Histoire et figures de la non-violence : de 1910 à 1929

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Trombinoscope historique de la non-violence De 1910 à 1929 Étienne Godinot 05.11.2015

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Trombinoscope historique de la non-violence

De 1910 à 1929Étienne Godinot 05.11.2015

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Georges-Dominique Pire

(1910-1969). Dominicain belge. Professeur de sciences sociales et politiques, de philosophie morale et de sociologie au couvent de la Sarte à Huy. Aumônier de la Résistance pendant la 2ème guerre mondiale.

Crée après la guerre le Service d’entraide familiale pour les familles en difficulté, et l’Aide aux personnes déplacéespour le relogement des réfugiés en Allemagne et en Autriche.Prix Nobel de la paix en 1958.

Crée en 1960 l’Université de paix de Namur qui assure aujourd’hui des formations à la résolution non-violente des conflits, puis Îles de paix, qui aide les populations rurales du Sud.

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Leonidas Proaño

(1910-1988). Équatorien, évêque de Riobamba et de la province de Chimborazo, nommé “l’évêque des Indiens” pour son action constante en faveur des populations indigènes. Refuse l’érection dispendieuse d’une nouvelle cathédrale, redistribue aux indigènes des terres appartenant à l’Église, crée un Centre d’études et d’action sociale pour promouvoir la conscientisation et l’organisation des paysans.

Arrêté le 12 août 1976 lors d’une conférence pastorale. Le ministre de l’Intérieur fait longuement état devant la télévision d’un texte prouvant “des activités subversives à caractère politique” saisi lors de la réunion, relatif à l’action non-violente.

“ Le dossier authentiquement subversif n’a pas été emporté : ils ont oublié l’Évangile !”

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Guy-Marie Riobé

(1911-1979), Français, évêque catholique d’Orléans de 1963 à 1979. Découvre le christianisme avec le jésuite Prosper Monier en 1945, marqué par la spiritualité de Charles de Foucauld.

En 1969, témoigne au procès de 3 Orléanais qui revendiquent un statut d’objecteurs de conscience et préconisent une défense non-violente. Proteste avec Helder Camara contre les ventes d’armes françaises au Brésil.

Prend position en été 1973 contre les essais nucléaires français dans le Pacifique (renvoyé "à ses oignons" par l’amiral Marc de Joybert), contre le racisme, la peine de mort, les régimes dictatoriaux, et l’immobilisme de l’Église catholique.

“L’une des affirmations centrales de l’espérance chrétienne, c’est que la violence n’est pas une fatalité, et que, par conséquent, l’histoire peut devenir non-violente”

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Jean Goss

(1912-1991), Français, né d’un père anarchiste et d’une mère catholique. Cheminot, prisonnier de guerre pendant 5 ans. Renvoie en 1948 ses papiers militaires et décorations.

Entre en 1946 au Mouvement international de la Réconciliation (MIR) et en devient vite secrétaire itinérant.

Avec Hildegard Mayr, qu’il épouse en 1958, parcourt le monde et conscientise notamment les milieux chrétiens lors de rencontres et de sessions de formation à la non-violence : Brésil (1964-1965), Mexique (1970-1971), Irlande du Nord (dès 1963), Balkans (dès 1972), Afrique australe (dès 1973), Liban (1974-1975 et 1980), Salvador (1979), Philippines (dès 1984), Thaïlande, Bangladesh, Hong Kong, Zaïre (1990). ../..

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Jean Goss

A contribué de manière déterminante à faire surgir, dans des pays sous dictature, sous oppression ou en guerre, des groupes et des mouvements de résistance non-violente: Amérique latine (SERPAJ), Liban, Philippines (AKKAPKA), R.D. du Congo (GANVE-Lubumbashi, Amos-Kin).

« La non-violence est présente dans chaque personne et dans chaque peuple. Nous sommes comme des sages-femmes qui essayent de découvrir, nourrir et organiser cette force vivante, et de l’aider à émerger dans la lutte pour une libération ou une réconciliation »

Photo du haut : Jean et Hildegard Goss

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Thomas Merton

(1915-1968), écrivain, moine trappiste et militant social états-unien. Écrit de nombreux livres sur la spiritualité, des poèmes et aussi des essais, notamment sur le problème de la guerre et sur le racisme. Spécialiste du Zen Daisetz Teitaro Suzuki, artisan du dialogue inter-religieux, dialogue avec le Dalaï-lama, Thich Nhat Hanh.

La non-violence est « la seule philosophie politique contemporaine remontant directement à l’Évangile. (…)L’idéal non-violent ne renferme pas toutes les réponses, qui devront être recherchées et résolues au mileu des risques et de l’angoisse de la politique quotidienne. Mais elles ne le seront jamais si l’on ne tient pas sérieusement compte de la non-violence. »

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Jean Toulat

(1915-1994). Prêtre catholique français, Résistant, journaliste à partir de 1950 pour des hebdomadaires catholiques. Participe en 1973 avec Jean-Marie Muller et Jacques de Bollardière à l’action de protestation contre les essais nucléaires à Mururoa.

Auteur de 29 livres sur la non-violence et la paix (La bombe ou la vie; Les grévistes de la guerre; Combattants de la non-violence; Oser la paix; Pour une Marseillaise de la fraternité), le respect de la vie (L’avortement, crime ou libération ?), l’action caritative (Raoul Follereau, Helder Camara), la spiritualité (Les forces de la foi ; Les forces de l’espoir ; Les forces de l’amour).

