Hatsuyuki

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Hatsuyuki, les premières neiges, première histoire de Mitsuki, entièrement corrigée et mise en page par votre serviteur, Mika. Une histoire aux personnages enjoués, aux décors enchanteurs et à l'intrigue envoutante!

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Sommaire

Chapitre 1 : L’amour est un mystère, p.5

Chapitre 2 : La rencontre, p.11

Chapitre 3 : Un père ou une famille ? p.16

Chapitre 4 : Que deviendront-ils ? p.21

Chapitre 5 : La révélation de la relation, p.25

Chapitre 6 : La double vie de Yukinu, p.30

Chapitre 7 : Le travail peut nuire à la santé d’autrui ! p.37

Chapitre 8 : L’enquête avance, p.41

Chapitre 9 : Kidnapping, p.47

Chapitre 10 : Une nouveau couple, p.51

Chapitre 11 : Enfin seuls, p.55

Chapitre 12 : Sarah, p.59

Chapitre 13 : Les temps sont durs, p.65

Chapitre 14 : La fuite, p.70

Chapitre 15 : Une décision difficile, p.75

Chapitre 16 : Le sapin, p.79

Chapitre 17 : La proposition, p.85

Chapitre 18 : Noël, p.89

Chapitre 19 : Papa, Maman, p.93

Chapitre 20 : La rentrée, p.97

Chapitre 21 : Un père meurtri, p.101

Chapitre 22 : Le mariage, p.105

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Préface

J’aurais aimé commencer mon histoire par « il était une fois »… mais ce genre de phrase ne présage

qu’une fin qui dirait « ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants ».

Mitsuki, ça signifie « lumière d’espoir », étrange prénom pour une fille aussi peu ordinaire que moi.

Non pas que je veuille rentrer dans le moule de mes camarades de classe, mais je ne suis pas sûre de

faire honneur aux rêves de mes défunts parents. Ils me voyaient déjà astronaute ou physicienne,

souvent j’entendais : « ma fille, même avec ta santé fragile, tu iras très loin, au-delà des étoiles ! »

jusqu’au jour où ils y furent emportés.

Je vis toujours dans notre petite maison de bois, en haut de la colline, surplombant la vallée. Après

une demi-heure de marche, le lycée Kaimon m’a ouvert ses portes. Ce n’est pas vraiment ma place,

mais une bourse m’a été offerte pour intégrer l’une des plus grandes écoles du japon. Prestigieuse,

d’une grande classe, on y rencontre tous les futurs PDG qui dirigeront le pays. Assez impressionnant

penserez-vous peut être… malheureusement, je ne viens pas d’une famille aussi bourgeoise, et pour

couronner le tout, je vis toute seule, sans éducation. Je ne crois pas avoir besoin de faire un dessin

pour vous faire comprendre que ma place à Kaimon n’est pas du goût de tout le monde.

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Chapitre 1 : L’amour est un mystère

C’est donc ici que débute mon « histoire »…

Ce matin-là, la neige s’était installée, couvrant la montagne de son écharpe blanche. Des milliers de

flocons s’étaient collés contre ma fenêtre. C’est un beau paysage, les yeux tout justes ouverts, le

soleil lui, avait du mal à se lever.

Un peu de bois dans la cheminée, et la chaleur imprégnait déjà les murs de ma maison. Qu’il est bon

de boire un chocolat chaud en serrant très fort la tasse bouillante. Bonnet et gant enfilés, je ne tarde

pas à rencontrer les premiers flocons devant la porte. Les yeux au ciel encore rosé, la vallée n’avait

jamais été aussi blanche que cet hiver-là.

Alors que je descendais par le petit chemin dégagé, Tatsuka Hikomura m’attendait, comme tous les

jours, au premier feu de la ville. Un garçon bien étrange, bien qu’il soit le don juan de Kaimon,

draguant toutes les filles et sortant même avec plusieurs en même temps, c’était un ami hors du

commun sur lequel on pouvait réellement compter. Bien entendu, être proche de lui n’est pas de

tout repos, il faut avoir les nerfs solides et savoir taper des coudes…ce qui n’est pas vraiment mon

cas.

Je ne sais pas vraiment comment on est devenu ami, l’hiver dernier j’étais tombée malade, ma fièvre

avais tellement montée que je ne pouvais plus bouger de mon lit. A ma grande surprise, il frappait à

ma porte tous les matins et tous les soirs, m’apportant les devoirs et à manger. Quand je lui

demandais pourquoi il prenait soin de moi, il répondait tout simplement qu’il fallait bien que

quelqu’un s’occupe d’une idiote écervelée comme moi, suivi d’une pichenette sur le front et d’un

long « baaaaaaaaaka ».

Il était tout juste 7h30, ses cheveux châtains, tombant légèrement au-dessus de ses yeux, étaient

déjà tout recouvert de neige. C’était plutôt charmant, tellement que je ne pus me retenir de les

fractionner en arrivant.

- « Tu vas me décoiffer idiote !

- Houu…même décoiffé tu vas attirer les convoitises de toutes ces demoiselles iiiiiidiot ! ! »

Un sourire en coin, nous marchions côte à côte jusqu'au portail d’entrée de Kaimon, ou une allée

d’allumeuses excitées courbaient le dos en criant toutes les qualités de Tatsuka. Si seulement elles

savaient qu’il est loin d’être aussi parfait, elles ne me dévisageraient pas ainsi. Donc je me lançai dans

mon refrain préféré :

« Haaa, Tatsuka, tu es si beau, si frais, tu me fais frissonner, quand tu manges et que tu as du riz

partout, que tu baves quand tu t’endors, suivi de tes merveilleux ronflements…

- Baaaaaakaaaaaaa ! ! ! Mitsuki arrête ou je t’abandonne au milieu des fauves femelles, regarde, elles

n’ont pas l’air de beaucoup t’apprécier !

- Essaie donc, je n’aurais qu'à leur raconter comment tu fais si bien la cuisine pour les calmer…

- Haaaa, tu es horrible mitsu-chan ! ! T’avais dit que t’avais aimé mon Riso !

- Fallait bien que je me nourrisse. HAHAHA ! à ce soiiir! ! ! »

Loin de toute cette agitation, je regagne ma salle de classe.

« Mitsuuu-chan, ohayooo ! » sautant dans mes bras, kini avait l’air plutôt en forme pour une matinée

aussi froide.

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C’est ma meilleure amie, ma seule amie. Elle n’est pas très intelligente, ce qui lui vaut le titre de

l’oisillon. Elle est surtout arrivée ici grâce à sa classe sociale, mais n’est pas vraiment appréciée

auprès de ses camarades, qui ont fini par la comparer à un oiseau sans cervelle. Cela dit, elle a un

très grand cœur, et n’est pas contaminée par la haute bourgeoisie, ce qui est très agréable ! Je

m’ennuierais si elle n’était pas là, on rigole vraiment beaucoup.

Je crois qu’elle plait à Tatsuka, il faut dire qu’elle est vraiment belle, avec ses longs cheveux châtains

et bouclés, sa peau si blanche et des formes parfaitement à leur place, on dirait un mannequin, et ça

ne me surprendrait pas qu’elle le devienne.

Tandis que je remémorais tous mes complexes à ses côté, le cours débuta.

…humm…moi j'ai de longs cheveux tout fins et noirs…bof…j’ai pas une bouche aussi pulpeuse, mais

mes lèvres sont quand même roses bonbon, mes yeux sont bleus violets, ma seule fierté. C’est

assorti à nos uniformes blanc et gris, ça ressort plutôt bien.

« Quelle est la sinbiote générale du plan?….Shuhei Mitsuki ? »

- hein ? on me parle ? la sin quoi ? …mince, je n’écoutais pas.

- Ce n’est pas le moment de rêvasser Mademoiselle Shuhei, on reprend »…

Ce que j’aimais dans ce lycée, c’est la politesse des professeurs envers les élèves, la bourgeoisie n’a

pas que des mauvais côtés. Dans un autre lycée, je me serais sûrement fait punir ou engueuler pour

ne pas avoir suivi le cours.

Un papier venait d’atterrir sur mon bureau « J’ai vu Hikomura-san encore à tes côtés ce matin,

coquine, tu te gardes le meilleur morceau du lycée ^^ Kini »

HEIIIIN ! ! qu’est-ce qu’elle raconte encore, voilà qu’elle me fait un clin d’œil ! ! !

Mais c’est vrai qu’il est le plus beau garçon du lycée. Il a du style, avec son uniforme bien centré, on

dirait un vrai gentleman. Ses beaux yeux marrons, on pourrait lire dedans tellement ils sont profonds,

il a un regard qui fait fondre toutes ces demoiselles. Comment leur en vouloir d’être intéressées par

un si beau jeune homme. J’aime quand il sourit, tout son visage rayonne comme le soleil et envoie

une douce chaleur. On se sent vraiment en sécurité près de lui.

Haaa, à quoi je pense encore ! la sinbiooote quelque chose !

Mon ventre gargouille, la sonnerie retentit enfin !

« j’ai faiiiiiiiiim ! criais-je à ma table

- ça tombe bien moi aussi !

- hé ?…Ta…ta…Tatsuka ! qu’est-ce que tu fais ici ce n’est pas ta classe ! !

- Et alors c’est la pause déjeuner !

- Hikomura-san ! Ohayooo ! tu es venu voir ta MI-TSU-KI CHAN…HAHAHA Beugla Kini

- Tu sais bien que je vois Mitsu juste pour te voir Ohara-chan.

- Ha oui ? c’est pour ça que tu l’appelles « Mitsu » et moi Ohaaaara, t’es vraiment pas crédible

imbécile ! Va plutôt t’asseoir près d’elle ! Pervers !»

Je rêve ou je viens de voir Tatsuka rougir ? Kini lui plairait vraiment ? De toute façon ce ne sont pas

mes affaires ! je veux juste manger moi !

Hum…ça serait bien de prendre son repas sans qu’un attroupement se fasse autour de nous, celui-là

alors, il pourrait faire des pauses, pervers.

Mais, quand il est là, la vie paraît tout de même moins monotone. Malheureusement, rien ne

présageais l’interruption qui allait suivre et qui allait chambouler ma petite vie.

« Shuhei-chan, suis moi veux-tu, il faut que je te parle.

- ..Yukinu-senpai…Qu’est ce qui se passe… ?

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- Dépêche-toi. »

Yukinu Cero, le président de l’école, aussi convoité que Tatsuka pour sa prestance et sa classe. C’est

la première fois qu’il m’adresse la parole, je me demandais vraiment ce qu’il me voulait. Il y avait

déjà de l’agitation, mais là, c’est toutes les filles de l’école qui me dévisageaient. Je vais me faire des

ennemies si Yukinu-senpai me parle devant tout le monde, alors qu’il ne dit jamais un mot à

personne. Mais je suppose que j’avais dû faire une faute au club de théâtre, il aurait pu me

convoquer au micro comme tout le monde !

« Ici ça ira. »

Hein ? Les toilettes ? ! ! !

« Tu…tu me convoques dans les toilettes ? ! c’est une blague ? ! !

- Sors avec moi.

- Qu…hein ? C’est quoi ce plan, y a une caméra dans les toilettes et les filles vont en sortir en rigolant

c’est ça ?

- Shuh…Mitsuki. Regarde moi, j’ai vraiment l’air de plaisanter ?

- HeeEeee ! ! ! Qui t’as autorisé à m’appeler par mon prénom ? Je ne sais pas ce que tu essaies de

faire mais… »

Il avait les yeux fixés sur moi, tellement près de moi, que je pouvais presque sentir son souffle. Ses

yeux noirs ébène se plongeaient littéralement dans les miens, c’était très déstabilisant. Mon cœur

s’emballait et de la chaleur me montait au visage comme une fièvre soudaine. Ses cheveux aussi

noirs que les miens s’entremêlaient presque, il fallait réagir, et j’ai brusquement mis mes deux bras

en avant, le repoussant de toute mes forces.

« C’est vraiment pas drôle, je te connais même pas !…je te conseille de plus m’adresser la parole… et

puis….les toilettes ! ! ! y a vraiment quelque chose qui tourne pas rond chez toi !»

Alors que je faisais demi-tour pour regagner ma classe, il rétorqua :

« Dans ce cas, je vais tout faire pour que tu me connaisses mieux que personne. Et même Hikomura,

tu l’oublieras. »

Ignorant ses propos, qui j’en suis sûr m'ont déjà attirés des ennuis, je retrouvais Tatsuka et Kini.

« - Qu’est-ce qu’il te voulait la fashion présidence ? me demanda Tatsu inquiet et rigolant en même

temps.

- Haaaa…je n’en sais trop rien. Je crois que j’ai juste fait une erreur pour le club de théâtre. » Il fallait

absolument que je ne raconte rien de tout ça si je voulais rester en vie ici, surtout que les Hyènes

assoiffées de curiosité tendaient l’oreille.

« HAHAHA, tu t’attendais à quoi la pauvrette ? Yukinu-senpai ne parlerait pas avec une fille aussi bas

de gamme que toi » se moqua Urumi, une véritable peste.

« hum ? Tatsuka me parle pourtant, tu penses vraiment qu’il est comme moi alors…bas de

gamme…comme c’est dommage, tu lui plaisais tellement…c’est mort maintenant. »

Oups, et voilà j’ai réveillé les fauves femelles comme les appelles Tatsu, mais quel bonheur de

pouvoir me servir de lui parfois ^^ surtout que ça le fait souvent rire.

La journée terminée, je me repassais cette journée peu banale en boucle et cette surprenante

irruption de Yukinu-senpai à la pause déjeuner…alors que je marchais près de Tatsu pour rentrer

chez moi, il me sortit de mes louanges.

« Miiiitsuuu-kuuun…miitssuuu…KUUUN

- hé ? quoi ?

- Comment ça quoi ? ! Je t’ai appelé Mitsu kun et tu réagis pas…dis-moi ce qui ne va pas.

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- HAHA …HAHA …rien du tout ça va, j’avais juste la tête ailleurs ! je dois aller travailler ce soir. Les

bourses ne me payent que le lycée, mais je dois continuer à payer la nourriture et la facture

d’électricité….encore que j’ai la chance de ne pas payer de loyer !

- Tu sais…si tu voulais que je t’aide, je pourrais te le payer…tu sais bien qu’une telle somme, ce n’est

que de l’argent de poche pour moi.

- Tatsu…j’ai hérité de la maison familiale, et j’ai eu une bourse. Je n’ai absolument pas à me plaindre

de ma condition de vie. »

On s’arrêta de marcher, la neige se remit à tomber, c’était magnifique. J’ai toujours trouvé la neige

particulièrement douce et belle. On avait dépassé le croisement où l’on se sépare tous les soirs. Je ne

m’en étais même pas rendu compte, et il ne m’avait rien dit. La vallée s’étendait là, devant nous, un

paysage blanc à perte de vue.

« pourquoi tu veux prendre soin de moi ? tu as débarqué chez moi l’hiver dernier alors que j’étais

malade…tu m’as soigné, et on est devenu amis…mais tu évites toujours la réponse à mon pourquoi…

- pourquoi faut-il être honnête avec toi tout le temps…garder un peu de mystère est plus

amusant…et romantique…je pensais que tu l’aurais vite deviné, mais faut croire que t’es plus naïve

que tu n’en as l’air. Tu sais…j’ai jamais étais doué avec toi, je n’ai jamais su comment m’y prendre,

c’est assez ironique si on prend en compte ma réputation …alors…laisse-moi te montrer… »

Sa main était si chaude, posée contre ma joue, sa chaleur m’envahissait, je pouvais sentir tout son

corps se rapprocher de moi, je ne pouvais pas bouger, paralysée, je ne savais pas comment réagir.

Alors que j’allais le pousser, comme je l’avais déjà fait avec Yukinu, mes bras restèrent malgré moi le

long de mon corps. Ses lèvres étaient si douces, posées contre les miennes, ses bras autour de moi,

c’était tellement agréable, mon cœur palpitait plus vite que jamais. Mes yeux étaient tout ronds,

mon premier baiser, celui de Tatsuka, le garçon le plus dragueur de tout le lycée, moi, j’étais tombée

dans son piège à fille. J’avais beau me dire que j’étais juste une de plus pour lui, mon cœur ne

pouvait s’en remettre.

Un murmure au creux de mon oreille suivit : « je t’aime »

C’est certain, j’étais déjà emportée très loin de toute réalité. Alors que je reprenais doucement mes

esprits, les yeux encore tout ronds, le regard dans le vide, Tatsu n’était plus là…

« que..quoi..tatsu ? » Un baiser…il m’a embrassé…il m’a dit qu’il m’aimait…et moi j’ai pas

répondu…j’ai pas bouger…pourquoi j’ai pas réagis, pourquoi j’ai fait un black-out ! qu’est-ce que je

vais faire la prochaine fois qu’on va se voir…demain matin ! ! ! C’est trop tôt…haaaaaaa ! Je dois me

dépêcher ou je vais être en retard !

La journée me semblait interminable au stand de peluche. J’y travaille 4h tous les soirs, déguisée en

lapin, à la fête foraine de la ville. Personne ne le sait, travailler déguisée en lapin rose, pour une

étudiante de Kaimon, non seulement je serais la risée de l’école mais je pourrais y être virée pour y

préserver sa réputation. Tatsu a mal compris le jour où j’ai voulu lui expliquer, donc pour lui, je suis

serveuse et je fais la fête dans un restaurant nommé Foraine. Je crois qu’un camion était passé

devant nous ce jour-là et avait coupé certain de mes mots. Voyant le visage épanoui de Tatsu, je

n’avais plus osé dire le contraire. Cela dit…après m’avoir avoué ses sentiments, je me sentais très mal

ce soir-là. N’importe quelle fille aurait pris son portable et l’aurait crié à toutes ses copines. J’en

parlerais à Kini demain, je n’ai pas de portable, trop cher. Je suis sure qu’elle va être contente, depuis

le temps qu’elle veut me pousser dans ses bras. Mais comment ça va se passer désormais…lui et

moi…un couple ? C’est ce que je veux ? est-ce que je l’aime ?…oui…c’est évident…je n’ai jamais été

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jalouse des filles avec lesquelles il sortait car je savais que ça ne signifiait rien pour lui…et

maintenant, l’imaginer ne serait-ce qu’en leur compagnie, je sens mon cœur battre à un rythme

effréné. Je l’aime…je L’AIME ! ! ! Dire qu’il m’a fallu une année pour m’en rendre compte, et qu’il

m’attendait jusque-là. Je veux le voir.

Avant même que je m’en rende compte, j’étais partie en courant au milieu de la nuit dans mon

costume de lapin rose, et je me retrouvais au pas de sa porte. Que je suis stupide…qu’est-ce que je

vais faire maintenant…ses parents doivent être là en plus. Et puis….c’est pas vraiment une

porte…mais un portail de 10m de long avec des gardes partout ! C’est la première fois que je me

retrouve devant chez lui, jusqu’ici, je n’avais vu sa maison que de très loin, elle me paraissait pas

aussi immense. C’est un vrai château ! ! Les gardes m'ont repérée, faut dire qu’un lapin à minuit

devant Versailles ce n’est pas commun.

Je sens une pression sur mon dos, je n’ai pas le temps de me retourner, me voilà déjà allongée sur ce

tapis blanc et froid. Que la neige est douce, ça me rappelle mon enfance.

[ Mon père m’avait acheté un de ces nouveaux traîneaux en bois sculpté pour Noël. J’avais passé des

journées entières à dévaler les pentes en face de chez nous. Quelle chance d’habiter en haut de la

vallée. Mais j’ai toujours eu la santé fragile et je suis vite tombée malade. Cet hiver là, tout le monde

pensait que ça allait être le dernier pour moi. Le médecin leur avait dit que ma fièvre était trop forte,

et que seule la volonté de vivre pourrait me sauver. Mon père se faisait crier dessus par ma mère à

bout de nerf. Mais ça se finissait toujours bien, elle lui pardonnait, et me cajolait comme un bébé.

Avoir des rêves d’enfants, c’est ce que mon père essayait de m’offrir malgré mon corps si faible. Et

j’en garde de merveilleux souvenirs. ]

Il fait si bon soudainement, quelque chose de doux et chaud m’enlace. Mes yeux s’ouvrent tout juste,

je suis dans un rêve, je vis dans un de ces châteaux de Paris, comme dans les livres, la lumière n’est

pas agressive, un drap de soie autour de mon corps et….

« HAAaaaa ! je suis en nuisette ? ! Je suis vraiment réveillée ? !

- Baaaaaka ! Rester dehors une nuit de neige avec une santé aussi fragile, t’es vraiment inconsciente.

- Ta….Tatsuka ! »

Il était assis près de moi, il avait de petits yeux fatigués et il avait vraiment l’air en colère. J’étais dans

sa demeure, c’est vraiment un autre monde ici. Je ne l’avais jamais vu dans ce contexte bourgeois.

On dirait un autre homme. Vêtu de noir, les sourcils froncés, son regard était encore plus beau. Je ne

sais pas quelle tête je devais faire à ce moment-là, mais j’aurais sûrement pu gober des mouches. Ses

yeux il y a quelques instants remplis de colère se mirent à briller, les larmes aux yeux, il me serra fort

dans ses bras.

- « Ne me refais plus jamais une peur pareille…J’ai cru que mon cœur allait s'arrêter quand je t’ai vu

étendue par terre. Tu sais…tu es très jolie déguisée en lapin…

- désolée, je ne voulais pas t’inquiét…

- pourquoi tu es venue à une heure pareille, tu as de la chance que les gardes patrouillaient devant le

portail. »

Je réalisais alors que son amour était sincère, et que cette nuit avait bouleversée à jamais notre

amitié. Comme disait mon père, « il ne faut pas avoir peur de bousculer ses habitudes et sa vie. »

« Il fallait que je te vois, je … » je ne pouvais pas lui dire que je l’aimais comme ça, comme si je lui

répondais juste « moi aussi » je voulais que lui aussi se rende compte qu’en quelques heures, tous

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mes sentiments ont été chamboulés, et que j’ai enfin accepté ce que me disait mon cœur.

« Je voulais juste te voir… » Je ne pourrais pas lui en dire plus ce soir, mais il avait l’air satisfait de la

réponse.

« - Rendors toi, demain reste à la maison, tu as un peu de fièvre, je te ramènerais tes affaires.

- tu sais bien que je ne peux pas rester ici, que va dire ta famille si tu recueilles quelqu’un comme moi

dans ton immense château. Je me sens bien je peux aller..

- A l’école ? Tu vas y aller en lapin ? »

Il se mit à rigoler de bon cœur, son visage rayonnait de joie, c’était si tendre de le voir ainsi, j’aurais

voulu que son rire ne s’arrête jamais.

- « J’irais prévenir ton patron que tu es malade demain.

- Heu…non non…ça ira…en fait…ce n’est pas vraiment un restaurant là où je travaille

- La fête foraine, je t’y ai vu une fois, ça m’avait bien fait rigoler.

- HééHéé ? ! Tu veux dire que tu savais et que tu m’as rien dit ?

- Tu ne m’as rien dit non plus, je pensais que tu avais tes raisons…alors je ne voulais pas t’embêter

avec ça. »

Il est vraiment adorable et attachant. Et dire que je le prenais pour un pervers au début de notre

rencontre, ce qui n’était pas si faux, il passait de conquête en conquête..

« Bonne nuit Mitsu-chan… » C’était un "bonne nuit" très agréable à entendre. Alors qu’il se levait

pour regagner sa chambre, ma main resta accrochée à son pullover. Je me mis à rougir et à sentir ma

fièvre grimper à une vitesse folle. Je ne sais pas pourquoi ce reflexe m’est venu, je ne voulais pas qu’il

parte, j’étais égoïste, lui qui était resté éveillé près de moi, à attendre que je daigne ouvrir les yeux.

« dé…désolée ! ! Bonne nuit ! ! ». Alors que je retirais ma main, il la rattrapa et me tira doucement

vers lui. Ce baiser était encore plus agréable que le premier, j’aurais voulu qu’il dure éternellement.

J’étais tellement rassurée qu’il m’embrasse, plus il me prouvait son amour, et plus la peur de le

perdre m’envahissait.

Cette journée fut vraiment très longue et remplie d’émotions, ma vie avait pris un tournant, et nul ne

savait ce que l’avenir nous réservait.

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Chapitre 2 : La rencontre

Le lendemain, je restais seule dans sa luxueuse demeure, ou des domestiques m’apportaient des

milliers de choses à boire et à manger toute la journée.

Pendant ce temps-là au lycée…

- « Ohayooo Ohara ! hurla Tatsuka

- Hum ? ? ? hum ? ? ? Tu l’as caché ou ma Mitsuki ?

- Moi aussi je suis heureux de toi voir ^^ Ohara ! Quelle indifférence, je suis transparent ou quoi ?

Mitsuki-chan est malade, elle ne viendra pas aujourd’hui.

- Haaa Ma petite Mitsu est maaaaaalade ? Il va falloir que je lui achète un portable qu’elle puisse me

contacter ! La pauvre, j’irais la voir ce soir !

- Ha…heu non ce n’est pas possible que tu y ailles, elle n’est pas chez elle. HAHA qu’est-ce que je fais,

solution 1, je lui dis qu’elle est chez moi et elle me colle toute la journée pour savoir ce que je lui ai

fait, ou solution 2 j’évite tout simplement de lui répondre en sortant une connerie…Solution 2, elle est

contagieuse tu ne peux pas ! Elle reviendra sûrement demain ne t’inquiète pas, bonne journée ! !

HAHAHA ! ! »

Tiens...voilà l’allée des fauves femelles, maintenant que j’ai avoué mes sentiments à Mitsuki, je vais

pouvoir vivre ma vie pleinement. Je commençais à être fatigué de jouer le rôle du don juan de

Kaimon. Yukinu n’aura qu’à me remplacer, The fashion présidence ! Adieu le harem, je me sens plus

léger à présent….Elle était tellement mignonne hier soir…ses lèvres sont encore plus douces que

dans mes fantasmes, et sa peau est si fragile, quand je la serre dans mes bras, j’ai l’impression de

pouvoir la protéger de tout…

« Yo ! Tatsuka ! Qu’est ce qui t’arrive tu rêvasses alors que tu es entouré de toutes ses femelles en

chaleur ! »

Ryo Hutsuki, un de mes meilleurs amis, et un branleur de première. Son père dirige une des plus

grande entreprise du Japon, il n’a pas à s’inquiéter de son avenir et profite de la moindre faiblesse

d’une femme à son égard. A dire vrai, il s’amuse autant car il sait que dans quelques années, tout ceci

sera terminé. Il se mariera à une jeune femme qu’il ne connaîtra même pas et devra régner sur un

empire commercial. La plupart d’entre nous n’auront d’autres choix que de suivre ce chemin.

En ce qui me concerne, j’ai décidé de me battre pour vivre ma vie, depuis que j’ai croisé le regard de

Mitsuki, elle a été…ma lueur d’espoir, une lumière qui me guidait dans le noir. Loin de toute

convoitise, de toute cette bourgeoisie, fraîche et amusante. Je voulais tellement qu’elle m’aime, que

je l’ai égoïstement enfermée dans ma bulle, espérant qu’elle m’aime un jour en retour. Je pouvais

encore sentir ses lèvres sur les miennes, je pourrais mourir maintenant, heureux.

- « taaaatsuka, tu t’endors ! T’as pas dormi de la nuit hein ? Coquin, allez raconte, c’est laquelle qui

t'as tenu éveillé ?

- ça suffit. Arrête ça.

- Heu..dé…désolé, pourquoi tu t’énerves, je plaisantais. Je sais bien que tu es…enfin…pas encore un

homme quoi…

- Il n’y a pas de mal à attendre la bonne personne. Ryo, tu devrais peut-être y penser aussi.

- …A quoi ça sert…c’est pas comme si on avait le choix de nos vies. Toi tu vas sûrement te battre pour

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Mitsuki, mais sans vouloir casser ton rêve, tes parents ne l’accepteront jamais. J’avoue que t'as des

couilles pour vouloir leur faire face un jour. Pour ma part, mon père n’hésiterait pas à tuer la fille que

j’aime pour me voir diriger son entreprise. »

C’était la première fois que j’entendais Ryo parler si sérieusement. Il n’avait pas tout à fait tort…à

vouloir vivre ma propre vie, je mets celle de Mitsuki en difficulté. Si elle ne m’aime pas assez fort, on

ne pourra pas le surmonter. Et je n’ai toujours pas idée de ses sentiments. Je suppose qu’elle doit

m’aimer, pour être venue au milieu de la nuit devant chez moi sans même s’en rendre compte. Mais

est ce qu’elle va accepter ses sentiments aussi facilement…moi ça fait un an que je l’aime, et elle

découvre tout juste ce qu’elle ressent pour moi. De plus, il reste encore deux ans de lycée, et ces

tarées de filles risquent de lui mener la vie dure si elles apprennent qu’on est ensemble.

Midi, sur le toit du lycée, on se retrouve ici avec mes potes, tous des obsédés au grand cœur. Ryo,

Buns et Tomy, un français. Lui aussi fait fureur auprès des demoiselles avec son accent de molière.

- « BoN alors, où Elle Est Shuhei-san, on t’a pas vu Avec Elle de la journée, vOus n’êtes même pAs

arrivés Ensemble ce Matin. Demanda Tomy

- Elle est malade

- Huum, c’est pour ça que tu étais tout bizarre dans le couloir ce matin ! rétorqua Ryo.

- Il fait froid, je ferais peut être mieux de rentrer pour voir comment elle va.

- HEIIIIIIIIN ! tu veux dire qu’elle est chez toi ? ! cria Buns »

Merde pour une fois qu’il écoute lui.

« heu ouais…enfin, c’était un accident quoi…elle était malade et j’allais pas la porter jusque chez elle

dans sa vallée perdue. Quoi…il fallait bien que je réponde quelque chose…

- bravo Man, pour une fois je suis fier de toi, alors tu l’as….

- Idiot ! ! Elle était malade, et on n'a pas ce genre de relation ! Vous êtes vraiment des obsédés du

sexe !

- Faudra bien que t’y passes un jour. Cria Buns en rigolant

- Arrête, il est accro, ça n’a rien à voir avec ce qu’on vit. Si ça se trouve on n'éprouvera jamais de

l’amour, je t’envie de ressentir ça.

- Ryo…tu sais que tu peux être sérieux quand tu veux ! Bon, les mecs…je vais rentrer, dites au prof

que je ne me sentais pas bien. A plus !

- Bye bye ! »

Alors que je redescendais les escaliers, quelqu’un me bouscula :

« Ho, désolé Hikomura-san » c’était un ton très ironique que prenait Yukinu senpai à ce moment-là.

Aurait-il fait exprès de me heurter ?…

- « Quelle coïncidence, justement je te cherchais…enfin non en fait je cherchais Mitsuki

- Shuhei. Shuhei…c’est son nom. Je crois pas qu’elle te soit si familière. Rétorqua-t-il les sourcils

froncés.

- Hé bien ! hé bien ! hé bien ! pas besoin de froncer les sourcils, je ne te connaissais pas si agressif. »

J’hallucine ou il prend un ton hautain et ironique avec moi. Son intérêt soudain pour Mitsu

m’inquiétait.

- Qu’est-ce que tu lui veux ?

- Hé bien, après ce qu’il s'est passé entre nous hier…elle a sûrement du te raconter donc ce n’est plus

un secret pour toi. »

En quelques secondes, mon corps perdit totalement le contrôle. Alors que je l’avais attrapé par le col

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de sa chemise et plaqué au mur, une meute de filles se regroupa tout autour de nous. Je ne pouvais

pas attirer autant l’attention sur Mitsuki, elle aurait vite eu des problèmes avec toutes ces pestes.

« fait attention à ce que tu fais Yukinu, tu as beau être le président, je ne te conseille pas de jouer

avec moi et pour ton bien, tu ferais mieux de rester loin d’elle. »

Mes poings desserrés, il retomba en ricanant. Je repartis, prêt à avoir des explications.

Ce qui s’est passé hier entre eux ? je croyais qu’il lui avait parlé de la pièce de théâtre….non Mitsu

n’est pas du genre à tomber dans les bras d’un tel psychopathe. De toute façon, même si elle ne veut

pas l’admettre, elle a un sacré caractère…sa façon de répondre aux insultes me fait toujours rire, cela

dit…Yukinu-senpai…il a quelque chose de vraiment malsain, c’est comme…si il se trouvait toujours au

même endroit qu’elle par hasard…et ça dure depuis un certain temps.

La température avait encore baissée en quelques heures. Le passage sur les routes commençait à se

faire difficile, et les trottoirs n’étaient plus entretenus. Je ne me rappelle pas un hiver aussi rude que

celui-ci. Mes mains étaient glaciales et je sentais tout juste mes pieds fouler la neige. Les souvenirs

de Mitsu en lapin sous la neige repassaient en boucle dans ma tête. Elle était si belle, avec ses longs

cheveux noirs brillants dans la nuit. Je ne me rappelle pas de l’avoir vue aussi mignonne que ce soir-

là, si sensible, si douce. C’était impossible qu’elle ait eu un rapport quelconque avec la fashion

présidence, un taré comme lui, elle a sûrement dû lui foutre son poing dans la gueule oui !

Alors que je poussais la porte d’entrée, c’est un vacarme terrible qui me ramena à moi.

- « Je vous en prie Mademoiselle, restez dans votre liiit ! beuglait la servante

- Arrière sorcière ! Je peux aller faire pipi toute seule !

- Mais enfin ce n’est pas par-là ! !

- Quelle idée aussi d’avoir autant de portes ! HaaAA je veux rentrer chez moi ! ! ! »

« HaHA ! ! ! HAHAHA ! ! ! ! HAHAHAHA ! ! ! Mitsu…Mitsuki, tu es vraiment rigolote…HAHAHA ! » Tous

mes soucis s’étaient comme envolés au seul son de sa voix.

« Tatsuka ? ! Hiiii » Je me tenais là, debout devant l’homme que j’aime, avec ma nuisette, à moitié

dénudée au milieu du couloir, criant que je voulais aller faire pipi…finalement, le début de notre

relation va se passer sans tabous on dirait. Son éclat de rire résonnait dans tout le hall d’entrée,

c’était bon de le revoir, alors que ça faisait à peine quelques heures qu’il m’avait quitté. On dirait

bien que je ne pourrais plus me passer de lui.

Il me proposa d’aller prendre un bain, ce qui était vraiment une bonne chose, mon état ne s’était pas

vraiment amélioré. Quelle ne fût pas ma surprise quand j’ai vu la taille de la baignoire, c’était un

véritable jacuzzi, on aurait pu y mettre 10 personnes à l’intérieur. Quel est l’intérêt d’avoir ça chez

soi ?

- « Dis moi Tatsu, tu comptes faire des soirées mousse party dans ta baignoire ?

- Pourquoi ça te tenterait avec moi… ? »

Sa voix était tellement sensuelle, ça m'a fait frissonner !

- « haha ! ne sois pas toute rouge Mitsu, tu as de quoi te changer dans la commode. Ce sont des

affaires à ma sœur. Je pense que ça doit être ta taille.

- Tu…tu as une sœur… »

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Je me rendais compte que je ne savais rien de sa famille. Il n’en parlait jamais, et ne m’avait jamais

invité chez lui. Finalement, je ne connaissais pas sa vie en dehors du lycée. C’était toujours lui qui

venait chez moi, il disait qu’il aimait la chaleur de ma cabane et que le confort y était agréable. Il

s’assoyait sur le pouf et le comparait à un vieux coussin douillet. Il me faisait à manger parfois, c’était

souvent très bon, mais je disais toujours que c’était atroce pour le faire rire. J’ai l’impression qu’il a

toujours été près de moi. Depuis la mort de mes parents, jamais personne ne s’était tourné vers

moi…jusqu’au jour où il a frappé à ma porte, un inconnu qui voulait me soigner. ..et aujourd’hui, je

m’apprête à découvrir sa vie.

- « Elle habite ici ? Je vais la voir ? Demandais-je curieusement

- Non, elle habite en France, elle a 23ans, je ne l’ai pas vu depuis 2ans. Comme tu peux voir j’habite

seul ici. Mais si tu veux discuter, je peux me joindre à toi dans la baignoire !

- Perveeeeeers ! Sors de là, je commence à avoir les jambes fatiguées d’être debout…

- Désolé, retourne t’allonger quand tu auras fini, je t’apporterais à manger.

- Merci mais…je peux me faire à manger…

- Idiote, ne sois pas aussi gênée, quel genre de petit copain je serais si je ne prenais pas soin de toi…»

Il posa ses lèvres sur mon front, si bouillant, c’était comme une douce brise un matin de printemps.

Petit copain…il a dit petit copain…c’était tellement naturel.

Ma fièvre ne redescendait vraiment pas, je me sentais vraiment comme dans un plat de nouille. Ha

oui, un plat de nouille, c’est ce que disait mon père quand il était fatigué en rentrant du boulot. Alors

il vit tout seul dans cette immense demeure, il doit vraiment s’ennuyer, pas étonnant qu’il squattait

toujours chez moi. Pourtant, il a ses potes, buns quelque chose et le français, lui je comprends jamais

rien quand il parle…et l’autre…un pervers aussi.

Pendant ce temps dans la cuisine :

- « Monsieur Hokimura-sama ! Vous ne devez pas cuisinez c’est mon travail, je vais vous préparer le

repas tout de suite.

- Vous pouvez prendre congé aujourd’hui

- Mon...monsieur…si votre père apprend que vous…

- Dans ce cas ne dîtes rien et prenez votre journée.

- Mer…merci Monsieur ! »

Quoi de plus merveilleux que de faire un repas maison, c’est comme ça qu’elle l’aime, et je compte

bien ne pas lui imposer ma vie. Quand je la vois vivre dans sa petite maison en bois, étendre la lessive

avec des gouttes d’eaux qui lui perle le visage, parfois un arc en ciel apparaît, comme s’il sortait tout

droit de son cœur. Elle est unique, et ce soir mon Riso le sera aussi !

Après quelques massages dans le jacuzzi, Mitsuki se préparait. « Haa, que ça fait du bien de prendre

un bain, je me sens détendue…mais je me sens toujours aussi nauséeuse. » Bon, elle est ou déjà ma

chambre…je me mis à ouvrir les portes une par une, ce n’étais pas les bonnes. Décidément, j’aurais

du lancer des petits cailloux pour m’y retrouver. Alors que je tenté une autre porte, je me retrouvais

nez à nez avec Tatsuka :

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- « Haa…au moins je ne suis pas tombé sur une momie sortant d’un placard

- tu…t’es encore perdue...t’es vraiment mauvaise en orientation…hahahaa ! Désolé que cette

chemise de nuit te sois trop grande, on dirait un fantôme la dedans ! Un fantôme rose ! »

Le sourire affiché sur son visage étais plus efficace que des milliers de médicaments. Cette nouvelle

relation avait totalement changé nos réactions. A son habitude, il m’aurait mis une pichenette sur le

front et m’aurais traitée d’imbécile. Pourtant ça ne me manque pas, ce que nous vivions là était

beaucoup plus fort que notre amitié.

- « Ca va, ça m’a fait du bien, ça sent bon…

- Tiens goûte.. »

Il posa sa main sous mon menton, releva ma tête et me tendis une cuillère chaude. Ces yeux

m’attiraient profondément, je n’arrivais plus à m’en décrocher. Je ne l’avais jamais vu de cette façon.

Quand je le regardais, je ne voyais que son côté séducteur, je ne pensais pas être à mon tour séduite

par un tel donjuan. Sa manière d’aborder les filles ne me faisais pas vraiment d’effet, c’était si plat et

sans intérêt. Alors qu’il est complètement différent avec moi. Je posé mes lèvres sur la cuillère,

c’était un goût merveilleux qui ravivait mes papilles.

« - Alors ?

- c’est…comme d’habitude, une abomination. Il plissa les yeux, son sourire était comme mes

souvenirs à chaque fois que je lui disais ça, comme quand on regarde un bon vieux film de notre

enfance.

- Dans ce cas, passons à table. Va t’allonger !

- Qu..quoi ? Mais je peux m’asseoir ! Tatsuka, T’as pas l’impression d’en faire trop ?!

- Pas de caprice.» Il me souleva brusquement, ses bras autour de mon corps, je me sentais tellement

légère dans ses bras, et aussi fragile qu’un flocon de neige. Je ne m’étais jamais sentie aussi

vulnérable, c’était déstabilisant.

- Tes cheveux sentent bon la vanille »

Encore mouillés et parsemant légèrement son visage, je vivais un rêve éveillé. Ils étaient aussi

brillants qu’une étoile dans la nuit, j’aime ses cheveux. Ses yeux bleu violet étaient tout aussi

pétillants, reflétant cette lumière d’espoir que j’ai toujours vu en elle. Je tombais de plus en plus

amoureux de Mitsuki, au fil des minutes, mon amour ne faisait que grandir plus encore. Elle s’est

endormie très vite après le repas. Sa fièvre n’étais toujours pas retombée, c’était inquiétant, le

médecin avais dit que ce n’était qu’une légère température…mais sa santé à apparemment toujours

été fragile Je m’étais endormi à mon tour, la tête sur le coin du fauteuil, ce n’était pas très

confortable mais la savoir près de moi me suffisait à faire de merveilleux rêves.

[ Notre première rencontre me revint dans mon sommeil, c’était l’hiver dernier, en cours de langue. Je

regardais les premières neiges à la fenêtre, on ne distinguait plus le portail de l’entrée. Les cerisiers

étais peu à peu recouvert de millier de flocon. C’est à ce moment-là que j’ai vu Mitsuki pour la

première fois, dehors, ses longs cheveux noirs flottaient au-dessus de ce paysage blanc. Elle avait un

bonnet rose avec un pompon rythmant ses pas de droite à gauche. Elle avait une veste de laine beige

et des plumes se glissaient au creux de son cou. Un style complètement extraverti que je n’avais

encore jamais vu, j’en étais resté bouche bée. Après quelques minutes, quelqu’un avait frappé à la

porte. C’était elle, une nouvelle camarade de classe qui faisait son entrée en cours d’année. Elle était

timide et impressionnée, le regard au sol, j’entendais tout juste sa voix.

« Je m’appelle Mitsuki Shuhei, j’ai 17ans, je vais faire du théâtre »

elle leva ses yeux vers la classe, bleu violet, miroitant une lumière intense qui me laissait sans voix.

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- « C’est quoi ces fringues ? c’est la mode d’un autre pays ? Je connais pas ton nom »

- Et toi, qui es-tu ? avait poliment demandé Mitsuki

- Urumi Souan, mon père dirige le All Stand Burdin,

- He bien…ravie de te connaître, ton père doit être un grand homme. »

Cet élan de gentillesse, ses yeux arrondis et son sourire à cet instant étaient aussi frais que les

première neiges. Elle ne se doutait pas encore dans quel genre d’école elle était entrée. C’est à peine

quelques jours après qu’elle est tombait malade. Le professeur avait demandé au délégué de

s’occuper de lui remettre ses devoirs, sauf qu’elle était déjà mal vue à cause de sa veste et de son

bonnet qui étais loin d’être du goût de Kaimon. Les filles avaient vite compris qu’elle n’appartenait

pas à la haute société et l’avaient immédiatement exclue. Ce n’étais pas la première fois que ça se

produisait, mais je ressentais l’envie de la connaître, sans vraiment savoir pourquoi.

Il avait été facile de convaincre le délégué de me laisser lui apporter ses devoirs. Quelle ne fut pas ma

surprise quand après avoir suivi le plan, je me suis retrouvé dans une vallée enneigée, ou se dressait

difficilement en haut de la colline un chalet en bois, peu entretenu. Alors que je m’attendais à voir le

pire, c’est une Mitsuki fragile et douce qui m’ouvrit la porte. Il faisait bon chez elle, la cheminée

allumée, la lumière tamisée, c’était très cosy. La cuisine et le salon étaient réunis en une seule pièce.

L’odeur de sa soupe s’était répandue, ça sentait extrêmement bon. Elle était évidemment troublée de

me voir, me laissa sur le pas de la porte, perplexe.

- « Salut, moi c’est Tatsuka Hikomura, je suis dans ta classe, je t’apporte les devoirs.

