Observation Concertation Information

COMPTE RENDU

Groupe FILIERES

19 JUIN 2012

I PRÉSENTATION DE LA THÈSE DE JEAN-BAPTISTE BAHERS

Jean-Baptiste Bahers présente sa thèse : « Dynamique des filières de récupération-recyclage et écologie territoriale : l'exemple du traitement des déchets des équipements électriques et électroniques (D3E) en Midi-Pyrénées ».

La présentation ainsi que le résumé exécutif sont joints au présent compte-rendu.

De 1860, âge d'or du recyclage où le déchet ultime n'existait pas, à la filière DEEE, en passant par la création de la TEOM en 1926, n'hésitez pas à consulter cette thèse dans son intégralité à l'adresse suivante :

http://www.ordimip.com/files/Documents-d-informations-diverses/These-BAHERS.pdf

JB Bahers s'est beaucoup appuyé sur l'ORDIMIP pour la réalisation de son travail et il en remercie les membres. Il a pu, notamment, mener son travail d'observation et d’enquête sous la bannière ORDIMIP.

Parmi ses conclusions, plusieurs notions essentielles à remettre en perspective : « Reterritorialiser » les matières secondaires provenant du recyclage : les utiliser en local.

Aujourd'hui, les flux de ces matières sont fortement influencés par les cours des matières premières et elles voyagent souvent loin du territoire de production.

La performance de la filière DEEE a pris le pas sur les véritables enjeux environnementaux : il faudrait prôner la prévention, la réparation et la réutilisation et pourtant la filière a besoin de toujours plus de DEEE pour être performante.

Revenir à la notion de « Sobriété » : consommer mieux c'est consommer moins ...

II PROJET DE PROGRAMME DE LA JOURNEE « FILIERES »

Le colloque se tiendra à ENTIORE (amphithéâtre de 300 places), dans le cadre du partenariat avec la CCIT.

La date de la journée « Filières en Midi-Pyrénées » est fixée aujeudi 14 février 2013

ORDIMIP – Filières 19/06/12

Pour mémoire : Il sera fait un appel à stylos ou autre objets publicitaires auprès des partenaires privés de

l'Observatoire. Les membres de l'Observatoire auront la possibilité de laisser de la documentation à la

disposition des participants. Le colloque sera payant pour amortir une partie des coûts engendrés par son organisation.

Les membres ORDIMIP bénéficieront d'une entrée à 50%.

Les filières sont aujourd'hui nombreuses et ne pourront pas être toutes abordées en une seule journée. Il s'agit de mettre en avant les nouvelles filières, les filières qui posent problèmes et des exemples de mise en œuvre en Midi-Pyrénées.

Projet de programme :

9h45

9h55

10h35

11h15

12h45

14h00

15h40

17h00

17h15

Accueil et introduction

Actualité réglementaire des filières : ADEME – 40 min

Point de vue général des collectivités sur les filières : AMORCE ou CNR – 40 min

Les nouvelles filières - 1h30

Déchets Dangereux Diffus : éco-organisme ou ADEME

Ameublement : Valdélia, un exemple en MP

Déchets du secteur médical : DASRI, MNU et Verre par l'ARS, témoignage du CHU de Toulouse

REPAS

Midi-Pyrénées exemplaire - 1h40

Avions, Bateaux de Plaisance Hors d'usage : SITA

Montres : LIP

Filtres à huiles : BRIANE

Solvant et boues de perchloréthylène : Maille environnement

Organiques : CCIT : opération de financement de bacs à graisses pour les restaurateurs

Les filières existantes : - 1h20

Pneumatiques : CNPA

DEEE professionnels : Recylum

Textiles : ECOTLC ou ADEME, et/ou un exemple de magasin, témoignage du Relais ou autre structure,

Déchets de bureau : ADEME, écocitoyen au bureau, ou un témoignage d'entreprise ou de collectivité

Perspectives d'avenir : ADEME – 15 min

Conclusion et clôture de la journée

ORDIMIP – Filières 19/06/12

« Dynamiques des filières de récupération-recyclage et écologie territoriale :

l'exemple du traitement des déchets d'équipements électriques et

électroniques (D3E) en Midi-Pyrénées. »

Thèse de géographie et aménagement soutenue par Jean-Baptiste Bahers Sous la co-direction de Marie-Christine Jaillet et Alice Rouyer

