Hiro’a CULTURE LES JOURNAL D’INFORMATIONS

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_RETOUR SUR : Heiva 2007 _EXPO : Hommage aux divinités des Gambier _CULTURE EN PÉRIL : SOS patrimoine en danger _DOSSIER le fabuleux destin des objets polynésiens JOURNAL D’INFORMATIONS CULTURELLES Hiro a SEPTEMBRE 2007 MENSUEL GRATUIT NUMÉRO 1

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_RETOUR SUR : Heiva 2007_EXPO : Hommage aux divinités des Gambier

_CULTURE EN PÉRIL : SOS patrimoine en danger

_DOSSIER

le fabuleux destindes objets polynésiens

J O U R N A L

D ’ I N F O R M A T I O N S

C U L T U R E L L E SHiro’a

SEPTEMBRE 2007

MENSUEL GRATUIT

NUMÉRO 1

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Je suis très fière de préfacer Hiro’a, tout premier magazine culturelde notre Fenua. Un mensuel dont la mission première est de vousrappeler la place essentielle des institutions culturelles, dans la

protection et la diffusion de notre patrimoine et de notre culture.

En effet et malgré les efforts entrepris, elles bénéficient encore trop souventd’une image que je qualifierais non abusivement d’ingrate. Parce que

dans un monde à paillettes où tout se médiatise, elles travaillent dans l’ombre. Parce que dans un mondeéconomique où tout se rentabilise, leur but n'est pas lucratif. Parce que dans un monde où tout doit seconcrétiser dans les plus brefs délais, leurs activités quotidiennes ne porteront leurs fruits que dans desannées voire des générations…

Qui donc, sinon une structure publique, est en mesure de collecter le patrimoine pour nos enfants, prendre des risques en donnant sa chance à une nouvelle troupe de danse, à un jeune artiste méconnu,enseigner la musique et des disciplines artistiques parfois rares avec comme souci commun l’excellence ?Maison de la Culture, Musée de Tahiti et des Îles, Conservatoire Artistique de Polynésie française, Servicede la Culture et du Patrimoine ou encore Heiva Nui, il n’y a qu’elles qui peuvent accomplir ces tâchesfortes et symboliques. Car elles sont imprégnées jusque dans leurs statuts fondateurs par l'esprit derigueur scientifique et de neutralité des professions de la fonction publique, garantes du bon équilibre denotre société. Régies, il n’est pas inutile de le rappeler, par les principes démocratiques de liberté, d’égalité et de fraternité. Trois petits mots qui ont un véritable sens pour un magazine culturel, porteur à lafois de valeurs et d’esprit critique.

Pour toutes ces raisons, donner plus de latitude et de moyens aux établissements sous ma tutelle figureparmi les grands axes de ma politique. Je tiens donc à souligner que Hiro’a est un magazine parrainé parces différentes institutions, fédérées autour de ce noble projet, qui en assurent ainsi la gratuité. Et j'appellede mes vœux les projets de partenariat qui nous permettraient d'en assurer la pérennité, dans le cadre d'unmécénat prouvant l'attachement de nos entreprises à faire vivre notre culture.

Je soutiens et félicite cette belle initiative des établissements culturels. Hiro’a sera désormais leur voix, etsurtout leur lien avec vous. Tous les mois donc, votre nouveau rendez-vous culturel donnera enfin la placequi leur revient aux questions majeures de protection du patrimoine, de sauvegarde, de transmission, devalorisation, ou encore de soutien à la création sous toutes ses formes.

Il vous proposera des explorations, plus en profondeur, de certains sujets dans sa rubrique « dossier ».« L’œuvre du mois » donnera la parole à une création exceptionnelle du Fenua, d’hier ou d’aujourd’hui. « Portrait d’un métier », « Pour vous servir » ou encore « La culture en péril » valoriseront les efforts quo-tidiens de ces hommes et de ces femmes qui travaillent pour vous. Avec « Retour sur », Hiro’a reviendra enimages sur les évènements majeurs du mois précédent. La rubrique est consacrée dans ce premiernuméro à un Heiva 2007 particulièrement exceptionnel pour sa jeunesse, sa diversité et l’excellence desspectacles proposés, trois aspects qui me tiennent à cœur, vous le savez.

Enfin, vous trouverez aussi un programme détaillé des activités des établissements. Pour vous démontrerque oui, il y a bien une vie culturelle animée sur notre Fenua. Que oui, « la culture bouge », se crée tous lesjours, loin des clichés véhiculés sur un immobilisme et un "passéisme" dans lesquels je ne nous reconnaisvraiment pas !

Chaque mois, et en fonction du thème du dossier, une structure sera à l’honneur. Pour ce tout premiernuméro, place au Musée de Tahiti et des Îles, puisqu’il inaugure une exposition dont le mot d’ordre est lamultiplicité des points de vue, tout en se remettant en question, démarche extrêmement méritante. Il aborde de façon novatrice et approfondie les problématiques internationales de la restitution ou encore durapport à son identité et à son patrimoine dans le monde d’aujourd’hui. Vous le voyez bien, s'il s’occuped’abord du Pays qu’il recouvre à travers ses missions, Hiro’a n’est pas « pitoiste ». Bien au contraire, il s’inscrit plus largement dans un contexte francophone, pacifique et mondial. À l’image de ces partenariatsque je viens de concrétiser, pour le Musée, avec les prestigieux Centre Culturel Tjibaou de NouvelleCalédonie et Musée du Quai Branly à Paris…

Si Hiro’a est là pour informer, il se veut donc surtout un porte-parole avant-gardiste des réflexions collectives sur la place que nous accordons à notre culture dans le monde d’aujourd’hui.

Alors, bonne lecture à tous et longue vie à Hiro’a !

M I N I S T R E D E L A C U LT U R E E T D E L’A R T I S A N AT

N a t a c h a TA U R U A

É D I T O

la cultureau cœur du développement

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5SOMMAIRE

_HIROAJournal d’informations culturelles mensuel gratuit tiré à 10 000 exemplaires_Partenaires de production et directeurs de publication : Musée de Tahiti et des Îles, Service de la Culture et duPatrimoine, Conservatoire Artistique de Polynésie française,Heiva Nui, Maison de la Culture – Te Fare Tauhiti Nui._Edition et réalisation : ObapubBP 5561 - 98716 Pirae Tahiti - Polynésie françaiseTél : (689) 50 30 30 – Fax : (689) 50 30 31www.obapub.com - email : [email protected]_Direction éditoriale : Vaiana Giraud - 544 536_Rédacteur en chef : Mahé [email protected]_Régie publicitaire : Maria Succos – 73 40 55_Impression : STP Multipress

_Dépôt légal : en cours

6 LA CULTURE BOUGEÇa va rouler pour les jeunes lecteurs !Premier accord Fenua-Caillou

8 LA CULTURE EN PÉRILSOS patrimoine en danger

10 DOSSIERLe fabuleux destin des objets polynésiens

15 UNE ŒUVRELes costumes primés du Heiva 2007

16 PORTRAIT D’UN MÉTIERConservateur de musée

18 POUR VOUS SERVIRCes salles de musée qui font jaser !

20 RETOUR SUR…Le Heiva 2007

22 ACTU

24 PROGRAMME CULTUREL

25 CE QUI SE PRÉPAREHommage aux divinités des Gambier : quand exposition rime avec restitution

26 PARUTIONS DU MOIS

AVIS DES LECTEURSVotre avis nous intéresse !Des questions, des suggestions ? Écrivez à :[email protected]

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M A I S O N D E L A C U LT U R E - T E FA R E TA U H I T I N U IL A C U LT U R E B O U G E M U S É E D E TA H I T I E T D E S Î L E SL A C U LT U R E B O U G E

…se réjouissent Emmanuel Kasarhérou etJean-Marc Pambrun, respectivementdirecteurs du Centre Culturel Tjibaou deNouvelle-Calédonie et du Musée de Tahiti etdes Îles. C’est enfin chose faite depuis le 26 juin 2007,date de sa ratification par la Ministre de laCulture et de l’Artisanat, Natacha Taurua.

