Horizon d'ici 2011

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Tiroir No 24 Michael Delisle

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Cahier d'esquisse

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Tiroir No 24Michael Delisle

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Le programme en Arts et Lettres, profil Lettres, a le vent dans les voiles. Pour une huitième fois, la parution de la revue Horizons d’ici marque la fin du parcours de ses finissantes et finissants, dont la formation privilégie l’analyse, la critique et la création littéraires ainsi que l’étude des arts visuels.

Le contenu de la revue Horizons d’ici s’intéresse à la littérature québécoise actuelle et s’inscrit dans le cadre du Prix littéraire des collégiens. Cinq romanciers québécois, publiés en 2010, sont en lice dans ce concours auquel participent au-delà d’une trentaine de collèges. Il s’agit de Ook Chunk, François Gravel, Yves Gosselin, Lise Tremblay et Michel Tremblay. L’auteur, dont l’œuvre est choisie par les élèves des collèges, reçoit le Prix littéraire des collégiens, au Salon du livre de Québec, au printemps 2011.

Les élèves finissants en Lettres du Collège Ahuntsic ont analysé les romans des auteurs finalistes ainsi que leurs parcours littéraires. Cinq équipes se sont consacrées à la rédaction de cahiers sur les romanciers. Les cahiers comprennent les rubriques suivantes : une présentation de l’auteur et de son œuvre, une entrevue de l’auteur, des dossiers critiques ainsi que des textes de création inspirés de l’univers des œuvres.

Aux finissants en Lettres s’associent les finissants en Graphisme qui assurent pour la deuxième année, la réalisation des revues. En effet, aux équipes de Lettres se sont jointes des équipes de graphistes, les premières fournissant le contenu, l’expertise littéraire, les autres interprétant visuellement les univers des cinq auteurs. Nous tenons à souligner l’accueil chaleureux du département de Graphisme, de Élaine Baribeault, sa coordonnatrice, de François Drouin, notre complice dans la réalisation de la revue. Nous reconnaissons surtout le travail de grande qualité des professeurs de graphisme et de leurs élèves.

Au terme des deux années d’études de nos finissantes et finissants en Lettres, je tiens à présenter ici mes collègues du programme de Lettres qui leur ont enseigné. Les textes que vous lirez dans ces cahiers mettent à profit leur enseignement, leur passion pour la littérature et les arts, leur plaisir à la partager. Je pense ici à Monique Boucher, Robert Claing, Linda Delisle, Claudine Déom, Jacinthe Garand, Christiane Gosselin, Marie-Hélène Lapointe, Guy Ménard, Josée Migraine et Gaétan Saint-Pierre. Qu’on me permette de rendre un hommage très particulier à Marie Gagné qui a su diriger de main de maître et mener à son terme l’ambitieux projet de fin d’études en Lettres.

Je remercie Line Boileau, notre nouvelle directrice des études et Isabelle Lamarre, coordonnatrice de l’enseignement préuniversitaire, pour la confiance qu’elles nous accordent, à mes collègues, à mes élèves et à moi-même, en encourageant notre travail.

Mon dernier mot est pour les élèves finissants de 2011. Vous avez entre les mains votre revue littéraire, une marque tangible de votre passage au collège, une trace de vous tous, de votre formation et des efforts que vous avez déployés durant vos deux années d’études, un geste de vie. Hommage à vous donc et que la littérature et les arts continuent d’accompagner vos jours.

ÉditorialNathalie Roussin

1.04 - Éditorial

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Éditorial - 1.05

Je ne suis pas un homme,je suis juste un gars ... »

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Le roman de François Gravel, intitulé Adieu, Betty Crocker, repose sur la vie d’une ménagère des années 1950. Le récit présente le point de vue d’un universitaire sur la vie que sa tante a menée. Après une brève recherche, le narrateur, Benoît, découvre que sa tante est une ménagère qui sortait très peu, pour ne pas dire jamais. Arlette, sa tante, était atteinte d’agoraphobie, mais malgré sa claustration, elle avait réussi à vivre une vie bien normale. L’agoraphobie est une manifestation d’angoisse liée à l’espace, c’est la peur panique et irraisonnée de se trouver dans un espace à découvert. On associe cette maladie au déplacement d’une angoisse liée à une représentation refoulée, soit un sentiment ou un événement qui nous a marqué et dont on veut se protéger. Une personne agoraphobe se sent un peu comme un enfant de deux ans qui aurait perdu sa mère dans un supermarché ou comme une personne venant d’échapper de justesse à un accident qui aurait pu être mortel. En cela, on peut relier Arlette à la disparition de son père supposément parti à la guerre. La cause principale de la phobie d’Arlette est le départ du père, soit l’absence d’un père dans sa vie. Par la suite, des faits sont venus accentuer l’agoraphobie d’Arlette, si on pense à la mort subite de son mari et, un peu plus tard, à celle du chat que son fils lui avait donné.

