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Juillet 2003 la lettre du Laboratoire d’Analyse et d’Architecture des Systèmes du CNRS Hommage à Jean Lagasse Jean Lagasse, fondateur du LAAS-CNRS qu’il a dirigé de 1968 à 1973, est décédé le 24 avril dernier à l’âge de 78 ans JEAN LAGASSE, directeur-fondateur du LAAS est décédé le 24 avril 2003. Ce numéro de la Lettre du LAAS lui rend hommage. Des compagnons de route, des anciens élèves, des collaborateurs de Jean Lagasse apportent ici leurs témoignages, spontanés et souvent très personnels. Ils témoignent de l’homme chaleureux, attentif aux autres et à l’enthousiasme communicatif, de sa jeunesse d’esprit et de son grand sourire lumineux, de l’homme d’action infatigable, du scientifique créatif et visionnaire, de l’enseignant charismatique. Ils témoignent également sur l’ami qu’ils ont eu le privilège d’accompagner. Ces témoignages illustrent une personnalité exemplaire à plus d’un titre, en particulier : L’ouverture de Jean Lagasse à de nouvelles disciplines scientifiques et à leurs prolongements technologiques et industriels, ouverture qui l’a conduit de l’électrotechnique aux sciences pour l’ingénieur, de l’essor de l’automatique en France et au niveau mondial à la direction scientifique de Renault. Son effort constant de rassembler et de bâtir, au-delà des frontières, effort illustré par la création du LGE, celle du LAAS en 1967, trait d’union entre l’Université Paul Sabatier, l’Institut National des Sciences Appliquées et l’Institut National Polytechnique de Toulouse, et celle du département SPI du CNRS. Son attention et son écoute des autres, dans l’action collective et dans la focalisation des énergies vers l’intérêt commun, conjuguées à son talent pour l’organisation efficace et professionnelle, mais qui reste d’abord humaine, qualités illustrées dans la mise en place de structures, tel le Conseil du laboratoire, et de modalités de fonctionnement, aujourd’hui la norme. éditorial NUMÉRO SPÉCIAL [suite page suivante]

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Juill

et 2

003 la lettre

du

Laboratoire d’Analyse et d’Architecture des Systèmes du CNRS

Hommage à Jean Lagasse

Jean Lagasse, fondateurdu LAAS-CNRS qu’il adirigé de 1968 à 1973,est décédé le 24 avrildernier à l’âge de 78 ans

JEAN LAGASSE, directeur-fondateur du LAAS est décédé le 24 avril2003. Ce numéro de la Lettre du LAAS lui rend hommage. Descompagnons de route, des anciens élèves, des collaborateurs de JeanLagasse apportent ici leurs témoignages, spontanés et souvent trèspersonnels. Ils témoignent de l’homme chaleureux, attentif aux autres età l’enthousiasme communicatif, de sa jeunesse d’esprit et de son grandsourire lumineux, de l’homme d’action infatigable, du scientifique créatifet visionnaire, de l’enseignant charismatique. Ils témoignent égalementsur l’ami qu’ils ont eu le privilège d’accompagner.

Ces témoignages illustrent une personnalité exemplaire à plus d’untitre, en particulier :• L’ouverture de Jean Lagasse à de nouvelles disciplines scientifiques

et à leurs prolongements technologiques et industriels, ouverture quil’a conduit de l’électrotechnique aux sciences pour l’ingénieur, del’essor de l’automatique en France et au niveau mondial à la directionscientifique de Renault.

• Son effort constant de rassembler et de bâtir, au-delà des frontières,effort illustré par la création du LGE, celle du LAAS en 1967, traitd’union entre l’Université Paul Sabatier, l’Institut National desSciences Appliquées et l’Institut National Polytechnique de Toulouse,et celle du département SPI du CNRS.

• Son attention et son écoute des autres, dans l’action collective et dansla focalisation des énergies vers l’intérêt commun, conjuguées à sontalent pour l’organisation efficace et professionnelle, mais qui rested’abord humaine, qualités illustrées dans la mise en place destructures, tel le Conseil du laboratoire, et de modalités defonctionnement, aujourd’hui la norme.

éditorial

NUMÉRO SPÉCIAL

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Ont collaboré à ce numéro :

• Jean-Claude Charpentier, directeur du département Sciences physiques pour l’ingénieur du CNRS de 1985 à 1991 • Alain Costes, directeur duLAAS-CNRS de 1985 à 1996 • Daniel Estève, directeur du LAAS-CNRS de 1981 à 1984 • Jean Farré, professeur à SUPAERO • André Fossard,professeur à SUPAERO • Jacqueline Furgal, Assistant ingénieur au LAAS-CNRS • Georges Giralt, directeur de recherche émérite au CNRS • GeorgesGrateloup, directeur du LAAS-CNRS de 1977 à 1980 • Marie-Thérèse Ippolito, ingénieur de recherche au LAAS-CNRS retraitée • Robert Lacoste,professeur honoraire à l’Université Paul Sabatier, Toulouse • Jean-Claude Laprie, directeur du LAAS-CNRS de 1997 à 2002 • Ginette Lomi, assistantingénieur au LAAS-CNRS retraitée • Christian Marrot, ingénieur d’étude au LAAS-CNRS retraité • Marc Pelegrin, haut conseiller honoraire à l’ONERA• Katherine Piquet-Gauthier, déléguée régionale du CNRS • Pierre Ribes, ingénieur d’étude au LAAS-CNRS retraité • Marc Richetin, professeur àl’Université Blaise Pascal, Clermont Ferrand • Yves Sévely, professeur honoraire à l’Université Paul Sabatier, Toulouse.

[Edito - suite de la page 1]

La biographie de Jean Lagasse est riche en contributions, en responsabilités, en distinctionsscientifiques et honorifiques, nationales et internationales. Elle indique que pour poursuivre sacarrière au CNRS puis chez Renault, il aurait quitté le LAAS en 1975. Il n’en fut rien. Pour noustous, Jean Lagasse est resté présent, discret, mais toujours très à l’écoute de son laboratoire.Nous le retrouvions bien entendu dans les occasions festives du LAAS, petites et grandes, tellesqu’au début de cette année pour fêter la direction sortante. Sa bonne humeur communicative etla chaleur de son grand sourire contribuaient à la convivialité et à la joie de nos rencontres.Nous le retrouvions également aux grands débats qui animaient son laboratoire, présent et trèsattentif à sa dynamique scientifique et à ses choix d’évolution. Ainsi, et pour rappeler saparticipation récente à l’un de nos débats, il a répondu avec plaisir à l’invitation du laboratoire ily a un an. La salle du Conseil du LAAS l’a écouté en grand silence souligner en termes simpleset forts les “fondamentaux” de l’esprit LAAS : privilégier l’intérêt général et l’action collective,selon la métaphore qui lui était chère de l’équipe de rugby ; situer nos actions dans leur contextelarge et en particulier relativement à notre maison mère : “ce qui est bon pour le CNRS est bonpour le LAAS” ; maintenir la barre de nos exigences très haut, même dans les plus petits détails ;mais faire en sorte que la joie au travail demeure un objectif et un moteur de notre dynamique,et que les membres du laboratoire viennent au LAAS aussi pour leur plaisir.Votre laboratoire vous rend hommage, Jean Lagasse, et espère que vos fondamentaux resterontlongtemps encore ceux de l’esprit LAAS.

