HÉRACLÈS - FUN-MOOC · 2014-11-23 · HÉRACLÈS N°24 2 Sommaire NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007...

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LA LETTRE DINFORMATION ET DECHANGE DE LA COMMUNAUTE DOCTRINALE N°24 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007 L L a compréhension de l’adversaire est la condition de l’efficacité de l’action militaire. Or, face à lui, le faux sentiment de notre surpuissance nous fait courir quatre risques majeurs. Le premier est, tout simplement, de le considérer comme quantité négligeable dans l’analyse. Le second est de le concevoir comme un autre nous-même et donc de lui prêter nos modes de raisonnements, nos méthodes, nos règles… Le troisième est le mépris, vite engendré par le constat qu’il ne dispose pas des mêmes éléments de puissance que nous, ce qui fait justement sa force. Le mépris, c’est le refus de l’intelligence de l’Autre, le refus de comprendre qu’il est plutôt plus doué que nous pour l’innovation, c’est le déni de la volonté créatrice de l’Autre. Le mépris, c’est aussi la globalisation simplificatrice d’entités adverses aux logiques et aux identités bien diverses ; la confusion, le refus des spécificités, ne permettent pas l’intelligence des crises. Le mépris, c’est encore la caricature qui empêche de bien comprendre et donc de bien combattre. Le mépris, c’est la meilleure recette pour l’échec ! Le quatrième risque est celui de la virtualité engendrée par les besoins digitaux de la modélisation : les guerres probables se conduiront dans le monde réel, non dans un monde idéal où les nations dicteraient les règles et les comportements, non sur des écrans qui procurent l’idée fausse qu’elles sont maîtrisables. Gagner la guerre, c’est acquérir puis maintenir l’initiative. Le problème, c’est que cela semble de plus en plus difficile. Sans aucun doute, la difficulté éternelle de la guerre, c’est que “chaque adversaire y fait la loi de l’autre”, selon la formule lumineuse de Clausewitz. GDI Vincent DESPORTES commandant le Centre de doctrine d’emploi des forces A LA UNE Le mot du directeur de publication Dans ce 24 e numéro de Héraclès, la parole est à nouveau donnée aux logisticiens et c’est la 2 e brigade logistique qui nous montre comment elle applique la doctrine logistique sur le terrain, en opération comme en exercice,en particulier dans des domaines particuliers de l’action des forces terrestres (en zone urbaine, en montagne, dans les opérations amphibies et aéroportées, …). Notre prochain numéro, le N° 25, qui paraîtra début février 2008, donnera la parole à la 27 e brigade d’infanterie de montagne. Le suivant (N° 26) sera réalisé avec la 11 e brigade parachutiste. H ÉRACLÈS Directeur de la publication Général (2s) Jean-Marie Veyrat Rédactrice en chef Lieutenant Marie-Noëlle Bayard Mise en page Christine Villey Impression EDIACAT Création de la maquette Nathalie Dujardin Héraclès en ligne : www.cdef.terre.defense.gouv.fr Editorial p. 3 Les brigades logistiques, une garantie de cohérence opérationnelle p. 10 La numérisation du soutien p. 15 Le soutien du combat en zone urbaine p. 21 Vers une logistique interarmées p. 27 Demain, la logistique... La capacité d'adaptation est la loi qui gouverne la survie, dans la guerre comme dans la vie. B. H. Liddell Hart

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LA LETTRE D’INFORMATION ET D’ECHANGE DE LA COMMUNAUTE DOCTRINALE

N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007

LLa compréhension de l’adversaire est la condition de l’efficacité del’action militaire. Or, face à lui, le faux sentiment de notre surpuissancenous fait courir quatre risques majeurs.

Le premier est, tout simplement, de le considérer comme quantiténégligeable dans l’analyse.

Le second est de le concevoir comme un autre nous-même et donc de luiprêter nos modes de raisonnements, nos méthodes, nos règles…

Le troisième est le mépris, vite engendré par le constat qu’il ne dispose pasdes mêmes éléments de puissance que nous, ce qui fait justement sa force. Lemépris, c’est le refus de l’intelligence de l’Autre, le refus de comprendre qu’ilest plutôt plus doué que nous pour l’innovation, c’est le déni de la volontécréatrice de l’Autre. Le mépris, c’est aussi la globalisation simplificatriced’entités adverses aux logiques et aux identités bien diverses ; la confusion, lerefus des spécificités, ne permettent pas l’intelligence des crises. Le mépris,c’est encore la caricature qui empêche de bien comprendre et donc de biencombattre. Le mépris, c’est la meilleure recette pour l’échec !

Le quatrième risque est celui de la virtualité engendrée par les besoinsdigitaux de la modélisation : les guerres probables se conduiront dans lemonde réel, non dans un monde idéal où les nations dicteraient les règles etles comportements, non sur des écrans qui procurent l’idée fausse qu’ellessont maîtrisables.

Gagner la guerre, c’est acquérir puis maintenir l’initiative. Le problème, c’estque cela semble de plus en plus difficile. Sans aucun doute, la difficultééternelle de la guerre, c’est que “chaque adversaire y fait la loi de l’autre”,selon la formule lumineuse de Clausewitz.

GDI Vincent DESPORTEScommandant le Centre de doctrine

d’emploi des forces

A LA UNE

Le mot du directeur

de publication

Dans ce 24e numéro de Héraclès,la parole est à nouveau donnée auxlogisticiens et c’est la 2e brigadelogistique qui nous montrecomment elle applique la doctrinelogistique sur le terrain, enopération comme en exercice,enparticulier dans des domainesparticuliers de l’action des forcesterrestres (en zone urbaine, enmontagne, dans les opérationsamphibies et aéroportées, …).

Notre prochain numéro, le N° 25,qui paraîtra début février 2008,donnera la parole à la 27e brigaded’infanterie de montagne.Le suivant (N° 26) sera réalisé avecla 11e brigade parachutiste.

HÉRACLÈS

Directeur de la publicationGénéral (2s) Jean-Marie Veyrat

Rédactrice en chefLieutenant Marie-Noëlle Bayard

Mise en pageChristine Villey

ImpressionEDIACAT

Création de la maquetteNathalie Dujardin

Héraclès en ligne : www.cdef.terre.defense.gouv.fr

Editorial

p. 3 Les brigades logistiques, une garantie de cohérence opérationnelle

p. 10 La numérisation du soutienp. 15 Le soutien du combat en zone urbainep. 21 Vers une logistique interarméesp. 27 Demain, la logistique...

La capacité d'adaptation est la loi qui gouverne la survie, dans laguerre comme dans la vie.

B. H. Liddell Hart

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HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007 Sommaire2

Actualités

3 Les brigades logistiques, une garantie de cohérence opérationnelle

4 Recueil des abréviations

7 Les OMLT, une autre forme de soutien

8 Le soutien du combat d’un groupeamphibie à deux bâtiments

10 La numérisation du soutien

Retex

11 Le soutien du corps de réaction rapide - France

12 Le DETSOUT ONUCI

14 Le RETEX du DETSOUT BOALI 15e mandat

15 Le soutien du combat en zone urbaine

Réflexions

17 Le soutien d’une force aéroportée

18 Le rôle du 3e RMED dans la prise en charge des victimes contaminées par un agent chimique

19 Le soutien du combat en terrain difficile et dans un environnement rigoureux

21 Vers une logistique interarmées

22 Le char Leclerc, un outil de dissuasiontactique et de théâtre

25 MARTHA : une plus-value décisive pour l’intégration des moyens agissant dans la 3e dimension

Tribune libre

27 Demain, la logistique...

28 L’engagement d’un “RSH”, une solution pour sortir du “cauchemar logistique” au Darfour

30 La fonction communication en Côte d’Ivoire : une fonction opérationnelle encore insuffisamment reconnue

33 De l’unification des concepts : le centre de gravité et l’effet majeur, une contribution américaine

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AAl’heure où l’armée de terreréfléchit sans tabou à sonorganisation future, il me

revient de souligner toute lapertinence des décisions qui ontconduit en 1998 à regrouper lesunités logistiques au sein dedeux brigades par nature inter-armes et interarmées.

En effet, fonction éminemmenttransverse, notre logistiqueopérationnelle repose sur unensemble de compétenceshumaines et de moyens tech-niques agissant de concert quidoivent s’adapter à toutes lessituations. Ainsi, c’est souventl’action du détachement logis-tique, plus petit échelon inter-armes, qui décidera de l’échecou de la réussite de l’exécutionde la mission générale de sou-tien de la force. C’est donc ceniveau essentiel qu’il convientde privilégier pour la maîtrisedes savoir-faire multidiscipli-naires et l’acquisition d’unegrande capacité d’initiative etd’adaptation pour éventuel-lement agir en autonome, dansun combat en zone urbaine, auprofit d’une force numérisée,après une mise en place clas-sique, aérotransportée voireamphibie ou aérolarguée.

A cet effet, la logistique doitdisposer d’officiers subalternesdont les compétences logis-tiques doivent dépasser cellesde la manœuvre de leur spécia-lité ou domaine d’apparte-

nance. Seules les brigadeslogistiques (BL) qui regroupentl’ensemble des moyens et unepart importante des capacitésde commandement du soutiendes forces terrestres peuventprendre en charge cette prépa-ration à l’engagement desmoyens de soutien direct desforces.

Celle-ci est réalisée à l’occasiondes activités communes d’entraî-nement de la brigade permettantla connaissance mutuelle desacteurs de la logistique (indis-pensable à l’efficacité d’embléedes détachements de circonstan-ce projetés) mais aussi à l’occa-sion d’exercices avec les unitésde la force d’action terrestre. Pource qui le concerne, l’état-major dela brigade peut participer à l’éla-boration du volet soutien desexercices des BIA afin d’aboutir àune manœuvre réaliste, cohéren-te, où tous les domaines logis-tiques sont représentés, pourpermettre à l’interarmes de sefamiliariser avec le contexte réeldes déploiements et des diffé-rentes procédures, particulière-ment celles du soutien sanitaireessentielles mais souvent mécon-nues.

Les brigades logistiques, une garantie de cohérence

opérationnelle >> CDEF

Séminaire tactique 2007

“Combat d’aujourd’hui,tactiques émergentes”

Le centre de coctrine d’emploides forces (CDEF) et le collègede l’enseignement supérieur del’armée de terre (CESAT) ontorganisé, pour la deuxièmeannée consécutive, unséminaire consacré à latactique dont l’objectif était derépondre à deux questionsmajeures : les tactiquesactuelles sont-elles adaptées ànos engagements les plusprobables ? Savons-nous fairetoute la guerre en ville ?

Au-delà de la simple réponse àces deux questions dont lesconclusions majeures figurerontdans les actes du colloqueédités conjointement par leCESAT et le CDEF, la réflexioncollective menée lors de cettejournée a montré que latactique est la résultante dedeux tactiques que l’on pourraitqualifier de “tactique de jour1”et de “tactique de nuit”.

La “tactique de jour” est cellequi est connue de tous etenseignée dans nos écolesd’armes à l’instant présent.

(p. suivante)

1 Notion introduite par le général Dary enréférence à une allocution du professeur Jacob,compagnon de la libération et chancelier del’ordre de la libération sur la notion de “sciencede jour” et “science de nuit “ et le parallèle quipeut en être fait avec la tactique.

3HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007 Actualités

activités

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En mesure de s’engager elle-même, la brigade logistique etson état-major sont entraînés àarmer un PC de groupe de soutieninterarmées d’entrée de théâtreou un PC de groupe de soutien ter-re, en appui d’une composanteterrestre du volume d’un corpsd’armée, ces deux types de PCn'étant qu'une partie de l'ensem-ble des PC logistiques que la forcelogistique terrestre doit mettre surpied (PC logistique amont, PC sou-tien national France, PC baselogistique interarmées de théâtre,PC base logistique terrestre, PCbase logistique divisionnaire).

Dans cet esprit et de façon nova-trice, les deux brigades logis-tiques fourniront en 2008 le noyaudur de l’état-major interarmées etmultinational de coordination auniveau opératif, le joint logisticsupport group (JLSG), qui com-mandera la base logistique dethéâtre dans le cadre de la prised’alerte pour la NRF 11.

Réservoirs de forces interarmes etinterarmées, outil de préparationopérationnelle et de projection,œuvrant en synergie avec les bri-

gades soutenues, les BL répon-dent parfaitement aux exigencesd’adaptabilité, de performance etde réactivité qui caractérisent lecombat moderne. Ne délivrant pasd’effet direct sur l’ennemi ou le ter-rain, la logistique est un démulti-plicateur d’efficacité ainsi qu’unrévélateur de puissance dontdépend la capacité à durer sur leterrain des forces tant sur le planhumain que technique. De touteévidence, l’armée de terre dedemain aura toujours besoin delogisticiens aguerris et prêts à fai-re face techniquement et tactique-ment à toutes les situations.Modernisées, les forces logis-tiques participeront encore plusqu’aujourd’hui, au renforcementde la liberté d’action du chef inter-armes en le dégageant au maxi-mum des contraintes induites parson propre système de combat.

C’est aux brigades logistiquesqu’il reviendra de préparer cetoutil complexe qui nécessite descompétences aujourd’hui peurépandues dans nos forces.

Général Xavier BAYLIONcommandant la 2e brigade logistique

HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007 Actualités4

>> CDEF

La “tactique de nuit”, acontrario, est plutôt la tactiquede demain, celle qui seconstruit par essais et erreurs,par tâtonnement et paradaptation à l’évolution descirconstances et del’adversaire.

Fruit d’un travail de recherche,d’une réflexion permanente,de confrontations d’idées,intégrant les retoursd’expériences de l’ensembledes conflits, la tactique denuit aboutit à terme à la miseà jour de la tactique de jourcomme les dernièresproductions doctrinales l’ontmontré.

De même, le colloque amontré qu’il est illusoire deparler de tactique sansaborder la complexité del’adversaire moderne.“Nous devons faire face à unnouvel adversaire : ne pas lecomprendre aujourd’hui seraitl’apprendre, demain, à nosdépens2.”

Il appartient donc à touttacticien d’apprendre àcomprendre et à connaîtrel’adversaire, physiquementet psychologiquement afinde pouvoir anticiper sesactions et appréciercorrectement les risques.

(p. suivante)

2 Vincent Desportes “Penser autrement,la guerre probable”, Economica 2007.

activités

Recueil des abréviations utilisées dans les articles

de la 2e BLACA Antenne chirurgicale aéroportée

AP2C Appareil portatif de contrôle de la contamination

ANA Armée nationale afghane

AZUR Combat en zone urbaine

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>> CDEF

Enfin, l’action tactique n’estqu’un volet d’une manœuvrebeaucoup plus globaleintégrant entre autres ladiplomatie, la communication,les actions civilo-militaires ouencore la psychologie.

