HISTOIRE 1 De quel royaume Louis IX hérite-t-il · royaume de France par l’intermédiaire de ses...

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© Éditions Belin, 2016 HISTOIRE • Manuel pages 50-51 1 36 Thème 2 • Le temps des rois De quel royaume Louis IX hérite-t-il ? À la fin du règne des Carolingiens, l’autorité royale est profondément mise à mal. Les Capétiens parviennent à la restaurer. Cette très longue dynastie, après 800 ans de règne, a établi une structure politique et administrative sur un territoire réunifié. Objectifs – Comprendre la naissance du royaume de France. – Comprendre l’importance des Capétiens parmi les dynasties des rois de France. – Saisir les atouts et les limites du pouvoir des premiers rois capétiens. Compléments pour le maitre Les Capétiens de Hugues Capet à Louis IX À la fin du X e siècle, le roi de France est un seigneur parmi tant d’autres. Il est même moins puissant et moins influent que la plupart de ses pairs. Mais, à la différence des autres seigneurs qui l’ont élu, le nouveau roi a été sacré. Aux yeux de tous, il a été choisi par Dieu, dont il est le repré- sentant, pour faire régner la paix dans le royaume. Le sacre est ainsi un élément fondateur du royaume de France. Il confère au roi une dimension religieuse qui assure sa légitimité. Par ailleurs, le roi occupe le sommet de la pyramide vassa- lique, c’est-à-dire qu’il n’est le vassal de personne et que même les grands et puissants seigneurs du royaume doivent, en théorie du moins, lui prêter hommage. Enfin, les rois capétiens font élire et couronner leur fils ainé de leur vivant, afin qu’il leur succède et assure la pérennité de la dynastie : il s’agit du droit d’ainesse. Déjà, en 988, Hugues Capet avait fait couronner son fils, le futur Robert le Pieux, faisant de la royauté jusqu’ici élec- tive une royauté héréditaire. Malgré une très forte morta- lité infantile propre à l’époque, tous les rois capétiens ont eu un fils ainé vivant à leur décès, ce qui a assuré une continuité dynastique. Parallèlement, la durée de leurs règnes est exceptionnellement longue (Hugues Capet : 9 ans ; Robert II le Pieux : 35 ans ; Henri 1 er : 29 ans ; Phi- lippe I er : 48 ans ; Louis VI le Gros : 29 ans ; Louis VII : 43 ans ; Philippe II Auguste : 43 ans ; Louis VIII : 3 ans). Il en résulte une grande stabilité, un des principaux atouts de cette dynastie. Un domaine royal agrandi En 987, Hugues Capet n’est vraiment le maitre que d’une région comprise entre Paris et Orléans, appelée « domaine royal ». Les Capétiens vont en faire le noyau de la France actuelle. Le roi règne directement sur le domaine royal qui lui « appartient » en propre. Il règne par « délégation » sur le royaume de France par l’intermédiaire de ses vassaux qui y possèdent des fiefs. Bien que le domaine royal s’agran- disse régulièrement, en 1154, par des alliances et des mariages, la moitié du royaume passe sous le contrôle du A B roi d’Angleterre. Ce n’est qu’en 1214, après la bataille de Bouvines, que Philippe Auguste triomphe de Jean « Sans Terre » Plantagenêt. Il parvient alors à tripler le domaine royal et devient le suzerain de l’ensemble du royaume de France, hormis la Guyenne. Le roi de France apparait désormais comme un souverain occidental incontour- nable. La rivalité entre rois de France et rois d’Angleterre perdurera de nombreuses années et sera un des enjeux de la guerre de Cent Ans. La capitale, symbole d’une autorité royale renforcée À partir de Philippe Auguste, les rois résident à Paris, qui devient le centre politique, religieux, économique et cultu- rel du royaume. Il y fait construire le château fortifié du Louvre et, à son initiative, des remparts sont édifiés par les bourgeois de la capitale pour la protéger. Les eaux de ruis- sellement sont captées pour alimenter la ville, des rues sont pavées. À la fin du XIII e siècle, c’est la plus grande ville d’Occident, elle compte 200 000 habitants. La rive gauche abrite les lieux culturels : l’université, les libraires, le quar- tier latin ; la rive droite accueille le centre économique avec les halles notamment. Exploitation des documents Doc. 1 : Le droit d’ainesse introduit le principe d’hérédité dynastique (héritage de père en fils) et de primogéniture (succession au premier fils). Cela garantit une succession automatique à la tête du royaume qui empêche les conflits entre grands seigneurs à la mort du roi et évite le partage du royaume entre frères. Doc. 2 : Le domaine royal est beaucoup plus étendu. Le roi possède de nombreuses régions du royaume. En 1226, la Guyenne est sous domination anglaise. Doc. 3 : La ville de Paris est entourée d’une enceinte forti- fiée qui la protège. Doc. 4 : L’enceinte de Philippe Auguste a été construite pour protéger la capitale. Il reste quelques vestiges de cette enceinte au centre de Paris. Pour aller plus loin • Pour une biographie des Capétiens : www.histoire-france.net/biographie/capetiens.html • J.-C. Cassard, L’Âge d’or capétien (1180-1328), Belin, 2011. C

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36 Thème 2 • Le temps des rois

De quel royaume Louis IX hérite-t-il ?À la fin du règne des Carolingiens, l’autorité royale est profondément mise à mal. Les Capétiens parviennent à la restaurer. Cette très longue dynastie, après 800 ans de règne, a établi une structure politique et administrative sur un territoire réunifié.

Objectifs– Comprendre la naissance du royaume de France.– Comprendre l’importance des Capétiens parmi les dynasties des rois de France.– Saisir les atouts et les limites du pouvoir des premiers rois capétiens.

Compléments pour le maitreLes Capétiens de Hugues Capet à Louis IX

À la fin du xe siècle, le roi de France est un seigneur parmi tant d’autres. Il est même moins puissant et moins influent que la plupart de ses pairs. Mais, à la différence des autres seigneurs qui l’ont élu, le nouveau roi a été sacré. Aux yeux de tous, il a été choisi par Dieu, dont il est le repré-sentant, pour faire régner la paix dans le royaume. Le sacre est ainsi un élément fondateur du royaume de France. Il confère au roi une dimension religieuse qui assure sa légitimité.Par ailleurs, le roi occupe le sommet de la pyramide vassa-lique, c’est-à-dire qu’il n’est le vassal de personne et que même les grands et puissants seigneurs du royaume doivent, en théorie du moins, lui prêter hommage.Enfin, les rois capétiens font élire et couronner leur fils ainé de leur vivant, afin qu’il leur succède et assure la pérennité de la dynastie : il s’agit du droit d’ainesse. Déjà, en 988, Hugues Capet avait fait couronner son fils, le futur Robert le Pieux, faisant de la royauté jusqu’ici élec-tive une royauté héréditaire. Malgré une très forte morta-lité infantile propre à l’époque, tous les rois capétiens ont eu un fils ainé vivant à leur décès, ce qui a assuré une continuité dynastique. Parallèlement, la durée de leurs règnes est exceptionnellement longue (Hugues Capet : 9 ans ; Robert II le Pieux : 35 ans ; Henri 1er : 29 ans ; Phi-lippe Ier : 48 ans ; Louis VI le Gros : 29 ans ; Louis VII : 43 ans ; Philippe II Auguste : 43 ans ; Louis VIII : 3 ans). Il en résulte une grande stabilité, un des principaux atouts de cette dynastie.

Un domaine royal agrandi

En 987, Hugues Capet n’est vraiment le maitre que d’une région comprise entre Paris et Orléans, appelée « domaine royal ». Les Capétiens vont en faire le noyau de la France actuelle. Le roi règne directement sur le domaine royal qui lui « appartient » en propre. Il règne par « délégation » sur le royaume de France par l’intermédiaire de ses vassaux qui y possèdent des fiefs. Bien que le domaine royal s’agran-disse régulièrement, en 1154, par des alliances et des mariages, la moitié du royaume passe sous le contrôle du

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roi d’Angleterre. Ce n’est qu’en 1214, après la bataille de Bouvines, que Philippe Auguste triomphe de Jean « Sans Terre » Plantagenêt. Il parvient alors à tripler le domaine royal et devient le suzerain de l’ensemble du royaume de France, hormis la Guyenne. Le roi de France apparait désormais comme un souverain occidental incontour-nable. La rivalité entre rois de France et rois d’Angleterre perdurera de nombreuses années et sera un des enjeux de la guerre de Cent Ans.

La capitale, symbole d’une autorité royale renforcée

À partir de Philippe Auguste, les rois résident à Paris, qui devient le centre politique, religieux, économique et cultu-rel du royaume. Il y fait construire le château fortifié du Louvre et, à son initiative, des remparts sont édifiés par les bourgeois de la capitale pour la protéger. Les eaux de ruis-sellement sont captées pour alimenter la ville, des rues sont pavées. À la fin du xiiie siècle, c’est la plus grande ville d’Occident, elle compte 200 000 habitants. La rive gauche abrite les lieux culturels : l’université, les libraires, le quar-tier latin ; la rive droite accueille le centre économique avec les halles notamment.

Exploitation des documentsDoc. 1 : Le droit d’ainesse introduit le principe d’hérédité dynastique (héritage de père en fils) et de primogéniture (succession au premier fils). Cela garantit une succession automatique à la tête du royaume qui empêche les conflits entre grands seigneurs à la mort du roi et évite le partage du royaume entre frères.Doc. 2 : Le domaine royal est beaucoup plus étendu. Le roi possède de nombreuses régions du royaume. En 1226, la Guyenne est sous domination anglaise.Doc. 3 : La ville de Paris est entourée d’une enceinte forti-fiée qui la protège.Doc. 4 : L’enceinte de Philippe Auguste a été construite pour protéger la capitale. Il reste quelques vestiges de cette enceinte au centre de Paris.

Pour aller plus loin• Pour une biographie des Capétiens :www.histoire-france.net/biographie/capetiens.html• J.-C. Cassard, L’Âge d’or capétien (1180-1328), Belin, 2011.

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De quel royaume Louis IX hérite-t-il ?

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Exercice 1 • Lis le texte suivant puis réponds aux questions.

La cérémonie du sacre

Le roi doit se rendre à la cathédrale avec les archevêques, les évêques, les barons. L’archevêque de Reims doit demander au roi de promettre par serment qu’il respectera et fera respecter les droits des évêques et de l’Église. Il lui donne l’épée. Puis le roi doit être oint*. Ensuite, l’archevêque lui met le sceptre d’or dans la main droite et le bâton surmonté d’une main d’ivoire dans la main gauche. Il prend la couronne royale et la pose sur la tête du roi. Ensuite, les clercs et les laïcs portent la main à la couronne. Alors, ils doivent conduire le roi jusqu’au trône qui doit être assez haut pour que tout le monde puisse le voir.

D’après Le Livre du sacre des rois de France, xiiie siècle.

* Consacré en étant frotté avec les huiles saintes.

1. Où le roi est-il sacré ?

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2. Cite les attributs de la royauté qui figurent dans ce texte.

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3. Quels éléments du texte montrent les liens entre le roi et l’Église ? Cite-les.

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Exercice 2 • Sur la carte suivante, colorie en bleu le domaine royal en 987, et en rouge les extensions du domaine royal gagnées par les rois capétiens entre 987 et 1226.

MerMéditerranée

OcéanAtlantique

Manche

Paris

200 km

Domaine royal en 987

Domaine royal en 1226

Limitesactuellesde la France

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38 Thème 2 • Le temps des rois

Comment Louis IX gouverne-t-il son royaume ?Louis IX poursuit et renforce l’héritage des premiers grands rois capétiens en mettant en place une organisation centralisée du royaume. Très croyant, il cherche également à imposer sa religion.

Objectifs– Saisir l’importance du règne de Louis IX dans la construction du royaume de France.– Comprendre la place prépondérante de la religion chrétienne pour Louis IX.

Compléments pour le maitreLouis IX renforce le pouvoir royal

Louis IX, pour mener à bien son action politique et admi-nistrative, constitue un corps de spécialistes (enquêteurs royaux) qui veille à l’application des différentes mesures qu’il édicte. Ils sont envoyés en province pour surveiller la bonne marche des administrations locales en inspectant les baillis et les sénéchaux. Les baillis sont à l’origine des commissaires royaux qui rendent la justice, perçoivent les impôts et reçoivent, au nom de la couronne, les plaintes du peuple contre les seigneurs. Sous Louis IX, ils cessent d’être des inspecteurs itinérants et deviennent des admi-nistrateurs nommés et payés par le roi, qui exercent leurs fonctions dans une vingtaine de circonscriptions bien délimitées couvrant l’ensemble du royaume.Progressivement, Louis IX impose d’importantes réformes monétaires qui répondent d’abord à l’évolution du com-merce et de l’économie mais visent aussi à renforcer son contrôle. Louis IX promulgue des ordonnances en ce sens : monopole de la circulation de la monnaie royale dans le royaume, interdiction de l’utilisation de la monnaie anglaise, fixation du poids et de la teneur en métal fin des monnaies, création de l’écu.

Louis IX privilégie la religion chrétienne

Louis IX passe pour être très pieux : il écoute la messe tous les matins, récite de nombreuses prières et s’impose de dures pénitences. Il a la réputation de guérir les écrouelles (lésions cutanées).Le désir de Louis IX de faire respecter la loi divine passe aussi par une grande intransigeance. Il fait condamner des hérétiques au bûcher, fait percer la langue au fer rouge des blasphémateurs ou fouetter des enfants de moins de dix ans ayant outragé le nom de Dieu. De même, il persé-cute les juifs, ce qui est à interpréter en regard du contexte de l’époque.Néanmoins, son sens de la justice et de la droiture le conduit à arbitrer de nombreux conflits opposant rois et princes dans toute l’Europe. Sa fidélité à la chrétienté lui

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vaut d’être canonisé en 1297, 27 ans après sa mort. Louis IX devient alors saint Louis pour la postérité. Il est ainsi souvent représenté avec l’auréole de la sainteté et une simple couronne d’or (voir doc. 2 p. 52).

Louis IX impose la justice royale

Grand législateur, Louis IX régule par ordonnances la pros-titution en limitant son exercice dans des établissements spécialisés installés hors des villes, interdit le jeu et les combats privés entre nobles, lutte contre l’usure en spo-liant les banquiers juifs. Il expulse du royaume les ban-quiers étrangers en 1268. Il crée à Paris en 1254 un Parle-ment qui devient une Cour de Justice et il n’hésite pas à s’impliquer dans certaines décisions de justice. Louis IX promulgue la « Grande Ordonnance », qui regroupe plu-sieurs textes royaux promulgués entre juillet et décembre 1254. La plupart de ces textes abolissent de nombreuses mesures prises par les autorités locales et précisent que les officiers royaux doivent rendre la justice sans distinc-tion des personnes et refuser tout cadeau pour eux-mêmes ou leur famille. Ils ne peuvent lever aucune amende sans jugement, doivent considérer que tout accusé non condamné est présumé innocent, etc.

