Histoire des chateaux de...

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PRÉFACE. La petite ville de Chauvigny et ses environs offrent à l'antiquaire laborieux une mine féconde et inépuisable de monuments précieux et de souvenirs historiques les plus inté.ressants.Surce coin de terre privilégié et malheureusement trop peu exploré des archéologues, se sont accomplis les événe- ments des principales périodes de notre histoire. Les fondations du vieux donjon, attribuées à Cani- nius, lieutenant de César, rappellent la république romaine. La route stratégique de Poitiers à Bou rges, tracée par Antonin le Pieux et restaurée par Auré- lien, fait revivre l'âge d'or de la famille des Antonins. La vallée (les Goths nous tait assister au duel suprême d'une puissance qui s'écroule contre un empire qui s'élève, du schisme vaincu contre l'orthodoxie triomphante. Le temple des Chevaliers, dont la grande maîtrise était à Poitiers, et la Maladrerie, sur la rive gauche de la Vienne, fondés l'un et l'autre par André de Chauvigny, parent et com- iagnon d'armes de Richard Coeur-de-Lion, roi (l'Angleterre, réveillent les souvenirs des croisades. La belle colonne du château épiscopal, où les évê- ques ont laissé leur blason : la crosse et la croix, nous transporte à l'époque ecclésiastique, et les Document Il il il II Il III IIII1111 i I Il Ili 0000005561803

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PRÉFACE.

La petite ville de Chauvigny et ses environsoffrent à l'antiquaire laborieux une mine féconde etinépuisable de monuments précieux et de souvenirshistoriques les plus inté.ressants.Surce coin de terreprivilégié et malheureusement trop peu explorédes archéologues, se sont accomplis les événe-ments des principales périodes de notre histoire.

Les fondations du vieux donjon, attribuées à Cani-nius, lieutenant de César, rappellent la républiqueromaine. La route stratégique de Poitiers à Bou rges,tracée par Antonin le Pieux et restaurée par Auré-lien, fait revivre l'âge d'or de la famille des Antonins.La vallée (les Goths nous tait assister au duel suprêmed'une puissance qui s'écroule contre un empirequi s'élève, du schisme vaincu contre l'orthodoxietriomphante. Le temple des Chevaliers, dont lagrande maîtrise était à Poitiers, et la Maladrerie,sur la rive gauche de la Vienne, fondés l'un etl'autre par André de Chauvigny, parent et com-iagnon d'armes de Richard Coeur-de-Lion, roi(l'Angleterre, réveillent les souvenirs des croisades.La belle colonne du château épiscopal, où les évê-ques ont laissé leur blason : la crosse et la croix,nous transporte à l'époque ecclésiastique, et les

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-4—vieilles ruines des citadelles représentent la lutteséculaire contre l'Angleterre et les guerres reli-gieuses , pendant lesquelles le maréchal de Saint-André après avoir fait pendre le maire de la villede Poitiers , vint bombarder les forteresses deChauvigny et faire attacher au gibet quatorze desprincipaux chefs de la religion réformée.

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HISTOIRE

DES

CIIITEAUX 11E CIIAUVI(\Y.

Vue des eMI eaux du haut de la G,vMine.

Le touriste qui, des bords do la Gartempe , s'approche des rivesde la Vienne. en suivant presque parallèlement la voie romaine,s'airète, frappé (l'admiration en descendant la côte, où s'offre àses regards le panorama le plus varié do la contrée. Sur cette terrequ'il presse de ses pas, Anglais et Français , catholiques et hu-guenots ont tour â tour braqué l'artillerie qui a foudroyé et déman-telé les vieilles citadelles dont il reste des débris si nobles et simajestueux. Le nom de Grondine que porte encore le coteau, alaissé dans la mémoire des anciens du PaYS de lugubres Souvenirs.Il rappelle les tristes épisodes de nos guerres religieuses et de lalutte centenaire contre les Anglais. La . colline dont l'a pente estcouverte de verts feuillages et colle où gisent les ruines des chà-teaux du vieux Chauvigny environnent un vallon délicieux que leTalbat sillonne de ses capricieux méandres. Après avoir formé, aupied du château épiscopal, un vaste bassin où l'édifice tout entiersemble se mirer avec complaisance dans ses eaux transparentes,le ruisseau traverse la ville moderne par divers canaux et courtmêler ses ondes cristallines aux flots argentés de la Vienne quidans le lointain, au bout de l'horizon, couronne ce charmantpaysage.

Quels souvenirs réveillent ces vieux monuments I Quelles réflexions profondes ils inspireront à l'historien philosophe qui évo-quera la mémoire des temps passés! Sur le sommet de la mansionromaine ont brillé les aigles impériales, aux créneaux des anti.ques forteresses ont été suspendus les étendards des Visigotiis etdes Francs; sur les citadelles du moyen àge ont flotté tour à tour

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la bannière des sires de Chauvigny, les lis des rois de France,les léopards de l'Angleterre et la croix avec la crosse paslotate desévêques. Malgré les injures du temps et les outrages des hommes,ces ruines conservent encore l'empreinte et le carc(èrO des ùesauxquels elles appartiennent.

Esquisse de la c,ovr (2es seiqueurs,

Ces lieux, aujourd'hui solitaires, où l'orfraie pendant la nuit etl'oiseau de proie pendant le jour font entendre leurs cils lugubres,ne respiraient que la joie, la vie et le mouvement aux époques féo-dales et ecclésiastiques. Ces seigneurs de Chauvigny , parents paralliance des rois d'Angleterre, et ces etievalicis qui avaient rai)porté des croisades la belle devise « Chauvigrv chevalierspieurent, ' et les châtelaines, et les damoisellesde leur cour qu'ani-mait la gaie science des ménestrels et des trouvères, remplissaientd'animation les salles et les plates-formes (les ihftteaiix. Souventde brillants cavaliers, montés sur de fougueux destriers, et desdames aux riches atours, dont Tes blanches haquenées étaient con-duites par dejeniies pages, gravissaient les rampes dela colline. Auson bruyant (lu cor, le pont-levis s'abaissait pour leur laisser onlibre passage, et k châtelain et sa noble compagne d'aller au de-vant (les voyageurs pour leur faire un accueil plein de grâce etde courtoisie. Puis c'étaient (le gaisfcstins, de joyeux propos lescoupes circulaient sur les tables splendidement servies, et lesdouces vapeurs d'un vin généreux échauffant l'ima gination, onracontait les exploits des guerriers les scènes devakur et les hautsfaits des chevaliers. Le lendemain, la troupe joyeuse allait Courrele cerf clans la forêt voisine. I.e son strident descoi's, les clameursnuuillipliées des limiers, la voix retentissante des piqueurs, loshennissements prolon gés et les pas précipités (,lescoursiers querépétaient les échos d'alentour. remplissaientles airs (l'IJTie sauvageet bruyante harmonie.