Son frère Pierre Toulat a été Secrétaire de la Commission Justice et Paixde l’épiscopat français.

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Michel Grenier

(1915-1997), pasteur protestant suisse, Secrétaire de la branche suisse romande du Mouvement International de la Réconciliation (MIR), initiateur en 1968 à Lausanne du Centre Martin Luther King, devenu en 2004 le Centre pour l’action non-violente (CENAC).

Le CENAC agit dans 4 axes principaux : formation (programme annuel ou à la carte), documentation (outils, catalogue d’articles en ligne), information (journal), édition.

« La non-violence, c’est d’abord le respect de soi, d’autrui et de l’environnement. C’est aussi ne pas rester les bras croisés devant les injustices . « Ni hérisson, ni paillasson » : ne pas blesser, ne pas se laisser piétiner. ».

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Robert Aitken

(1917-2010). États-unien, pionnier du bouddhisme zen auquel il s’intéresse quand il est prisonnier de guerre au Japon pendant la 2ème guerre mondiale. Reconnu comme enseignant au sein de l’école zen Sambö Kyôdan, la “Société des trois trésors”.

S’implique dans l’engagement sociétal qu’il considère inséparable de sa pratique bouddhiste. Milite contre les essais nucléaires états-uniens dans les années 1950, puis contre la guerre du Vietnam dans les années 60 en refusant de payer ses impôts pour la guerre.

Fonde à Hawaï avec sa femme Anne le Buddhist Peace Fellowship, une des organisations états-uniennes les plus actives en matière d’écologie, de désarmement et de droits de l’homme.

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Oscar Romero

(1917-1980). Salvadorien, archevêque catholique de San Salvador. L’assassinat de son ami jésuite Rutilio Grande par les Escadrons de la mort en 1977 change son orientation politique et pastorale.

Le 23 mars 1980, lance un appel aux soldats face aux exactions de l’armée. Le lendemain, est tué par un coup de fusil alors qu’il célèbre une messe dans la chapelle d’un hôpital.

« La libération arrivera (…) quand les pauvres seront les acteurs de leur propre lutte et de leur libération, en démasquant ainsi la racine des faux paternalismes, même ceux de l’Église”

“Un soldat n’est pas obligé d’obéir à un ordre qui va contre la loi de Dieu. (…) Je vous prie, je vous suplie, je vous l’ordonne, au nom de Dieu : arrêtez la répression !”

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Inge, Hans et Sophie SchollAlexander Schmorell, Willy Graf, Christoph Probst, Kurt Huber

Inge S. (1917-1998), Hans S. (1918-1943), Sophie S. (1921-1943), Alexander Schmorrell (1917-1943), Willi Graf (1918-1943), Christof Probst (1919-1943), étudiants allemands pendant la Seconde Guerre mondiale.

Discutent de la situation politique avec Kurt Huber (1893- 1943), professeur de philosophie à l’université de Munich, réputé pour ses cours. Kurt, d'abord opposé à l'idée de révolte envers un pays qu'il aime, finit par appuyer totale-ment ses élèves qui fondent début 1942 le réseau Die Weisse Rose (La Rose blanche).

Résistants au nazisme, affirment la primauté de l’être humain face aux régimes politiques et dénoncent la Shoah en diffusant des tracts envoyés par la poste ou distribués dans les grandes villes et à l’université de Munich. ../..

Photos : Hans et Sophie Scholl, Kurt Huber

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Inge, Hans et Sophie SchollAlexander Schmorell, Willy Graf, Christoph Probst, Kurt Huber

Le 18 février 1943, décident de distribuer ouvertement les tracts qu’ils diffusaient jusque là dans la clandestinité.

Hans, Sophie et Christof sont décapités à la hache le 22 février 1943 à Munich. Alexander, Willi et le professeur Huber sont décapités quelques mois plus tard. Au total, 16 membres du réseau paient de leur vie, soit par exécution, soit par mauvais traitements dans les camps.

« Ce que nous avons dit et écrit, beaucoup le pensent. Mais ils n’osent pas l’exprimer ». Sophie Scholl

Inge, libérée, deviendra militante de la non-violence et des droits de l’homme. En 1985, arrêtée pour avoir participé à un sit-in à la base américaine de missiles nucléaires américains Pershing II à Mutlangen.

Photo du haut : Alexander Schmorell

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Alexandre Soljenitsyne

(1918-2008). Écrivain russe.

Emprisonné de 1945 à 1953 par le régime stalinien, réhabilité en 1957 pendant la période Kroutchev. Son oeuvre toute entière (Une journée d’Yvan Denissovitch, Le pavillon des cancéreux, L’archipel du Goulag, Le chêne et le veau, etc.) dénonce la dictature et le système de pensée sur laquelle elle est fondée.

Prix Nobel de littérature en 1970. Expulsé d’URSS en 1974, pendant l’ère Brejnev. Se réfugie en Suisse, puis réside aux États-Unis après 1976. Revient en Russie en 1994 après l’effondrement du communisme. Jusqu’à sa mort, dénonce la maffia, le clientélisme, le néolibéralisme échevelé. Désapprouve la 1ère guerre de Tchétchénie, mais approuve la seconde.

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Alexandre Soljenitsyne

« On ne peut accepter l’idée que le cours de l’histoire soit inexorable, et que l’esprit confiant en lui-même ne puisse agir sur la force la plus puissante du monde.

