Histoire de la médecine au Maroc, des origines à l ... · des origines à l'avènement du...

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Histoire de la médecine au Maroc, des origines à l'avènement du Protectorat * par Mustapha AKHMISSE ** Une des grandes difficultés que j'ai rencontrées pour mener à bien ce travail est le manque de bibliographie. J'ai dû parcourir un grand nombre de livres d'histoire pour récolter quelques faits sur la vie de tel ou tel médecin d'autant plus que l'activité religieuse ou littéraire de ces médecins était tellement débordante qu'elle faisait disparaître le côté scientifique pour être remplacé par une prose ou une poésie exubérante. De plus, l'art de guérir était considéré comme accessoire aux yeux de biographes maghrébins pour qui le savant était avant tout un juriste, un philosophe ou un poète avant d'être un homme de science. Le plan de mon exposé est des plus simples, il compte cinq parties qui correspondent aux grandes périodes de l'histoire du Maroc. - La Ire période va des origines au règne des Idrissides qui se termine en 1068. - La 2e période couvre les règnes de la dynastie des Almorávides et Almohades (1069-1269). - La 3e période correspond au règne de la dynastie des Mérinides (1269-1465). - La 4e période couvre le règne de la dynastie des Saadiens (1465-1663). - Enfin la 5e période commence avec l'actuelle dynastie des Alaouites en 1664 ; nous nous arrêterons à l'avènement du protectorat français. Pour la période qui va de l'Antiquité aux Idrissides, c'est-à-dire des origines à 1068, les documents furent très rares et souvent j'ai procédé par analogie. Comme partout ailleurs, les premiers habitants du Maroc savaient reconnaître l'efficacité d'une plante ou d'un minerai pour tel ou tel mal. Avec le temps ils se sont constitué des recettes. Par la suite à l'instar de ce qui se passait dans le pourtour méditerranéen, le Maroc a dû connaître des sorciers ou prêtres guérisseurs. * Communication présentée à la séance du 28 mars 1992 de la Société française d'Histoire de la Médecine consacrée à l'Histoire de la Médecine au Maroc. ** Ministère de la Santé Publique - Rabat - Royaume du Maroc. HISTOIRE DES SCIENCES MÉDICALES - TOME XXVI - № 4 - 1992 263

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  • Histoire de la médecine au Maroc, des origines à l'avènement du Protectorat *

    par Mustapha AKHMISSE **

    U n e des grandes difficultés que j ' a i rencontrées pour mener à bien ce travail est le

    m a n q u e de bibl iographie . J'ai dû parcour i r un grand n o m b r e de l ivres d'histoire pour

    réco l t e r q u e l q u e s faits sur la v ie de tel ou tel m é d e c i n d 'au tan t p lus q u e l 'ac t ivi té

    r e l i g i e u s e ou l i t t é ra i re d e ces m é d e c i n s é ta i t t e l l e m e n t d é b o r d a n t e qu ' e l l e fa isa i t

    d i s p a r a î t r e le c ô t é s c i e n t i f i q u e p o u r ê t r e r e m p l a c é p a r u n e p r o s e ou u n e p o é s i e

    exubérante .

    D e plus , l'art de guérir était cons idéré c o m m e accessoi re aux yeux de b iographes maghréb ins pour qui le savant était avant tout un jur is te , un phi losophe ou un poète

    avant d 'être un h o m m e de sc ience . L e p lan de m o n e x p o s é est des p lus s imples , il

    compte cinq parties qui correspondent aux grandes pér iodes de l 'histoire du Maroc .

    - La I re pér iode va des origines au règne des Idrissides qui se te rmine en 1068.

    - La 2e pér iode couvre les r ègnes de la dynas t ie des A lmoráv ide s et A l m o h a d e s

    (1069-1269) .

    - La 3e pér iode correspond au règne de la dynast ie des Mérin ides (1269-1465) .

    - La 4e pér iode couvre le règne de la dynast ie des Saadiens (1465-1663) .

    - Enfin la 5e pér iode c o m m e n c e avec l 'actuelle dynast ie des Alaoui tes en 1664 ; nous

    nous arrêterons à l 'avènement du protectorat français.