Et de l'arrivée des évêques.

Mais voici venir Monseigneur de Puitiers, le successeur le siresde Chat! iguy * te haut et puissant baron de la contrée. Il visiteses bien-aimés vassaux. Les cloches émues frappent les airs doleurs voix argentines et sonores. Et le capitaine-chanoine avecses hommes (l'armes, et les templiers, ces moines-soldats dont le

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temple éteiL assis sur le penchant occidental de la colline (ii, etle chapitre collégial de Saint-Pierre, et les monastères des deuxvilles, et les pasteurs des églises voisines, en tète de leur troupeaufidèle rangé en ordre sous la bannière du saint do la paroisse,se rendent processionnelloment â l'entrée du vieux pont de laVienne. La foule, profondément recueillie et pieusement a genouil-lée., reçoit la bénédiction sainte du prélat, puis, se mettant (nmarche sur deux longues colonnes, elle l'accompagne, en chantantl'hosanna, jusqu'à la plate-forme du château épiscopal.

Donjon.

Sur le point le plus élevé de la colline se dresse cette tour ii ii .

qui, dans le moyen âge, n reçu le nom de donjon. L'ori-gine de ce vieux monument remonte aux temps reculés del'occupation romaine. Sans attribuer, comme l'ont fait quelquessavants archéologues, cette construction à Caninius, lieutenant deCésar chez les Pictons, on peut, avec assez de vraisemblance, luiassigner une origine un peu plus récente. Appuyé sur les monii-menis et lesinscriptions historiques, testés longtemps sur les bordsde la Vienne et transportés au musée de la ville de Poiliers, onlient croire avec raison que cette frtei'esse e élé bcntie sous lesAntonins, dont le règne fut appelé l'âge d'or de l'empire, à larcéine époque où fut tracée la route stratégique de Bordeaux àAutun (2-.

l'oie romaine.

Cette voie romaine traversait la Vienne, un peu en aval de lapetite église qui élève si gracieusement et si coquettement sa flèched'ardoises clans le riant bassin qu'embellissaient d'élégantes villasgallo romaines. L'agriculture, honorée chez le peuple vainqueuret législateur de l'univers, avait parsemé le vallon (le vergers déli-cieux où croissaient et se multipliaient tes arbres fruitiers de toutesespèces apportés en ces lieux iies diverses contrées de l'empireromain. Les fondeinentsdeseiicienties villas et les briques romaines

(I) Dans la grange de la mitait-je (15.5 Puits, on voit encore les restesde l'habitation tics Templiers.

(2) Voir dans les J3uiletins de la Sneiil des antiquaires dei' Ouest.I" trimestre 198 .1, 1 ", trimestre 1864, l'Étude de la voie romaine,par l'auteur de I'JVs()ire des châteaux da Chauvigny.

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qu'on trouve chaque jour, en fouillant le sol, indiquent qu'unepopulation riche et nombreuse s'était agglomérée dans ce petit coinde terre que la nature semble avoir favorisé de ses (ions les plusprécieux. Un terrain fertile, des eaux abondantes, une températurepresque méridionale, entretenue par les coltines qui s'élèvent enamphithéâtre, au couchant, au nord et à l'orient du vallon 'linaqueduc découvert récemment , lorsqu'on a réparé ta route (leChauvigny à Lusac-les-Châieatjx, conduisant au pied du Cor-sain (Corpus sanum), dans un établissement de bains pubics, etde là au lit du torrent de la vallée des Goths , les eaux pures etlimpides du Talbat, au moyen d'un appareil hydraulique placéprobablement à la source mtrne de la fontaine, semblent indiquerque ces lieux privilégiés ont dû fixer la demeure d'un grand nom -bre de familles patriciennes de l'empire.

En sortant de ce bassin, la voie romaine entre dans la vallée desGoths, ainsi nommée parce quo, d'après les légendes locales et lesrécits des vieilles chroniques, un grand nombre de Visigoths,échappés au massacre du vallon Vauclados ('allis Clades, y fii-rent tués par les Francs, au moment où ils couraient se réfugierdans la forteresse qui leur appartenait (I).

(I) Comme cette opinion trouve d'habiles et savants contradicteurs,il me parait utile (le la fortifier par quelques observations.

1° Les historiens ont appelé Vaucladesc'VatLis Clades), Désasti-eduvallon, et les habitants des bords de la Vienne ont nomrn,i Civau(('oedis 'a11is), vallée du Carnage, k' lieu où tut livré la sanglante ba-taille entre Alaric et Clovis, comme plus tard on s doiiiid te noni deMaupertuis, Mauvais Pas, au terrain accidenté, couvert de vignes et dohaies, où Jean Il fut vaincu par te Prince Noir. Nous ne citerons lesetymo(ogies puériles:flic vatuit,.. lei l'emporta Clovis sur larie;

Ci vaut autant qu'ailleurs, que pour montrer que de tout tempson u é té persuadé, dons la contrée, que Civaux avait été le champ debataille entre les Francs et les Visigotlis.

20 Les nombreuses pièces de nonnaies et tes anneaux de chevalierstrouvés en fouillant les champs des bords de la Vienne attCstciit quedegranis événements se s ont passés daces cette contrée.

3 Le nom de vallée des Goths, que porte encore aujourd'hui levallon que traverse la voie romaine, auprès de SL-Pierre-les-}gIjsesest un témoignage du parsaoc des Visi goths dans ces lieuv.

' Les tégendes du pays attribuent la multitude des tombeaux deClvaux ii un miracle que tir le Dieu dc', fatiioliqines polir extermoerles Ariens, et les paysans des bords de lit \'ienne distin g uent avec unefoi très-roljnst', dans le rocher de la Font-Chrétien, l'empreinte du ferdu cheval de Clovis, comme les montagnards des Pyrénées montrent

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Mansion s'onuiine.

Pour protéger la voie romaine, surtout au pasage d'un guéasez difficile ii traverser, un fort était indispensable. L'angle dela colline, environné presque de tons crtés par la Vienne et lesmarais formés alors par le Talbat, dut présenter les conditionsles plus favorables à la construction d'une forteresse pour recevoirune garnison romaine et maintenir le pays dans l'obéissance. Elleservait de mansion et de station aux troupes impériales qui sui-vaient la roule stratégique qu'on venait ilq créer.

