Année scolaire 2012.2013.A.LONJON

La notion de puissance n’est pas seulement une question de force économique ou militaire (« hard power »), elle est aussi liée à la capacité de « fasciner », de « séduire » l’Autre. C’est ce qu’on appelle le « soft power » = la capacité à influer sur les relations diplomatiques par la diffusion du mode de vie et d’une culture. Le cinéma devient in instrument de diffusion des valeurs et du mode de vie américain, notamment pendant la Guerre Froide.

En quoi le cinéma est-il un des outils de la puissance des Etats-Unis ? 1-La puissance du cinéma américain

HIDA : Les chemins de la puissance

Le cinéma ou la construction d’un mythe américain

Année scolaire 2012.2013.A.LONJON

Liste des plus gros succès mondiaux au box-office (inflation prise en compte) Rang Titre original du film Année Recettes mondiales (en USD constants) 1Autant en emporte le vent 1939 3 301 400 000 $ 2Avatar 2009 2 782 300 000 $ 3Star Wars, épisode IV : Un nouvel espoir 1977 2 710 800 000 $ 4Titanic 1997 2 413 800 000 $ 5La Mélodie du bonheur 1965 2 269 800 000 $ ( comédie musicale américaine) 6E.T. l'extra-terrestre 1982 2 216 800 000 $ 7Les Dix Commandements 1956 2 098 600 000 $ (peplum américain) 8Le Docteur Jivago 1965 1 988 600 000 $ (film anglo-saxon) 9Les Dents de la mer 1975 1 945 100 000 $ 10Blanche-Neige et les Sept Nains 1937 1 746 100 000 $ Source : Craig Glenday (éd.) (trad. P. I. Andrianov et I. V. Palova), Гиннесс. Мировые рекорды 2012 [« Guinness World Records 2012 »], Moscou, Astrel, 2011 (ISBN 9785271364235), p. 211

http://fr.wikipedia.org/wiki/Plus_gros_succ%C3%A8s_du_box-office_mondial 2-Le cinéma, une puissance industrielle

Les industries d’Hollywood, à l’origine une petite localité de la banlieue de Los Angeles, sont fondées vers 1910-1915 et dominent le cinéma mondial depuis la fin de la Première Guerre mondiale, à tel point que le nom même d’Hollywood est devenu synonyme de cinéma.

La première grande superproduction hollywoodienne est Naissance d’une nation (1915), considéré comme le premier long métrage de l’histoire du cinéma. Le film inaugure un style « reconstitution « historique » ou « peplum » : décors gigantesques, figurants par milliers, présence de stars, démesure de certaines .Cléopâtre avec Elisabeth Taylor, Richard Burton est en 1963 l’un des derniers films du genre. Le film dure quatre heures, le tournage s’est étalé sur deux ans. http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19380307&cfilm=2384.html

Le Star System apparaît dès le début des années 1920, et se construit autour de

quelques grandes vedettes du muet, célèbres dans le monde entier dont Rudolf Valentino, Charlie Chaplin… L’arrivée du cinéma parlant, à partir de 1929, lance de nouveaux acteurs promis à un grand avenir, tandis qu’elle met fin à la carrière de la plupart des stars du muet. L’Allemande Marlene Dietrich, née en 1901, devient célèbre avec L’Ange bleu, de Joseph von Sternberg (1930), premier film parlant du cinéma allemand, dans lequel elle s’impose par ses talents d’actrice et de chanteuse. http://www.commeaucinema.com/bandes-annonces/l-ange-bleu,4166

Les années 1930 voient l’apogée du Star system : les acteurs sont (re)façonnés par les grandes compagnies auxquelles ils sont liés, pour correspondre aux goûts et aux attentes supposées du public et incarner un type censé correspondre à leur physique ou leur personnalité – la Metro-Goldwyn-Mayer se vante d’avoir « more stars than there are in heaven » (« plus d’étoiles qu’il y en a dans le ciel »). Marlène Dietrich, très opposée au régime nazi, obtient en 1937 la nationalité américaine et chantera à de nombreuses reprises durant la guerre pour les troupes britanniques et américaines, sur les fronts européens

Année scolaire 2012.2013.A.LONJON

3-Le cinéma, signe de puissance ou de contestation ?

Exemple n°1 : les cartoon’s

« Entre 1939 et 1945, les Etats-Unis produisent à Hollywood 125 cartoons par an. En 1943, 65% des dessins animés font référence à la guerre. L’attaque de Pearl Harbor (7 décembre 1941) marque un tournant dans l’utilisation faite par les Américains de cette arme psychologique qu’est le cinéma. Le gouvernement encourage les studios hollywoodiens à participer à l’effort de guerre et à mobiliser l’arrière. Le dessin animé fait vibrer la fibre patriotique et contribue à forger une représentation du bien et du mal dont le message politique est aisément assimilable. Au vu de la richesse et de la diversité de ces réalisations, la Seconde Guerre mondiale constitue un âge d’or pour le cinéma d’animation. Instrument au service du politique et du militaire, le dessin animé a eu un impact tout relatif durant ce conflit. Comme le note Sébastien Roffat “les dessins animés ne peuvent intégrer l’actualité immédiate et ils n’ont été que très peu projetés”. Reste que ce programme de persuasion par l’image est exceptionnellement riche pour comprendre cette période de l’Histoire. Le dessin animé a permis de caricaturer ou ridiculiser l’ennemi tout en alertant les civils sur la nécessité de se mobiliser. Une arme psychologique dans une guerre intégrale où l’art est convié à faire sa part du travail».

