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1903-2003: un siècle d’allers-retours 6

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d’allers-retours

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Par un beau dimanche d’été – était-ce en 1898 ou en 1899? –Paul Girod, son épouse, Jules Girard et l’ingénieur Smallenburg,partirent en excursion pour rejoindre le Cerneux-Veusil. En route,ils furent frappés par la beauté particulière du pâturage desEloyes et la vue si étendue dont on y jouissait sur le Vallon, leChasseral et au-delà. L’ingénieur Smallenburg, de Bendlikon,avait longuement planché sur un projet de chemin de fer mono-rail reliant Saint-Imier au Chasseral. Mais l’idée ne s’était pasavérée réalisable. Ce jour-là, certainement, cette petite poignéede rêveurs eut la vision de ce que le Mont-Soleil pourrait deve-nir: un lieu de villégiature et de balade, un site à la splendeurrecherchée, un but de promenade dominicale pour tous les habi-tants du Vallon et un formidable outil de développement pourla région.

La puissance du rêveDepuis la nuit des temps, l’homme rêve d’ailleurs, d’un ailleursplus clément, plus intéressant ou tout simplement différent. Ilaime conquérir, façonner l’univers à son idée. Ses rêves ont donnénaissance à ses plus belles réalisations, des peintures rupestresaux navettes spatiales en passant par les pyramides, l’imprimerieou l’automobile. Seul un rêve pouvait être à l’origine de ce pro-jet un peu fou: la création du funiculaire Saint-Imier–Mont-Soleil…

Face à Mont-Soleil: la Combe-Grède

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Et pourtant, les Imériens d’alorsétaient des gens réalistes, peuenclins à s’enthousiasmer pourdes chimères et bien ancrés dansla réalité. Et celle-ci n’était passouvent rose. Certes, le travailne manquait pas. Penchés surleurs établis dix à douze heurespar jour, six jours par semaine,ils savaient ce qu’étaient lapatience et la persévérance. Etlorsqu’il fallait se déplacer pouraller livrer leur travail, rendrevisite à des amis ou simplementse balader, ils n’hésitaient pas àmarcher plusieurs kilomètres,même en plein hiver ou parmauvais temps.

Voici ce qu’en disait, en 1872,le Prince Pierre Kropotkine, unanarchiste russe qui séjournafréquemment dans le Vallon:

Je me rendis d’abord à Neuchâtel.Je fis alors connaissance avec lafameuse Fédération Jurassienne quijoua durant les quelques années quisuivirent un rôle si important dansle développement du socialisme.

De Neuchâtel, j’allai à Sonvilier.Dans un vallon des monts du Jura setrouve une série de petites villes et devillages dont la population de languefrançaise s’occupait à l’époque exclu-sivement d’horlogerie.Le soir se déchaîna une violentetempête de neige qui nous aveuglaitet glaçait le sang dans nos veines,tandis que nous rentrions au pro-chain village. Mais malgré la tem-pête, une cinquantaine d’horlogers,des gens âgés pour la plupart, arri-vèrent des bourgs et des villages voi-sins – quelques-uns éloignés de plusde dix kilomètres – pour assister àune petite réunion extraordinaire quiavait été fixée pour ce jour-là.L’organisation même de l’industriehorlogère, qui permet aux hommesde se connaître parfaitement l’unl’autre, et de travailler dans leurspropres maisons, où ils ont la libertéde parler, explique pourquoi le niveauintellectuel de cette population est plusélevé que celui des ouvriers qui pas-sent toute leur vie, et cela dès l’en-fance, dans les fabriques. Il y a plusd’indépendance et plus d’originalitéchez les ouvriers des petites industries.

Début février 1872, Kropotkinequitta Saint-Pétersbourg et se rendit en Suisse. L’horlogerAdhémar Schwitzguebel, un fidèlede Michel AlexandrovitchBakounine, le mit en relation avecles montagnards du Jura. PierreKropotkine discerna chez ces arti-sans internationalistes une indé-pendance de pensée qu’il n’avaitpoint captée jusqu’ici au contactde ses contemporains et qui l’in-cita à adhérer aux préceptes del’anarchie.

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Je vis là que les ouvriers n’étaientpas une masse menée par une mino-rité dont ils servaient les buts poli-tiques; leurs leaders étaientsimplement des camarades plusentreprenants – des initiateurs plu-tôt que des chefs. La netteté de vue,la rectitude de jugement, la facultéde résoudre des questions socialescomplexes, que je constatais chez cesouvriers, principalement chez ceuxqui étaient entre deux âges, firentsur moi une impression profonde...Sans eux, ces conceptions seraientrestées encore longtemps à l’état desimples abstractions.La division en deux couches – leschefs et les ouvriers – que j’avaisobservée à Genève, n’existait pas dansles montagnes du Jura. Il y avait là uncertain nombre d’hommes qui étaientplus intelligents et surtout plus actifsque les autres; mais c’était tout.

Extrait de Pierre Kropotkine, Autourd’une vie, p. 247-252, La Guilde duLivre, Lausanne, 1972.

Petit retour en arrièreDès le XVIIIe siècle, l’Erguël avaitprogressivement abandonnél’agriculture pour se lancer dansl’horlogerie, qui était ainsi deve-nue la principale activité detoute la région. Vers 1800,Saint-Imier comptait près de800 habitants et environ neufdixièmes de la population activede l’Erguël travaillaient dansl’horlogerie, soit environ 4000personnes. En ce temps-là, leVallon produisait en moyenne2400 boîtes or et 105000 boîtesargent.