L’expérience des dernières générations me prouve abondamment que seule l’inflexibilité de l’esprit humain, fermement dressé sur le front mouvant des violences qui le menacent, et prêt au sacrifice et à la mort en proclamant "Pas un pas de plus !", seule cette inflexibilité de l’esprit assure la véritable défense de la paix de l’individu, la paix de tous et de toute l’humanité »

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Antonio Fragoso

(1920-2006). Brésilien, évêque catholique de Crateus au Nordeste, une des régions les plus pauvres du pays, de 1964 à1998.

Son action s’exerce envers les plus déshérités, notamment vers les centaines de prostituées de Crateus dont il soutient le mouvement de libération et qu’il invite dans la basilique pour la messe de minuit.

Dénonce le scandale des immenses latifundias et de la misère, soutient l’organisation des paysans pauvres en coopératives. Traité par le pouvoir d’ "agitateur socialiste".

Proche de Jean et Hildegard Goss et de Fredy Kuntz, participe aux actions du mouvement non-violent Servicio Paz y Justicia.

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Ludwig Baumann

Né en 1921, soldat allemand, quartier-maître pendant la 2ème

guerre mondiale.

Avec son collègue Kurt Oldenburg, est profondément ébranlé par les souffrances qu’endurent les populations, notamment en Russie. Désertent leur compagnie sise à Bordeaux. Capturés, condamnés à mort, peine commuée en 12 ans de prison. Incorporés dans un bataillon disciplinaire en Ukraine,où Oldenbourg succombe.

Revient du front brisé, sombre dans l’alcoolisme, se ressaisit en 1966. En 1990, fonde avec 36 camarades l’Association fédérale des victimes de la justice militaire nazie qui a pour but l’invalidation des décisions prises par les tribunaux spéciaux et l’obtention d’une rente pour les 300 survivants ou leurs parents.

Pendant la période nazie, 23 000 déserteurs alleman ds furent fusillés, décapités ou pendus, de même que 10 000 objecteurs, insoumis, soldats ayant "porté atteinte au moral des troupes" .

Stèle aux déserteurs allemands anti-nazis

à Hanovre

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Andrei Sakharov

(1921-1989). Physicien russe. Père de la bombe atomique à hydrogène soviétique, honoré et gratifié par le régime.

Repenti à partir de 1958, s’efforce de faire annuler les essais nucléaires atmosphériques. Devient après 1966 défenseur des droits humains contre la dictature communiste.

Avec son épouse Elena Bonner, appelle les pays, notamment les USA et l’URSS, à résoudre les principaux problèmes mondiaux : faim, racisme, militarisme, gaspillage des ressources naturelles.

Privé de son travail. Prix Nobel de la paix en 1975. Assigné à résidence à Gorki de 1980 à 1986. Élu député en 1989, s’insurge contre la guerre en Afghanistan.

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Raymond Hunthausen

Né en 1921, ingénieur chimiste états-unien, pilote de chasse de l’US Air Force. Ordonné prêtre en 1946, professeur de chimie, entraîneur de sport, évêque de Helena puis archevêque de Seattle de 1975 à 1991 (État de Washington en bordure de l’océan Pacifique). Connu et contesté en raison de ses prises de position sur la justice et la paix et de son engagement auprès des plus pauvres et démunis.

En 1982, retient la moitié de ses impôts pour protester contre la construction de la base sous-marine de Kitsap-Bangor sur le Puget Sound, destinée à abriter des sous-marins lanceurs de missiles nucléaires Trident.

« Quand des crimes se préparent en notre nom, nous nous devons de parler haut et fort. J’affirme, en pleine conscience des mots que j’utilise : Trident est l’Auschwitz de notre temps. (…)

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Raymond Hunthausen

Il est clair qu’il faut agir et trouver des formes de résistance non-violentes.(...) J’aimerais partager la vision d’une autre action qui pourrait être entreprise : un nombre important de gens de l’État de Washington, 5 000, 10 000, un demi million de gens refusant de payer 50 % de leur impôt en signe de résistance au meurtre et au suicide nucléaire. Le formulaire* 1040 est le point où nous laissons le Pentagone entrer dans notre vie et demander notre coopération irréfléchie avec l’idole de la destruction nucléaire.Je pense que l’enseignement de Jésus nous demande de rendre à un César bardé d’armes nucléaires ce qu’il mérite : le refus de l’impôt. (…) Certains appelleraient désobéissance civile ce que je vous presse de faire. Je préfère l’appeler obéissance à Dieu »*fiscal Lettre pastorale, juin 1981

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Daniel Berrigan

Né en 1921. Jésuite, poète et militant non-violent états-unien. Constate au Vietnam les effets des bombardements américains. Son frère Philip, également jésuite, avait aspergé de sang en 1967 à Baltimore les registres des appelés à cette guerre.

En mai 1968, avec 7 autres personnes, les 2 frères brûlent au napalm 378 fichiers dans le bureau d’incorporation de Catonsville.

En septembre 1980, au sein d’un groupe de 8 protestataires, ils endommagent avec des marteaux (Isaïe, 2, 4) des enveloppes de têtes nucléaires destinées à des missiles dans l’usine King of Prussia de General Electric.

« Nos excuses pour la transgression de l’ordre, la combustion de papiers au lieu d’enfants …»

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John Rawls

(1921-2002), philosophe et professeur d’université états-unien, auteur majeur de philosophie politique au XXème siècle. Élabore sa théorie durant une période marquée par la guerre du Viêt Nam et la lutte pour les droits civiques.