Exploitation des documentsDoc. 1 : L’administration centrale a un rôle de conseil auprès du roi. Elle administre les finances du royaume et reçoit les appels en justice.Doc. 2 : Sur ce document, le roi est représenté deux fois. Il lave les pieds d’un aveugle et se met à l’écoute des pauvres. Il faudra faire remarquer aux élèves que ce tableau fut réalisé au xve siècle, cette œuvre a donc une visée hagiographique.Doc. 3 : Les baillis doivent traiter les justiciables de manière égale sans distinction liée à leur rang ou à leur origine.Doc. 4 : La posture du roi traduit son autorité. Il est assis face aux autres personnages regroupés debout. Même s’ils semblent être en discussion avec lui, c’est le roi qui décide : son doigt tendu vers le scripteur indique que c’est lui qui dicte les ordonnances. Un autre personnage est assis au sol, il retranscrit ses décisions.Doc. 5 : Louis IX n’hésite pas à faire condamner un sei-gneur qui a commis un déni de justice. Cette décision est exemplaire pour l’époque, où il était admis que le seigneur avait droit de vie ou de mort sur ses administrés.

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Exercice 1 • En quelques phrases, explique quelle vision a Louis IX de l’exercice du pouvoir royal.

Conseils de Louis IX à son fils

Beau fils, la première chose que je t’enseigne est que tu mettes ton cœur à aimer Dieu […].Ne charge pas [ton peuple] de taxes ni de tailles, si ce n’est par nécessité. […] Tiens la justice avec rigueur et loyauté envers tes sujets […].Garde-toi de partir en guerre contre des chrétiens sans grande réflexion ; et s’il faut la faire, protège la sainte Église et ceux qui n’y sont pour rien […].Sois attentif à avoir de […] bons baillis et renseigne-toi souvent sur eux […] : comment ils se comportent, s’il y a en eux convoitise, fausseté ou tricherie.

D’après Jean de Joinville (1224-1317), Vie de Saint Louis, début du xive siècle.

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Exercice 2 • Trouve le mot qui correspond à chaque définition.

1. Institution chargée de traiter les appels en justice :

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2. Envoyés du roi en province pour les gérer en son nom :

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3. Monnaie mise en circulation par Louis IX :

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4. Gestionnaire des finances royales :

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5. Texte d’application des décisions de Louis IX :

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6. Symbole que doivent porter les juifs sous Louis IX :

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40 Thème 2 • Le temps des rois

Comment vit-on à l’époque de Louis IX ?L’organisation pyramidale et inégalitaire de la société, les rôles déterminés de chaque catégorie sociale sont des notions importantes à comprendre car elles posent les bases de la société française jusqu’à la Révolution.

Objectifs– Comprendre l’organisation de la société médiévale.– Saisir l’importance de la place de la religion chrétienne.

Compléments pour le maitreUne société très hiérarchisée

À la fin de la période carolingienne, l’affaiblissement du pouvoir royal favorise la mise en place d’un nouvel ordre social : la féodalité. C’est un système de liens entre des personnes de rangs sociaux différents : ils unissent un homme, le seigneur (ou suzerain), à un autre homme, le vassal, au cours d’une cérémonie appelée l’hommage. Lors de cette cérémonie, le vassal jure obéissance et fidé-lité à son seigneur. En retour, le seigneur s’engage à proté-ger son vassal et il lui confie un fief. C’est le plus souvent une terre, mais le fief peut aussi prendre la forme d’une rente ou d’une somme d’argent, surtout à partir du xiiie siècle.

Une société rurale

Les paysans représentent près de 95 % de la population sous Louis IX. Il en existe deux catégories : les serfs et les vilains. Les serfs font partie du domaine et changent de proprié-taires en même temps que le terrain. Le servage tend à disparaitre à partir du xiiie siècle. Les vilains sont les paysans libres, qui louent et exploitent la terre en partie pour leur propre compte. Ils sont dépen-dants d’une élite de puissants laïcs (comtes, ducs et châte-lains) et ecclésiastiques (abbés, évêques).En échange de la jouissance d’une terre et de la protection militaire, les paysans ont de nombreux devoirs envers leur seigneur. Ils donnent une partie de leurs récoltes et paient des taxes. Ils participent gratuitement à des travaux appe-lés corvées.

Une société chrétienne

Omniprésente, l’Église impose sa présence dans la vie quotidienne, la vie économique et la vie religieuse de tous. Le calendrier de l’année est rythmé par les fêtes reli-gieuses (Noël, Pâques) et les fêtes de saints, le dimanche est un jour chômé et les heures de la journée sont ponc-tuées par les cloches des églises. La vie du chrétien est marquée par les sacrements de l’Église (baptême, mariage, extrême-onction). L’Église peut également excommunier ceux dont le comportement est jugé déviant.

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L’Église est par ailleurs une véritable puissance économique grâce aux dons, aux legs, aux impôts, comme la dîme, levés sur les paysans et à l’exploitation de grands domaines agri-coles. Les évêques vivent comme de riches seigneurs.

Une société inégalitaire

La société médiévale sous Louis IX est organisée en trois ordres : ceux qui prient (oratores), ceux qui font la guerre (bellatores), ceux qui travaillent (laboratores). C’est une classification analogue à celle que l’on retrouve à la veille de la Révolution : clergé, noblesse, tiers état. Cette organi-sation est censée fonder l’harmonie du monde chrétien médiéval dominé par le roi. Ainsi, les moines et les prêtres prient pour le salut de tous, les chevaliers mettent leurs armes au service de l’Église et défendent les faibles qui travaillent, ces derniers font fruc-tifier la terre pour nourrir les deux premiers ordres. L’ap-partenance aux deux premiers groupes est scellée par des rites : adoubement pour les chevaliers, ordination pour le clergé.

Exploitation des documentsDoc. 1 : Le seigneur le plus puissant est le roi. Situé au sommet de la pyramide vassalique, il n’est le vassal de personne.Doc. 2 : Les soubassements de cette maison sont en pierre, les murs en branchages et torchis (terre). Le toit est composé d’une charpente en bois recouverte de chaume. L’habitation est constituée d’une seule pièce de vie où il n’y a pas de conduit de cheminée. L’étage est utilisé pour stocker les réserves alimentaires. Les conditions de vie y sont rudimentaires.Doc. 3 : Les tâches du paysan sont le labour des terres, l’alimentation des bêtes. Il doit, selon les saisons, semer, herser (briser les mottes de terre), faucher. Il tond les bêtes et entretient les clôtures et les palissades. Il creuse des viviers pour élever des poissons.Doc. 4 : Ce sont des religieuses qui prennent soin des malades. En effet, l’Église est en charge des hôpitaux, de l’accueil des pauvres et des orphelins.Doc. 5 : Les paysans, « ceux qui travaillent », produisent tout ce qui est consommé par l’ensemble de la population. Ils sont aussi une source de revenus pour les seigneurs et l’Église qui leur font payer des taxes.Doc. 6 : Le seigneur (qui combat) est représenté au centre en armure. Le paysan (qui travaille) est à droite avec une pelle dans ses mains. L’homme d’Église (qui prie) est à gauche, il est reconnaissable à sa tonsure.

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Comment vit-on à l’époque de Louis IX ?

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Exercice 1 • Complète le schéma avec les mots suivants : roi, ducs et comtes, châtelains, chevaliers. Trace ensuite en rouge les flèches indiquant « vassal de… » et en bleu les flèches indiquant « seigneur de… ».

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Exercice 2 • Après avoir lu ce texte, réponds aux questions.

Tout fidèle, homme ou femme, doit lui-même confesser ses péchés, sans témoins, à son propre curé au moins une fois par an. Il doit accomplir avec soin la pénitence qui lui est imposée. Il doit communier, au moins une fois par an, à Pâques. Sinon, qu’il lui soit interdit d’entrer dans une église et qu’il soit privé de sépulture chré-tienne après sa mort.

D’après le décret du 4e concile de Latran, 1215.

1. Selon ce texte, que doit faire un chrétien ?

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2. Que risque-t-il s’il ne le fait pas ?

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42 Thème 2 • Le temps des rois

Dans quel contexte Louis IX part-il en croisade ?Impliquant les populations civiles, les croisades constituent l’un des premiers chocs entre monde chrétien et monde musulman. Ces pages évoquent notamment la place des monarques occidentaux, dont Louis IX, dans ces conflits qui s’étendront sur presque 200 ans.

Objectifs– Découvrir l’origine de l’islam.– Connaitre l’origine des croisades.– Comprendre le rôle de Louis IX dans les croisades.

Compléments pour le maitreL’essor d’une nouvelle religion : l’islam

L’islam nait au viie siècle dans la péninsule Arabique, entre les villes de Médine et de La Mecque. Son fondateur est Mahomet. Vers 610, il commence à avoir des visions que lui délivre un Dieu unique, Allah. Mahomet, qui se pré-sente comme le prophète, réunit autour de lui quelques dizaines de fidèles mais s’attire immédiatement l’hostilité de la population. Pour échapper à la persécution, il doit se résoudre à quitter La Mecque pour fuir vers Médine en 622. Cette date, appelée Hégire, marque le début d’une nouvelle ère, l’an I du calendrier musulman. Mahomet meurt en 632 sans héritier mâle et sans avoir désigné son successeur, ce qui conduit à la première grande division entre les fidèles : ceux qui veulent que le successeur soit issu de la lignée de Mahomet (chiites) et les autres qui pensent que cette parenté n’est pas nécessaire et que les lieutenants du prophète peuvent être légitimes (sunnites).La révélation de l’islam est d’abord une révélation orale, Mahomet ne fixant rien à l’écrit. Ce n’est qu’une vingtaine d’années après la mort du prophète que le Coran est rédigé. Il réglemente la vie des croyants dans tous les domaines. Chaque musulman doit aussi respecter les cinq piliers fondamentaux : croire en un Dieu unique, prier cinq fois par jour, faire l’aumône aux pauvres, jeûner pendant le ramadan et faire un pèlerinage à La Mecque au moins une fois dans sa vie.

Les premières croisades

La croisade est un pèlerinage armé vers Jérusalem. Huit croisades se succèdent entre 1095 et 1270. Cette « guerre juste » contre les ennemis de l’Église est l’occasion pour celle-ci d’assurer sa prééminence sur l’Occident chrétien et surtout de discipliner les chevaliers.La première croisade est prêchée par le pape Urbain II (1042-1099) après que l’empereur byzantin ait sollicité l’aide militaire de mercenaires occidentaux pour reprendre Jérusalem, qui est prise par les armées occidentales en 1099. En 1098, trois « États » sont fondés : le comté d’Édesse, le comté de Tripoli et la principauté d’Antioche :

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ils forment avec Jérusalem, créée en 1099, les quatre États latins d’Orient. Ce sera pour les protéger que les autres croisades seront menées.

Les croisades menées par Louis IX

La huitième croisade, dirigée par saint Louis (1214-1270), assiège Tunis au lieu d’aller en Terre sainte. Le roi de France y meurt et les derniers territoires latins d’Orient tombent les uns après les autres.Les croisades, en tant qu’expéditions militaires vers les lieux saints, ont été un échec mais elles ont été l’occasion d’échanges multiples. Elles ont consacré le schisme entre chrétiens d’Orient orthodoxes et chrétiens d’Occident catholiques. Elles ont dressé l’une contre l’autre les civili-sations musulmane et chrétienne. Elles ont aussi été l’oc-casion de massacres perpétrés contre les communautés juives.

Exploitation des documentsDoc. 1 : C’est l’ange Gabriel, messager d’Allah, qui annonce à Mahomet qu’il est prophète de Dieu. L’ange Gabriel est un personnage qui apparait dans le Coran mais aussi dans la Bible et le Nouveau Testament. C’est, dans les trois reli-gions dites « du livre » (juive, chrétienne, musulmane), un messager de Dieu annonciateur de bonnes nouvelles.Doc. 2 : À l’origine, c’est le sunnisme qui réprouve la repré-sentation de tout être qui possède une âme, d’autant plus s’il s’agit de Mahomet, ce qui peut être considéré comme un blasphème. Cette interdiction n’est pas respectée de façon absolue : on trouve des représentations de Maho-met le visage vide ou caché par un voile chez les Turcs et les Persans.Doc. 3 : Le pape demande aux chrétiens d’aller délivrer Jérusalem occupée par les musulmans. Les « nations igno-rantes de la loi de Dieu » sont les musulmans.Doc. 5 : Louis IX se rend à Jérusalem par voie maritime. Il embarque à Aigues-Mortes en 1248, passe l’hiver sur l’ile de Chypre avant d’atteindre Jérusalem en 1249. Il reste en Palestine jusqu’en 1254.Doc. 6 : La 1re croisade emprunte la voie terrestre, il en sera de même pour la 2e. Comme les 4e, 5e et 6e croi-sades, les 7e et 8e croisades utiliseront la voie maritime.On peut citer Louis VII, Philippe Auguste ou Louis IX (rois de France), Conrad III, Frédéric Barberousse (empereurs germaniques) ou encore Richard Cœur de Lion, Henri II (rois d’Angleterre).

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Dans quel contexte Louis IX part-il en croisade ?

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Exercice 1 • À partir de la légende, colorie les différents territoires. Trace ensuite les trajets suivis par les 1re, 7e et 8e croisades.

Constantinople

Paris

Rome

Lyon

Aigues-Mortes

Tunis

Venise

Jérusalem

VienneRatisbonne

MayenceLondres

Tigre

Euphrate

Mer Méditerranée

Mer Noire

OCÉANATLANTIQUE

A F R I Q U E

E U R O P E

A S I E

500 km0

Monde chrétien d’Occident

Monde musulman

Exercice 2 • Après avoir lu ce texte, reporte ci-dessous ce qui semble important aux yeux de Richard Cœur de Lion.

Lors de la troisième croisade, Richard Cœur de Lion, roi d’Angleterre, sollicite une trêve auprès de Saladin.

Les nôtres et les vôtres sont morts, le pays est en ruine et l’affaire nous a complètement échappé à nous tous. Ne crois-tu pas que cela suffit ? En ce qui nous concerne, il n’y a que trois sujets de discordes : Jérusalem, la vraie Croix et le territoire. S’agissant de Jérusalem, c’est notre lieu de culte et nous n’accepterons jamais d’y renoncer, même si nous devions nous battre jusqu’au dernier. Pour le territoire, nous voudrions qu’on nous rende ce qui est à l’ouest du Jourdain. Quant à la Croix, elle ne représente pour vous qu’un bout de bois alors que sa valeur nous est inestimable. Que le sultan nous la donne et qu’on mette fin à cette lutte épuisante.

D’après Richard Cœur de Lion, 1195.