Malik GhallabDirecteur du LAAS-CNRS

1968

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Le maître et l’ami

La mort de Jean Lagasse endeuille sa famille, ses amis, ses étudiants, ses collaborateurs, lacommunauté scientifique, et particulièrement le LAAS qu’il a fondé et dirigé de 1967 à 1973.De nombreux témoignages, sollicités ou spontanés, sont parvenus à la direction du LAAS.

Tous évoquent le maître, l’ami, le bâtisseur visionnaire, le travailleur dynamique et infatigable, lecommunicant séducteur, le créateur d’idées et d’organisations, le serviteur du bien communcomme de l’harmonie individuelle, l’humaniste, l’honnête-homme en somme, qu’ils ont rencontré enJean Lagasse. La Lettre du LAAS leur ouvre les pages de ce numéro spécial.

M.-H. D.

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Aujourd’hui

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Notre formidable aventure avait pour devise“Toujours plus haut, toujours plus loin dans lacréativité et le bonheur d’être ensemble”

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De tous les membres du LAASje suis, sans nul doute, celuiqui a le plus lointain souvenir

de Jean Lagasse : au cours d’un galascolaire à Carcassonne, dont noussommes tous deux originaires, il achanté au théâtre municipal, le grandair de Rigoletto, “comme la plume auvent…” en déchaînant des applaudis-sements sans fin. C’était en 1939 ou1940, nous étions jeunes mais je lesentends encore.

Dans le domaine scientifique, JeanLagasse a été un visionnaire de toutpremier plan en ce qui concerne lerôle de l’Automatique, une disciplineexotique en France, connue seule-ment de quelques militaires. JeanLagasse à Toulouse et René Perret àGrenoble ont été les premiers univer-sitaires à en comprendre le formidablepotentiel. Ainsi, il m’a fortement incitéà m’investir dans cette discipline avantmême la soutenance de ma thèse d’é-lectrotechnique (qui était la prolonga-tion de la sienne). Je n’ai pas hésité à

refuser un poste de professeur enélectrotechnique pour rester avec lui,dans le Laboratoire qu’il venait decréer et dont je suis fier d’avoir propo-sé le nom (Laboratoire de génie élec-trique) lors d’une réunion à trois avecRobert Lacoste.

Jean Lagasse savait déléguer etaccorder sa confiance ; j’en ai large-ment bénéficié. C’est un de sesgrands mérites, assez rare pour qu’onle signale et l’en remercie. Il n’hésitaitpas à s’adresser à ceux qui savaient :il m’a envoyé en stage chez desindustriels et a su faire venir àToulouse des militaires compétents(J.-C. Gilles, P. Naslin,…). Il a su aussiaccueillir des Professeurs étrangersen année sabbatique comme leProfesseur Jury qui a été à l’originedes systèmes échantillonnés àToulouse, enseignement que JeanLagasse m’a demandé d’assurer parla suite, pour la première fois dansl’Université.

Jean Lagasse avait un appétit d’actioninsatiable mais profitable et sanségoïsme. J’ai eu le bonheur depouvoir le seconder dans denombreuses activités, très souventpassionnantes, comme la création dudépartement de génie électrique del’INSA, la participation au ComitéAutomatisation de la DGRST…, sansoublier les expertises que nous faisionssouvent à trois (Jean Lagasse, RobertLacoste, Yves Sevely).

Je pourrais parler sans fin de sesmérites, de ses grands mérites, danstant de domaines, de sa “vista”, de sapuissance de travail (je le vois arriverau labo le matin à huit heures en medisant qu’il venait pratiquement determiner le travail de la journée !) maisje ne veux pas dépasser la pagepermise. D’autres aussi bien et mêmemieux placés que moi le feront ici.J’ai eu l’immense chance d’avoir pourPatron, et quel patron !, un ami.

Yves Sévely

Un scientifique visionnaire

J’ai eu l’immensechance d’avoir pourPatron, et quelpatron !, un ami

Yves Sévely, Jean Lagasse et Georges Giralt

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De deux ans mon aîné, JeanLagasse, déjà chef de travauxà la Faculté des Sciences et à

l’Institut Electrotechnique de Toulouse– future ENSEEIHT – m’avait proposé,dès 1948, d’entrer dans l’équipe qu’ilcommençait à rassembler sur desquestions de machines électriques,domaine qui, en particulier, a été celuide sa thèse de doctorat. Avecquelques compagnons de la premièreheure, j’ai accepté de mettre mes pasdans les siens et, les relations avec cegrand sentimental ne pouvant selimiter bien longtemps au planstrictement professionnel, ce fut ledébut d’une profonde amitié qui,incluant nos familles, devait devenir,au fil des ans, une véritable fratrie.Premier appelé, par nos maîtres,d’une nouvelle génération d’ensei-gnants et de chercheurs, il a su, danscette période, difficile mais pleined’espoir, qui suivait la guerre,réorienter nos recherches, commenotre enseignement, sur des objectifsplus proches des préoccupations dumoment. Avec la détermination quel’on sait, il a conduit la reconversiondes esprits et des compétences versdeux domaines dans lesquels sescollaborateurs, puis les nouveauxarrivants, se sont répartis : les circuitsélectriques et l’automatique, d’unepart, les hautes tensions et lesmatériaux diélectriques, de l’autre.C’est ainsi qu’est né le Laboratoire deGénie Electrique le premier de cevocable en France. D’autres grandesœuvres ayant, depuis, quelque peuocculté cette période, c’est pour moi