Au cours de la première moitiédu XIXe siècle, l’horlogerieconnut une formidable expan-sion dans le Vallon. Saint-Imiermultiplia par six sa populationjusqu’en 1860. En 1846, unrecensement dans le district deCourtelary indiquait une pro-duction de 264 752 montresprincipalement commercialiséesen Allemagne et en Amérique.Des fabriques d’ébauches et depièces détachées commencèrent

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à apparaître un peu partoutdans le Jura bernois, telle lafabrique Longines, créée en1867 à Saint-Imier par ErnestFrancillon.

Saint-Imier devint alors unesorte de plaque tournante del’horlogerie pour l’ensemble duJura. La petite cité imérienneétait prospère et se développaità merveille. Dès 1860, le villagese dota d’une école secondaire,d’une école d’horlogerie et duCorps des Cadets. La plupartdes maisons détruites dans lesincendies de la première moi-tié du siècle furent reconstruitesselon un plan en damier,comme à La Chaux-de-Fonds.Mais cette dernière demeuraitle centre des activités commer-ciales, un avantage qui s’expli-quait certainement par leslignes de communication diffi-ciles dans tout le territoire duJura bernois à l’époque.

Dès la seconde moitié du XIXe

siècle, les Jurassiens se mobili-sèrent donc pour créer unréseau ferroviaire de base. Deuxpétitions de 10 000 signatureschacune parvinrent enfin àébranler le Grand Conseil ber-nois. Celui-ci finit par accorder,en 1867, une subvention deprès de 7 millions de francspour la construction de la ligneBienne–Sonceboz–Les Convers,qui fut achevée en 1874.

Cette ouverture fut un élémentextrêmement positif pour la crois-sance économique du Vallon.La Chaux-de-Fonds demeuraitcependant la métropole quidrainait les activités commer-ciales des Franches-Montagnes.En 1888, l’assemblée munici-pale de Saint-Imier accorda unesubvention de Fr. 100 000.–pour l’établissement d’une ligneSaint-Imier–Les Breuleux, dansl’intention de développer sesactivités commerciales avec leplateau. Malheureusement,quelques jours plus tard,

Ernest Francillon, neveud’Auguste Agassiz

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La Chaux-de-Fonds votait uncrédit de Fr. 200 000.– pour laconstruction d’une voie ferréeLa Chaux-de-Fonds-Saignelégier.Saint-Imier avait perdu cettemanche mais ne s’avoua pasbattu.

Pour toutes ces raisons...Le projet ne fut pas abandonnépour autant. Certains, dontPaul Girod ou François Geneux,continuaient de croire aupotentiel d’un axe ferroviairereliant les Franches-Montagnesà Saint-Imier. La seule difficultéà surmonter était la différencede niveau entre Saint-Imier et leMont-Soleil, qui pourrait servirde point de départ à une lignede 9 km reliant les Breuleux. Lefuniculaire s’inscrivait donc par-faitement dans cette logique.

De plus, une grande partie de laproduction horlogère était faiteà domicile et bien des ouvriersfranc-montagnards devaientapporter à pied leur travail à

Saint-Imier ou dans le Vallon.Même si la bourgeoisie de Saint-Imier consentait des effortsimportants pour entretenir lavoie reliant le Mont-Soleil àSaint-Imier, les communicationsrestaient difficiles avec lesFranches-Montagnes, particu-lièrement en hiver.

Par ailleurs, vers la fin du XIXe

siècle, la tuberculose était l’unedes premières causes de décès.La perspective de disposer d’unmoyen de transport rapide etpeu onéreux pour se rendre àMont-Soleil et respirer le bon airpur de la montagne était unargument de poids. Dès le débutdu projet, il fut question d’yconstruire des sanatoria et d’yaccueillir les personnes désireusesde rétablir leur santé chancelante.

Le tourisme était alors en pleinessor en Suisse. Le Mont-Soleil,avec ses forêts, ses pâturages etla magnifique vue sur la région,était, et est toujours, considérécomme l’un des plus beaux sites

du Jura. Dès le début, on envi-sagea d’y construire des hôtels,un théâtre en plein air et desrestaurants. Quant aux habi-tants du Vallon, jeunes et moinsjeunes, ils disposeraient ainsid’un lieu où se reposer au grandair, hiver comme été, desfatigues d’une pénible semainede travail, sans devoir au préa-lable gravir les 400 mètres dedénivellation pour y accéder.

Peu de temps après leur fameuseexcursion au Cerneux-Veusil, en1899, MM. Geneux, alors direc-teur de la Société des forces élec-triques de la Goule, Rotacher,architecte, Smallenburg, ingé-nieur, Girod-Girard et Girard,tous deux négociants, fondèrentle «Comité d’initiative pour laconstruction et l’exploitationd’un chemin de fer-funiculaireau Sonnenberg». En septembre,ils présentèrent une demande deconcession à la Confédération,concession qui leur fut accordéele 23 décembre 1899.

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... le funiculaire vit le jour...Il ne restait plus alors qu’àconvaincre les autorités et lapopulation. La Bourgeoisie deSaint-Imier se laissa gagner parl’enthousiasme des initiateurset fit don du terrain où l’ondevait construire la ligne. Ellesouscrivit en outre Fr. 25 000.–de capital-actions. La munici-palité ne fut pas en reste puis-qu’elle versa une contributionde Fr. 50 000.– au projet. Lecomité d’initiative créa uncomité d’action constitué d’unevingtaine de citoyens chargés derépandre dans le public l’idéede l’opportunité de cetteconstruction, qui répondait àun besoin tant du point de vuedu développement de Saint-Imier que de celui du progrès engénéral et de l’utilité publique.En octobre 1900, le comitéd’initiative fit parvenir un tous-ménages aux Imériens, leurexpliquant les tenants et abou-tissants et sollicitant leur prisede capital. Plus de 1500 action-naires souscrivirent au projet et

en 18 mois, les Fr. 250 000.–nécessaires à sa réalisationfurent réunis.