Lorsque la vigie, du liant de la tour, avait donné le signal deqii&'ique mouvement des peuples vaincus niais indomptés semanifslant dan s les campagnes voisines, ou dii passage d'unelégion suivant la soie romaine, le son éd u ta IL du clairon reveil -dans tirs roc de la vallée de Roncevaux, la brèche que fit la Durandalde Rolanri, cc héros de l'immortel poème de l''vrioste et des fables del'ai-m'iievèqne Turpin.

Cis i1istoii'C ne Font PUS renouvelées des Crecs, niais elles ont ungrand air de famille avec la pluie de pierres (l ue Joué fit tomber dui';el pour écreser les ennemis des enfants il'lsi'aèl, et le rocher t'Orel,,d'où la lranieltc rie Meïse lit jaillir une snuree abondante,

a' La piipart des h!storisns, le père Runilh, Siauve, Bouchet, Bour-geois, Roiri'rt (lu Dorai, etc., ont écrit que ce tte bataille a été livréesur les bords de la Vienne. Un coup d'oeil sur la carie géographiquesuffira pour montrer qu'Aune, fuyriiit devant Uarmée franque, etalont au-d,rvai,t de son beau père, 'I'héudurie, roi d'Italie, qui icC'm-r:iit S son secours, n'avait jas d'autre [otite à suivre que celle quicondmmi . ait au gué de Civaux, à quelques kilomètres en aval de Luac-les-CliSI es ux

6 Enfin, dans un titre que pn'sédaie,mt les ehino 1 ne g du Dorat, polirprouver que leur edise avait été fonuiée par Clovis pour remercierlieu de la idoine qu'il avait reniipum'tce sur AIai'I, il est dit

Cùm ad quumdam locum, super ripam Vigenmiir, è decimo niillinire,ceu cireiler, a lictavis civilate dis'nmntemn perveniret cum Inhintumbciatc: umnque suorumn exercimu valdo , Alarieum ipsuru d'mahoiiâfraude deceptu iii vieil, superavit et furmitln ùs exterminavit t).

Traduction littérale: Clovis étant arrivé, avec sa vaJllantearniéà rieisoldats iL de gu:'rn'ieis, sur ie burds de la Vienne, éloigiés di' dix millesou environ de I'uitiers \'ainq'iit . lcrrnisa, extermina entièrementMarie lui même, qu'avaient trompé les arlifies du démon.

Je n'ignore PuS qu'on n rois cmi doute l'authenticité rie celte p'ceniais son existence plus ou moins apocryphe prouve du moins quelleétait l'opinion publique s 'époque où clic ni été composée.

(t) Robert du Ilorat, !Ol UO, p, lia et 50G,

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lait aussitôt les échos endormis des vallons et des forêts environ-nantes. La garnison du fort courait aux armes, les enseignes sedéployaient et autour de l'aigle romaine se groupaient les 'vété-rans couverts d'armes qui reflétaient les rayons étincelants dusoleil. Le centurion s'avançait eu-devant (lu consul, la légion étaitintroduite dans Iefort ; elle y séjournait te ternp& nécessaire pourréparer les forces épuisées par une marche longue et rapide, etreprenait, le lendemain la course un instant abandonnée.

Le ch,iteau'i)rineipat passe aux évêques.

Au pied du donjon, sur la pente méridionale de la colline, s'él'-vni les murs du château principal, dont la construction remonte

l'établissement (les Visigoths ou des Francs. Jusqu'au milieudu x siècle, l'histoire est muette sur les châteaux de Cliaiivigny.A cette époque, cette citadelle passe aux évêques (le Poitiers. Est-ceen qualité d'évèques, ou comme héritiers des sires de Chauvigny?On l'ignore ; l'histoire ne s'explique point â cet égard. Dans cestemps de confusion et (l'anarchie, de barbarie et «ignorance, leslettres et les sciences sont mépr'iées ; les restes de la civi'iaIionromaine disparaissent; les franchises, la liberté, la popr'rété (lel'homme du peuple sont anéanties; la justice est fouléc aux pieds;le droit du plus fort est la suprême loi la puissance royale estméconnue ; la féodalité envahit tout l'lelise elle-mème ne peutse soustraire è ses empiètements. les évêques deviennent degrands seigneurs, et les barons obtiennent les prerni'rs rangs dansla hiérarchie ecclésiastique. Tout châtelain est indépendant et tientsa petite cour à l'instar des rois. Les seigneurs fortifient et crénel-lent leurs manoirs, d'où ils s'élancent lour tondre à l'improvistesur les voyageurs qu'ils détroussenl, et sur les terres de leurs voi-sins, où ils portent le fr et la flamme. La guerre estc.onlinuclle dechâ'eau â chàteau. t eshommes (t'armes, depuis lehaut buron jusqu'ùl'humble var[ct, sont cous cris de fer et les chevaux de bataillebardés de lames d'acier.Ce n'est qu'embuscades,surpi'ises, combats.Peu (le gentilshommes parviennent à la vieillesse; presque touspérissent de mort violente la l)lupmrt de familles s'éteignent Aumilieu de ce désordre général, le château (le Chauvi g ny passe aux

évêques de Poitiers dans la personne (11embert 1e r , probablement

en qualité d'héritier de la famille des Chauvigny, dont il pouvait

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être membre. Cette opinion parait très-vraisemblable, car, selonFhistorien des princes de Déols et de Châteauroux, il les transmiaesattxsires de Chauvi gny par le mariaged'André, le preux des preux,avec Denise, cousine de Richard Coeur-de-Lion, roi d'Angleterre,tous les enfants, dans la famille des Chauvigny, obtenaient. unapanage, et cctto coutume sobseivait si exactement, que les pèresmêmes ne pouvaient ) par aucune disposition, porter atteinte ii cetteprérogative (i;.

.lqrandissenment du domaine des évêques.

Dc lui-s, lembert et les rvèques ses successeurs travaillentinccsstmninwnt à augmenter leur pu ance temporelle. A la moi t«AnIré le Sourd et de sou fils, la veille cl le jour de la funestebataille de Maupertuis, et lors tic l'extinction e la branche ailléequi habitait Ctmciteauroux, en 1502, ils deviennent, par dis succes-aluns, des donations, des sentes et des échanges, les seuls et uni-ques possesseurs des châteaux. Ils ont h Chauvigiv des notairesépiscopaux et gouvernent la contrée sous le noni de barons et dehauts justiciers, jusqu'à la grande révolution qui, de son niveauégalitaire, frappe impitoyablement et les droits seiuleur1aux et lespriviltigesecclésiastiqUcs r.

(I) Thom-as de la Thaumassiére, !)ictionJiaire (lus familles duPoitou.