un juste et agréable devoir de rappelerque Jean Lagasse en a été, là aussi, ledirecteur-fondateur.En 1968, le Laboratoire d’Automa-tique et de ses Applications Spatiales,première appellation du LAAS, entraiten activité avec près de 85% deseffectifs du LGE, lequel, désormaisrecentré sur les matériaux et compo-sants, devait retrouver, grâce à l’aidebienveillante de son créateur, toujoursprésent, son taux de croissanceantérieur.Durant ces vingt années, que deprojets, d’entreprises, de veilles, defins de semaine écourtées, d’attentesde moyens comme de résultats, deréunions houleuses et de rupturesdéfinitives oubliées le lendemain !Jean Lagasse était un meneurexigeant, toujours tendu vers unnouvel objectif, tandis que sescollaborateurs auraient parfois préféréune activité plus sereine. Certains lelui disaient, car il pouvait tout entendreet il savait, après réflexion, revenir surdes décisions contestées. Mais ilmaintenait le cap et son pouvoir depersuasion finissait par balayer lesréticences. Ce n’était donc pas undespote ; il procédait le plus souventpar séduction, à l’intérieur dulaboratoire, comme dans les relationsextérieures avec les collèguesenseignants et chercheurs, les interlo-cuteurs des services publics, lesindustriels…Nul doute que son enthousiasmecommunicatif, son dynamisme, sonhumeur conviviale, n’aient été déter-minants dans l’heureux aboutissement

de ses entreprises. Ajoutons-y, biensûr, sa grande compétencescientifique, son génie de bâtisseur etun sens inné de l’organisation. Cecipour comprendre les multiplessollicitations dont il a été l’objet dès lespremières années de sa carrière et lesservices éminents qu’il a pu rendredans ces occasions.Je ne saurais conclure ce brefhommage sans dire un mot dupédagogue. L’enseignement était pourJean Lagasse une véritable vocationqui s’était manifestée très tôt : sesparents m’avaient confié en effet que,jeune lycéen, il récitait ses leçons enprésentant ex cathedra à des élèvesimaginaires des exposés…irréfutables ! Depuis lors, à la Facultédes Sciences, – plus tard UniversitéPaul Sabatier –, à l’ENSEEIHT, àl’INSA, il a formé, dans le domaine descircuits électriques, des générationsde chercheurs et d’ingénieurs grâce,en particulier, à ses ouvrages et sescours magistraux parfaitement clairs etcomplets. Là encore, son dynamismeet sa cordialité l’ont fait très vitedistinguer parmi ses pairs qui avaientrecours à ses compétences pourl’organisation et la direction de cyclesd’études dans divers établissements. Ilfaut enfin souligner que Jean Lagassea été cofondateur, vers les années 60,du fameux “Club des Enseignants enElectrotechnique, Electronique, Auto-matique (EEA)”.Pardon pour mes oublis… !

Robert Lacoste

Un ami

Les deux premières décennies de la carrière de Jean Lagasse.

Nul doute que sonenthousiasmecommunicatif, sondynamisme, son humeurconviviale n’aient étédéterminants dansl’heureux aboutissementde ses entreprises

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Au revoir Jean Lagasse.Vous avez été tout d’abord unprofesseur puis un patron et

enfin mon maître pour ne pas écriremon père spirituel ; vous m’avez toutappris au fil des ans et toujourspoussé dans mes derniers retran-chements dans le dessein de mieuxme faire connaître mes limites et deme montrer le chemin pour toujoursles repousser.Que vous soyez proche ou éloignéphysiquement, vous avez toujours étéprésent dans mes réflexions, mesdécisions et mes actions par quelquesidées force que vous avez sum’apprendre et me faire partager,toutes issues de votre foi en l’homme,de votre amour de la vie et de votrepassion pour l’Enseignement et laRecherche. Quel plus bel hommageque de reprendre celles qui m’ont leplus aidé pour les faire partager par leplus grand nombre afin de poursuivreet amplifier la voie que vous aveztracée :• Toute organisation doit être pensée

en fonction des hommes et desfemmes qui la constituent afin depermettre à chacun d’y trouver uneplace, l’intérêt collectif prenanttoujours le pas sur tout intérêtindividuel.

• Toute organisation doit être penséeet dirigée comme une équipe oùchacun occupe sa place en vraiprofessionnel pour faire gagner lecollectif.

• Un vrai patron est celui qui propose,qui écoute, qui dialogue, qui intègreet qui décide : dans cette phase dedécision, il doit savoir prendre sesresponsabilités et les assumer et cequelles que soient les réactions.

• Chaque personne a une fréquencede résonance où ses qualités sontamplifiées : le rôle d’un responsableest de trouver pour chacun safréquence de résonance et donc laplace dans l’organisation où ils’éclatera et sera heureux et doncefficace.

• L’administration est au service de larecherche : elle est là pour trouverdes solutions aux problèmes poséspar les personnels de recherche etnon pour rajouter de nouveauxproblèmes.

• Les règles et règlements divers etvariés qui entravent la vie de tous lesjours d’un laboratoire et despersonnels qui le constituent doiventêtre combattus en permanence etd’autant plus que souvent il ne s’agitque d’interprétations bloquantes pour“ouvrir des parapluies”.

• Le LAAS doit vivre au niveauinternational, mais ne doit jamaisoublier qu’il est implanté à Toulouseet en Midi-Pyrénées et doit doncparticiper à leur développementéconomique.

Quelles que soient les responsabilitésque vous avez occupées vous aveztoujours su rester disponible pour ceuxet celles qui ont eu le plaisir etl’honneur de partager une partie devotre, de notre formidable aventure quiavait pour devise “Toujours plus haut,toujours plus loin dans la créativité et lebonheur d’être ensemble”.Le guide nous a physiquementquittés, mais il reste en nousl’exemple du travailleur infatigable, duvisionnaire pragmatique, du commu-nicant séducteur, du créateur d’idéeset d’organisations et surtout du grandhumaniste toujours présent dans lesmoments difficiles qu’ils soient profes-sionnels ou personnels.C’est donc bien un au revoir JeanLagasse et non un adieu.

Alain Costes

Un maître

Alain Costes et Jean Lagasse lors de la remise del’insigne d’officier de la Légion d’honneur à Alain Costesen 1999.

Un professeur puis un patron, et enfin mon maître, pour nepas dire mon père spirituel

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Jean Lagasse, …Cher Jean,Etre exceptionnel, vous avezmarqué profondément tous ceux

et celles que vous avez recrutés dansles années 60/70 et tous ceux qui ontsuivi.Chaleureux, travailleur infatigable,exigeant, chef charismatique, “mainde fer dans un gant de velours”, vousmeniez vos troupes sans faillir.Certes, il ne fallait pas s'endormir :écouter, réfléchir, organiser, commu-niquer, défricher, innover, réformer, nejamais se satisfaire de l'acquis, mettretoujours la barre plus haut étaientnotre quotidien auprès de vous, avecune leçon permanente : l'importancede l'individu. Toujours veiller à ce qu'ilsoit à la bonne place et qu'il se sentereconnu. L'essentiel était bien là, etquelle chance que vous nous l'ayezappris au début de nos carrières.Vous nous avez fait vivre, avecpassion, une véritable saga : celle dela création d'un grand laboratoire. LeLAAS, connu désormais dans lemonde entier, est celui que vous aviezpromis à la toute jeune équipe qui

