histoiredelamedecine
-
Upload
younesskhalfaoui -
Category
Documents
-
view
190 -
download
1
Transcript of histoiredelamedecine
Médecine et SociétéApproche historique(I)
Cours d ’Histoire de la MédecineFaculté de Médecine et de Pharmacie de Fes
Plan du Cours Les grandes périodes
Cours 1 : Les racines de la Médecine : de la médecine « archaïque » à la naissance de la Clinique
Cours 2 : La Médecine « Arabe », une étape majeure dans le développement et la transmission du savoir médical
Cours 3 : Naissance et progrès de la Médecine d’aujourd’hui
Limites Cadre Géographique limité : Le Monde
Méditerranéen, le Moyen-Orient et l’Espace Européen
Une présentation des principales périodes de l ’Histoire de la médecine avec l ’évocation de quelques grandes figures de cette Histoire
Manquent une histoire des maladies et une étude critique des théories médicales
De la naissance à la mort Valeur éthique de la médecine
La vie un équilibre entre santé et maladieLa santé valeur éthique positive (un bien)La maladie valeur éthique négative (un mal)
Spécificité de la profession médicaleLe médecin a le pouvoir de maintenir la santé, de lutter contre la maladie, de retarder la mort
I. Les Racines de la médecine
1. Les débuts de la Médecine : Premières civilisations
Repères Historiques Pré-Histoire Entre 600 000 et 10000 avant JC. Epoque
paléolithique (premiers outils humains) Histoire 3000 av JC. Civilisation Mésopotamienne
(Irak) Vers 3000 av JC. Civilisation Egyptienne
La médecine avant l ’Histoire L ’homme de la préhistoire : ce que nous
apprend la paléontologie Les maladies du squelette osseux
Exostoses (pithécanthrope de Java),lésions rhumatismales), séquelles de fractures,
Premières interventions sur l’homme malade Cals de fractures (paléolithique Teforalt Maroc),
trépanations (néolithique) Médecine basée sur des rites magiques
Aux origines de la civilisationEuro-Méditerranéenne (1) La Civilisation Mésopotamienne (entre le
Tigre et l ’Euphrate) : Sumer (Irak) et Assur (Iran) Premières civilisations urbaines entre Orient et
Occident (à partir de 3000 avant JC), première écriture (stèles, cylindres, tablettes etc…) Le malade puni par le dieu ou victime d ’un démon, Des médecins guérisseurs et « chamans » Une pharmacopée (plante=remède) Premiers traités médicaux
Le Code de Hammu-Rabi et les médecins (1) Premier ensemble de lois connu dans l’Antiquité
(Hammu-rabi roi de Babylone (1792-1750) Dix articles du code (sur 282) concernent les
droits et les devoirs des médecins Des actes chirurgicaux
importante incision au moyen de la « lancette de bronze »
Ouverture de l’arcade sourcilière pour intervention sur l’œil
Traitement de fracture osseuse ou lésion musculaire
Le Code de Hammu-Rabi et les médecins (2) Rémunération si réussite ou sanction si échec et
selon la classe sociale du patient homme libre, « muskenu »/paysan, esclave Acte réussi : Fracture osseuse corrigée
Reçoit 5 sicles d’argent d’un homme libre Reçoit 3 sicles d’argent d’un muskenu Reçoit 2 sicles d’argent du maître de l’esclave
Echec (mort du patient ou perte de son œil) Médecin amputé du poignet si homme libre Rend au maître un autre esclave si mort d’esclave Paye 50% du prix de l’esclave si perte de l’œil
Aux origines de la civilisationEuro-Méditerranéenne (2) La Civilisation pharaonique Egyptienne
Une vie au delà de la mort avec le « dieu pharaon », une thérapeutique « magique »
Approches « scientifiques » Pharaon Athotis (1e Dynastie) : premier traité d ’anatomie Les Papyrus : (800 recettes du second millénaire), traités
médicaux du temps de Ramsès 2 (1250 av JC) Connaissance de la sémiologie (Cardio-pulmonaire,
ophtalmologique, parasitaire, urinaire) Méconnaissance de la physiologie Médicaments : minéraux, végétaux, animaux (miel)
Aux origines de la civilisationEuro-Méditerranéenne (3) La Civilisation pharaonique Egyptienne Statut du médecin
Formation dans les « maisons de vie » Médecine spécialisée (généralistes et
spécialistes), hiérarchisée et affectée à des groupes sociaux
Médecin rémunéré, responsable de ses actes et tenu à une certaine déontologie
Excellente renommée dans toute l ’Asie :Imothep (2800 av JC) , Amenothep (architectes, médecins, dieux...)
Médecine Juive archaïque(1500-800 av JC.) Conception éthique de la maladie :
punition de Dieu qui seul peut apporter la guérison
Les médecins forment une classe à part de caractère religieux rattachée aux prêtres (lévites)
Accent mis sur la Médecine Préventive et l ’Hygiène
Isolement des malades contagieux et désinfection de leurs vètements (lèpre et peste)
Hygiène alimentaire (interdiction des viandes parasitées) Hygiène corporelle (bains et ablutions) Hygiène péri-natale
I. Les Racines de la médecine
2. Naissance de la clinique :
Hippocrate, Alexandrie, Galien
Repères Historiques 1. Civilisation Grecque 2500-1800 : Epoque pré-hellénique Autour de 1000 av JC : «Etats grecs » (772
Premiers jeux olympiques) 500 Empire d’Athènes 336-323 Alexandre « Le Grand » de Macédoine
conquête de : la Grèce, la Syrie (332), l’Egypte (Alexandrie), l’Irak, l’Iran, l’Afghanistan, l’Inde) meurt à 33 ans. Tous ces pays deviendront de civilisation grecque,certains pour des siècles
Repères Historiques 2. Civilisation Phénicienne (1000-800)
Liban, Maghreb (Tunisie, Lybie, Espagne du sud) 814 Fondation de Carthage
3. Civilisation Romaine Vers 750 Rome, vers 500 République Romaine Assimilation progressive de la Grèce (196 ) 146 destruction Carthage, conquête du Maghreb 111-115 Guerre de Jugurtha 30 Prise d’Alexandrie : Egypte province romaine
La Grèce, foyer de la civilisation Méditerranéenne
Vers le VIIe siècle avant JC une culture originale va prendre naissance, marquée par la coexistence de deux systèmes de pensée :
Une religion païenne avec un « panthéon » de dieux correspondant à chaque activité humaine. Dans celui-ci la santé est placée sous le patronage du dieu Asclepios (Esculape) fils d ’Apollon dont le sanctuaire sera un lieu de pèlerinage pour les malades.
Un courant philosophique dominé par Socrate et son disciple Platon qui veulent substituer à d ’invérifiables spéculations une sagesse toute humaine, qui encourage une recherche positive sur l ’homme et l ’univers où il vit.
