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IMS PharmaNews Hors-Série n°3 page 1 2008 et 2009 auront été des années charnières dans l’économie de l’officine. Pour la première fois, sous l’effet conjugué de la baisse du taux de marge – le mécanisme classique de la « Marge Dégres- sive Lissée » – et de la stagnation du chiffre d’affaires en médicaments remboursables, les marges to- tales de distribution du médicament ont baissé en valeur (-2% en 2009). Les génériques qui, depuis dix ans, tiraient l’économie officinale, sont devenus moins attractifs en raison de la volonté implicite des Pouvoirs Publics de réviser à la baisse le « prix » payé à l’officine pour en favoriser le développe- ment. Et les produits d’automédication – un temps poussés par les déremboursements – n’ont guère constitué l’alternative attendue, le passage « devant le comptoir » de certains produits en juillet 2008 n’ayant pas, pour l’instant, porté ses fruits. Ainsi, le modèle économique de l’officine française apparaît-il fragilisé au moment même où son modèle juridique est renforcé par les arrêts et avis ré- cents de la Cour de Justice Européenne qui reconnaît la validité des réglementations nationales en ce qui concerne la propriété du capital et les règles d’ouverture des pharmacies. Mais ce n’est pas là le seul paradoxe. En effet – et cela constitue un autre tournant – le nombre d’officines a commencé à décroître en France, en raison d’une politique fondée sur l’idée d’un surnombre de 5 000 pharmacies environ sur les 22 500 qui en constituent le tissu. Si cette baisse peut amortir l’effet, sur la pharmacie individuelle, du tassement de la marge globale, elle pose en revanche la question de la couverture territoriale et du service de proximité, au moment même où la Loi HPST de juillet 2009 reconnaît pour la première fois à l’officine sa place dans la dispensation des « soins de premiers recours » et sa contribution à la permanence des soins. Ces évolutions juridiques et économiques annoncent sans doute l’émergence dans les années à venir d’un nouveau modèle officinal avec un nombre resserré d’entreprises indépendantes mais fédérées en groupements, principalement localisées à proximité des centres médicaux et maisons de santé, davantage impliquées dans le service rendu au patient notamment par le biais du Dossier Pharma- ceutique et vraisemblablement rémunérées par d’autres moyens que les seules marges commer- ciales traditionnelles, sans doute encore appelées à diminuer. L’officine en 2009 : un tournant de son « modèle économique » ? Hors-série 3 27 novembre 2009 --- Claude Le Pen Professeur d’Economie Paris-Dauphine

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  • IMS PharmaNews Hors-Série n°3 ● page 1

    2008 et 2009 auront été des années charnières dans l’économie de l’officine. Pour la première fois,

    sous l’effet conjugué de la baisse du taux de marge – le mécanisme classique de la « Marge Dégres-

    sive Lissée » – et de la stagnation du chiffre d’affaires en médicaments remboursables, les marges to-

    tales de distribution du médicament ont baissé en valeur (-2% en 2009). Les génériques qui, depuis

    dix ans, tiraient l’économie officinale, sont devenus moins attractifs en raison de la volonté implicite

    des Pouvoirs Publics de réviser à la baisse le « prix » payé à l’officine pour en favoriser le développe-

    ment. Et les produits d’automédication – un temps poussés par les déremboursements – n’ont guère

    constitué l’alternative attendue, le passage « devant le comptoir » de certains produits en juillet

    2008 n’ayant pas, pour l’instant, porté ses fruits. Ainsi, le modèle économique de l’officine française

    apparaît-il fragilisé au moment même où son modèle juridique est renforcé par les arrêts et avis ré-

    cents de la Cour de Justice Européenne qui reconnaît la validité des réglementations nationales en ce

    qui concerne la propriété du capital et les règles d’ouverture des pharmacies. Mais ce n’est pas là le

    seul paradoxe. En effet – et cela constitue un autre tournant – le nombre d’officines a commencé à

    décroître en France, en raison d’une politique fondée sur l’idée d’un surnombre de 5 000 pharmacies

    environ sur les 22 500 qui en constituent le tissu. Si cette baisse peut amortir l’effet, sur la pharmacie

    individuelle, du tassement de la marge globale, elle pose en revanche la question de la couverture

    territoriale et du service de proximité, au moment même où la Loi HPST de juillet 2009 reconnaît

    pour la première fois à l’officine sa place dans la dispensation des « soins de premiers recours » et sa

    contribution à la permanence des soins.

    Ces évolutions juridiques et économiques annoncent sans doute l’émergence dans les années à venir

    d’un nouveau modèle officinal avec un nombre resserré d’entreprises indépendantes mais fédérées

    en groupements, principalement localisées à proximité des centres médicaux et maisons de santé,

    davantage impliquées dans le service rendu au patient notamment par le biais du Dossier Pharma-

    ceutique et vraisemblablement rémunérées par d’autres moyens que les seules marges commer-

    ciales traditionnelles, sans doute encore appelées à diminuer.

    L’officine en 2009 : un tournant de son

    « modèle économique » ?

    Hors-série 3 27 novembre 2009

    ---

    Claude Le Pen Professeur d’Economie

    Paris-Dauphine

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    ●●● L’officine en 2009 : renforcée juridiquement, affaiblie économiquement

    Début 2008 (il y a un siècle !), le Rapport Attali proposait, pour « libérer la croissance », une « déci-

    sion 212 » qui s’attaquait aux « privilèges » de l’officine en supprimant les quotas d’installation, en

    sortant du monopole les médicaments de Prescription Médicale Facultative (PMF) et en ouvrant le

    capital des officines à des tiers.

