension, je vous dédie ces quelques mots et vous souhaite toute la mo-tivation possible, parce que vous disposez déjà de tout le reste !Un très bon mandat vous attend...Et longue vie à IFMSA-Morocco !

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Sondage

pourquoi avez vouS Fait médeciNe ?

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En juillet 2014, nous avons mené un sondage via un formu-laire google anonyme, dont voici les résultats.Cette initiative a été entreprise par simple curiosité et son in-térêt est d’avoir une vue sur ce que pensent les étudiants en médecine marocains. L’objectivité de cette étude est, certes discutable puisqu’aucune rigueur scientifique n’a été respec-tée (nos connaissances actuelles ne nous permettant pas de faire mieux), cependant elle reste intéressante à lire. Nous vous la présentons donc à l’état brut *, sans aucune interprétation afin que chacun puisse en tirer sa propre idée. Avant de vous laisser lire, nous voudrions remercier les 126 personnes ( 82 ♀ et 44 ♂ ) qui ont pris le temps de remplir le formulaire, certaines avec plus de sérieux que d’autres, car rien n’aurait été possible sans elles.

ziNeb beNtouNSi

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1ÈRE

2ÈME

3ÈME

4ÈME

5ÈME

6ÈME

EN INSTANCE DE THÈSE.

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Quelle est votre année d’études ?

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IFMSA-MOROCCO

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AUTRE

16

INTERNET

66

VOIR DES AMIS

83

AUTRE ASSOCIATION

25

SPORT

71

ACTIVITÉ ARTISTIQUE

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avez vous d’autres activités en dehors de vos études?

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31%Après le Bac.

30%Avant 10 ans.

26 %Entre 15 ans et

l’âge du Bac.

13 %Entre 10 et

15 ans.

A quel âge Avez vous exprimé le vœu de fAire médecine ?

est ce que vos pArents vous ont poussé à fAire médecine ?

33%NON.

67%OUI.

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est ce que vos professeurs Au lycée vous ont encourAgé à fAire médecine ?

pouvez vous dire que fAire médecine A été un choix personnel ?

63%NON.

37%OUI.

77%OUI.

21%PAS VRAIMENT.

2%NON PAS DU TOUT.

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74%FAVORABLE-

17%ILS M’ONT AVERTI DE LA DIFFICULTÉ

DES ÉTUDES.

4%INDIFFÉRENTS.

5%ILS ONT TENTÉ DE

VOUS DÉCOURAGER. comment votre entourAge A-t-il réAgi à votre choix ?

vous Arrive-t-il de regretter d’Avoir fAit médecine ?

13 %SOUVENT.17%

PARFOIS.

8%RAREMENT.

25%JAMAIS.

37%SEULEMENT EN

PÉRIODE D'EXAMENS ET APRÈS JE N'Y

PENSES PLUS.

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etes vous heu-reux d’être un étudiAnt en médecine ?

Avez vous fAit d’Autres études supérieures ?

70%OUI.

25%NON MAIS JE

FAIS AVEC.

5%NON.

91%NON.

6%OUI, AVANT MÉDECINE

3%OUI, EN MÊME TEMPS

QUE MÉDECINE.

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ALLERGIES

Aliments ▲Pendant un voyage en avionEviter de manger dans l’avion, surtout des cacahuètes, des pistaches et des amandes et selon le type d’aliment en cause est parfois nécessaire. Sur les vols longs cour-riers il faut peut être envisager d’appor-ter un panier repas car les compagnies aériennes ne prévoient pas encore de menus spéciaux pour les personnes pré-sentant une allergie alimentaire. Avoir sur soi l’ordonnance du médecin, traduite en anglais en cas de compagnie anglophone et les médicaments nécessaires comme les comprimés d’antihistaminiques et de corticoïdes, un bronchodilatateur et la seringue d’adrénaline auto injectable. Le personnel de bord doit être prévenu lors

de l’embarquement.Pendant le séjourAu cours du séjour, les personnes aller-giques à un ou plusieurs aliments doivent faire preuve d’une grande prudence, surtout s’ils se trouvent à l’étranger. Ils doivent également avoir en permanence avec eux les médicaments nécessaires. En effet, la présence d’allergènes masqués ou une faute d’inattention pourraient avoir des conséquences dramatiques

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Toujours Consulter son médecin

La photosensibilisation est à l’origine d’une augmentation de la sensibilité de la peau provoquée par l’action des UV provoquée par certaines substances chimiques ou médicamenteuses ap-pliquées sur la peau ou ingérées sous formes de comprimé ou de gélules comme par exemple des anti-dépres-seurs, certains Anti-inflammatoires, an-tibiotiques, diurétiques et même des

médicaments hypoglycémiants. Des ali-ments comme le céleri, le fenouil peuvent également parfois provoquer des mani-festations liées à une photosensibilisation, cette dernière provoque des manifesta-tions cutanées plus ou moins sévères em-pêchant l’exposition solaire.

Consulter son médecin traitant ou son aller-gologue avant de partir afin de prévoir les médicaments à emmener, d’en préciser leurs dosages, de connaître les caractéristiques de l’endroit du séjour. En effet un allergique aux pollens de graminées qui se rend à la mon-tagne au mois d’Aout risque d’être gêné par les pollens qui auront surement disparu de la région d’où il vient. Il peut également être nécessaire de modifier le traitement de fond d’un asthmatique dont l’objectif principal du

voyage est de faire du sport.

ALLERGIES

médicAments photosensibilisAnts

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Moustiques ►Les réactions provoquées par les piqûres de moustique, même si elles ne mettent pas la vie en danger, peuvent gâ-cher le voyage d’une personne qui y est allergique. Les mous-tiques peuvent provoquer des réactions locales inflammatoires modérées ou des réactions plus étendues de plusieurs centimètres de diamètre ac-compagnées d’un oedème et de démangeaisons insuppor-tables. Une infection de la zone atteinte peut survenir, surtout chez les enfants, nécessitant alors un traitement antibio-tique. Il est parfois nécessaire de prescrire des médicaments anti histaminiques pendant la durée du voyage.

◄ Abeilles/GuêpesLes piqures d’abeille ou de guêpe, plus fréquentes en période estivale et dans cer-tains pays, peuvent provoquer des mani-festations violentes chez les allergiques.

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Les allergiques aux insectes peuvent être confrontés, selon leur destination, à des situations problématiques, surtout dans les régions tropicales.

◄ Abeilles/GuêpesLes piqures d’abeille ou de guêpe, plus fréquentes en période estivale et dans cer-tains pays, peuvent provoquer des mani-festations violentes chez les allergiques.

Les Insectes

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Mais aussi, attention au soleil ►Les allergies au soleil touchent chaque année davantage de personnes, pouvant provoquer une lucite estivale bénigne, une lucite polymorphe ou une urticaire solaire. Certains traitements peuvent être conseillés de manière préventive comme les caro-ténoïdes, les antihistaminiques, la vitamine PP, les antipaludéens de synthèse ou des séances de puvathérapie chez un dermato-logue.

Sélectionné par Zineb benHDecH

Méduses

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Pendant les voyages , il est souvent possible d’être confronté au cours des baignades à des animaux de mer. Les piqures de méduses sont de plus en plus fréquentes en raison de la multiplication des méduses au cours de ces dernières années. Celles-ci peuvent provoquer des manifestations violentes lors d’une ou plusieurs piqures : apparaissent alors de violentes douleurs, des dé-charges électriques insupportables , des brulures suivies rapidement de lésions de la peau très prurigineuses et qui peuvent persister plusieurs jours. Peuvent survenir des maux de tête, des vomissements, une baisse de tension, un malaise, une crise d’asthme , un oedéme de quincke et/ou choc anaphylactique. ◄

Mais aussi, attention au soleil ►Les allergies au soleil touchent chaque année davantage de personnes, pouvant provoquer une lucite estivale bénigne, une lucite polymorphe ou une urticaire solaire. Certains traitements peuvent être conseillés de manière préventive comme les caro-ténoïdes, les antihistaminiques, la vitamine PP, les antipaludéens de synthèse ou des séances de puvathérapie chez un dermato-logue.