- Hoo, dé…désolé ! Je ne m’attendais pas à avoir de la visite ! Merci pour les devoirs, est ce que…est ce

que tu veux une tasse de thé pour te réchauffer ? »

Elle était très polie et généreuse. Bien sur j’avais accepté la boisson, et nous avions commencé à

discuter du lycée. Alors que les autres filles s’intéressaient toujours à mon porte-monnaie, ma famille,

ou tout simplement mon physique, Mitsuki me parlait de théâtre et des cours. Sa façon de s’exprimer

étais vraiment très simple, ça ruisselait, c’était apaisant. Elle me montrait des astuces pour que la

cheminée reste allumée toute la nuit, et notre première soirée s’était finalement terminée autour de

sa bonne soupe à laquelle elle m’avait invité à déguster. A cet instant, j’avais oublié qu’elle était

malade, elle n’avait pas l’air en si mauvaise mine, c’est pourquoi je m’étais attardé. J’ai rapidement

compris les jours suivants qu’elle avait une santé fragile et qu’elle sentait la mauvaise fièvre arriver.

Elle était resté près de deux semaines au lit. Et nous ne nous sommes plus quitté. Un an à attendre

avant de l’avoir enfin à moi, ça en valait le coup….car j’en suis éperdument amoureux.

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Chapitre 3 : Un père ou une famille ?

Après avoir roulé de gauche à droite dans le lit, Mitsuki ouvrit doucement les yeux. Il n’y avait plus de

lumière, il faisait sombre dans la chambre, alors que je tentais d’allumer la lampe de chevet, ma main

effleura quelque chose de chaud et de soyeux.

« Ta…Tatsuka ? » Il s’était endormi et sa tête était posée sur le rebord du lit.

- « Réveille-toi…Tatsu

- Et si tu me donnais un baiser au lieu de me secouer » marmonnait-il.

Il leva sa tête, je n’apercevais que son ombre et ses yeux brillants dans le noir. Jusqu’à maintenant, je

n’avais pas pris l’initiative de l’embrasser, laissant faire le cours des choses. Il faisait noir, je suppose

qu’il ne me voyait que très peu, et je pris donc mon courage à deux mains. Alors que je me penchais

vers lui, la lumière de la chambre s’était brusquement allumée.

Je me retrouvais à quelque centimètre de son visage, nos lèvres s’effleuraient presque. Alors que nos

regards se croisaient pour la première fois de si près, une voix rauque et forte nous éloigna l’un de

l’autre.

« Qu’est ce qui se passe ici ? ! Tatsuka ! De quel droit oses-tu faire ça sous ce toit avec une inconnue !

»

Quelque chose d’immense se dressait devant nous. Un monstre ? ! Je rampais le plus loin possible en

arrièren apeurée, il faisait au moins deux mètre de hauteur et était bien plus large que Tatsuka. Un

costard noir, le col serré par une cravate trop juste, des sourcils noir et froncés, les yeux

marrons…marrons…comme ceux de Tatsuka…c’était son père, le même regard noir quand il est en

colère, à la différence qu’il me faisait vraiment trembler. J’essayais d’ouvrir la bouche pour dire

quelque chose, mais elle restait ouverte sans qu’un mot n’arrive à en sortir.

- « Père ? ! Tu l’effraies, c’est mon invitée. Tu n’es pas en voyage d’affaire ?

Tatsuka n’avait jamais pris un ton aussi sérieux. Deux hommes se tenaient là sévèrement, tenant ce

face à face très angoissant. Les visages tous deux coléreux, Tatsuka se mit devant moi, me cachant à

présent de toute visibilité. Tout mon corps tremblait, mes doigts étaient crispés et j’étreignais fort le

coussin dans mes bras.

« Père, ça faisait longtemps… »

Un long silence suivit…Je ne savais pas ce qui se passait. Je ne pouvais que voir le dos de Tatsu, droit

et imposant, quand sa voix rauque résonna à nouveau.

« Mon vol a été annulé à cause des intempéries. Mais je vois que j’ai bien fait de rentrer à la maison,

il serait temps que l’on revoit certaines règles, et le plus tôt sera le mieux. En attendant, il est

irrespectueux pour cette demoiselle d’assister à ça. Tu vas me faire sa présentation. L’endroit et le

moment sont mal choisis, donc vous avez deux minutes pour me rejoindre au grand salon. »

Son aparté était courte et strict. Il fit demi-tour et claqua la porte derrière lui.

- « C’est maintenant que ça commence. Me lança-t-il nerveusement. Mitsuki…heu…pour commencer

tu peux lâcher ton polochon, je crois qu’il ne va pas tarder à éclater si tu continues à l’étrangler.

- Hé ? haaa ! OUI !

- Haha ! on dirait un petit soldat ! »

Comment arrivait-il à me faire rire dans un moment pareil ? Son visage était décontracté, du moins je

le pensais.

« Il faut te changer, je t’avais emmené une tenue pour demain, mets-là s’il te plaît. Je t’attend devant

la porte…et…ne t’inquiète pas ». Il avait repris son air sévère. Malgré ces mots, l’anxiété me tenait

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vivement éveillé.

Habillés et coiffés, nous nous rendîmes au salon. J’avais causé beaucoup de soucis à Tatsuka, c’est de

ma faute si j’étais chez lui, ma faute d’être tombée malade, et j’avais la sensation que quelque chose

se cassait en moi, mon cœur était serré, je n’arrivais plus à respirer.

On venais tout juste de s’avouer nos sentiments, d’échanger nos premiers baisers, tout ça allait bien

trop vite, comme si on allait me le retirer brusquement.

« JE SUIS DESOLE ! ! ! » je voulais tellement que ma voix l’atteigne que le couloir en faisait des échos.

« Tu n’as pas à t’excuser Mitsuki. Tu es la personne la plus importante pour moi, plus que n’importe

qui dans ce monde. Je ne te laisserais pas partir aussi facilement… »

Il me prit la main, et entra d’un pas décidé dans le salon.

- « Père…je te présente…la femme de ma vie. Et avant que tu ne me répondes qu’il en est hors de

question, il faut que tu saches que rien ne me fera changer d’avis. »

Mitsuki resta bouche bée. La femme…de sa vie ? d’où il sort une phrase pareille à son père ! S’en est

fini de nous, il n’a pas vu la bête que c’est ou quoi ? !

- « Je me doutais que tu allais me dire quelque chose comme ça mon fils. Je savais bien que tu t’étais

relâché ces dernier temps. Malgré ça, laisse-moi te dire que tu changeras d’avis…Dis-moi jeune

fille…comment t’appelles-tu ?

- Mi…Shuhei Mitsuki, veu…veuillez pardonner mon intrusion je…

- Et que fais ta famille dans la vie ?

- Je n’ai pas de famille Monsieur. Répondis-je sèchement. Cet homme m’effrayait tellement que je

répondais du tac au tac. Ne réfléchissant même pas à une quelconque stratégie.

- HA ! HAHA ! ! Alors tu n’as pas de parent. Disait-il en s’esclaffant. Alors tu t’acharnes sur le premier

riche venu !

- Je ne savais pas que c’était aussi drôle de perdre ses parents. »

La tête levée, le regardant droit dans les yeux, ma peur avait complètement disparue sous son rire. Je

n’avais jamais autant ressenti de colère en moi. Que l’on puisse plaisanter du malheur des gens, que

l’on puisse rire de ma famille, qui a donné sa vie pour sauver la mienne. Ma voix ne tremblerait pas,

mes pas ne reculeront pas, j’entamais ce qui allait devenir, un juste retour des choses. Je sentais ma

fièvre monter plus encore, et c’est avec le ton le plus sérieux que je pouvais obtenir en étant malade,

que je lui fis face. L’index de mon doigt levé :

« Vous voyez cette cicatrice, quand j’avais 5ans, je me suis coupé le doigt en voulant absolument

découper ma viande toute seule. C’est mon père qui m’a soigné, il a tout désinfecté et fait quelques

points de suture. Il était un grand médecin apprécié de ces malades car il avait un grand cœur. Vous

voyez cette cicatrice sur mon front, un hiver je suis tombé de la luge qu’il m’avait offerte, et il l’avait

surnommé la première étoile parce que j’avais fait un salto magnifique avant de m’écraser. Et celle-

là, un élève de ma classe, m’avait fait tomber dans les escaliers, mon père avait débarqué à l’école

alors que je venais à peine de rentrer à l’infirmerie. Et là, ma cheville, fracture et déplacement des os,

il m’a porté jusqu’à l’hôpital et a voulu faire lui-même le diagnostic pour être sure que je sois bien

soignée. Et…il y a un an…mes parents et moi étions partis en vacance…un camion nous a coupé la

route. Ma ceinture s’était brisée sous le choc et j’avais été éjectée de la voiture. J’étais encore

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consciente, et je voyais mon père de là ou j’étais. Il a rampé jusqu’à moi, et à arrêter mon

hémorragie avant de succomber à ses blessures. Vous voyez cette cicatrice sur mon ventre…c’est la

dernière qu’il me soigna.

Aujourd’hui, ma famille c’est Tatsuka. Il est mon ami, mon confident, il est celui que j’aime, celui qui

me rend heureux, et je compte bien lui faire vivre tout ce qu’il n’a pas pu vivre avec vous, son père.

Une vraie relation familiale, une complicité, une raison d’exister. Je l’aime et c’est pour cela que je ne

veux pas rentrer en conflit avec vous. Car je respecte la famille, comme j’aurais voulu que vous

respectiez la mienne…je…je… »

Ma vue se troublait, je n’avais pas fini de dire ce que j’avais sur le cœur, je sentais mes yeux humides,

ils étaient remplis de larme. A bout de force, je ne pouvais continuer. Il faisait noir, je me sentais

seule, quand j’entendis une voix lointaine à mon oreille : « ça va aller Mitsuki, je prends soin de toi.

Tiens bon, je t’emmène à l’hôpital ». Des larmes tombaient sur mon visage...ce n'était pas les

miennes...mais bien celles de Tatsuka.

Tatsuka l’avait enroulée dans une couverture épaisse. Alors qu’il allait sortir du manoir en courant,

son père le retint :

- « Attend, les routes ont été bloquées, tu ne peux pas y aller en voiture. Il s’est arrêté de neiger.

Nous allons prendre l’hélicoptère.

- Avec tout ce que tu viens de lui faire subir tu veux nous aider ?

- Il y a une priorité à chaque chose. Dépêchons nous. »

Les conditions de vol n’étaient pas idéales, mais Tatsuka voyait pour la première fois son père faire

preuve de clémence.

Je me sentais légère, comme libérée d’un poids sur mes épaules. Mes yeux s’ouvraient parfois, mais

se refermaient presque aussitôt. Des lumières clignotaient devant mes yeux. La voix de Tatsu

résonnait dans ma tête, je ne comprenais pas ses mots, mais je l’entendais, faisant tout pour me

tenir éveillée.

« allez, ne t’endors pas Mitsuki, reste avec moi !» Criait Tatsuka. Les ambulanciers l’avaient

emmenée. Je pouvais les voir lui mettre un masque et lui faire toute sorte d’examen, jusqu’à ce qu’ils

l’emmènent dans une autre salle en courant. La peur de la perdre m’envahissait, je ne suis pas

capable de m’occuper d’elle comme il le faut. Je n’ai pas été éduqué comme ça, je ne sais pas ce qu’il

faut faire. Je lui ai promis de prendre soin d’elle, mais je l’ai laissée faire face à mon père dans son

état. Ce n’était pas la solution ! J’aurais dû la protéger et lui dire de rester au lit. Je ne suis pas digne

de son amour !

Ses larmes ne cessaient de couler et les remords le submergeaient. Cela faisait des heures qu’il

attendait auprès de son père. La porte du couloir ne s’ouvrait toujours pas. La tête baissée et le

regard au sol, l’attente devenait insupportable.

- « Vous êtes de la famille ? » entendit-il. Un médecin se tenait enfin face à eux. Tatsuka s’était levé

d’un bond.

- Oui ! Est-ce qu’elle va bien ? Elle va bien ? ! répétait-il affolé.

- Oui, ne vous inquiétez pas, nous avons pris sa fièvre juste à temps. Nous avons dû utiliser une

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méthode un peu brutale pour faire baisser sa fièvre, mais elle est hors de danger maintenant. Elle

devra rester quelques temps hospitalisée pour de plus amples examens et devra beaucoup se

reposer. »

Tatsuka s’affala sur la chaise, soulagé.

« Vous savez, je connais Mademoiselle Shuhei depuis son enfance, c’est une battante. Confia le

médecin. Son père travaillait même ici à une époque. Alors soyez certains que nous prendrons bien

soin d’elle. »

- Je peux la voir ?

- Seulement quelques minutes, elle est réveillée. Nous lui avons administré des antibiotiques et elle

ne va pas tarder à se rendormir. Il ne faut pas qu’elle sente de tension autour d’elle. Alors seulement

une personne. Je vais vous y conduire. »

J’ouvrais la porte, et je la vis allongée dans ce lit, un masque sur le visage, une intraveineuse dans le

bras, elle paraissait tellement faible alors qu’elle se tenait encore debout, la tête haute il y a encore

quelques heures. Elle avait les yeux ouverts et marmonnait quelque chose dans son masque. Elle le

retira le temps de quelques secondes :

« tu en fais une tête, tu as les yeux tout rouge, c’est toi qu’ils vont finir par soigner. » me lança-t-elle.

Son sourire me réchauffait le cœur, elle était détendue et je pouvais lire dans ses yeux quelque chose

de rassurant.

- « Prends bien soin de toi Mitsuki, le médecin a dit que tu devais te reposer. Tu as besoin de quelque

chose ?

- Oui, préviens Monsieur Hakubo que je ne pourrais pas venir travailler s’il te plait.

- T’inquiète pas mon petit lapin rose, je m’en occupe. Bonne nuit. »

Il lui fit un baiser sur le front, et c’est ainsi que se termina cette folle et interminable journée.

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Chapitre 4 : Que deviendront-ils ?

Deux semaines s’étaient écoulées. Mitsuki allait de mieux en mieux, et s’apprêtait bientôt à

retrouver son chez soi. Tatsuka lui avait rendu visite tous les soirs après l’école. Kini aussi était venue

la voir, elles avaient papoté durant des heures et les rires avaient rendu cette chambre chaleureuse

et conviviale. Même les trois abrutis sont venus la voir ! Buns, Ryo, et Tomy, ce jour-là c’était assez

animé à l’hôpital, même les infirmières succombaient à leur charme et ça faisait foule devant la

porte.

La conversation entre Mitsuki et son père était resté en suspens, et tout ce qui s’y rapprochait était

vite détourné. Monsieur Hikomura n’était pas revenu à l’hôpital et était repartie à l’étranger pour

affaire. Lui non plus n’avait pas évoqué cette soirée à son fils, il l’avait simplement mis en garde, que

ça ne serait pas terminé et qu’il remettrait cette conversation à plus tard.

- « Dimanche15 Décembre, date de ma sortie ! ! ! » Criait joyeusement Mitsuki Je suis en pleiiiiiiiine

forme !

- Encore heureux la marmotte ! Tu as des cours à rattraper alors j’espère que tu t’es bien reposée.

Répondit Ryo en rigolant.

- Huuumpff…pas besoin de me dire ça, baaaaaka. Oublie pas que j’ai eu une bourse car je suis super

intelligente !

- T’entend ça Ohara-chan? Ta copine est super intelligente !

- Evidemment qu’elle l’est ! rétorqua aussitôt Kini. Si elle faisait des fautes, ça se verrait aussi sur ma

copie, donc elle a plutôt intérêt à tout faire juste !

- Haaa ! La fin d’un mythe ! J’en étais sûre que tes notes n’étaient pas du hasard. S’exclama-t-il.»

S’en était suivi des éclats de rire et de bonne humeur, tout le monde parlait en même temps.

Ryo voulait accompagner Tatsuka, les deux imbéciles avaient suivi, et Kini était déjà sur le qui-vive !

Je me demandais s’ils rentreraient tous dans mon petit salon.

C’est à pied que tout le monde prit le chemin de ma maison. La vallée étant inaccessible aux voitures,

Tatsuka avais donc dû y renoncer. L’air frais faisait le plus grand bien, et marcher en compagnie

d’autant d’amis étais peu habituel. Avec tout ce qui c’était passé, Tatsuka et moi n’avions pas pris le

temps de nous faire à notre nouvelle vie de couple, et aucun de nous deux n’avait osé le mettre en

avant devant les amis. Le chemin fut bruyant, les blagues de Buns ne finissaient pas de mettre

l’ambiance. Nous arrivâmes enfin devant mon chalet qui sentait déjà bon le bois.

- «Hahaha ! ! Mitsuki Ingals ! Tu vas nous faire un bon thé chaud ! S’exclama Buns devant la cabane.

» Alors qu’il était encore en train de se tordre de rire, il s’arrêta tout à coup et poussa un cri «

HiiiiiiiiiiiiiiIIIIi ! Sorcièèèèèèère ! C’est froid c’est froiiiid, pas dans le couuuu! ! ! »

- HAHA ! ! J’aurais dû te prévenir que Mitsuki aime beaucoup jouer avec la neige. Fallait pas te

moquer ! balança Tatsu, éclatant de rire.

- Allez ne fait pas ta chochotte Buns, t’es un mâle un vrai ! Pouffait-elle. Entrez, je vous présente mon

petit chez m…

- Mitsuki chaaaan? Qu’est-ce qu’il y a, t’arrête pas, laisse-nous entrer, je te promets que je me

moquerais pas ! … J’ai pas vraiment envie de bouffer de la neige encore une fois !

- La… la fenêtre est cassée. »

Le petit groupe passa à son tour la porte. Les intempéries avaient renversé tables et chaises, ainsi

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qu’abîmé quelques meubles.

- « Je suis désolé de vous accueillir dans ces conditions. Si vous voulez bien, nous pourrions remettre

le thé à plus tard…s’excusa-t-elle, gênée de la situation.

- Tu plaisante j’espère, on va t’aider à remettre tout ça en ordre, n’est-ce pas les garçons ? ! déclara

Kini, fièrement.

- EvidEmment, laissE Nous FairE, essayait vaguement de prononcer Tomy. »

Tous le monde avait mis la main à la patte. C’était la première fois que Mitsuki se sentait aimée et

acceptée par leur monde. Elle prépara du thé chaud pour tous les ouvriers, qui en moins d’une demi-

heure avais rendu ce salon aussi cosy qu’autrefois. La cheminée allumée, le petit groupe avait trouvé

un refuge agréable ou il faisait bon vivre. Encore un tournant de la vie, heureux et plein de surprise à

venir. Alors que Mitsuki s’était mise à l’écart pour servir une autre tournée de thé, elle sentit une

main se poser sur sa tête. Elle leva les yeux, Ryo se tenait à côté d’elle, le sourire aux lèvres.

« Finalement, je suis sûre que tu feras une bonne épouse pour notre Tatsuka ! lui confia-t-il, »

Mitsuki se mit à rougir, sa main trembla juste quelques secondes, le temps de renverser du thé par

mégarde sur son pantalon.

- « Merci Mitsuki-chan, mais j’aurais préféré l’avoir dans ma tasse, surtout….QUE C’EST CHAAAAAUD

BORDEEEL HAAAaaaa ! ! ! !

- Alors c’est vrai ce qu’on dit sur les blond, il t’as fallu autant de temps de réaction pour sentir que je

t’avais brûlé, t’es un cas désespéré Ryo ! ! ! » souriait-elle sournoisement en agitant une feuille pour

le refroidir.

- Répète ça pour voir ! je suis blond et intelligent !

- HO ? T’entends ça Kini ? Il dit qu’il est intelligent, ça me dit quelque chose, pas toi ?

- Des devoir à rattraper et une certaine bourse je dirais ! énonça-t-elle en rigolant»

Tout le monde se mit à rire de bon cœur, la nuit arrivait vraiment vite sur la petite ville de Kaimony.

Personne n’avait vu le temps passer et chacun partit en se saluant chaleureusement. « Il fait déjà

sombre dehors. A demain ! Au lycée, sois en forme ! » répétait le petit groupe. Seul Tatsuka était

resté à l’écart, attendant qu’il n’y ait plus personne dans le salon.

- « TAtsukA, tu viEns pAs ? On nE fait pAs le chemin EnsemblE ? demanda Tomy. »

Il n’eut pas le temps de répondre que Ryo avait éteint la lumière et avait agrippé Tomy par le cou en

le tirant vers la sortie en rigolant. « au revoir les amoureux ! » cria-t-il en claquant la porte derrière

lui.

La lumière tamisée par le bois qui s’embrasait dans la cheminée, les yeux de Tatsuka reflétaient d’un

rouge flamboyant. Tous les bruits s’étaient estompés, on ne pouvait entendre que le crépitement des

flammes. Adossée contre la porte, Mitsuki ne savait comment réagir, timide, elle n’avait pas encore

fait le premier pas vers lui pour l’embrasser. Tatsuka se rapprocha et posa ses deux mains de chaque

côté de Mistuki, contre la porte. L’ambiance si festive s’était en quelques minutes, transformée en un

moment très romantique.

« Ta…Tasuka…murmurait-elle gênée»

Mes yeux tombaient profondément dans cette lueur qui ne cessait de briller au fond de ses yeux. Son

corps était si chaud…mes mains posées sur son torse, je serrais tendrement sa chemise blanche. Sur

la pointe des pieds et le visage aussi rouge que le reflet du feu, je fermais les yeux et m’avançais

doucement vers lui.

Ses lèvres étaient encore plus douces que dans mes souvenirs. Une de ses mains descendit sur mes

hanches, et me serra fort contre lui. J’aurais voulu que ce moment dure éternellement. Mon cœur

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battait à vive allure. On resta longtemps l’un contre l’autre, je pouvais sentir son souffle dans ma

nuque, et son cœur contre le mien, comme une douce musique. On n’échangeait pas de mot, plus

rien n’importait, juste lui et moi. Glissant le long de la porte, il chuchota :

- « redis-moi ce que tu as dit à mon père …

- …ce..que j’ai dit ?

- Tes sentiments, je veux l’entendre, chuchotait-il. »

Je pouvais sentir les mains de Tatsuka trembler, comme s’il avait peur que je me rétracte. Je glissais

alors mes lèvres le long de sa nuque, et lui souffla… « Je t’aime ».

Nous restâmes un long moment enlacés au sol, ma main caressant ses cheveux si soyeux, c’est

comme si l’on se retrouvait après un long mois d’absence. Il faisait bon d’être contre lui. Je me

sentais protégée, mon amour grandissait plus que jamais. Ses lèvres effleuraient mon cou, je me

sentais doucement emmenée loin dans un rêve. Alors qu’il m’étreignait plus encore, quelque chose

se mit à vibrer, sursautant, je me demandais ce que cela pouvait être.

« …J’ai l’impression que quelqu’un a oublié son portable. Chuchota Tatsuka, sa tête posée sur mes

épaules. »

Sursautant à nouveau, quelqu’un frappa juste derrière la porte. Mitsuki se leva brusquement,

rompant ce câlin improvisé. Elle ouvrit la porte, Kini était toute gelée.

- « Dé…désolée Mitsuki, j’ai oublié mon portable je crois… essayait-elle d’articuler, claquant des

dents.

- Rentre, ne reste pas dans le froid ! ordonna-t-elle aussitôt. »

Kini, les bras autour de son manteau ne se fit pas prier pour rentrer le plus vite possible pour se

mettre au chaud. A peine avait-elle passé la porte qu’elle vit Tatsuka, reflétant si merveilleusement

bien la lumière de la cheminée, ses cheveux brillant de mille feux, assis par terre, adossé à côté de la

porte. Il avait vraiment l’air contrarié par son arrivée.

- « HA ! ! Je… ! ! Je.. ! ! Désolée ! ! Je ne voulais pas déranger, j’aurais dû attendre demain, désolée ! !

» elle prit son portable sur la table et s’apprêtait à repartir en courant.

- Ohara-chan ! cria soudainement Tatsuka. Il fait nuit dehors, ce n’est pas prudent de te balader

seule. Je vais te raccompagner.

- Nooon Nooon ! J’habite pas si loin ! ! ! rétorqua-t-elle aussitôt, prête à repartir.

- Je ne t’ai pas vraiment laissé le choix. Répondit Tatsuka d’un ton sérieux.

- Il a raison, avoua Mitsuki, je ne serais pas rassurée que tu rentres seule. »

Il se leva, attrapa Mitsuki, sa main soulevant son menton, il l’embrassa langoureusement une

dernière fois « A demain, mon lapin. » Lui chuchota-t-il en passant la porte.

Kini avait les yeux aussi ronds que ceux de Mitsuki, elles se regardèrent, abasourdies de ce qu’il

venait de se passer. Kini le suivit, s’excusant encore une fois auprès de Mitsuki.

C’était la pleine lune, la vallée était aussi belle que le ciel étoilé. Tatsuka avait vraiment la tête

ailleurs, Kini le regardait du coin de l’œil, n’osant pas lui poser de questions. Après une dizaine

d’hésitations, elle finit par déclarer :

« Félicitations pour Mitsuki et toi ! Vous faites un jolie couple ! ».

Tatsuka, les yeux au ciel, le regard dans le vide, s’interrogeait.

« Tu penses que je pourrais la rendre heureuse ? … »

Kini s’arrêta soudainement de marcher et se mit à crier :

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« BAAAAAKA ! » Sa voix résonna à travers la vallée. Tatsuka était resté bouche bée, se demandant ce

qui lui arrivait. Kini reprit un grand souffle, et ils se remirent à marcher.

- « Qui d’autre pourrait la rendre heureuse si ce n’est pas toi, imbécile. » bougonna-t-elle. Je ne la

connais pas depuis aussi longtemps que toi, mais…Mitsuki est ma seule amie. Alors si tu lui brises le

coeur, crois-moi…que je saurais où te trouver. Menaça-t-elle. »

- Je compte sur toi pour tenir tes menaces.

- Et je compte sur toi pour que ça n’arrive jamais.

- …tu tiens beaucoup à elle n’est-ce pas…reprit-il sérieusement

- …Avant qu’elle n’arrive dans ce lycée, j’étais le petit oisillon dont tout le monde se moquait. Les

garçons ne voulaient de moi que pour mon physique, et les filles qui étaient gentilles, ne se servaient

finalement que de moi pour se rapprocher des garçons. Mitsu-chan n’avait aucune idée de qui j’étais.

A peine quelques jours après son arrivée, elle était tombée malade. Mais tu le sais, nous étions dans

la même classe l’an dernier. Durant son absence, les filles n’arrêtaient pas de se moquer d’elle, et on

m’avait un peu oublié. J’avais l’impression de ne plus être si détestée durant cette semaine. Ca faisait

tellement de bien… Et c’était tellement égoïste de ma part. Bien entendu…la réalité me rattrapa.

Aussitôt qu’elle fut de retour, je ne sais pas pourquoi les filles ne faisaient que des messes basses, et

ne s’attaquaient pas directement à elle comme elles le faisaient avec moi. Quoi qu’il en soit…les

moqueries recommencèrent pour moi. Jusqu’au jour où une fille avait fait exprès de jeter mes livres

par terre. Je m’étais baissée pour les ramasser, et une main s’était jointe aux miennes, me tendant

mon livre. C’était Mitsuki, son sourire était très chaleureux. Et c’est depuis ce jour qu’elle montra ce

caractère bien trempé qu’elle gardait au fond d’elle…désolé…je te raconte ma vie…je dois t’ennuyer.

- Pas du tout…je suis désolé…de n’avoir jamais rien fait. Ohara-chan.

- Je ne regrette rien alors, tu n’as pas à t’excuser de quoi que ce soit. Ma rencontre avec Mitsuki fut

une vraie délivrance pour moi. Dis-moi…tu vas te montrer au lycée avec elle ?… Je veux dire… En

couple…

- … Je ne sais pas… Je n’ai pas envie de lui créer des problèmes… Parce qu’avec ma réputation… Je

sais qu’elle risquerait d’en souffrir. Et… Le cacher, est tout aussi dur à vivre.

- On est arrivés, c’est ma maison.

- Déjà… Effectivement, tu n’habites pas loin…alors à demain.

- A demain »

Alors que je faisais demi-tour, Ohara me retint par le bras

« -Je t’en prie, prend bien soin de Mitsuki… » me pria-t-elle.

-c’est promis. » Et c’est avec un sourire et un air confiant que je repris le chemin de mon manoir.

La nuit passa rapidement, roulant dans le lit, changeant je ne sais combien de fois de position pour

m’endormir. Je m’imaginais la main dans la main avec Mitsuki, et des milliers de regards sur nous,

étranges, se questionnant, horrifiés, choqués… La réalité était que… Mitsuki n’était pas de notre

monde et il fallait bien l’accepter. C’est notre vie entière qui sera toujours remise en question, alors…

Si l’on commence déjà à se cacher… Notre couple pourra-t-il y survivre ? Et si on prend les devants en

affrontant les regards, les jugements, la haute société entière, notre couple tiendra-t-il pour autant ?

« La vie n’est que ce qu’on a envie qu’elle devienne. » c’est ce que me disait ma mère quand j’étais

jeune. Pourtant on ne décide pas de notre condition sociale quand on nait. Mais derrière ces mots,

elle avait un regard tendre qui me laissait toujours penser que je pourrais toujours avoir le choix.

« Peut-être que la solution est tout simplement de demander à Mitsuki ce dont elle a envie… »

pensait-il en s’endormant enfin.

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Chapitre 5 : La révélation de la relation

Il faisait toujours aussi froid dehors. Mitsuki enfila son bonnet rose à pompon « ça faisait longtemps

que je ne l’avais pas mis celui-là » pensa-t-elle en sautant dans ses bottines roses. Ses chaussures de

classe dans un sac, elle sortit en courant retrouver Tatsuka.

Il la vit arriver de loin, son pompon sautillant de tous les côtés. Un an, il avait l’impression de la revoir

comme au tout premier jour à l’école. Le même manteau à plumes, ses bottines roses, tout ça n’était

pas très bien assorti, mais c’était elle, la Mitsuki gentille et naïve des premières neiges. Alors qu’elle

s’approchait joyeusement, Tatsuka angoissait à nouveaux. « Qu’est-ce que je fais… Je l’embrasse ? je

lui tiens la main ?…elle arrive… Allez, décide-toi ! ! » Cogitait-il.

- « O- HA- YO Tatsu-kun ! Chantonna Mitsuki.

- Ta…Tatsu…KUN… ! Son visage devenait tout rouge, il se mit à bégayer Mi..tsu …ki…K…kkkk….kun !

- Ca te gène pourtant pas de le dire quand je suis dans la lune …on y va ?

- Ou…oui ! Haha…hahaha ! ! ! Braillait-il maladroitement. »

Ils marchèrent côte à côte, le visage de Mitsuki était vraiment joyeux, ses yeux pétillaient.

Décontracté, Tatsuka ne se posait plus autant de questions. Il laissa faire les choses, apaisé par les

petits fredonnements de Mitsuki, qui apparemment avait bien dormi. L’allée des fauves femelles

était au rendez-vous, même un aveugle aurait pu voir leur déception sur leur visage à la vue de

Mitsuki.

- « Pfff, alors elle est revenue la pauvrette…pourquoi faut-il qu’Hikomura traîne avec cette idiote.

Regarde, elle a les même fringues que l’année dernière, ça craint vraiment, on ne devrait pas avoir à

assister à ce spectacle à Kaimon. Vociférait Urumi.

- Tais-toi…si il t’entend…tu sais ce qui t’arrivera…

- Ça va, Yumiki-chan… Je sais… Mais… Je commence à être fatiguée, qu’est-ce qu’elle représente pour

qu’on n’ait pas le droit de l’approcher.

- Tais-toi je t’en prie, il n’est jamais loin ! Murmurait Yumiki Haruno avec insistance.

- Il faut que je sache qui est cette fille. Décida Urumi. Et pour ça…il faut que je devienne son amie.

- T’es pas bien ! On va pas devoir traîner avec elle ? Et notre réputation alors ?

- Ne t’inquiète pas Yumiki… On va faire ça en toute discrétion… Rejoignons la classe.»

Tatsuka était très gêné d’assister à cette allée de fille en compagnie de Mitsuki. Tout avait changé,

alors qu’ils en rigolaient auparavant, il la regardait du coin de l’œil. A sa grande surprise, elle souriait,

comme si tout ça n’était qu’une futilité. En y repensant, elle n’était pas de celle qui juge les gens.

«Elle trouvait toujours ça normal que l’on s’intéresse à moi. Songeait-il… J’avais tellement envie de

lui tenir la main… ».

Je la regardais à nouveau, son visage était si apaisant, pouvoir être avec elle le matin, ça me

manquait terriblement. Je n’avais pas ressenti autant de solitude que durant ces deux dernières

semaines. Je me rendais compte de l’impact qu’elle avait sur ma vie, sur mon humeur, elle me

rendait tout simplement… Heureux. Elle me salua de la main et partit rejoindre sa classe, finalement,

nous ne nous sommes pas une seule fois embrassés. Je suppose que c’est ce que veut Mitsuki, vivre

notre histoire en dehors du lycée, c’est peut-être pas plus mal. Mais…la voir et ne pas pouvoir la

serrer contre moi… Devient déjà une torture.

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- « Mitsu-chaaaaan ! hurla Kini de l’autre bout de la classe.

- Salut Kini, tu es en forme ! Pour… Pourquoi tu me regardes avec des yeux aussi ronds ? ! s’écria-t-

elle d’un bond en arrière.

- Pour rien, pour rien…. Répondit-elle en repensant au baiser des deux tourtereaux la veille. Je me

disais simplement… Que tu as du bien dormir. disait-elle d’un ton ironique.

- Huuu…tu…tu es bizarre » rétorqua Mitsuki, gênée d’avoir saisi où elle voulait en venir. »

Il n’y avait pas encore grand monde dans la classe, elles s’installèrent et discutèrent du prochain

Week-end.

- « Mitsuki-chan ? Désolée de te déranger si tôt le matin, mais j’aurais besoin d’un conseil et je pense

que tu es la personne la plus appropriée pour m’aider, si tu le veux bien…

- U…Urumi-chan… ? Qu’est ce qui cloche aujourd’hui, elle a oublié qui j’étais pendant ces deux

semaines pour me parler si gentiment ?

- Excuse-moi, ça doit te paraître soudain, on a un devoir à rendre pour la semaine prochaine, sur les

brocantes en histoire… Mais je n’y suis jamais allée… Alors ce n’est pas facile pour moi à imaginer. Je

me suis dit que, si tu étais libre un dimanche…on pourrait y aller ensemble.

- Aller… Ensemble… A une brocante ! C’est une blague ou quoi ! Pourquoi je devrais me la coltiner !

- … Je me doutais que tu allais dire non… C’est que… Je ne connais pas d’autre monde que le mien…

Alors il n’est pas facile pour moi de changer… Mais je fais des efforts, excuse-moi. »

Alors qu’elle repartait, la tête baissée, vers sa chaise, je ne sais pas pourquoi je l’ai arrêtée, mais je

l’ai fait.

- « Attends !… Après tout…tout le monde a droit à une seconde chance. Mais au fond de moi, je

sentais encore un tournant de ma vie arriver. Heu… Je vais y réfléchir… D’accord ?

- Haa, c’est vrai ! ! ! T’es super gentille, merci ! »

Kini me regardait, les sourcils froncés :

- « Pourquoi t’as accepté sa demande ? Tu trouves pas ça bizarre qu’elle fasse comme si tu étais son

amie tout à coup ?

- Heu… He ben… Je sais pas… C’est sorti comme ça… je voudrais… En fait je voudrais vraiment réussir

à m’intégrer. Si j’y arrive…Tatsuka et moi… Nous pourrions vivre tellement plus facilement notre

histoire… Murmurait-elle.

La tristesse pouvait se lire sur son visage. Ses yeux se baissaient, c’était comme un voile qui venait de

se lever. C’était ses vrais sentiments que l’on lisait.

- « Alors…ça te dérange de ne pas te montrer hein. Marmonnait Kini. Tu sais, si vous vous aimez, il

n’y a aucune raison de vous cacher, il est fort, et toi, tu as beaucoup de répartie. Laisse tomber cette

Urumi, elle ne te mérite pas, et je suis sure qu’elle mijote quelque chose.

- Tu penses vraiment qu’on sera assez fort… Haa… Soupira Mitsuki… Concernant Urumi, je pense la

même chose que toi… Cela dit… J’aimerais savoir où elle veut en venir.

- C’est vrai que tout ça est vraiment bizarre…il vaut mieux se taire, les autres élèves commencent à

entrer. »

La mâtinée fut longue, Mitsuki se repassait son au revoir de la main fait à Tatsuka un peu plus tôt, «

Pourquoi mon cœur bat-il si fort… C’est pas comme si on était pas ensemble… » Se répétait-elle sans

cesse…. « Ai-je vraiment si peur des représailles du lycée… Ai-je autant toujours été une trouillarde…

Pourquoi l’idée qu’on nous voit m’effraie… » La pause déjeuner allait faire le plus grand bien. Mitsuki

observait la porte de la classe, espérant au fond d’elle voir débarquer Tatsuka avec son si chaleureux

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sourire. Mais rien n’y fut, c’est alors qu’elle se leva, la tête baissée, et sortit de la classe.

- « Mitsuki ? Tu ne finis pas ton déjeuner ? Tu vas où ? demandait Kini

- … Aux toilettes. » Répondit-elle d’un ton déprimant.

Alors que Kini partait peu de temps après en courant vers le toit du lycée, Mitsuki déambulait, inerte,

dans le couloir.

La porte du toit claquant, Kini essoufflée, se mit à hurler « Baka baka baka baaaaaaakaaaaaaaa ! ! ! !

» elle se jeta sur Tatsuka qui ne comprenait rien à ce qui se passait, elle le secoua de toutes ses

forces, de tous les côtés. « Pourquoi t’es pas venu la voir hein ? ! Tu ne m’avais pas fait une promesse

? ! »

Tatsuka reprit rapidement ses esprits, paniqué, il était persuadé que quelque chose de grave c’était

passé, il partit en courant, dévalant les escaliers, bousculant quiconque lui barrait le passage.

Kini était resté bouche bée, sur le toit, en compagnie des trois imbéciles qui se grattaient la tête, ne

comprenant rien à ce qui se passait.

- « ou…est-t-il allé cet imbécile, articulait difficilement Kini….je voulais juste qu’il lui parle »

- Yo….qu’est ce qui passe Ohara-chan…demandait Ryo, accroupi au sol, une cigarette à la main.

- Heu…bah…c’est juste… Qu’elle avait vraiment l’air déprimé, je me suis laissé emporter je crois…

- Bien joué Ohara ! Lança-t-il en lui faisant un clin d’œil. Viens donc prendre un verre de Saké avec

nous, ça réchauffe !

- Vous buvez du Saké au Lycée ! ! !…»

Pendant ce temps, Mitsuki, la tête vers le sol, marchait sans but dans les couloirs « haaa, je ne sais

vraiment pas quoi faire. » Soupira-t-elle à haute voix.

« Tu peux toujours sortir avec moi, et ta vie sera plus facile ».

Cette voix… Je l’ai déjà entendue quelque part… Je levais les yeux, et me retrouvais nez à nez avec

Yukinu-senpai.

- « Hééé ! » Cria-t-elle en faisant un bond en arrière ! « Dégage, sale pervers ! »

- C’est toi qui m’es rentré dedans, et c’est moi le pervers… Tu inverses les rôles Ma Mitsu… Hey … Ou

tu vas ?

- … C’est pas le moment… »

Alors qu’elle repartait, la tête baissée, poussant légèrement Yukinu-senpai, elle heurta encore

quelqu’un.

- « Bon sang…je t’ai dit de dégager…. » menaçait Mitsuki d’un ton vraiment glauque.

- C’est comme ça que vous parlez à votre professeur ? Mademoiselle Shuhei ?

Je n’eus pas le temps de répondre ou de m’excuser, qu’une main m’attrapa et me tira en arrière.

- « Yu… Yukinu-senpai qu’est-ce que… ! ! Hurla Mitsuki.

- Veuillez l’excusez Monsieur, elle ne se sent pas encore très bien, j’en prends l’entière

responsabilité. »

En moins de temps qu’il n’en fallut, je m’étais retrouvé dans les bras de Yukinu-senpai. Une main sur

mon front, l’autre me tenant le poignet, il me serrait contre lui. Il était plus musclé que Tatsuka, mais

son corps n’étais pas aussi chaud et chaleureux… Sa peau était froide, je pouvais sentir de la

frustration partout dans ses mains. Quand tout à coup on me tira de l’autre côté, et je me retrouvais

cette fois dans les bras de Tatsuka. Tout ça n’avait duré que quelques secondes, je me faisais

ballotter de tous les côtés, à ne plus rien comprendre.

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« Ta… Tatsuka ! ! ! » m’écrirais-je, étonnée de le voir ici.

« Ne t’avise pas de remettre la main sur elle. » Menaça Tatsuka, les sourcils froncés, le regard noir.

C’EST MA PETITE AMIE ! ! Je ne tolérerais pas que tu lui tournes autour, c’est bien compris ? ! cria-t-il

encore plus fort.

Le couloir s’était vite rempli, tout le monde avait pu l’entendre. On entendait déjà les chuchotements

de tous les élèves s’entremêler.

Ce moment me parut durer des heures, un long silence planait entre Yukinu et Tatsuka, les yeux dans

les yeux. Yukinu baissa alors les siens, un sourire au lèvre, et marmonna « Il était temps… Dans un

soupir, comme une libération. » Il passa tout près de nous deux, ne relevant pas la tête, reprenant

son chemin sans même un dernier regard.

Je ne sais pas pourquoi, mais son geste et sa façon de se comporter, m’avaient vraiment troublé. Son

regard était triste et décontracté à la fois, comme si on lui avait ôté un poids des épaules. Je me

demandais alors si il s’intéressait vraiment à moi, et pourquoi. Il fallait que je le revois, juste pour en

avoir le cœur net, mais je ne voulais pas blesser Tatsuka en faisant ça, d’autant plus… Que notre

relation avait été confirmée au grand jour.

On pouvait entendre des filles pleurer, d’autres s’indigner…

« Reste toi-même, me chuchota Tatsuka à l’oreille. Tout se passera pour le mieux. » Il me prit la

main, les doigts entremêlés, et nous traversions pour la première fois en couple, l’allée d’honneur

des fauves femelles.

Tous les murmures sonnaient comme une douce délivrance. « Je la protégerais, même s’il m’en coûte

ma vie, même… Au prix de la perdre… Je la protégerais. » Pensait Tatsuka avec conviction. Je la

regardais du coin de l’œil, cramponnée à ma main comme si elle allait tomber dans le néant,

troublée, rougissante, ne savant pas ou regarder ni même comment marcher. C’était presque

hilarant de la voir comme ça, elle était vraiment mignonne. Je marchais d’un pas sur et décidé, je

n’avais jamais étais si confiant depuis notre premier baiser. On s’aimait, et c’était la seule chose qui

m’importait.

Il nous restait encore du temps avant la reprise des cours, j’avais envie de me retrouver seule avec

elle, mais l’image d’Ohara en rage contre moi m’était soudainement revenue en tête, je l’avais

laissée seule là-haut, avec les trois idiots pervers. Je me mis à courir, tirant Mitsuki dans ma course

effrénée jusqu’au toit, ne comprenant pas pourquoi je m’affolais tout à coup. Il est vrai que ce sont

mes meilleurs amis, mais ils sont aussi des hommes, en compagnie d’une des filles les plus jolies de

ce lycée. Je poussais violemment la porte du toit, essoufflé.

« … Tr… Trop tard… ! ! ! » S’écria-t-il, les yeux grand ouverts, choqué, fixant Kini Ohara, dans les bras

de Ryo, tous les deux éclatant de rire, un verre de saké à la main.

« Yo, vous en avez mis du temps pour revenir, alors on s’est occupés ! Cria Ryo, le bras autour de

l’épaule de Kini.

- « qu’est-ce que…Kini ?…. » Souffla Mitsuki d’un air ébahi.

Il s’en suivit un long silence, Ryo regardait Kini, qui regardait Tatsuka, qui regardait Mitsuki, qui elle

regardait Ryo, quand un éclat de rire démoniaque fit écho sur le toit. Le visage de Tatsuka

décomposé, il marmonna « ça y est, on a réveillé la bête… » … « Ma Mitsuuuuuuuu-kuuuun, reviens à

toiiiii » beugla Tatsuka d’un ton effrayant.