    La crise économique d’une part et la Cour de Justice des Communautés Européennes (CJCE) d’autre

    part, ont balayé ces perspectives qui avaient soulevé une forte émotion chez les pharmaciens. Dans

    un arrêt très attendu du 19 mai 2009 concernant la Sarre en Allemagne, la CJCE a reconnu que les en-

    jeux de santé publique autorisaient les états membres à prendre des dispositions particulières pour

    réglementer la distribution du médicament, notamment en restreignant la détention et l’exploitation

    des officines aux seuls pharmaciens exploitants (ce que d’aucuns jugeaient contradictoire avec les ar-

    ticles 43 CE et 48 CE du Traité sur la liberté d’établissement1).

    Dans une autre affaire mettant cette fois en cause le gouvernement provincial des Asturies en Es-

    pagne, les conclusions de l’Avocat Général justifient les restrictions à la liberté d’installation des offi-

    cines, pourvu que ces dernières ne soient pas discriminatoires et qu’elles obéissent à un motif

    d’intérêt général.

    L’Ordre des Pharmaciens et le gouvernement français ont vu dans cette décision et dans cet avis –

    qui devra néanmoins être suivi par la Cour – une validation du « modèle officinal français »2 qui a été

    attaqué de toutes parts mais auquel reste attachée une majorité de pharmaciens qui voyait se déve-

    lopper en Europe des modèles « capitalistes » de chaînes de distribution intégrées de médicaments

    appartenant à des tiers (y compris – horreur – des fonds d’investissement !).

    Conforté dans son statut, le pharmacien d’officine l’est aussi dans son rôle. La fameuse loi « Hôpital,

    Patients, Santé, Territoire » (HPST) adoptée le 19 juillet 2009, a introduit dans le Code de la Santé

    Publique des dispositions innovantes étendant la mission de santé publique des pharmaciens au-delà

    de la stricte dispensation de médicaments. Ils se voient ainsi attribuer une place dans les « soins de

    premier recours » (traduction française des « primary care » britanniques) en coopération avec les

    autres professionnels de santé ; ils sont appelés à participer à « la mission de service public de per-

    manence des soins » ainsi qu’à l’éducation thérapeutique des patients ; ils peuvent renouveler les

    traitements des pathologies chroniques et ajuster, en cas de besoin, dosages et posologies. Ils peu-

    vent enfin jouer le rôle de « pharmacien référent » pour les établissements d’accueil des personnes

    âgées ne disposant pas d’une « pharmacie à usage intérieur » (cf. encadré)3.

    1 Affaires C-171/07 et C-172/07 du 19/05/2009. Paragraphe 34 : « Au regard de ces risques pour la Santé Publique et pour l’équilibre

    financier des systèmes de Sécurité Sociale, les États Membres peuvent soumettre les personnes chargées de la distribution des médi-caments au détail à des exigences strictes, s’agissant notamment des modalités de commercialisation de ceux-ci et de la recherche de bénéfices. En particulier, ils peuvent réserver la vente de médicaments au détail, en principe, aux seuls pharmaciens, en raison des garanties que ces derniers doivent présenter et des informations qu’ils doivent être en mesure de donner au consommateur ». 2 Avec ses quatre traits spécifiques : i) monopole de la distribution des produits pharmaceutiques ; ii) quotas de pharmacies par

    habitant ; iii) caractère personnel de la détention et de l’exploitation de l’officine ; iv) interdiction de distribuer autre chose que des

    biens de santé. 3 A noter que le Conseil Constitutionnel a censuré une disposition de la Loi HPST prévoyant une expérimentation « tendant à autori-

    ser les pharmaciens d’officine ayant reçu une formation spécifique à délivrer, pour trois mois et sans renouvellement possible, une contraception oestroprogestative aux femmes de plus de quinze ans et de moins de trente-cinq ans ».

  • IMS PharmaNews Hors-Série n°3 ● page 3

    Loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant sur la réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux terri-

    toires

    Article 38 – paragraphe I

    2°Après l’article L. 5125-1, il est inséré un article L. 5125-1-1 A ainsi rédigé :

    « Art. L. 5125-1-1 A. − Dans les conditions définies par le présent code, les pharmaciens d’officine : « 1° Contribuent aux soins de premier recours définis à l’article L. 1411-11 ;

    « 2° Participent à la coopération entre professionnels de santé ;

    « 3° Participent à la mission de service public de la permanence des soins ;

    « 4° Concourent aux actions de veille et de protection sanitaire organisées par les autorités de santé ;

    « 5° Peuvent participer à l’éducation thérapeutique et aux actions d’accompagnement de patients définies aux articles

    L. 1161-1 à L. 1161-5 ;

    « 6° Peuvent assurer la fonction de pharmacien référent pour un établissement mentionné au 6o du I de l’article

    L. 312-1 du code de l’Action Sociale et des Familles ayant souscrit la convention pluriannuelle visée au I de l’article L.

    313-12 du même code qui ne dispose pas de pharmacie à usage intérieur ou qui n’est pas membre d’un groupement de

    coopération sanitaire gérant une pharmacie à usage intérieur ;

    « 7° Peuvent, dans le cadre des coopérations prévues par l’article L. 4011-1 du présent code, être désignés comme cor-

    respondants au sein de l’équipe de soins par le patient. A ce titre, ils peuvent, à la demande du médecin ou avec son ac-

    cord, renouveler périodiquement des traitements chroniques, ajuster, au besoin, leur posologie et effectuer des bilans

    de médications destinés à en optimiser les effets ;

    « 8° Peuvent proposer des conseils et prestations destinés à favoriser l’amélioration ou le maintien de l’état de santé

    des personnes.

    « Un décret en Conseil d’Etat fixe les conditions d’application des 7° et 8° ».

    Tout irait donc pour le mieux dans le monde officinal ? Non, car renforcée juridiquement et politi-

    quement, l’officine s’est trouvée en 2008 et surtout en 2009 fragilisée sur le plan économique. Pour

    la première fois le revenu brut des officinaux a baissé sous l’effet combiné d’un chiffre d’affaires

    stagnant et d’une marge commerciale décroissante. Cette évolution semble durable dans la mesure

    où les facteurs expliquant ces deux phénomènes sont structurels. Par ailleurs, on observe les pré-

    mices d’un épuisement d’une politique des génériques très favorable à l’officine. Enfin, sur le plan

    démographique, le nombre d’officines a commencé à baisser et une certaine incertitude plane sur la

    couverture territoriale que devront assurer les pharmacies dans le futur. Les victoires juridiques et

    politiques ne seraient-elles que des victoires à la Pyrrhus ? Nous essaierons de répondre à cette

    question en conclusion après avoir examiné les transformations récentes mais structurelles de

    l’économie officinale.