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Greffesplongée Au coeur du mystère

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La transplantation ou greffe d’organes… derrière ce geste miraculeux et sal-vateur de notre médecine moderne, on ne compte plus les martyrs morts sur l’autel de la science ainsi que les apprentis chirurgiens et scientifiques ayant été souvent en avance sur leur époque et qui ont tous contribué à cette épopée scientifique sans précédent. Mais au fond, qu’est ce qu’une greffe ou transplantation d’organe ? Selon le Larousse Médical, une greffe est un « trans-fert, sur un malade receveur, d’un greffon constitué de cellules, d’un tissu, d’une partie d’organe ou d’un organe entier » [1], la transplantation étant un geste chirurgical complexe impliquant de « rétablir la continuité de la circula-tion sanguine en abouchant chirurgicalement les vaisseaux (artères et veines) du receveur à ceux du greffon. On parle alors de transplantation d’organe, ou

multiorgane » [1].

Du mythe à la réalité

“La transplantation a exercé sur l’être humain une fascination qui s’est retrouvée dans plusieurs mythes et mythologies”

Dossier par Amine Lotfi, Leila Elammari et Zineb Bentounsi

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Depuis l’aube des temps, la transplantation a exercé sur l’être humain une fascination qui s’est retrou-vée dans plusieurs mythes et mythologies. Des greffes sont imaginées dans les mythologies égyp-tiennes et gréco-romaines sous formes de chimères avec une tête de lion, un corps (et une autre tête) de chèvre, et une queue de serpent, où dans les miracles chrétiens où Saint-Côme (saint patron des chirurgiens) et Saint-Damien (saint patron des phar-maciens) auraient greffé la jambe d’un maure décé-dé pour remplacer la jambe nécrosée d’un de leur patient au  IIIe s. après J.-C.[2]. Au XVIE siècle, le médecin italien Gaspare Tagliacozzi réalise avec succès des au-togreffes de nez mais échoue dans les allogreffes, affirmant que « le caractère singulier de l’individu empêche fondamentalement de prélever des tissus d’une personne pour les transplanter sur une autre »[3] et annonçant l’une des plus grandes problé-maiques qu’auront à affronter les médecins pionniers dans le domaine de la transplantation : le rejet de greffe.

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Médecin Yu Yu Voronoy.◄

Equipe médicale du médecin Yu Yu Voronoy.

L’histoire de la transplantation d’organes entre 1900 et 1945 est parcourue d’échecs tous dus à la réac-tion de rejet, de la première greffe de rein tentée sur un être humain en 1933 par le médecin ukrainien Yu Yu Voronoy (dont la patiente a survécu quatre jours seulement) aux essais de transplantation de cartilage et d’articulations tentés entre 1907 et 1925 par le chirurgien allemand Erich Lexer ayant tous échoués. En 1912, Georg Schöne, médecin spécialisé en pathologie, émettait l’hypothèse que le rejet des organes résultait d’un processus immunologique qu’il désigna par le terme de « Transplantationsim-

munität ». Dans son livre « Heteroplastische und Homoplastische Transplantation » il résuma les observations de près de 500 publications contem-poraines sur le sujet, énonçant notamment que les greffes hétéroplastiques (entre différentes espèces biologiques) étaient toujours suivies de rejet, les greffes allogéniques (entre individus différents d’une même espèce) échouaient la plupart du temps tan-dis que les autogreffes (où donneur et receveur sont la même personne) réussissaient presque systémati-quement. A partir des années 60, l’histoire de la transplanta-tion a connu des succès spectaculaires, notamment

par la première greffe cardiaque réussie en 1967 par le chirurgien Sud-Africain Christiaan Barnard, ou encore la première transplantation de foie réa-lisée par l’américain Thomas Starzl la même année. Cependant, le succès restait mitigé car les premiers traitements visant à inhiber la réaction de rejet, no-tamment par exposition intégrale du patient aux rayons X ou administration de cortisone et azathio-prine, étaient lourds et pourvus de nombreux effets secondaires.Malgré toutes ces années d’expérimentations et de recherches, la révolution qu’attendait désespérément l’histoire de la transplantation est ve-nue d’une poignée de terre ramassée au hasard d’un voyage sur les hauts plateaux du Hardanger Vidda

en Norvège et qui a terminé dans les laboratoires de microbiologie de la compagnie pharmaceutique Sandoz à Bâle en Suisse. De cette poignée de terre a été isolée la substance dont les qualités immuno-suppressives ont contribué à la généralisation de la transplantation comme outil thérapeutique. Cette substance découverte en 1972 par l’immunologiste suisse Jean-Francois Borel n’est autre que la Ciclos-porine. [4]

Le 9 mars 1980, une femme de 28 ans devient la première patiente au monde à bénéficier de ciclos-porine pour une transplantation hépatique avec un taux de survie des participants de l’étude dont elle faisait partie, mesuré à 71% un an après la transplan-

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i-limb™

tation, ce qui constituait une première mondiale.[5]A partir des années 80, la transplantation d’or-ganes devient un traitement courant grâce aux progrès de la médecine. Cependant l’élan se heurte à une nouvelle problématique : le manque d’organes.Face à la pénurie, la recherche se concentre sur les principales alternatives, dont la plus pro-metteuse s’annonce être la robotique. Citons notamment le cœur artificiel dont le prototype développé par l’équipe du Pr. Alain Carpentier et la société EADS en 2008 se targue d’être au-tonome, totalement biocompatible et capable d’autorégulation physiologique. [6]Citons aussi le cas d’Evan Reynolds, un jeune anglais ayant perdu sa main et son avant-bras lors d’un accident de voiture et qui a bénéficié d’une greffe d’un bras entièrement robotisé contrôlable par la pensée en Février 2008. Cette prothèse, l’i-LIMB, vendue 10 000 livres sterlings

l’unité et construite par les laboratoires écossais Touch Bionics, lui permet de récupérer une acti-vité normale et même de pratiquer une activité physique. [7]Comme nous l’avons vu, l’histoire de la transplantation d’organes, c’est l’histoire d’hommes de sciences et de malades qui, pour la plupart sont rentrés à jamais dans la postérité pour avoir voulu repousser sans cesse les limites de la technique et de la connaissance médicale. Les défis restent grands de nos jours, mais les avancées de la technique chirurgicale et de la robotique annoncent déjà l’ère de l’homme bio-nique. Après tout, peut être que nous sommes pas si loins du Terminator ou de l’Iron Man que nous ne le pensons…

amine lotfi.

“Face à la pénurie, la recherche se concentre sur les principales al-ternatives, dont la plus prometteuse s’annonce être la robotique.”

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REFERENCES

[1] Larousse Médical, Edition 2006[2]  Androutsos, G.; Diamantis, A.; Vladimiros, L. (2008). «The first leg transplant for the treatment of a cancer by Saints Cosmas and Damian». Journal of B.U.ON. : official journal of the Balkan Union of Onco-logy 13 (2): 297–304[3] Gnudi and Webster, Life and Times of Gaspare Ta-gliacozzi, translation of Tagliacozzi, Curtorum chirur-gia, bk. I, pt. 18, p. 61.[4] Borel Jean-François. L’histoire de la ciclosporine. In: Revue d’histoire de la pharmacie, 84e année, N. 312, 1996. Actes du XXXIe Congrès International

d’Histoire de la Pharmacie (Paris, 25-29 septembre 1995) pp. 413-421.[5] Tarzl TE, Klintmalm GB, Porter KA, Iwatsuki S, Schroter GP (1981) Liver transplantation with use of cyclosporin a and prednisone. N Engl J Med 305: 266–269[6] http://www.carmatsa.com/ site officiel du fabri-quant du cœur artificiel, consulté le 27/06/2014[7] httP://www.thetimes.co.uk/tto/heAlth/Article1967191.ece, consulté le 27/06/2014

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La situation des greffesEn arrivant au service de Né-phrologie du CHU Ibn Rochd, à votre gauche se trouve une porte à peine entrouverte. Si vous prenez votre courage à deux mains et que vous passez le pas de cette porte vous n’irez pas loin. En effet un médecin viendra vous dire qu’i faut être habillé de façon stérile afin de ne pas contaminer les patients hospitalisés ici, ils viennent d’être greffés. Greffés ? Ce mot sonne comme un mot magique, il vous renvoit à ces épisodes de Grey’sAna-tomy, à ces documentaires sur France 2, à ces images de mé-

decins en tenue de bloc courant avec une petite glacière à la main dans les couloirs de l’hô-pital. Alors comme ça la greffe existe au Maroc ? Vous faites des recherches et vous trouvez que oui, la transplantation d’organes existe au Maroc, cependant elle

se limite surtout au rein pour le moment. Le rein ? Voilà qui tombe bien, vous êtes au service de Néphrologie, et le Pr Ramda-ni, votre chef de service est un expert en la matière. Mr vous auriez quelques minutes ?