Voilà déjà un certain temps que lepartenariat entre les deux établissementss’intensifiait : nomination d’EmmanuelKasarhérou en tant que membre du comitéscientifique du Musée de Tahiti, missionmuséographique de Jean-Marc Pambrun enNouvelle-Calédonie, et plus récemment, larevue culturelle kanak Mwa vé’é* a consacréun numéro spécial à la culture polynésienne.

Désormais officialisée par ladite convention,cette coopération viseraprincipalement àencourager « l'échanged'informations et d'ex-périences, ainsi que lamise en place de projetsd’intérêt commun ».

À caractère muséogra-phique, patrimonial etculturel, les idées deprojets ne manquentpas. Et pour commencer,le voyage en Nouvelle-Calédonie de l’exposition du Musée de Tahiti et des Îles « La danse des costumes » montée parManouche Lehartel.

Dans un deuxième temps, l’organisationd’une résidence croisée de sculpteurs polynésiens en Nouvelle-Calédonie et desculpteurs calédoniens en Polynésieviendra immortaliser dans la pierre ou lebois ces retrouvailles Mélanésie-Polynésie.« L’objectif de la convention étant aussi, àterme, de dynamiser l’espace francophoneau sein d’un Pacifique principalementanglophone, et pourquoi pas, de contribuerà l’émergence d’un nouveau courantculturel franco-kanako-ma’ohi », confiaitEmmanuel Kasarhérou. u

Très bientôt, il n’y aura plus aucune excuse pour ne pas lire…

« Au moins 10 ans qu’on attendaitcette convention ! »

La Maison de la Culture met en placece mois-ci un projet innovant de buslecture pour les enfants

ÇA VA ROULERpour les JEUNES LECTEURS !

PREMIER ACCORDFENUA - CAILLOU

R E N C O N T R E A V E C H E R E M O A N A M A A M A A T U A I A H U T A P U ,D I R E C T E U R E T M Y L È N E R A V E I N O , C H A R G É E D E S A C T I V I T É SP E R M A N E N T E S D E L A M A I S O N D E L A C U L T U R E .

R E N C O N T R E A V E C N A T A C H A T A U R U A , M I N I S T R E D E L A C U L T U R E E T D E L ’ A R T I S A N A T ,E M M A N U E L K A S A R H É R O U , D I R E C T E U R D U C E N T R E C U L T U R E L T J I B A O UE T J E A N - M A R C P A M B R U N , D I R E C T E U R D U M U S É E D E T A H I T I E T D E S Î L E S .

LE MUSÉE DE TAHITI ET DES ÎLES ET LE CENTRE CULTUREL TJIBAOU SIGNENT UNE CONVENTION DE COOPÉRATION

« Puisque tous les enfants ne peuventpas venir à la bibliothèque, on va leur apporter les livres dans leurs quartiers ! »,promet Heremoana Maamaatuaiahutapu,directeur de la Maison de la Culture.

Riche de près de 1000 titres pour les petitslecteurs de 4 à 12 ans, cette nouvelle biblio-thèque motorisée se déplacera dans toutesles communes de l’île de Tahiti liées auContrat Urbain de Cohésion Sociale.

Et, c’est en cours d’étude, bientôt à Moorea.« À terme », souhaite le directeur de laMaison de la Culture, « ce serait bien queles îles développent ce type de concept.

Ces structures ambulantes sont bien moinsonéreuses et compliquées à gérer que desbibliothèques ». Elles nécessitent simple-ment un chauffeur, un bibliothécaire et unstock de mille livres renouvelé régulière-ment. Une bonne vingtaine d’enfantspourront s’installer sur les larges banquetteset dévorer les ouvrages mis à leurdisposition.

En période scolaire, le bus passera lesmercredis et vendredis après-midi ainsi queles samedis matins avec des arrêts d’uneheure et demie. Pendant les vacances, cesera tous les matins, avec l’espoir de devenirun rendez-vous attendu. Ce sont les enfantsd’aujourd’hui qui sont les lecteurs dedemain… Et aussi les écrivains !

Le démarrage de l’opération, financée engrande partie par le Contrat Urbain deCohésion Sociale et l' EPAP, est prévu dès lemois de septembre. De toute façon, vous nepourrez pas rater ce joli bus coloré. u

* signifie en drubéa « support ou contenant de paroles, de mots, d’idées »

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- Quels sont les critères pour classer un site ?Tout site présentant un intérêt naturel, his-torique ou culturel peut être classé, le butétant avant tout sa protection. La mise envaleur n’est pas une obligation. Certainssites classés ne sont pas connus du public,qu’ils soient sur des terrains privés oupublics, car c’est la conservation qui prime.La procédure de classement prévoit l’éta-blissement d’une liste publiée au Journalofficiel de la Polynésie française présentantles biens immobiliers, sites ou monumentsnaturels dont la conservation ou la préser-vation ont un intérêt historique, artistique,scientifique, légendaire ou folklorique.

L'inscription sur ces listes est prononcéepar un arrêté du Président du Pays, sur pro-position de la Commission des sites et desmonuments naturels, chargée de délibérersur toutes les questions de classement etde protection du patrimoine. Les propriétaires,une fois informés, ont interdiction de modifierl'aspect du site ou du monument naturel oude faire de travaux sans autorisation.

Le Code du patrimoine de métropole définitle patrimoine comme l’ensemble des biens,immobiliers ou mobiliers, relevant de lapropriété publique ou privée, qui présententun intérêt historique, artistique, archéologi-que, esthétique, scientifique ou technique.Une des spécificités du Code du patrimoinepolynésien sera de prendre également encompte le patrimoine immatériel, c’est-à-dire les connaissances, les techniques etsavoirs-faire qui relient les Polynésiens auxobjets et sites de leurs ancêtres ou contem-porains.

- D’après le bilan sanitaire archéologiqueque vous avez établi en 2003, 42% des sitesclassés auraient été détruits, soit 29 sitessur 68. Un chiffre inquiétant, non ? Inquiétant ? C’est catastrophique ! Ces 42 %sont des sites détruits ou fortement dégra-dés, il faut une réelle volonté politique pourles sauver et donc un financement.N’oublions pas que ces sites ont été classésen 1952 à la suite de lois en vigueur enmétropole à l’époque, alors que le premierbilan sanitaire jamais réalisé date de 2003 !Il s’est donc passé 50 ans sans gestion glo-bale de ces sites. Lorsque le Ministère de laCulture de l’époque a commandé cetteétude au Service de la Culture et duPatrimoine en 2003, cela a permis de dresserun état des lieux, de comprendre pourquoirien n’a été fait (manque de moyens, d’information et de coordination entre insti-tutions, faiblesse de la réglementation, etc.)et d’en tirer les leçons.Et attention, ces 42% concernent une infimeminorité de sites archéologiques et histori-ques : combien de sites non classés et doncnon protégés sont détruits chaque année enPolynésie française sans qu’on le sache ? OÙ EN EST LE CODE DU PATRIMOINE AUJOURD’HUI AU NIVEAU DU SERVICE DE LA CULTURE ET DU PATRIMOINE ?

Les derniers bilans sur l’état du patrimoine

matériel polynésien sont alarmants.

Le patrimoine est-il vraiment protégé ?

Où en est-on réellement aujourd’hui ?

Quel avenir pour les sites polynésiens ?

* le Système d'Information Géographique est un outil informatique permettant d'organiser, replacer, présenter des donnéesgéographiques référencées et deproduire des plans et cartes.Par ce moyen, les sites archéologiques,légendaires et historiques dePolynésie sont référencés surune carte qui donne une meilleurevision de la répartitiondu patrimoine ancien.

S E R V I C E D E L A C U LT U R E E T D U P AT R I M O I N EL A C U LT U R E E N P É R I L

EN DANGER !

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Tous les sitessont en danger.Quelques exemples…

Quels sont lescritères pour

classer un site ?

INTERVIEW DE TAMARA MARIC [ARCHÉOLOGUE], MATAHI CHAVE [JURISTE] JEAN-DANIEL DEVATINE [ETHNOLOGUE] ET JOANY HAPAITAHA’A [HISTORIENNE] DU SERVICE DE LA CULTURE ET DU PATRIMOINE.

