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L’entreprenariat associatif Une première approche dans le secteur médical, sanitaire et social Madina RIVAL, Maître de conférences au CNAM (INTEC) Paris, Laboratoire CRC-GREG 78 rue Raynouard, 75016 Paris ; [email protected] ; tel : 06-63-66-29-63 Remerciements : Cette recherche a été menée dans le cadre d’un projet collectif de recherche sur les associations. Aussi l’auteur tient à remercier les membres du CREG et du LISE et en particulier Samuel Sponem et Christophe Torset qui ont contribué à la collecte des données. Les propos tenus dans cette communication n’engagent en revanche que l’auteur. Résumé : Le développement des associations conduit à a multiplication des pratiques issues de l’entreprises dans ces organisations a priori sans but lucratif. Cette communication cherche à s’interroger sur les manifestations profondes de telles évolutions. L’entreprise est caractérisée depuis Weber par la figure de l’entrepreneur et depuis Schumpeter par l’activité d’entreprenariat. Quelles formes peut prendre l’émergence de l’entreprenariat associatif ? Pour répondre à cette question, nous avons choisi de creuser un terreau a priori fertile : nous sommes allés voir deux associations françaises du secteur médical, sanitaire et social à « haut potentiel entrepreneurial. » Dans une démarche essentiellement qualitative (21 interviews et étude documentaire) nous avons reconstruit a posteriori le ressenti des acteurs en matière entrepreneuriale. Il ressort de cette double étude de cas l’émergence de formes plurielles d’entreprenariat associatif. Des jeux d’acteurs, proches de la déviance avec prise de risque, sont observés en particulier dans les relations avec les tutelles. Par ailleurs, on peut parler d’entreprenariat social lorsque ces deux associations configurent une offre de service marchand. Enfin, dans l’un des deux cas, on observe une reconfiguration des frontières institutionnelles de l’association. 1 halshs-00322394, version 1 - 17 Sep 2008 CORE Metadata, citation and similar papers at core.ac.uk Provided by Research Papers in Economics

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L’entreprenariat associatif Une première approche dans le secteur médical, sanitaire et social

Madina RIVAL, Maître de conférences au CNAM (INTEC) Paris, Laboratoire

CRC-GREG 78 rue Raynouard, 75016 Paris ; [email protected] ; tel : 06-63-66-29-63

Remerciements :

Cette recherche a été menée dans le cadre d’un projet collectif de recherche sur les associations.

Aussi l’auteur tient à remercier les membres du CREG et du LISE et en particulier Samuel

Sponem et Christophe Torset qui ont contribué à la collecte des données. Les propos tenus dans

cette communication n’engagent en revanche que l’auteur.

Résumé :

Le développement des associations conduit à a multiplication des pratiques issues de l’entreprises

dans ces organisations a priori sans but lucratif. Cette communication cherche à s’interroger sur

les manifestations profondes de telles évolutions. L’entreprise est caractérisée depuis Weber par

la figure de l’entrepreneur et depuis Schumpeter par l’activité d’entreprenariat. Quelles formes

peut prendre l’émergence de l’entreprenariat associatif ?

Pour répondre à cette question, nous avons choisi de creuser un terreau a priori fertile : nous

sommes allés voir deux associations françaises du secteur médical, sanitaire et social à « haut

potentiel entrepreneurial. » Dans une démarche essentiellement qualitative (21 interviews et

étude documentaire) nous avons reconstruit a posteriori le ressenti des acteurs en matière

entrepreneuriale.

Il ressort de cette double étude de cas l’émergence de formes plurielles d’entreprenariat

associatif. Des jeux d’acteurs, proches de la déviance avec prise de risque, sont observés en

particulier dans les relations avec les tutelles. Par ailleurs, on peut parler d’entreprenariat social

lorsque ces deux associations configurent une offre de service marchand. Enfin, dans l’un des

deux cas, on observe une reconfiguration des frontières institutionnelles de l’association.

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Manuscrit auteur, publié dans "AIMS, Nice : France (2008)"

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Pour autant, nous ne pouvons, ni conclure sur un entreprenariat associatif unique et universel, ni

expliquer les divergences de comportements entrepreneuriaux entre les deux associations

étudiées.

Mots clés : associations, entreprenariat, entrepreneur social, entrepreneur institutionnel, étude de

cas.

.

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INTRODUCTION

En France avec un budget cumulé de l’ordre de 59 milliards d’euros, un volume d’emploi de

1 050 000 emplois en équivalent temps plein, auxquels s’ajoute le travail de près de 14 millions

de bénévoles qui réalisent ensemble un volume de travail de l’ordre de 935 000 emplois en

équivalent temps plein, le poids dans l’ensemble de l’économie et dans la société française des

quelques 1 100 000 structures qui composent le secteur associatif apparaît considérable

(Tchernonog, 2007).

En disposant à l’article 2 que « les associations de personnes peuvent se former librement sans

autorisation ni déclaration préalable », la loi du 1ier juillet 1901 a consacré la liberté

d’association et rompu avec les restrictions l’ayant jusque là entravé (1791, loi le Chapelier par

exemple). L’association n’est pas seulement une liberté publique, c’est également un

contrat défini comme « la convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en

commun d’une façon permanente, leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que de

partager des bénéfices ». En résumé, une association est une organisation sans but lucratif, par

opposition à l’entreprise dont le but final serait la maximisation du profit. La littérature anglo-

saxonne parle d’ailleurs de « NPO : non profit organization ».

Pourtant, leur développement ainsi que l’obligation de rendre des comptes conduisent à

l’inflation des pratiques issues des entreprises privées au sein des associations. Au-delà de

l’instrumentation des outils de gestion souvent mise en avant, nous souhaitons nous interroger

dans cette recherche sur le sens profond de telles évolutions. Ce qui caractérise intrinsèquement

l’entreprise, c’est l’entreprenariat, à savoir dans une première approche (que nous préciserons

par la suite) un comportement innovant et créatif. La figure de l’entrepreneur étant issue du

système capitaliste, l’interrogation sous tendue est de savoir si des organisations fondées sur les

règles d’a-capitalisme (non lucrativité) peuvent cohabiter avec l’entreprenariat. In fine, quelles

formes pourrait prendre l’entreprenariat associatif ?

Pour répondre à cette question, notre communication sera conduite classiquement en trois parties.

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La première partie théorique présente une revue de la littérature en sciences de gestion autour de

la notion d’entreprenariat, en particulier dans les liens qu’elle peut entretenir avec le monde

associatif.