Exploits médicauxAU Maroc

Entretien avec Pr. Ramdani Chef du Service de Néphrologie au CHU Ibn Rochd.

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Pr. RamdaniChef de Sérvice de Néphrologie au CHU Ibn Rochd.◄

Transplantation Cardiaque

“au maroc, JuSqu’à préSeNt,

NouS avoNS traNSplaNté 3

orgaNeS”.

Bonjour PrRamdani, en plus d’être ex-terne dans votre service, je suis PubSDD au sein d’IFMSA-Morooco et pour notre magazine nous aimerions faire un dossier sur la transplantation d’organes, vous pourriez répondre à quelques questions ? Pr Ramdani : Oui avec plaisir.

Merci monsieur, alors première ques-tion : Quand a débuté la greffe au Ma-roc ? Au Maroc, jusqu’à présent, nous avons transplanté trois organes. Le premier organe transplanté a été le rein, en 1985, au CHU Ibn Rochd (Casablanca) et tenez-vous bien, à l’époque c’était une première maghrébine ! Il est vrai que l’équipe était étrangère puisque le chirurgien était américain et l’anesthé-

siste français, mais les chirurgiens et les néphrologues marocains ont accom-pagné toute la procédure et ont pu les seconder. Parallèlement des médecins marocains sont allés faire des stages de perfectionnement en greffe à l’étran-ger, moi-même j’ai effectué un stage en France en 1988. Puis rapidement a eu lieu la première greffe de reins 100% marocaine en 1990, toujours au CHU Ibn Rochd. A cette époque c’était des greffes à partir de donneurs vivants.

En parlant du rein, ouvrons une petite parenthèse scientifique, pouvez-vous nous expliquer quel est le rôle du né-phrologue et quel est celui de l’uro-logue dans la greffe de rein ? Alors bonne question ! Les deux sont aussi indispensables à la transplanta-

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formation pour pouvoir juger de la qualité du rein. C’est au néphrologue de s’assurer de la perfusion et de la conservation du rein pré-levé, et à lui de vérifier la viabilité du greffon après déclampage de l’anastomose vasculaire.

Et mise à part le rein, quels sont les deux autres organes transplantés au Maroc ?Les deux autres organes ayant été transplan-tés au Maroc sont le cœur et le foie. La pre-mière transplantation cardiaque au Maroc a eu lieu en 1994, le prélèvement a été fait à Casablanca et la greffe à Rabat. La greffe a été un succès.Quant à la première transplantation hépa-tique, elle est récente, puisqu’elle a eu lieu en

février 2014 à Marrakech. Un père a donné un peu de son foie à son enfant qui souffrait d’une hépatite fulminante.

Vous parlez de Rabat, de Casa, de Marrakech donc il existe plusieurs centres de greffes dans le Royaume, combien exactement ?Il y a 6 centres de greffe qui sont les CHU de Casablanca, de Rabat, de Fès et de Marrakech ainsi que l’Hôpital Militaire et l’hôpital Cheikh Zaid à Rabat.

Pas de centres privés donc…Non, la loi 16-98 est claire. Les centres privés n’ont pas le droit de prélever ou de transplan-ter des organes. En revanche, ils ont le droit

“la plupart deS patieNtS greFFéS coNSidèreNt que la greFFe eSt uNe reNaiSSaNce, le début d'uNe Nouvelle vie.”

tion que le père et la mère à une naissance. Nous pouvons apparenter le néphrologue à la mère puisque c’est lui qui diagnostique le patient, qui le prépare, qui l’accompagne de longs mois avant, pendant et après la greffe. L’urologue est celui qui, par un acte ponctuel dans le temps rend la greffe possible, un peu comme le père. Concrètement c’est lui qui s’occupe de l’acte chirurgical lui-même et des complications post greffe.L’image de la conception et de la nais-sance est intéressante puisque la plupart des patients greffés considèrent que la greffe est une renaissance, le début d’une nouvelle vie.

Donc les néphrologues ne sont pas pré-sents au BLOC ?Détrompez-vous, ils sont présents. Les néphrologues qui veulent travailler dans une structure de greffe suivent un complément de

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de greffer des tissus (ex : la cornée et la moelle) mais ils doivent pour cela répondre à un carnet de charge bien précis. Est-ce que ces différents centres de greffes tra-vaillent en réseau ? Est-ce qu’un organe prélevé à Casa peut être greffé à Marrakech ? Oui, le travail en réseau est déjà en place et il est de plus en plus efficace. Il faut savoir que le facteur temps joue énormément, heureusement le rein (qui reste l’organe le plus transplanté au Maroc) peut rester viable jusqu’à 72 h mais pour les autres 6h suffisent pour que l’ischémie froide détruise l’organe.Le travail en réseau est d’autant plus important qu’aujourd’hui nous faisons des greffes à partir de donneurs en état de mort encéphalique. La pre-mière a eu lieu en septembre 2010, où 4 reins ont été prélevés sur 2 donneurs pour être transplan-tés sur 4 patients. Depuis, 25 reins ont été préle-vés et greffés à Casablanca et à Marrakech.

En juin 2014, le premier prélèvement multi-or-ganes a eu lieu à Marrakech sur un donneur en état de mort encéphalique et les organes ont pu sauver les vies de patients à Fès, à Casablanca et à Marrakech, il s’agit d’un foie , de 2 reins et de 2 cornées .

En parlant de cette distribution nationale, qui dé-cide que tel patient aura tel organe ? Sur l’initiative de l’équipe de greffe du CHU de Casablanca, un score d’attribution national a été mis en place, il prend en compte la compatibilité ABO, la compatibilité HLA, l’âge (les enfants sont prioritaires), l’ancienneté de l’inscription sur la liste d’attente et la durée de l’hémodialyse en ce qui concerne le rein.Un exemple, celui de ce récent prélèvement mul-ti-organes, un rein a été attribué à un enfant à Fès et un autre à un adulte à Rabat, alors que le prélè-vement a eu lieu à Marrakech.

Quels sont les défis qui restent à relever au Ma-roc ?Le principal défi est d’augmenter le nombre de donneurs. Pour les donneurs vivants, c’est le rôle des néphrologues de parler à la famille des pa-tients en insuffisance rénale chronique terminale qui vont être sous dialyse toute leur vie. Puisque le donneur peut vivre avec un seul rein et que ce rein reçu permettra au patient d’avoir une meil-leure qualité de vie et une espérance de vie plus longue, cela vaut la peine d’essayer de trouver un donneur dans la famille. Donner un organe est un geste d’amour et de grande générosité. C’est vrai que l’opération coute cher mais une dialyse chronique coute encore plus cher !

Pour les donneurs en état de mort encéphalique, c’est un effort national qui doit être fait pour ins-taurer une CULTURE du don d’organes après la mort (on peut déjà inscrire son nom sur une liste auprès des autorités). Les résultats ne se verront pas du jour au lendemain mais il est plus que temps de commencer. En France, il a fallu près de 30 ans pour passer de 30% d’acceptation de dons à 70% aujourd’hui. Il faudrait aussi valoriser les équipes médicales qui réalisent des prouesses techniques dans le domaine des greffes et leur donner plus de moyens. Nous sommes loin de répondre à la de-mande en greffe !

“la plupart deS patieNtS greFFéS coNSidèreNt que la greFFe eSt uNe reNaiSSaNce, le début d'uNe Nouvelle vie.”

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Croyez-vous que la question de la greffe d’organes doit être plus médiatisée ? Bien évidemment que les médias ont un rôle à jouer. Au lieu de se concentrer sur les erreurs médicales et sur le trafic d’organes et d’en faire une règle alors que ce ne sont que des exceptions, il vaudrait mieux parler des réalisations des équipes médicales dans nos CHU et autres structures. Qui a entendu parler de la première greffe de foie au Maroc qui a eu lieu il y a à peine quelques semaines? Le grand public devrait savoir que la médecine au Maroc avance, et en être fier ! Croyez-vous que l’étudiant en médecine pourrait avoir un rôle à jouer dans cette médiatisation ? L’étudiant en médecine pourrait aider à la sensibilisation en relayant l’information auprès du grand public. Mais pour cela,

“Il faut créer une culture du don”

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“Les organes donnés ont pu sauver des vies.”

il doit lui-même s’informer et avoir un bagage scientifique suffisant pour lui permettre de corri-ger les idées reçues de nos concitoyens. L’étudiant en médecine est le meilleur pont entre la popula-tion et le monde médical.

