HISTOIRE LITTÉRAIRE Ginguené

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    HISTOIRE LITTRAIRE

    D'ITALIE.

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    par P. L. GINGUEN,

    DE L'INSTITUT DE FRANCE.

    SECONDE DITION,REVUE ET CORRIGE SUR LES MANUSCRITS DE L'AUTEUR,

    ORNE DE SON PORTRAIT, ET AUGMENTE D'UNE NOTICE HISTORIQUEpar M. DAUNOU.

    TOME PREMIER.

    A PARIS,CHEZ L. G. MICHAUD, LIBRAIRE-EDITEUR,

    PLACE DES VICTOIRES, N. 3.M. DCCC. XXIV.

    NOTICESUR

    LA VIE ET LES OUVRAGES

    DE M. GINGUEN.

    Pierre-Louis Ginguen, n Rennes, le 25 avril 1748, fit avec distinction ses tudes aucollge de cette ville: il y tait condisciple de Parny, au moment o les jsuites en furentexpulss1. Mais c'tait au sein de sa propre famille, peu riche et fort considre, queGinguen avait puis le sentiment du vritable honneur et le got des lettres.

    Note 1:(retour) V. son ptre Parny.

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    Ton amiti m'est chre......De ce doux sentiment, le germe prcieuxDs long-temps dans nos curs naquit sous d'autres cieux. Ton enfance enleve ton le africaineVint aborder gament la rive armoricaine:Tu parus au lyce, o, docile colier,J'avais vu sans regret le bon DuchatelierAux enfans de Jsus enlever la frule.

    (Duchatelier avait t le premier principal du collge de Rennes aprs l'expulsion des jsuites.)

    Il devait aux lumires et aux soins de son pre ses progrs rapides et la bonne directionde ses tudes. Ses autres matres lui avaient appris les langues grecque et latine: il acquitde lui-mme des connaissances plus tendues et plus profondes; la littrature latine luidevint familire; et entre les chefs-d'uvre modernes, il tudia surtout ceux de l'Italie etde la France. Il lut aussi de trs-bonne heure et dans leur langue les meilleurs livresanglais, et avant 1772, son instruction embrassait dj presque tous les genres que l'on a

    coutume de comprendre sous les noms de belles-lettres, d'histoire et de philosophie.Quand les gots littraires sont la fois si vifs et si heureusement dirigs, ils prennentbientt les caractres de la science et du talent. Ginguen, dans sa jeunesse, et avant desortir de Rennes, tait un homme clair, un littrateur habile, un crivain exerc: il taitde plus un trs-savant musicien; car il avait port dans l'tude de cet art, qu'il a toujourschri, l'exactitude svre qu'il donnait ses autres travaux. Il aimait mieux ignorer quesavoir mal; il voulait jouir de ses connaissances et non pas s'en glorifier.

    C'est depuis long-temps en France un rsultat fcheux des circonstances ou desdispositions politiques, qu'un jeune homme d'un mrite minent soit presque toujoursattir par ce mrite mme dans la capitale, et qu'il y demeure fix par ses succs.Ginguen arriva pour la premire fois Paris en 1772. Il avait compos Rennes, entreautres pices de vers, la Confession de Zulme; il la lut quelques hommes de lettres,particulirement l'acadmicien Rochefort. Elle circula bientt dans le monde; Pezai,Borde et un M. de la Fare se l'attriburent: on l'imprima dfigure en 1777, dans laGazette des Deux-Ponts. Cela me devint importun, dit Ginguen lui-mme; je medterminai la publier enfin sous mon nom et avec les seules fautes qui taient de moi.Elle parut dans l'Almanach des Muses de 1791. Je changeai tout le dbut, je corrigeaiquelques ngligences un peu trop fortes; il en restait encore plusieurs que j'ai tch

    d'effacer depuis..... On a vu plusieurs fois des plagiaires s'attribuer l'uvre d'autrui, maisnon pas, que je sache, attaquer le vritable auteur comme si c'tait lui qui et t leplagiaire. C'est ce que fit pourtant M. Mrard de Saint-Just. Quelques amis des vers s'ensouviennent peut-tre encore; les autres pourront trouver, dans le Journal de Paris de

    janvier 1779, les pices de ce procs bizarre.

    Ailleurs Ginguen nous apprend que, fort jeune encore, et dans la premire chaleur deson got pour la posie italienne, il entreprit de tirer de l'norme Adonis de Marini, unpome franais en cinq chants. Le troisime, le quatrime et ce qu'il avait fait du dernier,lui ont t drobs: il a publi les deux premiers dans un recueil de posies o se

    retrouvent aussi plusieurs des pices de vers qu'il a composes depuis 1773 jusqu'en1789, et dont la plupart avaient t insres dans des journaux littraires ou dans lesAlmanachs des Muses. La Confession de Zulmconserve, tous gards, le premier rang

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    parmi ces compositions; mais il y a de l'esprit, de la grce, et un got trs-pur dans toutesles autres.

    Ds 1775, il commena de publier dans les journaux des articles de littrature, genre detravail auquel il a consacr, jusques dans les dernires annes de sa vie, les loisirs que luilaissaient de plus importantes occupations. Ce sont en gnral d'excellens morceaux decritique littraire; et si l'on en formait un recueil bien choisi, comme Ginguen lui-mmes'tait promis de le faire un jour, ce serait un trs-utile supplment aux meilleurs cours delittrature moderne; il offrirait le modle d'une critique ingnieuse et svre, quelquefoissavante et profonde, souvent piquante et toujours dcente. Durant plusieurs annes,Ginguen a travaill auMercure de France, avec Marmontel, La Harpe, Chamfort, MM.Garat et Lacretelle an.

    Le clbre compositeur Piccini, arriv Paris la fin de l'anne 1776, parvint, non sans

    peine, mettre sur le thtre lyrique sa musique nouvelle du Roland de Quinault. Uneguerre s'alluma entre les partisans de Piccini et ceux de Gluck, qui, depuis 1774, avaitobtenu de brillans succs sur la mme scne, par les opras d'Iphignie en Aulide,d'Alceste, d'Orphe, et d'Armide. Chacun des deux rivaux donna une Iphignie enTauride en 1779. Depuis long-temps aucune querelle littraire ni mme politique, n'avaitpris en France un si violent caractre. A la tte du parti, ou, comme dit La Harpe, de lafaction gluckiste, on distinguait Suard et l'abb Arnauld, Marmontel, Chastellux, et LaHarpe lui-mme se donnaient pour les chefs des Piccinistes. Ginguen, qui embrassavivement cette dernire cause, avait sur ceux qui la combattaient et encore plus sur ceuxqui la dfendaient, l'avantage de savoir parfaitement la musique. L'oubli profond o cette

    querelle alors si bruyante est aujourd'hui ensevelie, couvre tous les pamphlets qu'elle fitnatre, y compris les lettres anonymes de Suard, et mme les crits publis cette poquepar Ginguen2; mais ce qu'ils contenaient de plus instructif se retrouve dans la noticequ'il a imprime en 18013sur la vie et les ouvrages de Piccini, qui venait de mourir en1800 et dont il tait rest l'intime ami.

    Note 2:(retour) L'un des plus piquans est intitul: Lettre de Mlophile. Naples (Paris, chez Valleyre), 1783, 26 pages in-8.Ginguen a insr plusieurs articles sur le mme sujet dans le Mercure de France.

    Note 3:(retour) Paris, chez la veuve Panckoucke, an IX, in-8., 146 pages, y compris les notes.

    En 1780, Ginguen obtint une place dans les bureaux du ministre des finances, alorsappel contrle gnral: il avait besoin d'employer ainsi une partie de son temps pourtre en tat de consacrer l'autre des travaux littraires. La fonction de simple commispouvait sembler fort au-dessous de ses talons: il la sut lever jusqu' lui, en y portant leshabitudes honorables qui lui taient naturelles, une exactitude assidue, une probitinflexible, et un respect constant pour les plus minutieux devoirs. Il s'y faisait remarquerpar la nettet de ses calculs et par une criture lgante, qu'on a compare celle deJean-Jacques Rousseau, et avec un peu plus de justesse ou d'apparence aux caractres deBaskerville. En acceptant cet emploi, Ginguen composa une pice de vers intitule dansle recueil de ses pomes. Eptre mon ami, lors de mon entre DANS LES

    BUREAUX du contrle gnral. Quand la pice parut en 1780, le titre portait: lors de

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    mon entre AU CONTRLE GNRAL; ce qui a donn lieu quelques plaisanteries deRivarol et de Champcenets.

    Ginguen concourut sans succs, en 1787 et 1788, pour deux prix, l'un de posie, l'autred'loquence, proposs par l'Acadmie franaise. Il s'agissait de clbrer en vers ledvouement du prince Lopold de Brunswick, qui s'tait prcipit dans l'Oder, envoulant sauver des malheureux. La pice de Ginguen obtint d'autres suffrages que ceuxdes acadmiciens; il eut toujours de la prdilection pour ce pome, qui, durant troisannes, lui avait donn inutilement beaucoup de peine, et dont il ne se dissimulait pas lesdfauts: il l'a insr, en 1814, dans le recueil de ses posies diverses. Le sujet du prixd'loquence tait national: on demandait un loge de Louis XII. Le concours futnombreux, et Ginguen, dj quadragnaire, se laissa entraner dans cette lice par sesaffections patriotiques; il avait besoin de louer un roi dont la mmoire tait reste chre atous les Franais, et particulirement aux Bretons. Son ouvrage, imprim avec des notes,

    en 17884

    , est remarquable par une profonde connaissance du sujet, et par une expressionfranche des plus honorables sentimens; mais il est possible qu'au sein de l'Acadmie,l'auteur ait t reconnu par quelques-uns de ses juges, dont il avait t l'antagoniste dansla querelle musicale; et d'ailleurs, on doit convenir que cet loge un peu long, et plusinstructif qu'acadmique, n'est pas ce que Ginguen a crit de mieux en prose; c'estnanmoins un fort bon discours, plein de raison et sem de traits ingnieux.