Certaines parties législatives du Code du patrimoinemétropolitain ont été rendues applicables enPolynésie française depuis l’ordonnance du 20février 2004. Il s’agit des parties relatives aux biens culturelsmaritimes, aux archives, ainsi que l’article duCode du patrimoine qui donne la définition du patrimoine archéologique. Ces dispositions juridi-ques concernent les domaines de compétence de

l’Etat (justice et domaine maritime), étant entenduque pour les autres domaines, la Polynésie exerceune compétence de principe. La rédaction du Codedu patrimoine est demeurée un dossier prioritairedu Ministère de la Culture et de l’Artisanat et suitson instruction au sein du Service de la Culture etdu Patrimoine. Il est très difficile de donner unedate butoir devant l’importance de ce chantier.

SOSPatrimoine…

VAIPAHI - TAHITI (PHOTO 1)

A l’occasion de l’aménagement du site deVaipahi par le Service du Tourisme, unsondage archéologique du Service de laCuture et du Patrimoine sur le site du maraeprésumé a révélé le ahu qui était enfoui sous laterre côté pente.

FORTIN DE LA PUNARU’U - TAHITI (PHOTO 2)

Ce fortin a été construit en 1846, lors de laguerre franco-tahitienne par Armand Bruat. Ilest classé par arrêté n°865 a.p.a du23/06/1952 n°3. Pour autant, il est dans unmauvais état de conservation, taggué et situédans une végétation dense d’acacias. Il mérite-rait d’être réhabilité ainsi que ses abords.

PEKIA - HIVA OA, MARQUISES (PHOTO 3)

Ce prestigieux tohua de Atuona et site classé aété détruit volontairement par un particulier àcoup d’engins mécaniques en septembre 2005.Le Gouvernement de la Polynésie française aporté plainte.

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Qui détruit et comment, pourquoi ?La majorité des sites classés détruits sontsur des propriétés privées, assez peu sur despropriétés domaniales ou publiques.L’ignorance est la cause principale desdégradations et destructions. Et pour cause :la liste des sites de 1952 ne mentionneaucune localisation ! Avec le développementdu SIG* et une meilleure coordination entreadministrations, ce genre de problème nedevrait plus se produire. Mais il est vrai qu’onne peut pas tout conserver du passé, on doitlaisser la place aux vivants, ce qui impliquede faire un choix entre ce qui vaut la peined’être conservé et le reste. Pour cela, il fautd’abord une loi préventive.

Quelles mesures peut-on mettre en placepour assurer une plus grande protection ?Des sanctions ?Il faudrait tout d’abord une loi de protectionglobale des sites archéologiques et légen-

daires comme celaexiste dans les pays ditsdéveloppés. Quant auxsanctions, elles ne sontprévues que pour lessites classés et on nepeut que déplorer leurlégèreté, qui les rendtotalement inadaptéeset inefficaces devant ledéveloppement urbain frénétique de laPolynésie française. Pour qu’elles soientdissuasives, il devient impératif de les ren-forcer, ce qui est l’un des objectifs du Codedu patrimoine en chantier.Et la protection comme les sanctions, pourêtre efficaces, doivent s’accompagner del’information et de la sensibilisation dupublic. u

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M U S É E D E TA H I T I E T D E S Î L E SD O S S I E R

LE FABULEUX DESTIN

DES OBJETS POLYNÉSIENS

INTERVIEW DE TARA HIQUILYET MURIEL GLAUNEC,COMMISSAIRES DE L'EXPOSITION

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- D’où vient ce projet ?Nous avons proposé à Jean-Marc Pambrun,Directeur du Musée de Tahiti et des Îles, depréparer une exposition présentant les nouvelles acquisitions du Musée ainsi queles collections privées polynésiennes. Entravaillant sur ces thématiques, nous avonsrapidement pris conscience que ces objets,ce patrimoine méritaient que leur histoire,leur destin soient connus du peuple auquelils appartiennent. Ainsi, une massue ‘u’u,acquise par un marin de baleinier, quitte les

îles Marquises au 19e siècle pour les Etats-Unis, puis après être passée entre plusieursmains, elle est rachetée à un collectionneurhawaiien par un marchand parisien, qui àson tour nous la cédera, permettant ainsison retour en Polynésie. Alors que lesobjets avaient commencé par être unmoyen d’échange entre deux mondes à larencontre l’un de l’autre, ils apparaissent denos jours de plus en plus comme un lienfort avec nos origines.

- Comment commence l’exposition ? À partir du moment où nous avons identifiénotre thème, nous nous sommes penchéssur tous les objets ethnographiques duMusée avec ce même objectif : retracer leurparcours. Contrairement à ce que l’on peut penser,nombreux sont les objets à n’avoir jamaisquitté le Pays. C’est le cas des ti’i, presquetotalement absents des collections étran-gères. On n’en connaît aucune descriptionprécise par les explorateurs. Nous nous sommes aussi intéressés à despièces jetées volontairement à la mer parles Polynésiens (herminettes, penu…), sansdoute pour les mettre à l’abri, à l’écart deshommes et de leurs profanations. Ce nesont que des hypothèses, nous n’avonsaucune réponse. Ces objets cachés, tapu,sont le point de départ du scénario, ilsdémontrent un rapport particulier et complexe au patrimoine.

- Si les objets tapu sont restés au fenua,qu’en est-il des autres ?Après ces objets tapu, on passe aux objetsd’échange, à la période des contacts. Les explorateurs se sont intéressé aux piècesd’apparat ou de la vie quotidienne qu’onleur présenta (bien entendu, on ne leurmontra pas tout, notamment les objetssacrés cités plus haut). Ces objets seront échangés contre différentesmarchandises comme des clous et deshaches, entre autres, très prisés par lesPolynésiens pour la fabrication des hameçons,des pirogues… Paradoxalement, et même si à ce moment-là,personne n’en a conscience, ces échangesont permis les premières sauvegardes dupatrimoine polynésien car en intégrant lescabinets de curiosités, puis les muséesd’histoire naturelle, ces objets vont devenirdes « Objets » comme les Occidentaux lesconçoivent, avec tout ce qui les entoure : laconservation, l’étude, la contemplation puisla spéculation. Si ces pièces fragiles étaientrestées en Polynésie, elles auraient sansdoute fini par disparaître, usées, démodées,mises au repos dans des lieux secrets…

- Cette remise en contexte permet dedépasser l’idée communément répanduedu pillage du patrimoine polynésien parles Occidentaux… Tout à fait. Dans cette première partie surl’exportation des objets, nous évoquons aussil’arrivée des commerçants (baleiniers, santaliers...) via certains objets (casses têtesmarquisiens, pagaies des Australes) acquiscomme souvenirs. Les Polynésiens,conscients de l’intérêt suscité par leursobjets, vont fabriquer des pièces uniquementpour la vente. Ce sont les premiers curios !

- Objets tapu, objets d’échange, de négoce,puis curios. Et ensuite ? Ensuite, nous abordons l’objet victime del’iconoclasme. Sous l’action des mission-naires, les idoles anciennes sont rejetées,brûlées, brisées. Pour illustrer ce thème, nous présentonsdes ti’i mutilés, nombreux dans nos collections.Parallèlement, l’église va inciter lesPolynésiens à se séparer de leurs idoles etles rapatriera comme des trophées de l’évan-gélisation. Ces collectes sont à l’origine des

plus importantes collections polynésiennesconservées dans des musées comme celuide la London Missionary Society à Londres.Les Catholiques optent plutôt pour le syn-crétisme en construisant les lieux de cultesur les lieux anciens, mais ils ramènentaussi des objets en Europe. On en trouvenotamment certains au Musée du Vatican.

- On arrive au début du 20e siècle…Cette époque marque une prise de conscience majeure : faut-il encore laisserpartir les objets ? C’est sur cette questionque s’achève la première partie de l’exposi-tion consacrée à l’exportation, pour aborderle deuxième volet, la sauvegarde.Ce sont encore les hommes d’église quivont en être les précurseurs. Ainsi, le frèreAlain sera le fondateur du premier petitmusée ethnographique de Tahiti, dans l’école des frères de Ploermel. C’est sonimportante collection qui est à l’origine duMusée de Papeete, qui est créé avec laSociété des Etudes Océaniennes en 1917.On entre dans une période plus institutionnelle. Le gouverneur de l’époqueprend conscience de l’importance de sauve-garder ce patrimoine. Il met en place uncadre légal empêchant l’exportation desbiens polynésiens.

