Habitat Vernaculaire

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  • FuturopaFuturopaPaysage

    Territoire

    Nature

    Culture

    Patrimoine

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    Socit

    Dveloppement durable

    thique

    Esthtique

    Habitant

    Regard

    Inspiration

    Genius loci

    Lhabitat rural vernaculaire, un patrimoine

    dans notre paysage

    no 1 / 2008 FranaisRevue du Conseil de lEurope

    pour une nouvelle vision du paysage et du territoire

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  • FuturopaFuturopaEditorialGabriella Battani-Dragoni ..............................................................................3

    PrsentationLe patrimoine rural vernaculaire : du pass vers le futur Franco Sangiorgi ..............................................................................................4

    Lhabitat rural vernaculaire et le paysage en EuropeFermes et paysages nerlandais : larchitecture vernaculaire du bas pays Ellen Van Olst ....................................................................6

    Larchitecture industrielle de la valle du Llobregat en Espagne : un prcieux paysage culturel en transformation Joan Ganyet i Sol .............................8

    Larchitecture vernaculaire dans lex-Rpublique Yougoslave de Macdoine Victoria Momeva-Altiparmakovska ..............................................................9

    Patrimoine rural vernaculaire et socit en France Brigitte Sabattini .....10

    Les petits monuments sacrs, lments indispensables du paysage, non seulement en Rpublique Slovaque Pavlina Misikova ...............................12

    Le paysage rural norvgien et son patrimoine architectural Even Gaukstad ..............................................................................................13

    Le patrimoine vernaculaire en Roumanie Gheorghe Patrascu .................14

    Architecture vernaculaire rurale du paysage maltais Ernest Vella ...........15

    Nouvelles approches des fermes historiques Jeremy Lake ........................16

    Croatie : lexemple du vieux village de Posavski Bregi Silvija Nikic ........17

    Points de vues Ferme et paysage en Allemagne : une nouvelle vie pour les btiments ruraux Peter Epinatjeff ..............................................................................................18

    Caractristiques de lhabitat vernaculaire dans la culture russe Marina Kuleshova et Tamara Semenova ..................................................20

    Agriculture, terre et identit populaire en Italie Stella Agostini ................22

    Le Projet de coopration transnationale du Rseau des paysages fermiers des les europennes Graham Drucker ......................................................24

    Ailleurs dans le monde Infl uences vernaculaires europennes en Argentine Jorge Tomasi ...........25

    Paysage rural dans le sud-est du Brsil : la rgion mtropolitaine de Campinas Maria Elena Ferreira Machado ...........................................26

    Un exemple darchitecture vernaculaire au Prou : larchitecture europenne de Lima aux XIXe et XXe sicles Fanny Montesinos Sandoval ................27

    Arquitectura Mestiza dans les Philippines espagnoles de lpoque coloniale Vincent Pinpin ...............................................................................................28

    Le rle des organisations internationalesUNESCO Larchitecture rurale vernaculaire : un patrimoine mconnu et vulnrable Marielle Richon ....................................................................29

    Conseil de lEurope Une lecture croise des Conventions de Grenade et de Florence : une alliance du patrimoine architectural et du paysage Maguelonne Djeant-Pons ...........................................................................30

    ICOMOS Une Charte de larchitecture vernaculaire Marc de Caraffe ....31

    diteurs responsables Robert PalmerDirecteur de la culture et du patrimoine naturel et culturel du Conseil de lEuropeDaniel ThrondDirecteur adjoint de la culture et du patrimoine culturel et naturel du Conseil de lEurope

    Directeur de la publication Maguelonne Djeant-PonsChef de la Division du patrimoine culturel, du paysage et de lamnagement du territoire du Conseil de lEurope

    avec la collaboration de Alison Carwell, Administratrice, Division du patrimoine culturel, du paysage et de lamnagement du territoire du Conseil de lEuropePascale Dor, Assistante, Division du patrimoine culturel, du paysage et de lamnagement du territoire du Conseil de lEurope

    Conception et rdactionBarbara HowesSarah HaaseJoseph Carew

    Conseillre spcialeStella Agostini, Institut dingnierie agraire, Universit dtudes de Milan, Italie

    ImprimeurBietlot Gilly (Belgique)

    Les textes peuvent tre reproduits librement, condition que toutes les rfrences soient mentionnes et quune copie soit envoye lditeur. Tous droits de reproduction des illustrations sont expressment rservs.

    Les opinions exprimes dans cette publication nengagent que la responsabilit de leurs auteurs et ne re tent pas ncessairement les vues du Conseil de lEurope.

    Couverture par Manus Curran ([email protected]), Abbaye Saint Coleman, Inishbo n, Irlande

    Ce numro a t imprim avec le soutien Ce numro a t imprim avec le soutien nancier du Ministre de lEducation et de nancier du Ministre de lEducation et de la Culture de la Hongrie et de lOf ce la Culture de la Hongrie et de lOf ce fdral de lenvironnement de la Suissefdral de lenvironnement de la Suisse

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    Habitation vernaculaire au sud de la Russie

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    CDans toute lEurope, les paysages ruraux sont aims pour leur beaut et leur diversit, et nombre dEuropens savourent les occasions de sjourner dans des rgions plus traditionnelles et prserves que leur cadre de vie habituel. De fait, le monde rural dans son ensemble constitue un lment inestimable de notre patrimoine, et cest travers larchitecture vernaculaire que sincarne et se perptue lidentit propre une rgion. Au-del de sa valeur esthtique, cette architecture offre un aperu unique et irremplaable de certains aspects du patrimoine immatriel : les rponses apportes aux conditions de vie locales, quil sagisse des techniques, des savoir-faire ou des modes dorganisation de la vie sociale.

    Malgr son immense valeur, le patrimoine rural vernaculaire est menac sur plusieurs fronts. Lhomognisation conomique, culturelle et architecturale dun secteur agricole dsormais mondialis est pour beaucoup dans lvolution actuelle de lhabitat rural. Il est souvent plus commode, court terme, dopter pour des solutions modernes et sans caractre plutt que de rnover des btiments endommags ou den construire de nouveau dans le respect des traditions locales. Le dpeuplement des campagnes, lui aussi d en partie lindustrialisation de lagriculture, rend inutiles des btiments parfois abandonns des habitants qui nont pas conscience de leur valeur ou ne sen proccupent gure.

    On comprendra, devant ces deux phnomnes, que la pire des menaces qui psent sur cette forme de patrimoine est en fait sa sous-estimation gnrale. Elle est longtemps reste le parent pauvre du patrimoine, peut-tre ignore au profi t de monuments plus prestigieux ou de rgions la beaut particulirement frappante. Les habitants quant eux, mme sils apprcient leur patrimoine bti, ne le reconnaissent pas toujours sa juste valeur car il leur est trop familier. Dans ce domaine, la Convention du paysage du Conseil de lEurope savre pionnire en matire de protection du patrimoine : elle souligne limportance de prendre en compte et de protger tous les types de paysages.

    Lhabitat rural nest certainement pas une pice de muse. Il nest pas immuable, il nest pas une curiosit emballer dans du papier de soie. Pour le prserver, il faut la fois ladapter pleinement au quotidien des habitants daujourdhui et conserver les pratiques et les modes de vie locaux. Les btiments abandonns peuvent tre ramnags et trouver une nouvelle vie, en particulier pour exploiter le potentiel conomique que reprsente le tourisme rural. Larchitecture vernaculaire, de par sa nature, se compose rarement de sites isols : il est donc souhaitable de mettre en rseaux les sites ayant des points communs, aidant ainsi mobiliser les soutiens en faveur de leur prservation. Une telle politique offre en outre loccasion de mettre en commun les expriences.

