Him

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HIM Maurizio Cattelan Thématique : Arts, Etat et Pouvoir Domaine : Arts du visuel Biographie Artiste italien né à Padoue en 1960 Issu du milieu populaire, d’une faille pauvre qui a marqué son enfance comme « la pire période sa vie » Décide de s’en sortir et commence travailler à la morgue (lieu qui a influencé ses goûts macabres) Produit des meubles en bois vers les années 1980 ce qui lui permet d’entrer en contact avec des artistes contemporains Veut se faire connaître par la surprise, les détournements et surtout la provocation Fait preuve d’un humour noir distancié à une réflexion sur la mort, la place de l’être humain dans le monde et la société où il vit, la manipulation religieuse ou politique et les grandes catastrophes humaines du XXème siècle Cherche à tourner en dérision l'art, son idéalisme et sa stupidité et, en particulier, le monde de l'art contemporain Fait partie du courant appelé « hyperréalisme » L'hyperréalisme est un courant artistique (peinture, sculpture) né aux ETATS UNIS, caractérisé par un rendu minutieux de la réalité inspiré d'images photographiques. L'hyperréalisme se donne apparemment comme une reproduction pure et simple, sans intention, sans signification, du réel. L’artiste (sa subjectivité) est exclu du processus créatif. Identification de l’œuvre

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Description of the sculpture HIM by Maurizio Catellan

Transcript of Him

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HIM

Maurizio Cattelan

Thématique : Arts, Etat et Pouvoir

Domaine : Arts du visuel

Biographie

Artiste italien né à Padoue en 1960 Issu du milieu populaire, d’une faille pauvre qui a marqué son enfance comme « la

pire période sa vie » Décide de s’en sortir et commence travailler à la morgue (lieu qui a influencé ses

goûts macabres) Produit des meubles en bois vers les années 1980 ce qui lui permet d’entrer en

contact avec des artistes contemporains Veut se faire connaître par la surprise, les détournements et surtout la provocation Fait preuve d’un humour noir distancié à une réflexion sur la mort, la place de l’être

humain dans le monde et la société où il vit, la manipulation religieuse ou politique et les grandes catastrophes humaines du XXème siècle

Cherche à tourner en dérision l'art, son idéalisme et sa stupidité et, en particulier, le monde de l'art contemporain

Fait partie du courant appelé « hyperréalisme » L'hyperréalisme est un courant artistique (peinture, sculpture) né aux ETATS UNIS, caractérisé par un rendu minutieux de la réalité inspiré d'images photographiques. L'hyperréalisme se donne apparemment comme une reproduction pure et simple, sans intention, sans signification, du réel.L’artiste (sa subjectivité) est exclu du processus créatif.

Identification de l’œuvre

Artiste : Maurizio CATTELAN Titre : HIM Matière : Sculpture en résine de polyester, cire, vêtements et cheveux humains Dimensions : 101*41*53 cm Date et lieu d’exposition : 2001, galerie Emmanuel Perrotin, détenue par François

Pinault ; actuellement se trouve à Rue Prozna, au cœur de l’ancien ghetto juif de Varsovie dans le cadre de l’exposition Amen qui regroupe les œuvres d’art de l’artiste (rétrospective)

Description et interprétation

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1. La sculpture de cire et résine de polyester est placée dans un coin de la pièce, isolée, tournée vers le mur, telle à être dos au public. Elle représente un petit homme agenouillé avec les mains jointes. Il est habillé d’un costume avec des chaussures tachées. Sous ses vêtements on voit aussi le col blanc de sa chemise. Ses cheveux sont naturels et ses vêtements ressemblent avec celles utilisées par des écoliers. Sa tête est disproportionnellement grande par rapport à son corps. C’est une composition en pied d’un homme. Le sujet est un bloc unique figuratif car il représente une seule personne telle qu’on la voit en réalité et statique parce qu’il fait aucun mouvement. La sculpture est une installation (=la sculpture est faite pour être installée dans un lieu, et ce lieu fait partie de l’œuvre). Le spectateur peut s’imaginer qu’il a devant lui un enfant ou un écolier en train de prier, de se confesser religieusement ou d’implorer le pardon après une bêtise qu’il a faite. C’est cette apparence innocente et naïve de ce corps qui suscite donc la pitié du public, même la tristesse en le voyant tout seul dans son coin. Donc, le spectateur arrive à emphatiser avec la sculpture-même parce qu’au moins une fois dans notre vie, nous sommes passés par un moment comme ceci.

