Histoire de l'Evangélisation à...

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Histoire de l'Evangélisation à Néma. Ces pages de lhistoire de la paroisse Saint Benoît de Néma ont été écrites, par Auguste Preira, un paroissien, à loccasion du cinquantenaire de cette paroisse en 2014. Avant de voir le jour, beaucoup d'efforts et d'énergies ont été fournis de part et d'autres par des ouvriers de l'Evangile à qui le Seigneur a confié la belle et difficile tâche de paitre le troupeau qui est à Néma et ses environs. De manière panoramique nous voulons parcourir les œuvres des hérauts de la Bonne Nouvelle dans la terre fertile et propice de Néma qui célèbre ses 50 ans d'existence. Allez, de toutes les nations, villes et campagnes faites des disciplesCes paroles du Christ ont retenti dans le cœur du préfet Apostolique de Ziguinchor Mgr Prosper DODDS. Depuis lors, l'évêque intrépide s'est mis en chemin à la recherche des âmes pour les conduire au Christ. Cela requiert d'énormes sacrifices. Et le pasteur de Ziguinchor ne disposait pas d'effectif suffisant pour atteindre tous les coins de son Eglise. Que faire ? En homme de foi et de courage, Monseigneur multiplia ses marches et démarches à la recherche des ouvriers pour défricher l'immense champ du Seigneur où murirait la moisson future. Il était convaincu que pour trouver, le meilleur moyen c'est de chercher sans se lasser et parfois même il faut chercher très loin. Partout où il passa, il renouvela cet appel du Christ : " La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux". Hélas ! Les déceptions ne manquèrent pas. Mais encore une fois, Monseigneur ne se découragea point. Les communautés visitées par Mgr DODDS répondaient souvent qu'elles étaient soit engagées dans d'autres missions ou qu'elles n'avaient pas suffisamment de personnel pour répondre à l'appel du Christ. A Saint Jean d'Albi en France les hésitations se multipliaient, d'autant plus que certains bruits incontrôlables tendaient à faire croire que la Casamance était une contrée déshéritée, les missionnaires réduits à la disette, l'apostolat impossible et inutile. Fort heureusement, Mgr DODDS savait faire valoir ses vertus de patience, de persévérance. Il savait aussi convaincre à juste titre. Finalement dans la communauté des pères oblats D'Albi l'esprit de sacrifice, car sacrifice il y eut, donna sa pleine mesure et cela dans l'esprit des fondateurs. Il fut alors décidé d'envoyer des oblats bénédictins en Casamance aider Mgr DODDS. L'exécution suivit immédiatement la décision. Le 18 Décembre 1954 les pères Molinier et Guittard arrivèrent à Dakar et un jour plus tard à Ziguinchor. Il était question de prospecter et de trouver la meilleure solution au problème : "Que peut-on réaliser au point de vue professionnel ? " En ce moment précis, il n'y avait pas des structures de formation professionnelle en Casamance. Les pères vont devoir faire œuvre de pionniers d'avant-garde. Après un bref séjour en France en Juillet 1955 pour préparer les travaux d'installation de la future mission, le père Guittard revient pour démarrer. Un terrain de 5 hectares longeant la route, à 3 km de Ziguinchor et à 300 m de l'aéroport dans la localité de Néma, venait de leur être concédé. Ce domaine était destiné à la mission et aux écoles (primaire et centre professionnel).

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Histoire de l'Evangélisation à Néma. Ces pages de l’histoire de la paroisse Saint Benoît de Néma ont été écrites, par Auguste Preira, un paroissien, à l’occasion du cinquantenaire de cette paroisse en 2014.