Axée sur les notions d'éthique et de justice, son œuvre renoue avec une tradition contractualiste délaissée, et cherche à articuler rationnellement liberté individuelle et solidarité sociale.

Justifie la désobéissance civile dans le cadre d’un État démocratique comme une action citoyenne de nature à renforcer la démocratie.

“La désobéissance civile exprime la désobéissance à la loi dans le cadre de la fidélité à la loi. (…) Si elle “semble menacer la concorde civique, la responsabilité n’en revient pas à ceux qui protestent, maisà ceux dont les abus d’autorité et de pouvoir justifient une telle opposition.”

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Juan Jose Gerardi Conodera

(1922-1998), Guatémaltèque, ascendants italiens, défenseur des langues mayas, créateur de 2 radios en langue maya, évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Guatemala.

Coresponsable du projet Recuperación de la Memoria Histórica (REMHI) sur les crimes commis pendant la dictature militaire des années 1960-1996 (150 000 morts, 1 million de réfugiés et exilés). Le rapport en 4 volumes "Guatemala : Nunca mas" (Jamais plus) remis le 24 avril 1998 présente 54 000 violations documentées : massacres, tortures, viols de masse, disparitions forcées, mutilations.

Deux jours plus tard, le 26 avril, battu à mort dans le garage de son presbytère, crâne écrasé par des blocs de béton.

En juin 2001, trois officiers de l'armée ont été reconnus coupables de son assassinat et condamnés à des peines de prison de 30 ans.

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Bernard Boudouresques

(1923-2013), Français, polytechnicien, Résistant, prêtre de la Mission de France. Ingénieur au CEA, s'oppose à la construction de bombes atomiques. Pendant la guerre d’Algérie, aide le FLN et le réseau Jeanson, est arrêté par la DST.

Continue ensuite son combat contre la force de dissuasion nucléaire française, fait partie du Mouvement pour le Désarmement, la Paix et la Liberté (MDPL). Milite à Amnesty International, à l’ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture), à l’Association France-Palestine Solidarité (AFPS) et à Pax Christi.

Signataire en janvier 2012 de l’appel en faveur du désarmement nucléaire unilatéral de la France.

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Clemens Kapuuo

(1923-1978) instituteur puis homme politique du Sud-Ouest africain-Namibie, chef des 50 000 membres de l'ethnie Herero. Dès 1945, se bat contre l’annexion de la Namibie par l’Afrique du Sud, appelant au boycott du référendum organisé pour entériner cette annexion. Multiplie les meetings, les pétitions à l’ONU, les campagnes de conscientisation auprès des populations. En 1959, organise les boycott des autobus et bars européens pour éviter l’expulsion des Hereros de leurs lieux d’habitation par le pouvoir blanc. Refuse de siéger à un Conseil consultatif des Bantoustans (faux États noirs que Pretoria tente de mettre sous sa coupole).

Se réclame de la non-violence et d’un humanisme africain. Premier président de la Democratic Turnhalle Alliance (DTA)*. Assassiné en mars 1978 par des inconnus, probablement des membres de la South-West African People's Organisation (SWAPO) qui préconisait la lutte armée.

*Parti politique fondé dans un vieux hall d’entraînement (Turnhalle) à Windhoek

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René Girard

(1923-2015), philosophe français, docteur en histoire, chrétien. Effectue la totalité de sa carrière aux États-Unis. Travaille sur le caractère mimétique du désir, le sacrifice, le mécanisme victimaire et celui du bouc émissaire. Jette les bases d’une nouvelle anthropologie.

Parce que nos désirs sont par nature instables, flottants et incertains, nous avons besoin d’un tiers pour désirer : un médiateur, une personne qui va éclairer et désigner l’objet de notre désir. Nous voulons alors l’imiter. Mais quand deux personnes désirent le même objet, il y a conflit, rivalité mimétique, crise mimétique, source de querelles de voisinage, de bureau, aussi bien que de guerres sanglantes. Nous avons besoin de "boucs émissaires", victimes que l’on charge de tous les maux pour résoudre la crise mimétique universelle.

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René Girard

L’Évangile de Jésus de Nazareth affirme clairement l’innocence de la victime et remet en cause l’ordre sacrificiel sur lequel reposent les sociétés.

Jésus meurt « parce qu’il refuse de se soumettre à la loi de la violence ». « Il n’y a rien, dans les Évangiles, pour suggérer que la mort de Jésus est un sacrifice, quelle que soit la définition qu’on donne de ce sacrifice, expiation, substitution, etc. ». La lecture sacrificielle de sa mort est « le malentendu le plus paradoxal et le plus colossal de toute l’histoire ».Tous les efforts déployés par les théologiens pour expliquer le pacte sacrificiel qui aurait été conclu entre le Père et le Fils, « n’aboutissent qu’à des absurdités. (…) Ce postulat a plus fait que tout autre chose, sans doute, pour discréditer le christianisme aux yeux des hommes de bonne volonté dans le monde moderne ».

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Grégoire Haddad

Né en 1924. Libanais, ancien évêque grec-catholique de Beyrouth, destitué en 1975 en raison de ses prises de position évangéliques.

Apôtre de la non-violence, du dialogue islamo-chrétien, notamment pendant la guerre civile, et de la laïcité dans un pays où cohabitent 18 confessions.