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- « HAHAHA …HAHAHA ! ! Je vais… Je vais….TE MASSACRER RYYYYYYYO ! ! ! ! » Se mit-elle à hurler, les

dents pointues, du feu dans ses yeux, elle aurait pu faire fuir un troupeau de taureaux !

- Désolé Ryo, mais je ne peux pas frapper ma Mitsu-kun, tu vas devoir te débrouiller seul, soit

courageux ! souffla Tatsuka.

- Lacheuuur ! qu’est-ce qui j’y ai fait à ta copiiiiiiiiine ! Se mit-il à hurler en courant pour échapper à

Mitsuki.

- Et tu me le demandes, t’es vraiment blond en fait… »

C’est ainsi que se termina la journée, dans une affolante bataille entre Ryo et Mitsuki, qui s’est

transformée en une énorme bataille de neige sur le toit du lycée. Les cours ? C’était bien la première

fois que Mitsuki n’y assistait pas pour flemmarder sur le toit avec les débiles. Le saké tourna, et nous

avions tous bien rigolé.

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Chapitre 6 : La double vie de Yukinu

Plusieurs jours s’étaient écoulés depuis notre folle journée sur le toit, et bien entendu, cette journée

qui avait écrit un nouveau tournant de notre histoire. Mise à part les chuchotements dans les

couloirs, nous arrivions à vivre cette situation mieux que nous ne l’imaginions. Je ne me faisais pas

harceler, bien que j’en voyais l’envie sur leur visage. Mais malgré cette belle aventure, la réalité

venait à me rattraper, je n’avais plus de travail. La tempête de neige avait abîmé beaucoup de stand

de manège, dont celui ou je jouais la peluche en lapin rose. Je m’étais donc retrouvée sans emploi, et

cela faisais maintenant trois semaines que je n’avais pas touché le moindre salaire. Tatsuka m’avait

bien sur proposé de m’aider, mais il était hors de question que je ne dépende que de lui pour vivre.

C’était un lundi après-midi, les cours se terminaient à midi. Je me suis rendu à un entretien

d’embauche, c’est ici que reprennent mes aventures.

C’est un grand hôtel, rien à voir avec mon ancien travail, c’était classe, raffiné, le hall d’entrée était

aussi grand que la cours du Lycée. Ce n’était pas ma place, mais l’avantage d’être à Kaimon, est que

je commençais à me faire à l’idée de ne jamais être à ma place nulle part dans cette ville. Déjà petite

mes camarades d’écoles habitaient de grandes demeures et avaient toujours une façon de voir les

choses en grand. A vrai dire… La ville de Kaimony était pour la plupart habitée par les bourgeois.

Notre maison date d’avant tout ces changements, c’est un des seuls chalets à avoir résisté à la

modernisation de la ville. Mon père en était très fier.

Je m’avançais donc dans le hall d’entrée, évitant de regarder les plafonds, les fontaines, et tous ses

détails extravagants qui pourraient me laisser sans voix. L’homme qui me reçut se tenait très droit

malgré sa toute petite taille et avait une petite moustache bien taillée.

- « Alors voyons voir ce CV, qui a retenu mon attention. Vous êtes étudiante au lycée de Kaimon c’est

cela ?

- Oui, depuis l’an dernier. J’étudie beaucoup

- Et alors dites-moi, comment se fait-il qu’une étudiante d’un lycée aussi prestigieux cherche du

travail dans notre hôtel…pour le poste deeeee…réceptionniste c’est cela ?

- He..he bien, je parle plusieurs langues, et j…

- Non je ne veux pas connaître vos compétences, je veux savoir pourquoi vous voulez travailler, si

votre famille peut vous inscrire à Kaimon, ils doivent avoir les moyens de vous donner assez d’argent

de poche non ?

- Heu… En fait j’ai obtenu une bourse dans ce lycée.

- …une bourse ? Je ne savais pas que Kaimon offrait des bourses…c’est nouveau ça. Il se trouve que je

connais personnellement le président du lycée… Et il ne m’a jamais parlé d’une telle bourse. Ou bien

avez-vous inventé cela pour obtenir ce rendez-vous, vous pouvez être honnête, j’aime l’audace chez

une employée !

- Désolé Monsieur, je crains qu’il y ait un malentendu. Peut-être que ce travail ne me conviendrait

pas finalement. »Je me levai et sortis de la pièce sans me retourner.

Comment ose-t-il prétendre que je suis une menteuse, tout ce qui l’intéressait était de faire l’analyse

de mon confort de vie. J’étais énervée, et je marchais la tête vers le sol, les poings fermés, vers la

sortie du hall d’entrée, quand je heurtai violemment quelqu’un.

- « Hooo, je suis désolée ! ! ! Est-ce que je vous ai fait ma…

- C’est une habitude chez toi de me rentrer dedans on dirait...

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- Yu…Yukinu-senpai ! ! »

Il était étendu par terre, la main se frottant le menton

- « T’as la tête dure Mitsu-chan

- « Haaa, ma journée n’était pas assez mauvaise comme ça »…souffla-t-elle à bout d’énergie. Enfin, ça

fait quand même deux fois que je lui rentre dedans… Je pourrais au moins m’excuser, pensa-t-elle. «

Désolé Yukinu, est ce que ça va ? »

- hum… Je te pardonne si tu m’offres un thé bien chaud.

- Tu loupes vraiment pas le coche toi ! Je devrais te laisser ici et… Je n’eus pas le temps de finir de lui

crier dessus que le petit homme qui me faisais passer l’entretien arriva sur nous en courant

- Monsieur Yukinu ! Est-ce qu’elle vous a importuné, je l’ai vu ! Elle vous a violemment poussé ! Je la

mets de ce pas à la porte !

- Comment oses-tu lui parler ainsi ? ! Se mit à hurler Yukinu, qui se releva d’un bond. »

Ses yeux étaient remplis de haine, j’en tremblais. Qu’est-ce qui lui arrivé, alors qu’il ne disait rien

quand je lui criais dessus. Encore une fois, tout ça me dépassait, ce n’était vraiment pas mon monde.

Pourquoi cet homme appelait Yukinu, « Monsieur »? ! Quoi qu’il en soit, il se faisait encore plus petit

qu’il ne l’était…pourquoi Yukinu-senpai avait une telle influence sur lui ?….

« Dégage de ma vue. » Lança sèchement Yukinu. Et l’homme s’était aussitôt exécuté, courbant le dos

à chacun de ses pas. Il me terrifiait, comment pouvait-il contrôler à ce point-là une personne de cette

envergure, qui était de toute évidence un haut responsable de cet hôtel.

- « Désolé Mitsuki, et si on allait boire ce thé, reprit-il avec le sourire. Il y a un café juste là, au bout du

hall.

- Co…comment peux-tu être si calme à nouveau…murmurais-je…

- Allez viens, c’est moi qui te l’offre pour m’excuser ! »

Il avançait sa main vers moi, je ne sais pas pourquoi j’ai eu ce reflexe, il était évident qu’il ne me

voulait pas de mal, mais j’ai reculé. L’air si doux qu’il avait soudainement m’avait tellement surprise

que mon corps avait bougé tout seul quand il s’est avancé vers moi.

« Je te fais peur…dé…désolé… » il se tourna, la tête baissée, et commençait à partir. Mon bras avait

encore agit tout seul, fonctionnant à mes seules émotions, je l’ai retenu.

- « Allons boire ce thé. Désolé…je dois te paraître bien compliquée. »

- N… Non… Je… Ta main… »

Il tourna la tête, il rougissait au seul fait que je le touche. Sous son air hautain, je découvrais une

personne sensible et mignonne.

- « Un thé au miel pour moi ! avais-je commandé à la serveuse. Le miel fait du bien à la gorge.

- Alors je vais prendre le même. Répondit Yukinu. »

Il y eut un long silence en attendant notre thé, je ne savais pas quoi dire, et apparemment lui non

plus, n’osant même pas me regarder en face. Ses cheveux noir ébène se reflétaient sur ma cuillère

argentée, il avait un air de Tatsuka, avec sa mèche tombant légèrement sur les yeux. Je me décidai à

entamer la discussion.

- « Je ne te savais pas aussi timide…

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- Je ne suis pas timide ! rétorqua-t-il aussitôt. C’est juste… Que je t’ai effrayée tout à l’heure, et je ne

veux pas que tu ais cette image de moi.

- Pourquoi ce que je pense de toi te préoccuperais… Tout le monde est à ta botte, je l’ai bien

remarqué… Même mon professeur n’a pas osé te répondre…

- … C’est… Ennuyant

- Hum ? Ce que je dis t’ennuie ?

- Oui. Tu es une personne vraiment ennuyante, tellement, que ça en devient intéressant. »

Je savais qu’il était une personne hautaine, mais je ne m’imaginais pas boire un thé avec un pareil

monstre. Tout son air doux tout à l’heure, n’avait pas duré longtemps. Mais, c’était l’occasion

d’apprendre pourquoi il agissait aussi bizarrement avec moi, alors je me mis à respirer un bon coup,

et à sourire du mieux que je pouvais.

- « Votre thé, Monsieur, Mademoiselle.

- Merci ! répondis-je joyeusement, j’adoooore le thé au miel !… Qu’est-ce… Qu’est-ce qu’il y a ? La

serveuse s’était arrêtée dans son élan, et me regardait d’un air choqué.

- Haaa, non, non, excusez-moi ! Je ne voulais pas être impolie à vous regarder, veuillez m’excuser ! !

- Mais ce n’est rien, je croyais juste que j’avais dit quelque chose qu’il ne fallait pas.

- Non pas du tout, excusez-moi, si vous avez besoin d’autre chose, n’hésitez pas.

- Merci ! »

Pourquoi est-ce qu’elle rougit cette serveuse… Cet endroit est vraiment rempli de gens bizarres.

- « Les gens ne disent pas « merci » ici, ça n’existe pas. C’est la loi du plus gradé, et ce n’est qu’une

serveuse qui fait son travail, pourquoi devrait-on la remercier ? Révéla tout à coup Yukinu, et c’est

avec un très beau sourire que je n’avais encore jamais vu sur son visage, qu’il me dit « Tu vois… Tu es

intéressante… »

- Imbécile. Je suis juste polie.

- Haha ! Hahaha ! ! ! Tu es drôle Mitsuki ! ! ! »

Mon regard se posa sur lui, les yeux ronds et presque choqué, on aurait cru voir Tatsuka en train de

dire exactement la même phrase quand je dis quelque chose de totalement banal.

- « Pourquoi tu me parles Yukinu ?

- Je t’appelle Mitsuki, alors appelle-moi Cero. »

Hii… Mon visage devenait aussi rouge que ma tasse à thé.

- « Impossible que je t’appelle comme ça, Baaaka, d’ailleurs je ne t’ai jamais autorisé à m’appeler

Mitsuki !

- C’est pas comme si je te laissais le choix. »

Encore ! ! ! Ca le refait…on aurait encore dit Tatsuka en train de parler. Est-ce que ça viendrait de

leur éducation ? C’était vraiment troublant cette ressemblance. C’était un peu comme… Le ying et le

yang.

- « Tu ne crois pas qu’il serait temps de me dire qui tu es vraiment ?….Yukinu-senpai?

- Tu penses que ça va être aussi facile… Et si… Tatsuka apprenait que l’on est ensemble dans cet

hôtel… tu crois qu’il en penserait quoi ?

- Que je bois un thé en compagnie d’un crétin, et que ce thé au miel et la seule chose qui me

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consolerait de ne pas avoir trouvé du travail ici.

- Belle répartie. Tu…tu cherchais du travail ? Ici ? Tu n’as plus ton travail à la fêt … ! ! ! Heuuu je veux

dire que tu n’avais pas un travail autre part avant ?

- Comment tu sais que je travaillais à la fête foraine, tu allais le dire, n’est-ce pas ?

- Non ! Je… Si… Je t’y ai vu, c’est tout. Ce n’était pas tout à fait la vérité, mais c’était la seule

explication que je pouvais lui donner.

- Les étudiants de Kaimon ne vont jamais dans cette partie-là de la fête foraine, et toi… Tu y es allé…

Comme Tatsuka… Murmura-t-elle…

- Pardon, j’aurais dû… Non rien.

- Ce n’est pas bien, tu connais mon secret, alors… A ton tour de me révéler quelque chose. Qui était

cet homme sur qui tu as crié dans le hall ?

- …. C’est… C’est… Mes idées s’emmêlaient, il ne fallait pas que j’en dise trop ou elle aurait vite

compris qui j’étais réellement… Si elle l’apprenait… Je pourrais bien ne plus jamais la revoir… C’est

l’homme de main de mon père. C’était bien la vérité après tout…

- Et que fait ton père ? »

Il ne fallait pas qu’elle sache. Je me rendais compte que plus je me rapprochais d’elle, et plus je

risquais de la perdre brutalement. Il fallait que je coupe court à tout ça, je m’étais déjà bien trop

rapproché, tout ce que je voulais c’est qu’elle soit heureuse. Et maintenant, elle l’est. Finalement, lui

faire croire que je voulais sortir avec elle a peut être réellement déclenché quelque chose chez elle,

qui lui a fait prendre conscience de son amour pour Tatsuka. J’espère seulement, qu’il ne la rendra

pas malheureuse… J’y veillerais… De mon mieux… Après tout… J’ai quand même réussi à l’amener

jusqu’à kaimon… Avec une école de cette réputation, c’est certain… Elle va réussir sa vie, comme elle

le mérite. Alors… Maintenant que je suis sûr de pouvoir l’aider… Je n’ai plus qu’à me retirer de sa vie,

aussi brutalement que j’y suis entré….

« Il est l’heure de se quitter Mitsu-chan, j’ai été ravi de te connaître… Tu es réellement… Ennuyante,

je me demande ce que j’attendais de toi. Sayonara »

Qu’est-ce qui lui prenait tout à coup… Songeait Mitsuki. Il était calme et souriait, et c’est redevenu

un mufle en quelques secondes. Il se leva, et passa a côté de moi, sans même me regarder.

« YUKINUUUUU !…. y a vraiment quelque chose qui tourne pas rond chez toi ! ! ! » Je voulais

simplement comprendre, arrêter de me questionner… Debout, il me tournait le dos.

- « Pourquoi… Tu joues avec moi… Demandais-je…

- Mais… Parce que c’est ma nature, c’était amusant. » … Sois heureuse… Mitsu chan… Adieu.

Il partit, il ne s’était même pas retourné pour me dire ça. Pourquoi j’avais la sensation de le perdre

alors que je ne le connais même pas… «haaaa ! et pourquoi je me prends la tête pour lui hein ! ! C’est

qu’un mufle ! ! ! Je rentre ! ».

Alors que j’étais en train de sortir de cet hôtel, une limousine noire se gara juste devant moi. Je

n’avais pas encore croisé une voiture de cette taille avant aujourd’hui. La porte s’ouvrit, et sortit un

homme vraiment grand et imposant, les cheveux noirs et longs, j’aurais dit la trentaine. Il était près

de l’entrée lorsque nous nous sommes croisés, il était vraiment bel homme, très classe. Il sentait

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vraiment très bon, il me regarda, totalement indifférent.

« haaaa, la classe bourgeoise regorge vraiment de belles créatures » me mis-je à penser. « Bon allez…

J’ai rendez-vous avec Tatsuka à seize heures, je dois me dépêcher, je ne pensais pas perdre autant de

temps avec ce crétin de Yukinu.

Pendant ce temps-là, à l’hôtel :

- « Monsieur Kerman, Monsieur Yukinu Cero vous attend dans votre bureau. Disait poliment la

secrétaire de l’hôtel.

- Bien, je ne prendrais aucun autre rendez-vous tant qu’il sera là.

- Oui, Monsieur. Il referma la porte derrière lui…

- Tu es en avance Cero. Pourquoi je l’ai croisée à l’entrée de l’hôtel ? Je croyais t’avoir dit de rester

loin d’elle.

- Ce n’était qu’un hasard, elle avait un entretien d’embauche… Toya.

- Je t’ai déjà dit de m’appeler « père ».

- Arrête de raconter des conneries, t’es pas mon père.

- Dans ce cas je devrais peut être revoir ce que ta vie deviendrais si je ne t’entretenais pas… Et aussi

la sienne.

- Je suis un trop gros potentiel pour tes affaires alors ne me menace pas. De quoi tu voulais me

parler…

- De l’affaire Escarde ! Tu vas avoir rendez-vous avec sa fille demain soir. Tu la joues romantique et tu

lui offres tout ce qu’elle demande. C’est un très gros contrat, alors …

- C’est bon, je sais. Ne me convoque plus pour ce genre de chose, un coup de téléphone suffit. » Un

rendez-vous hein… Ils ne seront jamais comme celui que j’ai eu avec Mitsuki… C’était tellement

agréable d’être près d’elle… Allez… C’est terminé de toute façon, j’ai ma vie de vaurien… Après tout…

Ce n’est que ce que je mérite.

Je retrouvais Tatsuka dans un petit café qu’il m’avait noté sur un plan, il était déjà là, assis près de la

fenêtre.

- « Ohayooo Tatsu kun ! criais-je après l’avoir joyeusement embrassé.

- Bonjour mon petit lapin, tu m’as manqué. Je t’ai vue arriver, j’ai commandé ton thé préféré !

- Du thé au miel ? C’est que je viens d’en…haaa ! ! Merciii c’est gentil ! Un peu plus et j’allais vraiment

faire la gaffe… Je n’avais pas envie de lui mentir… Il ne s’était rien passé de spécial… C’est juste… Qu’il

ne l’appréciait guère alors je ne voulais pas gâcher notre après-midi.

- Comment s’est passé ton entretien ?

- Haa… Laisse tomber… Je suis partie alors que l’entretien commençait tout juste. Mes compétences

ne l’intéressaient absolument pas.

- Dommage, ça aurait été une bonne place. Tu as fait quoi alors en attendant ?

- Je … Rien de spécial ! Et voilà je lui ai menti… C’était la première fois que je n’étais pas honnête

avec lui, ça me faisait mal au cœur. »

Nous parlâmes une bonne partie de l’après-midi. Nous nous sommes promenés dans le parc, la neige

sur le rebord de l’étang était vraiment magnifique. C’était vraiment un rendez-vous simple comme je

les aime, sans extravagance. Sa main était chaude et agréable à tenir.

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- « Il fait froid, on devrais aller se mettre au chaud. Disait Tatsuka en me regardant avec ses beaux

yeux amendes.

- Allons chez moi, si tu veux. Ton vieux coussin t’attend ! »

C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés dans mon petit salon, comme au bon vieux temps.

« Haa, mon pouf ! ! » s’écriait Tatsuka,

Alors qu’on buvait un bon chocolat chaud, il se mit à me parler d’un ton vraiment sérieux.

- « Mitsuki… Je voulais te parler de quelque chose… Mais surtout tu ne dois pas te sentir obligée de

m’écouter, alors tu peux m’arrêter quand tu veux ! … C’est juste, que je cogite ça et…

- dis-moi, Tatsu kun…

- Tu as parlé de tes cicatrices à mon père… Ce soir-là, j’ai appris beaucoup de chose de toi dont tu ne

veux jamais parler. J’ai appris que tu l’aimais beaucoup… Qu’il te manquait, tu as dit… Que j’étais ta

nouvelle famille… Que tu voulais m’offrir ce genre de souvenir, et … C’est la première fois que tu as

dit que tu m’aimais… Je dois t’avouer que depuis ce moment-là, je ne vois que toi dans mon avenir.

J’ai envie…que tu me racontes ton enfance, ta vie, je voudrais connaître tes parents comme s’ils

étaient encore là… Et je voudrais savoir… Ce qui s’est passé après l’accident… Je veux tout savoir de

toi.

- … Ça fait beaucoup à raconter… Et… Toi aussi tu ne parles jamais de ta famille alors…

- Parce que je ne considère plus mon père comme tel… Il n’était pas comme ça avant tu sais. Il était

gentil, compréhensif, et extrêmement juste avec les gens. Il me manque, aujourd’hui, il me parle

comme à un de ses subordonnés, auquel il donne des ordres, sans jamais y mettre de sentiments…

Mais… Depuis ce que tu lui as dit ce que tu avais sur le cœur, je l’ai un peu retrouvé, sa partie

clémente. Mais… Je doute que ça perdure, et je ne sais ce qu’il me prépare pour son retour…

- Il changera peut être un jour… Mon père disait souvent « C’est avec l’expérience que l’on apprend,

c’est avec le cœur que l’on pardonne, c’est avec l’amour qu’on change. » Parfois ses dictons me

tapaient sur les nerfs ! Il n’était pas parfait, mais il a fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Je crois

que ça résume bien ma vie… Tu voulais savoir… Pour l’accident de voiture… Je levais les yeux en l’air,

m’étalant sur le canapé… Le conducteur était un jeune homme de vingt-deux ans, il est lui aussi

décédé dans l’accident. Il s’appelait Tohru Kerman. C’est ce qu’on dit les policiers après l’enquête…

Mais, il était accompagné, j’en suis certaine. Personne n’a voulu me croire, mais je suis certaine

d’avoir vu un autre homme dans le camion ce soir-là. Ils ont dit que c’était dû au choc, mais… Je

n’arrive pas à m’en persuader. Dans tous les cas, ça ne change rien à ce qui s’est passé.

- Tu crois… Que cette personne aurait pu sauver tes parents s’il avait apporté les premiers soins ?

- Non… Les médecins ont dit que même si ils étaient arrivés avant, il n’avait aucune chance de s’en

sortir. Enfin… Je n’ai pas vraiment envie de ressasser tout ça… Une larme coulait sur ma joue…

- Désolé Mitsu-kun, s’excusait Tatsuka, lui passant la main sur la joue, pour effacer ses larmes. »

Il était tard quand je regagnai mon manoir, Mitsuki n’était pas très en forme aujourd’hui… Pas

seulement après notre discussion, elle était distraite et pensive. Peut-être s’inquiète-t-elle de ne pas

avoir trouvé de travail… Peut-être que je pourrais essayer de lui trouver quelque chose demain.

Après tout, mon père dirige une des plus grosses sociétés mondiale d’import-export informatique…

Alors que je réfléchissais à un moyen d’aider Mitsuki, je croisais un homme dans l’ombre. J’étais

encore dans la vallée, il n’y avait jamais personne, ce chemin mène seulement chez Mitsuki, c’est une

impasse.

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« Je peux vous aider ? Vous êtes perdu ? » Demandais-je à cet homme

« Non. Mais vous venez de cette maison là-haut… Alors vous pourriez peut-être me renseigner… »

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Chapitre 7 : Le travail peut nuire à la santé d’autrui !

Samedi, dernier jour de cour de la semaine, et plus que 5 jours avant les vacances de Noël. Mitsuki

avait, un jour plus tôt, découvert un courrier dans sa boite aux lettres, c’était l’hôtel Ashfort, qui lui

donnait une réponse favorable au poste de réceptionniste. Surprise par cette nouvelle, Mitsuki

voulait se rendre à l’hôtel afin d’avoir une confirmation.

Le lendemain, samedi, quatorze heures, les cours étaient terminés. Mitsuki, qui n’avait pas avalé

grand-chose depuis plusieurs jours, conservant précieusement ses dernières conserves, se rendit

donc à l’hôtel.

- « Bonjour, je souhaiterais voir un responsable s’il vous plaît. Pria Mitsuki à l’accueil.

- C’est pour quoi ?

- J’aurai voulu avoir une confirmation de mon offre d’emploi, comme réceptionniste.

- Veuillez vous installer sur un fauteuil, je vais voir s’il est disponible. »

Alors que je m’installai confortablement sur cet immense fauteuil, je vis défiler de nombreux

hommes, tous en costard cravate. « Qui aurait cru que c’était un hôtel, on se croirait dans une

banque, ou dans une immense société d’affaire » me mis-je à penser. Quand mes yeux se fixèrent sur

un homme en particulier, qui était bien plus distingué que tous les autres… « C’est l’homme à la

limousine ! » m’écriais-je. Il était vraiment beau sous ses airs stricts.

« Il… Il se dirige vers moi ! »

- « Mademoiselle Shuhei Mitsuki ?

- C’est… Je regardais plusieurs fois au-dessus de mes épaules… C’est à moi que vous parlez ? ! !

- Si je ne me trompe pas, c’est bien vous Mademoiselle Shuhei, vous venez pour le poste de

réceptionniste. Me disait-il d’un sourire agréable.

- Heuu O…Oui ! ! Pourquoi mes mots s’emmêlaient autant… Il dégage une telle pression… Comme si il

pouvait à tout moment décider de ce qu’allait devenir ma vie. La… Lettre m’a surprise, je voulais être

sure que ce n’était pas une erreur… Vous… Vous êtes… Le responsable ?

- HAHAHA… Le responsable… Veuillez m’excuser, je ne me suis même pas présenté, Kerman Toya, je

suis le patron des hôtels Ashfort.

- Le… Patron… Hééééé ! ! ! s’écria-t-elle. Dé… Désolée ! ! Je ne savais pas à qui je m’adressais, j’ai été

maladroite, je m’excuse !

- Mais il n’y a pas de mal, je ne m’étais pas présenté.

- Alors… Vous voulez dire que… Tous les hôtels de la multinationale Ashfort sont à vous ?

- Oui, et dès la semaine prochaine, vous serez officiellement mon assistante personnelle à mi-temps.

Vous êtes débutante, mais vous allez vite apprendre le métier. Je ne vous ferais pas de cadeaux.

Après tout, vous êtes de Kaimon… Alors ça ne devrait pas être trop dur pour vous.

- O… Oui Monsieur !

- Ha ! Je tiens à vous présenter mon fils. Mais… Je crois que vous le connaissez déjà… Je l’ai

convoqué… Ha… Le voilà qui arrive justement. »

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Alors que j’étais déjà très gêné de parler avec Monsieur Kerman en personne, mes yeux

s’écarquillaient plus encore, je ne voulais pas le croire, je regardais à droite à gauche, mais c’est bien

lui qu’il me montrait…

- « Mi…Mitsuki ! ! Qu’est-ce que… Qu’est-ce que ça signifie ! ! Pourquoi tu es revenue ici ?» Cria-t-il

tout à coup

- Yu… Yukinu… Senpai ?…. Peinais-je à dire son nom.

- Je vois que vous vous êtes déjà rencontrés alors, clama Monsieur Kerman tout haut. Bien, j’ai des

affaires à régler, alors je vous laisse discuter. Cero, tu viendras me voir dans mon bureau quand j’en

aurais terminé avec les entrepreneurs. »

Il nous laissa à l’entrée de l’immeuble tous les deux, se regardant dans les pupilles, ne comprenant ni

l’un, ni l’autre, ce qui se passait.

- « Alors… Tu es son fils… Murmurais-je timidement.

- Pfeuuu… Seulement par papier… C’est mon tuteur. Qu’est-ce qu’il te voulait… ?

- C’est vrai… Que vous n’avez pas le même nom. Hé bien, j’ai été embauché pour être son assistante

à mi-temps… Alors… HA ! Il m’a donné ce dossier à lire tout à l’heure ! hum… Voilà…. Je commence à

travailler mercredi. Comment connait-il mes disponibilités ?….marmonnais-je à nouveau.

- Tss… J’ai les emplois du temps de tous les élèves, il a dû fouiller dans mes affaires. Mitsuki…

DEMISSIONE ! Je te trouverais un autre travail, je te le promets ! Cria-t-il tout à coup, me tenant les

bras en les serrant brutalement.

- Tu… Tu me fais mal… !

- Tu ne le connais pas, il est démoniaque ! ! Je ne sais pas ce qu’il prépare mais je t’en prie, ne

travaille pas ici ! Éloigne-toi de lui ! Éloigne-toi de moi ! ! criait-il en me secouant.

- Tu me… Fais maaal ! Et puis, je n’ai pas le choix, il ne me reste presque plus d’économie. Désolé,

mais je vais devoir travailler pour ton père, que tu le veuilles ou non.

- Ce n’est pas MON PERE ! Ce… Monstre… Ne peut pas être mon père… Je t’en prie, va-t’en… Loin de

moi… Souffla-t-il dans un murmure… Je ne tiens plus…»

Ses larmes commençaient à couler… Je ne savais pas ce qui se passait, mais je l’avais blessé. Je

n’avais jamais vu Yukinu aussi fragile, aussi vulnérable, aussi ouvert… Qu’à ce moment-là. Le temps

paraissait d’un coup très lent, comme si cette tristesse sur son visage voulait rester gravée à jamais

dans ma mémoire. Il s’inquiétait pour moi… Alors qu’il me traitait toujours mal. Il avait raison, je ne

connaissais pas son père, et cette embauche était plus qu’étrange. J’en avais même oublié que nous

nous trouvions à l’entrée de l’hôtel, où le passage était nombreux.

La tête baissée, ses cheveux noirs recouvraient ses yeux brillants emplis de larmes. Il ne disait rien,

penché au-dessus de moi, ses mains encore sur mes bras, je n’avais qu’une envie à ce moment-là…

Le serrer contre moi. Ses réactions étaient tellement inattendues, que je ne savais pas si j’allais être

enlacée ou repoussée. Alors que je restais immobile à me poser mille questions, ses mains se

glissèrent dans mon dos, me tirant vers lui. Je pouvais sentir son cœur battre à une vitesse folle, mon

visage se mit étonnamment à rougir, ne savant plus comment réagir. Il sentait tellement bon, c’était

exaltant. Je découvrais une part de lui qui m’était jusque-là inconnue, et qui était bouleversante.

J’espérai pouvoir le consoler ainsi, mais ma nuque devenait humide, recouverte de ses larmes, qui ne

s’arrêtaient plus de couler. Je l’avais donc autant blessé ? J’avais enfin compris qui il était vraiment,

sous ses airs menaçants et manipulateurs, il était aussi sensible, et protecteur.

- « Yu… Yukinu… Je ne travaillerais pas ici si ça te blesse autant… Je suis désolée…

- Merci… Mitsu-kun… Me répondit-il en larmoyant… Restons comme ça… Juste quelques secondes…

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Et disparaît… Je t’en prie…

- Pourquoi tu fais ça… Odieux… Et si attendrissant…

- Adieux. »

Il me lâcha et partit en courant vers les escaliers, je pouvais encore voir ses larmes voler en éclat à

travers la pièce… C’était incompréhensible.

« Tu t’amuses bien ? »

Une voix coléreuse s’était glissée derrière mon oreille, qui était loin de m’être inconnue.

« …Tatsuka ! ! ! ! Hurlais-je, surprise de le voir ici. Il me regardait, les sourcils froncés, le regard

vraiment très dur, c’était bien la première fois qu’il me faisait tant trembler. Haaa ! Tu… Tu as vu…

C’est pas ce que tu crois ! ! ! Tatsuka ! Je l’ai juste blessé et il pleurait alors…

- Et tu t’es laissé câliner aussi facilement… »

Je pouvais voir la déception sur son visage plus que de la colère. Je n’avais pas pris conscience que

j’aurais pu le faire souffrir… A vrai dire… Je n’avais pas du tout pensé à lui…

- « Je suis égoïste… Pardonne-moi… Tatsuka.

- Je … ! Je soupirais en détournant le regard… Je ne m’étais encore jamais embrouillé avec Mitsuki,

même quand on était encore ami. Mon cœur me serrait de plus en plus, prêt à étouffer. Allons-y, il y a

une personne qui voudrait te parler. » Me répondit-t-il sèchement.

Je le suivis, il marchait devant moi, je ne voyais plus que son dos, j’avais tellement peur de revoir son

visage, que je me mis à baisser la tête, ne regardant plus que ses pieds devant les miens. « une

personne qui voudrait me parler ? » Ma vie n’avait jamais étais aussi tourmentée que depuis cette

dernière année. Les événements s’enchaînaient les uns après les autres, ne laissant plus mon esprit

au repos.

C’est après une centaine de mètre qu’il m’emmena dans un café. Je ne me posais même plus de

question, blasée de tout ce qui m’arrivait, je me décidais à suivre seulement le mouvement, fatiguée,

quand Tatsuka se tourna enfin vers moi :

« Voilà, assis-toi là. »

Il se tenait un homme à cette table, couvert d’une parka verte, une quarantaine d’année, le visage

peu soigné, ou l’on pouvait apercevoir sa barbe de plusieurs jours. Je ne le connaissais pas, mais je

m’assis, sans prononcer un mot.

- « Bonjour, Mademoiselle Shuhei Mitsuki ? Je suis désolé de vous faire venir ainsi. Je me présente,

Liman Sayko, inspecteur des fraudes.

- Inspecteur des fraudes ? ! Mon visage était d’un coup revenu à la réalité, relevant la tête, inquiète

de ce que j’avais bien pu faire.

- Ne vous inquiétez pas, vous n’avez rien fait d’illégal, Mademoiselle. En fait, je travaille actuellement

sur une affaire, et malheureusement, vous venez d’y être invitée… »

Alors que j’écoutais les explications de l’inspecteur Liman, je découvrais ce que voulait véritablement

me faire comprendre Yukinu.

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- « Cela fait trois mois que l’on enquête sur Kerman, il fait signer des contrats contre la volonté

d’honnête gens, du moins pas directement. Il s’arrange pour envoyer leur fille dans les bras d’un

homme, pour l’instant inconnu, et Kerman en profite pour leur faire du chantage. Notre objectif est

de le prendre en flagrant délit.

- Je… Je ne comprends pas… Quel contrat fait-il signer ? Demandais-je

- Des titres de propriétés, afin d’y construire ses hôtels de luxe. Ce sont des petits propriétaires, qui

sont effrayés. Ce qui nous intéresse, c’est le nom de l’homme qu’il envoie pour traiter avec leur fille,

c’est un complice, mais surtout un futur témoin. Et… Il se trouve que vous venez de décrocher le

poste d’assistante personnelle…

- Mais il en a une autre d’assistante ! Moi je ne suis qu’à mi-temps !

- Sauf qu’on ne tire rien d’elle, il se méfie trop. Alors que vous… Vous êtes jeune et naïve, c’est

sûrement pour ça qu’il vous a embauché.

- UNE MINUTE ! cria tout à coup Tatsuka. Vous voulez dire que vous voulez que Mitsuki vous serve de

taupe ! C’est hors de question ! cria-t-il à nouveau, tapant du poing sur la table. Vous m’aviez dit que

vous vouliez seulement l’avertir du danger ! Pas qu’elle y participe ! !

- Je vais le faire. Coupais-je aussitôt. Yukinu vit un enfer près de lui… Alors… Si je peux l’aider…

- Yukinu… Qu’est-ce qu’il vient faire là-dedans ! cria encore Tatsuka, énervé.

- Je t’en prie… Tatsuka… Cesse de crier. Je comprends que tu n’ai pas aimé ce que tu as vu, mais je

suis épuisée. Tu n’étais pas là, tu ne l’as pas vu, c’est un garçon complètement brisé, il cache tout ça

au fond de lui, et je suis sure qu’il sait parfaitement qui est son tuteur, il a peur, il le manipule, et il

voulait seulement m’épargner de souffrir aussi. Ne rien faire, reviendrait à ignorer la souffrance

d’une personne… Mon père… N’a jamais su ignorer personne, quitte à délaisser parfois sa famille

pour le bien d’autrui. Qu’est-ce que je deviendrais, si j’allais à l’encontre de toutes mes convictions…

C’est tout ce qui me reste de leur éducation, alors… Soutiens-moi. »

Tatsuka me regardait, les yeux écarquillés, admiratif et surpris.

« Désolé, j’ai réagi comme un idiot tout à l’heure… Si c’est que tu souhaites, je te soutiendrais. »

Pendant ce temps à l’hôtel :

Claquant la porte, Yukinu rentra violemment dans le bureau.

- « Toya…. Pourquoi tu as fait ça… Pourquoi tu l’as embauchée comme assistante ? ! cria-t-il les yeux

encore rouge. Elle ne travaillera pas pour toi !

- Serais-tu en train de te rebeller Cero… En l’ayant près de moi, tu ne seras plus qu’un petit chien

obéissant. A moins que tu ne veuilles que je lui dise… Que tu as tué ses parents… Et comment après

ça… Tu t’es arrangé pour lui payer une soi-disant bourse d’étude pour l’aider à s’en sortir, c’est si

touchant... Tu penses qu’elle retiendra quoi des deux révélations ?

- Enfoiré… Tu sais que je n’ai jamais tué ses parents…

- Alors on va dire : participé. Après tout, tu as assez de culpabilité pour lui avoir payé ses études…

mon petit Cero… Tu vas faire tout ce que je dis sans jamais plus faire preuve d’hostilité. Ou je vais

faire de sa vie… Un enfer.»

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Chapitre 8 : L’enquête avance

Les trois jours suivants, la vie au lycée semblait paisible à côté de ce qui l’attendait mercredi. Mitsuki

n’avait pas croisé Yukinu une seule fois, il se faisait le plus discret possible. Tatsuka, inquiet, avait

passé ses journées collé à Mitsuki, comme si quelqu’un allait la kidnapper. Quand enfin le jour tant

redouté arriva enfin, le premier jour de travail de Mitsuki. Elle n’avait pas eu l’occasion de prévenir

Yukinu, et avait peur du choc que cela aurait pu lui faire de la savoir près de son tuteur diabolique.

Elle ne cessait de penser à lui, déboussolée.

- « Tatsuka, je sais que tu n’apprécies pas ma décision… Je m’excuse de t’imposer ça. Lui dis-je en lui

tenant la main.

- Tu te trompes, j’admire ce que tu fais, tu as du courage et… Moi je n’ai étais qu’un égoïste jaloux…

C’est à moi de m’excuser de ne pas avoir cru en toi… Souviens-toi… Que je t’aime… »

Debout devant le camion de l’inspecteur, Tatsuka me serra contre lui comme s’il s’attendait à me

perdre. J’avais une drôle d’impression, que je ne pouvais décrire avec des mots. Une sensation qui

n’était pas la même qu’avant, comme si c’était un adieu, exactement ce que j’ai ressenti avec Yukinu.

Il fallait que je m’en assure…

- « Quelque chose ne va pas ? Je vais juste porter un micro et une mini caméra… Ce n’est pas si

dangereux…

- Ce n’est pas… Tu es assez inquiète comme ça… Tout se passera bien. »

Il ne voulait pas me le dire, mais je le sentais, au plus profond de moi. Cette journée n’allait pas être

une vie banale d’étudiante. Il m’embrassa tendrement, ses lèvres étaient vraiment douces et

chaudes.

« A ce soir, Tatsuka. » lui dis-je en traversant la rue.

- « Inspecteur Liman…pourriez-vous donnez cette lettre à Mitsuki ce soir ? C’est très important.

- Bien entendu. Ne vous inquiétez pas, nous la surveillons de près, rien ne lui arrivera. »

Je m’avançais dans le hall de l’hôtel et montai pour la première fois directement vers les bureaux.

- « Mademoiselle Shuhei, entendis-je dans mon dos. Je me retournais, face à face avec Monsieur

Kerman, mon cœur battait à vive allure. Bon ….BONJOUR MONSIEUR!

- Allons allons, ne stressez pas, vous êtes en avance pour votre premier jour, j’apprécie votre

motivation ! Je vous en prie avancer.

- Oui… »

Il m’emmena dans son bureau, rassuré de ne pas y trouver Yukinu. Il me débrifa sur mon travail. Il

était évident que je ne trouverais rien de suspect le premier jour. Je me mis donc au travail, je

prenais les appels, écrivais des rapports de réunion. Tout l’après-midi se passa sans accro, j’étais

même fière d’arriver à bien gérer le travail qui m’était confié. Il était déjà 18h, le soleil commençait

lentement à se coucher. On m’avait attribué un petit bureau à côté du sien, la fenêtre donnait sur la

grande rue commerçante enneigée. Alors que j’étirais enfin mes bras engourdis, après de longues

heures de travail, quelqu’un poussa la porte. Je me remis très rapidement le dos droit afin d’être

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présentable, quand mes yeux restèrent rivés dans les siens.

- « Yu… Yukinu ! ! ! ! M’écriais-je. Je ne l’avais pas revu depuis ce jour-là… Il restait là, immobile,

stupéfait… Kerman ne lui avait donc pas dit que j’étais là… C’était vraiment le diable en personne. Je

me levais d’un bond, voulant tout lui expliquer, quand ma bouche resta ouverte, sans voix. Je n’avais

pas le droit de lui dire pourquoi j’étais là… Je ne pouvais… Que m’excuser. Yu… kinu… Murmurais-je

encore…

- Pourquoi tu es venue… Me dit-il avec déception. Détournant ses yeux des miens.

- J’ai essayé de te prévenir… Mais je ne t’ai pas trouvé au lycée… Ma tête baissée, j’avais honte de

savoir qu’il souffrait de cette situation. Il s’avança vers moi, et m’écrivit quelque chose sur un papier,

me faisant signe de me taire, son doigt devant sa bouche. Travaille bien. Me lança-t-il en quittant la

pièce. »

Je regardais le papier, « Rendez-vous à 20h, 21 boulevard Okitz, code de la porte 2359, monte

directement, porte numéro 145. » C’est tout ce qu’il m’avait laissé. Je le mis discrètement dans ma

poche, quand le téléphone sonna, c’était le bureau de Kerman. « Vous pouvez y aller Mademoiselle

Shuhei, bon travail, à demain, de 17h à 19h. »

Mes horaires était assez particuliers, je pouvais travailler une heure le matin, et revenir une heure le

soir, c’était variable, en fonction de mon emploi du temps.

Je sortis enfin de cet hôtel, me rendant au café du coin afin de remettre le matériel à l’inspecteur.

- « Je me doutais que le premier jour se passerait normalement, mais ça vous a entraîné à porter ce

matériel, parfois les gens se trahissent au seul fait de savoir qu’ils ont ça sur eux. Et vous avez été

parfaitement naturelle, c’est parfait. Nous avons regardé la mini caméra, Yukinu Cero vous a écrit un

mot sur un papier, nous aimerions savoir ce que c’est.

- Hoo..HO ! Ce n’est rien ! Il veut simplement me mettre en garde… Je dois le voir ce soir.

- Dans ce cas vous allez porter le matériel. Il pourrait divulguer des informations loin des bureaux.

- … Bien… » La tête baissé, j’avais l’impression de trahir Yukinu.

- Ha oui, j’y pense, Hikomura m’a donné cette lettre pour vous.

- Tatsuka ? Pourquoi m’a-t-il écrit une lettre… Est-ce que je peux être seule… C’est déjà bientôt vingt

heure, alors… Je n’ai pas le temps de rentrer chez moi…

- Bien entendu. On se verra demain pour le débriefing. »

Autour de ma tasse de thé au miel, j’ouvris la lettre.

« Ma tendre Mitsuki,

Je ne voulais pas t’inquiéter ces derniers jours, avec ce que tu vis en ce moment, il m’était impossible

de réussir à te le dire en face… Excuse-moi.

Je dois m’absenter une semaine. Mon père a des projets me concernant, mais ne t’inquiète pas, j’y

vais seulement pour savoir de quoi il s’agit. Je reviendrais peut-être plus tôt.

Mitsuki… Je ne te l’ai jamais clairement dit… Mais tu es plus que ma petite amie, tu es mon âme

sœur, la première fois que je t’ai vue, tu étais dans la cour du lycée, tu portais ton bonnet rose à

pompon. Quand tu t’es présentée en classe, j’étais déjà tombé fou amoureux de toi. Cette année a

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été longue, je t’ai tant attendu, et j’ai tellement peur de te perdre… Je t’en prie, attends-moi, ma

Mitsu-kun…

Je t’aime. Tatsuka. »

« baka… » Mes yeux s’emplissaient de larmes… Je l’ai tellement inquiété qu’il n’a même pas osé se

confier à moi… C’est moi l’égoïste… Je tiens à ne pas ignorer la souffrance de Yukinu… Mais j’ai ignoré

la sienne. J’avais bien vu qu’il était tracassé… Je l’ai encore plus remarqué… Ce matin… Ce n’était pas

un au revoir comme les autres… J’aurais dû insister.