    La prsente dition de la revue Futuropa du Conseil de lEurope runit des articles rdigs par des experts de premier plan, dEurope et du reste du monde. Cest en attirant lattention sur cet aspect crucial de notre patrimoine et en encourageant la coopration tous les niveaux du local linternational que nous russirons ne pas perdre ce lien essentiel avec notre pass, mais au contraire le transmettre, intact et bien vivant, aux gnrations futures.

    Gabriella Battaini-DragoniDirectrice Gnrale de lEducation,

    de la Culture et du Patrimoine, de la Jeunesse et du Sport

    du Conseil de lEurope

    Lhabitat rural vernaculaire, un patrimoine dans notre paysage

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    Le patrimoine rural vernaculaire : du pass vers le futurQuest-ce que le patrimoine en zone rurale ? Des lments darchitecture et de paysage tels quhabitations et units de production (tables, porcheries, silos ou granges), qui sont ns et ont volu au fi l du temps jusqu ce que la mcanisa-tion, fruit du dveloppement industriel, naltre de faon irrversible les relations entre les hommes et leur terre et ne fasse diminuer les besoins en main-duvre. Les localits rurales traditionnelles sont la meilleure synthse de laptitude des hommes modifi er lenvironnement leur avantage le plus rationnellement pos-sible ; cest de la structure de lagriculture que naissent les lments caractristiques du paysage. Divers facteurs dterminent la forme des btiments : limites imposes par les res-sources locales, productivit de la ferme elle-mme et constructions exiges par le systme de cultures. Lagencement dpend de considrations environne-mentales et sociales, dont le souci de scurit.Les matriaux, formes et volumes rcur-rents, toujours lis aux conditions loca-les, dfi nissent des styles darchitecture spcifi ques qui deviennent reprsentatifs du lieu.

    Sagissant du climat, la structure cher-che tirer le meilleur parti possible des conditions atmosphriques locales ; par exemple, les faades orientes au sud sont grandes, avec de larges galeries, tan-dis que les murs orients au nord sont plus pais. Il nest pas rare que des fermes construi-tes il y a plus de mille ans aient t rno-ves et adaptes au cours des sicles pour rpondre lvolution des pratiques agri-coles ; une anomalie, si on les compare dautres btiments utilitaires dont la dure de vie concide avec lactivit qui les a engendrs.Si la communaut internationale sint-resse aujourdhui au patrimoine rural, cest cause de son tat gnral de dla-brement, dont les causes sont la fois conomiques, sociales et culturelles. Le systme de production, autrefois fond sur une rotation complexe des cultures, repose maintenant sur une monoculture qui laisse les champs nu pendant plus de sept mois. Le choix de la monoculture ou dune rotation simpli-fi e tous les deux ans a rendu inutiles les granges et les tables, et plus per-sonne na lusage des vieux btiments de

    ferme et des demeures conues pour des dizaines dhabitants. LItalie compte plus de 5,5 millions de ces btiments ruraux, dont 1,5 million sont aujourdhui com-pltement labandon. L o, par le pass, les techniques et les matriaux taient strictement locaux, obissant une tradition spcifi que, les nouvelles technologies et lvolution des mthodes de construction ont introduit des styles et des lments totalement trangers lenvironnement local. Le neuf lemporte sur lancien et simpose dans le paysage environnant, avec un trs fort impact visuel car il ignore les typolo-gies, les structures et les techniques de construction locales. Le scnario qui en rsulte est rptitif : dimmenses han-gars prfabriqus dominent les ruines de vieilles fermes historiques. Les nouveaux btiments incarnent une architecture ne avec lindustrialisation, internationale et sans frontires, qui fait en gnral peu de cas des caractristiques locales.

    Les btiments traditionnels ruraux sont la fois la cause et la consquence dun pay-sage donn. Le paysage agricole na rien dun paysage naturel : cr par lhomme, il reflte lvolution des politiques en matire dagriculture. Afi n dabaisser les cots de production, on modifi e radica-lement les limites des champs, boulever-sant un paysage qui se fait de plus en plus simplifi .Les prairies et les marcages sont suppri-ms ; laugmentation de la taille des par-celles ncessite dimmenses mouvements de terre. Les haies et les alignements vg-taux sont dtruits. Les btiments ruraux traditionnels sont tout ce qui reste dun paysage dsormais appauvri. Ainsi, la rhabilitation ne devrait pas por-ter que sur les btiments, mais aussi sur les lments vgtaux, et saccompagner de lide dune agriculture durable et res-pectueuse, clairement lencontre de lconomie de la dmesure qui constitue la tendance actuelle.Le patrimoine rural englobe btiments et paysage, et sa sauvegarde suppose de porter une attention particulire aux changements ncessaires pour valoriser les caractristiques locales. Cela demande une approche commune (agriculteurs, responsables politiques, etc.) qui est trs diffi cile mettre en uvre.

    Tout btiment rural ayant conserv son identit traditionnelle fait partie dun

    patrimoine culturel qui mrite dtre pr-serv. lvidence, il nest pas question de reconstruire un scnario historique contredisant les modes de production modernes. La richesse et la diversit du paysage traditionnel, prserves grce aux soins constants des paysans, exige-raient un norme engagement et un style de vie incompatible avec les tendances sociales actuelles.

    La rhabilitation des btiments anciens et leur rutilisation des fi ns contempo-raines passent par une valuation appro-fondie des points suivants : le potentiel rel de rutilisation des

    structures dans le nouveau contexte agricole. Les solutions proposes doi-vent dcouler dune tude attentive de lorganisation de lexploitation, de sa production et de ses dbouchs ;

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    Ferme en Sicile, Etna en arrire-plan

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    P r s e n t a t i o n

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    la gestion des biens, qui devrait garantir des normes dentretien satisfaisantes aprs la rhabilitation.

    Lentretien ncessaire dpend de lusage qui est fait du btiment : une srie de fonctions compatibles avec le fonction-nement de lexploitation devraient tre identifi es afi n de rendre la rhabilitation viable. Une liste des priorits devrait tre dfi nie, commenant par les fonctions

    les plus simples (abriter des machines et des quipements) pour aller vers les plus complexes : stockage des produits agricoles, habitation, ferme pdagogique, gte rural, etc.

    Tous les projets de rhabilitation recon-naissent la ncessit dune politique damnagement du territoire visant mettre en valeur les constructions rura-

    les existantes et encourager leur rno-vation travers des soutiens fi nanciers et/ou des allgements fi scaux appro-pris. Il est donc ncessaire de : mener une analyse dtaille de ltat

    des btiments ruraux dans une mme zone, pour pouvoir mettre au point des directives cohrentes concernant leur rhabilitation ;

    identifier les critres qui ont dter-min le choix des sites lpoque de la construction des btiments ;

    classer les btiments existants selon leurs caractristiques historiques, afi n de dfi nir limpact admissible en cas de rhabilitation ;

    concevoir des mthodes de rhabilita-tion tenant compte des usages locaux, pour garantir la bonne qualit des tra-

    vaux de rnovation et leur acceptation de la part de la population locale ;

    donner des orientations pour rduire au maximum limpact des diffrents rseaux dalimentation sur les bti-ments traditionnels ;

    dcider des interventions ncessaires pour amliorer le micropaysage autour du btiment ;

    mettre en place, pour chaque zone go-graphique, un inventaire des matriaux de construction ncessaires et disponi-bles et fournir des explications sur leur mode dutilisation ;

    encourager des initiatives de sensibili-sation et de formation professionnelle lattention des ouvriers ;

    sensibiliser les professionnels et le grand public la richesse et la spci-fi cit de ce patrimoine et son impor-tance dans la dfi nition de notre identit culturelle ;

    introduire la notion de rhabilitation des btiments ruraux traditionnels, micropaysage compris, dans les pro-grammes denseignement secondaire et suprieur.

