Histoire Civilisations Septembre 2015

100
AFRIQUE 4800 F CFA ; ANTILLES-RÉUNION 6,50 € ; BELGIQUE LUXEMBOURG 5,95 € ; CANADA 8,95 $CAN ; LIBAN 12 000 LBP ; MAROC 60 MAD ; SUISSE 9,50 CHF ; TUNISIE 12 DTU ; PORTUGAL 6,50 €. & CIVILISATIONS & CIVILISATIONS N° 9 SEPTEMBRE 2015 LA FORTUNE DES TEMPLIERS MOINES, GUERRIERS ET BANQUIERS LA CONQUÊTE DU PACIFIQUE UNE ÉPOPÉE ESPAGNOLE LOUIS XIV 1715, LA MORT À GRAND SPECTACLE LES GRECS ET L'ASTROLOGIE L'HÉRITAGE DES MÉSOPOTAMIENS HANNIBAL CONTRE SCIPION DUEL DANS LE DÉSERT

description

...

Transcript of Histoire Civilisations Septembre 2015

  • AFRIQU

    E4800

    FCFA;ANTILLES-RUN

    ION6,50

    ;BELGIQUE

    LUXEMBOUR

    G5,95

    ;CANADA

    8,95

    $CAN

    ;LIBAN

    12000LBP;M

    AROC

    60MAD

    ;SUISSE9,50

    CHF;TUNISIE12

    DTU;POR

    TUGAL6,50

    .

    & CIVILISATIONS

    &CIV

    ILIS

    ATIO

    NS

    N 9SEPTEMBRE 2015

    LA FORTUNE DES TEMPLIERSMOINES, GUERRIERS ET BANQUIERS

    LA CONQUTEDU PACIFIQUE UNE POPEESPAGNOLE

    LOUIS XIV1715, LA MORT GRAND SPECTACLE

    LES GRECS ET L'ASTROLOGIEL'HRITAGEDES MSOPOTAMIENS

    HANNIBALCONTRE SCIPIONDUEL DANS LE DSERT

  • Je dsire recevoir gratuitement, sans engagement de ma part, la documentationdtaille de la croisire Mkong propose par La Vie du 24 janvier au 5 fvrier 2016. Jejoins les adresses de mes amis intresss sur papier libre.

    Nom.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    Prnom .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    Code postal

    Ville. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    Tl HiCI-9

    Mail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . @ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    Demandez la documentation gratuitepar tlphone au 01 83 96 83 40par mail : [email protected] courrier, en retournant le bon ci-dessous, : Rivages du MondeCroisire Mkong La Vie - 29 rue des Pyramides 75001 Paris

    Retrouvez toutes nos offres de voyages sur lavie.frConformment la loi informatique et libert du 6 janvier 1978, vous disposez dun droit daccs et de rectication de vos donnes vous concernant.Li

    c 07

    5 01

    007

    0 - C

    rdi

    ts p

    hoto

    : Fo

    tolia

    /Mas

    terL

    u

    EN COMPAGNIE DE302 Prsident du CCFD Terre Solidaire,

    ancien prsident des Amis de La Vie

    3"0-%+/! Spcialiste du bouddhisme et collaborateur au Monde des Religions.

    63Saigon, lancienne capitale coloniale franaise3Phnom Penh et son fameux palais royal3Les villages ottants le long du euve, tmoins de la vie rurale3Angkor et les temples grandioses de la cit khmre

    77Hanoi et la Baie dHalong au Vietnam, Luang Prabang au Laos

    avec des associations daide lenfance et des tmoins de lpoque khmre rouge

    VIETNAM CAMBODGE

    6Croisire de Saigon aux temples dAngkor

    Du 24 janvier au5 fvrier 2016

    VOYAGES

    13 jours partir de 4 140

  • Dossiers

    & CIVILISATIONS

    22 La conqute du PacifiqueAu XVIe sicle, dintrpides navigateurs espagnols commencent sillonner le plus vaste ocan du monde. PAR SALVADOR BERNABU ALBERT

    34 Xerxs, le Roi des rois ha des GrecsLes historiens antiques ont fait du souverain achmnide larchtypedu despote oriental. Une image nuancer. PAR FRANCIS JOANNS

    44 Les templiers, financiers de lEuropeAgences, comptes, lettres de change... Au XIIe sicle, lordre duTemple participe linvention de la banque. PAR MARINA MONTESANO

    56 Lastrologie dans la Grce antiqueLes anciens Grecs ont perfectionn le savoir msopotamienprdire lavenir des rois, des cits et des peuples. PAR AURLIE

    68 Zama, la dernire bataille dHannibalEn 202 av. J.-C., dans les sables dAfrique, a lieu lultime face-entre le gnral carthaginois et le romain Scipion. PARPEDROBARC

    78 Louis XIV, une mort souveraineLa disparition du Roi-Soleil est devenue le modle diantde la mort dun chef dtat en exercice. PAR ALEXANDRE MARAL

    NUMRO 9

    06 LACTUALIT

    10 LE PERSONNAGEGuillaume TellLhistoire du hros de lindpendance suisse est-elle un mythe ?

    14 LVNEMENTLes Portugais au CongoLa collaboration enthousiaste qui suivit la dcouverte du puissant royaume fut de courte dure.

    18 LA VIE QUOTIDIENNEaztquesns le quotidien des riches

    e Tenochtitln.

    GRANDE UVERTE

    es grottes de MogaoElles cachaient un trsor inestimable

    de manuscrits.

    LIVRES ET TIONS

    Rubriques

    OLIV

    ER S

    TREW

    E / C

    ORBI

    S / C

    ORDO

    N PR

    ESS

    GUERRIER PUNIQUE MONTANT UN LPHANTTERRE CUITE. MUSE ARCHOLOGIQUE DE NAPLES

    RICCIARINI / PRISMA

  • 4 HISTOIRE & CIVILISATIONS

    GARY E. KNELL President and CEO

    Executive ManagementTERRENCE B. ADAMSON, TERRY D. GARCIA, BETTY HUDSON, CHRIS JOHNS, AMY MANIATIS, DECLAN MOORE, BROOKE RUNNETTE, TRACIE A. WINBIGLER, JONATHAN YOUNG

    BOARD OF TRUSTEES

    JOHN FAHEY Chairman, WANDA M. AUSTIN, MICHAEL R. BONSIGNORE, JEAN N. CASE, ALEXANDRA GROSVENOR ELLER, ROGER A. ENRICO, GILBERT M. GROSVENOR, WILLIAM R. HARVEY, GARY E. KNELL, MARIA E. LAGOMASINO, NIGEL MORRIS, GEORGE MUOZ, REG MURPHY, PATRICK F. NOONAN, PETER H. RAVEN, EDWARD P. ROSKI, JR., B. FRANCIS SAUL II, TED WAITT, TRACY R. WOLSTENCROFT

    INTERNATIONAL PUBLISHING

    YULIA PETROSSIAN BOYLE Senior Vice President, ROSS GOLDBERG Vice President, Digital, RACHEL LOVE, Vice President, Book Publishing, CYNTHIA COMBS, ARIEL DEIACO-LOHR, KELLY HOOVER, DIANA JAKSIC, JENNIFER LIU, RACHELLE PEREZ, DESIREE SULLIVAN

    COMMUNICATIONS

    BETH FOSTER Vice President

    RESEARCH AND EXPLORATION COMMITTEE

    PETER H. RAVEN ChairmanJOHN M. FRANCIS Vice ChairmanPAUL A. BAKER, KAMALIJIT S. BAWA, COLIN A. CHAPMAN, KEITH CLARKE, J. EMMETT DUFFY, PHILIP GINGERICH, CAROL P. HARDEN, JONATHAN B. LOSOS, JOHN OLOUGHLIN, NAOMI E. PIERCE, JEREMY A. SABLOFF, MONICA L. SMITH, THOMAS B. SMITH, WIRT H. WILLS

    NATIONAL GEOGRAPHIC SOCIETY

    Inspirer le dsirde protger la plante

    National Geographic Society est enregistre Washington D.C.,

    comme organisation scientifique et ducative but non lucratif dont la vocation est

    daugmenter et de diffuserles connaissances gographiques .

    Depuis 1888, la Society a soutenu plus de 9 000 expditions et projets de recherche.

    MALESHERBES PUBLICATIONSest une socit du groupe LE MONDE

    SOCIT DITRICE DU MONDE :

    PRESIDENT DU DIRECTOIRE,

    DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : LOUIS DREYFUS

    DIRECTEUR DU MONDE,

    MEMBRE DU DIRECTOIRE : JRME FENOGLIO

    REVUE MENSUELLE DITE PAR MALESHERBES PUBLICATIONS S.A.80, boulevard Auguste Blanqui, 75013 Paris

    MSOPOTAMIE

    FRANCIS JOANNESProfesseur d'histoire ancienne l'universit Paris 1 Panthon-Sorbonne o il enseigne l'histoire msopotamienne, les rapports entre la Bible et la Msopotamie, et les langues anciennes du Proche-Orient.

    GRCE SOPHIE BOUFFIERProfesseure dhistoire grecque luniversit dAix-Marseille, spcialiste de lexpansion grecque en Mditerrane entre le VIIIe et le IIIe s. av. J.-C., notamment en Italie et en Gaule mridionale.

    MOYEN GEDIDIER LETT Mdiviste, professeur luniversit de Paris Diderot-Paris 7. Il est spcialiste de la fin du Moyen ge, de lhistoire de lenfance, de la famille, de la parent et du genre.

    GYPTE PASCAL VERNUSgyptologue, agrg de lettres classiques, docteur d'tat. Directeur d'tudes en linguistique gyptienne et en philologie lcole pratique des hautes tudes (EPHE) de Paris.

    ROME CLAIRE SOTINELProfesseure dhistoire romaine luniversit Paris-Est Crteil Val-de-Marne. Ancien membre de lcole franaise de Rome. Elle est spcialiste de lAntiquit tardive.

    POQUE MODERNE-CONTEMPORAINE DOMINIQUE KALIFA Professeur dhistoire contemporaine Paris I o il dirige le Centre dhistoire du XIXe sicle. galement professeur Sciences-Po, il est spcialiste de lhistoire du crime et des transgressions.

    COMIT SCIENTIFIQUE

    PHOTOGRAPHIE DE COUVERTURE : YVES BOSSON / AGENCE MARTIENNESCEAU DE LA COMMANDERIE TEMPLIRE DE PARIS

    Directeur de la publication : MICHEL SFEIRRDACTION :Direction de la rdaction : JEAN-PIERRE DENIS Rdaction en chef : JEAN-MARC BASTIRESecrtariat de rdaction : MILIE FORMOSODirection artistique : BRUNO HOUDOURalisation : DENFERT CONSULTANTSCoordination : CAMILLE LLORETMise en page : DIDIER HOCHETCorrection : JEAN-FRANOIS JOUBERT

    Ont collabor ce numro : PEDRO BARCEL, SALVADOR BERNABU ALBERT, ISABEL BUENO, SYLVIE BRIET, CARLO CARANCI, AURLIE DAMET, ISABEL HERNNDEZ, FRANCIS JOANNS, ALEXANDRE MARAL, MARINA MONTESANO, LAURA SADURN

    Traduction : ISABELLE LANGLOIS-LEFEBVRE, AMLIE COURAU, ANNE LOPEZ, VANESSA CAPIEU, NELLY LHERMILLIER

    Coordination ditoriale Le Monde : MICHEL LEFEBVRE

    Direction administrative et financire : ELZBIETA CAPIAUX

    Direction commerciale et marketing : VINCENT VIALA, JULIA GENTY-DROUIN, FLORENCE MARIN

    ABONNEMENTS :I-ABO 11, rue Gustave-Madiot 91070 BondoufleTl. : 01 60 86 03 31 Fax : 01 55 04 94 01Email : [email protected]

    DIFFUSION :Diffusion France : JRME PONS 01 57 28 33 78Rassorts pour marchands de journaux : 0 805 050 147Diffusion internationale : MARIE-DOMINIQUE RENAUD, FRANCK-OLIVIER TORRO +33 1 57 28 33 33Promotion et communication : BRIGITTE BILLIARD, ANNE-LAURE SIMONIAN (relation presse), CHRISTIANE MONTILLET

    SITE INTERNET : www.histoire-et-civilisations.com

    PUBLICIT :Responsable : DAVID OGER 01 48 88 46 03 [email protected] : ORNELLA BLANC-MONALDI 01 48 88 46 [email protected]

    Directeur industriel : ERIC CARLEFabrication : NATHALIE COMMUNEAU, SARAH TRHIN

    Imprimerie : AUBIN IMPRIMEUR, 86240 LIGUG

    Routage : FRANCE ROUTAGEDpt lgal : parutionISSN : 2417-8764Commission paritaire : 0418K91790

    COURRIER DES LECTEURS : MILIE FORMOSOMalesherbes Publications : 80, bd. Auguste Blanqui, 75013 ParisEmail : [email protected]

    Histoire et Civilisations est publi sous licence de RBA REVISTAS, S.L. Il contient des matriaux dont les droits dexploitation appartiennent RBA Revistas, S.L. Toute reproduction, totale ou partielle, sans lautorisation de la Direction est interdite.