    Pour la pér iode qui va de l 'Antiquité aux Idrissides, c 'est-à-dire des origines à 1068,

    les documents furent très rares et souvent j ' a i p rocédé par analogie.

    C o m m e p a r t o u t a i l l eu r s , les p r e m i e r s h a b i t a n t s du M a r o c s ava i en t r e c o n n a î t r e

    l'efficacité d 'une plante ou d'un minerai pour tel ou tel mal . A v e c le temps ils se sont

    consti tué des recettes.

    Par la suite à l 'instar de ce qui se passai t dans le pour tour médi ter ranéen, le Maroc a

    dû connaî t re des sorciers ou prêtres guér isseurs .

    * Communicat ion présentée à la séance du 28 mars 1992 de la Société française d'Histoire de la

    Médecine consacrée à l'Histoire de la Médecine au Maroc.

    ** Ministère de la Santé Publique - Rabat - Royaume du Maroc.

    HISTOIRE DES SCIENCES MÉDICALES - TOME XXVI - № 4 - 1992 263

  • L'occupat ion du Maroc par les Phénic iens et les Roma ins a permis à ces tradipra-ticiens d'enrichir leur savoir médica l .

    Dès 681 arrivèrent les Arabes ; l 'époque des gouverneurs n'a duré que six ans ; très vite, est née la dynast ie des Idrissides qui avec la construct ion de Fès , a t ransposé La médec ine de l 'Orient au Maroc .

    Des hôpi taux à l 'instar de ceux de D a m a s ont été édifiés. Des médec ins venant de D a m a s ont dû y exercer leur art de guér i r . N o u s n ' avons pas t rouvé de n o m s ayant marqué cette pér iode ; toutefois, on peut dire sans se t romper que la médec ine d'alors était fondée sur la division de la mat ière en quatre é léments (feu, terre, air et eau) et que cette médec ine restait imprégnée de ce qu 'on appelai t la médec ine du Prophète basée sur le jus te mil ieu, la t empérance et la modéra t ion .

    C'est la pér iode Al Morav ide et Al M o h a d e (1069 - 1269) qui va const i tuer le grand m o m e n t historique de la médec ine dans notre pays .

    De grands n o m s vont apparaî tre ; ils vont laisser de nombreuses œuvres médicales . Seulement , au cours de cette pér iode, l 'histoire médica le du Maroc et celle de l 'Espagne m u s u l m a n e vont se confondre . N o u s al lons assis ter à un va et vient incessant ent re l 'Andalousie et le Maghreb des médec ins tels que : Avenzoar (Ibn Zohr) , Avenpasse (Ibn Baja) , Averroès (Ibn Rochd) , Ibn Tofail .

    Je ne vous parlerai pas de la vie et de l 'œuvre de ces médec ins ; j e vais plutôt vous apporter les faits saillants qui ont marqué la médec ine de ce long règne.

    On peu t di re que pendan t cet te pé r iode les médec ins portaient une grande attention à l 'observat ion du m a l a d e au lit. Cer ta ines m a l a d i e s in fec t i euses é rup t ives te l les q u e rougeole , varicelle et variole ont été mieux analysées et mieux définies.

    La chirurgie sous l ' influence d 'Abulcassis a pris un grand essor. L 'ense ignement de la médec ine a vu le jou r à Mar rakech , Sebia , Tanger et Fès .

    D e s r é u n i o n s s c i e n t i f i q u e s q u e d i r igea ien t les Cal i fes e u x - m ê m e s , é ta ient a n i m é e s pa r d e s m é d e c i n s auss i c é l è b r e s qu 'Ibn Rochd, Ibn Tofail .

    Et pour la p remiè re fois, on assista à la c réa t ion d 'une b ib l io thèque c o n s a c r é e aux livres de médec ine par Yacoub El Mansour à Marrakech .

    U n e autre caractérist ique de cette pér iode e s t l a c r é a t i o n d ' u n c o r p s d e f e m m e s -m é d e c i n s ( d o n t les n i è c e s d ' Ibn Z o h r ) et l ' o rganisa t ion de la "ma i son des s i rops et d e s p o m m a d e s " , q u i e s t l ' é q u i v a l e n t d e

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    La mosquée de la Koutoubia ou mosquée "des libraires" - Marrakech (Xlle siècle).