    ●●● Un chiffre d’affaires qui stagne…

    La Figure 1 montre l’évolution du CA officinal de 2007 à 20094, décomposé en CA médicaments (pro-

    duits avec AMM) et CA non médicaments (dispositifs médicaux, cosmétiques et parapharmacie) et en

    produits remboursables et non-remboursables et évalué en prix publics hors taxes5. On y observe

    une stagnation du CA officinal total (0,2% en 2009) et même une décroissance pour le médicament

    remboursable (- 0,13%) qui constitue le « cœur de métier » du pharmacien d’officine (80% du CA). Le

    médicament non-remboursable (un peu moins de 8% du CA), qui a été artificiellement poussé en

    2008 par le déremboursement des veinotoniques intervenu le 1er janvier, retrouve à périmètre cons-

    tant, une croissance négative en 2009 (-0,6%). Finalement, ce sont les produits hors AMM (+2,2%)

    qui évitent une évolution négative du CA total.

    4 Sauf mention contraire, les chiffres annuels cités dans cet article sont des cumuls mobiles à fin septembre de l’année considérée.

    5 Le prix public hors taxes (PPUBHT) qui comprend les marges de distribution (grossistes-répartiteurs et officines) mais pas la TVA

    (2,1% sur les médicaments remboursables et 5,5% sur les médicaments non remboursables) exprime mieux la réalité économique

    de l’officine que le prix fabricant hors taxes (PFHT) qui se réfère au prix d’achat des marchandises hors marges.

  • IMS PharmaNews Hors-Série n°3 ● page 4

    L’officine subit les contrecoups du ralentissement du marché pharmaceutique français sous le double

    effet de la politique volontariste de maîtrise des dépenses menée par les Pouvoirs Publics et de la

    transformation structurelle du marché pharmaceutique qui est aujourd’hui un marché dual avec la

    juxtaposition d’un « marché de masse » d’excellents génériques à bas prix et d’un « marché élitiste »

    de produits sophistiqués réservés à des populations étroites de patients, souvent traités à l’hôpital et

    qui échappent donc au circuit officinal6.

    Par ailleurs, la politique de maîtrise des dépenses de santé menée par les Pouvoirs Publics a connu

    d’incontestables succès avec une panoplie de mesures bien connues, déremboursements totaux ou

    partiels de certains médicaments jugés à « service médical rendu insuffisant », baisses autoritaires

    de prix pour les produits les plus prescrits, accentuation des écarts de prix générique-princeps, incita-

    tions à une modération des prescriptions pour les médecins généralistes, etc.

    Le résultat de ces deux effets sur les remboursements de l’Assurance Maladie a été spectaculaire :

    alors que le poste médicament de l’Assurance Maladie progressait encore au rythme de près de 9%

    par an au début des années 2000, il est tombé à 1,5% environ en 2009 (Figure 2).

    ●●● Un taux de marge qui continue de décroître…

    A ce chiffre d’affaires s’applique un taux de marge décroissant. On connaît le mécanisme de la

    « Marge Dégressive Lissée » (MDL) dont le principe consiste à découper le PFHT en tranches et à ap-

    pliquer à chacune d’entre elles un taux de marge d’autant plus faible que la tranche est élevée. Les

    syndicats de pharmaciens avaient souscrit à ce système complexe en pensant échapper aux baisses

    récurrentes de marges fixes qui avaient rythmé les années 80. Le remède s’est vite révélé pire que le

    mal, la hausse continue du prix moyen des médicaments innovants faisant mécaniquement baisser le

    taux de marge à un rythme encore supérieur (perte d’un demi-point par an environ). En 1999, en

    échange de la participation active des officinaux à la politique naissante des génériques, les Pouvoirs

    Publics consentaient à amender le système en réduisant le nombre de tranches et en modifiant les

    taux7. Même s’il en est résulté une hausse temporaire du taux de marge en 1999 et une courbe de

    décroissance plus « plate » par la suite (Figure 3), cette réforme n’a pas remis en cause la logique de

    la MDL qui veut que le taux de marge baisse quand le prix moyen de l’unité distribuée augmente.

    Le développement des produits innovants et de la prescription hospitalière va dans ce sens. Le poids

    des produits de biotechnologies et des biosimilaires ne cesse d’augmenter : ils représentent au-

    jourd’hui près de 11% du marché officinal (produits de prescription) contre moins de 7% il y a deux

    ans8. Or, le PFHT d’une unité de ces produits est plus de 20 fois supérieur à celui des médicaments

    « classiques » (162 euros contre 8 euros environ). Soit une marge officinale (hors forfait) de 11,2%

    environ contre 21,6%.

    De même, la part de la prescription des médecins hospitaliers dans le chiffre d’affaires des officines

    ne cesse de croître : elle est passée de 17,5% en 2007 à 20% en 2009 (Figure 4) et dépasse celle de

    l’ensemble des spécialistes libéraux (17%). Les marges de distribution ne sont pas identiques selon la

    catégorie des prescripteurs : les marges totales hors taxes (grossistes plus officines) sont ainsi de près

    de 42% du PFHT (forfait compris) pour la prescription des généralistes, de 31% pour celle des spécia-

    listes libéraux et de 23% seulement pour les hospitaliers... Plusieurs raisons : le coût moyen des uni-

    tés prescrites est plus élevé et le taux de substitution générique pour la prescription hospitalière est

    plus faible que celui des médecins libéraux.