Un scientifique philosophe : Aristote (384-322) Une théorie de la matière La matière est continue et divisible à l’infini. Le
vide n’existe pas Par opposition à Démocrite (460-370) : l’atome
élément ultime de la matière (Newton 1642-1727) Matière composée de quatre éléments
fondamentaux : terre, air, eau, feu Reliés par quatre forces mystérieuses : l’humide
(air-eau), le froid (eau-terre), le sec (terre-feu), le chaud (feu-air)
Hippocrate (460-370 av.JC) En Grèce sur l ’Ile de COS, première Ecole
de Médecine connue (600 av. JC) Médecins disciples d ’Asclepios dieu de la
médecine, transmission familiale, orale (serment) Hippocrate va se former à COS puis exercer
en Grèce continentale. Il va enseigner que : la maladie est un phénomène naturel qu ’il faut
étudier et comprendre la médecine est un savoir qui fonde son action sur
la connaissance de la cause des maladies
La médecine d ’Hippocrate (1) Première théorie médicale scientifique
mais sans anatomie ni physiologie. 1. Importance de la connaissance de
l ’organisme humain et de son environnement et des rapports de l ’homme et de son milieu pour la compréhension des maladies
2. La maladie est la conséquence d ’une atteinte de l ’ensemble du corps et non d ’un seul organe comme on le pensait auparavant
La médecine d ’Hippocrate (2) 3. La fonction vitale de l ’organisme est liée à un
équilibre entre quatre sécrétions ou « humeurs » Le sang élaboré par le cœur La bile jaune sécrétée par le foie La bile noire (ou atrabile) élaborée par les veines Le phlegme élaboré par l ’hypophyse
4. La maladie est la conséquence de la rupture de cet équilibre du fait de facteurs soit liés au malade, soit liés à son environnement
L’origine des maladies selon Hippocrate Maladies populaires : une population et une
même cause (épidémies) Maladies locales (climat, environnement)
Catarrhes en hiver, Inflammatoires au Printemps, Gastrites en été, Fièvres en automne,
Maladies générales (« miasmes » contenus dans l’air, l’eau, le sol contaminant par voie respiratoire). Pas de contamination inter-individuelle.
Maladies individuelles : un individu et un mauvais régime
La Clinique selon Hippocrate Le Diagnostic
L ’examen : interrogatoire observation, palpation, Les phases évolutives de la maladie : incubation,
phase critique, résolution (correspondant à état spécifique des humeurs)
La thérapeutique : Principes généraux : Ne pas nuire, combattre le
mal par son contraire, mesure et modération Bases : élimination de l ’excès d ’humeurs
Alexandrie et la Médecine Hellénistique Alexandrie (332 av.JC) capitale
intellectuelle du monde méditerranéen Une Bibliothèque, le Museion
500 000 papyrus catalogués et classés dont les premiers textes médicaux (Corpus Hippocratique)
Un centre de Recherche Scientifique : Mathématiciens (Euclide), physiciens,
astronomes (Aristarque : Cosmographie Hélio-Centrique), géographes, botanistes, zoologistes, ingénieurs (machine à vapeur)
L ’École d ’Alexandrie (1) Les débuts de la Recherche Médicale
Anatomie et Physiologie : Hérophile (335-280) et Erasistrate (310-250) : premières dissections Description du système nerveux, étude de la fonction
nerveuse « nerfs du sentiment et du mouvement », circonvolutions cérébrales
Exploration du système cardio-vasculaire, premières hypothèses sur la circulation artério-veineuse
Physiologie de la reproduction (testicules et ovaires)
L ’École d ’Alexandrie (2) Avancées cliniques grâce à la physiologie
La mort subite : paralysie du cœur Le comptage des pulsations (Hérophile) L ’ascite : rôle de l ’inflammation du foie
(Erasistrate) L ’ictère par obstruction du système vésiculaire
(Rufus d ’Ephèse, 1e siècle après JC) Le diabète : fonte en urine des chairs et membres
(Arétée , 1e siècle après JC)
L ’École d ’Alexandrie (3) Avancées thérapeutiques
Essor de la pharmacothérapie (Manuel de Dioscoride, 1er Siècle après JC)
Thérapie physique : bains, massages, gymnastique
Chirurgie correctrice (réduction de fractures) et sanglante (amputations, chirurgie ophtalmique
Obstétrique (traité de Soranos d’Ephèse)
Galien (1) Sa vie
Naît en Grèce à Pergame en 130 après JC De 14 à 17 ans fréquente les écoles philosophiques 17 ans, formation médicale jusqu’à 28 ans (Alexandrie,
assiste aux dissections d ’Herophile) Médecin des gladiateurs à Pergame Installation à Rome qu ’il fuit lors de la peste de 166 Voyages Syrie, Palestine, Phénicie, rappelé à Rome médecin
de Marc-Aurèle Mort à 70 ans en Grèce (vers 200)
Galien (2) Une œuvre scientifique immense
Entre 300 et 600 traités écrits en grecs ou en latin, dont certains parvenus seulement en traduction (syriaque, perse, hébreux, arabe)
Anatomiste et Physiologiste Rôle du diaphragme, contenu des artères (sang et
non air) , formation de l ’urine dans les reins, paralysies secondaires aux niveaux de section de la moelle
Commentateur d ’Hippocrate
La Clinique selon Galien Un remarquable clinicien dont le jugement
est basé sur la qualité de son observation et dont la conduite est déterminée par la réflexion : « Je recherche toujours quel lieu a produit
l ’atteinte de la fonction. Quand je suis certain d ’avoir découvert la partie, je recherche immédiatement le disfonctionnement de celle-ci. Puis de ces deux notions, je tire l ’indication du genre de traitement » (Traité des lieux affectés)
Limites de la Médecine Galénique
Une grande ambition :faire de la Médecine une science exacte, mais bases fragiles Anatomie incertaine
origine du sang dans le foie, méconnaissance des circuits artériels véhiculant « l ’esprit vital », et veineux véhiculant « l ’esprit naturel »
Physiologie et physiopathologie sans fondement scientifique
La santé se concevant comme un équilibre entre les quatre éléments constitutifs de la matière vivante : la bile et le sang, la lymphe et l ’atrabile
La maladie, « trouble porté sur tel ou tel point de l ’organisme « dans l ’équilibre et dans l ’harmonie des solides, des humeurs et des forces »
I. Les Racines de la médecine
3. La médecine à la fin du Monde Antique
La fin du Monde Antique Le contexte historique (Ve-VIe siècle)
L’Empereur romain Constantin 1er (270-337) fonde une nouvelle capitale Constantinople (330)
Foyer culturel de l’Empire d’Orient Vers 400 Séparation de l’Empire d’Orient
(Constantinople) et de l’Empire d’Occident (Rome) Grandes invasions et prise de Rome (476) Destruction de la civilisation romaine
La Médecine à la fin du Monde Antique (IIIe-Vie siècle) En Orient
L’empereur Romain Constantin Ier (270-337) déplace le siège du pouvoir en Orient dans une nouvelle capitale Constantinople (330).