En conclusion du séminaire,le général de corps d’arméeDary3 a insisté sur l’importancedu commandement enopération : “face au combatd’aujourd’hui et à ces tactiquesémergentes, il appartient àchaque chef d’être simple”.Certes, la manœuvre peut êtrecomplexe mais c’est aucommandement de la rendresimple avec des ordres clairsqui doivent être parfaitementcompris et applicablesjusqu’aux plus bas échelons.Dans la continuité de FT01et FT024, le FT045 sur lecommandement opérationneldevra apporter des réponsesà cette problématique ducommandement en opération,et pourquoi pas, servir de basede réflexions pour le prochainséminaire tactique 2008.

LCL Laurent LENACDEF/DEO

3 Gouverneur militaire de Paris.4 Forces terrestres n°1 - “gagner la bataille,

conduire à la paix”.5 Forces terrestres n°2 - manuel de tactique

générale.

activités

5ActualitésHÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007

BLD Base logistique divisionnaire

BIA Brigade interarmes

BP Brigade parachutiste

BL Brigade logistique

CMO Centre de mise en œuvre

CRSSA Centre de recherche du service de santé des armées

CATG Commander amphibious task group

CLG Commander Landing Group

CMM Compagnie maintenance mobilité

CSH Compagnie de soutien de l’homme

COA Compléments opérationnels d’active

COR Compléments opérationnels de réserve

CRR-FR Corps de réaction rapide France

CSG Corps support group

DSL Détachement de soutien logistique

ECAS Emergency close air support

EEI Engin explosif improvisé

ELI Equipe légère d’intervention

FLT Force logistique terrestre

GA2 Groupe amphibie à deux bâtiments

GLCAT Groupe logistique du commissariat de l’armée de terre

GSD Groupement de soutien divisionnaire

GTE Groupement tactique embarqué

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HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007 Actualités6

IED Improvised explosive device

ISTC Instruction sur le tir de combat

MEC Maintien en condition des matériels

MMOOUU Memorandum of understanding

Mentor Conseiller

Mentoring Conseil

NEB Numérisation de l’espace de bataille

OAP Opération aéroportée

OMLT Operational and mentoring liaison team

POP Procédures opérationnelles permanentes

PQG Peloton de quartier général

RAV Ravitaillement

RECAMP Renforcement des capacités africaines de maintien dela paix

RCI République de Côte d’Ivoire

SAN Santé

SCERCAT Service central d’études et de réalisation du commis-sariat de l’armée de terre

SIR Système d’information régimentaire

SITEL Système d’information terminal élémentaire

SIL Systèmes d’information de la logistique

UCL Unité de commandement et de logistique

VAC Véhicule articulé chenillé

ZDL Zone de danger liquide

ZDV Zone de danger vapeur

ZF Zone fonctionnelle

A propos de logistique

Parlons définitions (1)

Logistique

II (1840)1 – MILIT – Art de combiner tous les moyensde transport, de ravitaillementet de logement des troupes.

Nouveau petit Robert 2007

Logistique/Logistics

Science de la planification etexécution de déplacementsdes forces armées et de leurmaintenance. Dans son accep-tion la plus étendue, ce termeenglobe ces aspects des acti-vités militaires qui traitentdes points suivants :

a. conception et mise au point,acquisition, entreposage,mouvement, distribution,maintenance, évacuationet réforme des matériels ;

b. transport du personnel ;

c. acquisition ou construction,maintenance, utilisation etdéclassement d’installations ;

d. fourniture ou obtention desservices ;

e. soutien et soins médicaux.

AAP- 6

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Le saviez-vous ? (1)

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LLoin des soutiens projetésen France, ou des sou-tiens de type BATLOG-

DETLOG en République de Côted’Ivoire, au Kosovo ou au Liban,une nouvelle mission estdévolue à la force logistiqueterrestre : l’Operational andM e n t o r i n g L i a i s o n T e a m(OMLT) en Afghanistan.

La France a récemment décidéde s’impliquer davantage auxcôtés de l’OTAN en amplifiantnotamment sa participation à lareconstruction de l’armée natio-nale afghane (ANA). Cette parti-cipation se décline sous la formed’OMLT, équipes insérées ausein des bataillons afghans(Kandak), dont la mission est deconseiller les cadres afghans enparticipant aux actions de prépa-ration opérationnelle ainsiqu’aux opérations sur le terrain.Une soixantaine d’OMLT (EU,Canada, GB, etc.) sont déjàdéployées sur le terrain. LaFrance assure le mentoring dela 201e brigade de l’ANA, etfournit à ce titre 3 OMLT infan-terie, l’OMLT appuis, et l’OMLTsoutien, auxquelles s’ajoutentles OMLT de niveau état-majorbrigade et corps d’armée. Autotal, ce sont 220 personnes,dont 31 pour l’OMLT soutien quiseront engagés. L’OMLT soutienest composée de mentorsspécialisés dans les grandesfonctions de la logistique (ravi-taillement, maintenance etsanté), et d’une équipe com-mandement lui conférant une

certaine autonomie (comman-dement, maintenance, santé,transmission, protection…). Lestationnement de l’OMLT sou-tien est lié à celui du Kandaklogistique, donc à la planifica-tion de l’ANA, avec tout cequ’elle a d’aléatoire. Ce Kandakpeut en effet s’implanterquelques mois au sud deKaboul pour y assurer sa pré-paration opérationnelle, puisêtre déployé dans une provincede l’Afghanistan dans le cadred’une opération ponctuelle oud’un contrôle de zone plus longmené par les Kandaks d’infan-terie de la 201e brigade.

Le but de la mission des OMLTest de permettre, à terme, l’au-tonomie de l’ANA et de se dés-engager du théâtre en laissantl’ANA gérer seule la situationtactique. Le Mentoring ne doitpas se traduire par la substitu-tion aux cadres afghans. Ils’agit avant tout d’observer etde conseiller les logisticiensafghans, en adaptant si possi-ble les standards occidentauxaux moyens locaux, qu’ilssoient américains ou afghans.Le Mentoring est permanent, ets’exerce tant pour la prépara-tion opérationnelle que pourles opérations menées parl’ANA.

Les OMLT, une autre forme de soutien

7HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007 Actualités

Ensemble des activités quivisent, en toutes circonstances,à :

a - donner aux forces armées,à l’endroit et au momentvoulus, en quantité et enqualité voulues, les moyensde vivre, de combattre et dese déplacer ;

b - assurer les soins médicaux,préventifs ou curatifs, dupersonnel ;

c - assurer la maintenance desmatériels. La logistiquerecouvre les domainessuivants : soutien sanitaire,soutien de l’homme,maintenance (y compris leravitaillement en munitions),soutien pétrolier,acheminement (transportet transit), soutien austationnement.

AAP- 6

Logistique opérationnelle

La logistique opérationnelleest la logistique qui s’appliquedirectement aux opérationsdepuis la préparation jusqu’auretrait des forces engagées.Elle est constituée parl’ensemble des dispositions etdes opérations de soutien quipermettent de remplir leursmissions.

AAP- 6

Le saviez-vous ? (1)

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Au cours des opérations, l’OMLTpeut également être amenée àappuyer l’ANA pour tout ce quitouche à l’appui aérien (ECAS)ou aux évacuations sanitaires.Pour ces actions très préciseset ciblées, l’OMLT reprend alorsla main et dépasse le rôle dementor.

L’ensemble des aspects de cet-te mission, qu’ils soient de men-toring ou d’appui tactique, sont

réalisés en langue anglaise,avec un interprète afghan ou unofficier de liaison américain, etrequièrent un sens aigu de ladiplomatie et des contactshumains.

La préparation de cette missionpassionnante et exigeante sou-ligne la spécificité de soldat -logisticien des unités de lalogistique opérationnelle.

CDT DESMEULESCBMOI 3e RMAT

Chef OMLT soutien

Le soutien du combatd’un groupe amphibie

à deux bâtiments

HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007 Actualités8

>> Divers

Un de nos lecteurs nousdonne son avis sur unouvrage qu’il vient de lire.N’hésitez pas à faire commelui et à nous proposer unefiche de lecture !

Military Innovation onthe Interwar Period

par Allan R. Miller et Williamson Murray

Cambridge University Press,1996, ISBN 0-521-63760-0.

Contenu : Ce livre est unregroupement d'articlestraitant des problèmesd'innovation entre les deuxguerres mondiales. Ils'appuie sur des étudesde cas pour essayer d'endégager des logiques,tendances ou paradigmesgénériques dont la validitépourrait traverser le temps.Ces études de cas sontsuivies de trois articlesconsacrés à la problématiquestructurelle de l'innovation.Les cas étudiés sont :la guerre des blindés, lesopérations amphibies, lebombardement stratégique,le CAS, la guerre aéronavale,la guerre sous-marine etl'apparition du radar.

(p. suivante)

activités

DDu 14 au 28 mai 2007, ladeuxième brigade logis-

tique a participé à l’exerciceamphibie de la 9e brigade légè-re blindée d’infanterie demarine, SKREO 07. Le chef decorps du groupement tactiqueembarqué (GTE) agissait enqualité de Commander LandingGroup (CLG). La présence deséléments de la deuxième bri-

gade logistique visait à validerle concept du soutien logis-tique d’un groupe amphibie àdeux bâtiments (GA21).

1 Ces deux bateaux étaient le TCD ORAGE(qui réalisait sa dernière mission) et leBPC MISTRAL.

On trouve beaucoup de tacticiens, peu se targuent delogistique, parce que cet art sans gloire ne paie pas de mots.Les forces morales qui constituent l’impondérable destacticiens n’y ont point de part. Cependant sans logistique, lemeilleur des plans opérationnels peut s’écrouler. Eisenhowerest allé jusqu’à dire : “Pas de tactique sans logistique. Si lalogistique dit non, c’est elle qui a raison. Il faut changer leplan d’opération. Il est mauvais.”

Eric MuraiseIntroduction à l’histoire militaire, 1964

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Le détachement de soutienlogistique (DSL) était composéd’une équipe de commandement(503e RT, 9e BMAT), d’une sectionde réparation mobilité (9e BMAT),d’une escouade de transport-carburant (503e RT), d’un groupede manutention (503e RT), d’ungroupe munitions (4e RMAT) etd’une antenne chirurgicale aéro-transportable (3e RMED). Cedétachement constituait unmodule de circonstance adaptéau besoin de la mission.

Le soutien au combat d’une opé-ration amphibie est rendu pluscomplexe par les contraintes desurface disponible sur lesbateaux. Toutefois, la place de lalogistique ne doit pas se réduireà du métrage linéaire sur unnavire. Il s’agit de définir la mis-sion du DSL, en fonction desattentes de l’unité soutenue, afind’optimiser l’emploi des moyensembarqués.

Dans le cadre du soutien d’unGTE de GA2, la doctrine prévoitque les soutiens logistiques deniveaux 1 et 2 soient fournis parun DSL inséré au sein du grou-pement tactique interarmes(GTIA). Ce dispositif qui met undétachement logistique adaptéaux ordres du chef du GTIA lesoulage du soutien et est un fac-teur d’efficacité de sa manœuv-re.

Il appartient alors au chef duGTIA de considérer le DSL com-me un renfort - au même titreque celui qu’il peut recevoir d’undétachement du génie ou d’ar-tillerie.

L’EMT, en fonction de l’intentionde son chef, doit rédiger un ord-

re à la logistique. A la réceptionde cet ordre, le chef du DSL éta-blit l’ordre de la logistique.Autrement dit, le chef du DSLtransforme un effet à obtenirsur le terrain en actions logis-tiques.

Au cours de l’exercice SKREO 07,le DSL a été, conformément à ladoctrine, inséré au sein du GTIAmais il n’a pas regroupé l’en-semble des moyens de soutien.Il ne disposait que de ses prop-res moyens (niveau 2). Le rôle duchef du DSL, subordonné au chefdu BML du GTIA, était de rédigerles ordres de l’EMT aux différen-tes cellules fonctionnelles deniveau 2 puis d’en assurer labonne exécution. Le chef du DSLaurait pu être plus impliqué maispour gagner des délais ses uni-tés élémentaires rendaientcompte directement à l’EMT quiassurait les liaisons avec leCommander amphibious taskgroup (CATG). Cette organisationdu soutien présente l’inconvé-nient de limiter l’apport du chefdu DSL logistique à la manœuvredu GTIA.

La procédure testée lors deSKREO 07 a donc montré leslimites d’une solution qui sem-blait intéressante par la réacti-vité qu’elle donnait. Le DSL enétant associé à la conception dela manœuvre dès la phase quiprécède le débarquement, peutà la fois garantir cette forteréactivité et une grande cohé-rence tactico-logistique tout endéchargeant le GTIA d’une partimportante de la conduite desopérations de soutien logis-tique.

Chef d’escadron B. NIHOUARNAdjoint au chef

du bureau opérations instruction503e régiment du train

9HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007 Actualités

>> Divers

Les conclusions de ce livrene sont que partiellementétonnantes. L'innovation parles organisations militairesest décrite comme unphénomène complexe dontles résultats ne sont jamaisacquis, qui repose sur unepart de chance et quinécessite aussi le respectde certains points clés :

1. Envisager l'impact descontingences qui font del'innovation un processuserratique qui ne doit êtreni laissé à la chance nitrop encadré ;

2. Développer une visionconcrète de la guerre dufutur ;

3. Avoir une bureaucratieouverte aux innovationsen temps de paix(impulsion des autorités,crédits, aménagement decarrière pour le personnelimpliqué) ;

4. Disposer de processuspour explorer, tester, etaffiner la vision de laguerre future et pouvoirtraduire cette vision parnature incertaine enmesures concrètes ;

5. Etre capable et convaincude la nécessité d'analyserle passé sans démagogieet d'accepter les idéesradicalement nouvelles ;

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activités

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FFin 2008, la numérisation del’espace de bataille (NEB)

passera le cap crucial de lacertification de deux BIA etd’un groupement de soutiendivisionnaire (GSD).

La maintenance est engagéedepuis 2005 dans la numérisa-tion de sa zone fonctionnelle(ZF) et le système d’informa-tion terminal élémentaire(SITEL) a été expérimentépour la première fois durantl’exercice DESTRIER en octob-re 2007. Le PC du 4e régimentdu matériel, doté du systèmed’information régimentaire(SIR), ainsi que 4 PC SIR decompagnies étaient déployés.Comme pour les ZF santé,ravitaillement et soutien del’homme, il s’agit d’assurer lesoutien d’une division numéri-sée des niveaux 2 à 6.

Les apports actuels de la NEBpermettent déjà à la mainte-nance de manœuvrer plusrapidement et facilitent lacoordination avec les unitéssoutenues.