    Note 4:(retour) A Paris, chez Debray, 86 pages in-8.--Dans la Biographie universelle (art. Louis XII), il est dit que parmiles ouvrages envoys au concours, on a imprim ceux de MM. Nol, Barrre, Florian et Langloys. Il tait dcid que celui deGinguen n'obtiendrait de mention nulle part.

    La conduite de Ginguen depuis 1789, au milieu des troubles civils, a t si noble et sipure qu'on ne peut avoir aucun motif de dissimuler ses opinions politiques. D'ailleurs onvoudrait en vain s'en taire: ses crits antrieurs cette poque respiraient dj l'amour dela libert, et ceux qu'il composa depuis, tinrent toutes les promesses que l'auteur avaitdonnes jusqu'alors. Il clbra par une ode l'ouverture des tats-gnraux; et en mmetemps qu'il continuait d'insrer dans les journaux des articles de littrature, et qu'avecFramery, il publiait dans l'Encyclopdie mthodique, les premiers tomes du Dictionnairede musique, il cooprait avec Crutti et Rabaud Saint-tienne, la rdaction de laFeuille villageoise, destine rpandre dans les campagnes des notions d'conomie

    domestique et rurale, et la plus saine instruction civique. Les sages principes et le tonmodr de cette feuille, contrastaient avec la violence ou la feinte exaltation de la plupartdes crits priodiques du mme temps. On attribue Ginguen une brochure (de 156pages in-8.) imprime en 1791, et intitule de l'autorit de Rabelais dans la rvolution

    prsente; elle a eu, cette poque beaucoup de succs: c'tait un tissu d'extraits de cefactieux crivain, mais choisis avec got, enchans avec art, et habilement traduits oucomments quand ils avoient besoin de l'tre. Un plus vritable ouvrage, publi sous lenom de Ginguen, en la mme anne, a pour titre:Lettres sur les confessions de J.-J.

    Rousseau (147 pages in-8.). Ces lettres sont au nombre de quatre, et suivies de noteshistoriques: un clatant et digne hommage y est rendu au gnie et aux infortunes du

    citoyen de Genve. On y pourrait dsirer un peu plus d'impartialit, et rvoquer en douteles torts que Ginguen impute D'Alembert et quelques autres personnages. Pour ceuxde Voltaire, ils sont publics; et ceux de Grimm, inexcusables: peut-tre les uns et les

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    autres ne sont-ils nulle part plus franchement exposs que dans ces lettres; mais il s'enfaut que tous les soupons de Jean-Jacques aient t aussi bien fonds que ceux-l; et iltait possible d'examiner de plus prs, de mieux claircir l'histoire des malheurs et desgaremens de cet illustre crivain. Ce qu'on avouera du moins, en relisant ces quatrelettres, c'est qu'il y rgne, malgr la douce lgance du style, une morale trs-austre. LaHarpe y a rpondu avec plus de scheresse que de logique, par des articles du Mercurede France, en 1792.

    Ginguen, dans cet ouvrage et dans la Feuille villageoise, avait trop ouvertementprofess l'amour de la justice, la haine du dsordre et des violences, pour chapper auxfureurs de l'ignoble tyrannie qui rgna sur la France en 1793 et 1794. Comme son amiChamfort, comme la plupart des hommes clairs et vertueux de cette poque, il futcalomni, espionn, arrt et jet dans les cachots. Sa carrire allait finir, si le jour de ladlivrance se ft fait un peu plus long-temps attendre. Il sortit de sa prison tel qu'il y tait

    entr, ami des lettres, des lois et de la libert: comme il n'avait jamais fait de dithyrambeen l'honneur de l'anarchie, il ne se crut pas tenu de redemander le despotisme; et n'ayantjamais port de bonnet rouge, il n'avait ni dposer, ni prendre la livre d'aucunefaction. Il retrouvait une patrie: il continua de la servir, et ne sentit pas le besoin de sevenger autrement des insenss qui l'avaient opprim comme elle.

    Chamfort ne survivait point cet effroyable dsastre: le premier soin de Ginguen futd'honorer sa mmoire. Il recueillit et publia ses uvres, en y joignant, sous le titre denotice, un tableau trs-anim de sa vie, de ses travaux littraires et de son caractremoral. Il l'a peint excellent fils, ami sincre et dvou, de la probit la plus intacte et du

    commerce le plus sr; officieux et d'une dlicatesse extrme dans la manire d'obliger,fier comme il faut l'tre quand on est pauvre, mais aussi loign de l'orgueil que de labassesse; dsintress jusqu' l'excs, et incapable de mettre un seul instant en balanceses avantages avec ceux de la vrit et de la justice. Il appartient ceux qui ont connuparticulirement Chamfort, de dcider si ce portrait est fidle; mais c'est bien srementcelui de Ginguen lui-mme.

    On avait commenc, en 1791, la collection des Tableaux historiques de la rvolutionfranaise, et Chamfort avait fourni le texte des treize premires livraisons; Ginguen acontinu ce travail jusqu' la vingt-cinquime, et n'a point coopr aux quatre-vingt-huitsuivantes. Le projet de laDcade philosophique remonte aussi aux derniers jours de lavie de Chamfort, en avril 1793; Ginguen a t l'un des principaux rdacteurs de ce

    journal littraire depuis 1795 jusqu'en 1807.

    Aussitt aprs la chute de l'horrible dcemvirat, la carrire des fonctions civiles s'ouvritpour Ginguen: il devint membre de la commission excutive d'instruction publique, etdemeura le directeur gnral de cette branche d'administration, depuis le rtablissementdu ministre de l'intrieur la fin de 1795 jusqu'en 1797. On lui dut la rorganisation descoles; et nanmoins, en remplissant des devoirs si graves avec tout le zle qu'ils

    exigeaient, il trouvait encore des momens consacrer des compositions littraires. Il a,dans cet intervalle, publi des observations sur l'un des ouvrages de Necker5, et coopraux travaux de l'Institut. Au moment o se formait cette socit savante, il avait t

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    appel y prendre place dans la classe des sciences morales et politiques. Quelquefois ila rempli, au sein de cette classe, la fonction de secrtaire, qui alors n'tait pointperptuelle, et il y a lu divers morceaux qui depuis ont t insrs soit dans ses propresouvrages, soit en des recueils acadmiques. Nous trouvons par exemple dans le tome VIIdesNotices des manuscrits, les rsultats des recherches qu'il avait faites sur un pomeitalien que l'on croyait indit, et qu'on attribuait Fdrico Frezzi, l'auteur duQuadrireggio, mais qui n'tait rellement qu'une mauvaise copie du Dittamondo, deFazio degli Uberti, depuis long-temps imprim. Les erreurs commises sur ce point par lepre Labbe, par le Quadrio, par Tiraboschi, sont releves dans cette courte dissertation,avec une clart parfaite et une lgance peu commune en de telles discussions.

    Note 5:(retour)De M. Necker et de son livre, intitul: De la Rvolution franaise, par P.L. Ginguen, de l'Institut national deFrance. Paris, an V, in-8., 94 pages extraites en grande partie de la Dcade. Il y a dans cet crit quelques ides qui seressentent un peu trop de l'poque o il a t compos; mais la note au bas des pages 77 et 78 offre un expos sincre de laconduite et des opinions politiques de Ginguen; et les pages suivantes contiennent une excellente critique littraire du style,souvent fort trange, de M. Necker.

    Ces deux annes de la vie de Ginguen en ont t peut-tre les plus heureuses; car iln'tait distrait de ses tudes que par des fonctions publiques qui se rattachaient elles-mmes aux sciences, aux lettres et aux arts. Vers la fin de 1797, il partit pour Turin enqualit de ministre plnipotentiaire de la France. S'il n'et fallu, pour remplir cettemission difficile, que beaucoup de sagacit, d'urbanit et de franchise, il aurait pu s'ypromettre des succs; mais s'il fallait de l'astuce et de la souplesse, c'taient l des talensqui devaient lui manquer toujours et un art dont il n'avait pas fait l'apprentissage. Il nepassa que sept mois en Pimont, et l'exception d'un voyage de quelques jours Milan

    en 1798, il ne put excuter le projet qu'il avait ds long-temps form, de visiter toutes lesparties de l'Italie. Il a exprim ce regret en 1814 dans l'une des notes qui accompagnentses posies diverses. Des travaux, dit-il, dont j'avais l'ide, et que j'ai publis depuis,ont prouv que ce n'tait point une simple fantaisie de curieux que je voulais satisfaire.Des milliers de Franais ont t envoys dans cette Italie, dont la langue, les murs, lalittrature, les arts leur taient totalement trangers: il tait crit que je n'aurais pas cebonheur; et je mourrai probablement sans avoir vu le beau pays dont je me suis occuptoute ma vie.