Les plans du tracé furent établis,les travaux mis au concours, leConseil d’administration élu, letracé déboisé. On adjugea lestravaux à l’entreprise Froté &Westermann et l’ingénieurSmallenburg fut chargé de lasurveillance du chantier. Le pre-mier coup de pioche fut donnéle 3 juillet 1902. Un téléphé-rique servit à monter les maté-riaux le long de la ligne. Letunnel fut percé à la dynamite,mais le 25 octobre 1902, le via-duc en maçonnerie s’écroula:une benne chargée de sableavait heurté le viaduc, entraî-nant dans sa chute un ouvrieritalien, Bernardo Mafferetti, quifut tué sur le coup.

Cet accident ne fit pas qu’en-deuiller la construction du funi-culaire, il révéla aussi la mauvaisequalité de la roche dans laquellele tunnel était percé. Il fallut

1902: construction du funi

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prendre des mesures pourconsolider les parois du tunnelet les initiateurs réduisirent lebudget destiné aux gares pourne pas dépasser le devis.

Les travaux furent suspendusdurant l’hiver, pour éviter lesdégâts dus au gel. Pour ne pasperdre de temps, le Conseild’administration, qui avait suc-cédé au Comité d’initiative, enprofita pour engager les futursemployés, élaborer les cahiersdes charges et fixer les salaires.

Quant à la Commune bour-geoise, elle morcela plusieursparcelles au sud des Eloyes etles vendit aux divers amateurs.L’enthousiasme populaire étaittel et les espoirs si grands queles hôtels, restaurants et autrescommodités ne tardèrent pasà s’ériger. Au Grand Hôtel, àl’hôtel Beau-Séjour et au Buffetde la Gare vinrent bientôts’ajouter la Crémerie Cattin etle restaurant de la Brigade.

... et le rêve devint réalitéVint enfin le jour tant attendu.L’inauguration eut lieu le 8 août1903. Après tant d’années depréparation, de négociations, depersuasion et de travail, laSociété du funiculaire voyaitenfin la concrétisation de sonrêve. Ce fut donc par une riantematinée estivale qu’un funicu-laire flambant neuf achemina lesquelque 140 convives jusqu’auMont-Soleil. Au sommet, desgnomes juchés sur les rochersfaisaient un aimable tintamarrepour saluer l’arrivée des invités.Ceux-ci s’extasièrent devant lepanorama unique qui s’étendaitsous leurs yeux: tout au fond, leVallon, puis le Chasseral dans saglorieuse magnificence, et auloin le Mont-Blanc et mêmequelques sommets valaisans quel’on distinguait à peine.

Le banquet fut servi au restau-rant Mont-Soleil. L’assembléese régala d’un menu particuliè-rement alléchant: potage à lareine, filet de bœuf aux cham-

Carte postale de 1909

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pignons sauce Madère accom-pagné de petits pois, suivi d’unpoulet de Bresse. En dessert,sorbets au kirsch, biscuits, fruitset autres douceurs. L’Orchestrede Saint-Imier agrémenta l’agapede quelques aubades, tandisqu’un groupe de fillettes vintdéclamer des poésies à la gloiredu funiculaire et de Mont-Soleil.Il y eut bien entendu des dis-cours officiels, des toasts, desremerciements et des louanges,autant de messages d’opti-misme et de bonheur. Une èrenouvelle s’ouvrait à Saint-Imier.

Les premières annéesDès ses premiers mois d’ex-ploitation, le funiculaire s’avéraporteur d’espoirs et de projetsen tout genre. Hiver commeété, il permettait de se rendrerapidement au sommet. Lesvastes champs de neige qu’ony trouvait alors ne laissèrent pasde glace les amateurs de ski.C’est donc tout naturellementque le ski-club de Saint-Imierfut fondé le 22 décembre 1903.

François Geneux présida la toutejeune Société du funiculaireSaint-Imier–Mont-Soleil de sacréation jusqu’en 1921. Pendantles premières années, le funicu-laire enregistra des bénéficesréguliers. Le nombre de voya-geurs était en constante pro-gression et l’avenir s’annonçaitradieux. Cependant, la crise quiaffecta l’horlogerie de 1908 à1910 eut quelques répercussionsfâcheuses sur les recettes dufuniculaire, sans pour autantinquiéter les actionnaires.

Le Conseil d’administrationréagit comme il se devait, enprocédant à des mesures d’éco-nomie qui permirent de passerle cap en toute sérénité. L’année1911 amorça une belle reprise,avec la création de la sociétépour l’exploitation du GrandHôtel Mont-Soleil et de l’hôtelBeau-Séjour qui, par une publi-cité bien ciblée, parvint à atti-rer bon nombre de visiteurs enété et à conclure des contratsavec des entreprises britan-

Carte postale de 1913

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niques pour l’accueil de tou-ristes anglais en hiver.

Malgré la Grande Guerre, lefuniculaire parvint à tirer sonépingle du jeu et à engrangerquelques bénéfices inattendusen cette sombre période. Leséjour d’une quarantaine d’in-ternés français à Mont-Soleil en1916, le passage de nom-breuses troupes en 1917 et lecantonnement de bataillons dela 1re Division en 1918 com-pensèrent l’absence de touristes.