  • notre actuel le pha rmac ie centra le . L e rôle de cet é tab l i ssement était de fabriquer les r emèdes , de les dis tr ibuer et d'en s tocker une par t ie pour les guerres et ca tas t rophes éventuel les .

    Pendan t cet te pér iode , Y a c o u b el M a n s o u r a construi t un hôpi ta l à Mar rakech . Il l 'appela la maison de la misér icorde ou "Dar El Faraj" qui a été évoquée par plusieurs historiens marocains dont El Morrakouchi .

    "L'hôpital, disai t El M o r r a k o u c h i , était doté d'eau courante chaude et froide. Il disposait de bains, de cuisine, et de buanderie. Il comptait quatre bassins -dont l'un

    était en marbre blanc- qui laissaient couler l'eau autour de parterre de fleurs et

    d'arbres fruitiers que le Calife avait fait planter pour l'agrément des malades".

    Le plan assurait la séparation des h o m m e s et des femmes et permettai t la spéciali-sation des locaux : médec ine , ophta lmologie et t raumatologie .

    "Les patients disposaient d'habit de jour et de nuit.

    Ils pouvaient choisir leurs menus et en rentrant chez eux, ils recevaient un pécule en attendant d'être complètement rétablis".

    A noter que cet é tabl issement était géré par les biens Habous , l 'équivalent des b iens de l 'Eglise.

    Deux autres hôpi taux ont vu le jou r : l'un à Chel lah, et l 'autre à Ksar El Kebir .

    U n e léproserie modè le a été édifiée à Bab A g h m a t à Marrakech .

    Il existait par ailleurs deux sortes d 'hôpitaux ambulants , des hôpi taux mili taires qui

    su iva i en t l ' a r m é e en g u e r r e et des h ô p i t a u x c iv i l s qu i é t a i en t d é p l o y é s en c a s d e

    catastrophe.

    Nous arr ivons à l 'époque Mér in ide qui va de 1269 à 1465. Par rapport aux pér iodes p récédentes , elle est carac tér isée par les g rands encou ragemen t s des souvera ins aux h o m m e s de lettres et de sciences. Au cours de cette pér iode , de nombreux ouvrages ont

    été rache tés , c o m p o s é s ou recopiés . L 'univers i té j rirfjj aJI Al Qa raou ine a connu ses m o m e n t s de gloire.

    C'est la première fois que l 'université délivra des Ijaza ou d ip lômes à ses étudiants . Il faut signaler que la cul ture médica le tendait à devenir essent iel lement maroca ine .

    Les techniques chirurgicales furent amél iorées par Al Idrissi. L e médec in Ibn Khat ib qui s ' intéressa à l 'embryologie , a émis des hypothèses très avancées sur la genèse du fœtus. Un autre médec in Tadil i , dans son épitre sur les maladies ép idémiques :

    . a ¿51^1 J>\j »"¿1 a o^S^Jl d IUJI a mis en relief pour la première fois l ' importance de l 'hygiène du mil ieu et l 'intérêt de la lutte contre la pollut ion de l 'environnement .

    Les insti tutions hospital ières étaient caractérisées par la place réservée aux services psychiatr iques qui jouissaient d'un confort inégalé.

    C'est ainsi qu 'aux murs de chambres étaient accrochés , à l ' intention des infirmiers, les é c r i t e a u x su ivan t s : " S o y e z d o u x a v e c les m a l a d e s " . L e s a l i énés n ' é t a i en t p a s at tachés ; l 'après-midi ils assistaient à des concerts donnés par des orchestres andalous . Il s'agissait là de véri tables séances de musico- thérapie .

    Par ail leurs, l 'époque Mér in ide a vu se développer pour la première fois des cures thermales ; des stations furent édifiées à Moulay Yacoub et à Sidi Hrazem.