() lsembrt I" légua d'abord par une charte au couvent de Suint-C y prieu de É'oitlers, et ensuite i l'église du Saint-Sépulcre de Ctiau-vi g oy, plus tari Saint-Just, aujourd'hui Notre-Dame, la plus grandepartie de son domaine d'Alié, avec la chapelle qii en dépendait, ainsique le Breuil et plusieurs vignes dans sa seigneurie de Chauvigny.

Ego in Del numnite t ado ccclesiamn qute vocatul Aliacus, cutn 0W-riibus appetulitis suis, vineis, terris arabilibus, sylvis. pascuis , do-

n mitous, curtiteris et cateris retins. • Dom F'otiteiicau ,vol. 6, p. 51.Et dans une autre charte: llrotium et vineasde Caseartuetito meo.'

Dom Fonleucait, vol. 6. p. 66?.(.'est pour cette raison qu'Allé, quoique éloigné de cinq kilomêl res de

l'église de Notre-Daine, et entouré de tous côtés par la commune etta paroisse de Saint-Pierre-les Egllses, rait encore partie de la paroissede Notre Dame. Le UreuI,à quatre kilomètres dr Chauvigny etau delàde la Vienne, s continué d'appartenir à la commune de Chauvigny età la paroisse de Notre-Daine.

Une tradition populaire explique da la manière suivante la réuniondu villa ge d'Allé a la paroisse de Notre Dame

Une maladie épidémique et contag i euse sévissait cruellement auo village d'Allé. Le curé de la paroisse de Saint-Pierre-les-glioes fut

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Fondation de Notre-Darne.

Mais, depuis l'époque où Tsembert remplace les hauts et puis-sants barons de Chauvigny, et s'applique à embellit cl à agrandir

son nouvel héritage en jetant les fondements de l'église du Saint-Sépulcre, plus tard Saint-J ut, aujourd'hui Noire-Dame, et en bit-tissant la partie de la ville basse comprise entre les deux coursd'onu qui, en se séparant au pied de son château, lrmaient alorsun delta, au mo yen d'un canal creusé entre le pré Lévèque etl'ancienne place de Saint-Léger, des soigneurs de la même fdmille,

sous le nom de sire, rie chevaliers, (le bannerets, d'écuyers et du

vat-lets, possédeni les autres châteaux et s'allient aux maisens duChâlcauroux, de Montmorillon de l.ussac-les-Châ!eatix ,de Ché-tellerault, de Mortherner et de Lusignao, jusqu'en 1502, époqueà laquelle Ihuit la ligne masculine de l'illustre maion des Chari-

Vigny, qui , pendant dix générations, osséda la principauté (lubas Berry. Nous paseions sous silence une foule de noms obscurs,pour ne nous occuper que de ceux dont les actes intéressent l'his-toire.

André 1•

André 11r , chef dis branche des Chauvigny qui habita Chà-teauroux, fut un des plus vaillants chevaliers (le l'armée des croi-

sés. En 1190, il partit pour la loire sainte avec Philippe Auguste,roi de France, Richard Coeur-de-lion roi d'Angleterre, et Fré-déric Barberousse, empereur d'All'rnagne, qui se noya dans leseaux du Cydnus en s'y baignant, comme autrefois Alexandre leGrand. 4 cause de sa valeur, il fut appelé le Preux des preux

» vainement appelé aUplès les mourants. La crainte de la mort 'cm-• pécha de remplir les devoirs sacrés de son ministère. tin moins du

prieuré de Saint-JmI ne fit pas difficulté d'exposer sa vie pour pot ters des chrétiens mouants les secours et la consolation de ta religion.

• L'evêque de i'itic j s, pour réconipe ser le courage du moine et• punir la lâcheté du curé, annexa À l'église de Saint-Jut te village• et la chapelle d'Alié, qui appartenaient auparavant à la paroisse• dans laquelle ils Sont nclayés.

Il è.st V ra iserLtj n hie que c& lie L I k', dort la moralité ne peut ècontestée, a été imagi dans les loisirs du douce, par un moine quiaura p k plaisir À glurilïr le courage et le dévoùnieuit de son monas-(è.e aux dpena du curé de Saint Pierretrsglises.

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Dans un tournoi, il eut la gloire de désarçonner le fameux Sa-ladin. La lutte entre les deux héros fut longue et brillanie Elle fitl'admiration des chrétiens et des infidèles, rangés en bataille autourdes cieux combattants. Lhonneur de la joute resta cependant auseigneur de Chauvigny. Mais un écuyer du soudan, jaloux de lagloire du chrétien et indigné du revers de son maître, frappaAndré d'un coup d'épée au talon. Blessé comme Achille, maisplus heureux quo le héros de l'Jtiade, te noble chevalier ne mourutpas de sa blesure. Néanmoins il resta boiteux , ce qui fut caueque, dans la suite, il porta le nom de Clop. Et l'un disait de ceguerrier, comme autrefois d'un illu-tre capitaine « Chaquepas qu'il fait rappelle sa gloire.

Dans une bataille contre les Sarrasins, il déploya tarit de valeur,que les ennemis épouvantés prirent la fuite, en s'écriantIl

pleut des chevaliers. o A partir de coite époque., les seigueursde Chauvi g ny ajoutèrent à leur blason cette. devise « Chauvign',chevaliers pleuvent. » Leur écu portait en reiief cinq fuseaux ciipal, et le héros dont noirs parlons avait cette légende

S. !DR DE CHAWIGNI CLI. SIRE DE CHASTR.

C'est-à-dire soigneur André de Chativigny, chrétien, sire deChâteauroux.

C'est à son retour des croisades que ce seigneur fit cornti'uirel'habitation des Templiers dont la grande maitrise était i Poi-lier., et la maladrerie pour servir d'asile aux croisés qui avaientrapporté la lèpre do la Palestine t)'

Giitlau me.

Guillaume, fils d'André 1", suivit saint Louis en Égypte et fr

ignata dans ta sixième croisade. Au retour de cette expédition,il mourut à Palerine. li avait épousé Agnès tic. Lusignan, tille deHugues X et dlrdwlto, seuxo de Jean Sans-Turre, roi d'Angle-terre.

Gode froid.

Godefroid, ou Geofroy, figure comme souscripteur dune chartedonnée en 1199, par Aliénor, aux habitants dc Poitiers. Il est pro

(1) Jlistoirni des evquvsde Poitiers; Dictionnaire des familles duPoitou; Thomas de la Thaumassière.

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bablement le fondateur tic l'ég!ise de Saint-Pierre-de-Cliauvigny.