L’échange instantané d’ordreset d’informations sécuriséesainsi que l’amélioration de la

sûreté (tracking, alerte, rensei-gnement) constituent déjà desavancées importantes. Dans ledomaine “métier”, plusieurspoints constituent aussi desprogressions cruciales : échan-ges d’information et intervisibi-lité entre unités de soutien etunités soutenues, normalisa-tion des procédures, conduitedes actions facilitée.

Trois impératifs s’imposent :s’entraîner régulièrement avecles outils de la NEB, préparerl’architecture du commande-ment avec l’officier SIC etcontinuer à “raisonner” mis-sions.

Enfin, pour accélérer lamanœuvre du soutien, le fonc-tionnement des ZF nécessite lepré- formatage de tous lesmessages logistiques de laforce afin de pouvoir exploiterl’aide des systèmes d’informa-tion de la logistique (SIL).

LCL CESARI Chef du bureau maintenance

opération instruction4e régiment du matériel

La numérisation du soutien

HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007 Actualités10

>> Divers

6. Prévoir un processus quipeut déboucher seulementen quelques années (ilapporte donc sa pierre ala réflexion sur l'adapta-tion réactive).

Intérêt : Ce livre est un outilpédagogique intéressantet utile basé sur des étudesapprofondies et apparemmentobjectives dont les conclu-sions sont mesurées etconcrètes, donc crédibles.Volumineux (415 pages), il se prête bien à une lecturesélective.

Cible : Ce livre, disponible au centre de documentation du CID à l’Ecole militaire, avocation à être lu par desofficiers d'état-major et desautorités.Les plus pressés pourront sesatisfaire des 10 dernièrespages. Les autres pourront seconcentrer sur un ou plusieursarticles.

Lieutenant-colonel Bertrand DARRAS(EMA/Emploi/RETEX)

activités

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LL’’état-major de la2e brigade logistiquea été chargé de dé-

ployer et de mettre en œuvrele PC du Corps SupportGroup (CSG) du corps deréaction rapide-France (CRR-FR) lors de l’exercice CITADELCHALLENGE. Cet exercice, quiservait aussi d’HERMES pour laBL2 a été particulièrement richeen enseignements en raison dunombre et de la qualité desforces engagées. Il a notam-ment permis de valider, dans unenvironnement interarmes etinternational, le soutien d’uncorps d’armée multinationalsous fortes élongations, dansun environnement hostile, enappliquant des règles de l’OTANtout en participant au soutiend’un camp de prisonniers. Lafonction renseignement, lacoordination avec les autreséléments de soutien nationaux(Forward NSE) et la protection desconvois ont constitués des axesd’effort du CSG et permisd’identifier les besoins néces-saires au soutien d’un engage-ment puissant de type “three blockwar”.

La préparation opérationnelles’est déroulée en une étroitecoordination avec le CRR-FRafin de permettre au PC de CSGd’intégrer l’ensemble des procé-dures, d’affiner ses méthodesde travail et sa réactivité. Cetravail a permis de proposer unmanuel de mise en œuvre duPC de CSG actuellement encours de validation.

Le processus décisionnel a étéadapté pour permettre desprises de décisions rapides setraduisant par des ordres clairset précis, en anglais, exploi-tables par les unités alliées sousTACON. La prise en compte desSOP du CRR-FR a été mise àprof i t pour réal iser desprocédures opérationnellespermanentes (POP) . Cecorpus permet de disposer devéritables “fiches réflexes” quiprécisent à chacun et pourchaque “cas” ce qui relève de saresponsabilité.

Les droits ouverts en organisa-tion de l’EM BL et de son PQGprévoient un recours impor-tant (près de 50%) aux com-pléments opérat ionnelsd’active (COA) et de réserve(COR) en particulier pour armerles postes de DL dont le rôle estfondamental. Le manque deressource identifiée ou disponi-ble n’a pu être pallié que par unrecours aux régiments ce quiserait impossible en cas d’enga-gement majeur. Le Battle stafftraining et le Warm up sontindispensables pour rôder lesprocédures internes et intégrerles COA et COR. Le déploie-ment du PC a facilité l’intégra-tion des nouvelles cellulesimposées par l’environnement.

Le soutien du corps deréaction rapide - France

A propos de logistique

Parlons définitions (2)

Soutien

Ensemble des activitésadministratives et logistiquesqui permettent aux forcesengagées et aux formations dusocle, d'assurer leurs missionsen temps de paix, de crise oude guerre.

TTA 106

Soutien fourni par le payshôte/ Host nation support

Aide civile et militaire fournieen temps de paix, de crise oude guerre par un pays hôte àdes forces de l'OTAN ou autreset à des organismes de l'OTAN,implantés, opérant ou entransit sur son territoire.

Soutien logistique du combat /Combat service support

Assistance fournie aux unitésde combat principalement dansles domaines de l'administrationet de la logistique.

AAP- 6

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Le saviez-vous ? (2)

11HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007 RETEX

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Les flux d’information au niveaud’un corps d’armée sont consi-dérables et la gestion desbases de données est un fac-teur déterminant de la réussi-te. L’intégration des différents

systèmes d’information de lalogistique (SILCENT, SIRIUS,SIMAT…) a permis de mesurerle chemin restant à parcourir.

Les besoins logistiques de laforce à soutenir ont mis en exer-gue la nécessité d’intégrer deslogisticiens très en amont duprocessus de génération deforces. Un bataillon de sûretéaurait dû être créé pour l’auto-protection du CSG et des

convois, car la brigade belge,dévolue à la sûreté de la zonearrière du CRR-FR, ne prenaiten compte que les menaces deniveaux 1 et 2 conformémentaux SOP.

Colonel J-P PERCYColonel adjoint 2e BLAncien CEM du CSG

HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007 RETEX12

Soutien logistiqueintégré/Integrated logistic support

Ensemble des activitéstechniques et de gestion parlequel les conditions de soutienlogistique sont intégrées en un concept unique, pris enconsidération dès la phasede conception et pour toutela durée de vie des systèmesou équipements et grâceauquel tous les éléments dusoutien logistique sontplanifiés, acquis, testés etfournis en temps voulu avec unbon rapport coût-efficacité.Terme connexe : soutienlogistique combiné.

AAP- 6

Soutien logistiquemultinational /Combinedlogistic support

Mise en commun par certainspays membres de ressourcesdéterminées pour emploi pardes pays de l'OTAN,conformément aux décisionsd'une autorité de coordination.Termes connexes : aidelogistique; aide mutuelle;réallocation des ressources.

AAP- 6

Le saviez-vous ? (2)

AAu début de la crise, enRépublique de Côted’Ivoire (RCI), en 2002,

les Etats d'Afrique de l'ouestont mis sur pied une force demaintien de la paix dont unepartie des matériels était four-nie et soutenue par la Francedans le cadre du programmede renforcement des capacitésafricaines de maintien de lapaix (RECAMP). Cette forces'est intégrée aux “casquesbleus” lorsque l'ONU est inter-venue en RCI et le détache-ment de soutien français estalors devenu “détachement desoutien de l'ONUCI” (DET-SOUT ONUCI).

Conformément au Memoran-dum of understanding (MOU)signé entre la France et l’ONU,le DETSOUT ONUCI a pourmission d'assurer le suivi, lagestion et le soutien desmatériels français ressortis-sant à l’arme du matériel et

au commissariat mis à disposi-tion de certains bataillons afri-cains francophones engagésdans l'opération des Nationsunies en Côte d'Ivoire.

Actuellement implanté sur lessites d’Abidjan Port Bouët,Abidjan Riviera, Korhogo etSan Pedro, les actions du DET-SOUT ONUCI portent sur lesoutien des armes, desmunitions, des véhicules, dumobilier et des matériels decampement et modules 150hommes de cinq bataillons :les bataillons du Togo, duNiger, du Sénégal, du Béninainsi que le bataillon multina-tional de gendarmerie.

Le DETSOUT ONUCI

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Dans ce cadre, ce sont ainsiplus de 160 véhicules etengins et près de 20 000articles ressortissant aucommissariat qui sont suivis,gérés et soutenus par ledétachement, qui expérimentepar ailleurs, au profit duservice central d’études et deréalisation du commissariat del’armée de terre (SCERCAT),d e n o u ve a u x m a t é r i e l s(module douche 10 hommes ;r e m o r q u e m u l t i s e r v i c e s10 hommes intégrant lavabos,douche, cuisine, réfrigérateur,plaques chauffantes, four,machines à laver et à sécher lelinge).

Pour exécuter ses missionstout en recherchant par ailleursà améliorer en permanence lespratiques de ses interlo-cuteurs, notamment au traversd’actions de formation et deconseil, le DETSOUT ONUCIdispose de 40 personnelslogisticiens dont de nom-

breux spécialistes : méca-niciens mobilité terrestre,électromécaniciens frigoristes,comptables budget, gestion-naires des matériels ou desfinances, experts du transit oude la manutention.

Ainsi, s’inscrivant résolumentdans “l’esprit de soutien” quicaractérise toujours la logis-tique française, la priorité detous demeure à chaqueinstant la satisfaction dansles plus brefs délais desbesoins opérationnels desbataillons soutenus, notam-ment au travers de l’expertisede chacun et la recherchepermanente de solutions inno-vantes et efficientes adaptéesà un théâtre aux conditionséprouvantes pour les hommeset les matériels.

LCL RAUXChef du bureau alerte projection

E.M. 2e brigade logistiqueChef du DETSOUT ONUCI

(Octobre 2006 à février 2007)

RETEX 13HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007

A propos de logistique

Evitons les confusions

La “refondation” de l’arméede terre a séparé au planorganique la logistique dela “tactique” en créant deuxcommandements différents,la force logistique terrestreet la force d’action terrestre.Cette dernière réorganisation,dictée essentiellement parune logique d’économie desmoyens, a introduit aussile principe de modularité quipermet, à partir de “réservoirs”d’unités et de PC, de mettre surpied des forces opérationnellesterrestres adaptées auxmissions qui leur sont confiées.

Certains ont pu dire que cette“séparation” était préjudiciablepour l’efficacité opérationnelle.Pourtant, les “tacticiens” etles “logisticiens” ne vivent pasdans deux mondes à part carsur le terrain, la logistiqueest partie intégrante de lamanœuvre qui est, commela République, “une etindivisible”.

Si les forces ou groupementsinterarmes mis sur pied ontété instruits et entraînés dansun cadre interarmes, voireinterarmées avant l’opération, l’appartenance initiale à desformations différentes n’aaucune importance. D’autant que les opérationsactuelles nous donnent letemps nécessaire à cettepréparation.

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Le saviez-vous ? (3)

Il faut revoir l’aphorisme de Napoléon si l’on veut l’adapter

à la guerre moderne : une armée n’avance pas avec son

estomac mais avec son essence. En tonnage, il est bien plus

facile de satisfaire l’appétit humain que celui de l’avide

moteur à combustion interne.

Général d’armée Omar BRADLEYArmée de terre américaine

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LLe d é t a c h e m e n t d esoutien (DETSOUT) del’opération BOALI est

armé par 24 personnels de9 spécialités de la logistique. Ilassure le soutien de la forcemultinationale de la commu-nauté économique et moné-taire d’Afrique centrale(CEMAC/FOMUC) et des élé-ments français stationnés àBangui et Birao. Durant lequinzième mandat, il a large-ment participé à la montée enpuissance du déploiement etau soutien de Birao.

Parmi les multiples ensei-gnements tirés de ce man-dat, trois prédominent. Enpremier lieu, il s’avère que lamission de soutien au profit dela FOMUC met en valeur lalogistique française. En secondlieu, confronté à la problé-matique de soutien complexegénérée par Birao, ce type dedétachement s’avère totale-ment adapté. Enfin, pour opti-miser le soutien d’un théâtre telque Birao, la logistique doits’adapter en permanence.

Au sein de la force BOALI, ledétachement est non seule-ment une des composantes dusoutien mais aussi, et surtout,un des acteurs de samission, et non le moindre.

En effet, Boali assume “lesoutien technique de laFOMUC”. Par ailleurs, leDETSOUT est idéalementsitué pour valoriser ses savoir-faire auprès de la force multi-nationale. Nos alliés africains,en liaison étroite et perma-nente avec le personnel dudétachement, apprécient réel-lement la qualité des main-tenanciers et le soutien offert.En coordination avec le chefdu DETSOUT, la FOMUCs’inspire des principes logis-tiques français pour optimiserson soutien de premier niveau.

Ce type de détachement,polyvalent et réactif est bienadapté au soutien des élé-ments français déployés àBirao. Le DETSOUT réalise lesopérations de 2e niveau et agitaussi en tant qu’expert etconseiller du commandementde BOALI. Il s’agit notammentde dimensionner les ravitaille-ments, d’organiser un soutienmaintenance et d’optimiser lesacheminements logistiques parvoie aérienne. De plus, il estl’interface avec l’échelon logis-tique amont.L’organisation du soutien estconditionnée par la nature de lamenace, les élongations, et lecoût des acheminements.

Le RETEX du DETSOUT BOALI 15e mandat

HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007 RETEX14

C’est le chef, le commandantde la grande unité ou dugroupement tactiqueconstitués, avec son EMinterarmes, qui conçoit etconduit la manœuvre et quianime les différentes fonctionsopérationnelles, dont lalogistique, sur le terrain.Certes, cette logistiqueopérationnelle de théâtre estlargement tributaire de lalogistique générale conduiteà partir du territoire nationalqui ne peut qu’influer sur laconduite de l’opération et lesactions de la force terrestre,mais ceci est dans l’ordre deschoses, puisque, in fine, lalogistique commande.

Une opération, une campagne,une guerre ne peuvent êtredes succès que si le pays oula coalition a mis toute sapuissance “logistique” dans labalance, si, avec sa stratégieopérationnelle, elle a aussiune stratégie génétique qui,seule, permet ensuite dedisposer des moyens humainset matériels sur le terrain.

Pour gagner la paix, il ne suffitpas d’enchaîner les succès auxniveaux tactique et opératif.Seule la réussite au niveaustratégique compte.

Le saviez-vous ? (3)

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Les contraintes tactiques d’unmilieu lacunaire imposent deprotéger les installationslogistiques les plus sensibles.Pour la même raison, la dotationen munitions, traditionnellementde 6 UF, est à reconsidérer auregard du RETEX de consom-mations lors des évènementsdu mois de mars 2007 : 5 UF de5.56 mm ont été consomméesen 5 heures de contact. Pour lesravitaillements, au regard de

l’élongation (800 km de Bangui)et des impondérables de toutessortes, il s’agit de disposerd’une autonomie suffisante.Enfin, le ravitaillement en eaumérite d’être réétudié comptetenu des possibilités techniquespermettant de rendre potablel’eau extraite sur place. L’ache-minement représente plus d’untiers du flux aérien et génère uncoût significatif.