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HISTOIRE • Manuel pages 60-61

44 Thème 2 • Le temps des rois

Réaliser un exposéLa civilisation arabo-musulmane au Moyen Âge

Méthode

Compétences du socle commun• Comprendre un document : extraire des informations pertinentes pour répondre à une question ; savoir que le document exprime un point de vue, identifier et questionner son sens implicite.L’élève doit être capable de choisir les documents adaptés au thème qu’il veut traiter. Il doit en comprendre le sens général mais savoir aussi en extraire les informations utiles. Il se familiarise avec différentes sources documen-taires. Il apprend à traiter des données de nature variée (texte, carte, iconographie…) et à les mettre en lien.

• Se repérer dans le temps, construire des repères his-toriques : situer chronologiquement des grandes périodes historiques ; ordonner des faits les uns par rap-port aux autres et les situer dans une époque donnée.L’élève devra concevoir que les situations, les évènements relatés, les documents présentés se comprennent en regard d’un temps et de ses particularités, ancrage qui est essentiel pour éviter les anachronismes.

• Se repérer dans l’espace, construire des repères géo-graphiques : nommer et localiser un lieu dans un espace géographique.

En histoire, la carte permet à l’élève de comprendre qu’un fait historique s’analyse aussi dans un espace circonscrit. Il découvre par ailleurs qu’elle est un moyen d’information très efficace sous forme synthétique et visuelle.

• Raisonner, justifier une démarche et les choix effec-tués : poser/se poser des questions ; formuler des hypothèses ; vérifier ; justifier.

Le choix du thème déterminera la sélection des docu-ments que l’élève exploitera. La capacité à rechercher l’in-formation, à trier et à interpréter contribue à développer un esprit critique.

• Pratiquer différents langages en histoire et en géo-graphie : écrire pour structurer sa pensée et son savoir, pour argumenter, écrire pour communiquer et échan-ger ; s’exprimer à l’oral pour penser, communiquer et échanger.

La présentation à l’oral mettra en œuvre de nombreuses compétences : mémorisation, articulation, présentation de documents, échanges avec les autres… Elle nécessitera un entrainement particulier.

• S’informer dans le monde du numérique : trouver, sélectionner et exploiter des informations dans une ressource numérique.

Sur le site de l’Institut du monde arabe, l’élève apprend à compléter les informations dont il dispose. Il élargit son champ d’investigation et étend ses connaissances. Pour présenter son exposé, l’élève pourra utiliser des logiciels adaptés à la mise en page et la vidéoprojection.

• Coopérer et mutualiser : organiser son travail dans le cadre d’un groupe pour élaborer une tache commune et/ou une production collective et mettre à la disposi-tion des autres ses compétences et ses connaissancesPar l’exposé, l’élève partage avec ses pairs les connais-sances acquises. Si les thèmes sont répartis entre les élèves, l’exercice enrichit l’ensemble de la classe de nou-veaux savoirs sur un même sujet.

Objectifs– Comprendre, sélectionner des documents.– Synthétiser des informations.– Faire une présentation à l’écrit et à l’oral d’un ensemble de connaissances.

Compléments pour le maitreDoc. 1 : Les activités de la ville d’Almeria sont le tissage de la soie et d’autres étoffes de luxe, la fabrication d’objets métalliques (en fer et en cuivre) et le commerce maritime.Doc. 2 : Cette planche anatomique décrit de façon détail-lée les systèmes circulatoire et digestif. La précision du dessin révèle qu’il s’agit d’un dessin d’observation et que le niveau de connaissance anatomique est élevé.Doc. 3 : L’empire musulman s’étend du sud de l’Europe à l’Asie, en passant par l’Afrique du nord et la péninsule Arabique.Doc. 4 : Une fontaine supportée par douze lions de marbre blanc est au centre de la cour. L’eau s’écoule par quatre canaux. La cour est bordée par une galerie aux façades minutieusement sculptées soutenues par une colonnade d’une grande finesse. Les piliers sont seuls ou regroupés par deux, trois ou quatre. Les ouvertures en arc outrepassé (ou en « fer à cheval ») sont caractéristiques de l’architec-ture arabo-andalouse.

La fiche méthodeElle reprend toutes les étapes d’un exposé. La pre-mière chose à demander aux élèves est de circons-crire leur sujet à l’un des thèmes proposés.Les documents de la page ne sont qu’un point de départ pour ce travail, les élèves devront effectuer d’autres recherches pour avoir suffisamment de docu-ments à exploiter.La construction du plan est l’étape la plus difficile et les élèves devront être accompagnés.La grille des critères d’évaluation est une aide pour les élèves.

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Réaliser un exposéLa civilisation arabo-musulmane au Moyen Âge

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Réaliser un exposéLa civilisation arabo-musulmane au Moyen Âge

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Grille évaluative

Exercice • Relis bien la grille pour avoir en tête les critères de réussite lorsque tu présenteras ton exposé.

A • Pour vérifier si les éléments essentiels de l’exposé sont présents :

J’ai choisi une thématique précise.

J’ai rédigé une courte introduction pour présenter le sujet.

J’ai rédigé un plan.

Pour chaque point de mon plan, j’ai trouvé un titre et un document.

J’ai rédigé une conclusion.

B • Pour présenter correctement mon exposé :

J’ai parlé suffisamment fort.

J’ai articulé.

J’ai préparé des documents assez grands pour être vus lorsqu’ils sont affichés.

J’ai su répondre aux questions de mes camarades.

Grille évaluative

Exercice • Relis bien la grille pour avoir en tête les critères de réussite lorsque tu présenteras ton exposé.

A • Pour vérifier si les éléments essentiels de l’exposé sont présents :

J’ai choisi une thématique précise.

J’ai rédigé une courte introduction pour présenter le sujet.

J’ai rédigé un plan.

Pour chaque point de mon plan, j’ai trouvé un titre et un document.

J’ai rédigé une conclusion.

B • Pour présenter correctement mon exposé :

J’ai parlé suffisamment fort.

J’ai articulé.

J’ai préparé des documents assez grands pour être vus lorsqu’ils sont affichés.

J’ai su répondre aux questions de mes camarades.

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HISTOIRE • Manuel pages 62-63

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46 Thème 2 • Le temps des rois

Quels sont les bouleversements à la fin du xve siècle ?Avant d’approfondir les différents points qui caractérisent le règne de François Ier, il est indispensable d’aborder le contexte de la fin du xve siècle : la découverte de nou-veaux territoires, les progrès scientifiques et techniques, dont l’imprimerie.

Objectifs– Prendre la mesure de l’importance des découvertes scientifiques des xve et xvie siècles.– Comprendre pourquoi l’imprimerie est une révolution dans l’histoire de l’humanité.– Identifier les trajets des grandes expéditions des xve et xvie siècles et en comprendre les enjeux.

Compléments pour le maitreDes progrès scientifiques et techniques

Vers 1450, Gutenberg, s’inspirant de la technique de reproduction des images, a l’idée d’appliquer le procédé à des caractères mobiles en plomb. Chacun représente une lettre de l’alphabet en relief. L’assemblage ligne à ligne de différents caractères permet de composer une page d’écriture. On peut ensuite imprimer à l’identique autant d’exemplaires que l’on veut.Les conséquences de l’invention de l’imprimerie sont immenses. D’abord sur la manière de lire et d’écrire : les imprimeurs aèrent les textes en recourant à la séparation des mots et à la ponctuation ; ils fixent aussi l’orthographe. L’instruction et plus encore l’esprit critique se répandent rapidement car de plus en plus de gens peuvent avoir un accès direct aux textes bibliques et antiques, sans être obligés de s’en tenir aux commentaires oraux d’une poi-gnée d’érudits et de clercs.Parallèlement, de nombreuses découvertes scientifiques voient le jour. Copernic pose que le Soleil est au centre de l’univers et définit les bases de l’héliocentrisme qui suc-cède au géocentrisme (la Terre au centre de l’univers) jusque-là défendu par l’Église.Les théories anciennes en matière de médecine et d’ana-tomie sont aussi remises en cause à cette époque. Le fla-mand Vésale, comme Ambroise Paré, chirurgien du roi, font progresser de manière significative la chirurgie en pratiquant des dissections jusqu’alors interdites par l’Église. Paré pratique la cautérisation des plaies et invente des méthodes d’amputation qui permettent au patient de survivre.

Les Grandes Découvertes : l’exploration de nouveaux territoires

En 1453, Constantinople tombe aux mains des Turcs. La route commerciale des épices passe sous leur domina-tion. Les marins italiens contrôlent la Méditerranée. Paral-lèlement, la population européenne grandit. Le commerce

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redevient actif et les besoins en métal précieux augmen-tent. Pour accompagner cette croissance et étendre leur hégémonie, les puissances européennes recherchent à la fin du xive siècle de nouvelles ressources et de nouvelles routes commerciales vers l’Asie. C’est aussi l’occasion de convertir de nouvelles populations à la religion catholique.Ces voyages sont rendus possibles grâce aux progrès réa-lisés dans la construction navale : la caravelle, mise au point par les Portugais, supporte de plus grandes vagues et peut naviguer par tous les temps.La conquête du continent amérindien par les Européens se fait au détriment des populations autochtones : les maladies européennes contre lesquelles les Indiens ne sont pas immunisés ainsi que les mauvais traitements conduisent à la disparition quasiment totale des peuples indigènes (Arawaks et Caribs des Antilles) et au déclin des grandes civilisations amérindiennes comme les Mayas, les Aztèques et les Incas.

Exploitation des documentsDoc. 1 : Cette planche anatomique représente la muscula-ture du corps humain.Doc. 2 : Au premier plan, le typographe assemble les caractères en plomb pour constituer des textes sur une plaque. Au second plan, les deux personnages encrent les tampons et préparent la feuille à imprimer. Le personnage en bleu active la presse qui applique la feuille sur la plaque encrée. Les deux personnages à droite de l’image contrôlent la qualité de l’impression.Doc. 3 : Ce sont principalement les royaumes portugais et espagnols.La première flotte à avoir réalisé le tour du monde est celle conduite par Fernand de Magellan. Elle part d’Espagne le 19 septembre 1519, constituée de 5 caravelles et de 265 hommes. Seulement 18 hommes parviennent à terminer le voyage qui s’achève le 6 septembre 1522. Magellan est tué aux Philippines le 27 avril 1521.Doc. 4 : Le commerce triangulaire, autrement appelé « traite négrière », est un système d’échange qui permet de vendre des produits européens en Afrique contre des esclaves de ce même continent qui sont à leur tour reven-dus en Amérique pour servir essentiellement dans les plantations de canne à sucre. Les bateaux reviennent alors avec des produits des colonies (bois, épices, sucre) qui sont vendus en Europe.

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Quels sont les bouleversements à la fin du xve siècle ?

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Exercice 1 • Lis le texte et réponds aux questions.

N’est-ce pas une grande gloire pour votre Sainteté d’avoir procuré aux plus pauvres la facilité de se former une bibliothèque à peu de frais et d’acheter pour vingt écus des volumes corrects que, dans le temps, on pouvait à peine obtenir pour cent quoique remplis de fautes de copistes ?

Dédicace au pape Paul III, introducteur de l’imprimerie à Rome, par Jean André de Bassi, évêque d’Aléria (1466-1475).

1. Qui a écrit ce texte et à qui s’adresse-t-il ?

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2. Pourquoi l’auteur félicite-t-il le pape ?

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3. Quels sont les avantages des livres imprimés selon André de Bassi ?

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Exercice 2 • Qui suis-je ?

1. Mon équipage a été le premier à faire le tour du monde, je suis :

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2. Pensant atteindre l’Inde, j’ai découvert le continent amérindien en 1492, je suis :

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3. J’ai mené des expéditions au Canada pour le compte de François Ier, je suis :

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4. Premier marin portugais à franchir le Cap de Bonne Espérance, je suis :

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Exercice 3 • Complète ce schéma du commerce triangulaire.

ce qui est échangé

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HISTOIRE • Manuel pages 64-65

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48 Thème 2 • Le temps des rois

Comment François Ier découvre-t-il les artistes de la Renaissance ?Le personnage de François Ier est indéfectiblement attaché à la Renaissance et aux artistes emblématiques de cette période. Cette leçon explique ce qui caractérise ce mouvement artistique, ses origines et les circonstances qui ont favorisé sa diffusion en France.

Objectifs– Savoir ce qui caractérise les arts de la Renaissance.– Comprendre le principe du mécénat, caractéristique de la Renaissance.– Comprendre comment la Renaissance italienne s’est diffusée en Europe.

Compléments pour le maitreLa Renaissance italienne

À partir du xve siècle, l’Antiquité inspire les artistes italiens : le nu et la représentation du corps humain sont remis à l’honneur, les connaissances nouvelles en anatomie nour-rissent les artistes qui cherchent à traduire fidèlement la nature. L’art devient plus raffiné. Le paysage naturel devient un thème important en peinture comme dans la tapisserie ou le vitrail. Les portraits non religieux et la nature morte sont des genres nouveaux. La mythologie, les allégories sont des sources d’inspiration. Sur le plan technique, des innovations voient le jour : la peinture à l’huile mise au point en Flandres, la perspective linéaire, la peinture sur toile, le trompe-l’œil ou encore les techniques du clair-obscur et du sfumato (effet de brouil-lard fréquent chez Vinci).L’abondance d’œuvres produites en Italie est permise par le développement du mécénat. L’expansion économique exceptionnelle que connait l’Italie depuis le xiiie siècle explique la richesse de certaines grandes familles de ban-quiers et de commerçants qui, souhaitant se faire construire des demeures fastueuses et marquer leur temps, financent des artistes. Les Médicis font ainsi de Flo-rence la capitale intellectuelle et artistique de l’Europe de la Renaissance : Laurent de Médicis, surnommé Laurent le Magnifique, soutient Léonard de Vinci, Michel-Ange et Botticelli.

La diffusion de la Renaissance italienne

La guerre de Cent Ans, qui se poursuit jusqu’en 1453, retarde l’arrivée de la Renaissance en France. Les pre-mières réalisations artistiques de style « Renaissance » sont réalisées dans les années 1495 mais c’est véritablement au règne de François Ier qu’est associé ce mouvement. Dès son avènement, celui-ci revendique le duché de Milan et le royaume de Sicile, qu’il conquiert lors de la bataille de Marignan en 1515. Ces campagnes dans la péninsule ita-lienne sont l’occasion pour les rois de France de découvrir

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les artistes italiens : François Ier, comme Charles VIII et Louis XII avant lui, les fait venir en France pour construire et décorer les résidences royales du Val de Loire. C’est ainsi qu’il installe et pensionne (pour 1 000 écus par an, somme colossale) Léonard de Vinci au manoir du Cloux, aujourd’hui le Clos Lucé, à partir de 1516 ou 1517. La gale-rie royale du château de Fontainebleau est décorée à par-tir de 1530 par les artistes italiens Rosso Fiorentino et Le Primatice.La présence de princesses italiennes à la cour de France (Catherine puis Marie de Médicis) favorise aussi la diffu-sion de la Renaissance italienne en France.C’est à partir de 1575 que les artistes français s’éman-cipent de l’influence italienne et créent un style particulier appelé la Renaissance française.