André.

André fol tué a la hulaille de Mauperluis le 19 septembre 1356.La veille, soit avait perdu la vie dates une escarmouche. Unnuire sire de Chauvinv, dont E'roissard ne dit pas le nom, rut faitprisonnier (t).

(i) Je passe sous silence la bataile de Maupertuis, parce qu'elle natue parait pas ;!plsartetlit essen1ielLinent à l'histoire des châteaux deChauvi g ny. Cependant je crois devoir préaentr quelques observationsnui sujet d'une note latine extraite d'un manuscrit auquel on donnequelque importance. La voici avec lit littérale

lx Poet pugn:im irifclicem Galhis co:itra Edouarduin, principem An-• gloriim, reliquim exercdus galilel in cast e llum et urliem calvinien-

cern reeessernnt. Postera die, Anli cireuitum urbis maniaque• circuindedirunt. AL rupto punie kipido urbis, Vigenriam perixerunt• prope capidlam aicti Petri in agris....ùtn repenté Galli in fermai An-

glornun cilla cntemptu rueruit. Raro in prailio tantum sanguinis• fusain cci. Angli vieil, compulsi surit fugere, sed intercluiluntur• per aciem Callorum al Au.stralenu regionem et pontein ruptum• Vgcnme fiuminic undé ubiquè impeilimentum iter hotlum ; Ait-

gli milites amissos humaverunt in prato quoit nunc est propè eccle-• clam Santi Lodegarii.

Après la funeste bataille des Français coutre Eilouird, prince des• Anglais , tes restes de l'armée française se réfugièrent dans le châ-• teau et la ville de Chauvigny. Le lendemain, les Anglais entouré-• vent la ville et les re;nparls. Mali le pont en perre dc la ville avant• été rompu, ils traversèrent la Viennenuiprès de la chapelle de Saint-• Pierre-les-Champs. Alors les Français se précipitèrent lotit à coup• avec mdpris sur les lances des Anglais, Rarement, dans tin combat,• il y eut Ont mi. de sana répandu. Les Anglais, vaincus, furent forcés• de fuir mais, au midi, ils cool arriités par l'armée des Français et le• pont rompit le la Vienne.. De là, de toutes parts des obstacles pour• s'ouvrir un passage.Lee Anglais ensevelirent les soldats qu'ils avalent• perdus, dans un pré qui est maintenant auprès de l'église Saint-• Légei'. •

1 » Toits les historiens s'accordent à dire qua l'armée anglaise, af-faiblie par la victoire même, se liSta de gagner Bordeaux avec le roi ticFrance qu'elle avait fait prisonnier et te butin dont elle était chargée. Ilsne vinrent donc pas à Chauv i gny, où s'était réfugié Le d tuliliin aveci6,000 hommes, débr:s de l'sriuic vaincue à Maupertuis.

2 Comment les ennemis pouvaient-Us entourer la p ille et les rem-parts, loreqmie le pont était rompu et que la Vienne était entre eux etChauvi g ny I l Pourquoi les Français coupaient-ils le pont , lorsqu'ilssortaient de leurs citadelles pour se piécipter avec mépris sur Leslances dos Anglais qui, après avoir traversé la rivière, se développaientdans une vaste prairie? Comment les Anglais, vaincus et entourés de

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Gay abandonna le parti des Angtai sers 1369, pour se mettresous les ordres d' du Guesclin qui l'arma chevalier.

Andre.

André , dernier de ce nom , ne fut pas moins brave que sesaïeux. Il suivit Charles VIII dans son expédilion de Naples, et sesignala à la fameuse bataille de Fornohe, où sept ii huit milleFrançais taillèrent en pièce trente mille Italiens. Il mourut l'an1O2, et à sa mort, l'ample et opulente maison des Chauvignyfut partagée en plusieurs lambeaux. Il avait laissé quatre filles.

('hd1.eat d'llareour/.

A l'orient, le châ t eau d'Elarcourt ou d'Harescol. devenu au-jourd bai la prison de la ville, appartenait aux viçomtes de Chà-tellerault par alliance aec la famille des Chauvigny. Après delongues luttes entre le capitaine-chanoine, qui tenait ses pouvoirsde l'évêque, et Louis dElarcourt, un arrêt du parlement, en datede 1387, condamne Louis d'Harcourt à murer la porte de der-rière de son château et à démolir le pont et la burriere qu'il avaitfait élever. Le capitaine-chanoine reçut ordre de prèle serinent àl'évêque ainsi qu'à louis d'Harcourt, et de gouverner avec jus-tice et impartialité les fiefs de l'évêque et ceux du vicomte. Enfinune ordonnance de Charles VII autorisa le vicomte à céder sesdomaines de Chauvigny en échange de propriétés que possédaitl'évêquo aux clix irons de ChLclterauIt. Dès lors, le château d'IJar-court, annexé au château épiscopal, passe sous lu domination ex-

toutes parts, enterraient-ils tranquillement leurs morts dans un pré,entre l'église de Saint-Léger et ce:le de Saint-Just, au centre méine dela ville basse P Pourquoi n'étaient-ils pus égorgés ou faits 'risonners,puisqu'au midi étaient une armevietoieuee,au1 levant et au nord desforteresses et au couchant la Vienne qui, dans cet endroit, est largeet profonde?

poser de telles questions, c'est lus résoudre. D'où il faut conclureque, S cette époque, il était lias facile de vidncrc les Angiais avec laplume qu'avec l'épée.

li m'est pénible , sans doute, d'enlever ce beau fleuron dc la cou-ronne de glotte de notre pais. Mais, avant tout, un se doit à la vente.

xndvus Plato, sed mugis arnica veritas. u

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clusive du clergé et fait partie (lit temporel des évê-ques(l).

Ce châtcau a donné son nom à un des fiefs de la contrée. D'aprèsla tradition orale. les tenanciers du vignoble d'Harcourt étaientobligés d'offrir, chaque année. air un roitelet et une pairede gants blancs.

Tour de Fun. -- Louis, bêlard (le Chauvquy.

Sur le même plan, à Forient de la forteresse d'[larcourt, appal-aitla tour de Fun. Ce nom est assez commun dans la contrée, parti-culièrement sur les bords de ta Vienne, où l'on trouve-encore lel'etit-Flin elle Grand-Fun, qui dépendaient autrefois des châteauxde Toufou et de Vieil. Ce petit castel avait sans doute été donné un enfant itltigitiined'un des sires deChauvigoy, car, dans l'écussonsculpiésurlè manteau de la cheminéedela grande salle, est un che-vron bisé qui, d'après l'a science hiraldique, est un indice doriginebâtarde. Ce qui rend cette opinion Lrès'vraisemblable, c'est le rôlebrillant que remplit Louis, bâtard de Cli:uvigny, fils de Goy À',dans le combat de cinq chevaliers français contre cinq chevaliersanglais; joute mémorable qui rappelle et le combat des Horaceset des Curiaces de l'ancienne [tome, et le combat des Trente danslequel Beaumanoir, épuisé de fatigues et mourant de soif, but sonsang pour se désaltérer.