    6 Du moins durant les premières phases du cycle de vie des produits.

    7 Arrêtés des 12 février 2004 et 3 mars 2008 « relatifs aux prix et marges des médicaments remboursables ». La marge grossiste

    comporte quatre taux : 9,99% au-dessous d’un PHFT de 22,90 euros, 6% entre 22,90 et 150 euros, 2% entre 150 et 400 euros et 0%

    au-dessus de 400 euros. La marge pharmacien n’en comporte que trois : 21,6% au-dessous de 22,90 euros, 10% entre 22,90 et 150

    euros et 6% au-delà de 150 euros. A ces taux s’ajoute une partie forfaitaire de 53 centimes. 8 On se réfère ici aux produits de biotechnologies tels que définis et listés dans la lettre mensuelle IMS PharmaNews.

  • IMS PharmaNews Hors-Série n°3 ● page 5

    ●●● De nouveaux effets-structures : conditionnements trimestriels et associations à doses fixes

    Dans le cadre de son Plan Médicament de 2004, le gouvernement a décidé d’expérimenter la distri-

    bution de conditionnements pour trois mois de traitement dans quatre pathologies chroniques :

    l’hypertension artérielle, l’hypercholestérolémie, le diabète et l’ostéoporose, alignant ainsi les du-

    rées de prescription et les durées de dispensation (réglementairement une prescription de trois mois

    donne lieu à trois dispensations d’un mois). Cette disposition – qui a un peu surpris les non initiés –

    favorise les patients qui se déplacent moins pour renouveler leurs traitements et n’acquittent qu’une

    seule fois la franchise médicale (50 centimes par boîte quelle qu’en soit la taille). Elle défavorise en

    revanche les industriels (une boîte trimestrielle étant légèrement moins chère que 3 boîtes men-

    suelles) et surtout les officinaux qui subissent la mécanique de la MDL comme l’illustre l’exemple in-

    diqué dans le tableau 2 en annexe qui porte sur un célèbre antihypertenseur du marché9 (Tableau 2).

    En 2009 (CMA à fin août), environ un tiers des journées prescrites de traitement par Aprovel®150 mg

    était couvert par des boîtes trimestrielles dont le PPUBTTC était de 63,03 euros soit 2,7 fois le prix de

    trois boîtes mensuelles. Il en est résulté une perte de CA de près de 3 millions d’euros TTC par rap-

    port à la situation théorique sans grands conditionnements, soit une économie pour l’Assurance Ma-

    ladie de près de 2,4 millions d’euros10

    . Mais comme le montre la différence entre les évaluations en

    PFHT et en PPUBTTC, cette économie est réalisée à 84% sur les marges de distribution (grossistes et

    officines) et à 16% sur le coût fabricant11

    . Cet effet délétère sur le taux de marge est d’autant plus ef-

    fectif que les grands conditionnements se développent : ils représentent aujourd’hui 25% des unités

    de statines (hypolipémiants) contre 8% en 2007 et 26% des unités d’antihypertenseurs comme 11%

    en 2007.

    Le développement des associations à doses fixes – qui relèvent d’une autre logique médicale – a un

    effet similaire sur les marges de distribution. Il s‘agit de médicaments associant deux principes actifs,

    disponibles par ailleurs séparément, qui sont destinés à des patients nécessitant une bithérapie dans

    une indication donnée. L’association des deux principes actifs réduit le nombre de prises, diminue le

    montant des franchises et facilite l’observance des traitements. En revanche, cela réduit les marges

    du circuit de distribution par un effet du même ordre que précédemment : l’accroissement du prix

    moyen de l’unité dispensée. Dans l’hypertension artérielle par exemple, la différence entre le

    PPUBTTC et le PFHT de l’association valsartan/hydrochlorothiazide (c’est-à-dire la marge brute, taxes

    incluses) est de 10% environ inférieure à la somme des marges des deux molécules dispensées sépa-

    rément. En 2009, les associations représentaient 31% du CA des antihypertenseurs contre 26% en

    2007.

    ●●● Une marge qui baisse en valeur

    De l’application de taux de marge décroissant à un chiffre d’affaires stagnant, voire diminuant

    comme dans le cas des médicaments remboursables, il en résulte une marge décroissante. La Figure

    5 (qui porte sur le médicament remboursable) montre que les marges hors taxes des grossistes ont

    régressé de 2,3% et de 2,6% en 2008 et 2009 tandis que celles des officinaux baissaient de 0,5% et de

    1,5%. Cette perte de marge en valeur est un phénomène récent. Jusqu’à présent, l’augmentation de

    la taille du marché parvenait à compenser les effets de la MDL. Ce n’est plus le cas.

    9 Dont la posologie moyenne est d’un comprimé par jour.

    10 Taux moyen de remboursement d’Aprovel® 150 mg selon la base MEDICAM 2004-2008 : 78,7%.

    11 Ce calcul suppose que les patients observent parfaitement leur traitement. Si 16% des patients achetant une boîte trimestrielle,

    arrêtent ou changent leur traitement avant la fin du premier mois, le bénéfice des grands conditionnements disparaît et la mesure

    devient une source de dépenses supplémentaires sans bénéfice thérapeutique.

  • IMS PharmaNews Hors-Série n°3 ● page 6

    ●●● Des génériques moins lucratifs…

    La baisse des marges est également imputable à un autre phénomène moins mécanique, moins

    technique et plus politique, avec le tournant dans la politique des génériques auquel on assiste dans

    une relative discrétion.

    Sans revenir sur une histoire passablement compliquée, le générique commence à réellement décol-

    ler en France en 1999, quand les Pouvoirs Publics ont fait le choix de s’appuyer sur le réseau officinal

    pour assurer la distribution de produits qui n’étaient guère prescrits par les médecins ni demandés

    par les patients.

