Histoire des arts : LETTRE DE POILUS -...
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Histoire des arts : LETTRE DE POILUS
Première impression : ……………………………………………………………………………………….
Liens avec les
cours :
Présentation :
Natures : Lettre et bande-dessinée
Auteurs : René Jacob ( ?-1916) et Juan Gimenez (né en 1943)
Titre : Lettres de Poilus (et adaptation)
Date : 1915 (adapté en 2006)
Contexte : Alors que le 1er conflit mondial (1914-1918) fait rage, les soldats
échangent avec leur famille une correspondance dense et touchante où ils
témoignent de l’horreur du conflit.
Description :
Le 1er
document est une lettre échangée entre René Jacob et son épouse,
Lucie. Ce soldat était fils de charron et lui-même boulanger à Bussy-en-Othe,
dans l’Yonne. Il mourra en 1916 à Verdun et laissera derrière lui son épouse et
trois enfants dont l’aînée avait huit ans. Le thème de cette lettre est la description
d’un champ de bataille.
Le 2ème
document est une adaptation en bande-dessinée de la lettre. Elle
compte quatre planches composées d’un plan large, montrant le champ de
bataille, avec une vignette insérée sur les trois 1ères planches. Cette vignette en
gros plan présente le visage d’un soldat. Des phylactères reprennent la lettre dans
son intégralité.
Analyse :
Lettre Bande dessinée
Auteur René Jacob Juan Gimenez
Formes de discours - narration : le soldat
marche (1er paragraphe)
- description
(essentiellement) : « le
champ de bataille nous
est apparu dans toute
son horreur »
- Encadrés successifs
qui traduisent la marche
- Plan d’ensemble sur
l’intégralité de la
planche
Expéditeur « je » = René Jacob Vignette insérée, gros
plan sur le soldat qui
regarde le lecteur
Destinataire
Son épouse Lucie dans
un 1er temps (puis les
lecteurs) : lettre réelle.
Lecteurs de la BD
Fiction
Expression des
sentiments
L’auteur exprime son
dégoût face à ce champ
de bataille :
L’auteur traduit le
dégoût du soldat face à
ce champ de bataille :
Ce que je pense de cet extrait après étude :
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Liens avec les
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Lettre Bande dessinée
Expression des
sentiments
- Phrases nominales
- Types de phrases :
interrogatives.
- Répétitions :
« cadavres »
- Vocabulaire péjoratif :
« abominable »,
« horreur »
- Présentatifs : « c’est »
Pour l’auteur, la
description semble
impossible car les mots
manquent.
- Gros plan sur le
visage du soldat
- Couleurs : froides.
Aspect métallique
(armes )
- Trait imprécis :
volonté de montrer un
monde instable,
inquiétant.
Sens sollicités - Vue : « noirâtres »
- Odorat : « odeur
effroyable »
- Vue
Commentaires - Ce spectacle est
présenté comme irréel
« comme si un rideau de
théâtre s’était levé
devant nous »
- L’auteur subit ce
spectacle : voix
passive « le champ de
bataille nous est
apparu »
- L’auteur est touché
par des cadavres
allemands : français ou
allemands, leur sort est
commun.
-L’anéantissement
semble complet :
hommes mais aussi «
chevaux » et «
chaumières » =
destruction totale,
apocalyptique. Cette
émotion traduit
l’inquiétude pour
l’arrière et les familles :
les victimes sont aussi
des civils.
-Sens de lecture
particulier pour une BD,
les phylactères semblent
prendre la forme de la
lettre. (comme des
paragraphes qui se
suivent).
- Les armes sont mises
en valeur (couleurs et au
premier plan sur les
planches 3 et 4)
-Aspect fantomatique
des soldats (couleurs).
Les colonnes de soldats
se mêlent au champ de
bataille comme pour
annoncer leur destin : ils
doivent eux aussi
mourir.
Cette destinée est
soulignée par l’insertion
de la vignette
représentant René Jacob
,qui au fil des planches
s’incline. Son visage se
métamorphose et
devient un squelette ;de
plus sur la dernière
planche, il n’est plus
isolé dans une vignette
mais a rejoint le tas de
cadavres.
Le nom de l’auteur
apparaît sur la dernière
planche or il ne vit déjà
plus (Il mourra à Verdun
en 1916).
Ce que je pense de cet extrait après étude :
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La bande dessinée se compose de différents éléments :
La planche : page composée de vignettes
La vignette : image encadrée composant une planche
Les bulles (phylactères) : parties où les paroles des personnages sont retranscrites.
Les vignettes adoptent des plans plus ou moins rapprochés selon la scène
représentée :
Un plan large pour un paysage EX : …
Prolongements possibles :
Paroles de Poilus
A l’ouest rien de nouveau E. M. Remarque
La Chambre des officiers M.. Dugain
Un long dimanche de fiançailles S. Japrisot
Le Feu H. Barbusse
Voyage au bout de la nuit L. F. Céline
Le grand Troupeau J. Giono
Liens avec les
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René Jacob a été tué à Verdun en 1916 Il était fils de charron et lui-même boulanger à Bussy-
en-Othe dans l’Yonne. Il laissait derrière lui sa femme Lucie, et trois enfants dont l’aînée avait
huit ans.
1915
Comment décrire ? Quels mots prendre ? Tout à l’heure, nous avons traversé Meaux, encore
figé dans l’immobilité et le silence, Meaux avec ses bateaux-lavoirs coulés dans la Marne et son
pont détruit. Puis, nous avons pris la route de Soissons et gravi la côte qui nous élevait sur le
plateau du nord… Et alors, subitement, comme si un rideau de théâtre s’était levé devant nous,
le champ de bataille nous est apparu dans toute son horreur.
Des cadavres allemands, ici, sur le bord de la route, là dans les ravins et les champs, des
cadavres noirâtres, verdâtres, décomposés, autour desquels sous le soleil de septembre,
bourdonnent des essaims de mouches ; des cadavres d’hommes qui ont gardé des pauses
étranges, les genoux pliés en l’air ou le bras appuyé au talus de la tranchée ; des cadavres de
chevaux, plus douloureux encore que des cadavres d’hommes, avec des entrailles répandues
sur le sol ; des cadavres qu’on recouvre de chaux ou de paille, de terre ou de sable, et qu’on
calcine ou qu’on enterre. Une odeur effroyable, une odeur de charnier, monte de toute cette
pourriture. Elle nous prend à la gorge, et pendant quatre heures, elle ne nous abandonnera pas.
Au moment où je trace ces lignes, je la sens encore éparse autour de moi qui me fais chavirer le
cœur. En vain le vent soufflant en rafales sur la plaine s’efforçait-il de balayer tout cela : il
arrivait à chasser les tourbillons de fumée qui s’élevaient de tous ces tas brûlants ; mais il
n’arrivait pas à chasser l’odeur de la mort. « Champ de bataille », ai-je dit plus haut. Non, pas
champ de bataille, mais champ de carnage. Car les cadavres ce n’est rien. En ce moment, j’ai
déjà oublié leurs centaines de figures grimaçantes et leurs attitudes contorsionnées.
Mais ce que je n’oublierai jamais, c’est la ruine des choses, c’est le saccage abominable des
chaumières, c’est le pillage des maisons …
René Jacob