    Les btiments ruraux sont indniable-ment des tmoins directs de lactivit humaine en un lieu donn et si nous les laissons dprir, cest une partie de notre pass que nous perdrons pour toujours. Le paysage, lenvironnement, la terre et ses habitants sont les lments dune seule et mme unit et ce patrimoine devrait tre conserv non seulement en souvenir du pass, mais aussi comme source de dveloppement futur.Le problme du dlabrement du patri-moine rural est commun tous les pays, tout comme lvolution et la spcialisation de la production agricole. Il se pose avec encore plus dacuit lorsque les terres ne sont pas assez productives. Tout projet de rhabilitation passe par une interrogation sur son environnement : rnovation iso-le, ou lie des pratiques agricoles qui inscrivent le btiment dans un contexte et dans le paysage.

    Franco SangiorgiProfesseur

    Institut dingnierie agraireVia Celoria 220133 Milan,

    [email protected]

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    Vieille chapelle prs dune ferme dans la campagne

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    Ruines dune vieille cascina , prs de Lodi

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    Fermes et paysages nerlandais : larchitecture vernaculaire du bas pays Les Pays-Bas prsentent, malgr leur petite taille, une grande diversit de pay-sages et de types de sols. Ils sont avant tout une zone de delta, o certains des plus grands fl euves dEurope septentrio-nale viennent se jeter dans la mer. Situ lextrme nord-ouest du continent, le pays runit en outre les ultimes expres-sions de diffrents paysages et types de sols europens. Cest ainsi que sont nes, sur un territoire relativement rduit, plu-sieurs agricultures distinctes et hautement spcialises, qui ont leur tour entran la construction de nombreux types de fermes diffrents.

    Les terres ctires du nord et de louest sont largement artifi cielles : elles ont t gagnes sur la mer par la construction de digues et le drainage de polders. Dans ces zones riches en argile marine, la possibilit du transport par bateau et la proximit de bourgs prospres offrent la fi n du Moyen ge un cadre propice lessor de llevage laitier (beurre et fromage). Une conomie dlevage remarquablement moderne sy dveloppe partir du XVIe sicle, les fer-miers approvisionnant les marchs non seulement locaux et nationaux, mais aussi internationaux. Ce commerce fl orissant se traduit par la construction dimposants btiments de ferme. Sur une troite bande

    sableuse longeant la cte, cest le mara-chage (lgumes, fruits et fl eurs bulbe bien sr !) qui devient la principale activit agricole. Sur la large bande argileuse fer-tile qui traverse le pays le long des grands cours deau, les cultures cralires (bl) prdominent jusqu la fi n du XIXe sicle, avant dtre remplaces par la culture des arbres fruitiers. Contrastant fortement avec ces zones dagriculture prospre et avance, lest et le sud du pays prsentent surtout des sols secs et sableux. Ici, jusquau milieu du XIXe sicle, la mdiocre qualit de la terre et labsence de routes entranent le dveloppement dune agriculture essen-tiellement autarcique. Ces rgions se caractrisent longtemps par llevage ovin et la culture du seigle, ainsi que par la reproduction de btail destin tre engraiss ailleurs. Au centre du pays, les zones marcageuses bordant la mer int-rieure (lIJsselmeer, maintenant ferme par une digue) fournissent de la tourbe et du foin. On coupe les roseaux pour en faire des toitures. Dans ces deux rgions, les fermes sont le plus souvent de dimen-sions modestes moyennes. Bien que le pays soit presque entirement plat (les zones occidentales se trouvent mme sous le niveau de la mer), lex-trme sud-est (Limburg) est relativement

    vallonn. Les fertiles sols de lss, culti-vs depuis lpoque romaine, y offrent un paysage de grands champs de bl parsems de petits chteaux et de vastes fermes seigneuriales.

    Larchitecture traditionnelle des fermes nerlandaises refl te la grande diversit des conditions naturelles et des agricul-tures. Au dbut du XXe sicle, le pays compte largement plus dune trentaine de types de fermes. Trs diffrentes par lapparence extrieure, la taille, la struc-ture et lorganisation interne, elles pr-sentent toutefois quelques grands traits communs. Ce sont avant tout lutilisation de matriaux de construction naturels, la structure bas-cts et charpente de bois et la runion du logement et des fonctions agricoles dans un mme bti-ment. Il ny a pratiquement pas de pierres aux Pays-Bas : lossature des btiments ruraux les plus anciens tait donc entirement en bois. Les murs taient faits de bois enduit de brindilles et dargile (torchis) et les toits revtus de bruyre, de paille de seigle ou de roseaux. partir de la fi n du Moyen ge, une fl orissante industrie de la brique se dveloppe et ce matriau sert de plus en plus la construction de murs et la fabrication de tuiles. Les fermes en brique se rpandent dabord dans les rgions les plus riches du pays, louest et le nord, qui possdent la fois largile ncessaire la fabrication des briques et largent pour les acheter. lest et au sud, les btiments agricoles continueront tre construits en matriaux naturels jusque bien avant dans le XIXe sicle.Autre caractristique majeure, les fer-mes nerlandaises sont presque toutes des constructions bas-cts. Lossature de bois savance nettement lintrieur, avec sur deux cts ou plus un large toit pentu aboutissant des murs extrieurs extrmement bas. Enfi n, trait peut-tre plus caractristique encore, on vit, on travaille et on abrite le btail et les rcoltes dans un seul et mme btiment. Les dpendances ne ser-vent qu offrir un espace supplmentaire pour les btes ou le stockage : le btiment principal a toujours plus dune fonction. Des murs de refend dlimitent les espaces dhabitation et de travail. Dans certaines rgions cependant, jusque bien avant dans le XIXe sicle et parfois plus tard, aucune cloison ne spare les hommes du btail.

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    Ferme, Hardenberg,

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    L h a b i t a t r u r a l v e r n a c u l a

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    Au sein de lextraordinaire diversit des types de fermes traditionnels aux Pays-Bas, on peut distinguer quelques familles de btiments lis par des caractristiques communes ou par une volution histori-que similaire. Les deux grandes traditions de construction sont celle du nord-ouest et celle du sud-est. Autrefois, la plupart des btiments du pays entraient dans lune ou lautre de ces catgories.Le groupe du sud-est (type dit gnrale-ment de la ferme-halle ) se dveloppe au cours du Moyen ge tardif partir dun type de btiment antrieur, plus petit et plus primitif, qui ne comprenait quune pice vivre et une table. La ferme-halle qui en est issue, beaucoup plus vaste, ru-nit pour la premire fois dans les mmes murs le logement, ltable et les lieux de travail et de stockage. Les plus anciens vestiges connus de ce type de ferme remontent au XIVe sicle. Sa charpente caractristique, probablement mise au point au cours du XVIe sicle, se com-pose dune srie de structures appeles poutres dancrage . Lentrait (poutre matresse horizontale, sur laquelle repo-sent les solives du plancher du grenier), relativement bas, vient sencastrer dans deux poteaux verticaux. Lavant de ce grand btiment, de plan plutt carr, abrite la pice o vivent le fermier et sa famille. Larrire (partie la plus vaste) est consacr aux diffrentes fonctions agricoles. La nef, au centre du btiment, est un espace ouvert des-tin aux tches agricoles (battre le grain et nourrir le btail). Au-dessus de laire de battage, un immense grenier sert au stockage des rcoltes. Chacun des deux bas-cts comprend un espace destin au btail, habituellement plac la tte vers la nef do il reoit sa nourriture. Sur ces ter-res pauvres et sableuses, afi n dobtenir le plus de fumier possible pour la culture du seigle, les stalles ont longtemps t enfon-ces dans le sol. Dans ces fosses dont la profondeur peut atteindre un mtre, de grandes quantits de matires organiques sont ajoutes aux excrments et le tout, foul par le btail, se transforme en une solide couche dengrais que lon ne pr-lve que quelques fois par an. partir de la fi n du XIXe sicle, les engrais artifi ciels et le poids conomique croissant de la production laitire fi niront par entraner le remplacement de ces cloaques par des stalles plus modernes et plus hyginiques, de plain-pied et quipes de canaux dvacuation du fumier. La position du

    btail restera cependant la mme : la tte tourne vers la nef centrale.