    Trois mesures sont venues matérialiser ce tournant, d’abord l’introduction dans la législation fran-

    çaise d’un droit de substitution permettant au pharmacien de distribuer un générique en lieu et

    place du princeps prescrit12

    ; ensuite l’adoption d’un principe de maintien de la marge officinale d’un

    générique, pourtant 30% moins cher, au niveau de celle du produit princeps en valeur absolue ; enfin

    l’autorisation pour le pharmacien de percevoir de la part des fabricants des remises légales supé-

    rieures à celles des produits non génériques (10,74% du PFHT contre 2,5% pour les non génériques)

    auxquelles sont venues s’ajouter en 2002 des « remises pour collaboration commerciale » (les fa-

    meuses « marges arrière ») qui sont des remises différées, payées périodiquement en fonction du vo-

    lume de vente des officines.

    Le générique devenait ainsi plus rémunérateur pour le pharmacien que le princeps et entre 1999 et

    2002, le marché du générique a véritablement décollé en France, 5 ans après son lancement officiel

    et 3 ans après le plan Juppé qui en avait précisé le statut juridique13

    .

    Or, depuis quelques années, ces avantages sont remis en cause, d’une part à travers des baisses sys-

    tématiques et significatives du prix des princeps au moment de leur « généricisation », et d’autre

    part à travers la fin du régime particulier des remises légales et supplémentaires.

    La baisse des prix peut être illustrée par l’exemple de la Velafaxine® LP 37,5 mg (boîte de 30), dont le

    groupe générique a été créé au répertoire le 11/03/2008 et dont les premiers génériques ont été ins-

    crits le 20/11/2008 avec un PFHT de 4,55 euros et un PPUBTTC de 7,71 euros, soit une baisse de prix

    de 41% par rapport au prix de la spécialité de référence (Effexor® LP 37,5mg B/10). Comme le montre

    la Figure 6, ce dernier n’a cessé de baisser à l’approche de la date de perte du brevet : il est ainsi pas-

    sé de 14,29 euros (PPUBTTC) au 21/02/2004, à 14,01 euros au 15/01/2007, à 13,20 euros au

    01/11/2007, à 13,17 euros au 07/03/2008 (modification de la marge grossiste), et, finalement, à

    11,28 euros au 06/12/2008, au moment du lancement des génériques (soit une dernière baisse de

    15%).

    Conclusion : la marge générique reste égale à la marge du princeps (2,55 euros par unité) mais celle-

    ci a diminué de 15% en valeur entre novembre 2007 et décembre 2008 (Tableau 3)14

    en raison des

    modifications de prix.

    12

    Limité par l’existence d’un « répertoire » listant les substitutions autorisées, ce qui est un dispositif plus restrictif que celui en

    vigueur dans les autres pays où la substitution se fait sur la base de la seule identité des DCI. 13

    En 1994, les Pouvoirs Publics avaient tenté de nouer des accords avec des industriels pour mettre sur le marché une première

    offre générique. Parallèlement, un statut juridique et économique du médicament générique était mis au point, notamment à

    l’occasion du Plan Juppé de 1996. Mais faute de demande, cette politique n’a pas donné les résultats escomptés et la part des géné-

    riques a continué de stagner. D’autres mesures sont intervenues par la suite, l’accord tarifaire avec les médecins sur le C à 20 euros

    en 2002 qui avait en contrepartie l’engagement de ces derniers à jouer le jeu de la substitution, l’accord officine-CNAMTS fixant un

    objectif de 80% de substitution pour les 20 plus grosses molécules du répertoire en 2008 pour éviter les TFR et la mesure dite

    « tiers-payant contre générique » réservant le principe du tiers-payant aux seuls patients acceptant la substitution générique. 14

    Elle reste bien entendu supérieure à celle qui résulterait de l’application au générique du calcul de droit commun. Dans ce cas, la

    baisse de marge par rapport au prix initial (avant baisse) aurait été de 41%.

  • IMS PharmaNews Hors-Série n°3 ● page 7

    Par ailleurs, la loi Chatel entrée en vigueur au 1er janvier 2008 a plafonné à 17%, le total des remises

    légales et de remises différées aboutissant, selon une estimation de la Cour des Comptes, à une

    baisse de marge de près de 9 points de PFHT pour les seuls officinaux (Tableau 4).

    Ce double dispositif de baisse de prix des princeps et d’encadrement des avantages commerciaux

    consentis par les industriels aux pharmaciens - auquel il faudrait ajouter la mesure dite « génériques

    contre tiers-payant » - marque certainement la fin progressive d’une politique du générique exclusi-

    vement centrée sur l’officine, ou à tout le moins, une révision à la baisse du « prix » payé à l’officine

    pour son implication dans cette politique, compte tenu notamment du taux de substitution de 82%

    affiché sur les « grosses » molécules du répertoire.

    C’est à une telle révision qu’appelait implicitement en 2008 le rapport de la Cour des Comptes préci-

    té. L’axe actuellement privilégié par les Pouvoirs Publics en matière de génériques consiste à éviter la

    « fuite » des prescriptions de molécules génériquées vers des molécules équivalentes non encore

    génériquées, plus chères et non substituables. C’est à quoi s’attache le récent Contrat d’Amélioration

    des Pratiques Individuelles (CAPI) proposé par les caisses aux médecins, qui vise à mettre en place en

    France un début de rémunération « à la performance », le taux de prescription dans le répertoire

    étant précisément l’un des indicateurs de performance retenu.

    ●●● Une automédication qui tarde à décoller…

    Ce qu’elles perdent du côté des génériques, les officines le retrouvent-elles du côté de

    l’automédication dont le développement constitue également un axe de la politique du

    médicament ? Pas vraiment, du moins pour l’instant (Figure 7). Le marché de l’automédication, défini

    ici comme celui des médicaments de prescription médicale facultative (PMF) délivrés sans ordon-

    nance15

    - qu’ils soient remboursables (prix et marges réglementés et TVA à 2,1%) ou non (prix et

    marges libres et TVA à 5,5%) - ne connaît en effet qu’une croissance très modérée (+1,1% en 2009)16

    .