ORDIMIP Mardi 19 juin 2012

I. Contexte du projet II. Problématique et méthodologie III. Principaux résultats IV. Perspectives

2

I. Contexte 1/3

Le projet

3

Convention Industrielle pour la Formation à la Recherche en Entreprise Un projet pour 3 Incitation(s) financière(s)

I. Contexte 2/3

L’écologie industrielle et territoriale

4

•La métaphore du fonctionnement des écosystèmes naturels •Analyse quantitative des activités économiques, circulation de matière et d’énergie •Les démarches de symbioses industrielles •Structuration d’un champ de recherche scientifique interdisciplinaire

I. Contexte 3/3

L’écologie industrielle et territoriale

5

Figure : La filière de l'acier en Belgique en 1974 Source : G. Billen et al., L’écosystème Belgique, 1983, Bruxelles, Ed. CRISP.

- La filière des DEEE pour illustrer les enjeux contemporains

II. Problématique et méthodologie

1/4

Zoniers. Poterne des Peupliers, Eugène Agtet, 1913 (Source : BNF)

Le chiffonnier-ferrailleur, Anonyme, vers 1500 (Source : BNF)

Cisaille crocodile à ferraille, 1950 (Source : FEDEREC)

La dimension historique des métiers:

- De l’âge d’or des chiffonniers à l’invention des déchets urbains

- L’exemple des Etablissements Fournier Métaux

6

Problématique

Explorer la filière des DEEE selon trois

entrées :

- Le bouclage des flux de matières

- Le projet de territoire

- La responsabilité sociale

7

II. Problématique et méthodologie

2/4

II. Problématique et méthodologie

3/4

Observation participante à l’ORDIMIP

Questionnaires quantitatifs (20 entreprises, 2007 & 2008)

• Analyse des flux de matières et d’énergie

• De la collecte au traitement, jusqu’aux étapes d’aval (Recyclage,

Valorisation, Elimination)

Entretiens semi-directifs (38 personnes, 2008-2010)

• Palette d’acteurs

• Positionnement du système d’acteurs

CCI (1)

Entreprises (17)

Collectivités (9)

Etat (4) FEDEREC (1)

Experts (4)

Association environnementale (1) Association de

collectivités (1)

Méthodologie

8

II. Problématique et méthodologie

4/4

Sous-système d’acteurs

Réseau de traitement

Economie sociale et solidaire

Production-consommation

Flux de ressources

Flux d’information

• Un système qui met en jeu une diversité d’acteurs

• Représentation et modalités d’action de ces sous-systèmes

Action publique

territoriale

9

III. Principaux résultats

1/4

10

La filière des DEEE en Midi-Pyrénées

III. Principaux résultats

2/4

Circulation des flux

11

III. Principaux résultats

3/4

Métabolisme de la filière des DEEE : un système territorial (2008)

12

III. Principaux résultats

4/4

Dynamiques territoriales et sociales

Réseau de traitement

Vers une économie circulaire ?

Dynamiques sociales

Logique ou caution sociale

Production-consommation Un mécanisme

imparfait

Action publique territoriale Les enjeux

d’aménagement

13

IV. Perspectives

Reterritorialisation des matières recyclées

Quelle dématérialisation de la filière ?

L’enjeu de la sobriété matérielle

1/2

Conclusion

14

IV. Perspectives

D’autres territoires, d’autres flux

Réflexions sur les politiques publiques

2/2

Prolongements de ce travail

15

Je vous remercie de votre attention.

16

Annexes

17

18

19

32

65

31

09

81

82

46

12

TOULOUSE

CAHORSRODEZ

AUCH

TARBES

FOIX

Muret

Nord

PIMIDRO/EONIS:ecruoS

srehaBBJ:noitasilaéR

MONTAUBAN

ALBI

Saint-Girons

Montech

BIS REPETITA

BIS RECYCLAGE

DERICHBOURG

ENVIE

ENVOIE

ECOMICRO

FRIGOPOLIS

VEOLIA

8 entreprises

1 entreprise

DRIMM

VEOLIA

MICRORECUP

PREVOST

LLAU

2007

2 entreprises

SITA

COVED

DECONS

GREENBURO

EASYTRI

SOVAMEP

13 entreprises

2008

1 entreprise

egèirA:90

noryevA:21

ennoraG-etuaH:13

sreG:23

toL:64

seénéryP-setuaH:56

nraT:18

ennoraG-te-nraT:28

mk05

20

21

Eco-organisme

Entreprised’insertion

PME (ou rachetéerécemment)

Groupe

Gestionnaire

Réemploi

Démantèlement

Broyeur

Regroupement

Filière avale

ESS - réparation

Broke informatique

Investissement technologique

Mobilisation de ressourcesmatérielles, informatiques

ou humaines.