Ce cadre conceptuel étant posé, la seconde partie de l’article expose la partie empirique de notre

recherche. Elle décrit la méthode et les résultats de l’étude dans les deux associations françaises

du secteur médical, sanitaire et social choisies comme terrain.

La troisième partie discute ces résultats et cherche à conclure : peut-on envisager un

entreprenariat associatif ?

1. Cadre conceptuel : une approche plurielle de l’entreprenariat pour les associations

Dans une première partie, il nous est apparu nécessaire de définir clairement la terminologie

employée. En effet, le monde associatif semble de prime abord opposé à la notion classique

d’entreprise (1.1). Pourtant, aujourd’hui, on utilise de plus en plus couramment la notion

d’entrepreneur social (1.2). Il convient de la distinguer de l’entrepreneur institutionnel. (1.3) Ces

deux approches sont issues de champs théoriques très différents et ne se recoupent pas forcément.

1.1. L’entrepreneur : une notion pluridisciplinaire

Max Weber (1905) est évidement la première référence à laquelle on pense en matière

d’entrepreneur. Ce dernier met en avant notamment le rôle des croyances religieuses pour

expliquer le développement de l’entreprenariat. La religion protestante qui promeut le statut de

l‘effort et de la réussite socio économique individuelle serait un facteur positif. Les notions

d’entrepreneur et d’entreprenariat font l’objet depuis le début du XIXe siècle (et l’apparition des

grandes entreprises modernes étudiée par exemple par Chandler, 1962) d’un nombre de

recherches tel qu’il ne s’agit pas ici disserter sur la question. Notre point de vue est simplement

de présenter quelques angles d’analyse afin d’éclairer notre propos sur les notions suivantes

d’entrepreneur social et d’entrepreneur institutionnel qui sont bien liées entre elles de manière

sémantiques par le terme entrepreneur. Nous reprenons en cela la démarche de Garud, Hardy et

Maguire (2007).

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Schumpeter (1942) et Krizner (1997) demeurent les spécialistes incontestés de l’entrepreneur.

Pour Schumpeter, l’entrepreneur est le moteur de la croissance économique grâce à l’innovation.

L’introduction de nouvelles technologiques permet de pallier l’obsolescence des plus anciennes.

Plus précisément, une invention majeure est suivie d’innovations liées dites « en grappe ». On

peut en cela parler avec Krizner de destruction créatrice puisque l’entrepreneur nouvellement

arrivé va supplanter les plus anciens. Il en découle un cycle économique caractérisé par une

phase de crise puis de croissance.

D’un point de vue sociologique, l’entreprenariat peut être défini comme la déviation d’une norme

qui produit le changement (Garud et Karnoe, 2001). En conséquence, il est peu probable que

l’entrepreneur soit très apprécié par les acteurs déjà impliqués dans le champ concerné. Pour

réussir, l’entrepreneur doit donc se rendre légitime et prendre en compte la divergence des

intérêts présents sur son terrain d’action (Lounsbury et Glynn, 2001). Plus la diversité sociale

sera importante, plus ardue sera la tâche.

Enfin, les travaux de Lachmann (1986) issus du courant de la psychologie cognitive mettent en

évidence un autre aspect de l’entreprenariat : la création active. Ces travaux démontrent que la

genèse d’une nouvelle idée est souvent permise par l’association d’idées de domaines de

connaissance très différents et facilitée par les métaphores et les analogies. Ainsi, l’entrepreneur

peut recombiner des ressources intellectuelles. Le résultat de ce processus est également

confronté à un problème de légitimation (Zukerman, 1999).

Au total, la figure de l’entrepreneur semble être liée à l’émergence de la nouveauté. Cette figure

peut être déclinée dans le champ de l’économie sociale, mais également dans celui de la

sociologie néo-institutionnelle. Attention cependant, les notions d’entrepreneur social et

d’entrepreneur institutionnel ne se recoupent pas forcément.

1.2. L’entrepreneur social : un acteur émergeant de l’économie sociale

Historiquement, les entrepreneurs sociaux créent des coopératives puis des mutuelles.

Aujourd’hui, la réalité est plus complexe. En France, plus de 20 % des 27 000 entreprises de 50

salariés et plus sont des associations. Ce développement et l’obligation de rendre des comptes

conduisent à l’inflation des pratiques issues des entreprises privées au sein des associations. A tel

point que l’économie sociale définit aujourd’hui la notion d’entrepreneur social. Aux Etats-Unis,

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cette notion émerge dès les années 1990 avec par exemple la « social enterprise initiative »

lancée en 1993 par la Harvard Business School. (Defourny, 2004). Dans le même temps en

Europe des initiatives nationales donnent une place de plus en plus importante à cette notion

d’entreprise sociale Pourtant, il n’existe pas de définition de l’entreprise sociale dans le système

juridique français (Clément et Gardin, 2000).

La littérature, en particulier en sociologie, définit progressivement la notion d’entrepreneur

institutionnel. Ainsi Laville et Nyssens (2001) proposent une théorie intégrée de l’entreprise

sociale incluant des dimensions économiques, sociales et politiques. Les spécificités de cette

entreprise seraient de deux ordres : le rôle du capital social et la nature hybride des ressources.

L’entreprenariat social est caractérisé par un certain nombre de pratiques. Rousseau (2007) en

distingue deux : la dimension collective de l’action dans laquelle s’inscrit la fonction du dirigeant

qui implique un savoir faire spécifique pour associer les parties prenantes du projet ; la

récurrence d’une tension permanente entre performance économique et performance sociale.

Dans ce cadre, les valeurs constituent un avantage concurrentiel (Sibieude, 2007). Certains

innovateurs de l’économie sociale, par la force de leurs convictions et des valeurs sociétales qui

les animent arrivent à créer de la richesse là où il n’existait auparavant qu’un marché considéré

comme insolvable et non viable.

Une des problématiques majeures de l’entreprenariat social est aujourd’hui celle des conditions

de l’émergence de telles formes d’entreprenariat (et des freins éventuels qui s’y opposent).

Ainsi, des programmes de formation spécialisés se lancent et tentent de répondre de manière

concrète à ce défi. On en voudra pour preuve la mise en place par la chaire entreprenariat social

dune grande école de commerce française d’un incubateur social qui accueil des projets sur le

secteur marchand et non marchand. D’un point de vue plus théorique, l’approche de la

sociologie néo-institutionnelle peut être le cadre adapté pour tenter de répondre à ces

interrogations.