Avant de voir le jour, beaucoup d'efforts et d'énergies ont été fournis de part et d'autres par des ouvriers de l'Evangile à qui le Seigneur a confié la belle et difficile tâche de paitre le troupeau qui est à Néma et ses environs. De manière panoramique nous voulons parcourir les œuvres des hérauts de la Bonne Nouvelle dans la terre fertile et propice de Néma qui célèbre ses 50 ans d'existence. Allez, de toutes les nations, villes et campagnes faites des disciples… Ces paroles du Christ ont retenti dans le cœur du préfet Apostolique de Ziguinchor Mgr Prosper DODDS. Depuis lors, l'évêque intrépide s'est mis en chemin à la recherche des âmes pour les conduire au Christ. Cela requiert d'énormes sacrifices. Et le pasteur de Ziguinchor ne disposait pas d'effectif suffisant pour atteindre tous les coins de son Eglise. Que faire ? En homme de foi et de courage, Monseigneur multiplia ses marches et démarches à la recherche des ouvriers pour défricher l'immense champ du Seigneur où murirait la moisson future. Il était convaincu que pour trouver, le meilleur moyen c'est de chercher sans se lasser et parfois même il faut chercher très loin. Partout où il passa, il renouvela cet appel du Christ : " La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux… ". Hélas ! Les déceptions ne manquèrent pas. Mais encore une fois, Monseigneur ne se découragea point. Les communautés visitées par Mgr DODDS répondaient souvent qu'elles étaient soit engagées dans d'autres missions ou qu'elles n'avaient pas suffisamment de personnel pour répondre à l'appel du Christ. A Saint Jean d'Albi en France les hésitations se multipliaient, d'autant plus que certains bruits incontrôlables tendaient à faire croire que la Casamance était une contrée déshéritée, les missionnaires réduits à la disette, l'apostolat impossible et inutile. Fort heureusement, Mgr DODDS savait faire valoir ses vertus de patience, de persévérance. Il savait aussi convaincre à juste titre. Finalement dans la communauté des pères oblats D'Albi l'esprit de sacrifice, car sacrifice il y eut, donna sa pleine mesure et cela dans l'esprit des fondateurs. Il fut alors décidé d'envoyer des oblats bénédictins en Casamance aider Mgr DODDS.

L'exécution suivit immédiatement la décision. Le 18 Décembre 1954 les pères Molinier et Guittard arrivèrent à Dakar et un jour plus tard à Ziguinchor. Il était question de prospecter et de trouver la meilleure solution au problème : "Que peut-on réaliser au point de vue professionnel ? " En ce moment précis, il n'y avait pas des structures de formation professionnelle en Casamance. Les pères vont devoir faire œuvre de pionniers d'avant-garde. Après un bref séjour en France en Juillet 1955 pour préparer les travaux d'installation de la future mission, le père Guittard revient pour démarrer. Un terrain de 5 hectares longeant la route, à 3 km de Ziguinchor et à 300 m de l'aéroport dans la localité de Néma, venait de leur être concédé. Ce domaine était destiné à la mission et aux écoles (primaire et centre professionnel).

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Durant cette période, Néma n'était tout simplement que brousse et forêt avec cinq cases d'indigènes. Les habitants-vrais propriétaires- étaient les serpents, les singes, les chats tigres et d'autres bêtes. Pourtant c'est là qu'il faut construire. Tandis que le père Molinier était encore en France pour une collecte de fonds, le père Guittard quant à lui entreprit le débroussage dès Janvier 1956. La construction suit aussitôt. Celle-ci est assurée par un entrepreneur de Ziguinchor, M. Fabre. En Septembre 1956, arriva le frère Laurent accompagné de 32 tonnes de charpente métallique préfabriquée chez limouzy à Albi. Ainsi le 1er Novembre 1956, le père Guittard et le frère Laurent prennent possession de leur nouvel habitat. Bien sûr les travaux de construction n'étaient pas encore terminés il restait encore : la dépendance, la maison des sœurs, les écoles,… Pendant ce temps, en France, le Père Molinier qui a sillonné plaines et montagnes à la cueillette des fonds, achète les machines et le matériel d'imprimerie. Le père Molinier arrivera le 23 Mars 1957 avec une équipe de quatre religieuses. Un moniteur du nom de Gilbert et le frère Augustin seront aussi du voyage. Il fallait à cette nouvelle communauté de Néma un ciment spirituel pour bâtir quelque chose de solide. Les prières quotidiennes, l'idéal surnaturel, le dévouement, le zèle, l'esprit de famille et l'union des cœurs deviennent pour cette nouvelle communauté des missionnaires d'Albi une banque de données où se puisent tous les éléments nécessaires pour une vie agréable et belle.

C'est alors le moment d'ouvrir une école. Ce qui se réalisa en Novembre 1957. Aussitôt, les sœurs la prennent en charge. L'imprimerie ne tardera pas à démarrer. Cependant, il ne faut pas croire que tout était déjà parfait. L'eau courante et l'électricité demeuraient l'équation à résoudre. Les pères s'éclairaient au pétrole et pour obtenir de l'eau il fallait puiser avec la force des biceps. A l'imprimerie, on tournait les machines à bras. Les résultats sont alors minimes et les énergies s'épuisent. Il a fallu attendre en Novembre 1957 pour obtenir de l'administration coloniale la construction d'un transformateur qui fournit de l'électricité. Dès lors, tout s'améliore. Le château d'eau qui était déjà installé fonctionne. L'imprimerie fonctionnait déjà correctement et répondait aux critères de rapidité et d'efficacité. A la résidence l'installation de tuyauterie pour obtenir de l'eau sous pression était presque achevée de même que celle de l'électricité et la construction des sanitaires et des toilettes. Avec tous ces rendements spectaculaires, il fallait faire plus pour répondre à la demande très forte des habitants de la ville de Ziguinchor. Ainsi, à l'école primaire, les élèves arrivaient en nombre. Il fallait alors d'autres salles de classe sous les manguiers, en plein air. Un an plus tard, les missionnaires construisirent " trois salles, puis deux autres et une autre encore pour constater, chaque fois, qu'il faut agrandir, toujours… "Puisque l'eau courante était