vous entourait et que vous aviezchoisie.Vous nous l'avez fait rêver, celaboratoire, puis réalisé, au propre etau figuré. Toutes les étapes que vousnous aviez fixées ont été remplies auxéchéances que vous vous étiezdonnées : conquérir Toulouse, sepositionner au premier rang enFrance, être reconnu sur la scèneinternationale…Tous ceux qui ont participé à cettebelle aventure, qu'ils aient quitté leLAAS, car l'essaimage faisait partiede la “méthode” pour conforter lerayonnement du laboratoire, ou qu'ilsaient mené carrière au labo, sontrestés profondément liés par ce qui aété alors partagé,… et aussi par lesouvenir des grands moments de fêtede cette première décennie.Vous avez, Cher Jean, su aussi partiret transmettre le relais à d'autres. Cen'est pas si courant, ni si facile. Fidèleet légitimement fier de ce laboratoire,vous avez su être, pour vossuccesseurs, présent quand ils lesouhaitaient, discret quand il était

préférable de l'être, attentif auxnécessaires évolutions, jamais“pesant”. La statue du “commandeur”,ça n'était pas votre genre !Pour ma part, quelques mois aprèsvotre départ du LAAS et après vousavoir accompagné pendant quelquetemps à Paris pour préparer lacréation du nouveau départementSciences Pour l'Ingénieur, j'optaispour une nouvelle vie professionnelle,me rapprochant de ma vie familiale.Pourtant, vous n'êtes jamais restééloigné de ma vie et à tous lesmoments-clés, au moment desgrandes décisions, j'ai recherchéconseil et avis auprès de vous, jusqu'àces derniers temps encore.Nous sommes nombreuses etnombreux à nous sentir très tristes etorphelins,… car, pour bien d'entrenous, si nous sommes devenus ce quenous sommes, c'est beaucoup grâce àce que vous nous avez appris etsouvent par l'ambition que vous aviezpour nous, comme ce fut mon cas.

Katherine Piquet-Gauthier

Un révélateur de talents

Vous nous l’avez fait rêver, ce laboratoire, puis réaliser.Le LAAS, connu désormais dans le monde entier, estcelui que vous aviez promis à la toute jeune équipe qui

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Une vie est faite de hasard et derencontres.Pourquoi un fils de marinier qui

fait sa scolarité à Sète, veut à tout prixrentrer à l'I.E.T. pour obtenir sondiplôme d'Electrotechnicien ?Sait-il qu'il va être en contact avec unhomme qui l'accompagnera duranttoute sa vie professionnelle et mêmeun peu plus ?Sait-il que cet homme sera sonprofesseur durant trois ans avant dedevenir son patron ?

Sait-il que cet homme qui est unprécurseur dans bien des domaines,continuera à être pour lui un formateur?Sait-il qu'il apprendra de cet hommece que c'est que d'avoir l'esprit et lecomportement maison ?Sait-il qu'il apprendra que s'il ne fautpas tout accepter ou tout gober, il nefaut pas non plus cracher dans lasoupe quand on en a mangé ?Non, bien sur qu'il ne le savait pas,mais maintenant qu'il le sait, s'il

pouvait le refaire, c'est avec le plusgrand des plaisirs qu'il le referait.Si, dans une autre vie, "MonsieurLagasse", vous décidiez de repartirpour de nouvelles expériences, je neserais pas fâché si vous m'y invitiez.Peu de gens influencent nos vies,mais vous, vous avez eu une grandeimportance dans la mienne.

Christian Marrot

Un homme providentiel

Monsieur Lagasse,Le 14 septembre 1970, vousm'avez accueillie dans ce

grand laboratoire que vous veniez defonder : j'avais 19 ans , je ne l'ai jamaisoublié.J'ignorais alors que j'intégrais “l'EcoleJean Lagasse”, prestigieuse Ecole, detravail, de rigueur mais combienenrichissante et passionnante.Vous m'avez enseigné des méthodesde travail, celles que je mets toujoursen pratique aujourd'hui car 33 ans

après elles restent pour moi les plusefficaces et les plus fiables.Vous avez été un Directeur, certesexigeant envers les autres maisencore plus avec vous-même, quiaviez cette très grande qualité : lareconnaissance du travail de voscollaborateurs. J'ai pu apprécier toutau long des années passées auprèsde vous, vos qualités humaines, votrepersonnalité chaleureuse aussi biendans ma vie professionnelle, que dansles moments difficiles personnels que

la vie m'a infligés et pour lesquels vousavez toujours su trouver du temps pourme réconforter.

Ce fut un grand honneur pour moid'avoir été tout au long de cesdernières années un de vos “liens”avec le LAAS.Je ne vous oublie pas.

Jacqueline Furgal

Un homme attentif aux autres

De gauche à droite : Jean Lagasse, Christian Marrot, Georges Grateloup, Jean Lestrade, Gérard Bauzil, Daniel Estève

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Janvier 1954 ; je fais saconnaissance et mes premierspas dans le monde du travail. Il

était alors chef de travaux.J'ai été formée à ses méthodes detravail, à l'N7 et au LAAS (exigence dutravail propre et bien fait). Il savaitnous demander mais aussi nousdonner les moyens de réaliser.

Malgré ses fonctions parisiennes il nenous oubliait pas ; il a toujours étéprésent. Je dis nous, parce que noussommes nombreux à avoir travailléprès de lui et nombreux à avoir sonempreinte, ce qui, plus tard faisaitsourire les jeunes qui n'ont pas suivison “Ecole”.

Son dynamisme, son intelligence, savivacité d'esprit, ses qualitéshumaines faisaient croire qu'il seraitéternel, il restera toujours pour noustous, les anciens, l'homme deréférence, le grand patron !

Ginette Lomi.

L’Ecole Jean Lagasse

Le souvenir de Jean Lagasse, quifut mon professeur il y a“quelques” années…, est tou-

jours resté très présent dans mamémoire depuis cette époque.En 1953, à l'Institut Electrotechniquede Toulouse, devenu, plus tard,l'ENSEEIHT, existaient des formationsassez particulières dont j'ai eu lachance de bénéficier (deux ansd'Electricien-Mécanicien, suivis d'unan de Radioélectricien). C'est à cemoment-là que j'ai connu le jeuneProfesseur Lagasse,… Il nousenseignait alors les principes du“courant alternatif” : définitions,calculs des circuits, mesures, étudedes machines fixes et tournantes,…J'ai conservé la vision d'un hommedynamique, toujours élégant, souriant,