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  • L ' é p o q u e S a a d i e n n e , q u i v a d e 1 4 6 5 à 1 6 6 3 , fut ce l le de l ' ouve r tu re sur le m o n d e o c c i d e n t a l - un g r a n d n o m b r e de m é d e c i n s é t r angers e n v o y é s pa r leurs ro is sont v e n u s s'initier à la médec ine maroca ine . C'est ainsi q u e D e l i s l e s de la F a c u l t é de m é d e c i n e de l 'Un ive r s i t é de Pa r i s es t v e n u s ' ins ta l ler au M a r o c . E t i e n n e H u b e r t , un a u t r e m é d e c i n français, l'a suivi. Jean Mocquet , botaniste et p h a r m a c i e n , e s t v e n u é t u d i e r l a f l o r e m a r o c a i n e dont il par la l o n g u e m e n t dans sa r e l a t i o n d e v o y a g e . M o c q u e t à s o n r e t o u r p r é s e n t a à L o u i s X I I I ( f i l s d e M a r i e d e Médicis) les différents échanti l lons récoltés à Safi "leur Majesté Louis XIII, dit M o c q u e t , furent (sic) bien aisée de voir mes singularités et commandèrent de me faire bailler bien propre en leur palais des Tuileries pour y dresser un cabinet de toutes sortes de rareté et choses curieuses que j'avais rammassées de tous mes voyages à Saffy".

    Cet échange culturel a été déve loppé grâce à la notor ié té des t ravaux de l 'un des grands m é d e c i n s d e l ' é p o q u e : A b o u l K a s s i m B e n M o h a m e d Al Waz i r Al Ghassani .

    . iL - ,

    Les tombeaux Saadiens Marrakech (XVIe siècle)

    qui fut le médec in du roi A h m e d Al Mansour . Son œuvre célèbre est :

    ou "Jardins des fleurs pour l'exposition des caractères des herbes et des drogues végétales". L'intérêt de ce livre par rapport à la vieille pha rmacopée orientale est qu'il apporte un essai de classification à trois degrés :

    - Le genre j j — _ i » J l

    - L 'espèce ¿3

    - La catégorie

  • c o u r s à l ' un ive r s i t é A l Q a r a o u i n e et e n c o u r a g e a i t la r e c h e r c h e en a c c o r d a n t aux é tud ian ts des bou r se s d 'é tude . El le fut m a r q u é e auss i pa r le long r ègne de M o u l a y Ismael , lequel a réorganisé l 'université Al Qaraouine en titularisant les professeurs et en l éga l i s an t les d i p l ô m e s don t ce lu i de la m é d e c i n e . C 'es t a ins i q u e l ' e n s e i g n e m e n t re levai t du "qadi" , qui était en que lque sorte le rec teur de l 'universi té . C'est lui qui conférait, après consultat ion des autres professeurs , le droit de se servir du Koursi ou c h a i r e d e s fu turs e n s e i g n a n t s . L e Q a d i a s s i s t a i t d e t e m p s en t e m p s au c o u r s d e s professeurs pour contrôler la quali té de leurs connaissances .

    C o m m e n t se passait le cours de médec ine ? U n e fois le professeur installé, un "taleb" ou étudiant appelé "quari" ou lecteur lit une phrase d 'une œ u v r e médica le , le maî t re l 'explique puis p rononce le mot "zide" qui veut dire "con t inue" ; à l 'étudiant de lire une deux ième phrase et ainsi de suite jusqu 'à la fin du cours .

    Les œuvres étudiées étaient : le Kami l de Razes , le Canon d 'Avicenne, la Zebda et T ibb de Djordyani . Lorsqu 'un professeur décédait , le deuil durait sept jours .

    Par a i l leurs M o u l a y I smae l s'est in té ressé à l 'hygiène . C'est a insi qu' i l édif ia u n réseau d'égoûts dans sa capitale Meknès .