    Loin du dveloppement prcoce du sud-est du pays, les fermes du groupe septen-trional (de type dit frison ) sont long-temps restes plutt petites et troites. Ici, on entrepose les rcoltes lextrieur de la ferme, lair libre ou dans des gran-ges spares, et le btiment principal ne comprend que la pice vivre, ltable et un petit espace de travail. Ce type de btiment est gnralement connu sous le nom de fries langhuis ( maison longue frisonne ). Pour les rgions septentrionales, la seconde moiti du XVIe sicle et tout le XVIIe sont une priode de prosprit et dessor conomique. Les villes offrent un dbouch de plus en plus grand aux pro-duits agricoles et notamment aux produits laitiers, entranant des transformations majeures dans lagriculture et un norme effort de drainage de polders. Il faut donc des btiments agricoles nouveaux, plus effi caces et surtout, beaucoup plus grands. la mme poque, des pices de bois beaucoup plus longues que celles que peu-vent offrir les essences locales deviennent disponibles, grce limportation (princi-palement pour la construction navale) de pins venus des pays baltes et scandinaves. Il devient possible de construire de nou-veaux btiments ossature en bois, beau-coup plus vastes, o peuvent tre runies toutes les fonctions agricoles essentielles. Au milieu du XVIIIe sicle, presque toutes les vieilles langhuis des provinces du nord ont t agrandies ou remplaces par de vastes fermes bas-cts. Leurs immen-ses toits pentus sont dsormais lun des traits les plus caractristiques du paysage plat et presque dpourvu darbres du nord des Pays-Bas. Dans ces immenses btiments polyvalents, le logement est accol ou intgr la grange. Ils ressem-blent sur ce point au type plus ancien de la ferme du sud-est, qui runissait dj plusieurs fonctions en un seul btiment plusieurs sicles plus tt. Cependant, la charpente de ces nouvelles fermes, dites fermes frisonnes, et leur organisation interne sont compltement diffrentes. Leur principal lment porteur consiste en une srie de pices de charpente extr-mement leves. Les entraits reposent sur les poteaux et sont placs beaucoup plus haut que dans les fermes du sud. Il ny a pas de grenier et la nef, qui souvre au niveau de la ligne de fate, est entirement

    remplie par les rcoltes, tandis que les-pace de travail et les tables se trouvent sur les bas-cts. Les fermes du nord pr-sentent un autre trait typique : la position du btail et la confi guration des tables. Dans ces rgions, on a coutume datta-cher les vaches par deux, tte tourne vers le mur extrieur, entre des cloisons de bois. Les fosses btail ne sont pas en usage. Toutes les stalles sont de plain-pied ou mme lgrement surleves, un canal dvacuation du fumier courant derrire chaque range. On estime gnralement que ce type dtable plus hyginique a dabord t lapanage des provinces du nord-ouest, o la production laitire a tou-jours t lune des principales sources de revenus.

    Au fi l du temps, un grand nombre de types de fermes diffrents et de varian-tes locales se sont dvelopps au sein de ces deux grandes traditions. la fi n du XIXe sicle, les diverses pratiques et sp-cialisations agricoles, lapparition de nou-veaux matriaux de construction et les diffrences de richesse et de dimensions entre fermes avaient donn naissance de nombreux styles rgionaux. La rapide rvolution agricole du XXe sicle mca-nisation et extrme spcialisation a fait tomber tous ces difi ces, lexception des plus vastes, en dsutude. La plupart des fermes anciennes ont aujourdhui perdu leur rle originel et ont soit disparu, soit t adaptes dautres usages, avec linvitable perte de caractristiques tra-ditionnelles que cela suppose. Le nombre de fermes traditionnelles est en chute. Cette disparition dlments historiques est dautant plus regrettable que cest le paysage nerlandais dans son ensemble qui est menac : le pays risque de perdre lun de ses traits les plus intressants, et les plus constitutifs du caractre de ses diffrentes rgions.

    Ellen L. van OlstChercheuse, ancienne directrice de lInstitut

    nerlandais de recherche historique sur larchitecture agricole (SHBO)

    Schelmseweg 896816 SJ Arnhem

    [email protected]

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    Reprsentation schmatique de fermes au dbut du XIXe sicle

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    Larchitecture industrielle de la valle du Llobregat en Espagne : un prcieux paysage culturel en transformationLa valle du Llobregat, situe au centre-nord de la Catalogne, devint un axe indus-triel de premier ordre pendant la seconde moiti du XIXe sicle. cette poque-l, une myriade de colnies furent cres en quelques annes, comme par gn-ration spontane. Ces cits ouvrires constituent lun des ensembles les plus denses et les plus intressants de lEu-rope de la premire industrialisation. Lvolution de lindustrie, en particulier au cours du XXe sicle, et lmergence du secteur tertiaire transformrent les cits en centres rsidentiels. Mme si la plupart dentre elles ne sont plus lies lactivit manufacturire qui est leur origine, elles conservent une grande valeur historique et culturelle.

    Conscient de la valeur des 18 cits industrielles de la valle du Llobregat, le gouvernement autonome de Catalogne (Generalitat de Catalunya), la rgion espagnole la plus industrialise qui est frontalire avec la France et longe la Mditerrane, a approuv un Plan direc-teur urbanistique afin de prserver la valeur patrimoniale de ces cits et de dynamiser lactivit socio-conomique du

    secteur. Ce plan concerne une bande de territoire dune longueur de 29 km, avec une section de valle denviron 2 km, qui va du fl euve aux plateaux latraux et englobe 9 communes et une population totale denviron 20 000 personnes, toutes rsidant dans les cits.Les objectifs du Plan directeur sont les sui-vants : 1) Adapter le standard de qualit du parc rsidentiel actuel et des services urbains des cits celui des communes ; 2) Consolider les cits comme quartiers dun systme urbain dot dune person-nalit propre ; 3) Prserver la valeur patri-moniale de la valle du Llobregat en le qualifi ant de paysage culturel de premier ordre sur la base de son pass industriel et de linterrelation particulire entre lco-systme fl uvial et son utilisation pour la production dnergie ; 4) Garantir le consensus institutionnel et la participa-tion publique en incorporant des formu-les de gestion commune des lments les plus importants, tels que les canaux et les barrages, les espaces de pche et de loisirs, les itinraires touristiques et les btiments.Les instruments dexcution prvus dans le Plan directeur sont : 1) Les catalogues

    de patrimoine contenant linventaire, le diagnostic et les mesures de protection des btiments et des espaces libres pour chaque unit dexcution ; 2) Les plans damlioration urbaine, qui comprennent la dlimitation de la croissance rsiden-tielle de chaque cit ; 3) La dfi nition de la voie civique , qui doit regrouper les 18 cits pour garantir leffi cacit et la cohrence de lensemble. Ces mesures seront accompagnes dun plan strat-gique visant dvelopper le tourisme et lactivit de production de qualit. Le dfi relever par le gouvernement autonome de Catalogne, les communes, les propri-taires et les rsidents consiste faire de la valle du Llobregat un exemple de res-pect du patrimoine culturel dans le cadre changeant dun bassin fl uvial au service des tres humains.