1.3. L’entrepreneur institutionnel : un nouveau rôle pour les associations ?

Cette dernière décennie a été marquée par un retour de la dimension institutionnelle dans le

champ du management stratégique, témoignant un intérêt renouvelé pour l’étude des cadres de

l’action collective (Dereumaux, 2004). Cette tendance s’est traduite par le renforcement du

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courant d’analyse néo-institutionnaliste dans la théorie des organisations. Dans les années 1980,

les précurseurs de ce mouvement, en particulier DiMaggio et Powell (1983) ou Meyer et Rowan

(1977) considèrent les institutions comme statiques, stables et autoreproductrices (par les

isomorphismes structurels notamment). Depuis la fin des années 1990, une part importante des

travaux du champ néo-institutionnaliste porte désormais sur les questions de l’émergence et du

changement institutionnels (Acquier et Aggeri, 2006).

Une partie de la littérature néo institutionnelle s’est développée autour de la figure de

l’entrepreneur institutionnel qui peut apparaître comme un moteur des dynamiques

institutionnelles. Selon DiMaggio (1988), de nouvelles institutions apparaissent lorsque des

acteurs organisés détenant des ressources suffisantes (les entrepreneurs institutionnels) y voient

une opportunité de concrétiser des intérêts auxquels ils accordent de l’importance. Plus

précisément Déjean, Gond et Leca (2004 : 743) définissent les entrepreneurs institutionnels

comme « des individus ou des organisations qui créent des normes techniques et cognitives, des

modèles et des prescriptions de comportement cohérents avec leur identité et leurs intérêts puis

les établissent comme des standards légitimes ». Il est possible de distinguer deux parties dans

l’activité d’entreprenariat institutionnel : la théorisation et la construction de coalitions. La

condition d’apparition de telles situations est l’existence de chocs externes qui viennent

déstabiliser les règles d’un champ institutionnel donné.

Une partie de la littérature consacrée à l’entreprenariat institutionnel met en scène des

associations. Queinnec (2007) postule même que la souplesse du statut associatif (loi 1901) en

France constitue un préalable institutionnel fort à l’innovation et permet à l’entrepreneur de se

concentrer sur l’aspect projet plutôt que sur l’aspect structure. Deux types d’association

apparaissent en particulier dans la littérature la plus récente.

D’une part, les associations professionnelles agissent souvent pour innover dans des champs

organisationnels stables. Les cas étudiés mettent souvent en avant les professions comptables ou

financières. C’est ainsi que Greenwood, Suddaby et Hinnings (2002) mènent une étude historique

(1977-1997) du cas du secteur des experts comptables au Canada dans la région d’Alberta par

analyse d’archives et interviews. Ils affirment que les associations professionnelles sont

habituellement considérées par la littérature comme des vecteurs de conservatisme par la mise en

place de routines. Dans ce cas, les auteurs démontrent le contraire : les associations

professionnelles ont un rôle important dans la désinstitutionalisation d’un champ organisationnel

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et le changement : elles légitiment le changement par un processus en deux parties, négociation et

gestion du débat au sein de la profession puis redéfinition des identités professionnelles en tant

que représentants de la profession à l’extérieur. De même, Lounsbury et Crumley (2007) étudient

de manière longitudinale (1924-1995) le cas de la création d’une pratique de gestion financière

active dans le secteur des fonds d’investissement. Parmi les acteurs à l’origine de la mise en place

de l’innovation, on trouve en bonne place les associations professionnelles : la National

Federation of Financial Analysts societies (1947) qui change de nom en 1960 et fusionne en 1990

avec une autre association professionnelle.

D’autre part, les organisations non gouvernementales (ONG) sont parfois des acteurs majeurs de

l’entreprenariat institutionnel dans les champs organisationnels instables ou émergeants. Les cas

étudiés sont de deux types : secteur médical et environnemental. Lévy et Scully (2007) étudient

des ONG internationales qui font partie des entrepreneurs institutionnels dans le cas des soins

contre le SIDA (activistes homosexuels, organisations d’afrio-américains, fabricants de

médicaments génériques). De même, selon Queinnec (2007), l’invention du sans frontiérisme

(Médecins Sans Frontières) depuis les années 1970 serait un cas d’entreprenariat institutionnel :

absence de formalisation des stratégies d’aide et faible vigilance de l’environnement

institutionnel permet l’innovation de MSF qui refuse tout isomorphisme mimétique. Par la suite

dans les années 1980, l’auteur parle d’une « période d’intense entreprenariat humanitaire

(Action contre la Faim, Médecins du Monde, Aide Médicale Internationale, Handicap

International, Equilibre) » (p 88). Dans les années 1990, la création d’une administration dédiée

à cette activité (Office humanitaire) au sein de la Commission Européenne constitue une

reconnaissance institutionnelle. La question non résolue est de savoir si l’aide humanitaire

d’urgence dans les années 1970 peut être qualifié de champ organisationnel émergent (Maguire,

Hardy et Lawrence, 2004) ou mature (Greenwood et al, 2002) en raison de la place importante de

la Croix Rouge.

La littérature que nous venons d’évoquer illustre la pluralité des points de vue adoptable

concernant l’entreprenariat dans les associations : quelles formes prend finalement

l’entreprenariat associatif ? Afin de tester les pistes de réponse à cette question nous avons mené

une étude de cas dans deux associations du secteur médical, sanitaire et social en France.

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2. Méthode et résultats : le cas de deux associations « entreprenantes » du secteur médical,

sanitaire et social

Pour répondre à la question de recherche nous avons focalisé notre action autour de deux axes

(2.1) :

- une démarche d’étude de cas de nature qualitative, fondée essentiellement sur le ressenti

des acteurs et nous permettant de rechercher l’émergence de comportements ;

- le choix d’associations du secteur médical, sanitaire et social confrontées en France à un

tournant de leurs pratiques en raison de leur poids et de leurs liens financiers et juridiques

avec l’Etat (lui-même sous le coup de la LOLF).

La recherche de formes d’entreprenariat a été effectuée en particulier au sein de deux

associations normandes (les « Papillons Blancs » et la « Clairière ») dont le dynamisme nous

avait été signalé par une précédente étude (2.2).

2.1. Une démarche qualitative pour des cas ad hoc

L’étude de cas constitue le support central de cette recherche. Les standards habituels en matière

de méthodologie qualitative ont été appliqués. Une description des personnes interviewées et des

documents consultés est présentée en annexe de cet article.