    De retour Paris et sa campagne de St.-Prix, Ginguen avait repris le cours de ses

    travaux paisibles, lorsqu' la fin de l'anne 1799, il fut lu membre du tribunat. Le devoirqu'il avait remplir en cette qualit tait de rsister aux entreprises d'un ambitieux quivenait de s'emparer main arme d'une magistrature suprme, et qui aspirait concentrer en lui seul tous les droits et tous les pouvoirs. On voyait trop que ce parvenun'aurait assez ni de probit, ni de lumires, pour mettre de lui-mme un terme sesusurpations au dedans, ni ses conqutes au dehors; et, qu'abandonn son audaceaveugle, il allait courir de succs en succs sa perte, et compromettre, avec sa proprefortune, des intrts bien plus chers, la libert publique, l'indpendance, et, s'il sepouvait, l'honneur mme de la nation franaise. Il s'agissait de le contenir au moins dansles limites lgales de l'autorit, dj beaucoup trop tendue, dont il venait de s'investir.Ginguen s'est montr fidle cette obligation sacre: son caractre, ses opinions, seshabitudes morales l'entranrent et le fixrent dans les rangs prilleux de l'opposition.

    http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag5http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag5http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag5
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    Inaccessible aux sductions et suprieur aux menaces, il ne laissa aucun espoir d'obtenirde lui de lches complaisances. S'il avait pu tre tent d'en avoir, il en et t assezdtourn par l'ignominie des faveurs mme qui les devaient rcompenser. On s'abuseraitnanmoins si l'on supposait que ses efforts et ceux de ses collgues tendissent alors renverser un gouvernement qu'ils s'taient engags maintenir. C'est une ide qui nevient pas aux hommes qui ont une conscience: leur respect pour les devoirs qu'ils ontconsenti s'imposer est la plus sre des fidlits. Les circonstances dplacent les intrtset les vains hommages; la loyaut seule enchane. Le but auquel aspirait Ginguen en1800, 1801 et 1802, au sein du tribunat, tait de conserver ce qui subsistait encore delois, d'ordre et de libert en France. Voil ce qu'il voulait inflexiblement, ce qu'ilrclamait en toute occasion, avec une nergie que l'on trouva importune. Son discourscontre l'tablissement des tribunaux spciaux, c'est--dire inconstitutionnels ettyranniques, excita l'une des plus violentes colres de cette poque, et provoqua, au lieude rponse, une invective grossire qui, dans le Journal de Paris, fut attribue au hros

    accoutum vaincre toutes les rsistances et toutes les liberts. Peu de mois aprs oncommena l'puration du tribunat, et Ginguen fut compris parmi les vingt premierslimins. Le hros daigna garder contre lui des ressentimens qui depuis s'amortirent tantsoit peu, et ne s'teignirent jamais. Ginguen, dans les quatorze annes suivantes de savie, n'est plus rentr dans la carrire politique; mais il s'est lev des rangs de plus enplus honorables dans la rpublique des lettres.

    Il commena, dans l'hiver de 1802 1803, au sein de l'Athne de Paris, un cours delittrature italienne, qu'il reprit en 1805 et 1806, et qui attira toujours une grandeaffluence d'auditeurs. Beaucoup de littrateurs clairs le suivaient assidment, et y

    trouvaient, au milieu des plus agrables dtails, cette exactitude svre qui caractrise lavritable instruction, et dont les exemples avaient t jusqu'alors fort rares dans leschaires de littrature. Quelques-unes de ces leons, celles qui se retrouvent dans unepartie du premier volume de l'Histoire littraire d'Italie, avaient t prononces l'Athne, lorsqu'en 1803 un arrt des consuls abrogea la loi qui avait organis l'Institut,abolit la classe des sciences morales et politiques, et rtablit l'Acadmie franaise etl'Acadmie des inscriptions, sous les noms de classe de la langue et de la littraturefranaise, et de classe d'histoire et de littrature ancienne. Peu de mois auparavant unecommission avait t forme au sein de l'ancien Institut, pour rdiger un dictionnaire de

    la langue franaise; mais on feignit de trouver trange que cette commission, dontGinguen tait membre, n'et point achev ce travail en une demi-anne. On se plaignaitsrieusement de cette lenteur, surtout dans le Journal de Paris, et on la prsentait commela plus dcisive raison de ressusciter une acadmie franaise, qui serait bien plusdiligente, et qui en effet n'a cess, depuis 1803 jusqu' ce jour, de prparer une ditionnouvelle de ce dictionnaire. Lorsqu'on publia en 1803 la premire liste de la classe delittrature franaise, plusieurs personnes croyaient y rencontrer le nom de Ginguen, sefigurant qu'il y tait assez appel par le genre de ses talens, de ses tudes et de sesouvrages; mais les rdacteurs de ces listes en avaient jug autrement. On pourraitobserver que parmi les membres de l'Institut, qui alors rglaient ainsi les rangs de leurs

    confrres, figuraient quelques-uns de ceux qui depuis ont t exclus de l'une et de l'autrede ces acadmies; mais remarquons seulement qu'ils avaient omis le nom de Ginguenmme sur le tableau des membres de la classe d'histoire et de littrature ancienne, en

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    sorte qu'il ne se retrouvait nulle part; exclusion qui et t par trop honorable, puisqu'elleet t l'unique6. Ce n'tait qu'une inadvertance, malgr le soin extrme qu'on avaitapport cette classification. Il advint que David Leroi et l'ex-bndictin Poirier,compris dans ce premier tableau, moururent fort peu de jours aprs sa publication, etlaissrent deux places vacantes. On remplit l'une par le nom de Ginguen, et M. JosephBonaparte fut appel,par voie d'lection, la seconde.

    Note 6:(retour) On dit qu'un homme de cour alors puissant, tait all visiter dans les bureaux de l'intrieur la liste du nouvelinstitut, et en avait effac le nom de Ginguen pour y mettre le sien propre.

    Ginguen, ds 1803, lut la classe de littrature ancienne les premiers chapitres de sonhistoire littraire d'Italie; il voulait profiter des lumires de ses collgues, surtout en cequi concernait la littrature arabe dans le quatrime de ces chapitres; et il et continuces lectures, s'il n'et craint de s'engager peut-tre en d'inutiles controverses: plus tard, ila lu cette compagnie savante les articles relatifs Machiavel et l'Alamanni, insrs

    depuis dans les tomes VIII et IX de son ouvrage. La classe de littrature ancienne avaitaussi entendu la lecture de sa traduction en vers du pome de Catulle sur les noces deThtis et de Ple, ainsi que la prface qui contient l'histoire critique de ce pome. Toutce travail a t publi en 1812 avec des corrections, des additions, des notes et le textelatin7.

    Note 7:(retour) A Paris, chez MM. Michaud, in-18, 252 pages.

    LaDcade, continue depuis 1805, sous le titre deRevue, fut supprime en 1807, augrand regret de tous les amis des lettres et de la saine critique. Ginguen a coopr

    depuis quelques autres journaux littraires; mais la classe de littrature ancienne lechargea, en cette mme anne 1807, de travaux plus importans. L'un consistait rdigerchaque anne l'analyse de tous les mmoires lus dans son sein; il a pendant sept ansrempli cette tche. Il lisait ces exposs aux sances publiques annuelles, et leur donnaitun peu plus d'tendue en les livrant l'impression Runis, ils offrent un prcis historiquedes travaux de cette compagnie depuis 1807 jusqu'en 18138, et il serait superflu d'ajouterque la clart de la diction et l'lgance des formes y conservent partout aux matires cequ'elles ont d'importance et d'intrt. En mme temps, Ginguen avait t nommmembre de la commission tablie pour continuer l'histoire littraire de la France, dont ilexistait douze tomes in-4., publis par les Bndictins. Les quatre derniers necorrespondaient encore qu' la premire moiti du douzime sicle; et pour atteindrel'anne 1200, sans changer de mthode, il a fallu composer trois autres volumes qui ontparu en 1814, 1817 et 1820. Tous trois contiennent plusieurs morceaux de Ginguen;morceaux qui par la nature mme de leurs sujets, tiennent de plus prs que beaucoupd'autres aux annales de la littrature franaise proprement dite; car ils concernent lestrouvres et les troubadours. Ginguen avait dj rattach l'histoire des potesprovenaux celle des potes italiens, dans le troisime chapitre de son grand ouvrage: ilfait ici plus particulirement connatre la vie et les productions d'environ quarantetroubadours du douzime sicle, tels que Guillaume IX, comte de Poitou, Arnauld

    Daniel, Pierre Vidal, etc. Il a consacr dans ce mme recueil de pareils articles auxtrouvres, c'est--dire aux potes franais ou anglo-normands de cette mme poque, parexemple Benot de Sainte-Maure, Chrtien de Troyes, Lambert Li-Cors, Alexandre de

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    Paris. Ajoutons que presque toutes les notices relatives des potes latins dans ces troisvolumes sont aussi de Ginguen; on y peut distinguer celles qui concernent Lonius,Pierre le Peintre, et Gautier, l'auteur de l'Alexandride.

    Note 8:(retour) Ces exposs analytiques ont t continus en 1814 et 1815 par le rdacteur de cette notice.