Merci beaucoup Pr Ramdani pour votre temps et vos explications

“Le grand publique devrait savoir que le médecine au Maroc avance, et en être fier !”

J’espère chers lecteurs que cette entrevue aura répondu à toutes vos questions, à présent que vous êtes informés, vous savez ce qu’il vous reste à faire ;)

Propos receuillis par Zineb Bentounsi le 01/07/2014

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ethique et greFFe d'orgaNeS

Pendant les siècles derniers, l’évolution de la science et de nombreuses découvertes ont permis des révolutions en médecine en passant par les antibiotiques, les nou-velles techniques d’imagerie, les immunosuppresseurs, nouveaux matériels de prothèse, machine cœur-poumon …. Sans oublier le DON D’ORGANES !! Un patient condamné autrefois, peut avoir une vie qua-si normale aujourd’hui grâce aux greffes et transplan-tations de plus en plus nombreuses et de plus en plus sûres. La greffe est une opération chirurgicale consistant à rem-placer un organe malade par un organe sain, appelé « greffon » ou « transplant » et provenant d’un donneur. Elle cristallise donc les valeurs humaines : don, partage et par une métaphore surprenante lutte contre le rejet. Mais impliquant toujours un donneur humain, elle peut également prêter sujet à débat. Quand y’a-t-il atteinte à la sacralité du corps humain ? Quand y’a-t-il abus ? Où sont les limites éthiques de cette thérapeutique à carac-tère exceptionnelle ?

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Sélectionné et traduit par Leila ELAMMARI

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Au fil des années, les législations et comités d’éthique ont fixé quelques lignes directrices et lois pour permettre cette pratique dans un cadre légal, médical et scientifique, tout en protégeant les donneurs et greffés.

Les transplantations peuvent donc concerner : Les organes: rein, cœur, poumon, foie,

pancréas, intestin, bloc cœur-poumon, globe oculaire.

Et les tissus humains suivants : os, ar-tères, veines, moelle osseuse, valve car-diaque, membrane amniotique, peau, tendon, cornée, ligaments, dure-mère, aponévrose, cellule souches hématopoïétiques. Toutes autres cellules en dehors de celles liées à la reproduction !

Le corps humains ne peut être objet de préjudice sans

nécessité thérapeu-tique ou scientifique ni objet de transac-tion financière. La législation veille au

respect de l’inviolabi-lité du caractère sacré

et la non patrimonialité du corps humains pour éviter tout sacrilège et commerce

d’organes. Même les banques de sang ne sont autorisées à vendre leurs produits aux hô-pitaux qu’à des prix fixés par l’état visant à couvrir les frais de leur fonctionnement.

Les principes éthiques de la greffe d’organes sont essentiel-lement:

Le consentement : Il doit être expli-cite, clairement formulé et révocable

à tout moment par respect de la dignité hu-maine et autonomie de la volonté mais devant le nombre de greffe qui augmente et la vie des patients qui en dépend, que faire devant un donneur potentiel sans consentement expli-

cite ? Peut-on faire valoir la solidarité sociale obligatoire ? La législation y répond en permet-tant le prélèvement sur personne décédée sans consentement explicite, par l’urgence vitale en se basant sur une volonté altruiste de bien-faisance tant que le patient n’a pas exprimé de refus du temps de sa vie ou opposition de son conjoint, à défaut des ascendants, à défaut des descendants. Chez les donneurs vivants, le consentement doit toujours être éclairé en toute connaissance et conscience des risques et le prélèvement ne doit en aucun cas créer de dommages chez le donneur. Primum Non Nocere ! La gratuité : Le don d’organe est un acte de charité altruiste et ne peut être objet de tran-saction financière afin de garantir la dignité et liberté de décision des donneurs. La pauvre-té ne doit en aucun cas être un motif! L’anonymat : La solidarité n’étant pas dirigée envers une personne précise (à part dans le don de donneur vivant) afin d’éviter attache-ments passionnels, racisme, ressentissement, chantage, pressions … Des lois précises ont été mises en place pour encadrer cette thérapeutique exceptionnelle que ce soit pour les donneurs décédés, pour les donneurs vivants notamment pour le consentement et les receveurs potentiels, pour les mineurs et incapables majeurs ou pour les cas particuliers comme les prélèvements à but scientifique et ceux pour déterminer les causes du décès afin de rester fidèle aux principes éthiques de la greffe et au devoir de médecin envers son malade. Néanmoins cette pratique en perpétuelle évolution prête à beaucoup de tentation et abus dans une société globalisée de plus en plus : commerce d’organes, corrup-tion, chantage, homicide… les gouvernements doivent faire en sorte que les législations soient appliquées et suivent la cadence de l’évolution des techniques de transplantations et greffes pour créer un cadre légal éthique sans freiner le développement d’une thérapeu-tique sans égal!

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Le saviez-vous ?

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La couche externe de notre peau est for-mée de cellules keratocytes morts. Ces derniers ont une grande concentration de sels et, par phénomène d’osmose, quand on est dans l´eau , cette dernière migre dans les cellules qui augmentent de volume et ont besoin de plus d´es-paces et créant ainsi ces diverticules ou rides que nous connaissons tous. Ce phénomène est plus important au ni-veau des mains et pieds car la couche cornée est plus épaisse et parce qu´il n´a pas de glandes sébacées secrétant un film lipidique protecteur a ce niveau là. La concentration en sel de l´eau est également influente, plus l´eau est salée et moins l´osmose se fait. Si on se baigne dans la mer morte il faudra attendre longtemps pour observer ce phénomène !!

Pourquoi notre Peau devient ridée dans l´eau ?

Qu’est ce Que les courbatures ?

Longtemps on a cru que les courbatures étaient dues à l´accumulation d´acide lac-tique dans le muscle produit en grandes quantités au cours d´une activité phy-sique. Aujourd´hui, on a constaté que les courbatures étaient du à des microbles-sures au niveau de l´actine et la myo-sine des sarcomères qui ont été trop surmenées au dela de leur capacité. Que faire alors ? Massage, entrainement de nouveau ou repos.. rien de tout cela ne servira, il ne reste qu´a être patient avec la douleur et attendre la guérison avec formation de plus de fibres musculaires et de sarcomères et donc développement

du muscle !

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La chaleur de notre corps dépend essen-tiellement de la masse musculaire qui est notre radiateur. Le corps des hommes est formé physiologiquement de 40% de muscles contre seulement 23% chez les femmes. Ce qui équivaut à la moitié à peu près, s´ajoute à cela la perte de cha-leur due à la plus grande surface corpo-relle des femmes à cause de leur poitrine par rapport à un homme de la même taille. Les femmes sont donc bel et bien désavantagées par la nature et comme les pieds sont les zones les plus éloignées du centre thermique et ne contiennent pas d´organes nobles, ils en paient le prix.

Pourquoi les femmes ont les Pieds froids ?

PourQuoi bâiller est contagieux ?

On a découvert un réseau particulier de neurones appelés « neurones miroirs », car ils ne sont pas seulement actifs quand on réalise une action mais égale-ment quand on ne fait que la voir ! Alors quand quelqu´un bâille, notre cerveau bâille aussi. Alors la prochaine fois que vous devez bâiller après quelqu´un, dites lui que ce n´est que parce que vous vous sentez bien avec lui !!

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5En général, on distingue deux types de crèmes solaires. La première est chimique et est absorbée par la peau où elle pro-voque des réactions photochimiques transformant les rayons solaires en cha-leur comme la mélanine. Mais de nou-velles études montrent que certains de ces produits sont nocifs, irritent la peau et causent des allergies. La deuxième crème est physique, la peau est recou-verte d´un film protecteur de particules de Titandioxid qui agissent comme des micromiroirs reflétant les rayons UV. Ces crèmes ne pénètrent pas la peau et sont meilleures mais il faut en remettre plus souvent et leur prix est plus élevé. On les reconnaît à l´éclat blanc qu´elles donnent sur la peau à cause des particules.

comment fonctionnent les crèmes solaires ?

aveux d’un moustiQue

Comme vous le savez, seules nos fe-melles boivent votre sang, nous, les mâles, nous nous contentons de nectar de fleur. Comment attirer nos douces piquantes moitiés? Faites du sport ou un effort, le CO2 que vous émettez est un parfum attrayant pour elles. En parlant d´odeur, des pieds qui sentent le ca-membert une délicatesse por nos belles !!. Et si vous êtes une femme enceinte, en plus d´exhaler plus de CO2, votre ventre plus chaud que normale est des plus séduisants. Mais ne soyez pas triste si vous êtes un homme les gènes sont responsables à 85% si une personne est plus ou moins élue par nos chères dames. Ces chéris n´ont pas le ventre gros, elles avalent moins qu´une goutte de votre sang par repas.