    Le Dr Gaud , dans les années trente, a re t rouvé avec exact i tude le réseau d'eau et d ' é g o û t s de M e k n è s . Il é t a i t e n t r e t e n u p a r les " K a d o u s s i e r s " ou c o r p o r a t i o n des é b o u e u r s q u i a v a i e n t à l e u r t ê t e u n c h e f a p p e l é " c h i e n d ' e a u " o u

    «I J l v 1S . Cette pé r iode a é té m a r q u é e par des n o m s cé lèbres c o m m e : Abde lkade r Ben El

    Arabi , Ibn Chekroune al Maknass i . Ce dernier fit de fréquents séjours au Caire . Son

    œuvre maî t resse reste un p o è m e médica l ou urjuza de 672 vers.

    Il y fournit le vocabula i re technique de la diétét ique et de la mat ière médica le de l 'époque. Dans ce t ravai l , il ind ique l 'uti l isation et la nocivi té de divers a l iments en fonction de leur maîtr ise. Il a réalisé une étude sur la salsepareil le qu'il r e c o m m a n d e c o m m e trai tement radical de la syphilis .

    Mais dès 1823, le Maroc connut une pér iode de t roubles.

    Les souvera ins maroca ins , voyant le n iveau scientif ique du pays péricl i ter , firent appel à l 'étranger. C'est ainsi que Moulay El Hassane envoya en Europe et en Orient une pléiade de jeunes pour s'initier à la science moderne .

    C'est dans cet esprit que le cherif Abdes l am El Alami a été envoyé à la j eune Facul té de Médec ine du Caire dir igée par un Français le Dr Clot devenu Clot Bey. A son retour, il devint le médec in part iculier du roi Moulay El Hassane . Son œuvre maî t resse est :

    qui peut être traduite par l 'aphorisme de Daoud Al Antaki en langue de Fès.

    Son autre ouvrage , peu connu, s'intitule : "Les secrets des œuvres t raduites" ou

    Dans ce l ivre , il e ssaya de donne r un aperçu sur la médec ine et la thé rapeu t ique

    occidentale du début du 19e siècle auxquel les il s'initia au Caire.

    La médec ine au Maroc va bientôt sombrer dans le déclin le plus total. Elle perdit tout s o n c ô t é s c i e n t i f i q u e et l a i s s a p l a c e à la t h é r a p e u t i q u e r e l i g i e u s e et " m a g i c o -sorcellaire". Quant à la thérapeut ique par les s imples , elle sera rédui te à sa plus s imple expression.

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  • Mosquee Al Qaraouine

    Fès (¡Xe siècle)

    La M o s q u é e Al Qaraouine cessa d 'enseigner la médec ine et le dernier d ip lôme a été délivré par cette universi té en 1893.

    Il restait deux foyers où se maintenai t l ' enseignement de l'art de guérir à Taghzoute et dans la médersa Ben Youssef à Marrakech .

    Le livre de chevet des étudiants était celui de Sayout i

    "Le livre de la misér icorde" ou " à o ^ J l L _ » L _ _ — J S " où se mêlaient recettes magiques , incantat ions et prescript ions magis t ra les . On retrouve quelques ophta lmologis tes , dont M o h a m e d Ben Lancen Alouadiss i qui traitait les taies de la c o r n é e par les po in te s de feu ; il p rocéda i t à l ' ex t rac t ion du cr i s ta l l in par le "mérouad", espèce de poinçon en cuivre .

    Les hôpi taux péricli tèrent et la plupart d 'entre eux se t ransformèrent en asiles pour al iénés.

    A l 'avènement du protectorat , une idée très net te de la médec ine d'alors était donnée par des notes réd igées par le Dr Bule t et une é tude sur l 'hygiène et la m é d e c i n e au Maroc avait déjà été établie par le Dr Renaud en 1902.

    Faudrait- i l conclure par le m o t célèbre "toutes les civil isations sont mor te l l es" ? La science est-elle un éternel r e c o m m e n c e m e n t ? Je le crois personnel lement puisque le Maroc , après avoir connu une médec ine très développée , médec ine héritée des Anc iens , perfect ionnée par les Arabes et enfin enrichie par le génie marocain , a connu le déclin. M a i s l ' a v è n e m e n t du p r o t e c t o r a t v a r e d o n n e r v i e à c e t t e m é d e c i n e q u i c o n n a î t a c t u e l l e m e n t u n e l a r g e e x p a n s i o n g r â c e au n o m b r e c r o i s s a n t et à la q u a l i t é de s médec ins sortant des deux Facul tés de médec ine dont dispose actuel lement le Maroc , les Facul tés de Casablanca et de Rabat .