2. Pour regarder la suite de la sculpture, le spectateur doit tourner autour d’elle et quand il tombe face au visage du sujet, le choque est immense. La moustache petite noire, la mèche de côté noire, ainsi que la couleur pale du visage du personnage relèvent son identité : HIM est la représentation hyperréaliste d’Hitler. La position qu’il affiche est vraiment incroyable : l’atroce dictateur pris dans un moment intime, en le montrant tout faible.

Le paradoxe de cette œuvre se trouve dans le fait qu’Hitler est présenté en train de prier, chose qui ne caractérise pas du tout son attitude face à la religion : Hitler avait déclaré qu’on ne pouvait pas être à la fois Chrétien et Allemand, mais qu’il fallait choisir entre les deux ; même l’hymne des Jeunesses hitlériennes bannissait le christianisme. Il s’est toujours proclamé comme un Dieu, le Guide, le Messie Aryen.

Toutes les émotions du spectateur changent, tournant vers la colère et la répulsion d’être trompé : comment a pu-t-on croire que l’image de dos qui semblait représenter un innocent enfant est en effet le dictateur Hitler, le symbole du mal absolu ? Le spectateur peut même avoir envie de prendre le marteau et frapper la sculpture qui se trouve devant lui juste pour qu’elle ressente le malheur « qu’elle avait provoqué ».

Conclusion

Avec cette œuvre, Maurizio CATTELAN fait réfléchir le spectateur sur plusieurs aspects.

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D’abord, il met en évidence l’importance de l’enfance sur l’adulte qu’on deviendra: peut-être que toute la folie qu’on retrouve dans la personne d’Hitler a ses origines dans son enfance, enfance marquée par la sévérité de son père. Même quand il grandit, il ne réussit pas faire ce qu’il s’est proposé : aller à l’université de l’art, faits qui l’ont déçu profondément et on tout changé dans la personne qu’il était une fois.

« Ce travail juxtapose le vulnérable, l’apparence d’innocence d’un corps de garçon avec la face de l’adulte Adolf Hitler, qui est perçu comme une des plus mauvaises personnes du 20ème siècle » (M. Cattelan)

Ensuite, l’auteur mêle à la fois la politique et la religion qui sont les plus grands influenceurs du monde : les deux peuvent changer des opinions, des peuples entiers peuvent être soumis à des « brainwashing » massives et transformés en des marionnettes utilisées pour la propagande des dictatures. La libre pensée n’existe plus et les gens deviennent des machines contrôlées par un pouvoir supérieur et absolu : un « Dieu » humain => culte du dictateur.

« Hitler incarne l’image de la peur. En le mettant en scène, je ne fais que m’emparer d’une icône de notre siècle. Ma mère disait toujours qu’il est impossible de bien nettoyer un carreau si on ne voit pas où se trouve la saleté » (M. Cattelan)

Le dernier aspect : l’œuvre s’appelle HIM, ce qu’en Français veut dire LUI, donc Cattelan suggère que le personnage ne présente aucun lien avec notre personne. Même si, le spectateur peut se demander si ce genre de « monstre » se retrouve dans chacun de nous. Par exemple, parfois on a envie de dire quelque chose à cause d’un mauvais esprit, mais est-ce qu’on serait prêt à supporter les conséquences ? Donc, il vaut mieux de penser plusieurs fois avant de se lancer dans une idée.

Lien avec d’autres œuvres

Pauvre petit garçon de Dino BUZZATI : Cette nouvelle réagit sur le lecteur comme la sculpture réagit sur le spectateur : la chute de cette nouvelle quand on découvre que le petit garçon était Hitler se transpose dans l’œuvre étudiée comme le choc qui se produit quand le public se trouve face à HIM. Dolfi, le personnage principal, se transforme en un être inhumain après avoir subi tous les moqueries de ses camarades. Au début, on ressent de la pitié et de la compassion pour le petit garçon, mais dès qu’on voit son visage ou qu’on entend le nom « Hitler » à la fin, l’émotion tourne vers l’effroi, la peur, l’horreur et la haine. Des caractéristiques physiques se trouvent aussi entre les deux : la couleur pâle, le statu maigre, les petits yeux, le caractère faible, la mèche qui tombe et le regard « tueur ».