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Québec : Les travailleurs du secteur pub-lic manifes-tent contre la vague de con-cessions de-mandées par le gouvernement

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Les quatre crises !

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La Banque Mondiale, non pas Haïti, sera en charge du plan, un Conseil d’étrangers avec quelques rares fi gurants haïtiens approuvera les directives

Le Premier ministre haitien Jean-Max Bellerive (à gauche) et son homologue du Canada Stephen Harper

HAITI LIBERTEVol. 3 No. 37 • Du 31 mars au 6 avril 2010 Haiti: 10gdes / USA: $1.00 / France 1.50 / Canada: $1.50

1583 Albany Ave, Brooklyn, NY 11210 Tel: 718-421-0162 Email: [email protected] Web: www.haitiliberte.com

Justice Vérité Indépendance

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3 mwa aprè, kijan sitiyasyon an ye nan peyi Dayiti?

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Interview de Fritz Deshommes, économiste et vice-recteur à la recherche de l’Université d’Etat d’Haïti (UEH)

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Conférence de l’Onu sur Haïti : un piège avec conviction !Par Berthony Dupont

Tout le monde sait que, depuis dimanche dernier le président Préval a laissé le pays pour venir préparer ce qu’on appelle

la « Conférence des donateurs pour Haiti ». C’est une formule très courante dans le vocabulaire politique haïtienne et ce depuis après le coup d’Etat sanglant de février 2004.

Ce genre de conférence a été programmé environ tous les six mois par les pays impérialistes afi n que ces faiseurs de chari-té internationaux viennent au chevet d’Haïti et montrent qu’ils ne restent pas indifférents au sort des pays pauvres. Signalons que les précédentes conférences ont été organisées à Washing-ton (juillet 2004), Cayenne (mars 2005), Montréal (juin 2005), Bruxelles (20 et 21 octobre 2005) Washington (février 2006) et Madrid le 30 novembre 2006. Le groupe des donateurs compor-tait les Etats-Unis, le Canada, la France, le Japon et la Norvège, et les grands bailleurs de fonds internationaux sont toujours le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale (BM), ainsi que la Commission européenne. Lors de la Conférence de Washington, en juillet 2004, la Commission Européenne s’était engagée à contribuer la rondelette somme de 294 millions d’euros soit (350 millions de dollars américains) en vue de mobiliser 1.37 milliards de dollars américains pour la reconstruction d’Haïti.

À Madrid le Premier ministre d’alors Jacques Edouard Alexis s’était précipité avec une délégation imposante pour aller recevoir la manne. Il se piégea en déclarant au cours de la réunion que « son gouvernement devait assumer la gestion de l’aide interna-tionale qui affl ue en ordre dispersé dans son pays. Aujourd’hui ce qui se passe c’est que chaque partenaire a son petit drapeau pour montrer à tout le monde ce qu’il est en train de faire en Haïti ». En guise de réponse, on lui lança en pleine fi gure :« D’après le classement 2006 de l’organisation Transparency in-ternational, Haïti est en effet, le pays le plus corrompu de la planète». Une façon de lui dire qu’il était un corrompu !

En 2008, Alexis a récidivé. Bien avant la conférence, il s’est rendu à Washington implorer ses patrons de ne pas donner de l’argent aux ONG mais bien à son gouvernement qui applique la bonne gouvernance dictée par les multinationales. Au grand étonnement de plus d’un, quelques semaines après son retour en Haiti, le peuple déclencha le mouvement des émeutes de la faim, et sur ordre du laboratoire Alexis a été révoqué le 12 avril 2008 pour être remplacé par Mme Michèle Duvivier Pierre-Louis.

Cette dernière appuyée par le milliardaire Soros pensait tout gagner. Ainsi à la conférence des donateurs en avril 2009, on lui avait fait une promesse mirobolante de 324 milliards pour Haiti. Cette somme n’a jamais été délivrée. Frustrée, Madame, à la Conférence des Nations unies sur Haiti tenue à Miami le mer-credi 9 septembre 2009, s’est laissée aller à déclarer « que Cuba

et le Venezuela ne se font pas marchander pour donner leur aide à Haiti. Pourtant les autres ne l’ont pas fait, par exemple un pays comme les Etats-Unis pourrait faire mieux. J’exhorte tous ceux là qui ont fait des promesses d’aide à la conférence d’avril et immédiatement après à commencer à débourser les sommes le plus tôt possible ». Cette impertinence de Pierre-Louis lui coûta son poste de Premier ministre et un mois après en octobre 2009, elle fut malhonnêtement révoquée pour malversation.

Ce sont ces mêmes gens, ces mêmes profi teurs, exploiteurs et pillageurs qu’on appelle donateurs ou bailleurs de fonds qui auront à se réunir demain matin aux Nations unies pour coor-donner une quelconque aide fi nancière pour la reconstruction du pays. Déjà ce mardi 30 mars, on commence à s’excuser, c’est ainsi que le porte-parole du Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l’ONU Elisabeth Byrs se plaint de la réponse tim-ide des pays donateurs «Il est vraiment essentiel que l’élan de générosité qui a présidé au lancement de l’appel d’urgence au début de la crise d’Haïti continue. Ce n’est pas parce que Haïti n’est plus vraiment présente dans les médias qu’il faut oublier les 1,3 million de personnes vivant toujours dans des conditions précaires ».

Rappelons, par ailleurs qu’après les demandes de Préval que l’aide ne soit pas octroyée aux ONG, l’administration d’Obama en publiant un rapport sur la corruption concernant le gouvernement haïtien n’a fait que confi rmer à l’égard des dirigeants haïtiens la politique de la carotte et du bâton. Et qui pis est à la section 1A de ce document, elle stipule clairement que « le gouvernement haï-tien n’a pas mis à exécution les recommandations des Organi-sations non gouvernementales ONG et des pays donateurs. »

C’est dans ces perspectives qu’il faut comprendre la Con-férence du 31 mars des Nations unies à New York et cette décla-ration du président Préval à Al Jazeera le lundi 29 mars en dit long « beaucoup de nos professionnels sont morts, nous nous sommes appuyés sur les ONG pour nous aider à faire ce que nous devons faire maintenant »

En somme, Préval est rentré dans l’ordre établi par les puis-sances tutrices, c’est pour cela qu’on lui a donné le rôle tout à fait symbolique de présider la conférence des donateurs mais ce sont les Etats-Unis avec leur commissaire Bill Clinton et sa femme Hil-lary qui vont décider de tout pour enfoncer le pays dans le chaos et renforcer la mise sous tutelle comme l’avait suggéré l’ex-can-didat Dumarsais Siméus et maintenant le sénateur Dodd.

C’est la partie immergée de l’iceberg, en dépit des actions de l’impérialisme pour piéger avec conviction nos gouvernements et continuer la politique d’exploitation et de pillage des richesses du pays, le peuple ne doit pas rester dans l’attentisme. Tous les indi-ces concordent pour entrer dans l’ultime phase de la lutte à savoir nous organiser contre ce système prédateur qui doit disparaître pour laisser la place à ceux qui représentent l’avenir.

Vol. 3 No. 37 • Du 31 mars au 6 avril 2010Haïti Liberté2

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Vol. 3 No. 37 • Du 31 mars au 6 avril 2010 3Haïti Liberté

Par Hervé Jean Michel

Après le séisme du 12 janvier 2010, Haiti est enlisée dans

une multiplicité de problèmes. Des réunions, des conférences et des sommets ont été organisés, des plans élaborés, sans qu’une solution acceptable par tous ne soit élaborée. Le gouvernement de la République vient de publier un document intitulé « Plan d’Action pour le Relèvement et le Développement National » que des experts haïtiens et étrangers ont élaboré sous l’épithète de PDNA (Post Desaster Needs Assessment ou Eval-uation des Besoins Post Désastre).

Ce plan est-il élaboré dans le but de soutenir une proposition gou-vernementale, lors du sommet du 31 mars 2010 prochain à New York, ou bien un travail défi nitif qui servira de canevas pour la réalisation des grands travaux dans ce que le gou-vernement haïtien appelle la « refon-dation » de la République d’Haiti ?

Ce travail conçu et réalisé par des experts haïtiens et étrangers, bien que établissant des domaines intéressants d’intervention, laisse to-talement dans le vague la grande ex-igence de l’heure : l’industrialisation du pays sans laquelle tout parait être chimère et utopie.

Dans le document il est af-fi rmé : « la valeur totale des dom-mages et des pertes causés par le tremblement de terre du 12 janvier 2010 est estimée à 7,9 milliards de dollars ce qui équivaut à un peu plus de 120% du produit intérieur brut du pays (PIB) en 2009. De fait, depuis 35 ans d’application de la méthod-ologie d’estimation des dommages et des pertes (DALA), c’est la pre-mière fois que le coût d’un désastre est aussi élevé, relatif à l’économie du pays. La plupart des dommages et pertes subis par le secteur privé s’élèvent à 5,5 milliards de dollars, soit 70% du total, tandis que la par-tie du secteur public s’élève à 2,4 milliards de dollars, soit 30%. »

Si cette estimation se révèle fi -able, alors on comprendra ce qu’on comprendra : comment en Haiti, en réalité, la grande majorité ne vit que d’expédients dans une absence totale de production de biens et services nécessaires à la vie !

Dans ce même document on peut lire : « La valeur totale des be-soins s’élève à 11,5 milliards de dol-lars et se répartit comme suit : 50% pour les secteurs sociaux, 17% pour les infrastructures, logement com-pris et 15 % pour l’environnement et la gestion des risques et désas-tres ». Dans la tête de ces experts et décideurs politiques qui élaborent ces travaux, des modèles préfabriqués, préconçus, déterminent déjà leur ori-entation, sans tenir compte des be-soins fondamentaux des différentes populations écrasées par le séisme et d’autres qui croupissent dans la mis-ère structurelle haïtienne, depuis la nuit des temps.

Est-ce que l’effort consenti jusqu’ici vise à se battre pour qu’Haiti soit un « pays émergent » comme se plait à le répéter notre chef d’Etat, c’est-à-dire un pays dans lequel les capitaux privés étrangers et nation-aux rapporteront d’énormes profi ts ?

C’est pourquoi d’ailleurs il y a tant de larmes versées au chevet de

la mourante. Il ne s’agit pas de se bat-tre pour la création d’une économie véritablement fondée sur les priorités et les besoins nationaux, mais d’une économie extravertie au service des capitaux privés. Ainsi dans ce plan, l’agriculture est l’absence même. Alors que avant et après le séisme, l’agriculture en tant que pourvoyeuse de biens nécessaires à la satisfaction des besoins de la population, était une exigence fondamentale pour lancer défi nitivement le pays sur la voie de son propre développement. Quand le gouvernement parle de « production nationale », jamais référence n’est faite aux besoins sociaux à satis-faire, mais plutôt au renforcement du néolibéralisme, qui dans l’état actuel de la situation d’Haiti s’implante et se consolide nécessairement pour per-pétuer l’exclusion sociale et la misère généralisée. C’est fort du néolibéral-isme que les puissances capitalistes mondiales organisent, multiplient des sommets pour faire miroiter à la face des décideurs haïtiens de fortes sommes d’argent pour une prétendue reconstruction nationale, alors qu’en réalité le but poursuivi est de les cor-rompre pour qu’ils acceptent toutes les conditions imposées.

Le 31 mars 2010 se tiendra à New York une conférence sur Haiti, déjà le dimanche 28, le chef de l’Etat à la tête d’une délégation a déjà pris l’avion, avec pour objectifs fonda-mentaux de s’octroyer 350 millions de dollars d’appui budgétaire et plus d’un milliard pour d’autres assigna-tions « activités sociales ». Il est clair que le chef de l’Etat, au cours de cette conférence, n’aura pas à défendre une économie nationale d’intégration, axée sur la satisfac-tion des besoins du développement national avec de grandes priorités : l’industrialisation, l’autonomie, la modernisation de l’agriculture, la dé-centralisation et la déconcentration, l’intégration socio-économique de toute la population.

Le programme « Plan d’Action pour le Relèvement et le Développe-ment National » n’est qu’un leurre, un chant de sirène pour fl atter les bailleurs de fonds qui ne jurent que par le plan néolibéral, seul capable de leur faciliter le contrôle absolu du pays. La preuve est que jamais le gouvernement, malgré la catastroph-ique situation dans laquelle s’enlise Haiti, n’a rien fait pour combattre la corruption, une terrible maladie qui ravage l’Etat haïtien en particulier et la société haïtienne en général.

Dans ledit plan, l’Université qui devrait être le centre de perspectives intellectuelles, techniques et scienti-fi ques est absolument ignorée. C’est l’évidence que les élites tradition-nelles jurent de maintenir le pays dans l’arriération, afi n de mieux pou-voir conserver et renforcer les struc-tures fermées d’exploitation et de sous-développement. Ces hypocrites qui ont utilisé ce secteur, comme marchepied, pour la prise du pouvoir en 2004, une fois leur objectif at-teint, le nient et le ravalent au stade de « casseur ».

A la page 32 du document en question, il est dit qu’une commis-sion dite « Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haiti » est chargée comme son nom l’indique de la reconstruction du pays. Cette

Suite à la page (17)

A Travers Haiti

PDNA :

Un projet anti-populaire, anti-national!

La constitution haïtienne:

23 ans d’extrême violation!Par Hervé Jean Michel

29 mars 1987-29 mars 2010, 23 ans depuis que le peuple

haïtien a ratifi é sa constitution par voie référendaire. Cette constitution, loi fondamentale, appelée à orienter la marche ascendante du pays, a essuyé de nombreux revers qui ont bloqué la voie d’accès à toute légitimité étatique, à tout projet de développement intégré.

Le gouvernement militaro-civil qui a régné sur le pays à la chute de la dictature duvaliériste, le 7 février 1986, celui-là même qui a convoqué une assemblée constituante pour la dotation d’une nouvelle consti-tution, a été le premier à la violer quand le 29 novembre 1987 des élections convoquées par le Conseil Electoral Provisoire (CEP), ont été noyées dans le sang du peuple.

Par le massacre des 22, 23 et 24 juillet 1987, ce gouvernement a aussi montré qu’il n’accepterait jamais que les Haïtiens jouissent des prérogatives de la constitution qu’ils avaient ratifi ée quand des milliers de paysans du « Group-man Tèt Ansanm » ont répandu leur sang à Jean-Rabel. Une des preuves évidentes est que, Rémy Lucas, grand propriétaire foncier (grandon) de la commune de Jean-Rabel eut à déclarer à la Télévision nationale d’Haiti « Nous avons tué 1042 communistes et dans le camp américain, nous avons eu deux morts ».

Le peuple majoritaire a lutté et souffert pour une juste applica-tion de cette charte haïtienne. Les forces conservatrices du pays béné-fi ciant de la complicité des colonio-impérialistes, ont fi nalement enterré cette constitution et ont scellé la mise sous tutelle du pays. Ces forc-es réactionnaires qui ont vécu par et pour la violence, ont fi nalement enterré la souveraineté nationale, livrant à la cupidité et au pillage les ressources du pays. Une poignée de mercenaires d’ici et d’ailleurs, à l’instar des fl ibustiers continue à s’accaparer des richesses du pays, tandis que le peuple est livré à lui-même, condamné à la souffrance, à la migration sauvage, à la misère et à la mort. Ceux qui n’arrivent pas à une lecture scientifi que de l’histoire, qui ne peuvent saisir la signifi cation des faits socio-historiques, parlent de malédiction historique, comme si quelque part, un malin génie s’amuse à se jouer du peuple haï-tien.

Aujourd’hui, malgré l’intensité de la souffrance du peuple, malgré les criantes inégalités qui tissent les rapports entre les classes sociales, les pourfendeurs de ce pays contin-uent encore à violer la constitution ; cette fois-ci pour détruire totalement l’âme haïtienne. La constitution ha-ïtienne dans son article 41 instruit : « Aucun individu de nationalité haïtienne ne peut être déporté ou forcé de laisser le territoire national pour quelque motif que ce soit. Nul ne peut être privé pour des motifs politiques de sa capacité juridique et de sa nationalité », article 41 de la constitution de 1987.

Toute cette interdiction est systématiquement violée, quand le 29 février 2004 l’année de la célébration du bicentenaire de l’indépendance d’Haiti, des mer-

cenaires haïtiens et étrangers ont kidnappé le président constitution-nel et légitime d’Haiti, Jean Bertrand Aristide. Voilà donc une constitution déchirée, piétinée, réduite en lam-beaux, ignorée même quand il s’agit des droits de la majorité nationale. Lisons l’article 41-1 « Aucun Haï-tien n’a besoin de visa pour lais-ser le pays ou pour y revenir ». De la clarté, toute pure. Or le président Aristide, exilé depuis six (6) ans en Afrique du Sud, désire ardemment revenir vivre parmi les siens, mais les mercenaires bloquent le passage et brandissent des chantages allant jusqu’aux menaces de mort.

C’est dans cette immensité de violations, qu’aujourd’hui, le prési-dent Préval, élu par la majorité na-tionale, poursuivant la même poli-tique de mercenariat a prononcé ces paroles mensongères: « La consti-tution est source d’instabilité ». Nul ne sait où ce président veut aller, peut être au-delà de la mise sous tutelle. Qu’est-ce donc qu’il y a au-delà de la mise sous tutelle, au-delà de la perte de souveraineté nation-ale ?

Préval veut donc amender la constitution, une constitution qui n’a jamais été appliquée. Tenez, la décentralisation qui est la clef du développement du pays, n’a jamais eu cours. Or d’amples provisions sont données dans les articles 76 et suivants, 87 et suivants pour une gestion constitutionnelle. Impossible donc de pouvoir établir une vérita-ble politique de décentralisation, de déconcentration des pouvoirs, des centres de décisions. Une telle per-spective permettrait aux Collectivités territoriales de jouer pleinement leur rôle dans une gestion constitution-nelle et décentralisée du pays.

Avec la décentralisation, Port-au-Prince, centre absolu de décision ne pourrait infl uencer la gestion globale du pays. Le pouvoir exécutif, souvent marionnette des classes pos-sédantes d’ici et d’ailleurs, n’aurait aucune légitimité et aucune possi-bilité d’agir sous la dictée et la con-trainte. Donc, il faut que l’Exécutif soit renforcé, ainsi que le Législatif et le Judiciaire pour que les pôles de décisions soient maintenus au profi t des minorités privilégiées.

Si le pays était décentralisé avec la constitution de tous les pouvoirs prévus par la constitu-tion, le néolibéralisme n’aurait pu s’implanter et n’aurait eu droit de cité. Malheureusement, le peuple haïtien n’arrive pas encore à se mo-

biliser pour constituer ces pouvoirs qui sont le moteur même de la dé-mocratie et du développement. Si Préval et les forces conservatrices arrivaient à amender la constitution de 1987. C’est certain qu’ils cher-cheraient à s’attaquer aux struc-tures de décentralisation, armes puissantes, pour l’instauration de la démocratie et de l’Etat de droit en Haiti. Si ce pays était décentralisé, selon le vœu de la constitution haïti-enne, la capitale n’aurait pas connu ces vagues de migration sauvage, pullulant des bidonvilles crasseux et malfamés, des chômeurs et pe-tits marchands de rien du tout, le séisme du 12 janvier 2010 n’aurait pas fait autant de morts, de blessés, d’estropiés et de sans abris.

Une constitution est une œu-vre humaine, comme telle, elle a ses limites. Elle ne peut être absolument bonne, ni absolument mauvaise. En tant qu’œuvre humaine, elle est appelée à jouer son rôle dans le spatio-temporel, avec ses limites jusqu’à ce que le temps et les circon-stances exigent des modifi cations. En vertu de cette vérité de la rela-tivité de toute œuvre humaine, les profi teurs du statu quo s’attaquent à cette constitution de 1987, parce que justement elle bloque certaines perspectives dont la mise en forme faciliterait une absolue main mise sur le pouvoir en Haiti.

La constitution de 1987, malheureusement, n’a jamais été appliquée. L’arrivée au pouvoir, par des élections démocratiques, d’un gouvernement légitime al-lait changer cet ordre de choses. Le président Jean Bertrand Aristide n’a jamais pu gouverner dans des conditions normales et pendant le temps constitutionnel qu’il lui faut. Avec Préval, c’est la débandade, la totale exclusion de la majorité. Ce qui caractérise son gouvernement c’est le « laisser faire, le laisser passer ; que les bourgeois fassent ce qu’ils veulent, quand ils le veu-lent, comme ils le veulent ».

C’est dans ce contexte d’une gestion scandaleuse, d’extrême dépendance, que ce gouvernement et cette élite corrompus, condam-nent le peuple haïtien à vivre ce temps de misère, qui lui est propre dans cet espace-temps post cyclo-nique. C’est dans ce même spa-tio-temporel qu’il doit lutter pour déraciner le désespoir, construire l’espoir dans ce pays qui ne doit pas mourir, mais qui doit vivre et le peuple avec.

Une manifestation populaire le 29 mars 2005 pour commémorer le 18ème anniversaire de la Constitution de 1987

Daniel M

orel/Reuters

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Vol. 3 No. 37 • Du 31 mars au 6 avril 2010Haïti Liberté4

Twa fèy Twa rasin O

Il y a réplique et réplique

Tel: 718-434-5345

Le docteur de la

Communauté Haïtienne

à New York

Dr. Kesler Dalmacy

1671 New York Ave.Brooklyn, New York 11226

Par Fanfan Latulipe

Depuis ce mémorable après-midi de tremblement de terre

en Haïti, les gens vivent avec leur cœur sur leur biskèt. Angoissés, ils survivent avec la peur dans l’âme, une appréhension permanente vril-lant tous leurs sens. A part les répli-ques géologiques proprement dites à la base de leur anxiété, le pays vit aussi à l’heure des répliques recon-structives: une cascade de plans, projets, propositions, suggestions, réunions, conférences, débats, pour remettre la nation «sur ses qua-tre pieds militaires» comme aurait dit ma grand-mère paternelle. Tout semble se passer comme si chaque intervention constituait en quelque sorte une réplique à la précédente, avec divers intérêts et tremblements politiques tapis dans l’ombre.

D’aide de première urgence, on en est venu à la notion d’aide à la «re-construction». Un mot magique, un mot clé, un mot sésame que l’on se passe de bouche à oreille, d’une conférence à une autre, des salons lambrissés de Montréal à ceux de Washington, des tables rondes de Paris aux rencontres à la Martinique, des conciliabules à Santo-Domingo au grand show médiatique du 31 mars à Washington. Mais les esprits futés, tor-dus peut-être, les intellectuels portés aux élans et débats sémantiques et le prési-dent Préval lui-même préfèrent parler de «refondation». Pour ma part, j’ai déjà entendu «refondation reconstructive» dans la bouche d’un petit malin, et des lèvres d’un grand malin est tombée la formule intéressante de «reconstruction refondatrice». Ou kwè !

Graine promenante comme je suis, j’ai décidé d’aller m’enquérir de ce qui se dit dans différents cercles polit-ichiens et dans cette société que certains disent être «si vile». Ainsi, j’ai laissé par-ler un professeur bien connu de tous, en éternelle réserve de la république. Lui, il promeut l’idée d’un «redressement reconstructif refondant». A son avis, il ne s’agit pas seulement de rebâtir, mais encore faut-il aussi redresser les torts, tous les torts antérieurs. Ainsi, toute la lumière doit être faite sur les élections présidentielles «coquines, mesquines, magouilleuses, frauduleuses, hon-teuses» qui, en 2006, ont privé le des-tin national d’une illustre et historique fi gure politique au profi t d’une nullité

marasate patentée, d’autant que le pays réclame à cor et à cri un reconstruc-teur christophien, un bâtisseur d’idées

neuves, un créateur salomonien génial, autant d’atouts nécessaires, selon ce grand histrion politique, pour refondre la nation «au creuset d’une intelligence politique à nulle autre pareille».

Un autre grand démagogue de la faune politichienne, GNBiste Fusionnant de son état, croit fermement à un monu-mental projet de «redressement fondant et refondant». A l’en croire, ce pays était tellement «penché vers l’abîme» que le tremblement de terre a été le dernier coup qui a tué le coucou, qui a réduit

l’Etat à l’état de décombres. Il est donc impératif de «redresser» l’Etat, les in-stitutions étatiques, gouvernementales,

nationales; «redresser» les ministères, les conseillers du président, les partis politiques «indésirables», les resquil-leurs de tous bords trop «penchés vers la corruption». Une fois «redressés», il faudra «fondre» tous ces éléments an-térieurement malsains en une structure saine et effi cace. L’aide de la bienveil-lante communauté internationale suivra à gogo, ainsi on pourra refonder le pays, d’où la notion rebâtissante de «redresse-ment fondant et refondant».