« HAAAAAAAaaaaaaaaa » soupirais-je en m’affalant encore plus dans la banquette. « Mais qu’est-ce

que je fais… » Evidemment que je l’aime… Je repensais à ce soir-là, en lapin devant sa maison… Me

réveillant près de lui… Il est si protecteur, il doit enrager de ne pas pouvoir être là cette semaine, ça

tombe vraiment mal. Des milliers d’image revenaient dans ma tête, le jour du festival culturel, on

s’était déguisés en fantôme, et on se faisait plus peur mutuellement qu’aux élèves qui passaient. Le

jour où il m’avait fait la cuisine pour la première fois, c’était un vrai délice, il avait vraiment un don

pour la cuisine. Je repensais… Au jour où il m’a dit qu’il m’aimait pour la première fois, devant la

vallée enneigée… Et à nos fous rires devant les fauves femelles… Il trouvait toujours des expressions

qui me donnaient le sourire. Je me rendais compte, que cette semaine allait être longue sans lui. Je

commençais à m’habituer à sa présence, et il n’allait plus être là, au croisement le matin quand je

vais partir au lycée, au repas à midi, avec Kini et les trois idiots… Je regardais l’heure, vingt heure.

« VINGT HEURE ! ! ! » M’écriais-je, je me levais d’un bon, sortis du café en courant, et me dépêchai

de me rendre au rendez-vous.

Il faisait nuit noire, seul les lampadaires éclairaient partiellement la rue. Alors que j’étais bientôt

arrivée au numéro 21, le souffle coupé à cause du froid, mon corps perdit tout contrôle… Une plaque

de verglas sous mes pieds, je me mis à glisser sur plusieurs mètre, tapant mon genou dans le mur de

l’immeuble. A première vue, ce n’était que quelques égratignures. Je levai ma tête, et vit une

immense porte d’entrée, forgé d’un 21. Je ressortis mon papier de ma poche, tape le code d’entrée

après m’être difficilement relevée, et pris l’ascenseur. Il y avait un très long couloir, avec des portes

tous les mètres, identiques. Je frappai trois coups à la sienne, la porte s’ouvrit…

« Mitsuki… Tu es venue… » Murmurait Yukinu. Il faisait noir derrière lui, les lumières éteintes, il avait

de petits yeux. Entre. »

Les chaussures déposées dans son entrée, je cherchais l’interrupteur pour allumer.

« laisse éteint. » Me dit-il… Sa voix était frissonnante, comme s’il avait pleuré durant des heures.

La porte refermée, je ne voyais que des ombres de son appartement. Je l’entendais marcher devant

moi…quand une fine lumière orangée tamisa enfin la pièce.

- « désolé… Je n’aime pas les lumières fortes. Il parlait calmement… Je pouvais apercevoir ses

cheveux refléter la lumière, et ses yeux, miroitant. Assis-toi… Tu veux un thé ? Ça te réchauffera… Tu

as l’air gelée… Tu veux une couverture ?

- Une couver... Non ! ! Merci. C’est gentil. Mais je veux bien un thé… Demandais-je timidement. Il

avait l’air si serein… Est-ce… Parce qu’on était chez lui ?… Chez lui… J’étais chez Yukinu-senpai…Je

scrutais son appartement, il était simple, il n’y avait pas d’extravagance, en fait… Je me sentais…

Comme chez moi. Un fauteuil… Une table… Pas du superflu… C’était douillet. Je voyais son ombre

dans la cuisine… Et sentais la bonne odeur du thé à la rose. C’était très raffiné.

- Tiens, bois tant que c’est ch… Tu t’es blessée ? ! ! ! s’écria-t-il en posant le thé sur la table basse.

- Hein ? ble… Haaa, je saigne ! ! Dé… Désolée ! Je vais tâcher ton sol ! ! » Je pensais que ce n’était

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qu’une petite égratignure au genou ! J’ai glissé devant l’entrée sur du verglas… Et voilà mon pantalon

recouvert de sang.

- Idiote, je me fiche du sol… Ne bouge pas. »

Il revint avec une trousse à pharmacie… Il était si soigneux en me tapotant le genou de son coton… Il

nettoya ma plaie, sans dire un mot… Ce long silence était agréable, ses mains étaient douces… Voir

autant de gentillesse m’étonnait encore… Il était toujours si rustre au lycée… Et pourtant il faisait

craquer bien des filles avec son côté mystérieux.

- « voilà, j’ai fini… Désolé de t’avoir fait venir si tard… C’est vrai que la rue est mal éclairée… Attends

un peu… Il repartit quelques instants dans l’autre pièce… Et me tendit quelque chose. Mets ça

- Qu’est-ce que… Un jogging ? !

- Désolé, il te sera un peu grand, mais tu ne peux pas rester avec ton pantalon humide, si tu attrapes

froid, Tatsuka m’en voudra vraiment cette fois. Tu as la salle de bain juste là… J’y pense… Tu n’as pas

mangé je suppose… Après le travail.

- Heu… Non… Mais, j’ai pas très faim alors…

- Je vais te faire à manger.

- Heuu, ça ira c’est gentil mais tu n’as pas besoin de…

- Tais-toi un peu. »

« Brrr… Revoilà son côté rustre » Je me rendis dans la salle de bain, aussi minuscule que la mienne.

Un peigne et quelques produits bien rangés, c’était un jeune homme soigné. J’enfilais son jogging

bleu, qui m’était bien plus grand que je ne le pensais, traînant par terre, mes pieds à l’intérieur. Mon

micro, accroché à ma ceinture, ne tenait plus… Je l’avais sûrement cassé en tombant. Je le glissais

dans mon pantalon que je mis en boule, accompagné de la caméra. Je ne pouvais pas le trahir… Je ne

pouvais pas lui faire ça dans son dos, il souffrait déjà tant… Je sortis enfin, et le rejoignis dans la

cuisine.

- « désolé, je ne suis pas très bon cuisinier… Je n’ai qu’une soupe de pâte à te proposer…

- c’est très bien. » Lui répondis-je avec le sourire. Son visage, même dans l’ombre, rougissait.

C’était loin d’être la cuisine à Tatsuka, mais c’était très simple et agréable. Ca faisait du bien de

manger, après cette longue journée.

- « merci pour le repas… Tu ne m’as toujours pas expliqué… Pourquoi tu voulais que je vienne…

- Je t’avais promis de t’aider à trouver un autre travail… Alors… J’ai cherché, et je t’ai trouvé une

place dans un magasin de vêtements à mi-temps. Ce n’est pas des vêtements destinés à la haute

société… En fait… C’est tout à fait ton style… »

J’étais extrêmement touché de son attention, ce travail me faisait vraiment envie… Mais comment

refuser, sans le vexer… Je ne pouvais pas lui mentir…

« Yukinu… Merci, de ton attention… Mais avant d’aller plus loin dans ma réponse, je veux une

réponse honnête de ta part, et plus question de te dérober maintenant… Je veux savoir… Pourquoi tu

fais ça pour moi… »

Il tourna la tête au sol, un long silence suivit. Il s’assit près de moi, ne me regardant toujours pas. La

tête penchée au-dessus de ses jambes.

- « Yukinu… j’ai moi aussi quelque chose d’important à te dire… Mais je dois être sure que tu sois

vraiment honnête avec moi.

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- Désolé… Je peux pas… Tu vas devoir te contenter… D’avoir confiance en moi. » Son timbre de voix

était vraiment magnifique… Lui faire confiance, j’en avais tellement envie, alors je me lançais.

- Alors moi, je vais être honnête avec toi. Ton tuteur fait des contrats frauduleux, et j’aide la police à

trouver des preuves. J’ai un micro… Et une caméra… Il m’avait dit de le porter ce soir… Mais… J’ai pas

pu. Je n’ai pas pu te trahir… Je ne peux pas croire que tu sois impliqué la dedans. »

Ses yeux s’écarquillaient… Stupéfait. Sa tête relevée, il me regardait droit dans les yeux.

- « Tu… Tu n’étais pas au courant alors ? Lui demandais-je…

- Bien sûr que si… Ce qui me surprend, c’est que tu te sois laissé convaincre de faire une telle chose.

S’il apprend que tu cherches des preuves contre lui, tu ne sais pas de quoi il est capable, tu n’en as

vraiment… Aucune idée. Quand je te dis… Que c’est un monstre… Mais enfin pourquoi tu as fait ça ! !

- Pour toi… C’était sorti tout seul… Je me mordis la langue pour m’arrêter de parler.

- Pour… Moi… La seule chose que tu peux faire pour moi, c’est d’y renoncer. Si tu t’en vas de toi-

même, il ne pourra pas te retenir. Je n’ai pas besoin de ton aide… Non surtout pas… Si je n’avais pas

été là… Peut-être que ses parents… Peut-être… Qu’elle ne connaîtrait même pas cette vie.

- Ne t’inquiète pas, ils sont toujours prêts à me sortir de là ou cas où, et Tatsuka… Enfin… Tatsuka… Je

venais de repenser à sa lettre. Tout mon enjouement était partit en quelques secondes…

- … Qu’est-ce qu’il y a… Avec Tatsuka… me demanda-t-il timidement

- Rien, je devrais rentrer, il est tard. Désolé mais… Je n’abandonnerais pas. »

Il fit un léger sourire, comme si il s’attendait à ce que je dise ça.

- « Alors je vais t’aider. C’est moi qu’il utilise pour ses contrats. C’est moi qui flirte avec leurs filles.

Kerman leur fait croire que je vais abuser d’elles… Mais je ne fais que les sortir un peu le temps qu’il…

Négocie.

- QUOI ! !… C’est… C’est une blague… Tu ne peux pas… Etre complice de ça… Je ne peux pas… Je ne

peux pas te dénoncer ! ! Pourquoi tu lui obéis… Pourquoi tu ne t’enfuis pas ? ! !

- Ça… Je ne peux pas te le dire. Me déclara-t-il en soupirant. Inutile que tu me dénonces, j’irais seul le

faire, avant d’avoir réglé quelques petites choses… Avec mon patrimoine, je pourrais lui mettre sur

son compte tout ce dont elle aura besoin pour quelques années…

- Je ne te comprends vraiment pas ! Après tout ce qu’on vient de se raconter, va au moins jusqu’au

bout des choses ! Tu n’as pas besoin de te rendre, je ne dirais rien… Mais je t’en prie, enfuie-toi ! ! Je

m’énervais, me levant du fauteuil en fronçant les sourcils, j’étais hors de moi. Comment pouvait-il

continuer à me cacher ce qui se passait vraiment… Je faisais le tour de la pièce comme une pile

électrique… Quand je sentis ses bras sur moi, me plaquant contre le mur.

- Calme-toi… Mitsuki… Ses yeux étaient à nouveaux brillant, retenant ses larmes, il baissa sa tête sur

mon épaule. Tu ne comprends pas, si je m’enfuie… Il s’en prendra à toi… Parce que tu es… Ma seule

raison d’exister, tu es… La seule raison qui me fait tenir…

- Yu…

- Ne répond pas… Je t’en prie, ne dis rien… Ne me pose pas de questions. »

Elle a raison… Le seul moyen de vivre en paix… C’est de le faire condamner. C’est pourquoi… Je suis

obligé de me rendre… Et puis… J’ai déjà toutes les preuves qu’elle cherche… Je mettais ça de côté…

Au cas où… Bien entendu, je serais condamné aussi, et je ne pourrais plus prendre soin d’elle…

Mais… Elle a Tatsuka maintenant… Tout ce que je peux faire, c’est de finir de payer ses années

d’études avant qu’on ne ferme mes comptes.

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« Je vais te raccompagner chez toi, il est tard. »

Il retira ses bras des miens, et se dirigea lentement vers la porte. Je n’osais plus rien dire, je sentais

mes joues chaudes rougir, mal à l’aise, je ne regardais même plus son visage… Alors qu’on faisait la

route ensemble sous la neige, avec mon jogging trop grand qui traînait par terre et un manteau bien

plus épais que le mien qu’il m’avait expressément obligé à porter, un crissement de pneu me fit

sursauter, une voiture s’arrêta devant nous, deux hommes en sortirent, et en l’espace de quelques

secondes, je me retrouvais dans les vapes.

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Chapitre 9 : Kidnapping

Il faisait froid, ma vue était encore trouble à mon réveil. Je ne savais pas où j’étais, mais le sol était

dur et l’odeur me faisait penser à une vieille échoppe. Ma tête me faisait mal, j’essayais de me lever,

quand je remarquais que mes mains et mes pieds étaient fermement attachés.

Je me souvenais de la rue enneigée, accompagnée de Yukinu. J’avais encore ces mots qui se

répétaient dans ma tête, qui ne demandaient qu’à disparaître. « Yu… Yuuukinu… » Essayais-je

d’appeler de ma faible voix. Qu’est-ce qui c’était passé, où étais-je, pourquoi… Je n’avais aucune

réponse à mes questions. Etrangement, je n’avais pas peur… Je ne tremblais pas. J’en avais juste

assez. Je n’avais qu’une envie à ce moment-là, partir loin de toute cette vie. Je n’entendais rien

autour de moi. Est-ce que j’étais seule ? Je ne voyais rien dans cette épaisse noirceur. A quoi bon se

battre… Je n’avais plus d’enjouement, je ne cherchais plus à comprendre, j’étais lassée de cette vie,

lassée des secrets… J’étais tout simplement en train… D’abandonner.

Alors que je me laissais aller dans cette obscurité, je revoyais des images surprenantes auxquelles je

ne m’étais jamais rappelées.

- [ « Mitsuki tu es vilaine ! C’est pas comme ça qu’on joue au docteur ! » Me criait dessus Okaya, mon

camarade à la maternelle.

- Si ! C’est comme ça qui fait mon papa ! Lui avais-je répondu en hurlant.

- Bah, je joue plus avec toi ! baaaaaaaaka ! »

Je m’étais retrouvée toute seule dans la cour de récréation, je pleurais dans mon coin, quand un

autre garçon s’était assis à côté de moi « Ne pleure pas… C’est vrai que c’est pas comme ça qu’il faut

faire ? » M’avait-il demandé. Ce petit garçon avec les cheveux aussi noirs que les miens, assortis à ses

yeux.

- « Oui, mon papa il est docteur ! Et il m’a montré comment il faut faire.

- Moi je sais comment on fait pour faire arrêter quelqu’un de pleurer. Il faut mettre la main sur la

tête comme ça, et tapoter ».

Je m’étais arrêtée de pleurer, c’était incroyable, c’était très apaisant.

- Tu es intelligente Mitsuki, et très jolie, tes yeux sont tout bleus mais c’est plus joli quand tu pleures

pas!

- Mon papa dit qu’ils sont bleus violet. Et toi il fait quoi ton papa ?

- … Moi je n’ai pas de papa… Mais un jour je le serais, et je deviendrai comme le tiens !

- Si tu deviens comme mon papa… Je peux être la maman ? Parce que ma maman aussi elle est

intelligente, et ils rigolent souvent.

- Oui ! Promis !

- Tu t’appelles comment ?

- Yukinu Cero !

- Ce..ro ? C’est rigolo ^^ ! » Alors c’est promis, on sera papa et maman quand on sera grand ! ]

« Yukinu Cero ? ! » M’écriais-je. Alors… On se connaissait, à la maternelle… Pourtant… Il a deux ans

de plus que moi. Est-ce qu’il était en grande section ?…. Pourquoi ça ne me revient que maintenant…

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Je me demande… Ce qu’il a bien pu se passer dans sa vie, pour qu’il en arrive jusque-là… Est ce qu’il

se souvient de moi à cette époque ?… Non j’en doute… Mais… Il a dit que j’étais… Sa seule raison

d’exister… Comment peut-il dire une chose pareille… Pourquoi moi ? « Haaa, trop de questions »,

pourquoi est-ce que je ne me rappelle pas de lui après ce jour-là… Alors que j’étais dans mes songes,

une éclatante lumière m’aveugla.

« Mitsuki ! ! ! ! ! ! ! » Hurla Yukinu. Quand je l’aperçu enfin, il était lui aussi attaché, tenu par un

homme qui faisait deux fois sa taille.

« Mitsuki…qu’est-ce que vous lui avez fait… Enfoiréééééééé » hurlait-il en se débattant. Je le voyais

donner un grand coup de tête à cet homme très corpulent, lui cassant certainement le nez, mais ce

n’étais pas assez pour le mettre à terre. Il le jeta à côté de moi en rigolant, et détacha nos liens. Ca

faisait du bien, mes poignets étaient tout rouges. On pouvait apercevoir d’autres hommes dans

l’autre salle, tous bien baraqués.

« Essayez de bouger et je vous remets les cordes ! » criait-il.

Yukinu me dévisageait, me suppliant du regard de détourner mes yeux. Mais je n’en fis rien, plus je le

regardais et plus je le revoyais dans la cour de récré, gentil, mignon, et plein d’entrain pour son

avenir. Ma poitrine serrée, une boule à la gorge, je sentais mes larmes couler le long de ma joue,

n’arrivant plus à s’arrêter.

- « Mi… Mitsuki… Ne pleure pas… Je ne les laisserais pas te toucher, même si je dois donner ma vie

pour…

- Idiot ! … »

Ses yeux s’écarquillaient… N’osant plus parler, il me regardait fixement

« idiot… C’est pas pour ça que je pleure… Yukinu… Pourquoi ça a du se passer comme ça pour toi… »

Je culpabilisais tellement… J’ai eu une si belle vie jusque-là, et lui… Il voulait tellement devenir

quelqu’un de bien… Il était tellement prévenant…

- « … Mitsuki, tes yeux bleu sont bien plus jolis quand tu ne pleures pas…

- Mon… Mon père disait qu’ils étaient bleus violet… Ce…ro… »

Il y eut un long silence, la porte s’était refermée derrière lui. Je ne pouvais plus apercevoir son visage,

ses cheveux noirs, et ses longs yeux amendes. Je ne pouvais plus m’arrêter de pleurer, mon cœur se

brisait chaque minute de plus en plus.

Ses mains se rapprochèrent de moi, effleurant mes cheveux en les tapotant. Mon cœur bondissait, je

me sentais comme une petite fille qui aurait perdu sa poupée. Mes larmes cessèrent enfin de couler.

Je me blottis contre lui, rassurée de plus être seule.

- « Mitsuki… Je vais te dire pourquoi… Le fait qu’on soit dans le noir va me faciliter les choses… Je

n’aurais pas à voir sa réaction, et ses larmes qui recommenceront à couler, de tristesse, et de haine.

Tu ne devrais pas te mettre si près de moi… Parce que… Quand tu sauras… Tu vas me detester.

- De quoi tu parles… Murmurais-je, en m’agenouillant devant lui.

- Mitsuki… Durant toute ma vie, j’ai essayé de devenir aussi bon que ne l’était ton père. Je suis passé

de famille d’accueil en famille d’accueil. Ton père était devenu mon seul exemple paternel, parce

que… Je me souvenais, de cette petite fille, gentille et intelligente que j’avais rencontrée dans la

cour, et qui me disais à quel point elle en était fière. Puis j’ai étais adopté par Kerman. Au début, il

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était très gentil, mais je me suis rendu compte avec le temps, que ce n’étais qu’un moyen de me

manipuler. J’ai découvert qu’il ne m’aimait pas…il ne faisait que m’utiliser dans son travail, et au

repas d’affaire. Je devais le faire passer pour quelqu’un d’admirable… Mais… A chaque fois… C’est

ton sourire qui passait dans ma tête, et je me disais que je ne connaîtrais jamais une telle joie.

- Ce…ro… Je…

- Attends… Il y a un an, j’ai essayé de m’enfuir. Je n’en pouvais plus de cette vie, c’était l’hiver

dernier. J’ai fait du stop sur la route, la nuit. Un camion s’est arrêté. L’homme qui conduisait était

vraiment sympathique, très causant, et amusant. J’avais l’impression de prendre un nouveau départ,

quand une voiture nous dépassa. C’était la limousine de Kerman, je l’avais bien reconnue. J’ai

demandé au chauffeur de s’arrêter, ne voulant pas le mêler à ça. Sauf qu’il ne m’a pas écouté, il a

voulu m’aider, et il a essayé de dépasser la voiture. C’était l’hiver, le bord des routes était verglacé. Il

y avait un croisement, et… Ce soir-là… C’est ta voiture qu’on a heurté.

- … Tu… Quoi… Tu veux dire…

- J’ai été sonné, je ne sais pas combien de temps. Je me rappelle être descendu du camion, et de

m’être écroulé par terre. Quand je me suis réveillé, j’étais à l’hôpital. Ce n’est que plusieurs jours

après que j’ai appris qui vous étiez. J’étais complètement bouleversé… J’avais rendu la seule fille que

j’aimais, orpheline, et tué la seule image de père que j’avais. Je savais que tu n’aurais plus ce sourire

qui était si beau. J’ai essayé plusieurs fois d’en finir, je ne pourrais jamais me pardonner ce qui s’est

passé, et je sais que tu ne pourras jamais me le pardonner. La seule chose que je pouvais faire, c’est

de t’aider à t’en sortir du mieux possible. Moi j’avais toujours été un orphelin, alors… Je savais à quel

point c’était dur… Alors… Je t’ai envoyé une bourse d’étude, pour que tu ailles dans la meilleure

école, et que tu puisses vivre ton rêve. Je suis désolé… Je suis… Désolé…

- … »

Je ne savais comment réagir, j’étais choquée, paralysée, triste et énervée. Est-ce le destin qui nous

avait réunis ? Mes poings serrés sur les genoux, je me posais mille questions, incapable de les poser.

Après tout… Ce n’était pas lui au volant… Mais… Tout ce temps à mes côtés à ne rien me dire… Une

bourse ? Alors… Toute cette vie depuis un an n’était que factice ? Contrôlée par Cero ? Non… Il

voulait juste que je réalise mes rêves…

- « Cero… Ce… Ce n’est pas de ta faute… Murmurais-je. Mes parents, étaient… Des pacifistes je dirais.

Ils voyaient toujours du bon dans les mauvais moments de la vie. J’étais très complice avec eux, et je

sais, qu’en ce moment, mon père me dirait de te pardonner. Parce qu’on est comme ça… Et… Sa

gentillesse, c’est la seule chose qui me reste. Il faisait toujours passer les autres avant lui, que ça soit

ses patients, ses amis, ou sa famille. Je ne veux pas que tu perdes l’image que tu as de lui, je n’ai pas

envie… Que tu perdes ton rêve paternel. Et je suis sure, que tu feras un merveilleux père… Laisse-

moi… Laisse-moi poser ma tête contre toi… Juste quelques secondes… »

- Mitsuki… Merci. »

Je pouvais sentir ses larmes sur mes épaules, libéré de ce qui le pesait depuis si longtemps, on était

enfin apaisés de toute cette retenue… Nos larmes ne cessèrent de couler, je pouvais sentir ses bras

autour de moi, flottant de plus en plus, défaits de ce nœud dans nos cœurs.

Alors qu’on appréciait ce long silence, la porte s’ouvrit à nouveau

« Mitsu … ! ! »

Cette voix me fit sursauter, je ne pouvais pas le croire.

« Ta… Tatsuka…. » Murmurais-je, encore enlacée dans les bras de Cero. Je me levais d’un bond, ne

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comprenant pas ce qu’il faisait ici.

« … » il me regardait, sans dire un mot, se retourna et partit, laissant la porte grande ouverte.

« TATSUKA ! ! ! » Criais-je en lui courant après.

La salle était bondée de policier. J’essayais de rattraper Tatsuka, quand l’inspecteur Liman m’arrêta.

« Mademoiselle Shuhei, ne vous inquiétez pas, on a réussi à tracer votre position grâce au micro GPS

inclus dans votre matériel, vous avez de la chance, on a arrêté Kerman. Je ne sais pas ce qu’il avait en

tête en vous kidnappant ici, mais ça a échoué. »

Je sentis une main se poser sur mon épaule.

- « Je crois que c’est le moment de se quitter Mitsuki…

- Qu’est-ce tu fais ? Tu ne vas pas… Enfin… C’est fini maintenant !

- Non… Pas pour moi. Alors qu’il s’en allait… Je ne pouvais admettre sa démarche.

- CERO ! ! !… Ne… Ne pars pas…

- Désolé Mitsuki… Mais… Ce n’est que ce que je mérite. »

Je m’effondrais au sol, Tatsuka était revenu, inquiet, accompagnant l’inspecteur pour me retrouver,

et il me découvre dans les bras de Cero…. Et maintenant, lui… Il veut aller se rendre… J’allais les

perdre, tous les deux… Est-ce que c’est ce que je méritais ?…

Pendant ce temps-là….

Le dos tourné, Tatsuka avait les yeux rivés dans le vide.

- « Tatsuka ! Ne dis rien et écoute-moi. C’est de toi qu’elle est amoureuse, alors ne te méprend pas

sur ce que tu as vu. Elle était juste effrayée… Tu pourrais comprendre ça… Expliqua sèchement Cero.

Tu ne t’imagines pas… La chance que tu as d’avoir Mitsuki… Je l’aime depuis l’âge de 4 ans, j’ai

toujours pensé que je n’étais pas assez bien pour elle… Alors… J’ai fait des efforts, des études…

Malgré ça, ma vie n’a été qu’une succession d’échecs. Alors que j’avais abandonné l’idée de l’avoir un

jour pour moi… Je pensais la rendre heureuse en vous protégeant tous les deux… A menacer les

élèves d’écrire des choses déplaisantes sur leurs dossiers si ils s’approchaient de trop près de vous…

- Quu…. Quoi ? ! !

- Tais-toi j’ai dit. T’as intérêt de prendre soin d’elle… Parce que… Si j’apprends qu’elle est

malheureuse, je pourrais bien revenir sur ma décision, et te la piquer. Ciao.

- Yukinu ! ! Attend… Merci, d’avoir pris soin d’elle. J’ai encore agi de façon excessive… Mais… Je ne te

laisserais pas revenir sur ta décision, elle est à moi. »

Yukinu Cero disparaissait dans la brume, tandis que Tatsuka partait en courant rejoindre Mitsuki.

- « Mitsuki ! » Cria Tatsuka, se jetant dans ses bras « Désolé… Désolé… J’ai tellement eu peur quand

l’inspecteur m’a dit qu’ils avaient perdu ta trace, je suis revenu aussi vite que j’ai pu »

- Tu… Tu n’es plus fâché… Je suis désolée…

- Tu n’as pas à t’excuser ma Mitsu-kun… Je ne te laisserais plus, c’est promis.»

Mes larmes ne s’étaient pas arrêtées de couler, toutes ses émotions me paralysaient, je ne savais

plus du tout où j’en étais. Alors que Tatsuka me raccompagnait chez moi, je ne pensais qu’à Cero,

tout seul après ce qu’on venait de vivre. Mon cœur se brisait toujours un peu plus en pensant à lui.

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Chapitre 10 : Un nouveau couple

J’étais heureuse d’être près de Tatsuka, mais je savais que le fait qu’il soit revenu si vite n’allait pas

plaire à son père. J’avais l’impression de retrouver ma vie simple et amusante. Tatsuka m’avait

raccompagnée chez moi ce soir-là…

- « Il fait froid… Je vais allumer la cheminée. Lui dis-je doucement,

Alors que les premières flammes s’agitaient de tous les côtés, je sentis ses bras m’étreindre. Il

dégageait une douce chaleur et son odeur me rappelait de douces friandises.

- Tu m’as manqué… J’ai tellement eu peur… Je ne te laisserais plus Mitsu-kun… »

Je me retournai, lui tenant les mains, et le regarda dans les yeux…

« Je veux que tu saches tout… Je ne veux rien te cacher. Lui murmurais-je. »

Nous avions passé la nuit à parler de mes souvenirs de Yukinu, de l’accident, de la bourse d’étude…

Quand Tatsuka souleva une question qui me laissa perplexe.

« Tu ne m’avais pas dit que le chauffeur du camion s’appelait Tohru Kerman ?… Il a un rapport avec

le Kerman, le tuteur, de Yukinu ? »

Mes yeux s’écarquillaient, je n’avais jamais fait le rapport de leur noms, c’était étrange que ce genre

de chose ne m’ait pas percuté.

- « Je ne sais pas… Je ne me suis jamais posé la question… Mais d’après Yukinu, il ne le connaissait

pas le chauffeur… Enfin… C’est ce qu’il m’a dit…

- tu sais… Je suis un peu jaloux qu’il ait autant pris soin de toi après l’accident… Finalement, vous avez

pas mal de chose en commun… Je comprendrais… Que tu ais des sentiments pour lui…

- C’est vrai. J’ai des sentiments pour lui. Les yeux de Tatsuka cessèrent de cligner, me regardant

fixement… J’éprouve de la pitié… Et de la tendresse… Mais ce n’est pas l’amour que j’ai pour lui.

Tatsuka… Quand je suis arrivé dans ce lycée, mes parents étaient décédés depuis peu de temps.

J’étais totalement perdue. Tu as été ma seule boussole durant cette année, la plus douloureuse de

ma vie. Tu as su me faire sourire, puis me faire rire. Et ce dont j’avais réellement besoin, c’est toi qui

me l’as apporté. Alors… Je t’interdis de te méprendre sur Yukinu… Il a vraiment vécu de terribles

choses. Et je ne peux pas ignorer ça. Comme je ne peux pas ignorer le fait que je t’aime, et que j’ai

sans cesse peur que tu ne te rendes compte que je ne fais pas partie de ton monde.

Son visage se détendait, un léger sourire et il rayonnait de bonheur. Je me rendais compte que tout ça

le tracassait vraiment, il ne faisait plus de blagues, il ne rigolait plus comme avant, et je le retrouvais

enfin, mon Tatsuka, joyeux, drôle, plein de blagues et de pêche.

- Heureusement que tu ne fais pas partie de mon monde, la vie… En serait beaucoup moins drôle, et

moins palpitante… Il est tard, on est censé être au lycée dans quelques heures, il vaut mieux dormir

un peu… »

Alors qu’il allait se lever, ma main resta dans la sienne, ne voulant plus le lâcher.

« Mitsu-kun… On ne pourra pas dormir si tu restes par terre. disait-il en rigolant. Alors que je me

demandais pourquoi elle me retenait, elle leva le visage vers moi. Ses yeux miroitaient de mille feux,

j’en restais sans voix. Mon visage devenait aussi rouge que la première fois où j’ai posé mes yeux sur

elle. Alors que je revenais près d’elle, je me rendais compte à quel point elle était magnifique. Ses

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cheveux noir brillaient dans la lueur des flammes, ses yeux étincelant me traversaient, elle était aussi

rouge que moi, c’était vraiment mignon. Je la pris dans mes bras, lui donnant de tendres baisers dans

le cou. Je sentais sa chaleur contre moi, elle ne disait pas un mot. Ses mains se refermaient sur moi

de plus en plus, m’étreignant de toutes ses forces. Je sentais ses larmes couler le long de mon cou…

- « pourquoi tu pleures Mitsuki… Lui murmurais-je à l’oreille…

- Je suis… Je suis… Juste heureuse. JE T’AIME TATSUKA ! Se mit-elle à crier. Comme une révélation »

J’étais heureux à mon tour, sentant ses sentiments grandir, tous mes soucis s’envolaient. Nous nous

étions endormis par terre, sur le tapis, tout près du feux. Mitsuki la tête contre mon torse, ne me

lâchant plus de la nuit, je pouvais passer ma main dans ses cheveux soyeux, et apprécier ce moment

tant attendu.

Le réveil fut très agréable, alors que je la regardais, encore dans ses louanges, ses lèvres bougaient,

marmonnant des milliers de mot incompréhensibles, ça me faisait sourire, c’était la première fois

que je la voyais dormir paisiblement. Elle ressemblait à un ange, déposé dans mes bras. Quand ses

yeux s’ouvrirent enfin, tout petits, cherchant je ne sais quoi dans l’espace, se refermèrent,

s’ouvrirent à nouveau… Qu’elle était longue à se réveiller. Alors que je lui caressais le visage, elle

essayait de chasser ma main comme si j’étais une mouche géante. Je ne réussis plus à cacher mes

rires et m’esclaffais le plus discrètement possible.

« Huuum… » Marmonnait-elle en rouvrant ses yeux. « Hiiiiiiiiiiii ! ! ! » Se mit-elle à crier, les yeux

grands ouverts. « Tatsuka ! Tu te moques de moi ! »

Le fou rire me prit, je n’arrivais plus à m’arrêter. Elle était trop mignonne avec ses cheveux en

hérissons.

« Haaa, mes cheveux ! ! ! Me regarde pas ! ! Alors que je m’apprêtais à foncer dans la salle de bain, il

me fit basculer et me plaqua au sol » le regard au-dessus du mien, un silence suivit, ses yeux

profonds m’ensorcelaient, tout en me caressant tendrement la joue. Je sentais ses lèvres effleurer

les miennes, je frissonnais. C’était… Excitant… J’avais envie de l’embrasser, mais sentir seulement

survoler ses lèvres, était totalement enivrant. Alors que sa main se glissait peu à peu sous mon pull,

sentant ses mains chaudes et douces parcourant mon ventre, il posa ses lèvres sur les miennes, un

long et langoureux baiser qui me faisait trembler de tout mon corps. C’était la première fois qu’on

vivait un moment aussi intime. Bien que j’avais peur, peur de la suite, c’était tellement agréable…

Quand il enleva sa main de lui-même en me murmurant au creux de mon oreille

« bonjour, mon lapin…» J’ai cru que mon cœur allait imploser ! ! Il était trop attirant, sexy et encore

plus beau au réveil, avec ses cheveux décoiffés et ses petits yeux. Même si j’avais un peu peur, je

n’avais pas envie que ça s’arrête. Mais c’était bien mieux de prendre son temps.

J’étais totalement décontractée, je n’avais plus envie de me lever, je voulais rester là toute la

journée, dans ses bras. Sauf que lui… Etait impatient de retrouver une vie normale de lycéen, ce qui

était bien normal. Après avoir pris une douche, il voulait passer chez lui pour se changer. Il était donc

parti en avance, et on avait convenu de se rejoindre au croisement.

Une demi-heure plus tard, je l’attendais, impatiemment, quand quelqu’un tapa mon épaule.

Sursautant, je me retournai et me retrouvai face à face avec…

- « Yukinu ! ! ! Je ne m’attendais vraiment pas à le voir.

- Yo ! Comment tu te sens ? Me répond-il parfaitement décontracté.

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- Heu… Bien… Mais toi… Tu… T’étais pas… Qu’est-ce que tu fais là ? ! finis-je par demandais.

- He bien, je suis un lycéen, alors… Je me rends au lycée. Rétorqua-t-il joyeusement comme si de rien

n’était. Je suis entendu en tant que témoin, rien n’a été retenu contre moi. En fait… Je suis enfin…

Libre… De tout ! Je ne me suis jamais senti aussi détendu.

- Ha… Heu… Je suis vraiment contente ! !… Je repris mon calme. Sincèrement, je suis heureuse pour

toi, tu vas pouvoir mener une vie plus tranquille et agréable. Je suis soulagée, j’étais vraiment

inquiète à ton sujet.

- Merci, je sens, que beaucoup de chose vont changer, j’ai bien réfléchi toute la nuit, il y a des choses

sur lesquelles j’ai pris de mauvaises décisions. Dont une, qui me hantera toute ma vie si je ne fais

rien.

- Et qu’est-ce que c’est ? Demandais-je curieusement

- Toi, Mitsuki. A partir d’aujourd’hui, je ferais tout pour t’avoir près de moi. Je t’aime, et je ne te

laisserais à personne d’autre ! J’ai eu tort de penser que tu serais heureuse avec Tatsuka, parce que

je sais, que je ferais vraiment tout pour te rendre heureuse…. Tu as entendu ? Tatsuka ? profites-en,

parce que je ne te la laisserais pas !

- Ta… Tatsuka ? Je me tournai et le vit juste derrière moi. Il m’attrapa et me serra tout près de lui.

- Désolé mais c’est trop tard, Yukinu. Rétorqua Tatsuka calmement. Je te suis reconnaissant, grâce à

toi, j’ai pu la rencontrer, je ne peux pas te promettre de la rendre tous les jours heureuse, parce que

je ne suis pas parfait. Je suis jaloux, impatient, et stupide. Mais je sais que je ferais de mon mieux,

pour lui apporter la paix, l’amour, et la gaieté… Je connais tes sentiments, car j’ai les mêmes, alors, je

ne te souhaite que de pouvoir les avoir à nouveau un jour pour une autre personne.

- Ta…tsuka… Murmurais-je… J’étais tellement touchée par son sang-froid, sa gentillesse à travers ses

mots, son respect… Toute son allure avait changé. Il n’était pas blessant dans ses propos, il était

même honnête avec lui-même. Toute cette histoire l’avait fait mûrir, et je tombais éperdument

amoureuse de lui. Mon visage était chaud, j’étais heureuse. »

Yukinu fit un léger sourire et partit en criant « l’avenir nous le dira ! »…

Alors que Tatsuka et moi reprenions enfin tous les deux, le chemin du lycée ensemble, j’arrivais déjà

à percevoir l’allée des fauves femelles se préparer. Tatsuka passa son bras autour de mon épaule, me

rapprochant de lui, et me fit un tendre baiser sur le front. C’est la tête haute qu’on passa les

murmures et les agitations du matin. On était enfin un couple soudé et heureux. Kini sauta dans nos

bras quand elle nous vit arriver ensemble, plus amoureux que jamais.

- « Kiniiiiiiiii ! Criais-je en l’apercevant. J’avais l’impression de ne pas l’avoir vu depuis des jours.

- Ohayooooooo Ma Mitsuuuki ! Tatsuka, ohayo ! !

- Yo ! Répondit-il à sa manière.

- Salut tout le monde ! cria Ryo, se joignant à nous, passant son bras autour de Kini, en lui faisant un

bisou sur le front.

- Heu… Sa… Salut… Répondis-je, perplexe. Je rêve ou vous…

- Oui, ça surprend hein ! Coupa Kini aussitôt. J’ai plein de chose à te raconter ! On vous laisse les

garçons ! J’ai à faire ! ! ! ! hurla-t-elle en rigolant, et me tirant par le bras. »

Alors que Tatsuka me faisait un bye bye de la main en rigolant, et que Ryo se grattait nerveusement

la tête, je me retrouvais dans les confidences de Kini.

« Ryo, il est trop sexy ! ! ! Me sort-elle tout à coup. Je sais que ça paraît bizarre et soudain, mais il se

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trouve qu’on a vraiment accroché tous les deux, et même si c’est pas sérieux, enfin je sais pas si ça

l’est, peut-être…. »

Elle parlait à toute vitesse, j’avais du mal à suivre les mots qui s’enchaînaient les uns aux autres, elle

était complètement excitée à l’idée de me raconter tout ça. Je la voyais sautiller, toute heureuse. Il

se trouve, que c’était la première fois que la voyais comme ça, est ce qu’elle était amoureuse ? !

c’était peut-être trop tôt pour lui demander, quand tous ses piaillements cessèrent, me regardant

droit dans les yeux, elle était toute mimi.

« Je suis amoureuse ! ! ! ! Me cria-t-elle. Tu sais, on a joué à son jeu toute la nuit, y avait des

vampires et des zombies, c’était dur, je ne comprenais pas, et en plus on n’a même pas beaucoup de

vie ! Et puis pouf, on a bien rigolé, et puis on a chanté, on était que tous les deux pourtant, on

s’amusé comme deux fous. Et puis paf, là on s’est embrassé ça c’est fait tout seul ! ! Et puis après Bim

! ! Je me suis cognée contre le mur, regarde j’ai un bleu ! ! ! Et là il m’a fait un bisous dessus, et

c’était trop mignon ! Tu savais qu’il était aussi mignon ? ! Et après holala… »

Ca n’en finissait plus, des paf, pouf, bim, bam et tralala… J’étais écroulée de rire. Ils étaient vraiment

faits pour se rencontrer ses deux-là. Aussi bêtas l’un que l’autre, mais tout aussi mignon.

- « Et toi ? ! ! Me demanda-t-elle d’un coup. Vous avez l’air plutôt gais tous les deux aujourd’hui.

- Nous ? ! Je me mis à rougir, repensant à notre nuit, et surtout, à notre réveil. J’étais complètement

gênée… Mais il fallait que je lui dise. On a parlé une bonne partie de la nuit, et on s’est tous les deux

rendus compte à quel point on s’aimait… Puis… On a dormi ensemble…. Et ….

- HAAaaa, vous avez dormi enseeeeeemble ! cria-t-elle en se remettant à sautiller comme une puce.

- Chuuut chuuut, on va nous entendre ! ! Pouffais-je en rigolant. Et je dois te dire… Qu’il est trop sexy

au réveil, il était tout décoiffé et… »

Nous ne cessâmes plus de papoter comme des gamines adolescentes jusqu’à la sonnerie, c’était

vraiment décontractant, ça faisait réellement du bien de la retrouver, et de se lâcher.

Tandis que pendant ce temps, Ryo et Tatsuka faisaient la même chose.

- « Nooon vous avez joué à « Craids for vampires » toute la nuit ? ! criait Tatsuka.

- Ouais, et elle était archi nulle, c’était trop drôle, et alors à chaque fois qu’elle mourrait t’avais ses

seins qui rebondissaient, c’était hilarant ! Et après, paf, elle s’est cognée contre le mur, j’étais plié en

deux ! Et après, bam, elle a rigolé la bouche pleine d’eau, elle a tout recraché sur la console, elle est

trop mignonne ! ! ! ! J’ai jamais autant rigolé avec une fille ! Et après, holalaaaa… Et toi avec Mitsuki ?

- Haa, tu l’aurais vu au réveil ! ! Elle parle quand elle dort, on ne comprend rien, et elle chasse les

mouches, et ses cheveux étaient complètement en sky et…

- Vous avez dormi ensemble ! ! ! Ca y est, t’es un homme ! ! !

- Heu non… Pas encore.

- Et alors au fait… Tu ne devais pas partir chez ton père, toi ?

- Si, mais… Je suis revenu pour Mitsuki… On verra bien, mon père ne m’a pas rappelé et je n’ai pas

vraiment envie d’y penser. Mais, je suis heureux pour toi et Kini ! ! Vous faites un joli couple »

Et c’est sur cette belle matinée qu’un nouveau couple venait de se découvrir, et que les préparations

de Noël allaient commencer.

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Chapitre 11 : Enfin seuls…

Il faisait drôlement froid ce jour-là, nous avions tous décidé d’aller déjeuner à la cafétéria du lycée.

Tatsuka ayant peur que je prenne froid, et Kini était une grande frileuse aussi, c’était la meilleure

décision prise par le groupe. Nous nous installâmes bruyamment à une table, beaucoup de filles se

retournèrent, nous scrutant, surprises de nous voir nous mêler à la foule.

- « ITADAKIMASU ! ! ! ! Criais-je joyeusement.

- ITADAKIMASUUUU, criaient-ils à leur tour.

- Whaouuuu, Ryo, il est trop beau ton bentô ! hurlais-je, c’est surprenant, je ne savais pas que tu te

faisais de si bons repas !

- HAHA… Heu… En fait c’est pas vraiment moi qui l’ai fait…répondit-il, encore en train de se gratter la

tête.

- Whaouuuuuuu ! Kini, toi aussi tu as le même ! ! ! Haaa, c’est toi qui les as faits ? ! Tu es douée, ça

fait une étoile ! Je regardais le mien, il n’avait pas une gueule terrible, et celui de Tatsuka non plus.

Faut dire que j’ai fait ça rapidement ce matin… Mais… Même avec le temps… Je suis nuuuulle en

cuisine ! ! ! Je ne ferais jamais une bonne épouse ! ! Haa, je l’ai dit à haute voix ! Tout le monde se mit

à rire autour de la table.

- Je crois qu’il vaut mieux que ça soit moi qui cuisine Mitsu… Que ça soit comestible ! s’esclaffa Tatsu

- Haa Tatsu ! T’es vilain ! ! Tu vas voir pour Noël, c’est moi qui ferais à manger ! » Alors que je

plaisantais, le visage de Tatsuka se crispait. Qu’est-ce qu’il y a, tu as peur que je t’empoisonne ?

- Haha ! ! Non… Non non… Enfin, c’est qu’à Noël, mon père m’a expressément demandé d’être là…

Mais… Peut-être, enfin, je vais faire ce qu’il faut pour me libérer !

- Non… C’est vrai que noël est une fête… Qu’on passe en famille. Il y eut un long silence, gêné. Mais

on pourrait faire un repas d’avant Noël tous ensemble ! ! Qu’est-ce que vous en dîtes ? Ryo ? Buns ?

