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HUILE DE PALME 10 test santé 112 décembre 2012/janvier 2013 Difficile

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A en croire les médias, l’huile de palme est un fléau pour notre santé. Elle est aussi vivement critiquée pour son impact sur l’environnement. Pourquoi est-elle si intéressante et est-elle vraiment nocive ?

Présente dans plus d’un produit alimentaire transformé sur deux, l’huile de palme est devenue un incontournable des pâtisseries, biscuits ou des margarines pour ne citer qu’eux. Mais on la retrouve aussi au rayon cosmétique et elle est même utilisée comme biocar-burant. Pourquoi ?

Le palmier à huileL’huile de palme est extraite de la pulpe des fruits du palmier à huile, qui pousse sous les tro-piques et peut atteindre plus de 20  m de haut. Après quelques années, la récolte peut commen-cer et a lieu tous les 15 jours. Une première pression des fruits donne une huile de palme crue de couleur rouge, riche en caroté-noïdes et vitamine E. Cette huile est ensuite raffinée afin d’élimi-ner les substances indésirables et augmenter sa conservation. L’huile de palme obtenue est de couleur dorée. L’amande du fruit sera quant à elle récupérée et broyée pour donner l’huile de palmiste de couleur blanche.L’huile de palme, l’huile de pal-miste et l’huile de noix de coco

Souvent, ce sont ses caractéristiques négatives qui sont mises en avant.

Les autres graisses semblent encore plus mauvaises pour la santé

Son haut rendement à l’hectare en fait la moins mauvaise option pour l’environnement

MÉCONNUE, MAL AIMÉE ?

ALTERNATIVE AUX AUTRES GRAISSES

DÉFORESTATION

Des plantations peu accessibles

NOTRE ENQUÊTE

Pour cette enquête, nous avons avant tout étudié l’his-toire, la production et l’utilisation de l’huile de palme. Ensuite, nous avons visité des plantations pour vérifier les conditions (de travail) sur place. Nous avons accordé une attention particulière aux plantations qui opèrent sous le label Roundtable on Sustainable Palm Oil (RSPO), mais sans pouvoir accéder partout. Enfin, nous avons interrogé 21 entreprises sur la mesure de leur engage-ment pour une huile de palme durable et éthique.

(coprah) sont les graisses végé-tales exotiques les plus couram-ment utilisées en agroalimen-taire et ont comme principale caractéristique d’être solides à température ambiante, ce qui les différencie des autres huiles de table (olive, colza, tournesol, soja, etc.), qui elles, sont liquides.Retenons que les graisses solides contiennent davantage d’acides gras saturés et les liquides ma-joritairement des acides gras insaturés, meilleurs pour notre santé. L’huile de palme, elle, contient autant d’acides gras sa-turés que d’acides gras insaturés.

A l’origine…Pourquoi est-elle utilisée mas-sivement  ? Traditionnellement, on utilisait les graisses animales comme le beurre ou le saindoux pour cuisiner. Les premières études cliniques des années sep-tante ont cependant mis en évi-dence les risques cardiovascu-laires liés aux acides gras saturés et au cholestérol présents dans les produits animaux. Les industriels se sont alors naturellement tour-nés vers les huiles végétales au

profil nutritionnel plus enviable. Cependant une fraction solide est indispensable à la recette si l’on veut donner une certaine texture et consistance aux produits pré-parés. Or les huiles végétales sont liquides. Pour confectionner une margarine frigotartinable à base d’huile de colza par exemple, il faut donc avoir recours à la tech-nique d’hydrogénation. Cette opération permet de "durcir" une huile liquide afin d’obtenir un pro-duit fini malléable. Une partie des acides gras insaturés sont transfor-més en acides gras saturés jusqu’à la consistance voulue. Malheureu-sement, l’hydrogénation partielle présente l’énorme désavantage de former des acides gras trans, par-ticulièrement nocifs sur le plan cardiovasculaire.Pas question pourtant d’en revenir aux graisses animales que la crise de la vache folle n’a pas épargnées. Dans ce contexte, l’huile de palme

L’huile de palme contient

autant d’acides gras

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s‘est tout simplement imposée en offrant les caractéristiques tech-niques recherchées. Ajoutons qu’elle est en plus disponible à grande échelle, moins chère que d’autres huiles et avec un rende-ment à l’hectare exceptionnel.