    L’évolution a été plus favorable en 2008 (+3,1%) mais cela était essentiellement dû au dérembour-

    sement des veinotoniques intervenu le 1er janvier 2008. Cette mesure a fait chuter drastiquement

    les ventes (de 50% environ en unités et en valeur), a transféré ces médicaments de la catégorie PMF

    remboursables à PMF non remboursables et a induit une part plus importante d’achats sans ordon-

    nance, la prescription médicale n’étant plus la condition du remboursement.

    Dans le cadre de sa politique, et suivant les recommandations du rapport Coulomb-Baumelou, le

    gouvernement a autorisé certains produits de PMF à passer « devant le comptoir » au 1er juillet

    2008, alignant ainsi la France sur une pratique courante dans les pays anglo-saxons (produits « Over

    The Counter »). Cette décision a suscité en son temps des débats passionnés mais elle n’a connu à ce

    jour qu’un succès limité. Environ 44% des officines ont créé un espace dédié aux médicaments « en

    accès direct », selon, semble-t-il, des modalités très diverses et, s’il est sans doute encore trop tôt

    pour faire un bilan d’une opération lourde qui nécessite des aménagements matériels et des chan-

    gements d’habitude qui ne s’opèrent pas en quelques mois, la mesure n’a jusqu’à présent bouleversé

    l’économie officinale ni sur le plan des ventes, ni sur celui des prix. Le CA de ces produits sur la pé-

    riode janvier-juin 2009 (où ils étaient accessibles en libre accès) n’a progressé que de 2,2% par rap-

    port à la même période de l’année précédente (où ils ne l’étaient pas), soit une croissance inférieure

    à celle que ces mêmes produits avaient connue précédemment (Figure 8).

    15

    Les produits de PMF peuvent en effet être prescrits. C’est même le cas de la majorité d’entre eux puisque le PMF prescrit repré-

    sente environ les deux tiers du PMF total (3,4 Mds euros sur 5,5 Mds euros en 2009). 16

    La Figure 1 montre une évolution négative de l’ensemble du médicament non remboursable (-0,6%) qui est imputable à une chute

    importante du PMF non remboursable prescrit (-3% en 2009).

  • IMS PharmaNews Hors-Série n°3 ● page 8

    ●●● La pharmacie : un service de proximité ?

    Pour compléter ce tableau économique de l’officine pharmaceutique en 2009, on ne peut manquer

    d’évoquer le déclin démographique qui s’est amorcé en France métropolitaine ces toutes dernières

    années. Après avoir culminé à 22 600 environ en 2001 (hors pharmacies mutualistes et pharmacies

    minières), le nombre de pharmacies a amorcé une lente baisse, une cinquantaines de pharmacies

    disparaissant ainsi chaque année depuis 2005 (Figure 9).

    Ce mouvement est encouragé par les Pouvoirs Publics dont le diagnostic, partagé par une grande

    partie de la profession, fait état d’un surnombre de 5 000 officines si l’on en croit la nouvelle norme

    démographique, adoptée par le Parlement à l’occasion de la LFSS 2008, d’une officine pour 3 500 ha-

    bitants contre une officine pour 2 800 habitants environ actuellement17.

    On sait qu’il existe en Europe de très grandes disparités dans la densité des pharmacies – la France

    avec 36 pharmacies pour 100 000 habitants contre 26 en Allemagne et 18 seulement au Royaume-

    Uni étant l’un des pays les mieux dotés – même si la différence dans les structures de distribution

    (existence de chaînes ou de médecins pro-pharmaciens) rend difficile l’interprétation de ces diffé-

    rences. Toujours est-il que les Pouvoirs Publics, après avoir relevé les seuils de population pour la

    création d’une officine, après avoir mis fin à la politique laxiste des régimes dérogatoires qui avaient

    permis des ouvertures d’officines en sus des normes en vigueur, conduisent dorénavant une action

    plus volontariste, notamment depuis 2008, encourageant les transferts d’activité des zones « sur-

    denses » vers les zones « sous-denses » ainsi que les regroupements de pharmacies.

    Quel sera l’effet de cette évolution démographique sur le modèle économique de l’officine ? Elle

    peut certes permettre aux pharmacies « survivantes » d’absorber le tassement – voire la baisse – des

    marges globales de distribution. Mais, plus généralement, elle pose la question du « modèle écono-

    mique » de l’officine et de sa capacité à couvrir le territoire et à délivrer un service de proximité.

    A cet égard, on peut imaginer deux scénarios alternatifs avec, d’une part, un modèle de « complé-

    mentarité locale » où les officines se maintiendraient dans les zones où la démographie médicale est

    la plus faible, devenant ainsi un relais local de soins primaires, et d’autre part, un modèle de « con-

    centration locale » où la démographie des pharmacies tendrait à rejoindre celle des médecins re-

    groupés dans des centres urbains (éventuellement sous la forme de maisons médicales) avec,

    comme corollaire, une désertification médicale et pharmaceutique des zones rurales.

    Le premier scénario repose sur l’hypothèse que l’officine devienne un substitut partiel au médecin

    pour certaines des tâches qui incombent à celui-ci. C’est la direction prise par la loi HPST dont nous

    rappelions en introduction qu’elle confie au pharmacien un rôle élargi en tant qu’acteur de soins

    primaires, notamment en matière de suivi des pathologies chroniques, d’éducation pour la santé, de

    renouvellement de prescriptions, etc. L’existence d’une pharmacie dans une zone sans médecin gé-

    néraliste peut constituer un élément de « permanence des soins » et de continuité de la mission de

    santé publique. Le fait, relevé par l’Ordre des Pharmaciens18

    , que la répartition géographique des

    pharmacies sur le territoire est un peu moins inégalitaire que celle des médecins va dans ce sens.