Exploitation des documentsDoc. 1 et 2 : Les deux tableaux représentent la même scène : une Vierge à l’enfant. Le doc. 1 est peint à la fin du Moyen Âge, il n’y a pas d’arrière-plan, peu de relief. On note l’utilisation du doré pour faire le fond. Les proportions ne sont pas respectées : le personnage situé en bas à gauche du tableau est beaucoup plus petit que la Vierge alors qu’il est à sa hauteur. Le doc. 2 est typiquement « Renaissance » : les principes de perspective sont respec-tés, l’arrière-plan représente un paysage réaliste. Les per-sonnages sont eux aussi proches de la réalité (ombres, mouvement, expressivité).Doc. 3 : Laurent de Médicis (1449-1492) est un homme d’État florentin qui a largement contribué au rayonnement de sa cité. Il a soutenu de nombreux artistes comme Léo-nard de Vinci et Michel-Ange. Il leur achète des œuvres mais il subvient aussi à leurs besoins, il les pensionne. Il a lui-même écrit de nombreux ouvrages.Doc. 4 : La Renaissance nait à Florence, à Venise et à Rome. Elle se diffuse vers le Saint Empire romain germa-nique, la France et l’Espagne.Doc. 5 : Ce sont des artistes italiens qui ont participé à la décoration du château de Fontainebleau. Le plus connu, à qui l’on doit les fresques de la galerie, est Rosso Fiorentino, mais il n’est pas mentionné dans le texte.

Pour aller plus loin• P. Faure, La Renaissance, « Que sais-je », PUF, 1999.• La Renaissance, La documentation par l’image, n° 148, Nathan, 2005.

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Comment François Ier découvre-t-il les artistes de la Renaissance ?

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Exercice 1 • Colorie en jaune la zone d’où est partie la Renaissance. Dessine des flèches qui montrent vers quels autres pays ce mouvement se diffuse. Colorie ensuite en rouge les zones qui sont les principaux foyers de Renaissance en Europe. Place enfin sur la carte les villes suivantes : Florence, Madrid, Paris, Lisbonne, Londres, Prague, Venise, Rome.

Chambord

Fontainebleau

Bruges

Utrecht

Anvers

Bruxelles

NurembergMayence

ESPAGNEITALIE

FRANCE

ANGLETERRE

SAINT-EMPIRE

Mise au point de l’imprimerie

Foyers de la Renaissance

Principaux foyers artistiques

Diffusion de la Renaissance italienne

500 km

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ATLANTIQUE

Mer

Méditerranée

Exercice 2 • Réponds aux questions suivantes.

1. Dans quel pays est née la Renaissance ?

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2. Qu’est-ce qui a favorisé sa diffusion en France ?

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3. Comment appelle-t-on les personnes qui financent les artistes ?

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4. Explique ce qui caractérise l’art de la Renaissance.

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50 Thème 2 • Le temps des rois

Pourquoi dit-on que François Ier est un « prince mécène » ?L’image de François Ier défenseur des arts et des lettres est solidement ancrée dans la culture collective. Cette leçon permet de voir précisément ce qu’a fait François Ier en faveur des idées de la Renaissance et des arts.

Objectifs– Comprendre ce qu’est l’humanisme.– Savoir ce qu’a fait François Ier pour favoriser les arts et les lettres.– Identifier quelques artistes de la Renaissance.

Compléments pour le maitre François Ier favorise la diffusion des idées de la Renaissance

Le mouvement humaniste nait en Italie au xive siècle avec Pétrarque, qui s’efforce de retrouver l’authenticité des textes antiques. Il rayonne ensuite à travers toute l’Europe. Érasme et Rabelais publient ensuite des traités pédago-giques dans lesquels l’accent est mis sur l’importance des vertus morales de l’instruction.En 1517, François Ier fonde le Collège des lecteurs royaux afin de pallier l’absence d’enseignement des langues anciennes (grec et hébreu) à l’Université. L’enseignement est gratuit et le Collège devient une sorte de pépinière de l’humanisme.Les écrits humanistes sont aussi largement diffusés grâce à l’invention de l’imprimerie. Afin de garder une mémoire de tous les écrits, François Ier fonde en 1537 la Biblio-thèque royale, instituant le principe du dépôt légal. Il devient alors obligatoire pour tout imprimeur et libraire de déposer au château de Blois tout livre imprimé mis en vente dans le royaume.

François Ier soutient de nombreux artistes

Prenant modèle sur les princes italiens, il collectionne, dans son château de Fontainebleau, les œuvres de nom-breux artistes comme Bartolomeo, Perugin, Léonard de Vinci, Andrea del Sarto et Girolamo della Robbia. Il entre-tient une relation privilégiée avec Léonard de Vinci qui porte le titre de « Premier peintre, architecte et mécanicien du Roi ». À la fin du règne de François Ier, des œuvres du Titien rejoindront la collection royale.L’influence de l’art italien se retrouve aussi dans les projets architecturaux de François Ier : le château de Fontainebleau est décoré par Le Rosso et Le Primatice. Toutefois, des artistes français ou flamands travaillent aussi pour le roi : les portraitistes Jean et François Clouet, d’origine fla-mande, réalisent ainsi de nombreux portraits officiels.Sur le plan architectural, l’image de François Ier reste indé-fectiblement attachée aux châteaux du Val de Loire qu’il a agrandis, comme le château de Blois, ou fait construire, comme Chambord.

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Exploitation des documentsDoc. 1 : On reconnait au premier plan, posés sur un tapis vert, plusieurs objets qui renvoient aux travaux de géomé-trie de Luca Pacioli : des livres, une ardoise sur laquelle est dessinée une circonférence, un polyèdre, une équerre et un compas. L’objet suspendu a des parois transparentes en verre ou en cristal et est en partie rempli d’eau. Il rap-pelle un traité de Pacioli, De Divina Proportione, ouvrage consacré à la proportion mathématique et au nombre d’or.Doc. 2 : Pic de la Mirandole est un philosophe et théolo-gien humaniste italien. Il a été le protégé de Laurent de Médicis.Selon lui, le pouvoir de l’homme réside dans sa liberté à devenir ce qu’il veut, à choisir sa destinée librement, en pleine conscience.Doc. 3 : « Nous » représente François Ier. il s’agit de l’emploi du « nous » dit « de majesté », que l’on retrouve dans les écrits des monarques. Dans ce texte, François Ier demande que l’on procure « de solides études à la jeunesse ». Il favo-rise aussi l’enseignement des sciences et des langues qui, pour les humanistes, participent à une meilleure compré-hension du monde.Doc. 4 : La salière est en or massif, la base est en ébène décorée à l’émail. Il s’agit donc de matériaux précieux. Cette pièce d’orfèvrerie, qui mesure 26 cm de haut et 33,5 cm de long, a été fabriquée spécialement pour Fran-çois Ier.Cybèle est à l’origine une déesse phrygienne, elle est adoptée par les Grecs puis les Romains. Elle est considé-rée comme la déesse mère, la déesse de la nature. Nep-tune est le dieu de la mer chez les Romains.Doc. 5 : Le paysage en perspective à l’arrière-plan, le plissé très élaboré de l’habit, le réalisme et l’expressivité des traits du personnage ainsi que les effets de sfumato font de la Joconde un tableau caractéristique de la Renaissance.Léonard de Vinci a réalisé ce tableau en Italie mais celui-ci a ensuite été acquis par François Ier. Il est aujourd’hui exposé au musée du Louvre, à Paris.Doc. 6 : Le bâtiment est ouvert de larges fenêtres à meneaux. La façade est ornée de fines sculptures. L’élé-ment central du bâtiment est l’escalier monumental. Il s’agit d’un escalier à vis hors œuvre soutenu par des contreforts. L’architecture de cette aile est fortement mar-quée par l’influence italienne.

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Pourquoi dit-on que François Ier est un « prince mécène » ?

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Exercice 1 • Lis ce poème de Joachim du Bellay et réponds aux questions.

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,Ou comme celui-là qui conquit la toison,Et puis est retourné, plein d’usage et raison,Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit villageFumer la cheminée, et en quelle saison,Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,Qui m’est une province, et beaucoup d’avantage ?

Plus me plait le séjour qu’ont bâti mes aïeux,Que des palais Romains le front audacieux,Plus que le marbre dur me plait l’ardoise fine,

Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin,Plus mon petit Lyré, que le mont Palatin,Et plus que l’air marin la douceur angevine.

Joachim du Bellay, Les Regrets, XXXI, milieu du xvie siècle.

1. Joachim du Bellay fait allusion aux héros antiques Ulysse et Jason. Qu’ont-ils fait ? Fais une recherche.

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2. Quels sont les éléments italiens que cite l’auteur ?

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Exercice 2 • Trouve le mot qui correspond à chaque définition.

1. Ils mettent l’homme au centre de leurs préoccupations, encouragent l’instruction :

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2. C’est une invention qui a rendu plus facile l’accès au savoir :

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3. C’est un lieu créé par François Ier dans lequel on peut trouver tous les ouvrages qui sont publiés :

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4. C’est une région de France où François Ier a souvent séjourné et où il a fait construire le célèbre château de Chambord :

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HISTOIRE • Manuel pages 70-71

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52 Thème 2 • Le temps des rois

Comment François Ier renforce-t-il le pouvoir royal ?Le règne de François Ier marque un renforcement du pouvoir royal qui se caractérise par une politique extérieure offensive, le début de l’unification administrative du royaume ainsi que par des liens étroits avec l’Église catholique.

Objectif– Comprendre ce qui caractérise le règne de François Ier et en quoi il préfigure l’absolutisme.

Compléments pour le maitreL’unité géographique du royaume

François de Valois nait à Cognac en 1494. Louis XII, son cousin et beau-père, meurt en 1515 sans héritier mâle, François devient alors roi de France sous le nom de Fran-çois Ier. Il hérite d’un pays en bonne santé économique, politiquement unifié et comptant 15 millions d’habitants.L’année de son sacre, il entreprend la reconquête du Mila-nais. Il affronte les fantassins suisses, réputés invincibles, à la bataille de Marignan et remporte la victoire, qui lui confère un grand prestige dans toute l’Europe. Les cam-pagnes d’Italie suivantes échouent cependant et ne per-mettent pas à la France de contrôler durablement le Milanais.Ces tentatives de conquêtes italiennes l’opposent durant tout son règne à Charles Quint. Ainsi, les trente années de règne de François Ier sont marquées par une succession de guerres et de trêves.François Ier apporte son soutien aux expéditions de Verrazzano et Cartier qui tentent de trouver une voie de passage vers l’Asie orientale. Toutefois, ces expéditions restent modestes et la France ne sera pas une puissance coloniale au même titre que le Portugal ou l’Espagne.François Ier s’attache également à accroitre le domaine royal, rattachant à celui-ci les duchés de Bretagne et d’Au-vergne ainsi que les comtés du centre de la France.

L’administration du royaume

François Ier prend ses décisions seul, éventuellement conseillé par le Conseil des affaires où il nomme ses proches. Les autres conseils n’ont pas de pouvoir réel et ne peuvent contredire l’autorité du roi.Par un édit de 1527, François Ier limite les pouvoirs du par-lement de Paris qui n’a plus qu’un droit d’enregistrement ; le roi peut ainsi imposer sa justice.La signature en 1539 de l’ordonnance de Villers-Cotterêts fait du français la langue officielle dans les documents administratifs et légaux à la place du latin. François Ier impose aussi la tenue de registres des baptêmes, débuts de l’état civil en France.

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Le contrôle de l’Église

Roi « Très Chrétien », François Ier signe en 1516 avec le pape Léon X le concordat de Bologne qui lui assure le contrôle de l’épiscopat français : s’ils sont investis par le pape, les évêques sont préalablement nommés par le roi et lui prêtent serment de fidélité. Si François Ier apparait au début de son règne comme favo-rable aux idées humanistes et à la première Réforme, dès 1528, la lutte contre les protestants se met en place. En 1534 a lieu l’affaire des Placards, qui marque la fin de la tolérance religieuse : dans plusieurs villes et jusque sur la porte de la chambre du roi à Amboise sont affichés des textes antipapistes anonymes qui critiquent le dogme. Le massacre des Vaudois du Lubéron au cours duquel une vingtaine de villages sont pillés et plus de 3 000 personnes massacrées entachera la fin de son règne.

Exploitation des documentsDoc. 1 : Le royaume de France est totalement encerclé par les territoires appartenant à Charles Quint, il est donc important pour François Ier de s’imposer.Doc. 2 : L’écusson se trouve sur la France, en Amérique du Nord (la Nouvelle France) et en Amérique du Sud (la France Antarctique).Doc. 3 : François Ier veut que les actes officiels soient écrits afin que les arrêts soient compris et qu’il n’y ait « ni incerti-tude, ni ambiguïté. »Le latin n’étant pas une langue maitrisée par beaucoup de personnes, les erreurs de compréhension étaient fré-quentes sur les papiers officiels. C’est pour éviter cela que François Ier impose le français comme langue officielle.Doc. 4 : Le roi en habit de cour piétine le personnage à terre qui représente l’hérésie luthérienne. Celui-ci est attrapé par le diable. À sa gauche, se trouve un person-nage qui représente la Foi. Le roi lui soutient le bras. À sa droite, la Charité porte sur un plateau le cœur du roi et des « bons Françoys ». L’artiste montre l’opposition et la lutte de François Ier contre la Réforme.

Pour aller plus loin• « La Renaissance de François Ier », L’Histoire, n° 68, 2015.• Pour les élèves, à partir de 7 ans :Le Val de Loire raconté aux enfants, À la rencontre de François Ier, Éditions La petite boite, 2010.

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Comment François Ier renforce-t-il le pouvoir royal ?

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Exercice 1 • Réponds aux questions.

1. Quel est le monarque à qui François Ier s’est opposé toute sa vie ?

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2. Quelle est la première grande victoire militaire de François Ier ?

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3. Quel est le navigateur français qui a exploré l’Amérique du Nord pour le compte de François Ier ?

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4. Quels étaient les deux plus grands royaumes coloniaux à l’époque de François Ier ?

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5. À quoi a servi l’ordonnance de Villers-Cotterêts ?

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Exercice 2 • Lis le texte et réponds aux questions.

Marino Cavalli a été ambassadeur de Venise en France. Voici des extraits de son rapport sur la France et sur son roi, François Ier.