Kini ?…

- Moi, je suis partant, décida Ryo. Il ne faut pas rater une occasion de s’amuser !

- Moi aussi, répondit Kini, ça va être génial de se retrouver tous ensemble !

- Alors on fait ça chez toi, Mitsuki ? s’exclama Buns.

- Chez moi ? ! Bah… C’est que… C’est petit, enfin on rentrera tous je pense, on sera juste un peu

serrés.

- Oui… ChEz MitsUki… C’Est AgrEable, et ChAleurEux, articula Tomy.

- Bon… Si tout le monde est d’accord. On le fera chez moi. Tout le monde me regardait, c’était

agréable, je me sentais entourée, écoutée, avec mes amis. Je retrouvais une vie ordinaire comme

j’aime. Je ne sentais même plus les regards autour de nous. »

Alors qu’on finissait de régler les détails du repas, je voyais Urumi regarder fixement Tatsuka.

« Quelle peste… Murmura Urumi. Alors comme ça, ils vont organiser un repas chez elle, avec mon

Tatsuka. Cette fois, je ne me ferais plus intimider par les menaces de Yukinu. Si je ne peux pas avoir

Tatsuka, alors elle non plus ! » Le poing serré et le regard noir, elle les regarda un long moment avant

de quitter le réfectoire. Alors qu’elle marchait d’un pas rapide en bougonnant plein d’injures, elle

croisa Yukinu.

-« Tiens tiens, Yukinu-senpai ! cria Urumi. »

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S’arrêtant de marcher, Yukinu tourna la tête vers elle, le regard aussi vide d’émotions que s’il

regardait dans le vide.

- « Qu’est-ce que tu veux Utuki ? ?

- URUMI ! ! ! Je m’appelle URUMI ! !

- Ouais… Pardon… Surumi.

- MAIS JE SUIS PAS UN POISSON ! ! ! hurla-t-elle, les veines lui sortant du visage

- Hum… *commentaire aussi vide de sens que son regard*

- Tss tss… Bon… Il faut pas être devin pour deviner que tu es fou amoureux de Mitsuki. Sauf… Qu’elle

est avec Tatsuka. Alors, il se trouve qu’on a un point en commun, si tu vois où je veux en venir. T’as

pas envie de les voir ensemble, et moi non plus…. Qu’est-ce que tu dirais si… On s’associait…

- Et tu proposes quoi la vilaine ? T’as aucune chance qu’il veuille de toi, tu es vicieuse, sournoise, et

loin d’être gentille… Et je pense… Qu’il sait déjà qui tu es vraiment.

- QU… Restons calme…

- Désolé mais, on ne joue pas dans la même cours. Rétorqua-t-il sèchement en s’en allant.»

La journée passa à une vitesse folle, les vacances arrivèrent enfin.

- « Haaaaaaa ! On a attendu ce moment toute la journée ! s’écria Kini à la sortie du lycée. Bon, alors

on se donne rendez-vous dans trois jours pour les préparatifs du repas. Dommage que les vacances

d’hiver soit aussi courte. Je viendrais t’aider tôt le matin, Mitsuki.

- D’accord, au revoir tout le monde ! A samedi ! »

Alors que Tatsuka et moi faisions le chemin du retour ensemble, je me demandais comment j’allais

financer le repas. Il se trouve qu’après toutes ces histoires, je n’avais toujours pas de travail.

Monsieur Hakubo m’avait contacté par courrier pour me dire que le stand serait ouvert en janvier,

mais en attendant, je devais absolument trouver de l’argent. Alors que j’étais dans mes pensées, la

voix de Tatsuka me fit revenir à la réalité.

« Hey, tu es bien songeuse. Tu t’inquiètes pour le repas ? On ira faire les courses ensemble, tu n’as

pas à t’en soucier… »

Bien que je ne voulais pas être dépendante de lui, cette fois-là, je n’avais pas vraiment le choix.

Même si je trouvais un travail demain, je ne serais jamais payée avant le mois de janvier…

- « Je te rembourserais Tatsuka.

- HAHA ! Ne dis pas de bêtise, on va tous participer, ce n’est pas parce qu’on le fait chez toi qu’on va

te laisser tout prendre en charge. Ne pense plus à ça, on va bien s’amuser. »

Sa main était si chaude et réconfortante, je me sentais tellement en sécurité près de lui. On passait

devant une vitrine à ce moment-là, qui attira toute mon attention. Alors que je regardais de

magnifiques boucles d’oreille argentée, son prix m’écarquillait tout autant les yeux. Ma mère en avait

des comme ça, elle ne voulait les porter que pour les grandes occasions, et les avait toujours sur elle

pour Noël. Les lumières du sapin étincelaient sur ces longues boucles d’oreille qui descendaient

jusqu’aux épaules. Ca illuminait son sourire, et on pouvait voir mon père tomber à chaque fois sous

son charme. Au revoir petite boucle… 26 décembre, le jour où je me suis retrouvée orpheline. Je

m’étais faite à l’idée de passer Noël et le jour suivant seule, finalement, ce n’était pas plus mal. Faire

la fête n’aurais pas était du goût du jour. C’est pourquoi ce repas, le 21 décembre était tout à fait

approprié.

On arriva au croisement…

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- « Est ce que… Tu veux venir chez moi ? Me demanda timidement Tatsuka.

- He bien… Vu comment ça s’est déroulé la dernière fois… Ça fait un peu peur tu ne trouves pas…

- Oui… C’est pas faux. Dit-il avec le sourire. Alors… Il passait ses doigts dans les miens, ne cessant de

gesticuler nerveusement, et de rouler des yeux. Je peux venir ?

Mon sourire à ce moment-là en disait long, je n’avais même pas besoin de répondre, c’était mille fois

oui. Tirant sa main, nous partîmes en courant, foulant la neige à chacun de nos pas.

C’est au creux de ses bras que nous regardions l’album photo de mon enfance. C’était la première

fois que je le sortais du tiroir, des milliers de souvenirs revenaient à ma mémoire.

- « Là, c’est le jour où j’ai appris à faire du vélo, je suis tombée plein de fois, ma mère se mettait au

bout du chemin, et mon père me poussait en me criant d’aller la rejoindre…. Et celle-là, c’était à un

diner chez des amis à mes parents, j’avais pleuré toute la soirée à cause de chien qui me grognait

après.

- Ho, tu as les cheveux tout court là-dessus !

- Oui, une des filles de ma classe voulait jouer à la poupée avec mes cheveux, ça ne ressemblait plus à

rien ! dis-je en rigolant. Ma mère était furieuse !

- Ha, ta mère est très belle sur cette photo, on dirait une star avec ses longues boucle d’oreille et sa

robe à paillette, elle était très élégante, ses cheveux sont bouclés là-dessus, ça lui allait bien.

- C’était à Noël, elle s’habillait toujours très bien pour cette fête, c’était la seule fois de l’année où on

pouvait la voir aussi belle, elle se parait avec ses beaux cheveux ondulés et son visage très

soigneusement maquillé, je me rappelle qu’elle mettait du temps à se préparer, et qu’à chaque fois

j’étais émerveillée quand elle sortait enfin de la chambre.… »

J’étais heureuse de pouvoir parler d’eux sans m’effondrer en larme, et de pouvoir partager toute ces

choses avec Tatsuka. Il avait l’air heureux lui aussi, d’en apprendre plus sur moi et ma famille.

- « Bon, et si tu m’apprenais à cuisiner ? Lui demandais-je

- Oui à part ta super soupe, tes dons en cuisine sont un peu à la rue ! On a qu’à faire du curry ce soir,

tu vas voir ce n’est pas compliqué ! »

Ça, c’est ce qu’il disait ! A peine avions-nous commencé que les outils volaient dans la cuisine

- « Mitsu, tu es vraiment… Maladroiiiite ! s’exclama Tatsuka, les yeux grands ouverts et à la limite du

fou rire

- mais nooon, tu m’as dit de mettre du sel, j’en ai mis ! ! !

- Mais pas besoin de secouer 10 fois, il fallait juste en mettre une pincée.

- Mais tu ne me l’as pas dit !

- Bah, parce que c’est normal ! haa, non stop ne mets pas le curry maintenant !

- Bah, pourquoi on ne fait pas du curry ? »

Il arrêta ma main, et je l’entendis rire au creux de mon oreille.

« tu es vraiment… Une calamité en cuisine Mitsu-kun…. » Me murmura-t-il, le sourire au lèvre.

Sa main était douce, son visage était si près du mien, que je repensais au petit matin, mon visage

devenait tout rouge. Je sentais son souffle effleurer mon cou, il passa ses mains autour de ma taille,

tendrement. La mixture que j’étais censée cuisiner bouillonnait dans la casserole, ça n’avait pas l’air

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appétissant du tout.

« Et si… C’est toi que je mangeais… » Murmura Tatsuka en me mordillant l’oreille.

J’étais plus que rouge, mes yeux s’écarquillaient et mon cœur battait à une vitesse folle.

Soudain, je ne sentais plus le sol, mais la chaleur de son torse tout contre moi. Me soulevant comme

un prince kidnapperait sa belle. Mes bras autour de son cou, il me porta jusque sur le fauteuil.

Appuyant par mégarde sur la télécommande de mon autoradio, la musique se mit en route. C’était

mon CD de relaxation, du piano et des chants d’oiseaux, c’est ce que j’écoutais pour m’apaiser.

Tatsuka me transperçait du regard, ses yeux marron glacés miroitant plus que jamais au gré des

flammes, il était tellement beau, ses cheveux sentaient bons, tombant sur son visage penché au-

dessus du mien. Mon cœur se serrait dans ma poitrine à l’idée que d’autres filles ont pu voir ce côté-

là de lui. Je n’étais pourtant pas de nature jalouse… Mais ça me gênait tout de même. Je le voulais

tellement que pour moi… C’était… Tellement égoïste. Alors qu’il effleura mon visage avec ses lèvres,

il descendit au creux de mon oreille, la main passant dans mes cheveux.

« C’est aussi… Ma première fois… Mitsu…kun… »

Ces mots résonnaient comme une libération, je n’avais aucun doute sur sa sincérité. Il n’était qu’à

moi, chanceuse, et heureuse, qu’il m’ait choisie. Une larme coula sur ma joue, une larme

d’apaisement, qu’il sécha de ses lèvres tremblantes. Je pouvais sentir ses mains glisser le long de

mon corps. Les rythmes du piano sonnaient comme la neige voltigeant lentement dans les airs. Nos

jambes s’entremêlaient, ses baisers ardents dans mon cou ne faisaient qu’accroître les battements

de mon cœur…. Une valse d’émotions envahissait tout mon être, tandis que le feu s’embrasait de

plus belle dans la cheminé, crépitant de milliers d’étincelles. Emportée dans la mélodie, sa chemise

glissait le long de son dos à chaque bouton que mes mains survolaient. Sa chaleur inondait

tendrement ma peau, qui se dérobait davantage un peu plus au passage de sa main qui effleurait

mon ventre. Nos vêtements parsemaient le sol dans le refrain effréné d’une balade acoustique. Son

doux parfum se déposait sur moi, mes mains l’étreignant plus que jamais…

Une nuit de neige particulièrement chaude et agréable embellissait nos cœurs d’innombrables

sensations mélodieuses. C’est ainsi que nous marquâmes ce moment de nos vies, comme un grand

tournant qui nous conduisait vers un avenir heureux.

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Chapitre 12 : Sarah

Un bol de chocolat chaud dans nos mains, après notre douce nuit enlacés, nous réchauffait

agréablement, humant la bonne odeur se dégageant de mon bol que je tenais fermement. L’air

malicieux, Tatsuka me regardait, rougissant, me doutant à quoi il pensait, timide et excité à la fois. Le

sourire en coin, il rompit enfin le silence :

- « Aujourd’hui, c’est notre premier jour de vacance, et, c’est aussi bientôt Noël ! On devrait aller

faire quelques emplettes ! cria-t-il joyeusement, en me faisant un clin d’œil.

- Hééééé ! Mais tu sais bien qu…

- C’est pas comme si je te laissais le choix ! dit-il en souriant.

- Qu… Mais… Je le regardais avec de grands yeux ronds, n’osant pas aller contre sa bonne humeur.

- Allez, c’est parti !

- Mais… Mais… Tatsuka ! Tu n’as que ta tenue du lycée !

- Alors on va d’abord s’arrêter dans un de mes magasins. »

M’attrapant la main, il me tira hors de la maison, le soleil s’était levé depuis déjà quelques heures,

réchauffant difficilement la petite ville de Kaimon. La vallée encore enneigée, une idée me traversa la

tête.

« ATTENDS ! ! Tatsuka, au lieu de marcher jusqu’en bas de la vallée… Ça te dirait… De prendre ça

avec moi ?… »

Il me regarda, d’un large sourire, les yeux pétillants. En ni une ni deux, Il attrapa la luge en bois

accrochée au mur, je m’agrippais, les mains autour de sa taille, et nous voilà en train de dévaler la

pente à toute allure.

« WHAAAAAAAAAAaaa » Crions-nous en descendant la vallée sur la luge de bois. Nous rions aux

éclats, quand après plusieurs roulades nous nous retrouvâmes la tête dans la neige et les fesses en

l’air .

« Haa, t’es terrible Mitsu ! » cria Tatsuka. Son bonnet rose recouvert d’un amas de neige, ses yeux

plissés et son sourire radieux, une beauté qui me surprenait à chaque fois davantage m’embellissait

le cœur. Ses cheveux noir ébène reflétaient d’innombrables flocons étincelants, une magnifique

princesse resplendissait devant mes yeux. Alors que son rire me réchauffait, une voix interrompit

notre esclaffade :

« Tu as l’air de beaucoup t’amuser, Tatsu-kun. »

Mitsuki perdit tout à coup le sourire, les yeux écarquillés devant une fille aussi belle qu’un

mannequin. Me concernant, j’avais reconnu cette voix, qui m’était familière et que je n’aurais jamais

oublié. Surpris de la voir, et surtout ici, j’étais resté sans voix, la regardant de ses 1m78, encore

accroupi dans la neige avec Mitsuki. Je me levai et me tenais face à elle.

- « Qu’est… Qu’est-ce que… Tu fais là… Avais-je du mal à prononcer.

- Tu ne le devines pas ? Après être passé chez toi, les gouvernants m’ont dit que je pourrais peut être

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te trouver ici. Tu m’as manqué, Tatsu-kun… Qui est cette jeune fille ?»

Gênée de la situation, je ne savais pas quoi répondre, je restais la bouche ouverte, la main derrière la

tête, me frottant le crâne…

- « Bonjour, coupa Mitsuki, se levant à son tour. Je m’appelle Shuhei Mitsuki.

- Bonjour, moi je suis Sarah Donovan. Fit-elle d’un large sourire.

- Tu n’as rien à faire ici. Coupa sèchement Tatsuka, visiblement énervé.

- Alors c’est comme ça que tu me considères aujourd’hui ! Hurla la jeune fille. C’est pas une façon de

traiter sa petite amie !

- Ex-petite amie… Tu n’aurais pas dû te déplacer pour si peu …

- Alors… Tu es encore fâché contre moi… Répondit-elle en faisans la moue, l’attrapant par le bras

- Arrête ça. Murmura Tatsuka, les yeux baissés, rejetant sa main. »

« Ex…petite amie ? » Murmura Mitsuki tout haut, les yeux rivés sur cette véritable beauté, typée

française. Les cheveux châtain clair, longs et ondulés, les yeux vert émeraude en amende, encore

plus belle que Kini… Mon cœur battait la chamade. Je ne l’avais jamais vu, une petite amie d’il y a

plus d’un an ? Une qui aurait compté à ses yeux ? Je ne m’étais jamais posé ce genre de question.

Alors que mon anxiété me paralysait, je sentis une douce chaleur prendre ma main. Je tournais la

tête, Tatsuka me regardait, d’un air gêné, il détourna ses yeux.

« Ne me dis pas que c’est ta petite amie de secours… ! S’exclama Sarah en rigolant. On dirait un petit

rat, tu aurais pu trouver mieux en m’attendant… » Se jetant à nouveau à son bras, l’écartant de

Mitsuki. Elle la regarda dans les yeux, et lui lança « On fait un beau couple n’est-ce pas ? J’espère que

tu as pu en profiter, car on est fiancé. Je suis partie en France une année, il fallait bien qu’il s’occupe

entre-temps… Tu comprends ?… Petit rat »

Alors que Tatsuka était choqué d’entendre ça, il ne m’a fallu qu’un quart de seconde pour sentir la

colère m’envahir. D’un geste sec et retentissant, ma main gifla sa joue qui était devenue

instantanément rouge et sûrement chaude, ses beaux cheveux volant de tous les côtés.

- Mitsuki ! ! s’écria Tatsuka, les yeux tout ronds. »

Alors que Sarah se mordait les lèvres nerveusement, elle me regarda d’un air vraiment diabolique,

alors qu’elle comprenait qu’elle était tombé sur la mauvaise graine, je me mis à crier :

- « Tu voulais faire ma connaissance, tu aurais dû t’abstenir. Lui dis-je, les sourcils froncés.

- Et… Et toi tu dis rien, Tatsu-kun… ! ! Cette fille m’a giflé et tu te contentes de regarder !

- Non pas vraiment, si tu veux bien me lâcher maintenant. Répondit-il d’un air désintéressé. Cela dit,

tu l’avais bien mérité. Balancer comme ça qu’on est fiancé… Tu veux rire… Tu es devenue bien pire

que lorsque je t’ai vue pour la dernière fois. »

Je n’avais jamais vu Tatsuka parler aussi sèchement à une fille, le visage complètement baissé avec le

regard noir et douloureux. De toute évidence, ce n’était pas n’importe qui… Et ça me rendais folle de

jalousie.

Tatsuka me tira dans ses bras, le sourire aux lèvres et décontracté.

« C’est elle que je vais épouser. Que tu le veuilles ou non. » Je regardais Mitsuki, sur de moi, son

visage devenait rouge, une légère brise souffla dans ses cheveux, où des milliers de gouttes s’étaient

formées, s’envolant dans les airs en un millier d’éclats. Elle était bien plus belle que Sarah, plus belle

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que toutes les autres filles que j’aurais pu croiser. Sarah me regardait, les yeux écarquillés, et son

visage colérique changea soudainement, adouci et triste.

« Je suis désolée de t’avoir fait du mal Tatsu-kun… J’étais jeune et naïve… J’ai cru toutes les choses

que me disait mon père. Je sais que j’ai encore une attitude nonchalante… Mais je fais des efforts…

Parce que… Quand tu es parti… J’ai réalisé que j’étais seule. Mitsuki… Je suis désolée d’avoir été si

impolie, j’ai mérité ta gifle... C’est plus fort que moi, quand je t’ai vu… J’étais vraiment énervée.

Mais… Malgré ça… Tatsuka… J’accepterais le mariage arrangé. Et même si c’est par la force que tu

me diras oui, je ferais ce qu’il faut pour te convenir. A bientôt.» Elle nous salua et fit demi-tour et

marcha en ondulant ses courbes.

Après quelques secondes dans le vide, je me mis à réaliser.

- « HEEEEEEEEE ! ! ! fiancééééééééé ! ! ! ! » Je poussai Tatsuka en arrière, choquée de ce que je venais

d’entendre.

- Heu… Tu veux pas qu’on aille discuter de ça autour d’un chocolat chaud ? Gémissait-il

anxieusement.

- Haaa… Je soupirais, prête à entendre le pire. Ok, tant que tu restes dans l’idée que tu vas m’épouser

moi, je te suivrais n’importe où… Gémissais-je à mon tour. »

Tandis que je soupirais, un sourire jusqu’aux oreilles se dessinait sur le visage de Tatsuka. Il me prit la

main et me tira jusqu'au petit café. Alors qu’on allait s’asseoir à une table, une voix m’appela.

- « Mitsuuuuuuuuuu-chaaaaaaan ! On est lààà !

- Kini ? ! Ryo ? ! Qu’est-ce que vous faites ? Répondis-je surprise.

- C’est une sacré chance qu’on se croise, on allait se faire un ciné tout à l’heure ! Alors on se

réchauffe un peu en attendant. Asseyez-vous avec nous ! »

Malgré le fait que j’avais envie d’entendre l’histoire de Tatsuka, on ne pouvait refuser l’invitation.

Nous prenions place et passions commande.

- « Yo ! Mitsuki, t’as l’air un peu dans la lune, vous avez fait quoi alors ce matin ? lança tout à coup

Ryo.

- Hein ? Oui oui ! répondis-je alors que je n’avais pas écouté ce qu’il disait.

- Heu… Alors tu étais réellement dans la lune… Répliqua-t-il aussitôt, se grattant la tête comme à son

habitude.

- Tu es malade, ma Mitsu ? Demanda Kini d’une petite voix.

- HAHA ! ! Noon noon, je vais bien ! Criais-je le sourire au lèvre.

- Sarah est de retour. Coupa soudainement Tatsu d’une voix sinistre.

- Sa…rah… Beugla Ryo… LA SARAH ? ! cria-t-il. »

Alors que j’étais maintenant très gênée de la situation, ne sachant juste que c’était son ex-petite

amie, je sentais la jalousie m’envahir horriblement, froissant la nappe de la table de mes petits

doigts.

- « Et… Tu en penses quoi Mitsuki ? me demanda Ryo.

- Je… Ce que… Je ne m’étais pas sentie aussi mal à l’aise depuis longtemps.

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- Elle n’est pas encore au courant, coupa encore une fois Tatsuka. »

Alors qu’il s’apprêtait à dire quelque chose d’important, son téléphone sonna. S’excusant de devoir

répondre, il quitta la table.

- « Ne t’inquiète donc pas, Mitsuki, je connais Tatsuka depuis la maternelle ! Et je peux te dire qu’il

n’a jamais été aussi amoureux d’une fille que toi. Bien que Sarah l’ait fait souffrir, ça n’allait déjà plus

très bien entre eux, et puis ils étaient encore ados. Je ne sais pas ce qu’il t’a raconté, mais sois

rassurée, il est accroché à toi plus qu’à sa propre vie.

- Qu’est… Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Demandais-je timidement.

- Il ne t’a jamais raconté ?… C’est un peu délicat… Mais, ça sera plus facile si c’est moi qui te raconte…

C’était il y a…

- C’était il y a 3 ans. Continua Tatsuka, qui était revenu s’asseoir. Il baissa la tête.

- Bon bah nous on va vous laisser, hein ! La séance va bientôt commencer ! Coupa Ryu, le rire jaune.

A plus tard les amis ! » Ils quittèrent le café, Kini courant derrière Ryo demandant ce qui se passait.

Quand Tatsuka repris là ou il en était.

- Il y a 3 ans, mon père me l’a présentée, elle venait d’une famille noble et très cotée. Elle venait

souvent à la maison pour jouer avec moi, et, avec le temps, je suis tombé amoureux. J’avais à peine

14 ans, je découvrais tout juste l’amour. Elle était la première fille que je voyais d’aussi jolie, gentille,

et drôle. On est sorti ensemble pendant plusieurs mois, quand un soir de repas de famille, mon père

nous a présenté comme les futurs dirigeants des deux sociétés une fois fusionnées par le mariage.

C’est ce soir-là que j’ai compris que mon père avait tout arrangé… Mais… J’étais quand même

éperdument amoureux d’elle et je pensais que c’était réciproque. J’ai continué de flirter, sauf qu’elle

ne me traitait plus comme au début. J’étais devenu son aristocrate petit chien, me baladant de plus

en plus. Je commençais à me lasser, et à voir sa vraie nature. Elle devenait… Comme les adultes…

Hautaine et nonchalante. Puis peu de temps après j’ai surpris une conversation entre elle et sa

copine. Disant qu’elle avait hâte d’être mariée pour se débarrasser de moi et ne plus faire semblant

pour le plaisir de ses parents.

- Tatsuka… C’est…Horrible… Murmurais-je, surprise que de telle personne existe.

- Ca m’a brisé le cœur, j’ai vraiment longtemps déprimé. Je ne croyais plus en l’amour, je pensais que

toutes les filles étaient comme ça, je ne faisais que jouer avec elles comme on avait joué avec moi.

Jusqu'au jour où… Tu es entrée dans ma vie, ma lueur d’espoir… Ma Mitsuki… C’est quand je t’ai vu

que j’ai réalisé qu’elles n’étaient pas toutes avides d’argent et de pouvoir. C’est en te voyant vivre

dans ta petite maison, de venir manger ta bonne soupe, de parler de tout et de rien toute une soirée

avec toi… J’ai réalisé la véritable valeur de l’amour, la valeur de la vie et la valeur d’un rire. Mitsuki…

Je t’aime, et il n’y a que ça qui me fait avancer. Jamais je n’accepterais un mariage arrangé. Vivre ça…

C’est beaucoup te demander. Je ne voulais pas te compliquer la vie…»

Je ne savais pas quoi répondre, c’était beaucoup d’infos d’un coup, je me rendais compte que je ne

connaissais pas autant Tatsuka qu’il ne me connaissait moi.

- « Ta…Tatsuka… C’est pour ça que tu ne parles jamais de toi…. Pour pas… Me compliquer la vie ? !

- Non, pas du tout, me dit-il avec un sourire. Je ne parle pas de moi, parce que ce qu’on vit toujours

ensemble n’a rien de commun avec mon passé, et construire des choses avec toi est bien plus

agréable. La seule chose qui m’importe, c’est nous. Et puis… Je n’ai rien d’intéressant à dire sur mon

enfance, j’ai toujours été seul chez moi, et à l’école je n’avais que Ryo comme ami. Alors que toi tu as

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plein d’histoires rigolotes ! ! me dit-il en plissant les yeux.

- Je suis désolée d’avoir giflé ton ex !

- Tu rigoles ! C’était trop drôle. J’aime aussi ton sale caractère ! Mais bizarrement pas quand c’est

contre moi

- Hééé, je t’ai jamais frappé ! ! ! Me défendais-je

- Nooon … » répondis-je en rigolant. Me rappelant de toutes les fois où je m’étais pris un coup sur la

tête, en me baladant avec mon énorme bosse pendant des heures. Quand j’arrivais en retard, ou que

je sortais une blague perverse.

L’atmosphère s’était décontractée. Heureusement, je n’étais pas une furie furieuse de jalousie, après

tout, on a chacun eu notre lot dans notre vie. L’idée du mariage me faisait toujours un peu peur, mais

je savais que Tatsuka ne se laisserait pas faire si facilement, et il était hors de question que je laisse

son père faire une chose pareille, je sentais qu’on allait faire un duo de choc. Après tout… Ce que je

lui ai fait vivre avec Yukinu, a dû lui faire aussi peur que ce que je vis en ce moment… C’est… Un juste

retour des choses.

- « Bon… Avec tout ça… J’ai eu mon père au téléphone. Il veut que je rentre immédiatement. Je me

doute bien pourquoi… Mais il serait temps d’avoir une conversation sérieuse avec lui. Je suis désolé

de gâcher notre journée.

- Ce n’est rien, on en aura d’autre… Mais… Ne me laisse pas sans nouvelle… S’il te plait. Sinon tu

risques fort bien de me voir débarquer chez toi !

- HAHA ! Ca, j’en doute pas. Alors, tiens au fait, j’avais acheté ça pour toi… Comme ça on pourra

s’appeler. »

Il me tendit un magnifique portable bleu turquoise.

- « Tatsuka ! ! ! Tu n’aurais pas dû, il est trop beau !….HAAA ! regarde ça s’allume alors que j’ai pas

ouvert le clapet ! ! !… Et … Ca fait des flocons de lumière… Whaaa….

- HAHAHA ! ! HA..HAHAHA ! ! Mitsuki, arrête tu vas me faire pleurer ! Je te laisse la notice, ton

numéro et le mien sont dessus, et j’ai rajouté Kini, Ryo et la bande.

- Merci… Disais-je timidement en rougissant. »

On s’embrassa longuement, sa main sous mes cheveux humides, mon cœur me criait que je ne

voulais plus le quitter.

Alors que je me retrouvais toute seule dans le café, je décidai de me rendre à la fête foraine pour voir

Monsieur Hakubo…

… - « Huuum, beaucoup de stand ont rouverts on dirait. Hooo…MONSIEUR HAKUUUBO ! » Je le

voyais, petit avec le dos courbé, on pouvait voir ses soixante-dix ans jusqu’à ses cernes sur le visage.

- Hooo, Ma petite Shuhei, alors, tu es guérie, tu te sens mieux ? disait-il d’une voix tremblante et

âgée.

- Oui, je vous remercie de vous en inquiéter, répondis-je en le saluant poliment. Alors… iI reste

beaucoup de chose à réparer ?

- Hoo, tu sais, à mon âge, ça devient difficile les travaux manuels, mais nous, les forains, vivons ainsi.

Mais tout est presque terminé, j’ai l’intention de rouvrir le manège dès le 5 janviers… Haa…

Gémissait-il en s’asseyant et se tenant le bas du dos.

- Est ce que ça va ? Vous avez l’air fatigué ! Je me précipitais vers lui pour l’aider, inquiète de le voir

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avec un visage aussi creusé.

- Haa, ma petite fille… Les choses ne sont plus comme avant tu sais. Mes forces me quittent… Mais

ne t’inquiète donc pas, tu retrouveras ta place dès que tu le voudras ! Un si merveilleux petit lapin…

Tu me fais penser à ma petite-fille, qui aurait eu ton âge cette année. Elle aussi se déguisait en lapin.

- Vous… Vous aviez une fille ? Demandais-je étonné.

- Héé oui… C’était il y a longtemps… J’aurais aimé partir avant elle… Haaa… Mon dos me fait si mal…

Pourrais-tu me passer ma canne ? »

Je n’avais jamais imaginé que ce vieil homme était si seul. Je ressentais une grande tristesse à son

égard. Le regard baissé, regardant fixement le sol, sa voix tremblante me fit revenir à moi.

- « Hooo, alors comment va ce jeune homme ? C’est un bon petit que tu nous as trouvé là !

- Ho… Vous parlez de Tatsuka ?

- Le jeune homme, grand aux cheveux châtain. Celui qui est venu me dire que tu étais à l’hôpital….

Haaa… Il est bien brave. Il m’a aidé toute la journée à remettre le stand en état malgré la neige !

- Il… Il a fait ça ! Je l’ignorais totalement, il ne m’en a jamais parlé…

- Il m’a parlé de toi toute la journée !

- Ha ? Et que disait-il ? Demandais-je curieusement avec le sourire.

- Hoo, il disait des choses plutôt étranges en fait… Il parlait des choses simples de la vie, comme

quelque chose d’incroyable. Haaa… Gémit-il à nouveau… Je vais aller faire une sieste je crois.

- Oui, reposez-vous bien. Heu… Alors je pourrais venir le 5, aux mêmes horaires ?

- Bien sûr ma petite Shuhei… Tu es ici chez toi. Tiens, d’ailleurs, attends une minute. »

Il partit à l’intérieur de la caravane, et ressortit difficilement quelques minutes après.

- « Tiens, voilà pour toi. C’est ta paye de Décembre.

- Ho… Je regardais à l’intérieur de l’enveloppe et aperçus une grosse liasse de billet. Mais je n’ai pas

beaucoup travaillé ce mois-ci. C’est beaucoup trop ! !

- Passe de joyeuses fêtes ma petite… Marmonna-t-il, presque en s’endormant debout.

- Venez, je vais vous aider à vous allonger. Vous devriez rester au chaud.

- Tu es bien gentille. Mais c’est toi qui devrais faire attention, tu as les cheveux trempés, tu vas

attraper froid. »

J’acquiesçais de la tête et l’aidais à remonter les escaliers, me promettant de revenir le voir

régulièrement pour prendre soin de lui, comme il a pris soin de moi toute cette année.

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Chapitre 13 : Les temps sont durs

Alors que Tatsuka serrait ses poings face au portail de chez lui, il avança d’un pas décidé à la

rencontre de son père. Ouvrant grand la porte d’entrée, des milliers de regards le dévisagèrent. La

tête haute, il traversa le hall dans un silence pesant, vers le bureau où régnait sûrement son père.

Claquant la porte derrière lui, seul face à ce visage endurci et noir, la pièce assombrie ne présageait

rien de bon.

- « Je ne savais pas qu’un rendez-vous familial avais été décidé. J’ai même aperçu des cousins que je

n’avais pas vus depuis bien des années maintenant. Grognait Tatsuka d’un ton ironique, s’avançant

au plus près du bureau.

- Je pense avoir été assez patient avec toi Tatsuka. Le temps des amusements est terminé. Rétorqua-

t-il de sa voix rauque et forte, se levant de sa chaise.

- Alors c’était ça… Tu pensais peut-être qu’en me laissant du temps avec Mitsuki, je finirais par m’en

lasser et revenir comme un grand à la maison… Et… Je suppose que m’envoyer Sarah était seulement

pour marquer le coup.

- Allons… Ne me fais pas passer pour un père indigne… Mais, je ne peux plus me contenter d’attendre

que tu ouvres les yeux, si tu n’y arrives pas par toi-même, alors c’est à moi de le faire.

- Oui… Je suppose que c’est aussi ce que tu as fait à ma mère… Lui ouvrir les yeux.

- Tapant du poing sur la table, il avança sa tête menaçante. NE PARLE PAS D’ELLE COMME CA ! C’était

une femme extraordinaire, et tu verras à ton tour que Sarah l’est aussi. Je ne te laisserais pas te

marier avec une fille qui n’est pas digne de notre famille.

- De notre quoi ?… Pardon… J’ai cru entendre le mot famille. Tu sais… Ces gens qui sont censés nous

entourer, nous élever, nous aimer, et faire en sorte de nous rendre heureux… On n’est pas une

famille, on est deux étrangers qui portent le même nom. »

Alors que je voyais les yeux de mon père s’écarquiller à chacun de mes mots, je réalisais qu’il n’avait

plus aucun contrôle sur moi, et qu’il ne m’inspirait plus la peur à laquelle j’étais habitué. Quand sa

voix rauque retentit à nouveau.

« Dans ce cas… Tu ne me laisses pas le choix. Je savais que ça allait être difficile, mais tu n’en voudras

qu’à toi même…. MESSIEURS ! »

Un seul regard et me voilà soulevé par les hommes de main qui se tenaient dans le noir.

M’emmenant par la porte dérobée du bureau vers la salle qui m’a fait tant pleurer quand j’étais

petit.

« Tu y resteras enfermé, jusqu’à ce que ta bonne conscience reprenne le dessus ! » hurla-t-il en me

pointant du doigt.

« Jamais… Je préfère y mourir que de devoir vivre ta vie ! » Criais-je en me débattant.

Cette pièce sombre avec des barreaux aux fenêtres… Je l’avais surnommée « le confessionnal » parce

que c’est tout ce que m’inspirait cet endroit. C’était une prison… où on m’enfermait, jusqu’à ce que

j’en ressorte, obéissant aveuglément à tout et n’importe quoi. Une prison mentale, qui ne m’aura

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pas cette fois.

Jeté seul la dedans, accroupi dans un coin de la pièce vide, je ne savais déjà plus depuis combien de

temps j’y étais. Je me remis à penser, enfermé ici, à Mitsuki, attendant sûrement un appel de ma

part. « Que va-t-elle penser sans nouvelle de moi… » Murmurais-je. « Ha… Je ne m’attendais pas à

me retrouver ici à nouveau… Depuis si longtemps… »

La dernière fois remontait à l’époque ou Ryo et moi jouions à Peter Pan dans les bois. J’étais rentré à

la maison avec les habits troués de part en part. La voix rauque de mon père avait résonné dans

toute la maison. J’étais resté des jours enfermé ici…. « Haa… Comment peut-on faire ça à son

enfant… Seule ma mère avait conscience de la valeur de la vie. » Murmurais-je. « Il faut… Il faut que

je sorte d’ici. »

Pendant ce temps, au croisement d’une petite ruelle.

Mitsuki, le regard sur son portable, vérifiait pour la quatrième fois d’éventuels appels en absence.

« Haa… Je me demande comment ça se passe… ATCHOUuuuuMM ! … Ho non… J’espère que je ne me

suis pas encore enrhumée… En plus… Ou est-ce que je suis ? ! … Cette rue est petite et sombre…

Haa… Moi et l’orientation. » Murmurais-je en me frottant le nez.

« Je rêve ou la paysanne s’est achetée un portable ? » Entendais-je dans mon dos, je me retournai, et

vis Urumi et ses trois chiennes me dévisager. C’était bien le moment… Pensais-je, fatiguée et

stressée. Alors que je voulais feindre l’ignorance, n’étant pas d’humeur à me prendre la tête avec les

pimbêches, elles insistèrent.

- « Tu as vraiment une vilaine tête, t’es maladou ? Beugla-t-elle en ricanant

- La ferme. Demandais-je fermement en m’en allant, toussant de plus belle.

- Bah alors, Tatsuka t’a laissé tomber ? lança-t-elle ironiquement. »

Alors que je commençais sérieusement à m’énerver, je me sentis faible et nauséeuse. Déterminée à

ne pas la laisser gâcher ma journée, je m’arrêtais et lui fit face.

- « Je te conseille de ne pas me chercher, Urumi.

- Ou sinon… Tu comptes faire quoi, m’obliger à porter tes fringues ? Pitié !

- Une simple muselière te suffit comme accessoire. Et si t’insistes, je te donnerais des laisses pour tes

trois chiennes. Dégage de ma vue avant que je ne m’énerve pour de bon. J’ai assez donné de claques

pour la journée.

- C’est que tu vas me faire peur, la petite paysanne sortirait sa fourche ? HAHAHA ! »

Me plaquant contre le mur, je sentais mes bras le long de mon corps, refusant de se lever. Ma fièvre

montait à grande vitesse. « Ces problèmes de santé vont décidément me suivre toute ma vie »

pensais-je blasée. Son bras plaqué contre le mur, au-dessus de mon épaule, c’était la première fois

que j’étais réellement confrontée à elle.

« Ne crois pas que tu vas rentrer gentiment chez toi. Tu débarques de nulle part, tu nous prends le

meilleur parti de notre lycée et de notre avenir, et tu oses encore te montrer comme si tout ça était

banal. Tu ne connais rien de nos vies, et toi… Tu ne mérites même pas d’en avoir une, tu n’es qu’une

traînée qui a aveuglé notre pauvre Tatsuka. Il mérite de vivre aisément avec une fille sans problème.

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Tu comptes profiter de lui encore longtemps heiiin ! » Cria-t-elle en me poussant à terre.

« Idiote… Tu crois, qu’être aussi agressive peut plaire à un garçon… Tu ne fais… Qu’aimer sa position

sociale. Tu es le portrait même de ce que tu viens d’énoncer. » J’avais du mal à parler, ma gorge

s’emballait, gonflait… Je ne m’étais jamais sentie aussi malade en si peu de temps. Peut-être que je

n’étais pas encore complètement rétablie… Alors que je n’avais que pour seule envie d’aller rejoindre

Tatsuka, je vis son pied se lever, me tapant dans le ventre, et les trois chiennes faisant de plus belle.

Voulant me protéger, je me mis en boule, incapable de me relever et même de parler.

- « Je crois qu’elle a son compte, Urumi, coupa une des filles.

- Ca ne fait que commencer… Je vais lui arranger sa petite gueule d’ange. »

Alors qu’elle me frappait la tête sans retenue, tout s’arrêta d’un coup. Je pensais que c’était enfin

terminé, quand j’entendis les cris des filles, et les sentis tomber à côté de moi.

« Pardooon, on n’aurait pas dû, on s’excuse ! » criaient-elle.

Je ne comprenais pas, qu’est ce qui se passe ? Je n’arrivais plus à parler du tout, ma gorge retenait

mes mots. J’ouvrais un œil, amoché, et vit la silhouette d’un homme plutôt grand.

- « Tatsuka est peut-être trop humble pour frapper une fille, mais pas moi. Approchez-vous encore

de Mitsuki, et c’est vos petites gueules que je referais.

- Pardon… Pardon ! » Criait Urumi.

Je connais cette voix… Je ne l’avais jamais entendu aussi menaçante, mais c’était bien lui… Je ne

sentais plus le sol, il m’avait soulevée, dans ses bras, me murmurant que tout allait bien se passer. Je

me sentais protégée et soulagée. Il se trouve, qu’on n’était apparemment pas loin de chez lui. En peu

de temps, je me suis retrouvais recouverte d’une couette, au chaud. Me tapotant le visage de coton,

ma voix revenait enfin, me sentant déjà mieux.

- « Ça pique… Murmurais-je en faisant la grimace.

- Je sais… Désolé.

- Mer… Merci, Yukinu…

- Je te pensais plus robuste, qu’est-ce qui t’es arrivée… Tu es salement amochée… Tu ressembles à un

catcheur maintenant.

- Haha… Rigolais-je en toussant… Désolé. Je te cause toujours des problèmes. Articulais-je

difficilement.

- Bien sûr que non. C’était un vrai régal de leur donner une petite correction. Alors…Où…Où est

Tatsuka ?

- Il… Il devait parler à son père… C’est compliqué. Je n’ai toujours pas de nouve… Eruuk Euuurk !

Haa… Désolé…

- C’est délicat de me tousser dessus ! Repose-toi.

- Non… Ce n’est pas normal… Il faut que j’y aille. Marmonnais-je

- Mitsuki… Regarde-toi. »

Il me tendit un miroir, et mes yeux s’écarquillèrent.

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- « et dis-toi que dans quelques heures, tu auras aussi des hématomes violet. Alors reste au lit et

repose-toi.

- Au lit ?… Haaa je suis dans ton lit ! dééésoléé, Euuuuuuuuurk eurk… How… Désolé.

- Je vais pas te laisser sur le fauteuil… Je suis pas un obsédé, alors rassure-toi, je ne compte pas te

sauter dessus.

- Je sais, rétorquais-je aussitôt en souriant. »

Alors que mes yeux se fermaient tout seul, je voyais le visage de Yukinu au-dessus du mien, veillant

sur moi comme à son habitude. Sa chaleur m’allait droit au cœur. Je me sentais apaisée, attendant

patiemment que mon portable sonne, quand je me mis à penser tout à coup, rouvrant les yeux en

me dressant sur le lit.

« Et s’il vient chez moi ! ! Il ne me trouvera pas ! ! ! ! Yukinu ! Il faut que je rentre chez moi ! »

Ses deux bras tenant les miens, tentant de me calmer, il me demanda :

- « Il est chez lui ? Ne t’inquiète pas, il…

- Son père veut le marier !… Il veut … Le… » Je ne réussissais plus à retenir mes larmes, qui coulaient

sur mon visage, parsemant mes blessures encore ouvertes, me piquant affreusement le visage. Je

réalisais que ce n’était pas une petite chose anodine, et que ça risquait bien de nuire à notre couple.

»

Je sentis alors une douce chaleur m’envahir, ma tête sur son épaule, il me serrait fort contre lui.

- « Pleure si ça te fais du bien… Je m’occupe de le prévenir d’accord… Ne t’inquiète pas. Tatsuka

t’aime trop pour laisser son père diriger sa vie. Et… Moi je t’aime trop pour te laisser pleurer ici sans

nouvelle.

- Je… Je… Je pleuuuure paaaaaaaas…. Criais-je encore plus effondrée, touchée par sa tendresse.

- Allez allez… Tu es brûlante Mitsuki. Tu n’as pas envie d’être malade à son retour n’est-ce pas…

Repose-toi. »

Alors que je lui tapotais le dos, je sentais sa tête peser sur mon épaule. Elle s’était endormie, je

sentais son souffle sur ma nuque et ses bras pendre le long de son corps. Je l’allongeais doucement

pour ne pas la réveiller. Une coupure sur la joue, la lèvre tailladée, Urumi n’y était pas allée

doucement. Son œil commençait à gonfler et ses bleus à faire surface. Malgré ça, elle était toujours

aussi belle. Ses longs cheveux noirs parsemaient le coussin, sa peau était douce… Je me surprenais à

la regarder aussi longuement, comme un cadeau qui m’était offert, une dernière chance de pouvoir

la contempler d’aussi près, seul avec elle. Ses lèvres remuaient… Je n’avais qu’une envie, l’embrasser

tendrement. C’était comme si elle m’appelait… Je serrais le drap, me retenant de cette horrible

tentation. Attrapant son portable, je quittais la chambre, ne me retournant pas, sachant que j’allais

craquer si je ne partais pas au plus vite.