De nombreux avantagesD’un point de vue technologique, l’huile de palme est un atout indéniable, car elle remplace assez facilement les huiles végé-

tales hydrogénées. Elle confère structure, texture, onctuosité et stabilité aux produits manufactu-rés et ses débouchés sont nom-breux. On peut en outre séparer la fraction plus solide (stéarine de palme) de la fraction plus liquide (oléine de palme) pour obtenir une structure définie. Grâce à sa malléabilité, elle donne corps aux pâtisseries, cakes, pâtes à tartiner et aux biscuits. Elle résiste aussi particulièrement bien aux hautes températures, raison pour laquelle l’oléine de palme, plus liquide et plus insaturée est couramment utilisée pour les fritures (chips, snacks, etc.). Le croissant ou les frites qui contiennent de l’huile de palme ont également un aspect plus croustillant et moins gras, les rendant plus appétissants. Son goût est plutôt neutre de sorte qu’il s’intègre à n’importe quelle recette. Mais cette fraction solide et satu-rée du palme tant recherchée pour ses multiples applications agroa-limentaires n’est pas du goût de tous. Les acides gras saturés ont mauvaise presse et il est indispen-sable de modérer leur consomma-tion.

Le problème des acides gras saturésPour notre santé, les acides gras saturés ne sont pas recommandés. D’autant que nous mangeons trop gras, trop saturé et ce, au détri-ment des acides gras essentiels. Sur ce plan, il semble même que le Belge atteigne des sommets mon-diaux ! Si les recommandations préconisent de ne pas dépasser les 10 % des calories journalières, nos assiettes dépassent allègrement les 15 %.Sur le plan scientifique, le consen-sus n’est pas unanime en ce qui concerne l’association entre les acides gras saturés et le risque avéré de maladies cardiovascu-laires. Ils augmentent en effet tant le LDL-cholestérol que le HDL-cholestérol.

Si tous les acides gras saturés ne sont plus mis sur le même pied pour leurs effets athérogènes, il y a cependant des évidences claires. Bannir les trans de notre alimen-tation et diminuer la consom-mation de saturés en veillant à fournir suffisamment d’acides gras polyinsaturés (comme les oméga-3) est tout bénéfice pour la santé. En pratique, il faut mo-dérer fortement les aliments du haut de la pyramide alimentaire qui contiennent forcément des graisses, des sucres et par la même occasion des acides saturés. A la place d’une pâtisserie, mieux vaut choisir un fruit.De leur côté, il appartient aussi aux fabricants d’améliorer leur recette en utilisant des huiles vé-gétales insaturées lorsque cela est possible et en diminuant globale-ment les graisses de leurs produits. Tous ces éléments nous laissent entrevoir la question complexe du palme. Pour certaines recettes, une fraction solide et saturée est nécessaire qu’elle qu’en soit l’ori-gine. Remplacer l’huile de palme par une autre source de saturés pour les besoins technologiques n’apporterait pas forcément de bénéfice nutritionnel. Le gain en-vironnemental n’est pas non plus évident.

Une consommation en hausse constanteDans les dix prochaines années, la consommation d’huile végétale va augmenter de 25 %, passant à quelque 184 millions de tonnes par an. L’huile de palme en consti-tuera une part croissante : en 2004 cette matière grasse représentait 28  % de la production totale, en 2010 elle en était à 32 %, soit envi-ron 47 millions de tonnes.La consommation augmente dans l’Union européenne, mais aussi en Inde et en Chine. L’UE repré-sente 13  % de la consommation mondiale d’huile de palme. Cette dernière y est utilisée dans la fa-brication de graisses industrielles,

L’huile de palme est résistante à la chaleur, donne une structure et n’affecte pas le goût

"L’hUiLe végétALe" n’existe pLUs

ETiQUETAGE

´ D’ici deux ans maximum, les fabricants de l’Union européenne seront obligés de signaler le type d’huile utilisée dans une préparation. Pour l’instant, l’huile de palme peut encore être reprise sous le terme d’ “huile végétale” ou de "graisse végétale".