    17

    PLFSS 2008, art. 39 : « L’ouverture d’une officine dans une commune qui en est dépourvue ne peut être autorisée par le préfet que lorsque le nombre d’habitants par pharmacie est égal ou supérieur à 2 500. Lorsqu’une licence a été précédemment accordée pour une officine située dans une commune, il ne peut être ensuite délivré pour cette même commune qu’une licence par tranche entière de 3 500 habitants recensés dans les limites de la commune ». 18

    Cf. La plaquette « Eléments démographiques, panorama au 1er

    janvier 2009 » en ligne sur le site de l’ordre

    (http://www.ordre.pharmaciens.fr). Le document fait état d’un rapport de 1 à 3 entre le département le plus dense en médecins

    (Paris : 369 pour 100 000 habitants) et le département le moins dense (Eure : 116 pour 100 000 habitants). Le rapport est de 1 à 2,1

    seulement pour les pharmacies (Creuse : 51,4 pharmacies pour 100.000 habitants vs. Bas-Rhin : 24,7). Ce phénomène tient cepen-

    dant essentiellement aux médecins spécialistes. Pour les médecins généralistes, l’écart est du même ordre que celui des pharma-

    cies, voire légèrement inférieur (1 à 1,9).

  • IMS PharmaNews Hors-Série n°3 ● page 9

    De même, les fortes densités d’officines sont souvent observées dans des zones à faible population

    alors que les fortes densités médicales sont toujours associées à des centres urbains importants.

    A l’inverse, on peut craindre, alors que les pharmacies les plus grosses et les plus actives étant sou-

    vent celles qui se situent à proximité des centres de consultation médicales, que l’évolution de la lo-

    calisation des officines tende à se rapprocher de celles des centres de consultations médicales, la

    pharmacie se contentant alors de son rôle traditionnel de dispensation de médicaments. La désertifi-

    cation pharmaceutique en zone rurale accompagnerait alors la désertification médicale.

    Il est à craindre que l’évolution spontanée aille plutôt dans cette dernière direction, l’option de

    « complémentarité » passant par une action volontariste des Pouvoirs Publics de façon à soutenir des

    officines à faible activité mais à « fort service public ».

    ●●● Quelle pharmacie pour demain ?

    Au total et en conclusion, bien que renforcée dans son « modèle juridique », l’officine française est

    sans doute confrontée à une évolution majeure de son « modèle économique » sous la double pres-

    sion d’une érosion de sa rentabilité économique et d’un irréversible déclin démographique.

    On peut imaginer les pharmacies françaises de demain comme des entreprises indépendantes, adhé-

    rant néanmoins à des groupements (comme c’est déjà le cas de 60% d’entre elles), moins nom-

    breuses (aux environs de 16 000), offrant des services personnalisés à leur clientèle peut-être plus

    fidèle - si l’idée d’un « pharmacien référent » se développe -, assurant des missions de permanence

    des soins dans les zones rurales, interconnectées par le biais du Dossier Pharmaceutique électro-

    nique qui permettra à terme une dématérialisation des ordonnances et un meilleur suivi de la

    dispensation, et bénéficiant d’autres modes de rémunération (honoraires, forfait, capitation, etc.)

    que la marge commerciale traditionnelle sans doute encore appelée à diminuer.

    Un élément important du modèle est la transformation d’un rôle de simple dispensateur de médica-

    ments à celui d’acteur de santé publique, ce qui passe notamment par l’engagement dans de nou-

    velles fonctions de « prestataire de services », comme le portage ou la livraison à domicile des médi-

    caments pour les personnes âgées, le suivi des malades chroniques avec rappel du renouvellement

    d’ordonnance, la prise en charge du premier recours pour les pathologies « bénignes » (diarrhée,

    rhume banal, ...), la tenue de dossiers patients électroniques, notamment pour les patients chro-

    niques, la participation aux réseaux de pharmacovigilance ou à des réseaux de santé, par exemple en

    matière de diabète, d’insuffisance cardiaque, d’asthme, etc., l’engagement dans des politiques de

    prévention, par exemple en matière de sevrage tabagique, de bon usage du médicament, etc. Une

    telle évolution nécessiterait sans doute une réforme des modes de rémunération avec éventuelle-

    ment une tarification séparée des services et des produits.

    C’est en tout cas sous ce double signe de la stabilité juridique et du changement économique que

    l’officine doit aujourd’hui penser à son avenir.

  • IMS PharmaNews Hors-Série n°3 ● page 10

    Figures et Tableaux

    Figure 1 : Le chiffre d’affaires officinal en PBUPHT

    26 576.48 26 830.88 26 797.18

    2 424.77 2 608.24 2 591.68 1 963.35 2 084.56 2 150.19 2 689.59 2 738.81 2 778.86

    -

    5 000.00

    10 000.00

    15 000.00

    20 000.00

    25 000.00

    30 000.00

    35 000.00

    40 000.00

    2007 2008 2009

    Mil

    lio

    ns

    d'e

    uro

    s

    Chiffre d'affaires officinal en PPUBHT(CMA à fin septembre)

    AMM remboursable AMM non remboursable Non AMM remboursable Non AMM non remboursable

    +0,93%

    +1.46%+1,83%

    +6,17%

    +7,57%

    +3.15%

    -0.63%

    -0.13%

    +1,81% +0.16%

    Source : IMS Health, octobre 2009

    Figure 2 : Evolution des remboursements de médicaments du Régime Général

    8.80%

    7.20%

    6.10% 6.10%

    4.80%

    0.90%

    4.80%

    3.70%

    1.40%

    0.0%

    1.0%

    2.0%

    3.0%

    4.0%

    5.0%

    6.0%

    7.0%

    8.0%

    9.0%

    10.0%

    Tau

    x d

    e c

    rois

    san

    ce

    Evolution des remboursements de médicaments du Régime Général

    Source : CNAMTS, 2009

  • IMS PharmaNews Hors-Série n°3 ● page 11

    Figure 3 : Evolution de la marge officinale en pourcentage du prix moyen des

    médicaments remboursables

    20

    22

    24

    26

    28

    30

    32

    34

    (Po

    urc

    en

    tag

    e)