- Cette exposition vous permet doncd’aborder le rôle clef du Musée de Tahitidans la sauvegarde du patrimoine matériel polynésien.Oui. Ce nouveau Musée de Papeete incarnaitune volonté de sauvegarder le patrimoineen Polynésie. Mais nous valorisons aussi leshommes qui ont contribué à sa protection.Les scientifiques grâce à leurs recherchessur le patrimoine polynésien, l’oralité etc., viades portraits des grands professeurs etarchéologues du20e siècle commeKenneth Emory,Yoshi Sinoto,Pierre Vérin… >

M U S É E D E TA H I T I E T D E S Î L E SD O S S I E R

> Un dossier pédagogique seramis à disposition des enseignants

> Une brochure avec des noticesd’œuvres et des contributions despécialistes du monde entier feraoffice de catalogue d’exposition.

LES PLUS DE L’EXPOSITION :

En avant première,découverte de la prochaine exposition du Muséede Tahiti et des îles :No hea mai matou ?Destin des objetspolynésiens

CES OBJETS ONT ÉTÉ ABANDONNÉS DANS LESPASSES DE RAIATEA, HUAHINE, MAUPITI.POURQUOI ONT-ILS ÉTÉ JETÉS LÀ ? ILS ONT SANSDOUTE UNE FORTE DIMENSION TAPU, SACRÉE. LE SEUL MOYEN DE LES PRÉSERVER ÉTANT DE LES ABANDONNER À UN ENDROIT OÙ PERSONNE NE POURRA LES PRENDRE...

TI’I DE MOOREA (PAPETOAI),RACHETÉ IL Y A 3 ANS À UNCOLLECTIONNEUR POLYNÉSIEN. IL EST PRÉSENTÉ DANS L’ESPACEDES OBJETS TAPU CAR IL A ÉTÉ RETROUVÉ ENTERRÉAUX ALENTOURS D’UNMARAE. C’ÉTAIT UN MOYEN TRADITIONNEL UTILISÉPAR LES PRÊTRES DESTEMPS ANCIENS POUR NEUTRALISER UN TI’ILORSQUE CELUI-CINE LEUR DONNAIT PAS SATISFACTION.

CE PETIT APPUI-NUQUE A ÉTÉ COLLECTÉ A RURUTU PAR LE PROFESSEUR ARCHÉOLOGUE PIERRE VÉRIN. IL ILLUSTREL’APPORT DE LA SCIENCE DANS LA SAUVEGARDE DU PATRIMOINE. CETTE PIÈCE EST UNIQUE, ON NE CONNAÎT AUCUN AUTREAPPUI-NUQUE DE CE TYPE DES ÎLES AUSTRALES.

POTEAU DE CASE FUNÉRAIREDE UA HUKA, AUX MARQUISES,COLLECTÉ PAR LE YACHT MARYPINCHOT. LE GOUVERNEURBOUGE LE FAIT SAISIR LE23 OCTOBRE 1929, PREMIERACTE OFFICIEL INSCRITDANS UN CADRE JURIDIQUEDE PROTECTION DU PATRIMOINE POLYNÉSIEN.

CE PILON DE MAUPITI ENBASALTE NOIR TRÈS DENSEEST L’UN DES PLUS BEAUXEXEMPLAIRES CONNUS AUMONDE DE CE TYPE. IL A ÉTÉ RACHETÉ À UNCOLLECTIONNEURPOLYNÉSIEN EN 2004.

Pour la première fois, le Musée de Tahiti et des ÎIes présente en octobre une exposition bâtie

sur un concept plutôt que sur une série d’objets. Véritable autocritique, avec une réflexion sur la place

du musée aujourd’hui, volontairement provocatriceen abordant les questions de la restitution

ou encore des faux, elle montre au public des objetspour la plupart jamais exposés (issus des réserves,

récentes acquisitions ou collectionsde particuliers prêtées pour l’occasion).

L’exposition se donne comme objectif de nous faire réfléchir sur la relation à notre patrimoine.

Page 8: Hiro’a CULTURE LES JOURNAL D’INFORMATIONS

H E I V A N U IL’ Œ U V R E D U M O I S

Comme chaque

année, le jury

du Heiva remet

deux prix aux

meilleurs

costumes : prix

du grand

costume et prix

du costume

végétal.

Présentation

de la cuvée 2007.

LES COSTUMES PRIMÉSDU HEIVA 2007

Heikura Nui : meilleur grand costume

RENCONTRE AVECTIARE TROMPETTE DE HEIVA NUI, HEIKURAET BÉATRICE HOTO DE HEIKURA NUIET EDWIN TAUTU ET MILTON PARAUE DE TE UI NO PARE NUI

Naturel, sobre, lumineux. C’est l’impression générale qui se dégagedu grand costume de Heikura Nui. Un stylequi a séduit le jury de ce Heiva 2007.«Comme notre thème était l’origine, lacréation biblique dumonde, je voulais fairedes grands costumesnaturels, simples, authen-tiques », explique BéatriceHoto, costumière deHeikura Nui. Pour illustrerla création de la terre, lacoiffe, avec ses pétales dekere et son cœur ennacre, représente unefleur ouverte. Comme lementionne le règlementdu concours, les matériauxutilisés doivent être typi-quement locaux. Béatricea opté pour mettre à l’honneur le cocotiersous toutes ses formes : en tissu de fibresde cocotier (kere ha’ari), en médaillons decoco polis, en tiges de cocotier (niau). Laterre est aussi évoquée par les graines deTianina, fruits de la création. Les nacres etpetits coquillages (pupu) en colliers ou pourcacher les coutures symbolisent les produitsde la mer. Le choix de teintes tons sur tons,blanc beige, ferait allusion à la puretéoriginelle… «Nous avons blanchi les niau,les more et les morceaux de kere utiliséspour la coiffe, la taille et le soutien-gorge»,poursuit Béatrice Hoto.

Te ui no Pare nui : meilleur costume végétalLe uru en tant qu’arbre de vie est au cœurdu thème de Te ui no Pare nui. Autrefois, laPolynésie a connu une grande famine. Pournourrir les siens, un père de famille se

sacrifia en se transformanten arbre à pain : les feuillespour les mains, le tronc etles branches pour le corpset les pieds, le fruit rondpour la tête et la graineinterne pour la langue.« Afin d’illustrer son thème,Te ui no Pare nui a réalisédes costumes végétauxentièrement en uru ! Un travail très original », nous aconfié Tiare Trompette.« Ce qui a beaucoup plu, cesont nos soutiens-gorge »,s’amuse Milton Paraue.

« Les fruits ont été coupés en deux, vidés,percés et reliés avec du pandanus. Pourplus de confort, nous avons enduit l’intérieurdes coques de monoï. » On trouve aussi àbase d’écorce de uru colliers, bracelets etéléments décoratifs sur la taille et la coiffe.Les pousses séchées et fraîches de uruélargissent la palette des couleurs au vertpâle et au marron. Les jupes des hommes et des femmes sontintégralement composées de feuilles de urucousues. u

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> Et les particuliers, Polynésiens ou non,qui ont constitué des collections privéesremarquables. Ils se rendent compte queles vieux objets polynésiens de la vie quoti-dienne ont été victimes de la modernité.Ainsi des umete finissent par servir d’augesà cochons, les pilons sont abandonnés dansles jardins, les calebasses sont remplacéespar des bouteilles en plastique… Ils lesacquièrent souvent contre un sac de riz oude sucre. Le Musée leur rachète leurscollections quand ceux-ci décident de s’enséparer.En parallèle, des gens font don au Muséed’objets à la valeur inestimable, ainsi lasuperbe lance, omore, déposée par lesdescendants d’un fameux guerrier de MooreaHarotea… Illustrant bien ce nouveau nomdu Musée : Te Fare Manaha, “la maison desimages de divinités“, qui induit la notion dumusée réceptacle du patrimoine.