Fondateur en 1961 du Mouvement Social Libanais(coopératives, centres sociaux, aide aux handicapés, etc.) qui aujourd’hui travaille à l’éducation à la citoyenneté.

« Nous soutenons cette résistance civile des citoyens

qui consiste à demander la suppression de la mentionde la confession sur l’extrait d’état-civil ».

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Danilo Dolci

(1924-1997). Militant politique non-violent, sociologue, écrivain, éducateur et poète italien.

En octobre 1952, s’installe à Trappeto, un village de Sicile à 30 kilomètres de Palerme, qu'il considère comme "l'endroit le plus pauvre qu'il ait jamais connu". Avec Vincenzina Mangano, la veuve d'un pécheur, mère de cinq enfants qu'il adopte, y construit un orphelinat.

Entame la première de ses nombreuses grèves de la faim, sur le lit d'un enfant mort de malnutrition. Devient alors connu comme le "Gandhi de Sicile". Sa grève prend fin lorsque les autorités s'engagent publiquement à réaliser quelques projets urgents, comme la construction d'un réseau d'égouts.

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Danilo Dolci

En novembre 1955, fait une grève de la faim pour obtenir la construction d'un barrage destiné à irriguer la vallée. En janvier 1956, plus de mille personnes font une grève de la faim pour protester contre la pêche frauduleuse qui prive les pêcheurs de leur moyen de subsistance.

Le 2 février 1956, organise à Partinico une "grève inversée", fondée sur travail bénévole. Des centaines de chômeurs réparent une route de campagne abandonnée. La police met un terme à l’action, la qualifiant d’ "obstruction". Dolci est arrêté. Libéré, recommence sa campagne visant à la construction du barrage et du développement économique de cette région misérable.

En 1958, fonde le Centre d'études et d'initiatives pour le plein emploi, à Partinico. Ce centre autogéré devient un lieu d'entraînement à la non-violence pour des générations de militants. ../..

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Danilo Dolci

Dix ans plus tard, lutte pour aider les victimes du tremblement de terre dans la vallée du Belice. Les fonds gouvernementaux alloués aux victimes ayant été détournés par des politiciens corrompus, dénonce la corruption et la mafia.

À partir des années 70, approfondit son étude de la méthode socratique, c'est-à-dire d'une manière coopérative de débattre, d'étudier, d’expérimenter et de rechercher en commun la vérité.

« Si nous considérons les objections faites aux possibilités de l’action révolutionnaire non-violente (l’histoire du passé, le doute que les hommes puissent se perfectionner, l’accusation d’inefficacité et d’utopie, etc.), nous constatons combien non seulement elles sont insuffisantes, mais combien elles portent la marque typique des réactions conservatrices. »

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Kenneth Kaunda

Né en 1924 en Rhodésie du Nord, actuelle Zambie. Instituteur, expulsé d’une bibliothèque réservée aux Blancs.

En 1953, emprisonné 2 mois pour avoir évoqué la possibilité d’une résistance non-violente. Séjour en Angleterre, puis en Inde, est marqué par le modèle de Gandhi.

Crée en 1960 l'UNIP (United National Independance Party), préconise la résistance non-violente. L'UNIP en 1964 remporte 55 sièges sur 88. Devient Premier ministre de la Rhodésie du Nord, négocie l'indépendance, proclamée en octobre 1964.

Premier président de la République de Zambie. Instaure une dictature à parti unique au motif d'éviter l'éclatement du pays. Collectivise les fermes, d’où déclin de la production agricole. Donne priorité à l’enseignement.

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Azucena Villaflor, María Ponce de Bianco,

Esther Ballestrino

A.V. (1924-1977, originaire d’une famille péroniste), M.P.B. (1924-1977, militante de l’Église du Tiers-monde), E.B. (1918-1977, biochimiste d’origine paraguayenne). Fondatrices, en avril 1977, avec 11 autres femmes, de l’Asociación Madres de la Plaza de Mayo (Association des Mères de la place de Mai).

Manifestent tous les jeudis après-midis dans le centre de Buenos Aires, en face du palais du gouvernement, la Casa Rosada, contre la disparition de leur(s) enfants(s) enlevés par la junte du général Jorge Videla. Les militaires leur ayant ordonné de circuler en raison de l’état de siège, les mères tournent en rond sur la place pendant une demi-heure, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.

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Les mères de la place de Mai

Elles remontent ainsi symboliquement le temps et critiquent l’impunité des militaires responsables des massacres et des tortures.

Enlevées le 10 décembre 1977, en même temps que 9 autres mères et que les religieuses françaises Léonie Duquet et Alice Domon, et jetées d’un hélicoptère. Leurs corps ont été identifiés plus tard.

À partir de 1981, les Mères commencent, en pleine dictature, les "Marches de la Résistance" réclamant le respect des droits de l'homme.

11 000 disparus ont été formellement identifiés par l’État argentin, mais les historiens et les Mères de la place de Mai éval uent à 30 000 le nombre total de disparus.

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Jean-Pierre Lanvin

(1924-1997). Français, Résistant, rejoint les troupes de la France Libre. L’expérience de la guerre le fait basculer dans la non-violence. Restera toujours un fidèle ami de l’Arche, tout en étant sans relâche un militant sur le terrain.

Jeûne contre la torture en Algérie en 1957. Volontaire à l’internement dans les camps pour "suspects" algériens emprisonnés arbitrairement.