Charles VII, après avoir libéré le pays des Anglais, avait renforcé son autorité, puis Louis XI et Charles VIII avaient fait de même, et aussi Louis XII. Mais le roi actuel peut se vanter d’avoir dépassé tous ses prédécesseurs. Il faut payer plus d’impôts que jamais. Il acquiert de nouvelles terres pour le domaine royal sans en perdre aucune. Pour les grandes affaires de l’État et pour la paix et la guerre, Sa Majesté veut que les autres obéissent à sa volonté ; et personne à la Cour n’ose contester ce que dit Sa Majesté. Les Français ont entièrement confiance et ont remis leur liberté et leur volonté entre les mains du roi. Il lui suffit de dire : « Je veux telle somme ; j’or-donne ceci ; je consens à cela ». Et c’est aussitôt exécuté, aussi vite que si la population avait pris cette décision elle-même. Nous avions un roi des Français, maintenant nous avons un roi des serviteurs.

Rapport de Marino Cavalli, 1546.

1. Qui a écrit ce texte ? Quelle était sa fonction ?

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2. Quels sont les rois avant François Ier qui ont renforcé le pouvoir royal ?

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3. Quelles sont les deux actions que François Ier réalise plus efficacement que ses prédécesseurs ?

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4. Explique ce que veut dire la dernière phrase du texte.

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HISTOIRE • Manuel pages 72-73

54 Thème 2 • Le temps des rois

Réaliser une afficheFrançois Ier à travers ses portraits officiels

Méthode

Compétences du socle commun• Comprendre un document : en comprendre le sens général ; extraire des informations pertinentes pour répondre à une question ; identifier un document ; savoir qu’il exprime un point de vue, questionner son sens implicite.L’analyse d’un document iconographique diffère de celle d’un texte écrit. Le questionnement proposé orientera l’élève vers la recherche des symboles et signes illustrant l’intention de l’artiste et du commanditaire.

• Identifier : donner un avis argumenté sur ce que repré-sente ou exprime une œuvre d’art.L’élève travaille ici la compréhension de l’œuvre d’art au-delà de l’analyse formelle et symbolique. Il l’analyse comme un support de communication en lien avec son époque.

• Pratiquer différents langages en histoire et en géo-graphie : écrire pour structurer sa pensée et son savoir, pour argumenter ; écrire pour communiquer et échanger.Produire une affiche, c’est réaliser un support de commu-nication visuel et synthétique. Dans cet exercice, l’élève doit concevoir un objet immédiatement lisible.

• Raisonner, justifier une démarche et les choix effec-tués : poser/se poser des questions ; formuler des hypothèses ; vérifier ; justifier.

Pour réaliser une affiche sur un thème qu’il a choisi, l’élève doit trier et interpréter ce qu’il observe. Cela contribue à développer les premières explicitations et argumentations pour la construction d’un esprit critique.

• S’informer dans le monde du numérique : trouver, sélectionner et exploiter des informations dans une ressource numérique.Sur le site de la BnF, l’élève recherche les représentations du roi François Ier. Il apprend à compléter les informations dont il dispose. Il élargit son champ d’investigation et étend ses connaissances.

Objectifs– Analyser un document iconographique.– Comprendre le rôle d’une œuvre d’art.– S’entrainer à la réalisation d’une affiche.

Compléments pour le maitreDoc. 1 : Ce document est extrait du Recueil des rois de France qui rassemble les portraits à la gloire des rois de Clovis à Charles IX. Sur ce portrait, François Ier est repré-senté seul, en majesté, vêtu du manteau fleurdelisé et de la cape d’hermine. Il tient les insignes de la royauté : la

main de justice dans la main droite et le sceptre dans la main gauche. Il porte le collier de l’ordre de saint Michel (ordre de chevalerie fondé par Louis XI) et la couronne fermée.La salamandre, un animal fantastique dont la devise est nutrisco et extingo, soit « Je me nourris » (du bon feu) et « je l’éteins » (le mauvais feu), qui symbolise le pouvoir, se trouve dans le médaillon en haut du cadre.Ce portrait pourra être comparé à celui de Louis XIV en costume de sacre peint par Hyacinthe Rigaud qui se trouve en couverture du manuel. On y reconnaitra les mêmes symboles de la royauté.Doc. 2 : Sur un cheval très richement harnaché, François Ier porte une armure de parade en acier damasquiné d’argent. Il ne porte pas de heaume mais un simple béret avec une plume blanche. Les armes représentées font de ce portrait celui d’un roi chevalier, d’un roi guerrier.Doc. 3 : Le monarque est représenté avec les attributs tra-ditionnels de saint Jean-Baptiste : le roseau formant une croix et la tunique en peau de chameau. Jean Clouet s’est attaché à donner au roi l’aspect physique de Jean le Bap-tiste en représentant le roi avec un visage plus émacié que dans la réalité et une longue chevelure.L’agneau rappelle quant à lui les paroles du saint : « Voici l’agneau de Dieu qui enlève les pêchés du monde ». En revanche, le perroquet est annonciateur de la vérité divine mais évoque aussi l’éloquence du roi.Saint Jean-Baptiste était un prédicateur juif de Judée contemporain de Jésus de Nazareth. Il pratiquait le bap-tême pour le pardon des pêchés et est considéré par les chrétiens comme celui qui a baptisé Jésus sur les bords du Jourdain.Doc. 4 : Dans ce tableau, en montrant François Ier soute-nant le vieux maitre dans son dernier soupir, le peintre met en avant leur relation privilégiée. C’est sous les traits du protecteur des artistes qu’apparait François Ier.

La fiche méthodeIl s’agit pour les élèves, au-delà de la réalisation d’une affiche en respectant des règles formelles (mise en page claire, soin, titrage des documents et de l’affiche elle-même), d’apprendre à analyser des œuvres et en comprendre l’implicite et le symbolique.C’est pour cela qu’il est important de leur faire claire-ment identifier les éléments qui les ont guidés dans leur analyse. Cette méthodologie de la lecture de portrait permettra d’analyser les autres portraits royaux, notamment ceux de Louis XIV ou ceux de Napoléon Ier.

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Réaliser une affiche

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Exercice • Avant de réaliser ta propre affiche, entraine-toi en analysant les documents suivants. Dans chacun de ces portraits, quelle image du chef d’État est mise en avant ?

1. Hyacinthe Rigaud, Portrait de Louis XIX en costume de sacre, 1701.

2. Jacques Louis David, Napoléon dans son cabinet de travail, 1812.

3. Jean-Marie Marcel, Portrait officiel de Charles de Gaulle, 1959.

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56 Thème 2 • Le temps des rois

Pourquoi les chrétiens se divisent-ils au xvie siècle ?Ces pages présentent les fondements du protestantisme et son développement. La Réforme s’inscrit dans la continuité de la Renaissance et des idées humanistes. Elle affirme revenir aux sources des textes en dénonçant les dérives de certaines pra-tiques de l’Église catholique.

Objectifs– Comprendre le contexte de la naissance du protestantisme.– Expliquer l’expansion du protestantisme en Europe.

Compléments pour le maitreL’église remise en cause

Depuis le xve siècle, la multiplication des guerres et des épidémies a provoqué une profonde inquiétude parmi les chrétiens d’Europe. Ils craignent que tous ces troubles annoncent la fin du monde. L’Église catholique ne semble pas en mesure de répondre à ces inquiétudes. Le haut clergé vit au milieu de véritables cours et dépense des fortunes pour ses palais, tandis que les curés sont souvent ignorants et pas toujours respectueux des préceptes de la Bible. Des voix s’élèvent alors pour revenir à un christia-nisme plus authentique, respectueux des Évangiles.

Martin Luther : la naissance du protestantisme

Martin Luther est né en 1483 dans le Saint Empire romain germanique. Choqué par les indulgences accordées par le pape pour financer l’édification de la basilique Saint-Pierre-de-Rome, il écrit à son évêque en 1517 pour lui demander de ne pas les cautionner. Dénoncé à Rome qui lui demande de se rétracter, il refuse et dénonce publiquement ces pra-tiques. Il est excommunié en 1521 mais ses idées se répandent.Les protestants refusent l’autorité du pape. Leur Église est peu hiérarchisée. Hommes et femmes peuvent être pas-teurs, ils sont souvent élus, ils peuvent se marier. Pour les protestants, il n’y a pas d’intercesseur entre l’Homme et Dieu. La Vierge Marie n’est pas l’objet d’un culte, les saints ne sont pas reconnus. La messe n’a pas la place centrale que lui accordent les catholiques. Pour les protestants, au contraire des catholiques, le Christ n’est pas « présent » dans l’hostie et le vin. Enfin, c’est la lecture et le commen-taire des textes qui sont le fondement de la foi protestante.

Diverses formes de protestantisme

Jean Calvin, né en 1509 en Picardie, fait ses études de droit en France. Élu recteur du Collège royal, il appelle à une réforme religieuse et à un renouveau au sein de l’Église. Accusé d’hérésie, il se réfugie en Suisse d’où il publie des

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ouvrages critiques. Son influence grandit en Europe et ses écrits, traduits dans de nombreuses langues, servent de base à la fondation de nombreuses églises réformées en rupture avec l’Église catholique. Le calvinisme s’implante en France, aux Pays-Bas, dans le Saint Empire romain germa-nique et en Angleterre.

L’expansion du protestantisme

Le protestantisme se répand dans toute l’Europe. De nom-breux princes allemands l’adoptent, ce qui va dans le sens de leur quête d’indépendance par rapport au pape et à l’empereur. Le luthéranisme devient religion d’État en Suède en 1529, puis au Danemark en 1536. En Angleterre, Henri VIII adopte certains principes du protestantisme et fonde l’Église anglicane.En 1545 débute le concile de Trente qui réunit les évêques catholiques pour répondre aux propositions de réforme des protestants. Il s’achève en 1563 en réaffirmant les dogmes et la discipline de l’Église catholique. Le schisme est acté.

Exploitation des documentsDoc. 1 : Le moine est représenté avec une tête de petit carnassier et des dents acérées, un grand cou d’oiseau, des pieds de bœuf. Le graveur d’origine protestante veut, par la transformation de l’homme en bête, montrer les déviances du clergé catholique, ici la rapacité (la tête), la recherche de la bonne chère (le cou), l’attachement aux biens terrestres (les sabots).Doc. 2 : Luther refuse le rachat des péchés par les lettres d’indulgence ou l’aumône aux pauvres. Il privilégie les principes inscrits dans les textes sacrés.Doc. 3 : L’expression « Sitôt que le sou résonne, l’âme va au ciel » signifie que l’homme peut accéder au paradis moyen-nant le paiement d’une somme d’argent. C’est le principe des lettres d’indulgence signées par le pape. L’auteur veut montrer la vénalité du clergé catholique.Doc. 4 : Calvin pense que l’accès au salut passe par l’étude et l’application des recommandations contenues dans les textes sacrés. Les protestants condamnent le rachat des péchés, les pèlerinages car ils rejettent le culte des saints et la confession des péchés.Doc. 5 : Les protestants sont nombreux en Suisse, aux Pays-Bas, dans le Saint Empire romain germanique et en Prusse, en Angleterre et dans les pays scandinaves (Dane-mark, Suède, Norvège).

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Pourquoi les chrétiens se divisent-ils au xvie siècle ?

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Exercice 1 • Sur cette carte, colorie les régions protestantes et précise le nom des centres de la Réforme.

Chypre

ROY.DE

FRANCE

ROY.D'ESPAGNE

ROY.DE

POLOGNE

ROY.DE

NAPLES

PRUSSE

SAINTEMPIRE

PAYS-BAS

ÉTATS DEL'ÉGLISE

ROY.D'ÉCOSSE

ROY.D'ANGLETERRE

ROY. DU DANEMARK

EMPIREDE RUSSIE

ROY.DE SUÈDE

ROY.DE NORVÈGE

1 000 km0

Merdu

Nord

OCÉANATLANTIQUE

Mer B

altiq

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Mer Méditerranée

Régions catholiques

Régions protestantes

Principaux centres de la Réforme

P R U S S E

FRANCE

EMPIREOTTOMAN

ESPAGNE

POLOGNE

ROY. DENAPLES

ROY. DESICILE

SAINTEMPIRE

PAYS-BAS

ÉTATS DEL'ÉGLISE

ÉCOSSE

ANGLETERRE

DANEMARK

RUSSIE

SUÈDENORVÈGE

Exercice 2 • Lis ce texte et réponds aux questions.

Le point de vue de Luther sur l’organisation de l’Église

L’Église a inventé les évêques, les prêtres, les gens des monastères comme on a inventé les princes, les sei-gneurs, les artisans et les paysans […]. Mais personne ne doit se laisser intimider par cette distinction, pour cette bonne raison qu’il n’existe entre les chrétiens aucune différence. Chaque membre a sa fonction propre, par laquelle il sert les autres. Mais nous avons un même baptême, un même Évangile et une même foi et sommes de la même manière chrétiens […].

D’après Martin Luther, À la noblesse chrétienne de la nation allemande : sur l’amendement de l’État chrétien, 1520.

1. À qui Luther compare-t-il les évêques, les prêtres et les moines ?

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2. Pourquoi Luther pense-t-il qu’il n’y a aucune différence entre les chrétiens ?

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58 Thème 2 • Le temps des rois

Comment les guerres de Religion éclatent-elles en France ?En 1562, l’opposition entre catholiques et protestants débouche, en France, sur une terrible guerre civile. Une série de huit conflits s’engage qui ravagent le royaume. Les pages de cette leçon exposent l’origine des conflits et les raisons pour lesquelles ils se multiplient.

Objectif– Comprendre l’origine et le déroulement des guerres de Religion.

Compléments pour le maitreLes premières persécutions des protestants

Les premiers troubles religieux apparaissent sous le règne de François Ier après l’affaire des Placards. Dès le début de son arrivée au pouvoir, son fils Henri II réactive la « chambre ardente » (tribunal chargé de poursuivre les « hérétiques »). Plusieurs condamnations au bûcher sont prononcées contre des protestants. Henri II multiplie les édits antipro-testants : procès, création de missions pour réprimer l’hé-résie, augmentation des peines contre les diffuseurs des livres interdits. Le protestantisme se répand malgré tout, une partie de la noblesse adhère à ses principes et les premières communautés s’organisent.

Un pouvoir royal affaibli

L’origine des conflits est multiple et tout ne repose pas sur des désaccords théologiques. La reine-mère Catherine de Médicis, qui assure un temps la régence, hésite entre tolé-rance religieuse et répression, ce qui ne fait qu’accentuer les tensions. Ces affrontements trouvent aussi leurs racines dans la contestation du pouvoir central, l’aggravation de la fiscalité, la lutte entre factions princières rivales et le com-bat d’influence que se livrent les familles régnantes en Europe.Les Guise (chefs de la Ligue) sont les meneurs du parti catholique, ils s’illustrent par leur hostilité à l’encontre de la politique religieuse, d’abord tolérante, de Catherine de Médicis. Les Bourbons, bien que descendants directs de saint Louis, dirigent le parti protestant. Henri de Navarre, futur Henri IV, s’impose à sa tête. Les Montmorency, parta-gés entre catholiques et protestants, ne cessent de lutter contre l’influence des Guise.