« L’empire d’Orient » (Turquie, Syrie, Palestine, Egypte, Maghreb) un foyer culturel où l’art médical des auteurs grecs est
encore enseigné et pratiqué jusqu’au Maghreb Médecins célèbres au Maghreb
Cassius Felix (De Medicina), Avianus Vindicianus ami du Philosophe Augustin, Théodore Priscien (Emporidon)
La Médecine dans l’Empire Romain d’Occident
Absence de grandes écoles de Médecine : encyclopédies des auteurs grecs Celse (De Medicina) Pline (Histoire Naturelle),
Marcellus Empiricus (De Medicamentis) Après les grandes invasions : quelques
foyers ou survit la culture médicale antique En Espagne : Isidore de Séville dans « les
Etymologies » décrit l’épilepsie En Italie du Sud (Ravenne) Boèce crée un centre
de traduction des auteurs grecs
Conclusion Des origines à la fin de l ’Antiquité (Ve-VIe siècle), la
Médecine va passer d ’une conception « magique » à une approche professionnelle basée sur l ’observation et sur le raisonnement dont les maîtres seront Hippocrate et Galien.
Les bases scientifiques de cette médecine restent fragiles du fait de la méconnaissance de l ’anatomie et de la physiologie ainsi que des causes réelles des maladies.
Fortement liée au niveau culturel de la société, cette médecine continuera d’être enseignée en Orient jusqu’à la fin du monde antique. Dans l’empire romain d’Occident, elle s’effondra avec la culture antique après les grandes invasions.
Médecine et SociétéApproche historique(II)
Cours d ’Histoire de la MédecineFaculté de Médecine et de Pharmacie de Fes
Plan du Cours Les grandes périodes
Cours 1 : Les racines de la Médecine : de la médecine « archaïque » à la naissance de la Clinique
Cours 2 : La Médecine « Arabe » une étape majeure dans le développement et la transmission du savoir médical
Cours 3 : Naissance et progrès de la Médecine d’aujourd’hui
II. La Médecine « Arabe », une étape majeure
1. La science médicale en Orient autour de l’an 600
La Science médicale en Egypte et Syrie autour de l’an 600 après JC. Deux foyers culturels : traduction des médecins
grecs et enseignement de la médecine En Egypte : Alexandrie
Alexandre de Tralle (525-605) : Thérapeutica Paul d’Egine (620-690) : Traité de Chirurgie Ahrun prêtre syriaque d’Alexandrie : Pandectes
En Syrie : Antioche (Antakya), Edesse (Urfa) Sergius de Ra’s el Ain (act. Turquie) prêtre (536) et médecin
: traduit en syriaque Hippocrate et Galien Premiers hôpitaux : Césarée (Palestine) IVe siècle
Les Ecoles de Médecine de l’Empire Perse
L’Université de Nisibe/Nusaybin (sud Turquie) 6e siècle
Territoire romain conquis par le roi de Perse en 363 Université syriaque fondée en 489 (1000 étudiants) Traduction en syriaque des traités de médecine grecs Construction d’un hôpital pour l’enseignement des futurs
médecins (médecins des rois de Perse) L’université de Jûndishapur/Khuzestan (Iran) 7è-8è siècle)
Déportation par Shapur 1er de syriens (grecs et syriaques) Ecole de Médecine et hôpital, point de rencontre entre grecs,
syriaques, juifs, perses arabes et indiens (pharmacopée)
II. La Médecine « Arabe », une étape majeure
2. Les débuts de la Médecine Arabe
Points de repère 570-632 Prophète Mohammed 632-644 Califes élus : Formation de l’empire
« arabe » avec pour capitale Médine 661-750 Empire dynastique des califes
Omeyiades à Damas (le dernier Omeyiade fondera en 758 l’Emirat de Cordoue en Espagne)
750-1258 Empire dynastique des Abassides à Bagdad
1258 Prise et destruction de Bagdad par les mongols
Contexte Culturel Au cours du siècle qui suit la mort du Prophète
Mohammed, l’espace géo-politique arabe va se dilater de l’Iran jusqu’au nord de la méditerranée.
En même temps que se constitue un Empire une culture arabe va s’élaborer dont le Coran et la Tradition sont les sources, mais dont les bases seront la grammaire, le droit , l’éthique et la théologie.
Racines de la Médecine Arabe Dès l’origine
Importance des règles diététiques : interdiction de la viande de porc, des boissons alcoolisées, normes d’abattage des animaux, jeûne du mois de Ramadan
Présence de médecins aux côtés du Prophète (Médecin Al-Harit)
Entre 600 et 650, reprise de l’influence de la pensée médicale grecque Dans la bibliothèque du calife Omeyiade Umar Ibn Abdal
Aziz (717-720) un exemplaire du « Kunâsh al Khuz » « Pandectes » : encyclopédie médicale rédigée par le prêtre-
médecin syriaque d’Alexandrie Ahrun traduite en arabe par un juif de Basra
La Révolution culturelle des Abassides
Transfert en 750 du Califat à Bagdad par Al Mansur. En 765 choisit pour médecin un syriaque de l’université de Jundishapûr, Jûrgis ibn Bakhtisû
Le Calife Al Mah’mun (831-833) décide de permettre l’entrée des penseurs grecs dans la culture arabe (songe d’Aristote)
A la suite d’une victoire sur l’Empereur des « Rums » (Byzance), Al Mah’mun demande à ce dernier des livres scientifiques d’auteurs grecs : philosophie, géométrie, arithmétique, musique, et médecine.
La Maison de la Sagesse/Bait al Hikhma Fondée par Al Mahmun pour traduire les
principaux auteurs scientifiques grecs et constituer une bibliothèque ouverte aux élites Traductions de Platon, Aristote, Euclide, Ptolémée,
Hippocrate, Gallien, Dioscoride. traducteurs syriaques, rémunérés cent dinars par mois
Dès le 9ème siècle Bagdad dispose de l’essentiel du savoir grec, ce qui va permettre l’émergence d’une école médicale arabe
Médecins célèbres à la Cour de Bagdad (1) Hunain ibn Ishaq (808-877)
Chrétien syriaque, médecin de neuf califes, un des principaux traducteurs des médecins antiques Traducteur d’Hippocrate (Aphorismes) et de Galien. Ecrit en 856 (séjour en prison) la « Lettre de Hunain ibn
Ishaq à Ali ben Yahya sur les livres de Galien qui ont été traduits à sa connaissance et sur ceux qui n’ont pas été traduits ».