Dans ma lente marche de journal-

iste inquisiteur et fouineur, j’ai eu fi ni par tomber sur un vieux renard OPLisant. A l’ombre du président depuis une hon-teuse trahison que ses coreligionnaires ont vite fait de ne pas monter en épingle, Monsieur s’évertue à trouver la formule idéale pour aider à la «reformulation de la construction» du pays dans une per-spective qui ne menace pas ses intérêts grand-mangeurs. Pour lui, tout tient dans la formule alambiquée «fi nance-ment constructif-distributif ciblé». Tra-duction : le fi nancement de la «recon-struction» doit sans doute reconstruire le palais national et les autres lieux du pouvoir mais aussi doit pouvoir «dis-tribuer» aux plus méritants qui devront être «ciblés» de façon préférentielle.

Un animal de la faune politique macoutonne et bien connu pour son pas-sé léopardin propose une « refondation militarisante». A son avis, depuis la dé-mobilisation des militaires de l’Armée d’Haïti, le pays est tombé de Charybde en Scylla. Il faut, dit-il, reconstruire le pays au pas militaire, il faut le rebâtir en s’appuyant sur une «dictature militaire douce» (sic), il faut une force stable ga-rante de la protection de tous ceux-là qui ont «travaillé dur» et dont les avoirs sont menacés par de potentiels «élans incon-trôlables» (resic) d’une populace aigrie.

Dans les quartiers chics allant des hauteurs de Pétion-Ville à Furcy, là où on commence à s’ennuyer du compor-tement passif du preyidan incompétent, sans tête, sans cœur et sans couilles, on parle d’une «reconstruction revital-isante» d’Haïti. L’idée est non seule-ment de reconstruire mais aussi de ren-dre le pays à la vie parce qu’aux yeux de plus d’un, Préval est un mort ambulant entouré de squelettes ministériels déam-bulant parmi les décombres du palais et des ministères. Il faut donc reconstruire tout en revitalisant le grand commerce du bas de la ville et du bord de mer détruit par le séisme, c’est-à-dire que l’aide aille aux gros zouzounn du monde des affaires. Tant pis pour les petites marchandes qui n’auront qu’à se tenir tranquilles et implorer la Providence.

Dans les quartiers législatifs où évoluent députés et sénateurs privés de leur palais en ruine au Bicentenaire et vivant à la belle étoile d’élections imag-inaires dont ils ne voient d’ailleurs pas comment elle pourront avoir lieu, ces messieurs et dames discutent des «lois de la déconstruction et de la reconstruc-tion refondante» du pays. Bien sûr il faut avoir l’esprit passablement tortueux

sinon labyrinthique pour accoucher d’une proposition aussi cryptique que bizarre dans sa formulation. Pressés de s’expliquer, nos législateurs racontent que pour le moment présent ils ne peu-vent pas en dire davantage. Leur porte-parole attitré, un sénateur de l’Artibonite en action raconte que les parlementaires n’en diront pas plus avant de savoir «le pourcentage» qui leur reviendra du pac-tole qui doit se partager entre coquins et larbins en attente des «décisions dis-tributives» de la communauté interna-tionale.

Il faut assurément s’attendre à tout dans notre «singulier petit pays» et sans doute que la dernière réplique, je veux dire la dernière proposition de «recon-struction», n’est pas encore à l’ordre du jour. Car nos politichiens à courte vue, sans vision patriotique seront prêts à ac-cepter n’importe quoi de cette commu-nauté internationale, méchante, pingre et mesquine, pourvu qu’on leur laisse quelques os à sucer après que toute la chair de «l’aide» aura été distribuée à des ONG aloufates et accapareuses de tout ce qui pourrait vraiment contribuer à reconstruire le pays par des Haïtiens et pour la grande masse déshéritée des Haïtiens.

A part les répliques géologiques proprement dites à la base de leur anxiété, le pays vit aussi à l’heure des répliques reconstructives

Depuis le 12 janvier 2010, les gens vivent avec leur cœur sur leur biskèt. Angoissés, ils survivent avec la peur dans l’âme, une appréhension

permanente vrillant tous leurs sens

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Vol. 3 No. 37 • Du 31 mars au 6 avril 2010 5Haïti Liberté

RANPLI FÒM RESANSMAN ETAZINI A EPI BAY TIMOUN NOU YO YON PI BON KÒMANSMAN AK LAVI NAN LAMERIK.

NOU PAP AVANSE TOUTOTAN OU PA VOYE L RETOUNEN BAN NOU PA LAPÒS.

Se kounye a ou gen chans pou timoun ou jwenn pòsyòn ekitab pa li nan 400 milya dola fon/lajan federal ki bay chak ane. Lè w pran sèlman 10 minit pou reponn 10 kesyon senp, ou ka ede kominote Ameriken nou yo jwenn pi bon wout, lekòl ak swen medikal. Repons yo konfi dansyèl epi yo pa pral pataje yo avèk sèvis imigrasyon oswa avèk kèk tyès pati.

POU PLIS ENFÒMASYON, ALE WÈ WWW.2010CENSUS.GOV.

Se Biwo Resansman Etazini ki peye pou anons sa a.

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Vol. 3 No. 37 • Du 31 mars au 6 avril 2010Haïti Liberté6

Kwonik Kreyòl

3 mwa aprè, kijan sitiyasyon an ye nan peyi Dayiti?

Selebrasyon 15zyèm anivèsè PROP

NÒT pou LAPRÈS

KOLEKTIF AKSYON pou DEFANN ANPLWAYE VIKTIM

Riyèl Kretyen, (zòn Lali a), lari a toujou boure ak dekonm

Emisyon KAKOLAKonbit Ayisyen pou Kore Lit la ann Ayiti

(917) 251-6057www.RadyoPaNou.com

101.9 FM • SCARadyo Pa Nou

Mèkredi 9-10 pm

• Nouvèl •• Analiz •

• Kòmantè •• Deba •

Pou yon Ayiti Libere

BOUKAN

Anviwon 3 mwa aprè gwo tranble-manntè ki te detwi 30% kay nan

Pòtoprens, 80% nan Leyogàn ak 50% nan Jakmèl, anpil ladan yo se enstiti-syon piblik ak prive, kouwè: lekòl, lopital, legliz, palè nasyonal, ministè yo elatriye, sitiyasyon yo pa chanje. Daprè Direksyon pwoteksyon sivil, tranblemanntè 12 janvye a te touye 222,517 moun, te genyen plis pase 250 mil moun ki blese, plis pase 300 mil moun ki disparèt epi 597,801 ki te kite lopital pou ale nan vil pwovens yo. Nan plis pase 1,053 abri pwovizwa yo, genyen plis pase 400 mil timoun, anpil ladan yo pèdi manman ak papa yo.

Nan abri pwovizwa sa yo, dwa viktim yo pa respekte, kondisyon ijyèn yo pa bon, se nan fatra ak dlo santi, twalèt santi y ap viv, yo anpile pil sou pil, anpil ladan yo pa jwenn manje. Fa-son Oganizasyon Non Gouvènmantal yo ap distribye manje a, se nan imi-lyasyon, san okenn respè pou viktim yo, sa lakoz anpil moun pa ka jwenn manje. Se yon sèl kategori moun k ap pran manje a chak jou pou y al vann sou mache a, vann kat manje yo. Siti-yasyon sa a fè moun ki pi mal yo pa ka jwenn manje. Genyen kèk nan viktim yo ki fè konnen: « Se wè nou wè moun ap monte desann ak sak diri yo, nou menm ki rete nan Delmas 75 lan la a, nou pa janm jwenn manje. Yo pa janm ban nou kat pou nou al pran manje, nou rete n ap gade yo, si l bon pou yo ya wè l ». Se deklarasyon kèk moun k ap viv nan Delmas 75 touprè yon sant distribisyon.

Genyen moun ki fè konnen se vann yo vann kat yo kou pate cho, nan zòn yo. Kèk lòt kote menm nèg k ap bay kat yo fòse jèn fi yo kouche ak yo pou yo ka jwenn yon kat. Donk ONG yo ak moun k ap distribye manje yo se yon veritab gagòt y ap fè, nan fè lajan sou do viktim yo. Se menm gagòt kòripsyon y ap fè tou nan pwogram “ Cash for work” kote moun yo ap travay pa kenzèn se 13 jou y ap peye yo epi yo fòse yo manje yon ti pla manje ki koute 50 goud. Pwogram sa a se ONG kouwè : PNUD, PADF, Aksyon kont lafen, (ACF), USAID, OXFAM elatriye, ki mete yo sou pye nan plizyè katye popilè nan kapital la.

Yon lòt kote, lari yo toujou boure ak dekonm, genyen kèk kote lari a bare nèt kouwè : Riyèl Kretyen, (zòn Lali a), Ri Monplezi (Nazon, Kriswa), Avni Poupla, Martin Luther King (Nazon), Lali, anba lavil la, Kanapevè, Kafoufèy elatriye, tout bò lari yo se dekonm ki anpeche sikilasyon machin ak moun,

se gwo blokis tout jounen. Sa fè lontan nou pa wè kamyon CNE ap ranmase dekonm yo nan lari a.

Se nan sitiyasyon sa a, gou-vènman Preval/Bellerive la anonse ouvèti lekòl la pou koumansman mwa avril la. Pandan yon bann ak yon pakèt lekòl toujou rete anba dekonm, paran yo pa genyen lajan pou y al peye mèt lekòl yo, ki te deja ap kase ponyèt yo ak gwo frè eskolè, ekolaj, gradyasyon elatriye.

Pandan gwo peyi enperyalis yo tankou Etazini, Kanada, Lafrans, Brezil ap chache ranfòse okipasyon yo sou Ayiti , ONG yo ap fè milyon yo, mèt lekòl yo ap prepare biznis yo, dirijan yo ki sou pouvwa ap tann la-jan pou yo regle zafè yo, fè magouy ak kòripsyon. Kominote entènasyo-nal la lage yon dokiman nan gagann gouvènman Preval/Bellerive la, yo rele l, nan lang angle a: « Post Desas-ter Needs Assesment PDNA », ki vle di evalyasyon bezwen yo aprè ka-tastwòf tranblemanntè 12 janvye a. Se dokiman sa a prezidan Preval ak gouvènman li an pral prezante bay do-natè yo nan lokal Nasyonzini an nan Nouyòk mèkredi 31 mas 2010 la, pou yo ka dekese 11.5 milya dola vèt pou rekonstriksyon peyi Dayiti. Men pou kounyea, prezidan Preval fè konnen li bezwen sèlman 350 milyon dola vèt, pou gouvènman li an ka fonksyone, se plis dèyè sa li prale, paske yo pa rive ranmase lajan yo konn pran sou do popilasyon an, nan 3 dènye mwa pase yo. Pou minis Ekonomi ak Finans lan, Ronald Beaudin, se sèlman 2 pousan lajan ki rive ranmase pou mwa janvye a, pou fevriye se 35 a 37%, pou mwa mas la se 55%.

Youn nan kesyon anpil moun ap poze, yon gouvènman k ap benyen nan kòripsyon sou tout fòm, k ap fè magouy nan eleksyon, pou l mete moun pa l sou pouvwa a, k ap pra-tike yon politik desklizyon, mete odas li devan pou l al mande lajan sou do pèp Ayisyen an, ki jan fè se limenm ki devan bann lan ak labanyè rekons-triksyon lan men l, pandan mas pèp la lage poukont li nan lari a, nan gran-gou, nan mizè, nan chomaj, nan mal-site, nan ensekirite ak nan salte ?

Pwojè Preval, ONG yo ak ko-minote entènasyonal la se yon pwojè pou zonbifye popilasyon an, nou ka-pab menm di se yon konplo kont po-pilasyon an. Nan sans sa a, mas pèp la dwe leve kanpe kont tout pwojè y ap konplote pou mennen l pi fon nan lamizè.

Yves Pierre Louis

Komite Ekzekitif Kolektif Aksyon pou Defann An-

plwaye Viktim (KADAV), nan tèt kole ak Kolektif Anplwaye Linyon (KAL), yon lòt fwa ankò koube yo byen ba pou yo di Ayibo-bo Lonè ak Respè pou memwa tout frè n ak sè n nan Mas Popilè yo ki tonbe nan lokazyon Tè Tranble jou madi madichon 12 janvye 2010 la patikilyèman sila a yo ki te viktim Revokasyon gwo ponyèt Tè Tran-ble Koudeta Kidnapin 29 fevriye 2004 yo.

Kadav ak Kal, ap pwofi te pou yo di tout lòt kanmarad alawon-nbadè ki te viktim lòt Tè Tranbletankou Koudeta Kidnapin 29 fe-vriye 2004 yo Kouray epi pa lage batay pou yo ka jwenn Jistis ak Reparasyon pou yo ka viv nan diyite tankou moun. Konsa, Kadav ak Kal ap fè sonje 23 mas 2010 la fè 6 lane men longè depi 75 anpl-waye Jounal Linyon yo te viktim Tè Tranble Koudeta Kidnapin 29 fevriye 2004 la ap sibi imilyasyon anba grif zentèlektyèl zagoloray Kolektif Non pon gongon ak lòt po-tanta towo gwonde nan Leta a.

23 mas 2004, 23 mas 2010, 6 lane men longè depi youn yo bay pou larenn Magali Komo (yon lòt Madan Maks Aldòf) ki te « sekretè » d Eta Kominikasyon peyi Lafrans te voye yon sèten Lyonèl Twouyo (yon lòt Lik Dezi), vin poze sele sou pòt Jounal Linyon lè yon lòt delakèz yo bay pou Lilyàn Pyèpòl yo di ki se yon jounalis te fi n denonse an-plwaye yo. Lyonèl Twouyo sa a ki rele tèt li zentèlektyèl te pran yon kamyon chaje kou Legba ak Asayan

Gi Filip yo pou l te vin choute 75 anplwaye yo pou l te poze sele sou pòt Jounal la sou baz yon « Fèmti Pwovizwa » ki dire jis jounen jodi a.

23 mas 2004, 23 mas 2010, 6 lane men longè depi zentèlektyèl GNB Zagoloray ap sèvi ak Leta pou yo fè zak briganday RevokasyonPwovizwa gwo ponyèt pou imilye pwòp pitit tè a ki pa GNB e ki pap janm GNB menm jan ak yo pou fè anbasad blan meriken ak blan franse rasis plezi.

23 mas 2004, 23 mas 2010, 6 lane men longè depi « minis » monte « minis » desann, « minis » vini « minis » ale, « minis » ale « minis » tounen, « minis » leve « minis » tonbe, Fèmti Pwovizwalarenn Magali Komo (Madan Maks Aldòf) la ak koumandan Lyonèl Twouyo (Lik Dezi) a ki se de chan-pyon nan fè Kadejak sou dwa moun ki pa GNB Zagoloray menm jan ak yo, fèk kare avi.

Detan lavi 75 anplwaye yo ak kòd fanmi yo makònen nan grif mizè, grangou, touni ak lòt kalte kalamite malouk ap soufri sou kon-syans Zentèlektyèl san konsyans sa a yo vin pi angrave moun ki lòtè abi sa a yo ap fete plezire. Sa ki pi mal, se menm Zentèlektyèl kamikaz Kolektif Non sa a yo, de malveyan omajiskil, san nanm, san kè, san zantray, san ren, san fyèl, ki chan-pyon nan fè Kadejak sou dwa lòt moun ki pa GNB men jan ak yo, ki jounen jodi a ap pale de « Refon-dasyon Ayiti ».

Wi sa fè nou mal anpil anpil lè se menm Zentèlektyèl san man-

man sa a yo ki pran Leta an otaj pou yo kontinye fè abi, mechanste ak lenjistis sou manman ak papa pitit ki pa danse rabòday lavi a sou menm kout tanbou de bouda GNB menm jan ak yo. Se sa tou ki esplike nan chanpyona Lakòripsyon, blan meriken bay Gouvènman Preval/Bèlriv la pote Lamayòl premye pri.

Kadav ak Kal kwè se plis ke nòmal, lè jis jounen jodi a se menm larenn Magali Komo (Madan Maks Aldòf) sa a ki kanpe kin ap koupe ra-che san gade dèyè nan Ministè Kilti detan l gen tout pouvwa pou l kon-tinye bloke dosye Fèmti Pwoviz-wa Jounal Linyon an pou l pa janm rezoud pou l ka pote bòn nòt nan fè menm mouche blan meriken ak blan fransè rasis sa a yo plezi.

Nan lokazyon 6 lane Fèmti Pwovizwa larenn Magali Komo (Madan Maks Aldòf) ak kouman-dan Lyonèl Twouyo (Lik Dezi) a, KADAV ak KAL ap di tout lòt an-plwaye ki te viktim Tè TranbleRevokasyon Koudeta Kidnapin 29 fevriye 2004 ak plan madichon Neyoliberal la Kouray. KADAV akKAL kwè Tè Tranble 12 janvye 2010 la ak Tè Tranble GNB Zagol-oray yo te fè 29 fevriye 2004 la se senkant kòb ak degouden monnen.

Toulede se peyi a yo kraze mi-yèt moso detan yo lage yon bann kanmrad nan mas popilè yo nan katchouboumbe, tèt chaje, kalam-ite ak tribilasyon tout kalte. Okon-trè Tè Tranble 12 janvye 2010 la ranje anpil GNB sa a yo ki te toujou sèvi ak zam abi, lenjistis ak lòt kalte mechanste pou konbat mas popilè

Ale nan paj 17

Vandredi 26 mas 2010 la, Pati revolisyonè pou òganizasyon ak

Pwogrè (PROP) te selebre 15zyèm anivèsè l. Nan lokazyon sa a, diri-jan PROP yo te bay yon konferans pou laprès, kote yo te fè yon rale sou batay y ap mennen depi 15 lane

pou respè ak diyite pèp Ayisyen an. Yo te pwofi te pou yo bay dizon yo sou sitiyasyon malouk pèp ayisyen an ap viv aprè 12 janvye 2010 la epi egzije chanjman nan gouvèn-man Preval/Bellerive la ak konsèy elektoral pwovizwa Preval/Gaillot a. PROP dakò tou pou genyen yon konsèy Deta pou akonpaye nouvo gouvènman an aprè dezyèm lendi mwa me, nan fen manda 48tyèm lejislati a.

Sekretè jeneral PROP la, Claude Dubrique, te raple nan ki kontèks pl-izyè militan politik te mete pati sa a kanpe sou anblèm « Ti bourik la », nan Lise Marie Jeanne 25-26 mas 1995, pou batay kont okipasyon ak enperyalis ak tout lòt fòs fènwa ak reyaksyonè, ki kenbe mas pèp la nan malsite. PROP ki se yon pati politik k ap defann enterè mas pèp la ap kontinye goumen kont oki-pasyon Loni nan peyi a e pou kon-disyon lavi mas yo chanje. « Nan batay n ap mennen depi 25-26 mas 95 akote pèp la, ki pa janm ka sòti nan lamizè. Jodi a 25-26 mas 2010 fè nou 15 lane konba pou respè ak diyite pèp ayisyen an. Nan selebra-syon fèt sa a jodi a, PROP ap kenbe menm pozisyon li te pran jou ki te 5 mas 2010 la.

1e) PROP mande depa KEP sa, ki pa onèt e kredib!

2e) Yon konsèy elektoral pwo-vizwa jan konstitisyon 1987 la

trase l.3e) Yon gouvènman pwovi-

zwa pou retire pèp la nan lari a e fè bonjan eleksyon lib, onèt e san esklizyon. Lè sa a prezidan Preval ap pase mayèt la bay vis prezidan kou kasasyon an oubyen pi ansyen jij lakou a, k ap genyen pou ògani-ze eleksyon jeneral e ki pral travay pou rekonstwi peyi a.

PROP ap denonse ak tout fòs li, deklarasyon awogan e pètinan doktè Gutyeres Felix, nan pwopozi-syon koutye li pran, kote l mande yon komisyon 4 manm pou jere peyi a, pou Repiblik Dominikèn gen 2 manm ladan l. Bagay sa a se yon radiyès, li pap pase! Sa k fè sa rive, se konpòtman prezidan Preval ak akolit li yo ki pèmèt yon ti domini-ken rasis ap betize ak peyi nou, ak pèp ayisyen an.

N ap mande pèp la leve kanpe sanpransouf pou nou voye gouvèn-man sa ale ak tout akolit li yo. Pèp ayisyen, lè a rive pou nou sòti anba tant lan, anba prela, anba dra, pou nou pran desten nou anmen. Jou a rive! Jou a rive! Klòch liberasyon an sonnen, pou kokennchenn mo-bilizasyon an ! PROP ap lanse yon apèl bay tout lòt sektè yo, pou nou fè yon tèt kole pou nou voye gou-vènman sa a ale. Viv lit mas pèp la! Viv yon Leta pwòp, pou yon peyi pwòp pou yon sosyete pwòp !

Yves Pierre Louis

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Vol. 3 No. 37 • Du 31 mars au 6 avril 2010 7Haïti Liberté

Perspectives

Haïti, assistanat ou aide à la reconstruction ?Par Catherine Charlemagne

Le séisme du 12 janvier 2010 est plus que jamais présent à l’esprit

des Haïtiens. Quant aux traces et dé-gâts relatifs à cette catastrophe, ils apparaissent comme un défi aux di-rigeants haïtiens et ses partenaires de la Communauté internationale. En effet, de Port-au-Prince, la capitale à l’ensemble des villes frappées par le cataclysme, même le déblayage des rues semble être insurmontable pour ces responsables.

Ne parlons pas de la distri-bution des aides par les myriades d’organisations non gouvernemen-tales (ONG) dont on ne sait pas vrai-ment, s’il s’agit d’aide de première urgence ou d’aide à la reconstruction. Ce qui est sûr, en Haïti aujourd’hui, c’est que l’on ne parle que: d’ « aide » et de « reconstruction » du pays. Ce qui frappe d’avantage encore les esprits dans ce pays où même la population a de plus en plus du mal à identifi er les vrais décideurs, c’est le nombre de réunions organisées autour d’une thématique qu’aucun des organisateurs ne maîtrise réelle-ment : c’est la fameuse conférence des donateurs sur Haïti le 31 mars prochain à l’ONU. Personne ne pourra dire qu’il n’avait pas entendu parler de cette réunion de New York où les dirigeants haïtiens, selon les organisateurs, devraient sortir avec un ordre de mission claire pour la reconstruction d’Haïti.

Les professionnels des débats sémantiques préfèrent parler de re-fondation. En vérité, de la manière dont l’affaire est engagée, ni les par-tisans de « Reconstruction » ni ceux de « Refondation » ne devaient penser qu’il sortira quelque chose de palpable pour la population ou pour le pays lors de cette grand’messe du 31 mars 2010. En voyant les cho-ses ainsi, nous ne sommes pas pes-simistes pour autant. Bien au con-traire !

C’est le mécanisme de la mise en place de cette conférence qui nous inquiète et nous pousse à penser que tout était bouclé bien avant l’ouverture de cette rencontre dite au sommet. On apprend que même l’équipe devant diriger ou prendre en charge la reconstruction avait été décidée longtemps à l’avance sans aucun vrai débat entre les deux partenaires : haïtien et Communauté internationale. Pire, cette « Commis-sion de Transition » formée en vue de gérer les fonds qui seront mis à la disposition de la Communauté in-ternationale pour la reconstruction ne sera même pas, une commis-sion mixte paritaire. Vu qu’au sein de cette fameuse commission, l’Etat haïtien est minoritaire.

Cette commission composée de dix-sept personnes dont dix étrang-ers et sept haïtiens est déjà un cam-oufl et pour le gouvernement puisque cela signifi e, qu’une nouvelle fois, c’est la Communauté internationale qui aura la présidence de la com-mission, donc le dernier mot ; bien que pour la forme, on l’ait maquillée d’une sorte de droit de veto pour le Président de la République. Il faut être réaliste et surtout dans le cas du pouvoir haïtien aujourd’hui. Quelle autorité, fût elle, le chef de l’Etat, osera émettre une objection sur une décision d’un organisme dans lequel les Etats-Unis d’Amérique et la France auront leurs représentants directs parmi d’autres fonctionnaires

internationaux nommés par des in-stitutions contrôlées en grande par-tie par ces deux puissances !

Bref, il était inutile de faire ve-nir tout ce monde à New York pour ce grand show à l’américaine devant la presse mondiale, alors qu’en ré-alité, tout était déjà bien fi celé. Ne pensez pas que la levée de bouclier de l’administration américaine, di-sons du Président Barack Obama, la semaine dernière contre la cor-ruption au sein de la présidence de René Préval était quelque chose de fortuit. D’autres ont même fait al-lusion aux prochaines élections. En fait, il s’agissait tout simplement d’une opération de communication à destination de l’opinion publique nationale et internationale, laissant comprendre qu’on ne peut plus faire confi ance aux dirigeants haïtiens, vu l’ampleur de la corruption dans ce pays. Partant de là, pour recon-struire le pays, il n’y a pas d’autre solution que de confi er les fonds récoltés à la Communauté interna-tionale.