Les dix chevaliers, aimés de toutes pièces et montés sur descoursiers fougueux, se précipitent avec furie les uns contre les Du-Ires. Le choc est terrible; les laices sont rompues ; sous les coupsporcs et reçus, mille feux étincellent des cuirasses et des casques.Mais l'adresse, la force des cuinhattanis et ia bonne trempe desarmures préservent les guerriers de la mort. Epuiés, haletants,ils supendent le combat. L'honneur des deux nations est satifait.[,es cbealiers se séparent pleins d'estime les uns pour les autres.Dans cette lutte terrible, ce ne fut pas Louis qui se signala le moinspar sa valeur; car, quoique soir eût été tué sous lui parRavmond, chevalier anglais, son adversaire, il ne fut pas cepen-dant le premier à demander une suspension d'armes.

Dom Fonteneau, V. 2, P. 4t, t, 211; V. 3, ptèDt.

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Redevances féodales.

Une charte du XIVe siècle nous apprend qu'Aiméry, probable-ment possesseur de ce petit castel, avec le titre modeste de varlet,était tenu, envers le préposé de Monseigneur dePoiliers, au de-

voir d'un roussin de service. n A lu vérité, il était amplementdédommagé de cette vassalité paru droit seigneurial dont il devaitêtre bien fier, car nul mariage n'était célébré dans ht petite paroissede Saint-Martial sans qu'un grand feu ne fùt dressé dans ta che-minée de la salle principale de la tour de Fun et qu'un des plusbeaux plats du festin ne fût offert par la mariée elle-même h l'heu-reux suzerain de ce petit manoir (1.

Saint-Pierre.

Auprès du donjon s'élève l'église de St-Pierre, bâtie dans lexiitsiècle par Godefroid, sire de Chauvigny, dont le nom figure commesouscripteur dans une cloute do 1199 donnée par 1Iéonore auxhabitants (le Poitiers. L'architecture romane et byzantine de cetélégant édifice, moitié plein Cintre et moitié ogival, et l'inscriptiongrevée sur urne des colonnes de l'abside . Go e/edas me fecit , »semblent ne laisser iIUCULI (10111e â cet égard, à moins qu'on ne pré-tenne que ces mots: o Godefroid m'a fait, » ne désignent le sculp.leur des figures gravées sur les piliers de l'autel. Le champ dosinterprétatiuns est vaste ; il est permis à chacun d'y faire desécart.

L'hdleau lÏaniléon.

Sur la plate-forme, au couchant de l'église de Si-Pierre, étaitauitrofois le château Mauléon. Les ruines mêmes de cette forteresseont disparu. Elle fut détruite h l'époque où, dit Froissard , lesAnglais ardirent et exilèrent les villes et chiiteaux appartenant auxFrancais. Savari de Mauléon est ruine preuve que les seigneurs deC Ili uvignv ne se Iivraientpos exclusivement àlacarrière (les armes;il cultivaient avec succès les arts, les sciences et les lettres Car

J) Ftin, Flinius, pierre de foudre, dont se servaient les nurmurlerspunir fourbir tes armes. Cette tour n pu être nommée Ftin, parcequ'elle était devenue probablement l'arsenal des seigneurs de i hau-vigny,

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« Mauléoii, dit Robert du Dorat, fut autant prudent, vaillant etrenommé aux armes que amateur des gens doctes. Il recevaittous les poètes de soit écrivant tant en latin, provençal,

ii qu'autre langue vulgaire, et leur faisait de beaux cadeaux. U» était savant aux lettres et libéral. Il s'esnamaroucha d'une gen-s tille femme de Provence, de la maison de Glandève, à la louangeH do laquelle il fit plusieurs belles chansons, en lune desquelles se

pla i an L d'elle, il dit qu'il aurait pl utôt ployé un gros arbre,» entendant d'un chêne qui porte gland , faisant allusion à sone nom, que le coeur d'elle.

Ce seigneur guerrier-troubadour mourut au service du roi deFrance, (tans une expédition contre Raymond, comte de Toc-buse (1).

Un auteur dont le nom est caché sous les voiles de l'anonymeraconte à peu près de la m'acière suivante la destruction du châ-tcau de Mauléon et le touchant épisode d'Aliéner et de GeorgesI)andel

Episode (l'Aliéner,

• Aliéner, fille de Guy,seigneur de Mauléon, la perle des damess de lit était aussi remarquable par ses vertus que parsa

beauté. les jeuncsgeni di Poitou aspiraientà l'honneur d'obtenirsa main. Le coeur de la jeune fille, rempli des plus douces illu-sions, n'avait encore parlé pour aucun de ses nombreux pré-tendants.s Un soir, au coucher du soleil, Aliénor, toute pensive, était

H accoudée à une des croisées du château, contemplant les char-n tuants paysages que forment la Vienne et les collines environ-n cactus. 'fout à coup le veift porte 'o ses oreilles des cris, des» bruits d'armes, connue le retentissement d'un combat. Bientôt

le soit coi' de la sentinelle du donjon s'est fait entendre, les pont-levis s'abaisse, et dans la cour du château entrent dess soldats portant un guerrier baigné dans son sang. Le seigneur,s fidèle aux lois del'hospitalité, s'avanco pour le recevoir. Grands Dieu! il a reconnu GeorgesDandcl, lu [ils de son meilleur ami,

un des plus puissants sei gneurs du Poitou. Le jeune chevalier

(1) Robert du Dorat, V. 25, p. 7 , 285, aaT,

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venait visiter l'ami de son père. A quelque distance du pont dela Vienne, au lieu appeléDescente-de-la Justice, parce quoc'étaitlà que se dressaient les hideuses fourches patibulaires, il avaitété subitement attaqué par un parti français qui tenait leschamps, errandonnants, dit notre chroniqueur Froissard, ban-

» nièces et perrons venletants. Le jeune chevalier, après asoir» fait des prodiges de valeur, était tombé frappé d'un coup den lance, et ses gens l'emportaient au château voisin.

n La blessure était profonde et dangereuse ; les soins les plustouchants lui furent prodiguén. Aliénor veillait constamment