- Justement, ces nouvelles acquisitions ?Nous y arrivons, en avant-dernière partie.Depuis les années 2000, le Musée accentue sapolitique de rachat de pièces polynésiennestrès précieuses.Ainsi nous présenterons en exclusivité latoute dernière acquisition du musée, un grandpahu marquisien de deux mètres quarante dehauteur, l’un des plus grands connus aumonde. Il résume notre propos puisqu’il aeu un destin extraordinaire en tant qu’objetancien marquisien probablement collectépar des missionnaires de la congrégation dePicpus (information transmise par l’actuelpropriétaire), puis cédé par ces derniers àdes amateurs, et aujourd’hui de retour aufenua. Ceci démontre que le Musée continueà avoir une mission de sauvegarde, en plusde sa politique de valorisation des collec-tions à travers ses expositions temporaires.Il s’inscrit aussi dans un paysage mondialdes Musées en apportant son regard sur degrands débats internationaux, avec cetteexposition notamment.

- Vous faites allusion à l’engouementactuel pour le secteur des arts premiers ?Oui. C’est un phénomène mondial où leMusée de Tahiti et des Îles a sa place, entant qu’expert du patrimoine polynésien.Récemment, nous avons écarté d’uneimportante vente aux enchères à New Yorkun objet polynésien car nous avions lapreuve qu’il avait quitté illégalement laPolynésie. De plus, il y avait des doutesquant à son authenticité. Il est clair quel’engouement autour des arts premiers

favorise la spéculation mercantile ainsi quela prolifération de faux sur le marché. Il estpar conséquent du devoir du Musée deTahiti de montrer au monde des marchandset des collectionneurs qu’il joue son rôle degardien du patrimoine même au-delà deses frontières.

- Abordez-vous également les débats sur l’origine de l’entrée des arts premiers auLouvre et de la création du Musée du QuaiBranly ?Oui, à travers des photos des artistes du 20e

siècle qui ont été les premiers à s’intéresserà l’esthétique des créations extra-occidentales,les considérant par là même comme desœuvres d’art. Dans l’espace dédié auxdernières acquisitions du Musée, on trouvedes pièces ayant appartenu au surréalisteAndré Breton. Ce sont les artistes européensd’art moderne du début du 20e siècle qui ontredonné de la valeur à ces peuples en lesremettant sur un même pied d’égalité,reconnaissant à travers leurs expressionsplastiques un langage bien plus complexequ’on ne voulait bien le penser à cetteépoque. Une manière de concevoir le mondequi les a aidé à révolutionner l’art européenet la pensée occidentale. Beaucoupd’Européens ont étudié les peuples del’Océanie comme les archéologues, les eth-nologues. Mais ce sont les artistes qui ontapporté, par le biais de l’esthétique, unedimension plus égalitaire.

- Et en guise de conclusion ?Nous terminons par un diaporama d’objetsconservés dans les musées étrangers. Quedoit-on faire ? Demander la restitution ? Lesnommer « objets ambassadeurs » comme l’afait le Centre Culturel Tjibaou ? Quels rôlesont-ils ? Doit-on les garder à Tahiti ? Et quelnouveau destin les attend ? Notre but est queles gens comprennent ou redécouvrent tout cecheminement qu’ont connu les objets polyné-siens et s’interrogent sur la place qu’ils leuraccordent aujourd’hui. Quelle valeur leur attri-buer ? Et finalement, à quoi sert le Musée ?Doit-on continuer à l’abandonner à son tristesort, en ne lui fournissant pas les moyensnécessaires pour maintenir sa dynamique ? Et dans ce cas, quelle place laisse-t-on aupatrimoine ? C’est important de montrer que leMusée réalise un travail sur le long terme.Nous espérons d’ailleurs au passage que cetteexposition apportera des suggestions pour leprojet de refonte des salles d’expositionspermanentes. u

CE TI’I A ÉTÉ RACHETÉ À UN COLLECTIONNEUR POLYNÉSIEN. IL A ÉTÉ BRISÉ EN DEUX, COMME BON NOMBRE DE SES SEMBLABLES, SUITE À LA VAGUE ICONOCLASTE QUI A COMMENCÉ EN 1815, AVEC L’INFLUENCE DES MISSIONNAIRESRELAYÉS PAR DES POLYNÉSIENS CONVERTIS.

CETTE PETITE STATUETTE EN BOIS - POURTANT PAS DE FACTUREPOLYNÉSIENNE - A ÉTÉ EXPOSÉE À DES PRATIQUES DE SORCELLERIEOU UTILISÉE À CETTE FIN. LES TAHUA ( GUÉRISSEURS ) CONSEILLENTSOUVENT DE BRÛLER CES PIÈCES POUR SE LIBÉRER DE LEURSSUPPOSÉES MAUVAISES INFLUENCES. CETTE PIÈCE DÉMONTRE QUELE MUSÉE A SOUVENT SERVI DE RÉCEPTACLE POUR CE PATRIMOINEJUGÉ DÉRANGEANT, DANGEREUX… C’EST POUR CELA QU’IL POSSÈDEAUTANT DE TI’I, QUI ONT ÉTÉ VICTIMES DE FORTES SUPERSTITIONS.

PEUE EI DES ÎLES MARQUISES :COURONNE DE DENTS DE MARSOUINS AVEC DES PETITESPERLES DE TROC. OBJET TYPIQUE D’UNE CERTAINEINDUSTRIE QUI A VU LE JOURDURANT L’ÉPOQUE DES TRADERS ET DES BALEINIERS.TYPE D’OBJET FABRIQUÉ ETCOLLECTÉ EN GRAND NOMBRE.CETTE PIÈCE A ÉTÉ RACHETÉEÀ UN COLLECTIONNEUR POLYNÉSIEN IL Y A 3 ANS.ELLE N’AVAIT JAMAIS QUITTÉLA POLYNÉSIE.

OÙ ET QUAND ?• L'exposition débutera

en octobre au Muséede Tahiti et des Îles.

• Adultes : 600 F l'entrée.Gratuit pour les jeunesde - de 18 ans et pourles étudiants munisde leur carte.

• Renseignements au 54 84 35

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M U S É E D E TA H I T I E T D E S Î L E SP O R T R A I T D ’ U N M É T I E R

- EN IMAGES… LES DIFFERENTES FACETTESDES MÉTIERS DE LA CONSERVATIONDANS UN MUSÉE

INVENTAIRE DES COLLECTIONS

Véronique Mu Liepman, conservateur,réalise l’inventaire numérique des collectionsdu Musée. C’est la majeure partie de sontravail : « nous retranscrivons les fichespapiers des objets sur l’ordinateur, avec unlogiciel spécialisé. Chaque fiche comprendune photographie de l’œuvre assortie denombreuses informations sur l’objet : sadescription, son état, mais aussi le moded’acquisition, le statut de la pièce etc. »En fonction de la taille du musée, il peutarriver au conservateur d’assumer destâches administratives; ainsi elle a été àplusieurs reprises directrice du Musée deTahiti et des Îles.

CONSERVATION DANS LA RÉSERVE

Véronique Mu Liepman est également chargéede la gestion et de l’organisation des réserves du Musée, où sont entreposées lescollections (PHOTO 1). Elle s’occupe en parti-culier des collections du milieu naturel, desbeaux arts ou encore des arts graphiques.Les collections sont fragiles, il est doncprimordial de les conserver dans des espacesrégis par des normes strictes (PHOTO 2): climatisation, à l’abri de la lumière,désinsectisation régulière etc.

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17Théano Guillaume, jeune polynésienne de 27 ans qui atoujours rêvé de devenir Conservateur de musée,nous raconte son parcours.

- Quelles études doit on faire pour devenirconservateur ?

Pour le moment, la Polynésie française fonctionnecomme la métropole. Il faut être titulaire au minimumd’une licence pour pouvoir s’inscrire au concours deConservateur du patrimoine, à l’Institut National duPatrimoine. Si l’on est reçu, les études durent 18 moiset comportent une formation et plusieurs stages dansdes institutions culturelles. En fin de scolarité, les élèves obtiennent (ou non) lediplôme de Conservateur du patrimoine qui leur permetd'être nommés conservateur stagiaire dans un musée.Pour ma part, après mon bac, j'ai fait histoire de l'art àl’université de Toulouse où je suis allée jusqu’au DEA.Ensuite, j’ai fait un diplôme de deuxième cycle de l’Ecoledu Louvre ainsi qu’une année de préparation au concours.

- Comment se déroule le concours ?