Aussitôt la porte refermée derrière moi, mon cœur ralentissait, soufflant un grand coup pour me

vider la tête.

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« Bon…Tatsuka… Tu vas pas t’en sortir comme ça. » Je cherchais son numéro sur le répertoire,

essayant maintes fois de l’appeler, sans réponse. Je réessaye une nouvelle fois, et quelque décrocha

- « Mochi mochi ?

- Tatsuka ? Demandais-je, sa voix n’étant pas la même.

- Non, il est n’est pas disponible.

- Quand est ce que je pourrais lui parler ?

- ….

- Allo ?

- Il a décidé de rester auprès de sa famille. Vous ne pourrez pas lui parler, ne rappelez plus. »

Et ça raccrocha. Perplexe, Tatsuka, qui resterait avec sa famille sans prévenir Mitsuki… Ça me

paraissait beaucoup trop gros pour que ça se passe aussi simplement. Il n’était encore très tard, je

voulais passer chez lui, mais je ne pouvais pas la laisser seule ici. Une idée me vint alors… Je survolais

à nouveau le répertoire.

- « Yoooo…. Mitsu chan ! Tatsuka t’as enfin donné le portable à ce que je vois.

- …Ryo ? Je ne connais pas ton nom de famille. Y a juste Ryo sur le répertoire. Bref… C’est pas

Mitsuki, c’est Yukinu.

- …

- Yukinu, le président de…

- Oui, je sais qui t’es, fashion présidence, qu’est-ce que tu fous avec son portable ? dit-il d’un ton

insolent.

- C’est un peu long à expliquer, tu peux venir à mon appartement ?

- Pourquoi faire ? Je suis occupé là.

- Bon je résume, Mitsuki est malade et elle s’est faite agresser. Et Tatsuka et apparemment chez sa

famille pour régler son histoire de mariage, sauf que je ne peux pas le joindre.

- C’est quoi ton adresse ? répondit-il sérieusement… »

Alors que je l’attendais, je ne pouvais m’empêcher de rouvrir la porte de la chambre. Enroulée dans

la couverture, elle dormait comme un bébé. Je lui caressais le front, ses cheveux tombant sur ses

yeux, doux et qui sentaient bon l’abricot. Sans m’en rendre vraiment compte, mes lèvres se

déposaient sur son front, brûlant.

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Chapitre 14 : La fuite

- « Yo, elle est ou Mitsuki ? demandait Ryo à peine entré dans l’appartement.

- Est-ce qu’elle va bien ? ! ! cria Kini déboulant à toute allure avant que la porte ne se referme.

- Haa ! Tu es venu aussi ! S’étonna Yukinu. Ne criez pas si fort, elle est en train de dormir. »

Entrouvrant la porte, ils la regardèrent tous les deux, satisfait de la savoir en sécurité.

- « Pourquoi elle a des bleus au visage ? demanda Kini, effrayée.

- Elle a eu quelques démêlées avec Surumi.

- Qui ça ?

- Kutumi…

- Tu veux dire Urumi ? Coupa Ryo

- Ouais voilà c’est ça. Y a vraiment quelque chose qui tourne pas rond chez elle. Si je n’étais pas

arrivé… Sincèrement… Ca serait à l’hôpital qu’elle se serait retrouvée.

- Je ne comprends pas…elle ne s’est pas défendue ? Ce n’est pas dans son caractère de se laisser

frapper… Elle est plutôt du genre à en donner ! S’écriait soudainement Ryo

- Elle est brûlante de fièvre. Elle devait déjà être à bout de force avant même que ça se produise.

- Hum ? Murmura Kini. Alors… Tu as déjà vu Mitsuki se battre ? Demanda-t-elle en regardant Ryo, les

yeux tout ronds.

- On voit que t’as pas vu comment elle t’as dressé Tatsuka ! C’était un rebelle avant de la connaître tu

sais ! Et, il s’est bien assagi. D’ailleurs, en parlant de lui, il n’a toujours pas donné de nouvelles ? Il m’a

dit que Sarah était de retour alors…

- Qui est Sarah ? demanda Yukinu.

- Oula… On va pas complique les choses hein, chaque chose en son temps pour les explications ! Mais

son père est un vrai taré depuis que sa femme s’est suicidée. Il faut aller le sortir de ce merdier. »

S’agenouillant au sol, allumant sa clope comme à son habitude, le regard insolent et provocateur, il

regarda Yukinu la tête penchée. Kini, les étoiles dans les yeux, s’excitait déjà rien qu’à voir son

attitude qui en disait long.

« Je m’occupe de les appeler ! cria Kini en sautant comme une puce. »

- « Hein, appeler qu…

- Alors Yukinu, j’espère… Que tu vas enfin montrer que t’as des couilles. Lança Ryo, le sourire en coin

tout en rejetant un nuage de fumée. Parce que… Même si ça ne sera pas la première fois pour moi…

Cette fois… On va vraiment jouer gros. »

D’un sourire, le regard noir de Yukinu refit surface, excité à son tour.

« Ma vie manquait justement d’un peu d’action en ce moment. »

Kini de retour dans le salon, pointa son pouce en l’air

- « ROGER !

- Alors on est partis. Se la pétait Ryo, attrapant sa belle en l’embrassant farouchement.

- Faites attention !

- Bon alors… Je suppose qu’on suit ton plan

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- Pourquoi tu en avais un ? ! » Rétorqua-t-il aussitôt en rigolant.

Côte à côte en direction du manoir, Yukinu se demandait ce qui allait se passer.

- « Bon… Mets-moi au moins à la page… Proposa Yukinu.

- Quand on était petits, Tatsuka et moi, on était vraiment des phénomènes. On faisait tout le temps

les cons. A vrai dire, on n’avait que ça à faire, nos parents n’étaient jamais là de toute façon. On a

grandi ensemble, et je le considère vraiment comme mon frère aujourd’hui. On devait avoir 7 ou 8

ans, quand sa mère s’est suicidée. A cette époque, on n’avait pas vraiment compris ce qui se passait.

Mais c’est depuis cette période, que son père a commencé à torturer Tatsuka, l’accusant d’être la

cause de sa mort. Il l’enfermait des fois plusieurs jours pour de simples bêtises d’enfant. Et… Même si

ce n’est plus arrivé depuis des années… Son amour pour Mitsuki prend trop d’ampleur pour que son

père le laisse repartir avec elle.

- Je… Je ne savais pas qu’il avait vécu autant de chose… Murmura Yukinu, s’arrêtant de marcher.

- Tu comprends maintenant… Pourquoi il aime autant Mitsuki. Ça a été la seule à le voir

différemment, alors j’espère… Que tu ne t’immisceras pas entre eux.

- … Ca fait déjà longtemps que j’ai abandonné cette idée. Si un jour on me donne la chance d’être

avec elle… Alors ça ne sera que le destin.

- BON ! Maintenant qu’on a crevé l’abcès, on va pouvoir avancer ! »

La ville de Kaimon n’étais pas très grande. C’est après vingt minutes que tout le monde se rejoignit,

au croisement du quartier.

« Yo, Buns ! T’es de la partie !

- et comment, C’est pas comme si on ne s’était jamais préparés.

- Bon, alors on fait comme on a dit, la pièce est juste derrière, j’ai réussi à le sortir de là une fois, mais

depuis ils ont peut-être réparé les dégâts que j’avais fait. »

On mettait en place une vrai mission commando. Ryo connaissait bien les lieux et sa famille. On se

faufila par l’arrière du manoir, escaladant les barrières en évitant de se faire prendre par les gardes.

Alors qu’on longeait le mur, on entendait d’étranges bruits venant de l’intérieur, comme si quelqu’un

creusait.

« Tatsuka ? » Chuchotait Ryo, s’arrêtant brusquement devant une toute petite fenêtre barricadée

- « …Ryo ? C’est toi ?

- Oui, y a Buns, Tommy et Yukinu.

- Yukinu ? Qu’est-ce qu’il fait là ? Chuchotait-il

- Heu… Tatsuka, je ne crois pas que ça soit le moment de papoter, si tu vois ce que je veux dire ! Tu

peux la déplacer ou pas ?

- Non, j’ai essayé comme on avait fait la dernière fois, mais il semble que le barreau a été réparé !

J’essayais d’effriter le mur au niveau du barreau pour le déboîter, mais ça commence à faire super

mal aux mains. Le mur, il a pris l’humidité.

- Tiens, attrape ça, je l’avais mis de côté pour l’occasion.

- HAHA ! Ryo, même dans cette situation, t’es trop énorme ! »

Un pied de biche ? S’étonna Yukinu. Il nous en donna à chacun de nous, forçant les barreaux de la

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fenêtre.

- « T’avais caché ça sous ta veste depuis le début ? ! Murmura Yukinu surpris.

- Quoi… Tu pensais peut-être qu’on allait gentiment demander à son père de le faire sortir ? C’était

certain qu’il serait là ! »

Au bout d’une dizaine de minute, les barreaux cédaient.

Nous partîmes en courant, sous les yeux des gardes qui nous avaient repérés. Des coups d’épaules,

et les coups de poings voltigeaient déjà dans tous les sens. Rameutant toujours plus de gardes, tandis

que la famille de Tatsuka sortait du manoir en courant, ameutée par le raffut de nos cris.

- « Allez Tatsuka ! Toute ta famille te regarde ! » Souffla Ryo entre deux prises de mains.

- Alors c’est ça ta famille ! Hurla Yukinu, se défoulant agréablement sur chaque homme qui lui barrait

le chemin. Très accueillante ! Cria-t-il ironiquement

- Et ça… C’est que le côté de mon père ! Beugla Tatsuka, frappant de toutes ses forces ces gorilles.

- MoI Je n’AimE pAs me bAttrE ! Ne pOurrAit-On pAs discUtEr autOur D’un thE ? Articulait Tommy,

assommant l’un des gardes avec son pied de biche. Ha..dEsolE, mAis, vOus AvEz EssAyE dE mE

frAppEr ! S’excusa-t-il »

Un chemin frayé, tous les compagnons s’échappèrent, sous les yeux choqués de la famille.

HAHA ! ! HAHAHA ! ! ! Rigolèrent Tatsuka et Ryo, s’appuyant l’un sur l’autre, essoufflés après une

course effroyable.

- « Ha, ça me rappelle bien des souvenirs ! S’exclama Ryo

- Ca oui. J’en avais même oublié cette pièce. J’ai été vraiment stupide.

- Ça oui, baka ! Cria-t-il en lui filant un bon coup sur la tête, sous les yeux ébahis de Yukinu.

- Alors, Yukinu… Qu’est-ce que tu fais là ? Ne me dis pas que tu t’es joint à nous par un simple hasard

de circonstance. »

Les yeux de Cero et Ryo se croisèrent, inquiet de devoir lui dire la vérité. Le visage de Tatsuka se figea

à son tour.

- « Qu… Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Vous en faites une tête.

- Heu… C’est… Ne t’inquiète pas, elle va bien maintenant ! Kini est avec elle !

- Comment ça, elle va bien… maintenant ? Dîtes-moi ce qui se passe ! »

Un long silence pesait, personne n’osant lui faire face, Yukinu se lança alors.

- « Elle a été agressée par des filles du lycée, et… Elle est aussi malade.

- Qu… Quoi ! Mais je ne l’ai laissée qu’une journée ! Comment ça a pu se passer ! Qui l’a agressée ? ! !

! Elle est malade ? Elle allait bien cette nuit ! Et ce matin aussi ! »

Les yeux de Yukinu s’écarquillaient, le visage paralysé, le cœur se mettant à battre à vive allure.

« Ce… Cette… Nuit… » Songeait-il. Est ce qu’ils ont…. Non… Non, pas Mitsuki… Elle est trop… Je la

revoyais, allongée dans mon lit, ses cheveux gracieusement déposés sur son doux visage, ses yeux

perlés bleu violet, floutés par ses larmes. Je ne pouvais l’imaginer autrement que comme un ange,

sage et pudique.

« Calme-toi, il vaut mieux ne pas rester ici, on va t’y conduire. » coupa Ryo.

Pendant ce temps à l’appartement.

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« Je vais préparer du thé… » Pensa Kini, fouillant les placards de la cuisine. « Du thé à la rose ? Ce

garçon est plutôt raffiné. » Je mis l’eau à bouillir, quand j’entendis des gémissements venant de la

chambre, accourant dans celle-ci, ouvrant grand la porte. Je m’avançais doucement, mon visage au-

dessus d’elle.

- « Ki… Kini ?

- Mitsuki ! Tu es réveillée ! Comment est-ce que tu te sens ?

- Heu… J’ai mal à la tête… Qu’est-ce que…

- Yukinu a appelé Ryo ! Et j’étais avec lui alors, je suis venue aussi.

- Alors… Vous ne vous quittez plus tous les deux… Euuurk Euuuurk ! Disais-je en souriant, la voix

rauque et faible.

- He bien… Il se trouve que ça devient sérieux entre nous. J’essayais de faire de mon mieux pour

qu’elle ne pense pas à Tatsuka, et qu’elle ne s’inquiète pas. Alors je me mis à lui raconter toutes mes

histoires pour l’occuper. Sautant m’asseoir près d’elle, je commençais mon récit. Et tu vois au cinéma

il a pris une énooorme boite de pop-corn, je ne savais pas qu’il était aussi gourmand. Ryo… A

tellement d’assurance, même sans parler, son attitude est totalement sous contrôle. Au début, je

trouvais qu’il était lourd et qu’il se la jouait beaucoup. Mais… A force d’être à ses côtés, je me rends

compte que c’est seulement ce que l’on voit en surface. Il est doux, protecteur, sûr de lui, et on se

complète bien. C’est comme si j’arrivais à deviner ce qu’il pensait ! Il est un très bon ami, et je peux

t’affirmer qu’il est un très bon petit ami !… Tu verrais son torse, je ne le savais pas aussi musclé…

- He bien, je ne m’attendais pas à ce que tu m’en dises autant, répondis-je en souriant. Je suis

contente que tout se passe bien avec Ryo, j’avoue… Que j’étais un peu inquiète, mais, il a l’air de

tenir à toi… Kini ?… Rien à voir… Désolée… Mais… J’ai l’impression d’être toute boursouflée… C’est le

cas ?

- HA…HAHA ! ! ! Mais non, c’est une impression ! Rétorquais-je aussitôt, le sourire jaune

- Haa… Merci de ne pas savoir mentir Kini. Je dois être affreuse ! Cette peste… Elle va voir quand je

me serais rétablie !

- Bon, c’est vrai que tu fais peur à voir ! On dirait que tu es passée sous une moissonneuse !

- HAHA ! Tu sais à quoi ça ressemble ? Disais-je en rigolant

- Meuuuh, t’es vilaine…

- Kini… Est-ce que… Tu as eu des nouvelles de Tatsuka ?

- Ne t’inquiète pas, l’équipe de choc est partie le chercher ! Le pouce levé en l’air, aie confiance en

Ryo, il l’aime comme son propre frère !

- T’es accro toi. Souriais-je à nouveau, soulagée de l’avoir près de moi.»

Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase, qu’elle entendit la porte d’entrée s’ouvrir. Kini se précipita

dans le salon.

- « Ryoooo ! Se jetant dans ses bras, rassurée de le voir sans égratignure, ou presque. Tatsuka, je suis

heureuse que tu sois là. Mitsuki est dans la chambre, elle va être ravie de te voir. »

Tandis que Ryo me racontait comment ça c’était passé, Tatsuka entra dans la chambre, refermant la

porte derrière lui.

« Mi…Mitsuki ! ! » Je la regardais, son œil gonflé et bleu, la lèvre fendue, un pansement sur la joue…

Mes yeux s’écarquillaient, aucun mot ne pouvait décrire ce que je ressentais à cet instant. Mon cœur

palpitait, mes poing serrés, mes larmes aux bords des yeux, j’étais énervé contre celles qui lui avaient

fait ça, et énervé contre moi de n’avoir, encore une fois, pas su la protéger.

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« Tatsuka ! ! Ne… Ne fais pas cette tête, ce n’est rien, je t’assure ! ! ! Criais-je, me levant de mon lit.

Euuuurk euuurk. Aussitôt debout, je m’effondrais au sol, me tenant le ventre, qui me faisait souffrir,

retenue par les bras de Tatsuka, qui s’était jeté sur moi. Non… Je ne voulais pas… Je ne voulais pas

qu’il me voit comme ça. Prenant mon courage à deux mains, je le repoussai gentiment et me levai.

Tatsuka, tu n’as pas à m’aider, je vais bien. Dis-je en souriant. J’ai honte… Que tu me vois comme ça.

Je t’en prie… Ne me regarde pas ! Je baissais la tête, mes larmes tombant au sol. Honteuse d’être en

si piteux état.

- Tu n’as pas à avoir honte Mitsu-kun… Laisse-moi te serrer contre moi… Je suis désolé… De n’avoir

encore rien pu faire pour te protéger ».

Sa tête posée sur mon torse, je sentais son cœur palpiter, sa chaleur m’envahissait totalement. Plus

je la sentais contre moi, et plus je me disais que je lui faisais vivre des choses très dures. A chaque

fois que je m’absente, il lui arrive des malheurs, et c’est à chaque fois que Yukinu arrive pour la

sauver. Je ne fais que l’inquiéter davantage et la mettre dans des situations stressantes et

dangereuses. Je ne pouvais plus être aussi égoïste en la gardant que pour moi…

- « Tu… T’es battu Tatsuka ? Tu as des égratignures sur le visage.

- Ce n’est rien comparé à tes blessures… Mumurais-je, désemparé. Mitsuki…je ne sais pas combien de

temps je vais pouvoir le supporter. » Mes mains l’étreignant de plus en plus, mon corps entier

s’affaiblissait de chagrin. Tombant tous les deux à genoux, ma tête sur ses cheveux qui sentaient bon

l’abricot. N’arrivant plus à trouver les mots pour exprimer ma peine.

- « Mitsu…. Je suis désolé ! On ne peut pas… On ne peut pas franchir autant d’étapes sans en être

affecté.

- Ta…tsuka… Chuchota-t-elle, les yeux écarquillés, serrant son pull de toutes ses forces. Non…

- Je m’en voudrais toute ma vie de te faire subir plus encore que ce qu’on vit là. Je ne… Peux pas….

- Non… Non… Je vais bien Tatsuka ! Le poussant pour le regarder dans les yeux, c’est comme si je

vivais ce passage au ralenti. Les cheveux sur ses yeux amende, effondré, le visage creusé… En

quelques secondes, je comprenais ce qu’il ressentait, ce que je lui faisais vivre. Une atroce souffrance

brûlait au fond de lui, que je ne pouvais éteindre qu’en le laissant loin de moi.

- Non, tu ne vas pas bien. Et moi non plus. Tu ne pourras pas supporter de me voir souffrir comme je

ne supporte pas de te voir autant tiraillée depuis que nous sommes ensemble. Ça sera comme ça,

jusqu’à la fin de notre vie, personne n’acceptera notre relation, on devra se battre sans cesse… Et je

ne veux pas t’offrir ça… Tu mérites… D’être heureuse, et c’est quelque chose que je ne suis pas

capable de te donner si on doit justifier notre amour à chaque croisement de nos vies….

- …. »

Je ne pouvais plus rien répondre, tous les deux effondrés, on était allé jusqu’au bout de ce qu’on

pouvait supporter. Enlacés, il m’embrassa sur le front une dernière fois, m’enlevant les mains qui

s’agrippaient à lui de plus en plus. Me laissant seule dans la chambre, à me morfondre au sol, un

poignard dans le cœur en guise de consolation. « TA…TATSUUUUUUUUKA ! » Hurlais-je de douleur.

Tatsuka traversa le salon, les yeux au sol, ne prononçant pas un mot, partant seul, ignorant les appels

de ses amis qui tentaient de le retenir.

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Chapitre 15 : Une décision difficile

Allongée au sol, Mitsuki semblait inerte.

«Mitsuki…» Murmura Yukinu, se penchant au-dessus d’elle. Aucune réponse.

«Mitsuki, tu ne devrais pas rester par terre.» chuchota-t-il, lui posant la main sur l’épaule.

«Hé…Mitsuki…» Le visage au sol, ses cheveux s’étalaient par terre, ébouriffée, rien ne la faisait réagir.

Essayant de la retourner en l’attrapant, c’était un poids mort que j’essayais de soulever. Se laissant

manipuler, j’apercevais enfin ses yeux, qui planaient dans le vide.

«Yukinu? ...» Entendais-je dans mon dos. «Est-ce qu’elle va bien?» murmura à son tour Kini,

inquiète.

La déposant sur le lit, bien au chaud, sous une couverture. Mitsuki ne nous regardait pas, le visage

tourné vers la fenêtre qui donnait sur un arbre recouvert de neige. Ses yeux vides, le visage creusé,

elle ne pleurait pas.

«Peut-être, qu’il vaut mieux la laisser seule» proposais-je à Kini, qui ne disait plus un mot, restant

paralysée devant la détresse de Mitsuki.

Tous se rejoignirent au salon.

- «Bon…ça c’est pas vraiment passé comme on l’attendait…souffla Ryo, dépité.

- Je crois…qu’il a dû culpabiliser de la voir comme ça. Soupira Yukinu

- Mais…ce n’est pas sa faute! cria Kini.

- Haaa…Tatsuka est…pfouuf…soupira à son tour Ryo. «Compliqué». Il a tellement envie de la rendre

heureuse que je suis sûr qu’il s’est dit qu’elle le serait sans lui. Expliquait-il en s’affalant dans le

fauteuil.

- Et…maintenant qu’est-ce qu’on fait? demanda Buns»

Tout le monde se regardait, déprimé à l’idée qu’ils avaient rompus…

- «Remonter le moral de Mitsuki… Proposa Kini. Et toi Ryo, remonter celui de Tatsuka. Et tout faire

pour que tout s’arrange! Fronçant les sourcils, elle donnait les directives à toute la tribu. Se mettant

tous d’accord sur la marche à suivre.

- C’Est PeuT EtrE dEplAcé dE dEmAndEr çA, mAis PouR lE RepAs dE noEl, On l’AnnUlE?» articula

Tommy

- NON. On va tous se rendre chez Mitsuki et s’occuper de tout! Hurla Kini. Même si ça va être dur

pour tout le monde de voir qu’elle ne s’amusera pas! On va tous passer Noël avec notre famille,

tandis qu’elle, elle sera toute seule!

- Heu… Hé bien… Chuchota Yukinu. Moi… Je n’ai plus vraiment de famille… Alors je pourrais passer la

voir à Noël… Enfin n’y voyez pas d’idée mal placée heiiin! Cria-t-il en gesticulant ses mains dans tous

les sens.

- Voilà une bonne nouvelle! Mais t’as intérêt à garder tes distances Yukinu, car crois-moi, tu

n’aimeras pas devenir mon ennemi! Hurlais-je à nouveau.

- HAHA ! ça oui tu n’aimerais pas, rétorqua aussitôt Ryo. Surtout que les ennemies de Kini, sont

aussi… Les miens. Lança-t-il d’un regard devenu glacial. Bon, maintenant, il faut retrouver Tatsuka.

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Allez, on se barre. On te laisse prendre soin de Mitsuki, Yukinu!

- Tu veux que je reste? demanda Kini.

- Non, mon sucre, toi tu viens avec moi ! Rétorqua aussitôt Ryo. On ne sera pas trop de deux pour le

mettre KO!» La tirant hors de l’appartement, suivi des deux idiots.

Pendant qu’ils étaient tous partis voir Tatsuka, je me retrouvais seul avec Mitsuki et son profond

silence.

J’entrouvrais la porte, elle n’avait pas bougé d’un centimètre. Regardant par la fenêtre, des milliers

de flocons se collant les uns aux autres, un paysage aussi morose que ses émotions. Je m’assis près

d’elle, la main lui caressant la tête.

« Tout se passera bien Mitsuki, je suis sûr qu’il reviendra. » Sans dire un mot, elle poussa doucement

ma main et se retourna. « Qu’est-ce que je suis censé faire ?? » Pensait-il embêté.

« Hoo ! Tu n’as pas encore mangé ! Je vais te faire à diner ! »

Alors que je m’apprêtais à quitter la chambre, sa voix coupa mon élan.

- « Merci mais… Je n’ai pas faim.

- Et pourtant il faut que tu manges. Tu ne crois quand même pas que je vais te laisser mourir de faim!

- Je n’ai pas…

- Tais-toi. Si c’est pour dire des bêtises pareilles, je préfère encore quand tu te taises. Je vais faire à

manger, alors reste tranquille. » Répondit-il sévèrement.

Pendant ce temps sur la route du Manoir, après s’être séparés de Buns et Tommy, Ryo et Kini

faisaient route vers la forêt.

- « Pourquoi on ne retourne pas chez lui ? Demanda kini.

- Parce que ce n’est pas là que l’on va le trouver… Arrêtons-nous juste une minute. Il faut que je te

dise quelque chose… De très important. »

Nous étions à l’entrée de la forêt, nous pouvions entendre le vent froisser les branches et faire

tomber la neige. J’étais gelée, mais mon cœur battait comme jamais. Je n’étais pas du tout à l’aise, je

sentais mes mains devenir moites, mes jambes tremblaient comme une fillette, je ne me

reconnaissais plus. Toutes ces aventures m’avaient enfin ouvert les yeux et m’avaient fait mûrir. Je

regardais Kini fixement dans ses beaux yeux vert amende. Ses cheveux ondulés étaient recouverts de

milliers de flocons, et ses joues roses me faisaient totalement craquer. Alors qu’aucun mot ne sortait

de ma bouche… Je lui pris la main, quand sa voix résonna me faisant revenir à la réalité…

- « Ryo ? Qu’est-ce qu’il y a, tu es tout pâle… » Demanda Kini.

- JE !!!... Heu… Je….JEE… Bon sang, c’est plus dur que je ne le pensais… Pensa Ryo en fermant les

yeux. KINI JE !! … Haaaaaaa !

- … ??? Kini penchait la tête de tous les côtés comme pour essayer de lire dans ses pensées. Alors que

je posais mon doigt sur sa joue, le tapotant légèrement… Il fit un bond en arrière, le visage rougissant.

- HAaa Kini !! Qu’est-ce que… Mais qu’est-ce que tu fais ?!

- Heu… Je ne sais pas… Hochant la tête, incompréhensible.

- Oui… Alors bon… Regardant de tous les côtés, serrant les poings contre lui, il cria soudainement :

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« KINI !!! JE T’AIME !!! » N’osant pas rouvrir les yeux pour voir sa réaction. Il y eut un long silence. »

J’ouvris alors un œil, lentement, les yeux de Kini, tout ronds, me fixant sans un mot. Ses yeux vert

émeraude brillaient de plus en plus, alors que les miens s’écarquillaient à la vue de ses larmes, les

premières depuis que je la connaissais. Son visage changea pourtant radicalement en quelques

secondes. Un grand sourire se dessinait, et me sautant au cou, elle cria à son tour :

« Je t’aiiiiime Ryyyyyyo… Je… Je pensais que ce moment n’arriverait jamais… »

Je pouvais sentir son cœur contre le mien, battant à vive allure.

- « Promets-moi… Promets-moi de ne jamais me quitter Kini » lui murmurais-je à l’oreille.

- Promis… Alors… C’est pour ça que tu voulais que je vienne… Est-ce que… Ça t’a inquiété que l’on ne

se le soit jamais dit ?

- He bien, un peu oui… C’est… La première fois, que je le dis. Désolé, je suis maladroit... J'aurais dû te

le dire en t'offrant des fleurs.

- Non pas du tout. Je suis… Heureuse.

- D’autant plus que tu es plus utile ici que là-bas, HAHA...HAHAHA !!...Yukinu s’occupera très bien de

Mitsuki, je suis sûr qu’il doit être en train de la torturer pour lui faire avaler quelque chose !

- HAHA… Oui… Je l’espère. Il est rustre, direct, et parfois blessant… Mais il sait la faire réagir.

- Bien… Alors allons retrouver Tatsuka, parce que lui aussi, a fait une promesse. »

C’est main dans la main que nous nous enfonçâmes dans la forêt.

Tandis qu’ils marchaient depuis déjà 10 minutes, Yukinu avait fini de faire son riz cantonais. Le

plateau à la main, il entra dans la chambre.

- « Désolé, ce n’est pas de la grande cuisine. S’excusa Yukinu.

- Ce… Cero. Je t’ai dit que je…

- T’as fini oui, je te connaissais plus battante que ça. Mange pour commencer, puis remonte la pente,

petit à petit. Rien n’est fini. Allez, je ne partirais pas d’ici tant que tu n’auras pas terminé, alors si tu

veux de l’intimité, tu n’as pas d’autres choix que d’avaler ce que je t’ai préparé, et sans râler !

- Cero… Chuchotait-elle, les yeux écarquillés, par sa franchise et son côté malsain qui ressortait. »

Elle s’exécuta aussitôt, avalant son bol de riz d’une traite.

- « Bon… Tu vois que tu avais faim ! Sourit Yukinu en la regardant avoir si bon appétit.

- Chnon… chnavais pas faim… Articula-t-elle la bouche pleine.

- HAHA ! On dirait un chiwawa maintenant avec tes bleus et ta bouche remplie.

- Chrigole encore et chte fais avaler mech baguettes !

- Haaa t’es dégoûtante ! Tu me lances du riz dessuuuus !

- Chta faute. Continua-t-elle à dire la bouche pleine, les sourcils froncés.

- ^^… »

L’atmosphère était déjà moins pesante, même sous sa colère, elle avait réagi et était sorti de son

inertie. C’était un premier pas de fait.

Tandis qu’il savourait ce moment seul avec elle, Ryo et Kini retrouvaient Tatsuka, seul près du lac

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gelé.

« C’est pas la période pour nager. » lança Ryo, faisant sursauter Tatsuka, qui était perdu dans ses

pensées.

« Ryo ? Kini ? Qu’est-ce q…. » Il n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’il se prit violemment le sac de

Kini dans la tête, l’emmenant directement au sol.

« BAAAAAAAAAAKAAAAAAAAA ! » Cria-t-elle, essoufflée. Les poings serrés et du feu illuminant ses

yeux. « baka baka baka bakaaaaaaaa » répétait-elle alors, tout en le frappant à nouveau.

« Tu vas vraiment nous le mettre KO, Kini » lança calmement Ryo, les mains dans ses poches,

attendant la fin de l’orage.

« Dé…. Désolé, Kini » marmonna Tatsuka à terre, des bosses lui sortant partout sur la tête.

Celle-ci calmée, elle s’assit brutalement sur un tronc d’arbre humide, attendant avec empressement

des explications.

Assis dans la neige, Tatsuka n’osait même plus lever les yeux vers ses deux amis.

« Désolé… De vous avoir déçu. Mais c’est la meilleure décision qu’il fallait prendre. Les yeux

s’enfonçant encore plus dans le sol… Vous ne comprenez pas… Tout ça n’était qu’une utopie. Plus on

essayait, et plus j’échouais.

… Quand je l’ai rencontrée, elle était fragile, innocente, et pleine de gentillesse. Elle tendait la main

partout autour d’elle. C’était un ange que ses parents nous avaient laissé. Elle était perdue, elle ne

savait pas du tout vivre seule. Maladroite, et naïve, j’étais toujours en train de la protéger de tout, et

elle était heureuse, souriante et pleine de vie.

Elle disait que j’étais sa boussole… Mais… Depuis que je l’ai embrassée ce jour-là, je n’ai fait que la

diriger vers de mauvaises directions, enchaînant les mauvaises décisions. Je commence à croire que

je tenais un meilleur rôle en tant qu’ami qu’en tant que petit ami…

- Et… Quelles sont les mauvaises décisions que tu as prises… Demanda Ryo, perplexe.

- C’est simple… Je l’ai embrassée, et ne voyant aucune réaction de sa part… J’étais un peu déçu. Je

suis parti sans dire un mot. Je pensais vraiment que c’était fini avant même que ça n’ait commencé.

Quand je l’ai découverte ce soir-là, allongée dans la neige devant chez moi. C’est parce que je suis

parti qu’elle est venue me voir et qu’elle est tombée malade. Elle voulait rentrer chez elle le

lendemain, et j’ai insisté pour qu’elle reste, devant par la suite subir les mots terribles de mon père…

Après ça je suis parti, et elle s’est fait enlever… Puis je la quitte quelques heures et elle se fait

agresser à cause de moi… Et ma foutue réputation.

… Plus j’essaie d’avancer, et plus mon passé me tourmente violement. Plus on essaie d’avancer, et

plus elle doit subir de nouvelles épreuves. Elle était bien plus heureuse quand nous n’étions qu’amis.

»

Ryo et Kini se regardaient, la tristesse se lisait sur leurs visages, se sentant inutiles, dépassés par les

événements.

- « Alors… Qu’est-ce que tu vas faire maintenant… Demanda Ryo.

- Seulement… Ce qu’on attend de moi… Après tout… Je ne suis pas bon dans les prises de décision.

- Et celle-là est la pire que tu prends. Cria Kini désespérée. Va vraiment falloir que tu touches le fond

pour que tu te rendes compte que tu ne peux pas vivre sans elle !…

- Je crois… Que oui. Chuchota Tatsuka, le visage enfoncé dans ses bras.

- Haa… J’abandonne. Désolé Mitsuki. Pensa-t-elle tout haut. »

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Et c’est ainsi que se termina cette journée, pleine d’aventures, de surprises et de désolation, tandis

que Mitsuki regardait toujours la neige par la fenêtre que ne s'arrêtait plus de tomber, comme des

milliers de petites lumières dans la ville aux mille décorations de Noël. Les sapins recouverts de

guirlande, des jolies comptines sortant des portes parfois entrouvertes des magasins, un Noël blanc

s'annonçait. Les couples traînant dans les rues, sous leurs écharpes, se tenant la main, le sourire

magique, revivant les joies d'enfants, les sapins scintillants à chaque regard dans la rue, la neige

d'argent craquant sous les pieds joyeux des passants...Un sourire s'affichait sur son visage, revoyant

ses parents en train de la porter pour accrocher l'étoile en haut du sapin... Etre réveillée tous les

matins par les chants des cloches, décorer la maison avec des bombes à neige et des guirlandes aux

milles couleurs. Nostalgique, elle se leva d’un bond du lit, claquant la porte de la chambre et traversa

le salon en courant.

« YUKINU ! ! ! FAISONS UN SAPIN DE NOEL ! ! » Cria-t-elle, le sourire aussi grand que celui d’une

enfant, sous les yeux émerveillés de Cero qui ne s’attendait pas à un tel retournement de situation.

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Chapitre 16 : Le sapin

Il faisait déjà nuit dehors, Mitsuki avait tellement insisté pour avoir un sapin de Noël, que j’avais fini

par craquer sous ses yeux larmoyants. Me voilà donc dans la rue, accompagné d’une… D’une… Chose

emmitouflée sous des tonnes de vêtements, où on ne voyait que le bout de ses yeux bleus violets

plein d’étoiles. Moi qui pensais qu’elle était vraiment malade, ce n’était finalement qu’une baisse de

tension qui avait momentanément accentué son léger rhume.

- « Regardeee ! Un ours blanc ! cria Mitsuki, collant son nez à la vitrine.

- « Tu le veux ? demanda Yukinu, le regard ailleurs, rougissant.

- Whaa ! euurk euuurk… Regarde, une guirlande avec des cloches ! Mon père avait la même ^^ !

- Dans ce cas… Allons la prendre !

- Heeein, t’es pas sérieux !

- Tu veux un vrai Noël, tu vas en avoir un. D’autant plus… Que je n’en ai jamais fait un.

- Comment ça tu n’en as jamais fait…

- He bien… Disons que mon tuteur n’était pas ce genre de personnage. Et les familles d’accueil… On

est toujours un peu détaché. »

Sur ces mots, nous entrâmes dans la boutique, où Mitsuki passait tout juste la porte avec cet énorme

manteau que je lui avais prêté.

« Hooo… HoOOOOOoo ! » S’extasiait-elle à chaque nouvel article. Je ne pensais pas que la fête de

Noël deviendrait un pansement aussi fort pour son cœur, qui doit malgré tout être torturé à chaque

seconde.

- « Hooo, Tatsukaaaaaaaaaa, regarde ! ! ! ! »….

- Qu ! ! !… Mes yeux s’écarquillèrent, gêné du quiproquo.

- Qu… Qu’est… Que… J’ai dit… Son bonnet tombant au sol, j’aperçus de plus près ses yeux rouges,

humides et gonflés. Le ramassant et le renfilant aussi rapidement qu’il était tombé, elle tourna la

tête. Dé… Désolée…

- Ce n’est rien… Marmonna Yukinu, la fuyant autant du regard qu’elle n’essayait déjà de le faire. Tu…

Tu voulais me montrer quelque chose ? reprit-il embarrassé.

- Heuu… C’est… Pas important. Je dois te paraître… Vraiment capricieuse.

- Ça, c’est peu de le dire ^^ Lança-t-il les yeux plissés, le sourire en coin.

- Alors…tu m’en veux ?

- L’enlaçant tout à coup, c’était le seul reflexe qui m’était venu. Jamais je ne pourrais t’en vouloir

Mitsu, tu peux te tromper autant que tu veux, même la torture serait une douce consolation près de

toi.

- … Ne… Ne dis pas des choses pareilles. Tu mérites plus que n’importe qui de trouver l’amour. Moi…

Je ne suis qu’une fille que tu as idéalisée quand tu étais en maternelle. Tu vois bien, tous mes

défauts… Quand tu t’énerves… Quand tu es rustre… Celle que tu aimes… Doit te faire sentir léger, en

paix et heureux. »

Mon cœur implosait sous ses mots, car malgré le fait réaliste de ce qu’elle disait, je m’efforçais de me

répéter que c’était faux.

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« Je peux vous renseigner ? » la voix de la vendeuse nous fit sursauter, nous écartant rapidement l’un

de l’autre.

- « HAA ! ! haha… Heu… Oui, on voudrait un sapin de Noël. demanda Yukinu.

- He bien, vous vous y prenez un peu tard… Il m’en reste, mais le choix sera réduit. Cela dit ils sont en

promotion depuis peu.

- Haaa ! J’adore les promotions ! ! Cria soudainement Mitsuki. Haa… Et je devrais aussi me taire

….hahaha…

- Voilà, vous…

- Whhaaaa…. Des étoiles plein les yeux, elle regardait un sapin de taille moyenne, enveloppé d’un

nœud rose.

- On prend celui-là ! Lança Yukinu à la vendeuse. Et la guirlande qui a les cloches qui chantent, l’étoile

dorée… Qu’est-ce qu’elle regardait aussi… Ha oui… Ce qu’elle voulait me montrer… Ou plutôt

montrer à Tatsuka. Il regardait en direction de là où elle était, et aperçut une petite luge de bois

miniature, a accrocher au sapin. On prend ça aussi… Et l’ours blanc. Et…»

Tandis que Mitsuki avais encore la tête dans les étoiles, la vendeuse nous empaquetait le tout.

Alors que je voyais Mitsuki fouiller sous sa tonne de vêtement, à la recherche de son porte-monnaie,

essayant toute les poches une par une, la vendeuse finissait de l’encaisser.

- « Et voilà, passez un Joyeux Noël !

- Hé ? Mais, attendez, vous …

- Allez on y va ! »

Me tirant par le bras hors du magasin, chargés comme des mules.

- « Cerooo, mais qu’est-ce que tu as pris ?

- Tu verras. Porte ça plutôt. Il me tendit un sac, le plus petit de tous. Je peux en porter plus, grognais-

je après lui. Le sapin fait pratiquement ta taille !

- Tais-toi un peu.

- Toi tais-toi ! Je te rembourserais dès qu’on sera rentré !

- Oui, cause toujours ! D’ailleurs, on va chez toi.

- Qu… Pourquoi ?

- C’est la maison familiale, non ? Alors… Ca serait un bel hommage à tes parents. J’imagine, que pour

que tu aimes autant décorer, ils devaient le faire aussi.

- C’est vrai… C’était… Toujours la période la plus belle de l’année. Toute la maison brillait de mille

feux. »

A peine arrivés, Mitsuki alluma la cheminée. C’était vraiment romantique, pourtant, je ne pouvais

m’empêcher de repenser à ce qu’elle m’avait dit au magasin, répétant sans cesse les mots légèreté,

paix et bonheur.

Je la voyais accroupie au sol, toujours enveloppée de son écharpe jusqu’au yeux et de son bonnet

enfoncé jusqu’aux oreilles, fouillant comme une enfant dans les sacs, avide de trouvailles les plus

magnifiques les unes que les autres.

- « HAAA ! Tu as pris la guirlande avec les cloooooches ! Mais, je ne t’ai pas vu le prendre ? ! Pourquoi

j’ai rien vu de tout ça….

- Peut-être parce que tu étais trop absorbée par le sapin que tu as contemplé pendant bien dix

minutes !

- Menteur. Grogna-t-elle

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- Arrête ou je te laisse dehors sous la neige ! disait-il en rigolant.

- Je suis sure que je tiendrais plus longtemps que toi.

- Evidemment si tu sors comme ça… Pouffa-t-il. T’as combien de manteaux ? on dirait Micheline !

- Tu veux faire un combat de sumo ? !

- Non merci, ton visage me fait bien trop peur.

- Tss… Celle-là… Jvais me la… Dans le…

- HAHAHA ! »

On rigolait de bon cœur, c’était agréable, j’avais l’impression d’avoir… Une petite sœur. Peut-être…

Etait-ce ça que je ressentais vraiment… C’était trop tôt pour l’affirmer, mais mon cœur était tiraillé

par ses émotions.

Nous faisions le sapin, quand quelqu’un frappa à la porte. Mitsuki se précipita aussitôt, ouvrant la

porte en grand et cria :

« TATSU…. ! » s’arrêtant tout à coup, le regard blasé. Dé… Désolée ! ! HAHA ! ! reprit-elle. Entrez !

- Yo ! Qu’est-ce que vous faites ? On est passé chez toi, et il n’y avait personne, on s’est inquiété.

Expliqua Ryo.

- Oui et on a essayé de t’appeler sur le portable. Continua Kini.

- Ha ? Fouillant encore dans ses milliers de poches… Hoo… Il est éteint ! Je n’ai plus de batterie. Je

vais le mettre en charge tout de suite… Peut-être… M’appellera-t-il. Pensa-t-elle.

- Heu… Mitsuki ? Coupa Kini, le visage horrifié. Qu… Qu’est-ce que tu fais habillée comme ça ? ! ! ! !

Ma pauvre, Yukinu n’a aucun goût ! Enfin, c’est une fille ! Se tourna-t-elle en lui criant dessus. Viens

on va dans la chambre, faut te changer !

- Tu voulais peut-être qu’elle prenne froid ?… Haaa ces filles. Souffla Yukinu, dépité.

- C’est quoi ce bordel ? demanda Ryo. Vous avez fait les magasins ou je rêve ? !

- Et vous, qu’est-ce que vous faites là, d’ailleurs ? demanda Yukinu.

- On voulait juste savoir comment elle allait, mais on dirait qu’elle s’occupe l’esprit, malgré ses yeux

inondés de larme…

- Oui… Elle a soudain eu l’envie de faire un sapin de Noël.

- Bon, alors on va vous laisser, elle est… En bonne compagnie. Kini peut être rassurée, elle se faisait

un sang d’encre.

- Désolé, j’aurais dû laisser un mot sur la porte. »

De retour dans le salon, Mitsuki était plus que radieuse. Son œil avait déjà un peu dégonflé.

- « On va vous laisser, Kini et moi… Avons des choses super importantes à faire !

- Ha oui ? demanda-t-elle étonnée.

- Oui… Le regard au-dessus d’elle, lui tapotant la tête,

- Bon alors, on reviendra bientôt, faisant un clin d’œil à Yukinu, qui avait déjà compris pourquoi, le

regard blasé. »

Les vestes enfilées, les au revoir étaient cette fois plus joyeux.

- « Alors, on a quelque chose d’important à faire ? demanda à nouveau Kini à Ryo

- Heu… Non. Mais ils avaient l’air d’être très complices, je ne voulais pas les déranger, elle avait l’air

d’aller mieux.

- Complices… Tu veux dire… Comme…

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- Non, pas comme ça ! lança-t-il les yeux plissés ^^ Mais… On peut faire quelque chose d’important si

tu veux… On pourrait… Aller fêter… Enfin, faire ça bien… On peut aller au restaurant…

- T’es adorable Ryo… Plus j’apprends à le connaître, et plus je lui découvre des côtés vraiment

attachants. »

… Alors que Mitsuki avait refermé la porte, elle se tourna vers moi, les yeux encore rouges.