  • HISTOIRE & CIVILISATIONS 5

    L D I T O R I A L

    Depuis leur procs tragique qui sachve dans les ammes dun bcher, lhistoire des templiers a t

    obscurcie par un voile de secrets et de mystres. Pourtant,

    la ralit est bien plus riche que la lgende dun trsor cach.

    Les moines-soldats ont ainsi accompagn au Moyen ge

    les dbuts du capitalisme. Ils dveloppent notamment la lettre

    de change et le compte courant. Paris est lpoque lune

    des grandes places nancires dOccident.

    La condamnation des templiers sinscrit dans une longue suite

    daffaires toutes provoques par la faillite des nances publiques

    dans ce domaine, rien de nouveau sous le soleil. Depuis le rgne

    de Saint Louis, la dette na cess de crotre. La ponction scale est

    alors minime, bien plus faible que de nos jours. En comparaison,

    le consentement limpt de lhomme contemporain est hroque.

    Comme on ne peut rembourser, on sen prend ceux qui,

    au service du souverain, se sont enrichis. Ainsi en est-il de lordre

    du Temple. Sa fortune suscita des envieux et prcipita

    sa chute. Lorsque libelles et rumeurs commencent les accuser

    de murs perverses, la puissance des templiers est dj affaiblie,

    notamment par la concurrence des Lombards.

    Philippe le Bel voulait la chute du Temple. Pour semparer

    de sa trsorerie, con squer ses biens et, plus encore, af rmer

    son propre pouvoir.

    La raison dtat est un manteau parfois commode.JEAN-MARC BASTIRERdacteur en chef

  • 6 HISTOIRE & CIVILISATIONS

    lieu Rennes entre 2011 et2013, avant la constructiondun centre des congrs.Sous le couvent des Ja-cobins, un tablissementdominicain construit en1369, 800 spultures ontt mises au jour.

    LadameautopsieParmi elles, un ensemblede cinq cercueils de plombaccompagns de reliquairesen forme de cur datant duXVIIe sicle. Cest dans lunde ces cercueils, ouvert enmars 2014 et tudi depuis,

    E lle portait un ha-bit de religieuse, larobe de bure bruneen laine grossire,une chemise de toile, desmules en cuir semelles delige ; deux bonnets et unecape lui couvraient la tte ;ses mains jointes tenaientun crucix. Ainsi a t d-couvert lecorpspresque in-tact de Louise de Quengo,dame de Brefeillac,dcdeen 1656, sept ans aprs sonpouxToussaintdePerrien.

    Des fouilles archolo-giques prventives ont eu

    que reposait la noble damedans un tat de conserva-tion exceptionnel : Lestissus de ses vtementstaientencoresouples,nousavons dshabill le corpset fait lautopsie linsti-tut mdico-lgal de Tou-louse , explique RozennColleter, anthropologue lInrap (Institut national derecherches archologiquesprventives).

    On sait ainsi que, le cer-veau tant toujours l, lamomication sest faite defaon naturelle. Son cur

    UnemomiebretonnedansuncercueildeplomLe corps de Louise de Quengo, noble dame du XVIIe sicle, a t exde sa spulture dcouverte lors des fouilles sous un ancien couve

    XVIIE SICLE

    PHOT

    OS:ROZ

    ENNCO

    LLETER

    /INR

    AP

    CERCUEILS EN PLOMBcontenant des squelettes,dcouverts au couventdes Jacobins, Rennes.

    RELIQUAIRE en formede cur, retrouv

    sur le cercueilde Louise deQuengo.

    L A C T U A L I T

    avait quant lui t prle-v pour tre inhum dans un autre lieu inconnu, sans doute avec celui de son poux. Il tait frquent, se-lon lhistorienne Christine Aribaud, que les veuves se retirent dans des couvents, o tre enseveli tait un pri-vilge. Cette dcouverte est en tout cas un tmoignage rare des pratiques funraires de cette poque, que le public pourra dcouvrir notam-ment grce la restaura-tion et la prsentation des vtements.

  • ET VOYAGEZ TOUS LES MOIS AU CUR DE LHISTOIRE !

    Conformment la loi Informatique & Libert du 6 janvier 1978, vous bnciez dun droit daccs et de rectication desinformations vous concernant en vous adressant au service des abonnements. Ces informations peuvent tre exploites parMalesherbes Publications et ses partenaires des ns de prospection. R.C.Paris B 323 118 315

    Oui, je mabonne Histoire & Civilisations.Je choisis :R Labonnement pour 2 ans (22 nos) pour 69 seulement au lieu de

    130,90* soit 47% dconomie ou 10 numros gratuits.

    R Labonnement pour 1 an (11nos) pour 39 seulement au lieu de 65,45*soit 40% de rduction ou 4 numros gratuits.

    R M. R Mme

    Nom/Prnom...... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    Adresse ..... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    Code postal

    Ville.... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    Tl. PPHC009

    E-mail .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .@ .... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    BULLETIN DABONNEMENT complter et renvoyer avec votre rglement lordre dHistoire & Civilisations :

    HISTOIRE & CIVILISATIONS SERVICE I-ABO 11 rue Gustave Madiot 91070 Bondoue

    *Prix de vente au numro. Offre valable jusquau 31/01/2016, rserve la France mtropolitaine. Pour connatre les offres Dom-Tom ou tranger, nous contacter au 33 1 60 86 03 31.

    ABONNEZ-VOUS

    & CIVILISATIONS

    OFFRE SPCIALE

    2 ans (22 nos) pour 69 seulement

    soit 10 numros gratuits

    47 % dconomie

    Chaque mois, explorez plusieurs sicles dhistoire. De lAntiquit aux Temps Modernes, Histoire & Civilisations vous entrane sur les traces des grandes civilisations. Repres chronologiques, analyses, portraits, documents darchives : votre rendez-vous mensuel qui allie plaisir de la lecture, richesse de la documentation et rigueur de lanalyse.

  • 8 HISTOIRE & CIVILISATIONS

    RCIPIENTS ET ASSIETTES enalbtregyptiendcouverts dans la tombede la reineKhentkaus III. Cette pierrefut largement utilise sous lAncienEmpire gyptienpour raliser des objetsde luxe, dcouverts dansdenombreusestombes royales.

    rieur, une chapelle comporte de fausses portes destines confondre les voleurs de tombes de lAntiquit. Lac-cs la chambre funraire souterraine se faisait par un puits vertical. Ces mesures de scurit se rvlrent inefficaces, car la tombe fut saccage dans le pass. Mal-gr cela, les archologues ont dcouvert lintrieur une partie du mobilier funraire, qui comprend de nombreux rcipients en albtre et des ustensiles en cuivre. l-ment majeur : les inscrip-

    Les gyptologues de luniversit Charles de Prague, qui fouil lent la ncropole royale dAbousir, au sud-ouest du Caire, ont ralis une dcou-verte de grande importance : la mise au jour de la spulture de Khentkaus III, une reine jusqualors inconnue.

    pouse et mre de roisLa tombe se trouve dans un petit cimetire au sud du complexe funraire du roi Nferefr (2431-2420 av. J.-C.). Au niveau sup-

    tions des murs permettent didentifier la propritaire de la spulture, Khentkaus III, dsigne comme mre et pouse de rois. Les archo-logues pensent quelle fut lpouse de Nferefr, dont le complexe funraire qui comprend une pyramide inacheve se trouve proximit et fut dcouvert dans les annes 1980. Le titre de mre de roi ferait ainsi rfrence au fait quelle fut la gnitrice du pharaon Menkaouhor, successeur de Niouserr.

    Latombedunesouveraineinconnue surgit du passUne quipe darchologues tchques vient de dcouvrir la tombe de Khentkaus III, reine de la Ve dynastie, dans la ncropole dAbousir.

    ANCIENNE GYPTE

    MAR

    TIN

    FROU

    Z,AR

    CHIV

    EOF

    THE

    CZEC

    H IN

    STIT

    UTE

    OF E

    GYPT

    OLOG

    Y

    MAR

    TIN

    FROU

    Z, A

    RCHI

    VE O

    F TH

    E CZ

    ECH

    INST

    ITUT

    E OF

    EGY

    PTOL

    OGY

    NFEREFR fut un pha-raon de la Ve dynastie (xXVIe-XXIVe sicles av. J.-C.). Son frre et successeur Niouserr fut son tour remplac par Menkaouhor, fils de Nferefr et de Khentkaus III, dont la tombe vient dtre localise dans la ncropole dAbousir. Menkaouhor est men-tionn dans la liste de Manthon, qui lui attri-bue 21 annes de rgne.

    DEA

    / ALB

    UM

    VUE de la spulture de Khentkaus III, rcemment localise Abousir.

    L A C T U A L I T

  • Une co-dition

    Du silex lhomme augment, en passant par la roue, le chemin de fer, Internet ou encore les imprimantes 3D et le cur articiel, les inventions jalonnent lhistoire de lhumanit. Les meilleurs spcialistes racontent, analysent et questionnent linventivit humaine, scienti que et technique, qui a chang nos vies. Jusquo irons-nous ? Un ouvrage de rfrence dbordant de gnie.

    En vente chez votre marchand de journaux ou laide du bon ci-dessous.

    Merci de nous retourner votre rglementpar chque lordre de Malesherbes Publications :Malesherbes Publications/VPC - TSA 8130575212 PARIS CEDEX 13 - Tl. 01 48 88 51 05Ore valable dans la limite des stocks disponibles jusquau 31/12/2015pour la France mtropolitaine. Dlai de livraison : de 2 3 semaines. En application de la loi Informatique et Libert du 6 janvier 1978, vous bnciez dun droit daccs et de rectication

    des informations vous concernant, en vous adressant au service des abonnements. Ces informations peuvent treexploites par Malesherbes Publications et ses partenaires des ns de prospection. R.C. Paris B 323 118 315

    Je commande Rf. Prix Qt TotalLHistoire des inventions 02.3589 12 ....... ...........Participation aux frais denvoi 3Total de la commande .. . . . . . . . . . . . . .

    Nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prnom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Code postalVille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Tl 25E3PE-mail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . @ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    Bon

    deco

    mm

    ande

    En vente galement en librairies spcialises

    Format : 21 x 29,7 cm - 188 pages - 12

    NOUVEAU

  • 10 HISTOIRE & CIVILISATIONS

    L E P E R S O N N A G E

    histoire de Guillaume Tell est lune des plus clbres qui nous soient parvenues du Moyen ge. Selon la tradi-tion populaire, cet habitant

    de Br glen, une commune du centre de la Suisse actuelle, tait connu pour son adresse manier larbalte. Vers 1276, il provoqua le gouverneur du canton dUri, Hermann Gessler, en refusant de

    Lsincliner devant le symbole de lauto-rit de lEmpire autrichien, qui dominait alors la rgion : un chapeau plac au sommet dun mt rig au centre de la place principale de la commune. Le gou-verneur, qui avait entendu parler de lhabilet de Guillaume Tell, dcida donc de punir cet affront en obligeant ce dernier tirer sur une pomme pose sur la tte de son plus jeune ls : si lar-

    cher atteignait sa cible, il serait libre ; sinon, il serait fait prisonnier.