Explique sa méthode de travail : confronter les manuscrits syriaques et grecs avant de les traduire en arabe et cite 129 manuscrits dont 104 traduits par lui
Médecins célèbres à la Cour de Bagdad (2) Hunain ibn Ishaq (808-877)
Ouvrages personnels Le « Kittab al-masa il fi t-tibb » (Livre des questions sur
la médecine), source de l’enseignement médical médiéval en Orient et en Occident (Ysagoge)
Traité d’ophtalmologie
Yuanna ibn Masawaih (776-857) Anatomiste. Fait partie de la mission scientifique
envoyée par Al Mah’mun à Byzance Ecrit « an -Nawadir at tibbiya » (livre des aphorismes
médicaux), ouvrage utilisé pendant plusieurs siècles en Orient et Occident
II. La Médecine Arabe une étape majeure
3. Les siècles d’or de la médecine arabe
Points de repères A partir du Xème siècle fragmentation en Orient
de l’Empire Abasside avec création de principautés
Fatimides en Egypte Samanides au Khorasan Turcs Ghaznavides en Iran Emirat Bouwaiyide à Bagdad… Avec émergence de nouveaux foyers culturels
dans les principautés d’Iran et d’Asie centrale
Les Encyclopédistes arabes Dans le nouveau contexte géo-politique,
émergence des « Maîtres » de la Médecine Arabe :
Abu Bakr Muhammad ar Razi (Rhazes) Ali ibn al-Abbas al Majûsi (Haly Abbas) Abu Ali al Husayn ibn Sina (Avicenne) Abu Hassan Ibn al-Nafis al Damasqui
Ar-Rhazi (865-902/35) Iranien, né à Rhavy au sud de Téhéran : le
« Galien des Arabes » Homme complet : scientifique et musicien (luth)
Formation médicale à Bagdad dont il devient médecin de l’hôpital. Meurt aveugle
Oeuvre immense (sciences, philosophie et 61 traités de médecine (32 conservés, 18 traduits de l’arabe)
Esprit libre jugé sévèrement par certains « ronge par son alchimie la richesse des peuples, détruit par sa médecine le corps des hommes, corrompt par son rationalisme l’âme des croyants », cité par al-Biruni.
Ar-Rhazi (865-902/35) Principaux traités médicaux (1) « Kitab al Hawi », une encyclopédie
médicale des opinions des anciens (grecs, syriaques, indiens, arabes) avec ses critiques et ses remarques Base de l’enseignement médical en Occident
au Moyen-Age sous le nom de « Continens »
Ar-Rhazi (865-902/35) Principaux traités médicaux (2) « Kitab at-Tibb al Mansuri », traité médical de
synthèse en dix livres : anatomie, tempéraments, aliments et médicaments, hygiène et prévention, cosmétique, régime dans les voyages, chirurgie, poisons, maladies de la tête aux pieds, fièvres,
« Al Fusul » (Les aphorismes), recueil pour les débutants,
Autres : les calculs rénaux, variole et rougeole.
Al Majûsi (?- 994) Iranien né à Awhaz, famille de « mages »
zoroastriens : la synthèse du Galénisme. Protégé de l’Emir Bouwayid Adhad ad-Dawla à Bagdad,
travaille à l’Hôpital fondé par ce dernier Ecrit « al Kitab Kamil as sana at tibbiya »
(Encyclopédie de l’Art Médical) ou « al Kitab al Malaki » (le Livre Royal) car dédié à l’Emir
dédié à l’Emir. (Pantegni) vingt discours (moitié théorie, moitié pratique), plus concis que
le « Kitab al Hawi » de Rhazi : « ce qui est nécessaire pour la conservation de la santé et le traitement des maladies : leur nature, leur cause, leurs symptômes »
Ibn Sina/Avicenne (980-1037) « Le Maître et le Prince de la Médecine »
Naît à Boukhara (Ouzbekistan), d’une famille de hauts-fonctionnaires de la Cour des Emirs Samanides, un foyer de la culture Persane
A pour précepteur, un philosophe Abu Abdallah al Natili qui lui enseigne les anciens maîtres grecs : Porphire (Logique), Aristote (Métaphysique), Euclide (Géométrie), Ptolémée (Astronomie)
A 16 ans commence l’étude de la Médecine et est appelé par l’Emir Nuh ibn Mansur malade.Il le guérit et celui-ci lui ouvre sa Bibliothèque.
Ibn Sina (980-1037) « A 18 ans, j’avais fini avec l’étude de toutes les
sciences… » Des bouleversements politiques lui font quitter
Boukhara et il vient à la Cour de l’Emir de Hamadan (Iran) où il mène une vie de courtisan (le jour) et de savant (la nuit)
A la mort de l’Emir il doit partir auprès du Prince d’Ispahan qui lui permet de continuer ses travaux
Meurt en 1037 alors qu’il retourne à Hamadan où il est enterré.
Ibn Sina (980-1037) « Une vie ne se mesure pas à sa longueur mais à
sa largeur » Deux ouvrages majeurs « Kitab as-Sifa » (le Livre de la guérison des
âmes) ,encyclopédie philosophique « Kanun fi al Tibb » (Le Canon de la
médecine), encyclopédie, base de l’enseignement médical en Orient et en Occident pendant plusieurs siècles avec un abrégé le « Poème de la Médecine »
Ibn Sina (980-1037) « Al Kanun » ou la Médecine science rationnelle,
ensemble de 5 livres « concis, complet et clair » Livre un : connaissances fondamentales en médecine
(anat, physio, nosologie, prophylaxie, thérapeutique Livre deux : classification des médicaments simples
et guide de prescription Livre trois : description des maladies des organes Livre quatre : Description des symptômes et des
maladies générales (fièvres) Livre cinq : Formulaire pour les médicaments
composés
Ibn al Nafis (1213-1288) Syrien né à Damas mais carrière au Caire. Juriste,
philosophe, théologien : le dernier des Maîtres de l’Orient. Médecin de l’Hôpital an Nâsiri (Traité
d’ophtalmologie) et brillant anatomiste Ecrit « Sharah Tashrih al Kanun »
Commentaire sur l’anatomie du Canon d’Avicenne où il contredit ce dernier et démontre le premier la physiologie de la circulation cardio-pulmonaire
Ibn Nafis : La circulation pulmonaire « L’opinion d’Avicenne que le cœur a trois
ventricules n’est pas exacte. Le cœur n’a que deux ventricules : l’un, le droit, est rempli de sang (veineux), l’autre, le gauche, « d’esprit vital » (sang artériel)
Il n’a pas de passage entre ces deux ventricules, car autrement le sang pénètrerait jusqu’à l’esprit vital et le corromprait. L’anatomie montre qu’il n’en est rien et dément ce qui a été dit »
II. La Médecine Arabe, une étape majeure
3. La Médecine au Maghreb et en Andalousie
Repères historiques 698 Prise de Carthage par Abd El Malik, fin de la
colonisation romaine sur le Maghreb 711 Tariq ibn Ziyad traverse Gibraltar et
entreprend la conquête de l ’Espagne royaume Wisigoth ; 716 conquête d ’Al Andalus achevée.