Huit guerres successives

En 1561, le protestantisme est à son apogée en France, avec plus de 670 églises réformées et deux millions de protestants, soit près du dixième de la population. Cathe-rine de Médicis autorise en 1562 la liberté de conscience et de culte pour les protestants, à la condition qu’ils resti-tuent tous les lieux de culte dont ils s’étaient emparés et que les offices se déroulent en dehors des villes. Cette

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décision produit l’effet contraire à celui recherché. Dans beaucoup d’endroits, les protestants détruisent les cha-pelles et les églises, plutôt que de les rendre. Ils détruisent les images, abattent les statues et les croix.Le massacre de protestants à Wassy le 1er mars 1562 par le duc de Guise est considéré comme l’évènement déclen-cheur des guerres de Religion. Le pays connait, dès lors, 36 années de troubles ponctuées de huit guerres, celle de 1585-1598 se transformant même en guerre contre le roi d’Espagne qui soutient la Ligue.

Le massacre de la Saint-Barthélemy

Pour réconcilier les deux partis, Catherine de Médicis organise en 1572 le mariage de sa fille Marguerite de Valois avec Henri de Navarre, prince protestant et futur Henri IV. À cette occasion, tous les grands du royaume se rassemblent à Paris. Quelques jours plus tard, l’amiral de Coligny, un des chefs protestants, est victime d’un attentat. Les partisans de la Réforme réclament vengeance. Pour faire face à l’agitation qui règne dans la capitale, Charles IX et sa mère décident la mise hors d’état de nuire des prin-cipaux chefs protestants. Nombreux sont ceux qui sont assassinés. Il s’ensuit plusieurs jours de tueries, à Paris mais également dans plusieurs villes de province.

Exploitation des documentsDoc. 1 : Le supplicié est pendu puis brûlé. Anne du Bourg est un magistrat, il conteste la politique royale de répres-sion des protestants. Sur ordre de Henri II, il est embastillé, puis condamné à mort comme hérétique. Il est pendu et son corps brûlé.Doc. 2 : Mariée à Henri II, Catherine de Médicis est reine de France de 1547 à 1559. Elle est la mère des rois Fran-çois II, Charles IX, Henri III, et des reines Élisabeth (reine d’Espagne) et Marguerite (dite « la reine Margot », épouse du futur Henri IV). Elle gouverne la France en tant que reine-mère et régente de 1560 à 1563.Doc. 3 : « Saccage, destructions, violence physique, vol ».Les protestants se défient de l’usage que l’Église catho-lique fait des images. Ils considèrent qu’elles font l’objet d’un culte idolâtre qui n’obéit pas aux préceptes de la Bible.Doc. 4 : Les protestants sont frappés, tués, jetés par les fenêtres, trainés au sol, précipités dans le fleuve. Les pro-testants sont en noir ou en chemise de nuit et les catho-liques habillés de rouge.

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Comment les guerres de Religion éclatent-elles en France ?

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Exercice 1 • Qui suis-je ?

1. Je suis l’évènement qui déclenche les guerres de Religion :

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2. Je suis la mère des rois François II et Charles IX :

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3. Je me marie avec la sœur du roi Charles IX :

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Exercice 2 • Lis le texte et réponds aux questions.

La Saint-Barthélemy vue par Catherine de Médicis

À Monsieur le Roy Catholique,

Monsieur, vous ressentez certainement comme nous le bonheur que Dieu nous a fait de nous donner le moyen au Roi mon fils de se défaire de ses sujets rebelles à Dieu. […] Nous sommes sûrs que vous en louerez Dieu avec nous, tant pour vous, que pour le bien qui en reviendra à toute la chrétienté.

Extrait d’une lettre de Catherine de Médicis à Philippe II d’Espagne après la Saint-Barthélemy.

1. Qui sont les « rebelles à Dieu » ?

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2. Catherine de Médicis avait autorisé le protestantisme en 1562, quelle est sa position dix ans plus tard ?

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Exercice 3 • Lis le texte et réponds aux questions.

Récit de la Saint-Barthélemy

Quiconque avait un ennemi put le faire tuer comme protestant, un frère se débarrasser de son frère pour recueillir l’héritage, certains catholiques, soit par cupidité, soit par jalousie, soit par vengeance n’épargnèrent point leurs propres coreligionnaires. Par les rues une bande succédait à l’autre sans interruption, surtout au quartier des libraires. Plusieurs de ces derniers furent précipités du haut de leur maison dans le feu où flam-baient les livres. Les femmes, avec leurs enfants dont elles ne voulaient pas se séparer, étaient trainées vers la Seine, percées de coups, jetées dans le fleuve en si grand nombre que le fleuve se teignit de rouge.

D’après le récit d’un étudiant allemand, protestant, présent à Paris au moment de la Saint-Barthélemy.

1. Qui est l’auteur de ce texte ?

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2. Que pense le narrateur du comportement des catholiques pendant la Saint-Barthélémy ?

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3. Que subissent les protestants ?

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60 Thème 2 • Le temps des rois

Comment Henri IV redresse-t-il le pays ?À la mort d’Henri III, la France est déchirée par les guerres de Religion. Henri de Navarre, un protestant, est désigné roi. Ces pages exposent comment il rétablit l’au-torité royale malgré ses origines protestantes.

Objectifs– Découvrir les conditions de l’accession au pouvoir d’Henri IV.– Comprendre son rôle dans le redressement du royaume.– Comprendre l’importance de l’édit de Nantes pour le retour à la paix religieuse.

Compléments pour le maitreLa conquête du pouvoir

Henri de Navarre embrasse le protestantisme sous l’in-fluence de sa mère, Jeanne d’Albret, en 1559. Il abjure sous la menace en 1572 après le massacre de la Saint- Barthélemy, puis revient au protestantisme aussitôt le dan-ger des persécutions éloigné.Parvenu à la tête du royaume de France en 1589, le roi Henri IV est très contesté en raison de son statut de « huguenot ». Il comprend que, pour asseoir son pouvoir sur la France, sa conversion est la seule solution politique. Il s’y résout le 25 juillet 1593 à la cathédrale de Saint- Denis. Il est également sacré l’année suivante, comme tous les rois de France depuis Clovis, mais à Chartres et non à Reims, tenue par la Ligue catholique. Cela rallie les derniers réticents et lui confère la légitimité qui lui faisait défaut.

Le développement économique

Après avoir assis son pouvoir, Henri IV peut se consacrer à restaurer la prospérité du pays, aidé de ministres et de conseillers compétents comme l’intendant des Finances le duc de Sully. Il favorise la reconstruction des régions du Nord et du Languedoc dévastées par la guerre. La produc-tion agricole retrouve ainsi son niveau d’avant les guerres de Religion. Pour accompagner son développement, le roi fait creuser le canal de Briare entre la Loire et la Seine. C’est le premier canal de transport fluvial de France. Le développement des arts et techniques est encouragé. La manufacture des Gobelins est créée et Henri IV fait plan-ter, notamment dans les Cévennes, des milliers de mûriers donnant naissance à une véritable industrie de la soie.Comme ses prédécesseurs, il soutient les expéditions maritimes vers les Amériques. Les Français parviennent à s’installer durablement en Amérique du Nord sur un terri-toire appelé Nouvelle France comprenant l’Acadie, la Loui-siane et le Québec. C’est le départ d’une nouvelle coloni-sation française.

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L’édit de Nantes et la pacification du royaume

L’édit de Nantes est un acte de souveraineté imposé par Henri IV. Son but immédiat est la paix civile, mais son objectif avoué reste l’unité religieuse du royaume. Dans le préambule, le roi souhaite que « l’établissement d’une bonne paix » permette à ses « sujets de la religion préten-due réformée » de revenir à la « vraie religion », la sienne, « la religion catholique, apostolique et romaine ». L’élabora-tion de l’édit a nécessité de longues négociations pour rassurer tant les catholiques que les protestants.Il en résulte un compromis. L’édit institue l’égalité civile entre catholiques et protestants, il fixe les conditions de coexistence entre eux. Cet édit est « perpétuel et irrévo-cable », il comporte 92 articles qui affirment l’égalité devant la loi, la justice, l’éducation ou l’accès aux charges publiques, la liberté de conscience. Il institue aussi le droit au retour des protestants qui ont fui le royaume et leur donne des lieux de refuge et des « places de sûreté ». Cependant, quelques limitations viennent réaffirmer la suprématie de la religion catholique : le culte protestant est autorisé seulement dans certains lieux et reste interdit notamment à la Cour, à Paris et à moins de cinq lieues de la capitale, ainsi qu’aux armées.

Exploitation des documentsDoc. 1 : Henri de Navarre, âgé de 17 ans, combat les armées royales. Il attribue cette victoire à l’influence favo-rable de Dieu.Doc. 2 : Une abjuration, c’est le fait de renoncer de façon officielle à sa religion ou son opinion. Le roi est agenouillé devant le pape en signe de soumission. Par ce geste hau-tement symbolique, il décide de renoncer à la foi protes-tante et s’engage à servir l’Église catholique.Doc. 4 : Outre la place Royale, Henri IV poursuit la construc-tion du pont Neuf pour relier les deux rives de la Seine à la pointe de l’Ile de la Cité, où est créée la place Dauphine. C’est le premier pont en pierre de Paris. Il relie le Louvre au palais des Tuileries par une grande galerie qui longe la Seine. Pour tenter de traiter les problèmes de sécurité et de salubrité de la capitale, un édit en date de 1607 fixe les premières règles d’urbanisme en interdisant les murs en bois apparents et en réglementant les saillies et la hauteur sur rue des immeubles.Doc. 5 : L’édit de Nantes affirme la liberté de culte et déclare qu’aucun individu ne peut plus être violenté ou persécuté en raison de sa foi.

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Comment Henri IV redresse-t-il le pays ?

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Exercice 1 • Réponds aux questions suivantes par une phrase.

1. « Paris vaut bien une messe » est une citation que la légende prête à Henri IV. Que signifie-t-elle ? Aide-toi de ce que tu as appris pour répondre.

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2. Quel est le rôle de Sully sous le règne d’Henri IV ?

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3. À quoi contribue l’édit de Nantes ?

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Exercice 2 • Lis le texte suivant et réponds aux questions.

Henri IV s’exprime ici devant le Parlement de Paris qui refuse d’enregistrer l’édit de Nantes.

Je viens parler avec vous non point en habit royal, […] mais vêtu comme un père de famille, pour parler fran-chement à ses enfants. Je vous prie d’enregistrer l’édit que j’ai accordé à ceux de la religion réformée. Ce que j’ai fait est pour le bien de la paix. Je l’ai faite au-dehors, je la veux au-dedans. […] Ne m’opposez point la religion catholique. Je l’aime plus que vous. Ceux qui ne veulent pas que mon édit passe veulent la guerre. Vous irez la faire !

D’après le journal de Pierre de L’Estoile, xvie siècle.

1. Quel ton emploie Henri IV pour convaincre son auditoire ?

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2. Que promet-il à ceux qui s’opposent à son édit ?

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Exercice 3 • Lis le texte suivant et réponds aux questions.

Autre extrait du discours d’Henri IV aux magistrats de Paris qui n’approuvent pas l’édit de Nantes.

Vous me devez obéir. Je couperai la racine à tout parti et à toutes propagandes hostiles, en faisant raccourcir tous ceux qui les provoqueront. J’ai sauté sur des murailles de ville, je sauterai bien sur des barricades qui sont moins hautes […]. Vous avez beau faire, je saurai ce que chacun de vous dira ; je sais tout ce que vous faites, tout ce que vous dites.

1. Le ton employé par Henri IV dans cet extrait est-il le même que celui utilisé dans le premier texte ?

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2. Que promet-il à ceux qui s’opposent à lui ?

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62 Thème 2 • Le temps des rois

Pourquoi dit-on que Louis XIV est un monarque absolu de droit divin ?Même si, avant lui, Henri IV et François Ier ont contribué à bâtir ce type de régime en renforçant largement la fonction royale, Louis XIV, qui concentre tous les pouvoirs, organise le culte de sa personne, maitrise la noblesse et se pose en représentant de Dieu, est l’archétype du monarque absolu.

Objectif– Comprendre ce qui caractérise la monarchie absolue de droit divin.

Compléments pour le maitreLe roi concentre tous les pouvoirs

À la mort de Mazarin, Louis XIV décide de gouverner sans Premier ministre. Quelques mois après, il fait arrêter Nico-las Fouquet, le surintendant des Finances et un person-nage puissant du royaume, et supprime ainsi la surinten-dance. Louis XIV crée à la place le Conseil royal des Finances.La même année, il renforce également son pouvoir sur l’armée en supprimant la charge de colonel général de l’infanterie (chef des armées) à la mort du duc d’Epernon. Les différents Conseils dont il s’entoure lui apportent des éléments de réflexion mais il demeure seul maitre des décisions qui engagent le royaume. On peut dire que les trois pouvoirs, au sens où les définira Montesquieu au siècle suivant, à savoir exécutif, législatif et judiciaire, sont entre ses mains. Notamment, par simple lettre de cachet, il peut, selon son bon vouloir, faire emprisonner toute per-sonne s’opposant à lui.L’administration dans les provinces est renforcée : le roi Louis XIV nomme des intendants qui font appliquer ses décisions. Le pouvoir est de plus en plus centralisé.

Le roi tient son pouvoir de Dieu

C’est sous le règne des Carolingiens que les rois et l’Église font du sacre un enjeu de pouvoir : pour les rois, il s’agit de renforcer leur légitimité en se comparant aux rois de la Bible ; pour l’Église, c’est le moyen d’une part de donner de l’importance à « la volonté divine » qui confère au sou-verain sa légitimité politique, et d’autre part de s’achemi-ner vers une théocratie où les domaines religieux et tem-porel sont indéfectiblement liés.Les Capétiens Valois affirment et précisent la doctrine de la monarchie absolue. Les principes sont issus de la Bible, « Tout pouvoir vient de Dieu », ou inspirés du droit romain. C’est pour cette raison que l’on dit de ce régime qu’il est de droit divin. Dans cette continuité, Louis XIV affirme sa légitimité en posant qu’il est le représentant de Dieu, et donc que son autorité n’est pas contestable.Le 7 juin 1654, il est sacré à Reims comme la plupart des rois de France. Cette tradition, qui remonte au sacre de

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Clovis par saint Rémi, évêque de Reims, est entérinée par une bulle papale d’Urbain II en 1089, faisant des arche-vêques de Reims les héritiers de saint Rémi. Toutefois, cette disposition sera supprimée par Henri III pour des rai-sons politiques au moment des guerres de Religion.