    Guillaume Tell sexcuta et russit planter son carreau darbalte dans la pomme. Le gouverneur lui demanda alors pourquoi il avait prpar deux ches, si une seule lui suf sait pour atteindre sa cible. Le tireur lui rpondit que, en cas dchec, ctait en sa direction quil aurait point son second projectile.

    SOLDAT TIRANT LARBALTE. XVIIE SICLE.

    MUSE DE LARME, PARIS.

    Guillaume Tell, la vritsur le hros suisseSelon la lgende, la fin duXIIIe sicle, un vaillant paysan du canton dUri se rebella contrele bailli imprial, devenant ainsi un symbole de la lutte des Suisses pour leur indpendance.

    1273Rodolphe Ier accde au trne imprial. Le mouvement de rsistance n de lunion des paysans du canton dUri voit le jour.

    1291Le 1er aot, les reprsentants des trois cantons du centre de la Suisse se runissent et se jurent entraide contre les Habsbourg.

    1315Les soldats de lEmpire sont dfaits lors de la bataille de Morgarten. De nouveaux territoires se rallient la Confdration.

    1353Les trois cantons centraux sunissent ceux de Glaris et de Zoug, et aux villes du canton de Berne.

    RMN

    IMAG

    ES

  • HISTOIRE & CIVILISATIONS 11

    Le gouverneur ordonna alors darrter linsolent et de le conduire en prison. Pendant la traverse en bateau du lac des Quatre-Cantons, une tempte cla-ta et Guillaume Tell profi ta de la confu-sion pour schapper et se diriger vers le chteau du gouverneur, Kssnacht. larrive de Gessler au chteau, Guil-laume Tell dcocha sa seconde fl che et tua le gouverneur.

    Un simple mythe ?Cette singulire histoire a

    toujours suscit le scepticisme des his-toriens. Au XVIIIe sicle, Voltaire di-

    sait dail leurs que lhistoire de la pomme [tait] suspecte, et tout le reste ne l[tait] pas moins . Il nexiste en effet aucun document contemporain de larcher suisse dans lequel soit consi-gne cette histoire, ni mme mentionn le nom de son protagoniste. Les pre-mires versions crites de ces faits datent du XVe sicle, et la premire rf-rence Guillaume Tell apparat dans un texte de 1470 o il est question dun personnage nomm Thall .En ralit, lhistoire dun vaillant

    homme qui tire une flche sur une pomme pose sur la tte de son fi ls se retrouve dans dautres lgendes, comme la Geste des Danois, rdige vers 1200

    par Saxo Grammaticus, et une ancienne ballade anglaise de William de Cloudeslee. Il est donc fort probable que lhistoire de Guillaume Tell ne soit quune adaptation de ces lgendes. Cest Aegidius Tschudi qui produisit en 1570 le premier rcit complet du mythe de Guillaume Tell, avec sa Chronique de la Suisse (Chronicon Helveticum), rdige dans le seul but de plaire tous ses lec-teurs potentiels. Pour ce faire, il nhsi-ta pas inventer lexistence de toutes sortes de documents.Lhistoire de Guillaume Tell tait lie

    une autre lgende relative aux origines de la Suisse. Selon le rcit dAegidius Tschudi, cest lassassinat du gouver-neur par le hros qui dclencha la grande rbellion des Suisses contre le pouvoir imprial. Ce mouvement par-tit des trois cantons (districts souve-rains) du centre du pays, savoir Uri, Schwyz et Unterwald, dont les repr-sentants (Walter Frst, Werner Stauf-facher et Arnold von Mechtal) se runirent une nuit non loin du lac des Quatre-Cantons, sur la plaine recule de Rtli, pour jurer de sentraider et de se librer du joug des Habsbourg.

    Rbellion dans les AlpesSil est vrai que les lgendes de Guil-laume Tell et du serment de Rtli sont postrieures aux faits quelles relatent, elles sont toutefois fondes sur des faits historiques. Noublions pas que les territoires composant la Suisse ac-tuelle et bordant le lac des Quatre-Can-tons ont longtemps t domins par diffrents seigneurs fodaux. Suite lextinction en 1218 de la ligne des comtes de Zhringen, propritaires dune grande partie du territoire suisse, la dynastie des Habsbourg, la tte du Saint-Empire germanique partir de 1273, chercha en effet tendre sa do-mination sur le pays. Louverture des premiers cols alpins du Simplon et de Saint-Gothard suscita en outre un in-trt stratgique accru pour ces terri-toires, jadis fort isols.Face lambition expansionniste des

    Habsbourg, les cantons (et surtout les communauts rurales qui se savaient les plus vulnrables) prirent conscience

    BATAILLE DE LAUPEN. En 1339, les troupes de Berne et leurs allis suisses crasent larme autrichienne. Miniature dune Chronique illustre de Diebold Schilling le Vieux. XVe sicle.

    MONUMENT LA MMOIRE DE GUILLAUME TELL. XXe SICLE. ALTDORF, SUISSE.

    Guillaume Tell dut tirer une flche sur une pomme place sur la tte de son fils.

    AKG

    / ALB

    UM

    FOTO

    TECA

    9 X

    12

  • L E P E R S O N N A G E

    LAVIERUDEDANSLESMONTAGNES

    SICERTAINSAUTEURSduXVIIIe sicle, telsqueJohannesvonMllerdanssonHistoiredelaConfdrationsuisse,prsentent lesSuissescommeunpeuplepacifiquevivantenharmonieavec lanature, la ralittait toutautre. Lesdifficiles conditionsdeviedeschasseursetdespaysans

    dans ces cantons alpins les obligaient en effet mener defrquentesexpditionsarmesdanslebutdesemparer

    depturagesetdattaquerdescouvents situs proximit.

    ARBALTEMUNIE DUN ARC EN MTAL ET DCORE DE FLEURS. XVE SICLE.

    de la ncessit de prserver les privi-lges auxquels leur statut de territoires libres leur donnait droit, dans la me-sure o ils dpendaient directement de lempereur. De plus, les communauts alpines se caractrisaient par une longue tradition de pactes et dalliances dfensives, et la singulire gographie dela rgion rendait presque impossible la domination des seigneur fodaux.

    Chaque communaut tait en effet r-gie par un gouverneur (landammann), gnralement le plus grand propritaire terrien de la communaut en question, investi dun rle avant tout reprsen-tatif. Les hommes libres prtaient un serment par lequel ils sengageaient renforcer lautorit du gouverneur et, ce faisant, garantir la paix intrieure du territoire.

    Cest ainsi quen 1291, aprs la mort de Rodolphe IV de Habsbourg, les fa-milles la tte des cantons dUri, de Schwyz et dUnterwald renforcrent leur alliance pour faire rgner lordre sur les terres domines par les Habsbourg, sans recourir leur intervention. Pour ce faire, ils prtrent serment par crit en prsence dun juge : Que chacun sache donc que, considrant la malice des temps et pour tre mieux mme de dfendre et maintenir dans leur in-tgrit leurs vies et leurs biens, les gens de la valle dUri, la totalit de la valle de Schwyz et celle des gens de la valle infrieure dUnterwald se sont engags, sous serment pris en toute bonne foi, se prter les uns aux autres nimporte quels secours, appui et assistance, de tout leur pouvoir et de tous leurs efforts, sans mnager ni leurs vies ni leurs biens, dans leurs valles et au-dehors, contre celui et contre tous ceux qui, par nim-porte quel acte hostile, attenteraient leurs personnes ou leurs biens (ou un

    ZURICH, qui dpendait de lEmpire, fut lune des premires villes sunir la Confdration, en 1291.

    DAVI

    DE E

    RBET

    TA (C

    ORBI

    S) /

    CORD

    ON P

    RESS

    BRID

    GEM

    AN

  • HISTOIRE & CIVILISATIONS 13

    Avecletemps,la librationdesterri-toiresde laSuissecentraleet laconsti-tution de la premire alliance entrecantons sincarnrent au travers dumythedelarbelliondeGuillaumeTellcontrelegouverneurGessler.ForgeauXVe sicle,cettehistoiresediffusaunevitesse fulgurante. Mais ce nest quauXVIIIe sicle que Guillaume Tell fut re-connu comme un hros de la libert suisse. La chronique dAegidius Tschu-di, imprime pour la premire fois en 1736, raconte les faits de ce personnage et servit de base au long rcit que Jo-hannes von Mller inclut dans son His-toire de la Confdration suisse, publie en 1778. Cette uvre fait de Guillaume Tell le vritable reprsentant de lesprit national et dpeint aux yeux du monde les Suisses comme un peuple paci que, en harmonie avec la nature, et ayant ob-tenu son indpendance la seule forcede son courage.

    partir des crits de Johannes vonMller, Friedrich von Schiller publia en

    seul dentre eux), les attaqueraient ou leur causeraient quelque dommage.

    Un hros romantiqueLa porte de ce pacte dpassa les esp-rances. Peu aprs sa signature, la ville de Zurich, place sous la tutelle directe de lEmpire, dcida de le signer elle aussi. Dautres cantons et villes libres limi-trent bientt, donnant naissance une nouvelle confdration territoriale. Cette volont dautonomie et dautod-fense allait cependant lencontre des prtentions impriales. En 1315, les pay-sans sopposrent aux soldats envoys par lempereur pour faire cesser les at-taques contre le couvent dEinsiedeln. La bataille de Morgarten se solda par une victoire des paysans sur les troupes im-priales, ce qui poussa dautres terri-toires rejoindre les cantons centraux. Le serment de Rtli marqua ainsi le d-but de la formation dun nouveau pays compos dhommes et de territoires libres : la Confdration suisse.

    1804 une pice de thtre sur ce hros dsormais clbre. Bien quil nait jamais mis les pieds en Suisse, le grand crivain allemand tait un adepte de lhelvto-philie, un courant alors trs en vogue, vhiculant une vision idalise des Suisses prsents comme un petit peu-ple ayant su conqurir sa libert face au despotisme. Lloquence du personnage de luvre de Schiller ( Ce que les mains ont lev, les mains peuvent le renverser. Dieu nous a donn la forteresse de la libert. [] Les tyrans violents sont ceux dont le rgne dure le moins. ) t de Guillaume Tell un symbole de la li-bert universelle et un prcurseur de la lutte pour les droits de lhomme.

    ISABEL HERNNDEZUNIVERSIT COMPLUTENSE DE MADRID

    ESSAIGuillaume Tell J.-F. Bergier, Fayard, 1988.

    Pour en savoir plus

    LES REPRSENTANTSdes trois cantonscentrauxprtent

    le sermentdeRtli.JohannHeinrichFssli.

    Huile sur toile. 1779.Htel deVille deZurich.

    LA PREMIRECONFDRATION

    PACTE FDRALDE ZURICH, QUI SCELLA LUNIONDES TROIS CANTONS DE LA SUISSE CENTRALE EN 1291.

    AU DBUT du mois daot 1291, trois cantons centraux de la Suisse actuelle sunissent. Cette premire Confdration voit le jour grce plusieurs alliances entre les peuples dUri, de Schwyz et dUnterwald, dans le but de dfendre leurs cantons contre les attaques des Habsbourg. Ses signataires nont pas pour autant lintention de fonder un tat in-dpendant, puisque chacun dentre eux [demeure] attach son seigneur [...] .

    STAA

    TSAR

    CHIV

    SCH

    WYZ

    BPK

    / SCA

    LA

  • 14 HISTOIRE & CIVILISATIONS

    du travail du fer et de la production de tissus trs apprcis, darmes et dob-jets en cuivre, plomb et cramique. Ils vouaient galement un culte leurs anctres et aux esprits des lieux.