En 756 Al Andalus autonome avec pour capitale Cordoue dont le Prince sera le dernier Omeyyade
700 Dynastie Idrisside à Fes 800 Dynastie Aghlabide à Kairouan
Le Maghreb oriental : l’Université de Kairouan
Fondée en 670 Kairouan capitale de l’Ifriqiya devient à partir de 800 sous les Aghlabides puis les Fatimides un foyer de culture.
Fondation d ’une Bibliothèque sur le modèle de la Maison de la Sagesse
En 900 arrivée d ’Orient de deux médecins Ishaq ibn Imran (Traité sur la mélancolie) Ishaq al Israili médecin et philosophe (Kitab al-Hummayat,
traité des fièvres et Kital al-Bawl, traité de l ’Urine) Parmi leurs élèves Ibn al-Gazzar écrit un traité sur les
médicaments (280drogues classées) Ces ouvrages seront traduits par Constantin l’africain
Le Maghreb occidental :L’Université de Fes 789 Fondation de Fes par Idriss I 857 Construction de la Quarawiyine 1130-1176 La Quarawyine devient un des
principaux centres intellectuels du Maghreb (Almohades)
1280-1358 Construction des Médersas (Mérinides)
La médecine fait partie des disciplines enseignées à l’Université Quarawyine
Introduction de la Médecine arabe en Espagne
Jusqu’aux règnes d ’Abdar-Rhaman 2 (822-852), et d ’Abdar-Rhaman 3 (912-976) pratique médicale empirique basée sur les écrits d ’Isidore de Séville
A partir de cette époque développement des échanges commerciaux, artistiques et intellectuels avec Kairouan, Bagdad et Byzance avec envois de livres grecs (traité de Botanique de Dioscoride)
Création de Bibliothèques et d ’Ateliers de traduction en langue arabe
Premiers médecins envoyés se perfectionner à Bagdad et en Orient.
Les premiers médecins d ’Al Andalus AbuI-quasim halaf az-Zarawi (Albucasis)
Né à Medina az-Zahra, mort vers 1019 Médecin et chirurgien auteur du « Livre de la
Théorie et la pratique » ensemble de 30 traités empruntés au Kitab al-Hawab d ’ar-Razi.
Le traité 28 sur les médicaments sera traduit en latin « Liber servitoris »
Un traité de chirurgie contient figures de nouveaux instruments : ciseaux pour ablation des amygdales, trocart pour paracentèse, spéculum vaginal
Diffusion du savoir médical Sous le règne des Almohades (XIIe siècle), des
écoles de Médecine existent à Grenade, Almeria, Séville, Murcie, Cordoue et Tolède.
De grandes figures médicales vont marquer longtemps la science médiévale européenne :
A Séville, Abu Marwan Abd al-Malik ibn Zurh (Avenzoar)
A Cordoue, Ibn Rusd (Averroes) médecin et philosophe et Mussa bin Maimun ibn Aabadallah (Maimonide)
A Grenade, Lisan ad-Din Ibn Al Khatib
Ibn Zuhr (Avenzoar) Séville (1091-1162)
Etudes médicales à Cordoue, stages à Bagdad et au Caire revient à Séville au service des souverains Almoravides et Almohade
Observateur et expérimentateur (dissections, expérimentation animale)
Kitab al Taisir (Livre de la simplification des traitements et des régimes) : description de cas cliniques (tumeurs colon et médiastin, abcès et épanchements péricardiques), trachéotomie
L ’œuvre médicale d ’Ibn Rusd(Averroes)
Cordoue (1126) Marrakech (1198) Juriste, Philosophe spécialiste d ’Aristote
aura une influence importante sur la pensée universitaire en France au XIIIe siècle : Averroistes et Antiverroistes 1277
Médecin, commentateur d ’Ibn Sina, auteur d ’un traité synthétique le « Kittab al-kulliyat » Anatomie, physiologie, pathologie, symptômes,
régimes et médicaments, hygiène, thérapeutique
L’oeuvre médicale de Maimonide Cordoue (1135)-Forstat (1204)
De famille juive, émigre au Maroc à 13 ans à la prise de Cordoue par les Almohades, puis en Palestine et en Egypte où il devient le médecin du secrétaire du souverain Salah Eddin
Esprit libre, lecteur d’Aristote et d’Hippocrate Ecrit une œuvre philosophique ou il cherche à
concilier la science et la religion Médecin adepte d’Hippocrate, insiste sur
l’Hygiène de vie, écrit plusieurs traités médicaux (Traité sur l’Asthme)
Ibn Al Khatib l’ami d’Ibn Khaldun médecin, vizir et poète Loya Andalousie (1313)- Fes (1374)
Homme politique : Vizir à la cour des souverains de Grenade (Ysuf 1er et Muhammad V), fait la connaissance d’Ibn Khaldun
Historien (Histoire de Grenade, Chronologie des califes et des rois d’Afrique et d’Al Andalus
Théologien (Traité de Mystique sur la miséricorde de Dieu) Poète grenadin cité par Ibn Khaldun dans lMuqadima (Djaysh
al-tawshhih)
Médecin auteur d’un traité sur la peste (Grenade 1352) : première démonstration de la transmission par contact humain de la maladie
Essai de bilan de la Médecine Arabe Pas seulement une transmission de la Médecine
Grecque, mais aussi : Progrès dans l ’Anatomie : Ibn al Nafis (1288) dément
Galien et affirme l ’absence de communication entre les ventricules, Ibn Zuhr (expérimentation animale)
Essor de la Pharmacologie : Ibn al Baytar (1197-1248) recense 3000 drogues, variolisation
Premiers Hôpitaux (Bimaristans) : Bagdad (800), Marrakech (1190), Grenade (1345), lieux de soins et d ’enseignement (services : chirurgie, ophtalmo)
II. La Médecine Arabe, une étape majeure
4. La transmission vers l’Europe Médiévale
Situation Sanitaire en Europe après les grandes invasions Une société démunie, mal-nutrie, ayant
perdu toute hygiène, sans défense, décimée par de grandes Pandémies Maladies Infectieuses : Peste « la mort
noire », Variole, Lèpre (enfermement) Maladies nutritionnelles : Famines, « Mal
des Ardents » intoxication ergot de seigle, scorbut etc...