    Joan Ganyet i SolDirecteur gnral

    darchitecture et paysageDpartement de la politique

    territoriale et des travaux publics Generalitat de la Catalogne

    Avda Josep Tarradellas 208029 Barcelone,

    [email protected]

    Tour et glise de la colnia Viladomiu, Gironella

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    Larchitecture vernaculaire dans lex-Rpublique Yougoslave de Macdoine

    Lex-Rpublique yougoslave de Macdoine , est un petit pays nich au cur des Balkans, rput pour son patri-moine naturel et culturel. Cest ce patri-moine qui fait toute la valeur du pays : lenvironnement naturel et celui faonn par lhomme, toute une diversit de pay-sages, de bourgs et de hameaux. Le terme de patrimoine englobe en outre aussi bien les monuments remarquables que de trs nombreuses constructions : moulins, murs de pierre sche, spultures, fermes, granges, etc. Larchitecture vernaculaire constitue une trs importante part du patrimoine culturel du pays. Celui-ci compte un nombre signi-fi catif de localits traditionnelles, aban-donnes ou encore habites. Lirrsistible progression des changements sociaux a modifi le visage des btiments ruraux, des villages en tant que type dhabitat et mme de rgions entires. Beaucoup de villages traditionnels conservent cepen-dant leur patrimoine culturel ancien. Ils se composent de btiments vernaculaires authentiques et bien prservs, destins au travail ou lhabitation. Les caract-ristiques architecturales des villages tra-ditionnels macdoniens, en particulier en haute montagne, forment encore aujourdhui un dcor et une atmosphre authentiques. Elles saccompagnent de richesses immatrielles : histoire locale, folklore, langue, musique, traditions culinaires, art et artisanat, industries et savoir-faire.Les villages vernaculaires se caractrisent par leur adaptation lenvironnement : pour une maison rurale par exemple, un agencement interne particulier, lutilisa-

    tion de matriaux de construction tradi-tionnels tels que le bois, la pierre ou les briques nues par exemple. Les techniques de construction y sont elles aussi bien sp-cifi ques.Les constructions vernaculaires sont une forme anonyme dexpression artistique. Beaucoup dentre elles existent encore aujourdhui, isoles ou regroupes, en particulier dans les villages de louest et du sud-ouest du pays. Elles nont pas bnfi ci dun traitement appropri, que ce soit sur le plan de la recherche scienti-fi que ou sur celui de la prservation. Les ethnologues, sans pour autant nier les qualits esthtiques et artistiques de lar-chitecture populaire, y voient avant tout un document qui tmoigne des modes de vie passs et prsents. Le fait que des btiments assez simples, sans traits esthtiques majeurs, aient t placs sur la liste des btiments protgs est saluer, car ils sont les tmoins du pass. Ils sont galement importants comme groupes de btiments montrant lorganisation des rgions rurales. Dans la zone du mont Pelister et du lac Prespa, au sud-ouest de la Macdoine, 37 villages comptent des btiments ver-naculaires classs qui montrent bien la diversit et la richesse de dtails de cette architecture. Leur structure se caractrise par des montants de bois verticaux avec un remplissage de briques et dautres matriaux. Le sol est en bois. Llvation extrieure prsente diffrentes parties en surplomb, des avant-toits trs saillants, des fentres alignes en ranges et des lments de bois dcoratifs. Lautre trait distinctif de ces demeures est leur agen-

    cement interne. Plafonds de bois simples ou ornements, structures intgres au btiment, embrasures de portes, esca-liers, rampes et autres lments en bois forment un intrieur particulirement pittoresque.

    La principale cause de disparition des maisons vernaculaires rurales est leur ge (la plupart datent de la fi n du XIXe sicle et du dbut du XXe) et la qualit des mat-riaux employs pour leur construction. La rapide disparition de ces btiments sexplique aussi par des interventions individuelles mal inspires, le propri-taire nacceptant pas les conseils ou les instructions de professionnels. La conservation des habitations vernacu-laires se heurte un problme majeur : celui des besoins quotidiens de leurs occu-pants. Le temps passant, les habitants leur apportent diverses modifi cations. Ces btiments devraient pourtant tre prot-gs et rnovs, isolment ou dans le cadre dun ensemble, car ils sont lessence de lidentit historique et culturelle du pays et ajoutent son magnifi que dcor naturel. Le dveloppement dun tourisme alterna-tif peut, en outre, encourager le dvelop-pement durable du pays, ce qui plaide en faveur de la prservation des villages et de larchitecture vernaculaires. Dautant plus quil sagit du seul moyen de revita-liser lconomie des rgions rurales et dy amliorer les conditions de vie.

    Victoria Momeva-AltiparmakovskaEthnologue

    Conservatrice de lInstitut pour la protection du patrimoine culturel

    Muse et galerie de Bitola lex- Rpublique yougoslave de Macdoine

    [email protected]

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    Patrimoine rural vernaculaire et socit en FranceParler dhabitat rural vernaculaire est en quelque sorte un paradoxe dans la mesure o les impratifs conomiques ont conduit la disparition de ce qui tait sa principale caractristique : tre une architecture de modle qui, comme le note Marie Pascale Mall, conservatrice de lInventaire du patrimoine culturel, se reproduit non par transmission crite mais par imitation, contagion de modles architecturaux dont la diffusion peut tre dfinie trs prcis-ment 1. Les modes comme les matriaux utiliss se sont largement uniformiss sur le territoire franais et les savoir-faire pro-pres la construction traditionnelle qui se transmettaient de manire informelle ont le plus souvent laiss place des techni-ques de type industrielles dont le moindre cot a assur le succs et qui sont les seu-les largement enseignes aux ouvriers du btiment. En matire dhabitat, la diver-sit culturelle franaise repose dsormais plus sur une politique de conservation du bti ancien que sur le maintien des tradi-tions architecturales locales et ce constat est tout aussi valable en milieu dit rural quen milieu urbain.Largement ancr dans le local, ce type darchitecture a pu dautant moins rsister que les communauts dpositaires de ces savoir-faire ont subi des transformations imposes de lextrieur qui ont abouti une complte recomposition de les-pace franais : la dichotomie commune urbaine/commune rurale ne refl te plus la ralit dune occupation humaine o lieux de production et lieux de consommation sont souvent dissocis et o de plus en plus de personnes ne travaillent plus dans leur communes de rsidence. Lespace rural ne se dfi nit ainsi plus en fonction de la densit du bti ou de la prdominance de lactivit agricole, mais par un paysage. En ce sens, le territoire franais dont la plus grande partie reste marque par les activits agricoles et forestires jusque dans les zones dites priurbaines (55,4 % de leur superfi cie sont de la, surface agri-cole utile, SAU ; 35 % des exploitations agricoles de France mtropolitaine) conserve une physionomie rurale mal-gr un taux durbanisation lev (75,5 % de la population mtropolitaine vit dans des units urbaines, 82 % dans lespace dominante urbaine dfi ni par le zonage par aire urbaine, ZAU)2. Dun point de vue sociologique, le caractre rural des espa-ces priurbains est dautant plus accentu que les modes de vie urbains et ruraux sont trs proches : le poids du paysage