Exploitation des documentsDoc. 1 : Ce schéma montre que tout en haut de la pyra-mide du pouvoir se trouve le roi. Les autres instances, en dessous de lui, lui apportent des informations et conseils mais aucune ne décide sans passer par lui.Le Conseil d’En Haut (autrement appelé Conseil d’État) traite des affaires importantes. Il s’agit d’un conseil res-treint composé des ministres d’État. Le Conseil des Parties aide le roi à prendre des décisions de justice. Le Conseil des Finances gère l’argent du royaume. Le Conseil des Dépêches gère les relations avec les provinces et l’étranger.Doc. 2 : Le « nous » représente le roi.Louis XIV considère que la fonction d’un roi est indisso-ciable du titre, il est donc nécessaire qu’il gouverne et qu’il gouverne seul d’autant que, ayant reçu son pouvoir de Dieu, il est « seigneur absolu ».Doc. 3 : C’est Louis XIV qui a écrit cette lettre.La lettre de cachet permet d’emprisonner quelqu’un sur simple décision du roi, sans procès. C’est donc le symbole d’une façon de gouverner totalement autoritaire et arbitraire.Doc. 4 : On reconnait le roi agenouillé au centre, en man-teau fleurdelisé. Les grands du royaume et les ecclésias-tiques de haut rang assistent à la cérémonie. On aperçoit aussi la mère du roi, Anne d’Autriche, dans la loge à droite.La présence de tous ces personnages officiels marque le caractère important du sacre. Le fait que de nombreux ecclésiastiques assistent au couronnement rappelle aussi le caractère divin de celui-ci.Doc. 5 : Selon Bossuet, le rôle des princes et du roi est de gouverner selon la volonté de Dieu. Le roi est le représen-tant de Dieu sur terre.

Pour aller plus loin• A. Pietri, Les Orangers de Versailles, Bayard, 2003 (roman).• Louis XIV et Versailles, TDC, n° 850, 2003.

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Pourquoi dit-on que Louis XIV est un monarque absolu de droit divin ?

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Exercice 1 • Lis attentivement le texte suivant et réponds aux questions par une phrase.

Le Roi […] adressa la parole à M. le Chancelier : « Monsieur, je vous ai fait assembler avec mes ministres et secré-taires d’État pour vous dire que jusqu’à présent j’ai bien voulu laisser gouverner mes affaires par feu M. le Cardinal ; il est temps que je les gouverne moi-même. Vous m’aiderez de vos conseils quand je vous les deman-derai ». […] Ensuite le Roi se tourna vers nous et nous dit : « Et vous, mes secrétaires d’État, je vous défends de ne rien signer, pas une sauvegarde, pas un passeport sans mon ordre, de me rendre compte chaque jour à moi-même et de ne favoriser personne. […] Vous savez mes volontés ; c’est à vous maintenant, Messieurs, à les exécuter ».

D’après Loménie de Brienne, Mémoires, publiées en 1720.

1. De qui parle le roi lorsqu’il évoque « feu le Cardinal » ?

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2. Qu’attend-il de ses conseils ?

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3. Explique pourquoi la dernière phrase est une parfaite illustration de la monarchie absolue.

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Exercice 2 • Lis attentivement le texte suivant et dresse la liste de tout ce que fait Louis XIV pour gouverner. Dans la liste que tu auras établie, relève deux actions qui montrent que Louis XIV est un monarque absolu. Justifie tes choix.

C’est ici la dixième année que je règne, ne relâchant rien de mon application ; informé de tout ; écoutant mes moindres sujets ; sachant à toute heure le nombre et la qualité de mes troupes, et l’état de mes places fortes ; donnant incessamment mes ordres pour tous leurs besoins ; traitant immédiatement avec les ministres étran-gers ; recevant et lisant les dépêches ; faisant moi-même une partie des réponses, et donnant à mes secrétaires la substance des autres ; réglant la recette et la dépense de mon État ; me faisant rendre compte directement par ceux que je mets dans les emplois importants ; tenant mes affaires aussi secrètes qu’aucun autre l’ait fait avant moi ; distribuant les grâces par mon propre choix […].

D’après Mémoires de Louis XIV, le métier de roi, présenté et annoté par Jean Longnon, Tallandier, 2001.

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64 Thème 2 • Le temps des rois

Pourquoi Louis XIV installe-t-il la Cour à Versailles ?Plus qu’une description des fastes de Versailles et des règles de l’étiquette, il s’agit de faire comprendre aux élèves en quoi la vie à la Cour est, pour Louis XIV, un moyen d’affirmer sa politique de monarque absolu.

Objectifs– Se représenter la vie à la Cour de Louis XIV.– Comprendre comment la vie à la Cour s’inscrit dans le système de la monarchie absolue de Louis XIV.

Compléments pour le maitreLouis XIV veut contrôler la noblesse

La Fronde parlementaire (1648-1650), durant laquelle le Parlement de Paris s’oppose à la régence représentée par Anne d’Autriche et Mazarin, suivie par la Fronde des princes (1650-1652), qui contraint le jeune roi et sa mère à s’exiler en province, marquent profondément Louis XIV dans sa jeunesse. Ainsi, Versailles offre simultanément au roi l’opportunité de s’éloigner de Paris et un moyen de mettre au pas la noblesse.En effet, l’objectif de cette Cour est de surveiller les courti-sans en nourrissant entre eux une émulation afin qu’ils servent le roi le mieux possible. En retour, ils sont récom-pensés de pensions, gratifications ou fonctions diverses. À la fin de son règne, l’effectif estimé de la Cour est plétho-rique : environ 10 000 personnes, dont près de 5 000 nobles.La vie à la Cour est orchestrée selon un ensemble de règles. Ce qui touche à la vie privée de la famille royale, aux courtisans et au personnel du château est soumis à l’étiquette. Ce qui régit la vie publique de Louis XIV dans son rôle de souverain relève du cérémonial.L’important est donc d’organiser aux yeux de l’extérieur des rites à l’unique gloire du roi. Le roi est ainsi en perpé-tuelle représentation tous les regards, tous les bruits le concernent directement ou indirectement.

Louis XIV veut montrer sa puissance

Les réceptions fastueuses données à Versailles devant les ambassadeurs ou les souverains étrangers participent à l’affirmation de la puissance du souverain aux yeux du monde.Instrument politique au service de la monarchie absolue, la vie à la Cour est également le théâtre de manifestations artistiques et culturelles qui donne au « Grand Siècle » un prestige particulier. Grand mécène, Louis XIV donne aux artistes les moyens d’exprimer leur art, quand bien même ceux-ci pourraient se moquer de son pouvoir (Molière ou Jean de la Fontaine par exemple). Les sommes engagées d’abord dans la rénovation du Louvre puis celles astrono-

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miques qui ont servi à bâtir Versailles permettent à des artistes de s’exprimer. Enfin, Louis XIV place l’Académie française sous son contrôle et devient son protecteur.

Exploitation des documentsDoc. 1 : Les courtisans cherchent à se faire remarquer du roi afin d’obtenir des privilèges.Doc. 2 : Les courtisans sont autour du roi, dans une mise en scène dont le personnage principal est Louis XIV. Seul le roi est assis, les courtisans sont debout. Il est aussi le seul à être coiffé d’un chapeau. Il est assis en hauteur par rapport à la foule.Doc. 3 : L’emploi du temps du roi étant très précis et immuable, tout le monde le connait et n’a donc aucune excuse pour ne pas être là où est le roi au bon moment. Ainsi Louis XIV contrôle l’emploi du temps de la noblesse, ne lui laissant pas le loisir de comploter contre lui.La journée du roi commence par le Petit lever, durant lequel le roi est lavé, peigné et rasé et auquel peuvent assister les médecins, la famille et quelques favoris. Celui-ci est suivi du Grand lever, pendant lequel le roi, devant une centaine de nobles du royaume, est habillé et déjeune d’un bouillon. La cérémonie du coucher est la même que celle du lever mais plus courte.Doc. 4 : La chambre du roi se situe au centre du château, sur l’axe est-ouest face au soleil levant. Cela souligne l’im-portance du roi, au centre de toutes choses.Doc. 5 : Pour Louis XIV, les spectacles permettent de faire plaisir au peuple et de le divertir. C’est donc un moyen pour le souverain de s’attacher ses sujets. Ils sont aussi l’occasion d’impressionner les émissaires et les monarques étrangers par un déploiement de fastes.Doc. 6 : La galerie des Glaces, appelée Grande Galerie au xviie siècle, est une immense salle de soixante-treize mètres. Les compositions de la voûte peintes par Le Brun sont des allégories représentant les succès diplomatiques et militaires de Louis XIV. Les 357 miroirs qui ornent les arcades sont à la fois un élément de décoration mais aussi un symbole de la prospérité économique des manufac-tures du royaume.L’élément représente le soleil, emblème que s’est choisi Louis XIV.

Pour aller plus loin• Site pour découvrir les grands personnages de la Cour de Louis XIV :www.chateauversailles.fr/l-histoire/personnages-de- cour/epoque-louis-xiv/louis-xiv

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Pourquoi Louis XIV installe-t-il la Cour à Versailles ?

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Exercice 1 • Lis le texte suivant puis réponds aux questions par une phrase.

Non seulement il était sensible à la présence continuelle de ce qu’il y avait de distingué, mais il l’était aussi aux étages inférieurs. Il regardait à droite et à gauche à son lever, à son coucher, à ses repas, en passant dans les appartements, dans ses jardins de Versailles où seulement les courtisans avaient la liberté de le suivre ; il voyait et remarquait tout le monde ; aucun ne lui échappait.

Duc de Saint-Simon, Mémoires, année 1715.

1. Explique le sens de la première phrase.

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2. D’après Saint-Simon, quelle attitude le roi affiche-t-il ?

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3. Qu’est-ce que cela implique pour les courtisans ?

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Exercice 2 • Les Lettres persanes est un ouvrage de fiction écrit par Montesquieu dans lequel un Persan écrit à son ami resté au pays et lui décrit ce qu’il découvre dans le royaume de France.

Lettre XXIV. Rica à Ibben, à Smyrne.

Le roi de France est le plus puissant prince de l’Europe. […] D’ailleurs ce roi est un grand magicien : il exerce son empire sur l’esprit même de ses sujets ; il les fait penser comme il veut. S’il n’a qu’un million d’écus dans son trésor, et qu’il en ait besoin de deux, il n’a qu’à leur persuader qu’un écu en vaut deux, et ils le croient. S’il a une guerre difficile à soutenir, et qu’il n’ait point d’argent, il n’a qu’à leur mettre dans la tête qu’un morceau de papier est de l’argent, et ils en sont aussitôt convaincus. Il va même jusqu’à leur faire croire qu’il les guérit de toutes sortes de maux en les touchant, tant sont grandes la force et la puissance qu’il a sur les esprits.

D’après Montesquieu, Les Lettres persanes, 1721.

1. Que pense le narrateur des sujets du roi ?

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2. Que pense-t-il du roi ? Justifie ta réponse.

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66 Thème 2 • Le temps des rois

Quelle est l’influence de la France sous Louis XIV ?Le « Grand Siècle », qui couvre le règne de Louis XIV, est une période riche durant laquelle la France s’impose culturellement, économiquement et territorialement face à ses voisins européens.

Objectifs– Comprendre quelle est la place de la France en Europe sous le règne de Louis XIV.– Connaitre Colbert.– Savoir que le règne de Louis XIV a été marqué par de nombreux conflits.

Compléments pour le maitreLa culture française rayonne en Europe

Le goût de Louis XIV pour les arts le conduit à réformer ou à créer des institutions qui soutiennent sa politique artis-tique. Ainsi, l’Académie royale de peinture et de sculpture est réformée en 1663, tandis que sont créées l’Académie royale de danse en 1661, l’Académie de France à Rome en 1666, l’Académie d’architecture en 1671 et l’Académie d’opéras en 1669, qui deviendra l’Académie royale de musique en 1672. Au milieu du xviie siècle, la France devient la référence artistique européenne. Soutenus par les commandes royales, les jardins à la française, l’ameu-blement, le classicisme français qui caractérise l’architec-ture, deviennent des modèles qui s’exportent dans toutes les cours européennes. Ainsi, le palais royal de Caserte dans le royaume de Naples, le château Sans-soucis à Postdam sont très largement inspirés de Versailles.

Le commerce français est dynamique

Louis XIV fait de la France une puissance commerciale de premier plan en Europe, avec l’aide de Colbert, qui s’at-tache à conserver une balance commerciale excédentaire. Pour cela, il met en place un système économique particu-lier : le mercantilisme. Celui-ci consiste à importer des matières premières à bas prix pour les transformer en pro-duits finis à forte valeur ajoutée qui seront ensuite expor-tés à des prix élevés. Pour mener à bien une telle politique, Colbert s’appuie sur une marine marchande puissante. Il crée plusieurs manufactures dans lesquelles travaillent des ouvriers souvent formés par les meilleurs maitres étrangers (vitriers flamands, verriers vénitiens). Pour favori-ser la vente des productions françaises, il met en place des mesures protectionnistes : taxes douanières sur certains produits étrangers. La rénovation des routes royales faci-lite aussi les échanges commerciaux.Enfin, la création de compagnies commerciales : Compa-gnie des Indes Orientales, Compagnie des Indes Occiden-tales et Compagnie du Levant, ainsi que celle de comp-toirs : Pondichéry, l’Île Bourbon, facilitent le commerce

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avec les colonies. La traite négrière, réglementée par le Code noir, promulgué en 1685, connait alors son apogée.

La France fait la guerre contre les États voisins

Tout au long de son règne, Louis XIV mène à la fois une politique défensive, dans laquelle Vauban joue un rôle important par la fortification des places frontalières, et une politique offensive pour laquelle un effort considérable est fait dans la modernisation de l’armée et de la marine, à la fois en termes d’équipement et de recrutement : celle-ci compte 72 000 hommes en temps de paix.Les causes des conflits successifs sont multiples. Territo-riales et politiques en premier lieu : Louis XIV veut desser-rer l’étau de la dynastie des Habsbourg qui règne sur l’Es-pagne et le Saint Empire et qui détient, depuis Charles Quint, la couronne impériale. Économiques, ensuite : une des causes de la guerre de Hollande (1672-1678) est la volonté de Louis XIV de réduire la puissance commerciale de la Hollande.

Exploitation des documentsDoc. 1 : La musique d’abord, avec une basse, un dessus de viole, un violon, une guitare, une musette de cour et des partitions ; l’architecture ensuite avec un plan ainsi que la géométrie avec les compas. Le globe céleste évoque l’as-tronomie. Enfin, le buste d’Athéna, déesse tutélaire des arts, évoque l’ensemble de ceux-ci et la pile de livres représente le savoir en général.Doc. 2 : En favorisant les productions françaises : il fait venir des maitres étrangers qui forment des ouvriers fran-çais. Il instaure aussi le protectionnisme en taxant les pro-duits étrangers.Doc. 3 : La manufacture des Gobelins, créée par Henri IV, produit des tapisseries et des tapis de luxe qui sont desti-nés à l’ameublement des Maisons royales et aux présents diplomatiques.Doc. 4 : Louis XIV annexe le Roussillon, le Charolais, la Franche-Comté, l’Alsace, le Hainaut, les Flandres et l’Artois.Doc. 5 : Belle-Île-en-Mer est une ile de l’océan Atlantique située dans le département du Morbihan, dans le sud de la Bretagne.Cette construction permet de défendre l’ile contre des envahisseurs potentiels, notamment les Anglais.