« Je ne t’ai pas encore remboursé, je vais chercher mon porte-monnaie ! » Alors qu’elle passait

devant moi, il fallait que j’en aie le cœur net. Il fallait que je sache vraiment que je ressentais pour

elle.

- « Ce n’est pas la peine je t’ai dit ! Lançais-je, le cœur agonisant.

- Laisse-moi au moins partager, proposa-t-elle, en souriant. Alors que je me penchais pour attraper

ma veste, mon ventre me fit affreusement mal. Haaa… Mes genoux au sol, me tenant le ventre, je

crispais mes dents.

- Mitsuki ! ! Je me levais d’un bond, prêt à l’aider, quand elle m’arrêta.

- Ça va, ce n’est rien ! Je me suis juste trop baissée. Faut pas t’inquiéter pour si peu.

- Tu… Tu es sûre ?

- Levant sa tête vers moi, me souriant, le pouce levé. C’est OK !

- Bon… Souriais-je à mon tour. Si tu as trop mal, dis-le-moi.

- Mais oui, oniiiiiiii san ! … C’était sorti tout seul… Je voulais juste plaisanter… Je le voyais rougir, mal

à l’aise. HAHA… HAHA… Je plaisante ! Essayais-je de le rassurer. Il me souriait, sereinement.

- Mais… Qu’est… Mes yeux s’écarquillaient… »

Je la regardais, accroupie par terre, les yeux grand ouverts sur les paquets entassés.

« HAAAA ! ! » Cria-t-elle de joie. Se précipitant sur un des sacs.

- « Je l’ai vu ! J’ai vu son oreille ! ! !

- Haha ^^ J’aurais aimé être là pour te voir à tous les Noël ouvrir tes cadeaux. Lança Yukinu, se

tordant de rire.

- L’ours blaaaaaaanc ! ! Crois-moi tu n’aurais pas aimé être là ! J’étais une vraie furie quand j’étais

petite.

- Seulement quand tu étais petite ?… Rétorqua-t-il aussitôt se tordant encore plus de rire, les larmes

aux yeux. »

« Merci ! ! ! » Se jetant dans mes bras, je ne m’y attendais pas du tout. Ses cheveux caressaient mon

cou, c’en était trop, je ne pouvais plus attendre… Lui tenant le bras, je la tirais davantage vers moi,

l’embrassant de tout son élan. Ses lèvres étaient douces, ses mains tremblaient dans les miennes,

n’osant pas me rejeter, même si je le sentais bien. Mon cœur… Ne s’emballait pas autant que quand

je la vois, frénétique, se jetant sur les paquets, ou quand elle me crie dessus.

Tandis que je quittais doucement ses lèvres sucrées, elle ne bougea pas. Ses grands yeux me fixant,

paralysé, et aussi rouge que je devais l’être. Lâchant maladroitement l’ours en peluche qu’elle tenait

dans son autre main. J’allais me recevoir une gifle bien méritée.

Tandis que je fermais nerveusement les yeux, attendant sa gifle… Je la sentais s’éloigner doucement

de moi. Intrigué, je rouvrais un œil, puis deux.

- « Tu… Tu ne me gifles pas… ? Demandais-je stupidement.

- Non… C’est ma faute… Désolé. J’ai beau savoir ce que tu ressens… Je ne m’y étais pas vraiment

faite… Désolé… Mais je ne peux pas… Cero. J’aime Tatsuka.

- Et moi… Je t’aime… Comme une sœur. C’est à moi de m’excuser, il fallait que je sache ce que je

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ressentais vraiment. Et… Je me suis senti… Vraiment gêné… Même si j’ai apprécié. N’osant plus la

regarder, je sentis ses lèvres sur ma joue.

- SMOUUUUAK ! Merci. »

Je rougis à nouveau, de bonheur, qu’elle me pardonne, quoi que je fasse. En quelques secondes,

c’était comme si toute ma vie, qui ne régissait qu’autour d’elle, s’effondrait comme un château de

cartes. Certes, jamais je ne pourrais me séparer d’elle, elle m’est aussi précieuse que ma propre vie.

Mais je me sentais libéré, mon cœur était léger.

« Tu veux bien… Me porter ?… Me demanda Mitsuki. Avant, c’était tout le temps mon père qui me

portait pour que je mette l’étoile… »

Il ne m’a fallu que quelques secondes pour la soulever. Déposant l’étoile au sommet du sapin,

scintillant de mille feux.

- « Il est beau… Notre premier sapin. » Murmura Mitsuki.

- … J’ai ça aussi pour toi… Je ne sais pas ce que ça représentait à tes yeux… Mais je tenais à te l’offrir.

- La… La luge en bois. On va l’accrocher tout devant le sapin ! » S’écria-t-elle. Mon père m’avait offert

exactement la même quand j’étais petite. Je ne l’avais pas ressortie depuis des années, avant que

Tatsuka et moi ne descendions la vallée dessus…

- Allez… Je suis sûr que ça s’arrangera. Chuchota-t-il, sa main me tapotant la tête.

- Il savait toujours autant me consoler, sa main était grande et apaisante. Cero… J’ai… Encore faim !

- ^^ Alors mangeons. »

Allumant les cloches de Noël, c’est sur les comptines du beau sapin blanc que nous terminâmes la

soirée, chantant à tue-tête, faisant encore plus tomber la neige.

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Chapitre 17 : La proposition

« Ta…tatsu…ka… Chti écureuil…» Marmonnait Mitsuki, endormie dans son lit.

« Un écureuil ? Et il est comment ? » demanda Yukinu, se moquant d’elle, au-dessus de sa tête,

pouffant dans sa main.

« Chentil… Laisse-moi venir… Dans… Dans ta maison » Articulait-elle, tournant sur elle-même.

« Seulement si tu me prépares le petit déjeuner. » pouffa-t-il en lui tapotant la joue avec son doigt.

« huuuM…. Moui… huM … Ca chatouille… » Elle entrouvrit un œil, le referma.

« Miiitsuuukiii… » Appela doucement Yukinu. C’est le matin…

« huuMmm… »

Bon sang, qu’elle est longue à se réveiller, ça fait 5 fois qu’elle a ouvert les yeux sans rien calculer.

« Bon… Tu ne me laisses pas le choix… » Rigolant, j’attrapai quelques feutres, lui dessinant des

petites étoiles sur le visage, une moustache, et deux ronds autour des yeux.

« HAHA…HAHAHA ! ! ! ! S’exclama-t-il face à son chef d’œuvre. »

- « Hu ? Cero ?… Qu’est-ce qu’il y a… Pourquoi tu rigoles… On est quel jour… Marmonna-t-elle, les

yeux cernés, les cheveux ébouriffés, regardant de tous les côtés.

- Hellooo jeune demoiselle, sache que ton fauteuil est super confortable par rapport au mien, une

fois dedans on n’en ressort plus ^^ ! Lève-toi j’ai préparé le déjeuner.

- Huum… Quoi ? C’était à moi de le faire, oni saaan… Lança-t-elle, encore somnolente, le regard dans

le vide. »

L’entendre m’appeler comme ça me faisait chaud au cœur, étant sûr qu’elle ne s’en était même pas

rendu compte. Alors qu’elle se redressait, s’asseyant en s’enroulant encore plus la couverture autour

d’elle, mon fou rire reprit de plus belle.

- « Qu’est-ce qu’il y a… Demanda-t-elle, parlant au ralenti.

- Rien, rien, tu veux du chocolat ou du thé ?

- Choco.

- Alors dépêche-toi de te lever.

- Hum hum….

- Je… Je rêve… On dirait vraiment une enfant.. » Comment Tatsuka pouvait supporter ça le matin. Se

demanda-t-il étonné de voir la patience qu’il devait avoir.

Alors qu’il finissait de préparer le déjeuner, il vit passer un zombie recouvert d’une couverture,

traînant par terre de tout son long, entrer dans la salle de bain, un nuage violet tout autour d’elle.

« HAAAAAAAAAAAAAA » entendit-il soudainement crier, alors que son rire reprit une nouvelle fois le

dessus

- « CEROOOOOOO ! ! ! Elle ouvrit la porte, claquant contre le mur, ses yeux en feux, le poing serré.

- Et voilà, tu es enfin réveillée ! Lança-t-il en ricanant »

Alors qu’une course ultime s’était déclarée dans la maison entre Mitsuki et Yukinu, quelqu’un frappa

à la porte, paralysant Mitsuki, le poing encore levé.

- « Je… Je… JE PEUX PAS OUVRIR COMME CA ! ! ! » Cria Mitsuki.

- Haha ^^ Va te débarbouiller, je vais y aller. Proposa Yukinu. »

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Ouvrant la porte, je restai sans voix.

- « Ki… Kini ? ? ? ? » Elle était bien plus magnifique que d’habitude, ses cheveux plus longs… Ses yeux

plus grands… Et… Bizarrement bien plus grande aussi.

- « Bon… BONJOUR ! !…. Euh… Moi c’est Sarah ! Pourquoi je parle si fort… Ce n’est rien, calme-toi…

fouuuu… fouuuu… Souffla-t-elle. » Alors que je relevais ma tête à nouveau pour demander à parler à

Mitsuki, je sentis la chaleur me monter au visage.

Appuyé contre le rebord de la porte, sa tête penchée, ses cheveux noir ébène flottaient au gré de la

brise. Ses yeux en amende, profondément noirs, me regardaient fixement, quand sa douce voix me

fit sursauter.

- « heu… Tu es une amie à Mitsuki ? demanda Yukinu, perplexe devant sa ressemblance avec Kini,

alors qu’elle avait l’air d’avoir un caractère bien différent.

- Une… Amie ? haha… Pourquoi je suis aussi gêné, allez quoi, parle !… Je suis… Une connaissance, elle

est là ?

- Entre, elle est en train de laver son visage. »

Alors que je rentrais dans sa demeure, une table au milieu du salon, une cuisine sur la droite, un

canapé sur la gauche, où se blottissait un magnifique arbre de Noël, une cheminée en face et des

décorations partout dans la maison, guirlandes, bombe à neige sur les vitres… On se serait cru… Dans

un de ces vieux films de Noël où toute la famille se réunit près du feu pour ouvrir les cadeaux sur un

fond de comptines entraînantes.

Alors qu’il refermait la porte derrière moi, je sentis sa main sur mon épaule. Chaude, grande, et très

apaisante. Je levais la tête pour savoir ce qu’il me voulait et c’est avec ses yeux plissés et un grand

sourire qu’il me lança :

- « Ne reste pas sur le pas de la porte, tu peux t’asseoir.

- Mer… Merci. Il était d’une gentillesse, il me rappelait Tatsuka.

- Désolé, Mitsuki ne va pas sortir de la salle de bain avant un petit moment. Tu veux boire quelque

chose ?

- Heu… Non merci. Ne voulant pas abuser de ma présence ici, qui dans quelques temps, ne sera plus

aussi appréciée.

- Heu… Tu ne m’as pas dit ton nom… C’est… Etrange que je ne te connaisse pas… Enfin ! ! Je veux

dire, que tu n’es pas du lycée !

- Ho ! Je manque à tous mes devoirs… Je suis revenue il y a peu de temps de France, et on n’a pas

l’habitude de s’appeler par nos noms là-bas. Je m’appelle Sarah Donovan

- Et moi Yukinu Cero, un ami de Mitsuki.

- … Je suis… Je suis la fiancée de Tatsuka. Dis-je en baissant la tête. »

Il me regarda avec des yeux ronds, ne s’attendant sûrement pas à entendre une chose pareille.

- « Et…. Qu’est-ce que tu lui veux ? » Demanda-t-il les sourcils froncés.

Son visage avait radicalement changé, un simple regard de lui et je réalisais qu’il n’avait pas un

caractère aussi doux que celui de Tatsuka… Ce qui me fit rougir de plus belle.

« Ne te fâche pas ! J’avais peur… Que tu ne me laisses pas rentrer si je te le disais. Il faut… Que je lui

parle de Tatsuka… Je t’assure… Que je n’ai rien voulu de… »

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Je n’eus pas le temps de finir ma phrase, que la voix de Mitsuki résonna de la salle de bain.

«CERO ? ? C’EST QUIIIIIII ? » Criait-elle.

« Heu… Tu devrais t’en rendre compte par toi-même, je crois. » hésita-t-il à répondre.

Il ne lui fallut que quelques secondes pour la voir sortir, une serviette à la main, s’essuyant le visage.

- « Bonjour, Mitsuki-chan. » salua poliment Sarah, se levant du canapé.

- « Sa… Sarah ! » Je ne sais pas ce qui me retenait de l’envoyer valser de l’autres côté du salon. Les

poings serrés, les sourcils froncés, je jetais la serviette à terre.

- Désolé de faire irruption chez toi. Il fallait… Absolument que je te parle.

- Vas-y je t’écoute, mais fais vite !

- Heu… Par où commencer »… Me tournant vers Yukinu.

« J’étais là quand vous avez fait sortir Tatsuka du manoir. Je vous ai vu vous battre au portail… Me

retournant vers Mitsuki… Tatsuka… Il souriait, avec ses camarades, il souriait de s’enfuir, pour te

retrouver. Ça m’a fait mal au cœur.

Quand… On était ensemble, il y a longtemps maintenant… Je ne réalisais pas la chance que j’avais,

j’agissais comme tous les adultes autour de moi. Mon séjour en France m’a fait mûrir, c’est une autre

culture, et je dois dire… Que j’ai regretté amèrement de l’avoir laissé partir.

J’étais revenue dans la ferme intention de le retrouver. Alors, quand je l’ai vu s’enfuir à nouveau… Je

n’ai pu retenir mes larmes. Mais… J’ai aussi compris, que je te faisais vivre la même chose que moi…

Que je te l’arrachais de force, ce qui était peut-être pire.

Malgré ça, j’ai été égoïste et j’ai voulu le garder pour moi. Je suis restée seule, toute la journée au

manoir, dans un profond silence, à faire le tri de mes sentiments, quand il est rentré le soir. Il avait

une mine effroyable. Et là… Je t’ai détestée, et même injuriée. Je ne pensais pas que le voir comme

ça me ferait encore plus souffrir que de le voir s’enfuir. J’ai réalisé… Qu’il ne pourrait jamais avoir les

mêmes sentiments pour moi, même avec des efforts, même avec le temps. Je ne fais pas le poids

contre toi. Je ne peux pas vivre avec lui le restant de mes jours à regretter de l’avoir rendu

malheureux. ALORS….relevant la tête. JE SUIS VENUE TE FAIRE UNE PROPOSITION ! ! ! »

- « Une… Proposition ? » Demandais-je, étonnée et abasourdie par ce revirement de situation.

- Oui… Et sache… Que Tatsuka l’a déjà acceptée, et est impatient de te retrouver. Ordonna-t-elle, le

doigt pointé sur elle.

- Qu… QUOIIII ? ? ? Cria-t-elle sur le qui-vive, à l’idée de retrouver Tatsuka.

- Oui, et pour faire ça en grand… Je voudrais faire participer tous vos amis. Mon plan s’intitulera «

Roméo et Juliette ! ! ! » lança-t-elle d’un sourire en coin. Alors, laisse-moi te présenter… Roméo… »

La porte d’entrée grinça, tous les regards se tournèrent, Mitsuki, les yeux s’écarquillant, son cœur ne

fit qu’un bond.

« Ta… Tasukaaaa ! » S’écria-t-elle, se jetant dans ses bras. Son regard était apaisé, ses cheveux

châtain étaient toujours aussi doux, s’entremêlant aux miens, effleurant mon visage.

- « Tu m’as manqué, lui murmura-t-il à l’oreille. Je suis désolé… Je ne voulais pas te faire souffrir.

- non… Je suis heureuse que tu sois là ! ! ! Des larmes de joie se profilaient, troublant ses beaux yeux

violets. Ne me laisse plus… Je t’en prie, j’ai cru que mon cœur allait s’arrêter ! ! Lui cria-t-elle,

étreignant son pull de toutes ses forces.

- Le mien aussi… S’est arrêté. Je t’aime, jamais plus je ne te laisserais. »

Alors que les retrouvailles étaient chaleureuses, Yukinu passa derrière lui en lui donnant un grand

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coup sur la tête.

- « Alors comme ça, tu attendais dehors tout ce temps ! ! ! ! Imbécile ! !

- Se retournant en se grattant la tête, le sourire en coin. Dé… Désolé, Sarah est très persuasive, elle

voulait absolument s’excuser avant que je rentre… Et… Elle m’a menacé aussi… Crois-moi… Elle peut

faire vraiment peur ^^ »

Ne quittant plus Tatsuka d’un centimètre, Mitsuki se retourna à son tour vers Sarah :

- « Merci, je dois dire… Que tu as eu du courage de venir ici, et de m’avoir rendu Tatsuka.

- Tu n’as pas à me remercier… J’ai été vraiment horrible avec vous. Alors je veux me faire pardonner,

et puis… Ses yeux croisant le regard de Yukinu, rougissant à nouveau. Il faut que moi aussi je trouve

celui qui me fera vivre en paix avec moi-même et heureuse.

- Tu… Tu veux parler de ta proposition ? demanda Mitsuki, toujours accrochée au pull de Tatsuka.

- Oui reprit-il. Il se trouve, que j’ai entendu des choses au manoir quand je suis revenu. Mon père

n’est pas prêt de repartir tant que je ne serais pas marié. Alors, si tu te sens prête… Enfin… Je veux

dire, je n’ai pas envie de te demander ça juste pour… Heu… Attends. »

Alors que Tatsuka s’embrouillait, Mitsuki était toute ouïe. Sarah prit Yukinu par la main, et le tira à

l’extérieur de la maison, refermant la porte derrière eux.

- « Hey ! ! ! pourquoi tu as fait ça ! demanda Yukinu.

- Je crois… Qu’ils avaient besoin d’intimité, murmura Sarah, s’accrochant au bras de Yukinu, qui ne

comprenait rien à cet intérêt soudain.

Tatsuka, tirant Mitsuki par la main jusque devant la cheminée, plongea son regard dans le sien. Lui

tenant fermement les mains, le sourire aux lèvres. Ses yeux miroitaient, reflétant de mille feux, rouge

orangé.

« Mitsuki… Epouse-moi. »

Le visage rougissant, les yeux écarquillés, la bouche entrouverte, incapable de prononcer un mot, le

cœur battant, réveillée par toute ses émotions, revenant à la vie.

- « Mitsuki, je ne te le demande pas pour aller contre ce que veut ma famille, mais parce que… J’ai

vécu le pire moment de ma vie sans toi, alors… Je préfère mourir plutôt que de vivre avec cette

souffrance. Je t’aime.

- … Oui… Ouiii, je le veux ! ^^ Je t’aime… Tatsuka.

- Hoo… Dé... Désolé, je n’ai pas de bague !

- Un baiser suffira, murmura-t-elle. »

Il m’embrassa, son baiser était encore plus tendre, plus merveilleux que dans mes souvenirs. Ses

lèvres étaient tellement douces et chaude. Les flammes s’embrasant dans la cheminée, craquant le

bois en un millier d’étincelle, venant nous chatouiller, réchauffant nos mains. C’était comme le

retrouver après des mois de solitude, ne voulant plus le quitter une seule seconde.

« Alors, c’est bon, on peut rentrer ? Il fait froid ! » Cria Yukinu.

Nous sursautions, oubliant complètement tout notre entourage.

- « Oui ^^ ! » Cria joyeusement Mitsuki. Décidant de garder cette surprise pour un meilleur moment.

Chapitre 18 : Noël

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Nous passions le reste de la journée à finir les décorations de Noël, montrant à Tatsuka tous les

merveilleux cadeaux de Cero.

- « Il... Il t’as gâté ! ! S’étonnait Tatsuka devant ce merveilleux sapin.

- C’est sûr qu’avec ses yeux rouges et ses larmes de crocodile, je ne pouvais pas dire non. Ricanait

Yukinu.

- Menteur ! Tu as pris tout ça sans même que je le vois ! ! Sermonna Mitsuki, le pointant du doigt

- Tu es un chevalier servant ^^ Proclama Sarah.

- Heu… Je ne sais pas si on peut dire ça comme ça, répondit Yukinu, un nuage violet sur la tête, blasé.

- Hooo ! Regarde ça, Tatsuka ! Attrapant la petite luge de bois

- Hoo ! C’est la même que ton père t’avait offert ! Elle est exactement identique !

- Oui ! J’ai tout de suite pensé à toi quand je l’ai vu ! ^^

- Hum… Ça oui… Grogna Yukinu dans son coin. »

La journée était passée à une vitesse folle, Sarah s’intégrant au rang d’amie, petit à petit. Alors que

Mitsuki criait famine alors qu’il était encore tout juste 18h, une ribambelle de coup fit sursauter tout

le monde à la porte. Mitsuki, se levant en courant afin de faire cesser tout ce bruit, ouvrit la porte

rapidement. Quelle ne fut pas sa surprise, accueillie par des confettis, des pétards, et des rires.

« HaaaaaaaaaaaaaaaaAAa ! ! » S’égosilla-t-elle de joie ! ! ! ! ! Ryo, Kini, Buns, et Tomy, étaient au

rendez-vous.

« JOYEUX NOOOOËL ! ! Et … Beaucoup de bonheur à Tatsuka et toi ! ! ! » Criaient-il tous en cœur ! !

- « Vous… Vous étiez au courant ? ! ! ! S’écria-t-elle

- Yukinu nous a tous appelé ce matin ^^ Heureusement qu’il nous tient au courant ! vilaine !

Sermonna Kini.

- Haa oui, désolée, je n’ai pas vu le temps passer ! Merci d’être venus… Les larmes montaient toutes

seules. Décidément ! Je suis vraiment fleur bleue à pleurer pour un rien ! Vous êtes chargés en sac,

vous avez dévalisé les magasins ! »

Manteau, gants, écharpe, et sac déposés, tout le monde se mit au travail, déballant le repas, mettant

la dinde à cuire, sortant les apéros, le saké et le champagne.

Tout se mit en place très vite, Sarah conviée joyeusement au repas, Kini leva son verre.

« Avant qu’on soit tous trop saouls pour se rappeler de ce moment, je voudrais porter un toast :

Mitsuki, on est tous heureux d’être en ta compagnie ce soir, espérant que ce Noël soit aussi bien, ou

s’approche, de celui avec tes parents, qui, je suis sure, nous regardent ce soir et à qui je lève aussi

mon verre en leur honneur, que ta vie soit belle et heureuse. »

C’était très émouvant, le visage rougi de Mitsuki, ne put s’empêcher de sourire, d’être entourée

d’amis aussi formidable, et d’un fiancé aussi parfait qu’un prince.

« Merci Kini, ça me touche beaucoup, et… Tatsuka et moi avons aussi quelque chose à vous annoncer

: …. On va… Se marier ! ! » Sous les yeux ébahis de tous ses amis, souriants, épatés et ne sachant plus

quoi dire, tout le monde se jeta dans leur bras, les félicitant, faisant péter les confettis et le

champagne.

« Bien sûr, ça va être un peu compliqué, mais on va tout vous expliquer ! ! » Lança Tatsuka, dans le

chahut total.

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« Ouvrooooons les cadeaux ! ! ! ! » Cria Mitsuki

- Mais… C’est loin d’être encore minuit, protesta Yukinu

- Tu veux vraiment me faire patienter devant ces paquets avec mon nom dessus toutes la soirée ?

demanda Mitsuki, des éclairs dans les yeux.

- Ha..haha… Tatsuka… Contrôle ta femme, elle me fait peur ! Pria-t-il en reculant.

- He bien, Ryo à commençé à entamer le saké, Kini le suit, la dinde est encore au four ^^ Moi je n’y

vois aucun inconvénient, si ça peut la rendre heureuse…

- Haaa… Ca y est, les voilà repartis les deux tourtereaux, on se croirait dans Cendrillon… Souffla

Yukinu, dépité.

- S’il te plait… Oniiiiiiiiiii-san…. Larmoyait Mitsuki

- Haarg… Ne… Ne me prends pas par les sentiments ! supplia-t-il, se laissant finalement convaincre. »

Alors que Mitsuki revenait de sa chambre, avec une pile de cadeaux, les uns par-dessus les autres, à

la limite de s’écrouler sur elle, elle cria :

- « que la chasse aux cadeaux commeeeeeeeeeence !

- La… La chasse ? demanda Sarah perplexe

- Oui ^^ Le jeu consiste à se jeter dans la masse et de trouver son nom le plus vite possible ! expliqua

Tatsuka.

- Je… Je n’ai jamais fait une telle chose… ça… Ça a l’air amusant ! ! ! S’écria-t-elle le sourire aux lèvres.

- Oui… On apprend à vivre des choses étonnantes avec Mitsuki, murmura Yukinu, le sourire en coin…

Entre autre… On apprend la vraie vie, se tournant vers Sarah, lui tendant la main. Tu veux essayer ?…

Ouvrons les miens ensembles.

- Rougissant, elle lui prit la main avec hésitation, et lui répondit chaleureusement : oui… J’ai envie…

De connaître tout ça. »

- « Hoo, un bonnet tout rooose » s’écria Mitsuki « Hooo, une étoile de neige pour accrocher à mon

portable ! ! ! » S’extasiait-elle de plus en plus.

- Ha, c’est le miroir que je voulais ! S’extasiait Kini, remerciant Mitsuki d’un énorme bisou, avant de se

replonger dans la masse de cadeaux.

- How, le livrE de StEphEn EdwArt, j’AdorE, proclama Tomy, heureux, de Ryo ? Merci mon ami !

- Une bouteille de sakéééééééééé ? ! S’écria Ryo, explosé de rire. Tu as vu au fond de mon cœur

Mitsuki ! ! ! Ça peut venir que de toi ^^ !

- Haaa qu’est-ce que c’est que ça, protestait Bun’s, Ryo, je pourrais jamais mettre ça ! ! C’est… Un…

String éléphaaaaaaant ! Meuglait-il, face à Ryo, tordu de rire.

- Un ours blanc ? ! S’extasiait Yukinu. Mitsuki, c’est le même que je t’ai acheté ! Observa-t-il

- C’est pas ma faute si tu l’as acheté dans mon dos ^^ Mais comme ça, on aura le même ! Expliqua-t-

elle, d’une douce voix. Et puis… C’est la seule chose qui me faisait penser à toi, tout beau, tout doux,

avec un caractère bien trempé !

- Merci ! J’en prendrais soin ^^

- Ho, désolé Sarah… Du coup… Tu n’as pas de cadeaux… Marmonnais-je, le cœur serré de voir tout le

monde s’amuser sans elle.

- Nooon ! Ce jeu est vraiment drôle ! Merci de m’avoir invité ! Et Yukinu me laisse déchirer le papier

avec lui ! S’égosillait-elle dans ce vacarme de cris et de rires. »

Se mettant à l’écart, Mitsuki observait tous ses amis, avec un grand sourire, le cœur chaud et la

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larme à l’œil, s’amuser et rire, avec les cloches de Noël qui tintaient et résonnaient des chants de

Noël.

« Mitsuki… » Murmura Tatsuka, se rapprochant d’elle.

« Celui-là… Est pour toi. » Il me tendit une petite boite rouge, ornée d’un magnifique nœud doré.

Alors que j’avais pour habitude de me jeter sur tout ce qui ressemblait à un cadeau, j’ouvris le sien

délicatement, curieuse de savoir ce que j’allais y trouver.

- « Ta…Tatsuka ! ! » Son nom échappa de ma bouche, à la vue de cette magnifique paire de boucle

d’oreille… C’est… Celles que j’avais vues dans la vitrine.

- Oui… Je t’ai vu bloquer dessus… Et… Quand j’ai vu les photos de ta mère porter les mêmes… Je me

suis dit, que tu avais le droit de te faire aussi belle qu’elle, pour Noël.

- …. Elles sont… Magnifiques. »

Mes boucles d’oreilles à la main, m’appuyant sur son torse, les pointes du pied levés, je l’embrassai

tendrement.

- « Essaye-les…

- Oui… Mais alors… Attend, j’en ai pour quelques minutes seulement ! ! Je reviens ! »

Elle s’échappa tout juste quelques secondes, et elle revint.

« haaa, avant d’y aller, voilà ton cadeau ^^ ! ! Tiens… » Alors qu’il l’ouvrait avec autant de

précautions que j’avais ouvert le sien, ses yeux s’écarquillaient.

- « Mi…Mitsu-kun !

- ho… Oui… Je sais, c’est pas grand-chose… Je suis désolé.

- Non ! ! ! C’est… Magnifique ^^ ! Sauf que je le garderais que pour moi ce cadeau-là ! Rougissant, un

sourire jusqu’aux oreilles, ses yeux ronds et plein d’étoiles.

- Pervers ^^ rigolais-je. Tu… Tu es sûr que ça te plait ?… Enfin… J’avais un peu honte de lui offrir ça

après avoir reçu des boucles d’oreilles aussi belles.

- HO OUI, MON LAPIN ! ! ! S’écria-t-il ! ! Quand même… » Pensais-je, regardant ce magnifique cadre

photo, avec Mitsuki en costume de lapin, faisant un bisou, et avec marqué : ton lapin pour la vie. Je

me demande quand est-ce qu’elle a fait ça ^^ ! »

Après s’être tendrement embrassés, elle repartit en courant, s’enfermant dans sa chambre. Tandis

qu’au salon, la lutte pour les cadeaux continuait. Le papier volant en éclat, s’extasiant chacun à leur

tour de leurs merveilles, sous le sapin.

Tatsuka remplissait les flûtes de champagne pour tout le monde, quand les bruits s’arrêtèrent

soudainement dans son dos. Il se retourna, curieusement, et s’extasia au moins tout autant que les

autres membres de la bande.

Ses longs cheveux noirs pailletés, un nœud blanc de chaque côté, une longue robe au bustier rose,

tombant généreusement à ses pieds d’un blanc éclatant. Ses boucles d’oreilles argentées, pendant

jusque dans son cou, et une touche de gloss sur ses lèvres étincelantes… J’en restais sans voix.

« C’est… C’est la robe que portait ma mère… C’est… Une des seules choses que j’ai pu garder d’elle. »

dans un silence magique, tous les yeux rivés sur sa beauté, ses yeux violets miroitant, débordant de

ses larmes qui nous touchèrent comme si nous avions tous connu sa mère.

- « Allez ! Souriait-elle en même temps qu’une larme coulait sur son visage, on garde la nostalgie pour

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la fin de soirée, Ryo, je crois qu’un verre de saké s’impose ! ! » Cria-t-elle en rigolant.

- Regaaaaaaaaarde Mitsuki ! ! ! Beugla encore Buns, des éclats de larmes en forme d’étoiles, Ryo m’a

offert un string éléphaaaaaant !

- HAHA…HAHAHA ! ! ! ! ! » Tout le monde se mit à rire, trinquant jusqu’à très tard dans la nuit.

- « Tu es magnifique, Mitsuki » murmura Tatsuka.

- Grâce à toi… »

« Mouais… Ça manque un peu de fille, cette soirée » Beugla Buns, son string sur la tête après

quelques verres.

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Chapitre 19 : Papa, Maman

Durant les jours suivants, après bien des gueules de bois, Tatsuka continuait à rendre visite à Mitsuki,

prétendant toujours sortir avec Sarah auprès de sa famille, qui, celle-ci, allait se réfugier chez Yukinu,

qui, décidé à sortir de sa coquille, l’avait humblement invitée, afin d’éviter qu’elle ne soit vu seule en

ville.

Nous voilà donc, 23 décembre, à la veille de Noël, dans le petit appartement de Yukinu, autour d’une

tasse de thé à la rose.

- « Alors, raconte-moi comment est la France… Demanda Yukinu, assis sur le fauteuil, reflétant les

doux rayons de soleil dans ses cheveux, révélant son teint éclatant.

- La France… C’est… Comme une libération. Proclama-t-elle, se levant du canapé, excitée de raconter

ce qu’elle avait vécu là-bas. On est plus obligé de suivre toutes ces coutumes. D’un côté, on a envie

de les garder car c’est une partie de nous, mais d’un autre… On a envie de vivre aussi libre qu’eux. Et

puis… C’est magnifique ! ! ! Rigola-t-elle, les yeux plissés, se penchant vers Yukinu. Ho, je ne te parle

pas de Paris… On dit des choses merveilleuses sur cette ville, mais c’est loin d’être la plus belle…

Pointa-t-elle de son index.

- Et quelle est la ville que tu trouves la plus belle ? Questionna-t-il intéressé

- He bien… J’ai fait un peu le tour… Levant les yeux au plafond… Il n’y a pas une ville en particulier, je

dirais que le sud est la partie la plus belle pour ses plages et son côté décontracté. Et à l’opposé, la

Bretagne, pour toute cette verdure et cette campagne… Sauf qu’il y pleut souvent. Est-ce que… Tu as

déjà voyagé ? Le regardant à nouveau, les yeux tout ronds.

- Non pas vraiment… J’ai beaucoup bougé dans ma jeunesse, mais je ne suis jamais sorti du Japon. »

Le côtoyant depuis peu, je ressentais beaucoup de solitude dans son regard, une question me

démangeait, n’osant pas lui poser. Je me rassis sur le fauteuil, réfléchissant à comment arriver à lui

demander, quand il me sortit de mes songes :

« Tu es bien songeuse… Si tu veux en savoir plus sur moi, alors demande-le… » Clama-t-il en se

levant, le sourire en coin, marchant jusqu’à la baie vitrée de son appartement. Alors qu’il regardait le

ciel à travers la vitre ou il faisait bon, réchauffé par le soleil, je décidai de me lancer. Me levant à mon

tour, le rejoignant à la fenêtre, restant derrière son dos, ne voulant pas affronter son regard.

- « Il n’est pas facile d’oublier le passé, d’oublier ce qu’on a était. Je ne veux plus être top model… J’ai

envie d’un métier qui puisse racheter mes fautes… Je veux… Faire mes études en France, et devenir

avocate. Et toi, que veux-tu devenir ? Comment tu vois ton avenir ?… Parce que, tout ce que je vois

en toi, c’est une éternelle solitude. »

- Ce que je… ! ! Heu… Le vide fut ma seule réponse. Je ne faisais que suivre les idéaux de Mitsuki.

Jusqu’à maintenant, je m’étais seulement focalisé sur elle, incapable de vivre ma propre vie. Une

phrase pourtant subsistait dans ma tête. Ma main posée sur la vitre, baissant la tête, je me revoyais

dans la cour d’école, auprès de Mitsuki, m’expliquant à tout juste 4 ans les gestes qui sauvent et

clamer : « Mon papa, il sauve les gens… ! » J’avais toujours rêvé de suivre son exemple, je le

ressentais au plus profond de moi, voulant non seulement lui rendre hommage, mais aussi pour ma

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propre existence… Je me retournai vers Sarah, lui souriant, découvrant enfin un fil conducteur de ma

vie : « Je veux devenir médecin ! ! ! » Criais-je, le cœur battant la chamade à l’idée d’avoir un objectif

à atteindre…. Et ça… Un peu grâce à Sarah.

- Ho… Je… Je ne m’attendais pas à ce que tu me répondes ça avec autant d’enthousiasme après un si

long silence ^^ Répliqua-t-elle aussitôt

- Merci.

- Mais… De… De quoi ? Demanda-t-elle, perplexe

- Merci de m’avoir donné envie de poursuivre ma vie. Je ne sais pas ce que tu as fait dans le passé

pour t’en vouloir au point de racheter tes fautes, mais à mes yeux, tu es juste Sarah, tu es gentille,

prévenante, avec beaucoup de caractère et je pense… Que ce que tu comptes faire pour Tatsuka et

Mitsuki, doit déjà racheter toutes tes fautes, car… Ça demande beaucoup de courage. »

Les yeux ronds, mon cœur battait plus vite que jamais, c’était la première fois que j’entendais une

personne parler de moi comme dans un livre ouvert, et m’accepter telle que j’étais, me

complimentant non pas pour ma beauté mais pour ce que je pouvais apporter autour de moi. Yukinu

m’apportait beaucoup en si peu de temps… Sa prestance seule me faisait sentir plus confiante.

- « Il est bientôt l’heure, tu devrais y aller, vous avez le repas de Noël en famille ce soir. » Coupa

Yukinu.

- Est-ce que… Est-ce que je peux t’appeler Cero ? Criais-je, les yeux fermés et les poings serrés.

- Haha ^^ On dirait une enfant qui réclame un bonbon. Rigolait-il. Bien entendu… Sarah.

- Un grand sourire illumina mon visage. Alors, à demain…

- Est ce qu’ils ne trouvent pas ça louche que vous sortiez tout le temps ?

- Non bien au contraire, c’est eux qui nous poussent à faire des activités pour nous rapprocher ! ^^

Et… Effectivement ça marche, Lança-t-elle en lui faisant un clin d’œil.

- Et heu… Une dernière chose. Reprit-il d’un ton sérieux. Après demain… C’est un jour très important

pour moi, presque autant que pour Mitsuki… Je sais qu’elle voudra y aller avec Tatsuka, mais je

voudrais moi aussi y aller, avec toi, si tu veux bien ! Et puis, si quelqu’un nous voit, au moins tu ne

seras pas loin de Tatsuka !

- De quoi tu parles ? ? demanda-t-elle, étonnée de son sérieux

- Je parle… De l’anniversaire de la mort des parents de Mitsuki. On pourrait aller au cimetière, tous

les quatre.

- Je… Je ne suis pas sûre d’avoir ma place là-bas tu sais… Baissant la tête. »

Alors que je me sentais gênée de la situation, je sentis sa main se poser sous mon menton, me

relevant la tête.

« Ta place, tu l’as, près de moi » Me souffla-t-il à l’oreille, me faisant légèrement valser mes longs

cheveux châtains. Rougissante, le regardant à présent dans les yeux, il reprit :

- « Alors… Joyeux Noël, à demain…

- A… A demain… Articulais-je difficilement. »

C’est ainsi que se termina ma journée, me précipitant à la rencontre de Tatsuka au croisement de la

rue, heureuse de mon après-midi, et profitant de mes dernières minutes de liberté avant d’être

confrontée à toute la famille au dîner du soir.

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Toute la famille était présente, les Donovan et les Hikomura se tenant à table, face à face, Tatsuka en

face de Sarah. Le dos bien droit, il faisait mine d’être heureux d’être ici, bien qu’il devait fortement

penser à Mitsuki. Jouant tout de même le jeu, son père lui adressa la parole :

- « He bien mon fils, clama-t-il de son trône en bout de table, la voix rauque résonnante. Raconte

donc ton parcours scolaire aux Donovan, qu’ils fassent plus amples connaissances avec leur futur

filleul.

- Heu… Embarrassé de son titre de filleul, il essayait de faire bonne figure. Croisant le regard de Sarah,

qui, comédienne de grande envergure, prit la parole à sa place.

- Ho vous savez, Hikomura-kun est un étudiant très sérieux, il me racontait cet après-midi, sa

vocation à devenir une personne très importante au sein de la compagnie import-export.

- Heu… Oui, reprit-il avec assurance. Je parle couramment plusieurs langues et une fois diplômé,

j’espère pouvoir travailler dans le commerce international.

- HAHAHA ! ! Résonna la voix de son père. Tu as pris un bon chemin.

- Et ou comptez-vous vivre ? En France ou au Japon ? Questionna le père de Sarah. Un grand homme,

plutôt fin, une chevelure blonde et des yeux turquoise. Il ne ressemblait pas tant que ça à Sarah, qui

était le portrait de sa mère en tout points.

- Heu… He bien, nous ne l’avons pas encore décidé. Rétorqua-t-il aussitôt. »

La fin du repas se passa sous une avalanche de question sur leur avenir, leur patrimoine, et leur

intérêt dans ce mariage. Quand, à la fin du repas, tout le monde leva son verre, trinquant aux deux

amants, sous le discours de Monsieur Hikomura, qui en quelques secondes, officialisait leur union, en

annonçant leur date de mariage : « Au printemps, le 15 Juin, nous célébrerons votre mariage,

unissant ainsi nos deux familles » précédant d’applaudissements festifs. Nous nous regardâmes,

Sarah souriante, hochant la tête pour me faire signe que tout allait bien. Rassuré, j’essayais

d’apparaître le plus décontracté que possible, souriant aux félicitations de sa famille.

Pendant ce temps, dans le chalet de Mitsuki, Cero était venu lui tenir compagnie. Assis sur le tapis au

coin du feu, l’ambiance était au beau fixe.

- « JEU ! ! ! Cria-t-elle, rigolant de toute sa splendeur

- Tricheuse ! C’est pas possible que tu gagnes quatre parties d’affilées ! ! S’égosillait-il, les mains sur

la tête, les cartes étalées par terre.

- Qu’est-ce qu’il a, le mauvais perdant ^^ Ne me dis pas que tu veux encore une revanche. Rétorqua-

t-elle d’un ton ironique

- Non, c’est bon, cette fois je m’avoue vaincu. S’allongeant au sol, fatigué de ces défaites.

- ^^ Alors, s’allongeant à côté de lui, les coudes sur le sol, tenant sa tête, les jambes flânant dans le

vide. Raconte-moi, comment va Sarah ? … Enfin… Ça a l’air de bien coller entre vous !

- Rougissant, je pensais que parler de ça avec Mitsuki serait vraiment gênant, et pourtant… C’est avec

légèreté que je me laissais emporter dans mon récit. Par où commencer… Je n’ai pas l’habitude de

parler ouvertement avec les gens…

- Oui… Jusqu’à ce qu’on se parle, tu n’adressais la parole à personne au lycée. Boudait Mitsuki.

- C’est vrai… J’ai toujours été un peu… Sauvage. Je pensais… Qu’il n’y avait qu’avec toi que je voulais

parler. Jusqu’à ce que je me rende compte de mes sentiments pour toi ^^. Quoi qu’il en soit… Sarah

est une fille vraiment particulière. Elle a du caractère, ce qui ne me déplaît pas. Mais elle a, elle aussi,

eu son lot de déception et de mauvaise conduite dans le passé… Et je pense… Que c’est ce qui nous

rapproche. Ha, et si tu veux un scoop, attention je ne le dis qu’à toi, tu ne moufteras pas hein…

- Un scoop ^^ Vas-y balance ! Souria-t-elle contente d’être dans les confidences.

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- En vrai… Elle a les cheveux blonds ! Elle se teint les cheveux depuis des années, parce qu’elle n’a pas

envie de ressembler à son père. Mais… Après avoir durement négocié, elle va laisser sa couleur

naturelle revenir.

- Nooon, je suis sûre qu’elle doit être encore plus belle en blonde ! ! Tu as négocié quoi ?

- Ha ^^ Ça, c’est secret !

- HAAaaa ! ! Attrapant un coussin et lui jetant à la figure. Tout ça pour m’en dire que la moitié ! !

- Haha, tu en sais déjà beaucoup, et toi… Je suppose que tout se passe bien avec Tatsuka.

- Oui… Je déteste le voir partir tous les jours, j’ai toujours peur qu’il arrive quelque chose, et qu’il ne

revienne pas le lendemain. Et puis… J’avoue que le plan de notre mariage fait un peu peur ^^ mais…

D’un autre côté… C’est excitant. J’aurais seulement aimé, pouvoir faire ça dans la joie.

- Mais on sera tous là pour mettre l’ambiance, fais-nous confiance. Lui posant la main sur la tête,

pour l’apaiser.

- Merci… Oni-san. Murmura-t-elle.

- Dis-moi… J’ai vu dans ta chambre, c’est un piano sous le drap blanc ?

- Heu… Oui… Ma mère en jouait. Je n’ai pas gardé beaucoup d’affaires à eux, disons que je n’ai pas eu

vraiment le choix. Mais le piano, je n’ai pas voulu m’en séparer, bien que je ne sois pas aussi douée

qu’elle.

- Allons voir ça alors ! »

Tirant d’un coup sec sur le drap blanc, qui s’envola, ondulant à travers la chambre, je revis le piano

noir à queue. Je m’assis sur le tabouret, échauffant mes doigts. Yukinu à mes côtés, m’épaulait aux

notes aiguës.

