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REPORTAGE

L’ACHETEUR CYCLISTE MARS 2011

HISTOIRE. QUALITÉ. RESPECT DES HOMMES ET DES CHOSES. LES « COMPAGNONS » DU VÉLO ONT UNE MARQUE :

CASATI

Monza

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C ela faisait un petit bout de temps quenous les guettions du coin de l’œil… Etpuis, lors du dernier Eurobike, Casati a

concocté pour ses visiteurs une petite mer-veille de vélo à cadre acier, monté en Campa-gnolo Super Record, à tomber par terre. Large-ment de quoi nous « ferrer » pour prendre dateavec eux quelques mois plus tard. Une rencon-tre d’orfèvres de l’acier, d’abord, qui ont suprendre le virage du carbone du bon pied.

L’Italie compte quelques marques d’an-thologie qui ont fait l’histoire de la bicyclette decourse. Au fil des années, certaines sont sor-ties du lot, pour diverses raisons, à commen-cer par celles de la personnalité, de l’ego, etdes rêves de grandeur de leur fondateurs.Ernesto Colnago en est le meilleur exemple.

D’autres, comme Casati, dont la nais-sance est pourtant bien antérieure à cesmarques-là (1920 !), excepté Bianchi, sont

restés bien sagement en deuxième, voire entroisième rideau. Moins « marketée », indénia-blement, que Wilier ou Pinarello, Casati estpourtant, techniquement, bien supérieure àces marques-là. Car eux sont restés fidèles àleurs racines, à l’amour du métier, bien au-delàde l’appât du gain. Et c’est certainement ce quifait d’eux l’une des toutes dernières marquesitaliennes réellement artisanales, avec Dac-cordi. Chez ces gens-là, monsieur, vous ne ris-quez pas de recevoir un mail asiatique vousinvitant à commander un cadre « en direct »pour 450 dollars au lieu des 3000 euros quel’on vous demandera en France. Ici, nous nesommes ni chez des « Italiens » fournisseursd’Anglais ou d’ex-vététistes américains auxyeux très, trop bridés !

Et aujourd’hui, on peut dire que l’histoiresemble faire marche arrière et que le prestigede ceux qui n’ont jamais ou très peu « déloca-

lisé » n’a jamais été aussi fort.Si pour vous, la cohérence des actes, la

passion et le respect du travail veulent direquelque chose, vous êtes bien tombé…

ENFIN LA « RÉCOLTE » APRÈS TANTD’ANNÉES DE VACHES MAIGRES…

C’est le cas de Casati. En arrivant àMonza, le fief des sports mécaniques italienset de Ferrari en particulier, à une trentaine dekilomètres de Milan, nous ne nous attendionsà rien de particulier et pas non plus à un telchoc spatio-temporel !

Un simple panneau rectangulaire, fondrouge, lettres blanches sur lequel est inscrittout simplement « Cicli Casati ». Pour la « frimeitalienne », on repassera ! Pourtant, nous au -rions pu le prévoir. L’Italie du Nord, c’est ça àtous les coups. Une multitude de petites socié-tés, constituant de petites zones industrielles

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CASATI

EN 1921, LA FAMILLE SÉVITDÉJÀ AVEC PIETRO CASATI,CHAMPION DE LOMBARDIE.

EN CADET, MASSIMOFRÉQUENTAIT DÉJÀ DU BEAULINGE. MAIS SI GIANNI BUGNOAVAIT LES «CANNES», MASSIMO,LUI, AVAIT LE VÉLO !

GIANNI BUGNO, CHAMPION D’ITALIE AMATEUREN 1983 SUR… CASATI.

CASATI CONTINUE DE SPONSORISER LES JEUNES POUSSESITALIENNES…

POUR LA SAISON 2011, IL ÉQUIPE LE TEAM VITTORIARANCILIO, AVEC LE MÊME BONHEUR.

FLAVIO ANASTASIA, CHAMPION DU MONDE DES 100 KM, STOCCARDA 1991. MÉDAILLE D’ARGENT SURLA MÊME DISTANCE AU J.O. DE BARCELONE EN 1992.

REPORTAGE

NOUS AVONS VÉRITABLEMENT DÉCOUVERT CASATIIL Y A UNE DIZAINE D’ANNÉES. UN ARTISAN ITALIEN

DANS TOUTE SA SPLENDEUR. UNE SOCIÉTÉ FAMILIALEDANS LE PLUS PUR STYLE TRANSALPIN ET DES VÉLOSQUI PASSENT DE LA TRADITION PURE À L’INNOVATIONTECHNIQUE EN UN CLIN D’ŒIL…

… TOUT EN RESTANT PRÉSENT DANS LE HAUTNIVEAU, AVEC VICTOIRE À LA CLÉ (GIRO BIO 2010).