C'est une épreuve extrêmement difficile, composéed’un écrit de 5 heures sur un thème trans-chronologi-que, de l’Antiquité à l’époque contemporaine et d’uneépreuve de clichés dans son option où l’on doit identifierpar écrit les photographies présentées et en faire lecommentaire. Il y a aussi une épreuve de langue consistant à traduireet commenter un article culturel. Si on est reçu à ces premières épreuves, on passe deuxoraux : langue (différente de celle de l’écrit), et spécia-lité, présentation de son parcours.

A l'heure d'aujourd'hui, Théano a réussi l’écrit ce qui estdéjà une prouesse compte tenu des statistiques. En2005, par exemple, sur 1132 inscrits au concours, il yavait seulement 15 postes pour le métier de Conservateurde musée. Mais de toute façon, concours ou pasconcours, « il y a de nombreuses autres possibilités detravailler dans un musée. Ainsi tous les métiers demuséologue, chargé des expositions, médiateur quitravaillent spécifiquement avec les publics et que l’on netrouve pas encore en Polynésie… » explique MurielGlaunec, consultante privée en médiation et muséogra-phie, qui intervient depuis 3 ans au Musée de Tahiti etdes Îles sur des domaines aussi variés que le montaged’expositions, la réalisation de dossiers pédagogiques, desites internet ou encore l’inventaire des collections. « Le statut de consultante est un débouché auquel onne pense pas toujours, bien qu’il ouvre de nombreusesportes. D’autant plus qu’il facilite la tâche à desstructures qui n’ont pas forcément les moyens de créerdes postes ». u

ACQUISITION, EXPERTISE, RECHERCHE ET PUBLICATIONS

Tara Hiquily s’occupe de la conservation(PHOTO 3), du stockage, de l’inventaire et dela gestion des collections ethnographiquesdu Musée. Il est aussi chargé de l’expertiseet de l’acquisition de nouvelles pièces pourenrichir les collections. Il prospecte à ceteffet auprès des maisons de vente, desmarchands, des ventes publiques puis faitdes propositions au conservateur et audirecteur du Musée. En parallèle et commela plupart du personnel scientifique del’établissement, il est chargé de la valorisationdes collections à travers le montaged’exposition ou la publication.

MONTAGE D’EXPOSITIONS

Manouche Lehartel, muséologue au Muséede Tahiti et des Îles (PHOTO 4), est lecommissaire* de l’exposition « La dansedes costumes ». Elle est aussi à l’origine del’entrée des costumes de danse dans lescollections du Musée, du temps où elledirigeait l’établissement.

DE MUSÉE

Présentation d’un métier rare et peu connu. En quoi consiste-t-il ? Commentdevient-on Conservateur de musée ?Réponses des professionnelsde la conservation en Polynésie.

COMMENT DEVIENT-ONCONSERVATEUR DE MUSÉE ?

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LES TIRAGES ANCIENSDE PHOTOGRAPHIES

SONT RANGÉS DANSDES POCHETTES

EN PAPIERS NEUTRES

LES COLLECTIONS DU MILIEU NATUREL REGROUPENT DIFFÉRENTESESPÈCES DE LA FAUNE ET DE LA FLORE LOCALE,POUR CERTAINES EN VOIEDE DISPARITION (COQUILLAGES, PLANTES, OISEAUX)

* COMMISSAIRE D’EXPOSITION : CONSERVATEUR DU MUSÉE

OU INTERVENANT EXTÉRIEUR, IL DÉFINIT LE CONTENU DE

L’EXPOSITION ET SUPERVISE TOUTES LES ÉTAPES DU MONTAGE :CHOIX DES ARTISTES, DES ŒUVRES, TRANSPORT ET

INSTALLATION, ASSURANCES, RÉDACTION DU CATALOGUE, ETC.

RENCONTRE AVEC VÉRONIQUE MU LIEPMAN [CONSERVATRICE],TARA HIQUILY [CHARGÉ DESCOLLECTIONSETHNOGRAPHIQUES], MANOUCHE LEHARTEL[MUSÉOLOGUE].

ENTRETIEN AVEC THÉANO GUILLAUME [ÉTUDIANTE]ET MURIEL GLAUNEC [CONSULTANTE EN MÉDIATIONCULTURELLE ET MUSÉOGRAPHIE].

Conservateur

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« Les salles sont obsolètes, les cartels,délavés, incomplets, mal placés, certainsont même disparu », se plaignent beaucoupde visiteurs du Musée de Tahiti et des Îles.« À raison », explique Jean-Marc Pambrun,directeur du Musée, tout à fait conscient duproblème. « Et ce n’est pas que sur laforme : sur le plan historique, il n’est pasnormal que la visite s’arrête aux années 60.Cela sous entendrait qu’il ne s’est rienpassé depuis ? L’histoire de la créationpolynésienne ne s’arrête pas non plus aumilieu du 19ème siècle. Nous devons revoirle positionnement adopté lors de la réalisationdes salles, qui était plutôt marqué par unevision coloniale de la Polynésie, exaltant lesmissions, les Pomare, le gouverneur, l’aris-tocratie locale dominante. On ne voit pasles Polynésiens dans leur contexte sociolo-gique, culturel ». Effectivement, la muséo-graphie des salles du Musée n’a pas bougédepuis les années 70.Une époque où il étaitplutôt question de sau-vegarder un patrimoineet un peuple en périlque de présenterune population vivanteavec ses préoccupa-tions, ses productionspropres. Il est logiquequ’un parti pris qui sejustifiait dans sonépoque et son contexteparaisse totalementdépassé à ce jour. Etpar conséquent déçoive

les visiteurs actuels du Musée. Pourtant, « si l’on change aujourd’hui entièrement lamuséographie, on aura forcément le mêmeproblème dans 30 ans », précise le directeurdu Musée. Pour y remédier, une solution est

Le Musée entame d’importants travaux

de rénovation. Première étape :

les salles d’expositions permanentes

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envisagée : « la mise en place de sallesd’expositions semi-permanentes ouvertesseulement 1 à 2 ans sur un thème fréquem-ment renouvelé et donc toujours actualisé.Parallèlement, bien entendu, il y auratoujours une collection de référence qui nebougera pas. Mais ce programme ambi-tieux a un coût encore trop élevé pour nous.Dans l’immédiat, et pour amorcer ce long chan-tier, nous sommes en train de rafraîchir lasignalétique de nos sallesd’exposition permanentes ».

Concrètement, ce travail en cours deréalisation devrait prendre encore quelquesmois avant l’achèvement. Il consiste à revoirles textes explicatifs, homogénéiser etrendre plus lisible la signalétique decirculation et enrichir les vitrines du Musée :nouvelles acquisitions, objets restaurés,retirages de photographies. Lentementmais sûrement. u

UN EXEMPLE DE RETIRAGE DE PHOTOGRAPHIE DE BORA BORA

VENANT ILLUSTRER LES DIFFÉRENTSARCHIPELS, TROP PEU REPRÉSENTÉS

DANS LES SALLES D’UN MUSÉE POURTANT BAPTISÉ

« MUSÉE DE TAHITI ET DES ÎLES ».

CE COLLIER FIDJIEN EST UNE RÉCENTE ACQUISITION

DU MUSÉE. IL VA VENIRREJOINDRE LES VITRINES DES

SALLES PERMANENTES.

R E N C O N T R E A V E C J E A N - M A R C PA M B R U N , D I R E C T E U R , E T TA R A H I Q U I LY , C H A R G É D E S C O L L E C T I O N SE T H N O G R A P H I Q U E S D U M U S É E D E TA H I T I E T D E S Î L E S

QUI FONT JASER !CES SALLES DE MUSÉE

La réalisation des textes explicatifs d’un muséedemande en amont un travail d’inventaire des salles,puis des recherches poussées. D’emblée, plusieursquestions s’imposent : à qui s’adresse le musée ? Enquelle langue devront être rédigés les textes ? Quelmessage souhaite-t-on faire passer ? Dans quel ordreinscrire les informations ? Doit-on développer les textes sur les cartels ou au contraire mettre le mini-mum d’informations pour ne pas noyer le visiteur ? etc.

Dans l’immédiat, deux réponses ont étérapidement adoptées par l’équipe du Musée pour lestextes explicatifs :

Le trilinguisme : compte tenu de la diversité des profils des visiteurs du Musée (touristes, résidents,scolaires et enseignants de reo ma’ohi), chaque texteou cartel sera automatiquement rédigé en trois langues : Français, Tahitien et Anglais.