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Source : Live de Ranga YogeshwarSélectionné et traduit par : Leila ELAMMARI

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UnemiNi irm

L’IRM, l’imagerie par réso-nance magnétique, permet aujourd’hui d’obtenir des vues en 2D et en 3D de l’intérieur du corps des ma-lades. Et donc de repérer des lésions éventuelles. Pour cela, le patient est introduit entièrement dans une sorte de tunnel. Une expérience qui peut être assez impres-sionnante.

Un nouvel appareil, unique-ment dédié aux extrémités, a fait son apparition dans un hôpital public à Valen-

ciennes (Nord-Pas-de-Calais). Déjà utilisé dans plusieurs cliniques en France, il prend en charge toutes les pathologiques ostéo-articulaires et permet de réaliser des IRM des mains, des pieds et des genoux. C’est ainsi bien plus rapide et bien moins traumatisant.

Une vidéo explicative est à visualiser sur le site : www.allodocteurs.fr

Rédigé par l’équipe Allo Docteurshttp://www.allodocteurs.fr/actualite-sante-une-mini-irm-pour-explorer-les-extremites-13552.asp?1=1

Sélectionné par Zineb BENHDECH

“pluS Simple, pluS rapide, moiNS coûteuSe, uNe Nouvelle géNératioN d’irm Fait SoN apparitioN daNS leS hôpitaux. deS machiNeS réServéeS aux extrémitéS.”

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Théories farfeLues

La césarienne provoquerait La maLadie cœLiaque

L’éLectricité rend gros et maLade

D’après le docteur Christine Johns-son, épidémiologue en chef à Détroit USA, les bébés nés par voie basse sont exposés à une multitude de germes lors du passage par les voies génitales à l’opposé des bébés nés par césarienne. Ce contact précoce avec les germes serait très important pour le développement du système immunitaire. Une étude allemande avec 2000 enfants démontre que les enfants nés d’une césarienne ont 80% plus de chance de développer une maladie cœliaque que les enfants nés par voie basse. La probabilité d’avoir des allergies si le contact avec les bactéries n’a pas été important au cours de l´enfance est également plus élevée. Notre corps né programmé à lutter contre les infections et microbes et quand il y est exposé de façon limitée notre système immunitaire commence à réagir à des stimuli non no-cifs tels que le pollen, les poils d’animaux, certains aliments ….

Depuis des millénaires, l’homme se réveille et tra-vaille selon le rythme du so-leil et de la lumière mais avec l’avènement de l’électricité, ce rythme a été chamboulé. Une étude britannique, parue l’année dernière dans le maga-zine Bioessays, démontre que le fait de pouvoir rester éveillé jusqu’au matin peut avoir de graves conséquences sur notre corps notamment en affec-tant le rythme circadien de sé-crétion de plusieurs hormones (cortisol, mélatonine, insu-line ..). Les chercheurs avaient

constaté que des souris dont le rythme lumière-obscurité a été changé de façon arti-ficielle ont pris du poids et ont vécu moins longtemps. Ceci confirme d’autres études qui montrent que les travailleurs postés (en rotation) sont plus souvent atteint de cancer du poumon, maladie cardiaque et diabète.

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une infection : cause de L’obésité

Les rides marqueurs de densité osseuse

Des scientifiques de l’Université de Yale ont remarqué chez 100 femmes ménopausées entre 40 et 50 ans que les personnes ayant les rides les plus profondes et les plus nombreuses avaient la densité os-seuse la moins élevée. La théorie est que la quantité de collagène di-minue partout dans le corps donc dans la peau mais aussi dans l’os. Il reste à confirmer cette hypothèse surtout que beaucoup de facteurs influent l’état de la peau (hérédité, exposition solaire..) Mais ce serait un signal d’alarme pour toute femme de plus de 40 ans surtout que le dépistage de l’ostéoporose,

facteur majeur de fractures chez les femmes ménopausées, n´est pas systéma-tique.

Il y a 25ans, le chercheur Nik Dhunrandhar a eu l’idée de cette hypothèse en discutant avec un collègue vétérinaire qui lui dit que des milliers de poules sont mortes à cause d’un virus et avaient pris du poids avant !! Chose surprenante pour un animal gravement malade qui devrait normalement devenir cachectique. Bientôt, il décou-vrit que les animaux portant le virus AD-36 prenaient du poids. Il testa sa théorie donc sur un échantillon de 500 personnes et découvrit que 30% des obèses avaient déjà été en contact avec le virus contre 11% seulement chez les personnes à poids normal. On croit que le virus infecte les cellules lipidiques et provoque une ac-célération des mitoses et de la croissance cellulaire. L’effet parallèle positif est que le virus améliore les taux de cholestérolémie et glycémie. Il y a plus de cellules lipidiques mais moins de lipides dans le sang ce qui expliquerait aussi pourquoi certains obèses ont un risque plus faible d’avoir un diabète ou une maladie cardiaque que certains à poids normal. L’espoir de la science se tourne vers la découverte d’autres virus influen-çant le poids et le développement d’un vaccin !!

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La dépression : un processus infLammatoire

Jusque là les psychiatres s´accordaient à rendre un déséquilibre hor-monale, notamment un manque de sécrétion de Sérotonine, responsable de la dépression. Mais pourquoi le nombre de dépressifs est- il alors en constante augmenta-tion ? La nouvelle théo-rie dit que quand une personne est blessée ou

malade un processus inflammatoire se déclenche et provoque la libération de cytokine. Une élévation chronique du taux de ces derniers dans le sang, due au stress, l’alimentation, des toxines environnementales, diminue la sécrétion de sérotonine et favo-rise ainsi la dépression. Des études sur des animaux auxquelles on a injecté des bactéries pour provoquer une infection montre chez eux des symptômes de dépression (léthargie, perte d’ap-pétit, isolement..) des études sur des personnes dépressives ont démontré des taux de CRP plus élevé que normal. Le Dr. Charles Raison de l’Université d’Arizona a donné des médicaments an-ti-inflammatoires utilisés chez les patients atteint de patholo-gies auto-immunes, aux dépressifs avec un taux de CRP élevé et a constaté une nette amélioration par rapport au groupe té-moin. L’inflammation n’est qu’un facteur entre d’autres pour la genèse de la dépression, néanmoins les experts du domaine s’unissent de plus en plus à dire que l’inflammation allonge et/ ou aggrave la dépression et que traiter par des anti-inflamma-toires pourrait élever l’humeur des patients à long terme de fa-çon significative.

Source : reader´S digeSt

receuilli et traduit par leila elammari.

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stucesA

Des plantes pour soulager vos articulationsPour soigner les rhumatismes, il y a les traitements classiques souvent à base d’anti-in-flammatoires. Mais certaines plantes peuvent constituer une solution naturelle pour sou-lager les articulations douloureuses. Informations sélectionnées par Zineb BENHDECH

Cette plante d’Afrique du Sud est également connue sous le nom de «griffe du diable». C’est la racine qui est utilisée dans les préparations et comme elle est très amère, il est préférable de la consommer sous forme de gélule. Le traitement doit être poursuivi pendant au moins deux à trois mois car les premiers effets ne sont ressentis qu’après huit à dix jours. On peut également trou-ver l’harpagophytum sous forme de pommade et l’appliquer sur les zones douloureuses.

L’harpagophytum pose un problème de surex-ploitation. Une bonne alternative est la scro-fulaire noueuse, une plante européenne équi-valente. Elle est toutefois contre-indiquée aux personnes qui ont des problèmes cardiaques et se consomme sous forme de teinture-mère.

L’harpagophytum

Par La rédaction d’Allodocteurs.fr http://www.allodocteurs.fr/actualite-sante-des-plantes-pour-soulager-vos-articulations-6379.asp?1=1&utm_source=hootsuite&utm_campaign=hootsuite

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Les labortoires fabriquent la majorité de leurs produits à partir de plantes naturelles … Pourquoi pas vous !!!

C’est la plante anti-inflam-matoire par excellence. Elle a également des propriétés antalgiques et diurétiques, qui en font un bon remède en infusion pour soulager les douleurs dues aux rhu-matismes articulaires et à l’arthrose. Ce sont les fleurs et sommités fleuries de la reine-des-prés qui sont utili-sées. Attention pour les infu-sions ! Il ne faut pas utiliser d’eau bouillante. Cela brû-lerait la plante qui perdrait alors ses propriétés. L’eau ne doit pas dépasser 85°C.