efficace, très clair et très pédagogue,très exigeant aussi…, mais sachantintroduire de temps en temps, pourcasser le rythme, quelque dosed'humour qui faisait “passer la pilule”de certains aspects rébarbatifs ducours comme, je m'en souviens avecquelque émotion, des bobinagesparallèles imbriqués multiples desmachines tournantes.J'ai moi-même enseigné plus tard,parmi d'autres sujets, l'étude descircuits électriques (en m'appuyant,bien sûr, sur ses remarquablesouvrages) et j'avoue avoir étéimprégné, sans toujours m'en rendrecompte d'ailleurs, de cet esprit et deces méthodes, hérités de quelques-uns de nos Maîtres, que je tentaisinconsciemment d'appliquer avec plus

ou moins de succès.Bien sûr, j'ai revu bien des fois par lasuite Jean Lagasse, et encore trèsrécemment, lors d'une assembléegénérale où nous avions échangéquelques paroles sur ce même tonenjoué qu'on lui connaissait.Je m'étais permis, lors de cette brèverencontre, de lui rappeler un bon motd'un potache d'alors, lorsque nousassistions au bal du célèbre “FestivalN7”, où lui-même était présent avecson épouse, qui, à un moment,bousculée, laisse tomber son verrequi se brise au sol, et le potache dedire “tout ça parce qu'il l'agace”!Il était alors parti d'un grand éclat derire, m'avouant ne pas se souvenir dela remarque...

Jean Farré

Un enseignant charismatique

Un des premiers ITA CNRSrecrutés sur poste LAAS, j’au-rais bien sûr beaucoup de sou-

venirs à évoquer, mais celui qui metient à cœur est celui de l’organisationde la logistique du laboratoire : despersonnels aux aptitudes bien repé-rées, regroupés dans des servicespensés pour des fonctions étudiées etcohérentes au service de laRecherche. Il convenait alors deconfier à un responsable la coordina-

tion des tâches en lui donnant lesmoyens d’exercer cetteresponsabilité : mission bien définie,information pertinente et exhaustivedonnée en temps utile, autoritéconfortée, coordination.Par le rôle dévolu aux ITA, l’importan-ce qu’il leur accordait, sa grande exi-gence certes, mais sachant apprécierleur action et leur faire savoir, sachantles écouter, Monsieur Lagasse ainculqué une méthode et une culture

qui ont fait la force du laboratoire et lapérennité de sa structure.J’ai eu l’honneur et le redoutable privilège d’être un de ces respon-sables, alors ne soyez pas étonné sipour moi le Patron ce sera toujoursJean Lagasse.Merci Monsieur pour tous les horizonsouverts.

Marie Thérèse Ippolito

Un patron humaniste

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Je me souviens,Je me souviens de ce rendez-vous téléphonique, à l'automne

1970, par delà l'Atlantique, à 4h dumatin à Sherbrooke, Québec, oùj'étais coopérant.Quelque temps auparavant, j'avaisenvoyé mon curriculum vitae au LAASet au CNES pour tenter de satisfaireune passion de l'adolescence :l'aventure spatiale.Dans les minutes qui suivirent cetteconversation, une décision intime futprise : je rejoindrai le LAAS. Lasimplicité, la netteté et la chaleur despropos de Jean Lagasse avaient forgéma conviction et déclenché monenthousiasme.

Je me souviens de notre premièrerencontre et du repas qui suivit, pris àsa table dans la cafétéria dulaboratoire, à gauche en entrant. Danscette salle agréable, ouverte sur uneterrasse donnant sur des massifsd'arbustes décoratifs, une vie intenseétait perceptible. Par ce repaspartagé, j'étais déjà de la famille,confus toutefois que le bruit, de maveste neuve en cuir, produit à chacunde mes gestes, singularise de cettemanière ma présence à la tabledirectoriale…

Je me souviens, nouvellement élureprésentant des chercheurs auConseil du LAAS, quelques moisaprès mon intégration au CNRScomme Attaché de Recherche en1971, de la première séance à

laquelle je participais. Il fallait désignerun secrétaire, j'étais le plus jeune del'assemblée, le souhait de JeanLagasse était un tantinet pressant.Quelle chance ce fut ! Au cours de cesréunions qui duraient de très longsaprès-midis, j'ai presque tout apprisdes affaires scientifiques, mais surtoutce qui fait naître et perdurer la forced'un groupe, l'attention constammentportée à la position et au destin dechacun dans le laboratoire. JeanLagasse menait les nombreusesdiscussions avec un allantcommunicatif, ponctué de traitsd'humour ou de fermeté lorsqu'il lefallait. On sortait de ces réunions vidépar certaines joutes et incroyablementheureux.

Je me souviens de ces longuesheures à rédiger avec Katherine leprocès-verbal des réunions duConseil à partir de nos notesrespectives. Jean Lagasse était trèsattentif à la qualité et à la complétudede ces comptes rendus largementdiffusés, lus et commentés par lacommunauté du laboratoire. La paroleétait libre et les débats francs mais ilfallait toutefois admettre d'en lisserdes aspérités pour éviter desincidences indésirables. Katherine mechaperonnait donc !

Je me souviens que Jean Lagasseaccueillit avec une compréhension quime toucha ma décision de prendre dela distance d'avec le LAAS, après lasoutenance de ma thèse de Doctorat

d'Etat en 1975. J'avais quelque raisonfamiliale de quitter Toulouse, mais ilavait probablement aussi ressenti quej'aspirais à retrouver un espacepersonnel après quatre annéesd'intense mobilisation pour larecherche et le laboratoire. Par lasuite, il m'aida à trouver ma voie, et,comme directeur du nouveauDépartement Sciences Physiquespour l'Ingénieur du CNRS, autorisa en 1977 ma venue à Clermont-Ferrand pour y créer une équipe derecherche en Automatique etTraitement du Signal au sein duLaboratoire d'Electronique etRésonance Magnétique.

Je me souviens que j'ai beaucouppensé à vous, Jean Lagasse, et devous l'avoir dit, lorsque je devinsdirecteur du Laboratoire d'Electro-nique en 1990 et lorsqu'en 1994 j'aicréé le LASMEA. L'esprit que je mesuis efforcé d'y instaurer fut inspiré del'exemple que vous aviez prodigué.

Je me souviens qu'il y a peu vousm'avez écrit que le bel ouvrage réaliséétait l'essentiel et qu'il fallait se tenirrésolument sur cette ligne.

Je vous dois beaucoup, JeanLagasse, et je vous en remercieinfiniment.