3 niveaux d’informations : du plus large au plus précis, afin que chacun y trouve son compte, en fonctionde la visite qu’il souhaite faire : rapide ou non, dansl’ordre des salles ou non…- Des textes d’introduction sur différentes thématiques.- Des analyses et développements d’informations sur

des points précis (groupe d’objets, utilisationparticulière) avec un zoom objet en illustration.

- Des cartels plus ou moins développés en fonction del’histoire de l’objet.

UN VÉRITABLE CASSE TÊTE…

CE BAMBOU GRAVÉ MARQUISIENAYANT APPARTENU À ANDRÉBRETON SERA EXPOSÉ PROCHAINEMENTDANS LES SALLES DU MUSÉE.

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Méfaits de l’orgueil pour Nonahere, allégorie de la création pour Heikura Nui, 4 prix pour le groupe Te Ui no Pare Nui, meilleurs danseurspour la jeune troupe Hitireva…

Retour en imagessur les temps forts

du Heiva 2007

H E I V A N U IR E T O U R S U R

CHANT

HIMENE RUAU- 1er prix Tamarii Tipaerui (PHOTO 5)- 2e prix Tomite Tiona no Pueu- 3e prix Tamariki Oparo

TARAVA TUHAA PAE- 1er prix Tamariki Oparo- 2e prix Autimatea- 3e prix Tamarii Tumuhau Avera-Rurutu

TARAVA RAROMATAI- 1er prix Te Ui no Pare Nui - 2e prix Tamarii Tipaerui- 3e prix O Faa'a

TARAVA TAHITI- 1er prix Tamarii Mataiea- 2e prix Tamarii Papara- 3e prix Te Ui Api no Arue

UTE PARIPARI- 1er prix Te Ui no Pare Nui

UTE AREAREA- 1er prix Te Ui no Pare Nui

DANSE

CATÉGORIE "CRÉATION" DANSE: - 1er prix Nonahere (PHOTO 6)- 2e prix Toa Reva

CATÉGORIE "PATRIMOINE" DANSE: - 1er prix Heikura Nui (PHOTOS 2-4)- 2e prix Tamarii Tumuhau Avera-Rurutu- 3e prix Tamarii Tipaerui- 4e prix Teva i Tai- 5e prix Hitireva- 6e prix Nohoarii- 7e prix Tamariki Oparo

MEILLEUR RAATIRA TI’ATI’AHeremoana Maamaatuaiahutapu du groupe Toa RevaMEILLEUR AUTEUR COMPOSITEURValérie Gobrait (auteur du thème des groupes Hitireva et Nohoarii)MEILLEUR DANSEURTavaitoa Kinnander-Tehaatai du groupe Hitireva (PHOTO 3)MEILLEURE DANSEUSETuahiti Vernaudon du groupe Hitireva (PHOTO 1)MEILLEUR ORCHESTRE PATRIMOINE ET CRÉATIONHeikura NuiMEILLEUR COSTUME VÉGÉTALTe Ui no Pare NuiMEILLEUR COSTUME TRADITIONNELHeikura NuiPRIX SPÉCIALl'association Temarama, dont la vocation est d'initier les jeunes des quartiers à la culture, et qui se présentait au Heiva i Tahitipour la 16e fois consécutive

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LES GRANDS VAINQUEURSDU HEIVA 2007

PHOTOGRAPHIES DE NICOLAS PEREZ-PRÉSIDENCE

PALMARES

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M A I S O N D E L A C U LT U R E - T E FA R E TA U H I T I N U IC O N S E R V AT O I R E A R T I S T I Q U E D E P O LY N É S I E F R A N Ç A I S E

A C T U

OÙ ET QUAND ?

• Demi-finale : Dimanche 2 septembre à 19h30,

• Grande finale :Samedi 8 septembre à 19h30, auGrand Théâtre de la Maison de la Culture

• Billets en vente à Odyssey Tarif unique de 3000 cfp.

ZOOM sur les temps forts de l’actu…

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Plus que de simples concerts, tout un état d’esprit.

Une nouvelle vision de la musique, dans un souci

de proximité entre le public et les musiciens,

renforcé par un son acoustique.

Et forcément, une petite salle : « nousvoudrions réconcilier les artistes et lepublic, en proposant des concerts où lespectateur est proche des musiciens.Ce qui peut aussi les aider et lesvaloriser ! Cabrel, en France, était autop des ventes alors qu’il ne faisait quedes concerts dans de petites salles »,explique Heremoana Maamaatuaia-hutapu Directeur de la Maison de laCulture. Ont déjà eu lieu : Devire, qui aravi les amoureux de la chansonfrançaise et To'a ura qui présentaitquelques titres de son prochain album,intitulé E ra’e te henua...

A VENIR : FÉLIX VILCHEZ QUI PRÉSENTERARIBER ORE, UN JEUNE GUITARISTE PÉRUVIEN.

OÙ ET QUAND ?• Petit Théâtre de la Maison de la Culture,

les 28 et 29 septembre à 19h30,

• Billets en vente à la Maison de la CultureTarif Adulte : 2 500FTarif - de 12 ans : 500F

Le Penu d’or récompense chaque année lemeilleur représentant d’une disciplinephysique et cérébrale qui fait appel à l’énergie et à la rigueur : le chant cultivé.Les vainqueurs du Penu d’or ont reçu uneimportante préparation vocale, physique etmentale leur permettant d’atteindre leniveau de chant requis dans le monde pro-fessionnel du spectacle. Coorganisé par leConservatoire Artistique de Polynésiefrançaise, qui met notamment à dispositionson grand orchestre symphonique, etl’Association Te Reo nui, cette récompense adéjà été remise, en 2005, à GuillaumeMatarere, et en 2006, à Vaitiare Chargueraud.Qui sera le gagnant 2007 ?

MUSIQUE :L’esprit « Concerts

du Petit Théâtre ».

OÙ ET QUAND ?

• Maison de la Culture, salle Muriavai du mardi 25 au vendredi 28, de 9h à 17hen semaine, de 9h à 16h le vendredi.

• Vernissage le mardi 25 à 18h00 salle Muriavai.

C’est la deuxième fois que Heira’i Lehartelexpose à la Maison de la Culture. Titulaired’une solide formation en arts plastiques(9 ans entre la France et la NouvelleZélande), cette jeune artiste polynésiennetravaille sur le thème de « la rechercheidentitaire du Tahitien dans cette nouvellesociété. A travers des représentations symboliques, je souhaite emmener le spectateur au-delà de ce qu’il voit aupremier abord », explique-t-elle. Oscillantentre figuration et abstraction, son style faitappel à des techniques variées : huile surbois, photocollage, incorporations de différents éléments, dessins.

LES PETITES ANNONCES

le Penu d’or

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EXPO :Heira’i Lehartel

> ConservatoireVous pouvez encore vous inscrireau Conservatoire Artistiquede Polynésie française dansles disciplines suivantes :- saxophone,- violoncelle,- chant, - tuba, - trombone, - danse traditionnelle au site de Tipaerui ou auxannexes de Pirae et de Moorea. Renseignements au 50 14 14.