Le terrain est constitué de deux associations du secteur médical, sanitaire et social localisées en

Normandie. Ces deux associations (la « Clairière » et les « Papillons Blancs ») ont été choisies

expressément, de manière à maximiser les possibilités pour le chercheur d’observer des formes

émergentes d’entreprenariat. D’une part, elles sont situées dans un secteur à la fois très

institutionnalisé (quasi administrations par leur financement et les obligations qui leurs

incombent) et à la fois en plein changement (conséquences de la LOLF). D’autre part, elles nous

avaient été signalées comme particulièrement « dynamiques » par une équipe de chercheurs à

spectre large sur les associations ayant notamment reçu leurs directeurs pour des formations

continues au management. Il nous a semblé judicieux d’étudier deux cas a priori relativement

similaires de manière à pouvoir appréhender une diversité plus grande de formes éventuelles

d’entreprenariat associatif. De taille comparable, les deux associations exercent dans la même

région et sont observées durant la même période. Il existe néanmoins des différences entre elles

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(concernant plus précisément le service rendu et la complexité de leur financement) dont le

chercheur est conscient et sur lesquelles nous reviendrons dans les résultats et la discussion.

L’ensemble de notre étude a été réalisé sur l’année 2006-2007. Vingt et un entretiens semi

directifs on été menés, sur la base d’un guide d’entretien, avec des membres du personnels

représentatifs des gestionnaires mais également des producteurs de services au sein des deux

associations. Ces entretiens ont été enregistrés et retranscrits. En effet, eu égard au

positionnement néo-institutionnel proposé entre autres dans notre cadre théorique, une attention

particulière a été devait être portée au discours des acteurs. Suddaby et Greenwood (2005),

comme Zilber (2007) mettent en avant l’utilisation de la narration dans les manifestations de

l’entrepreneur institutionnel. Plus que de nous focaliser sur un entreprenariat individuel potentiel

au sein des associations, c’est une démarche organisationnelle que nous avons voulu caractériser.

Nous recherchions des éléments d’entreprenariat manifestés par la « Clairière » ou les « Papillons

Blancs ». C’est pourquoi, nous n’avons pas souhaité coder les discours mais les avons utilisés

pour construire le récit des cas. Les verbatims présentés par la suite constituent donc des

éléments particulièrement remarquables aux yeux du chercheur et illustrent des éléments clés du

cas.

Comme le recommandent de nombreux auteurs (Yin 1994, Grawitz 1998, Pettigrew, Woodman

et Cameron, 2001), une attention forte a été apportée à la contextualisation de l’analyse. Cela

nécessitait notamment le recueil de données sur l’histoire, les fondateurs et dirigeants et

l’environnement des associations étudiées. La triangulation des données améliore également la

validité externe et la fiabilité de la recherche qualitative. Il a donc été important de pouvoir

disposer de tous documents utiles à l’analyse : bilans, comptes de résultats, rapports

administratifs, ont été analysés sur les deux ou trois dernières années selon leur disponibilité.

Enfin, la restitution d’une première analyse a été faite sur le terrain. Les retours des acteurs nous

ont permis d’enrichir et de préciser notre vision des cas.

Dans une visée réflexive, nous considèreront par la suite que nos données (récits comme

rapports) constituent un ressenti des acteurs et non une expression de la réalité des faits.

2.2. L’émergence inégale de formes d’entreprenariat associatif

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Nous présentons dans cette partie résultats, une rapide description des deux cas d’associations,

les « Papillons Blancs » et la « Clairière ». Elle ne correspond pas à un récit chronologique

d’évènements mais a été reconstruite a posteriori sur le ressentis des acteurs exprimés lors des

entretiens et dans les rapports consultés.

Association les Papillons Blancs : jeux d’acteurs et « flirt » avec le secteur marchand

De manière générale, cette association est très diversifiée dans le suivi du handicap pour enfants

et adultes : du soin à l’éducation puis au travail, en passant par l’hébergement : outre le siège,

onze structures se distinguent réunies en six pôles : le CAT (Centre d’Aide par le Travail)

comprenant une entreprise et des ateliers ; la structure d’hébergement pour adultes comprenant le

CAJT (Centre d’Activités de Jour), le foyer et le SAVS (Service d’Accompagnement à la Vie

Sociale) ; la structure pour enfants et adolescents comprenant l’IME (Institut Médico Educatif) et

l’EEAP (Etablissement pour Enfants et Adolescents Polyhandicapés) ; la MAS (Maison

d’Accueil Spécialisé) ; le SAMSAH (Service d’Accompagnement Médico Social pour Adultes

Handicapés) ; le SESSAD (Service d’Education Spécialisée et de Soins à Domiciles) et le

CAMSP (Centre Médico Social Précoce). Aux dires de son directeur : « l’association est

localisée autour de Pont Audemer (11 000 habitants) (Eure). C’est une structure de proximité qui

suit essentiellement des enfants et adultes atteints de handicaps mentaux. 300 personnes sont

accueillies à l’année par 160 personnes représentant 205 postes. A noter que trois des structures

ont été nouvellement créées. Il manque encore un foyer occupationnel pour adultes handicapés. »

(Directeur)

Les rapports d’activités nous renseignent sur l’objet général de cette association et ses principes

de fonctionnement : « Le principe de bienfaisance : faire le bien de l’usager ; le principe de non

malfaisance : ne pas faire de mal ; le principe de l’autonomie ; le principe de justice » (AG

2003).

A l’exception du siège dont l’activité administrative est particulière, les ressources des entités de

l’association proviennent très majoritairement de la rubrique conventions et subventions du

secteur public. Il s’agit de subventions ou de dotations globales. Une analyse des comptes plus

fine nous donne l’origine de ces comptes : DDASS ou Conseil Général. Les financeurs publics

sont donc peu diversifiés. La deuxième source potentielle de financements se révèle être la vente

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de services à des particuliers. Sous ce vocable se trouve en général la participation des usagers