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maintenant disponible les pères implantèrent à la mission un grand verger et y avait déjà planté des plants d'orangers, citronniers, mandariniers, papayers, avocatiers, ananas et autres bons fruits du terroir. Beaucoup d'arbres fruitiers tiennent encore jusqu'à nos jours tant bien que mal. Essor Rapide des œuvres des missionnaires à Néma En Novembre 1959, on pouvait déjà constater que tout tournait correctement à la résidence et au niveau des structures de formation des missionnaires. Les résultats acquis en moins de cinq ans (Décembre 1954-Novembre 1959) étaient étonnants. Dans une mesure peu ordinaire, le bilan était positif. Reconnaissons que : " C'était d'autant plus méritoire que, pendant les deux premières années, où il fallait bien planter avant de récolter, il a fallu vivre, avec, en tout et pour tout, deux cent quatre-vingt-douze francs français anciens, par jour pour tous frais !... " Le courage des ouvriers de la première heure dans le champ apostolique de Néma qui avaient copieusement arrosé tous les travaux de sueur humaine était à saluer. Même les Français qui vivaient en Casamance ont été émerveillés de la rapidité et de la continuité sans faille avec lesquelles la mission s'est développée ; " Ils ont trouvé en elle, l'âme vraie de la France lointaine." L'Eglise de la mission Les fidèles du quartier de Néma et des environs ne seraient-ils pas heureux de voir avec la présence des pères missionnaires érigée enfin une église ? Depuis déjà quelques années, les célébrations des messes du dimanche et des solennités se faisaient dans l'atelier de mécanique. Quoique vide de machines, il était bien souvent encombré de matériels divers. Il y avait toujours à la veille des messes le nettoyage des locaux pour permettre aux chrétiens et aux catéchumènes de s'y presser pour la célébration de l'eucharistie. Cependant, le nombre de fidèles ne cessait de croitre. Il n'est sans nul doute alors que le projet de construction d'une église se pose. Les chrétiens de ce patelin n'ont-ils pas appris à la catéchèse que " Dieu est partout, au ciel, sur la terre et en tous lieux. " Mais n'est-il pas plus présent dans un tabernacle ? Et plus vivant dans le cœur de ceux qui lui ont bâti une maison… la maison de Dieu ? Sans trop tarder les plans de l'église vont être conçus. Elle doit être simple mais spacieuse : 35 mètres sur 12. Et c'est après un court séjour au Sénégal du supérieur, le père Piques, du 17 décembre 1960 au 20 janvier 1961 que le lancement de la campagne de sensibilisation va être fait. Ce dernier s'adressa en ces termes à ses lecteurs et ses bienfaiteurs : " -Jugez-vous même: je suis resté trois semaines à Ziguinchor ; j'ai toujours célébré la messe pour les chrétiens dehors, y compris la messe de Minuit... Ne tardez pas la messe, ces chrétiens vont attraper la mort, me dit-on, le dimanche 1er janvier. Au matin, le thermomètre était descendu à 7°… J'ai eu pitié de ces frères chrétiens. J'ai promis… J'ai promis une participation importante aux frais de construction de cette église, qui surgira sur cette terre que la brousse monotone recouvrait, il y a si peu de temps, face à la brousse qui reste encore, à perte de vue… Inutile de dire qu'elle n'aura rien d'une cathédrale. Il suffit qu'il y ait des murs, un toit, beaucoup d'aération. Mais l'architecte connait l'art difficile d'allier la simplicité et la beauté. Nous lui faisons, vous comme moi, la plus entière confiance. " En effet, selon de Mgr DODDS : " l'œuvre de Néma, par l'importance de son action et la rapidité de sa croissance, dépasse toutes nos prévisions. C'est en 1957, que les pères Molinier et Guittard fondèrent le centre professionnel et s'installèrent dans leur bâtiment tout neuf, non loin du terrain d'aviation.