Or, parler du fi nancement des grands travaux et de la mise en place d’autres institutions dans le cadre de la reconstruction par le bi-ais de la Communauté internationale reviendrait tout simplement à dire qu’une bonne partie de ces fonds, lorsqu’ils seront disponibles, sera entre les mains et sous le contrôle des organisations non gouverne-mentales (ONG) qu’elles soient in-ternationales ou locales. D’ailleurs, c’est déjà le cas depuis le 12 jan-vier 2010. Ce sont les ONG, en effet, qui demeurent les principaux maîtres d’œuvre dans beaucoup de domaines dans le pays. Prenons la distribution d’aide auprès des vic-times. Le pouvoir public haïtien n’a

quasiment pas son mot à dire dans l’affaire.

D’ailleurs, il suffi t de traverser n’importe quelle rue où une ONG en-treprend une opération de distribu-tion de ces fameux kits alimentaires ou de premier secours pour com-prendre que le gouvernement n’a rien à voir avec cela. On s’imagine franchement que cela aurait dû être autrement. En vérité c’est une forme d’humiliation pour des gens, qui, malheureusement n’ont pas d’autre choix. Quiconque pouvait se passer de ce traitement inhumain dans les fi les d’attente de plusieurs kilomètres, tantôt sous un soleil de plomb tantôt sous la pluie juste pour se procurer un kit dont le contenu reste franchement à désirer. C’est pour cette raison que certains com-mencent à se demander : s’agit-il de l’assistanat aux Haïtiens ou d’une vraie volonté pour reconstruire Haïti ?

Tout le monde peut compren-dre qu’il y a une grande différence entre l’aide ponctuelle à quelques in-dividus, certes dans le besoin, et une politique concertée pour aider un pays à se reconstruire. Aujourd’hui, en Haïti, si personne ne peut cracher sur ces kits de riz et d’huile qu’on donne à une partie de la population victime du séisme et d’autres mé-faits dûs à la nature, personne non plus n’est dupe au point de caution-ner ni avaliser cette démarche de traiter la population en mendiant, comme s’il s’agissait d’un peuple handicapé incapable de se prendre en charge. Quelles sont les inten-tions des grandes institutions inter-nationales et des dirigeants des pays comme les Etats-Unis d’Amérique, la France, le Canada, voire le Brésil, la puissance montante de l’Amérique

latine en cette période cruciale de la reconstruction d’Haït ?

Et les dirigeants haïtiens, comptent-ils se laisser exclure du processus de la reconstruction de leur pays en jouant juste un rôle de fi gu-rants dans les principales décisions qui seront prises? La conférence des donateurs ou des bailleurs du 31 mars, servira-t-elle, vraiment à reconstruire le pays ou le résultat sera-t-il le même que celui des pré-cédentes conférences ? Faudrait-il le rappeler, ce n’est ni la première conférence, ni la première réunion au sommet qui soient organisées au nom des Haïtiens et pour Haïti depuis le tremblement de terre du 12 janvier. Rien que pour préparer cette rencontre de New York, pas moins de cinq réunions prépara-toires (Montréal, Washington, Par-is, Martinique, Saint-Domingue) ont été organisées, sinon plus. Toutes, dans le seul but de trouver des so-lutions aux problèmes d’Haïti. Or, près de trois mois, non seulement après le séisme, mais aussi après ces réunions, aucun résultat tangible n’est observé sur le terrain. Entre temps l’on entend ici et là parler des sommes énormes qui ont été déjà débloquées pour Haïti.

Mieux, les premiers concernés, les victimes directes et collatérales, celles qui ont tout perdu : parents, logement, travail, etc., attendent désespérément de voir la couleur et la nature de l’aide qu’elle soit ma-térielle ou fi nancière. Ces gens sur-vivent diffi cilement dans des con-ditions plus qu’inhumaines parmi les milliers et milliers de tentes de fortune éparpillées un peu partout à travers les rues et les places pub-liques de la capitale et les autres villes touchées par le même phé-nomène. Quant aux déplacés vers la province, ils ne sont pas mieux lotis. Sinon pire. Disposant de peu de moyens pour les accueillir, ils vivent dans une promiscuité to-tale et aberrante comme ceux de la ville de Saint Marc qu’on a visités la semaine dernière. Sans logement et sans travail et pratiquement sans espoir depuis le 12 janvier, peut-on parler de reconstruction pour ces gens, juste en leur donnant un kit alimentaire pour une journée ?

Il ne peut y avoir de recon-struction si l’on ne prend en compte

toutes ces personnes lâchées dans la nature à travers le pays pendant qu’en leur nom, on ne parle que de milliards et milliards de dollars US. Dans le plan de reconstruction du gouvernement haïtien il y a com-bien de logements sociaux prévus? Où ces logements seront-ils constru-its et quand ? Est-ce le gouverne-ment haïtien ou la Communauté internationale à travers ses ONG qui prendra en charge offi cielle-ment et concrètement la reconstruc-tion ? Nous profi tons pour rappeler au gouvernement et aux ONG que rien qu’à Port-au-Prince, certains quartiers n’ont toujours pas vu un fonctionnaire de l’Etat ou employé d’organisation internationale depuis ce 12 janvier. Pourtant, il y a des gens qui vivent encore sous des bâches de fortune, faute d’avoir une tente dont le prix sur le marché noir coûte une fortune. Sans eau ni élec-tricité ces victimes pensent que rien que pour des raisons d’hygiène et de sécurité, les autorités ont le devoir et la responsabilité de leur venir en aide puisqu’elles font parties inté-grantes de la société.

Est-ce le gouvernement haïtien ou la Communauté internationale à travers ses ONG qui prendra en charge offi ciellement et concrètement la

reconstruction ?

NÒT POU LAPRÈSSosyete Ayisyèn pou rechèch, Dokimantasyon ak Pwogrè Sosyal ki se

manman Emisyon Radyo ou remmen anpil a : Perspectives Haitiennes ap

selebre 25 lane ekzistans li nan sèvis kominote ayisyèn nan, Samdi 3

avril, nan yon anbyans chik : The Antuns Reception Hall, 96-43 Spring-

field Blvd, tou pre Jamaica Ave, nan Queens Village.

Se pral yon kokennchenn selebrasyon lanmou, solidarite, tèt ansanm

avèk pwezi, mizik, chan, dans, teyat, blag. Se pral tou yon omaj ak tout sè

nou, frè nou yo ki tonbe nan katastwòf 12 janvye 2010 lan. Anpil atis ap

repon prezan : Jean Claude Eugene, Powèt Jeanie Bogart, Marc Mathelier,

dans avèk Michelle Charles ak gwoup li, teyat avèk jèn SHR yo ak

Jacques Camille “mèt Washipo” ki pral fè nou bliye chagren nou. Anpil lòt

moun ap vin pote bèl koze ki pou remonte w, ki pou fè lespwa jèmen nan

kè w, koze pou voye Ayiti monte.

Vin selebre lanmou avèk moun ou renmen pandan w ap ede SHR jwenn

mwayen lajan pou peye plas pwogràm radyo a ou renmen anpil : Perspec-

tives Haitiennes

Pou plis enfòmasyon ak rezèvasyon, rele SHR / Perspectives haitiennes

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Faks : 718 693 8269. E-mail: [email protected] kontak: Joseph D Chery

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Vol. 3 No. 37 • Du 31 mars au 6 avril 2010Haïti Liberté8

Perspectives

Interview de Fritz Deshommes, économiste et vice-recteur à la recherche de l’Université d’Etat d’Haïti (UEH)Par Sophie Perchellet

Sophie Perchellet : Dans un contexte de privatisation de l’enseignement universitaire, quels sont les problèmes auxquels l’UEH fait face ?

Fritz Deshommes : Au niveau universitaire, le plan de privatisation de l’enseignement passe essentiellement par la dimi-nution relative des ressources al-louées à l’UEH. C’est-à-dire que l’on n’a jamais défi ni une politique clairement dite de privatisation de l’enseignement supérieure, mais la réalité est que la seule université publique, et la plus grande, accueille le plus grand nombre d’étudiants et celle qui offre la formation la plus complète. Nous avons fait des études qui montrent la diminution en valeur relative des ressources qui nous sont allouées. Il y a, par-allèlement, une grande importance accordée à l’université privée. Les responsables des commissions pour l’éducation ne sont autres que les recteurs des universités privées. On peut voir beaucoup de gestes, beau-coup de signes qui montrent d’un côté et de manière concomitante une priorisation, qui ne dit pas son nom, accordée à l’université privée sous le chapeau de l’ouverture. Et le peu d’importance accordée à l’UEH est la manière dont s’exprime ce mouvement envers le secteur privé et contre le secteur public au niveau de l’éducation supérieure.

Nous sommes passés de 1,2% du budget national en 2002/2003 à 0,54% en 2008/2009 en passant par 0,8% en 2005… C’est donc de manière systématique.

Sophie Perchellet : On peut donc dire que derrière cela, il y a un choix politique. Comment expliquez-vous cette diminution systématique des ressources ?

Fritz Deshommes : C’est vrai qu’au niveau international, nous savons que, dans le cadre du néolibéralisme ambiant, il y a tout un discours et toute une posture des organismes internationaux et des grands donateurs. Ils nous disent

que nos pays, ceux du Tiers Monde, n’ont pas besoin d’éducation su-périeure et que l’accent doit être mis sur l’accent primaire et secondaire, tout en oubliant que si nous voulons avoir des enfants bien formés, il faut bien que les maîtres le soient bien aussi. Et ces derniers ne se forment qu’à l’université. C’est une politique de la Banque mondiale, c’est une politique de l’USAID. Non seulement contre l’enseignement supérieur, mais, d’une manière spécifi que, con-tre l’enseignement supérieur public. Je m’amusais à lire des anciens rap-ports d’experts datant des années 1980 ici en Haïti et j’ai lu noir sur blanc un rapport de la Banque mon-diale (BM) qui ose expliquer que la faculté de médecine de l’Université d’Etat forme trop de médecins par rapport à des pays comme la Colom-bie ou d’autres pays latino-améric-ains. Le pourcentage de surplus avait même été chiffré.

Il y a donc ce cadre théorique que l’on connaît bien mais auquel il faut ajouter d’autres éléments. Dans l’application de ce néolibéralisme, nous sommes le pays qui fi gure non seulement parmi les meilleurs élèves mais, en plus, on offre souvent plus que ce que demandaient les organ-ismes internationaux. Je me rappelle de tout ce débat sur le tarif zéro. Il y a eu en 1994/1995, dans le cadre de la problématique du retour à la démocratie, les impositions faites par les puissances qui incluaient une baisse des tarifs douaniers. Et Haïti a été encore bien plus loin en appli-quant le tarif zéro. Si bien que j’ai moi-même rencontré des personnes de la BM et de la BID qui me disaient : « dites à votre gouvernement que l’on n’en demande pas tant ! ».

J’ai pris cet exemple pour dire qu’au niveau de l’enseignement supérieur, on en a fait vraiment beaucoup. Et je ne suis pas sûr que cette situation d’indifférence par rapport à l’enseignement supérieur, et d’apparente priorisation de l’enseignement privé, soit demand-ée de manière aussi intensive par les bailleurs de fonds qui nous fi nan-cent. Donc je dirais qu’il y a d’abord ce cadre théorique, que nous con-naissons, qui oriente nos politiques.

Mais il y a aussi des motivations très locales, très nationales, qui font que cette politique a été appliquée.

Alors dans notre cas précis, l’UEH, avec un statut constitutionnel très clair, un statut d’indépendance et d’autonomie, je pense que ça gêne. Gêne parce que l’université, c’est quand même le lieu de réfl ex-ion, le lieu de débat, de contestation. Donc ces espaces ne sont pas tou-jours appréciés.

Sophie Perchellet : L’Etat a donc été privé d’importantes res-sources dont il aurait pu disposer à cause de l’abaissement des tarifs douaniers… Quand on passe de 50% en 1980 à 3% aujourd’hui comme tarifi cation douanière, je me dis que c’est normal que l’Etat n’ait pas suf-fi samment de ressources pour inve-stir dans l’éducation, notamment dans l’université.

Fritz Deshommes : Il y a pire ! Si au moins on collectait les 3%… Il y a depuis 1986 une politique systématique d’encouragement à la contrebande. Et quand je dis « poli-tique systématique », je pèse très bien mes mots. On peut retrouver, à travers des pratiques, des actions mais aussi des déclarations, des discours et des justifi cations, le rôle que la contrebande joue dans le sys-tème mis en place. Ça a commencé concrètement à partir des années 1986, moment où se mettaient en place les divers éléments de la poli-tique néolibérale, et on sait que cela a été promu par des organes d’Etat. On peut citer deux déclarations de ministres des fi nances concernant le rôle de la contrebande. Je cite Les-lie Delatour à qui on parlait de la contrebande comme un fl éau. Im-perturbable, il répondait que la con-trebande permettait quand même d’alimenter la politique de baisse des prix du gouvernement. C’est dans le cadre de la lutte contre la vie chère. Ceci va être répété presque textuel-lement par le ministre F… au cours de la période du coup d’Etat. Pour être sûr que la politique de libéralisa-tion va être appliquée, on permet à la contrebande de fl eurir. On le fait

en fermant les yeux. Mais on le fait également en évitant de doter les ports nationaux d’infrastructures adéquates. Regardez jusqu’à main-tenant, tout le monde sait qu’il y a de la contrebande. Mais quel est le dispositif mis en place par les autorités douanières ou fi scales ? La source même d’où nous vient la contrebande, c’est-à-dire les ports extérieurs de province, ce sont des ports totalement dému-nis d’infrastructures. C’est-à-dire n’importe quel douanier dirait que la douane, ce n’est pas sorcier : vous avez des marchandises qui rentrent, des marchandises qui partent dans des dépôts et des marchandises qui sont taxées. Pour moi, c’est un dis-positif très clair pour que l’on soit sûr que la libéralisation fonctionne.

Sophie Perchellet : D’ailleurs les autorités souhaitent privatiser les ports et les aéroports est ce bien vrai ?

Fritz Deshommes : En termes de ports, nous avons l’autorité por-tuaire nationale (APN), qui est l’organisme qui s’occupe de la ges-tion et de l’exploitation des ports. Nous avons ensuite plusieurs ports à Port au Prince (PAP), au Cap mais aussi dans d’autres provinces. Alors il y a deux mouvements. Un mou-vement de privatisation de ports publics, notamment de PAP. Je ne sais pas à quel stade exact on en est, mais il y a déjà des opérations qui sont privatisées. Dans le même temps, il y a la tolérance et la pro-motion de ports mis en place par des membres du secteur privé comme par exemple le port de Mevs ou en-core ceux des anciennes entreprises publiques privatisées entre temps (port de la Minoterie d’Haïti, port du Ciment d’Haïti). Tout le monde sait par exemple que le port de Mevs a été mis en place dans des circon-stances extrêmement troubles. Cela a fait l’objet d’actes de corruption très clairement reconnus.

Sophie Perchellet : On voit donc qu’Haïti connaît un désen-gagement continu de l’Etat. Est-ce

en partie responsable de la situation socio-économique d’aujourd’hui ?

Fritz Deshommes : Depuis une vingtaine d’années, l’Etat se fragilise de plus en plus. Le proces-sus est très clair, très régulier. Cela se refl ète d’abord dans le budget de la République. Le poids des ressources publiques dans le PIB montre la fai-blesse de l’Etat. Surtout si on le com-pare à celui de pays qui justement nous demandent d’avoir un Etat plus faible. Cela s’exprime égale-ment par le poids de l’assistance ex-terne dans le budget qui représente environ 70%. Mais encore aussi par le poids des ONG.

Il y a de l’autre côté le pro-cessus de privatisation formel et informel, c’est-à-dire la privatisa-tion des entreprises publiques. Mais de manière indirecte, il y a tout un plan d’actions et d’opérations dans des secteurs stratégiques que l’on a laissés au secteur privé. Vous prenez par exemple l’électricité : EDH a le monopole de la produc-tion d’électricité dans le pays. Mais en réalité, on assiste à un processus de démantèlement conscient et sys-tématique de l’usine, et à la mise en place de fi rmes privées vendeuses d’électricité. Le cas le plus grave est celui des entreprises de télécommu-nications, la Téléco. Avec cette en-treprise, on peut recenser diverses actions claires où l’Etat participe au démantèlement de l’usine. Je me rappelle bien ce moment où la Téléco (1996/1997) réalisait des profi ts et ses dirigeants demandaient au CA l’autorisation d’investir leurs profi ts dans des activités d’élargissement et de renforcement. Leslie Delatour à l’époque disait qu’il n’était pas ques-tion d’investir mais qu’il était pré-férable d’aller acheter des voitures avec cet argent. C’est peut-être le cas le plus décent dans ce processus de démantèlement. On peut parler des indécents aussi. Les infrastruc-tures de cette entreprise (les câbles) ont été vandalisées de manière fréquente. Cela a été dénoncé et le syndicat a même rapporté un épi-sode ou ils ont suivi les auteurs de ces actes. Le président du syndicat nous dit que ces gens, après avoir vandalisé, sont rentrés dans le pal-ais national.

On peut également rappeler tous ces procès qui se sont passés récemment aux Etats-Unis qui mon-trent comment la corruption a été extrêmement vive entre des fonc-tionnaires haïtiens et des hommes politiques américains, tout ceci dans la perspective de détruire la Téléco et d’encourager l’entrée sur le marché et la domination de celui-ci par des compagnies privées comme l’Itel et Digicel. Et de l’autre côté, on nous rebat les oreilles sur comment la Té-léco est totalement indéfendable et défi citaire.

Sophie Perchellet : Vous avez parlé de corruption. Comment analysez-vous la démarche, notam-ment des IFI, qui insiste sur la bonne gouvernance d’Haïti qui est d’ailleurs le secteur qui récupère le plus d’aide ?

Fritz Deshommes : Je pense que le FMI et la Banque Mondiale ont toujours été des poches impor-tantes en termes de corruption. Pour moi, dans le discours, et même dans

Suite à la page (19)

Fritz Deshommes, économiste et vice-recteur à la recherche de l’Université d’Etat d’Haïti (UEH)

Avis de DivorcePar ces motifs, le Tribunal, après en avoir délibéré selon le vœu de la Loi et sur

les conclusions conforme du Ministère Public, dit et déclare compétent pour

connaître de l’action en divorce introduite par le sieur Christian Emmanuel

contre son épouse née Adrienne Joseph, reçoit en la forme la présente action

pour être conforme ; maintient le défaut déjà octroyé à l’audience du 19 Novem-

bre deux mille neuf contre la défenderesse pour n’avoir pas été rebattu et pour

le profit, admet le divorce des époux Christian Emmanuel, la femme née

Adrienne Joseph pour injures graves et publiques, ce, aux torts de l’épouse ;

prononce en conséquence la dissolution des liens matrimoniaux qui ont existé

entre les dits époux ; ordonne à l’officier de l’état civil de l’Anse à Veau de

transcrire sur les registres à ce destinés le dispositif du présent jugement ;

compense les dépens en raison de la qualité des parties. Commet enfin

l’huissier Prosper Etienne de ce siège pour la signification du présent jugement.

Ainsi jugé et prononcé par nous, Me. Guerson Lespérance, juge en audience

publique, ordinaire et civile de divorce du jeudi sept janvier deux mille dix en

présence de Me. Berthony Fleury, substitut du Commissaire du Gouvernement,

avec l’assistance du sieur Joël Brunache, greffier du siège.

Il est ordonné à tous huissiers sur ce requis de mettre le présent jugement à

exécution, aux officiers du Ministère public après les tribunaux civils d’y tenir la

main, à tous commandements et autres officiers de la force publique d’y prêter

main forte, etc.

Me. Wilfrid Dabrézil - Avocat

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March 31, 2010:

UN Conference to Consummate US Take-Over of Haiti

Vol. 3 No. 37 • Du 31 mars au 6 avril 2010 9Haïti Liberté

This Week in Haiti

New York:

Women March for their Rights

Marlène Jean-Noel and Jocelyne Gay carry the Haitian fl ag in the Mar. 27 march for women

By Kim Ives

When this article appears on the morning of March 31, the

much ballyhooed “International Donors Conference Towards a New Future for Haiti” will be getting un-derway at UN Headquarters in Man-hattan. While demonstrators in the street outside protest the continuing US and UN military occupation of Haiti, now over six years old, and the Haitian people’s exclusion from deliberations on the country’s recon-struction, dignitaries inside like UN Special Envoy to Haiti Bill Clinton, US Secretary of State Hillary Clinton, UN Secretary General Ban Ki-moon, and Haitian President René Préval will unveil a plan with lots of pomp and ceremony but which boils down to just one thing: Washington’s take-over of the “new” Haiti.

Hyperbole? Unfortunately, no. The lead editorial in the New York Times, which generally articulates the thinking of the US power elite, lays it out clearly: “The plan envisions a multidonor trust fund managed by the World Bank that pools money for big projects and avoids waste-ful redundancy. The Haitian Devel-opment Authority would approve the projects; outside auditors would oversee the spending.” (Our em-phasis added.)

Translation: the World Bank, not Haiti, will run the show, a coun-cil of foreigners (with a sprinkling of token Haitians) will rubberstamp di-rectives, and other foreign overseers will supervise the Haitians carrying out the directives.

Although lots of international “friends of Haiti” will be involved in this circus, Washington is the ringleader, using handmaidens like Canada and the Dominican Republic. The meetings to prepare the ground for Mar. 31 were held in Montreal on Jan.25 and Santo Domingo on Mar. 15-17.

Préval has generally imple-mented Washington’s austerity and privatization dictates, making him a US darling and the Haitian peo-ple’s bogeyman. However, after the quake, he and his prime-minister made some imprudent complaints about being sidelined while the US and NGOs ham-fi stedly directed re-lief and reconstruction efforts. Wash-ington put him back in his place by calling him corrupt, a charge Préval called “arrogant.” Despite such out-bursts, Préval appears to be behav-ing again but still promoting the fi c-tion that he’s deciding things.

“Haiti is an independent gov-ernment, an independent country and the government must say what must be done,” he told Al Jazeera in a Mar. 29 interview when asked who was in charge in Haiti. “But the government doesn’t have the fi nan-cial means to do it. So we will have to speak to the donors so that they make available the funds for the government to do what it desires to do.” As for the foreign experts which will dominate in the Haitian Devel-opment Authority, he explains that “a lot of our professionals are dead” and “we are leaning on the NGOs to help us to do what we need to do right now.”

The centerpieces of the US, UN, and World Bank plan for Haiti are sweatshops and tourism. Of course there is lip-service paid to the con-cerns raised by Haitians about revi-talizing agriculture and making the country self-suffi cient in food again after 25 years of neo-liberal decon-struction. “Decentralization” is an-other key theme, but, done a certain way, this can also weaken and cir-cumvent Haiti’s central government, which Washington has sought to do since the Haitian people elected ex-iled former President Jean-Bertrand Aristide in 1990.

“Raising money for Haiti is all well and good. But which Haiti is getting the money?” asked Vijay Prashad, Director of International Studies at Trinity College in Hartford, CT. “Is the Haiti of structural ad-justment, the raft on the Caribbean, fated to being reduced to a factory and a port for Royal Caribbean’s cruise ships? All the efforts thus far seem to suggest that this is the Haiti that is being promised.”

In articles, radio shows, confer-ences, demonstrations and graffi ti, the Haitian people have made their opposition to this plan known but “Haitian civil society has been com-pletely bypassed in decision-mak-ing regarding the post-earthquake reconstruction process,” wrote Bev Bell of the economic justice group Other Worlds earlier this month. “The Haiti government’s Post-Di-saster Needs Assessment, launched February 18, granted one week, March 14-20, for ‘consultation with civil society and the private sector,’ according to the terms of reference. However, the government [had] to approve the draft plan on March 15. Furthermore, the government has failed to invoke even the token dis-cussions, not consulting civil society in any way except informally with some businesspeople and several non-governmental organizations who do not speak for citizens.”

Therefore the “new” Haiti be-ing drawn up at the conference will look very much like the old. “Expect more of the same when the Haitian elites and their lobbyists get their re-construction plans approved,” wrote Olofson hotelier and musician Rich-ard Morse in the Huffi ngton Post. “Bill Clinton isn’t bringing hope to Haiti. Bill Clinton isn’t bringing change to Haiti. Bill Clinton, along with USAID, the World Bank, the Inter-American Development Bank and the United Nations are bringing more of the same to Haiti: more for the few and less for the many.”

There are more than strings attached to Clinton’s plan for Haiti. There are chains. Haiti would be yoked to an already sinking U.S. economy by dependency on as-sembling imported U.S. clothing and electronics for pennies an hour, or scrambling against neighbors to at-tract U.S. tourists.

But it doesn’t have to be this way. Two South American alliances have offered Haiti substantial aid based on solidarity and common interests, not chains of debt and de-pendency.