    devient donc dterminant dans la diffren-ciation spatiale. La densit de peuplement relativement faible et le moindre degr dartifi cialisation des sols et non lacti-vit conomique principale voil ce qui dfi nit le rural par opposition lurbain. Il est intressant de noter que nombre dha-bitants des zones priurbaines se dfi nis-sent ainsi comme vivant la campagne et depuis le dbut des annes soixante-dix, on assiste un renversement de tendance dmographique d un solde migratoire positif qui sacclre depuis le dernier recensement : de 1999 2004, plus de deux millions de Franais ont quitt la ville pour sinstaller dans des communes de moins de 2000 habitants. 2,4 millions dautres no-ruraux sont attendus dici 2008. Le cot du foncier urbain nest quen partie lorigine de ce phnomne de socit. Il sexplique essentiellement par la recherche dun meilleur cadre de vie, moins stressant, moins cher et moins pollu, en mme temps quun panouis-sement dans les sphres personnelle, familiale et professionnelle. La ville tant devenue synonyme de mal-tre, le bon-heur est dsormais dans le pr. Aux yeux des no-ruraux, lhabitat et la morpho-logie agraire du territoire qui ont consti-tu pendant des sicles le squelette du paysage rural franais ne sont quun des lments du cadre de vie. Ils font partie dun paysage pittoresque quils entendent conserver tel quils se le reprsentent. Comme le disaient Bertrand Hervieu et Jean Viard : cest aux agriculteurs eux-mmes dentrer dans le paysage pour rester paysans 3. Cette population migre qui se superpose une couche antrieure rurale de moins en moins cohrente obit en outre une logique socitale urbaine qui nest pas sans poser des problmes dintgration. 63 % des maires interrogs redoutent des demandes excessives en matire dquipements et de services.Lespace rural apparat ds lors comme une source de tensions et de conflits entre ruraux et no-ruraux en raison de son caractre multifonctionnel. Il sert de support trois types de fonctions qui induisent des usages concurrents : une fonction conomique ou de production, une fonction rsidentielle et rcrative (campagne comme cadre de vie quil sagisse dun habitat permanent ou tem-poraire) et une fonction de conservation (protection de la biodiversit, du patri-moine naturel, culturel et paysager). La diversifi cation des fonctions du milieu

    rural entrane ainsi une recomposition du paysage o le dsir de conserver les formes hrites du pass va de pair avec la volont dadoption dun mode de vie urbain, symbole de modernit. Dans cette recomposition, lhabitat vernaculaire ne trouve pas toujours sa place. Une partie du parc ancien a certes pu tre rnov ou rhabilit, mais larri-ve de nouveaux habitants a souvent eu comme consquence lextension en pri-phrie des agglomrations prexistantes de zones pavillonnaires correspondant mieux aux moyens et aux aspirations en matire de logements des nouveaux arrivants comme des anciens habitants. A Riez, commune des Alpes de haute Provence, lenqute annuelle de recen-sement 2005 compte 37 mnages de plus quen 1999, pour 56 logements supplmentaires. 33 rsidence princi-pales ont t acheves depuis cette date et 14,7 % de la population recense en 1999 a chang de logement entre ces deux dates. La vtust du parc immobilier du centre historique et le moindre cot dune construction neuve par rapport une opration de rnovation nexpliquent quen partie un phnomne li au dsir de possder un jardin tout autant qu celui de jouir de tout le confort moderne. Si on sattache lhabitat hors agglomration, on note la mme volution. Une partie des agriculteurs ont prfr sinstaller dans le village. De nombreuses fermes ne sont ainsi plus le centre dune exploitation agri-cole. Quelques-unes demeurent occupes par des exploitants agricoles la retraite ou sont transformes en rsidences secondaires, voire en gtes ruraux, mais certaines restent inoccupes pour ne pas dire abandonnes. Les habitants comme les lus sont plus sensibles au devenir du village qu celui des carts et cest donc ce type dhabitat vernaculaire qui subit le contrecoup des transformations socio-conomiques rcentes. Frapps dobsolescence et ne rpondant plus aux normes europennes, les btiments utili-taires anciens trouvent diffi cilement une nouvelle affectation, tandis que des struc-tures modernes (hangars pour les machi-nes, tables) doivent tre difi es.Magnifi comme exemple de la diversit architecturale et des influences diverses qui lont faonn , le patrimoine rural vernaculaire nest dsormais plus quun tmoin vivant de notre architecture, du tra-vail des artisans et des savoir-faire qui lont constitu , mais pour combien de temps ?

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    Un rcent rapport du Conseil conomique et social4 permet de dresser un tat des lieux du bti li plus spcifi quement aux activits agricoles. Sur 11 millions de bti-ments usage agricole identifi s en 1966, on estime ainsi aujourdhui 6 millions le nombre de btiments qui restent. La moiti appartiendrait des agriculteurs, lautre moiti ayant t acquise par des particuliers. Sur ceux appartenant aux agriculteurs, 1,5 million ont conserv lusage quils avaient en 1966 ; en effet, la plupart des maisons sont encore habites par lexploitant. Les autres, 1,5 million, ont chang dusage ; ils sont vacants ou tombent peu peu en ruine. Parmi ceux qui ont t repris par des particuliers, 1,5 million auraient t reconvertis en rsi-dences secondaires ou principales, en commerces ou autres, lautre moiti serait en attente dusage ou de reconversion. Dans ce constat densemble, il nest pas tenu compte des fortes disparits rgio-nales. Dans les zones pri-urbaines qui sont en fait les plus touches par le nou-veau dynamisme dmographique, la ru-tilisation frquente pose des problmes de cot et de respect du bti ancien ainsi que dquilibre entre les besoins lis la production et les exigences en matire de cadre de vie des nouveaux arrivants. Ailleurs, la nouvelle donne engendre un surcot du foncier dont ptissent essen-tiellement les jeunes agriculteurs qui se retrouvent en concurrence avec des ache-teurs de rsidences principales ou secon-daires trangers ou franais. Enfi n, une partie du territoire franais, le rural pro-fond demeure lcart du mouvement : dans cette zone, la plus affecte par la dprise agricole et le vieillissement de la population, le bti vernaculaire tombe en dshrence. Peut-on encore employer le terme de patrimoine pour un bien dont la transmission nest pas assure puisque aucun hritier ne se prsente ?Si le bti vernaculaire contribue par des caractristiques propres chaque rgion, la richesse et la diversit architecturale de la France, son charme et son attrac-tivit touristique , force est cependant de constater que ces prrogatives ne lui assurent pas pour autant une garantie de prennit. Plus quun problme dadap-tabilit, sa rutilisation se heurte deux obstacles majeurs. Le premier, le cot de son amnagement, est dordre conomi-que et technique. Le second obstacle est dordre culturel. Les communauts pro-fondment ancres dans des territoires

    locaux qui ont cr le bti rural vernacu-laire franais se sont disloques quand elles nont pas disparues. La nouvelle ruralit o le local est dsormais intgr au global est encore en gestation. Cest de sa capacit trouver un nouvel quilibre entre respect du legs du pass et adapta-tion que dpend lavenir du patrimoine rural vernaculaire. Par habitude ou par aspiration, les habitants des campagnes franaises partagent dj une conception commune, celle dun mode de vie rythm par le temps cyclique de la nature. Ils leur restent difi er avec le temps une per-ception commune de leur environnement spatial. Dans la recomposition en cours des territoires ruraux, un des principaux enjeux est moins la cohabitation de diff-rents groupes sociaux aux intrts parfois antagonistes que lmergence dun vou-loir vivre ensemble un espace dans toutes ses dimensions, y compris productives. De simple dcor en patchwork dont les morceaux disparates sassemblent par couture, le paysage rural redeviendra alors ce tissu dont la trame et la chane sen-tremlent savamment ou cette mosaque dont les tesselles bien ajustes se fondent harmonieusement dans le dessin den-semble. Seulement ainsi, les fragments despace que constitue le patrimoine bti trouveront leur place et redeviendront vernaculaires parce que faits siens par une

    communaut soucieuse non seulement de le prserver et de le transmettre, mais capable dy puiser une source dinspira-tion pour de nouvelles crations.