Paul Girod décéda en 1920, suivien 1921 par François Geneux.Le funiculaire avait perdu là deuxde ses géniteurs et plus ardentsdéfenseurs. Une page se tour-nait, un nouveau chapitre s’ap-prêtait à commencer.

La dépressionLe funiculaire avait tout justevingt ans et déjà une guerre der-rière lui. Il avait survécu avecpanache, mettant du baume aucœur de ceux qui en avaient

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besoin. On croyait que le pireétait passé alors qu’il restaitencore à venir.

A la mort de François Geneux,c’est le Dr Miéville, un autre deces pionniers de la premièreheure, qui prit le commande-ment de la Société du funicu-laire.

A peine la guerre achevée et laliesse populaire apaisée que lesdures réalités de la vie repre-naient leurs droits. Le renché-rissement général qui se fitsentir dans les années 1920 à1923 imposa sa marque dou-loureuse. Mais cela n’était rienen regard de la crise qui suiviten 1929. Le krach boursierd’octobre 1929, le mardi noirde funeste mémoire, marqua ledébut d’années extrêmementsombres pour l’industrie hor-logère. Le funiculaire subit deplein fouet les difficultés éco-nomiques de la région et dutattendre 1937 pour voir enfinle bout du tunnel.

1937: les «nouvelles» voitures arrivent!

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Dans son divertissement en 3 actes «La Fête auVillage» jouée à l’occasion de la Fête cantonale ber-noise de musique à Saint-Imier, en 1929, W. Renferconsacra l’une de ses chansons au funiculaire:

Il y a des villes par le mondeQui sont fières de leur palais,Elles ont des lacs aux eaux profondesEt des fleuves aux mille attraits,Mais Saint-Imier, dans sa montagne,A quelque chose de très bien,C’est pour lui faire une bonne réclameLe funiculaire de Mont-Soleil

Refrain:Ah! c’est un joli petit funiculaireQui monte et qui descend, (bis)Ah! il a vraiment tout ce qu’il faut pour plaireAux petits comme aux grands! (bis)

Il va, il vient toute l’année,Et conduit les Erguéliens,Au pâturage où l’on respireLe bon air des grands sapins verts.Il va, il vient, il ne fatigueEt jamais, il n’a déraillé!Et l’on peut voir, dominant la plate-forme,La belle casquette du contrôleur!

Refrain

C’est un joujou pour les famillesQui vont là-haut pique-niquer,C’est un joujou qui rend serviceQuand on veut faire une excursion!Il est discret, c’est merveilleuxQuand on est deux et amoureuxC’est mieux qu’en rêve, il n’y a pas à direDans ce petit train-là, on est heureux.

Refrain

Il y en a qui parfois rouspètentQuand on publie le bilan,Ils disent que des dividendesOn n’en pourrait faire un métier.Allons! Sans blague, ils exagèrentCar c’est très bien administré,Moi, je le dis, je me ferais actionnaireRien que pour le voir marcher toujours!

Refrain

(Tous droits réservés)

W. Renfer

La chanson du funiculaire

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Au cours de ces années noires,les éditions 1922 et 1923 de laFête de la Jeunesse brillèrentcomme des étoiles dans la nuit.C’est aussi durant cette périodeque fut construite la route deMont-Soleil qui s’avéra uneexcellente piste de luge en hiver!Le chef d’exploitation fit mêmeéquiper ses voitures de plate-formes pour transporter les skiset les luges et introduisit destarifs spéciaux pour les ama-teurs de sports d’hiver.

Les années d’orIl est dans la vie des paradoxesinexplicables. Alors que le restedu monde agonisait sous lesfeux de la Seconde Guerremondiale, le funiculaire vivaitses meilleures années.

L’année 1936 rendit lefuniculaire une nouvellefois orphelin avec ledécès du Dr Miéville.M. Emile Graner, directeur dela Goule, reprit la présidencedu conseil. Cette année-là, la

Un siècle de funiculaire… et de titres de transport!

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première école de ski juras-sienne fut créée à Mont-Soleil,en collaboration avec la Sociétéde développement et avec lareconnaissance officielle del’Association suisse de ski.

Si les manifestations populairesfurent annulées en 1939 et 1940en raison de la mobilisation,elles reprirent de plus belle en1941 avec une Fête des promo-tions très réussie et une semainehippique fort appréciée.

Dès 1942, les cultures indus-trielles firent leur apparition àla Combe à la Biche, ce quiimpliquait d’importants trans-ports de marchandises.

En 1945, l’exploitation enregis-tra son affluence record puisquenon moins de 231 163 voya-geurs furent transportés cetteannée-là – un chiffre inégalé parla suite.

Confortablement assuré par lesrecettes engrangées au cours de

cette période tristement faste,le Conseil d’administrationdécida en 1946 d’affilier toutson personnel à une caisse deretraite, ce qui fut approuvé parles actionnaires.