Marc Richetin

Un homme à l’enthousiasme communicatif

Je me souviens qu'il y a peu vous m'avez écrit que le bel ouvrageréalisé était l'essentiel

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J'ai connu Jean Lagasse dès mesfréquents voyages Paris-Toulouse lors du transfert de

Sup-Aéro, de Paris à Toulouse(ouverture Sup-Aéro 1er septembre1968, débuts du CERT Septembre1969). Une excellente coopérations'est immédiatement établie et nousne raisonnions plus en “promoteursde centres” (recherche et enseigne-ment) mais en amis.Il avait de nombreux amis à Toulouseet il s'est toujours offert pour faciliterles contacts entre “l'étranger” quej'étais et les Toulousains.La coopération entre le LAAS et leCERT a d'emblée été considéréecomme incontournable... si bien quenous avions décidé de demander auxPonts et Chaussées d'installer untuyau entre le LAAS et l'ENSAE/CERT,afin que les deux centres puissent

échanger des données... ce futréalisé !Autre souvenir, celui d'un week-endentier passé à rassembler desdocuments, remplir des pochettespour un colloque, IFAC si je mesouviens bien, qui débutait le lundi.Nous passâmes ces 2 jours, au LAAS,avec nos épouses... qui furent mises àcontribution, si bien que le lundi à9 heures tout était prêt.Dans les domaines scientifiques ettechniques ses connaissances étaientvastes et le LAAS ayant un domained'activité plus vaste que le CERT,principalement concerné parl'aéronautique et l'espace, j'ai eusouvent recours à lui pour desrenseignements ou des explicationssur les domaines que je connaissaismoins et que lui connaissait bien.Je voudrais également citer son

enthousiasme tant dans ses activitésprofessionnelles que dans sa vieprivée. Les sorties (...vers FontRomeu notamment) m'ont touteslaissé des souvenirs ineffaçables.Jean, tu as été un exemple pourbeaucoup d'entre nous.

Marc Pelegrin

C'est une grande figure del'automatique qui nous quitte,un des pionniers de cette

discipline en France, avec C. Gille etquelques autres, une de ces figuresqui a tellement marqué toute lacommunauté scientifique française,au delà de l'Université et du CNRS, etqui a laissé une si grande empreintesur tous ceux, un peu plus oubeaucoup plus jeunes, qui ont eu lachance de l'approcher.J'ai été de ceux-là, dès les années 60,jeune ingénieur en Automatique, JeanLagasse avait alors pour moi toutel'aura de quelqu'un reconnu commeune référence, à l'étranger comme enFrance, à l'IFAC comme à l'Université.Il était aussi -chose aussiincontournable pour un jeuneingénieur qui dans une petitestructure devait ramener ses contrats

de recherche avant de les faire-dispensateur, avec d'autres, decrédits à travers la DGRST.Ce que je retiens le plus de cetteépoque c'est sa gentillesse pour lesplus jeunes, son souci de lespromouvoir, de les aider à prendreplace dans la communauté. Je mesouviens en particulier (c'était le 5 mai1966) de la 1ère journée nationale deCalcul Hybride, journée sous laprésidence d'honneur du ProfesseurMalavard et sous sa présidenceeffective, où je présentais une de mespremières communications “Automati-sation d'un problème d'identificationsur calculateur analogique”. Je ne mesouviens plus du contenu de cetteintervention mais je me souviens sibien des mots chaleureux deJ. Lagasse après ma prestation,combien ils furent un encouragement.

Un deuxième souvenir très fort, aumilieu des années 70. C'était undimanche soir, un coup de téléphonede J. Lagasse pour me proposer desiéger au Comité National du CNRS.Une expérience fantastique pour moipendant 5 ans, qui m'avait permis dedécouvrir et d'apprécier tant delaboratoires et de chercheurs duCNRS, et de fait de nouer des amitiésqui devaient perdurer jusqu'àmaintenant.Fantastique expérience aussi que dele revoir gérer ces réunions, avec uneboulimie et une rondeur qui cachaientà peine une main de fer et de le voirtoujours amener l'ensemble desparticipants à ses vues.

André Fossard

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H O M M A G E À J E A N L A G A S S E

La coopération entrele LAAS et le CERTa d'emblée étéconsidérée commeincontournable ...

Un homme chaleureux

Un scientifique créatif

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H O M M A G E À J E A N L A G A S S E

Lors de sa remise de la rosette dela Légion d’Honneur au Minis-tère de la Recherche et de la

Technologie par Hubert Curien, JeanLagasse avait débuté son adresse encitant Louis Aragon : “Un beau jour,l’avenir s’appelle le passé et c’estalors que l’on se retourne et que l’onvoit sa jeunesse”.Je pense qu’à la fin de chacune desgrandes étapes qui ont ponctué sariche, vivante, intense, créatrice ettrès brillante carrière marquée entreautres par les créations successivesdu LAAS, du département SPI duCNRS, d’une direction scientifiquechez Renault, c’est cette jeunesse,jeunesse d’esprit et du corps que me

laisse en souvenir et très souventcomme guide de mes entreprisesl’image toujours très présente d’unJean Lagasse au sourire entendu ettrès entrepreneur.Que le Père fondateur de notredépartement SPI soit assuré dans sespériples lointains que son messaged’éternelle jeunesse créatrice est bienpassé. Merci à toi Jean, l’exemple estet sera suivi.

Jean Claude Charpentier

Autour de Jean Lagasse en 1999, les directeurs du LAAS et du département desSciences physiques pour l’ingénieur du CNRS. De gauche à droite, Alain Costes, Henri Martinot, Jean-Claude Charpentier, Jean Lagasse, Georges Grateloup, Michel Combarnous, Jean-Claude Laprie et Jean-Jacques Gagnepain

Un homme jeune

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H O M M A G E À J E A N L A G A S S E

En 1958, à la recherche d’unemploi, j’entrais au Laboratoirede Génie Electrique, dirigé par

le Professeur Lagasse, avec uncontrat de six mois ; le temps écoulé,il me proposa de rester au laboratoireet m’obtint un poste CNRS. Jedécouvrais alors le monde de laRecherche et poursuivis, dans cettevoie, au LAAS, dès sa création,jusqu’à ma retraite en 2001.Dès sa création, Monsieur Lagasse adoté le LAAS d’un Conseil deLaboratoire composé de membresnommés et d’élus du personnel,toutes catégories confondues, bienavant que ce règlement, précurseur,ne soit inscrit dans les statuts duCNRS pour tous les laboratoires ouunités de recherche.Toujours à l’écoute des élus aussi bienpour l’amélioration des conditions detravail que pour résoudre, avecdiscrétion, des problèmes humainsauxquels certains membres dulaboratoire pouvaient être confrontés.Son ouverture au débat ou à laconfrontation d’idées, sans tenircompte du niveau des compétencesscientifiques de son interlocuteur, onttoujours permis de trouver unesolution réfléchie et raisonnablecompatible avec la bonne marche etle bien être de chacun au sein de lagrande équipe du LAAS.Le LAAS fut, au début critiqué, plustard jalousé. Les idées fondamentalesde son fonctionnement et de sastructure, poursuivies par les direc-tions successives, assurent ainsi une

parfaite harmonie entre tous lespersonnels.L’organisation du laboratoire, l’étatd’esprit que vous y avez créé, dèsl’origine, avec ceux que certainsnommèrent les barons, m’ont permisde passer toutes ces années, aucontact de personnes, aussidifférentes les unes que les autres,sans jamais éprouver la moindrecontrainte.Pas de hiérarchie oppressante, travailen équipe permettant à chacun defaire valoir ses compétences et d’avoirune vie professionnelle socialement ethumainement très satisfaisante.