> Maison de la Culture Vous pouvez dès à présent vousinscrire pour le Hura Tapairu,concours de danses traditionnel-les pour petites formations, quiaura lieu la première semaine dedécembre. Clôture des inscriptionsle lundi 5 novembre.Renseignements au 544 536

Page 13: Hiro’a CULTURE LES JOURNAL D’INFORMATIONS

Rarement dans l’histoired’une exposition, on aconnu autant de rebon-dissements, d’attentes,d’incertitudes : aura-t-onles financements ? Lesœuvres ? Un bon scénaristepourrait y voir le sujetd’un film à succès, haletant, trépidant.Un jour le conservateur du Musée deCahors retrouve dans ses réserves un vieilobjet oublié : une divinité des Gambier, chefd’œuvre polynésien de par sa facture maisaussi sa grande rareté. Lui vient à l’idée uneexposition. Pour ses recherches, il se renden Polynésie. Une rencontre a lieu auMusée de Tahiti avec Jean-Marc Pambrun,Directeur et Tara Hiquily, chargé descollections ethnographiques. Enthousiasméspar le projet, ces derniers proposent d’ycollaborer en partant à la recherche detoutes les œuvres des Gambier disperséesdans les musées de la planète par les

missionnaires et explorateurs. Divinités,eketea et poteaux à offrandes auMetropolitan museum de New York, Britishmuseum de Londres, Pontifico museomissionario etnologico de Rome, Musée de St Petersbourg, Musée du Quai Branly deParis etc. Leur rêve : faire revenir ces objetsau fenua, le temps d’une exposition.Meilleure façon de restituer momentané-ment et symboliquement à une populationles chefs-d’œuvre de son patrimoine.L’occasion aussi de se pencher d’un peuplus près sur un archipel qui a connu desmoments difficiles, du fait de son histoire

moderne et de son isolement. Le Quai Branly, en tantque partenaire du Muséede Tahiti et des Îles, propose de se greffer àl’opération. Un associéde poids, avec son réseau,sa proximité avec lesmusées concernés, son

prestige international. Deux conventions sontétablies, Cahors-Tahiti et Quai Branly-Tahiti.Aujourd’hui, tous les musées détenteursdes pièces ont été approchés. La majeurepartie a donné son accord de principe pourles prêts. Mais rien n’est encore gagné.C’est au Musée de Tahiti et des Îles, avec leprécieux soutien du Quai Branly, deconvaincre ces établissements des quatrecoins de la planète de son sérieux et desbonnes conditions de conservation dont ilbénéficie. Les sculptures des Gambierpourront-elles revoir le sol qui les a vunaître ? u

M U S É E D E TA H I T I E T D E S Î L E SC E Q U I S E P R É P A R E

Deux conventionssont établies :

Cahors-Tahiti et Quai Branly-Tahiti.

HommaGe aux divinités

DES GAMBIER

quand expositionrime avecrestitution…

R E N C O N T R E A V E C J E A N - M A R C PA M B R U N , D I R E C T E U R ,

E T TA R A H I Q U I LY , C H A R G É D E S C O L L E C T I O N S

E T H N O G R A P H I Q U E S D U M U S É E D E TA H I T I E T D E S Î L E S

En Europe depuis des décennies,

les mystérieuses sculptures des

Gambier vont peut-être revenir au

fenua. Le temps d’une exposition.

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M A I S O N D E L A C U LT U R E - T E FA R E TA U H I T I N U IP R O G R A M M E

PROGRAMMESEPTEMBRE 2007*

PETIT THÉÂTRE

théâtre : âmes à grammes Guillaume GayCompagnie du Caméléon[ BILLETS EN VENTE À ODYSSEY ]_Du vendredi 31/08 au samedi 01 - 19h30_Du jeudi 06 au samedi 08 - 19h30_Du jeudi 13 au samedi 15 - 19h30_Dimanches 02, 09 & 16 -18h30

concours de chant lyrique :le penu d’orAssociation Te Reo Nui[ BILLETS EN VENTE À ODYSSEY ]_Dimanche 02 - 19h30

_Samedi 08 - 19h30

concert : Culture choc[ BILLETS EN VENTE À LA MAISON DE LA CULTURE ]_Mercredi 05 septembre - 19h30

cinematamuaICA / TFTN [ ENTRÉE GRATUITE SANS TICKET ]_Mercredi 12 - 18h30

heure du conte enfantsConte arabe : les 3 soeurs – Léonore CanériTrois sœurs espéraient épouser le sultan, en promettant 3 choses différentes. Mais le sultan passe par là… et les épousetoutes les trois ! Vont-elles tenir leurspromesses ? _Mercredi 19 - 14h30

BIBLIOTHÈQUE ENFANTS

GRAND THÉÂTRE

GRAND THÉÂTRE

GRAND THÉÂTRE

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* SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS

one man show :Gérald DahanRadio 1 / Sonia Aline [ BILLETS EN VENTE À ODYSSEY ]_Samedi 22 - 19h30_Dimanche 23 - 18h30

exposition : Heira’i LehartelHuiles sur bois, photocollages, dessins…_Du mardi 25 au jeudi 27 - 9h-17h_Vendredi 28 - 9h-16h

concerts du Petit Théâtre :Riber OreGuitare péruvienneBallena production / TFTN [ BILLETS EN VENTE À LA MAISON DE LA CULTURE ]_Vendredi 28 - 19h30_Samedi 29 - 19h30

PETIT THÉÂTRE

SALLE MURIAVAI

_TARIFS : 1650 FCFP - COURS ADULTE,1375 FCFP / COURS ENFANT, ÉTUDIANT

TARIFS DÉGRESSIFS PAR FAMILLE OU PAR COUPLE

INSCRIPTIONS AUX COURS ET ATELIERS

(544 544 - POSTE 106)

_COURS DE REO TAHITI POUR ADULTES : 3 NIVEAUX_REO PAUMOTU POUR ADULTES_ANGLAIS POUR ADULTES : 3 NIVEAUX

_ANGLAIS POUR ENFANTS : PRÉPARATION À L’ENTRÉE EN 6E

_MULTIMÉDIA POUR ADULTES : INITIATION INFORMATIQUE, INTERNET, WORD, EXCEL…

_ARTS PLASTIQUES POUR ENFANTS (4-6 / 7-13) ET ADULTES

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Rappel : toutes ces parutions sont disponibles à la Médiathèquede la Maison de la Culture.

P A R U T I O N S

n Teahupoo, la vague mythique de TahitiPHOTOGRAPHE : TIM MCKENNA. TEXTES : GUILLAUME DUFAU. EDITEUR AU VENT DES ILES, 2007.

Le photographe de surf Tim McKennanous fait partager dix ans d’archivesphotographiques consacrées à cette vague fascinante : compétitions, triomphes et drames. 170 images d’une beauté unique.

n Va’a, la pirogue polynésienneCOÉDITION MUSÉE DE TAHITI ET DES ÎLES

ET AU VENT DES ÎLES, 2007.

Ce livre propose une approche détaillée de la pirogue polynésienne sous des angles aussi différents que l’archéologie, l’ethnographie, la tradition orale ou la construction navale à travers des textes de spécialistes du monde entier.

n Littérama’ohi, numéro 13 21 AUTEURS RÉUNIS SOUS LA DIRECTION

DE FLORA DEVATINE ET CHANTAL T SPITZ.

Dossier « les reo ma’ohi :intérêt, usage, place dans la société contemporaine » : textes scientifiques et littéraires sur le parler Tahitien aujourd’hui, mais aussi sur les relations languesminoritaires (Marquisien,Hakka)/majoritaires (Français, Tahitien).

sites internet

publications

dvd

n France All Blacks,100 ans de rencontresAUTEUR IAN BORTHWICK. EDITEUR AU VENT DES ILES, 2006.

C’est le récit de toutes les rencontresentre le XV de France et les All Blacks, de 1906 à nos jours : interviewsexclusives de joueurs, confidencesémouvantes.

n Va’a, la pirogue polynésiennehttp://modules.quaibranly.fr/vaa/Première exposition du Musée de Tahiti et des Îlesmise en ligne via un accès par le site du Musée du Quai Branly. Grâce à Internet, redécouvrezl’exposition Va’a, la piroguepolynésienne qui a eu lieu en 2004 à Tahiti. Techniques de construction,de navigation, vous saurez toutsur la pirogue océanienne, d’hier à aujourd’hui. Enseignants, vous pouvez télécharger le dossier pédagogiquede l’exposition.

n Site de la Maison de la Culturewww.maisondelaculture.pfUn nouveau site plus moderne,plus illustré, avec une mise à jouren temps réel. Des photos, unenewsletter, des bandes-annonces despectacles, des infos pratiques[ Prix des billets, lieux de vente,vernissages, locations de salles etc… ]

Mise en ligne courant septembre !

n TABUINTERPRÈTES : Reri & MatahiPRODUCTION : ICA/TFTNVENTE EXCLUSIVEMENT

EN POLYNÉSIE FRANÇAISE

"Tabu" (1931), le plus beau filmd’amour jamais tourné en Polynésie,est le fruit d'une collaboration entrele documentariste Robert Flaherty et le metteur en scèneFriedrich W. Murnau.

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