ALBA, the Bolivarian Alliance for the Peoples of Our America, is an alliance of eight Latin American and

Caribbean nations comprising Ven-ezuela, Cuba, Bolivia, Ecuador, Ni-caragua, Dominica, St. Vincent and Grenadines, and Antigua and Bar-buda. On Jan. 25, when the U.S.-led coalition held the Montreal meeting to just plan another meeting, ALBA held an extraordinary session which came with concrete, immediate aid of food, fuel, electricity, medicine and a $120 million Humanitarian Fund. ALBA expressed “concern over the excessive presence of for-eign military forces in Haiti, with no justifying reasons and with-out precision about their author-ity, purposes, responsibilities, and length of stay, which threatens to further complicate the conditions on the ground and the realization of the international cooperation.” The ALBA nations also recognized that “efforts to rebuild Haiti must have the people and government of that country as the principal pro-tagonists.”

There is also the Union of South American Nations or UNA-SUR, which includes all the nations of the South American continent except French Guiana. In Febru-ary, it offered Haiti $300 million in cash and money it would borrow on Haiti’s behalf.

One might respond that no South-South cooperation can come up with the $34.4 billion Haiti needs to rebuild over the next 10 years. But how are such staggering fi g-ures arrived at? These estimates assume the costs to be charged by Halliburton, Dyncorp, or one of the Haitian elite’s construction compa-nies. But we have seen tens of thou-sands of ordinary Haitians digging themselves out and rebuilding their homes, motivated not by profi t but by compassion, solidarity and com-mon interest. This giant army could be harnessed and supported with solidarity from Cuba, Venezuela and ALBA, which are already helping with giant contributions of doctors and fuel.

Progressive Haitian and Do-minican groups meeting in Santo Domingo on Mar. 17 concluded that a defi nitive “break” with the current international system is necessary for Haiti to recover. “We must break with economic dependency,” they wrote in a declaration. “We need to build an economic model that en-courages national production by focusing on agriculture, livestock, and agro-industry aimed at meeting our own food needs (cereals, tubers, milk, fruit, fi sh, meats, etc. ).”

An anecdote captures the fl avor and the essence of the UN Donors Conference. On Mar. 30, the night before the big day, there was an in-vitation-only special event for about 200 US and UN offi cials, bankers, CEOs and NGO bigwigs at the United Nations Library. The sponsors of the event: the UN, the Haitian Govern-ment, the Inter-American Develop-ment Bank, and.... Coca-Cola. The name of the event was “Haiti Hope Project.” If you like the ring of that name, don’t get any thoughts about borrowing it. Coca-Cola is seeking trademark protection for the slogan, which it plans to put on “ready to eat food bars made primarily of oats.”

Edgar L

afond

By Marlène Jean-Noel

On Mar. 27, some 200 women gath-ered at Union Square in Manhattan

to commemorate 100 years of women’s resistance as part of International Wom-en’s Month. The action was organized by the International Women’s Fightback Network and sponsored by the Inter-national Working Women’s Day 2010 Coalition.

Speakers for several women’s organizations from different countries talked about the problems they faced here in the U.S. and in their homelands. There were speakers from Palestine, Ni-geria, the Philippines, and Cuba, among others.

Haitian singer and activist Joc-elyne Gay spoke on behalf of Haitian women, telling how they worked at jobs ranging from factory workers to farm-ers. She explained women’s central role in Haitian society, raising children, orga-nizing markets, and sustaining families.

Haiti is often called the poor-est nation in the Western Hemisphere. For Gay, this reputation is undeserved because she believes Haiti has a lot of natural resources.

Women to Free Mumia Abu-Jamal talked about going to Washington, DC to fi ght for the release of this famous US

political prisoner. Speakers also talked about other political repression in the U.S., such as the case of two sisters jailed for stealing $11 in Mississippi.

The marchers left Union Square at 1:30 p.m., walking on Broadway to the Bank of America. They then walked to the Triangle Shirtwaist Fire Memo-rial, where 146 women and girl work-ers were killed in a fi re in 1911. The marchers continued on to St. Vincent’s Hospital to protest its closing. After that, marchers went to the Solidarity Center at 55 W. 17th Street where they enjoyed talk and refreshments.

KAPTE DETANT KREYÒLChak Dimanch swa

Soti 8tè pou rive 10zè

Sou Radyo Ayiti Entènasyonal

Avèk Marlene & Fils-Aimé

Tel: 718-469-3812 (3815)www.rhifm.com

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Vol. 3 No. 37 • Du 31 mars au 6 avril 2010Haïti Liberté10

LES QUATR

Le 19 janvier dernier, le Liberty of the Seas, un des yachts les plus luxueux du monde, débarqua ses passagers dans le port

idyllique de Labadee.

Selon la FAO, cette crise alimentaire a rédu(...) Compte tenu de ces données, il n’est pa

faim ait trav

Par Chems Eddine Chitour

Nous assistons à la convergence de quatre crises, écrit Chems Eddine Chitour, enseignant à l’école Poly-technique d’Alger : alimentaire, fi nancière, climatique, mais aussi crise de civilisation de l’occident. « Cette dernière crise est à la fois ancienne et actuelle, elle structure l’imaginaire des pays occiden-taux, elle plonge ses racines dans l’arrogance de l’Occident mâtiné de christianisme au départ pour les besoins de sa cause et qui ensuite s’est découvert un sacerdoce dans le money théisme. Tout au long de l’aventure du capitalisme, des vies ont été broyées au nom de l’intérêt, des guerres ont été faites, un colo-nialisme le plus abject a été imposé aux nations fragiles par les patries des droits de l’homme européen. »

« Je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vul-gaires plaisirs dont ils remplissent leur âme. Chacun d’eux retiré à l’écart est comme étranger à la des-tinée de tous les autres ; ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine... »

Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique

Ces lignes écrites il y a plus de 150 ans par Tocqueville n’ont pas pris une ride ; à croire que le capitalisme n’a pas dégénéré au fi l du temps et qu’il est originellement contre la valeur humaine. Je voud-rais m’interroger sur ce qu’il me semble important de décrire comme dérives dues, en tout état de cause, à l’insatiété des hommes qui font tout pour s’enrichir quel qu’en soit le prix matériel ou moral. Parmi les indicateurs de l’intolérable injustice alimentaire, on ne peut ne pas citer la mainmise des multinationales sur le marché de la faim.

Comme l’écrit si justement la journaliste et sociologue Esther Vi-vas : « Le modèle alimentaire ac-tuel, tout au long de sa chaîne, du producteur au consommateur, est soumis à une forte concentration, monopolisé par une série de cor-porations agroalimentaires trans-nationales qui font passer leurs intérêts économiques avant le bien public et la communauté. Le sys-tème alimentaire ne correspond plus aujourd’hui aux besoins des indivi-dus ni à la production durable basée sur le respect de l’environnement. C’est un système dont l’ensemble

du processus est enraciné dans la logique capitaliste - la recherche du profi t maximum, l’optimisation des coûts et l’exploitation de la force de travail. Les biens communs comme l’eau, les semences, la terre, qui depuis des siècles appartenaient aux communautés, ont été privatisés, spoliés des mains du peuple et trans-formés en une monnaie d’échange à la merci du plus offrant...Face à ce scénario, les gouvernements et les institutions internationales se sont ralliés aux desseins des sociétés transnationales et sont devenus les complices, d’un système alimentaire productiviste, non durable et priva-tisé. (...) » (1)

Abordant la famine récurrente, elle poursuit : « La crise alimentaire qui est apparue tout au long des années 2007 et 2008, avec une forte augmentation du prix des ali-ments de base, met en évidence la vulnérabilité extrême du modèle agricole et alimentaire actuel. Selon la FAO, cette crise alimentaire a réduit à la famine 925 millions de personnes.... (...) Compte tenu de ces données, il n’est pas surprenant qu’une vague d’émeutes de la faim ait traversé le Sud, car ce sont pré-cisément les produits dont les pau-vres se nourrissent, qui ont connu la hausse la plus importante. (...) Le problème aujourd’hui ce n’est pas le manque de nourriture, mais l’impossibilité de l’obtenir. En fait, la production mondiale de céréales a triplé depuis les années 1960, alors que la population mondiale a seule-ment doublé. » (1)

D’une crise, l’autre... Cette augmentation est-elle

due à d’autres facteurs ? « Il est vrai, poursuit Esther Vivas, que des causes conjoncturelles permettent d’expliquer en partie l’augmentation spectaculaire des prix au cours des dernières années : la sécher-esse et d’autres phénomènes mé-téorologiques, liés au changement climatique, ont touché les pays pro-ducteurs comme la Chine, le Bangla-desh, l’Australie (...) L’augmentation du prix du pétrole, qui a doublé au cours des années 2007 et 2008, a provoqué une fl ambée du prix des engrais et des transports. Elle a aussi eu pour conséquence des in-vestissements accrus dans la pro-duction des combustibles alternatifs d’origine végétale. Les biocarburants ont affamé les pauvres. En 2007, aux Etats-Unis, 20% de la récolte des céréales ont été employés pour produire de l’éthanol (1) Cependant la cause fondamentale est la spécu-lation, ce cancer fi nancier des temps

modernes. « Aujourd’hui, on estime qu’une part signifi cative des inves-tissements fi nanciers dans le secteur agricole est de nature spéculative. Selon les chiffres les plus conserva-teurs, il s’agirait de 55% du total de ces investissements. (...) Les pays du Sud, qui étaient autosuffi sants et même disposaient d’un excédent de produits agricoles d’une valeur d’un milliard de dollars il y a une quarantaine d’années, sont devenus aujourd’hui totalement dépendants du marché mondial et importent en moyenne pour onze milliards de dollars de nourriture. (...) » (1)

Abordant l’autre dimension crisique, Esther Vivas écrit : « Le capitalisme a démontré son incapac-ité de satisfaire les besoins fonda-mentaux de la majorité de la popula-tion mondiale (accès à la nourriture, logement digne, des services publics d’éducation et de santé de bonne qualité) tout comme son incompati-bilité absolue avec la préservation de l’écosystème (perte croissante de la biodiversité, changement cli-matique en cours). Au cours des années 2007-2008 éclata la crise fi nancière internationale la plus im-portante depuis 1929. La crise des hypothèques «subprimes», à la mi-2007, fût un des éléments déclench-eurs, qui a conduit à l’effondrement historique des marchés boursiers du monde entier, à de nombreuses faillites fi nancières, à l’intervention constante des banques centrales, des opérations de sauvetage. » (1)

Nous voilà donc confortés dans ce que nous subodorions. Les multinationales, par leur politique sans état d’âme, ont fait main basse et l’agrobusiness a de beaux jours devant lui. Le secret des Puissances de l’Argent l’est de moins en moins. Beaucoup savent maintenant que les crises économiques mondiales ne sont pas des « tempêtes parfaites » sur lesquelles nous ne pouvons rien, mais plutôt des opérations économiques d’envergure calculées et exécutées par quelques puis-santes banques qui vont jusqu’à menacer des États de faillite totale pour arriver à leurs fi ns. Le jour-naliste Matt Taibbi décrit la banque Goldman Sachs. Il débute son texte comme suit : « La première chose que vous devez savoir de Goldman Sachs, c’est qu’elle est partout.

La banque d’investissements la plus puissante au monde est une gigantesque pieuvre vampire qui enfonce sans cesse son siphon san-guinaire dans tout ce qui a l’odeur de l’argent. Certains cerveaux chez Goldman Sachs ont conçu et exécu-té toutes les crises fi nancières depuis les années 20. Elle a de plus, tou-jours utilisé à peu près le même pro-cédé : elle se place d’abord au centre d’une bulle fi nancière en émettant des produits fi nanciers sophisti-qués conçus dès le départ pour fail-lir. Ensuite, elle s’arrange pour que la petite et la moyenne classe (les gens ordinaires et les PME [ndlr. petites et moyennes entreprises] par exemple) investissent dans ces produits condamnés d’avance. Puis c’est encore la «Big banque» qui fi nit le travail en pétant la bulle elle-même, faisant disparaître du coup un tas de petites banques. Une fois que tout le monde est appauvri et que l’économie est à l’agonie, la Big banque arrive en triomphe, nous offre de sauver l’économie et nous prête à haut taux d’intérêts, l’argent qu’elle vient juste de nous siphon-ner. Et le processus recommence... »(2)

L’économie américaine con-

tinue à gouverner le monde, mais peut-être, plus pour longtemps. On sent un frémissement ; de plus en plus de pays remettent en cause cette suprématie qui repose sur du vent. Certes, écrit Jochen Scholz, l’économie américaine est encore la plus importante du monde, mais elle est fragile car elle a perdu sa base industrielle au profi t de la création de valeur dans le domaine fi nan-cier. Cela a été rendu possible grâce au système mondial reposant sur le dollar, qui a permis aux Etats-Unis d’avoir une dette toujours plus élevée envers le reste du monde, de délocaliser sa production à l’étranger et d’encourager une consommation fondée sur l’endettement. A la fi n de 2008, la dette américaine représen-tait 70% du produit intérieur brut. La revendication du leadership for-mulée en 1948 a été pour la pre-mière fois remise en cause dans les années 1970 par la Cnuded [ndlr. Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement] avec l’initiative « New International Economic Order » Son objectif était la dissolution du système de Bret-ton Woods. (3) Souvenons-nous : le président Boumediene portant la parole du Tiers-Monde aux Nations Unis a plaidé en 1974 pour un ordre international plus juste.

Malgré les appels de plusieurs pays pour un changement de para-digme pour une architecture du système fi nancier international, même de la part des pays capital-istes comme la France, le système actuel semble avoir de beaux jours devant lui. Cela n’empêche pas les nations des PVD [ndlr. Pays en Voie de Développement] notamment les pays émergents de réclamer aux Etats-Unis de nouvelles règles. « La Chine, écrit Jochen Scholz, prin-cipale créancière des Etats-Unis, n’éprouve guère l’envie d’ajouter au bilan de sa banque centrale des ob-ligations américaines sans valeur et réfl échit avec les Etats Bric [ndlr. le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine] et d’autres partenaires asiatiques à des alternatives au dollar (...) Les 6 Etats de l’Organisation de coo-pération de Shanghai (OCS) et les Etats Bric ont l’intention de réaliser leurs transactions dans leurs propres monnaies. Le monde extérieur aux 950 millions d’habitants de l’« Occi-dent » s’est réveillé. Il n’accepte plus une division durable de l’économie mondiale entre riches et pauvres, entre profi teurs et mendiants, (...). La Chine demande une monnaie de référence mondiale qui ne soit con-trôlée par aucun Etat particulier. (3)

Une autre crise que les pays industrialisés et, notamment les climato-sceptiques tentent de mini-miser en démonétisant le Giec [ndlr. Groupe d’experts intergouverne-mental sur l’évolution du climat] qui a eu à se tromper sur certaines de ses conclusions et qui a abouti comme on le sait, à l’échec de Copenhague où les pays riches n’ont rien voulu céder. En d’autres termes, les pays industrialisés ont externalisé une partie de leurs émissions dans les pays émergents, et plus particulière-ment la Chine. Il faut rendre à César le carbone qui est à César. La Chine est de loin le principal importateur d’émissions de CO2. 23% des émis-sions des produits de consommation des pays développés sont exportés vers les pays en voie de développe-ment. A la crise énergétique en rai-son de la dépendance des combus-tibles fossiles, fera suite une crise de la biodiversité, avec la dispari-tion d’espèces animales et végétales

La première chose que vous devez savoir de banque d’investissements la plus puissante a

qui enfonce sans cesse son siphon sanguin

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qui pourrait conduire à la « sixième grande extinction » (4)

La crise de « civilisation »Cette dernière crise est à la

fois ancienne et actuelle, elle struc-ture l’imaginaire des pays occiden-taux, elle plonge ses racines dans l’arrogance de l’Occident mâtiné de christianisme au départ pour les besoins de sa cause et qui ensuite s’est découvert un sacerdoce dans le money théisme. Tout au long de l’aventure du capitalisme, des vies ont été broyées au nom de l’intérêt, des guerres ont été faites, un colo-nialisme le plus abject a été imposé aux nations fragiles par les patries des droits de l’homme européen. Pour Jean Ziegler, « les peuples du tiers-monde ont bien raison de haïr l’Occident. (...) Par le fer et le feu, ils ont colonisé et exterminé les peuples qui vivaient sur les ter-res de leurs ancêtres en Afrique, en Australie, en Inde...Le temps a coulé depuis, mais les peuples, se souviennent des humiliations, des horreurs subies dans le passé. Ils ont décidé de demander des comp-tes à l’Occident ». Même les droits de l’homme - un héritage du siècle des Lumières - participent du com-plot. Alors qu’ils devraient être « l’armature de la communauté inter-nationale » et le « langage commun de l’humanité », ils sont instrumen-talisés par les Occidentaux au gré de leurs intérêts (5)

Une analyse pertinente du dé-clin de l’Occident pour avoir failli à son magistère moral nous est don-née par l’ambassadeur singapou-rien Kishore Mahbubani. Dans cet essai magistral, il analyse le déclin occidental : recul démographique, récession économique, et perte de ses propres valeurs. Il observe les signes d’un basculement du centre du monde de l’Occident vers l’Orient. Il cite l’historien britannique Victor Kiernan et son ouvrage The Lords of Humankind, European Attitudes to the Outside World in the Impe-rial Age… Kiernan brossait le por-trait de l’arrogance et du fanatisme traversés par un rayon de lumière exceptionnel. La plupart du temps, cependant, les colonialistes étaient des gens médiocres mais en rai-son de leur position et, surtout, de leur couleur de peau, ils étaient en mesure de se comporter comme les maîtres de la création. En fait, [l’at-titude colonialiste] reste très vive en ce début de XXIe siècle. (...) Le complexe de supériorité subsiste. « Cette tendance européenne à regar-der de haut, à mépriser les cultures et les sociétés non européennes, a des racines profondes dans le psy-chisme européen. »(6)

La dichotomie « The West and the Rest » (l’Ouest et le reste du monde), voire la perspective confl ictuelle résumée par la for-mule « The West against the Rest » (l’Ouest contre le reste du monde) semble être étayée par le mythe de la guerre contre Al Qaîda. Il n’est pas étonnant dans ces conditions de voir perdurer des situations dantes-ques s’agissant de l’arrogance des riches en face de la détresse des pau-vres. Santiago Alba Rico en donne un exemple récent. Il s’agit du luxe d’une croisière qui jette l’ancre à... Haïti au moment du tremblement de terre. « Vers dix heures du ma-tin, le 19 janvier dernier, le Liberty of the Seas, un des yachts les plus luxueux du monde, débarqua ses passagers dans le port idyllique de Labadee. Accueillis au son d’une musique folklorique enchanteres-

se, avec des rafraîchissements... Ce rêve matérialisé, ce retour ci-vilisé au Jardin d’Éden biblique, était cependant attenant à un autre monde d’innocence perdue et de barbarie antédiluvienne. Une mince cloison, une transparence dure et infranchissable le sépa-raient de cet autre monde. Et c’est qu’en effet, de l’autre côté du mur de trois mètres de hauteur, hérissé de fi ls de fer barbelés et gardé par des vigiles armés, on n’était pas le 19 janvier, mais le 12, il n’était pas dix heures du matin, mais cinq heures de l’après-midi, on n’était pas à Labadee, mais en Haïti et la terre tremblait, les maisons s’écrou-laient, les enfants pleuraient et des milliers de survi-vants fouillaient les décombres pour y rechercher des ca-davres et un peu de nourriture. » (7)

« (...) De quel droit survivons-nous aux morts ? Du droit que nous donne la certitude inexorable de notre propre mort. (...) De quel droit les États-uniens rient-ils à des funérailles en Haïti ? (...) Eh bien, la mondialisation capitaliste consiste - du point de vue anthropologique - en ce que les classes moyennes de l’Oc-cident, à travers le tourisme et la télévi-sion, aillent rire à gorge déployée, et boire et danser... » (7)

Alba Rico conclut d’une façon pertinente : « Nous sommes là parce que nous sommes plus riches et plus puissants et cela vaut également pour les bons sentiments. Mais si nous sommes, en plus, impolis et grossiers, si nous rions à leurs fu-nérailles, c’est parce que nous som-mes convaincus que, contrairement aux Haïtiens et aux Indonésiens, nous n’allons pas mourir. (...) La grossièreté, l’irrespect, la mauvaise éducation sont presque devenus des impératifs moraux. Cela peut-il nous étonner que lorsqu’il s’agit de «sau-

Vol. 3 No. 37 • Du 31 mars au 6 avril 2010 11Haïti Liberté

RE CRISES!

uit à la famine 925 millions de personnes.... as surprenant qu’une vague d’émeutes de la versé le Sud

ver le monde» l’Occident s’empresse d’envoyer des marines et des touris-tes ? » (7)

Alexis de Tocqueville avait en son temps mesuré l’étendue de la toile invisible tissée par le capitalis-me qui broie les individus. Ecoutons le : « (...) Quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d’eux, mais il ne les voit pas ; il les touche et ne les sent point ; il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul, et s’il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu’il n’a plus de pa-trie. Au-dessus de ceux-la, s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouis-

sance et de veiller sur leur sort. (...) Que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ? » (8).

Aragon en son temps écrivait devant l’anomie du monde : « Est-ce ainsi que les Hommes vivent ? » Son inquiétude restera sans réponse.

Ndlr. Esther Vivas. Activiste espagnole. Licenciée en journalisme et diplômée en sociologie. Membre de la direction de la Gauche antica-pitaliste en Espagne. Elle

est l’auteure de «En campagne contre la dette” (Syllepse, 2008) et

membre de la rédaction de la revue Viento Sur.

Notes1. Esther Vivas http://esther-

vivas.wordpress.com/ Inprecor, n. 556-557, janvier 2010 : http://www.legrandsoir.info/Les-contra-dictions-du-systeme-alimentaire-mondial.html

2. Matt Taibbi : Vers une autre crise économique signée Goldman Sachs http://infodesderniershu-mains.blogspot.com/ mardi 9 mars 2010

3. Jochen Scholz. http://www.horizons-et-debats.ch 19 Mars

20104. Grégoire Macqueron, Futu-

ra-Sciences http://m.futura-scien-ces.com/12 mars 2010

5. Jean Ziegler : La haine de l’Occident. Albin Michel. 2008

6. Kishore Mahbubani: The Irresistible Shift of Global Power to the East. 2008

7. S. Alba Rico http://www.legrandsoir.info/De-quel-droit-sur-vivons-nous-aux-morts.html6

8. Alexis de Tocqueville : De la démocratie aux Amériques.

Contre Info 22 mars 2010Goldman Sachs, c’est qu’elle est partout. La

au monde, une gigantesque pieuvre vampire naire dans tout ce qui a l’odeur de l’argent.

Point d’espoir dans le capitalisme, il a démontré son incapacité de satisfaire les besoins fondamentaux de la majorité de la population mondiale

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Vol. 3 No. 37 • Du 31 mars au 6 avril 2010Haïti Liberté12

Perspectives

Témoignage et réfl exions

Régis Debray en Bolivie et en Haïti (7ème partie et Fin)

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Par Claude Ribbe

En 2004, la France se réconciliait avec les Etats-Unis en participant au renversement du président Jean-Bertrand Aristide. Côté français, le coup d’Etat était organisé par l’intellectuel pseudo-révolution-naire Régis Debray. Témoin privilé-gié de ce drame, l’écrivain Claude Ribbe, qui fut membre de la Com-mission internationale d’experts sur la dette d’Haïti, relate ici le complot, la campagne de diffama-tion contre le président Aristide, son enlèvement et sa séquestration. Paris avait prévu de réinstaller au pouvoir l’ex-dictateur Jean-Claude Duvalier, mais les Etats-Unis im-posèrent au dernier moment leurs hommes, Boniface Alexandre et Gé-rard Latortue.