» au chevet du jeune malade. La convalescence fut longue, etib Georges ne put de longtemps être ramené chez son père. Mais,* lorsque ses forces commencèrent à se rétablir, il visitait, accom-

pagnéd'Aliénor, tantôt les rives de la Vienne aux flots argentés,tanôtics pruiriesémaillées de fleurs qu'an ose le Tabat aux nom-

» breux détouis, tantôt les bosquets silencieux de la forêt quin s'étendait alors jusqu'au pied du donjon tantôt, avec elle, il

allait puiser les eaux minérales et salutaires à la source du val-, Ion (t). Les âmes du couple heureux ne tardèrent pas à se coin-» prendre, ils sejurùreitt une fidélité éternelle, et un prompt hymenu devait mettre le comble it leur bonheur.

n Mais voici que les combats réclament te jeul!e guerrier. Sonpère le presse de senir le rejoindre. La séparation fut cruelle

Y) d'a bonde n les larmes furent versées. La guerre avait recommencé» avec fureur. Du Guesclin avait déjà obtenu qui Iques avantages.u Le père il'.liénor, tourmenté par l'ambition, prête l'oreille aux» propositions du roi rie France. Il Fait ('gorger la garnison an• glaise qui tenait le fort et le remet aux mains des Francais.• Puis il foi mu le projet de dentier sa fille h un des plus puissants* seigneurs de la cQntrée. Aliéner se jette en vain à ses pieds; enn vain elle le supplie de ce pas la contraindre d'épouser un homme» qu'elle abhorre ; le père rosie inflexible; il pari pour la cour diiu roi de Fiance, et, à son retour, le mariage doit s'accomplir.

» Cependant les Anglais no tardent pas â être informés de cen qui se passe au château do rilauléon. Douze cents lances sont

(I) Au pied de l,s colline d'où jaillit la fontaine Talbat, on trouveplusieurs sources d'eau ferrugineuse que la science médicale pourutitn t 1 t sec.

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» confiées à Georges Dandel. 11 brille du désir d'arracher son' amante aux mains de l'infâme qui veut la lui ravir. Déjà il en-

toure la forteresse, il la presse de toutes parts. L'assaut estdonné; les portes sont enfoncées; mais les Français, redoutant

» la vengeance do leurs ennemis aiment mieux périr par lesflammes que par le fer des Anglais. Ils mettent le feu à la forte-

» rosse confiée h leur vaillance. l)éji s'embrase la tour où étaitAliénor. Georges se précipite à travers l'incendie, et bientôt on

u l'entrevoit , au haut de l'édifice, tenant dans ses bras son» amante évanouie. Puis des tourbillons de flammes et de fumée

s'élèvent dans les airs, la tour s'écroule et tout a disparu à ja-mais. Dieu seul entendit leur prière et leur dernier soupir »

ohateau épiseopo L

A l'extrémité de l'angle dominant la fontaine Talbat a étébâti par les évèques le château épiscopal dont la chapelle et lafai:aiIc présentent un des plus beaux monuments des temps an-ciens. La construction de ce magnifique édifice appartient incon-testablement aux évêques ; leur signature y est apposée. Dansl'angle occidental de cette belle colonne est sculpté leur blason,formé de la croix et de la crosse pastorale. Selon la tradition orale,mais peu vraisemblable, car l'architecture de l'édifice accuse uneorigine plus moderne, Pierre Il, cette victime des extravagancesde Guillaume, comte de Poitiers, prince-troubadour, libertin, belesprit et railleur, tournant les actions de Dieu en risées et bouf-fonneries, disent les chroniques du temps, fit élever ce monu-ment pendant son exil au château de Chauvigny, où il mourut,l'ail1tt..

Exil de Pierre 1/.

Polir donner une idée des moeurs du temps. il n'est pas inutilede raconter comment Pierre Il fut exilé au château de Cha-vigny.

Guillaume VIII avait enlevé la femme du vicomte de Chôtelle-rault. Pierre li lui enjoint (Iota rendre à son mari u Plustôt que

cela advienne, répond le comte à l'évèque, lu courberas du pigne)j le poil de ton front cri arrière » (parce qu'il avait les cheveuxh' devant si raresqu'il n'avait nul besoin de les pignor)

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L'évêque indigné se prépare à lancer l'anathème. Guillaumeaccourt, menace le prélat de son glaive, s'il prononce l'excommu-nication. L'évêque feint 1'ètre frappé de terreur ; il se tait en ap-parence, mais il achève ii voix basse les paroles sacramentelles;puis, se tournant du côté du comte, il lui dit, en tendant le col

Frappe, j'ai fini. n Mais Guillaume, que son caractère railleurn'abandonne jamais, lui répliqte, en rengaînant son glaive n J'

ne t'aime pas assez pour L'envoyer en paradis. . il préféra l'en-voyer en exil au château de Chauvi gny, d'où, après sa mort, suricorps fut transporté dans l'abbaye de Saint-Cyprien de Poitiers.

Guillaume, apprenant que Pierre H était mort et qu'on le ré-vérait comme un saint, dit en raillant ,sclon son habitude, qu'ilétait bien mortifié de ne lui avoir pas ouvert plus tôt les portos duciel, parce qu'il lui en aurait su gré (i).

TalbaUère.—Nofi'e-Dame-de-G,'dces.

Pendant son séjour au château de Chauvigny, le saint évêquedonna ses soins ii la réforme des moeurs. La corruption , quoiqu'en disent les éternels louangeurs des temps passés, laudatorestemporis act, était grande à cette époque. Le roi Philippe Ifir

avait enlevé Bertrade, femme du comte d'Anjou ,et avait attirésur lui et son royaume les foudres de l'excommunication. Parsivie scandalause, le comte de Poitiers avait encouru les censuresde l'Église. L'exemple est toujours contagieux , surtout quand ilpart de haut. A l'extrémité du coteau paraltè!e a la colline où s'é-lèvent les châteaux du vieux Chauvigny, sur le sommet de l'anglequi e revu le nom de Talbatière, à cause de la fontaine Talbatqui coule à ses pieds, des femmes dissolues avaient fixé leur de-meure. Des plates-formes et des fenêtres des châteaux, on pouvaitvoir et entendre ces sirènes corruptrices. Le scandale régnait dansla cité. Le saint prélat ne souffrit pas longtemps des désordres sicontraires à la religion et aux bonnes moeurs. il fit renferme,' dansune maison de repentir, au nord de la ville, ces femmes dont taconduite était un scandai peur la morale publique. Le nom ulieu où elles furent cloitrées, et qui s'appelle encore Notre-Dame-

(I) Bourgeois, y . 37,p. 114, histoire des évêques de Poitiers; )taimesbury, historien anglais.