Pour aller plus loin• J. A. Lynn, Les Guerres de Louis XIV, 1667-1714, Perrin, 2010.

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Quelle est l’influence de la France sous Louis XIV ?

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Exercice 1 • Lis le texte suivant puis réponds aux questions par une phrase.

Personne n’ignore l’étendue et l’importance du commerce des colonies. Les retours qui furent faits en sucre, café, cotons indigos, bois de teintures surpassèrent 120 millions. Deux objets font la base de cet important commerce, les esclaves noirs que nous y portons d’Afrique et les marchandises que nous y envoyons pour les besoins des colons, habitants et négociants.

Projet d’armement d’un navire, Nantes, 1785.

1. Quels sont les produits qui viennent des colonies ?

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2. Qu’est-ce qui est apporté dans les colonies en échange ?

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3. Comment s’appelle le commerce des esclaves ? À quel moment de l’histoire a-t-il été mis en place ?

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4. À ton avis, quels sont les produits dont ont besoin les colons ?

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Exercice 2 • Complète la grille de mots croisés.

1. Lieu qui accueille les artistes.2. Ministre des Finances de Louis XIV.3. Somme d’argent donnée à des artistes par le roi.4. Ministre de la Guerre de Louis XIV.5. Musicien célèbre de la cour.

6. Pays dans lequel la France a implanté des comptoirs commerciaux.7. Manufacture où sont produites les tapisseries royales.8. Célèbre auteur de théâtre à la Cour de Louis XIV.9. Atelier ou sont fabriqués à la main des produits.

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68 Thème 2 • Le temps des rois

Comment vit-on à l’époque de Louis XIV ?Cette leçon permet de remettre le règne de Louis XIV dans un contexte social et économique où perdure une grande inégalité entre les classes sociales. Ces informa-tions apportent un éclairage à la leçon suivante qui traite de la fin du règne.

Objectifs– Connaitre les conditions de vie des gens à l’époque de Louis XIV.– Comprendre que la société d’Ancien Régime est très inégalitaire.

Compléments pour le maitreDans les campagnes, des conditions de vie

difficiles

La majorité de la population rurale est constituée de jour-naliers et de saisonniers. Les femmes travaillent à la fois dans la maison, au jardin familial et aident leur époux dans les champs. L’espérance de vie ne dépasse pas 25 ans. L’habitat est très modeste : chaumière de pierre ou de tor-chis constituée d’une seule pièce très peu meublée. Le lit est souvent collectif, simple matelas de paille. Les aliments de base sont le pain de seigle et de froment et la soupe. Les œufs, le lait, la volaille ne sont pas consommés mais revendus ou servent à payer les impôts en nature, comme la dîme.Il existe toutefois des paysans plus aisés comme les cen-siers (personnes qui perçoivent le cens), qui habitent dans des demeures plus grandes et logent valets et servantes. Les trois quarts de la population rurale sont illettrés.

Dans les villes, des conditions de vie très inégales

La population des villes est plus hétérogène. Tout en haut de la pyramide sociale se trouve la noblesse, qui possède la terre et se contente de visiter seulement de temps en temps ses propriétés. La noblesse de robe ou de finance vit à Paris ou dans les grandes villes possédant un tribunal. La grande bourgeoisie habite dans de luxueux hôtels par-ticuliers, possède une importante domesticité et s’habille de la même façon que les nobles, la toilette étant un important marqueur social. Les bourgeois essaient de se fondre à la noblesse par les mariages ou en achetant des fiefs et des charges permettant d’être anobli. Viennent ensuite les « bons bourgeois », commerçants, arti-sans qualifiés puis les ouvriers des manufactures et enfin les petits métiers (fruitiers, porteurs d’eau, etc.). Une partie de la population, sans emploi, déshérités, vit dans la misère.

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Pour tous, des conditions d’hygiène et de soins insuffisantes

Le xviie siècle se caractérise par une hygiène quasiment inexistante. L’eau étant considérée comme vecteur de maladie, elle est très peu utilisée. Seuls le visage et les mains sont lavés. Les bains sont extrêmement rares. La population la plus aisée pratique la « toilette sèche », qui consiste à se changer plusieurs fois par jour. Les odeurs corporelles sont masquées à l’aide de parfums, d’onguents et de poudres.Les rues des villes, dans lesquelles on « lâche ses eaux », sont couvertes d’excréments et d’immondices. Ce n’est que vers la moitié du xviiie siècle que l’on facilite le trans-port des eaux usées par des conduits souterrains et qu’il devient interdit de jeter ses excréments par les fenêtres.Tout ceci contribue à une forte mortalité. La médecine est peu développée, les maladies infantiles sont la plupart du temps mortelles : entre 1711 et 1714, Louis XIV perd presque tous ses héritiers (fils, petits-fils et arrières-petits-fils).

Exploitation des documentsDoc. 1 : La pièce est nue, à l’exception de l’âtre dans le fond, de la table et de quelques chaises. Quelques usten-siles en terre trainent au sol et sur la table. Le sol est en terre battue et les murs en torchis. Les tissus des vête-ments sont rustiques et épais. Les vêtements sont sales, certains reprisés. Les enfants sont vêtus d’habits qui ne sont pas à leur taille. Tous ces éléments concourent à montrer la misère de cette famille.Doc. 2 : La présence d’animaux exotiques (le singe, le per-roquet), la richesse des décors, la préciosité du mobilier (fauteuil doré recouvert de tissu) ainsi que la magnificence des vêtements (tissus précieux rebrodés d’or) sont autant de signes d’une grande aisance matérielle.Les éléments du décor, l’attitude et les vêtements des per-sonnages sont des éléments de comparaison possibles qui doivent permettre à l’élève de comprendre l’inégalité qui existe entre les différentes catégories sociales.Doc. 3 : 1606 – 1601 = 5. Louis XIII a été lavé avec de l’eau pour la première fois à l’âge de cinq ans.Doc. 4 : Le médecin agenouillé près de la malade tient un clystère, objet permettant d’effectuer des lavements. Le deuxième est en train d’effectuer une saignée et le troi-sième tient un flacon de potion et un verre de ce qui pour-rait être du vin.Doc. 5 : Les soins sont très sommaires et relèvent quasi-ment de la charlatanerie.

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Comment vit-on à l’époque de Louis XIV ?

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Exercice 1 • Lis le texte suivant puis réponds aux questions par une phrase.

Pour renforcer ses armées, Louis XIV convoque l’arrière-ban de la noblesse. Ceux qui veulent être dispensés de ce service peuvent payer une somme égale au 1/5e de leurs revenus annuels. Un certain nombre de nobles appauvris juge trop importante cette taxe. Ainsi, l’épouse d’Antoine de Sulfour, sieur de Pauville écrit au roi :

« Sy vous voulé prandre la paine d’envoier ché nous, vous verray sy je ne vous dy pas la verité et sy tous la messon nes pas a moitié fondu et les couvertures toute a jour. Nous sommes au désespoir, bientôt faudra aller a l’aumone. »

Cité dans P. Goubert, Cent mille provinciaux au xviie siècle, Beauvais et le Beauvaisis (1600-1730), Flammarion, 1968.

1. Explique l’expression « les couvertures toutes à jour ».

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2. Quelles sont les deux idées reçues sur la noblesse que cette lettre dément ?

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3. Amuse-toi à réécrire cette lettre en corrigeant les fautes d’orthographe.

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Exercice 2 • Dessine la table garnie telle qu’elle est décrite dans ce texte.

La grande mode est de mettre quatre beaux potages dans les quatre coins, avec quatre salières. Le second service sera de quatre fortes pièces dans les coins, soit court-bouillon, la pièce de bœuf, ou du gras rôti et, sur les assiettes les salades. Au troisième service, la volaille et le gibier rôti. On laissera le milieu de la table vide pour y mettre les melons, les salades différentes et, sur de petites assiettes, les oranges, les citrons, les confi-tures dans des moules en massepain.

D’après Nicolas de Bonnefons, valet de chambre du roi, Les Délices de la campagne, 1655.

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70 Thème 2 • Le temps des rois

Quelle est la situation de la France à la fin du règne de Louis XIV ?Le règne brillant du Roi-Soleil ne doit pas occulter les aspects plus sombres des der-nières années. Si Louis XIV a porté à son apogée l’absolutisme, il a aussi accru cer-tains dysfonctionnements de la société qui conduiront à la remise en cause de la monarchie au moment de la Révolution.

Objectifs– Connaitre les aspects moins brillants du règne de Louis XIV.– Comprendre que la royauté est indissociable de la religion catholique.– Comprendre que le mécontentement populaire qui aboutira à la Révolution existe déjà sous le règne de Louis XIV.

Compléments pour le maitreL’intolérance religieuse

Plusieurs affaires religieuses marquent le règne de Louis XIV. La doctrine janséniste, s’opposant aux jésuites, se caracté-rise par une grande rigueur spirituelle et l’attachement à la doctrine de saint Augustin. Condamnés par le pape, hos-tiles à la monarchie absolue, ils sont persécutés par le pouvoir dès 1661. La lutte atteint son apogée en 1679 lorsque les religieuses sont chassées de l’abbaye de Port Royal, haut lieu du jansénisme, avant que les bâtiments ne soient entièrement détruits.La lutte contre les protestants, dont l’acte emblématique est la révocation de l’édit de Nantes par l’édit de Fontaine-bleau en 1685, commence dès 1681 par les « missions bottées » de Louvois dans le Limousin et le Poitou. Les familles protestantes sont contraintes à payer plus d’im-pôts et à loger des soldats si elles ne se convertissent pas. Ce principe de violentes brimades est repris lors des dra-gonnades de 1685.La révocation de l’édit de Nantes et le climat délétère pour les adeptes de la religion réformée poussent au moins 300 000 personnes à l’exil vers l’Allemagne, la Suisse ou les Provinces-Unies (Hollande). Des révoltes éclatent, notamment dans les Cévennes et le Bas-Languedoc où les troupes royales doivent essuyer de nombreuses attaques entre 1702 et 1704.

Le mécontentement populaire

En 1693, Fénelon écrit au roi que « la France est un grand hôpital désolé et sans provisions ». En effet, les guerres successives ruinent le royaume. Pour les financer, tout est envisagé : la vaisselle précieuse est fondue, de nouveaux impôts sont levés, des titres de noblesses et des charges royales sont mis en vente mais cela ne suffit pas à réduire un déficit colossal, la dette atteignant 2 382 millions de livres en 1715. La construction du château de Versailles qui

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se fait à marche forcée – le chantier compte plus de 36 000 ouvriers en 1685 – et les fastes de la Cour sont aussi des postes de dépenses importants. Par exemple, lors de la réception de l’ambassadeur de Perse en 1715, Louis XIV est vêtu d’un habit noir et or couvert de dia-mants, d’un montant total de 12 500 000 livres (à la même époque, 1 livre vaut 20 sous et un ouvrier qualifié gagne 15 sous par jour).Aux impôts s’ajoutent également les épidémies et les famines dues aux mauvaises conditions climatiques (grand froid de 1693-1694, « le grand hyver » de 1709-1710). La population décroit, les décès dépassant largement les naissances. Les conditions de vie extrêmement difficiles auxquelles sont confrontés les paysans provoquent locale-ment des révoltes tout au long du règne.

Exploitation des documentsDoc. 1 : Une dragonnade est un acte de persécution per-pétré contre les protestants par les dragons, noms des soldats du roi. Le but était de forcer les adeptes de la reli-gion réformée à se convertir au catholicisme.Doc. 2 : Les moyens « sûrs et honnêtes » sont : le supplice de la roue (qui consiste à attacher sur une roue le suppli-cié préalablement écartelé ou roué de coups), les galères, le fouet, la pendaison, l’emprisonnement et le bûcher.Doc. 3 : L’édit de Nantes est un édit promulgué par Henri IV en 1598. Il autorisait les protestants à pratiquer leur reli-gion et leur accordait un certain nombre de lieux de refuge (voir manuel p. 79).Doc. 4 : Le peuple est prêt à se révolter car il vit dans une grande misère : il souffre de famine.Doc. 5 : La capitation est un impôt qui touche les trois ordres et l’ensemble des provinces du royaume. Seuls en sont exempts les ordres mendiants et les pauvres certifiés par leur curé. Louis XIV a utilisé cet impôt plusieurs fois pour financer des guerres : en 1695 pour la guerre contre la Ligue d’Augsbourg (il est supprimé en 1698), puis en 1701 pour financer la guerre de succession d’Espagne.Le dixième est aussi un impôt direct temporaire mis en place en 1710 pendant la guerre de succession d’Espagne, il est ensuite suspendu puis devient permanent à partir de 1741. Il consiste à donner au roi un dixième de ses revenus.

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Quelle est la situation de la France à la fin du règne de Louis XIV ?

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Exercice 1 • Lis le texte suivant puis réponds aux questions par une phrase.

Mon enfant, dit-il à son arrière-petit-fils, vous allez être bientôt roi d’un grand royaume. Ne m’imitez pas dans le goût que j’ai eu pour les bâtiments, ni dans celui que j’ai eu pour la guerre. Tâchez, au contraire, de conser-ver la paix avec vos voisins. Rendez à Dieu ce que vous lui devez ; reconnaissez les obligations que vous lui avez ; faites-le honorer par vos sujets. Suivez les bons conseils. Soulagez vos peuples le plus tôt que vous pour-rez, ce que je suis assez malheureux pour n’avoir pu faire.

Recommandations de Louis XIV à son arrière-petit-fils, le futur Louis XV.

1. À qui s’adresse Louis XIV ?

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2. Que regrette-t-il d’avoir fait ?

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3. Quels conseils donne-t-il à son destinataire ?

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Exercice 2 • Lis le texte puis complète le tableau.

Tout ce qui s’appelle bas peuple ne vit que de pain d’orge et d’avoine mêlés, dont ils n’ôtent même pas le son, ce qui fait qu’il y a tel pain qu’on peut lever par les pailles d’avoine dont il est mêlé. Ils se nourrissent encore de mauvais fruits, la plupart sauvages, et de quelque peu d’herbes potagères de leurs jardins, cuites à l’eau, avec un peu d’huile de noix ou de navette, le plus souvent sans ou très peu de sel. Il n’y a que les plus aisés qui mangent du pain de seigle mêlé d’orge et de froment. Le commun du peuple boit rarement du vin, ne mange pas trois fois de la viande en un an, et use peu de sel. Les trois quarts ne sont vêtus, hiver et été, que de toile à moitié pourrie et desséchée, et chaussés de sabots dans lesquels ils ont le pied nu toute l’année ; que si quelqu’un a des souliers, il ne les met que les jours de fêtes et dimanches. Ils ne possèdent pas un pouce de terre.

D’après Vauban, 1696.

Ce que consomme régulièrement un paysan Ce que consomme très rarement un paysan