Grâce à sa remarquable puissance detravail, à sa permanente quête intel-lectuelle tournée vers l’avenir et à sonréel talent pédagogique servis par unlégendaire dynamisme, MonsieurLagasse est toujours resté disponiblepour répondre à une question oudonner un conseil.A titre personnel, je souhaite que laflamme, allumée en 1968, ne faiblissejamais pour continuer à éclairer et leLAAS et la communauté Scientifique.

Pierre Ribes

Dès sa création, Monsieur Lagasse a doté le LAAS d’un conseil de laboratoirecomposé de membres élus et nommés du personnel

Pas de hiérarchie oppressante, travail en équipepermettant à chacun de faire valoir ses compétenceset d’avoir une vie professionnelle socialement ethumainement très satisfaisante.

Un précurseur

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Monsieur, cher Jean,Quel parcours fut le vôtre!Tant dans vos responsabilités

successives que dans l’indéfectibleattention portée à vos créations, aupremier rang desquelles le LAAS.

En tant que membre de la premièrepromotion de doctorants qui ontintégré le LAAS fin 1968, laissez-moi,Monsieur, témoigner de l’enthou-siasme que vous saviez communiqueraux jeunes. De leur faire prendreconscience qu’ils participaientdorénavant au défrichement d’unevoie qui allait devenir la recherchescientifique, telle qu’elle s’est imposéepar la suite : connaissanceaccompagnée de ses impérativesdimensions industrielles et interna-tionales. Enthousiasme accompagnéd’exigence, celle de toujours sedépasser. Lorsque votre nom étaitévoqué, le qualificatif qui vous saluaitimmanquablement était celui de

“patron”. Patron dans tous les sens duterme : savoir faire donner le meilleurd’eux-mêmes à ceux qui avaient lachance d’interagir directement avecvous, édicter et faire respecter lesrègles nécessaires à une aventurecollective.En tant que directeur issu de votrelignée, je me bornerai à mentionner ladédicace de votre main qui précède lerecueil de photos des innovations du

laboratoire de Génie Électrique,recueil que vous m’avez remis lors dema prise de fonction : “Pour ceux quinous suivent et qui perpétuent”. CherJean, vous vivez dorénavant parl’esprit que vous avez su inculquer, etpour longtemps!

Jean-Claude Laprie

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H O M M A G E À J E A N L A G A S S E

Un patron enthousiaste et exigeant

Passionné dans ses loisirs sportifs

Tous ceux qu’il a conviés àcollaborer à son action, àl’accompagner dans la pour-

suite de ses objectifs ont apprécié lesqualités exceptionnelles de CHEF quirayonnaient de Jean Lagasse.C’est grâce à ces incomparablesqualités qu’ont été construits desbastions scientifiques très perfor-mants en formation des Ingénieurs eten Recherche : le Génie Electrique del’INSA de Toulouse (1963), le LAASdu CNRS (1967).C’est grâce à l’absolue confiance qu’ilinspirait, à la rigueur d’esprit d’équipequ’il exigeait et savait instaurer queces bastions ont poursuivi leurexistence de façon constructive aprèsque Jean Lagasse ait été appelé, en

1975, à apporter son talent et sondynamisme pour l’accomplissementde hautes missions au niveaunational, au cours desquelles devaients’exprimer pleinement ses convictionset son expérience dans la conduitedes rapports recherche-développement industriel au CNRS etchez Renault.Il pouvait être délicat et parfoisstressant de suivre strictement lesinitiatives et les directives de JeanLagasse, exigeant et infatigable. Parcontre, assurer la continuité de sesconstructions, si bien structurées etd’une organisation stricte et limpide,ne pouvait provoquer d’anxiétéanormale, autre que celle de ledécevoir.

Passionné, exigeant et d’abord aveclui-même, Jean Lagasse l’était aussi,bien sûr, dans ses occupations dedétente. Ainsi, adepte de la pêchesportive, à la canne anglaise, ilatteignit dans un excellent rapport“pratique-efficacité” un très bonniveau de technique du lancer et deconnaissance du milieu. Mon manqued’aptitude a eu raison de ses conseilset efforts répétés pour me convertir àce sport. Si je l’ai déçu, il m’a une foisde plus généreusement pardonné. Jelui dis MERCI et MERCI pour tout.

Georges Grateloup

Pour ceux qui nous suivent et qui perpétuent

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H O M M A G E À J E A N L A G A S S E

Jean Lagasse était très fier de sonLaboratoire. Nous sommes,comme lui, très fiers de notre

Laboratoire, de son histoire, de sonaction et de son rôle dans la viescientifique et technologique française.

Cette magnifique histoire est l’œuvrede Jean Lagasse : il l’a construite pasà pas, sur plus de vingt années, entreles années 60 et 80. Il l’a accom-pagnée avec clairvoyance et animéejusqu’à la fin de sa vie d’homme.

Cette histoire est pleine de signestoujours d’actualité dans la bonneconduite de la Recherche :“la parole est au délégué cher-cheur…”. C’était dans les années 60,bien avant mai 68, au laboratoire degénie électrique, qu’il avait crééquelques années plus tôt, lors d’unconseil de laboratoire où siégeaientd’illustres compagnons : R. Lacoste,Y. Sevely, G. Giralt,… J’étais cedélégué chercheur et je mesureaujourd’hui l’importance de ces choixinitiaux qui sont devenus lesfondements du bon fonctionnementdes grands laboratoires : l’écoute detous les besoins exprimés, le travaild’équipe, le partage des tâches, ladécision concertée mais ferme,l’organisation totale, celle del’information et de la logistique, le rôledes hommes clés. Jean Lagassedisait souvent : “Diriger, c’est trouverles hommes de confiance qui, sur unobjectif concerté, vont adhérer etporter un message cohérent…”. Il a