(pour le foyer, l’IME et l’EEAP). Il convient de préciser qu’en réalité, cette participation est la

plupart du temps prise en charge par les mutuelles des parents. En outre, l’association n’a pas

recours à des ressources non monétaires parfois présentes dans le tiers secteur comme des

contributions volontaires (bénévoles ou volontaires) que l’on peut éventuellement valoriser.« Les

seuls bénévoles sont ceux du CA (12). Les parents n’aident pas ; je regrette cette démobilisation ;

les parents se positionnent en ayant droits. » (Directeur). Comme l’origine, l’utilisation des

ressources est fortement contrainte. Ainsi, en raison de l’activité médico-sociale de l’association,

le poste principal et incompressible est le personnel. Il représente en général plus des deux tiers

des charges des entités. Ce poids est stable ou en croissance entre 2003 et 2004. La difficulté et la

pénibilité du travail intrinsèque à l’activité renforcent l’absentéisme et donc le poids de la charge

de personnel. Par ailleurs, un grand nombre d’obligations légales pèsent sur l’association et

contraignent l’utilisation de ses ressources. Elles sont de deux ordres : des dépenses

supplémentaires ou une préférence pour le fonctionnement au détriment de l’investissement. Des

dépenses supplémentaires sont par exemple générées par l’amendement Creton. « Pour les jeunes

de l’IME, la demande s’est maintenue mais les admissions ont été quelque peu bloquées du fait

du maintien dans l’effectif des plus de 20 ans au titre de l’amendement Creton. Je vous rappelle

qu’ils sont comptés dans l’effectif sans ouvrir droit au paiement du prix de journée. » (AG 2003)

Il semblerait que les tutelles orientent des dépenses vers l’exploitation au détriment des

investissements qui seraient nécessaires pour moderniser l’association. « Il faut savoir que les

tutelles, ne nous payent que les coûts d’exploitation, les investissements on s’en charge. Ils

n’acceptent pas de financer les investissements. » (Trésorier)

Pourtant, en externe et en interne, l’association, et en particulier son directeur et le trésorier, tente

de contourner la rigidité structurelle des ressources mises à sa disposition. En externe, des

négociations sont menées avec les tutelles au delà de la procédure administrative stricto sensu.

«Le système de l’association, c’est d’obtenir auprès des tutelles ou de la DDASS des fonds pour

pouvoir faire tourner nos établissements, donc il y a des prix de journée qui sont fixé. Il y a aussi

la dotation globale qui nous est donnée par ailleurs. Donc nous avons des budgets qui sont

établis chaque année et on présente ça donc à nos tutelles. C’est accepté, c’est refusé, enfin bref,

on discute, on justifie surtout nos demandes. […] On est amenés à aller discuter et présenter aux

tutelles. » (Trésorier) « Il arrive qu’en fin d’année la DDASS nous accorde une enveloppe

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supplémentaire, cela dépend des bonnes relations de Mr B. C’est la même chose avec le Conseil

Général, mais la somme en jeu est moins importante. On essayait d’avoir une image « pauvre »

pour faire venir plus d’argent. » (Comptable siège) En interne, la répartition des ressources entre

les différentes entités peut donner quelques marges de manœuvre supplémentaires. « Les comptes

de liaison sont répartis en fonction du nombre de jeunes qui ont eu l’agrément, en accord avec le

directeur » (Comptable IME)

Le secteur dans lequel évolue l’association connaît, tant au niveau législatif qu’en ce qui

concerne les attentes des bénéficiaires et les pratiques des professionnels, des changements

importants. Ainsi, le directeur affirmait en 2003 : « nous avons commencé à travailler dans des

conditions qui sont en train de mourir sans que nous sachions bien quelles sont les conditions qui

sont en train de naître » (AG 2003). Ceci conduit visiblement l’association a une réflexion

régulière sur ses choix stratégiques. Le directeur rappelle régulièrement en assemblée général le

besoin de cette réflexion stratégique, réflexion qui doit ensuite se confronter aux pratiques

professionnelles :« Nous avions à quelques uns travaillé à la production d’un projet de vie,

document important, fondateur ; toutefois je n’apprendrai à personne que la réflexion et

l’imagination sont souvent bousculées quand la confrontation avec la réalité du terrain s’exerce.

» (Directeur AG 2004) Un des problèmes stratégiques majeurs de l’association semble concerner

l’avenir du CAT : « Sur le CAT, on a de la concurrence, les prisons, entreprises d’insertion. Et

puis il y a pas mal d'entreprises sur Pont Audemer qui ont fermé boutique. Il faut que le

commercial il se donne. Et les travaux deviennent plus compliqués il y a moins de choses simples

à faire. On travaille pour les parfums[…]. Je suis inquiet pour l’avenir. Deux années de suite

avec plus de 100 000 € de pertes chaque année. On ne tiendra pas longtemps. Le problème a été

soulevé auprès des tutelles. Parce que nous ne sommes pas les seuls dans ce cas. Tous les CAT

sont en perte. […] On essaie de voir si on ne peut pas trouver des choses qui nous rapporteraient

un petit peu pour équilibrer les comptes. » (Trésorier) La problématique à laquelle est confronté

le CAT est précisée par le directeur adjoint du CAT : « J'ai travaillé avec un gros client, un

conditionneur de parfums […]. Il fait des cartelettes pour les échantillons. Dans la mesure où ça

requiert du manuel et qu'il ne peut pas faire ça de manière automatisée, il faisait appel à nous.

Sauf que là, il est à court d'activité, il a pris ses ouvrières, il les a mises sur les tables et puis il

leur a fait faire des montages manuels. Il a une grosse commande d'un million qu'on n'a pas pu

avoir. Ça c'est la loi du marché. » (Directeur adjoint, CAT) Le CAT, entre logique d’assistance

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et logique de marché connaît donc d’importantes difficultés au niveau stratégique et financier.

Les solutions envisagées par le conseil d’administration et la direction semblent se situer à deux

niveaux. D’abord, améliorer la gestion du CAT en embauchant quelqu’un qui est spécifiquement

chargé de prospecter des marchés. A un deuxième niveau, c’est l’existence même du CAT sur

laquelle il y a réflexion : « Il faut peut-être changer totalement. Et que ce soit plus un CAT, que

ce soit un truc occupationnel. Je soulève souvent ça en CA » (Trésorier).