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  • BIBLIOGRAPHIE

    D R RENAUD H.P. Origine de la médecine arabe en Espagne : Bulletin de la Société française d'histoire de la médecine, nov-déc 1 9 3 5 , pp. 3 2 1 - 3 3 2 . Etat de nos connaissances sur la médecine ancienne au Maroc : Bulletin de l'Institut des Hautes Etudes Marocaines № 1 Dec 1 9 2 0 - pp. 7 2 - 8 3 - Paris E Larose. De quelques acquisitions récentes sur l'histoire de la médecine arabe au Maroc : Actes du Ve Congrès international d'histoire de la médecine, Genève, Juillet 1 9 2 5 - pp. 1 1 4 - 1 2 1 .

    D R RENAUD H.P. et COLIN S. Ibn Al Hachcha : glossaire sur le Mansuri de Razès - Publication de l'Institut des Hautes Etudes Marocaines - Vol. XI - 1 9 3 1 . Documents marocains pour servir à l'histoire du "Mal Franc". Publication de l'Institut des Hautes Etudes Marocaines - Vol XV - 1 9 3 5 .

    D R RENAUD H.P. Un essai de classification botanique dans l'œuvre d'un médecin marocain au XVIe siècle. Mémorial Henri Basset - Librairie Paul Genthner - Paris - 1 9 2 8 .

    D R ABDELMALIK FARAJ. Relations médicales hispano-maghrébines au Xlle siècle. Edition Véga -Paris 1 9 3 5 .

    D R GAUD. Les médecins français au Maroc au temps des Saadiens - Maroc Médical, № 2 9 et 3 1 du 1 5 juillet 1 9 2 4 .

    D R RAYNAUD L. Étude sur l'hygiène et la médecine au Maroc. Alger, Paris - J. B. Baillière et Fils, 1 9 0 2 .

    ABDELKADER KHATTAK. Un diplôme de médecin à Fès en 1 8 3 2 . Bulletin de la Société d'histoire du Maroc, n°3 - Rabat.

    SUMMARY

    Morocco's medicine history between its origin and the protectorate

    We have scare documentation about it till the Xlth century 's end ; but we got straight from the horse's mouth, that prevailing of empirism and conjurers has gone to pieces soon after the arrival of the Phenicians and the Romans. Their weighty knowledge was the more cheered that they were on the same wave length the Prophet's medicine grounded on temperance and moderation. That is why, after the accession of the Al Moravide and Al Mohade dynasties (Xllth, XIHth centuries) came a gorgeous period over ruled by the. names of Avenzoar, Avenpasse, Averroes and Abulkassis. Hospitals were built, with distinctive departments, as a main pharmacy able to face up sudden calamities ; ambulances were setted up, following the Army or rushing towards the site of an earthquake, for example. They took an interest for hygiene and preventive medicine too ; as to teaching, it was in the hands of the Marrakech Mosque where an important library was built.

    1463 gave tokens of opening upon the west european world and, after 1664, under the Alaouite, was observed the highest pitch of Moroccan medicine whose pride was Moulay Errachid, King and physician.

    Unfortunately, disturbances, riots and other raws, which lasted since 1823 till the XXth century is first years, hit Moroccan medicine below the belt. Things were getting out of hands, the last diploma was conferred in 1893, hospitals crumbled down and people returned to quackery.

    But, the Protectorate put the shoulder to the wheell and the king's government recalled to life the old medical moroccan genius which, is nowadays a tip top one.

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  • Statue d'Esculape (fin du Hème ou début du IHème siècle) découverte à Volubilis. (Musée Archéologique, Rabat. Photo M. Mohamed Abdeljabil Elhajraoui).

    Nous remercions : - Madame la Directrice de l'Institut National des Sciences de l'Archéologie et du Patrimoine du

    Royaume du Maroc qui nous a autorisés à publier cette reproduction. - Monsieur le Conservateur du Musée Archéologique de Rabat pour son aide précieuse.

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