LUCA, MANUELA, GIANLUIGI, MASSIMO : LA DYNASTIE CASATI.

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qui se succèdent, le long des nationales voiredes autoroutes. Bien souvent, elles dissimu-lent un savoir-faire authentique : robinetterie,meubles, carrelage, marbrerie, décolletage et àchaque fois, une nuée de boîtes qui officientdans la micromécanique, la mécanique, le car-bone, ou encore l’usinage. Casati, cela ressem-ble un peu aux selles SMP ou à Tiso. On rested’ailleurs à chaque fois ébahi par ce qu’ils arri-vent à produire avec finalement peu demoyens et dans une ambiance très « frontpopulaire » de première partie du vingtièmesiècle, à la diffé-rence près que lesouvriers sont sou-riants et exercentleur métier avecpassion. L’exigenceet la rigueur en lignede mire, ils travaillent« à l’ancienne ». Pasd’erreur, du respect, dela qualité et encore de lapassion. Indéniablement,chez Casati, l’homme détient unepart capitale dans la réalisation descadres. Une ambiance que l’on aimeraittellement retrouver plus souvent de nosjours…

Alors, ce qui compte, c’est ce qu’il y aderrière ces murs et non devant. Une règleque beaucoup d’Italiens ont oubliéedepuis quel ques années, perdantpar là-même une grandepartie de leur âme. Subi-tement, le petit panneaurouge d’entrée prend uneépaisseur insoupçonnée.

Un atelier carrelé de tomettes, desmachines-outils teintées de ce vert pâle, sicaractéristique de leur époque de fabrication.Ou encore une sableuse, reconnaissable à cesdeux « man ches », prête à « opérer » quelquestubes d’acier inox ou pas. Les rangées de mul-tiples limes, dures, douces, demi-douces,rondes, plates ou encore « queue de rat » attes-tent, si besoin en était, qu’ici, encore beaucoupde choses se font « à la pogne », au toucher etau coup d’œil. Un peu plus loin, les marbresen tous genres (rectifiés au 10e de millimètre)servent de croisée d’ogive pour ces bâtisseursqui transforment des matériaux un peu rustresd’origine en splendides cadres si fins et sinobles.

LE COMPAS, LE MÈTRE-BOIS ET LERAPPORTEUR

Cela pourrait être le nom d’une fable.C’en est une, en quelque sorte. Sous les doigtsde Massimo et de ses employés, lorsquechaque cadre voit le jour, orienté par la feuillede mesures de son futur propriétaire, c’estgrâce à des outils de conception centenaire. Levélo, je crois, est loin d’être simplement un

défouloir ou une activité sportive où chacuntente, gonflé d’orgueil et de certitude, de fairelâcher prise à l’autre. L’aura de ce sport neréside pas seulement dans ce raccourci « phy-sique ».

Si les professionnels sont toujours aussiapplaudis sur la route du Tour et autres, malgréle bombardement de « Scud » à l’EPO et autresroquettes perfluo-carbonées, c’est que leuractivité, plus uniquement eux, les athlètes, maisleur sport, inspire toujours autant le respect. Lerespect de l’effort total, celui qui parfois vous

déglingue et vous transforme en un pantindésarticulé à votre descente du vélo.

Une sorte de guerre, certes pacifique,toujours un terrible combat. Et à la

guerre, ou au paradis, c’est mieux d’y allerà deux. Soi et sa machine, par exemple. Avec

votre comparse, votre binôme mécanique.Alors, autant être bien accompagné, non ? JeanCocteau ou Paul Valéry, on ne sait toujours pas,disait : « Un homme seul est toujours en mau-vaise compagnie ». Ils auraient dû faire du vélo,ces deux-là !

Et ici, chez Casati, on « fabrique » des amissûrs. Des amis pour toujours, de ceux sur les-

quels on peut compter ou se rattraper,si d’aventure on perdaitl’équilibre…

À titre personnel, j’aitrois vélos que j’utiliserégulièrement, dontdeux sur-mesure. Unacier, un titane et uncarbone. Plus je roule,

plus j’essaie devélos, plus l’évi-

dence se fait écla-tante : rouler sur un

vélo sur-mesure, fabriqué avec amour, respectet passion, c’est autre chose. Dans ce cas, onne fait plus du « vélo », on part à l’aventureavec SON vélo. J’ai toujours plaint les cyclistesqui n’attachaient pas d’importance à leur mon-ture. Il leur manquera toujours quelque chose.C’est d’ailleurs un trait marqué chez les profes-sionnels. Peu semblent apprécier l’objet. Peut-être sont-ils trop forts ? Peut-être leur métier a-t-il tant banalisé la souffrance qu’ils ne voientplus leur véritable « ami », dans l’effort… Sur-tout, leur vélo, ils ne l’ont pas choisi, pas désiré,pas rêvé. Misère !