    Pour se dlasser d'tudes si srieuses, Ginguen composait des fables qu'il a publies aunombre de cinquante en 18109. Les sujets, presque tous emprunts d'auteurs italiens,Capaccio, Pignotti, Bertola, Casti, Gherardo de' Rossi, Giambattista Roberti, se sontrevtus, en passant dans notre langue, de formes aimables et piquantes. En ce genredifficile, la plus grande tmrit est d'imiter Lafontaine; il est moins prilleux et plusmodeste d'essayer de faire autrement que lui, et c'est ce qu'a tent Ginguen, avec unsuccs peu clatant, mais rel et suprieur peut-tre celui qu'il s'tait promis; car iln'avait cherch que son propre amusement dans ces compositions ingnieuses. Ons'aperut du caractre pigrammatique de ces apologues; le journal de Paris en dnonacinq ou six et accusa l'auteur d'avoir de l'humeur contre quelqu'un. Ginguen avaitpourtant soumis son recueil de fables la censure qui en avait supprim six, et mutildeux ou trois autres; il a depuis, en 1814, rpar ces altrations et ces omissions enpubliant dix fables nouvelles10avec les posies diverses ci-dessus indiques.

    Note 9:(retour) A Paris, chez MM. Michaud frres, in-18, 247 pages.

    Note 10:(retour) Ibid. in-18, 306 pages.

    Une dition des pomes d'Ossian, traduits par Letourneur, parut en 1810, ayant pourprliminaire un mmoire de Ginguen sur l'tat de la question relative l'authenticit deces productions; c'est un excellent morceau d'histoire littraire11o tous les faits sontimpartialement exposs, et dont la conclusion est que probablement ces posies ont tcomposes en effet par un ancien barde. En 1811, il prit soin de l'dition des uvres dupote Lebrun, et y attacha une notice historique, o se reconnat le langage de la vrit etde la justice autant que celui de l'amiti. Les quatre premiers volumes de la Biographieuniverselle, publis aussi en 1811, contenaient plusieurs articles de Ginguen, qui n'a pascess depuis de cooprer ce recueil, le plus vaste, le plus riche, et le plus vari quiexiste en ce genre. Les morceaux qu'il y a fournis se prolongent jusqu'au trente-quatrime volume, imprim en 1823. Il est vrai que les sujets sont quelquefois les

    mmes qu'en certaines parties de son histoire littraire d'Italie; mais cette histoire finitavec le seizime sicle, et c'est fort souvent des littrateurs italiens des trois siclessuivans que se rapportent les articles qu'il a insrs dans la Biographie12. Runis etdisposs dans l'ordre chronologique, ils offriraient une esquisse des annales de lalittrature italienne depuis l'an 1600 jusqu' nos jours et formeraient une sorte desupplment au principal ouvrage de Ginguen.

    Note 11:(retour) Il en a t tir des exemplaires particuliers en 36 pages in-8.

    Note 12:(retour) Tels sont les articles: L. Adimari, Alfieri, Algarotti... Bandini, Bianchini... Calogera, Casti, Chiari... Fabroni,Facciolato, Filangieri, Filicaia, Fontanini, Forcellini... Galiani, Goldoni... et un trs-grand nombre d'autres. Ginguen ad'ailleurs fourni ce recueil des articles trangers la littrature italienne, par exemple ceux de Chamfort et de Cabanis.

    Les trois premiers volumes de cet ouvrage ont paru en 1811; les deux suivans, en 1812;le sixime, en 181313; et les trois derniers, en 1819, aprs la mort de l'auteur. Le

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    septime est tout entier de lui, l'exception de quelques pages. Mais il n'y a gure qu'unemoiti, tant du huitime que du neuvime, qui lui appartienne. L'autre moiti est de M.Salfi, qui, par ces supplmens, et par un tome dixime de sa composition, imprim en1823, a complt les annales littraires de l'Italie jusqu' la fin du seizime sicle.L'accueil honorable que l'ouvrage de Ginguen a reu en France, en Italie, enAllemagne, en Angleterre, les traductions qui en ont t faites, et la seconde ditionqu'on en donne aujourd'hui, quatre ans aprs la publication des derniers tomes de lapremire, ne nous laissent rien dire ici sur le mrite de ces neuf volumes. Il parat quele public leur assigne un rang fort lev parmi les livres composs en prose franaise audix-neuvime sicle; qu'il y trouve un heureux choix de dtails et de rsultats, de faitshistoriques et d'observations littraires. Tiraboschi, dans une bien plus volumineusehistoire, n'avait gure recueilli que des faits; Ginguen y a su joindre, en un bienmoindre espace, des considrations neuves et des analyses profondes. Il s'tait donn unetrs-riche matire: il l'a dispose avec mthode, et sans chercher la parer, il s'est

    appliqu et il a russi lui conserver toute sa beaut naturelle.Note 13:(retour) A cette poque, le vice roi d'Italie fit remettre Ginguen une mdaille d'or o sont gravs ces mots: AlCavaliere P.L. Ginguen, dell' Istituto di Francia, ben merito dell' Italiana letteratura. Decretuta dal vice-r d'Italia, il di 28maggio 1813.

    Cependant lorsqu'aprs la publication et le succs des six premiers volumes, quelques-uns de ses amis, membres de l'Acadmie franaise, s'avisrent de le porter une placevacante dans cette compagnie, et lorsque, l'ayant fait consentir cette candidature, ilscroyaient avoir vaincu le plus grand obstacle, on ne le jugea pas digne encore d'un sigrand honneur; et puisqu'il le faut avouer, il fut si peu sensible ce dplaisir, que

    personne en vrit n'eut regretter ni se rjouir de le lui avoir donn: on l'avait, de touttemps, fort accoutum ces msaventures. Prsent une fois par l'Institut, une autre foispar le Collge royal de France, pour remplir des chaires vacantes dans ce derniertablissement, il n'obtint ni l'une ni l'autre, quoiqu'il et dj montr l'Athne de Pariscomment il savait remplir ce genre de fonctions. Quant aux pures faveurs, grandes oupetites, hautes ou vulgaires, il ne songeait point les demander, et l'on s'abstenait de leslui offrir. Il n'tait pas membre de la Lgion-d'Honneur; mais enfin pourtant on l'inscrivitdans l'ordre demi-tranger de la Runion; et cette distinction pouvait le flatter, commemoins prodigue alors en France, et comme ayant quelque analogie avec ses ouvrages.

    On permit d'ailleurs aux acadmies de Turin et de la Crusca Florence de le placer aunombre de leurs associs. En ses qualits de Breton, et de littrateur fort instruit, il taitmembre de l'acadmie celtique de Paris et de plusieurs autres.

    Au milieu des bouleversemens politiques et des intrigues littraires, il a joui d'unbonheur inaltrable qu'il trouvait dans ses travaux, dans ses livres, au sein de sa familleet dans la socit de ses amis. Il s'tait compos une trs-bonne plutt qu'une trs-bellebibliothque, qui embrassait tous les genres de ses tudes, et dont un tiers peu prsconsistait en livres italiens, au nombre d'environ 1,700 articles ou 3,000 volumes.Floncel et d'autres particuliers avaient possd des collections plus amples, beaucoup

    plus riches et rellement bien moins compltes. La bibliothque entire de Ginguen at vendue un seul acqureur, qui l'a transporte en Angleterre. Elle tait, avec samodeste habitation de Saint-Prix, peu prs toute sa fortune, acquise par quarante-quatre

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    annes de travaux assidus, et par une conduite constamment honorable. La liste des amisd'un homme tel que lui n'est jamais bien longue; mais il eut le droit et le bonheur d'ycompter Chamfort, Piccini, Cabanis, Parny, Lebrun, Chnier, Ducis, Alphonse Leroi,Volney, pour ne parler que de ceux qui ne sont plus et qui ont laiss comme luid'immortels souvenirs. Tous leurs succs taient pour lui, plus que les siens propres, devives jouissances: mais il survivait la plupart d'entre eux, et ne s'en consolait que parles hommages qu'obtenait leur mmoire, et qu'en voyant renatre dans les gnrationsnouvelles, des talens dignes de remplacer les leurs. Entre les littrateurs jeunes encore,lorsqu'il achevait sa carrire, et dont les essais lui inspiraient de hautes esprances, on nese permettra de nommer ici que M. Victorin Fabre, qu'il voyait avancer d'un pas rapideet sr dans la route des lumires, du vrai talent et de l'honneur.

    Ginguen n'avait point d'enfans; mais depuis 1805, il tait devenu le tuteur, le pre d'unorphelin anglais. Ces soins, cette tendresse, et les progrs de l'lve qui s'en montrait

    digne, ont jet de nouveaux charmes sur les onze dernires annes de Ginguen. Le sort,qui l'avait trop souvent maltrait, lui devait cette indemnit, dit-il lui-mme, dans l'unedes trois ptres en vers adresses par lui James Parry: c'est le nom de cet excellentpupille, dont les vertus aujourd'hui viriles honorent et reproduisent celles de sonbienfaiteur. Il lui disait encore dans cette ptre:

    Tu vis ton ami, sans faiblesse,Subir un sort peu mrit,Mais tu ne vis point sa fiertSe soumettre la vanit

    Du pouvoir ou de la richesse;Ni celle de qui la bont,L'esprit et l'amabilitSur mes jours rpandent sans cesseUne douce srnit,Fltrir, mme par sa tristesse,Notre honorable adversit.