Agrandissement de lasurface d’exploitation

Peu d’ajustement

Coordination

Agglomérationtoulousaine

Départementale

Nationale

Organisation Fonction Trajectoire Echelle d’action Positionnement

Prestatation

globale

- RégionaleRécupération

Distribution

Fabrication

23%, 0%

46%, 19%

31%, 81%

Part de marché :

collecte, traitement

100%, 100%

22

23

24

25

26

27

28

29

Typologie d’initiative Expérience dans

le tiers-secteur Objet des expériences et brève description.

Innovation

Démarche sociale et de

professionnalisation

Les services Technique et économique

Réemploi, réutilisation,

détournement.

Réseau des

Ressourceries,

La Glanerie

Collecte et valorisation des déchets (et

notamment de DEEE) pour revente à petits

prix et sensibilisation du public aux gestes

éco-citoyens

Sensibilisation à l'éco-

citoyenneté.

Service pour les

collectivités.

Relookage et détournement

d’objets et matériaux

(exemple : création de sacs,

corbeille, trousse à partir de

bâches d’événementiel).

Lutte contre la fracture

numérique en France et

réemploi d’informatique.

Ordi 2.0,

Ag2i Outil participatif au service du Programme

« Ordi 2.0 » (lutte contre la fracture numérique

coordonnée par l’Etat).

Sensibiliser, initier et

donner l'accessibilité aux

TIC à tous.

Réseau pour les

reconditionneurs.

Moteur de recherche pour

les usagers.

Réemploi de matériels

informatiques.

Lutte contre la fracture

numérique dans les pays

en développement

Atelier du Bocage,

Atelier sans

Frontières, Close

the Gap

Dons d’ordinateurs de récupération vers les

pays en développement.

Accessibilité aux TIC. Service pour les pays en

développement.

Collecte et dons

d’ordinateurs.

Reprise de téléphones

mobiles et dons des

bénéfices de la revente.

MonExtel Service de reprise d’anciens téléphones

mobiles, de test et de revente dont les

bénéfices reviennent à une association

caritative que l’usager choisit.

« Recyclage solidaire ».

Test des mobiles dans un

Établissements et services

d'aide par le travail

(ESAT).

Reprise gratuit des mobiles

et interface de dons pour les

usagers.

Remises sur le marché.

Dons d’objets. Freecycle,

Recupe.net,

donnons.org

Interface web de dons et de récupération

d’objets entre individus.

Sensibilisation à la

réduction du

consumérisme et à la

décroissance.

Service pour les usagers car

« donner un objet est le

meilleur moyen de s'en

débarrasser ».

Seconde vie aux objets.

Structuration d’une

activité informelle et

promotion du recyclage.

Ciudad Saludable,

Cooperativa de

reciclagem em

Paulínia

Service de collecte et recyclage dans des

territoires où le ramassage des ordures n’est

pas assuré par la collectivité (zones

défavorisées des pays en développement

notamment).

Professionnalisation du

secteur informel (salaire et

conditions de travail).

Service pour la collectivité

et les habitants des zones

défavorisées.

Recyclage de matériaux.

Structuration d’une

activité informelle et

profession-nalisation d’un

public particulier.

Solidarité Avec les

gens du Voyage

(SAGV 65) associé

à Recup’action

Support d'insertion pour les gens du voyage

avec une activité basée sur la collecte de

déchets (papier, DEEE, encombrants, textile),

puis élargissement à tout public.

Insertion des gens du

voyage et structuration

d’une activité informelle

de récupération.

Service pour les

collectivités, les

professionnels et les

usagers.

Collecte, réparation et

revente de livres, textiles,

électroménagers.

Détournement artistique

d’objets désuets.

Artgens, La

Réserve des Arts,

Materials For The

Arts

Mise à disposition gratuite de matériaux

abandonnés dans le but de les utiliser pour

réaliser des œuvres artistiques.