On l’appelle «l’arbre centenaire». En infusion, ses feuilles ont un effet anti-inflammatoire qui permet aux articula-tions de retrouver un peu de souplesse. Elles contiennent en fait du mannitol et des sels de potassium. Ces élé-ments favorisent l’action diurétique de l’organisme en augmentant ses capacités d’élimination. Le frêne permet en particulier d’éliminer l’acide urique qui est respon-sable des crises de goutte notamment. En favorisant les fonctions de drainage et d’élimination de l’organisme, cet arbre devient par conséquent un allié dans la lutte contre les douleurs articulaires.»

Frêne

Feuilles de Cassis

reine des près

La feuille de cassis a une action rhumatismale car elle mime l’action de la cortisone. En infusion elle favorise l’élimina-tion de l’acide urique et permet donc de soulager les pro-blèmes articulaires (rhumatismes, goutte, arthrose…). Elle a également une action diurétique.

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Face à la maladie

Article

1981, je suis étudiant en médecine dans un grand centre hospitalier : une patiente d’une quarantaine d’années se remet d’une opération difficile du rein... Mère de deux adolescents, elle est très inquiète sur ce que le chirurgien a trouvé : « Est-ce un cancer, docteur ? — Non madame, répond le professeur. Il y avait des cellules anormales que nous avons retirées. Il faudra vous soigner, mais ça ira bien. » Avec les autres externes, nous nous regardons interlo-qués. Le cancer de cette femme est déjà large-ment disséminé. Pourquoi ne le lui dit-il pas ? Dans le couloir, notre professeur se justifie : « Hippocrate enseignait qu’un médecin doit tou-jours réconforter son patient avec sollicitude et attention, sans rien révéler de la réalité de son état présent ou futur. » En langage clair, il recommandait de mentir quand les choses se présentaient mal. Et nous, jeunes méde-cins, Wavons tous appris à nous justifier pour ces mensonges. Pour-quoi lui gâcher les derniers mois de sa vie alors qu’elle peut encore en profiter ? N’est-il pas plus simple d’offrir un faux sourire et une tape dans le dos que de s’asseoir aux côtés d’une femme qui a peur et qui pleure ? Et tant pis s’il n’y a personne pour parler avec elle de cette peur de mourir qui l’assaille parfois la nuit ; tant pis si on lui retire la chance de faire un dernier voyage en Bretagne avec ses enfants. Donner de faux espoirs ne tue pas le patient, mais lui vole sa chance de vivre authentiquement jusqu’à la fin.

2001, je suis psychiatre dans un autre grand hôpital universitaire : on m’a appelé au chevet d’une patiente d’une quarantaine d’an-nées, effondrée. Son médecin vient de lui don-ner les résultats de ses examens : « Vous avez un cancer du sein très agressif. Il est générali-sé. Nous pouvons essayer la chimiothérapie et les radiations, mais les statistiques sont contre vous. La moitié des patients dans votre cas ne vivent que six mois. Il est rare que cela dé-passe deux ans. » Condamnation sans appel. « Comment pourrais-je continuer avec ce ver-dict ? me demande-t-elle. Je ne peux pas vivre sans espoir ! » Privée de son énergie vitale, elle n’a même plus envie d’essayer de se battre. Le cancérologue se justifie : « Il est essentiel que les patients comprennent leur diagnos-tic et leur pronostic. Sinon, ils ne peuvent pas faire les choix appropriés pour leur traite-

ment. » Je recon-nais dans son regard la même assurance hau-taine que celle de mon professeur, vingt ans plus

tôt. Pourtant, les études sur les pronostics donnés par les médecins montrent que sur l’échéance, ils se trompent plus souvent qu’ils n’ont raison (Hoffman J., The New York Times, 4 décembre 2005). Et le désespoir n’aide per-sonne à vivre mieux le temps qu’il lui reste.L’espoir, chez les humains, prend de mul-tiples formes. Parfois il s’agit simplement d’optimisme, parfois d’illusions, parfois de foi, parfois simplement de confiance dans la vie qui nous aidera à grandir dans l’épreuve.

“l’ESPOIR, CHEZ LES HUMAINS, PREND MULTIPLES FORMES.”

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Car l’espoir a cette extraordinaire capacité de se métamorphoser jusqu’au dernier mo-ment pour s’adapter à la situation. Au dé-but de sa maladie, un patient espère guérir ; lorsqu’elle s’aggrave, il en vient à espérer limiter la souffrance, ou simplement pou-voir offrir à ceux qu’il aime l’image d’une fin de vie vécue jusqu’au bout dans la dignité. Dans un hôpital de Harvard, aux Etats-Unis, une femme médecin chargée des soins pallia-tifs rapportait : « Quand un patient à des objec-tifs pour lui-même, il est impossible qu’il soit désespéré. Et quand on peut l’aider à définir ce qu’il veut, on a le sentiment d’avoir ap-porté une forme de guérison, même lorsqu’il est en train de mourir. » (Hoffman J., The New York Times, 4 décembre 2005) Quelle que soit sa forme, l’espoir est aussi essentiel à l’ex-périence humaine que la respiration. Le faux espoir n’aide pas. Le faux désespoir non plus. Alors que doit-on dire à quelqu’un qui souffre d’une maladie terminale ? La vérité, certaine-ment. Mais aussi que les statistiques peuvent être trompeuses : si l’espérance moyenne de survie pour une maladie est de six mois, cela signifie que plus de la moitié des gens vivent

plus longtemps que cela, et certains beau-coup plus longtemps. Que l’important est de mettre toutes les chances de son côté pour faire partie de ceux-là. Aujourd’hui, on ne connaît pas de médecine alternative qui gué-risse le cancer, mais on sait que les patients qui se prennent en main, se nourrissent mieux, ne fument pas, font de l’exercice physique, gèrent mieux leur stress, souffrent moins et vivent plus longtemps que les autres (1).Il faut leur dire aussi que, quoi qu’il arrive, on sera là, à leurs côtés. Pour leur offrir notre épaule quand ce sera dur, notre sourire quand ça ira bien. Et que, tout au long du parcours, il y aura de l’espoir. Comme dans la vie elle-même.

1. Lerner M., Choices in Healing : Integrating the Best of Conventional and Complementary Approaches to Can-cer. Boston : MIT Press ; 1996. Danaei G., Vander Hoorn S., Lopez A.D., Ezzati M., Murray C.J., Causes of Cancer in the World : Comparative Risk Assessment of Nine Be-havioural and Environmental Risk Factors, Lancet 2005.

* Chronique parue dans Psychologies maga-zine en février 2006.

Sélectionné par Zineb BENTOUNSI

“doNNer de Faux eSpoirS Ne tue paS le patieNt, maiS lui vole Sa chaNce de vivre autheNtiquemeNt JuSqu’à la FiN.”

Pr. David Servan-Schrei-ber Professeur de psychia-trie clinique, David Ser-van-Schreiber a fondé et dirigé un centre de mé-decine complémentaire à l’université de Pittsburgh, aux Etats-Unis. Il est l’au-teur de Guérir (Pocket, 2005) etAnticancer (Ro-bert Laffont, 2007)

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“Je suis agréablement éton-née de la facilité avec laQuelle le contact et la confiance s’établissent entre les membres d’ifmsa-morocco”

ensée

D’ordinaire je n’écris pas à la première personne du singulier, mais aujourd’hui, chers lecteurs je vous propose d’inver-ser les rôles : c’est moi qui passe aux aveux.Un jour, une amie, qui est en mé-decine mais qui n’est pas membre d’IFMSA-Moroc-co, m’a demandé : « Mais pourquoi tu fais tout ça ?! Tu perds ton temps, les examens ap-prochent » En effet les examens appro-chaient et j’avais passé la soirée à tra-vailler sur ma newsletter pour pouvoir la

publier à temps, ce qui m’avait valu une courte nuit d’où ma plainte à cette co-pine le lendemain matin.

C’est vrai qu’on pour-rait se poser la ques-tion. Pourquoi faire tant d’efforts ? Cette question je ne suis pas la seule à me l’être posé, beaucoup de membres se la posent tout le temps. Chacun trouve sa ré-ponse, quant à ceux

qui ne la trouvent pas…eh bien je sup-pose que ce sont ceux-là même qui quittent l’association.