    Le voyage de Diogo CoEn 1482, une expdition navale portu-gaise atteint lembouchure du Congo, alors que son chef, Diogo Co, cherche ouvrir une route maritime qui relierait directement le Portugal lInde. Peu aprs, celui-ci entreprend un nouveau voyage au cours duquel il remonte le

    a fondation du royaume du Congo par le roi Nimi Lukeni, du peuple kongo (ou bakon-go), est postrieure 1350. Au dbut du XVIe sicle, ce terri-

    toire central couvrait une superficie de300000 kilomtres carrs, au nord et au sud de lembouchure du fleuve Congo, et comptait une population denviron 3 millions dhabitants. Si la monarchie y tait sacre, elle tait nanmoins de nature lective. Les Congolais pratiquaient lagriculture et le commerce, et tiraient leur rputation

    fleuve et entre en contact avec le puis-sant tat congolais. La grandeur et les richesses de ce royaume impressionnent les Portugais. Selon leurs dires, le che-min reliant la cte la capitale Mbanza Kongo tait sr, propre, bien entre-tenu et permettait un ravitaillement alimentaire rgulier et abondant . cette poque, le roi du Congo (le ma-nikongo ) est Nzinga a Nkuwu (1470-1506). Diogo Co le dcrit assis sur une estrade richement dcore, torse nu, coiff dune couronne en feuilles de palmier et dune queue de cheval

    Les Portugais au Congo : la lune de miel tourne court la fin du XVe sicle, des explorateurs portugais dcouvrent le puissant royaume du Congo. Mais lesrelations amicales ne tardent pas laisser place aux conversions forces et la traite ngrire.

    UN ROI DU CONGO trnant sur son estrade reoit une dlgation de Portugais au XVIe sicle. Gravure partir dun original de Thodore de Bry.

    L

  • HISTOIRE & CIVILISATIONS 15

    pare dargent qui lui tombait dans ledos, la tailleceintedunvoiledeDamasque [le roiduPortugal]luiavaitenvoyet le bras gauche orn dun braceleten ivoire .Les Portugais se montrentrespectueux envers les Congolais, etleur commandant baise la main du roien signe destime.

    lacooprationr contact donnesignature dac-e collaborations deux pays enLes Congolaismerveills par

    echnologies des

    Europens, auxquels ils demandentdefairevenirartisansetmatriaux.Desmaons et des charpentiers arriventbientt et sinstallent dans la capitalecongolaise. Des liens diplomatiquesse nouent galement entre les deuxroyaumes : en 1489, une ambassadecongolaisepartpourLisbonnesurordrede Nzinga a Nkuwu, qui envoie peuaprsdesjeunesgensdesacourtudierauPortugal.Laidemilitaireportugaisese rvle dcisive pour le monarquecongolais qui repousse grce elle desennemis tels que les Tks, un peupleaussiconnusous lenomdeBatks.

    Encontrepartiedecettecoopration,lesPortugaisexigentlaconversiondes

    Congolaisauchristianisme.Lesmis-sairesenvoysen1489auPortugalsont ainsi baptiss. Les premiers mission-nairesarriventen1491etconstruisent des glises et des coles.Le roi Nzinga a Nkuwu, qui accepte de se faire bap-tiser et prend le nom de Jean Ier, est le premier dune longue ligne de mo-narqueschrtienscongolais.Lesaristo-cratesautochtonesquisesonteuxaussi convertis forment un parti catholique proportugais, lesEsi-Kongo.

    Une grande partie de la population rejette toutefois la nouvelle religion. Leroilui-mmerefusedenembrasser touslesprincipes,notammentlinter-dictiondelapolygamie,etnetardepas revenir ses anciennes croyances. Toutstaitenchantroprapidement pour quune vritable acceptation du catholicismeftpossible,crit lhis-torien Isidore Ndaywel Nziem. la mort du monarque, lun de ses fils,un non-chrtien soutenu par les parti-sans de la tradition, doit lui succder. LDAT PORTUGAIS. FIGURINE DU XVIe SICLE. MUSE DU QUAI BRANLY, PARIS.

    Grce laide militaireportugaise, Jean Ier du Congoput vaincre ses ennemis.

    L V N E M E N T

    UNE FONDATION SANGLANTE

    SELONLALGENDE,NimiLukeni, ledernier filsduroideBungu,dcidadeprendre le contrle de la rive droite du fleuve Congo. Le prince exigeaitun droit de passage lev pour rejoindre lautre rive, jusqu ce que satante,enceinte,cherchetraverser le fleuvesanssacquitterde limpt.Furieux,NimiLukeni ltripa.Poursuivipar lepredeladfunte, il traver-sa le fleuve avec ses loyaux serviteurs et fonda le royaume du Congo.

    C. JE

    AN /

    RMN

    GRAN

    D-PA

    LAIS

    EVER

    ETT

    HIST

    ORIC

    AL /

    SHUT

    TERS

    TOCK

    AKG

    / ALB

    UM

    LE CONTINENT AFRICAIN REPRSENT SUR UNE MAPPE-MONDE DE PIERRE DESCALIERS. 1550. BRITISH LIBRARY, LONDRES.

  • 16 HISTOIRE & CIVILISATIONS

    L V N E M E N T

    LA MAGIE DU BAPTME

    CRUCIFIX DU ROYAUME DU CONGO. XVIe SICLE. METROPOLITAN MUSEUM, NEW YORK.

    Mais avec laide des Portugais, un autre de ses fils, un catholique convaincu du nom de Mvemba Nzinga, renverse lhritier dsign et monte sur le trne sous le nom de Ndofunsu .

    Le catholicisme par la forceNdofunsu (1506-1543) matrise la lan-gue portugaise et pense que le catho-licisme lui permettra de se maintenir

    au pouvoir. Les Portugais ne le consi-drent pas comme un roi tributaire, mais comme un souverain vritable. En 1512, Manuel Ier du Portugal sadresse lui : Trs puissant et excellent roi du Congo, veuillez recevoir nos salutations en signe de lamour et de lestime que nous vous portons. Nous prions Dieu de vous accorder une longue vie et toute la sant que vous puissiez dsirer.

    Mais la ferveur religieuse presque obsessionnelle de Ndofunsu surprend les Portugais eux-mmes. Il combat la religion congolaise en brlant les objets de culte et en punissant de mort leur possession (peine prononce contre plusieurs membres de sa famille). Il pro-meut un art chrtien fond sur lemploi de la croix, que les Congolais adaptent cependant en lui associant des signi-fications africaines. Il encourage len-seignement en langue portugaise, fait construire de nombreuses glises et coles pour les enfants de la noblesse, tenues par des prtres europens dont le niveau intellectuel laisse cependant dsirer. Ndofunsu

    adopte ltiquette de la cour portugaise, sa hirarchie et ses titres, et rebaptise la capitale du pays Saint-Sauveur (So Salvador). Envoy par son pre au Portugal pour tudier, le fils du roi, Ndo-diki, devient lge de 23 ans le premier vque catholique noir.

    APRS LARRIVE des Portugais, le manikongo Nzin-ga a Nkuwu commena sintresser au christianisme. Le monarque accepta dtre baptis en 1491, car il avait en-tendu les chrtiens dire que leau bnite garantissait la vie ternelle. Le roi y vit le remde qui lui permettrait dchapper la vieillesse et la mort.

    LOANGO, au royaume du Congo, tait lune des villes les plus

    dveloppes dAfrique. Elle dut sa prosprit au trafi c des esclaves.

    Gravure du XVIIIe sicle.

    RMN-

    GRAN

    D PA

    LAIS

    GRAN

    GER

    COLL

    ECTI

    ON /

    AGE

    FOTO

    STOC

    K

  • HISTOIRE & CIVILISATIONS 17

    CARLOCARANCIHISTORIEN

    ESSAISNouvelle histoire du CongoI. Ndaywel Nziem, Le Cri, 2009.Histoire des colonisations.Des conqutes aux indpendances,XIIIe-XXe sicleM. Ferro, Points, 1996.

    Pourensavoirplus

    Les Portugais entendent contrler les exportations congolaises. Ils in-terdisent au Congo de commercer avec dautres pays europens et tentent de priver le manikongo de ses navires com-merciaux. Le gouverneur de So Tom (une le du golfe de Guine dcouverte en 1470, servant de base conomique au Portugal) mprise les missaires congolais, retient les voyageurs faisant route vers Lisbonne et sapproprie les prsents que schangent le Portugal et le Congo. Le souverain Ndofunsu, longtemps conciliant, commence se montrer rticent lintroduction gnralise du droit portugais et au fait que les Portugais inculps dans son royaume soient jugs au Portugal.

    cette situation vient se greffer le commerce des esclaves, lanc en 1505. Ndofunsu y est fermement oppos et entend expulser de ses terres les com-merants europens, qui comptent des allis au sein de la noblesse congolaise.

    Le souverain craint de voir son pays dpeupl et dpouill de toute main-duvre. Il crit en 1526 Jean-Paul III du Portugal, dont il ignore la participa-tion la traite : [Le] pays regorge de trafiquants dont lactivit menace de [le] mener sa ruine. Il ne se passe pas un seul jour sans que ces hommes ne rduisent des habitants en esclavage.

    Dsaccords et conflitsLes tensions entre Portugais et Congo-lais ne cessent de crotre et la religion africaine, jusqualors marginalise, re-prend du terrain. Le jour de Pques de 1539, des sicaires portugais engags par les esclavagistes font irruption dans lglise o Ndofunsu est en train de prier et tirent sur le souverain. Ils ont voulu me tuer devant le Vritable Sauveur du monde , dclare le roi, incrdule, qui mourra quatre ans plus tard, en 1543.

    Ds lors, lhistoire du Congo sera marque par lesclavagisme, par de vio-

    lentes guerres avec ses voisins et par la conversion force au christianisme. En 1665, le Congo perd son indpendance aprs la bataille de Mbwila, o des cen-taines de Portugais, avec leurs allis africains, ont raison de larme du roi Antoine Ier, quils dcapitent. Lors des dcennies suivantes, le Congo plonge dans la guerre civile et la dliquescence. La dynastie des rois chrtiens congolais se maintient toutefois au pouvoir de manire fantoche jusquen 1885, anne o le territoire du Congo est rparti entre le Portugal, la Belgique et la France lors de la confrence de Berlin.

    Un ambassadeur auprs de la Rome papaleEN 1608, LE ROI DU CONGO envoie une premire ambassade Rome en signe de soumission lglise catholique. Son ambassadeur dcdera dans la Ville ternelle, o il sera enterr avec tous les honneurs.

    Dpart du CongoAssis sur son trne, Nimi a Nkanga (1587-1614) donne des instructions son reprsentant, Antonius Emanuel, concernant son ambassade Rome.

    Visite du papeLtat de sant de lambassadeurcongolais saggrave. Il reoit la visitedu pape Paul V, qui lui donnesa bndiction, et dcde peu aprs.

    Entre Rome son arrive Rome en 1608, Antonius Emanuel, tomb malade pendant son voyage, est log au palais apostolique du Vatican.

    4 EnterrementLambassadeur congolais est enterr Sainte-Marie-Majeure. Son cercueil est conduit lglise par un cortge o est reprsent tout le clerg romain. BRI

    DGEM

    AN /

    ACI

  • L A V I E Q U O T I D I E N N E

    tiques, mais vitaient den user car, commelcrivait un autre chroniqueur espagnoldu XVIe sicle, le pre Sahagn, semettre des couleurs, mme si cela parat bien, est le propre des femmes mondaines et charnelles []. Seules enusent les femmes qui ont perdu les sens. Il convient de signaler que la polygamie tait une pratique courante chez les nobles et que les hommes pouvaient avoir autant dpouses que le leur permettaient leurs nances.

    Lesnobles portaient des vtements encotonet des ornements en plumes, en or ou en jade. Lhomme possdait deux vtements : le maxtlatl (pagne),

    pliaient le petate et les couvertures quils rangeaient dans des coffres pour dgager la pice. Les gens humbles navaient pas de couvertures et secontentaient de plier la natte quilsappuyaient contre le mur pour att-nuer le froid ou lhumidit.

    Pagneet corsagebrodHommes et femmes se lavaient aumoins une fois par jour avec un sa-von confectionn partir du fruit ducopalxocotl ou de rhizomes de sapo-naire, et se schaient avec un drap encoton.Quasimentimberbes,lesjeunesgens navaient pas besoin de se raser,mais ils rassemblaient leurs cheveuxdansunbandeaurougequilsornaientde somptueuses plumes doiseauxtropicaux pour marquer leur statutsocial. Les femmes se faisaient uneraie mdiane et deux tresses quellesrelevaientsur la tte, lespointesdiri-ges vers le haut lorsquelles taientmaries.Ellesdisposaientdecosm-

    Tenochtitln, la capi-tale de lEmpire aztque, la journe commenait au son des tamboursdont lesprtres jouaient

    au sommet des temples de la ville.Selon le chroniqueur espagnol duXVIe sicle Diego Durn, lorsquils lesentendaient, les voyageurs et lestrangers se prparaient partir, lespaysans allaient dans leurs champs,les marchands dans leurs ngoces, etlesfemmesselevaientpourbalayer.