    Brigitte SabattiniCentre Camille Jullian dArchologie

    mditerranenne et africaineUniversit de Provence, Maison

    mditerranenne des Sciences de lhommeRue du chteau de lhorloge, 5

    Aix-en-Provence, France [email protected]

    1 Mall, Marie-Pascale, 1983. Linventaire de lar-chitecture rurale dans les Hautes-Alpes , Le monde alpin et rhodanien, no 4, p. 10.2 Un rapport de lINSEE (La structuration de lespace rural : une approche par les bassins de vie. Rapport de lINSEE (avec la participation de IFEN, INRA, SCEES) pour la DATAR, juillet 2003) propose de pren-dre en compte un rfrentiel rural restreint compre-nant les bassins de vie dont le ple est une commune ou une unit urbaine de moins de 30 000 habitants en 1999 et un bassin rural largi qui y ajoute la pri-phrie des 171 autres bassins de vie dont le ple est une unit urbaine comptant plus de 30 000 habi-tants. Aux 429 000 km2 (79 % du territoire) du rf-rentiel rural restreint sajoute ainsi 82 000 km2 du rfrentiel complmentaire soit 94 % du territoire franais regroupant 25 765 000 habitants (44 % de la population 1999).3 Hervieu Bertrand et Viard Jean, La campagne et larchipel paysan, dans Chevallier Denis (dir.), Vives campagnes. Le patrimoine rural, projet de socit, Editions Autrement, Paris, 2000, p.76.4 Un atout pour le monde rural : la valorisation du bti agricole. Rapport prsent par Michel de Beaumesnil, 2006.

    Maison en Lozre, France

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    Les petits monuments sacrs, lments indispensables du paysage, non seulement en Rpublique Slovaque

    lheure de lintgration europenne, une question revient de plus en plus dans les dbats et confrences : Quest-ce qui constitue lidentit dune rgion ? . une poque o les distan-ces se font de plus en plus courtes et le passage la douane de moins en moins important, nous avons toujours envie de sentir dans chaque pays un caractre unique, une atmosphre diffrente. Et le caractre du paysage compte parmi les principaux lments constitutifs de cette fameuse identit. Le paysage slovaque typique, souvent reprsent sur les cartes postales, est bien sr li aux Carpates. Outre la diversit du paysage, limage du pays est trs marque par lhabitat (petits bourgs, hameaux isols, vieux chteaux en ruines ou encore debout) et par les formes traditionnelles dutilisation des sols : mosaques de champs, de prs et de forts. Enfi n, des milliers de monu-ments sacrs, particulirement visibles en ville mais que lon trouve aussi trs souvent en pleine campagne, tmoi-gnent dune riche histoire infl uence par la religion. La facture de ces monuments diffre en fonction des techniques loca-les. Croix de chemins, colonnes votives, petites chapelles, calvaires ou statues de saints protecteurs, le plus souvent rigs aux carrefours, au centre, len-

    tre ou la sortie des villages ou sur les sommets. Aujourdhui symboles de misricorde, de pardon et de srnit, ils ont jou un rle significatif dans la vie religieuse des villages. On les ri-geait en signe de remerciement ou de prire pour la ralisation dun vu. Aujourdhui, non seulement admira-bles pour leurs qualits esthtiques, ils sont l comme un dfi : est-il possible de recenser tout ce qui fait la valeur dun paysage ? Quapprcions-nous exacte-ment dans un paysage ? Comment int-grer aux politiques damnagement du territoire des thmes comme la sensi-bilisation au paysage, la protection des lments irremplaables tels que las-pect du paysage, ou encore la subjecti-vit des habitants et leur attachement au lieu ? Dans la rfl exion autour dun paysage de qualit, la participation du public, matre mot de la Convention europenne du paysage, pose des dfi s similaires.

    Tmoins de racines historiques com-munes, certains monuments slova-ques ressemblent beaucoup ceux des pays voisins. Saint Jean Npomucne, quon nomme aujourdhui le Centre-europen , en est un exemple. N en Bohme (actuelle Rpublique tchque) vers 1350, Jean tudia le droit et la tho-

    logie avant de devenir vicaire gnral de larchevch de Prague. La lgende retient surtout son refus de trahir auprs du roi Wenceslas les confessions de la reine Sophie, qui lui valut la mort. Le roi le fi t jeter dans la Moldau depuis le pont Charles, Prague. Son effi gie slve aujourdhui en maints endroits ; il est patron des avocats, protecteur des ponts et des cours deau et symbole de la discrtion, de la fi abilit et du cou-rage. Sa personnalit a inspir la rencontre internationale de peintres Sanctus Ioannes Nepomucenna Medioeuropeansis (1999-2004) et lexposition itinrante

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    Le paysage rural norvgien et son patrimoine architectural

    En Norvge, quelque 3 % seulement du territoire sont constitus de terres arables, dont un tiers se prte la pro-duction cralire, de sorte que lagri-culture a toujours t tributaire dune exploitation extensive des grandes tendues forestires et montagneuses qui couvrent lessentiel du pays. Les ressources agricoles marginales ont engendr une forte diversit, en raison des adaptations locales aux diffrentes conditions climatiques et naturelles. Et cette diversit se retrouve dans le patri-moine architectural.Le paysage rural de la Norvge est domin par des fermes isoles, dotes traditionnellement de structures laitires distinctes, en montagne, pour le ptu-rage, le fourrage et la production de produits laitiers durant lt. Il ny a pas de villages et les grandes exploitations ne sont gure nombreuses. Limage du paysan sans attaches vivant dans sa ferme isole est omniprsente dans lhistoire de lagriculture norvgienne, en dpit de quelques regroupements et l de fermes et exploitations de taille plus modeste. Sur le plan ethnique, la diversit du paysage rural tient la prsence de la population autochtone sme et de deux minorits nationales dorigine fi nlandaise, dans le nord et le sud du pays.Pendant la deuxime moiti du XIXe sicle et au dbut du XXe, le pay-sage rural sest profondment trans-form. Dans ce paysage rorganis et remodel, la ferme isole est devenue le modle dominant et les nouvelles technologies ont imprim leur mar-que. Dans maintes cours de ferme, les multiples petites btisses fonction unique ont cd la place quelques btiments, moins nombreux, mais conus pour remplir plusieurs fonc-tions. Par bonheur, beaucoup de bti-ments anciens ont aussi t conservs et sauvegards.

    Les principaux matriaux de construc-tion sont le bois et le bois duvre, mais aussi la tourbe et la pierre, notamment dans les rgions ctires. Pour les habi-tants du pays, une ferme ancienne, cest en gnral une maison en ron-dins, sans panneaux, coiffe dun toit de tourbe. Cest l le btiment clas-sique des valles intrieures du sud de la Norvge, un legs du pass. Par la suite, et ailleurs dans le pays, le pan-neautage sest gnralis. Bien souvent, les diffrences rgionales se situent tant au plan visuel que dans les techniques de construction. Au sicle dernier, le paysage rural se caractrisait, dans de nombreuses rgions de Norvge, par des maisons dhabitation blanches, un btiment rouge remplissant de multi-ples fonctions et des entrepts en ron-dins de la priode prcdente. La richesse du patrimoine vernacu-laire norvgien tient avant tout ses innombrables constructions en bois datant du Moyen ge, plus nombreu-ses ici quen nul autre pays au monde. On en recense ce jour 233, mais les types et techniques de construction nayant gure vari des sicles durant, on dcouvre, la faveur des travaux de datation en cours des btiments antrieurs cette priode. Outre lvi-dent intrt au plan du patrimoine, les connaissances et comptences tires de ltude et de la gestion de ces btiments peuvent savrer dun intrt consid-rable galement pour le btiment et la sylviculture daujourdhui.

    Even GaukstadConseiller en chef

    Riksantikvaren Direction du patrimoine culturel

    Pb. 8196 Dep.NO-0034 Oslo,

    Norvge

    Jean Npomucne le saint dEurope cen-trale, qui fait voyager dans diffrents pays europens des uvres dartistes contemporains dEurope centrale ins-pires de la lgende historique. Pour reprendre les termes dAldemar Schiffkorn, lun des commissaires de lexposition : Il est impossible de dli-miter prcisment lEurope centrale, que ce soit par des frontires politiques ou gographiques. Elle se dfinit avant tout par lhistoire, la culture et les traditions. Lespace culturel centre-europen est celui o Jean Npomucne est connu et rvr un espace qui lie troitement la Tchquie, la Bohme, la Slovaquie, lAutri-che et lensemble des pays du centre de lEurope. La nouvelle Europe na pas besoin que de prosprit conomique, il lui faut aussi une orientation culturelle et spirituelle commune .