P

La directrice prend sa pLume

D’une pubSDD

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En tout cas voici ma réponse.Je m’investis autant dans IFMSA-Morocco parce que ça me fait sentir plus vivante ! Depuis que je suis devenue membre, je n’ai plus l’impression de perdre mon temps et je n’ai plus rien à envier à mes amis qui étu-dient à l’étranger. Paradoxalement c’est en passant moins de temps focalisée sur la seule pensée de devenir médecin que je me passionne de plus en plus pour la mé-decine. En plus, savoir que je fais partie d’un ré-seau d’étudiants en médecine marocain et savoir que j’ai un rôle à y jouer, en l’occur-rence faire circuler l’information entre tous les membres, me remplit de joie. Je suis également agréablement étonnée de la facilité avec laquelle le contact et la confiance s’établissent entre les membres d’IFMSA-Morocco, alors même que ceux qui n’habitent pas la même ville ne se voient presque jamais. J’ai moi-même pu expérimenter cette confiante coopération lorsque je cherchais de l’aide pour écrire mes newsletters où lorsque j’avais besoin d’une photo et que mon interlocuteur avait

la patience de m’en envoyer encore et en-core jusqu’à ce que je trouve la bonne. Je voudrais remercier toutes les personnes qui m’ont fait assez confiance pour me confier tous les détails sur leurs actions et leurs projets, parce que sans cette confiance, le travail de PubSDD n’aurait eu aucune chance d’aboutir. De même je félicite mon équipe qui est composée de membres de Casa, de Rabat et de Fès et avec qui j’ai beaucoup de plai-sir à travailler. Pour ceux que je ne connais pas encore personnellement, j’ai hâte de vous rencontrer.Ma réponse pourrait se résumer en une seule phrase : « J’aime l’esprit IFMSA-Mo-rocco ! »Je vous laisse à présent découvrir les ré-ponses d’autres personnes qui ont bien voulu partager leurs expériences au sein d’IFMSA-Morocco de manière très per-sonnelle. Bonne lecture et n’hésitez pas à m’envoyer votre réponse !

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+ J’aime ça tout simplement.Je m’appelle Basma Lahmer et je suis en passe de devenir NEO d’IFMSA-Morroco.

EXPERIENCE SCOPEJ’aime le sentiment de confiance en moi-même que

j’ai acquis depuis le jour, il y’a presque 2 ans, où j’ai

timidement demandé à Omar si je pouvais me joindre

à l’équipe SCOPE-Rabat.

Je m’appelle Basma Lahmer et je suis en passe de devenir NEO d’IFMSA-Morroco.Honnêtement, je ne peux pas nier que je commence à stresser un peu, même si Omar fait de son mieux pour faciliter mon handover. J’ai l’impression qu’un travail de Titan m’attend, mais je suis prête et motivée. Je vais faire de mon mieux pour atteindre tous les objectifs que je m’étais fixé avant de déposer ma candidature, et pourquoi pas, les surpasser…

Le seul problème que j’ai rencontré concerne le fait que j’occupe tou-

jours le poste de LEO à Rabat (Avec la majorité de mes outgoings, soit en échange, soit en train de prépa-rer leur visa, et une quinzaine d’in-comings par mois à accueillir).Les contraintes de ce poste ne me laissent pas beaucoup de temps libre pour accomplir toutes les

BASMA LAHMERSCOPE-rabat LeoJe ne peux même pas imaginer à quoi auraient pu ressembler ces deux dernières années si je n’avais pas osé aborder ce grand barbu au stand SCOPE Rabat une certain jeudi en Octobre 2012W

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AmbitionJe suis en passe de devenir NEO d’IFM-SA-Morroco

DevouementUn de mes incoming, vient juste-ment de me demander la raison

pour laquelle je m’investissais à ce point dans le SCOPE et l’IFMSA-Mo-

rocco.

Ma réponse fut presque immédi-ate:

J’aime ça tout simplement.

lVous me direz

que ça fait beau-coup de travail,

n’est-ce pas ?

tâches que je dois effectuer avant mon dé-part en échange le mois prochain. Mais je m’accroche. Heureusement, j’ai une équipe SCOPE ma-gnifique à Rabat, qui fait de son mieux pour m’aider à tout gérer, chose qui m’a agréa-blement surprise et m’a encouragé à leur déléguer encore plus de tâches, quitte à leur passer les rennes en Aout .Vous me direz que ça fait beaucoup de tra-vail, n’est-ce pas ? Un de mes incoming, vient justement de me demander la raison pour laquelle je m’investissais à ce point dans le SCOPE et l’IFMSA-Morocco.Ma réponse fut presque immédiate: J’aime ça tout simplement. J’aime me réveiller et savoir que je ne vais pas avoir une minute de repos de toute la journée. J’adore recevoir un coup de fil urgent et être capable de régler le problème toute seule.J’aime le sentiment de confiance en moi-même que j’ai acquis depuis le jour, il y’a presque 2 ans, où j’ai timidement demandé à Omar si je pouvais me joindre à l’équipe SCOPE-Rabat.

Je ne regrette aucune des nuits blanches passées à chercher du logement en ur-gence, ni les heures passées à attendre les chefs de services à l’hôpital, ni les dépla-cements à une heure du matin pour aider un incoming. Parce que tout cela m’a per-mis de rencontrer tellement de personnes formidables, membres de mon comité, de mon LC, incomings, outgoings... et que mon travail au sein de l’IFMSA-Morocco m’a aussi aidé à surmonter les limites que je m’imposais inconsciemment auparavant, aujourd’hui je me sens invincible, capable d’entreprendre n’importe quelle tâche et d’y exceller.Ce fut une expérience tellement enrichis-sante et je ne peux même pas imaginer à quoi auraient pu ressembler ces deux der-nières années si je n’avais pas osé aborder ce grand barbu au stand SCOPE Rabat une certain jeudi en Octobre 2012.

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Je m’appelle Ossema Kallel, je suis LORP Rabat, et je voudrais vous parler du projet du SCORP Rabat : Sharing is Caring. Il faut savoir que ce projet est le fruit d’un travail de plus de 7 mois !! L’idée est née fin Novembre 2013, à la salle Bouzekri de la FMPR ! C’était à peine la 2eme réunion du SCORP depuis que j’étais devenu LORP. L’idée était géniale mais semblait difficile. En étais-je capable ? Sincèrement je me suis posé la question, puis en regardant mes SCORPions j’ai perçu une grande volonté et une grande envie de s’investir, je me suis dit que NOUS en étions capables. Alors nous avons nommé un chef de projet : Amina Abdelhamid (sou-venez-vous de ce nom) et ... un petit «SCOR-Pions .. Let’s do it» a été lancé!! Ensuite il a fallu gérer beaucoup de choses

comme chercher une association qui s’in-téresse aux enfants défavorisés (le public cible du projet), contacter la présidente de l’association , visiter l’école , faire de la mé-diatisation pour le projet , faire de la pub pour trouver des volontaires qui veulent bien enseigner, récupérer les programmes des élèves… Le plus difficile a été d’organi-ser les roulements de volontaires selon leurs différents emplois du temps(avec des google drives, des groupes fermés sur facebook ... ). Nous avons rencontré pleins d’obstacles et pleins de problèmes …mais avec une équipe comme mes chers SCORPions we can solve any problem !! En bref une très belle expérience que je re-considère réussie !! Au moment où j’écris, la deuxième tranche du projet est en marche,

Une idée, une équipe, un projet

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“ la vrai réussite c’est de sauver le future, ne serait-ce que d’un seul enfant!! ”

des cours sont dispensés du-rant tout le mois de juillet et on va essayer de mettre en places des bibliothèques dans différentes écoles défa-vorisées avant la rentrée sco-laire, inchallah. Entre nous …après avoir donné mon premier cours à ces élèves, je me suis dit que même si on parle de la réus-site de cette aventure en tant que projet de la Med’ociation, la vrai réussite c’est de sau-ver le future, ne serait-ce que d’un seul enfant!! Je voudrais finir en disant que ce projet n’est pas le seul sur lequel mon équipe et moi-même avons travaillé cette année, et que les autres projets sont tout aussi importants à mes yeux et tout aussi incroyables. Pour les besoins de l’article je ne peux pas être exhaus-tif, mais cela ne nous laisse que plus d’histoires à raconter….

Ossama KallelLocal Officer of The Standing Committee on Refugees and Peace

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Service des urgences. Ça doit être ma quatrième ou cinquième garde dans le service, c’est-à-dire la qua-trième ou cinquième garde de ma vie. […] Je suis en train de remonter le couloir des urgences, probablement pour aller sauver une vie, et je croise je ne sais plus qui. Un chef, ou un interne, ou peut-être un infir-mier. En tout cas un supérieur hiérarchique. (Quand tu es à la cinquième garde de ta vie, qui que tu croises EST un supérieur hié-rarchique.) Qui m’alpague.