Dès 1946, les recettes et le tra-fic voyageurs retrouvèrent unvolume normal. Le mondepansait ses blessures, l’écono-mie se stabilisait et le retour àla normale sonna le glas desplus belles années du funicu-laire. Car tapie dans l’ombre,sa plus grande ennemie atten-dait son heure…

Ecce auto...C’est en 1950 que le funiculaireconnut son dernier résultat béné-ficiaire. Dès 1951, malgré tousles efforts consentis de part etd’autre, plus rien ne parvint àredresser les finances de laSociété du funiculaire. La rai-son en est simple, mais eut desconséquences dramatiquespour le funiculaire. A la fin dela guerre, la production auto-

Le funiculaire aux alentours de 1940

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mobile connut un essor si pro-digieux qu’elle passa, entre1945 et 1975, de 10 à 30 mil-lions de voitures. Et en Europe,la concentration industrielle,les progrès techniques et l’aug-mentation de la productivitéfavorisèrent l’apparition depetites voitures économiques.

Le rapport de gestion de 1958mentionnait déjà la concurrencede plus en plus sensible de l’au-tomobile. Mais en 1961, leConseil d’administration poussaun véritable cri d’alarme etinforma les actionnaires qu’il fau-drait désormais compter surl’aide des pouvoirs publics pourmaintenir l’exploitation du funi-culaire. Ainsi, dès 1963, grâceaux généreuses subventions de laCommune de Saint-Imier, le funi-culaire put continuer à subsister.

Les temps modernesOn le sait désormais, l’automo-bile a supplanté non seulementle funiculaire mais l’ensembledes transports publics. Si le

Conseil d’administration avaitle moindre espoir de voir leschoses s’améliorer au fil des ans,la crise des années septante futune nouvelle épreuve doulou-reuse qui ne laissa pas le funi-culaire indemne.

De 1970 à 1985, l’horlogeriesuisse connut la crise la plusgrave de toute son histoire.L’apparition des montres àquartz fut à l’industrie horlo-gère ce que l’automobile avaitété au funiculaire: presquefatale. Plus de la moitié desentreprises durent fermer leursportes durant cette période etle chômage se généralisa dansla région. Difficile alors pourune entreprise axée en grandepartie sur les loisirs de séduireun public confronté à de sigraves difficultés. La tête et lecœur n’y étaient pas…

Le Conseil d’administration per-dit son président M. CharlesStampfli en 1981 et nomma M.Gérard Meylan. Cette année-là,

une vaste campagne publicitairefut lancée en collaboration avecla Société de développement deSaint-Imier, du Syndicat d’ini-tiative d’Erguël et de l’Office dutourisme du Jura Bernois. Elleporta ses fruits puisque le tra-fic voyageur enregistra une jolieaugmentation.

En 1984, Mont-Soleil accueillitles championnats suisses de skide fond et le 1100e anniversairede Saint-Imier. La crise s’apaisadès 1985, au plus grand soula-gement de la population. Lefuniculaire, quant à lui, continuapaisiblement ses allées et venuesentre Saint-Imier et Mont-Soleil.Même s’il commençait à s’es-souffler, il faisait désormais par-tie intégrante de la vie imérienne.C’était donc le cœur tranquillequ’il amorçait la dernière décen-nie du siècle.

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Une cascade d’événementsCette décennie marqua un nouvel essor de la vie culturelle imé-rienne, avec l’apparition de toute une série d’événements quiallaient changer le visage de la petite ville. On assista ainsi à unretour de l’esprit d’initiative et de l’inventivité propres à notrerégion et qui avaient présidé à la construction du vénérable funi-culaire au début du siècle. Tandis que l’infrastructure mécaniqueet administrative subissait une érosion irréversible, on constataitnéanmoins que les habitants du Vallon étaient passionnémentattachés à Mont-Soleil et donc au funiculaire. Cela ne se reflétaitpeut-être pas dans les chiffres, mais certainement dans la quan-tité de projets qui virent le jour à Mont-Soleil. Seul un site d’ex-ception peut faire l’objet d’un tel foisonnement.

Les énergies renouvelablesLa construction de la centrale solaire de Mont-Soleil débuta en1991 pour s’achever l’année suivante. Elle fut inaugurée le 28 avril1992 en présence de M. Adolf Ogi, conseiller fédéral. Avec la créa-tion, en 1996, de la centrale éolienne de Mont-Crosin, l’Erguël sedota du plus grand parc d’énergies renouvelables de Suisse.L’Office du tourisme du Jura bernois créa le Sentier Découverte,un parcours de 4 km qui relie les deux centrales. Cette nouvelleoffre allait constituer, dès 1997, un atout très important pour letourisme de la région. En 1998, une conférence de presse fut orga-nisée dans le funiculaire en présence de la conseillère d’EtatMme Dori Schaer, soulignant ainsi la complémentarité des trans-ports publics et des énergies propres.

Mont-Crosin pour le vent… et Mont-Soleil pour le soleil

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Le Funi-culinaireDécidés à valoriser leur offre tout en profitant du funiculaire, lespropriétaires du Restaurant Le Manoir lancèrent, le 22 mars 1996,le «Funi-culinaire»: chaque vendredi et samedi soir, les convivesétaient invités à siroter tranquillement leur apéritif dans le funi-culaire de 19h40 avant de déguster leur repas au restaurant. Cetteheureuse et originale initiative allait durer jusqu’à l’interruptiondéfinitive du trafic, en août 2002.

L’aventure de l’Open AirUn beau jour, quatre jeunes gens de seize ans décidèrent de lan-cer leur propre festival de musique. Le public, tout étonné, décou-vrit en août 1995 le tout premier Mont-Soleil Rock Festival quiprésentait huit groupes régionaux sur une soirée. C’était un bienpetit festival, mais pour une première édition, il parvint tout demême à drainer 900 personnes!