LCL VIALADEChef DETSOUT BOALI

15e mandat

RETEX 15HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007

Le soutien du combat en zone urbaine

LLa 2e brigade logistique(BL2) est engagée dans leprocessus AZUR et a

participé aux expérimentations1

visant à accroître l’efficacitédes formations logistiqueslors d’un engagement enmilieu urbain. Elle a déployé,en soutien d’un groupementtactique interarmes (GTIA)2, undétachement logist ique(DETLOG)3 composé d’unpeloton de commandement,d’un peloton de ravitaillement,d’une section réparation mobi-l i té , d ’une sect ion santé(ramassage et antenne chirur-g ica le ) , d ’une escouadesoutien de l’homme et d’unpeloton de circulation.

L e b i l a n t i r é d e c e sséquences est particulière-ment positif. Elles ont permisd’entraîner deux DETLOGdans des conditions exception-nelles.

Plus ieurs enseignementsmajeurs se dégagent portantsur : la subordination et lecommandement du DETLOG,la formation des cadres etl’entraînement des unités et lebesoin d’une plus grandesynergie entre les échelonslogistiques. Le RETEX sur lafonction santé et l’équipement(blindage, armement,…) deslogisticiens apporte les ensei-gnements les plus repré-sentatifs.

Puisque la force a besoin d’unsoutien de proximité, le DET-LOG doit être placé sous lecommandement direct duGTIA. Le commandant du DET-LOG, actuellement peu formé àcet exercice a besoin d’une pré-paration rigoureuse. Il faut dés-ormais s’attacher à le former enécole.

1 Exercices ALTENGRABOW du 15 juinau 18 juillet 2007 et CAHORS du 5au 11 novembre 2007.

2 GTIA : groupement tactique interarmes.3 DETLOG : détachement logistique.

>> Ecoles/centres

Le texte de référenceconcernant la fonctionrenseignement deniveau 4

Le premier tome du manuelde S2 de régiment et degroupement tactique (RENS131) est désormais validéet disponible sur le sitede la BEAT. Il traite du rôleet des compétences de lacellule renseignement decorps de troupe (S2).Il s’adresse non seulementà l’officier renseignementde corps de troupe (ORCT)mais également aucommandement et à toutesles fonctions opérationnellesqui sont amenées à travailleravec la fonctionrenseignement.

Un deuxième tome traiterades méthodes de travail duS2. Sa sortie est prévue àl’été prochain.

LCL de VILLEBLANCHE CEERAT/DGF

activités

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Le DETLOG (150 à 180 person-nels) est chargée de l’exécutionde la manœuvre logistique,conçue par le GTIA et condui-te par le centre de mise enœuvre (CMO). Le CMO permetau commandant de DETLOG dese focaliser sur sa seulemanœuvre. Il assure le lien ent-re la tactique et la logistique,élabore les ordres à la logis-tique, rédige les synthèses etexprime les besoins.

C’est sur le DETLOG querepose la réussite de la mis-sion de soutien, d’où une exi-gence dans la maîtrise desavoir-faire et une grande capa-cité d’initiative. A titre d’exemple,pour la fonction santé, les tech-niques d’extraction, la prise encompte du blessé par sescamarades, la position d’attenteen fonction de la blessure et lesgestes qui sauvent doivent êtremaîtrisés. L’association étroitedu médecin à la conception dela manœuvre, l’utilisation judi-cieuse et complémentaire dubinôme hélicoptère/escouade

de ramassage, et la coordina-tion étroite des rôles 1 et 2 pas-sent par un partage sans faillede l’information, impératif quia été satisfait lors de l’exerciceCAHORS grâce à la mise enplace d’un réseau radio dédié.

L’absence partielle ou totaledes trains de combat 1, 2 ou 3du GTIA impose au DETLOGd’exécuter des missions sup-plémentaires, en particulierpour assurer la sûreté desdéploiements et convois. De cefait, le DETLOG ne se consacrepas entièrement à sa propremission, ce qui fausse l’idée dela manœuvre et les procéduresde travail du GTIA. Une coordi-nation étroite entre les acteursde la logistique régimentaireet de deuxième niveau, ainsiqu'une adaptation des équipe-ments aux nouvelles mena-ces, permettront, à terme,d'offrir un soutien capablede démultiplier l'efficacitéd'une force engagée en zoneurbaine.

Lieutenant-colonel Patrick COLARDChef d’état-major adjoint BL2

Officier AZUR de la BL2

HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007 RETEX16

>> Ecoles/centres

Le GRI

Le groupement de recueil de l’information est une unitéde l’armée de terrespécialisée dans lerenseignement d’originehumaine en modeconversationnel (ROHUM-C).Cette unité déploie sescapteurs humains au profit duchef interarmes ou interarmées,afin de rechercher et recueillirdes informations détenues par les différents acteurs etprotagonistes d’une crise oud’un conflit. Son savoir-faireréside dans le traitementméthodique de sourceshumaines, et l’interrogationde personnes capturées et de prisonniers de guerre. Il met en œuvre trois pro-cédés définis par la doctrine(RENS 210) : l’entretienspécialisé, la gestion decontacts et l’interrogationcomplémentaire.

Son manuel d’emploi est en cours de validation parl’EMAT sous la codificationRENS 212.

Capitaine GIRONESCEERAT

Ndlr : Le GRI met en placedes équipes au sein descentres d'évacuation desressortissants (CRER) arméspar les brigades logistiques.

activités

La guerre vient de montrer une fois de plus que la victoireen définitive, appartient à l’adversaire le mieux trempé, leplus tenace, à celui qui conserve jusqu’au bout le moral leplus élevé.

Règlement de manœuvre du 1er février 1920

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PPour soutenir une forceaéroportée engagée loinde ses bases logistiques,

la 2e BL dispose de logisticiensparachutistes, capables de créerune réelle synergie avec les for-ces parachutistes.

Le 3e RMAT, grâce à sa capacitéaérolargable et aérotranspor-table, peut assurer le soutienmaintenance d’une force parachu-tiste engagée loin du territoirenational. Sa compétence aéropor-tée contribue à la mobilité. Letype et l’emploi de ses élémentsde soutien sont adaptés auxcontraintes de poids et volumesdes aéronefs. Avec le concours du1er RTP, chargé notamment deconditionner et larguer des colisde toute nature, dont les rechan-ges, le 3e RMAT peut assurer lesoutien des matériels de la bri-gade parachutiste (BP) en s’a-daptant aux moyens engagés. Lesoutien santé est assuré par uneantenne chirurgicale aéroportée(ACA).

Grâce à son PC aérolargable, le3e RMAT est en mesure de fournirle harpon de l’état-major logis-tique de la force. Les compa-gnies de maintenance peuventêtre engagées selon différentsscénarios, de l’équipe légèred’intervention (ELI) isolée à lacompagnie maintenance mobilité(CMM) renforcée. Les contraintesparticulières de ce type de sou-tien requièrent des compétencesspécifiques et intègre l’isolementlogistique initial propre aux OAP.

Le 3e RMAT est en mesure desoutenir au plus près les unitésparachutées, selon le rythme dela remotorisation, tout en adap-tant ses moyens et son organi-sation pour participer à lamontée en puissance de lastructure logistique.

Lieutenant Denis MIR3e régiment du matériel

2e CMO

Le soutien d’une force aéroportée >> Ecoles/centres

La CRAZ

La compagnie de renseignementet d’appui de zone (CRAZ),appelée aussi compagniemobile, est une unité decirconstance mise sur piedpar le 44e régiment detransmissions. Spécialiséedans le renseignementd’origine électromagnétique(ROEM), elle est articuléeautour de deux ensembles demoyens que sont l’interceptionet la localisation des émissionsH/V/UHF et l’interceptionsatellite (SHF). Outre lesmoyens d’interception et delocalisation, elle metégalement en œuvre desmoyens de commandement etde traitement des informationsrecueillies. Son manueld’emploi, disponible sur laBEAT, a été validé sous lacodification RENS 232.

CEERAT

activités

17HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007 Réflexions

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Le 3e régiment médical (3e RMED)de La Valbonne dispose d’unecompagnie à vocation NBC,capable d’assurer le déploie-ment et la mise en œuvre d’unsite de décontamination médi-cale NBC. En s’inspirant des tra-vaux du SAMU et de l’expériencede la brigade des sapeurs-pom-piers de Paris, le 3e RMED aacquis la maîtrise de la prise encharge de victimes contaminéespar un agent chimique afin depermettre le traitement médicaldans de bonnes conditions.

Dans le cadre d’une opération,suite à une attaque chimique ouune contamination accidentelleou dans le cadre d’une interven-tion au profit de populationsciviles, la section de décontami-nation médicale intervient enrenfort des structures médicalesde niveau un ou deux. Experteen matière de décontaminationdes blessés, elle met en œuvredes savoir-faire récemment vali-dés dans le cadre d’expérimenta-tions et d’exercices. Positionnéeen appui pré-hospitalier, la sec-tion met en œuvre des protoco-les enseignés et diffusés par lecentre de recherche du servicede santé des armées (CRSSA).

Toute personne provenant d’unezone contaminée étant consi-dérée comme contaminée, ledéplacement des victimes s’ef-fectue dans le sens dit de “la

marche en avant” : de la zonede danger liquide (ZDL) vers lazone de danger vapeur (ZDV)puis vers la ZDV vers la zone“non contaminée”. Le matérielen dotation ainsi que les tech-niques et procédures de désha-billage et de découpage desvêtements permettent à tous lesblessés pris en charge sur unsite de décontamination médica-le d’être transférés “non contami-nants” à la cellule de traitementmédical. La décontaminationpermet d’éliminer tout risquetoxique en détruisant, neutrali-sant ou déplaçant l’agent chi-mique toxique. L’efficacité de ladécontamination est vérifiée aumoyen de l’appareil portatif decontrôle de la contamination(AP2C).

Le traitement des blessures pro-prement dites n’est effectuéqu’au niveau de la structure desoins, en général armée par lerégiment médical et déployée àproximité. Une fiche médicale del’avant est établie pour chacundes patients à évacuer.

Le rôle du 3e RMED dans la prise en charge des victimescontaminées par un agent chimique

HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007 Réflexions18

>> Ecoles/centres

Manuel d’emploi dudétachement d’appuiélectronique équipédu LINX – RENS 233-1

Ce manuel d’emploi a étévalidé par le CEERAT et esten ligne sur la BEAT.

Le système LINX1 est unsystème tactique de locali-sation et de caractérisationdes émetteurs à fréquencesfixes et à évasion de fréquence(EVF) permettant d’assurer latenue de situation radio-électrique du champ de bataille.

Reposant sur un conceptmodulaire pour fournir un appuiélectronique au profit d’uneforce, le détachement LINX peutêtre employé de façonautonome ou associé à d’autrescomposantes capteurs (ROHUM,ROIM, RORAD) dans le cadred’une manœuvre multicapteurs.

Lieutenant-colonel PAGNOUXCEERAT

1 Localisation et Interception des émissionseXotiques

activités

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En cas de pertes massives, leprincipe instituant la décontami-nation préliminaire à tout actemédical peut être reconsidéré.Quand le ratio victimes rapportéà la capacité médicale estfavorable, certains gestes deréanimation peuvent précéderla décontamination, notammentchez des patients pour lesquelsle délai de décontaminationserait fatal (20 à 30 minutes).Cette prise en charge peutcomprendre, selon des proto-coles validés, la pose d’une voieveineuse, l’administration dedrogues, l’intubation ou laventilation.

La capacité de prise en charged’une section à deux chantiersest de 8 blessés par heure. Lamise en œuvre de ce protocoledans le cadre d’une interventionau profit de populations civilesnécessite un effort de compré-hension de la part des différentsacteurs pour garantir l’efficacitéde la chaîne des secours.

Médecin en chef Charles PUELChef de corps du 3e régiment médical

>> DSRO

Forum JANUS 2007 – 10au 12 septembre 2007

Chaque année, lacommunauté des utilisateursJANUS France se réunit autourd’un forum. Cette année legénéral commandant l’écoled’application de l’armeblindée cavalerie a bienvoulu accueillir à Saumurles participants français etétrangers. Pour la DSRO,ce forum est l’occasion derassembler l’ensemble desreprésentants des centresfrançais déployés dans lesODF du CoFAT, ceux descentres tunisien, marocainet libanais mais aussi desreprésentants de la FAT,de la FLT et du CoFAT autourd’un sujet commun le logicielJANUS.

A cette occasion, la DSROa communiqué les directivesémanant des comités decohérence fonctionnelle,défini ses axes d’effort pourl’année et enfin présenté lesévolutions du logicielréalisées et programmées.Tout d’abord, la DSRO arappelé les directivesdéfinies par le CEMAT dans laDPEO et insisté sur lesniveaux d’entraînementprioritaires, c’est-à-dire le PCde GTIA et le SGTIA.

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activités

19HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007 Réflexions

LLa montagne, milieu hostilepar excellence, doit êtreabordée avec pragmatisme

et humilité. Elle nécessite unepréparation pour tous les sol-dats qui y sont engagés.L’histoire a démontré à maintesreprises qu’une sous- estimationdes effets dévastateurs de ceterrain conduisait à des reverssans appel. En effet, ce quiest applicable dans la plaine nel’est pas forcément en monta-gne ou en zone difficile.L’ensemble des retours d’expé-rience (RETEX) des théâtresactuels ou passé confortecette analyse : Afghanistan,

Malouines, Cachemire, guerrede Corée... Il s’agit d’une préoc-cupation pour les logisticiensdont la capacité d’adaptationest connue et reconnue mais quiseule serait insuffisante pourremplir une mission de soutiendans ce milieu hostile. C’estpourquoi la logistique d’uneopération dans cet environne-ment est confiée à des unitésspécialement entraînées.

Le soutien du combat enterrain difficile et dans unenvironnement rigoureux

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Les fondamentaux propres auxtroupes de montagne font l’objetd’une préparation particulièrepour les formations de soutienpossédant la spécificité mon-tagne que sont les 511e RT,3e RMED et 7e RMAT.

Concernant la fonction achemi-nement, la sécurisation des iti-néraires peut consommer unetrès forte proportion des forcesdéployées sur un théâtre, àl ’exemple des Russes enAfghanistan, utilisant 90% deseffectifs à cette seule missionsur les axes principaux à partirde Kaboul. Afin d’éviter les fluxcontinus particulièrement vulné-rables, il est nécessaire de pré-positionner les soutiens, aumême titre que les appuis, auplus près des groupements tac-tiques interarmes (GTIA). Laconduite de véhicules adaptéssur des axes dégradés fait par-tie des savoir-faire du transpor-teur aguerris par les conditionsextrêmes.

La composante santé voit sonrôle devenir encore plus cruciallorsque les évacuations sontrendues plus difficiles et néces-site des techniques de sauve-tage adaptées aux blessures etpathologies spécifiques à cemilieu. De même que des méde-cins accompagnent les sectionsen forêt profonde, il estindispensable de soutenir lesunités de combat au plus prèscompte tenu des conditionsd’engagement dont en particu-lier les dénivelés. Le moyend’évacuation à privilégier estl’hélicoptère, complété par un

engin adapté de type véhiculearticulé chenillé (VAC) et civièretraîneau.