    Ginguen avait choisi, dans sa propre famille, l'pouse que ces derniers vers dsignent,et laquelle il n'a jamais cess de rendre grces de tout ce qu'il avait retrouv de paix, debonheur mme, au sein des disgrces et des infortunes.

    On s'est born, dans cette notice, recueillir les faits dont on avait une connaissanceimmdiate, et surtout ceux que Ginguen atteste dans ses propres crits. Trois de sesamis, MM. Garat, Amaury Duval et Salfi, ont dj rendu de plus dignes hommages sammoire: M. Garat, dans un morceau imprim la tte du catalogue de la bibliothquede Ginguen14; M. Amaury Duval, dans les prliminaires du tome XIV de l'Histoirelittraire de la France15; M. Salfi, la fin du tome X de l'Histoire littraire d'Italie16.On doit infiniment plus de confiance ces trois notices qu'aux articles qui concernent

    Ginguen, soit dans les recueils biographiques, soit aussi dans certains mmoiresparticuliers; par exemple, dans les relations que lady Morgan a intitules la France.Cette dame, en 1816, a visit Ginguen dans son village de Saint-Prix, qu'elle appelle

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    Eaubonne. Elle rapporte que, press de composer des vers contre Bonaparte dchu, ilrpondit qu'il laissait ce soin ceux qui l'avaient lou tout puissant; et il parat certainqu'il fit en effet cette rponse: elle convenait son esprit et son caractre. Mais ladyMorgan ajoute que dans les cercles de gens clairs, on ne prononait jamais son nomqu'en y ajoutant une pithte charmante, qu'on ne l'appelait que le bon Ginguen. Il taitsans doute du nombre des meilleurs hommes, mais non pas tout--fait de ceux auxquelson attribue tant de bonhomie. Exempt de mchancet, il ne manquait ni de fiert ni demalice, et ne tolrait jamais dans ses gaux, jamais surtout dans ceux qui se croyaient sessuprieurs, aucun oubli des gards qui lui taient dus, et que de son ct il avaitconstamment pour eux; car personne ne portait plus loin cette politesse exquise etvritablement franaise, qui n'est au fond que la plus noble et la plus lgante expressionde la bienveillance. On le disait fortsusceptible, prendre ce mot dans une acceptiondevenue, on ne sait trop pourquoi, assez commune, et dans laquelle il l'a employ lui-mme en parlant de Jean-Jacques Rousseau. Mais quoiqu'il ait excus les soupons et

    presque les visions de cet illustre infortun, il n'avait assurment pas les mmes travers,et ne s'offensait que des torts rels. Il ne souffrait aucun procd quivoque, et voulaitqu'on et avec lui autant de loyaut, autant de franchise, qu'il en portait lui-mme danstoutes les relations sociales. Il n'y avait l que de l'quit; mais c'tait, il faut en convenir,se montrer fort exigeant, ou fort en arrire des progrs que la civitisation venait de faire,de 1800 1814.

    Note 14:(retour) A Paris, chez Merlin, 1817, in-8. Pages xxiv et 352.

    Note 15:(retour) A Paris, chez Firmin Didot, 1817, in-4. Tous les exemplaires de ce volume ne contiennent pas la notice deM. Amaury Duval sur Ginguen.

    Note 16:(retour) P. 467-519.

    Sa constitution physique, quoique trs-saine, n'tait peut-tre point assez forte poursupporter sans relche les travaux auxquels l'enchanaient ses gots et ses besoins. Sasant avait paru s'altrer, peu aprs son retour de Turin. Un mal d'yeux en 1801 l'avaitforc d'interrompre ses tudes chries; l'affaiblissement d'un organe dont il faisait un sigrand usage, et t pour lui un accablant revers: il dut son ami Alphonse Leroi unegurison prompte et complte; mais il essuya en 1804 une maladie plus grave, et ne sertablit qu' Laon o il passa un mois chez l'un de ses frres. Il retomba neuf ans plustard dans un tat de dprissement et de langueur dont il ne s'est point relev, et qui

    laissait nanmoins ses facults intellectuelles et morales toute leur nergie et toute leuractivit. Les vnemens de 1814 le dlivrrent de son plus mortel chagrin, et leranimrent en lui inspirant de l'espoir. En 1815, il fit un voyage en Suisse, o il etretrouv la sant, si le mouvement, les distractions et les soins de l'amiti avaient pu lalui rendre. Il revint languissant, traversa pourtant encore un hiver, durant lequel ilcomposa quelques-uns des derniers chapitres de son ouvrage. Au printemps de 1816, ilrevit sa dlicieuse campagne, qui n'avait rien de romantique, quoi qu'en dise ladyMorgan, mais dont l'heureuseposition tait, disait il, toujours nouvelle pour lui. Selon sacoutume, il y prolongea son sjour jusqu'au milieu de l'automne, et mourut Paris, le 16novembre 1816. Ses funrailles ont t clbres le 18, et l'un de ses confrres aprononc sur sa tombe le discours suivant:

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    Messieurs, l'un des services que M. Ginguen a rendu aux lettres a t d'honorer lammoire de plusieurs crivains qui lui ressemblaient par l'tendue des lumires et par lesgrces de l'esprit, et qui avaient, comme lui, consacr de longs travaux et de rares talensau maintien du bon got et aux progrs des connaissances utiles. Je laisse ses pareils lesoin et l'honneur de le louer dignement; je voudrais seulement exprimer les regretsprofonds qui amnent ici ses amis et ses confrres, et que vont partager en France, enItalie, tous les hommes de bien qui cultivent et chrissent les lettres. Le monument qu'ila lev la gloire de la littrature italienne enorgueillira aussi la ntre, alors mme qu'iln'aurait pas eu le temps d'en achever les dernires parties. Mais, quoique ce grand et belouvrage surpasse toutes ses autres productions, il ne les effacera point; elles auraientsuffi pour assurer au nom de M. Ginguen un rang distingu parmi les noms descritiques judicieux, des potes aimables et des crivains habiles. L'Acadmie dont il taitmembre sait quel intrt il prenait aux recherches savantes dont elle s'occupe. Il en a,durant sept annes, recueilli, rapproch, expos les rsultats. Ceux de ses confrres qui

    travaillaient avec lui l'histoire littraire de la France, n'oublieront jamais ce qu'ilapportait dans leurs confrences, de lumires et d'amnit, de sagesse et de modestie. Unesprit dlicat, une me sensible, des affections douces tempraient et n'altraient point lafranchise de son caractre. Des fonctions publiques remplies avec une probit svre,des infortunes supportes sans faiblesse et sans ostentation, des amitis persvrantes travers tant de vicissitudes, toutes les preuves et toutes les habitudes qui peuventhonorer la vie d'un homme de lettres, ont rempli la sienne; et la veille du jour qui l'atermine, ses traits dcolors restaient empreints de la srnit d'une conscience pure.Les restes de sa gat douce et ingnieuse animaient encore ses regards et ses discours.Mais on l'entendait surtout rendre grces sa respectable pouse de tout le bonheurqu'elle n'avait cess de rpandre sur sa vie, et qu'elle tendait sur ses derniers momens.Je dis le bonheur, car je pense, l'honneur des lettres, de la probit, de l'amiti et desaffections domestiques, que M. Ginguen a t heureux, quoique les occasions de ne pasl'tre ne lui aient jamais manqu. Messieurs, nous dposons ici les restes de l'un desmeilleurs hommes que la nature et l'tude aient forms pour la gloire de notre ge et pourl'instruction des ges futurs.

    Le tombeau de Ginguen, au jardin du pre La Chaise, est plac prs de ceux de Delilleet de Parny; l'inscription qu'on y lit est celle qu'il avait compose lui-mme et qui

    termine l'une de ses pices de vers:Celui dont la cendre est ici,Ne sut, dans le cours de sa vie,Qu'aimer ses amis, sa patrie,Les arts, l'tude et sa Nancy17.

    Note 17:(retour) Prnom de madame Ginguen.

    http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote17http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote17http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote17http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag17http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag17http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag17http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote17
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    HISTOIRE LITTRAIRE

    D'ITALIE.

    PREMIRE PARTIE.

    CHAPITRE Ier.

    tat de la littrature latine et grecque l'avnement de Constantin; effets de latranslation du sige de l'empire; littrature ecclsiastique; son influence; invasion des

    Barbares; ruine totale des Lettres.

    On attribue gnralement l'affaiblissement, et ensuite l'entire destruction des lumires etdes lettres en Europe, trois causes: la translation du sige de l'Empire, faite parConstantin, de Rome Constantinople; la chute de l'empire d'Occident, suite invitabledu dmembrement qu'il en avait fait; enfin aux invasions et la longue domination desBarbares en Italie. Mais avant Constantin, la dcadence tai dj sensible. On serait tentde croire, que, quand mme aucune de ces trois causes n'et exist, les lettres n'en taientpas moins menaces d'une ruine totale, et que la barbarie et enfin rgn, mme sansl'intervention des Barbares.