    Compose de guerriers, de fonc-tionnaires et de prtres, la noblessequidirigeait lEmpireentamaitla jour-ne de la mme manire.Ds le leverdu soleil, les serviteurs sactivaientpour assister leurs matres. Ces der-niers dormaient sur une natte, oupetate, sur laquelle taient posesdpaisses couvertures en coton en

    telas.Unetreslevs,

    mestiques

    Une journe dans la vie des nobles aztquesDs le lever, le quotidien des aristocrates de la capitale tait rythm au son des trompettes et des tambours des temples.

    VTEMENT DE LA DESSEX ET DESSES sont souvent reprsents avec

    vtements identiques ceux des humains. Ici,esse Chalchiuhtlicue, pouse du dieu Tlaloc,se, est vtue comme les femmes aztquese jupe et dun huipil (corsage brod). Deuxues tresses retombent dans son dos.

    2015

    BANC

    ODE

    MX

    ICO

    DIEG

    ORI

    VERA

    FRID

    AKA

    HLO

    MUS

    EUM

    S TR

    UST,M

    EXIC

    O, D

    .F. /

    VEGA

    P. FO

    TO: A

    LBUM

    HIUHTLICUE, CELLE QUI PORTE UNE JUPE DE JADE . DE LHOMME, PARIS.

    MARCH DE TLATELOLCO, avec la ville de Tenochtitln et la double masse du Templo Mayor en arrire-plan. Fresque de Diego Rivera. 1945. Palais national, Mexico.

  • HISTOIRE & CIVILISATIONS 19

    qui passait entre les jambes et se nouait sous le nombril en laissant tomber de-vant et derrire une longue extrmit, et le tilmatli, un manteau qui se nouait sur lpaule gauche. La femme portait le huipil, un corsage bord blanc, et une jupe descendant jusquaux genoux, attache avec une lanire brode en guise de ceinture. Les toffes les plus recherches pour leurs motifs somp-tueux venaient des ctes du golfe du Mexique, une rgion do les femmes aztques importaient aussi un poncho bord de franges. Hommes et femmes chaussaient des sandales, les cactli, dont les semelles en fibre vgtale et

    Des rites sacrs pour saluer le SoleilDAPRS LE TMOIGNAGE recueilli dans les chroniques de Sahagn, chaque matin, les prtres du temple faisaient brler des parfums et du copal (une rsine), et sacrifiaient une caille. Une fois la caille dcapite, les prtres loffraient au Soleil, quils saluaient

    par ces mots : Il sest lev, le Soleil, celui qui resplendit, le fils chri de la Turquoise, laigle qui slve. Qui sait comment il ac-complira sa COURSE aujourdhui ? Qui sait ce qui sera dans sa queue, sous son aile ? Va, accomplis ta course, notre seigneur ! Et la nuit, selon ce mme Sahagn, ils

    disaient : Le seigneur de la nuit sest dploy, celui au nez pointu (YACAHUITZLI). Qui sait comment il accomplira son travail ? Se-lon dautres tmoignages, les Aztques indiquaient successi-vement le dbut du coucher du soleil, lobscurit, lheure daller se coucher, et minuit.

  • L A V I E Q U O T I D I E N N E

    en cuir taient dotes de talonnires et de cordons pour les nouer.

    Une fois lavs et vtus, les hommes prenaient le premier repas de la jour-ne, assis sur des siges bas en bois, le manteau ramen vers lavant. Ce repas se composait de galettes de mas grilles, parfois farcies de viande ou de poisson, et dune tasse de cacao, la jicara, le tout servi dans de prcieux rcipients en cramique rouge et noire de Cholula, trs prise par llite az-tque. Mais le reste de la population navalaitsonpremierrepas galettes

    ine de mas que lorsque

    les trompettes du temple sonnaient la deuxime heure du jour, vers 9 heures du matin.

    Djeuner heure fixeLes nobles travaillaient dans le quartier crmoniel de la capitale, o se trou-vaient les temples, les autels, les palais royaux, les btiments administratifs et les principales coles. Certains se-condaient le tlatoani (gouverneur) dans ses fonctions politiques et militaires. Dautres taient des juges respects, ou soccupaient de ladministration du complexe et du recouvrement des impts, la charge des calpixques. Les

    prtres duquaient les enfants de la no-blesse dans une cole appele calmecac, entretenaient les temples et organi-saient les crmonies. Quant aux guer-riers vtrans, ils formaient les jeunes lcole militaire (telpochcalli). Sur les marchs, des inspecteurs veillaient ce quil ny ait ni rixe, ni escroquerie sur les prix ou les quantits.

    Diego Durn poursuit : midi, les ministres du temple sonnaient les cornes et les conques, donnant le signal que tous pouvaient manger. Le moment tait venu de faire une pause pour consommer un repas fru-gal. Tandis que les plus humbles bu-vaient latole et mangeaient les galettes et les haricots quils avaient appor-ts de chez eux, dautres se rendaient dans lune des auberges du quartier du march o, selon Hernn Corts, lon pouvait acheter boisson et nourriture dans des maisons o lon donne boire et manger contre de largent . ENTAIL EN PLUMES. MUSE ETHNOGRAPHIQUE DE VIENNE.

    Aprs le dner, les nobles uvaient un cacao mousseux ans la brise du soir.

    La routine dun AztqueDANS SES CHRONIQUES de la conqute du Mexique, Andrs de Tapia, capitaine de Hernn Corts, dcrit les habitudes quo-tidiennes du souverain Moctezuma, qui taient certainement trs proches de celles des nobles de sa cour Tenochtitln : Ses domestiques venaient le servir et lui appor-taient chaque repas plus de quatre cents plats de viande avec des fruits et des herbes, des lapins et du gros gibier, des cailles et des poules, et beaucoup de poissons diffrents cuits de diverses manires, et chaque plat tait plac sur un brasero allum ; et on lui apportait toujours de nouvelles assiettes pour manger et il ne mangeait jamais plus dune fois dans le mme plat, et ne portait jamais le mme vtement plus dune fois ; et il se lavait le corps deux fois par jour.

    Le bain quotidienCette scne du Codex de Florence illustre le bain rituel du dieuQuetzalcatl, mais on peut imaginer que les Aztques se lavaient aussien saspergeant au moyen une cuelle , au bain ou prs dun ruisseau.

    AGE

    FOTO

    STOC

    K

    E. L

    ESSI

    NG /

    ALBU

    M

  • HISTOIRE & CIVILISATIONS 21

    L A V I E Q U O T I D I E N N E

    En revanche, ceux qui vivaient dans les dpendances du quartier crmoniel bnficiaient de la nourriture prpare dans les cuisines du palais. Aprs cette brve pause, chacun retournait vaquer ses occupations jusquau coucher du soleil, quand les tambours et les trompettes du temple rsonnaient de nouveau pour annoncer la fin de la journe de travail.

    Dner aprs le bainDe retour chez eux, avant le dner, les nobles prenaient un bain de vapeur dans le temazcal, une pice dont lun des murs tait accol au foyer de la cuisine, allum en permanence afin que lon puisse se baigner nimporte quel moment. Le temazcal tait parfu-m avec des plantes aromatiques telles que la cacaloxochitl, et les nobles se faisaient masser par des nains, seuls en mesure de se tenir debout sous le plafond bas de la pice.

    Aprs le bain, les nobles revtaient des vtements propres et sasseyaient autour de la table recouverte de nappes. Les domestiques apportaient des plats de viande, de poisson et de lgumes que lon gardait au chaud sur de petits braseros en argile, et lon se servait de galettes de mas en guise de couverts. Les domestiques veillaient ce que ne manquent ni boisson ni nourriture. Ils devaient aussi passer rgulirement laquamanile pour que les invits se lavent les mains avant de les scher avec des linges en coton. Les boissons consommes taient leau, le sirop dagave et les jus de fruits. La consom-mation dalcool dont le pulque ou uctli, labor partir de la sve fer-mente de lagave tait interditeavant 52 ans, ge auquel les noblespouvaient prendre leur retraite etjouir de certaines prrogatives.

    Le repas termin, les seigneurs az-tques sortaient dans la cour prin-

    cipale de leur demeure. Entours de fleurs, bercs par le murmure des fontaines, ils prenaient place sur de confortables coussins pour dguster un cacao mousseux et frais, sucr au miel et assaisonn la vanille ou au piment, et fumer la pipe jusqu ce que les prtres, allumant des torches et sonnant les trompettes, annoncent lheure de dormir. Alors, crit Diego Durn, la ville tait plonge dans un tel silence quil semblait que pas un homme ne sy trouvait, vidant les marchs, regroupant les gens. Tout tait si calme et si tranquille que cela paraissait trange.

    ISABEL BUENODOCTEUR EN HISTOIRE

    ESSAILes Aztques la veille de la conqute espagnoleJ. Soustelle, Hachette, 2011.

    Pour en savoir plus

    Une nourriture abondante et varieCet autre dessin montre deux hommes mangeant du mas quilsprennent dans des paniers en fibre vgtale . Les rcipients surtrpieds contiennent de la volaille, probablement de la dinde.

    Le vtement dun nobleCette illustration extraite du mme codex montre un nobleportant le tilmatli , lemaxtlatl , un cigare (rouleau de tabac)

    et un ventail pour chasser les insectes .

    AGE

    FOTO

    STOC

    K

    AGE

    FOTO

    STOC

    K

  • MARQUISES, SALOMON, NOUVELLES-HBRIDES...

    LA CONQUTE DU PACIFIQUEAu XVIe sicle, nourris de mythes sur la Terre australe ,

    des navigateurs comme lvaro de Mendaa partent la conqute des mers du Sud, explorant ttons le plus vaste ocan du monde.

    SALVADOR BERNABU ALBERTCHERCHEUR EN SCIENCES AU CONSEIL SUPRIEUR DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE DE SVILLE

  • GREG

    ORY

    GERA

    ULT

    / GTR

    ES

    Lorsquen 1513, quittant la province espagnole dEstrmadure, Vasco Nez de Balboa traverse listhme de Panam, il est le premier Europen contempler limmensit de locan Paci-fique. Ainsi souvrent de nouveaux horizons aux Espagnols et leurs explorations du XVIe sicle. Quelques annes plus tt,

    Christophe Colomb avait entrepris ses clbres voyages pour trouver une voie maritime menant vers lOrient et ses richesses lgendaires, dcouvrant finalement le continent amricain. Voil que de nouvelles possibilits soffraient. Au cours des annes qui suivront, Magellan (1521), Jofre de Loasa (1526), Saavedra (1527), Grijalva (1536) et Lpez de Villalobos (1542) vont sillonner le Pacifique pour relier les ctes amri-caines aux les Moluques rputes pour leurs prcieuses pices , aux Philippines, la Chine et au Japon. Grce eux, Urdaneta dcouvri-ra en 1565 la route maritime permettant de revenir de lAsie vers lAm-rique, que le galion de Manille parcourra pendant des sicles, raison dune ou deux traverses par an entre les Philippines et Acapulco.

    LES LES MARQUISESEn 1595, lexpdition de Mendaa atteint

    les les Marquises.Pour remercier de son

    soutien Magdalena Manrique, pouse

    du vice-roi du Prou, Mendaa donne son nom lune des les, lactuelle Fatu Hiva.

  • deMendaa,uncapitainegalicien, entreprend la premire expdition maritime dans le but datteindreces terresmythiques.