Dans cette même logique, lecommissariat doit prendre encompte cet environnement parti-culier et développer des maté-riels et équipements adaptés.

Enfin, la maintenance dédiée àla 27e BIM est caractérisée parune spécialisation monta-gne des réparateurs etapprovisionneurs dans lestechniques traditionnelles.Ces soldats maintenanciersdoivent être capables d’in-tervenir sur place ou, aprèsévacuation, sur la zone mainte-nance préparée au plus près desGTIA.

Tous ces impératifs sont inté-grés dans la préparation, l’é-quipement et l’entraînementdes unités spécialisées de laforce logistique terrestre (FLT),avec, par exemple, le soutienprojeté à partir d’une baselogistique divisionnaire (BLD)adaptée, lors de l’exercice CHA-MOIS de la BIM dans le massifalpin en décembre 2007.

Colonel JM RICOChef de corps

du 7e régiment du matériel

HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007 Réflexions20

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L’effort 2007- 2008 porterasur :

- l’adaptation des outils desimulation en soutenant lesutilisateurs afin de répondreaux exigences de prépara-tion opérationnelle,

- le souci marqué de s’adapterà la NEB en durcissant laconnexion du SIR à JANUS,

- l’intensification de l’appuisimulation aux études doctri-nales, en interne au CDEF eten externe, dans les DEP viales centres JANUS des ODF.

Ensuite, la DSRO a présentéles évolutions majeures dulogiciel qui cette annéeportent sur les modèlesadaptés à la zone urbaine.Ses fonctionnalités nouvellessont multiples : animationde foules, contrôle de foule,usage d’armes non létales,détection sonore, fouille desbâtiments, prise d’otages,extraction de ressortissants,effets des armes à tir indirectsur le terrain. Les perspectivesd’évolution de la passerelleESTHER ont également étéprésentées.

Chaque chef de centre a puréaliser un point de situationsur l’emploi de son centre etles problèmes qu’il rencontre.La DSRO a recueilli en final,autour de tables rondes, lesbesoins des utilisateurs.

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AAujourd’hui, les opérationss’inscrivent plus quejamais dans un cadre

interarmées et multinationalmême si prises dans la duréeelles sont à dominante terrestrele plus souvent et maritime ouaérienne séquentiellement. Ceconstat conjugué au besoin derationalisation de notre organi-sation a conduit nos forces àaccélérer l’interarmisation dusoutien, entamée il y a mainte-nant 5 ans. Cette transformationtouche tous les facettes du sou-tien et notamment celle du sou-tien des opérations, tant dansson organisation que dans sadoctrine.

La volonté de disposer d’un cen-tre opérationnel permanent,subordonné au CPCO, chargé deconduire la logistique interar-mées, s’est traduite par la créa-tion du centre interarmées dela logistique opérationnelle(CICLO) et du centre multimodaldes transports (CMT).

Interlocuteur privilégié des théâ-tres d’opérations, le CICLO estchargé de la définition dubesoin de soutien logistiqueinterarmées ainsi que du suivides demandes exprimées parles théâtres. Organisme interar-mées, son noyau clé est implan-té à Montlhéry depuis le1er septembre 2007. Après unepériode initiale consacrée à laconduite d’études fonctionnelleset organisationnelles indispen-sables, il prendra véritablement

sa nature interarmées par l’af-fectation du personnel désignépar les armées et les servicesi n t e r a r m é e s d u r a n tl’été 2008.

Fonctionnant à H24, il tiendraconstamment informé le CPCOde la situation logistique desthéâtres et fera connaître sesbesoins de transport assortisdes priorités au CMT.

Chargé de la conception et dela mise en œuvre de l’achemi-nement stratégique au profitde l’ensemble des forcesarmées, le CMT sous la formeactuelle d’une cellule “harpon” aété mis en place sur le site deVillacoublay, le 1er août 2007.Planifiée sur 2 ans, la montée enpuissance du CMT permettra,à terme, au CPCO de disposerd’un organisme capable dansune perspective multimodaled’offrir aux forces la meilleuresolution d’acheminement, aussibien pour les opérations exté-rieures que pour les opérationsintérieures.

Parallèlement en accompagne-ment de cette réorganisationstructurelle, une vaste entre-prise de clarification doctrinalea été lancée afin que la logis-tique, maintenant interarmées,dispose d’un corpus doctrinalprenant en compte le nouveaucontexte. C’est ainsi que larédaction et la validation dedocuments de doctrine interar-mées comme la PIA 04-200, doc-

trine du soutien des opérations,qui définit le “comment” auregard des différents cadres, ontété relancées. Aujourd’hui, l’har-monisation des doctrines logis-tiques propres aux armées et larecherche d’une position commu-ne aussi large que possibleconstituent des étapes indis-pensables à la réalisation d’uncorpus doctrinal interarméesintégrant notamment un docu-ment cadre présentant la doctri-ne de l’armée pilote du soutien.

Vers une logistiqueinterarmées >> DSRO

En marge du forum, la présen-tation des outils de simulationmis en œuvre à l’EAABC ainsique la visite du CPSIM ontpermis d’enrichir la culturesimulation des différents parti-cipants par des présentationsvivantes et passionnantes.

La 9e édition de ce forum s’estavérée riche en échangeset en enseignements. Elle apermis de recaler l’ensembledes participants sur lesobjectifs annuels de la DSROet d’accueillir au sein de lacommunauté JANUS Franceles nouveaux arrivants duPAM 2007.

Le 10e forum devrait se teniren septembre 2008 à l’EAAde Draguignan.

LCL BAZANChef du bureau JANUS

activités

Réflexions 21HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007

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En cette période riche en évolu-tions, l’armée de terre qui res-tera toujours l’acteur principaldans les engagements futursnotamment durant la phase destabilisation contribue active-ment à la réflexion en cours

tout en veillant à promouvoirses positions et à défendre sesintérêts. La logistique opéra-tionnelle, en dépit de sa nou-velle dimension interarmées,restera encore longtemps profon-dément marquée par la logis-tique de la composante terrestre.

Colonel Philippe AMBROISECDEF/DEO/B.LOG.

HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007 Réflexions22

L’armée doit évoluer sans cesse et mettre ses procédésd’instruction et d’éducation, au même titre que ses procédés decombat, en harmonie avec les exigences du moment.

Les officiers feront bien de méditer ces paroles de M. LAVISSE :

“Le chemin qui part de si loin ne s’arrête pas brusquement ànos pieds”.

“Des générations n’ont pas marché pendant des siècles pournous donner le droit de s’asseoir”.

“Tout éducateur doit continuer la route en regardant non pasderrière, mais devant soi, en tenant compte des faits nouveauxet des besoins de la Nation.”

Cours de tactique de l’Ecole militaire Tome II – Les forces morales 1922

Chapitre IV – Alinéa 141

Le char Leclerc,un outil de dissuasiontactique et de théâtre

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JANUS : la simulations’adapte à la nouvelleconflictualité

La directive pour la prépa-ration à l’engagementopérationnel (DPEO) estun document central autourduquel toute la préparationopérationnelle doits’articuler. Dans ce cadre,l’armée de terre doitconcentrer ses efforts sur lapréparation à l’engagementde ses forces dans desscénarios les plus probables.Ces derniers se situerontmajoritairement en zoneurbanisée et dans un contextede stabilisation. Enfin, lapriorité est clairement donnéeà l’entraînement des SGTIAet des PC de GTIA.

Avec sa nouvelle version,le logiciel JANUS s’inscritdans cette nouvelle optique.Déployée en juillet 2007dans les ODF du CoFATdisposant d’un centre JANUS,cette version permettra deconduire des exercices d’entraî-nement et de formation dansun environnement urbainglobalement réaliste etinnovant notamment par laconduite d’actions autres quecoercitives.

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AAu sein du GTIA blindé-mécanisé présent au sudLiban depuis plus d’un an,

l’escadron de chars Leclercpatrouille sur toute l’étendue dela zone de responsabilité de laFINUL et constitue l’essentiel dela Quick Reaction Force. La pré-sence de ces chars a été forte-ment médiatisée.

Au-delà de son efficacitéindispensable à la réussite dela mission du GTIA, il convientaujourd’hui de s’interroger surla capacité de dissuasion tac-tique et de théâtre d’un outilaussi puissant et manœuvrier.

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Dans ces missions demaintien de la paix, lechar est particulièrementefficace

Les capacités intrinsèques duchar optimisent sa présenceavec ses capacités à observer, àpartager l’information, en assu-rant à l’équipage une protectionoptimale. C’est un des enseigne-ments de Falloujah : “la qualité,l ’abondance des systèmesd’observation et leur indépen-dance (…) permettent de multi-plier les secteurs d’observation1”.L’équipement du char permet auchef d’être rapidement à piedd’œuvre pour constater la viola-tion, intervenir par la manœuvre(dissuasif) ou le combat, de jourcomme de nuit, en conservantl’équipage à l’abri d’un blindageefficace.

La dissuasion du charest réaliste

Accidenté, le relief alterne thal-wegs parfois prononcés, pla-teaux et points hauts. Leschamps de tir sont ainsi très pro-fonds et avantagent donc lesunités équipées de chars. Lesmontagnes situées à l’est ren-dent cette partie peu propice aucombat embarqué. De nombreu-ses zones sont polluées par dessous-munitions mais le blindagepermettrait2 aux chars d’osersortir des axes goudronnés sansrisquer la vie des équipages.

Aucun ouvrage d’art n’empêchela circulation des chars. Leréseau routier est dense, et encours progressif de réhabili-tation. L’ensemble de la zoneFINUL est urbanisé essentielle-ment par une succession de

villages. Des itinéraires decontournement3 ont été reconnus,qui permettent de s’affranchirpartiellement de la traversée desagglomérations et évitent de prê-ter le flanc à des prétendues nui-sances, réelles ou instrumenta-lisées.

La région est donc parfaitementadaptée au char en lui offrantalternativement postes d’obser-vation ou de tir et itinéraires decontournement ou d’approchemasqués4.

Un soutien logistiqueadapté et efficient

Le concept du char prévoit leremplacement rapide de grandsensembles. Au cours des 6 pre-miers mois, aucun char n’estindisponible plus de 24 heures5.Ensuite, le transport stratégiquepermet la rotation des chars enfonction des visites à effectueren France. En exigeant le mêmenombre sur le théâtre, le com-mandement français et onusienconstate ainsi la pertinence del’outil char pour que le mandatde la FINUL soit rempli.

1 Cahiers du RETEX : les fantômes furieux deFALLOUJAH page 88.

2 L’emploi du conditionnel est justifié car la forcese doit de respecter, hors engagement, sonenvironnement, la tranquillité et les propriétésprivées pour conserver ou gagner le cœur dela population.

3 Cf. Note 2.4 Pendant le conflit récent, les belligérants ont

utilisé sans retenue les propriétés privées etles champs.

5 Sans compter le nombre d’heures passées entourelle, chaque char a alors parcouru 2 000 km.

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L’adaptation à la nouvelleconflictualité se concrétisedonc par une vingtaine denouveaux modèles. Toutd’abord, la foule y estreprésentée ; un modèle decontrôle de foule basé sur laconfrontation physique etl'utilisation d’armes à létalitéréduite complète le modèleclassique détecter, tirer,détruire. Ensuite, le nouvelennemi générique (TTA 808)est également pris encompte. La fouille desbâtiments a été implémentéepour complexifier le contrôledu milieu urbain par lesunités débarquées. Enfin,il existe aujourd’hui uneréelle interaction entre lesdifférents camps représentésdans la simulation. Desréversibilités d’alliance sontréalisables au même titreque le traitement de laproblématique des réfugiés.La capture de prisonniers etd’otages complète cedispositif novateur et permetdonc de nouvellesperspectives d’emploi.

Tous ces nouveaux modèlesvont permettre d'enrichir trèssensiblement l'animationd’exercices résolumentorientés vers la nouvelleconflictualité.

DSRO/bureau JANUS

HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007 23Réflexions

activités

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Cette dissuasion est peuonéreuse

La question du coût se pose àchaque engagement d’une for-ce de maintien de la paix. Ainsile général Lecerf dans le numé-ro 12 de Doctrine précise :“L’engagement de la forceLicorne s’inscrit dans un environ-nement très spécifique qui rendparfois un peu stériles les dis-cussions sur les effectifs à enga-ger, les moyens à utiliser.L’absence de reprise de la belli-gérance a un prix (250 millionsd’euros par an), pas si exorbi-tant finalement si on pense quela guerre aussi en a un.”

Concrètement, au Liban, pour unedurée 15 fois supérieure, une uti-lisation (potentiel consommé)largement supérieure, le coût dela maintenance n’est que 3 foiscelui d’une rotation de 11 joursau centre d’entraînement tac-tique.

Si vis pacem, para bellum… L’emploi du char a toujoursun effet dissuasif etpsychologique indéniable

Effet médiatique et stratégique :L’arrivée sur le territoire libanaisa au début du mandat été trèsmédiatisée. Cette mise en exer-gue a démontré l’implication denotre pays. Le premier intérêt àemployer des chars6 en missionextérieure a donc été de démon-trer par les faits, l’engagementfort de la France.

Dans chacun des ordres donnéspar le Force Commander, l’accent

est mis sur l’obligation faite auxchars de patrouiller le long de laligne bleue, avec un doubleintérêt.

Effet tactique : Elles soulignent auprès desIsraéliens la capacité d’interven-tion des chars dans toute lazone.

Effet stratégique et psycholo-gique :Surtout, ces patrouilles délivrentun message indirect à la popu-lation libanaise, celui que laFINUL dispose de la même capa-cité que les forces israéliennes.La FINUL n’est pas tournée versla seule opposition aux élé-ments armés présents au sudLiban. L’effet psychologiquerecherché est de crédibiliser lacapacité d’action retrouvée dela force.

Cette crédibilité retrouvée per-met aux forces onusiennes de sefaire mieux accepter, garantitleur liberté d’action, dissuaded’éventuels éléments armés detoute aventure inconsidérée.

Montrer sa force permetd’éviter d’être acculé àemployer la violence

En effet, “la force est moins quejamais identifiable à la brutali-té. Se montrer fort peut désor-mais signifier montrer sa forcesans imposer sa réalité par l’em-ploi massif de sa capacité des-tructrice7.”