    Sous cette longue suite d'Empereurs, qui depuis Commode, indigne fils du sage Marc-Aurle, montrent sur le trne et en furent prcipits, au gr de la soldatesqueprtorienne, devenue l'arbitre de l'Empire, il y eut encore beaucoup de potes, d'orateurs,d'historiens. Les lectures, les rcitations publiques dans l'Athne de Rome, et laclbration, sous Alexandre Svre, des jeux du Capitole, dans lesquels les orateurs etles potes se disputaient des pris, et recevaient des couronnes; et les traces que l'onretrouve de ces jeux sous Maximin, son successeur; et les cent potes que l'on voitemploys sous Gallien l'pithalame de ses petits-fils, prouvent que la Posie attiraitencore les regards. Mais que nous reste-t-il de tout ce qu'elle produisit alors? Un pomedidactique de Sammonicus18, ou plutt un recueil de vers assez mdiocres sur la

    Mdecine; un pome beaucoup meilleur de Nmsien sur la Chasse, et ses quatreglogues que l'on y joint ordinairement; enfin les sept glogues de Calpurnius, ami deNmsien, qui il les a ddies; voil tout ce qui nous reste d'un si long espace de

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    temps; et, si l'on en excepte les deux autres pomes que ce mme Nmsien avait aussicomposs, l'un sur la Pche, et l'autre sur la Navigation19, nous ne voyons de traced'aucun autre ouvrage que nous ayons regretter.

    Note 18:(retour) Q. Srnus Sammonicus, qu'Antonin Caracalla admettait sa table, et qu'il y assassina lchement. C'tait

    alors le plus savant des Romains. Il avait compos plusieurs ouvrages de physique, de mathmatiques et de philologie: sonpome seul est rest. (Voy. Fabricius,Bibl. lat.)

    Note 19:(retour) Vopiscus in Caro, c. II.

    Le changement qui s'tait fait dans la forme du gouvernement avait dtruit l'Eloquence.Le pangyrique y est moins propre que les discussions libres de la tribune sur les grandsintrts de la patrie. Un certain Cornelius Fronton, l'un des pangyristes d'Antonin, fitcependant cole et mme secte, puisqu'on appela Frontoniens ceux qui voulaient imiterson style20. Un orateur du quatrime sicle21osa bien l'appeler, non le second, maisl'autre honneur de l'loquence romaine22; mais il ne nous reste rien de ce Fronton qui

    puisse nous servir de point de comparaison entre lui et l'Orateur dont le nom est devenucelui de l'loquence mme. Il est croire que les sicles suivant y auront vu quelquediffrence, et qu'on se sera promptement lass de copier les pangyriques de l'un, tandisque les copies multiplies des ouvrages de l'autre en ont drob la plus grande partie auxravages du temps. Aulu-Gelle et d'autres auteurs parlent bien encore de quelquesorateurs ou rhteurs, mais il ne s'est conserv d'eux que leurs noms, trop obscurs pourqu'il ne soit pas inutile de les rappeler ici. Des sophistes grecs s'taient alors empars detoutes les coles. Leur exemple ne valait sans doute pas mieux que leurs leons; et il estprobable qu'ils ressemblaient en loquence Dmosthnes comme Frotnon Cicron.

    Note 20:(retour) Sidon. Apollin., lib. I, Epist. I.Note 21:(retour) Eumne.

    Note 22:(retour)Roman eloquenti, non secundum, sed alterum decus. (Panegyr. Constantio, XIV.)

    Dans l'Histoire, les six auteurs de celle des empereurs23, appele vulgairement l'histoireAuguste, sont tout ce qui nous reste en langue latine, quoiqu'il en ait exist alors un plusgrand nombre. Depuis que Sutone avait donn l'exemple de transmettre la postritles petits dtails de la vie prive, il tait naturel qu'il se trouvt plus d'historiens, oud'hommes qui se crussent capables de l'tre; mais le temps a fait justice d'eux et de leursouvrages. Il a respect plusieurs historiens grecs, qui crivirent dans leur langue; mais

    Rome, et dont quelques uns prirent pour sujets les faits de l'histoire grecque, d'autres lesvnements romains, soit des poques antrieures soit de leur temps. Arrien deNicomdie, Elien, Appien d'Alexandrie, Diogne Larce; Polyen, qui prcdrent de peude temps cette poque, Dion Cassius, Hrodien et quelques autres, sans pouvoir trecompars aux premiers historiens de la Grce, ont sur les latins du mme temps unegrande supriorit. Leur belle langue du moins conservait encore son gnie et sonloquence, tandis que la langue latine s'altrait de jour en jour par cette affluenced'trangers qui remplissaient Rome, et que des soldats trangers crs empereurs yattiraient sans cesse leur suite.

    Note 23:(retour) lius Spartianus, Julius Capitolinus, lius Lampridius, Vulcatius Gallicanus, Trebellius Pollion et FlaviusVopiscus.

    http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote19http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote19http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote19http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag18http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag18http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag19http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag19http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote20http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote20http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote20http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote21http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote21http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote21http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote22http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote22http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote22http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag20http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag20http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag21http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag21http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag22http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag22http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote23http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote23http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote23http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag23http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag23http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag23http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote23http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag22http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag21http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag20http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote22http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote21http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote20http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag19http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag18http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote19
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    A l'gard des philosophes, on sait que plusieurs tenaient cole Rome, que leursdisciples allaient tous les jours les entendre et disputer entre eux dans le temple de laPaix24; mais rien n'est venu jusqu' nous, ni des coliers ni des matres. C'est cependantau commencement de cette poque que Plutarque, qui suffirait seul pour l'illustrer,crivait en grec Rome; c'est alors que s'levait Alexandrie la fameuse cole desElectiques, fonde par Potamon et par Ammonius, dont Plotin et Porphyre furent lesdisciples, cole qui, secouant le joug de toutes les anciennes sectes philosophiques,recueillait de chacune ce qui lui paraissait le plus conforme la raison et la vrit. Ellefut sans doute connue Rome, mais on ne voit pas qu'aucun Romain en ait soutenu lesopinions. Les Romains n'avaient rien t qu' l'imitation des Grecs. Les lettres romainesn'existaient plus, et dans plusieurs parties, les lettres grecques florissaient encore: c'taitun ruisseau tari avant sa source.

    Note 24:(retour) Gallien, de libr. prop.

    La Jurisprudence seule continuait de fleurir. Les lois se multipliant avec les empereurs,la science dont elles taient l'objet, devenait malheureusement plus propre exercerl'esprit. Entre plusieurs noms qui furent illustres cette poque et qui le sont encore, ondistingue surtout ceux de Papinien et d'Ulpien. Le premier, pour rcompense de sestravaux et plus encore de ses vertus, fut assassin par l'ordre de Caracalla; le second,exil de la cour par Hliogabale, rappel par Alexandre Svre, admis dans sa confiancela plus intime, ne put tre dfendu par lui de la fureur des soldats prtoriens, qui lemassacrrent sous les yeux de leur empereur, ou plutt sous sa pourpre mme, dontAlexandre s'efforait de le couvrir.

    Enfin la dcadence littraire, qui se faisait sentir ds le commencement de cette poque,nous est prouve par l'un des ouvrages mmes les plus prcieux qui nous en soientrests, par les Nuits attiques du grammairien Aulu-Gelle. A l'exception du philosopheFavorinus, son matre, auteur de ce beau discours adress aux mres pour les engager nourrir leurs enfans, de qui Aulu-Gelle nous parle-t-il, sinon de quelques grammairiensou rhteurs, aujourd'hui trs-obscurs, et qui, faute d'orateurs et de potes, occupaientalors l'attention publique? Ce Sulpicius Apollinaire qu'il nous vante25, et qui se vantaitlui-mme d'tre le seul qui pt alors entendre l'histoire de Salluste, nous prouve par cetrait mme, combien les Romains taient dchus de leur gloire littraire, et, si j'ose ainsi

    parler, de leur propre langue. Aulu-Gelle en dplore souvent la corruption et ladcadence. Du reste, tous les savants qui figurent dans ses Nuits attiques, et c'taient lesplus clbres, qui fussent alors Rome, paraissaient presque toujours occups derecherches pnibles sur des questions purement grammaticales de peu d'importance; etl'on y voit un certain esprit de petitesse, bien loign de la manire de penser grande etsublime des anciens Romains26.

    Note 25:(retour) Liv. XVIII, c. 4; liv. XX, c. 5.

    Note 26:(retour) Tiraboschi, Stor. della Lett. ital., t. II, liv. II, c. 8.

    La science du grammairien embrassait alors tout ce que nous appelons aujourd'hui lacritique. Tandis que la critique s'occupe des auteurs vivants, elle est une preuve de plusdes richesses littraires du temps: elle est elle-mme une branche de ces richesses,

    http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote24http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote24http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag24http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag24http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote25http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote25http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote25http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote26http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote26http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote26http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag25http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag25http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag26http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag26http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag26http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag25http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote26http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote25http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag24http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote24
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    pourvu qu'elle soit claire, quitable et dcente. Mais lorsque chez une nation et unepoque quelconque, la critique ne s'exerce plus que sur les anciens auteurs, et sur ceuxqui ont crit, chez cette nation, une poque antrieure, elle est une preuve sensible del'absence totale des grands talents et de l'affaiblissement des esprits.