Se contente d’un poste de représentant de commerce dans la maison familiale de chocolat, pour pouvoir circuler et prendre des contacts militants.

Cofondateur du Groupe d’Action et de Résistance à la Militarisation (GARM) à Lyon en 1970. En janvier 1971 et 1972, avec des amis, occupe par surprise le PC atomique du Mont Verdun en construction près de Lyon.

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Jean-Pierre Lanvin

Coorganise une marche contre le PC atomique (5000 participants) de Lyon au Mont Verdun, menée en juin 1971 par Théodore Monod. Participe à la lutte du Larzac et contre le surgénérateur Superphénix de Malville.

De 1989 à 1997, prend part, avec EquiLibre notamment, à une vingtaine de convois humanitaires et voyages pour la paix : Kazakhstan, Kanaky, ex-Yougoslavie en guerre, Israël, Palestine, Gaza, Hongrie et Voïvodine, Irak...

« Ma vie, un roman que tout cela ? Je ne sais. J’ai seulement tenté de me laisser guider par plus grand que moi. »

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Samuel Ruiz Garcia

(1924-2011). Mexicain, évêque du diocèse de San Cristobal de Las Casas de 1959 à 1999. Affirme "l’option préférentielle pour les pauvres et pour la libération des opprimés».

Pasteur itinérant, met en avant un modèle d’Église assurant la participation et le développement de tous. Accusé par les grands propriétaires de soutenir la guérilla (“le commandant Sam”), surnommé affectueusement Tatic par la population.

Dénonce la dureté du néolibéralisme mis en oeuvre dans le traité de libre commerce de l’ALENA.

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Samuel Ruiz Garcia

Principale figure de la Commission nationale d’intermédiation (CONAI) entre le gouvernement fédéral mexicain et l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN).

En décembre 1994, alors que la reprise des hostilités paraît imminente, commence un jeûne illimité en faveur de la paix, qui oblige le gouvernement à reconnaître la Commission comme une instance partenaire.

Signe en 2005 le Manifeste de Porto Allegre affirmant les droits humains face aux intérêts financiers.

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Alain Richard

Né en 1924, ingénieur agronome, franciscain français. Aumônier de la Faculté des Sciences d’Orsay, travailleur temporaire à la journée dans l’industrie et habitant un quartier populaire de Chicago pendant 6 ans. Participe aux équipes des PeaceBrigades International au Guatemala en 1983-86 et au Sri Lanka en 1990. Crée le centre franciscain sur la non-violence Pace e Bene à Las Vegas, ville des jeux de hasard et des essais nucléaires...

Initie en 2007 à Toulouse le premier Cercle de silence pour attirer l’attention sur la situation des étrangers sans papier dont l’humanité est violée par leur enfermement dans les centres de rétention administrative. Plus de 170 cercles de silence se sont réunis en France et en Europe.

« La vie est un cadeau impressionnant, elle n’a rien d’automatique ni d’évident. Il est vital d’accueillir l’émerveillement et essentiel de refuser le mensonge ».

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Patrice Lumumba

(1925-1961). Homme politique congolais. Fondateur en 1958 d’un parti supra-ethnique, le Mouvement National Congolais.

En lien avec le parti régionaliste Abako, dirigé par Kasa-Vubu, et la minorité progressiste belge, notamment Jean Van Lierde, se bat pour l’indépendance du Zaïre. Boycott des institutions belges, mise en place d’une administration et d’une justice parallèles, refus de payer l’impôt.

Arrêté en novembre 1959 et condamné à 6 mois de prison. Des dizaines de milliers de Noirs manifestent pour sa libération devant le roi Beaudoin.

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Patrice Lumumba

En deux ans, le peuple congolais obtient l’indépendance sans violence.

Premier ministre en 1960, s’oppose à la sécession du Katanga. Destitué par Kasa-Vubu, transféré au Katanga, est assassiné. Des agents secrets belges, avec la complicité probable de la CIA, font disparaître son corps découpé en morceaux dans l’acide.

« Tant qu’un pays n’est pas indépendant, tant qu’il n’a pas assumé don destin, il lui manque l’essentiel. Et ceci reste vrai quel que soit le niveau de vie des colonisés, quels que soient les aspects positifs d’un système colonial. Nous devons opposer aux ennemis de la liberté la coalition des hommes libres. »

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Gonzalo Arias

(1926-2008). Espagnol andalou, engagé dans la lutte contre le régime de Franco, traducteur dans des organisations internationales et pour l’UNESCO. Fondateur du mouvement de "non-violence active".

Le 20 octobre 1968, descend dans une rue de Madrid porteur d’une pancarte demandant que des élections libres soient organisées pour le poste de chef de l’État. Condamné à sept mois de prison et 10 000 pesetas d’amende pour "s’être livré à des actes visant à abolir ou modifier les lois constitutionnelles du régime franquiste".

Auteur de livres sur la non-violence (1973), sur Gibraltar (1975), sur la défense civile non-violente (1995), traducteur de livres sur la non-violence en espagnol.

« Le refus d’obéissance à l’usurpateur devrait être un article de tous les règlements du personnel et une clause de tout engagement au service de l’État, quel que soit le niveau du poste.”

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Pierre Karli

Né en 1926, professeur de neurophysiologie à la Faculté de Médecine de Strasbourg, membre de l’Académie des sciences. Fondateur de l’Institut pour la promotion du lien social. Pense que l'homme est avant toute chose un être de relations, un être social.