Le bicentenaire d’Haïti et le coup d’Etat

La France et les USA n’avaient pas ménagé leurs efforts pour que le bicentenaire de la création de l’Etat d’Haïti ne soit pas commémoré, le 1er janvier 2004. Il fallait à tout prix séparer Haïti des Africains, de peur que la petite république cara-ïbe ne devienne un jour l’axe de la renaissance africaine. Régis Debray, Dominique de Villepin et Édouard Glissant, profi tant de son grand âge, étaient allés faire pression sur Aimé Césaire pour qu’il refuse d’assister à la cérémonie, et qu’il donne, de ce fait, sa bénédiction au coup d’État qui était programmé. On lui avait dit qu’Aristide était un dictateur et il le crut. L’Afrique du Sud ne se laissa pas infl uencer par ces mensonges. Un porte-hélicoptères apparut dans la baie de Port-au-Prince une dizaine de jours avant les célébrations. Ce n’est pas sans émotion que j’ai vu arriver les gros hélicoptères envoyés par Thabo Mbeki et qui ronronnaient au-dessus de la ville comme pour montrer que l’Afrique était venue au secours des descendants de ceux qui avaient été arrachés à leur terre par de monstrueux prédateurs. C’était un jour de deuil pour Régis Deb-ray et ses amis. Les Sud-Africains

avaient expédié une équipe pour organiser l’intendance de la céré-monie. Ce sont eux qui établirent les laisser-passer et organisèrent le système de captation du spectacle qui fut monté à la hâte. J’écrivis un petit texte de théâtre pour être joué ce soir là. Le 1er janvier 2004, les cérémonies commencèrent le matin, en présence de Thabo Mbeki, du premier ministre de la Jamaïque, de Maxine Waters, députée de Califor-nie représentant le Black Caucus, de Danny Glover, de Randall Robin-son, et surtout de plus de cent mille Haïtiens qui agitaient des drapeaux en chantant l’hymne national. Ils étaient si nombreux qu’ils s’étaient juchés sur les grilles entourant le jar-din du palais national. Elles plièrent soudain sous le poids de la foule ainsi agglutinée et les plus humbles purent se mêler aux invités offi ciels. Une courte cérémonie devait avoir lieu aux Gonaïves. Quant on sait que l’organisateur en était Gabriel Frédéric, celui-là même qui avait remis à l’ambassadeur Burkard, le 9 novembre, copie du dossier ju-ridique sur la restitution de la dette de la France, on se doute qu’elle fut sabotée et avec l’aide de qui. Il y eut quelques tirs d’armes automatiques en direction du président Aristide et de Thabo Mbeki qui, heureuse-ment, ne furent pas atteints. Le soir, un spectacle fut présenté au Palais national. Les violons de l’orchestre amateur Sainte-Trinité et le ballet national de Cuba furent mis à contri-bution. Le texte que j’avais écrit, Le rêve de Mandela, fut joué par Danny Glover et Jean-Michel Martial. J’étais à peu près le seul Français parmi les invités d’honneur en ce jour histo-rique où l’ambassadeur Burkard gri-maçait plus encore que de coutume. Christiane Taubira était très atten-due, mais elle ne vint pas. Elle expli-quera sans doute un jour pourquoi. Aucun de ceux qui, en France, ont fait depuis de l’esclavage leurs fonds de commerce n’étaient là. Aucun journaliste de la presse occidentale ne rendit compte de l’événement qui, offi ciellement, n’a jamais existé ; pas plus que la bataille de Vertières qui entraîna la capitulation fran-çaise, le 18 novembre 1803. Je quit-tai Port-au-Prince quelques jours après la cérémonie, non sans être allé saluer le président. Il pensait que ces événements seraient niés

un jour et qu’il faudrait témoigner de ce qui s’était réellement passé. Après mon départ, Burkard, Ville-pin frère et soeur, Debray et tous les autres continuèrent leur travail de sape, en liaison constante avec les Etats-uniens. De prétendus rebelles, commandés par un assassin notoire, entrèrent dans le pays pour faire di-version dans le nord. Une délégation fut envoyée à Paris par le président pour rencontrer Villepin et demander l’aide de la France contre ces merce-naires afi n de sauver la démocratie haïtienne. Elle était composée du ministre des Affaires étrangères, de la ministre de la Culture et du directeur de cabinet du président Aristide. J’eus l’occasion de les voir tous trois avant leur rencontre avec Villepin, qui eut lieu dans l’après-midi du vendredi 27 février 2004. Villepin les reçut entre deux portes et leur fi t comprendre que le sort du président Aristide était scellé. Il avoua en avoir eu confi rmation de son homologue Colin Powell en personne. « Il vaudrait mieux qu’il démissionne. C’est toujours mieux que d’être obligé de monter dans un hélicoptère, la nuit, au fond d’un jardin. » Villepin était donc parfaite-ment informé, au moins dès le 27 février, de l’enlèvement, en fait ac-tivement préparé par la France et les USA depuis plusieurs mois. Trois témoins peuvent l’attester.

Dans la nuit du 28 au 29 févr-ier 2004, après une dernière réunion entre l’ambassadeur des USA, Foley, et son homologue français, Burkard, des troupes US (et probablement françaises aussi) pénétrèrent se-crètement en Haïti. Au milieu de la nuit, Luis Moreno, chef de la CIA à Port-au-Prince, se présenta au do-micile privé du président avec une vingtaine d’hommes des forces spé-ciales [8]. Plusieurs dizaines de sol-dats, équipés d’armes à visée laser et de systèmes de vision de nuit, investirent la propriété. Les Etats-uniens obligèrent le président Aris-tide et sa femme à monter dans une voiture qui se dirigea vers l’aéroport. Ils n’avaient pas le choix, leurs deux fi lles se trouvant chez leurs grands-parents, aux USA, et ser-vant d’otages. Un grand avion blanc attendait sur le tarmac. Il ne portait aucune marque d’immatriculation, sauf un drapeau US peint sur la queue. Moreno obligea le couple à

monter. L’avion décolla immédi-atement pour se poser à Antigua. Aristide restait très digne. Sa femme pleurait en silence. Ils n’avaient pas de vêtements pour se changer et se doutaient que leur maison était déjà livrée au pillage. Peut-être allaient-ils mourir sans revoir leurs enfants. L’avion resta cinq heures stationné à Antigua. On refusa aux passag-ers de dire où ils se trouvaient ni ce qu’on allait faire d’eux. L’avion re-décolla et traversa l’Atlantique.

Dominique de Villepin avait négocié avec Bongo pour que ce dernier serve d’intermédiaire au-près de François Bozizé, lequel venait de faire, avec l’aide de la France, un coup d’Etat en Centraf-rique. Les Etats-uniens avaient reçu l’assurance qu’Aristide serait mis en détention dans une « prison militaire française ». Cette prison militaire française était en fait le palais du « président » Bozizé, effectivement contrôlé par un important détache-ment français. L’« ami » qui m’avait fait rencontrer Mme Rossillon était

aussi (le monde étant petit) un ami de Bozizé. Apprenant par la presse l’arrivée d’Aristide en Centrafrique, je suppliai cet « ami » de me mettre en contact avec le dictateur de Ban-gui. Je n’obtins qu’un numéro de té-lécopie qui me permit de faxer une lettre pour que Bozizé m’autorise à joindre Aristide.

Après plusieurs jours d’efforts, je parvins à parler au lieutenant François, qui était le geôlier du président et fi nis par le convaincre de m’autoriser à lui parler. Aristide ne me dit que ces mots : « C’est le Fort de Joux numéro 2 ! » C’était assez clair, puisque le Fort de Joux était le lieu où les Français, après l’avoir enlevé, avaient mis en déten-tion et exécuté Toussaint Louverture (offi ciellement mort de froid et de tristesse). Cette formule était un ap-pel au secours. Je lui demandai s’il pouvait parler aux journalistes. Cela lui était impossible. Je donnai au président un rendez-vous télépho-nique à 17 heures. Je me trouvais cette fois dans les studios de la ra-dio RTL, dont il convient de saluer l’indépendance, et cette conversa-tion fut enregistrée. Le président Aristide déclarait avoir été enlevé avec la complicité de Dominique de Villepin, de sa sœur, Véronique de Villepin-Albanel, de Régis Debray et de l’ambassadeur Thierry Burlkard. La conversation que j’avais eue avec le président Aristide fut diffusée le

lendemain matin, sans aucune cen-sure, au journal de sept heures. Le soir, je récidivais, mais sur TF1 cette fois, grâce à l’amicale complicité de Patrick Poivre d’Arvor, que je dois lui aussi remercier pour son cour-age, puisqu’il réussit, non sans mal, on peut l’imaginer, à imposer le su-jet au journal de 20 heures.

Une troisième rencontre fut organisée par mon entremise, chez Marc-Olivier Fogiel cette fois. Fo-giel avait tenu à faire lui-même l’interview. Elle serait diffusée sur le plateau de France 3 en ma présence. Je fi s confi rmer ces dispositions par écrit. J’établis le contact et Fogiel fi t son interview. Ses collaborateurs avaient préparé des questions du genre : « M. Aristide, vous êtes un dictateur, un trafi quant de drogue et un assassin, et vous avez pris la fuite pour échapper à la fureur du peuple que vous avez trahi, n’est-ce pas ? » Aristide répondit à Fo-giel d’une manière si convaincante et avec un tel calme qu’il devenait évident qu’il avait été calomnié et

enlevé. L’interview du président Aristide et ma présence étaient an-noncées dans toute la presse pour l’émission en direct du dimanche soir. On avait prévu un taxi pour que je m’y rende. Une heure avant le rendez-vous fi xé, le journaliste qui avait monté le sujet m’appela pour me dire que la diffusion et l’entretien exclusif avec le président, de même que ma présence sur le plateau, étaient « déprogrammés ». C’était un stagiaire qui avait encore des illusions. Il était écoeuré par ce qu’il appelait lui-même une censure, ayant travaillé tout le week-end. Je ne reçus jamais d’explication de Fogiel, mais j’imagine que Villepin s’était opposé à cette diffusion en intervenant directement auprès de Marc Tessier, à l’époque président de France Télévisions.

Néanmoins, en partie grâce aux interviews diffusées sur RTL et TF1, et qui fi rent beaucoup de bruit, Bozizé fut obligé de laisser Aristide repartir lorsqu’un avion affrété par les amis démocrates du président (et où se trouvaient notamment Max-ine Waters et Randall Robinson) se rendit, quelques jours plus tard, à Bangui. Au grand dam des Etats-uniens et des Français, Aristide put repartir en Jamaïque et y retrouver ses deux fi lles. Je devais apprendre plus tard qu’il avait été prévu que le président, comme je le pressentais,

Suite à la page (18)

Thabo Mbeki et sa femme accompagnant le président Aristide et son épouse lors des festivités commémorant le bicentenaire de la création

de l’Etat d’Haïti

Les masses populaires n’ont jamais cessé de manifester pour le retour de leur président, honteusement enlevé par les Etats-Unis et la France

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Vol. 3 No. 37 • Du 31 mars au 6 avril 2010 13Haïti Liberté

Perspectives

Bolívar a battu Monroe

La Grèce, fermement ancrée à l’Ouest -

Les règlements favorisent les parieurs au Casino Wall Street (3ème partie)

Les offi ciels grecs ne pouvaient agir seuls. Alors ils ont fait ap-

pel à des gens de leur trempe dans le secteur privé, “en utilisant des instruments fi nanciers complexes préparés par Wall Street pour cacher leur dette” et être autorisés à rejoin-dre la zone Euro [Opposition Grows in Germany to Bailout for Greece, Nicholas Kulish, New York Times, February 15, 2010]. Vivant à temps partiel en Grèce à l’époque, j’avais été très surpris que le pays saute in extremis dans le premier wagon de l’Euro alors qu’il ne semblait pas en avoir la capacité et surtout la ma-turité économique, et que le plan initial envisageait que la Grèce ne rejoigne l’Euro qu’après quelques années. En effet, “jusqu’il y a peu c’était un pays de grands défi cits et de forte infl ation, et c’est pour cette raison qu’il n’avait pas essayé de rejoindre la première vague des pays de l’eurozone en 1998” [Re-vealed: Goldman Sachs’ mega-deal for Greece, Nick Dunbar, Risk maga-zine, 01 Jul 2003].

Mais, après tout, John Thain, chef de Merrill Lynch (2007-2009) n’avait-il pas caché un trou de 15 milliards de dollars dans le bilan de sa compagnie jusqu’à ce que le gouvernement subsidie la vente de sa compagnie. Et ensuite le type est allé faire du ski à Vail au Colorado juste avant de révéler les pertes. Cela ne l’a pas empêché de proposer un bonus de 10 millions de dollars pour lui-même alors que sa compagnie coulait, ni de dépenser 1,2 million de dollars pour l’aménagement de son bureau [The Dirty Dozen – Meet the bankers and brokers responsible for the fi nancial crisis - and the offi -cials who let them get away with it, Rolling Stone, Mar 25, 2009].

Il y avait plusieurs hyènes qui tournaient autour de la Grèce. “L’agence de contrôle comptable de l’UE a demandé la semaine dernière que la Grèce révèle l’information sur les accords de swaps (ndlr: ac-cords d’échange de devises) qu’elle a avec les banques – les rapports de presse indiquent qu’il y a peut-être autant que 15 banques impli-quées dans des accords de dérivatifs avec la Grèce qui ont aidé le pays à cacher le niveau de sa dette derrière des titres équivalent à des mirages” [Next Crash: Which Global Market to Blame?, Eric Rosenbaum, TheS-treet, Feb 24, 2010].

Mais “le meilleur et le plus brillant” était sans conteste Gold-man Sachs. Ils avaient l’expérience. “De 2001 à novembre 2009 (noter la date -- une année complète après Lehman [voir plus loin]) Goldman a créé des instruments fi nanciers destinés à cacher la dette de gou-vernements européens, par exemple par des transactions en devises ou en repoussant la dette dans le futur. Mais non seulement Goldman et les autres compagnies fi nancières ont aidé et encouragé la Grèce à prendre sur elle davantage de dette, ils ont également mis sur pied des swaps de défaut de crédit sur le revenu pro-ductif de dette de la Grèce en pari-ant que la Grèce deviendrait insolv-able. Il ne fait aucun doute qu’ils ont

également pris position quand les conditions fi nancières se sont dété-riorées, pariant sur l’insolvabilité et augmentant les écarts des CDS”.

Ceci aussi est du plus pur Wall Street. Mon courtier à la bourse du Cacao me disait qu’il faisait toujours pour son propre compte l’opération directement opposée à celle deman-dée par ses clients. Huit fois sur dix ils perdent de l’argent. Alors, huit fois sur dix je gagne, disait-il. Cela a même un nom: fading. Pas besoin d’analyses de graphiques ni d’aucune connaissance du marché, de pures statistiques de tripot. Lé-gal? Oui. Moral?...

“De façon générale, ces CDS mènent à des baisses de valeur par les agences de notation, ce qui fait augmenter les écarts. En d’autres termes, Wall Street, menée ici par Goldman et AIG, ont aidé à créer la dette, ils ont ensuite aidé à créer l’hystérie sur de possibles insolv-abilités. Alors que les prix des CDS augmentent et que le degré de solv-abilité de la Grèce s’écroule, le taux d’intérêt que le pays doit payer pour les bons augmente, alimentant une spirale mortelle parce qu’il ne peut diminuer les dépenses ni augmenter les taxes suffi samment pour réduire son défi cit” [Memo to Greece: Make War Not Love with Goldman Sachs, Marshall Auerback & L. Randall Wray, Huffi ngton Post, February 22, 2010].

Pas plus tard qu’en novem-bre dernier on dit que Goldman Sachs “colportait des credit swaps à la Grèce alors que la compagnie recevait de l’aide fédérale à bon marché”’. Il est diffi cile de sevrer le nourrisson et l’arracher à la vache laitière. Bien qu’on devrait plutôt parler de parieur invétéré ou de drogué, au propre comme au fi guré. “Bloomberg rapporte que Goldman a gagné 1 milliard de dollars en sou-scrivant à la dette grecque après le swap de 2001, lequel n’était pas souvent révélé aux investisseurs po-tentiels. Les inspecteurs enquêtent davantage pour voir si Goldman a également profi té de sa connais-sance de la situation fi nancière rée-lle de la Grèce pour parier sur des credit default swaps, lesquels ont augmenté de valeur face aux préoc-cupations quant à la capacité de la Grèce à rembourser ses dettes” [Goldman-Greek Deal “Completely Scandalous” ... and Legal, Aaron

Task, fi nance.yahoo.com, Mar 02, 2010].

“La ministre française des fi nances, Christine Lagarde, a dit qu’Eurostat enquêtait sur ‘la manière qu’une banque marchande, dans ce cas Goldman Sachs, a aidé la Grèce à structurer, reporter une certaine quantité de remboursements de la dette.’ Quand on lui a demandé si la banque avait violé des règles, la ministre a dit: ‘C’est la question que nous devons nous poser et à laquelle nous avons besoin d’une réponse. Et je n’ai pas cette réponse aujourd’hui’”.

Mais la question de la légiti-mité est secondaire, c’est l’objectif qui est le plus important. “On doit savoir tout d’abord s’il s’est agi de falsifi er les comptes et si c’était lé-gal à l’époque où cela a été fait. Et si c’était légal, il sera nécessaire de découvrir si c’était favorable à la stabilité. Probablement pas. Et dans ce cas, comment nous pouvons évi-ter que cela se répète et si de telles mesures ont déjà été prises” a dit Lagarde. [Greek swap deal explana-tion sent to EU, http://au.biz.yahoo.com/100218/2/2bcbt.html Feb 19, 2010].

L’objectif était un camoufl age, “réduire la dette dans le court terme pour correspondre aux critères de l’UE, au prix de paiements d’intérêts plus élevés à long terme” [Eurostat rules described ‘Greek-type’ swap, Alexander Campbell, Risk maga-zine, 18 Feb 2010].

“Ce qui est “tout à fait scan-daleux” est que le swap de devises Goldman-Grèce était légitime selon les règles de l’époque a dit [le cor-respondent économique principal du Financial Times, Martin Wolf. “C’est encore une indication de la manière dont les gouvernements se font complices du secteur fi nancier partout dans le monde pour faire des choses qu’ils ne devraient vraiment pas laisser faire”.

“Et ce que Wolf trouve “absol-ument terrifi ant” est qu’il ne semble pas y avoir d’envie à Washington D.C. pour réformer en substance les règles sur les dérivatifs, ce qui veut dire que ces practices comptables du style Enron restent des procédures d’opération standard tant pour les gouvernements que les compagnies” [Goldman-Greek Deal “Completely Scandalous” ... and Legal,

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John Thain, chef de Merrill Lynch (2007-2009)

Par João Pedro STÉDILE

La journée du 23 février [2010] rest-era dans l’histoire de l’articulation entre les gouvernements et les pe-uples latino-américains. La tenue réussie d’une conférence continen-tale, avec la participation des 33 chefs d’États de tous les pays -à l’exclusion du Canada et des USA-, a marqué, par le biais de la fondation de la Communauté des États latino-américains et caribéens (CELAC), la mort politique de l’Organisation des États Américains (OEA) et le commencement d’une nouvelle étape d’intégration politique entre les Latino-américains eux-mêmes.

Un peu d’histoireL’OEA avait été fondée le 30

avril 1948,, dans le contexte de l’hégémonie politique et militaire des USA sur l’Amérique Latine et dans le climat de Guerre Froide récemment initiée contre les gou-vernements socialistes de l’Est et les forces populaires de nos pays. 21 pays de tout le continent, tous sub-ordonnés aux intérêts de l’empire du nord, participèrent à la conférence fondatrice.

L’objectif était clair : avoir un mécanisme juridique qui permette de soumettre les gouvernements d’Amérique Latine et de la Caraïbe aux intérêts du capital US et mettre en pratique la théorie de Monroe : « L’Amérique pour les Américains »... du nord !

Et il en fût ainsi. Le gou-vernement US transforma l’OEA et les gouvernements subalternes en marionnettes à la solde de ses inté-rêts. Celui qui dépassait la ligne était puni. Ils utilisèrent l’OEA, tout au long de ces décennies, pour justifi er des putschs militaires et des inter-ventions dans presque tous les pays -1954 au Guatemala, 1965 en Ré-publique Dominicaine, ainsi que plu-sieurs autres dans les années 1970. En 1962, ils expulsèrent Cuba de l’organisation après que la Révolu-tion se fût proclamée socialiste ! On se souvient que, plus récemment, le représentant de l’OEA fût le premier à s’adresser au putschiste Pedro Car-mona en tant que président après le coup d’État du 11 avril 2002 au Venezuela. En 2009, les efforts de l’OEA pour empêcher le maintien du régime putschiste au Hondu-ras fûrent ridicules. Tout le monde savait que le complexe industriel et militaire des USA était à l’origine du coup d’État.

Dans le domaine économique, l’OEA parraina, dans les années

1960, l’Alliance pour le Progrès comme réponse aux avancées révo-lutionnaires dans la région. Dans les années 90, elle parraina les initia-tives US de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA)[1]. Dans ses objectifs statutaires fi gure la promo-tion du « libre-échange » dans la région.

Les années ont passé : l’OEA a été discréditée et mise politique-ment en déroute. Elle a même es-sayé d’ouvrir les portes à Cuba -qui a fi èrement refusé de revenir. Et la défaite imposée dans la rue par les mobilisations populaires contre la ZLEA et le putsch militaire au Vene-zuela atteignent à présent les salons diplomatiques.

Décision historiqueLors d’une conférence histo-

rique tenue uniquement entre les présidents latino-américains, même avec la participation de gouverne-ments de droite comme ceux du Mexique, de Colombie et du Pana-má, et hormis le gouvernement illé-gitime d’Honduras -mais acceptant le Honduras en tant que peuple-, les présidents ont pris une décision his-torique : fonder une nouvelle con-férence d’États latino-américains, sans la présence du Canada et des USA.

Naissance de la CELACLa CELAC représente la vic-

toire des peuples d’Amérique Latine sur l’hégémonie du capital et du gouvernement US. Elle équivaut à la récupération du beau rêve de Simon Bolívar qui convoqua en 1826, à Panamá, un congrès latino-américain pour créer une conférence unifi catrice des peuples du Sud aux fi ns d’affronter les empires. Bolívar a enfi n vaincu Monroe.

La CELAC est le fruit de beau-coup d’efforts antérieurs, tout au long de l’histoire. La première con-férence politique de la CELAC, à car-actère constitutif, est déjà décidée. Elle a été fi xée de manière signifi ca-tive en juillet 2011, bicentenaire du début de l’indépendance des pays d’Amérique Latine, et se tiendra à Caracas, au Venezuela -la terre de Simón Bolívar.

Parallèlement à cette con-férence et à l’articulation institution-nelle des États latino-américains, la construction d’une intégration plus politique et populaire est également en marche : l’ALBA-TCP. La Alian-za Bolivariana para los pueblos de nuestra América / Tratado de Com-ercio de los Pueblos

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La CELAC représente la victoire des peuples d'Amérique Latine sur l'hégémonie du capital et du gouvernement US. Bolívar a

enfi n vaincu Monroe (à gauche).

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Vol. 3 No. 37 • Du 31 mars au 6 avril 2010Haïti Liberté14

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La réforme sanitaire aux Etats-UnisPar Fidel CASTRO

Barack Obama croit fanatiquement au système capitaliste impérial-

iste imposé au monde par les États-Unis. « Dieu bénisse les États-Unis », conclut-il ses discours.

Certaines de ses actions ont heurté la sensibilité de l’opinion mon-diale qui avait vu avec sympathie la victoire du citoyen afro-étasunien face au candidat de l’extrême-droite. Prof-itant de l’une des crises économiques mondiales les plus profondes enregis-trées à ce jour et de la douleur causée par le fait que de jeunes Étatsuniens ont perdu la vie ou ont été blessés ou mutilés dans les guerres de conquête génocidaires de son prédécesseur, il a remporté la majorité des voix des 50 p. 100 de ses concitoyens qui daig-naient aller voter dans ce pays dé-mocratique.

Par un sentiment moral élé-mentaire, Obama aurait dû s’abstenir d’accepter le Prix Nobel de la paix, juste au moment où il avait décidé de dépêcher quarante mille soldats de plus à une guerre absurde au cœur de l’Asie. Sa politique militariste, de pillage des ressources naturelles et d’échange inégal avec les pays pau-vres du Tiers-monde ne se différen-cie en rien de celle que ses prédéces-seurs, presque tous d’extrême droite, sauf rares exceptions, ont suivie au long du siècle dernier.

Le document antidémocratique imposé au Sommet de Copenhague à la communauté internationale – qui lui avait fait confi ance pour sa promesse de coopérer à la lutte contre les changements climatiques – a été un des autres faits qui ont déçu bien des gens dans le monde. Les États-Unis, les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre, n’étaient pas disposés à faire les sacrifi ces nécessaires, malgré les fl atteries antérieures de leur prési-dent. Il serait interminable de recens-er ici les contradictions entre les idées que la nation cubaine a défendues au prix de grands sacrifi ces pendant un demi-siècle et la politique égoïste de son colossal voisin.

Nous n’avons pourtant aucune animadversion contre Obama, en-core moins contre le peuple étasu-nien. Nous estimons que la réforme de santé a constitué, au terme d’une bataille importante, un succès de son administration. Il semble toutefois in-solite qu’il ait fallu attendre deux cent trente-quatre ans après la Déclaration d’Indépendance de Philadelphie, en 1776, qui s’inspirait des idées des encyclopédistes français, pour que le gouvernement de ce pays fasse approuver des soins médicaux pour l’immense majorité des citoyens, quelque chose que Cuba a implanté pour toute la population voilà un demi-siècle malgré le blocus cruel et inhumain imposé et toujours en vi-gueur par le pays le plus puissant qui ait jamais existé. Auparavant, c’est seulement presqu’un siècle après l’indépendance et au terme d’une guerre sanglante qu’Abraham Lin-coln put arracher l’affranchissement des esclaves.