    Tel tait donc le misrable tat o les lettres taient rduites l'avnement de Constantin.On voit que la pente qui les entranait vers une ruine totale tait dj bien tablie, etqu'elle n'avait pas besoin de devenir plus rapide. Elle le devint cependant lorsque cetempereur eut transfr Bysance le sige du gouvernement imprial. Les flatteurs deConstantin l'ont appel Grand: les chrtiens, dont il plaa la religion sur le trne, l'en ontpay par le titre de Saint: les philosophes sont venus, et lui ont reproch des petitesses etdes crimes qui attaquent galement sa grandeur et sa saintet: ce n'est sous aucun de cesrapports que je dois le considrer, mais seulement quant aux effets qu'il produisit sur leslettres et sur les lumires de son sicle.

    Les auteurs ultramontains, qui ont crit dans le pays o la religion de Constantin a leplus de force, o sa mmoire est par consquent presque sacre, ont eux-mmes reconnule mal irrparable que son tablissement Bysance, et le soin qu'il prit d'lever et defaire fleurir cette capitale nouvelle aux dpens de l'ancienne, avaient fait non seulement l'Italie mais aux lettres27. Les courtisans, les gnraux, les grands suivirent l'empereur,avec leurs richesses, leurs clients, leurs esclaves. Les premiers magistrats, les conseillers,les ministres, accompagns de leurs familles et de leurs gens, formaient un peupleinnombrable, si l'on songe au luxe de Rome et celui de cette cour. L'argent, les arts, lesmanufactures suivirent cette premire roue de l'ordre politique, autour de laquelle,

    comme il arrive d'ordinaire dans les tats monarchiques, ils taient forcs de tourner. Latte et la force principale des armes, qui ne pouvait se sparer du chef suprme, enfintout ce qu'il y avait de plus important partit, et laissa en Italie un vide immensed'hommes et d'argent; car le numraire, passant par les tributs publics dans le trsorimprial, et circulant autour du trne, y entrana avec lui le commerce et l'industrie, sansrevenir jamais, pendant plus de cinq sicles, au lieu d'o il tait parti28.

    Note 27:(retour) Voy. Tiraboschi, Stor. della Lett. ital., t. II, liv. IV, c. I; Muratori, Antich. ital. Dissertaz. I; Denina,Rivol.d'Ital., liv. III, c. 6.

    Note 28:(retour) Bettinelli,Risorgimento d'Italia, c. I.

    Comment les lettres auraient-elles fleuri dans un pays dpouill de tout son clat, de tousses moyens de prosprit, soumis un matre, et priv de ses regards? Il n'y a que dansles pays libres, comme autrefois dans la Grce, comme depuis dans l'ancienne Rome,comme Florence parmi les modernes, que les lettres naissent d'elles-mmes, etprosprent spontanment: ailleurs il leur faut l'il du matre, ses rcompenses, sa faveur.Mais autour de Constantin mme, et sous l'influence immdiate des grces qu'il pouvaitrpandre, il tait survenu dans les tudes et dans les exercices de l'esprit, deschangements qui n'taient pas propres leur rendre leur ancienne splendeur.

    Une littrature nouvelle tait ne depuis dj prs de deux sicles. Elle parvint sous cetempereur son plus haut degr de gloire: elle compta parmi ses principaux auteurs, deshommes d'un grand caractre, d'un grand talent et mme d'un grand gnie. Ils

    http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote27http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote27http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote27http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote28http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote28http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote28http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag27http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag27http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag28http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag28http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag28http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag27http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote28http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote27
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    produisirent des bibliothques entires d'ouvrages volumineux, profonds, loquents. Ilsforment dans l'histoire de l'esprit humain, une poque d'autant plus remarquable, qu'ellea exerc la plus grande influence sur les poques suivantes.

    Je ne rpterai ni ne contredirai les loges que l'on a donns aux Basiles, aux Grgoires,aux Chrysostmes, aux Tertulliens, aux Cypriens, aux Augustins, aux Ambroises. Jechercherai plutt les causes qui rendirent leurs productions inutiles au progrs del'loquence et des lettres, qui firent que, dans un temps o florissaient de tels hommes,elles continurent se corrompre et dchoir. Pour ne point allguer ici d'autoritssuspectes, c'est encore dans les auteurs italiens, que je puiserai les principaux traits dont

    je tcherai de caractriser ce qu'on est convenu d'appeler la littrature ecclsiastique.

    La religion des anciens peuples ne formait pas une science qui ft l'objet de l'tude etdes mditations des hommes de lettres29. Les philosophes contemplaient la nature des

    dieux, comme les mtaphysiciens modernes ont raisonn sur Dieu et sur les esprits dansla pneumatologie et dans la thologie naturelle. Quant aux actions des dieux, et l'histoire de leurs exploits, on les abandonnait aux potes..... Mais une thologie, unescience de la religion, une tude de ses dogmes et de ses mystres taient inconnues auxanciens30. La religion chrtienne elle-mme s'introduisit et se rpandit d'abord par laprdication, et ds qu'il y eut un peu de foi, par les miracles. Mais elle commena bientt devenir l'objet de questions et de disputes; par consquent occuper l'attention etl'tude des savants, et former ainsi une partie de la littrature.

    (Essai sur l'Esprit et les Murs des nations, c. 14.)

    Note 29:(retour) Andrs, dell' Origin. progr. e st. d'ogni Letteratura , t. I, c. 7.

    Note 30:(retour) Ceci est exactement emprunt de Voltaire, il est juste de le lui rendre. De pareils troubles, dit-il, n'avaientpoint t connus dans l'ancienne religion des Grecs et des Romains, que nous nommons le paganisme: la raison en est que lespaens, dans leurs erreurs grossires, n'avaient point de dogmes, et que les prtres des idoles, encore moins les sculiers, nes'assemblrent jamais pour disputer.

    Les combats que le christianisme eut soutenir, la lutte qui s'tablit entre lui et lesreligions jusqu'alors dominantes, les perscutions qui en furent la suite, obligrent lesplus savants d'entre les chrtiens rpondre aux attaques, et faire de frquentesapologies de leur religion. Ds le commencement du deuxime sicle, on voit de ces

    apologies prsentes l'empereur Adrien; dans la suite, Justin, Athnagore, Tertullien enadressrent aux empereurs, au snat romain, au monde entier; on eut l'Octavius deMinucius Flix; le savant Origne crivit contre Celsus; Lactance publia sesInstitutionsdivines; chacun d'eux mit dans ces sortes d'ouvrages, tout ce qu'il pouvait avoird'rudition, de jugement et d'loquence.

    Les hrsies, qui ne tardrent pas s'lever dans le sein mme du christianisme,fournirent aux docteurs orthodoxes de nouvelles matires d'tudes et de travaux, etsurtout un vigoureux exercice leurs dialectiques. Avant la fin du second sicle, Irneavait dj fait un gros ouvrage de la simple exposition des dogmes de toutes les hrsiesnes jusqu'alors, et de leur rfutation. Leur nombre s'accrut, les objections semultiplirent, et les crits apologtiques en mme proportion. Le texte de l'criture

    http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote29http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote29http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote29http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote30http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote30http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag29http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag29http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag30http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag30http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag30http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag29http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote30http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote29
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    attaqu dans un sens, dfendu dans un autre, tait le sujet ordinaire de ces violentscombats. Il fallut donc tudier ce texte, le mditer, le corriger, l'interprter, le commentersans cesse. Dans la foule de ces champions infatigables, on distingue surtout Clmentd'Alexandrie, Tertullien et Origne.

    Les vicissitudes du christianisme, sa propagation rapide, les actes de ses dfenseurs, lesmiracles qu'il certifiait et qui lui servaient de preuves, devinrent bientt aux yeux deschrtiens un sujet digne de l'Histoire. Hgsippe, dont il n'est rest que quelquesfragments, fut leur premier historien, et il eut dans peu des imitateurs.

    Ce furent autant de branches de cette littrature nouvelle, qui eut des coles et desbibliothques, en Egypte, en Perse, en Palestine, en Afrique31. C'est l que s'instruisirentet que commencrent s'exercer les grands hommes, qui firent du quatrime sicle cequ'on appelle le sicle d'or de la littrature ecclsiastique. Arnobe, Lactance, Eusbe de

    Csare, Athanase, Hilaire, Basile, les deux Grgoire de Nice et de Nazianze,Ambroise, Jrme, Augustin, Chrisostme, remplirent un sicle entier de leur gloire. Desconciles nombreux et clbres furent aussi, dans ce sicle, un vaste champ pourl'argumentation et pour la sorte d'loquence qui pouvait s'y exercer. Leurs dcisionscompliqurent encore la doctrine, et exigrent de nouveaux efforts des tudians et desdocteurs. Le droit canon prit naissance: il y eut un code de lois ecclsiastiques, qui s'estbeaucoup accru depuis, mais qui servit ds-lors de noyau et comme de fondement cettepartie de la science.

    Note 31:(retour) Les coles et les bibliothques d'Alexandrie, d'desse, de Jrusalem, d'Hippone, etc.