La vie douce d’une agoraphobeMizia Émond

4.12 - Dossier Critique

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Le rôle de Benoît, dans ce roman, est celui de nous exposer la maladie d’Arlette et la manière dont elle s’y prenait pour cohabiter avec cette phobie. Pour ce faire, il rencontre les deux enfants d’Arlette, sa cousine et son cousin, pour essayer de voir s’ils n’ont pas manqué de quelque chose en raison de la situation émotionnelle que vivait leur mère. Il réalise alors que ces enfants ont été mieux traités que lui-même et la plupart des enfants de son entourage. Arlette était toujours là pour ses enfants, elle les attendait au dîner, leur faisait toutes sortes de collations et leur concoctait toutes sortes de déguisements semblables à ceux de leurs idoles. Dans l’extrait qui suit, on comprend bien vite que sa fille Sylvie n’a souffert en rien de la maladie de sa mère, bien au contraire : « Toutes mes amies m’enviaient : elles étaient obligées de dépenser leur argent de poche pour acheter leurs revues, tandis que moi c’était ma mère qui me les payait ! On feuilletait des magazines ensemble, on discutait des coupes et des couleurs, et j’adorais ça. » ( p. 68 ) La maladie de sa mère permettait à Sylvie de passer plus de temps avec elle. Elle avait même droit à un traitement spécial comparativement à ses copines. Pour sa part, son frère semble partager le même point de vue : « Ça faisait mon affaire d’avoir une mère à ma disposition, toujours disponible et serviable. Ça faisait mon affaire d’avoir une mère, tout comme ça faisait l’affaire de ma mèred’avoir un fils » ( p. 87 ) Comme l’affirme le fils d’Arlette, Daniel, pour lui, sa mère était une femme tout à fait normale. Les enfants d’Arlette ont été influencés par leur mère à choisir un métier qu’ils aimaient et qui les mettrait à l’abri des dangers. À première vue, ils ne possèdent donc aucun complexe lié à l’habitude qu’avait prise leur mère de ne jamais sortir.

Un second aspect qu’on peut soulever dans de ce roman est la relation qu’entretient Benoît avec sa tante et la perception qu’il a de cette dernière. Pour lui, Arlette est la ménagère soumise typique. On se rappelle que Benoît est diplômé d’université. Ce diplôme signifie pour lui son accomplissement au sein de la société, c’est pourquoi il a de la difficulté à comprendre le but qu’Arlette s’était fixé en décidant de ne plus sortir de chez elle. Il ne peut comprendre la destinée qu’elle a choisie, car pour lui, la vie ne peut se passer entre quatre murs, sans jamais sortir de sa maison. Il ne peut la juger, car comme tous les amis de ses cousins, il envie l’attention qu’Arlette portait à ses enfants et a souvent souhaité que sa mère soit semblable.

Avec l’aide de sa sœur Jocelyne, Benoît a tenté de décortiquer la vie d’Arlette pour comprendre quel choc elle a subi pour en venir au moyen radical de ne plus mettre le nez dehors. Un événement pourrait être la cause principale de sa claustration, soit l’abandon de son père, qui quitte sa famille. La mère d’Arlette lui avait raconté que son père était décédé à la guerre, mais Arlette se doutait bien que sa mère lui mentait, car s’il en avait été ainsi, son père aurait été un héros et sa mère n’aurait cessé de rabattre les oreilles de tout le monde avec ça, ce qui n’était pas le cas. Elle réalise donc tranquillement que sa mère lui avait menti. Elle remarque peu à peu que les gens chuchotent lorsqu’elle se promene dans les rues, que ses amis la dénigrent en mettant en cause l’absence de son père. Tous savaient que son père ne les avait pas quittées pour aller combattre à la guerre, il les avait tout simplement abandonnées. Elle ressent une infériorité face à ses amis et devient méfiante dans ses relations avec autrui. Elle développe une peur face à autrui. Ce fut le début de son agoraphobie. Elle compend aussi qu’il est possible de quitter la maison et de ne jamais y revenir, que des éléments plus forts que notre personne peuvent nous empêcher de revenir. L’absence du père est un possible déclencheur d’un complexe chez un enfant, comme ce fut le cas pour l’enfant qu’était Arlette : « Même si le train avait été arrêté, même si les portes avaient été grandes ouvertes, j’étais tellement petite que je n’aurais pas pu grimper dans le wagon. Il aurait fallu que je me fasse soulever.

Dossier Critique - 4.13