Définit le comportement agressif comme « un moyen d'action susceptible d'être mis en œuvre en vue des fins les plus diverses, et non pas la simple projection vers l'extérieur d'une quelconque " agressivité " qui serait inéluctablement générée par le cerveau ». S'insurge contre la vision selon laquelle la violence d'un individu tiendrait à des dérèglements biochimiques du système nerveux central, vision qu'il qualifie de "darwinisme social". Affirme que le gêne de l’agressivité n’existe pas.

L'agressivité intervient comme une stratégie dont les buts sont soit l'affirmation de soi et la satisfaction des ../..

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Pierre Karli

besoins et des désirs, soit la défense contre tout ce qui menace l'intégrité de soi ou du groupe.

Analyse les violences, extrêmement diverses (familiales, scolaires, urbaines, politiques, etc.), comme des attitudes et des comportements qui ont en commun de blesser l'autre, de porter atteinte à son intégrité physique et/ou psychique.

« Aucune fatalité d'ordre biologique ne saurait jamais être tenue pour responsable de ce que des hommes se servent de certaines idées pour asservir et avilir d'autres hommes, et de ce que des idées, potentiellement génératrices de promotion individuelle et de progrès collectif, deviennent des dogmes défendus avec intolérance et fanatisme, devenant par là même potentiellement - ou même effectivement - génératrices des pires déferlements de violence."

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Ramjee Singh

Indien né en 1927, prend part à 13 ans aux campagnes de déso-béissance civile menées par Gandhi, et plus tard aux campagnes de Vinoba Bhave et de JayaPrakash Narayan, est emprisonné durant 21 mois. Spécialiste de Gandhi et auteur de plusieurs livres sur le Mahatma, fondateur et chef du Département de pensée gandhienne à l'Université de Bhagalpur . Vice-président de l’Indian Society of Gandhian Studies (Varanasi), organise 70 sessions de la formation de jeunes. Intervenant au World Congress of Philosophy (Brighton) et au Parliament of the World's Religions (Chicago, 1993, et Le Cap, 2001). Député du Janata Party de J.P. Narayan en 1977, vice-chancelier de l’Université Jain Vishva Bharati.

« Les dirigeants du Congress n’ont pas poursuivi dans la voie tracée par Gandhi, celle de la politique fondée sur l’éthique. La politique de Nehru a échoué dans les affaires intérieures, la politique, l’économie, la vie sociale. (…) En Occident, la séparation de l’Église et de l’État est une bonne chose, mais elle a débouché sur la séparation de la vie spirituelle et éthique et de la vie économique et politique »

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Cesar Chavez

(1927-1993). États-unien d’origine mexicaine ("Chicano"), formé par Saul Alisnky.

Dans les années 1960-70, mène en Californie et aux États-Unis une lutte non-violente pour l’organisation des syndicats agricoles face aux maîtres de l’agribusiness : création d’un syndicat, la National Farm Workers Association (NFWA), grèves dans les vignobles, boycott du raisin, marche Delano-Sacramento en 1966, jeûne de 25 jours pour maintenir l’unité de son mouvement dans la non-violence.

“ Nous sommes non-violents parce que nous voulons obtenir la justice sociale pour les ouvriers. Qu’importe aux pauvres que l’on construise d’étranges philosophies de la non-violence si cela ne leur donne pas de pain ! ”

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Jo(seph) Pyronnet

(1927-2010), Compagnon français de l’Arche de Lanza del vasto, animateur de l’Action Civique Non-violente pendant la guerre d’Algérie : dénonciation de la torture en Algérie, des internements en France, demande d’un statut pour les objecteurs de conscience. Jeûne public de 7 jours en juin 1960, enchaînements, prison.

Jeûne public pendant la concile Vatican II au sujet de l’arme nucléaire. Ordonné prêtre catholique gandhien en 1981 après le décès de son épouse Christiane.

« Notre civilisation est avancée. On utilise aussi ce terme quand on parle de viande avancée…. »

« Si vous ne voulez pas mourir pour quelque chose, eh bien vous mourrez pour rien ! »

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Chandrashekhar Shankar Dharmadhikariet Sibi Kollapallil Joseph

C.S.D. : né en 1927, Indien, militant indépendantiste gandhien, ex-juge à la Haute Cour de Justice de Bombay, président de l’Institute for Gandhian Studies situé à Wharda (Maharastra), ville où se situait le dernier ashram de Gandhi.S.K.J. : Indien, Directeur de l’Institute for Gandhian Studies.

Cet institut, fondé en 1987 et financé par la Fondation Jamalal Bajaj, a pour objet d’étudier, promouvoir et actualiser la pensée de Gandhi. Il offre un cursus de formation longue (2 ans) à des universitaires, syndicalistes, militants, accueille des colloques internationaux, publie des ouvrages.

L'Institut développe son campus comme un modèle écologique (énergie, eau).

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Gene Sharp

(né en 1928), politologue états-unien, Emprisonné comme objecteur de conscience en 1953. Passe 10 ans de sa vie 10 ans en Angleterre, où est fut l’éditeur de Peace News, et en Norvège.

Fondateur et Président d’honneur de l'Albert Einstein Institution, qui se consacre à la recherche, aux études méthodologiques et à l’enseignement sur la lutte non-violente pour la liberté et la démocratie et promeut la résistance non-violente dans les zones actuelles de conflits.