À l’ouvrage, lorsque la nuque s’affaissesous le joug de l’effort, c’est la marque devotre vélo qui tombe sous vos yeux. C’est surces tubes que coule votre sueur. C’est encoreentre vos mains qu’est broyé le cintre, lui quitente désespérément de vous maintenir unport altier, la tête hors de l’eau…

Tout cela ne se vit pas de la mêmemanière en fonction de la machine que vousutilisez. Lorsque vous avez encore en tête levisage de l’homme qui a soudé vos tubes, deses mains caleuses, celles-là mêmes qui ont

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REPORTAGE

LA PRODUCTION ARTISANALE PERMET DEFABRIQUER DES RACCORDS QUI SONT AUTANTD’HOMMAGES AU STYLE ITALIEN QU’À LA MAÎTRISETECHNIQUE DE CES OUVRIERS : OBSERVEZ LESGOUTTIÈRES DE PASSAGE DE CÂBLES.

UNE FOIS DE PLUS, LE COUPLE HOMME-MACHINEDÉMONTRE QUE, BIEN DOSÉ, IL PERMET AUX VRAISARTISANS DE GARDER LA TÊTE HAUTE.

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adouci les soudures de votre cadre jusqu'àobtenir un résultat tel que même en pas-sant la main, vous ne savez plus où a eulieu la jonction !

Comment comparer un bon car-bone aux yeux bridés, fagoté commel’as de pique, à la mode, pour unan, voire deux, à un cadre qui sortd’ici ? Qui peut oser une telleméprise ? Les plus grands des« pros » l’avaient compris :Anquetil, Merckx, Hinault ouencore Erik Zabel étaienttous particulièrementsensibles à leurs com-pagnons de fortuneou d’infortune. Car,tout le monde lesait, c’est quandles choses sontdifficiles que l’onreconnaît sesamis. Arc-boutés sur le vélo,seuls ces cyclistes-là ontconnus ces moments oùvotre vélo, votre ami,devient votre unique compagnon de souf-france. Et là, il faut l’aimer, son vélo, pour nepas le jeter par-dessus les barrières, à lamanière d’un pauvre enfant gâté britannique,profilé comme une torpille, par dame nature,sous prétexte que sa « chose » l’avait trahi àquelques encablures d’une victoire possible,lors de l’arrivée d’une étape du Tour. Cela nelui serait sûrement pas arrivé avec un Casati !Est-ce là le respect du vélo ? Est-ce là l’amourde cet extraordinaire outil que les Italiens,comme par hasard, ont été les premiers àconsidérer comme une œuvre d’art ?

Casati, c’est ça. La suite de notre article nes’adresse qu’à ces cyclistes-là…

ACIER, ALUMINIUM OU CARBONE,LES SPÉCIALISTES SONT LÀ

La marque italienne jouit d’une auraimportante à l’étranger, notamment en Bel-gique, Hollande, Allemagne ou en Angleterre.Chez nous, c’est un peu plus compliqué. Les« Francese », c’est beaucoup, dixit Massimo :« le prix, le prix et le prix ! ». La succession d’im-portateurs n’a pas arrangé les choses. Désor-mais Casati, depuis un peu plus d’un an, fonc-tionne en direct avec les magasins. Voustrouverez la liste sur leur site Internet(www.ciclicasati.it). De vrais spécialistes, sem-ble-t-il ! Car faire Casati en France, c’est unchoix de passion, de qualité et non un pis-aller.Et c’est important car un Casati n’est pas unvélo comme les autres…

Un cadre Casati, c’est soixante jours dedélai quasi garanti, pas de mauvaise surprise.Si vous optez pour un cadre sur-mesure, sansfrais supplémentaires, deux possibilités s’of-frent à vous : soit vous leur envoyez votre

étude posturale, réali-sée par un profes-

sionnel, soit vousoptez pour la leur et

dans ce cas, il faudravous rendre chez eux…

Chez Casati, on tra-vaille non seulement l’acier,

historiquement, mais aussil’aluminium et depuis quel -ques années, le carbone.Comme tous les Italiens, Casatin’est pas un expert du carbone.