    Les lesduroiSalomonMendaaestchoisiparsononcle Lope Garca de Castro, gouverneur intrimaire du Prou, pour mener lentreprise. Il quitte Callao, le port de Lima, le 19 novembre 1567, au com-mandement de deux navires transportant 156 hommes. Les dsaccords entre Mendaa etdeuxdesesofficiers,lecosmographe Pedro SarmientodeGamboaetlechef-pilote Hernn Gallego, provoquent plusieurs changements decap.Maisauboutde60jours de navigation, on aperoit une le la vgtation exubrante

    En suivant cette route traversant le Paci-fique, les navigateurs espagnols sengagentdans une rgion inexplore : le Pacifique sud.AuXVIe sicle,onignorait lexistencedelAus-tralie, de la Nouvelle-Guine et des archipelsdeMlansieetdePolynsie,maisloncroyaitquunimmensecontinentarctique, laTerreaustrale , stendait dans lhmisphre sud.Lesexplorateursespagnols,avidesdedcouvrirce territoire mythique,taient sduits par leslgendesqui,desaconquteauxannes1530,circulrentauProu.Unelgendeincavoquaitainsi des les florissantes au cur de la Meroccidentale,olonsituaitgalementlaterredesAmazonesetOphir,lepaysdesminesdordu roi Salomon selon la Bible.En 1567,lvaro

    AUX CONFINS DU MONDE Cette carte montre larchipel des Philippines, dans le Sud-Est de lAsie, o accosta lexpdition de Mendaa en 1596. Extrait dA. Ortelius, Theatrum orbis terrarum. Anvers, 1570.

    24 HISTOIRE & CIVILISATIONS

    ALVARO DE MENDAA estnomm capitaine dune exp-dition qui part du Prou pourexplorer le Pacique sud. Aprsune traverse difcile, il atteintlarchipel des les Salomon.

    1567-1568VOULANTORGANISER une se-conde expdition pour coloniser les les Salomon, Mendaa se rend en Espagne pour obtenir une au-torisation ofcielle. Elle ne lui sera accorde que quinze ans plus tard.

    1574-1589LEXPDITION de Mendaa part de Paita, au Prou. Lexplorateur est accompagn de son pouse, Isabel de Barreto. Aprs la dcou-verte des les Marquises, il meurt dans les les Santa Cruz.

    1595

    LA QUTE DU

    PARADIS

    ERICH LESSING / ALBUM

  • LIMA, LA VILLE DES VICE-ROIS

    Lima, capitale de la vice-royaut du Prou

    depuis 1543, tait une ville prospre o con uaient les

    richesses dAmrique et dOrient. Sur cette photo, la cathdrale de Lima, construite entre 1535 et 1649.

    FERNNDEZ DE QUIRS effec-tue un nouveau voyage dans le Paci que et dcouvre larchipel des Nouvelles-Hbrides, mais il ne peut obtenir le nancement dune autre expdition.

    1605-1606

    GONZ

    ALO

    AZUM

    ENDI

    / AG

    E FO

    TOST

    OCK

  • sontblesss,etcesdeniers brlent le villagindigneavantdereparCecitant,lesexploratsoumettre plusieurs de grandes richessesdceler des indices prouvant l existence d oretdpices,cequipousseMendaarentrerauProupourprpareruneautreexpditiondotede plus de moyens. Sur le chemin du retour,les explorateurs font un grand dtour qui lesamne jusqu la cte de Californie,quils re-descendentjusquCallao,leurportdedpart.

    Errancedans lePacifiquePourprparercettenouvelleexpdition,Men-daaserendenEspagneo,le27avril1574,ilsefaitremettreparlegouvernementlescapitula-tionslenommantadelantado,cest--diregouverneur, capitaine et gnral des les quilavaitdcouvertes;enchange,ildoitfinancerlintgralitde lentreprise.En1577,deretourau Prou, Mendaa nobtient pas lappui duvice-roi Francisco de Tolde et doit attendre1589, date de larrive de son successeur, lesecond marquis de Caete, pour concrtisersonprojet.Lentrepriseestplusambitieusequela prcdente. La flotte se compose de deux

    appartenant larchipel des Ellice. Trois se-maines plus tard, le 7 fvrier 1568, les naviresatteignent lune des les dun archipel encoreplusgrand,quilsdnommentleSalomon,persuadsquil sagitdu lgendaireOphir.

    Leursespoirsdavoirenfintrouvleparadissont vite dus. De violents accrochages sesuccdentaveclestribusautochtonesaucoursdessixmoisdexplorationdeslesSantaIsabel,Guadalcanal et San Cristbal toponymes

    espagnols qui ont t conservs. LechroniqueurLuisdeBelmonteBer-mdezracontecomment,lorsquelesEspagnolsdescendirentcher-cherdeleauSantaAna,unepe-tite le basse et ronde dote dunpromontoire plac en son centrecommeunchteau, les Indiensattaqurent les ntres avec deslances et des flches, en pous-sant des hurlements ; ils taientenduits, avec du feuillage sur latteetdesbandessur lecorps.Lorsdelaffrontement,deuxin-dignessonttus,troisEspagnols

    BOUCLIER ORN DUNE SILHOUETTE DE GUERRIEREN NACRE DE NAUTILE. 1860. LES SALOMON.BRITISH MUSEUM, LONDRES.

    DANS UNE CHRONIQUE consacre au Prou, Pedro Sarmiento de Gamboa rap-porte une curieuse histoire concernant le souverain inca Tupac Yupanqui (v. 1440-1493). Celui-ci, se trouvant dans le Nord de son royaume, rencontra des marchands venus de la mer qui lui donnrent lide dorganiser une expdi-tion maritime. Il embarqua avec un grand nombre de radeaux et 20 000 soldats. Il dcouvrit les les Auachumbi et Nina-chumbi, et en revint avec des gens la face noire, une grande quantit dor, un trne en laiton, une peau et des mandibules de cheval . On suppose quil sagit des les Galpagos ou de lle de Pques, mais peut-tre nest-ce quune lgende. Quant Sarmiento, il navait pas oubli cette his-toire lorsquil fut nomm capitaine de na-vire de lexpdition de Mendaa en 1567.

    LINCA TUPAC YUPANQUI, LUN DES FONDATEURSDE LEMPIRE INCA AU XVe SICLE. GRAVURE.

    LA ROUTE INDIQUE PAR LES INCAS

    / AL

    BUM

    26 HISTOIRE & CIVILISATIONS

    BRITI

    SH M

    USEU

    M /

    SCAL

    A, F

    LORE

    NCE

    ASTROLABE EN LAITON DOR AYANT APPARTENU PHILIPPE II 1566 MUSE

    ARMURERIE ROYALE DE MADRID.

    NAVIRE QUITTANT LE PORT DE LISBONNE

    AU XVIe SICLE. GRAVURE DPOQUE DE T. DE BRY.

  • Auretourde la secondeexpditionmeneparMendaaen 1595,lepilote FernndezdeQuirsdtaille dansun rapport cequil fautimprativementemporterpour russir unvoyagedexplorationdans lePacifique : le navire, lquipage, lesprovisions, les armes

    1LquipageSelon Quirs, il fallait embarquer deux pilotes prudents et enclins la raison , un ou deux chirurgiens et40 hommes, tous marins, qui sont seulsncessaires aux dcouvertes, et sanssoldats, car la paix est mieux prserve .Il fallait ajouter quatre domestiques etdeux religieux pour soccuper des marinset convertir les Indiens.

    3Les provisionsQuirs recommandait de remplirles cales debizcocho (pain sans levaincuit deux fois), de tranches de viande deporc ou de buf, de poisson conserven saumure, de vin, dhuile, de vinaigre,de beurre, de miel, de sucre, etc. Il fallaitemporter suffisamment de barils deaupotable, bien que Quirs parle dunalambic pour dessaler leau de mer.

    es armes feuuirs conseillait demporter

    oins une arquebuse par hommeipage, des mousquets et desers. Il fallait aussi de la poudre

    deux ou trois ans , de la corde pour(car on pouvait la confectionnerr place), et deux ou trois chiens,car ils suivent les traces, [...] etarce que les Indiens en ont peur .

    4Un navire manuvrableSelon Quirs, les navires devaienttre de taille moyenne, dune centainede tonneaux ; ils taient plus maniables,moins susceptibles de schouer, et encas durgence cinq hommes seulementsuffisaient les piloter. Enfin, il fallaittransporter une chaloupe dmontepour reconnatre les ports, chercherleau et le bois, et suivre les Indiens.

    La prparation du voyage

    MT

    DTA

    DCHARGEMENTDE BARRIQUES DEVIN DUNEILLUSTRAXVe SICL

    AKG

    / ALB

    UM

    DEA

    / ALB

    UM

    BRID

    GEM

    AN /

    INDE

    X

  • dans des canos et en sapprochant les encer-clrent , ce quoi les Espagnols rpliquent en ouvrant le feu et en tuant plusieurs indignes. Bermdez raconte quun indigne qui tentait de senfuir la nage avec son enfant dans les bras fut tu dun coup darquebuse par un soldat espagnol et coula avec son fils. Le soldat di-sait ensuite avec grande douleur que le diable lemporterait en enfer .

    Une femme chef dexpditionLes explorateurs reprennent leur navigationpour retrouver les les Salomon, mais pen-dant plus dun mois ils ne voient que de leauautourdeux.LemcontentementgranditauseindelquipagequicroitqueMendaaetsonpilote sont perdus au milieu de limmensitdu Pacifique. Le 7 septembre, ils atteignentfinalement Santa Cruz, une le magnifique,situe 400 kilomtres peine des les Sa-lomon,destination laquelle lexpdition neparviendra jamais.

    partirdecettedate,lescatastrophessen-chanent.LelendemaindelarriveSantaCruz,lun des navires disparat avec ses 182 mem-bresdquipage;personnenenentendraplusjamais parler. Le reste de lexpdition sins-talle et entame la construction de quelques

    navires, une galiote et une frgate, et emporte un quipage de 280 hommes, en plus dune centaine de colons censs stablir dans les les Salomon, dont plusieurs femmes. Lune dentre elles est lpouse de Mendaa, Isabel de Barreto, qui a apport sa dot afin de complter la flotte. Pedro Fernndez de Quirs, dorigine portugaise, en est le chef-pilote.

    Ayant appareill de Callao, la flotte se lance sur locan depuis le port de Paita, au Prou, le 16 juin 1595. Aprs une traverse dun mois,les navires arrivent dans larchipel des Mar-quises, baptis ainsi en lhonneur de Mag-

    pouse du vice-roi, donttionatdterminanteorganiser lexpdition.

    xplorent larchipel du-euxmoisetseheurtentuveau violemment auxignes.Ainsi,Mendaavoie un jour un groupevingt soldats chercherunportoudeleaudans

    lune des les ; beau-coupdIndiensvinrent

    LVARODEMENDAADIRIGEA DEUX EXPDITIONS DANSLE PACIFIQUE SUD. GRAVURE DE 1880. AR

    CHIV

    ES G

    NR

    ALES

    DE

    SIM

    ANCA

    S, M

    MIN

    IST

    RE D

    E LA

    CUL

    TURE

    INDIGNES DE PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINE. DESSINS COLORS LA PLUME. 1606. ARCHIVES GNRALES DE SIMANCAS, VALLADOLID.

    28 HISTOIRE & CIVILISATIONS

    INDE

    X

    OLIVER STREWE / CORBIS / CORDON PRESS

    RECHERCHE DE LA TERRE AUSTRALE En 1606, Luis Vez de Torrs est le premier navigateur europen traverser le dtroit sparant lAustralie de la Nouvelle-Guine. Ci-contre, lle Waier, dans le dtroit de Torrs.

  • BRID

    GEM

    AN /

    ACI

    Lors des expditions, les navigateurs espagnols sont entrs en contact avec les populations indignes des archipels polynsiens. Les chroniques rassemblent dintressantes observations de ces voyageurs. Lune dentre elles est accompagne dillustrations dessines daprs modle.

    Le vtementDans certaines les, les femmes allaient vtues de chemise et jupon et les hommes rien quune ceinture et leur nudit . Ailleurs, tous taient nus.

    La couleur de peauSur une le, ils virent des gens blancs et roux , ailleurs des Indiens peu blancs et sur une autre le des gens noirs diffrents de tous les autres .

    Pacifiques...Les indignes dune le les reurent en jetant leurs armes terre et les embrassrent et leur baisrent la joue , certains tentant mme dapprendre leur langue.