E.GRANGEhttp://lewebpedagogique.com/lapasserelle/2012/03/11/histoire-des-arts-le-dessin-anime-de-propagande/ Vous pouvez aller jouer sur ce lien : http://www2c.ac-

lille.fr/gouzeaucourt/toons/index.html

« Der grosse mechant loup » ( vf)

http://www.youtube.com/watch

?v=1tQPVtED_Jw

Année scolaire 2012.2013.A.LONJON

Exemple n°2 : Il faut sauver le soldat Ryan 1998, Steven Spielberg ; 4.1 millions d’entrée en France. http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=18598.html Thème du film: ………………………………………………………………………………………… Valeurs ………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………… Procédés ………………………………………………………………………………………… Exemple n°3 : Independance Day 1996, Roland Emmerich; 5.6 millions d’entrée en France Discours du Président ( en vo sur « you tube ») : http://www.dailymotion.com/video/x9rjyo_speech-independance-day_shortfilms#.UNMXMORFWAg Bande annonce :http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=15336.html Thème ………………………………………………………………………………………… Valeurs ………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………… Procédés ………………………………………………………………………………………… Les textes n° 1 et 2 mettent l’accent sur l’extrême variété du cinéma américain, qui ne se limite pas aux grandes productions hollywoodiennes standardisées. La force de ce cinéma, comme de la culture américaine en général, est de savoir tout à la fois s’adapter à l’air du temps et toucher les spectateurs de tous pays en abordant des thèmes universels. Il rappelle aussi l’existence d’un cinéma américain contestataire, présentant, notamment au lendemain de la guerre du Vietnam, une vision critique de la politique et de la société américaine ; on a pu retrouver cette vague de contestation dans es années 2000 lorsque les EU lancent leur « guerre au terrorisme » ( doc 5).

Année scolaire 2012.2013.A.LONJON

Apocalypse now, Francis. Ford Coppola Lors de la guerre du Viêt Nam, les services secrets militaires américains confient au capitaine Willard la mission de trouver et d’exécuter le colonel Kurtz dont les méthodes sont jugées « malsaines ». Celui-ci, établi au-delà de la frontière avec le Cambodge, a pris la tête d’un groupe d’indigènes et mène des opérations contre l’ennemi avec une sauvagerie terrifiante. Comment cet officier au parcours exemplaire a-t-il pu devenir le fou sanguinaire qu’on lui décrit ? http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18653827&cfilm=27061.html Prolongement avec la « protest song » ou chanson de protestation : ex Dylan reprenant un chant d’esclaves : « Blowin’ in the wind » http://www.youtube.com/watch?v=bDFYbtp8h_w

Année scolaire 2012.2013.A.LONJON

Les super-héros font leur apparition dans les comics ( bandes dessinées américaines ) à la veille de la Seconde Guerre mondiale et connaissent immédiatement un extraordinaire succès, au point, dans une certaine mesure, de s’identifier à l’Amérique, ses combats et ses engagements, et d’incarner ses valeurs aux yeux de millions de lecteurs dans le monde entier. La bande dessinée : un instrument de propagande

montrer que ces personnages, qui continuent de nous être familiers, ont eux-mêmes une histoire

mesurer l’impact qu’un art populaire comme la bande dessinée peut exercer

Un contexte : Les super-héros en guerre Les deux premiers documents renvoient à des moments précis de l’histoire des États-Unis : la Seconde Guerre mondiale (combattre « l’Axe ») et la Guerre froide (combattre « le péril rouge »); de même pour le quatrième qui évoque directement les attentats du 11 septembre 2001. Les « méchants » sont des « super vilains » incarnant le Mal et les régimes totalitaires Wonder Woman – il s’agit ici de sa première apparition – comme Captain America et de nombreux autres super-héros représentent la force, la puissance, mise au service du droit, de la justice et de la liberté, aux États-Unis et dans le monde entier. Le personnage féminin de Wonder Woman est là pour rappeler que toute la société doit être mobilisée dans ce combat permanent, hommes et femmes. Sa jupe étoilée, le costume et le bouclier de Captain America reprennent les attributs et les couleurs du drapeau américain. Tous deux sont, aux sens propre et figuré, les porte-drapeaux, les emblèmes de leur pays.

HIDA : Les chemins de la puissance

Les super-héros, reflets de la puissance américaine

Année scolaire 2012.2013.A.LONJON

Quelles valeurs les super-héros représentent-ils ? Les super-héros sont tous dotés, à l’exception notable de Batman, de pouvoirs extraordinaires qu’ils mettent au service des valeurs que les Etats-Unis affirment incarner et vouloir défendre : le droit, la liberté, la démocratie, etc. Ils utilisent les pouvoirs qu’ils ont reçus, souvent à la suite de circonstances exceptionnelles à des fins pacifiques ou pour combattre ceux qui représentent un danger pour les États-Unis ou le «monde libre ». Ils ont conscience de leur pouvoir et des responsabilités qu’il leur confère : il est facile d’y voir une image des États-Unis décidant au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, de renoncer à l’isolationnisme pour assumer leurs responsabilités de première puissance mondiale.

Ces documents illustrent, à travers l’image rendue par les super-héros, des moments de la construction de la puissance américaine : la puissance en guerre, qui teste sa force

Spiderman est seul, vu de dos, les bras

ballants, devant les ruines d’une architecture démesurée ( les tours du World Trade Center 11.09.2001) , et la foule des sauveteurs qui s’affairent. Il avoue son incompréhension et son impuissance : « Le monde est à la merci des fous » Spiderman, né au début des années 1960, incarne une nouvelle génération de super-héros, plus humains, qui ont leurs soucis quotidiens et qui vont parfois jusqu’à douter de leur mission.