Ce rôle-là, c’est la France qui ledétient. Ils ont dû s’adapter, ils

avaient le choix. Soit opter pourune fabrication asiatique contrôlée,

soit s’adresser aux véritables spécia-listes du carbone, hors vélo, basés en

Italie. Et dans la région de Milan, il y a ena beaucoup. Car depuis une bonne ving-taine d’années, des « petites » entreprisesitaliennes se sont spécialisées dans lafabrication de composants carbone pourla compétition. Ils sont devenus, petit àpetit, les fournisseurs de Yamaha, Honda,Ducati puis Ferrari, Lamborghini et autre

Maserati. Et la Formule 1 aussi, avec le savoir-faire qui va avec. Casati s’est associé avec l’und’entre eux, basé à deux cents cinquante kilo-mètres de Milan, pour construire ses tubes car-bone. Même fonctionnement en ce quiconcerne la stratification pour les cadres sur-mesure. L’équipement nécessaire représente,en effet, un investissement bien trop impor-tant pour eux. C’est le modèle de la sous-trai-tance locale qui s’est avéré le plus efficace etle plus sûr. Casati construit sur place les cadresacier, en aluminium et en carbone « standard ».Un peu surpris, un peu déçus même, dedécouvrir cela, nous avons vite compris qu’ici,on travaille en « famille ». Les sous-traitants nesont pas de simples étrangers. Ils font partied’un tissu local d’entreprises dont la survie estbasée sur la bonne santé de toutes les autres.Au bout du compte, tout le monde semble tra-vailler particulièrement sérieusement pourcontinuer à promouvoir le savoir-faire italien etsa propre survie. Cipollini a suivi ce même che-min tracé par Casati, Daccordi et quelquesautres. Rappelons que des fabricants commeDe Rosa, Pinarello ou encore Wilier ont euxchoisi de faire appel à une fabrication 100 %asiatique, mais sous contrôle. Deux façons devoir les choses…

En attendant, les carbones Casati sontstratifiés, c’est-à-dire, sans raccord et nonmonocoques. Ils appliquent douze couches detissu carbone, du « prepeg » tissé à 90 %,jamais de fibre unidirectionnelle ! Massimonous indiquera que pour lui : « l’UD est tropsouple et ne permet pas de donner à un cadrele meilleur rapport de flexion verticale/torsionlatérale [comprenez confort/rigidité]. Je préfère

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LE MARTE HT EST BÂTI ÀLA MAIN, DE A À Z.COLLAGE, ALIGNEMENT,CONTRÔLE, TOUT EST FAITSUR PLACE… Y COMPRISLES MORS EN BOIS !

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rendre le cadre plus résistant à la torsion etensuite, seulement, travailler sur le nombre decouches de carbone et leur angulation pourobtenir une rigidité verticale offrant un confortsuffisamment important pour permettre d’utili-ser le vélo au maximum de ses capacités, sur-tout lors de longues sorties ou de courses ».

Nous ne saurons pas s’il a véritablementessayé de faire un cadre en UD, Massimo nedoute visiblement pas de ce choix…

Pour ce faire, il travaille aussi la forme et lasection des tubes, notamment des haubans.Rien d’extraordinaire, nous direz-vous ! À voir.Car lorsque votre « constructeur » n’est qu’à cin-quante ou deux cents cinquante kilomètres etnon à dix mille kilomètres, la réactivité n’est pastout à fait la même ! Vous pouvez essayer plu-sieurs solutions et faire évoluer vos cadres bienplus rapidement. Lorsque les indicateurs sontau beau fixe, les Américains ont l’habitude dedire : « big is beautiful », que l’on peut traduirepar : « plus c’est gros, mieux ça marche ». Saufque depuis deux ans, ce n’est pas tout à fait lecas. En Europe, on pourrait dire quelque chosedu genre : « small is life », que l’on traduirait,cette fois-ci par : « petit, mais solide ». Danscette conjoncture, des constructeurs commeCasati redeviennent, aux yeux de beaucoup, cequ’ils n’ont pourtant jamais cessés d’être : desgens sérieux, l’âme chevillée au corps et pas-sionnés par leur boulot. Voilà des valeurs quicollent bien à notre sport, non ? Et qui donneaussi envie d’acheter. D’investir, plutôt…

LE MARTE HT ET L’HINOX T 99, FERSDE LANCE DE CASATI

Chez Casati, selon nous, deux vélos sor-tent du lot. Le Marte HT, le carbone de l’équipeLampre-Perrel (- de 23 ans) : carbone HM 60,3 k, stratifié, 1048 g.