    ... ou hostilesAilleurs, les indignes attaqurent les Espagnols avec des flches, des lances, des masses, en se protgeant derrire de grands boucliers.

    u cours de leurs voyages, les Espagnols purent observer les coutumes des po-pulations indignes. Ils ont consign

    leurs impressions dans un grand nombre de chroniques et de rcits. Ce fut le cas de lexpdi-tion de Fernndez de Quirs en 1606. Aprs avoir atteint les Nouvelles-Hbrides (lactuel Vanuatu), Quirs dcida de rentrer en Amrique. Lun de ses navires, command par Vez de Torrs, scarta de sa route et explora seul les ctes de Papoua-sie-Nouvelle-Guine. Les Espagnols entrrent en contact avec des indignes et en capturrent mme une vingtaine. Ils rentrrent finalement Manille en 1607. Torrs a rdig un rcit de ce voyage illustr par Diego de Prado y Tovar.

    COUPLE ENLAC. CETTE SCULPTURE EN BOIS FAISAIT PARTIE DUN POTEAU DE MAISON CRMONIELLE. LES SALOMON. XVIIe SICLE.

  • ESSAIHistoire du Pacique des origines nos joursD. Barbe, Perrin, 2008.TEXTEHistoire de la dcouverte des rgions australesP. Fernndez de Quirs, LHarmattan, 2003.

    Pourensavoirplus

    LetrajetfinalversManilleest extrmement pnible.Sanseau,sansprovisions, des hommes meurent chaque jour, victimes dpidmies. Les marins, pour tout ce quils devaient faire, pour leurs maladies et pour voir le na-vire tant priv de moyens, taient si abattus quilsnavaientplusgotlavie , raconte Luis deBelmonteBermdez.Certains demandent mme de couler les navires pour mourir tous ensemble. Finalement, seule une centaine de survivantsparvientManillele 10 janvier 1596.

    Aprs maintes supplications auprs de la cour espagnole, Fernndez de Quirs obtient en1605lautorisationdeprparer une nouvelle expdition, tant il est persuad datteindre la mythique Terre australe et de dcouvrir un nouveaumonde.Lchecdecette expdition mettrafinlpopeglorieusede lexploration espagnoleduPacifique,quandles mers du Sud taientun lacespagnol.

    btiments, mais la situation devient vite in-tenable.Unepartiedelquipageseplaintdeslieux ( O nous a-t-on emmens ! se la-mentent-ils)etlesrelationsaveclesindignessenveniment en raison des abus commis parlessoldatsquiaccompagnentlexpdition.Pourfinir,une pidmie de fivre se dclare et tue,entreautres,lvarodeMendaa.Lecomman-dement passe alors aux mains de son pouseIsabel de Barreto,un cas unique de responsa-bilitconfieunefemmelorsdelaconquteetdelacolonisationespagnoleenAmriqueetenOcanie.Elledcidederenoncerauprojetdecolonisation et tente de se retirer en prenantladirectiondesPhilippines.

    FinduvoyageManilleLe rle dIsabel de Barreto dans la suite delexpdition est controvers. Pour lhistorienRamn Ezquerra, sa rputation est immri-te, car cest en ralit le pilote Fernndez deQuirs qui dirige la flotte, tandis qu elle faitpreuve dtroitesse desprit et dgosme enseconsacrant laversesvtements,alorsquelquipage meurt de faim, de soif et de mala-dies.Onadmetcependantquelletaitdotedun caractre bien tremp et sut empcherplusieursmutineriesaucoursduvoyage.

    LE DERNIER AVENTURIER DES MERS DU SUD

    LE PORTUGAIS Pedro Fernndez de Quirs fut lun des plus curieux navigateurs du XVIe sicle. Aprs avoir t chef-pilote avec Men-daa en 1595, il dirigea sa propre expdition en 1606 et en revint convaincu dtre pass tout prs de la terrale continent mythique que lon imaginait sever dans lhmisphre sud. En Espagne, Quiessaya de convaincre le gouvernement de Phlippe III de financer un nouveau voyage pou un autre Nouveau Monde, trs grand et peu-pl de beaucoup plus de gens que ne lest celuide lAmrique , abondant en or, en perles eten pices, et dindignes convertir, et pou-vant accueillir 200 000 nouveaux colons es-pagnols. Mais on ne lcouta pas et lEspagneattendra le XVIIIe sicle pour explorer de nouveaule Pacifique.

    MASQUE SURMONT DUN CASQUE EN BOIS ET COQUILLAGES. PAPOUASIENOUVELLE-GUINE. XIXe SICLE. MUSE DES BEAUX-ARTS DE HOUSTON

    BRID

    GEM

    AN /

    ACI

    30 HISTOIRE & CIVILISATIONS

    MAS

    SIM

    O PI

    GNAT

    ELLI

    / / F

    OTOT

    ECA

    9X12

  • UN PARADIS PERDUAprs avoir

    dcouvert les les Salomon en 1568,

    Mendaa chercha les retrouver sans

    succs lors de son second voyage,

    pour les coloniser. Ici, le lagon Marovo.

  • 1 les SalomonEn 1568, Mendaa aborde les les Salomon etfonde une colonie sur Santa Isabel. Les Espagnolsexplorent ensuite trs peu les les, jusquaurtablissement de la colonie de Mendaa en 1606par Quirs. Mais ce dernier la quitta peu aprs.

    2 Nouvelles- HbridesEn 1606, Pedro Fernndez de Quirs prend possession de ces les au nom de la Couronne espagnole. Lexplorateur dbarque sur lle la plus grande, pensant quelle faisait partie du continent austral, et la baptise Australia del Espritu Santo .

    2

    u cours du XVIe sicle, les expditionsespagnoles commencrent rvler la vritable tendue de locan Pacifique et

    lemplacement des archipels qui y taient dissmins. Certains dentre eux devinrent des territoires sous souverainet espagnole, comme les Philippines ds 1565, les les Mariannes, annexes en 1667 et baptises en lhonneur de la reine Marie-Anne dAutriche, et les Carolines, incorpores par la Couronne en 1686 sous le rgne de Charles II, qui leur donna son nom. Dans les trois cas, la souverainet espagnole prit fin aprs la dfaite de lEspagne face aux tats-Unis lors de la guerre de 1898-1899.

    2Avril 1521. La otte de Magellan atteint lle de Mactan, dans les Philippines. Magellan est tu lors dune bataille contre les indignes.

    1 Mars 1521. Magellan accoste Guam, dans un archipel quil nomme les des voleurs . Elles seront par la suite baptises les Mariannes .

    5 Janv. 1528. lvaro de Saavedra atteint les les Carolines, explore les plus importantes, mais ne dresse pas de campement permanent.

    3Nov. 1521. Aprs la mort de Magellan, Elcano, le nouveau capitaine du navire Victoria, quitte les les Philip-pines et parvient aux les Moluques.

    9Oct. 1606. Aprs stre spar de la otte de Quirs, Vez de Torrs parcourt le dtroit qui porte son nom et aperoit les ctes de lAustralie.

    Mendaa (1568)

    H. Gallego (1568)

    Quirs (1606)

    Vez de Torrs (1606)

    QUAND LE PACIFIQUE DEVIENT

    1

  • 33 les MarquisesCet archipel fut dcouvert par Mendaa en 1595, lors de son deuxime voyage vers les les Salomon. Mendaa explora le groupe sud des les quil appela Magdalena, Dominica, Santa Cristina et San Pedro.

    4Aot 1526. Alonso de Salazar est le premier Europen aperce-voir Taongi, dans les les Marshall, mais il ny dbarque pas.

    7 1555. Juan Gaetano aperoit peut-tre les les Hawa. Mais cest Cook qui les dcouvre vraiment en 1778.

    8 Janv. 1606. Lexpdition de Fernndez de Quirs parvient dans larchipel des Tuamotu et accoste lle Hao.

    6Mars 1535. Lors dun voyage de Panam Lima, lvque Toms de Berlanga dvie de sa route et parvient aux les Galpagos.

    Mendaa (1567)

    Mendaa (1595)

    Quirs (1605-1606)

    Torrs (1606)

    Mendaa (1595)

    UN LAC ESPAGNOL

    CART

    E : E

    OSGI

    S.CO

    M

  • SIM

    ON N

    ORFO

    LK /

    NB P

    ICTU

    RES

    / CON

    TACT

    OLA GRANDE CAPITALE DE LEMPIRE PERSE En 518 av. J.-C., Darius Ier entreprend la construction dune nouvelle capitale, Perspolis, pour en faire le sige dynastique et spirituel de son empire. sa mort, son ls Xerxs poursuivra les travaux.

  • LE ROI DES ROIS HA DES GRECS

    FRANCIS JOANNS PROFESSEUR DHISTOIRE ANCIENNE, UNIVERSIT PARIS I PANTHON-SORBONNE

    XERXSAux yeux dHrodote et dEschyle, le souverain de la Perse

    tait larchtype du despote oriental, monarque omnipotent et conqurant cruel... Celui que ses peuples surnommaient

    le Roi des rois mritait-il cette terrible rputation ?

  • LesThermopyles,Salamine,PlatesDesgnrationsdhellnistesontfaitla connaissancedugrandXerxs Ier travers le rcit de ces batailles deve-nuesmythiques,livrpar lhistorien

    grec Hrodote.Unimaginairedontsestem-par jusquaucinmalefilm300maisquia fauss durablement la perception de la v-ritable personnalitdecesouverain.Protago-niste majeur de la seconde guerre mdiqueface aux citsgrecquescoalises,Xerxsnestpas seulementledespoteorientalconqurantque les sourcesantiquesontvoulunousmon-

    trer. Il fut aussi le roi rformateurqui russit tablir durablementlempire perse achmnide, dansles pas de son pre Darius Ier.

    Xerxs,dontlenomenvieuxperse(Kshaya-arsha) signifieceluiquirgnesurdeshros,nestpasunhritier toutdsign :saplacedefils cadet ne le prdestinait pas au trne. Enledsignantcommesonsuccesseur,DariusIer

    fait un choix aussi tactique que novateur :privilgier ce fils n de sa seconde pouseAtossa,quitaitaussi ladescendantedufon-dateurde lEmpireperseCyrus leGrand.Auxyeuxdusouverain,montsur le trneparuncoup dtat en 521 av. J.-C., Xerxs avait lemritedincarner la lgitimitde latradition.Ainsi sa dsignation fut-elle reconnue sansvritable contestation, ni parmi ses frres etdemi-frres,niparmilesmembresdesgrandesfamilles nobles associes la conqute dupouvoir par son pre.

    CHRONOLOGIE

    XERXS, LE PERSE CHOISI

    520-519 av. J.-C.Naissance de Xerxs Ier, ls de Darius Ier et de son pouse Atossa, lle de Cyrus le Grand, fondateur de lEmpire achmnide.

    486 av. J.-C.Mort de Darius Ier Perspolis. Xerxs, prince-hritier en titre, succde son pre et monte sur le trne.

    LA PORTE DEPERSPOLIS Pendant le rgne de Xerxs, plusieurs grands di ces sont achevs Perspolis, comme la porte des Nations, laquelle on accdait par un immense escalier.

    CART

    E : E

    OSGI

    S.CO

    M

    WER

    NER

    FORM

    AN /

    GTRE

    S

    CE RELIEF DE PERSPOLIS ILLUSTRE LA POSITION DU PRINCE HRITIER, DEBOUT DERRIRE LE GRAND ROI. MUSE ARCHOLOGIQUE, THRAN.

    Empire persependant le rgnede Xerxs

    Route Royale

    Invasion de la Grceen 480 av. J.-C.

    Bataille

  • 481-480 av. J.-C.Xerxs engage la Perse dans une vaste campagne militaire en Grce continentale, la seconde guerre mdique .

    479 av. J.-C.Victoire grecque la bataille de Plates contre la cavalerie perse. Xerxs retire ses trouves des terres de la Grce dEurope.

    466 av. J.-C.Reprise du chantier de Perspolis. Xerxs fait construire de grands et somptueux di ces, comme la porte des Nations.

    465 av. J.-C.Xerxs est assassin, victime dune intrigue de cour, bientt suivi par son ls Darius. Son autre ls, Artaxerxs, lui succde.