´ Les graisses utilisées devraient également être indiquées par ordre de quantité utilisée. Reste à voir dans quelle mesure le consom-mateur perçoit vraiment le message. En principe, les acides gras trans ne devront pas figurer sur l’étiquette. Certains groupes de pression sont visiblement toujours aussi puissants.

Quelles graisses contiennent exactement nos aliments ? A partir de décembre 2014, cela de-vra être plus clair.

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Consommation dans le monde (millions de tonnes par an)

La consommation d’huile de palme a fortement augmenté par rapport à il y a 15 ans. En particulier dans les économies émergentes telles que la Chine et l’inde où la demande est forte, mais également en Europe. L’indonésie et la Malaisie, les plus grands producteurs d’huile de palme, en sont également grands consommateurs.

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Inde

Chine

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Malaisie

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Des milliers d’hectares

de forêt sont détruits sans autorisation

margarines et bon nombre de pro-duits alimentaires très élaborés.

Le glas des forêts vierges a-t-il sonné ?La hausse constante de la demande d’huile de palme n’est pas sans conséquences. En Indonésie et en Malaisie, l’espace nécessaire à la culture des palmiers à huile se gagne au détriment de forêts vierges sou-vent séculaires et pourtant consi-dérées comme des forêts à haute valeur de conservation (HCV). Au cours des dernières décennies, les forêts de Bornéo, qui s’étendent sur les deux territoires, ont rétréci au profit des plantations. Les nom-breux permis de défricher supplé-mentaires devraient entraîner la disparition de 3 à 4 millions d’hec-tares (à peu près la superficie des Pays-Bas) dans les 5 à 10 années à venir. De plus, l’absence de permis décourage rarement les produc-teurs, qui entament souvent leur première récolte au moment de recevoir enfin l’autorisation d’ou-vrir une nouvelle plantation. Sans avoir "perdu" de temps à consulter la population locale…Ces défrichements sont une catas-trophe pour la biodiversité mon-diale. Ils affectent la flore, mais aussi la faune, et sont à l’origine de la disparition de 80 à 100  % des différentes espèces de mam-mifères, de reptiles et d’oiseaux. En Indonésie, le déboisement a coincé, puis décimé les popula-tions d’orangs-outangs, le tigre de Sumatra, les éléphants et les rhi-nocéros. Le papillon de la Reine Alexandra, le plus grand lépidop-tère au monde, est au plus mal. Sans parler des millions de tonnes de CO2 liées au déboisement …

Des droits constamment violésLa progression galopante des plantations de palmiers à huile ne peut bien sûr pas être (entiè-rement) imputée aux popu-lations locales, pour qui elles constituent une maigre source

de revenus. Sans que leur vie s’en trouve toutefois réellement améliorée. Avec la déforestation, c’est leur propre réserve de bois qui disparaît, celle avec laquelle ils construisent leurs maisons. Elle les prive aussi d’une source de ravitaillement et les oblige à compter sur les seuls revenus de l’huile de palme pour assurer leur subsistance. Dans les plan-tations, les droits des travailleurs sont constamment bafoués. Les salaires sont inférieurs au mini-mum légal et les heures supplé-mentaires prestées pour satisfaire aux objectifs de production sont rarement, voire jamais rémuné-rées. Le travail n’est pas non plus sans danger : les régimes de fruits pèsent entre 15 et 25 kg et sont suspendus à plusieurs mètres du sol. Pour compléter ce sombre ta-bleau, ajoutons-y le travail des en-fants, qui accompagnent souvent les adultes dans les plantations et ramassent les fruits tombés au sol.

Le plus toxique des herbicides coule à flotsMais le plus grand danger reste le Paraquat, un herbicide utilisé à outrance dans les plantations. Le Paraquat est l’herbicide le

Rendement (tonnes à l’hectare)

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Colza Tourne-sol

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HUILE DE PALME

"L’huile de palme pâtit de préjugés"Si cela dépendait de l’Alliance, toute l’huile de palme utilisée serait durable en 2015. Une charte a d’ailleurs été signée dans le secteur de l’industrie alimentaire.