La Médecine en Europe après la fin de l’Empire Romain
Une médecine empirique dans la société rurale, survie dans les monastères des restes du savoir avec un faible impact sanitaire En Italie du Sud (Ravenne) Cassiodore fait
traduire en latin aux moines des traités de Galien En Angleterre Bède le Vénérable intègre la
Pharmacopée dans ses « Eléments de Philosophie »
En Allemagne à Fulda, Raban Maur écrit un traité des médicaments
Passage de la médecine arabe vers l’Europe : la voie de l’est
Constantin l ’Africain « Le Maître de l ’Orient et de l ’Occident » (1015-1087)
Naît à Carthage, d’abord marchand. Contacts avec Kairouan, Voyages en Orient (Bagdad, le Caire…) où étudie la médecine et dont il aurait ramené des traités médicaux en langue grecque et arabe.
Passe en Italie du sud à Salerne vers 1050 sans doute à l ’invitation de Princes Italiens. Fait la connaissance de l ’Evèque Alfanus qui a lui-même découvert les penseurs grecs à Constantinople
Invité par l ’Abbé Desiderius, devient moine à l ’abbaye du Mont-Cassin, alors principal foyer culturel de l ’Italie et important centre de traduction
Les livres de Constantin l ’Africain
Le « Liber Ysagogarum » l ’Isagoge Traduction en latin de fragments du « Masa il fi t-
tibb » de Hunain ibn Ishaq, traduction arabe de traités de Galien
Le « Pantegni, Tout l ’Art (médical) » Adaptation en latin du « Kamil as sina at at-
tibbiya » de Ali ibn al-abbas Al Magusi, basée sur les commentaires d ’Hippocrate par Galien
Mais pas de citation des sources arabes, choix sélectif dans les œuvres initiales, erreurs de traduction
L ’École de Salerne Cette transmission du savoir va permettre
aux disciples de Constantin l ’Africain de fonder à Salerne la première Ecole médicale en Europe jusqu ’au XIIIe siècle La médecine se constitue en tant que science La pédagogie se codifie : lecture commentée,
confrontation d ’opinions contradictoires, constitution d ’un programme de base : cinq textes dont l’Ysagoge et le Pantegni
Distinction entre Théorie et Pratique (al-Majûsi)
Passage de la médecine arabe vers l’Europe : la voie de l’Ouest
1085 Prise de Tolède par le Roi Alphonse VI de Castille
Un événement majeur pour la communication du savoir d ’Al Andalus à l ’Europe du Nord
Tolède un centre d’études pour les intellectuels de l ’Europe du nord qui viennent : s ’instruire dans tous les domaines de la science médiévale
avec l ’aide des chrétiens de langue arabe qui y vivent (mozarabes)
acheter des manuscrits qu’ils ramèneront dans leur pays d’origine pour être recopiés
Un traducteur Gérard de Crémone (1114-1187) Equivalent en Espagne de Constantin
l ’Africain en Italie (mais plus « honnête ») Vient jeune étudiant d ’Italie à Tolède pour y
apprendre l ’arabe Traduit en latin avec toute une équipe plus de 80
ouvrages philosophiques et scientifiques arabes originaux ou traduits du grec
Notamment les œuvres d’ Aristote, Ptolémée, Galien mais aussi ar-Razi, Ibn Sina (Traduction du Kanun », Abu I Quasim etc...
Médecine arabe et Enseignement médical médiéval en Europe
Grâce aux traducteurs des auteurs arabes , un enseignement médical va pouvoir prendre naissance en Europe du nord Au XIIe siècle, création d ’une école de Médecine
à Montpellier (Arnaud de Villeneuve), puis au XIIIe siècle à Paris et Bologne et Salerne, au XIVe siècle à Oxford
Pour la licence on enseigne à Montpellier en 1309 : Galien, Hippocrate, Avicenne, Rhazes, Al-Magusi, Hunain ibn Ishaq (Ioannitius)
Le Kanun d ’Avicenne édité jusqu ’en 1674
Conclusion A la fin du monde antique grâce au travail de traduction des
médecins chrétiens syriens exilés en Iran et à Bagdad, la civilisation de l’Islam peut se réapproprier la tradition médicale d’Hippocrate et de Galien
Sur cette base s’élabore une médecine « arabe » originale et novatrice dont la renommée va se prolonger jusqu’au début du Moyen-âge au Maghreb et en Andalousie
C’est par les relais de l’Italie du sud et de l’Espagne qu’un nouveau travail de traduction va permettre à l’Europe de disposer des principaux ouvrages des auteurs grecs et de la médecine arabe qui serviront de base à l’enseignement médical pendant des siècles
Médecine et SociétéApproche historique(III)
Cours d ’Histoire de la MédecineFaculté de Médecine et de Pharmacie de Fes
Plan du Cours Les grandes périodes
Cours 1 : Les racines de la Médecine : de la médecine « archaïque » à la naissance de la Clinique
Cours 2 : La Médecine « Arabe » une étape majeure dans le développement et la transmission du savoir médical
Cours 3 : Naissance et progrès de la Médecine d’aujourd’hui
III. Naissance et progrès de la médecine d’aujourd’hui
1. Une « révolution culturelle » en Europe : La Renaissance
Une Révolution idéologiqueL ’Humanisme
1450 Imprimerie ( Gutenberg) diffusion du livre 1492 Découverte de l’Amérique (Christophe Colomb) Essor économique : premières banques et développement
du commerce au delà de l’espace euro-méditerranéen (Venise)
Redécouverte de la culture antique : philosophie (Platon), architecture, sculpture (Italie)
Premières Bibliothèques et premières Académies Nouvelle vision de l ’Histoire comme progrès dont
l ’Homme est responsable, Remise en cause des théories d’Aristote, revendication de
l ’autonomie de la science par rapport à la philosophie (Copernic,Galilée)
Sa perception en Orient : Jugement d’Ibn Khaldun
La Renaissance Médicale(XVIe-début du XVIIe siècle) Réveil de la Recherche Médicale
Progrès en anatomie par le recours à la dissection et et contestation de la tradition hippocratique en physiologie
En Anatomie : Léonard de Vinci (1452-1519), Vésale (1514-1564)
En Physiologie : William Harvey (1578-1657) qui n’a pas eu connaissance des travaux d’Ibn Nafis redécouvre la circulation du sang en circuit fermé (du cœur vers les artères avec retour veineux)
Des connaissances sans conséquences en Santé Publique