Sensibilisation à la

problématique des déchets

par l'art.

Service pour les artistes. Ressource de matériaux

pour la création artistique

30

II. Problématique et méthodologie

Les DEEE : cadre institutionnel et acteurs

- Un objet complexe aux multiples facettes à l’échelle mondiale

- Le principe de Responsabilité Elargie du Producteur (R.E.P.)

- Une configuration particulière d’acteurs

2/5

31

32

33

Résumé Thèse JB Bahers Page 1

Résumé exécutif

« Dynamiques des filières de récupération-recyclage et écologie territoriale : l'exemple du

traitement des déchets d'équipements électriques et électroniques (D3E) en Midi-Pyrénées»

Thèse de géographie et aménagement soutenue par

Jean-Baptiste Bahers

Sous la co-direction de Marie-Christine Jaillet et

Alice Rouyer

Une approche interdisciplinaire et opérationnelle et

des outils multiscalaires et systémiques.

Cette recherche s’inscrit dans le nouveau champ

scientifique de l’écologie industrielle et territorial.

Elle est conduite à l’interface entre sciences de

l’ingénieur et sciences sociales et à l’interface entre

deux objectifs : la rationalisation écologique des

filières et la gestion durable des territoires. Ce travail

correspond ainsi :

- à une approche territorialisée de la circulation des

flux et des systèmes d’acteurs.

- à une inscription de cette écologie des « déchets »

dans les projets de territoire.

Mesurer l’impact de la dimension territoriale est ainsi

un enjeu d’importance pour l’écologie industrielle.

D’une part, la circulation des déchets et la localisation

des sites de traitement ont un impact dans l’espace

et d’autre part, cette question rentre dans le champ

des politiques locales et ce sont des préoccupations

d’acteurs du territoire qui doivent organiser et

aménager l’espace.

Ce travail croise des outils comme l’analyse des flux

de matières, l’analyse socio-technique et politique qui

sont opportunes pour comprendre le fonctionnement

des filières et qui renvoie à des préoccupations

d’aménagement du territoire.

L’application de ce projet interdisciplinaire suggère

en tout cas une prise de risque scientifique, qui fait

aussi la singularité du projet. De plus, la thèse étant

positionnée dans une entreprise, cette inscription

opérationnelle est revendiquée dans ce travail. Il y

avait aussi une réelle opportunité scientifique

d’aborder une approche systémique et multiscalaire

des filières de récupération-recyclages, un objet

encore mal connue et très peu analysé et d’interroger

leurs dynamiques en Midi-Pyrénées face aux enjeux

du développement durable.

La filière de traitement des DEEE en Midi-Pyrénées

Les EEE sont une vaste famille d’appareils. Ce sont les

équipements ménagers, électroménagers,

informatiques et de télécommunications. Ils

cristallisent de nombreuses attentes en terme

d’impacts environnementaux de part leur cycle de

vie et leur fin de vie. C’est un problème à l’échelle

mondiale, à l’échelle - aujourd’hui - de toutes les

sociétés.

Ils permettent en outre d’explorer un système

complexe qui se construit du fait de la mise en place

d’un dispositif réglementaire ad hoc. Cette recherche,

qui se focalise sur les DEEE, étudie ainsi comment ils

mettent à l’épreuve la territorialisation de la

réglementation européenne et française de la gestion

des déchets en appliquant le principe de

responsabilité élargie du producteur (REP).

Résumé Thèse JB Bahers Page 2

La REP aboutit en France à la création d’éco-

organismes, sociétés à but non lucratif, créés par et

pour les producteurs d’équipements électriques et

électroniques en vue d’assumer leur responsabilité de

prise en charge financière et organisationnelle de la

filière. Ces éco-organismes récupèrent l’éco-

contribution payée par le consommateur lors de

l’achat d’un produit neuf et financent les acteurs qui

opèrent la collecte, c’est-à-dire les distributeurs, via

la reprise « 1pou1 » qui les obligent à récupérer un

appareil usagé contre l’achat d’un neuf, les

collectivités au travers des déchetteries, et les

structures de l’économie sociale et solidaire. Ces éco-

organismes financent aussi les entreprises qui

réalisent le regroupement et le traitement de ces

DEEE.