Il se distingue par la quadruple couche decarbone formée par l’évidement à l’arrière dutube horizontal. Une petite prouesse tech-nique qui doit son existence autant aux règlesde la physique qu’à son esthétisme… Naturel-lement, ce cadre répond aux critères de fabri-cation carbone « haut de gamme » commeune préparation « sous-vide » (12 atmosphè -res) puis un passage en four autoclave, à 130degrés. Une méthode classique très impor-tante. Coûteuse en temps et en main-d’œu-vre. C’est ici aussi que le savoir-faire parle.D’ailleurs, vous reconnaîtrez un cadre carbonestratifié de haute volée à la jonction des tissus,au niveau de la douille de direction, de la boîtede pédalier ou du croisillon de selle lorsque lestissus sont visibles, parfaitement alignés et, évi-demment, non recouvert de peinture, tout estdit. Dans le sens inverse aussi. Les championsdu « masquage » ? Scott, Giant, Trek, BH. Pourceux-là, l’avènement de la peinture sur lescadres carbone reste une aubaine exception-nelle….

Et puis le Marte HT, ce sont aussi huit

tailles en standard et le sur-mesure. Il y a aussil’acier, avec l’Hinox T 99. Sur la base d’un jeude tubes Columbus XCR, l’acier commercial leplus technique actuellement (après Kerautret,bien sûr…). Encore lourd, avec 1,560 kg lecadre, cadre exceptionnel de finitions et deconfort. D’ailleurs, un coup d’œil aux pattes, àla douille de direction ou au collier de selleintégré inversé suffira à faire craquer tous ceuxqui aiment le travail manuel de haut vol. Vouspourrez aussi choisir, si vous voulez le passagedes câbles en interne ou non ! Outre l’HinoxT 99, Casati présente cinq cadres acier cons -truits avec trois séries de tubes différents : leXCR (Columbus) et aussi le Deda 16.5, leColumbus SL et le Deda Zero Replica. Notezque ces aciers sont brasés à l’argent, à bassetempérature, pour ne pas percer l’une des tri-ples épaisseurs de certains de ces cadres. Caraujourd’hui, le célèbre et fantasque cadre3/10e de Reynolds a fait place à des aciers àépaisseurs variables de 0,5/0,7/0,8 mm. Plusfiable, et meilleur rendement. Du côté de lafinition, nous avons droit à une peinture pou-dre (non solvantée, s’il vous plaît), mate oubrillante. Côté Marte HT, la tige de selle inté-grée est en 31,6 mm de diamètre, ce qui per-mettra de la couper et d'y glisser une tige deselle classique en cas de besoin ou à larevente ! Poids de ce cadre : 1050 g, fourche :330 g. Les aciers, eux, en taille moyenne, évo-luent entre 1,430, 1,560 et 1,740 kg (Laser,Hinox T 99 et Campionnissimo).

Côté géométrie, ce sont huit tailles enstandard plus le sur-mesure. Imparable et lagarantie d’avoir un vélo fabriqué pour vous.

COMMENT TESTER UN CASATI ?C’est bien le problème. Même si la

confiance en l’artisan est là, même si les tarifssont « compréhensibles », compte tenu du tra-vail et du sérieux de Casati, un vélo, idéale-ment, cela s’essaie. Chez Casati, cette possibi-lité n’est pas encore vraiment au programme.Reste qu’il existe naturellement la gamme« standard » et que certains vélocistes dispo-sent de quelques vélos. Quitte à faire quel -ques kilomètres, après un coup de téléphone,le jeu en vaut certainement la chandelle.

Vous l’aurez certainement compris, cra-quer pour un Casati, c’est d’abord craquer pourde « vrais » vélos qui naissent sur le sol italien.C’est aussi, comme presque tous les vélos sur-mesure, considérer sa machine plus comme unobjet d’art qu’un morceau d’acier, d’aluminiumou de carbone. Ce qui emportera votre décisionfinale, et ce qui caractérise le plus Casati par rap-port aux plus célèbres marques spécialiséesdans le sur-mesure, c’est indéniablement leursaciers, avec le fabuleux Campionnisimo ou, plusabordable et plus efficace, cet Hinox T 99, quiannonce un 7,5 kg, un confort et un comporte-ment que beaucoup, beaucoup d’entre nous neconnaissons pas… �

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DE L’ACIER AU CARBONE EN PASSANT PARL’ALUMINIUM, UN CASATIEST, PLUS QUE JAMAIS, UNVÉLO D’EXCEPTION.

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