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Cette construction paraissait alors immense : elle est aujourd'hui trop petite… Depuis trois ans, le personnel s'est multiplié. Aux deux pères du début, sont venus se joindre deux Frères, deux séminaristes, un laïcs et, tout à côté, les sœurs oblates bénédictines ont ouvert leur première communauté missionnaire avec quatre religieuses. Les sœurs ont lancé une école primaire et, dans leurs cinq classes, ont été admis 265 élèves (le nombre de ceux qui ont été refusés, faute de place, est encore plus grand). Une des religieuses, infirmière, se dévoue en ville au dispensaire de Santiaba, et, chaque soir, en rentrant, trouve devant sa porte une cinquantaine de malades qui attendent des remèdes et des soins. Pour abriter tant de monde, d'année en année, les constructions ont poussé : maison des sœurs et dépendances, six salles de classe, etc.… Il ne reste plus qu'à mettre en chantier la chapelle du Centre, mais ici pose un gros problème… Le projet initial ne prévoit, en effet, qu'une chapelle de communauté, modeste dans ses dimensions, juste assez grande pour la population de l'œuvre : religieux et élèves… Pourquoi ne pas faire encore plus de bien, en créant une nouvelle paroisse, qui desservirait les quartiers environnants fort peuplés et en voie d'extension ?" C'est ainsi que l'érection d'une nouvelle paroisse à Ziguinchor et la construction d'une église proportionnée aux besoins des chrétiens de Néma et des environs, capable d'accueillir un millier de fidèles furent décidées. Il faudrait pour réaliser ce projet 5 à 6 millions de C.F.A soit 120000 francs français. Encore une fois, les pères n'attendront pas d'amasser toute la somme avant de commencer les travaux. Le frère Laurent est déjà à pied d'œuvre. Aussi, ils savent compter sur les généreux bienfaiteurs. Les contributions des donateurs pour cette œuvre ne vont pas tarder. Ainsi le 20 Août 1961 la souscription en faveur de la nouvelle église de Néma s'élevait à un montant de 2905 francs français. Les premiers travaux ont commencé en Mai 1961. Presque un an après, c'est-à-dire en Mars 1962, l'église était couverte. Après un an d'interruption des travaux en raison de l'insuffisance des moyens financiers, les infatigables ouvriers de la première heure de la future paroisse procédèrent à la bénédiction du carillon électrique le jour de la solennité de Pâques 1963. En Septembre de la même année les vitraux et les fresques apportaient à cet édifice à la note liturgique vigoureuse qui, dès l'entrée, plonge les fidèles au cœur même du dogme du mystère de la Rédemption. C'est alors à ce moment que les pères décidèrent d'ouvrir les portes de l'église au culte. Les chrétiens et les catéchumènes pourront aisément et dans une ambiance de recueillement s'adresser à Dieu par son Fils-Bon-Pasteur qui a donné sa vie en Croix pour libérer l'homme de l'emprise de la mort éternelle. Toute paroisse est délimitée par l'autorité ecclésiastique compétente. Ainsi, le 13 Février 1964, Mgr DODDS rendit public le décret d'érection de la paroisse Saint-Benoît et en précisa les limites tant sur l'agglomération de Ziguinchor que sur la campagne. Pour rappel en 1954, à l'arrivée des pères en Casamance Néma était une brousse, il n'y avait que quelques familles qui y résidaient. Mais il a suffi quelques années pour que ce patelin jusqu'alors négligé soit appelé plateau de Néma. Ce milieu jadis sombre et quasi infranchissable voit surgir tour à tour un Lycée, une cité d'H.L.M, un hôpital chirurgical, des ateliers de formation…. Ainsi s'étend-t-il jusqu'à la frontière de la Guinée Portugaise, ce qui lui donne 15 à 20 Kilomètres de long sur 1 à 3 de large. Le groupe ethnique majoritaire était celui des Mancagnes suivi des Diolas, des Manjaques, des Baïnounks et des Balantes. La bénédiction solennelle de l'église avait été prévue pour le mois de Janvier 1965. Cela ne s'est pas réalisé. Finalement, l'église de cette nouvelle paroisse imposante par ses dimensions sera consacrée par Mgr DODDS le 21 Mars 1965, jour de la fête de saint Benoit, patron de la paroisse. Toute la paroisse fut mobilisée et préparée pour célébrer et consacrer