Ex-Directeur du programme Sanctions non-violentes appliquées aux conflits et à la défense à l’université de Harvard. Auteur d’ouvrages sur la défense civile non-violente. ../..

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Gene Sharp

Son livre le plus connu, The Politics of Nonviolent Action(1973), offre une analyse politique pragmatique de l'action non-violente comme méthode utilisant le pouvoir dans un conflit.

Son manuel From Dictatorship to Democracy a servi de base aux les campagnes des mouvements Otpor en Serbie, Kmara en Géorgie, Pora en Ukraine, Kelkel au Kirghizistan et Zubr en Biélorussie.

En 2012, reçoit le Right Livelihood Award pour "avoir développé et articulé les principes fondamentaux et les stratégies de résistances non-violentes et les avoir diffusés dans des zones en conflit."

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Reuven Moskovitz

Juif né en 1928 en Roumanie, survit à la Shoah. Émigre en 1947 en Palestine, cofonde un kibboutz. Dès 1967, dénonce la politique israélienne de mépris, d’expropriation et d’enfermement des Palestiniens.

En 1970, participe avec Bruno Hussar à la création du village Neve Shalom / Wahat al-Salam (Oasis de paix) qui regroupe et Juifs et des Arabes palestiniens, tous citoyens d’Israël et mène un travail éducatif pour la paix, l’égalité et la compréhension entre les deux peuples.

Coorganisateur de l‘association Juifs européens pour une paix juste, réseau de 18 organisations juives de 10 pays européens qui demande la fin de l’occupation israélienne.

Participe en septembre 2010 à l’action du catamaran Irenecontre le blocus maritime de Gaza.

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Martin Luther King

(1929-1968). Pasteur baptiste afro-états-unien, militant non-violent pour les droits civiques.

Âgé de 26 ans, organise en 1955 le boycott des bus de Montgomery (Alabama) et oblige la compagnie à mettre fin, après 382 jours, à la ségrégation raciale.

Leader de la lutte contre la discrimination raciale, le droit de vote et l’emploi des Noirs et des minorités ethniques à Albany, Atlanta, Birmingham et sur tout le territoire des États-Unis : marches, grèves, sit-in, boycott, désobéissance civile.

Au terme de la marche pour le travail et la liberté, prononce à Washington le célèvre discours I have a dream le 28 août 1963 au pied du Lincoln Memorial devant 250 000 personnes. ../..

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Martin Luther King

12 séjours en prison. Prix Nobel de la paix en 1964.

Organise trois marches de Selma à Montgomery en 1965, une grève des loyers à Chicago, La plupart des droits revendiqués, soutenus par John F. Kennedy, seront promus par le Civil Rights Act et le Voting Rights Act sous la présidence de Lyndon B. Johnson.En 1967, dénonce publiquement la guerre du Vietnam.

Son assassinat le 4 avril 1968 à Memphis (Tennessee) est officiellement attribué à un Blanc fanatique, James Earl Ray, dont la culpabilité et la participation à un complot sont toujours débattues.

Voir aussi le diaporama « Les marches non-violentes »

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Martin Luther King

« Si l’histoire a quelque chose à nous enseigner, c’est que le mal est par nature farouche et récalcitrant, et qu’il ne lâche jamais volontairement prise sans livrer au préalable une résistance quasi-fanatique. (…) Il serait fallacieux de s’imaginer que seuls le recours à l’éthique et à la persuasion parviendront à faire régner la justice. Non pas qu’il soit inutile d’en appeler à la morale, mais il faut, en même temps, prendre appui sur une force de contrainte réelle ».

« Si nous admettons que l’humanité a le droit de survivre,alors il nous faut trouver une alternative à la guerre. Le choix n’est plus aujourd’hui entre la violence et la non-violence, il est entre la non-violence et la non-existence »

- Rosa Parks, fichée après son refus de laisser sa place à un Blanc dans le bus à Montgomery en 1955- M. L. King pendant le discours I have a dream en 1963 ../..

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Martin Luther King

« J’ai été gravement déçu par les Blancs modérés. (…) La plus grande pierre d’achoppement que rencontre le Noir dans sa progression vers la liberté n’est pas le membre (…) du Ku Klux Klan, mais le Blanc modéré qui est plus attaché à l’ordre qu’à la justice (…).Notre génération n’aura pas seulement à se repentir des paroles et des actions haineuses des mauvaises gens, mais aussi du silence consternant des gens bien .»

Lettre écrite en avril 1963 dans la prison de Birmingham à 8 responsables chrétiens et juifs de l’Alabama qui l’accusent d’être un fauteur de troubles.

Photo du bas : Affiche de Selma, film états-unien réalisé par Ava DuVernay, sorti en 2015

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Francisco Claver

(1929-2010). Jésuite philippin, anthropologue, évêque, président de la commission Justice et Paix de la conférence épiscopale. Surnommé "le Camara des Philippines", un des plus engagés contre la dictature de Ferdinand Marcos.

Parmi les Chrétiens engagés contre la dictature Marcos, il faut citer aussi - Jose Blanco, jésuite, fondateur avec une mère de famille, Tess Ramiro, du mouvement non-violent Akkapka, - et le cardinal Sin, archevêque de Manille, qui a invité les habitants à entourer le camp Aguinaldo pour empêcher les troupes gouvernementales d’attaquer les militaires démocrates. ■

- Francisco Claver

- Le logo du mouvement Akkapka