Cette recherche renvoie à une réalité territorialisé de

la filière des DEEE, en termes d’efficience technico-

économique, d’efficience environnementale et de

responsabilité sociale. Elle explore les dynamiques de

la filière des DEEE au travers de trois entrées :

- Analyser au prisme du bouclage des flux de

matière. Cela implique la maîtrise des

consommations et des rejets favorisant l’idée que les

déchets des uns sont les ressources des autres et

favorisant une réflexion sur l’optimisation des flux.

- Analyser au prisme du projet de territoire. Le

territoire est ainsi un construit d’acteurs qui nécessite

coordination et dispositifs de médiation. Il s’agit ainsi

de mesurer les dysfonctionnements actuels du

système d’acteurs pour en révéler des possibles

améliorations.

- Analyser au prisme de la responsabilité sociale. La

dimension sociale des filières de récupération-

recyclage est prégnante : elle évoque des processus

de marginalisation, d’insertion socio-professionnelle,

et d’innovation sociale.

Ce travail relève ainsi d’une analyse quantitative vers

une approche du métabolisme industriel, concept

empruntée à l’écologie industrielle. L’outil mobilisé

est l’analyse des flux de matières et d’énergie qui

consiste à la comptabilisation des échanges de

matière et d’énergie entre les différentes étapes de la

filière et son environnement. La question se déplace

progressivement vers l’étude qualitative des divers

positionnements du système d’acteurs qui pilotent

ces échanges de flux.

Le métabolisme de la filière en Midi-Pyrénées

Une fois la collecte sélective des DEEE réalisée, la

deuxième étape de la circulation des flux de DEEE

correspond au regroupement et au traitement des

DEEE. Ce schéma illustre la complexité des échanges

de flux au sein du réseau de traitement (29

entreprises localisées) (cf. Figure 1).

Figure 1 : Circulation des flux

Ces flux se concentrent sur l’agglomération

toulousaine avant de s’exporter au-delà du territoire

par différents canaux (cf. Figure 2).

Figure 2 : Carte des principaux flux de DEEE en Midi-

Pyrénées

Cette approche par le métabolisme industriel permet

de visiter dans sa globalité la filière des DEEE et de

dépasser le dispositif réglementaire pour jauger de

tous les angles morts du système (cf. Figure 3).

Résumé Thèse JB Bahers Page 3

Figure 3 : Schéma du métabolisme de la filière des DEEE en Midi-Pyrénées

En premier lieu, la filière des DEEE est appréhendée

comme une succession d’étapes (de la mise sur le

marché, à l’utilisation en finissant par la mise au

rebut et le traitement de ces déchets), ce qui permet

d’établir les relations entre elles. En amont de la

filière, il y a les appareils électriques vendus.

En aval de la filière sont représentés les produits et

co-produits du système qui sont revendus sur le

marché. Ils sont l’aboutissement des transformations

subies par les déchets, c’est-à-dire les flux de

matières recyclées (métaux ferreux et non ferreux,

plastiques, verre, cartes électroniques, câbles,

moteurs, batteries) et les flux d’élimination qui sont

le plus souvent valorisé énergétiquement dans des

centres d’incinérations ou cimenteries (les huiles, les

fluides frigorigènes, les mousses isolantes, les

mélanges de plastiques).

En second lieu, l’ensemble des étapes est borné par

les relations de la filière avec son environnement,

c’est à dire les rejets en eaux usés, les rejets

atmosphériques et les rejets vers le sol via

l’enfouissement de déchets. Le schéma du

métabolisme se trouve traversé par deux cadrages

matérialisés sur le schéma qui appellent plusieurs

observations. Le premier cadrage (nommé « Midi-

Pyrénées ») montre que les flux s’exportent hors des

limites géographiques de l’étude, influencés par

l’économie de marché des matières recyclées. D’une

part, le traitement des DEEE n’est pas

systématiquement effectué en Midi-Pyrénées (23%

des flux issus de la collecte sélective des DEEE sont

traités par des entreprises situées hors région) et,

d’autre part, les activités de valorisation, qui

succèdent au traitement des DEEE, sont rarement

effectuées localement. Le second cadrage (nommé

«Objectif Directive DEEE») traduit la logique

réglementaire restrictive qui ne considère que deux

étapes du métabolisme («collecte» et «traitement»).