Rebaptisé Mont-Soleil Open Air Festival en 1996, il s’est déplacé,étoffé, diversifié, a prospéré pour atteindre au fil des ans une ampleuret une notoriété qui dépassent largement la chaîne du Jura. Sa par-ticularité et l’un de ses principaux attraits: il est le premier festivaleuropéen entièrement compensé en énergies renouvelables. Situéà proximité de la plus grande centrale éolienne de Suisse, il présentel’avantage supplémentaire d’être accessible par un moyen propreet sans danger pour l’environnement: le funiculaire!

Le Grand FeuEn 1997, un groupe d’amis fortement attachés à Mont-Soleil maispréoccupés par le problème des mines anti-personnel créa le GrandFeu. Depuis lors, ce festival invite des artistes à se produire à titre

Mont-Soleil en musique: l’Open Air Festival et le Grand Feu

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gracieux afin de pouvoir reverser les bénéfices à des organisationsqui luttent contre ce fléau, telles que Handicap International ouDigger DTR, une entreprise spécialisée dans la fabrication d’en-gins de déminage et située à Courtelary.

L’observatoireLa Fondation de l’observatoire astronomique de Mont-Soleil(FOAMS) a vu le jour en 2001. Elle a pour but la gestion de l’ob-servatoire situé à Mont-Soleil et la diffusion des connaissancesdans le domaine de l’astronomie. L’observatoire lui-même estouvert au public depuis 2002 et organise toutes sortes d’anima-tions et de manifestations telles que la Nuit des étoiles, qui a lieuchaque année, ou des visites de groupe, de jour comme de nuit.

Heurs et malheursLa Société du funiculaire engagea enfin sa première femme conduc-trice, Mme Anita Loeffel, en 1991. L’année suivante, la BanqueCantonale Bernoise lança un concours de dessin d’enfants pourégayer les voitures. Les gagnants virent leur dessin reproduit sur lesvoitures par l’artiste local Carol Gertsch. Par ailleurs, jusqu’en 1995,le transport de bicyclettes s’avéra une source importante de reve-nus qui parvint presque à compenser la perte du transport de lait.

Hélas, à l’heure des restructurations, la Poste profita de la mise àla retraite, le 1er avril 1996, du facteur de Mont-Soleil, M. MauriceTschanz, pour acheminer par la route les deux tiers des prestationsassurées par le funiculaire. En 2000, elle finit par fermer le bureaude poste de Mont-Soleil et par supprimer totalement les trans-ports postaux par funiculaire. Ce fut un coup dur non seulementpour le funiculaire mais aussi pour les habitants de Mont-Soleil.

Décorées par Carol Gertsch en1992, les parois frontales appor-tent un petit rayon de soleil… 23

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Dès le mois de mai 1997, le funiculaire proposa la carte journalièrede l’Arc jurassien ainsi que l’abonnement communautaire Zigzagdu Seeland et du Jura bernois, qui allait dans un premier tempsavoir un impact tout à fait positif sur l’exploitation du funiculaire.

Le 26 décembre 1999, Lothar se déchaîna dans toute la Suisse etn’épargna pas Mont-Soleil. De nombreux arbres furent touchésau sommet de la ligne. Mais par chance, ni les voies ni le funicu-laire ne subirent de dégâts. Enfin, Swisscom décida de supprimer,dès février 2000, la cabine téléphonique sise près de la gare dufuniculaire.

La dernière année du XXe siècle et la première du second millénaireamorça un virage clé pour l’avenir du funiculaire.

Celui-ci adhéra, le 1er juillet 2000, à l’Uniondes transports publics. Durant l’été, il

collabora à la campagne nationale dela santé en tant que point de

départ de l’un des 40 itinérairespédestres ou cyclables propo-

sés par «La Suisse en mouve-ment». Le 29 août, enfin, laTélévision Suisse Romandevint enregistrer une sé-quence du programmequotidien pour les enfants«Les Zaps». Ainsi, le funipassa même à la télé!

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En 2001, le vieux funi vécut son dernier Noël. Le 19 décembre,110 élèves de l’école enfantine de Saint-Imier montèrent dans lefuniculaire avec leurs enseignants et leurs parents. En une dizained’allers-retours, le funiculaire, tout décoré des dessins des enfants,transporta vaillamment tout ce petit monde à Mont-Soleil, oùles enfants chantèrent, mimèrent, dansèrent et récitèrent des poé-sies de Noël dans un champ illuminé de torches. Puis, transis parle froid de canard qui régnait ce soir-là, les parents et enseignants,suivis des enfants, prirent place sur les vieilles banquettes de boispour redescendre à Saint-Imier. Le regard perdu dans l’obscuritédes sapins qui bordent le voie, peut-être songèrent-ils à ces jours,pas si lointains, où la main glissée dans celle du grand-papa, ilss’étaient assis là, confiants, joyeux et excités au croisement desdeux voitures... Le 8 août 2002, nonante-neuf ans après sa pre-mière course, le vénérable funiculaire effectua son baroud d’hon-neur avant d’être définitivement mis hors-service.

Là-haut sur la montagne, l’était un vieux funi...Depuis son inauguration en 1903, le funiculaire fit l’objet de soinsconstants. Le câble, ce fameux câble qui représente l’organe vitaldu funiculaire, fut changé à sept reprises. Les voies, les stationset les voitures furent soigneusement entretenues, bichonnéesmême, par les machinistes. De nouvelles voitures furent mises enservice en 1937. L’installation fut sans cesse mise à jour et enconformité avec les exigences fédérales. Mais malgré tout cela,force fut de constater dans les années nonante, que l’installationarrivait en bout de course. Il fallait faire quelque chose.