    SIM

    ON N

    ORFO

    LK /

    NB P

    ICTU

    RES

    / CON

    TACT

    O

  • 38 HISTOIRE & CIVILISATIONS

    Quand il monte sur le trne en octobre 486 av. J.-C., Xerxs a environ 33 ans. Ds le dbut de son rgne, en juillet 484, clatent des rvoltes locales en gypte et en Babylonie. Ces troubles sont peut-tre ceux auxquels il fait allusion dans linscription de Perspolis dite des dai-va : Le roi Xerxs dclare : Quand je suis devenu roi, il y eut lun dentre ces pays qui se rebella. Le dieu Ahura Mazda mapporta son aide. Par la grce dAhura Mazda, je frappai ce pays et je le remis sa place.

    En rtablissant lordre imprial, Xerxs prend conscience quil faut poursuivre largement la politique dunification entame par son pre.

    Grce aux archives cuniformes de Baby-lonie, on peroit mme de manire in-

    directe quun changement dcisif est intervenu entre la fin du rgne de Da-rius Ier et la fin du Ve sicle av. J.-C. : les villes babyloniennes, qui concentraient jusque-l les pouvoirs administratif, conomique, politique et culturel, sen

    voient en partie dposs des au profit des grands domaines fonciers des membres

    de la famille royale et de la noblesse perse.

    La gestion du territoire babylonien passe ain-si des mains des notables urbains celles dad-ministrateurs impriaux allognes, venus surtout dgypte et du Levant.

    La province elle-mme nest plus dfinie par les limites de lancien Empire nobabylo-nien qui couraient jusqu la Mditerrane, mais se rduit la Msopotamie gographi que, cest--dire, peu de choses prs, lIrak ac-tuel. Les temples perdent sans doute aussi une bonne partie de leurs ressources, suivant un processus initi par Darius Ier, que Xerxs parachve. Cependant, cet affaiblissement local ne signifie pas que la Babylonie soit vic-time en 484 av. J.-C. de la violente rpression que dcrit Hrodote.

    Xerxs lorgne du ct de la GrceEn Iran, Xerxs entreprend galement tout ce qui peut renforcer cette unit impriale. Pour-suivant les grands travaux palatiaux de Darius Ier, il met au service de lexpression de la puissance perse larchitecture des capitales de lEmpire. Perspolis, il roriente laccs la grande terrasse en faisant construire au nord-ouest de celle-ci une entre monumentale connue sous le nom de porte des Nations . Au sud du complexe dapparat de lapadana construit par son pre, il fait difier une porte complexe donnant accs la partie rsidentielle de la terrasse o il construit sa propre rsidence, ainsi que le harem. Quant lapadana, lieu des audiences et crmonies officielles, Xerxs en fait achever les escaliers daccs, orns de frises montrant les peuples de lEmpire unis dans une mme clbration de la puissance et de la richesse impriales. Une autre source nous claire sur le personnage de Xerxs, si lon ad-met quil faut bien lidentifier avec lAssurus voqu dans la Bible, au Livre dEsther : au-de-l de lutilisation dlments msopotamiens qui font douter de la ralit des personnages, ce livre prsente une cour impriale fastueuse, mais dj traverse de luttes de clans qui peuvent dboucher sur de violents affrontements.

    LEmpire achmnide, dsormais pourvu dune gouvernance solide et de ressources op-timises, a vocation gouverner le monde. Xerxs dirige ses regards hors des frontires, vers la Grce continentale, qui consti tuait la base arrire des foyers de rsistance gens et ioniens lEmpire. Bien que restreint, ce ter-ritoire dispose dune population active et dune

    ART

    ARCH

    IVE

    LHOMMAGE DES SUJETS

    Ce plateau en or et argent dcor de bouquetins illustre le type de cadeaux offerts au Grand Roi par les reprsentants des peuples de lEmpire. VIe sicle av. J.-C. Collection prive, New-York.

    E. LE

    SSIN

    G / A

    LBUM

    LE ROI SPARTIATE LONIDAS AUX THERMOPYLES. PAR J.-L. DAVID. HUILE SUR TOILE. 1814. MUSE DU LOUVRE, PARIS.

  • LE POUVOIR DU GRAND ROI

    Sur cette terrasse de Perspolis, les

    linteaux des portes sont orns de scnes

    de lutte o rois et btes sauvages se battent corps

    corps pour souligner la puissance

    du souverain.

    SIM

    ON N

    ORFO

    LK /

    NB P

    ICTU

    RES

    / CON

    TACT

    O

  • LOPULENCE DE LA COUR

    Le trsor de lOxus est le plus important ensemble dobjets prcieux dpoque achmnide jamais dcouvert. Ci-dessous,un bracelet en or.IVe sicle av. J.-C.BritishMuseum,Londres.

    conomie florissante, la source de produits de grande qualit qui circulent dans toute la Mditerrane. La premire confrontation lors de la clbre bataille de Marathon, en septembre 490 av. J.-C., avait t un chec pour les Perses. Dix ans plus tard, Xerxs met donc sur pied une grande expdition terrestre et maritime, destine prendre possession du sol grec et neutraliserlesforcesnavalespouvantsoppo-serlamainmiseachmnidesurlamerge.Limportancenumriquedestroupesquilr-unitpourcettecampagnefrappe limaginairedesGrecs,qui insisterontdautantplussur ladisproportiondes forcesenprsence.

    Vainqueurouvaincu?Enfait,cestlapremirefoisquelEm-

    pirepersecherchecontrlerunespacegographiqueaussicomplexe.Pourta-

    blirlasouverainetsurlaterreetleauquilrclameauxGrecsdEurope,Xerxsdoitpouvoircoordonnerlesforceslesplus diverses de ses peuples. On saitcependant quil ny russira pas. La

    victoireremporteauxThermopyles,

    face lhrosme des fameux 300 hoplites spartiates mens par Lonidas, ne doit pas masquer lchec qui solde lexpdition que lon appelle traditionnellement deuxime guerre mdique . Le dbut des oprations en mai 480 av. J.-C. voit la progression simulta-ne de larme terrestre et de la flotte par la Thrace, suivie dune descente le long de la cte orientale de la Grce, qui amne les Perses jusqu Thbes puis Athnes, quils saccagent en septembre. Xerxs y acquiert une rputation supplmentaire de destructeur aveugle, ty-rannique et impie. Mais le 29 septembre, la moiti de la flotte perse est dtruite Salamine et lEmpire perd la matrise de ses relations maritimes entre Asie et Europe. Le Grand Roi replie alors son quartier gnral Sardes, en Lydie, et laisse le corps expditionnaire perse, sous la conduite de Mardonios, prendre ses quartiers dhiver en Thessalie, une rgion du Nord de la Grce. Lt 479 av. J.-C. voit de nouveaux succs militaires grecs Plates et au cap Mycale, tandis que des troubles intrieurs agitent lEmpire, obligeant Xerxs dtourner son attention et ses forces vers la Babylonie.

    Mais le retour final de Xerxs Suse est-il celui dun vaincu, comme le laissent penser Hrodote et surtout le dramaturge Eschyle dans sa pice Les Perses ? Certes, le souverain a chou dans son projet dexpansion en Eu-rope, mais il a vaincu militairement les Spar-tiates, pill et brl Athnes, ramen un butin humain et matriel considrable. La frontire avec le monde grec est vite stabilise et pour-vue de points dappui qui interdisent aux Grecs toute pntration importante en Anatolie. Cependant, Xerxs ne verra pas ce dbut de rtablissementperse.gdenviron55ans,il est assassin en aot 465 av. J.-C. dans son palais de Suse, la suite dun complot mont par le commandant de sa garde, Artaban, et par leunuqueAspamitrs.Ilentreainsidfi-nitivementdanslalgendedesdespotesorien-taux punis par le destin.

    Pourensavoirplus

    WER

    NER

    FORM

    AN /

    GTRE

    S

    ESSAISDarius, les Perses et lEmpireP. Briant, Gallimard, 1992.Les Perses vus par les Grecs. Lire les sources classiques sur lEmpire achmnide D. Lenfant (dir.), Armand Colin, 2011.Histoire de lEmpire perseP. Briant, Fayard, 1996.

    TIBO

    R BO

    GNAR

    / AG

    E FO

    TOST

    OCK

    FRISE DES ARCHERS. LES IMMORTELS ASSURAIENT LA GARDE PERSONNELLE DU ROI. PALAIS DE SUSE. BRIQUES MAILLES. MUSE DU LOUVRE, PARIS.

  • SPULTURES ROYALES Naqsh-e Rostam,

    au nord-ouest de Perspolis, Darius Ier,

    Xerxs Ier, Artaxerxs Ier et Darius II ont fait

    creuser dans la roche des tombeaux aux

    faades cruciformes.

    SIM

    ON N

    ORFO

    LK /

    NB P

    ICTU

    RES

    / CON

    TACT

    O

  • 42 HISTOIRE & CIVILISATIONS

    XERXS, ASSIS SUR SON TRNEET ENTOUR DE SES COURTISANS,CONTEMPLE LHELLESPONT.PAR ADRIEN GUIGNET. HUILE SURTOILE. 1845. MUSE ROLIN, AUTUN.

    PE PERSE, OU AKINAKS, SEMBLABLE CELLE QUE XERXSA JETE LA MER. MUSE NATIONAL DIRAN, THRAN.

    AKG

    /ALB

    UM

    LE PONT FLOTTANT DE XERXSEn 480 av. J.-C., Xerxs dcide dentreprendre

    linvasion de la Grce, que son pre Darius Ier

    navait pas russi mener son terme.Avec une arme de 250 000 hommes, le Grand Roi arrive sur lHellespont le dtroit des Dardanelles, dans la Turquie actuelle et ordonne ses ingnieurs de faire construire un pont dun kilomtre et demi de long. Celui-ci est constitu de 700 vieux bateaux de transport amarrs les uns aux autres, sur lesquels sont clous des panneaux en bois pour que larme puisse passer. Hrodote raconte que Xerxs, avant la traverse du pont, a demand la protection divine pour le succs dune telle prouesse.

    1 ARRIVE DANS LE DTROITSur les rives de lHellespont, Xerxs harangue ses troupes : Nous nous dirigeons contre des gens pleins de vaillance et si nous les vainquons aucune arme ne pourra se confronter nous. [...] Traversons la mer aprs avoir adress une prire aux dieux qui veillent sur la Perse.

  • HISTOIRE & CIVILISATIONS 43

    HRODOTE, HISTOIRES (VII - 45).

    En voyant empli de navires tout lHellespont et bonds de soldats toutes les plages et tous les champs

    des habitants dAbydos, Xerxs se flicita de son propre bonheur ; puis dans linstant il versa des larmes.

    AKG

    / ALB

    UM

    2 PRPARATION AU PASSAGEAprs les prparatifs pour la traverse, le lendemain, les Perses attendirent le lever du soleil phnomne quils dsiraient contempler pendant quils brlaient sur les ponts toutes sortes de substances aromatiques et couvraient le chemin de branches de myrte .

    3 OFFRANDE AHURA MAZDALorsque le soleil apparat lhorizon, le Grand Roi Xerxs, muni dune coupe en or, fait une libation Ahura Mazda, le dieu du Ciel, en lui demandant sa protection dans cette entreprise. Une fois sa prire finie, il jeta la coupe dans lHellespont, ainsi quun cratre en or et une pe.

  • COUVENT DU CHRIST TOMAR Aprs la dissolution du Temple, ses proprits portugaises furent transmises lordre du Christ. Parmi elles, le couvent du Christ Tomar, sige des templiers du Portugal, dont on voit ici la rotonde construite au XIIe sicle sur le modle du Saint-Spulcre.

  • premiers banquiers dEuropeLES TEMPLIERS

    MARINA MONTESANOUNIVERSIT DE MESSINE

    ANXO

    RIA

    L

    LETTRE DE CHANGE, COMPTE COURANT... LE SYSTME BANCAIRE

    DVELOPP PAR LORDRE DU TEMPLE PARTIR DU XIIE SICLE

    FIT DE LUI LA PLUS GRANDE PUISSANCE FINANCIRE DE TERRE

    SAINTE ET DEUROPE. JUSQU SUSCITER LA CONVOITISE.

  • Des templiers, on connat surtout la fin dramatique du dernier grand matre