6 En symbiose avec le reste du GTIA pourconstituer un bataillon homogène et cohérent.

7 Actes du colloque : Armées : Faire campagneen ville, Doctrine, numéro spécial de février2006.

HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007 Réflexions24

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Vers un plan stable

Faciliter le recrutement et lareconversion, améliorer lesconditions de vie des militai-res, mailler le territoiremétropolitain, … De multi-ples objectifs, un seul plande stationnement pour l’ar-mée de terre de demain.Quelle sera l’implantationdes organismes qui répondrale mieux aux contraintes opé-rationnelles et à l’évolutiondes attentes des personnels? Cette lourde tâche, confiéeau bureau stationnementinfrastructure (BSI) de l’EMAT,impose une étude au cas parcas de l’ensemble des garni-sons en liaison étroite avecles régions terre, afin d’éva-luer de multiples critèrescaractérisant les implanta-tions au regard des objectifsà atteindre.

Compte tenu de l’importantequantité de données à mani-puler et à analyser, la DSROa été mise à contributiondans cette étude. De fait,grâce à l’approche initiale-ment choisie pour traiter ceproblème, l’application deméthodes de recherche opé-rationnelle (RO) est envisa-geable d’emblée.

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Pendant un an, l’escadron a étéintensément sollicité pour desmissions diverses marquées parleur caractère interarmes depuisle niveau de la patrouille dechars jusqu’à celui de sous-grou-pement. Le char y a prouvé sonexceptionnelle disponibilité. Surun terrain propice à l’emploi deforces puissantes et manœu-vrières, le char est utilisé quoti-diennement.

Grâce à ses capacités opéra-tionnelles, le char LECLERC offreun pouvoir de dissuasion. Saprésence décuple l’influence dela France sur les évènementsbien au-delà de son seul effetmilitaire, en limitant les risques

encourus par ses soldats et enéconomisant sur le volume ducontingent sans chars qu’ilaurait fallu projeter pour obtenirun même effet militaire et unemême reconnaissance interna-tionale.

La simple présence d’un esca-dron de chars :- est un argument fort au service

des actions psychologiques,- a un effet médiatique évident

et permanent,- est un outil de dissuasion tac-

tique ou de théâtre.- et permet, in fine, une écono-

mie des moyens à déployer ?

Lieutenant-colonel LE ROY6e RC

Réflexions 25HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007

MARTHA1 : une plus-valuedécisive pour l’intégration

des moyens agissant dans la 3e dimension

LLa complexité de la combi-naison des effets venant àla fois du sol et de la 3D

ainsi que la brièveté nécessai-re des boucles de décision/com-mandement dans ce domaineimposent une intégration auplus bas niveau de l’action desI3D2. Elle n’a jusqu’à présentjamais pu être mise en œuvrede façon totalement satisfai-sante.

En effet, le contrôle tactique del’action des I3D a toujours été

confié à l’armée de l’air3. Maisce type de fonctionnement cen-tralisé, par nature distant etlointain, ne peut avoir unevision claire et détaillée desopérations dans la zone descontacts. Par ailleurs, la “cultureopérationnelle” de l’armée del’air n’est pas adaptée à lamanœuvre des forces terrestrespar nature complexe comparéeaux opérations en milieu aéro-spatial.

1 Appelé cellule de management de la défensedans la 3e dimension (CMD3D) depuis lafusion de MARTHA avec les moyens C2 del’armée de l’air.

2 Intervenants de l’armée de terre dansla 3e dimension.

3 A l’exception du niveau “très près du sol”appelé aussi “niveau de coordination”.

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Dès lors il devient possiblede proposer au décideur denouveaux plans de stationne-ment en fonction de l’impor-tance relative qu’il accordeaux différents critères.

Cas d’école pour la disciplineRO, cette étude rejoint lecorpus de problèmes qu’il estdifficile de résoudremanuellement compte tenudu volume de donnéesmanipulées, mais qu’il estmaintenant possible detraiter de façon automatiquegrâce à la puissance de calculdes ordinateurs actuels.

Commandant Sylvain SÉCHERREDSRO / RO

activités

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Le contrôle tactique centraliséactuellement en vigueur privilé-gie donc, au moindre doute, lasécurité des vecteurs 3D sur leurréactivité au profit de l’actiontactique. Ce principe a toujoursfortement handicapé la manœu-vre des forces terrestres, en pla-nification autant qu’en conduite.Mais c’était un mal nécessaire !

Grâce à MARTHA, les forcester rest res seront bientôtdotées des outils de coordina-tion 3D de proximité qui leuront fait défaut jusqu’à pré-sent. Le chef interarmes pourraen effet progressivement, àpartir de 2008, connaître demanière quasi instantanée,dans sa zone d’action4, l’identi-té, la position et la mission dechacun des mobiles qui évo-luent dans la troisième dimen-sion et ainsi parfaitementcontrôler leur action. Cela luipermettra, en application duprincipe de subsidiarité, derevendiquer une capacité decontrôle “de proximité”.

Cette dernière sera bien plusefficace que le contrôle centra-lisé actuellement mis en œuvrequi n’est finalement qu’un fonc-tionnement par défaut. Enconséquence, pour optimiserleur emploi, l’armée de l’airdoit désormais, dans des volu-mes temporaires appropriés,déléguer le contrôle tactique

des vecteurs évoluant dans la3D au chef interarmes. Cela estpossible techniquement grâceà MARTHA mais cela est égale-ment prévu dans les nouveauxdocuments de doctrine qui trai-tent de la coordination 3D :cela s’appelle le “contrôledécentralisé5”.

L’autonomie des forces terrest-res dans le domaine du contrô-le tactique était nécessaire.Demain, avec MARTHA, ellesera possible. Cette nouvellecapacité vient renforcer le rôleclé joué par le chef interarmesau plus près de l’effet tactiquerecherché. Elle permet en effetune manœuvre plus dyna-mique, plus réactive et plusambitieuse qui autorise unemei l leure intégrat ion desmoyens qui agissent au sol etprès du sol et renforce la capa-cité du chef interarmes à saisirles opportunités tactiques quise présentent. On assiste à lanaissance d’une seule manœuvretotalement intégrée aux ordresd’un chef tactique unique quipeut contrôler à son niveau l’en-semble des vecteurs opération-nels qui évoluent dans la 3D.

Colonel Jean-Michel NAALCDEF/DEO/Chargé de mission

4 Y compris “très près du sol”.5 Doctrine de la coordination des intervenants

terrestres dans la 3e dimension (éditiondu 04 juillet 2006).

HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007 Réflexions26

Additif à la rubrique“Le saviez-vous ? (2)”parue dans le N° 23de Héraclès

Le corps de déploiementrapide germano-néerlandais ou RapidDeployable German-Netherlands Corps HQ,stationné à Münster(Allemagne), était évoquédans un court paragraphe,rédigé à partir du siteInternet de ce corps, quiprécisait simplement que lePC comprenait des militairesallemands et néerlandais.

En fait, suite à la réactiond’un lecteur, cette impré-cision va être réparée.En effet, en plus des militaires des 2 nationscadres de ce PC de corps,celui-ci comprend desmilitaires de 10 autres pays de l’OTAN (Belgique,Danemark, France, Grèce,Italie, Norvège, Espagne,Turquie, Royaume-Uni etEtats-Unis) et la participationfrançaise est de 8 officiersdont un officier général, un sous-officier et unmilitaire du rang.

Le saviez-vous ? (4)

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BBien qu’ayant à assurer lesoutien de forces plusconsommatrices en res-

sources1 et des flux retour plusimportants, la logistique desopérations futures ne devrait pasconnaître de remise en causefondamentale dans ces princi-pes. Elle couvrira, comme aujour-d ’ h u i , l ’ a c h e m i n e m e n t d eressources, la maintenance decontact, de proximité ou différéeet le soutien santé. L’“interarméi-sation” du soutien, voire la multi-national isat ion, bouleverseral’organisation des unités, pas lesmodes d’action propres au soutiende l’armée de terre. La logistiquepourra soutenir la manœuvreaéroterrestre, grâce au déportd’opérations contraignantes, à lagestion dynamique des ressour-ces et à sa capacité à s’engagerdans des zones peu sécurisées.

La numérisation permettra deconnaître, en temps utile, la situa-tion logistique des unités et doncd’anticiper les recomplètements.Elle permettra de suivre l’état desstocks au sein de toutes les baseslogistiques. Elle autorisera, enfin,le suivi et la réorientation des res-sources en mouvement… à condi-tion d’équiper tous les vecteursde transport de moyens adaptés.

Le flux tiré qui consiste à ravi-tailler les unités strictement à hau-teur de leurs besoins, au momentqu’elles choisissent, dans la limitedes allocations consenties seraenfin possible… à condition de

numériser tous les échelons. Lesdotations initiales et les stocks desécurité resteront nécessaires.

Les unités logistiques pourrontintervenir dans le même environ-nement que les unités soutenues, ycompris dans des milieux difficileset dans les espaces lacunaires… àcondition de disposer d’unebonne mobilité tactique et d’uneprotection adaptée. Au-delà de laprotection intrinsèque des vec-teurs, il conviendra de prendre encompte les besoins en protectiondes bases et des convois.

Les unités en charge d’actionscorrectives ou de soins ne sont pasrégies par les mêmes règles quecelles en charge de l’approvi-sionnement, elles nécessitent unminimum de stabilité et de sûreté.Le déport des opérations contrai-gnante s permet t ra d’a l l ége rl’avant… à condition de disposerdes capacités d’évacuation etd’un système de suivi de l’em-ploi des structures de traite-ment. L’urgence de certainesopérations, notamment dans ledomaine du soutien santé,imposera des équipes légères àl’avant.

1 L’alourdissement est la conséquence del’accroissement des consommations encarburant, en piles et batteries et de lamultiplication des systèmes informatiques etdes servitudes associées pour ne citer quequelques exemples. La rationalisation des parcsà soutenir pourrait limiter cette augmentationde poids.

Demain, la logistique…

Tribune libre 27HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007

LE MOT DU VIEIL OFFICIER

D’ÉTAT-MAJOR

Des dangers de la liaison…

Certains de nos lecteurss’interrogeraient sur l’identitéde “Berthier” et ont cru voir enlui un vieux camarade d’état-major, voire de combat pour lesplus anciens. En fait, derrièrece pseudonyme emprunté aumaréchal chef d’état-major dela Grande armée, se cache undes “gardiens du temple” dela doctrine, également vieilofficier d’état-major des forces.

“Berthier” est simplementun prête-nom bien commodeutilisé pour rappeler à descamarades plus jeunesl’importance de connaître ladoctrine d’emploi à tous lesniveaux de commandement,mais aussi pour leur fairepasser quelques messagesciblés concernant cettedernière.

Cet “ancien” se permet aussi,de temps en temps, avec unpeu d’humour, du moins ill’espère, d’égratigner ceux qui,faute de temps ou d’attention,oublient un peu trop la doctrined’emploi des forces françaises,terrestres en particulier, lesrègles du travail d’état-major,mais aussi notre belle languefrançaise.

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Les structures logistiques tout, enétant interarmées, seront simplifiées.Les unités de maintenance seront encharge de l’ensemble des opérationspréventives ou correctives, les unitéssanté, en charge de l’ensemble desopérations de prophylaxie et de soinset les unités de transport, regrou-peront l’ensemble des acteurs encharge du ravitaillement, quelle quesoit la nature des ressources. Demême pour des raisons d’économiedes moyens le système de comman-

dement de la logistique sera adapté àchaque situation et non attaché àchaque niveau tact ique… àcondition de se réformer.

Demain le soutien concourradirectement à la liberté d’action etl ’économie des moyens… àcondition de consentir les effortsqui s’imposent.

Colonel Jean-Pierre PERCY(2e BL)

HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007 Tribune libre28

L’engagement d’un “RSH”,une solution pour sortir

du “cauchemar logistique”au Darfour

LLa province du Darfour auSoudan est un “véritablecauchemar logistique” en

raison du terrain. L’absence d’infra-structures, et d’eau en particulier,pèse lourdement sur l’engage-ment d’une force multinationale.

L’engagement d’un régiment desoutien de l’homme (RSH) for-mant l’ossature d’une base logis-t ique ou d’un détachementlogistique (DETLOG) pourraitatténuer considérablement lesécueils logistiques grâce à sonorganisation et ses capacités.L’appellation RSH est préférable àgroupe logistique du commissa-

riat de l’armée de terre (GLCAT)qui souffre d’un manque de visi-bilité alors qu’il dispose d’uneunité de commandement et delogistique (UCL) et de 3 com-pagnies de soutien de l’homme(CSH) projetables qui ont étéévaluées au cours d’un “Antarès”en 2007. Les unités élémen-taires s’instruisent régulièrementet ont acquis un niveau remarqua-ble qui se concrétise par l’engage-ment d’une première unitéPROTERRE début 2008.

LE MOT DU VIEIL OFFICIER

D’ÉTAT-MAJOR

Que ceux-ci lui pardonnent car“Berthier” agit toujours pour labonne cause, l’excellence et lerenom de notre armée. Ce quicompte bien sûr, c’est que lesmessages lancés soient bienreçus par ceux qui sont visés,ce qui n’a rien d’évident, onle sait bien…

Ainsi, dans la dernièrelivraison de Héraclès1,“Berthier” avait évoqué ceque devait être selon lui lamission de liaison,paradoxalement un peunégligée dans une période oùelle est de plus en pluspratiquée et utile, et il avaitaussi critiqué le ”glissementincontrôlé” de celle-ci vers unevision trop technique.

A ces réflexions sur cettemission qui doit être mieuxconnue, pratiquée et confiéeà des officiers de qualité etd’expérience, possédant certesdes compétences linguistiques,mais aussi des connaissancesapprofondies de l’emploi desforces et des techniques d’état-major, il faudrait en rajoutertrois autres, qui touchentdavantage au domaine“immatériel”.

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1 Héraclès n°23. Petite colonne, page 29 à 31.

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Le régiment dispose ainsi d’unsavoir-faire d’autodéfense dudispositif logistique et peut assu-rer la sécurité du personnel lors dela mise en œuvre des “savoir-fairemétier”.

Le RSH possède des capacitésd’approvisionnement et demaintenance indispensablesdans le cadre d’une projectiondans un environnement hostile.En effet, le RSH assure la miseà disposition de la ressource envivres de combat, en eau deboisson et en eau potable.

L’unité élémentaire, grâce à sesvecteurs et ses moyens de levage,est dimensionnée pour distribuerou livrer ces ressources aux unitésde la force.

Le RSH possède des spécialistesde la maintenance capables deréparer, dans un milieu hostile, lesmatériels du CAT (en particulierle module 150 hommes dont cer-tains pourraient pourvoir descamps de réfugiés).

Enfin, le RSH possède des capa-cités de production par ledéploiement d’une boulangerie decampagne et des capacités de stoc-kage et de distribution d’eau etd’effets de protection.