Je ne peux, par ailleurs, m’empêcher de penser à un monde où plus du tiers de la population manque de soins médicaux et des mé-dicaments essentiels pour garantir la santé, une situation qui s’aggravera à mesure que, compte tenu des change-ments climatiques, la rareté d’eau et d’aliments empirera, dans un monde globalisé où la population augmente, les forêts disparaissent, les terres agricoles diminuent, l’air devient ir-respirable, et où l’espèce humaine

qui l’habite – apparue voilà moins de deux cent mille ans, soit trois mil-liards cinq cent millions d’années après le surgissement des premières formes de vie sur la planète – court vraiment le risque de disparaître en tant que telle.

En admettant que la ré-forme sanitaire soit un succès pour l’administration Obama, le président des USA ne peut ignorer que les changements climatiques constituent une menace pour la santé, pis encore pour l’existence même de toutes les nations du monde, quand l’élévation de la température – au-delà des lim-ites critiques prévues – diluera les eaux congelées des glaciers, et que les dizaines de millions de kilomètres cubiques emmagasinés dans les énormes couches de glace accumulées dans l’Antarctique, le Groenland et la Sibérie fondront en quelques dizaines d’années, laissant sous les eaux toutes les installations portuaires du monde et les terres où une grande partie de la population mondiale vit, se nourrit et travaille aujourd’hui.

Obama, les leaders des pays riches et leurs alliés, leurs scienti-fi ques et leurs centres de recherche dernier cri le savent. Il est impossible qu’ils l’ignorent.

Je comprends la satisfaction avec laquelle le président s’exprime et reconnaît dans son discours la con-tribution des membres du Congrès et de l’administration qui ont permis ce miracle de la réforme sanitaire, laquelle consolide la position de son administration face aux lobbyistes et aux mercenaires de la politique qui limitent ses facultés. Le retour à la Maison-Blanche de ceux qui ont promu les tortures, les assassinats contractuels et le génocide serait pire. Obama est quelqu’un d’intelligent, incontestablement, et d’assez bien informé pour savoir que je n’exagère pas. J’espère que les sottises qu’il exprime quelquefois au sujet de Cuba n’obscurciront pas son intelligence.

Après le succès de cette bataille pour le droit de tous les Étatsuniens à la santé, douze millions d’immigrants, en leur immense majorité des Latino-américains, des Haïtiens et autres Caribéens réclament leur légalisation aux USA où ils font les travaux les plus durs et dont ne peut se passer la société étasunienne au sein de laquelle ils sont arrêtés, séparés de leurs famille et renvoyés dans leurs pays. L’immense majorité a émigré aux USA à cause des tyrannies impo-sées par ceux-ci aux pays de la région et de la pauvreté brutale à laquelle ils ont été soumis par suite du pillage de leurs ressources et de l’échange inégal. Les envois de fonds familiaux

constituent un pourcentage élevé du PIB de ces pays. Ils attendent main-tenant un acte de justice élémentaire. Si on a imposé au peuple cubain une loi d’Ajustement qui encourage le vol de cerveaux et le prive des jeunes qu’il a formés, pourquoi emploie-t-on des mesures aussi brutales contre les immigrants illégaux des pays latino-américains et caribéens ?

Le séisme dévastateur qui a frappé Haïti – le pays le plus pau-vre d’Amérique latine –une catas-trophe naturelle sans précédent qui a entraîné la mort de plus de deux cent mille personnes, et les terribles dommages économiques qu’un au-tre phénomène similaire a causés au Chili sont des preuves éloquentes des dangers qui menacent ce qu’on ap-pelle la civilisation et de la nécessité d’adopter des mesures draconiennes qui offrent à l’espèce humaine l’espoir de survivre. La Guerre froide n’a ap-porté aucun bénéfi ce à la population mondiale. Malgré leur immense pou-voir économique, technologique et scientifi que, les USA ne pourraient pas survivre à la tragédie qui plane sur la planète. Le président Obama doit chercher sur son ordinateur les données pertinentes et converser avec ses scientifi ques les plus éminents, et il verra combien son pays est loin d’être le modèle qu’il préconise pour l’humanité.

En tant qu’Afro-Étasunien, il y a souffert l’affront de la discrimina-tion, selon ce qu’il raconte dans son livre : « Les rêves de mon père » ; il y a connu la pauvreté où vivent des dizaines de millions d’Étasuniens ; il y a été éduqué, mais il y a aussi joui, après avoir réussi comme profession libérale, des privilèges de la classe moyenne riche et il a fi ni par idéaliser le système social du pays où la crise économique, les vies inutilement sac-rifi ées d’Étasuniens et son incontest-able talent politique lui ont donné la victoire électorale. Pourtant, Obama est pour la droite la plus obtuse un extrémiste contre lequel elle menace de continuer de batailler au Sénat afi n de neutraliser les effets de la réforme sanitaire et de la saboter ouvertement dans plusieurs États en déclarant in-constitutionnelle la loi adoptée.

Les problèmes de notre époque sont encore plus graves.

Le Fonds monétaire interna-tional, la Banque mondiale et d’autres organismes internationaux de crédit, sous le contrôle rigoureux des USA, permettent aux gouvernements de ce pays de renfl ouer les grandes banques étasuniennes – créatrices de paradis fi scaux et responsables du chaos fi -nancier sur la planète – à chacune

des crises fréquentes et croissantes du système.

La Réserve fédérale des États-Unis émet à sa guise les devises convertibles qui paient les guerres de conquête, les profi ts du complexe militaro-industriel, les bases militaires disséminées à travers le monde et les gros investissements par lesquels les transnationales contrôlent l’économie dans de nombreux pays du monde. Nixon suspendit unilatéralement la conversion du dollar en or, tandis que les caves des banques de New York abritent sept mille tonnes d’or, soit un peu plus de 25 p. 100 des réserves mondiales, contre plus de 80 p. 100 à la fi n de la Deuxième Guerre mon-diale. On argumente que la dette pub-lique des États-Unis dépasse les dix billions de dollars, soit plus de 70 p. 100 de leur PIB, tel un fardeau trans-mis de génération en génération. En fait, c’est l’économie mondiale qui paie cette dette grâce aux énormes dépenses en biens et services qu’elle fait pour acheter les dollars par lesquels les grosses transnationales de ce pays se sont emparées d’une part considérable des richesses du monde et soutiennent la société de consommation dans cette nation. N’importe qui comprend que ce sys-tème est insoutenable et pourquoi les secteurs les plus riches des États-Unis et leurs alliés dans le monde le défendent, alors qu’il ne repose que sur l’ignorance, les mensonges et les réfl exes conditionnés, semés dans l’opinion publique à travers le mono-pole des médias, dont les principaux réseaux Internet.

Aujourd’hui, l’échafaudage s’effondre devant l’avancée accélérée des changements climatiques et leurs conséquences funestes qui placent l’humanité devant un dilemme excep-tionnel. Les guerres entre puissances ne semblent plus être la solution aux grandes contradictions, comme elles le fûrent jusqu’à la seconde moitié du XXe siècle. Mais elles ont infl ué à leur tour de telle manière sur les facteurs qui assurent la survie de l’humanité qu’elles risquent de mettre fi n préma-turément à l’existence de l’espèce in-telligente qui habite notre planète.

Voilà quelques jours, je me suis dit, convaincu que, compte tenu des connaissances scientifi ques ac-tuelles, l’être humain devra régler ses problèmes sur cette planète-ci, la Terre, car il ne pourra jamais par-courir la distance qui sépare le Soleil

de l’étoile la plus proche, située à plus de quatre années-lumière, une vi-tesse qui, comme le savent nos collé-giens, équivaut à 300 000 kilomètres par seconde, à supposer qu’il existe autour de ce Soleil une planète sem-blable à notre belle Terre.

Les États-Unis investissent des sommes fabuleuses pour vérifi er s’il y a de l’eau sur la planète Mars et s’il y a existé ou s’il y existe une forme de vie élémentaire. Personne ne sait pourquoi, sinon par simple curiosité scientifi que. Entretemps, des millions d’espèces disparaissent à un rythme croissant sur notre planète à nous et ses fabuleuses quantités d’eau sont constamment empoisonnées.

Les nouvelles lois de la science – à partir des formules d’Einstein sur l’énergie et la matière et la théorie du « Big Bang » comme origine de mil-lions de constellations et d’étoiles infi nies, et d’autres hypothèses – ont provoqué de profonds changements dans de concepts fondamentaux comme l’espace et le temps qui at-tirent l’attention et engendrent les analyses des théologiens. L’un d’eux, notre ami brésilien Frei Betto, aborde la question dans son livre : « La obra del artista : Une vision holística del Universo », qui a été présenté à la dernière Foire internationale du livre de La Havane.

Les avancées de la science ces cent dernières années ont eu des re-tombées sur les approches tradition-nelles qui ont prévalu des milliers d’années durant dans les sciences sociales, voire en philosophie et en théologie.

Les plus honnêtes penseurs por-tent beaucoup d’intérêt aux nouvelles connaissances, mais nous ne savons absolument rien de ce que pense le président Obama sur la compatibilité entre les sociétés de consommation et la science.

En attendant, il vaut la peine de réfl échir de temps à autre sur ces questions. L’être humain ne cessera pas pour autant de rêver et de pren-dre les choses avec la sérénité requise et des nerfs d’acier. C’est du moins le devoir de ceux qui ont choisi le métier de politiciens et de ceux qui se font le noble et incontournable propos d’instaurer une société humaine sol-idaire et juste.

Fidel Castro Ruz

Le 24 mars 2010

En admettant que la réforme sanitaire soit un succès pour l’administration Obama, le président des USA ne peut ignorer que les

changements climatiques constituent une menace pour la santé

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Vol. 3 No. 37 • Du 31 mars au 6 avril 2010 15Haïti Liberté

Perspectives

L'Amérique latine et le mouvement des non-alignésPar Luis Britto García

Tout comme la conquête de l’Amérique, à partir de 1492, fût

la plus grande opération de colonisa-tion jamais entreprise, son Indépen-dance fût une des plus importantes gestes de décolonisation. C’est la soumission puis la libération de tout un continent et un hémisphère terrestre par rapport à quatre puis-sances européennes. L’apport économique de cette opération de pillage a été décisif pour le destin de l’Europe et du monde. Les fl ots de métaux précieux, ainsi que les produits végétaux qui les ont accom-pagnés, décidèrent de l’hégémonie de l’Espagne durant deux siècles. La déroute des musulmans en Eu-rope, la mise en place du capitalisme comme mode de production domi-nant et les hégémonies successives des empires à travers le commerce et l’expansion globale et violente, pri-rent la relève de l’Espagne.

L’impératif de l’unitéAprès les indépendances

américaines, les pays libérés com-prirent, comme le feront par la suite les pays non alignés, la nécessité de l’unité pour maintenir leur autono-mie et cimenter la coopération mutu-elle. Les colonies anglaises établirent la puissante union que l’on connaît comme Etats-Unis. Les libérateurs latino-américains ont toujours pensé l’indépendance comme une entre-prise continentale. Des troupes ven-ues des plaines du Venezuela et de la pampa argentine gagnèrent à Aya-cucho. Bolivar a libéré ce qui forme aujourd’hui 6 pays. Avec 3 de ces pays il constitua l’énorme bloc de la Grande Colombie, et déjà en 1826 il tenta de consolider une union entre les peuples latino-américains lors du Congrès de Panama. Cette union devait servir de muraille contre les tentatives de reconquête comme ceux planifi és par la Sainte Alliance, créer un espace pour la collaboration économique et constituer un centre géopolitique de première importance grâce au canal de Panama, que Bo-livar pensait déjà à construire. Les 2 grands projets de consolidation ren-contrèrent des destins opposés. Les Etats-Unis préservèrent leur union, se répandant aux dépens de leurs voisins et en prenant le chemin qui les mènera à être la première puis-sance mondiale. L’Amérique Latine se divisa, fragmentant ce qui avait été 5 royautés jusqu’à les convertir en 25 pays, dont la faiblesse a per-mis qu’ils fûrent de nouveau domi-nés.

L’émancipation politique et la dépendance économique

En Amérique Latine est appar-ue la seconde conviction que parta-gent les pays non alignés: qu’après avoir lutté pour l’émancipation politique, il faut lutter pour l’émancipation économique, stra-tégique et culturelle. Nos pays ont payé leurs Indépendances avec des dettes extérieures destructrices qui ont hypothéqué notre futur. Haïti a dû indemniser les anciens proprié-taires d’esclaves avec l’équivalent de 20.000 millions de dollars actu-els. La Grande Colombie a commen-cé sa vie indépendante avec une dette de 10 millions de livres ster-ling, qui fût divisée quand la grande union se fragmenta en 3 pays. Les Etats-Unis ont choisi le protection-

nisme comme chemin invariable vers le développement économique. L’Amérique Latine, au contraire, a

souscrit des traités de libre commerce avec des pays plus développés, ce qui l’empêcha de protéger ses in-dustries et ses exportations mais ne mit pas de frein au protectionnisme dissimulé des grandes puissances. Pour la naissante Amérique Latine, l’Indépendance politique équivalait, comme ce fût le cas par la suite avec de nombreux pays non alignés, à une rotation de métropoles.

Les États-Unis, de coloni-sés à colonisateurs

L’Amérique Latine fût le pré-lude de la troisième situation pos-sible pour les pays non alignés: certaines colonies libérées peuvent à leur tour se convertir en pays domi-nateurs face à d’autres Etats libérés de la colonisation. L’Amérique Latine et les Caraïbes fûrent sujets durant une grande partie du 19ème siècle aux hégémonies et même aux

invasions de la France, la Hollande et de l’Angleterre. Mais depuis la fi n de ce siècle les Etats-Unis, à travers

la doctrine Monroe, tentent de se réserver l’hémisphère comme une sorte d’empire soumis à sa tutelle économique, politique et stratégique. Cette hégémonie a été imposée par une cinquantaine d’interventions armées, et régie par des organisa-tions comme l’Union Panaméricaine depuis 1899, ou l’Organisation des Etats Américains depuis 1945. C’est aussi depuis cette date que nos pays se sont obligés, à travers le Traité Interaméricain d’Assistance Récip-roque, à s’envahir militairement en cas de supposée agression «extra-continentale», qui serait prouvée par l’inclination du pays victime vers une politique socialiste. On peut vé-rifi er cette situation par le fait qu’à la conférence de Bandung en 1955, aucun pays latino-américain n’était présent. L’Amérique Latine et les Caraïbes paraissaient être « L’arrière Cour » des Etats-Unis.

L’Amérique latine et les caraïbes défi ent l’hégémonie

Dans ce panorama, 2 ans à peine après la conférence de Band-ung, un autre point fondamental de l’agenda des Non alignés apparaît: des petits pays non alignés et non développés économiquement peu-vent défi er l’hégémonie avec succès, y compris celle de la plus grande puissance économique et militaire de la terre. Depuis 1959, Cuba nous en-seigne comment donner de la cohé-sion à un peuple pour résister aux interventions militaires directes et à un embargo indéfi ni, en s’appuyant sur le jeu bipolaire mais sans céder à aucune souveraineté. Après de nombreuses tentatives, qui dans de nombreux pays sont étouffées par l’intervention ouverte ou dissimulée des Etats Unis, une révolution so-cialiste triomphe aussi au Nicaragua, une insurrection invincible persiste en Colombie, et au détour du siècle les victoires électorales portent au pouvoir des mouvements proclamés socialistes au Venezuela, en Bolivie, en Equateur, et à des candidats pro-gressistes au Brésil, Paraguay, Uru-guay, Argentine et Honduras. Des pays comme le Venezuela, la Bolivie et l’Equateur récupèrent le contrôle total sur les industries qui exploit-ent leurs ressources naturelles, et mettent en place des politiques de dépenses publiques, alphabétisa-tion, éducation et santé gratuites. Le projet étasunien de Zone de Libre Commerce des Amériques (ALCA) est complètement vaincu, alors que le Mercosur se fortifi e. L’Union des Nations Sud-Américaines est créée, ainsi que des institutions comme le conseil sud-américain de Défense, la Banque du Sud, pour remplacer la Banque Mondiale et le FMI, et le Sucre, le Système Unifi é de Com-pensations de Réserves. L’aliénation préalable est brisée; à tel point que le Sommet 2006 du Mouvement des Non Alignés a lieu à La Havane, et actuellement les pays suivants, latino-américains et caribéens, sont membres du mouvement: Antigua y Barbuda, Bahamas, Barbade, Be-lize, Bolivie, Chili, Colombie, Cuba, République Dominicaine, Equateur,

Grenade, Guatemala, Guyane, Haïti, Honduras, Jamaïque, Nicaragua, Panama, Pérou, Saint Vincent et les Grenadines, San Cristobal , Sainte Lucie, Suriname, Trinité et Tobago, Uruguay et Venezuela.

Le Venezuela, à travers l’ALBA (Alternative Bolivarienne pour l’Amérique) propose une nouvelle alliance basée sur la collaboration mutuelle et l’intégration régionale et non pas sur l’intérêt économique, et ouvre le pas à une nouvelle poli-tique multipolaire orientée vers la collaboration du Sud avec le Sud, vers le G-77, vers les marchés af-ricains et asiatiques et les intégrants du MNOAL (Mouvement des pays non-alignés).

L’unipolarité contre-at-taque

Les Etats-Unis répondent avec une politique agressive de Coup de Gourdin : ils mobilisent la IVème fl otte dans les Caraïbes, établis-sent 2 bases militaires à Curaçao et Aruba, 7 bases en Colombie et 2 supplémentaires au Panama. Ils fa-vorisent et légitiment un coup d’Etat au Honduras, fi nancent l’opposition des gouvernements progressistes et occupent militairement Haïti. Une fois de plus, ils tentent de ré-soudre militairement des problèmes économiques, sociaux, politiques et culturels qu’ils ne savent pas gérer.

Les non alignés répondentLes considérations antérieures

ratifi ent la validité de l’idée qui an-ime le Mouvement des Non Alignés. La chute du monde bipolaire nous montre que la diversité de cultures et d’Etats est toujours en vigueur. La situation précaire de beaucoup des pays décolonisés face aux grandes puissances qui prétendent toujours exercer leur pleine hégémonie et ne se résignent pas au concept de monde multipolaire, requiert une union qui permette d’échanger des points de vue, de concevoir des stratégies et d’affi rmer le droit à la survie, à l’indépendance et à la sou-veraineté de l’immense majorité des pays et des habitants de la planète.

Source : luisbrittogarcia-fr.blogspot.com 22 février 2010

Cuba si Lorraine 28 mars 2010

Les dirigeants des pays non-alignés. Ils sont actuellement 116 pays membres (53 d'Afrique, 38 d'Asie, 24 d'Amérique latine et les Caraïbes et un d'Europe (Bélarus).

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Vol. 3 No. 37 • Du 31 mars au 6 avril 2010Haïti Liberté16

A Travers le monde

Par Benjamin BEUTLER

Le Sénat bolivien a promulgué en milieu de semaine une « loi pour combattre la corruption, l’enrichissement illégal et contrôler les patrimoines »La loi a pu être votée sans crainte de l’opposition, le parti au pouvoir, le MAS (Mou-vement vers le socialisme) ayant obtenu aux dernières législatives, en décembre 2009, une confort-able majorité des 2/3. Il s’agit « de justice et non de vengeance » selon le Président Evo Morales.

Tout d’abord on pourra main-tenant poursuivre en justice les per-sonnes qui occupent des charges publiques et se sont enrichies illé-galement aux dépens des biens publics. Ceux qui se sont enrichis

brusquement devront désormais justifi er de leurs avoirs si ceux-ci éveillent les soupçons des autori-tés. Les sanctions vont de la possi-bilité de confi scation de la propriété privée jusqu’à 14 ans de prison.

Cette loi anti-corruption a reçu le nom du fondateur du « Parti socialiste » (PS), Marcelo Quiroga Santa Cruz. Politicien, écrivain et intellectuel éminent, ce dernier a été assassiné en 1980 sous la dic-tature militaire. « Il s’agit d’une loi effi cace, très sévère et drastique », a déclaré le vice-Président Àlvaro Garcia Linera. C’était, selon lui, la seule façon d’envoyer un signal «qui change enfi n le comportement et la mentalité des gens.»

Refusant explicitement la pé-remption, la nouvelle loi (38 para-graphes) sera une arme puissante. Elle est rétroactive et ne prévoit de

péremption que pour des cas excep-tionnels. Aucune immunité ou trait-ement particulier ne sera accordé aux ministres, parlementaires, com-mis de l’État ou fonctionnaires.

L’opposition qui, au Sénat tentait depuis lundi d’empêcher surtout l’absence de péremption, a mis en garde contre le démar-rage d’une « chasse aux sorcières ». Cette loi serait un « prétexte pour placer sous contrôle toutes les institutions publiques », selon Germán Antelo, président du parti de droite « Concertation nationale» (CN). Cette protestation n’étonne personne : les anciennes élites craignent surtout pour les titres de propriété et les prébendes prises sur les fonds publics que leur ont oc-troyées les dictatures militaires en échange de leur indéfectible sou-tien. Depuis sa première version,

en 1996, les partis conservateurs avaient toujours réussi à empêcher le vote de cette loi. Même la vic-toire électorale du MAS n’avait pas suffi à la faire adopter. En 2006 la première barrière était tombée : le MAS l’avait faite passer à la Cham-bre des députés. Mais au Sénat la droite avait barré la route à toutes les tentatives. Ce sont seulement les nouveaux rapports de force établis aux élections de décembre qui ont défi nitivement ouvert la voie.

Traduit par Michèle Mialane. Édité par Fausto Giudice deux membres de Tlaxcala, le réseau in-ternational de traducteurs pour la diversité linguistique.

Article original publié le 7 mars 2010

Tlaxcala: 24 mars 2010

Il veille à titre posthume à l’ordre et à la légalité : le socialiste Marcelo Quiroga Santa Cruz

Québec : Les travailleurs du secteur public manifestent contre la vague de concessions demandées par le gouvernement

En Bolivie, une loi sévère contre la corruption

Par WSWS

Plus de 75.000 travailleurs du sec-teur public, infi rmières, enseig-

nants, fonctionnaires et ceux qui les appuient dans leur lutte ont mani-festé samedi dernier à Montréal. Plus de 75.000 travailleurs québécois du secteur public ont marché au centre-ville de Montréal samedi dernier pour manifester contre les demandes de concessions du gouvernement libéral provincial.

Venant de tous les coins du Qué-bec, y compris de régions éloignées comme la Gaspésie et le lac St-Jean, des travailleurs d’hôpitaux, des in-fi rmières et d’autres travailleurs de la santé, des fonctionnaires, des enseig-nants du primaire, du secondaire et du CÉGEP ainsi que du personnel de sou-tien ont participé à la manifestation. En 2005, le gouvernement libéral de Jean Charest avait, par décret, retiré au demi-million de travailleurs du sec-teur public de la province leurs droits de négociation collective et de grève et leur avait imposé un contrat d’une durée de six ans et demi avec trois ans de gel salarial.

Dans les négociations actuelles, qui doivent mener au remplacement des contrats imposés par décision du gouvernement en 2005, les libéraux cherchent à imposer un contrat de cinq ans, d’autres diminutions du salaire en termes réels et la diminution des con-ditions en milieu de travail. La hausse du nombre maximum d’étudiants par classe et l’obligation pour les in-fi rmières ayant de l’ancienneté de faire des quarts de nuit en sont des exemples.

Récemment, le gouvernement a indiqué qu’il s’apprêtait à nouveau à recourir à une loi spéciale pour impos-er une « entente ». Vendredi dernier, à la veille de la manifestation inter-syndicale (Front commun), la prési-dente du Conseil du trésor, Monique Gagnon-Tremblay, a dit qu’elle était prête à laisser les négociations se pour-suivre quelques jours après l’échéance du contrat actuel le 31 mars, mais qu’elle n’allait pas permettre qu’elles « s’éternisent ». Tremblay a ainsi af-fi rmé qu’il était question dorénavant d’un « blitz de négociations ».

La taille de la manifestation de samedi était une indication de la

colère qui gronde dans la classe ou-vrière, face à la baisse du niveau de vie et la détérioration des services publics et des programmes sociaux. Mais pour les dirigeants syndicaux, la manifestation était un stratagème : une manoeuvre visant à diminuer la pression venant de la base et non un moyen pour préparer une contre-offensive de la classe ouvrière contre le gouvernement libéral et la classe di-rigeante. Cette dernière presse Charest d’utiliser le retour du défi cit dans la province et le vieillissement de la pop-ulation comme prétextes pour étendre la privatisation du système de santé, augmenter entr’ autres les frais uni-versitaires et de garderies ainsi que les tarifs d’électricité et sabrer les services offerts par l’Etat.