Association « La Clairière » : au-delà des jeux d’acteurs, vers une configuration de l’offre de

services marchands, voire une reconfiguration des frontières institutionnelles de l’association

L’association Marie-Ange Mottier gère le centre de médecine physique et de réadaptation « La

Clairière ». Cet établissement sanitaire participant au service public hospitalier est spécialisé dans

la rééducation fonctionnelle pédiatrique. Il accueille une cinquantaine d’enfants, de quelques

mois à vingt ans, atteints de troubles fonctionnels graves, sous l’autorité de l’agence régionale

d’hospitalisation de Basse Normandie. Les pathologies traitées sont d’ordre neurologique, neuro-

musculaire, des suites d’accidents ou d’opérations, des états végétatifs permanents et, plus

récemment, l’obésité pédiatrique sévère. L’association est structurée autour de quatre principaux

services : l’hospitalisation ; la rééducation ; la pédagogie ; les services généraux. L’établissement

accueille en son sein une école et un collège partiellement dépendants de l’éducation nationale,

qui font partie intégrante du dispositif de soins. L’association est gouvernée par un conseil

d’administration qui rassemble les seuls membres de l’association. D’origine congréganiste, elle

a beaucoup évolué pour adopter aujourd’hui un fonctionnement entièrement laïc, même si deux

religieuses en sont toujours membres et que les valeurs religieuses sont toujours revendiquées par

certains salariés.

Les ressources de l’association sont quasi-exclusivement d’origine publique, sous forme de

dotations budgétaires. Elles représentent en moyenne 92 % des produits d’exploitation entre 2002

et 2005. L’association ne cherche que rarement à bénéficier de ressources complémentaires

(dons, subventions locales, bénévolat, etc.), hormis pour des projets spécifiques d’aménagement

du site (construction d’une maison des parents, décoration des salles communes). L’intégralité

des revenus de l’association lui sont donc fournis par l’assurance maladie. Les ressources issues

de l’assurance maladie sont « négociées » au travers de l’EPRD (Etat Prévisionnel des Recettes et

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Dépenses) et représentent donc la grande majorité des ressources de l’association. Les principaux

interlocuteurs de la direction en la matière sont l’ARH (Agence Régionale de l’Hospitalisation)

et la DDASS de l’Orne. Les ressources de l’association sont constituées à plus de 90 % de la

dotation globale négociée avec l’ARH. Cette dotation va être remplacée prochainement par des

financements publics basés sur les critères de la tarification à l’activité (T2A).

Le déploiement de la T2A dans l’établissement peut être source d’améliorations pour

l’association, dans la mesure où les programmes d’investissements pourront être intégrés au

financement et où une tarification plus équitable de certaines activités en liaison avec des

pathologies lourdes pourrait permettre à l’association de voir son enveloppe globale augmenter.

En revanche, la mise en place de la T2A générera également un alourdissement de certaines

tâches administratives, nécessitant ainsi des ressources de fonctionnement supplémentaires. Ce

constat peut être en partie nuancé du fait de la bonne renommée de l’établissement qui lui permet

d’avoir recours sans grande difficulté aux financements bancaires pour réaliser certains

investissements : « On a beaucoup d'emprunts car toutes les immo appartiennent au centre. Pour

l'instant ça ne pose pas de problème. Parce qu'il y a de la trésorerie quand même. On ne fait pas

de déficits ... Je vois par rapport aux tiers, aux banques, les négociations ne se posent pas

problème. Ils sont prêts à travailler avec nous... En général les administrations travaillent avec

le centre pour avancer, les négociations c'est jamais contre le centre. Je pense que si c'était mal

géré ou s'il y avait des problèmes dans les comptes, on travaillerait moins avec eux. »

(Comptable)

Les objectifs de développement de l’association sont relativement ambitieux. Outre une volonté

forte d’améliorer la structure d’accueil actuelle, les dirigeants de l’association (directeur général

et président) ont longuement évoqué leurs objectifs de développement. Des programmes

d’investissements importants ont été votés ces dernières années et chaque service dispose

dorénavant d’une ligne budgétaire dédiée aux investissements : « Avant on n’avait pas de budget

d'investissement. Maintenant, on a un budget de 12000€ pour le plateau technique. Je venais de

la fonction publique, j'avais des budgets à pleurer, je mendiais, ici ce qui est bien c'est que

chaque service a un budget avec des lignes budgétaires pour gérer au quotidien les

investissements. ». (Responsable plateau technique) L’association Marie-Ange Mottier œuvre

historiquement dans le strict domaine sanitaire. Le dirigeant explique que « l’association vient de

reprendre la gestion d’un établissement relevant lui du médico-social. Cela signifie que notre

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association a vocation à se développer, et pas seulement sur le champ sanitaire, également sur le

champ médico-social. » (Directeur). Cette reprise de la gestion de l’établissement médico-social

s’inscrit dans une démarche opportuniste puisqu’elle a été mise en place suite à la demande de la

DDASS et des collectivités locales qui souhaitaient pérenniser leur structure et lui apporter la

gestion rigoureuse dont avaient fait preuve les dirigeants du centre hospitalier La Clairière.

L’ouverture d’un hôpital de jour à Caen s’inscrit dans cette même dynamique de développement,

même si les logiques sont différentes.

Ces développements sont rendus possibles par la notoriété importante de l’association dans la

région et dans le milieu hospitalier de manière plus large. Les dirigeants (directeur et bureau du

conseil d’administration) oeuvrent pour développer cette notoriété, en privilégiant deux axes

principaux : la formation des salariés et l’insertion dans la société professionnelles et civile. La

formation professionnelle est décrite par de nombreux interlocuteurs comme un des piliers de la

stratégie et du fonctionnement de l’association. Le directeur avoue y consacrer des ressources

importantes, en vue notamment de faire connaître le centre La Clairière et d’assurer son

développement : « On fait 2 ou 3 fois le minimum légal en matière de formation. On a une très

forte dynamique de formation : un de nos cadres est en formation à l’école des cadres, un autre à

l’IAE de Caen, …. S’ils viennent ici, qu’ils suivent une formation pointue et qu’ils repartent,

c’est très bien : ils le diront, ça nous fait de la pub et on attirera d’autres compétences. »

(Directeur). Par ailleurs, les médecins et salariés du secteur para-médical sont encouragés à

participer à des activités, associations et formations à l’extérieur de l’établissement. Le médecin-

chef de l’établissement définit même son activité en mettant en avant son rôle de commercial de

l’établissement : « je rencontre des médecins, des kinés, des professionnels de la santé, parfois

des parents, et je leur vante les mérites de notre établissement. » (Médecin-chef). De nombreux

salariés du plateau technique (kinésithérapie, ergothérapie, etc.) ont également des activités à

l’extérieur de l’établissement qui permettent de le faire connaître et d’en assurer la renommée :

«On nous reconnaît régionalement au sens large puisque Rennes nous a appelés, alors qu'il y a

plein de professionnels très compétents là bas, parce qu’ils voulaient une intervention sur un

stage spécifique en pédiatrie. Donc j'ai essayé de montrer qu'on avait une capacité à s'interroger

sur nos pratiques. » (Chef de service plateau technique).