InterviewMme Patricia Ghyoros, secrétaire générale de l’Alliance belge pour une huile de palme durable

Que prévoit la charte, est-ce réaliste et peut-on exercer un contrôle ? Avec cette charte signée, diffé-rentes fédérations profession-nelles comme les boulangers, biscuitiers, chocolatiers... ainsi que les producteurs, raffineurs et importateurs s’engagent à sou-tenir une filière durable d’huile de palme par le choix de leurs ingrédients. Objectif  : que tout le monde respecte son engage-ment à n’utiliser que de l’huile de palme durable en 2015. Il s’agit surtout de changer le men-talités pour que la demande vienne à la rencontre de l’offre et inversément. Le consommateur peut, lui, demander des garan-ties que l’huile utilisée soit bien durable.

L’huile de palme avec label RspO est-elle garantie du-rable ? Avec ces produits, le consom-mateur peut en effet, être sûr que l’huile de palme utilisée contribue au respect des normes sociales et de l’environnement. Pour être sûr qu’un produit ne contient que de l’huile de palme durable, l’emballage devra égale-ment porter la mention "contient de l’huile de palme certifiée".

Mais les fabricants affichent rarement le label durable de l’huile de palme en raison des préjugés des consommateurs à l’égard de cette dernière...C’est pourquoi il est essentiel que le consommateur reçoive une information correcte. Les préjugés naissent souvent de l’ignorance.Les organisations environne-mentales ont, par le passé, légi-timement, critiqué la culture in-tensive du palmier à huile, mais encouragent désormais l’huile de palme durable. Les médias ont souvent ampli-fié leurs préoccupations, ce qui a contribué à diaboliser l’image de l’huile de palme. Test-Achats peut certainement jouer un rôle pour remettre les choses dans leur juste perspective.

"Si la mentalité

change, la demande

en huile de palme

pourrait augmenter

et rencontrer l’offre déjà disponible"

plus toxique recensé au cours des 60 dernières années : il peut s’avé-rer mortel par ingestion, inhala-tion ou contact avec la peau. Rai-son pour laquelle 36 pays en ont interdit l’utilisation. L’Asie du Sud-Est n’en fait mal-heureusement pas – ou plutôt plus – partie : la Malaisie en avait interdit la vente en 2002, mais s’est rétractée en 2006 sous la pression du puissant lobby de l’huile de palme. L’Indonésie en limite l’uti-lisation; mais à ce jour, les travail-leurs y sont constamment expo-sés dans les terrains fraîchement pulvérisés. De plus, le produit ne se dégrade pas naturellement et s’accumule dans le sol.Au total, les plantations utilisent régulièrement 25 types de pesti-cides. Des pesticides qui polluent les sols, les eaux souterraines et parfois même l’eau potable, met-tant ainsi la vie des habitants en danger.

vers la durabilitéIl existe pourtant de l’huile de palme durable. Il s’agit d’une ini-tiative de la Roundtable on Sus-tainable Palm Oil (RSPO), une association créée en 2004, sou-tenue par le WWF mais aussi par Unilever. Pour être certifiées RSPO, les plantations doivent répondre à diverses conditions : tout d’abord, montrer un comportement res-ponsable par rapport à l’environ-nement (en matière de déchets, utilisation des matières pre-mières…). Ensuite, il doit y avoir un dialogue actif entre les travail-leurs et les personnes ou les com-munautés concernées par la pro-duction d’huile de palme. Et enfin, les plantations doivent montrer en toute transparence qu’elles res-pectent les prescriptions environ-nementales, les accords sociaux et la loi en général. La RSPO délivre deux grands types de certificats : le premier, le système "identity preserved" (IP), permet de retracer l’ensemble du

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parcours de l’huile. Le second, le système "book & claim", signale qu’il existe une production iden-tique d’huile garantie durable pour toute huile porteuse de ce type de certificat – sans toute-fois assurer que l’huile qui porte le certificat en question est elle-même durable. Un système com-parable à celui des certificats verts : vous achetez de l’électricité labellisée "verte" pour laquelle on vous prouve, certificats à l’appui, qu’une même quantité d’électri-cité respectueuse de l’environne-ment est bien produite quelque part. Il existe encore des variantes entre ces deux systèmes, lorsque l’huile de palme durable provient de sources multiples ou est mélan-gée à de l’huile non durable.