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plusieurs années d'efforts et de sacrifices, tant de la part de ceux qui ont participé à la construction que des généreux bienfaiteurs qui ont consenti d'énormes sacrifices afin que Dieu établisse fermement sa demeure sur la terre de Néma. Plus d'un milliers de fidèles avaient pris part à cette célébration. Mgr DODDS Chanta la messe, entouré de Mgr Moloney, évêque de Bathurst (Gambie anglaise), de Mgr Augustin Sagna, Vicaire général et de nombreux prêtres du diocèse. Beaucoup de religieux et religieuses ont aussi pris part à ce grand événement. Parmi les officiels, il y avait le ministre de l'enseignement Technique, plusieurs députés, le gouverneur de la Région, le Maire de la ville, le Consul de France, le président de la chambre de commerce et un grand nombre de bienfaiteurs. Maintenant la construction de l'église de pierre est réalisée à part entière " mais c'est dans l'âme de chacun que doit se bâtir et se développer la présence de Dieu. C'est là le travail de la grâce dont nous devons être les instruments. Cette grâce passe par les sacrements. " . Cela ne va pas tarder car le 23 Mai de la même année, 38 élèves ont communié au Corps du Christ pour la première fois et 20 ont reçu le sacrement de Confirmation. A la Pentecôte, 11 Jeunes ont aussi reçu le baptême et 21 ont fait solennellement leur profession de foi. Un beau chef-d'oeuvre Il est bon à présent de parler de cette magnifique église paroissiale qui dès qu'on y accède nous impose le recueillement et l'admiration.

Les cloches de l'église ont été bénies par Mgr DODDS à la l'occasion de la fête de Pâques 1963. Dès lors, elles impressionnaient tous les fidèles, les cohabitants et tous les passants qui les voyaient s'ébranler tout d'un coup d'elles-mêmes et sonner le joyeux carillon qui appelait les chrétiens des environs aux offices et aux angélus quotidiens. La plus grosse pèse 150 Kg et elle porte les prénoms de André-Marie, leurs donateurs. La seconde pèse

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100 Kg et elle s'appelle Marie-jeanne-Benoit, du nom de la supérieure de la mission et du révérend père supérieur général. L'installation du carillon électrique et de l'angélus automatique a été réalisée par le frère Laurent. En entrant par le portail du fond, on a une vue en perspective qui se prolonge sur une scène grandiose de 120 m2, d'un relief saisissant, peuplée de personnages qui semblent se déplacer sous un ciel tourmenté de tornade.

Le sacrifice de la croix est rendu visible et vivant, actualisé par l'attitude et la transposition moderne des figurants. La messe célébrée, au pied de ce calvaire, semble effacer les barrières du temps et plonge, comme tout naturellement, le chrétien au sein de ce mystère " Vous ferez cela en mémoire de moi " (1 Cor 11,25).La scène est éclairée par un lumineux vitrail en dalles de verre éclaté où l'Agneau Pascal, emblème de la congrégation des pères, invite à l'espérance et à la joie de la résurrection. Dans une chapelle latérale (actuel tabernacle), la sainte Famille, grande dévotion du père fondateur de la congrégation, surmonte l'autel. Les murs latéraux sont ornés de deux faux-reliefs représentant le bon Pasteur et saint François Xavier, modèle des missionnaires.

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Le baptistère à l'entrée de l'église, reproduit la scène de Moïse frappant le rocher. Les personnages sont africains. Le sens en est explicité par les textes de l'Ecriture se rapportant à l'eau vive de la grâce et du baptême qui nous plonge dans la foi (Cf. Is 55, 1- 11 ;Ez 36 et Rm 6).

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Ces fresques sont l'œuvre de Bruno Schmeltz qui, au-delà de sa technique incontestable, a fait passer dans son œuvre tout l'élan de sa foi et de son dynamisme. Les vitraux dont l'agencement des riches coloris force l'admiration, sont aussi de lui. Les missionnaires ont aussi fait recourt au savoir-faire africain pour sculpter les bénitiers et les fonts baptismaux. En faisant le tour du tronc d'arbre nous pouvons suivre des bas-reliefs d'une facture primitive qui relate l'histoire du salut : le péché d'Adam, les commandements de Dieu, l'Incarnation par la Nativité, la Rédemption par le calvaire et le Salut par la Résurrection du Chrétien dans le Christ, source de notre Foi par le baptême. Tout le riche trésor acquis par les missionnaires sera désormais confié aux fils et filles de la Casamance. L'aventure missionnaire des Pères oblats bénédictins en Casamance allait prendre fin ainsi après 27 ans de dur labeur. Parmi les raisons qui ont précipité leur départ, il y a la baisse croissante et vertigineuse du nombre des membres de la famille religieuse des Oblats bénédictins et à la crise des vocations en France. Il manquait de bras surtout jeunes pour s'occuper des structures de la Congrégation en France. Les vaillants hérauts de l'Evangile quitteront définitivement la Casamance en février 1982.

Ziguinchor le 26 Juin 2014 Auguste PREIRA