Dans un environnement aussiaustère que celui du Darfour oudu Tchad, l’engagement d’unRSH pour former le cœur d’un

dispositif logistique ad hoc semblepertinent. Il regrouperait les fonc-tions logist iques nécessaires(transport, santé, maintenance,etc.) au soutien de la force.S’agissant du commandement duDETLOG, le PCR pourrait réali-ser la synthèse des fonctions logis-tiques à mettre en œuvre parl’incorporation de détachementsde liaison comme c’est le casaujourd’hui lors des exercicesAZUR (combat en zone urbaine).

Avec deux CSH déployées, ladistribution de la ressource vitale(vivre et eau) pourrait être réaliséepar une CSH, la livraison desmatériels du module 150 seraitconduite par une autre CSH.

On voit bien que le RSH estorganisé pour être projeté aumême titre que les autres for-mations logistiques. Ses capaci-tés lui confèrent un réelavantage pour constituer lenoyau d’un DETLOG ou d’unBATLOG. Un déploiement auDarfour permettrait de validerl’emploi d’un GLCAT dans uncadre voisin de la doctrine (CAT102 - Emploi d’un GLCAT enopération - Juillet 2007).

CBA Jean-Luc CHARPENTIER (4e GLCAT)

Tribune libre 29HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007

LE MOT DU VIEIL OFFICIER

D’ÉTAT-MAJOR

Première réflexion. L’officierde liaison français doit savoirrester français avant d’êtreaussi “patagon”, “syldave”,“otanien” ou “onusien”. Tropd’officiers de liaison, ayantbeaucoup d’affinités pour laculture du pays de l’arméeauprès de laquelle ils sontdétachés, ou pour les idéesdéfendues par l’organisationmultinationale, qui leuroffrent en outre uneexpérience nouvelle etsouvent passionnante, ontparfois tendance à oublierqu’ils sont d’abord français.Cette dérive fâcheuse seproduit rarement danscertaines armées alliées,plus attachées aux intérêtsde leur Nation, il est bon dele rappeler, même quand onest un Européen convaincu.

Deuxième réflexion. Dansles opérations actuelles,qui visent essentiellementà stabiliser les pays danslesquels nous agissons,les tâches de reconstructionà la fois des infrastructures,mais aussi des Etats sontimportantes et supposentune action plus civile quemilitaire et donc une coopé-ration étroite avec lesorganisations internationaleset nationales.

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DDepuis septembre 2002, destroupes françaises sontdéployées en Côte

d'Ivoire. Elles mènent uneopération de basse intensité, unesituation de “ni guerre - ni paix” quidonne à la fonction communicationune importance particulière. Cettecommunication en opération desarmées est l’expression d’un choixdoctrinal : faire de la commu-nication de théâtre un appui auservice de la liberté d’action duchef. Ce choix est lui-même lié à lacertitude que la communicationopérationnelle peut agir sur leniveau d’engagement de la force etsur l’intensité de la crise. Plus quejamais, la communication est undes outils essentiels du chefpuisqu’en lui permettant d’agir surle niveau de violence, elle accroît saliberté d’action et permet uneéconomie des moyens. Elle permetainsi d’agir sur deux des troisprincipes de la guerre.

Cependant, cette fonction resteencore négligée et ce qui témoigned’un défaut de perception du mondeet donc de formation des officiersfrançais.

La communication : unefonction cosmétique ?

En dépit d’une volonté affichéed’attribuer un rôle important à lafonction communication, cettedernière ne bénéficie pas encore

totalement de l’adhésion de tous.Une évolution mentale reste àachever : faire adhérer l’ensembledes militaires au fait que lacommunication est une fonctionqui participe de l’action.

Une adhésion inégale etsuperficielle à la fonctioncommunication

Malgré de gros efforts consentispour faire de la fonction commu-nication une fonction opéra-tionnelle à part entière, elle souffreencore d’une adhésion inégale etsuperficielle. Spécialité technique,la communication est enseignéedans des écoles et universités civilesdans le cadre du BT ou du DT1.Traditionnellement, les officiersayant effectué la scolarité duC S E M 2 s o n t p e r s u a d é s d eposséder une certaine forme desupériorité vis-à-vis de ceux ayanteffectué une scolarité civile. Cettecomplexion mentale est renforcéepar le fait que chacun est persuadéd’être un bon “communicantnaturel” et que finalement, lacommunication, c’est facile.

1 Brevet technique – Diplôme technique. 2 Cours supérieur d’état-major.

La fonction communication en Côte d’Ivoire :

une fonction opérationnelle encore insuffisamment reconnue

HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007 Tribune libre30

LE MOT DU VIEIL OFFICIER

D’ÉTAT-MAJOR

Il ne faut donc pas négligerce que peuvent apporter ...et retirer de leur action lesorganisations et entreprisesfrançaises, ce que ne fontjamais, là aussi, certains denos amis et alliés… L’officierde liaison placé auprès d’unchef ami ou d’une organisationquelconque doit donc,évidemment, au minimumrenseigner et, mieux encore,faciliter les actions françaisessur le théâtre.

Enfin, dernière réflexion, quiva sûrement peiner certainsfanatiques du “tout inter-armées” qui répètent enpermanence “l’interarmées,l’interarmées” en faisantdes “bonds de cabri”, ceci enparodiant un ancien Présidentde la République au sujetde l’Europe2 . L’interarmées, ce n’est pasla “fusion” des capacitésdes différentes forces arméesen un ensemble mou, maldéfinissable et souventinadapté aux missions, maisc'est surtout, en opération,la convergence des effets desmoyens terrestres, aériens etmaritimes, la combinaison dansle temps et dans l’espace descapacités opérationnellesspécifiques détenues par lesdifférentes forces, sur ou plutôt“dans” un théâtre.

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2 Le général De Gaulle bien sûr.3 Théâtre qui peut comprendre aussi

ce qui est sous la mer.

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La communication reste doncencore perçue par certains offi-ciers comme une fonction cosmé-tique. Cette attitude, et c’est lerisque, se manifeste parfois au plushaut niveau. La fonction communi-cation n’est pas encore complète-ment admise par tous parmi les“fonctions nobles” d’un état-major.

Une relégation de la fonctioncommunication au second plan

La préférence culturelle pour lacoercition fait que dans l’esprit debien des officiers, “l’opérationnel”primerait. Il faut entendre par cetteaffirmation que tout ce qui ne par-ticipe pas directement à la conduitede l’action est secondaire et que cet-te dernière est à elle-même sa pro-pre justification. Communiquerpar des actes suffirait donc. Or,cette attitude mentale qui relègued’autres fonctions à un rôle secon-daire et différé peut pourtant nuireà la conduite même des opérations.La fonction communication risquealors de ne pas pouvoir jouer sonrôle quitte à se voir confier ensuiteune mission qu’elle n’est plus enmesure d’accomplir. La tentation estgrande alors de se tourner vers elleune fois qu’on est “dans le mur” enespérant que telle une “baguettemagique”, elle va régler le problème.C’est ce que le journaliste ThomasHofnung appelle la communication“à retardement” de l’armée française.

L’univers du communicanten opération : un milieuméconnu

Mais également, cette indifférenceprovient d’une méconnaissanced’ordre historique, culturelle et

sociologique du milieu danslequel s’exerce cette communica-tion. Parfois négligés, souventméprisés par des officiers évoluanthors de la structure communica-tion, les médias ivoiriens ont pour-tant souvent été de redoutablesacteurs de la crise. Cette dimensionn’a pas toujours été appréhendéecorrectement.

Une virulence exacerbée des médias ivoiriens

L’extrême virulence des médias ivoi-riens marque ceux qui sont habituésaux médias bien plus policésd’Europe. Ce ton résulte autant del’histoire de la constitution desmédias locaux que d’habitudes cul-turelles propres.

De manière générale, les médiasd’Afrique francophone sont moinsbons que ceux de ses voisins. EnCôte d'Ivoire, la presse, en semettant d’emblée au service despartis, est devenue aussi bienl’instrument que la victime des piresexcès du discours politique. Unepresse d’opinion non partisane,souvent sommée de “choisir soncamp”, a du mal à exister. L’usage detitres provocateurs, de raccourcistrompeurs, parfois naïfs maisrésultant souvent de véritablesactions de manipulation ou dedésinformation, est d’un usagecourant dans la presse ivoirienne.Cette pratique contestable, ayantvocation à échauffer les esprits, n’ad’ailleurs pas évolué depuis le débutde la crise. Le poids del’information et le rôle des médiasdans le développement des tensionssont connus.

En 2003, ces médias ont donc étéunanimement condamnés par lesparties en présence lors desnégociations de Linas-Marcoussis.

Très clairement, la presse a étéaccusée d’avoir alimenté le conflit etson statut a été pris en compte dansl’accord4. Le Secrétaire général del’ONU, Kofi Annan, a pu parler àce sujet de “médias de la haine”.

3 Interview par l’auteur de M. Thomas Hofnung,journaliste au quotidien Libération.

4 Selon une approche qui n’est pas sans rappelerl’ordonnance de 1944 sur la presse française.

Tribune libre 31HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007

LE MOT DU VIEIL OFFICIER

D’ÉTAT-MAJOR

Ce qui suppose uneorganisation soupledu commandement capablede faire évoluer rapidementl’économie des moyensselon les phases de l’action,et,bien sûr, disposant àtous les niveaux d’officiersde liaison réactifs et bienau fait des règles d’organi-sation du commandement.

Tout cela, le bon officierd’état-major d’une grandeunité ou d’une force terrestrequi peut être désigné pourune mission de liaison nedoit pas l’oublier.

“Berthier”

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Des médias pourtant adaptés à lapopulation

Il ne faudrait cependant pas voirdans ces caractéristiques uneaberration. La presse ivoirienne estparfaitement adaptée aux habi-tudes culturelles de ses lecteurs :l e s i m a g e s v i o l e n t e s s o n tdemandées et appréciées. Lesvictimes de crimes ou de combatssont exposées sans précaution niavertissement. Enfin, il faut tenircompte d’une population quisouvent n’est pas exercée à lacritique des médias par manqued’éducation et par une expositionrécente au pluralisme des titres.

Chère, cette presse est rarementachetée, mais elle est commentéecollectivement à travers la “titro-logie”. L’élaboration des maquettesdes journaux prend en compte cettehabitude culturelle et fait usage detitres chocs (parfois démentis par lecontenu de l’article). L’habitude decommenter en public les titres ainsiétalés ainsi que l’écoute des slogansdes vendeurs ambulants impliquentdonc une lecture particulière de lapresse. Cette habitude touche tousles domaines et tous les milieux.L’influence de la rumeur dans lamobilisation des foules est égale-ment un des faits sociauxcaractéristiques des villes d’Afriquesubsaharienne. Rapportée à l’actionmilitaire française, la rumeur a uneaction très concrète sur ledéveloppement des événements.

Ces habitudes de harangue, delecture publique et de commentaire,cette réceptivité aux rumeurs… neprédisposent ni au recul ni à ladistanciation.

Une influence directe sur leniveau d’intensité de la crise

La communication de la forceLicorne a rarement été prise endéfaut mais quoi qu’il en soit, lerisque est permanent de se laissermanipuler par des acteurs quisavent utiliser les médias avec uncertain niveau d’excellence.

Peu reconnue ou remarquée (maisc’est aussi son modus operandi)l’action de communication quiconsiste à tisser un réseaurelationnel avec les médias locauxa souvent permis de “désamorcerdes crises”. Malgré tout, parfois,dans les moments les plus intensesde la crise ivoirienne, l’incapacitéde communiquer au bon niveau etdans le bon tempo, une mauvaiseanalyse de la situation ou le défautd’images ont contribué de manièredirecte à laisser la crise atteindreun niveau paroxystique. Ainsi,comme le rappelle ThomasHofnung5, si des images desarmées ont manqué lors desévènements de l’hôtel Ivoire, “lesautorités ivoiriennes ont fait, elles,un très gros travail là-dessus.” Autreobservateur, Pierre Servent6 estégalement catégorique quand ilaffirme : “J’ai vraiment vu àplusieurs reprises des opérations dedéstabilisation par l’image très, trèsbien montées, pas du toutimprovisées. Cela était monté àpartir d’incidents créés dans desvillages avec prépositionnement descaméras de la RTI7 mais cachées,incidents créés, montés avec touteune scénographie.” Il ajouted’ailleurs “qu’en amont vous avezdes personnes qui se sont réunies,qui ont réfléchi à la posture deLicorne, ses points de faiblesse”. Làencore, une capacité de nuisanceparfois sous-estimée.

La fonction communication n’estpas un luxe ou une fonction “enplus” ajoutée à d’autres plusimportantes. Elle constitue uneactivité essentielle dans larésolution de la crise ivoirienneen contribuant à la maintenir àson étiage. Souvent raillée maistrès largement méconnue et encoreplus sous-estimée, elle mérite mieuxque le sourire condescendant dequelques-uns.

Chef d'escadron Florent HIVERT(Brigade des sapeurs-pompiers de Paris)

5 Interview par l’auteur de M. ThomasHofnung, journaliste au quotidien Libération.

6 Interview par l’auteur de M. Pierre Servent,conseiller indépendant en communication decrise

7 RTI : Radio Télévision Ivoirienne.

HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007 Tribune libre32

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DDans le domaine de laguerre où la pensée estordres et les ordres sont

action, la sémantique tue aussisûrement que les armes. Et si l’a-pophtegme de Confucius prend icitoute sa force, c’est que les lexiquesmilitaires ne sont pas de vulgairesdictionnaires, mais des thésaurusde l’action. L’actuelle absence denotre notion nationale d’effetmajeur dans la méthodologie inter-armées et la suprématie corrélativede la notion de centre de gravitéproviennent à la fois de notreappréhension hésitante des théo-ries de l’action et d’une critiquemolle du concept clausewitzien decentre de gravité tel qu’il nous fûtimposé par la culture stratégiquedominante. Dans une étude récen-te1, le lieutenant-colonel AntulioEchevarria, (US Army) stratégistereconnu, rétablit le sens du cen-tre de gravité et offre l’opportuni-té de poser enfin le principe del’unicité des concepts : le centre degravité et l’effet majeur ne sontqu’un. Vérité -a posteriori- d’évi-dence, qui met un terme à une bel-le logomachie franco-française etqui ouvre incontestablement lavoie de la convergence dans laconception des opérations.