Les brefs discours prononcés à la manifestation par la chef de la Confédération des syndicats nation-aux (CSN), Claudette Charbonneau, le président de la Fédération des tra-vailleurs du Québec (FTQ), Michel Arsenault, et Dominique Verreault du Secrétariat intersyndical des ser-vices publics (SISP) étaient insipides et d’esprit de clocher. Les chefs syn-dicaux ont appelé au gouvernement Charest de droite à négocier de bonne foi. Ils n’ont fait aucune référence à l’assaut contre les services publics et les emplois de la fonction publique par le gouvernement conservateur fédéral

et les gouvernements provinciaux à travers le Canada. Ils n’ont évidem-ment pas plus mentionné les luttes qui ont émergé en Grèce et ailleurs au mo-ment où les travailleurs résistent aux tentatives de la grande entreprise de les faire payer pour la crise du système capitaliste.

Dans une entrevue publiée dans le quotidien La Presse le jour de la manifestation, le premier min-istre Charest n’a laissé aucun doute qu’il considérait que les syndicats or-ganisaient une lutte pour la forme. « Nous sommes généralement satisfaits de l’approche prise par les dirigeants syndicaux », a dit Charest. « Ils font leurs manifestations… Je ne dirais pas que c’est du théâtre, ils font leurs représentations pour avoir leur part du gâteau. » [retraduit de l’anglais]

Même si le gouvernement a sig-nalé à plusieurs reprises qu’il était prêt à imposer des concessions au moyen d’une loi spéciale décrétant le contrat collectif, les syndicats n’envisagent même pas de grèves avant le mois de septembre. Et les dirigeants syndicaux n’ont pas dit un mot sur la réponse des travailleurs, si jamais les conditions de travail étaient décrétées encore une fois par le gouvernement ; ce qui sig-nale qu’ils vont affi rmer qu’ils ont les mains liées et que rien ne peut être fait sauf attendre la prochaine élection et remplacer les libéraux par l’autre parti

de la grande entreprise rivale, le Parti québécois (PQ).

Depuis que le PQ de René Lévesque, bénéfi ciant de l’appui des organisations syndicales, a imposé de très importantes concessions aux tra-vailleurs du secteur public en 1982-83, les syndicats ont capitulé une fois après l’autre devant les lois interdisant les grèves et l’imposition de contrats par décret gouvernemental. En 1996, ils ont donné leur plein appui à la campagne du gouvernement péquiste pour éliminer les défi cits du budget provincial. Ils s’étaient joints au gou-vernement pour imposer des coupes massives des dépenses sociales et ont développé un programme de dé-part anticipé à la retraite qui a facilité l’élimination de dizaines de milliers d’emplois du secteur public.

Dans les négociations actuelles, le PQ s’est solidarisé sans surprise avec le gouvernement Charest. En janvier, la dirigeante du PQ Pauline Marois a caractérisé les demandes salariales des travailleurs du secteur public comme « exagérées ».

Des partisans du Parti de l’égalité socialiste au Canada ont distribué une déclaration lors aux manifestants de samedi dernier qui insistait sur la né-cessité pour les travailleurs du secteur public de faire de leur lutte le fer de lance d’une mobilisation militante et politique de toute la classe ouvrière

en défense des services publics, des emplois et des droits des travailleurs.

On pouvait y lire que cette lutte « exige avant tout des travailleurs une rupture avec la bureaucratie priv-ilégiée qui contrôle les syndicats. Une longue expérience historique mondi-ale avec la forme d’organisation syn-dicale a démontré que celle-ci est ina-déquate pour défendre les conquêtes sociales obtenues dans les luttes pas-sées, encore moins pour en arracher de nouvelles. Depuis la fi n des an-nées 1970, en réponse au tournant de l’élite dirigeante d’une politique de compromis social vers une stratégie de guerre de classe, les syndicats se sont transformés en instruments pour imposer l’austérité capitaliste. Ce fai-sant, ils se sont pleinement intégrés aux instances patronales et gou-vernementales (comités tripartites, Fonds de solidarité, etc).

« En opposition à ces défen-seurs endurcis du capitalisme, les travailleurs doivent faire renaître leurs traditions de luttes militantes, et surtout se tourner vers une nouvelle perspective politique : la lutte pour un gouvernement ouvrier qui utilise-rait les vastes ressources disponibles pour satisfaire les besoins sociaux de tous, et non la soif de profi ts d’une minorité. »

Wsws 27 mars 2010

Plus de 75.000 travailleurs du secteur public, infi rmières, enseignants, fonctionnaires et ceux qui les appuient dans leur lutte ont manifesté samedi dernier à Montréal

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Vol. 3 No. 37 • Du 31 mars au 6 avril 2010 17Haïti Liberté

prétendue commission est formée de sept (7) représentants haïtiens, dix (10) membres étrangers votants et trois (3) membres non-votants, représentant l’Organisation des Etats Américain, les ONG et la diaspora haïtienne. Il est dit aussi à la page 32, traitant de cette commission, qu’elle est présidée par une person-nalité haïtienne et un représentant étranger. Cela démontre très claire-ment, contrairement aux mensonges de l’impérialisme, qu’Haiti est un pays sous tutelle étrangère.

Dans cet imbroglio, de préten-dues plateformes s’attaquent au plan, pas pour dénoncer son inféodation à l’impérialisme, son caractère anti-national et anti-populaire, mais bien pour réclamer leur part du gâteau,

plus gros, parait-il, que celui qui a été partagé par les GNBistes après le coup d’Etat/kidnapping du 29 février 2004. C’est aussi la position du sec-teur des affaires, de la société civile minoritaire et de certains parlemen-taires GNBistes.

Somme toute, tout n’est pas perdu, malgré la diffi cile situation existante en Haiti, sur cet échiquier politique de plus en plus confus. Les patriotes haïtiens, malgré la situation de totale démobilisation des masses populaires, doivent se battre contre les forces colonio-impérialistes.

Haiti vit une situation toute particulière, avant et après le séisme ravageur, d’une montée en puissance des forces conservatrices. Pourtant la bataille n’est pas perdue. Elle retrou-

vera son dynamisme, sa cohésion, même si aujourd’hui le peuple n’est pas représenté au niveau étatique, même si l’exclusion est la règle ab-solue.

La conférence de New York du 31 mars, comme toutes les au-tres, niera Haiti pour la défense et l’illustration des intérêts d’une mi-norité bourgeoise d’ici et d’ailleurs. Les patriotes doivent continuer à convaincre la majorité nationale que la voie de la mise sous tutelle, de l’implantation du néolibéralisme, n’est pas la voie royale pour sortir la nation de la grave crise actuelle ; mais que la solution réside dans une politique d’intégration nationale, de développement national axé sur la production agricole et industrielle.

Suite de la page (3)

Soti nan paj 6yo detan yo pa janm neglije sèvi ak mizè yo pou yo fè gwo mago.

KADAV ak KAL di frè n ak sè n ak tout ki te viktim Tè Tranble Revokasyon Koudeta Kidnapin 29 fevriye 2004 la pou yo pa kite pesonn kraponnen yo pou yo de-mobilize. Paske tout moun konnen aklè peyi a pap janm al okenn kote ak menm GNB sa a yo ki chanpyon nan fè Kadejak sou dwa moun detan yo sèvi ak zam Revokasyon gwo ponyèt pou konbat pitit mas pòv yo. KADAV ak KAL ap di frè n ak sè n ki te viktim Tè Tranble Revoka-syon Koudeta Kidnapin 29 fevriye 2004 yo Kouray detan n ap Kenbe Fèm pou n pa lage gwo Zam Mo-bilizasyon sa a nou gen nan men n nan. Kontinye Òganize n anba tant yo anba prela a yo anba dra a yo anba ranyon yo pou n kontinye re-klame Jistis ak Reparasyon.

Kouray pou n Batay pou Leta a pa rete tout tan anba grif GNB Zagoloray yo pou fè Abi ak Revoka-syon gwo ponyèt sou tout moun ki pa GNB menm jan ak yo. KADAV ak KAL ap di tout « minis » ki te konn e ki jis jounen jodi a kontinye ap trete 75 anplwaye Jounal Linyon yo ak lòt anplwaye Revoke yo tankou chen yo, yon gwo dividal

Mèsi anpil. Paske pesonn pat janm kwè yo te ka bay pi bon rezilta pase sa. Yon peyi tèt anba, yon peyi de-patcha, yon peyi an boulatcha kote abi, lenjistis, mechanste ak lòt ka-lte vyolasyon dwa moun fè 5 pou 5. Se konsa blan an vle l. Se konsa l ye. Men, l pap ka ret konsa pou tout tan.

Pou fi ni, KADAV ak KAL ap di tout anplwaye Revoke yo ki kontinye ap pase mizè anba tant yo, anba prela oubyen anba seren anba kout kalòt grenn lapli detan pitit yo ap soufri nan grif grangou ak lòt ka-lte maladi :

Kouray, Laviktwa se pou Pèp ki kwè nan Batay, Kouray, Laviktwa se pou Pèp ki pa pè Batay,

Kouray, Laviktwa se pou Pèp ki konn Batay, Kouray, La-viktwa se pou Pèp ki pa pè GNB Zagoloray,

Viv Lit Anplwaye revoke yo, Viv Lit pèp Ayisyen an, Aba Zentèlektyèl GNB Zagoloray Kadejakè.

Pou Komite a: James DORVIL (Kòdonatè Annapre)

Pòtoprens jou ki 23 mas 2010 la

Par Kim Ives

Quand cet article paraîtra le 31 mars au matin, la Conférence

des Donateurs trompetée à grand renfort de publicité sera en train de se dérouler au siège central des Na-tions Unies à Manhattan. Tandis que des manifestants, au dehors dans les rues, protestent contre l’occupation militaire continue d’Haïti vieille de six ans par les Etats-Unis et les Na-tions Unies, et que le peuple haïtien est exclu des délibérations rela-tives à la construction du pays, à l’intérieur, des dignitaires tel que l’Envoyé spécial des Nations Un-ies en Haïti Bill Clinton, la Secré-taire d’Etat des Etats-Unis Hillary Clinton, le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon, et le président haïtien René Préval dévoi-leront en grande pompe un plan qui se ramène juste à une seule chose : la prise en charge de la « nouvelle » Haïti par Washington.

Une hyperbole ? Non, mal-heureusement. L’éditorial à la une du New York Times qui générale-ment articule la pensée de l’élite américaine au pouvoir, l’expose clairement :« Le plan envisage un fi déicommis [trust fund] de multi-ples donneurs géré par la Ban-que Mondiale qui rassemblera de l’argent pour de gros projets et évitera d’inutiles superfl us. L’Autorité Haïtienne de Dévelop-pement approuvera les projets; des vérifi cateurs de comptes, externes, veilleront aux dépenses.» (souli-gné par nous).

En langage clair: la Banque Mondiale, non pas Haïti, sera en charge du plan, un Conseil d’étran-gers avec quelques rares fi gurants haïtiens approuvera les directives et d’autres surveillants étrangers superviseront les Haïtiens qui exé-cuteront les directives.

Quoique quantité d’«amis d’Haïti» du monde international soient impliqués dans ce cirque, c’est Washington qui mène le jeu utilisant des pions à son service comme le Canada et la République Dominicaine. Les rencontres qui ont préparé le terrain pour ce 31 mars ont été tenus à Montréal le 25 janvier et à Santo-Domingo les 15 et 17 mars.

Généralement, Préval a mis en application les diktats d’austé-rité et de privatisation de Washing-ton, faisant ainsi de lui le chouchou des Etats-Unis et le Père fouettard du peuple. Toutefois, après le trem-blement de terre, lui et son Premier ministre se sont plaints de façon imprudente d’avoir été mis de côté dans la gestion des efforts d’aide et de reconstruction. Washington l’a

mis à sa place en le désignant com-me un corrompu, une accusation que Préval a qualifi ée d’«arrogante». Malgré de tels emportements, Pré-val paraît bien se conduire à nou-veau, mais entretient la fi ction que c’est lui qui prend les décisions.

«Haïti est un pays indépen-dant et c’est le gouvernement qui dit ce qui doit être fait», a-t-il dé-claré à Al Jazeera lors d’une inter-view le 29 mars lorsqu’il lui a été demandé qui était en charge en Haïti. «Mais le gouvernement n’a

pas les moyens fi nanciers de le faire. Aussi, nous aurons à nous adresser aux donneurs de façon à ce qu’ils rendent les fonds dispo-nibles pour que le gouvernement fasse ce qu’il désire faire». En ce qui concerne les experts étrangers qui domineront dans l’Autorité

Haïtienne de Développement, il a expliqué qu’«un tas de nos profes-sionnels sont morts» et que «nos nous sommes en train d’avoir re-cours aux ONGs pour nous aider à faire ce dont nous avons besoin qui soit fait tout de suite».

Les éléments majeurs du plan des Etats-Unis, des Nations Unies et de la Banque Mondiale pour Haïti sont les ateliers d’exploitation des ouvriers et le tourisme. Bien sûr, on ait semblant de prêter attention aux inquiétudes manifestées par

es haïtiens relatives à la revitali-sation de l’agriculture et à rendre le pays auto-suffi sant à nouveau après des années de déstructura-tion néolibérale.

« Mobiliser des fonds pour Haïti c’est tout à fait bien et c’est une bonne chose. Mais pour quel-

le Haïti va l’argent ?» a écrit Vijay Prashad, Directeur des Etudes Inter-nationales à Trinity College à Hart-ford, CT. « Est-ce l’Haïti des ajuste-ments structurels […], destinée à être réduite à des usines d’assem-blage et un port pour les navires de croisières de la Royal Caribbean ? Ainsi, tous les efforts jusqu’à date semblent suggérer que c’est cette Haïti que l’on promet».

Dans des articles, des inter-ventions radiophoniques, des confé-rences, des manifs, des graffi ti, le peuple haïtien a fait connaître son opposition à ce plan mais «la socié-té civile haïtienne a été complète-ment court-circuitée dans les prises de décision concernant le processus de reconstruction post-séismique», a écrit Bev Bell du groupe de justice économique Other Worlds, au dé-but de ce mois. « L’Evaluation des Besoins Post Désastre du gouver-nement d’Haïti lancé le 18 février, accordait une semaine, du 14 au 20 mars, pour “consultation avec la société civile et le secteur privé ” selon es termes de référence. Ce-pendant, devait approuver l’avant-projet du plan le 15 mars. En outre, le gouvernement a omis d’invoquer même des semblants de discussion en ne consultant en aucune façon la société civile, excepté de façon informelle avec quelques personnes du monde des affaires et plusieurs organisations non-gouvernemen-tales qui ne représentent pas les citoyens».

Aussi, la «nouvelle» Haïti que sont en train de dessiner les Clin-ton ressemble beaucoup à l’«an-cienne». « Il ne faut s’attendre à rien de plus qu’avant, lorsque les élites haïtiennes et leurs lobbyis-tes auront obtenu la ratifi cation de leur plan de reconstruction», a écrit l’hôtelier d’Oloffson, Richard Morse, dans le journal Huffi ngton Post. « Bill Clinton n’apporte pas de l’espoir à Haïti. Bill Clinton n’apporte pas de changement en Haïti. Bill Clinton, avec l’USAID, la Banque Mondiale, la Banque Interaméricaine de Développement n’apportent rien de plus qu’avant: beaucoup pour la minorité, peu pour la majorité»

Arrestation et détention à la Jamaïque de 3 présumés détenus haïtiens en cavale

Préval aux Nations Unies le 31 mars va servir une fois de plus de chauffeur au commissaire Bill Clinton

Par Jackson Rateau

Selon des sources offi cielles jamaïcaines relayées par

l’agence espagnole EFE, le mar-di 23 mars dernier, 3 voyageurs clandestins haïtiens dont leurs identités n’ont pas été révé-lées ont été appréhendés par les autorités jamaïcaines. Ces 3 clandestins sont des évadés de taule parmi les 4 mille depuis la nuit du 12 janvier 2010, pré-sume-t-on. Ils faisaient partie d’un groupe de 62 boat peoples haïtiens ayant débarqué dans la localité de Portland, côte Est de la Jamaïque, à bord de deux frêles embarcations en prov-enance d’Haïti. « Lorsque nous avons intercepté un groupe d’immigrants haïtiens, nous avons découvert que ces 3 là étaient des détenus en cavale », a indiqué un fonctionnaire de la migration jamaïcaine, Daryl Valz. Les autres clandestins au nombre de 59, séparés des 3 autres, et n’ayant droit à l’asile politique, ni au statut de réfugiés, ont été placés sous haute surveillance dans un im-meuble appartenant à l’église adventiste jamaïcaine.

Conférence des Nations Unies : consomme la prise en charge d’Haïti par les Etats-Unis

La Secrétaire d’Etat des Etats-Unis Hillary Clinton et le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon

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Vol. 3 No. 37 • Du 31 mars au 6 avril 2010Haïti Liberté18

De gauche à droite Mildred Aristide, Jean Bertrand Aristide et Maxine Waters députée de Californie, au cours d’un point de presse au Palais

National le 21 Février 2004

Suite de la page (12)et comme il le pressentait sûrement lui-même, trouve la mort dans sa prison de Bangui. Il m’est impos-sible d’affi rmer que Villepin était impliqué dans la préparation de cet assassinat, mais, dans la mesure où j’ai pu avoir la confi rmation et la preuve irréfutable qu’il était bel et bien programmé, j’imagine qu’il n’était pas diffi cile au ministre des Affaires étrangères d’être au moins informé de ce qui allait se passer.

Plusieurs semaines plus tard, je reçus un appel téléphonique de Jamaïque. C’était Aristide. Il me dit qu’un « grand oiseau » viendrait le prendre le soir même et qu’il allait retourner dans le pays originel sous la protection de l’homme que j’avais rencontré pour le bicentenaire. Cela voulait dire que Thabo Mbeki lui envoyait un avion à destination de Prétoria [9]. A la faveur de ces évènements, Aristide et moi nous nous liâmes d’amitié. Depuis six ans, il vit à Prétoria, sous la protection des Etats africains et de la Caricom (c’est à dire de tous les états nègres de la planète, ceux qu’on ne désigne jamais comme faisant partie de la « communauté internationale ») avec, comme seul revenu, le salaire qui lui est versé pour les cours qu’il donne à l’université d’Afrique du sud. Je n’ai pu m’offrir qu’une fois le voy-age pour aller le voir. J’en ai profi té pour l’interviewer. Il ne s’est jamais écoulé un mois sans que nous nous téléphonions. Notre dernier entre-tien, c’était il y a trois jours. Aristide a tout enduré, ne s’est jamais plaint, n’a jamais plié.

Une fois le président Aristide renversé, Villepin et Bush, violant impunément la constitution du pays, mirent en place une nouvelle dictature sous l’égide d’un Etats-unien, Gérard Latortue, une cra-pule nommée par les anciens pays esclavagistes « Premier ministre de transition ». La première mesure de Latortue fut d’annuler la demande faite à la France de restitution des 21 milliards de dollars extorqués à partir de 1825. Deux ans plus tard, les partisans d’Aristide élisaient René Préval à la présidence, dans

l’espoir qu’il permette à Aristide de rentrer dans son pays. Le jour de cette élection, j’étais dans le bureau du ministre français du Tourisme, Léon Bertrand. Il fut très étonné que je lui donne le nom du président qui allait être élu, car ce n’était pas le candidat de la France. Aujourd’hui, Léon Bertrand, ami intime de Chirac est en prison pour corruption. Ainsi va le monde.

René Préval, depuis quatre ans, n’a pas pu, n’a pas voulu ou n’a pas osé faire rentrer son ex-ami. Les Haïtiens n’ont jamais cessé de manifester pour le retour de leur président, honteusement enlevé par les Etats-Unis et la France. Un jour peut être, qui n’est pas forcément éloigné, un nouvel « oiseau » venu d’Afrique reconduira dans son pays celui qui n’aurait jamais dû le quitter. Dans cet avion, le président Aristide sera accompagné de quelques amis états-unien : Danny Glover, Randall Robinson, Maxine Waters. Il y aura sûrement un Français aussi dans cet avion. Il se pourrait bien que ce soit moi.

Régis Debray a écrit un livre sur la « fraternité ». Il s’apprête cer-tainement à faire campagne pour l’élection de Villepin en 2012 avec l’espoir d’être nommé ministre de la Culture. Quand il marche dans la rue, il n’y a plus de gendarmes pour

l’escorter. Je ne lui ai jamais admin-istré la paire de gifl es qu’il mériterait certainement de recevoir. Je préfère

le laisser avec sa conscience et le souvenir des milliers de morts, des dizaines de milliers peut-être, qui suivirent le coup d’État donc il fut l’artisan. Sous le régime de Latortue, on enfermait les partisans d’Aristide dans des containers qu’on aller jeter ensuite dans la mer. Véronique de Villepin-Albanel continue d’animer l’aumônerie de Sciences po. Elle ne s’est jamais exprimée sur ces événe-ments, mais comme c’est, paraît-il, une bonne chrétienne, je suppose qu’elle me pardonnera d’avoir dit la vérité et qu’elle priera pour le salut de mon âme. Villepin, devenu min-istre de l’Intérieur, puis Premier min-istre, envoya l’année même du bi-centenaire, un corps expéditionnaire de 1 000 soldats français. On n’avait pas vu de soldats français en Haïti depuis la capitulation de 1803. Les soldats de Villepin fi rent sécher leurs slips, non pas sur la ligne Siegfried, mais sur les grilles du palais prési-dentiel. Ils baptisèrent l’opération « Rochambeau », du nom du général qui se servit de chiens dressés pour dévorer les nègres et qui entreprit l’extermination de tous les Haïtiens de plus de douze ans, en les faisant gazer au soufre dans les cales des bateaux. Le jour de leur départ, Paris Match publia l’interview d’une Haïtienne prétendant qu’elle avait

assisté à une « messe noire » où le président Aristide avait « probable-ment » sacrifi é un nouveau né en le coupant en morceaux. La seule accusation qui n’ait jamais été por-tée contre le président d’Haïti, c’est la pédophilie. Je m’étonne qu’ils n’y aient pas pensé. Burkard a pris sa retraite avec le traitement d’ambassadeur. Il est retourné chez lui, en Alsace, là d’où il était venu, jeune homme, certainement avec des rêves plein la tête. C’est le temps qui l’a puni. Il a l’air d’un vieillard. Il se pique à présent d’écrire. Des romans policiers régionalistes. Il est venu me voir au stand au salon du livre de Paris en 2009, un peu penaud, comme pour faire la paix. J’ai brandi le livre que je signais, Le nègre vous emmerde [10]. Il a fait demi-tour. Quant à Villepin, il m’a fait appeler par son secrétariat, en septembre 2005, alors qu’il était Premier ministre, pour me nommer membre de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) du fait de mon engage-ment pour les droits de l’homme. Comme j’étais notoirement l’ami de quelqu’un qu’il a accusé de violer ces mêmes droits de l’homme, cette nomination était bien étrange. Pour exprimer ma gratitude, j’ai publié, deux mois plus tard, un livre sur Haïti : Le crime de Napoléon [11]. Je n’ai pas été renommé à la CNCDH au moment de son renouvelle-ment. Au fait, l’aéroport de Cayenne s’appelle Rochambeau. Je m’étonne que Christiane Taubira, députée de la Guyane, n’ait jamais demandé qu’on le débaptise.

Un livre de Randall Robinson, relatant dans le détail tous ces évé-nements, est sous presse pour être publié le 18 février 2010 sous le titre « Haïti, l’insupportable souf-france » [12]. J’aurai eu l’honneur de le publier et de le préfacer. Telle sera ma modeste contribution à la reconstruction d’Haïti. Je n’ai écrit que la vérité. L’histoire jugera.

Claude Ribbe : Écrivain et philo-

sophe. Dernier ouvrage paru : Le diable noir : Biographie du général Alexandre Dumas (1762-1806), père de l’écri-vain. (Alphée 2009).

Intertitres et notes de la ré-daction.

[1] Régis Debray est le fi ls de Maître Georges Debray et de Janine Alexandre-Debray. Celle-ci fut vice-présidente du Conseil municipal de Paris (1947-67) et sénatrice de Paris (1976-77).

[2] No disparen— soy el Che, par Arnaldo Saucedo Parada. 1980.