Autres découvertes (XVIIe siècle) Circulation capillaire (Power 1649), canal thoracique
(Pecquet 1651) Globules rouges (Loewenhoek 1673) Rôle du follicule Ovarien (De Graeff 1673)
Progrès dans la chirurgie Ambroise Paré (1509-1590) : Blessures par arme à feu
Mais absence de maîtrise de l’état sanitaire Persistance des maladies nutritionnelles (famines, carences) Impuissance face aux maladies infectieuses, nouvelles
pathologies : Syphilis (Amérique) Empirisme : Alchimie (Paracelse), Sorcellerie (malades mentaux)
III. Naissance et développement de la médecine d’aujourd’hui
2. Évolution de la médecine du
XVIIe siècle au XIXe siècle
Contexte Historique En Europe, début de la civilisation urbaine
industrielle avec pour conséquence Émergence d ’une nouvelle classe sociale au sein de
laquelle se recruteront les intellectuels et notamment les médecins
Développement des villes avec un décalage de plus en plus important par rapport aux régions rurales, d’où le début d’un exode rural
Multiplication des voyages et des échanges entre les pays favorisant la propagation des maladies épidémiques
Naissance de la Santé Publique en Europe au XVIIIe siècle Mise en place d’un contrôle des épidémies La Peste (Marseille, Le Caire) : Isolement,
quarantaine dans les ports Premières vaccinations La Variole
1701 variolisation par Pyrilano à Istambul : multi-puncture avec aiguille trempée dans une pustule)
1721 diffusée en Angleterre par Lady Montague 1796 Jenner pratique la première vaccination par le
cow-pox (vaccine)
Etat sanitaire en Europe au début du XIXe siècle Situation peu modifiée par rapport aux
siècles précédents Absence de toute hygiène individuelle et
collective (eau, déchets) Persistance des maladies contagieuses
L ’Epidémie de Cholera en 1830 (18000 morts à Paris sur 650000 habitants), de Diphtérie..,
Maladies vénériennes (Syphilis) Une nouvelle Pandémie : la Phtisie (Tuberculose)
La Révolution médicale du XIXe siècle Une rupture avec la Tradition Hippocratico-
Galènique La confrontation Anatomo-Clinique et les progrès du
diagnostic médical L’approche expérimentale des mécanismes
morbides : naissance de la physiologie La mise en évidence des agents infectieux
pathogènes Une nouvelle conception de l’hospitalisation Un retard dans les progrès de la thérapeutique
Le courant Anatomo-Clinique Objectif : Rechercher le siège des maladies
Livre de Morgagni de Padoue (1682-1771) « Du siège et des causes des maladies indiquées par l’anatomie », recours systématique à la dissection
1761 « Traité sur la percussion thoracique » par Auenbrugger de Vienne (1722-1809)
1808 Traduction du traité par le chirurgien français J.N. Corvisart (1755-1821)
1819 Traité « De l’Auscultation Médiate » par R. T. Laennec (1781-1826), stéthoscope
Avancées de la Médecine Anatomo-Clinique (1)
La Confrontation des données cliniques aux lésions anatomo-pathologiques va permettre d ’identifier les pathologies
(Laennec, Louis, Cruveilhier et Trousseau) Identification des Maladies Respiratoires
Description par Laennec de : la dilatation des bronches, le pneumothorax, la pleurésie, la gangrène pulmonaire, l ’infarctus hémoptoïque, l ’emphysème…
Démonstration de l ’origine du diabète Découverte de l ’Hyperglycemie (Rollo 1803), rôle du pancréas
(Bouchardat 1846), Coma diabètique (1848 Proust et Grisolles)
Avancées de la Médecine Anatomo-Clinique (2)
Identification des Maladies cardio-vasculaires Insuffisance aortique (Hodgson et Corrigan 1832-1838),
insuffisance et rétrécissement mitral (Bouillaud), pathologie des coronaires (Lobstein 1833), athérome (Rokitansky 1845)
Nephrologie Classification nosologique (Bright 1840)
Gastro-entérologie Cancer gastrique (Laennec 1804), Ulcère (Cruveilhier
1830) Système Hépato-Vésiculaire
Kyste hydatique (Laennec 1804), cirrhose (Bright 1827)
Avancées de la Médecine Anatomo-Clinique (3)
Neurologie Hémorragie cérébrale, Hémorragie méningée
(1812 Cheynes), Ramollissement cérébral (1819 Rostan, Cooper 1836), Maladie de Parkinson (1817), Epilepsie généralisée et partielle (1827 Bravais)
Psychiatrie Reconnaissance des états de démence comme
maladie (Pinel 1793) Identification des pathologies et réglementation
des asiles (Esquirol 1803, 1838),
La Médecine Expérimentale (1) Le Maître F.Magendie (1783-1855) Médecin hospitalier, invite les médecins à créer
une « médecine expérimentale » qui révèlerait les causes des altérations morbides et permettrait d’agir sur ces causes ».
1830 Premier Laboratoire au Collège de France où il succède à Laennec, expérimentations systématiques sur l’animal (double conduction des nerfs rachidiens)
Fonde le « Journal de Physiologie »
La Médecine Expérimentale (2) L’élève Claude Bernard (1813-1878)
Clinicien de formation, mais clinique jugée empirique.
Seule la physiologie fondée sur l’expérimentation permettra des progrès à la médecine scientifique.
L’expérimentation doit être réalisée selon un protocole rigoureux : observation, formulation de l’hypothèse, vérification expérimentale de l’hypothèse
1865 écrit l’Introduction à l’étude de la Médecine Expérimentale »
Début de l’Infectiologie Fièvres puerpérales (un tiers des accouchées) 1830 Création de services d’accouchement
(Cruveiller) 1843 Mise en place de mesures d’asepsie
(Semmelweis) Diphtérie 1826 Identification du croup et traitement par
trachéotomie (Bretonneau)
Naissance de la Microbiologie Louis Pasteur (1822-1895)
Intuition ancienne « d ’infiniments petits » à l ’origine des maladies (Contagion (1546 Fracastor)
Démonstration de l ’existence de micro-organismes responsables de la fermentation et de la prévention par « pasteurisation » à 55°, extension de cette découverte aux maladies contagieuses (microbes)
1877. Démonstration du rôle pathogène des microbes, apport du microscope
Microbes : furoncle en « amas de grains » (staphylo), fièvre puerpuérale en chapelet de grains (streptocoque), pneumonie en grains de café (pneumocoque)..