En 1997, le président du conseil, M. Ernest Sauvin, et le chef d’ex-ploitation, M. Michel Tharin, furent priés de présenter la situa-

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tion de l’entreprise à l’Office des transports du canton de Berneet reçurent l’ordre d’effectuer une étude sur l’avenir du funicu-laire. Le mandat fut confié à la maison Roland Ribi & Associés,de Lausanne.

Dans ses conclusions, l’étude proposait trois options possibles:la suppression pure et simple du funiculaire au profit d’un ser-vice de bus reliant le plateau de Mont-Soleil à Saint-Imier; le main-tien de l’installation actuelle en y incluant les transformationsexigées par l’Office fédéral des transports; et enfin la créationd’un nouveau funiculaire léger et automatique, avec un sensibleallongement du parcours pour améliorer l’accès aux véhicules.Cette dernière option comportait également la création de nou-velles stations à Saint-Imier et à Mont-Soleil ainsi qu’une nouvellesalle des machines à Mont-Soleil.

Les deux premières options furent écartées. En effet, la créationd’un service de bus impliquait le démantèlement obligatoire dufuniculaire, ce qui représentait tout de même des travaux consé-quents. La seconde option, à savoir la rénovation et l’actualisa-tion du funiculaire, constituait un investissement important sansréelle amélioration de l’offre. La seule issue envisageable restaitdonc de reconstruire un funiculaire «plus beau qu’avant»… et del’assortir d’un concept touristique fort.

L’histoire n’est finalement qu’un éternel recommencement. Un siècleaprès les initiateurs du premier funiculaire, une nouvelle équipe depromoteurs se lançait dans l’aventure du deuxième. Le 29 novembre2000, le bureau d’ingénieurs IUB fut mandaté pour présenter unavant-projet d’assainissement et de rénovation du funiculaire.

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Six mois plus tard, le 2 mai 2001, le maire de Saint-Imier,M. Stéphane Boillat, et le Conseil d’administration furent conviésà Berne dans les bureaux de la Direction cantonale des travauxpublics, des transports et de l’énergie, en présence de représen-tants cantonaux et de l’OFT. A cette occasion, IUB présenta lesdiverses variantes possibles ainsi que leurs budgets respectifs.

La première variante consistait en un funiculaire à deux voituresd’une capacité de 30 personnes chacune et en un renouvellementcomplet des installations électromécaniques. Dans la seconde option,le système d’enchaînement était conservé, l’électronique rénovée, lecâble et les freins changés. Le funiculaire comportait en outre deuxnouvelles voitures pouvant transporter 40 personnes chacune.

Enfin, la dernière variante proposait un funiculaire à va-et-vientavec une seule voiture, mais d’une capacité de 60 personnes. Danscette solution, le câble était mû par un treuil et la place de croi-sement supprimée. Là aussi, toutes les installations électromé-caniques devaient être remplacées.

Finalement, cette troisième variante fut choisie pour son origi-nalité et sa flexibilité. De plus, du point de vue financier, elle s’avé-rait légèrement plus avantageuse que les deux premières. Il futaussi décidé de prolonger le tracé du funiculaire d’une vingtainede mètres en haut et en bas pour en faciliter les accès et deconstruire deux nouvelles stations.

Le coût des travaux fut estimé à 9 millions de francs, pris en chargepour l’essentiel par la Confédération et le canton. Le 2 décembre2001, la population manifesta son profond attachement au funi-

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culaire en acceptant par 1160 suffrages contre 173 de libérer uncrédit d’un million de francs pour sa métamorphose.

1902-2002: la boucle est boucléeReprenant les bonnes idées qui avaient présidé au destin du pre-mier funiculaire, le maire Stéphane Boillat fonda, en collabora-tion avec le Président du conseil d’administration M. Sauvin et lechef d’exploitation M. Tharin, l’association des Amis du funicu-laire. La toute nouvelle association édita un dépliant expliquantle projet et sollicitant le soutien des entreprises, des collectivitéspubliques et des particuliers.

Au début septembre 2001, le bureau d’ingénieurs présenta sonprojet définitif qui fut soumis en décembre pour approbation àl’Office fédéral des transports. Le 11 janvier 2002, les plans furentmis à l’enquête dans la Feuille officielle d’avis du district deCourtelary. Le 1er mars, l’appel d’offres fut lancé dans ces mêmescolonnes pour le lot du matériel roulant, de la voie et des équi-pements électroniques puis, le 28 mars, pour la rénovation de lastation de Mont-Soleil, de celle de Saint-Imier et l’assainissementdu tracé. Ce fut finalement à l’entreprise De Luca de Bienne quefut confiée la réalisation des divers travaux. Enfin, entre fin avrilet fin juin 2002, la Confédération et le canton annoncèrent offi-ciellement leur accord de contribuer à hauteur de 8 millions defrancs à la rénovation du funiculaire.

Les travaux du nouveau chantier débutèrent le 9 août 2002. LaBourgeoisie commença par faire abattre plusieurs arbres le longdu tracé pour permettre la mise en place d’un téléphérique des-tiné à transporter les matériaux. Au cours des mois d’août et de

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septembre, les stations de Mont-Soleil et de Saint-Imier, les ins-tallations électriques et mécaniques, le câble, la salle des machines,puis les rails et les traverses le long du parcours furent démante-lés. Les premiers creusages purent alors débuter.