[3] Régis Debray avait été exclu des Jeunesses communistes pour son appartenance supposée aux services secrets français, indique Le Monde du 1er mars 1968. ll se rend à Cuba au ti-tre de coopération, puis aurait rejoint la Bolivie à la demande de l’éditeur Fran-çois Maspéro pour réaliser un reportage sur Ernesto Che Guevara. Simultané-ment, le président De Gaulle nomme un ami des Debray, son fi dèle garde du corps Dominique Ponchardier (le célè-bre “Gorille”), ambassadeur en Bolivie. Après avoir établi le contact avec Che Guevara, Debray souhaite retourner en France, mais le Che le lui interdit afi n de conserver le secret de sa présence en Bolivie. En défi nitive Debray est arrêté par les militaires boliviens et la CIA, le 17 mars 1967. Un mois plus tard, De Gaulle écrit au président Barrientos pour que sa vie soit épargnée. Des personna-lités de gauche et de droite se mobili-sent en France et aux Etats-Unis pour appeler à sa libération. Alain Geismar et Jean-Paul Sartre créent un Comité De-bray. Les Forces spéciales boliviennes et la CIA cernent le campement de Che Guevara le 8 octobre 1967, le capturent et le tuent. Régis Debray est amnistié par le nouveau président Juan José Tor-res et libéré la veille de Noël 1970.

[4] L’ordonnance de Charles X qui contraignit les Haitiens à payer leur liberté, Réseau Voltaire.

[5] L’Expédition, par Claude Rib-be (Le Rocher, 2003).

[6] « La CIA déstabilise Haïti », Réseau Voltaire, 14 janvier 2004.

[7] « Jean-Bertrand Aristide, un an après », par Claude Ribbe, Réseau Voltaire, 22 février 2005.

[8] « Coup d’État en Haïti », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 1er mars 2004.

[9] « Paris relâche le président haïtien », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 16 mars 2004.

[10] Le nègre vous emmerde, par Claude Ribbe (Buchet-Chastel, 2008).

[11] Le Crime de Napoléon, par Claude Ribbe (Privé, 2006).

[12] Haïti, l’insupportable souf-france, par Randall Robinson (Editions Alphé/Jean-Paul Bertrand, 2010).

Réseau Voltaire 11 février 2010

Suite de la page (13)Aaron Task, fi nance.yahoo.com, Mar 02, 2010].

Qu’espérer d’autre quand Alan Greenspan – à mon avis, un des principaux coupables – président de la Federal Reserve pendant près de 20 ans (1987-2006), a à la fois sous-réglementé le marché et sous-surveillé les acteurs. Il a terminé sa carrière en alimentant directement les bulles avec des taux d’intérêt très bas et qualifi ant les dérivatifs tels que les CDO de “extraordinairement utiles”, et en disant que les réglementer serait une “erreur”.

Goldman Sachs est celui qui a le plus bénéfi cié d’un tel terrain ouvert. Dans un article très détaillé et recher-ché, et qui se lit comme un roman à suspense, le reporter Matt Taibbi de Rolling Stone explique les mécanis-mes qui ont fait tomber deux des cinq principales banques d’investissement des Etats-Unis et qui peuvent être uti-lisés pour attaquer des pays entiers. Cela a commencé par une réunion le mardi 11 mars 2008 à la Fede-ral Reserve Bank de New York où tous les “meilleurs et plus brillants” de Wall Street étaient présents avec pour chaperons le chef de la banque fédérale Ben Bernanke et le président de la banque fédérale de New York, à l’époque Timothy Geithner, actuel-lement ministre du trésor d’Obama. La “liste des participants ressemblait à une réunion Barzini-Tattaglia des Cinq Familles”, dit Taibbi en faisant référence au fi lm Le Parrain sur la mafi a new-yorkaise. Des représen-tants de JPMorgan Chase, Goldman

Sachs, Morgan Stanley, Lehman Bro-thers, Merrill Lynch, Citigroup, et en-core un ou deux autres. Un seul était absent, Bear Stearns. Car c’était la cible. “Dès le jour suivant, 12 mars, Bear est tombé en chute libre”. Dès le lundi suivant le géant fi nancier était mort. [Wall Street’s Naked Swindle – A scheme to fl ood the market with counterfeit stocks helped kill Bear Stearns and Lehman Brothers — and the feds have yet to bust the culprits, Matt Taibbi, Rolling Stone, Oct 14, 2009]

Exactement une demi-année plus tard, c’était au tour de Lehman Brothers de faire faillite, de la même manière. “Un sécheresse économique a laissé temporairement les hyènes sans plus de victimes chez les classes moyennes — alors elles ont commen-cé à se manger les unes les autres, en utilisant exactement les mêmes com-bines qu’elles avaient utilisées pen-dant des années pour piller le reste du pays”, dit Taibbi. “Notre économie est tellement foutue, que les riches ne trouvent plus rien à voler”.

Rien de bien extraordinaire, ce qui est intéressant ce sont les instru-ments du crime. Le principal s’appelle short-selling, vente à découvert. Cela date de 1973, quand Wall Street est passée à un système de transactions d’actions virtuel, sans plus de papiers, on achetait et vendait des actions sans réellement posséder un certifi -cat en papier. Les transactions étaient toutes enregistrées électroniquement, tout comme on a maintenant des billets d’avion électroniques. C’était tant mieux pour la rapidité et la fl ui-

dité des transactions. Et c’était légal. On pariait qu’une compagnie allait tomber en faillite, on vendait ses ac-tions à une date future, pour ensuite la racheter à un prix plus bas.

Ensuite sont arrivées les hyènes et elles ont mis sur pied des naked short-selling, soit des ventes à découvert sans contrepartie rée-lle. On n’avait même pas besoin d’acheter ce billet d’avion, il suffi sait

de l’emprunter, et de sauter dans le jeu, enfi n je veux dire dans l’avion. Pire, l’agent de voyage (ici, le courtier d’actions) peut prêter le même billet à plusieurs autres personnes. Ainsi on se retrouve avec beaucoup plus de sièges attribués que de places dans l’avion. Et l’avion ne décolle évidem-ment pas.

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Suite de la page (13)

Vol. 3 No. 37 • Du 31 mars au 6 avril 2010 19Haïti Liberté

Suite de la page (8)le cadre théorique de la Banque mondiale, vous avez l’apologie de la corruption. Exemple très simple. Que vous disent la BM et le FMI lorsqu’une entreprise publique est en situation diffi cile ou défi citaire ? Ils ne vous disent pas qu’il faut la renforcer. Ils ne vous disent pas qu’il faut chercher à déterminer les causes de ces problèmes ou de cette mauvaise gestion. Ils ne vous disent pas non plus qu’il faut identifi er les mauvais gestionnaires et les con-damner. Ils vous disent que s’il y a mauvaise gestion, il faut privatiser. Et dans la majorité des cas, la plupart des acquéreurs seront ceux-là même qui ont causé la mauvaise gestion. Donc le discours est clair. Et il tolère la corruption. Quand j’entends la BM et le FMI s’en prendre à la cor-ruption ou parler de la gouvernance, je me demande sur quelle planète je suis.

Sophie Perchellet : Repar-tons un peu sur l’UEH. C’est un bas-tion de la lutte alternative, notam-ment la FSH. Pouvez-vous faire un point sur les revendications qui y sont exprimées. Quels sont les outils utilisés pour proposer une politique alternative ?

Fritz Deshommes : Notre lutte à l’UEH, c’est d’abord une lutte pour la survie. Le contexte que je vous ai décrit, c’est un contexte où nous n’avons pas toujours les moy-ens de notre existence. Et je parle bien d’existence, je ne parle même pas de pouvoir se développer. Donc, si je vous dis que notre budget di-minue relativement au fi l du temps, cela veut dire qu’au fur et à mesure nous avons de moins en moins de moyens de survie.

Il faut vous dire que cela reste une université où enseignent es-sentiellement des professeurs va-cataires. Cela veut dire que nous n’avons pas vraiment des profes-seurs d’université, donc des gens qui consacrent l’essentiel de leurs disponibilités à l’université. Environ 90% de nos professeurs sont des professionnels qui viennent donner un ou deux cours en plus de leur ac-tivité professionnelle ailleurs. Pour l’encadrement des étudiants, pour la recherche, pour le rayonnement institutionnel, nous n’avons pas le cadre pour le faire. Nous traînons depuis 20 ans une réforme qu’il faut réaliser. Mais comme je vous le disais tout à l’heure, l’Etat n’en veut pas. Il ne nous dit pas qu’il n’en veut pas mais il se contente de ne pas donner les ressources qu’il faudrait. Il nous est donc diffi cile de

réaliser tout ce que nous voudrions. Nos revendications sont globale-ment de deux ordres : universitaire et académique, puis d’ordre global. On sait que le fonctionnement nor-mal de l’université impliquerait une contestation forte et plus effi cace du système actuel. C’est sûrement la raison pour laquelle on nous empêche de fonctionner.

Sophie Perchellet : On voit que l’UEH ne dispose que de très peu de moyen. Quel a été l’impact du séisme sur celle-ci ? Quelles sont aujourd’hui les perspectives ?

Fritz Deshommes : L’université a été sérieusement mise à mal. Les pertes matérielles sont énormes. A PAP, nous avons 11 facultés et 7 sont devenues com-plètement inutilisables. On parle des salles de cours mais également de nos bibliothèques, de nos labora-toires, de nos instruments de travail, de notre matériel didactique.

Il faut aussi parler des pertes en vies humaines qui sont plus im-portantes. On a perdu une vingtaine de professeurs dont un doyen et un vice-doyen. Et parmi ces profes-seurs, vous avez des gens qui sont extrêmement précieux. On n’oublie pas par ailleurs que nous faisons partie des pays qui perdent le plus de cadres. Plus de 80% des cadres que nous formons partent ensuite à l’étranger. Nous avons perdu plus de 300 étudiants et une vingtaine de membres de personnel administratif. Donc ce sont des pertes immenses.

Alors c’est vrai aussi que nous espérons que tout un ensemble de nos problèmes auxquels nous étions auparavant confrontés seront posés de manière différente. Notamment je vous parlais de 11 facultés, il s’agit de 11 campus donc 11 administra-tions... Le même cours d’introduction à l’économie peut être donné 11 fois. Des ressources importantes sont ainsi gaspillées. Des synergies dont nous n’avions pas pu bénéfi cier au-paravant sont aujourd’hui envisage-ables et nécessaires. Donc construire l’université autrement en cherchant à réaliser un vieux rêve de la plu-part des universitaires : celui d’un campus unique où nous pourrons regrouper par pôle disciplinaire nos différentes facultés. Nous avons un terrain dans la zone de Damien et la perspective est d’y regrouper ces facultés en y instaurant une réelle vie universitaire. Mais le problème qui se pose est celui des moyens.

Sophie Perchellet : A court terme, quel rôle l’UEH a à jouer dans le débat sur la reconstruction ?

Fritz Deshommes : Justement nous comptons mettre sur pied un forum permanent sur ce sujet. On se rend compte qu’au moment où nous parlons, il y a beaucoup de proposi-tions : celle du secteur privé, et deux propositions émanant du gouverne-ment (« Post Disaster Needs Assess-ment » et « La vision »).

Sophie Perchellet : Justement j’en profi te pour vous demander votre impression sur le PDNA…

Fritz Deshommes : Aucune parce que c’est la même que celle que j’ai eue sur le CCI de 2004 (Cad-re de coopération intérimaire). Tous ont des plans, même la diaspora. Il y a aussi le parti politique Gré qui a présenté quelque chose. Il y a tout un ensemble de plans. Dans le cadre du forum sur la reconstruction, dont nous ferons le lancement aux envi-rons du 4 mai, donc un peu avant la fête de l’université qui aura lieu le 18 mai. Nous organiserons des dé-bats autour de ces différents plans. Il s’agira de poser un cadre théorique et de demander aux différents ac-teurs de venir présenter leur plan dans le cadre d’une table ronde. C’est une première action que l’on va entreprendre sur les idées de la reconstruction.

Sophie Perchellet : Des fac-ultés, comme celle des sciences hu-maines, organisent déjà des débats. Y aura-t-il une centralisation des idées sous l’égide du forum perma-nent ?

Fritz Deshommes : Oui. Jusqu’à présent, il y a eu beaucoup d’interventions faites de manières disparates et indépendantes. Le fo-rum sera là pour organiser cette ré-fl exion en thèmes, sous-thèmes… Le lancement se fera sur des grandes visions macroéconomiques qui ont été présentées mais cela va se poursuivre, d’une faculté à l’autre, à travers des thématiques particu-lières, notamment la décentralisa-tion, l’agriculture et autres. Faire en sorte que non seulement ces plans soient connus mais aussi que l’on puisse en débattre et en déterminer les axes et les contradictions princi-pales. Sortir avec quelque chose qui soit plus en phase avec nos vérita-bles besoins et l’orientation qui doit être choisie.

Sophie Perchellet : En tant que vice-recteur, vous avez un ac-cès privilégié aux informations. Y a-t-il aujourd’hui une vision tacite de l’UEH par rapport à la vision de la reconstruction ?

Fritz Deshommes : Je ne le dirai pas. Moi je fais souvent la dif-férence entre une posture de cherch-eur et d’intellectuel, et une posture

administrative. J’aurais aimé que ce que je pense soit la position de l’université. Mais honnêtement, ça ne l’est pas. Il y a des choses très communes que nous, universitaires haïtiens, partageons. Mais on ne peut pas dire que ce que je pense soit la position de l’université.

Sophie Perchellet : D’où l’utilité du forum… On peut donc dire qu’il y a aujourd’hui deux per-spectives envisagées. Ce forum et la construction d’un seul et même campus qui nécessiterait des moy-ens fi nanciers importants. Dans le contexte actuel de néolibéralisme, est-ce que la priorité a des chances de se porter sur la construction de ce campus ?

Fritz Deshommes : Je peux dire une chose : s’il faut trouver l’argent demain on ne l’aura pas. On a reçu beaucoup de manifestations de solidarité, de sympathie. Seront-elles sur la durée ou ne s’agirait-il pas de solidarité très émotionnelle qui dure l’espace de la douleur pre-mière ? La question est donc com-ment éviter ce que l’on reproche au gouvernement, d’être pieds et poings liés par l’aide étrangère. Nous sommes dans un secteur un peu particulier. Les partenaires que nous privilégions, ce n’est pas le gouvernement. Ce sont les col-lègues, les universitaires, les étudi-ants. Je ne suis pas naïf. Je sais que, qu’il s’agisse de gouvernement ou d’université, il y a toujours des inté-rêts derrière. Il faut trouver le moyen de faire en sorte que l’université de-meure l’université et l’universitaire demeure l’universitaire. Les rela-tions entre universitaires sont des relations de partage de connais-sance, des relations de production de connaissance : faire avancer le savoir.

Quand je suis en relation avec un collègue, du nord ou du sud, nos intérêts privilégiés c’est notre curiosité intellectuelle. De nous en-richir l’un l’autre. C’est la différence entre la relation politique avec le gouvernement et la relation univer-sitaire.

Sophie Perchellet : En parlant de l’aide internationale, il y a eu dif-férentes annonces sur l’annulation d’une partie ou de la totalité des créances de la dette extérieure pub-lique. Comment accueillez-vous la nouvelle ? Pensez-vous que cela va favoriser la réorientation des dépenses vers l’université ?

Fritz Deshommes : Je n’ai ja-mais été en faveur de ces processus d’annulation de dette tels qu’ils se sont faites. La dette a été contrac-tée par des gens, par des gouverne-ments. Si cela s’est mal passé, si

l’argent a été dilapidé, alors les di-lapidateurs doivent être identifi és et faire l’objet de poursuites judiciaires appropriées. Je suis très mal à l’aise lorsque je sais quelle a été l’attitude des gouvernements haïtiens après 1986, année de la chute de JC Du-valier. Il y a eu des périodes où la Suisse qui garde la fortune person-nelle de ce dernier nous a dit ce qu’il fallait faire pour récupérer l’argent. Dans les années 1990, il y avait des appels très forts du gouvernement, de l’Etat et d’associations suisses vers le gouvernement haïtien pour nous dire comment récupérer cet ar-gent. On n’a rien fait !

J’ai donné l’exemple de l’argent volé par Jean-Claude Duvalier, j’ai la même opinion sur l’argent prêté à d’autres gouvernements. Donc ma position est que l’idée d’annuler des dettes sans aucune action judiciaire contre les voleurs, contre les dilapi-dateurs illustre une tolérance au vol et à la dilapidation. Et d’ailleurs la preuve en est que ces mêmes gou-vernements qui bénéfi cient des annulations de dette continuent à recevoir de nouveaux prêts. Le gou-vernement Préval avait orienté toute sa politique vers l’aide étrangère, sachant qu’après l’avoir dilapidé, on allait bénéfi cier d’allégements.

Sophie Perchellet : Ça peut donc être interprété comme le blanchiment d’une dette odieuse qui échappe dès lors à une quelconque mise en accusation

Fritz Deshommes : C’est une excellente expression : blanchi-ment.

Et enfi n pour répondre à la dernière partie de la question, je n’ai aucune garantie que les ressources du service de la dette ainsi libérées soient orientées au profi t de causes plus sociales. Car les programmes d’annulation de dette, on les connaît depuis longtemps et je ne suis pas du tout sûr que les dépenses sociales se soient améliorées.Vraiment pas !

CADTM 29 mars 2010

Fritz Deshommes

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Une patrie avec un peuple et un territoire unis, intégrés par la complé-mentarité de ses richesses naturelles, de sa force de travail, de sa culture, dans un effort commun pour la con-struction de sociétés plus justes, égali-taires et fraternelles -au sein desquelles la priorité sera donnée aux personnes et à la justice sociale, et non au luxe et au profi t.

Le chemin vers la construction de l’ALBA et de la CELAC est long, mais nous pouvons déjà, au moins, fêter une petite victoire : Bolívar a mis en déroute la théorie de Monroe - du moins au niveau diplomatique.

Source : Brasil de fato Édito-rial du n° 366 - Bolívar derrotou Monroe 4/3/2010

Traduit par Armando Gar-cía. Édité par Fausto Giudice deux membres de Tlaxcala, le réseau in-ternational de traducteurs pour la diversité linguistique.

Tlaxcala 25 mars 2010

Suite de la page (20)

(plus près du pylore, 50% des cas), il est plutôt lié à la gastrite chronique, at-rophique, induite par H. pylori. L’autre cause favorisante de survenue d’un cancer est la gastrite atrophique de l’anémie pernicieuse (liée à une carence en vitamine B12).

90% des cancers gastriques sont des adénocarcinomes, dont l’aspect habituel est une tumeur bourgeon-nante, souvent ulcérée, généralement de grande taille, avec des bords suré-levés et indurés (Fig. 3).

Symptômes et diagnosticLe cancer de l’estomac est très

souvent asymptomatique au début, et lorsque les symptômes apparaissent, ceux-ci ne sont pas spécifi ques. Ce qui explique que 80 % des cancers sont di-agnostiqués à un stade avancé.

Les symptômes sont les suiv-ants : douleur au creux de l’estomac, altération de l’état général, fatigue, amaigrissement, anorexie, nausées ; vomissements, dysphagie (sensation de blocage alimentaire) à cause d’une obstruction tumorale; anémie, fi èvre, présence d’un ganglion au-dessus d’une clavicule.

L’examen endoscopique (qui utilise un tube fl exible introduit dans l’estomac avec lumière au bout), assorti de biopsies, est indispensable au diag-nostic d’adénocarcinome de l’estomac.

TraitementLe traitement à visée curative

reste basé sur l’ablation chirurgicale: gastrectomie partielle si possible ou totale si nécessaire avec curage gan-glionnaire. La gastrectomie partielle est suffi sante pour les cancers distaux. La gastrectomie totale est nécessaire pour les cancers de la partie supérieure de l’estomac et du cardia.

Le traitement palliatif de l’adénocarcinome gastrique peut com-porter : (1) l’ablation de la tumeur gas-trique lorsqu’elle est possible, dans le but d’éviter les complications (obstruction, hémorragie) (2) ou une chimiothérapie. Pour le moment, il n’existe pas de pro-tocole faisant l’objet d’un consensus.

PronosticL’adénocarcinome gastrique est

un cancer de pronostic sombre. En présence de métastases (ce qui est sou-vent le cas) la survie à 5 ans est nulle.

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L’estomacI. Description (Fig. 1)

L’estomac est la portion du tube digestif en forme de J majus-cule, située entre l’œsophage (en haut) et le duodénum. L’estomac reçoit les aliments mâchés dans la bouche et déglutis dans l’œsophage. Chez l’être humain, l’organe à l’âge adulte fait 15 cm de haut, contient 0,5 litre à vide, et peut contenir jusqu’à 4 litres. L’estomac est en rapport anatomique avec le foie (à droite), la rate (à gauche), le pan-créas (en arrière), et les intestins (en bas).

II. Fonctions

Réservoir, l’estomac stocke, en quelques minutes, un volume d’aliments (solides et liquides) qui peut être considérable et que l’intestin mettra 3 à 6 heures à ab-sorber. L’estomac malaxe, frag-mente les aliments qu’il contient. Ensuite, il délivre de façon régu-lière, variable, progressive, un bol alimentaire dont la digestion a été amorcée.

La muqueuse (surface interne) sécrète (1) de l’acide chlorhy-drique, qui se mélange au contenu alimentaire et permet la fragmenta-tion des fi bres végétales (2) du mu-

cus formant un enduit protecteur de la (muqueuse) surface interne de l’estomac contre les effets de l’acide chlorhydrique. (3) des enzymesdites protéolytiques qui cassent les protéines en petits morceaux at-taquables par d’autres enzymes de l’intestin (4) une protéine appelée « facteur intrinsèque », indispens-able à l’absorption par l’intestin de la vitamine B 12, essentielle pour la formation des globules rouges et nécessaire à la multiplication cellu-laire.

Ces deux fonctions de l’estomac, motrice (stockage, mal-axage, évacuation) et sécrétoire sont

contrôlées, de façon complexe, à la fois par des stimulations nerveuses et par des stimulations hormonales.

III. L’ulcère de l’estomac(ulcère peptique)

L’ulcère peptique est une plaie, bien circonscrite, dans la paroi du tube digestif. Les ulcères peptiques se manifestent généralement dans l’estomac (ulcère gastrique), ou dans le duodénum (ulcère duodénal, 3 à 4 fois plus fréquent que l’ulcère gas-trique). Les muqueuses de l’estomac et du duodénum disposent d’un cer-tain nombre de mécanismes qui les protègent de la digestion. Tout affai-blissement des caractéristiques pro-tectives suivi d’exposition ultérieure aux sucs digestifs peut causer une irritation et une érosion de la paroi gastrique ou duodénale, conduisant à la formation d’un ulcère (Fig. 2).

Symptômes et signes(1) douleurs ou crampes

nocturnes dans la partie haute de l’abdomen (souvent calmées par l’alimentation) (2) sensations de brûlure (3) nausées, (4) ballonne-ments (5) hémorragie (6) signes de perforation. L’ulcère peut aussi être cliniquement asymptomatique.

Facteurs de risque et causes

Les deux p r i n c i p a l e s causes de l’ulcère peptique sont : (1) l’infection par une bactérie, l ’Helicobacter pylori, la cause la plus fréquente d’ulcères gas-trique et duo-dénal (2) les m é d i c a m e n t s anti-inflamma-toires non corti-coïdes (NSAID), tels que: as-pirine, Motrine, etc. Ils sont re-sponsables de la majorité des ulcères peptiques non causés par H. pylori.

Le fait de fumer ainsi que

certains autres facteurs génétiques et environnementaux peuvent in-fl uencer le développement d’ulcères

peptiques. Le stress psychologique et les facteurs alimentaires (initiale-ment tenus pour responsables de ces ulcères) ne semblent pas avoir de rôle majeur dans leur développe-ment.

TraitementDans la plupart des cas, il se

fait par des médicaments. La chiru-rgie est rarement nécessaire sauf lorsque des complications (perfo-ration, grosse hémorragie) se sont développées. Les NSAID devraient, si possible, être arrêtés. Les pa-tients qui souffrent de l’H. Pylori devraient être traités pour l’infection avec guérison dans près de 90% des patients. Il est important de stopper

tous les médicaments prescrits afi n de traiter l’infection. Il est préférable d’arrêter la cigarette et les boissons

alcooliques, tant que l’ulcère ne s’est pas cicatrisé. Des efforts pour réduire le stress sont globalement positifs.

IV. Le cancer de l’estomac

GénéralitésLe cancer de l’estomac se

situe au cinquième rang des can-cers aux Etats-Unis. A l’échelle mondiale, il est en quatrième place après les cancers du poumon, des seins et du colon. L’âge moyen de survenue est de 70 ans avec une forte prépondérance masculine. Au niveau proximal (cardia), ce cancer serait favorisé par le refl ux gastro-oesophagien. Au niveau distal

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Fig. 3. Cancer gastrique. Forme ulcérée. Noter les bords surélevéset l’absence de convergence des plis de la muqueuse gastrique

Fig. 1. L’estomac et les organes avoisinants. L’oeso-phage est cette partie tubulaire (vers le haut de l’image). La partie de l’estomac proche de

l’œsophage est le cardia, celle proche du duodénum est le pylore.

Fig. 2. Ulcère gastrique. Noter la convergence des plis de la

muqueuse vers l’ulcère (un trait typique).

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