    Marge officinale en pourcentage du prix moyen

    des médicaments remboursables

    Marges fixes MDL 1ère version MDL révisée

    Source : IRDES, EcoSanté, 1999

    Figure 4 – La prescription hospitalière dans le marché officinal

    12 824 12 848 12 658

    3 260 3 400 3 412

    3 409 3 653 3 881

    -

    5 000

    10 000

    15 000

    20 000

    25 000

    2007 2008 2009

    Mil

    lio

    ns

    d'e

    uro

    s

    La prescription hospitalière dans le marché officinal (remboursable et non remboursable en PFHT)

    Généralistes Spécialistes libéraux Hospitaliers

    19 943 19 95119 901

    +0.2% -1,5%

    +0.4%

    +6,2%+7,2%

    +4,3%

    Source : IMS Health, octobre 2009

  • IMS PharmaNews Hors-Série n°3 ● page 12

    Figure 5 : Les marges de distribution pharmaceutiques

    19 141 19 465 19 531

    1 677 1 638 1 595

    5 785 5 755 5 670

    532 537 563

    0

    5 000

    10 000

    15 000

    20 000

    25 000

    30 000

    2007 2008 2009

    Mil

    lio

    ns

    d'e

    uro

    s

    Marges de distribution pharmaceutiques (médicament officinal remboursable)

    CA PFHT Marge grossiste Marge officine TVA

    +1,7% +0,3%

    -2,6%

    -1,5%-0,5%

    -2,3%

    Source : IMS Health, octobre 2009

    Figure 6 : Historique des PFHT et PPUBTTC de Effexor® LP 37,5 mg (B/30)

    02/04/1999

    01/09/1999 01/01/2002 21/02/200415/01/2007

    01/11/2007

    07/03/2008

    06/12/2008

    30/09/2009

    4.00 €

    6.00 €

    8.00 €

    10.00 €

    12.00 €

    14.00 €

    16.00 €

    Evolution du PFHT et du PPUBTTC de Effexor® LP 37,5 mg (B/30)

    PPUBTTC PFHT

    Arrivée des

    génériques

  • IMS PharmaNews Hors-Série n°3 ● page 13

    Figure 7 : Le marché des médicaments d’automédication

    1 531 1 593 1 610

    371 368 373

    -

    500

    1 000

    1 500

    2 000

    2 500

    2007 2008 2009

    Mil

    lion

    s d

    'Eu

    ros

    Le marché des médicaments d'automédication (PMF non prescrits en PPUBTTC)

    Non remboursables Remboursables

    +4,0%

    +1,3%

    +1,1%

    +1,1%+3,1%

    -0,9%

    Source : IMS Health, octobre 2009

    Figure 8 : CA des produits passés en libre accès depuis le 1er juillet 2008

    123.02 130.45 134.66

    123.45 129.78 131.37

    -

    50

    100

    150

    200

    250

    300

    2007 2008 2009

    Mil

    lio

    ns

    d'e

    uro

    s

    Ventes des médicaments passés en libre accès après juillet 2008 (janvier-juin)

    PFHT Marges et TVA

    243,47 266,04260,24

    3,2%

    1,2%

    6,0%

    5,1%

  • IMS PharmaNews Hors-Série n°3 ● page 14

    Figure 9 : La démographie des officines libérales en France métropolitaine

    12000

    14000

    16000

    18000

    20000

    22000

    24000

    1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010

    no

    mb

    re d

    'off

    icin

    es

    (Fra

    nce

    tro

    po

    lita

    ine

    )

    Le nombre d'officines en France métropolitaine

    Source : IRDES, EcoSanté 2009

  • IMS PharmaNews Hors-Série n°3 ● page 15

    Tableau 1 : Effet des conditionnements trimestriels sur le CA officinal

    Produit

    Unités

    (2009) PFHT PPUBTTC

    CA PHFT

    (2009)

    CA PPUBTTC

    (2009)

    Avec les

    « grandes

    boîtes »

    Aprovel®150 mg

    (boîtes de 30 cp) 2.190.486 16,70€ 23,73€ 36.581.116 € 51.980.232 €

    Aprovel®150 mg

    (boîtes de 90 cp) 363.859 48,80€ 63,03€ 17.756.319 € 22.934.032 €

    54.337.435 € 74 914 265 €

    Sans

    « grandes

    boîtes »

    Aprovel®150 mg

    (boîtes de 30 cp) 3.282.063 16,70€ 23,73€ 54.810.452 € 77.883.354 €

    Différence 473.016 € 2.969.089 €

    Tableau 2 : Les prix du princeps et des génériques

    L’exemple de la Venlafaxine® LP 37,5 mg B/30)

    Effexor® LP 37,5 mg (B/30) Venlafaxine® LP

    37,5 mg (B/30)

    Prix au

    01/11/2007

    Prix au

    06/12/2008

    Prix au

    20/11/2008

    PFHT 9,09 € 7,73 € 4,55 €

    Marge grossiste 9,93% 0,90 € 0,77 € 0,45 €

    Marge pharma-

    cien

    Forfait 0,53 € 0,53 €

    26,10% 2,38 € 2,02 €

    Total 2,91 € 2,55 € 2,55 €

    PPHT 12,92 € 11,05 € 7,55 €

    TVA 2,10% 0,27 € 0,23 € 0,16 €

    PPUBTTC 13,17 € 11,28 € 7,71 €

    Source : calcul de l’auteur selon les chiffres de la base de données et information tarifaire

    (BdM_IT) de la CNAMTS.

    Tableau 3 : Remises et ristournes applicables aux génériques

    Avant la Loi

    Chatel

    Après la loi

    Chatel

    Marge arrêté du 4 août 1987 26,10% 26,10%

    Remises art. L.138-9 10,74% 17%

    Coopération commerciale 15%

    Marge grossiste 10,30% 9 ,93%

    Total 62,14% 53,03%

    Source : Cour des comptes, Rapport Sécurité Sociale, septembre 2008, Chapitre 4.