Histoire des arts -...
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Histoire des arts De l’Antiquité au IXe s. Du IXe s. à la fin du XVIIe s. XVIIIe et XIXe s. Le XXe s. et notre époque
Domaines artistiques Arts De L’espace Arts Du Langage Arts Du Quotidien Arts Du Son Arts Du Spectacle Vivant Arts Du Visuel
Thématiques artistiques Art, Créations, Cultures Art, Espace, Temps Arts, Etats & Pouvoir Arts, Mythes & Religions Arts, Techniques, Expressions Arts, Ruptures, Continuité
CONTEXTE :
CARTEL
Titre : Tintin au Congo Auteur : Hergé Date : 1931 Nature : bande dessinée Synopsis : Dans le cadre de son travail de journaliste, Tintin, accompagné de son chien Milou, se rend en paquebot au Congo. Tom, un homme embarqué clandestinement sur le même bateau, va tenter plusieurs fois de le tuer. Arrivé à bon port, une suite de péripéties amène Tintin au royaume des Babaoro'm, où il devient le sorcier attitré. Il découvre que les hommes blancs qui veulent sa mort (notamment Tom) sont des gangsters affiliés à Al Capone, qui veut contrôler la production de diamants au Congo.
La vision de l’Autre : les Européens regardent l’Afrique
Hergé dessine et écrit Tintin au Congo entre 1930 et 1931. Il s'agit du second album des aventures du reporter qui prend donc pour cadre le Congo. Il a été prépublié en noir et blanc du 5 juin 1930 au 18 juin 1931 dans les pages du Petit Vingtième. La version couleur et actuelle de l’album est parue en 1946. En 1931, le Congo est la seule colonie belge. Ce territoire quatre-‐vingt fois plus grand que le pays qui le colonisait possédait de nombreuses richesses minières. L’histoire de Tintin au Congo, reflète donc le colonialisme existant en Europe au début du XXe siècle, ainsi que les préjugés racistes sur les Africains. Le Congo est une colonie belge depuis les années 1880. En effet, à partir des années 1870-‐1880, les grandes puissances européennes s’engagent dans une lutte sans merci pour s’attribuer le maximum de territoires possibles en Afrique. Les Français se taillent un empire colonial dans l’ouest du continent africain, les britanniques quant à eux, occupent l’Afrique orientale et l’Afrique australe. En 1885, le roi des belges Léopold II prend possession, à titre personnel, d’un immense territoire en Afrique central : le Congo. Ce dernier entend bien exploiter au mieux les richesses de son nouveau bien, notamment l'ivoire, puis le caoutchouc.
Néanmoins, Léopold II est très rapidement confronté à un problème de taille : le manque de main d’œuvre. Il met donc un place un travail forcé pour les indigènes et utilise les procédés les plus cruels pour exploiter au mieux le Congo. Les populations locales sont obligées de fournir par tous les moyens le caoutchouc aux milices de Léopold. Les récalcitrants, ou ceux qui ne rapportent pas les quantités fixées par avance, subissent les pires violences: incendies des villages, mutilations, assassinats, familles prises en otage. En 1908, le Congo est vendu par Léopold II à l’état belge.
ANALYSE DE L’ŒUVRE L’épisode étudié correspond à l’accident entre la voiture de Tintin et un train. Cette scène regroupe ainsi l’intégralité des préjugés européens à l’encontre des Africains. Elle décrit la colonisation de manière très précise. La scène débute lorsque Tintin coince les roues de sa voiture sur une voie ferrée. Malheureusement, un train arrive et un accident se produit. Mais, grâce à un dénouement comique, Tintin se sort de ce danger. Ainsi, il semble que l’accident est épargné le véhicule, contrairement au train qui se retrouve à terre, bien mal en point. Hergé souligne ainsi, la faiblesse technologique des Africains. Une autre lecture peut être donnée : on peut y voir la supériorité européenne sur ces peuples africains. La scène se poursuit avec un Tintin désolé pour cet accident. Il apparaît comme une personne bienveillante et regrette cet accident. Néanmoins, le ton du reporter belge ne tarde pas à changer. Dès la vignette suivante, Tintin change de vocabulaire et se montre beaucoup plus sec vis à vis des indigènes. Il se lance alors à la réparation du train, qualifié de « sale petite machine », de « sale truc ». A partir de là, Tintin adopte le visage du colonisateur et demande aux indigènes de se mettre au travail. On peut y voir une représentation du travail forcé, si courant dans cette colonie belge du Congo. Les Africains sont représentés de manière très péjorative. Ils sont considérés comme des personnes peu travailleuses, préférant l’oisiveté au travail. On a là, un des préjugés courants dans la société européenne des années 1930, celui de la « paresse africaine ». Hergé, sur Tintin au Congo déclare : « Pour le Congo tout comme pour Tintin au pays des Soviets, il se fait que j’étais nourri des préjugés du milieu dans lequel je vivais… C’était en 1930. Je ne connaissais de ce pays que ce que les gens en racontaient à l’époque : "Les nègres sont de grands enfants, heureusement que nous sommes là !", etc. Et je les ai dessinés, ces Africains, d’après ces critères-‐là, dans le pur esprit paternaliste qui était celui de l’époque en Belgique. » Ainsi, cette œuvre est révélatrice de la perception qu'ont de nombreux Européens des Africains. Sous le crayon d’Hergé, les Noirs apparaissent tour à tour paresseux, puérils, gentils, stupides et parlent "petit nègre". L'album est rempli de stéréotypes typiques de la vision qu'avaient de l'Afrique les Européens à cette époque. Considérer les populations indigènes comme arriérées permet de justifier la mission "civilisatrice". L’Européen doit apporter la civilisation à ces populations africaines. Ils doivent d’une certaine manière les éduquer. Tintin au Congo illustre parfaitement cet aspect. Tintin, se montre pédagogue avec les indigènes pour réparer le train, pour les sortir de cette mauvaise passe. Les africains sont donc représentés comme de grands enfants ; les européens adoptant le costume du père de famille. D’autres aspects de la colonisation sont représentés dans Tintin au Congo
-‐ l’éducation, avec une scène remaniée en 1946. En effet, le cours d'histoire sur la Belgique de la version originale (1931) se transforme en un cours de mathématiques dans la version de 1946. C’est l’éditeur d’Hergé, Casterman, qui met en place une censure par crainte de susciter le scandale.
-‐ l’administration de la colonie est également soulignée, avec le rôle des missionnaires -‐ le rôle des européens dans le développement des soins, dans la pacification des territoires.
Quelques liens :
-‐ l’affiche de l’exposition coloniale de Paris de 1906 peut être mobilisé pour étudier le regard européen sur l’Afrique.
-‐ Le roman d’André Gide Voyage au Congo (1927), qui dénonce les abus du système. Ils sont ainsi effrayés par les conditions de travail et d'existence sur les chantiers du Congo Océan, la ligne de chemin de fer construite au Congo français permettant de désenclaver le territoire en permettant l'exportation de ses ressources. Des milliers de personnes sont mortes durant sa construction