3. Discussion et conclusion : vers l’émergence de formes d’entreprenariat associatif ?

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L’analyse du cas des « Papillons Blancs » et de la « Clairière » nous permet de trouver des traces

d’entreprenariat dans le ressenti des acteurs de ces deux associations, et ce à des degrés différents

(3.1). Pourtant, notre étude de cas, ni ne saurait conclure à un continuum entrepreneurial dans le

monde associatif, ni ne permet d’expliquer en profondeurs les différences entre les manifestations

d’entreprenariat observées dans les deux cas étudiés (3.2).

3.1. Une triple tension des associations vers l’entreprenariat

Des formes d’entreprenariat apparaissent, au moins dans le ressenti des acteurs des deux

associations étudiées. Elles sont essentiellement de trois ordres différents : jeux d’acteurs,

configuration de l’offre de services marchands et reconfiguration des frontières institutionnelles

de l’association. Ces formes d’entreprenariat associatif peuvent être interprétées à l’aune des trois

mouvements théoriques mobilisés dans notre partie théorique.

Jeux d’acteurs : aux origines de l’entreprenariat, déviance et recherche de nouveauté

Des jeux d’acteurs se manifestent dans les deux associations étudiées, et plus particulièrement

chez les « Papillons Blancs ». Nous retrouvons ici des notions classiques développées dans la

littérature sur l’entreprenariat comme celles de la déviation d’une norme (Garud et Karnoe,

2001), de la prise de risque et de la recherche de la nouveauté.

Dans l’association des Papillons Blancs, des négociations sont menées avec les tutelles au-delà

de la procédure administrative stricto sensu. Le directeur et le trésorier de l’association sont

souvent mis à contribution pour cette tache. Ces négociations visent essentiellement l’obtention

d’une rallonge budgétaire de la part de la tutelle. Différentes techniques peuvent être utilisées.

Pour reprendre les termes de Jacomet (2000), nous pouvons identifier deux types de stratégies de

négociation différentes : la « pression » et « l’interaction ». La stratégie de pression reposerait sur

un comportement de domination, voire de capture, de la part de l’association sur les tutelles. A

l’opposé, la stratégie d’interaction privilégierait un mode de relation plus équilibré avec les

tutelles qui laisse place aux arbitrages et aux éventuels compromis. Faire pression consiste le plus

souvent à imposer un déficit qui sera repris si le dépassement est justifié. Dans ce cas, la maîtrise

des délais des différentes procédures (allez retours budgétaires) est indispensable. Interagir c’est

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par exemple pour le directeur de l’association avoir de bonnes relations avec la DDASS ou

encore « avoir une image pauvre pour faire venir plus d’argent ». Il y a bien émergence de

nouvelles pratiques déviantes par rapport à la règle établie.

Dans le cas de la Clairière ce qui semble particulièrement marquant dans la stratégie de

l’association c’est la diversité des intervenants dans celle-ci. En effet, la stratégie est d’abord le

choix du conseil d’administration et de la direction, mais elle doit être co-construite avec les

tutelles. Ceci conduit à une volonté de rapprochement avec les tutelles. Les parties prenantes sont

considérées comme un acteur à part entière de la stratégie. Cela permet une création active de

stratégie au sens de Lachmann (1986). Cette association des parties prenantes est également

caractéristique d’une autre forme d’entreprenariat que l’on retrouve plus fortement émergeant

dans la Clairière : l’entreprenariat social (Rousseau, 2007).

Configuration de service marchand : l’association entrepreneur social

Les deux associations étudiées agissent sur un secteur qui devient plus concurrentiel. Il

semblerait, qu’entre les associations, se développe une concurrence qui n’existait pas avant et

que se développe « une logique d’appel d’offre ». Dans ce cadre, il existe une tension entre

performance sociale et performance économique. Le cas des papillons Blancs est à relativiser à

cet égard. En revanche, pour l’association la Clairière, on peut réellement parler d’entreprenariat

social.

L’association des Papillons Blancs présente un discours sur des activités de réinsertion par le

travail en lien avec une certaine logique de marché. A ce titre, le CAT de l’association les

Papillons blancs affirme être en concurrence avec d’autres prestataires. Il peut s’agir de

producteurs du tiers secteur (prisons, entreprises d’insertion dont les autres CAT, pays à main

d’œuvre peu coûteuse comme la Chine ou l’Europe de l’Est) mais également du secteur privé

(des entreprises locales également en difficulté).Toujours dans cette logique marchande, les

relations avec les clients ne sont pas que des philanthropes mais peuvent également chercher à

satisfaire des besoins particuliers en fonction de leur activité générale. En période de basses eaux,

les CAT se trouvent donc dans des situations financières difficiles tout comme une entreprise du

secteur privé. On peut donc parler d’un ré encastrement du marché dans une certaine mesure.

Pour autant, il convient de rester mesuré sur ce thème. En effet, les incitations des clients des

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CAT sont également souvent non marchandes : obligation légale d’emploi de travailleurs

handicapés, intérêt personnel pour le handicap, affectif.

Le cas de l’association la Clairière est encore plus marquant à cet égard. L’ouverture d’un hôpital

de jour à Caen s’inscrit également dans une dynamique de développement marchand.

L’ouverture de l’hôpital à Caen a en effet été le fruit d’une démarche proactive de la direction qui

avait identifié, avec les autres acteurs du secteur, une opportunité de développement dans une

agglomération insuffisamment pourvue de structures d’accueil. La reprise de la gestion de

l’établissement médico-social s’inscrit elle dans une démarche opportuniste puisqu’elle a été

mise en place suite à la demande de la DDASS et des collectivités locales qui souhaitaient

pérenniser leur structure et lui apporter la gestion rigoureuse dont avaient fait preuve les

dirigeants du centre hospitalier la Clairière. La direction raisonne en termes de « clientèle » et

cherche à s’implanter sur le « marché » des enfants obèses.

Reconfiguration des frontières institutionnelles : l’association entrepreneur institutionnel ?