D’une part, le dispositif réglementaire capte en 2008

seulement 28% à 35% du gisement de DEEE. D’autre

part, il ne prend pas en compte la boucle de

réemploi, ni les autres voies que sont l’élimination

avec les ordures ménagères dans des centres

d’incinération ou de stockage ou le recyclage

inadaptée au cours duquel les composants dangereux

ne sont pas démantelés.

Pour comprendre ce métabolisme, il faut chercher à

comprendre comment agit le système d’acteurs.

Positionnement du système d’acteurs

Figure 4 : Les 4 sous-systèmes d'acteurs

Résumé Thèse JB Bahers Page 4

Quels sont les enjeux liés aux différents sous-

systèmes d’acteurs en lien avec les autres sous-

systèmes d’acteurs ?

Le réseau de traitement est confronté à l’injonction

de devenir le terreau de l’économie circulaire,

paradigme qui implique que toutes les ressources

devraient être réutilisées, recyclées ou valorisées,

mais ces entreprises se contentent de valoriser des

ressources ciblées qui suffisent à rentabiliser leur

structure. Elles laissent ainsi échapper de trop

nombreux gisements de ressources. Plutôt que de

soutenir l’innovation (ou éco-innovation)

technologique, le financement de programmes de

recherche devraient s’orienter vers une mutation du

système productif local, pour mutualiser les moyens

techniques et relocaliser les débouchés des matières

recyclées.

Le sous-système «production-consommation»

présente, quant à lui, de nombreuses lacunes. La

prévention de la production des déchets est

complètement oubliée au profit du recyclage et de la

valorisation, qui sont les moteurs économiques des

filières à responsabilité élargie du producteur.Le

consommateur et les collectivités sont sollicités

seulement à l’aval des dispositifs et ne participent pas

à leur construction, alors qu’ils sont les premiers

intéressés et qu’il leur est demandé de se

responsabiliser.

Concernant le sous-système de l’action publique, les

politiques territoriales de ces dernières années ont

montré de fortes difficultés d’applications en Midi-

Pyrénées. Politiques de gestion des déchets ménagers

inadaptées ou pas respectées, collectivités incapables

d’arbitrer des conflits, l’Etat qui passe outre les

politiques régionales, les exemples de

dysfonctionnements ne manquent pas. L’action

publique territoriale pourrait s’orienter vers un rôle

d’interface entre ces différents acteurs ouvrant à une

gouvernance territoriale des flux de déchets-

ressources.

Les entreprises d’insertion, du sous-système des

dynamiques sociales, sont fortement présentes et

s’ancrent solidement dans les filières de recyclage.

Pourtant leur rôle dans la filière et vis-à-vis des éco-

organismes est ambigu : elles semblent être de plus

en plus la caution sociale d’une opération qui cherche

un assentiment du public. Elles sont cantonnées à un

travail sur des chaînes de démontage et de

manutention logistique et souffrent dans un marché

fortement concurrentiel-.

Conclusion

Les résultats se lisent donc de façon complémentaire

aux 3 dimensions, et nous pouvons en tirer plusieurs

pistes d’action vers cette écologie territoriale.

La première piste concerne la reterritorialisation des

matières recyclées, c’est-à-dire la réintroduction

locale des ressources récupérées dans l’industrie. En

effet, les flux de déchets s’exportent trop facilement

des territoires et ils sont peu réintroduits dans les

circuits locaux de production. Manquant de

coordination, les politiques territoriales sont

insuffisamment efficaces pour initier un bouclage à

proximité des flux.

La seconde piste correspond à une véritable prise en

compte de l’enjeu de dématérialisation des filières,

ce qui signifie la réduction des quantités de matériaux

utilisés en amont et en aval de la filière. La

performance économique du dispositif a clairement

pris le pas sur les enjeux sociaux et

environnementaux, devenus secondaires. Ce système

est un système qui a besoin de produire des déchets,

pour « donner du grain à moudre » aux opérateurs de

la filière.

L’enjeu de la sobriété matérielle dépasse l’objectif

« en bout de tuyau » de récupération des ressources

consommées. Cela implique que « consommer mieux

signifie consommer moins » comme l’écrit Fabrice

Flipo. Un changement radical de nos façons de

produire et de consommer est dès lors indispensable

dans l’objectif de réduction de nos prélèvements sur

la nature.