L’hégémonie du centre degravité

Dès lors que nos états-majors natio-naux se sont rapprochés des états-majors de l’OTAN et ont collaborétrès étroitement sur les théâtres d’o-pérations extérieurs, notre méthodede raisonnement des opérations s’esttrouvée en compétition avec laméthode américano-otanienne. Cefaisant, et pour être direct, l’écolefrançaise considérant l’ardenteobligation de l’interopérabilité aabdiqué ses concepts fondamen-taux au bénéfice de la logique amé-ricaine. Notamment l’effet majeur,concept cardinal de la manœuvre à lafran- çaise, en concurrence avec leconcept clausewitzien de centre degravité, a cédé la place. Mais cettesubstitution a créé le trouble cheznos opérationnels, et la migrationintellectuelle du “B3” au “G5” a étédifficile, car dans la méthodologie etla conduite des opérations à la fran-çaise, l’effet majeur, élément centralde l’idée de manœuvre, est aussi le filrouge garantissant l’unicité de lamanœuvre dans sa conception et saconduite, du haut commandementtactique aux entités élémentaires. Cetordonnancement hiérarchique gigo-gne des “buts à atteindre” et des

“effets majeurs” dans les idées demanœuvre descendantes est le chefd’œuvre et la clef de voûte de notreméthode nationale de conception etde conduite des opérations.De ce fait, tout opérationnel qui a ser-vi sous commandement otanien ouaméricain a été confronté à l’exercicedélicat de décliner les Campaign Plans,Oplans ou OPS Orders en ordres natio-naux, la difficulté portant notam-ment sur le centre de gravitéclausewitzien pour ne pas évoquer l’é-cueil de Jomini, ses points décisifs etses lignes d’opérations, concepts plussolubles dans l’approche française.Pour mesurer la difficulté de transpo-sition de la notion de centre de gravi-té dans la logique nationale il faut envenir à la définition de la documenta-tion2 actuellement en vigueur et à sonusage. Le centre de gravité est définicomme les “caractéristiques, capacitésou situation géographique dont unpays, une alliance, une force militaireou toute autre entité tire sa libertéd’action, sa puissance ou sa volontéde combattre”.

1 Clausewitz’s center of gravity: it’s not what we

thought -battle strategy. Lieutenant-colonel Antulio J. Echevarria IIhttp://findarticles.com

De l’unification des concepts :le centre de gravité et l’effet majeur,

une contribution américaine

Tribune libre 33HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007

Si je gouvernais je commencerais par rétablir le sens des mots.

Confucius

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En bref, est centre de gravité “ce quidonne la force” ou “source de lapuissance”, et la méthode depoursuivre que : “l’action vers lecentre de gravité de l’adversaire (…)pourra être directe (par exemple dansle cas d’un rapport de forcesextrêmement favorable) ou indirecteen agissant sur ses vulnérabilitéscritiques. Pour être pertinent et êtreutilisé de manière optimale le centrede gravité doit être défini avec plus deprécision et le planificateur doitrechercher :- les capacités essentielles : ce sont les

aptitudes du centre de gravité quiexpliquent pourquoi il a été retenucomme tel dans le contexte de laplanification en cours ;

- les exigences fondamentales : cesont les conditions, ressources etmoyens indispensables à chacunedes capacités essentielles pour êtrepleinement efficaces ;

- les vulnérabilités tactiques : ce sontcelles des exigences fondamentalesqui présentent des faiblesses exploi-tables et sont donc vulnérables,c’est-à-dire celles qui peuvent êtreattaquées avec succès (…)”.

De ces vulnérabilités tactiques sontdéduites les tâches à accomplir - quiseront déclinées successivement parles échelons subordonnés - ouvrantl’accès au centre de gravité del’adversaire. Mais comme on leconstate, le “quoi ?” et le “comment ?”c’est-à-dire l’approche tactiqueglobale dans son acceptionmanœuvrière n’est que partielle-ment envisagée. Seule est proposéeune “action directe ou indirecte”, cequi n’est pas une alternative trèsféconde pour l’action, c’est-à-direqu’elle ne pousse pas à l’imaginationd’un éventail de modes d’action

originaux, différenciés et efficaces.De surcroît cette approche par lecentre de gravité est une approchepar les capacités et non par leseffets ce qui confirme sa moindreefficacité si l’on considère que lesEBO permettent de meilleures per-formances. Mais pour parler vrai,l’élaboration d’un concept d’opé-ration de qualité, c’est-à-direpermettant d’atteindre l’objectifstratégique ou opératif, nécessitedepuis la fusion de la méthodefrançaise avec le GOP, l’hybri-dation des approches relatives aucentre de gravité. C’est-à-dire,pour être encore plus précis etconcret, que le “je veux” des idées demanœuvre élaborées actuellementpar nos états-majors, contient néces-sairement un effet majeur, fût-ilimplicite et non nommé. Attaquer le centre de gravité par sesvulnérabilités, comme le proposela méthode otanienne, est en faitune manière subliminale et obliquede considérer que la “manœuvre”est nécessaire. Les officiers françaisqui oeuvrent dans les groupes deplanification et les centres d’opé-rations ne peuvent qu’être insatisfaitsde cette façon minimale de penser laguerre, il était temps de faire bougerles lignes…

Le retour de l’effetmajeur

Enfin Echevarria vint ! Et la révisionde la grammaire des opérations a étéabordée par le bon bout, c’est-à-direpar l’approche confucéenne, lerétablissement préalable du sens desmots. En l’occurrence, Echevarriarevisite la traduction du “De laguerre” de Clausewitz et notammentle concept de centre de gravité, ce quipermet de remettre, de manièreéclatante, l’effet majeur au cœurde l’idée de manœuvre.

S’appuyant sur des compétencesavérées de Clausewitz en mécaniqueet sur une analyse approfondie despages relatives au centre de gravité,Echevarria réfute l’interprétation desexégètes américains de l’essai deClausewitz - fondateurs, rappelons-le, de l’école américaine - qui se sontappuyés, selon lui, sur une traductionapproximative du “De la guerre3”.L’idée que le centre de gravité est uneforce dont un Etat ou une armée tiresa puissance est pour Echevarria unenotion erronée.

Dans une démarche experte etconvaincante il reconstruit entière-ment la notion de centre de gravité.Pour faire simple, il considère quetoutes les forces issues des capacitésessentielles d’un pays ou d’une forcearmée, constituent un ensemble ousystème de forces agissant de concert,et que le centre de gravité de l’entitéconcernée, pays ou force armée,doit être compris comme le lieu dela force4 agrégeant toutes les forcesagissantes de ce système luiconférant sa dynamique, son effetrésultant, voire sa synergie. Porterun coup sur le centre de gravité, c’estmécaniquement déséquilibrer etdisloquer le système.

Cette nouvelle définition du centrede gravité, si elle ne remet pas encause la logique générale de laméthode de planification inter-armées, nécessite de s’interroger surla réintégration et la nouvelle perti-nence du concept d’effet majeurdans cette méthode et dans lesméthodes déclinées.

2 Méthode de planification des opérations.PIA-05.401.

3 La traduction française sur ce sujet précis estelle-même quasiment incompréhensible !

4 Nommée “entripète” chez Echevarria.

HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007 Tribune libre34

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En effet si dans l’approcheotanienne du centre de gravité,“quelle est la source de la puissancede l’ennemi ?” est une questioncaduque selon Echevarria, pouvoirdéterminer la force qui fédèrel’ensemble des capacités essen-tielles du système et qui si elle estcontrariée ou neutralisée entraînela désagrégation de ce système deforces, réhabilite formellement etexplicitement le concept de l’effetmajeur. La formule simplisterapportée par Echevarria d’un stra-tège américain “pour casser unetable il est préférable de dissoudre lacolle que de s’attaquer aux pieds”,illustre à la fois le retour de l’effetmajeur et la suprématie des opéra-tions basées sur les effets.

Pour consolider son étudeEchevarria propose quelquesexemples, celui relatif à Al Qaidaest certainement le plus éclairant,peut-être parce que contemporain.Plusieurs éléments, capacitésessentielles, contribuent à lapuissance d’Al Qaida : Ben Ladenlui-même, son organisation enréseau, le caractère mondial de soncombat, l’engagement et la ferveur deses membres… Pour Echevarria

aucune de ces forces prises indivi-duellement ne peut constituer lecentre de gravité. Définir le centre degravité, c’est déterminer, circonscrire,identifier la force qui fédère lescapacités essentielles d’Al Qaida.Echevarria nomme cette forced’agrégation “the hatred of apostasy”,“la haine de l’apostasie” c’est-à-dire lahaine que les membres de la “base”portent aux musulmans - états,organisations ou individus - quicollaborent avec les occidentaux.Pour abattre Al Qaida, il faudra agirsur ce sentiment de haine dont larésorption disloquera le système deforces constitué par ses éléments depuissance du système. Reste lesmodes d’action !…Cet exemple est doublement probant.Outre la nouvelle approche ducentre de gravité il confortel’hypothèse de l’assimilation centrede gravité/effet majeur : annihiler laforce “centripète” qu’est “la haine del’apostasie” pour rendre inopérant AlQaida est un effet majeur irréfutabledans la conduite de cette guerre.

Pour conclure cet appel sommaireà la réhabilitation de l’effet majeuril faut insister sur le fait que si lapertinence de ce concept semble ànouveau incontestable grâce à uneextrapolation mineure du travail

d’Echevarria, il s’inscrit aussi dans lamodernité des opérations en plaçantle centre de gravité dans la démarchedes opérations basées sur les effets.

Rappelons aussi que dans un conflitla victoire appartiendra toujours àcelui des belligérants qui “pensera laguerre” avec la plus grande sagacité,c’est-à-dire celui qui disposera de lameilleure “machine à concevoir lesopérations”. En conséquence, nosstratèges opérationnels devraientexploiter plus avant l’excellente thèsed’Echevarria, pour une indispen-sable mise à jour de notre méthodede planification et précisément duconcept effet majeur/centre degravité et de son processus d’élabo-ration. Mais aussi il serait judicieuxqu’ils assurent une veille métho-dologique destinée à optimiser enpermanence notre outil de raisonne-ment et de planification des opéra-tions, démarche intellectuelle vitale etpeu coûteuse dans un monde féconden stratégies les plus imprévues.

Echevarria a fait la trace mais iln’est pas indispensable d’êtretoujours second…

Général (2S) Jean-Pierre GAMBOTTI

Tribune libre 35HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007

La violence voulue pour elle-même n’est jamais juste, l’usage de la force peut être légitime au

service d’une cause juste. Que peut être une juste cause de guerre ? Défendre contre la violence et

préserver contre l’agression les biens essentiels d’un peuple et d’une nation, sa survie physique,

sa liberté, les caractéristiques légitimes de son indépendance et de son existence. (…)

Cardinal Jean-Marie LUSTIGER(Le choix de Dieu – 1987)

Page 36: HÉRACLÈS - FUN-MOOC · 2014-11-23 · HÉRACLÈS N°24 2 Sommaire NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007 Actualités 3 Les brigades logistiques, une garantie de cohérence opérationnelle 4 Recueil

Vous publiez "La Guerre probable – Penser autre-ment" à un moment où chacun s’interroge sur l’ave-nir de la défense. J’imagine que ce n’est pas fortuit ?

Non bien sûr. Les enjeux sont essentiels pour la défensede la France et de sa population. Des décisions qui serontprises dans quelques mois vont dépendre le modèle deforces, et donc notre capacité réelle de défense et de pro-tection du territoire national et de nos ressortissants. Ilest donc très important que le débat soit ouvert, d’autantque, dans ce domaine, il n’y a pas,par construction, de vérité absoluepuisqu’il s’agit de préparer l’ave-nir. Il faut donc que les différentessensibilités puissent s’exprimeravant que le débat ne soit tranché. Il faut surtout que les profession-nels de la défense parlent et soientécoutés. Le nouveau statut desmilitaires leur confère un droitd’expression élargi. Ils doiventdonc prendre la parole, écrire,s’exprimer, sinon ils n’auront pasle droit de se plaindre ensuite den’avoir pas été entendus. Le droità la reconnaissance intellectuellen’est pas un droit naturel. Il fautle conquérir. C’est un devoir pour le militaire s’il croitvéritablement à sa mission. Dans ce cadre, j’ai jugé queje devais m’exprimer puisque mes fonctions me condui-sent à avoir une bonne vision des crises et engagementsmilitaires et que mon métier est, au fond, la réflexion àpartir du concret. J’ai donc ressenti cette obligation d’apporter au débat :je le fais par ce biais.

Pouvez-vous nous donner un aperçu de vos thèses ?

Les conditions d’emploi de la force ont profondémentévolué et l’horizon s’est assombri. Sur le terrain, l’effica-cité politique de l’outil militaire conçu hier s’est forte-ment réduite. Pour retrouver toute leur “utilité”, lesforces armées doivent se structurer, penser et agir autre-ment.

Face aux nouvelles menaces, plus diffuses et continues, lacoordination des actions de sécurité et de défense estindispensable, mais elles ne doivent pas se mêler dans un

ensemble indistinct contraire à une efficacité globale quidoit résulter de la convergence et non de la fusion. Se contenter d’une défense “à l’arrière” sur le seul terri-toire national, c’est accepter, d’entrée, la défaite à terme.Comme je le disais longuement dans mon dernier ouvra-ge, “Introduction à la stratégie”, la manœuvre de défenseglobale exige une profondeur stratégique qui supposed’aller défendre “à l’avant”. Au-delà de leur rôle dans ladissuasion et la prévention des crises, les armées doiventdonc participer, à l’extérieur, à l’étouffement des sources

de violence avant qu’elles ne nous attei-gnent. Cela implique - c’est la grande leçondes conflits actuels ou récents - des “volumes”importants que l’on ne peut sacrifier surl’autel de l’hyperspécialisation et de la hautetechnologie. Pour préserver au mieux l’ordredu monde, ce qui passe souvent par la stabi-lisation ou la restauration d’Etats en décom-position, il faut déployer des moyensconséquents, au contact, dans la durée.

Pensez-vous que la population françaiserecevra facilement ce genre de discours ?

Non. Il y a là un véritable défi, car la popu-lation française vit aujourd’hui dans une

bulle artificielle de sécurité et ne comprend pas toujoursl'utilité des dépenses de défense. Pourtant, la contribu-tion des forces armées à la défense globale est essentielle.Par ailleurs, l’Etat et la Nation ont besoin de forcesarmées à hauteur de l’ambition qu’ils se fixent. C’est vraide toutes les armées, c’est encore plus vrai pour l’arméede Terre, puisque, de tout temps, historiquement, lesintérêts de la France – nation continentale plus quemaritime - et ceux de ses forces terrestres ont toujours étéconfondus. Dans la guerre probable, les forces terrestressont la force de la nation et l’homme est la force des for-ces terrestres. L'armée, dernier grand corps de l'Etat par-faitement discipliné, autonome, polyvalent, constituel’ultima ratio, disponible et efficace à tout momentquand bien même plus rien d’autre ne fonctionnerait.Nous devons donc nous inscrire dans une logique duale,être capable d’efficacité au service de la population et desa défense, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de nos fron-tières.N’en doutons pas, la France a besoin d’une “arméed’avant-garde” pour une “défense de l’avant”.

HÉRACLÈS N°24NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2007 La Pensée Militaire36

“La France a besoin d’une “armée d’avant-garde” pour une “défense de l’avant.”

Le général de division Vincent Desportes répond à nos questions sur son dernier ouvrage.