Les pluies diluviennes qui s’abattirent sur la région dans le cou-rant du mois de septembre ne facilitèrent pas les travaux. Et le30 septembre, vers la fin de la journée, un pan entier du tracé semit à glisser à proximité de la station de Saint-Imier. Un arbrefut ébranlé et menaçait de tomber sur une habitation touteproche. Un trou impressionnant apparut à cet endroit. Desmesures furent immédiatement prises pour remblayer et stabili-ser le talus. Les travaux de consolidation durèrent deux mois.

Le chantier dut une nouvelle fois être interrompu pendant l’hiver2002 pour un mois en raison du froid intense qui régna sur laSuisse à cette période. Ces imprévus repoussèrent d’autant la miseen fonction du funi, qui ne fut malheureusement pas prêt pourla septième édition du Mont-Soleil Open Air. Le public, alléchépar la splendide affiche du festival, afflua en masse et fut ache-miné jusqu’au Mont-Soleil par un service de mini-bus très per-formant… mais hélas! pas aussi sympathique que le funiculaire!De plus, 2003 connut un été torride qui aurait pu faire oublierpratiquement un siècle d’étés désastreux, si l’on en croit les rap-ports de gestion annuels de la Société du funiculaire!

Mais le funiculaire faillit bien être enterré avant même de voir lejour: le glissement de terrain et les exigences imposées par laConfédération avaient «gonflé» la facture de plus de trois millionsde francs. Le Conseil d’administration du funiculaire dut se retrous-

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ser les manches pour trouver des solutions. La Commune de Saint-Imier versa une contribution supplémentaire de plusieurs centainesde milliers de francs et certaines entreprises de la région ajoutè-rent leur écot. La Confédération et le Canton rallongèrent leur sub-vention de plus de deux millions et c’est finalement à l’arraché queles dernières centaines de milliers de francs purent être trouvées.

Les travaux furent enfin achevés à fin septembre 2003, au grandsoulagement de chacun. La phase de test put enfin débuter et neconnut aucun incident majeur. L’inauguration officielle fut pla-nifiée au 13 novembre 2003 et deux jours de libre parcours, assor-tis de sympathiques animations en ville et au sommet du parcoursles 15 et 16 novembre, furent offerts à la population et aux visi-teurs de la région.

Vers un nouveau centenaireLe vieux funi est mort... vive le nouveau! Pratiquement plus rienne subsiste de l’ancien, si ce n’est le tracé. Et encore, il a été allongéde quelques mètres en haut et en bas pour faciliter l’accès auxpoussettes, aux chaises roulantes et aux personnes moins mobiles.L’unique cabine, flambant neuve et décorée aux couleurs de Saint-Imier, pourra transporter au sommet près de 60 personnes entrois minutes trente seulement. Elle sera mue par un treuil situédans la station supérieure et offrira un confort et une sécuritéinégalés jusqu’ici.

Voilà un siècle, nos aïeux inauguraient en grande pompe leur funi-culaire, le cœur gonflé d’espoir. Leur foi en l’avenir avait déplacédes montagnes et vaincu tous les obstacles. A leurs yeux, la concré-tisation de leur projet avait mérité tous les sacrifices et les efforts

15 septembre 2003: montagede la nouvelle voiture

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qu’ils avaient consentis. Ils nedoutaient pas que le funiculairetiendrait ses promesses et seraitpour la région toute entière unatout et un moteur d’expansion.

Certes, il ne reste aujourd’huiplus rien de leurs travaux quequelques documents, des pho-tos et des souvenirs. Mais dansle cœur des habitants de larégion, le funiculaire occupe uneplace privilégiée. Il est une ins-titution, il fait partie de la viemême de Saint-Imier. Combiende couples fêtant leurs nocesd’or, d’argent ou de platine ontéchangé leur premier baiser surses vieux bancs, lors d’une ano-dine balade dominicale? Com-bien d’enfants ont grimpé pourla première fois les escaliersmenant au funi, le cœur battantd’excitation, la main dans cellede leur papa, à la fois anxieuxet impatients de prendre ledépart? Combien de citoyensgardent le souvenir lumineuxd’une magnifique journée demarche entre Mont-Soleil et le

Cerneux-Veusil, loin du stress etdes problèmes quotidiens?Combien de touristes dumonde entier conservent pré-cieusement les photographiesde ce fastueux coin de paysqu’ils ont visité, il y a quelquesannées ou quelques décennies?Combien de jeunes et de moinsjeunes se réjouissent de retrou-ver leur funi pour aller observerles étoiles, assister à un festival,s’aérer l’esprit, observer lanature ou échafauder les pro-jets les plus fous pour ce nou-veau millénaire?

La revitalisation du funiculairene concerne pas que le funicu-laire lui-même. Il concerne toutela région. Déjà, les autorités dela cité, emmenées par le dyna-mique maire Stéphane Boillat,ont élaboré un nouveau concepttouristique intitulé «Energieshorlogères», un parcours fléchéà l’intérieur du vieux Saint-Imierqui emmènera les curieux dansles méandres de l’histoire denotre beau Vallon.

Comment savoir ce que lesgénérations futures vont faire ducadeau somptueux qui leur estoffert aujourd’hui? Que dirontde nous nos descendants, dansun siècle? Un chapitre est clos,un nouveau débute, et nous neserons plus là pour savoir ce quis’est passé. Resteront toutefoisnos espoirs, notre foi en l’ave-nir, notre attachement à ce coinde paradis et l’amour que nousaurons légué, au travers de cefuniculaire, à nos arrière-arrière-petits-enfants.

Des nouvelles couleurs qui reflètent la vocation énergétiquedu funiculaire… 31

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