    Maintenant, le reproche que l'on fait cette littrature d'avoir touff l'autre et d'en avoircomplt la dcadence, est-il mrit? est-il injuste? C'est une question qui se prsentenaturellement, et sur laquelle on ne peut ni se taire, ni s'appesantir. De quelque manirequ'on entende un passage des Actes des Aptres, o il est dit, qu' Ephse plusieurs deceux qui s'taient adonns d'autres sciences, apportrent et jetrent au feu leurs livres,aprs une prdication de S. Paul32, il est certain que voil dj un bon nombre de livresbrls. Les auteurs chrtiens des premiers sicles montrent, dit-on, dans leurs crits unegrande connaissance des ouvrages, des penses et des systmes philosophiques desanciens auteurs: une multitude de morceaux et de passages ne s'en sont mme conservs

    que dans leurs crits; et en effet il fallait bien qu'ils en eussent fait une tude trs-attentive, pour se mettre en tat de les combattre33. Oui, mais ne voit-on pas que, danscette disposition d'esprit, tout occups des erreurs ils l'taient fort peu des beauts; qu'ilsdevaient mettre peu de zle en recommander l'tude; que le peu qu'ils en souffraientencore, recevait d'eux une direction plus religieuse que littraire, et qu'il n'y avait pasloin entre se croire obligs de les combattre et de les rfuter continuellement et lescarter des mains de la jeunesse, les relguer dans les bibliothques, et enfin lesproscrire?

    Note 32:(retour) Ch. XIX, v. 19. C'est le sujet du beau tableau de Le Sueur qui est dans la galerie du Musum.

    Note 33:(retour) Tiraboschi, Stor. della Letter. ital., t. Il, l. 3, c. 2.

    http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote31http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote31http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote31http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag31http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag31http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote32http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote32http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote32http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote33http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote33http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote33http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag32http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag32http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag33http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag33http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag33http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag32http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote33http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote32http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag31http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote31
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    Par un canon d'un ancien concile34, il est dfendu aux vques de lire les auteurs paens.On a beau dire que cela ne regardait que les vques, dont la principale sollicitude devaittre occupe du bien de leur troupeau35, comment l'un des objets de leur sollicituden'et-il pas t de dtourner les brebis de ce troupeau, d'une pture qui leur taitdfendue eux-mmes, comme dangereuse et mortelle?

    S. Jrme se plaint amrement36de ce que les prtres, laissant part les vangiles et lesprophtes, lisaient des comdies, chantaient des glogues amoureuses, et avaient souventen main Virgile. Il est, dit-on, trs-vident qu'il n'est ici question que de rprimer unexcs et un abus37; mais qui nous fera connatre o le zle de ce Pre de l'glise trouvaitque comment l'abus, et quelle tude des anciens les jeunes ecclsiastiques auraientd s'arrter pour qu'il ne s'en effaroucht pas?

    Note 34:(retour) Concile de Carthage, IV, c. 16.

    Note 35:(retour) Tiraboschi, ubi supra.

    Note 36:(retour) Ep. XXI, dition de Vrone.

    Note 37:(retour) Tiraboschi, loc. cit.

    Lui-mme, insiste-t-on, nomme et cite souvent les auteurs profanes38. Fort bien; maisdans quel esprit? Jugeons-en par un autre passage o il dit: Que s'il est forcquelquefois se rappeler les tudes profanes qu'il avait abandonnes, ce n'est pas de sapropre volont, mais, pour ainsi dire, par la ncessit seule, et pour montrer que leschoses prdites, il y a plusieurs sicles par les prophtes, se trouvent aussi dans les livresdes Grecs, des Latins et des autres nations39. Ce passage, et plusieurs autres pareils

    qu'on y pourrait joindre, prouvent bien, il est vrai, que la lecture des crivains profanesn'tait pas entirement dfendue aux chrtiens, et qu'on voulait seulement qu'ils ne s'ylivrassent que pour en dcouvrir et en rfuter les erreurs, et pour faire clater enopposition les vrits du christianisme40. Mais ou je me trompe fort, ou de pareils traitstablissent dans toute leur force les reproches qu'on a voulu combattre, laissent sansrponse les objections, et font toucher au doigt le mal qu'on a voulu cacher.

    Note 38:(retour)Id. ibid.

    Note 39:(retour) Proleg. in Daniel.

    Note 40:(retour) Tirab. loc. cit.

    On ne sait que trop quels furent dans ce sicle mme, les funestes effets d'un faux zleque la religion dsavoue aujourd'hui. La destruction gnrale des temples du paganismen'entrana pas seulement la perte jamais dplorable d'difices, o le gnie des arts avaitprodigu ses merveilles: les collections de livres se trouvaient ordinairement places,aussi bien que les statues, dans l'intrieur ou le voisinage des temples, et prissaient aveceux. Le sort de la bibliothque d'Alexandrie est connu. Un patriarche fanatique,Thophile, appela sur le temple de Srapis les rigueurs du crdule Thodose; le templefut abattu, la riche bibliothque qu'il renfermait fut dtruite. Orose, qui tait chrtien,atteste avoir trouv, vingt ans aprs, absolument vides les armoires et les caisses qui

    contenaient des livres dans les temples d'Alexandrie; et c'taient, de son aveu, sescontemporains qui les avaient dtruits41. Enfin la barbarie de Thophile, dont on parle

    http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote34http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote34http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote34http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote35http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote35http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote35http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote36http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote36http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote36http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote37http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote37http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote37http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag34http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag34http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag35http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag35http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag36http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag36http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag37http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag37http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote38http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote38http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote38http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote39http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote39http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote40http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote40http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote40http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag38http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag38http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag38http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag39http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag39http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag40http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag40http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote41http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote41http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote41http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote41http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag40http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag39http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag38http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote40http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote39http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote38http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag37http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag36http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag35http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag34http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote37http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote36http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote35http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote34
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    peu, ne laissa presque rien faire, plusieurs sicles aprs, celle des Sarrazins, dont on afait tant de bruit. On ne peut douter que ces ravages ne se soient tendus partout os'exerait le mme zle, et que les expditions destructives de l'vque Marcel contre lestemples de Syrie42, de l'vque Martin contre les temples des Gaules43, et de tantd'autres, n'aient eu les mmes effets.

    Note 41:(retour) Orose, lib. VI, c. 15.

    Note 42:(retour) Sozomne, liv. VII, c. 15.

    Note 43:(retour) Sulpice Svre, de Martini vit, c. 9, 14.

    Alcionius fait dire au cardinal Jean de Mdicis (depuis Lon X), dans son dialogue deExilio: J'ai ou dire dans mon enfance Dmtrius Chalcondyle, homme trs-instruit detout ce qui regarde la Grce, que les prtres avaient eu assez d'influence sur lesempereurs de Constantinople, pour les engager brler les ouvrages de plusieurs ancienspotes grecs, et en particulier de ceux qui parlaient des amours, des volupts, des

    jouissances des amants, et que c'est ainsi qu'ont t dtruites les comdies de Mnandre,Diphile, Apollodore, Philmon, Alexis, et les posies lyriques de Sapho, Corinne,Anacron, Mimnerme, Bion, Aleman et Alece; qu'on y substitua les pomes de S.Grgoire de Nazianze, qui, bien qu'ils excitent nos curs un amour plus ardent de lareligion, ne nous apprennent pas cependant la proprit des termes attiques, et l'lgancede la langue grecque. Ces prtres sans doute montrrent une malveillance honteuseenvers les anciens potes; mais ils donnrent une grande preuve d'intgrit, de probit etde religion44.

    Note 44:(retour) Turpiter quidem sacerdotes isli in veteres grcos malevoli fuerunt, sed integritatis, probitatis, et religionismaximum dedere testimonium (ALCYONIUS.Medices legatus prior, p. 69, ed. de Mencken. Leipsick. 1707.)

    Ces funestes effets d'un zle mal entendu ne pouvaient tre compenss par les moyensd'instruction employs dans les coles. Il y en avait de particulires auprs de chaqueglise, o les jeunes ecclsiastiques taient instruits, dit-on, dans les sciences divines ethumaines45; mais ce qui prcde fait assez voir ce qu'on doit entendre par ces sortesd'humanits. Outre ces coles prives, il y en avait un grand nombre de publiques,destines former de vaillants athltes qui puissent dfendre avec vigueur la foi etl'orthodoxie contre les hrtiques, les juifs et les gentils46: or cette direction donne aux

    coles publiques par une religion dominante et exclusive, dut en peu de temps rduiretoute l'instruction de la jeunesse des questions de controverse et en bannir toutes lestudes, qui ne font que polir l'esprit, aggrandir l'me, et l'lever de la connaissance ausentiment et l'amour du beau. On sait que quand une fois le got des lettres acommenc se corrompre et dcliner chez un peuple, tous les efforts de la Puissance,toutes les influences dont elle dispose, suffisent peine pour en retarder la chte totale;qu'est-ce donc lorsque les choses en sont au point o nous les avons vues avantConstantin, et que les esprits reoivent tout coup une telle impulsion, qu'ils la reoiventuniverselle et qu'elle reste permanente?

    Note 45:(retour) Andrs, Orig. propr., etc., cap. 7.Note 46:(retour)Id. ibid.

    http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote42http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote42http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote42http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote43http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote43http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote43http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag41http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag41http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag42http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag42http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag43http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag43http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote44http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote44http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag44http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag44http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnotetag44http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote45http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote45http://www.gutenberg.org/files/31432/31432-h/31432-h.htm#footnote45http://www.gutenberg.org/files/31432/314