Conséquences du « Pastorisme Création de l ’Institut Pasteur (1888) En Hygiène alimentaire : Pastorisation En Chirurgie : Antisepsie et Asepsie En Médecine
Découverte des « toxines » (choléra des poules » Premières vaccinations par un germe « atténué »
Chez l ’animal : vaccin anti-charbonneux Chez l ’homme : vaccin anti-rabique
Autres avancées Progrès de la parasitologie
Exemple du Paludisme : fièvre des marais 1834 Maillot à Alger introduit le traitement par la quinine 1880 Laveran découvre l ’hématozoaire responsable et sa
transmission par l ’anophèle
Nouvelles conceptions de l ’Hospitalisation Séparation des secteurs d ’hospitalisation : Accouchées,
Contagieux, Chirurgicaux Naissance de l ’Epidémiologie
1838 William Farr introduit en Grande Bretagne le premier registre national des décès
III. Naissance et développement de la médecine d’aujourd’hui
3.La Médecine au XXe siècle
Nouveaux moyens diagnostics Progrès rapides des moyens diagnostics
1867 Thermométrie à mercure (Clifford) 1876/1909 Mesure de la tension artérielle : Sphigmo-
manométrie (Marey, Pachon) Radiologie
1895 Rayons X Roentgen, 1896 Becquerel
1956 Scintigraphie 1956 Endoscopie : Bronchoscopie (Chevalier-
Jackson)
L ’Infectiologie (1) Nouvelles découvertes
Maladies bactériennes Tuberculose : Villemin (1865), R. Koch (bacille 1882;
tuberculine 1890) Choléra : Koch (Vibrion cholérique 1883) Peste : Yersin (1894) Maladies sexuellement transmissibles
Maladies virales Poliomyélite, SIDA (clinique 1981, rétrovirus 1984)
l ’Infectiologie (2) Incidences préventives de ces découvertes
Sérothérapie et Vaccination Tétanos : 1890 Berhing et Kitasato anti-toxine tétanique et
diphtérique dans le sang de chevaux immunisés Diphtérie : 1894 Roux séro-thérapie, 1923 Ramon vaccin par
anatoxine Tuberculose : 1908-21 vaccin BCG (Calmette et Guérin) mais
ne sera appliquée qu ’après 1945 Variole : obligation vaccinale en France seulement en 1902 Poliomyélite : 1952 vaccin tué (Salk), 1954 atténué (Sabin)
l ’Infectiologie (3) Traitement des Infections
Chimio-thérapie anti-infectieuse Dérivés arsénicaux (1863), sulfamides (Tréfouel 1936)
Antibiothérapie Pénicilline (A. Fleming 1929-1944 ), Streptomycine
(Waksman 1944)… Chimiothérapie des maladies chroniques
Tuberculose : traitement ambulatoire court (1960), SIDA : premiers anti-rétroviraux (1987)
L ’Infectiologie (4) Une nouvelle conception des Structures de
Soins basée sur le contrôle de l ’infection Isolement des malades contagieux Naissance de l ’Hygiène Hospitalière Lutte contre les Infections Nosocomiales
En Médecine En Chirurgie En réanimation Au Laboratoire
La Psychiatrie Maladies mentales
Compréhension des états pathologiques Psychanalyse (Freud 1896) Découverte des psychotropes (1952-62) Remise en cause de l ’Enfermement :
Traitement ambulatoire
Progrès de L’Epidémiologie Introduction du calcul statistique en médecine
(Pierre Louis 1787-1872) Pour mesurer l ’impact démographique des grandes
maladies épidémiologie descriptive (ex. incidence de la tuberculose)
Pour rechercher les facteurs de risque des maladies épidémiologie analytique (ex. Tabagisme et cancer bronchique,
risques professionnels ) Pour mesurer l ’impact sanitaire d ’une exposition chronique
(surveillance épidémiologique) Pour évaluer l ’effet d ’une action de santé
Essor de la Santé Publique Au lendemain de la seconde guerre mondiale
développement de nouveaux concepts d ’anticipation en Médecine La Prévention
Une Médecine qui intervient en amont de la Médecine clinique
pour empêcher la survenue de la Maladie ou pour diagnostiquer celle-ci avant l ’apparition des symptômes (Dépistage)
L ’Education pour la Santé Une Médecine qui intervient pour informer
le sujet sain (facteurs de risque), le sujet malade (diagnostic éducatif)
III. Naissance et développement de la médecine d’aujourd’hui
4. Les grandes tendances de la médecine du XXIe siècle
Problèmes cliniques de demain Enfant (facteurs de prédisposition)
Maladies génétiques (malformations) Maladies diététiques (obésité) Autisme
Adulte (facteurs de risque) Maladies cardio-vasculaires et métaboliques Cancer (facteurs de risque environnementaux) Maladies allergiques Nouvelles Pathologies Infectieuses : VIH, SRAS, grippe aviaire
Sujet âgé (maladies de dégénerescence) Neuropathies (Parkinson, Alzheimer) Handicap, dépendance
Développer de nouveaux outils de travail
Dans le champ du diagnostic Imagerie (Scanner, IRM etc…)
Dans le domaine de la communication Télé-Médecine (interventions à distance,
diagnostic automatique, pédagogie) Dans le domaine de la Recherche
En Laboratoire Etude des proteines (ARN messager), Génomique) Immunologie, Bio-Matériaux
En Santé Publique (Bio-statistique etc…)
Défis thérapeutiques Médecine
Infectiologie :anti-rétroviraux , résistances, Dépistage et Traitement du cancer Ingénierie biologique : thérapie génique, clonage
thérapeutique Chirurgie
Micro-chirurgie Greffes : auto-immunité
Réanimation
Améliorer la prévention Nouveaux vaccins
Tuberculose (limites du BCG), SIDA, Maladies émergentes (SRAS)
Contrôle des Dépendances Tabagisme, Alcoolisme, toxicomanies
Prévention des risques professionnels Meilleure structuration de la médecine du travail
Prévention des risques environnementaux Pollution atmosphérique, changement climatique
Protection maternelle et infantile Milieu urbain, milieu rural
Défis Bio-éthiques Limites de la Recherche sur l ’Homme Procréation assistée, Clonage Décision médicale individuelle et collective Soins
Essais thérapeutiques Acharnement Thérapeutique, soins palliatifs, fin de vie Prélèvements d ’organes
Responsabilité Médicale Principe de précaution : « lanceurs d’alerte ! »
Dans un monde à plusieurs vitesses (1) Pays du Nord ou pays industrialisés
Sur le plan socio-économique, Fort potentiel et haut niveau de vie, mais « zones d ’exclusion » (immigrés, chômeurs)
Vieillissement de la population Pathologies surtout chroniques et
métaboliques, Grosse capacité d’investissement dans la
Santé et la Recherche Médicale
Dans un monde à plusieurs vitesses (2) Pays du Sud « pays en développement »
Faible niveau socio-économique Fort écart entre classes sociales avec majorité de
défavorisés Pyramide des âges où dominent les jeunes Prédominance des pathologies infectieuses Budget Santé et Recherche limité
Pays en transition épidémiologique Cumul des types de pathologies
Pour ces pays : QuellesPriorités de Santé Publique ? Pays Riches
Lutte contre le Cancer Prise en charge du vieillissement Pathologie environnementale
Pays Pauvres Maîtrise des grandes endémies (tuberculose,
Infection à VIH, maladies parasitaires…) Pays en transition épidémiologique
Prévoir les évolutions sanitaires de demain
Conclusion L ’Histoire de la Médecine ne s ’arrête pas aux siècles
passés Les médecins d’aujourd’hui sont eux-mêmes les acteurs de
cette Histoire, comme thérapeutes et comme citoyens Les progrès de la médecine sont aujourd’hui largement
conditionnés par les facteurs socio-économiques D’où le risque d ’une médecine à deux vitesses : médecine
de riches, médecine de pauvres La mondialisation sera-t-elle en mesure de permettre à tous
de bénéficier des avancées de la Médecine ?