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de-Grâces, indique assez la destination de l'habitation qu'on leur

avait assignée (I).

Du tuesclin s'empare de Chauvqny.

Tels étaient, sans y comprendre la tour de Fun, les quatre ch-teaux de Chauvigny. Ciivelier, trouvère du xiv , siècle, n'oubliepas d'en faire mention dans son poème épique du vaillant cheva-lier 1)u Guesclin, liii parlant (tes Français s'approchant de Chau-vigny qu'ils voulaient reprendre sur le; Anglais, il s'exprime

ainsiQuand virent Chauvigny où il y a bons fossézitonne ville y avait, se dit 'autoritéz,Et tilt grands ehùteaux, se dit l'autorittiz.Quant Français on vii les vhàteaux gantez,Se dirent bellement l'un à l'autre gecr'zA Dieu : où sommes-nous aujourd'hui arrivézD'un mauvais lias venons en un pleur entréz.

Et le trouvère de cenhinuer sur ce même ton rhythmique avecune abondance (le rimes désespérantes pour l'oreille du lecteur,polir peu qu'elle ne soit pas trop béotienne.

Cependant les trois mille lances que conduisait Du Guesclin netardèrent pas à s'emparer de ces formidables citadelles ; car, letroisième jour, les Anglais se rendirent âdiscrétion.

Itro1ution dans le système des siges.

,\ j flst était déjà passée l'époque où les forteresses ne tombaientau pouvoir des assiégeants que par surprise ou par famine, rare-ment par la force des arme; Aux temps héroiques de la Grèce, lesiége d'une ville de l'Asie-Mineui'e dure dix ans. Dans l'histoireancienne, on voit un roi d'Égypte assiéger pendant vingt-iieuf ansune fortecesse située surles frontières de son royaume, et, aumoyen ûge, Louis le Gios, dit le Batailleur, emploie ses arméesrovaieset une partie de sou règne à réduire le seigneur de Puiset,petit château fort entre Orléans et Etenipe;. Mais lorsque, danslis méditations profondes du cluitre, un moine allemand eut pétri

salpêtre et inventé la poudre à canon, une révolution complètes'opère dans le syième des sièges. La féodalité est frappée à mort

Q Dom Fonlene;iu, y . 3, P. (u6.

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ainsi que la chevalerie, cette insiitution française toute d'enthou.siasme et de dévoûmont. Le gentilhomme couvert

de fer, portantbrassards et cuissards, et son grand cheval de bataille, bardé delaines d'acier, reçoivent des coups mortels comme le serf à pied,vètu do l'humble sayon gaulois et armé seulement de sa longuearquebuse. Les vieux donjons crénelés des hauts et puissants ba-rons croulent Sous les globes de bronze que vomissent cent bou-ches d'airain, comme la plus modeste demeure du plus pauvre desvassaux.

Le marljd(al (le Sa,nt-4d,' bombarde les cMeaux.

Aux luttes contre l'Angleterre succèdent les guerres religieuses.Les chàteaux de Chauvigny sont tour à tour assiégés, pris et reprispar les protestants et les catholiques. Des troupes irrégulières,appelées Fourchières ou Fourangeaux,parce qu'elles étaient armées(le fourches, piflent la ville et S'éiablissent dans les chUeaux (i).I.e maréchal de St-André les y assiège, bombarde les forts, s'enempare et fait pendre quatorze huguenots (2). Charles IX, ce roide si triste et si odieuse mémoire, ordonne de lever une certainesomme sur le clergé de Poitiers, afin d'entretenu' cent arquebusicrsà cheval pour la garde et défense de Chauvigny (3).

Pour comble de malheur, les étrangers fomentent nos discordesciviles et prennent part à nos luttes, Deux mille Espagnols, envoyésau secours des ligueurs par Philippe Il, ce démon du Midi, quivoulait, disait-il, faire tinter les oreilles de la chrétienté du mas-sacre des protestanls, n'ayant aucun bagage, passent par Chau-vigny, y restent depuis le trente avril jusqù'au six mai, désolentfort le lieu, disent les chroniques de St Savin, et, entre autreschoses, ne laissent rien dans les jardins (4).

(I) Dom F'onteneau, y . 75, P. 617.(2) Dom Fonteneau, V. 25, p. 6 7 ;V '6, P. 6t7.Le maréchal de St-André était cadet d'une illustre maison du Lyonnais.

Il s'éleva plus par la faveur que parle génie militaire. On l'accusait dePillage et de concussion. li se croyait tout permis pour réparer k'sbrè-ches queses excès en tout genre fasaient à sa fortune. A la btjlls dDreux, il fil' renversé de chevale t tué , bout portant (l'untolet. COUR de pis-

(3) Dom Fonteneau, V. 2, p. 663,(4)Dom Fonteneau, y . 25, p. 617.-

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Pendant cette période des guerres religieuses, les édifices con-sacrés au cuite sont surtout l'objet de la fureur des protestants.Saint Martial, Saint•Pierre, Saint-Léger etSaint-Just deviennent laproie des flammes.Mais Anglais, Espagnols cl Français, catholiqueset protestants, ligueurs et calvinisle ont tout X tour et comme à

'envi les uns tics autres jonché le sol des débris de ses vieilles

citadelles.

Elyinologie de Gltaurigny.

En remon tant aux époques rcculées qui ont précédé l'occupationromaine, ces lieux étaient inhabités; toute la contrée était cou-verte de forêts. Dans la partie orientale, la Mareuil, grand boisdans le langage de nos pères, s'étendait jusqu'à la pente du montoù furent jetés les fondements (le la mansion romaine, et, au nord,la forêt Talbat, qui ne se trouve plus que dans les anciens par-chemins, garnissait de ses arbres séculaires les terres arides desCourlis. L'angle de la colline était stérile et dénudé; nulle trace devégétation. Le sol était nu et dépouillé, comme l'est encore aujour-d'hui le coteau (lui domine la Vienne h l'occident des châteaux.Le sommet dit mont apparaissait de loin comme une tète chauve.C'est à cause de cette ressemblance que la première construction

qu'on y établit fut appelée Calviniacum ou Calviacum, de calvus,dont le substantif calvities, dans le sens métaphorique, signifie

nudité d'un lieu dépourvu de vég4tatio n , et peut.ètre de arx,

hauteur, sommet, et, par extension, citadelle, parce que, dans lestemps anciens, les forteresses étaient bâties sur des hauteurs,comme l.cropolis d'Athènes et la Sion de Jérusalem.

Poitiers. - Typ. de A, Dupré.