Retour à la case départ ?L’huile de palme a donc ses avan-tages et ses inconvénients. Mais serait-il possible de bannir cette matière grasse ? Bien sûr. Mais ce choix a également des consé-quences. Comme mentionné précédem-ment, l’huile de palme peut, pour cetaines applications, être rem-placée notamment par de l’huile d’olive ou de tournesol. Mais dès que l’on a besoin d’une structure plus ferme, il n’existe aucune al-ternative valable. Il n’est pas sou-haitable d’en revenir aux graisses animales ni aux huiles partielle-ment hydrogénées. L’hydrogéna-tion totale, qui elle ne produit pas d’acides gras trans, pourrait être une solution envisageable mais le consommateur ne veut pas du terme hydrogéné sur l’étiquette. Bref, il est difficile de remplacer l’huile de palme sur le plan ali-mentaire, bien qu’une technique d’émulsification, qui transforme une matière grasse liquide (ex. huile de colza) en une sorte de gel pourrait offrir une solution. Au niveau de l’environnement, même si cela peut sembler bizarre, remplacer l’huile de palme par d’autres produits ne serait pas un

bon calcul. Tout simplement parce que le rendement du soja, du col-za et du tournesol... est beaucoup plus faible et que pour une même production, il faudrait une surface de culture beaucoup plus impor-tante. Or le mieux serait que le rende-ment augmente, car la demande en huile végétale devrait atteindre 256 millions de tonnes par an d’ici 2050. Quant à l’Indonésie et à la Malaisie, elles verraient dis-

paraître une importante activité économique, toute néfaste qu’elle soit pour la faune et la flore. La seule solution pour diminuer la demande en huile de palme serait d’en utiliser moins (et moins de graisses en général d’ailleurs) dans la composition - principalement - de notre alimentation. Et cela demande un réel changement. Stéphanie Bonnewyn, Paul Nies et

Christian Rousseau

Utiliser moins d’huile

de palme ne peut se faire

que si l’on utilise moins

de graisse en général

OÙ en sOnt Les entRepRises ?DURABiLiTÉ

´ Nous avons interrogé les entreprises sur leur attitude concernant l’huile de palme. Quel est leur engagement vis-à-vis d’initiatives comme la RSPO ou autres? Essayent-elles de tracer l’origine de l’huile qu’elles utilisent (et si oui, comment) ? Utilisent-elles de l’huile certifiée? S’intéressent-elles à la durabilité de la chaîne d’approvisionnement ? Nous les avons également cotées sur leur transparence.

´ Globalement, il a été très difficile de calculer les quantités précises d’huile de palme uti-lisées. Les détaillants vendent en effet des produits dont on ne connaît pas exactement la teneur en huile de palme. Les produits lessiviels (par ex. Henkel, Johnson&Johnson...) n’utilisent pas d’huile de palme, mais on en trouve souvent des produits dérivés dans leurs agents de surfaces. Les cosmétiques (The Body Shop, Weleda, Yves Rocher) uti-lisent par contre de l’huile de palme pure.

´ La plupart des entreprises de notre sélection soutiennent l’initiative RSPO – même si cela consiste généralement à s’assurer du caractère durable de leur huile via les cer-tificats "book & claim". Pour atteindre l’objectif d’une huile de palme 100 % durable, ce système devra vraisemblablement être abondamment utilisé. Mais pour nous, ce n’est qu’une mesure transitoire.

´ Colruyt, Carrefour et Weleda ont activement cherché à remplacer l’huile de palme par d’autres ingrédients. L’huile de palme utilisée par Colruyt n’est toutefois pas durable.

De nombreuses entreprises alimentaires et cosmétiques utilisent de l’huile de palme. peut-on dès lors les qualifier de durables ou d’éthiques ?

engagement des entreprises

très bien Bien Moyen Médiocre Mauvais

Carrefour, The Body Shop,

Weleda, Yves Rocher

Delhaize, Henkel, Ikea, Johnson&Johnson,

Kraft Foods, Lidl, Mars, Nestlé, Nutrition & santé (Céréal), Oxfam, Procter

& Gamble, Unilever, Vandermoortele

Ferrero Reckitt Benckiser

Aldi, Colruyt