toujours su trouver ces hommesconfiants, compétents et dévoués, àtous les niveaux et dans tous lescompartiments de la Recherche :Chercheurs, Enseignants-Chercheurs,Ingénieurs, Techniciens, Administratifs,Doctorants, Visiteurs et Stagiaires,...Tous sont tristes aujourd’hui, maisfiers d’avoir servi quelques grandsdesseins : la mise en place d’uneAutomatique française, la création duLaboratoire de Génie Electrique puisdu LAAS, l’insertion active de laRecherche dans la vie économique etindustrielle, et notamment en Midi-Pyrénées, le lancement des Sciencespour l’Ingénieur au CNRS, la mise enplace de grandes actions deRecherche qui ont placé le CNRS enplein champ de vision sur l’Energie, laRobotique, la Microélectronique,l’Informatique,… avec des programmesfameux : ARA, GCIS,… Jean Lagasseanalysait sa vie en périodes de septannées dont chacune représentaitune part d’un trajet construit qui l’afinalement conduit à la DirectionScientifique Technique des UsinesRenault : un maître de la rechercheacadémique aux commandes d’undes fleurons de l’industrie française. Ason côté, pendant cette longuepériode, comme conseil extérieur, jetémoigne ici que Jean Lagasse aporté jusqu’au sommet du mondeéconomique, le message très béné-fique du rapprochement de la Scienceet de la Technologie : organiser unerecherche de base, l’enraciner dans laconnaissance fondamentale, la

connecter étroitement aux branchesopérationnelles sur des projetsciblés… C’était la stratégie qui, unefois de plus, l’a conduit au succès,contribuant à donner à Renault cetteimage de modernisme et d’innovationqui caractérise cette entrepriseaujourd’hui.

Vous, les plus jeunes, vousconnaissez tout cela : Jean Lagasse,Directeur fondateur, clairvoyant etorganisateur, apôtre du rapproche-ment de la Recherche et del’Industrie, promoteur en France des“Sciences pour l’Ingénieur”…Connaissez-vous la clé de la réussitequi l’entoure ? C’est avant tout le sensde l’intérêt général : informer d’abord,concerter ensuite et… déciderfermement au nom de cet intérêtgénéral, celui de l’organisation, celuidu projet et de l’intérêt des hommes.

Vous n’auriez pas une imagecomplète si je ne rappelais pas laquestion qu’il posait systémati-quement aux retardataires de 8 h 30,le matin, dans le hall : “… Le réveil n’apas sonné ? ” Il faut dire qu’il étaitstrict, mais, il était aussi un exemplede professionnalisme et de dévoue-ment au service du LAAS, notreLaboratoire.

Nous tous te saluons, Jean. Le LAASreste et restera le LAAS.

Daniel Estève

Diriger, c’est trouver les hommesde confiance qui, sur un objectifconcerté, vont adhérer et porter unmessage cohérent…

Homme d’action infatigable

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H O M M A G E À J E A N L A G A S S E

L’esprit LAAS

En tournant mes pensées versJean Lagasse, un sentimentm’envahit, qui domine tout le

reste, celui d’une immense reconnais-sance pour tout ce que je lui dois,depuis ce jour de 1952, où il m’a priscomme technicien dans le laboratoirequ’il animait à l’ENSEEHT. J’ai, depuiscette première étape, où il a facilité,avec la très grande ouverture d’espritqui le caractérisait, le partaged’activités qui m’a permis d’aller auDoctorat et d’entamer une carrière dechercheur CNRS, fait un long etpassionnant chemin à ses côtés. C’estce long voyage que je continuetoujours aujourd’hui en esprit et dansmon cœur.

Jean Lagasse possédait au plus hautdegré les qualités d’un grandbâtisseur : intelligence, ouverture d’es-prit, capacité de travail – avec desjournées de travail qui commençaientà 5 heures du matin ! –, et, par-dessustout, la richesse du contact dans lesrelations humaines qui ont fait de luiun meneur d’équipe exceptionnel.Il a mis ces qualités au service de trèsgrandes créations dont, par ordrechronologique, le laboratoire de GénieElectrique, le LAAS, le SPI, et laDirection des Affaires Scientifiques etTechniques de Renault, sont desfleurons remarquables illustrant lesdivers aspects de sa personnalité.Parmi les multiples activités de hautniveau qu’il a également marquées desa personnalité, il en est une que jesouhaite mettre particulièrement enexergue parce qu’elle illustre sa visionde l’intérêt général. C’est en l’occu-rrence de l’intérêt de la France qu’ils’est agi de 1963 à 1974 lorsqu’il aengagé et brillamment animé leComité Action Concertée “Automa-tisation” (et sa suite, le comité “Automa-tisation et grands systèmes”.) de laDGRST. Il a fait de ce comité, composéd’industriels et de chercheurs

d’institutions publiques, l’instrumentqui a créé et soutenu sur le plannational, par des actions finaliséesassociant industrie et recherche, unlarge réseau de compétences. Il mesemble juste de dire qu’il a marquéune grande étape dans ledéveloppement de l’Automatiquefrançaise.Il me semble qu’il me revient aussi leprivilège d’évoquer les premiers pasdu LAAS, la période qui, à mon avis, amodelé en grande partie ce que l’onappelle l’esprit LAAS. Officiellementcréé en 1967, le LAAS a effectivementcommencé son existence en 1968,pratiquement en mai. Jean Lagasse achoisi de vivre les événements de Mai68 avec ses collègues professeurs etles étudiants de l’ENSEEHT et delaisser en toute tranquillité le LAASsous le contrôle d’une équipeconstituée en comité de gestion (les“anciens” se souviendront avec émo-tion de toutes ces heures passées àdébattre, à continuer à travailler, àétablir fermement l’esprit LAAS).Par-delà nos différences – ceux quicroyaient en Mai 68 et ceux qui n’ycroyaient pas – nous nous sommesretrouvés tous ensemble, en équipesoudée autour du fondateur, pourpoursuivre la grande aventure duLAAS.De nouvelles étapes, directementimpulsées ou inspirées par JeanLagasse, ont été franchies, qui ont faitdu LAAS un laboratoire bien ancré enFrance et dans la région, en Europe etdans le Monde Méditerranéen, ungrand laboratoire internationalementreconnu.Et toujours l’esprit que Jean Lagassea su créer. Toujours la volonté de seconcerter pour travailler ensemble,malgré nos différences et les oppo-sitions extérieures que la “singularité”LAAS peut susciter.

Mon hommage, c’est de croire avecvous, Jean, que le livre n’est pasfermé, et que l’aventure se poursuit.

Georges Giralt

Nous nous sommesretrouvés tous ensemble,en équipe soudée autourdu fondateur, pourpoursuivre la grandeaventure du LAAS

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professionnelles.

Le LAASLaboratoire d’analyse et d’architecture des systèmesunité propre de recherche du CNRSassociéeà l’UPS, l’INSAT etl’INPT

474 personnes dont• 186 chercheurset Enseignants-Chercheurs• 173 doctorantset 19 post-doctorants• 96 Ingénieurs,Techniciens etAdministratifs

Départementscientifique CNRS :Sciences et technologiesde l’information etde la communication(STIC)

La lettre du LAAS

Publication du Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes, unité propre de recherche du CNRS7, avenue du Colonel Roche31077 Toulouse Cedex 4Tél. : 05 61 33 62 74Fax : 05 61 55 35 77E-mail : [email protected] : http://www.laas.fr

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