Rappelons que la structuration d’un champ organisationnel peut être définie comme le processus

par lequel les champs d’activité sociale sont mis en ordre (Scott, Deschenes, Hopkins, Newman

et McLaughlin, 2006). Si l’on reprend la définition du champ organisationnel de Scott et al

(2006), nous sommes ici dans celui du secteur non marchand médical, sanitaire et social en

France. Ce champ organisationnel n’est plus émergeant aujourd’hui et est particulièrement

structuré par la tutelle publique (d’ordre financier et réglementaire) qui s’exerce sur les

associations. Cette tutelle publique structurante pourrait s’avérer être un frein à l’entreprenariat

institutionnel des associations. En effet, dans le cadre d’un champ organisationnel relativement

ancien et surtout très structuré, il peut apparaître difficile de modifier les ordres existants.

Pourtant, notre étude du cas la Clairière met en évidence des tentatives de restructuration du

champ existant.

Si l’on en revient aux travaux de la sociologie néo-institutionnelle, elle décrit deux parties dans le

processus mis en œuvre par l’entrepreneur institutionnel : la théorisation et la construction de

coalitions. Cette dichotomie de l’action n’est pas sans rappeler ce que Akrich, Callon et Latour

(1988 a et b) appellent « l’art de l’intéressement » puis « l’art de choisir les bons porte-parole ».

Les deux moments sont observables dans le ressenti exprimé par les acteurs de la Clairière. La

direction, mais également le personnel encadrant utilisent en particulier une stratégie rhétorique

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basée sur les valeurs (Suddaby et Greenwoodd, 2005). Ce type de discours fait référence à une

légitimité morale : d’origine congrégationaliste les acteurs de la Clairière se définissent

essentiellement par le but de « faire le bien ». Par ailleurs, nous avons vu que les médecins et

salariés du secteur para-médical sont encouragés à participer à des activités, associations et

formations à l’extérieur de l’établissement. De nombreux salariés du plateau technique ont

également des activités à l’extérieur de l’établissement qui permettent de le faire connaître et

d’en assurer la renommée. On peut parler à ce titre de lobbying, voire de construction de

coalition institutionnelle, deuxième étape pour l’entrepreneur institutionnel.

3.2. Conclusion

In fine, sur un terrain a priori fertile, deux associations françaises du secteur médicale, sanitaire et

social, nous avons pu retrouver l’émergence de formes d’entreprenariat associatif dans le

ressenti des différents acteurs de l’association. Pour autant notre étude présente deux principales

limites.

D’une part, nous ne pouvons prétendre à la description d’un entreprenariat associatif. Au-delà

des limites traditionnelles de l’étude de cas, nous avons finalement observé différentes

manifestations d’entreprenariat associatif émergeant : la déviance et la recherche de nouveauté

dans le rapport aux tutelles, la configuration de l’offre de services marchands, la reconfiguration

des frontières institutionnelles de l’association. Comme le rappellent Lévy-Tadjine, Chelly et

Paturel (2006), il convient de ne pas abuser du concept d’entreprenariat.

D’autre part, notre démarche est celle d’une étude exploratoire à visée compréhensive. Il ne nous

est donc pas possible à ce stade d’expliquer la différence entre les deux cas associatifs : Les

« Papillons Blancs » se trouvent davantage dans le registre du jeu d’acteurs et la « Clairière »

dans celui de l’entreprenariat social ou institutionnel. De taille et de localisation relativement

similaire, ces deux cas diffèrent par d’autres éléments : service rendu (médico-social pour la

« Clairière », sanitaire et social pour les « Papillons Blancs »), financement public (unifié pour la

« Clairière », croisé pour les « Papillons Blancs »), personnalité du directeur. Des hypothèses

peuvent donc être avancées concernant tour à tour l’intensité concurrentielle du secteur, la

dépendance des ressources, la rationalité des décisions. Pour les tester, il conviendrait de

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retourner sur le terrain de ces deux associations mais également et d’élargir notre échantillon par

l’étude de nouveaux cas (ce qui est rendu possible par le design de la recherche).

Pour autant, le cadre des associations du secteur médical, sanitaire et social choisi comme terrain

pour notre étude est un sujet central en termes de management public. En effet, de par leur

financement essentiellement public et l’importance des obligations réglementaires qui leur

incombent, ces associations représentent des « quasi administrations ». Ces nouvelles formes de

démembrement de l’Etat sont très nombreuses mais demeurent encore un objet institutionnel peu

identifié : à la fois très institutionnalisées par leur caractère public et faiblement

institutionnalisées par leur aspect associatif.

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ANNEXE : Description des données collectées

1. Cas les « Papillons Blancs »

Neuf entretiens semi directifs d’une heure à une heure trente ont ensuite été réalisés en mai 2006

par deux enseignants chercheurs avec des membres du personnel représentatifs des gestionnaires

mais également des producteurs de services. Les entretiens ont été enregistrés et retranscrits puis

analysés de manière à répondre à la problématique centrale. Ont été interviewés : le directeur de

l’association, le trésorier de l’association, le directeur des structures d’hébergement, le directeur

adjoint du CAT, la comptable de l’association (qui va partir en retraite), la nouvelle directrice

comptable de l’association, la comptable de l’IME, le prestataire informatique de l’association,

une éducatrice à l’IME.

Dans un premier temps, les comptes administratifs de 9 entités ont été analysés sur 2004, 2005.

Nous avons également disposé des budgets prévisionnels de l’ensemble des entités pour 2006

ainsi que des rapports communiqués en assemblée générale. A noter que les trois structures

nouvellement créées ne disposant que d’un budget prévisionnel, elles n’ont donc pas donné lieu à

établissement de tableaux d’analyse. Nous présentons dans notre développement une synthèse de

l’analyse des comptes des différentes entités. Par ailleurs, outre les comptes administratifs, 2003,

2004 et 2005, un certain nombre de documents écrits ont été analysés : l’organigramme de

l’association au 30 avril 2006 ; la composition du conseil d’administration 2005/2006 ; rapports

d’activités des établissements financés par l’assurance maladie pour 2003, 2004 et 2005 ; la

« facturation 2005 ».

2. Cas « La clairière »

Douze entretiens, enregistrés et quasi-intégralement retranscrits, ont été réalisés en septembre

2006, avec les personnes suivantes : directeur général de l’association ; président du Conseil

d’administration ; directrice des ressources humaines ; comptable ; chef de service

hospitalisation ; chef de service plateau technique ; responsable informatique ; directrice des

études ; médecin-chef ; assistante ressources humaines ; auxiliaire puéricultrice ; infirmière.

Par ailleurs, les documents suivants ont été analysés : comptes annuels 2003 à 2005 ; comptes-

rendus du conseil d’administration 2003 à 2006 ; rapports d’activité 2003 à 2005.

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