Il ne nous fallut qu’une minute pour accorder nos sons cristallins, vibrant contre les murs une douce

mélodie, résonnant dans la vallée le plus beau des chants de noël. Minuit sonnait à l’horloge, nos

mains glissant de plus belle sur cette entraînante comptine, chantant à mi-voix le refrain, de si belles

phrases qui rappelaient mon enfance, sur un rythme lent et mélancolique « we wish you a merry

christmas »…

Deux jours après, nous nous rendîmes tous au cimetière, saluer les parents de Mitsuki, qui, souriante

devant leur tombe, leur présenta Tatsuka, Yukinu et Sarah. Rejoints par Kini et Ryo, voulant soutenir

leur amie dans cette dure épreuve. S’agenouillant devant leur tombe, les mains sur les genoux, et le

regard au sol, un peu à l’écart de ses amis, elle murmura :

« Papa, maman, voilà tous mes amis, ils prennent bien soin de moi, je suis entourée de gens

merveilleux. Vous me manquez, et en attendant le jour où je vous rejoindrais, sachez que je suis

heureuse… Et que je vais me marier avec Tatsuka, je suis sure que vous l’auriez adoré. Yukinu est là

aussi… Il est devenu un vrai frère pour moi. Je sais que vous lui avez pardonné pour ce qui vous est

arrivé, qui n’était pas entièrement sa faute, alors j’espère ne pas me tromper. C’est grâce à lui que

j’ai rencontré Tatsuka, qui est désormais, ma seule famille. Papa, maman, je vous garde dans mon

cœur. Joyeux Noël ».

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Chapitre 20 : La rentrée

Une semaine s’était écoulée depuis ce jour au cimetière, Mitsuki avait repris son travail à la fête

foraine, et les cours aussi allaient reprendre. Il était dur d’imaginer pour les amants qu’ils ne

pourraient pas se voir au lycée. Alors que Mitsuki descendait de la vallée, ses longs cheveux noir

flottant dans la douce brise du matin, elle s’arrêta au croisement. Regardant de l’autre côté de la rue,

elle aperçut Tatsuka, la regardant du coin de l’œil, aussi frustré de ne pas pouvoir se rejoindre.

Baissant les yeux, elle serra ses mains dans ses poches, et continua sa route, chacun de son côté.

« On ne peut même pas se parler ou se dire bonjour… Je ne tiendrais jamais jusqu’au mois de juin… »

Pensa Mitsuki, la tête dans les nuages. « Peut être… Peut-être qu’on pourra trouver un endroit ou se

retrouver… Je suis sure qu’il y réfléchit aussi… »

Tandis que j’avais la tête ailleurs, marchant lentement, le regard au sol, regardant mes pieds soulever

la neige, un énorme bruit de klaxon me fit sursauter. Alors que je réalisais tout juste que j’étais au

milieu de la route, un camion fonçant sur moi, je me retrouvai à terre, les yeux fermés, paralysée par

la peur.

« Mitsuki ! ! ! Est-ce que ça va, tu n’as rien ? ! » Criait-il au-dessus de moi. Je sentais son corps chaud

me recouvrir, son parfum m’envahir, ses bras autour des miens. J’ouvris lentement les yeux, et vis

Tatsuka, effrayé, ainsi que le chauffeur du camion qui arrivait en courant vers nous.

- « Excusez-moi, je ne vous avais pas vu ! Il ne faut pas traverser comme ça, mademoiselle ! ! ! »

Criait le conducteur.

- Dé… Désolé… Articulais-je difficilement, encore un peu sonné.

- ça va aller, je m’en occupe » Lui répondit Tatsuka.

Acquiesçant de la tête, il repartit aussitôt.

Je réalisais alors qu’on aurait pu être vus, me levant aussitôt, je le remerciais.

« Merci… J’ai… J’aurais dû regarder. Au… Au revoir ! » Et je partis en courant, le laissant seul dans la

rue, la boule au ventre.

Elle m’avait lâché la main, je la regardais s’éloigner de moi, le cœur serré, son pompon et son sac

voltigeant de part en part. La main sur le visage, cachant ma peine autant que possible. Je ne

pourrais attendre si longtemps. Il fallait accélérer les choses, tout ce dont j’avais envie, c’était d’être

près d’elle pour le restant de mes jours. A la regarder somnoler tous les matins, à la voir déchaînée à

chaque nouvelle surprise, à la voir aider les gens, son élan de gentillesse qui ne cessait de grandir

avec le temps, à rigoler avec elle et découvrir tous les jours une petite part de sa vie…

Tandis que Tatsuka rejoignait Ryo à l’entrée, Mitsuki avait déjà traversé le lycée à vive allure, se

réfugiant dans les toilettes. La main sur la porte, se mordant les lèvres pour ne pas craquer. Elle sortit

son portable de sa poche, regardant l’étoile de neige qui s’y pendait, l’illuminant de ses nombreuses

paillettes bleu. Alors qu’elle se sentait à nouveau apaisée, une voix l’interpella dans les toilettes.

« Haha, vous auriez vu sa tête, c’était trop excellent ! Alors vous aussi, vous avez appris la nouvelle ?

! Hikomura-san va se marier avec une française ! » S’esclaffait Urumi.

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Surprise de l’entendre, mes yeux ronds se baissèrent très vite, fronçant les sourcils, pensant que je

n’aurais vraiment pas dû me lever ce matin. Je n’avais pas envie de rentrer en conflit, je ne pensais

juste qu’à Tatsuka, impatient de le rejoindre, quand la cloche sonna le début des cours. Attendant

qu’il n’y ait plus personne pour sortir des toilettes, je me précipitai en cours et ouvrit grand la porte.

J’étais en retard, toute la classe avait un regard étrange posé sur moi. Je me sentais plus mal à l’aise

qu’à mon premier jour de rentrée dans cette école.

« Mademoiselle Shuhei, pour le jour de la rentrée… J’ignorerais votre retard, alors dépêchez-vous et

prenez place. »

Soulagée, je rejoignis ma table, à côté de Kini, qui me regardait d’un air perplexe. Il ne lui fallut que

quelques secondes pour m’envoyer un papier.

« Tu étais ou ? Tout le lycée est au courant pour Tatsuka. Je t’ai vu passer en courant ce matin. Il ne

faut pas être triste, nous on sait la vérité ! Et tu sais que, ça sera toi celle qu’il épousera. »

Je repliais le papier, mélancolique, je ne me sentais vraiment pas bien, m’étalant sur mon bureau, la

tête dans mes bras. Je n’eus pas le courage d’y répondre, tout ça pour lui dire que j’ai envie de voir

Tatsuka, et que tout ce qui me met dans cet état…. C’est juste le fait de vouloir être dans ses bras au

grand jour.

« Mitsuuu… Mitsuuuuuu » chuchotait Kini avec insistance.

« Mademoiselle Shuhei, vos vacances ont été si épuisantes que vous vous endormez à la première

heure du cours ? Questionna Monsieur Mélouqua, n’obtenant aucune réponse. Mademoiselle Shuhei

? Reprit-il, me secouant. »

Levant enfin la tête, je le vis faire un sursaut, ma tête était donc si horrible que ça ?

- « Bien, Mademoiselle Souan Urumi, emmenez-la à l’infirmerie. » Dicta-t-il d’un ton sérieux.

- Qu… Quoi ? ! Mais pourquoi je devrais l’emmener ? ! protestait-elle sur la défensive.

- Vous n’êtes pas la déléguée de cette classe ?

- Heu… Si… Je la conduis immédia…

- Mais… ! ! Commencait à protester à son tour Kini

- Ça va Kini… Murmurais-je. Je n’avais qu’une envie, c’était de m’isoler le plus vite possible »

Alors que je traversais le couloir en sa compagnie, elle se mit à ricaner.

- « haha, alors, tu as encore des séquelles, pauvre petite Mi-tsu-ki…

- Ta gueule. Rétorquais-je sèchement. C’était la première fois que je montrais si vulgaire, tellement

que ça en avait choqué Urumi l’espace de quelques secondes. Mais cela ne la fit pas renoncer pour

autant.

- Hooo… Alors tu es fâchée car ton tendre aimé va se marier avec une fille de haut rang ? Une

nouvelle de cette envergure, il en va de soi que tout le lycée est déjà au courant. Il paraît qu’elle est

française… Je la regardais attentive à sa réaction, m’attendant à la voir s’effondrer en pleurs, ce qui

aurait illuminé ma journée. Mais il n’en fut rien, ses cheveux couvrant en grande partie son visage, je

ne voyais rien de ses émotions, à part un nuage violet commençant à se former autour d’elle. Je

continuais donc. Je suppose que son père lui a choisi une fille aussi digne que moi HAHAHA !

- Bien que je sache que ce mariage ne se ferait jamais, l’avoir écoutée ne serait-ce qu’une minute

m’avait complètement mise hors de moi, essayant de contrôler ce qui me restait de dignité… Il ne

fallut pas longtemps pour atteindre ma limite. Je te l’ai déjà dit une fois. Ne me le fais pas répéter.

- Qu’est-ce que tu me…

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- TA GUEULE »

L’attrapant par le col de sa veste, la plaquant contre le mur, c’en était trop, je ne pouvais en

supporter plus.

- Mi… Mitsuki ? ! Lâche moi, ou… Ou je te jure que tu le regretteras ! Le regard noir, elle ne me

regardait même pas, la tête baissée, j’apercevais son sourire en coin. Un sourire qui me faisait

trembler. A… Arrête ou je me mets à crier ! La menaçais-je en bégayant.

- Vas-y… J’en mourrais d’envie… Lui murmurais-je. Voir tout le monde te regarder appelant à l’aide…

Apeurée par la petite et gentille Mitsuki…

- Bien sûr que n… ! ! ! Ses yeux relevés, il y avait une lumière dans ses yeux, débordante de colère.

C’est… C’est bon… Je m’excuse. Bégayais-je encore. »

La relâchant, je partis en direction de l’infirmerie, la laissant accroupie au sol.

Je la regardais partir, n’ayant même pas le courage de me relever. Ses pas étaient indécis… Je

réalisais, à quel point j’avais été loin avec elle, sans pour autant me remettre en question. Fronçant

les sourcils, n’acceptant pas d’avoir été humiliée, je me levai et allais repartir énervée vers ma classe,

quand je vis un petit papier tomber de son sac…

« He bien, voilà une jeune fille qui n’a pas l’air de se sentir bien. » Lança l’infirmière, m’accueillant

agréablement dans l’infirmerie avec un grand sourire. Son visage était radieux, de long cheveux noir

bleuté aussi fins que les miens. Des lunettes qui ne cachaient pas ses yeux plissés qui me regardaient

avec apaisement. Elle me fit asseoir sur le tabouret, prenant ma température.

- « Alors… Qu’est-ce qui ne va pas ? Me demanda-t-elle

- Je… Je suis juste fatiguée…

- Hum… Il me semble que tu n’es pas la seule dans ce cas ce matin. Mais comme je ne t’ai encore

jamais vu profiter de nos lits… Je ne dirais rien pour aujourd’hui. Me répondit-elle en plissant les

yeux, l’index levé. Repose-toi, et retourne en cours dès que tu te sentiras mieux. » Une tape amicale

sur la tête, gardant son plaisant sourire, elle me conduit au dortoir de l’infirmerie. Refermant la porte

derrière moi, me lançant un clin d’œil, elle murmura: « soyez sage ! »

Je ne comprenais pas ce qu’elle voulait dire par là, quand j’aperçus un garçon au bout de la salle,

allongé sur un lit, regardant la petite forêt par la fenêtre. J’avais à peine fait quelque pas dans sa

direction, que mes yeux s’écarquillaient.

« Ta… Tatsuka ! ! ! »

Se retournant à l’appel de son nom, il me regardait avec des yeux tout aussi ronds que les miens.

« Mitsuki ! Tu… HO ! ! Tu as mal quelque part ? C’est à cause de ce matin ? Je t’ai fait mal ? ! » Me

mit-il à me questionner en panique, courant vers moi.

Je me jetais dans ses bras, l’étreignant fortement.

- « Non… Je vais bien.

- Mitsu-kun…. » Chuchota-t-il, me serrant à son tour, me soulevant de quelques centimètres.

Assis sur le dernier lit du dortoir, main dans la main.

- « Je… Je ne supportais pas d’entendre les félicitations d’élèves que je ne connaissais même pas. Des

félicitations… Qui ne devraient même pas avoir lieu d’être. Dévoila Tatsuka, mal à l’aise de la

situation.

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- Et moi… Je ne supportais pas ces regards sur moi… Qui me faisaient passer pour la plus idiote des

filles… Comme si, le mot amour n’avait jamais rien signifié pour personne. »

Posant ma tête sur son torse, je sentais son cœur battre lentement. Ses lèvres posées sur mon front,

ses cheveux s’emmêlant aux miens, il m’entraîna avec lui, s’enlaçant, allongés sur le lit. J’aurais voulu

ne jamais quitter ses bras.

- « Jamais je ne pourrais patienter jusqu’au mois de juin. Me murmura Tatsuka à l’oreille, me serrant

fort contre lui, ses jambes passant dans les miennes.

- Ta… Tatsu-kun… Chuchotais-je, rougissant de sentir son corps caresser le mien. On… Est au lycée.

- Je sais. Et je n’ai envie que de toi… »

Sa main délicate dans mes cheveux, ses yeux brillaient profondément, me regardant, des étoiles et

des rêves pleins la tête.

- « Allons-nous en… » Proposa-t-il tout à coup.

- Qu… Quoi ?

- Fuyons tous les deux pour la journée ! »

Je n’eus pas le temps de répondre qu’il me tira la main, ouvrant la fenêtre en m’entraînant dans sa

chute, atterrissant sur une motte de neige fraîche à l’arrière du bâtiment.

Le sourire aux lèvres, le regard amoureux, on se mit à courir vers les bois, tournoyant sur chaque

arbre, s’enlaçant et s’embrassant fougueusement sous la seule surveillance des oiseaux curieux,

sautant de branches en branches. La neige crépitant sous nos pas, se frayant un chemin parmi les

sapinettes qui s’inclinaient humblement, le temps s’était comme ralenti, nous offrant un moment de

bonheur et de répit.

Réfugiés chez Mitsuki, il ne fallut pas longtemps aux deux amoureux pour raviver les flammes dans la

cheminée.

- « C’est de la folie ^^ Rigolait Mitsuki, se jetant librement dans ses bras.

- pas autant que bazarder le mariage arrangé… Une fois fait, on pourra enfin vivre tous les deux

- Tu es sur… Que tu as envie de tourner le dos à ta famille… Reprit-elle sérieusement, culpabilisant

d’être la principale fautrice.

- Ne t’inquiète pas… Avec le temps, mon père s’y fera, et je suis certain, que malgré ses grands airs, il

voudra me revoir. Et… Dans le cas contraire… Etre avec toi est plus important pour moi que

n’importe qui d’autre. Ma famille, c’est toi. On trouvera un moyen pour se voir. Il est hors de

question que je me passe de tes baisers jusque-là… Et… En parlant de ça…. »

Il passa sa main dans mes cheveux, tous deux agenouillés près du feu, et m’embrassa tendrement.

Ses lèvres étaient douces et frissonnantes, basculant en arrière, ses mains chaudes effleurant mes

épaules ou glissait doucement mon pull le long de mes bras. Des frissons me parcouraient le corps,

aussitôt réchauffée par sa chaleur contre ma peau… Nos jambes entrelaçaient, ses lèvres descendant

le long de mon cou, me couvrant de mille délicieux baisers…

Un tendre moment de répit, ou nous oublions notre situation déplaisante… Tandis que de l’autre

côté de la ville, Urumi envoya un subordonné emmener une étrange petite enveloppe à Monsieur

Hikomura, avec un sourire narquois collé au visage.

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Chapitre 21 : Un père meurtri

Plusieurs jours s’étaient écoulés, Tatsuka n’était pas revenu au lycée depuis sa fuite avec Mitsuki.

Séquestré chez lui, son père était plus en colère que jamais, décidant de convoquer expressément les

deux familles.

Tandis que Mitsuki et la petite bande se morfondaient sans nouvelle, attendant impatiemment le

bon moment pour intervenir.

Dans la demeure du jeune homme, les esprits s’échauffaient :

- « Comment pensais-tu t’en sortir mon fils… Souffla la voix rauque de son père. Les yeux

profondément remplis de déception et de colère. Tu comptais t’enfuir avec cette… Cette fille sans

intérêt ! Et qui plus est, découvrir ça par la lettre d’une inconnue… Tu méprises donc autant ta

famille ?

- Aucune ne pourra être à sa hauteur. Répondit calmement Tatsuka, le regard sur la fenêtre,

observant la mangeoire à oiseaux recouverte de neige. Le regard ailleurs et pensif.

- C’est toi qui ne vois pas son but. Cria-t-il en tapant son poing sur la table. Je peux concevoir que son

père était un homme bien, mais elle n’en reste pas moins une fille de classe moyenne ! »

Après un petit silence, le regard décontracté, le sourire aux lèvres, il pencha légèrement sa tête pour

observer plus attentivement les oiseaux manger le beurre de la mangeoire, et répondit calmement :

- C’est là que tu te trompes… Elle n’est nullement intéressée par tout ça. Contemplant maintenant le

ciel rosé du matin. Elle est aussi pure qu’une fleur s’épanouissant dans un hameau de neige…

Murmura-t-il en rêvassant.

- Tu… Tu m’écoutes ? ! Regarde-moi quand je te parle ! Plus j’essayais de dialoguer, et plus il se

réfugiait dans ses pensées. Je n’avais pas le choix. Sarah et toi allez vous marier. Coupa-t-il

sèchement. Son père a accepté la nouvelle date. Dans deux semaines, tu deviendras l’un des hommes

les plus riches de ce pays. Et que tu le veuilles ou non, je gérerais tes affaires en attendant que tu

deviennes plus raisonnable.

- Haha… hahaha…. Rigolait discrètement Tatsuka, le sourire presque satisfait. Fais comme bon te

semble. Je retourne dans ma chambre. »

Se levant et marchant lentement vers la porte, les mains dans les poches, sous les yeux écarquillés de

son père qui, pour la première fois, ne savait plus quoi répondre, il se retourna une dernière fois, le

regard baissé et mélancolique :

- « Je regrette que tu n’aies pas connu l’amour avec maman… Je t’ai toujours tenu responsable de

son suicide… Mais… Cette nuit, j’ai rêvé d’elle… Et je me suis rappelé… Je me suis rappelé que ce

jour-là… Tu pleurais…

- … Comment… Aucun mot n’était à hauteur de cette confession.

- Je t’avais entrevu, par cette même fenêtre. Levant le visage vers la mangeoire. Je donnais à manger

aux oiseaux… Je ne sais pas pourquoi j’avais oublié… Mais j’en suis désolé. »

Il passa la porte, la refermant derrière lui, laissant son père qui regardait à son tour par la fenêtre, le

visage dépité.

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Pendant ce temps au lycée de Kaimon, les cours étaient interminables. Mitsuki ne cessait de regarder

son portable, à l’affût de la moindre nouvelle, quand la sonnerie retentit enfin.

- « Haaa… Souffla Mitsuki.

- Allez Mitsu, on va déjeuner ^^

- Hum… Pas faim.

- Ne m’oblige pas à appeler Yukinu-senpai, la menaçait-elle. Tu sais qu’il te fera manger par la… Je

n’eus pas le temps de finir ma phrase, que celui-ci venait malencontreusement me bousculer, me

faisant faire mille tours sur moi-même, essoufflée.

- MITSUKI ! cria Yukinu. Viens avec moi !»

Il la prit par la main et prit la fuite, laissant la malheureuse Kini tournoyer inlassablement.

- « Tu… LES TOILETTES ! ! ! Tu prends de mauvaises habitudes, Cero ! C’est pas un endroit pour

emmener une fille, va falloir que tu t’y fasses ! Le sermonnent l’index levé.

- Ha… Oui, j’y penserais ^^ Mais tu me pardonneras quand tu vas entendre ce que j’ai à te dire. »

Les yeux perplexe, je l’écoutais attentivement.

- « J’ai vu Sarah à l’entre-cours, et… Se rapprochant de son oreille pour éviter d’être entendu… Son

père à l’air au courant pour vous deux, il a avancé la date du mariage, c’est dans deux semaines !

Sarah m’a dit que même elle, n’avait pu le voir que quelques minutes.

- Les yeux écarquillés, je répétais… 2 semaines !… Mon cœur se mit à battre tellement vite que j’en

avais le souffle coupé. M’accroupissant pour reprendre ma respiration, Yukinu se baissa à son tour,

les yeux plissés.

- Tu vois… Tu n’auras pas à attendre jusqu’à Juin. Tatsuka ne se mariera jamais, même sous la

menace, il t’aime trop pour ça. Donc d’ici là, tu vas venir habiter chez moi, je dois être sure qu’il ne

t’arrive rien. Me lança-t-il, d’un V à la main.

- Pour… Pourquoi je devrais venir chez toi….

- Je te l’ai dit, son père est prêt à tout pour que ce mariage se fasse, et tu es la seule faiblesse de

Tatsuka… Et… J’ai pas vraiment envie de voir sa tête si il t’arrivait quelque chose. Attends-moi au

portail ce soir ! Ha oui… J’allais presque oublier. Se calmant, le sourire aux lèvres, lui tendant une

enveloppe. Tiens, c’est pour toi. »

D’un baiser sur la joue, il repartit en courant en criant :

- « Je vais manger avec Sarah ! A ce soir !

- CERO ! ! ! Me levant d’un bond…

- Oui ?

- Merci. Lui répondis-je en souriant.

- Pas de quoi. » Murmura-t-il avant de reprendre sa course.

Ouvrant l’enveloppe, je reconnus l’écriture de Tatsuka.

« Mon petit lapin,

Je vais bien, ne t’inquiète pas, je ne suis pas retenu ici contre ma volonté. Je veux dire, que si je

voulais partir, je le ferais. Cette nuit… J’ai rêvé de ma mère, ça paraissait tellement réel. Je me suis

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rappelé de souvenir que j’avais certainement du refouler à mon enfance. Je voudrais recréer des

liens avec mon père, si c’est encore possible. Je vais rester ici jusqu’au mariage. Je connais Ryo par

cœur, je suis sûr qu’il trouvera une solution pour interrompre tout ça. Je veux aller jusque-là, pour

que mon père s’aperçoive que rien ne me fera changer d’avis, et que tout le monde apprenne à

connaître la fille que j’aime, toi, ma Mitsuki, qui m’a ouvert les portes de ton cœur.

Quand je pense au nombre de choses que tu m’as apprises, je veux les apprendre à mon père.

A bientôt, tu me manques, je t’aime.

Tatsu-kun »

Alors que Mitsuki était anxieuse et soulagée en même temps d’avoir des nouvelles, elle repartit

rejoindre le petit groupe sur le toit.

- « Yo, Mitsu-chan ! Cria Ryo.

- Ohayo ! Lança-t-elle à son tour. S’asseyant à côté de Kini. Brrrr, il fait froid ici !

- Yep, c’est pour ça qu’on est tous en rond collés les uns aux autres, rétorqua Buns. Rapproche-toi de

nous Mitsu-chan ^^ !

- Je ne me fis pas prier pour me mettre au chaud dans le cercle d’amis. Alors voilà… J’ai eu des

nouvelles de Tatsuka. »

Tandis qu’un long silence s’installait, je leur expliquai les derniers changements de date.

- « Alors… Tu comptes t’enfuir avec lui le jour du mariage? Demanda Ryo

- Non. Je ne veux plus fuir. Il a la chance d’avoir une famille… Il ne faut pas gâcher ça. Mais… Du coup

je ne sais pas trop quoi faire.

- Moi je sais ^^ Cria Ryo.

- Haaa, moi j’aime quand tu as des idées ! Cria Kini joyeusement.

- Ce que veut Kini, Ryo l’obtient ^^ Rétorqua-t-il aussitôt.

- Et moi je suis toujours, tu le sais ! lança Buns, le sourire frimeur.

- QuoI ? Qu’Est cE quE vOus DitEs ?

- Rien, dis juste « oui » Tomy ^^ ! Rétorqua aussitôt Buns, lui mettant une tape sur la tête. »

Pendant ce temps au Manoir, Tatsuka, la tête dans son oreiller, ne cessait de penser à elle, les

cheveux tombant sur ses yeux miroitants, quand son père vint frapper à sa porte.

- « Entre.

- Alors tu es vraiment retourné dans ta chambre… Murmura son père de sa grosse voix en entrant.

- Tu pensais que j’allais m’enfuir…

- He bien… »

Assis sur son lit, Tatsuka pencha sa tête, souriant.

- « Je me sens bien ici ^^.

- Je n’étais pas venu dans ta chambre depuis des années… Ca a changé. »

Scrutant sa chambre, étonné. Son bureau sur la droite, parcourant son armoire en désordre, son lit

au milieu, un grand lapin rose sur la chaise à gauche… La fenêtre, vue sur le portail de l’entrée…

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- « C’est la première fois que je vois ce lapin… Lançant son père gêné de parler de tout et de rien à

son fils.

- Je l’ai gagné à la fête foraine. On y voit des choses vraiment mignonnes.

- Tu… Tu aimes les objets mignons ? Demanda-t-il

- ^^ Oui, je suis… Plus sensible que tu ne le pensais sûrement. Les bras en arrière sur le lit, le visage

levé, décontracté.

- Hummrfff… Grommelait son père… La main devant sa bouche. Ta… Ta mère aimait beaucoup les

lapins. »

Tatsuka le regarda fixement, les yeux grand ouverts, tandis que son père le fuyait du regard. La

bouche entrouverte, c’était la première fois qu’ils avaient une discussion aussi saine.

« Je… Je voulais juste t’apporter ça. »

Il sortit un calepin de sa poche et le tendit à Tatsuka, qui le regardait, ébahi.

« Ca appartenait à ta mère… C’est vrai qu’on a eu un mariage arrangé. Mais on a appris à se

connaître, on n’est pas tombés amoureux rapidement. Année après année, on faisait tous les deux

des efforts dans nos démarches. Je ne sais pas si ce qu’on a vécu était de l’amour… Mais elle a été la

personne qui reste la plus chère à mon cœur. Et le jour de sa mort, ça a été une grande souffrance.

Tu n’étais qu’un enfant, je ne pouvais pas te parler d’elle… Et plus j’attendais que tu grandisses, plus

ça devenait difficile de revenir la dessus.

Ta mère… Ecrivait des poèmes, sur ce carnet, il y en a un qui t’es dédié… »

Alors qu’il faisait demi-tour, le visage meurtri…

« Attends ! … Se levant d’un bond. Merci de m’avoir parlé d’elle. »

Seul dans sa chambre, il se mit à parcourir les pages de ce calepin, parcourues d’une magnifique

écriture à la plume, qui ressemblait bien au caractère soigné de sa mère.

Deux semaines s’était écoulées depuis ce jour-là, le mariage toujours maintenu, Tatsuka se préparait,

seul devant son miroir, enfilant son costume blanc, reflétant la pureté de ses yeux.

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Chapitre 22 : Le mariage

Quelques jours avant le mariage :

L’appartement de Yukinu n’était pas bien grand, cédant sa chambre à Mitsuki, qui avait été jouée au

poker, et qui comme à son habitude, avait aplati son concurrent.

- « Haaa… » Souffla Yukinu, se tenant la nuque à son réveil. « Ce fauteuil n’est pas vraiment

confortable… »

- Ohayooo ! Cria Mitsu, débarquant avec un plateau repas à la main. Je suis allée acheter le petit

déjeuner !

- Mi… Mitsu…kiiiii… Grogna Yukinu, le visage dépité, les sourcils en arc en ciel en la fixant

attentivement.

- Qu… Quoi… Ça ne te fait pas plaisir ? Questionna-t-elle d’un pas en arrière, effrayée.

- Tu… Tu es sortie comme ça ? Tendant un miroir sorti d’on ne sait où.

- HIIIIIIIIIIiiiiiiiiii ! » Cria-t-elle en partant en courant se réfugier dans la chambre, les cheveux

ébouriffés, son pull à l’envers, et encore la trace de son oreiller sur la joue.

« Haaa… Elle est… Vraiment pas du matin. » Souffla Yukinu, attrapant un croissant, le croquant à

pleine dent.

Mitsuki revenant vers lui, coiffée, habillée et débarbouillée, vacillante, encore sous le choc, de droite

à gauche.

« Allez, viens manger ^^ ! » Lança Yukinu, plissant les yeux avec un grand sourire.

Elle s’assit, croquant à son tour dans son croissant.

- « cha change duch Riz…ché booon. »

- HaHAHA ^^ T’es trop drôle, on dirait que c’est la première fois que tu manges des croissants au

petit déjeuner !

- ….ché la première fois… Grogna-t-elle à nouveau, des éclairs dans ses yeux.

- Hiii…haha…haha… Rigolait Yukinu de façon coincée. C’est pas possible que Tatsuka la supporte…

Pensa-t-il en rigolant. »

Alors que le déjeuner se passait comme chaque matin depuis son arrivée, dans une animation

amicale et apaisante, la sonnette retentit.

- « Mochi mochi ? Demanda Yukinu, surpris d’avoir de la visite.

- Hurmm… Bonjour. Je souhaiterais m’entretenir avec Mademoiselle Shuhei, si c’est bien ici que je

peux la trouver.

- Qui est-ce ?

- … Monsieur Hikomura. »

Alors que je lui ouvrais la porte, j’annonçai la nouvelle à Mitsuki, qui laissa tomber son croissant de

ses mains, étalant des miettes partout sur son jean.

« Va te changer ^^ » Lui conseilla Yukinu.

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Partie en courant enfiler une jolie tenue, Cero se dépêchait de faire le ménage, alors qu’il frappait

déjà à la porte.

- « Bonjour Monsieur… Je vous en prie, entrez. Proposa poliment Yukinu, qui avais l’art et la noblesse

d’accueillir ce genre de personnalité. Mademoiselle Shuhei va arriver d’un instant à l’autre, puis-je

vous débarrasser de votre veste ?

- Voilà un jeune homme bien aimable. Répondit-il de sa voix rauque.

- Asseyez-vous, le thé est justement prêt, vous en voulez une tasse ?

- Je vous remercie, oui. Dit-il, le dos bien droit. Alors comme ça, vous êtes l’ami de Mademoiselle

Shuhei…

- Oui ^^… Je suppose, que ça n’a pas été difficile pour vous de la trouver ici. Lança Yukinu, d’un faux

sourire.

- Effectivement… Répondit-il en scrutant son appartement. »

- « Bonjour, Monsieur Hikomura. Coupa Mitsuki, le saluant poliment. Désolée de vous avoir fait

attendre.

- Je vous en prie, je viens ici à l’improviste, je comprends que vous vouliez faire bonne impression…

Même si cela n’était pas utile. Grogna-t-il en se levant. Bien, Monsieur Yukinu, je conçois que l’on soit

à votre domicile, mais puis-je m’entretenir seul avec elle ?

- Bien entendu. Je me retire… Passant à côté de Mitsuki, il murmura : je suis dans la chambre si tu as

besoin de moi. »

Se retrouvant seul face à cet homme, qui faisait deux fois ma taille, je ne voulais pas trembler ou me

faire impressionner, je pris donc la parole :

- « Que me vaut l’honneur de votre visite ?

- Je suis venu… Pour vous connaître… Mademoiselle Shuhei. Il se trouve que mon fils vous aime…

Alors je veux savoir pourquoi. »

Surprise d’entendre ça, mes yeux écarquillés, mon cœur ne faisait qu’un bond. Me laissait-il une

chance d’être à la hauteur de la belle-fille qu’il attend ?

- « Que ce soit bien clair, ça ne veut pas dire que je vous laisserais vous voir. Le mariage reste

maintenu, et je ne compte pas changer d’avis. Je suis ici dans l’unique but de savoir ce qui pousse

mon fils à rejeter celle que je lui ai choisi.

- Qu’est… Ce que vous voulez savoir de moi…. Ne sachant pas quoi lui répondre d’autre.

- Je veux savoir quelles sont vos compétences.

- Mes… Compétences… Murmura-t-elle… Est-ce qu’on peut vraiment parler de la vie d’un couple

comme d’un entretien d’embauche. Marchant près de la baie vitrée, regardant le ciel rosé du matin,

la main posée contre la vitre froide. »

Les yeux écarquillés, il la regardait comme Tatsuka lorsqu’il regardait par la mangeoire à oiseaux,

quand elle reprit la parole.

- « L’amour n’est-il pas fait de confiance, de loyauté, de fidélité et d’entraide… Ce que je veux, c’est le

faire sourire, le voir s’épanouir dans son travail, et être près de nos enfants à chacun de leur pas dans

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la vie. Certes… C’est une image banale de famille moyenne, mais ne peut-on pas lier amour et

honneur ?…

- Que connaissez-vous de l’honneur et du courage qu’il faut pour vivre une vie de noble ?

- Du courage ^^ Répéta-t-elle en se retournant. Mais… Le regard triste, fixant le sol… Tatsuka est la

preuve même du courage… C’est de faire ce qu’on aime malgré tout ce qui nous en empêche, c’est

de continuer à avancer quand tout nous en empêche… C’est affronter tous les jours le regard

d’autrui et en être fier… Il est… Comme une fleur qui essaierait de s’épanouir dans un hameau de

neige. »

Les yeux écarquillés, il revit Tatsuka, le regard voilé dans le vide, répétant cette même phrase.

« Je vous laisse Mademoiselle Shuhei, j’ai entendu tout ce que je voulais savoir. »

Il reprit sa veste, et se retournant une dernière fois :

- « Ca ne veut pas dire que j’ai changé d’avis. Grogna-t-il

- Au revoir, Monsieur Hikomura, merci de m’avoir fait l’honneur de vous être déplacé pour me parler.

Répondit-elle en penchant la tête, lui faisant un si beau sourire, que des fleurs s’embellissaient tout

autour d’elle.

- Au… Au revoir Mademoiselle. Bégaya-t-il. »

A peine avait-il quitté l’appartement, que la voix de Yukinu retentissait.

- « C’était très beau… Lui dit-il avec le sourire.

- Je ne sais pas… Je… Je ne me rappelle déjà plus de ce que je lui ai dit… » Répondit-elle, les yeux tout

ronds, angoissée à l’idée d’avoir parlé avec son père. Haaa… Souffla-t-elle à se jetant sur le canapé.

« ….Il est vraiment pas confortable ce fauteuil… » Bouda-t-elle, enfonçant sa tête dans le coussin.

Alors que la grande main apaisante de Cero venait caresser ces cheveux.

« Tout va aller bien… » Chuchota-t-il.

Le grand jour était déjà au rendez-vous. Sonnant dans la tête des deux amants comme un jour qui

allait encore bouleverser leur vie pour toujours.

Tatsuka enfilant son costume blanc, seul dans sa chambre. Son père entra.

- « Tu as besoin d’aide pour ton nœud ?

- Je l’ai fait seul depuis l’âge de 5ans… Je crois que je suis rôdé. Répondit Tatsuka nullement intéressé

par son aide.

- Hummr… Oui, tu as raison. Sois à l’heure, je t’attends en bas. »

Mitsuki, de son côté, avait rejoint Ryo, Kini, Buns et Tomy.

- « Bon, on a tous nos portables, Mitsuki, on te tient au courant, rejoins-nous seulement à l’entrée de

l’église, ne t’inquiète pas pour les gardes.

- Mais… Si… Si je n’arrive pas à rentrer….

- Tu y arriveras. Dans tous les cas, nous on sera déjà dedans. On est tous des invités d’honneur. Lui

répondit-il d’un clin d’œil. A plus tard ! ! »

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Mitsuki se retrouva seule avec Yukinu, qui avais tenu à l’accompagner.

- « Est ce que… Tu n’as pas peur pour Sarah ? Lui demandais-je… Tu as l’air de beaucoup tenir à elle…

- ^^ Non… Elle a un très fort caractère, elle pourrait faire fuir un convoi militaire à elle seule.

Rétorqua-t-il aussitôt sans l’ombre d’un doute.

- Le regardant avec des yeux ronds… Tu… Tu es vraiment amoureux d’elle alors ? !

- Tu… De… De quoi tu parles ! Se grattant à son tour la tête, grimaçant.

- S’avançant de son visage, le scrutant de tous les côtés… HAAAAA ! ! ! Tu es amoureux d’elle ! ! !

S’écria-t-elle. Haha ^^ HAHAHA ^^….

- Qu’est-ce qui te fais rire… Boudait-il.

- Toi… Tu es mignon ^^. Lui répondit-elle d’un grand sourire, les cheveux volants en éclats. Sous les

yeux écarquillés de Yukinu, mis à jour.

- On… On devrait y aller, répondit-il gêné. »

Elle avait enfilé la robe de sa mère, elle était magnifique sous son gros manteau blanc, que je lui avais

offert pour l’occasion. Des plumes blanches venant lui caresser le visage. Ses lèvres roses et brillantes

ressortant sous ses cheveux aussi noirs et fins qui passaient comme une vague devant ses yeux…

Alors que dans l’église, le mariage avait déjà commencé.

« Nous sommes ici pour unir cet homme et cette femme par les liens sacrés du mariage ».

Les deux familles distinctes à droite et à gauche, remplissaient entièrement la salle, sous l’allée

d’honneur, recouverte de fleurs blanches. Sarah se tenait debout face à Tatsuka, dans une

magnifique robe blanche ornée de diamants. Ses cheveux retrouvant leur éclat naturel, d’un blond

étincelant et brillant, parcourant son dos de milliers de boucles.

Ryo, Kini, Buns et Tomy étaient regroupés au dernier rang de l’église, scrutant attentivement Tatsuka

qui les regardait d’un œil discret, à l’affût du moindre geste. Quand le pasteur se mit enfin à dire la

phrase que tout le monde attendait impatiemment.

« Si quelqu’un s’oppose à cette union, qu’il parle maintenant ou se taise à jamais… »

Ryo se leva du fond de la salle et cria :

- « MOI ! Je m’y oppose !

- Kini se levant à son tour, Moi aussi, je m’y oppose ! »

Sous les yeux ébahis de la salle qui s’était à présent retournée, recouvert de chuchotements et

d’indignation, Bun’s et Tomy se levèrent à leur tour en criant :

« NOUS AUSSI ! »

Alors que les familles chahutaient, Monsieur Donnovan et Monsieur Hikomura se levèrent pour faire

cesser cette comédie.

« Qu’est-ce que tout cela signifie ? ! Sortez d’ici ! » Cria Monsieur Donnovan.

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Alors que la porte de l’église s’ouvrait en grand, laissant s’envoler des milliers de pétales blanches qui

ornaient le sol, Tournoyant autour de Mitsuki, sortant de la lumière blanche qui avait en quelques

secondes envahie l’église. Ses longs cheveux noirs flottant dans la brise, caressant son visage,

souriant, regardant attentivement Tatsuka, tandis que sa robe n’en finissait plus de tournoyer dans le

vent de pétales blanches.

Sans un mot, elle traversa la salle sous les yeux écarquillés de centaine de personnes, dans un silence

léger, sous le sourire de ses amis, et de Tatsuka, qui l’attendait au pied de l’hôtel avec impatience.

Lui souriant, elle regarda Sarah, qui, plissant les yeux, se tourna vers l’assemblée en jetant son

bouquet de fleur

« JE M’Y OPPOSE ! ! ! » Cria-t-elle dans un éclat de rire.

Mitsuki attrapant le bouquet de fleur, embrassant tendrement Tatsuka devant toute l’assemblée, et

murmura à son tour : « Je m’y oppose… Plus que quiconque… »

« Qu…. SARAH ! » Cria Monsieur Donnovan, qui regardait sa fille sortir de l’église en courant.

- « Monsieur Hikomura, dites quelque chose !… » Supplia-t-il face à la honte qu’il subissait.

- He bien… Je n’ai qu’une chose à dire, grogna-t-il… Je m’y oppose également ! »

Alors que tous les yeux s’étaient à présent retournés vers lui, choqués et affreusement humiliés, les

Donnovans quittèrent la salle outrés en le menaçant de multiples représailles.

- « Papa… Murmura Tatsuka…

- Mon fils… Je me doutais bien de ce qui allait se passer… Et… Je sais maintenant qu’elle ne te rendra

que meilleur… Se retournant vers elle : Mitsuki, tu as ma bénédiction.

- Merci… Monsieur, le saluant poliment et timidement

- Non, c’est à moi de te remercier. » Il partit sur ces mots, son grand dos si nonchalant était devenu

ce jour-là, un grand mur protecteur.

Regardant Tatsuka dans ses beaux yeux marrons, il était raffiné et resplendissant dans son costume

blanc. S’enlaçant enfin depuis ces deux longues semaines qui paraissaient être une éternité, ses

lèvres encore plus douces que dans chacun de mes rêves.

« Saraaaah ! Saraaah ! » Criait Monsieur Donnovan à la recherche de sa fille, à l’extérieur du

bâtiment.

- « Tu devrais peut-être aller le voir… Lui murmura Yukinu au creux de l’oreille, l’enlaçant dans sa

robe de mariée.

- Pourquoi faire… Alors que j’ai un si beau cavalier. »

Ses cheveux d’or s’entremêlaient aux miens si ténébreux, je me sentais libéré et prêt pour notre

départ.

- « Bon… Tu me suis ? Demanda Sarah.

- Oui… J’ai hâte de découvrir la France. »

Quatre mois après…

Le printemps était enfin au rendez-vous, la neige avait fondu pour faire place à une herbe verte, la

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vallée envahie de coquelicots, de papillons, des milliers d’aigrettes de pissenlit se dispersant à

chaque petit coup de vent.

Dans le petit chalet de Mitsuki, l’ambiance était à son comble.

- « Tatsukaaa ! Viens vite ! criait-elle à la fenêtre.

- Qu’est ce qui se passe ? !

- J’ai Cero au téléphone ! ! »

Prenant le téléphone, essoufflé.

- « Cero ? ! Comment ça va, tout se passe bien en France ?

- Oui, ici, c’est les vacances étudiantes, je suis encore un peu décalé mais je m’y fais.

- Sarah va bien ?

- Oui, elle vous passe le bonjour, elle est en stage en ce moment dans un bureau d’avocat. Et vous

alors, le mariage c’est pour quand ? !

- He bien, comme on a eu l’approbation de toute la famille, on s’est dit qu’on allait attendre la fin des

études, car Mitsuki veut absolument participer aux frais du mariage. Mais ne t’inquiète pas, on

t’enverra l’invitation !

- Alors vous vivez ensemble ?

- Oui, j’ai emménagé chez elle. Bon, je te la repasse, elle trépigne d’impatience ^^ »

Mitsuki sautant partout comme un lapin :

- « Oniiii-san ! J’espère que tu prends bien soin de Sarah !

- C’est plutôt elle qui prend soin de moi, c’est une fille vraiment exceptionnelle…

- … Je suis contente, que tu aies trouvé le bonheur. »

J’aurais aimé commencer mon histoire par « il était une fois »… mais ce genre de phrase ne présage

qu’une fin qui dirait « ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants »… Pourtant, c’est ce qui m’est

arrivé… Je suis aujourd’hui marié à Tatsuka Hikomura, j’ai eu deux beaux enfants, une fille,

prénommée Tomoko, le prénom de la mère de Tatsuka, et un garçon, Kira, le prénom de mon père.

Qui eurent eux aussi de beaux enfants, qui nous appellent Mamie Mitsu et Papi Tatsu.

Ha oui… Kini et Ryo se marièrent eux aussi, ils sont toujours nos voisins, on ne s’est jamais quittés

depuis le lycée. Et on a encore la force de faire des repas de fêtes autour d’un verre de saké. Tandis

que Cero est devenu un merveilleux médecin, et Sarah une avocate au caractère bien trempé. Ils

eurent cinq enfants ! On les voit une fois tous les ans, pour les vacances de Noël, qui perdurent

depuis tant d’années, à être fêtées entre nous.

Vous vous demandez peut être ce qui est arrivé à Buns et Tomy…. Buns est devenu le PDG de

l’entreprise de son père, il ne s’est jamais marié. Tomy, lui, est reparti vivre en France dès la fin du

lycée…

Comme disait le poème de Tomoko…

« Mon fils… Il n’y a pas de destinée

ne laisse pas la réalité te consumer

Fais de ton rêve… Une réalité.

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Pour ne plus jamais rien regretter…

Pour ne plus jamais pleurer… »

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