- Hey ! Tu sais t’habiller ? demande-t-il/elle supérieurement. - Heu… Oui ? (Le point d’interrogation fi-

gure la timidité du oui.)

« S’habiller », dans la bouche d’un supérieur hiérarchique à l’hôpital, c’est pas « enfiler vaguement un pantalon et un t-shirt le ma-tin »[…] « S’habiller », c’est « s’habiller en tenue stérile pour aller aider un chirurgien à chirurgier, en tenant des écarteurs ou une jambe ou les deux. » C’est-à-dire se laver les mains dans le res-pect des règles de l’art et du temps im-parti (dix minutes au moins), mettre une casaque stérile sans rien toucher avec ses mains sauf l’intérieur du champ stérile qui contient la casaque stérile puis l’intérieur de la casaque stérile elle-même, tournico-

Une garde aux urgences vue par une externe quelque part en France.

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ter sur soi-même pour fermer la casaque stérile, mettre des gants stériles sans rien toucher d’autre que l’intérieur des gants stériles et enfin ne jamais se gratter le nez. Ce qui a l’air idiot comme ça, mais qui se révèle à peu près aussi compliqué à faire que la phrase pour l’expliquer est longue et pénible à lire. C’est un des trucs qu’on apprend en premier quand on fait un stage de chirurgie, et qui nous est généralement expliqué par une infirmière de bloc de mauvaise humeur. C’est une bête histoire de + et de – (le non stérile touche le non stérile, le stérile touche le stérile), mais ça devient assez

systématiquement la toute première raison d’angoisse et de sueurs froides des méde-cins en devenir. Faire une faute d’asepsie, c’est la honte. Ça vous marque au fer rouge pour les siècles des siècles, alors que vous savez pertinemment que vous en ferez une tôt ou tard. Tout le monde en fait une tôt ou tard (ou tôt et tard au demeurant.)

Moi, il se trouve que coup de bol, je SAIS. Parce que j’ai eu un stage de post-P1 en orthopédie tout à fait génial que je vous raconterai à l’occasion. Je sais même faire des nœuds de chirurgien avec les fermetures de mes sacs-poubelles, c’est dire si j’ai de l’avance sur le cursus. •••

Une garde aux urgences vue par une externe quelque part en France.

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Bref, je sais m’habiller.

- Très bien ! me supérieure-t-on, le chef a besoin de toi pour une appendicec-tomie. Le bloc, c’est au fond du couloir après la salle de plâtres à gauche, en-suite droite droite, vers la radio mais gauche avant et tout droit.

Ok. Ok ok ok, le chef a besoin de moi pour une appendicectomie. Très bien très bien. Je vais assurer. Ça me connaît, les appendicites. Je suis la reine de l’appen-dicite, tout va se passer comme sur des roulettes. J’en ai diagnostiqué une le mois dernier, c’est dire si moi et l’appen-dicite are « interfacing »

orangée dégoulinante qui me sert de va-poreuse mousse dorée.

- T’as déjà fait une appendicite ? qu’il me demande en vaporeusant à qui mieux mieux. - Heu, non. (réponds-je) - Bon, tu vas voir, c’est pas compliqué, je vais te laisser faire. C’est vraiment tout simple. Tu commences par faire une inci-sion sur la ligne de mac burney, de deux centimètres environ…

Là, assez bizarrement avec le recul, je n’ai pas paniqué. Enfin, c’est-à-dire que j’ai paniqué nor-malement. J’ai paniqué comme avant de me laver les mains ou de faire un plâtre ou de rentrer dans la chambre d’un pa-

Je vais au bloc, et je n’ai pas le souvenir de m’être perdue, ce qui prouve proba-blement que la mémoire est une chose faillible.

Quand j’arrive, le chef, un grand costaud géant avec une énorme barbe rousse (on sait qu’elle est énorme quand elle dépasse du masque) est déjà en train de se laver les mains. Je demande en bafouillant à peine si c’est bien ici qu’on a besoin de moi pour une appendicite, je dis bonsoir mon-sieur, et je commence à me laver les mains en priant tous les dieux que je connais (autant dire pas lourd) pour que le chef ne s’attarde pas trop sur la bave

tient. Le mec avait une voix tellement posée, il avait dit avec tellement de certitude iné-branlable que c’était pas compliqué et que je pouvais le faire que je me suis dit un mélange de « Oh sainte marie mère de dieu », de « Oh, bon, ok, je vais faire une appendicectomie », et de « Je crois voir un peu de mousse vers mon auricu-laire droit, hourra ! ». C’est-à-dire que dans un monde où mettre des gants stériles est une épreuve initiatique redoutable, on finit par ne plus saisir vraiment les nuances.

Juste après dresseuse d’ours

les histoires d’une Jeune généraliste, brutes et non romancées. sinon c’est pas rigolo.

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Les mots me parvenaient d’à moitié loin (blabla péritoine, blabla fascia, blabla dans le sens des fibres) quand un grand type maigre est rentré dans la pièce. - Pardon, il a dit, je viens pour l’appendicite, je suis en retard mais j’ai été retenu par une urgence.

Le grand costaud roux a tourné lentement sa tête majestueuse vers l’intrus, puis a dit : « Mais, vous êtes qui ? » « Bin je suis l’interne », a dit l’interne. Le chef a dit : « L’interne ?? » Ma tête a dit : « Aaaaaaaaaah ! »

Le chef s’est tourné vers moi. Il a dit : « Mais alors VOUS, vous êtes qui ? » Ma tête a dit un mélange de « Mais voi-lààààààààà ! », de « Merci jésus oh merci merci mon dieu » et de (très très lointaine-ment, à peine audiblement) « Oh, zut ». Ma bouche a dit « Bin, heu, l’externe… »

Le chef a mugi : « L’EXTERNE ??! » Ma tête a dit : « C’en est fini de moi, tant pis, je ferai dresseuse d’ours finalement, c’est bien aussi dresseuse d’ours. » Ma bouche a dit « Heu, oui. »

Et puis contre toute attente, il s’est mis à rire tonitrualement. D’un rire de gorge inta-rissable parfaitement assorti à son énorme barbe rousse. Il a dit que j’étais géniale, qu’il avait jamais vu ça, une externe prête à faire une appen-dicectomie sans broncher, que j’avais un sacré cran et que c’était génial.

Je n’ai strictement aucun souvenir de l’in-tervention ou de quoi que ce soit qui ait pu suivre après.

Je recroisé Barberousse fugacement quelques fois. Il n’a jamais été mon chef, mais on a par-tagé quelques fois les mêmes gardes. De loin. Jamais un patient en commun. Je n’ai jamais su son nom, par exemple.

Et puis mon stage s’est passé. Plutôt bien. J’étais appliquée (un peu besogneuse), im-pliquée (un peu hystérique), présente (un peu pot de colle), mais en restant discrète (un peu morte de trouille). J’ai adoré ce stage, et je n’en ai pas perdu une miette.

Sont arrivés le dernier jour (ou l’avant der-nier, ou tout comme), l’évaluation, la note et les adieux. J’ai récupéré mon dossier un peu trem-blante, pour découvrir que j’avais eu une note moyenne, pas vraiment médiocre mais vraiment pas bonne. Une note entre chien et loup. J’ai été un peu déçue quand même d’avoir strictement la même que collègue-qui-arrivait-toujours-en-retard-et-disparais-sait-toujours-une-heure-plus-tôt et que [chipie]-qui-avait-annulé-six-gardes-à-la-dernière-minute-pour-des-prétextes-falla-cieux.

Et puis j’ai recroisé Barberousse cette mati-née-là. Il m’a demandé : « Au fait, c’est quoi ton nom ? » - Jaddo Jaddo, j’ai dit. - Jaddo ?! Mais c’est moi qui ai fait ton éva-luation ! Zut, si j’avais su que c’était toi, je t’aurais mis une meilleure note.

Donc, j’avais eu une note injuste par un type qui n’avait strictement aucune idée de qui j’étais, et qui m’aurait notée plus jus-tement mais pour une raison encore plus injuste s’il l’avait su. C’est une chance que personne, nulle part, n’en ai jamais eu quoi que ce soit à [faire] des notes des externes à l’hôpital.

Source : www.jaddo.fr

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