    Pavlina MisikovaAgence de la Convention europenne

    du paysage Ministre de lEnvironnement

    de Rpublique slovaque Service de lamnagement

    du territoire Namestie L. Stura 1, 812 35

    Bratislava, Rpublique Slovaque

    [email protected]

    Ferme Kruke dans le Comt de Oppland

    Ferme Trommald dans le Cont de BuskerudJir

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    Le patrimoine vernaculaire en RoumanieLarchitecture vernaculaire en Europe prsente certes bon nombre de caract-ristiques lui confrant une certaine unit, expression de traditions hrites de cultu-res anciennes qui se sont mutuellement infl uences au fi l du temps, avec des traits distinctifs pour chaque grand domaine culturel. Mais elle nen comporte pas moins de multiples spcifi cits rgionales ou locales, en particulier dans les territoi-res qui ont t isols pour des raisons reli-gieuses, culturelles ou gographiques. Presque partout en Roumanie, larchitec-ture vernaculaire est lexpression dune culture profondment enracine, qui se manifeste en particulier dans les campa-gnes, en raison de la tradition rsolument rurale qui caractrisait la civilisation rou-maine jusqu lavnement de lpoque moderne. On situe gnralement lge dor de larchitecture vernaculaire dans les Carpates dans la priode allant de la seconde moiti du XVIIIe sicle la fi n du XIXe.Llment archaque a toujours t prsent comme expression dune culture mineure aux caractristiques intemporelles. Il est le produit de ltat desprit spontan de la

    population dune communaut donne, li linconscient ou lenfant qui som-meille en chaque adulte.Ltude de la culture rurale peut tre une manire fascinante dexhumer des ressources culturelles toujours enfouies au sein dune communaut ou dun peu-ple. Larchitecture vernaculaire comme manifestation directe et matrielle dune culture donne occupe une place essentielle dans cette approche. Dans la Roumanie rurale, elle donne voir les idaux spatiaux cachs des communau-ts et contribue crer ce que Lucian Blaga1 appelle une matrice stylisti-que et un horizon spatio-temporel de sa population, tout en transmettant fi dlement, dans le mme temps, les objectifs et idaux originaux de la com-munaut. Larchitecture vernaculaire, en particulier son architecture rurale, aide la Roumanie prserver ses traditions. Dans un contexte gographique et histo-rique propice qui la protge du poids crasant dinfl uences extrieures, elle a permis de sauvegarder jusqu prsent des formes dexpression stylistique trs fortes. La force et la spcifi cit de la culture rurale roumaine viennent aussi du carac-tre et de lme du peuple roumain, qui forme un groupe trs spcial au sein de lEurope, mme sil fait partie de lEu-rope du Sud-Est, rgion particulirement dmonstrative au plan ethnographique, et prsente des affi nits avec lEurope centrale. Larchitecture rurale vernaculaire tmoi-gne de la relation troite entre le folk-lore et la nature de la Roumanie. Rares sont les expressions architecturales qui puissent soutenir la comparaison avec elle en termes dorganicit de la concep-tion, alliant le fonctionnel et lesthtique sous des formes qui, tout en se confor-mant aux rgles gnrales de lart de la construction, prsentent une varit surprenante. Dans son ouvrage essen-tiel sur la culture roumaine, Lucian Blaga dmontre en termes loquents limpor-tance de larchitecture vernaculaire dans la vie roumaine : La Roumanie na pas vu lmergence dune architecturale monu-mentale, dont la ncessit du reste ne se fait pas sentir : lesprit de larchitecture du pays se rvle pleinement dans une simple ferme ou une glise envahie par les orties .2 La civilisation rurale rappelle la relation entre lhomme et la nature, thme dune

    Laridit et le manque darbres de la campagne maltaise ont oblig lhomme sadapter elle. Larchitecture vernacu-laire en tmoigne abondamment.

    Champs, cultures en terrasses et murs en moellonsLe Nord et lOuest de Malte sont couverts en grande partie par des collines karsti-ques. Dans les rgions pauvres en globig-rines se trouvent de nombreuses carrires de surface appeles mgiebel , dont la plupart sont peu profondes, dpassant rarement les 5 mtres de profondeur. On en extrayait jadis du calcaire coral-lien pour difi er des murs en moellons, construire des huttes par encorbellement, des ruchers et quelquefois aussi des fer-mes. Aprs lextraction, on remplissait la cavit de pierraille et on recouvrait le tout dune fi ne couche de terre ramasse dans la garrigue alentour. Trs souvent, on creusait les pentes des collines pour crer un champ en terrasse. La plupart des terrasses taient entou-res de murs en moellons qui servaient de marqueur territorial, protgeant les champs des agents subariens nocifs et des animaux sauvages.

    Construction de huttes par encorbellement Les huttes encorbellement se trouvent principalement dans le Nord et lOuest de Malte, dans les contres pauvres en glo-bigrines et riches en pierre corallienne. Les huttes, appeles giren (singulier girna ), ont la forme dun cne tronqu. On considre traditionnellement quel-les servaient de refuges aux fermiers et

    Architecture vernaculaire rurale du paysage maltais

    Porte en bois, Maramures, Nord de la Roumanie

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    Cabane en pierre avec corral

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    Maison de commerce,

    Sud de la Transylvanie

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    de postes de garde aux bergers, de ber-geries et dentrepts. Mais ce jour, les universitaires continuent de sinterroger sur lorigine de ces structures.

    Ruchers La collecte du miel constituait galement une activit importante, de lle, notam-ment dans les zones dpourvues de ter-res arables. On distingue trois types de ruchers, appels mgiebah (singulier migbha ), selon quils sont taills dans la roche, construits laide de pierres dres-ses ou nichs dans un mur en moellons. Les deux premiers types sont en forme de L, la porte occupant toute la faade avant du dispositif. Celle-ci est perce pour offrir un passage aux abeilles. Les ruches taient fabriques partir de jar-res en terre appeles qollol et places lintrieur du rucher.

    CorralsLes corrals, cikken , consistaient en un espace extrieur ceint dun haut mur en moellons. Les bergers y parquaient leurs troupeaux de chvres et moutons pour la traite et y amassaient le fumier pour le vendre des fermiers.

    Fermes Lancienne ferme maltaise, ir-razzett (sing.), irziezet (pl.), offrait intimit et protection. Oriente vers lintrieur, elle avait peu douvertures. Au rez-de-chausse autour dune cour ouverte se trouvaient les tables et les hangars. La famille du fermier logeait ltage.

    ConclusionBien que vernaculaire, larchitecture rurale maltaise apporte la dmonstration du savoir-faire et du talent de la popula-tion locale pour tirer parti des ressources du paysage en les adaptant aux besoins. Cette architecture va certes progressive-ment disparatre, mais tout est mis en uvre pour apprendre aux gnrations actuelles et futures comment conserver ce patrimoine et prserver ainsi durable-ment le paysage.

    Ernest VellaUniversit de Malte33 Triq il-Barriera

    Balzan, BZN 06Malte

    [email protected]

    brlante actualit. Dans les circonstan-ces daujourdhui, qui mettent cette rela-tion mal sans gure de perspectives damlioration, il serait bon de tirer les enseignements qui simposent de notre civilisation rurale. Ses structures, notam-ment architecturales, nont jamais t en confl it avec la nature ; elles respectent ses rgles et mnagent ses ressources. Lexprience accumule au fi l des ans dans larchitecture rurale nous offre ce jour encore de singulires leons concer-nant la logique des structures, leur int-gration dans la nature, leur fonctionnalit et leur esthtique. Aujourdhui, larchitecture rurale tra-verse une priode marque par dinten-ses changements et la perte des valeurs traditionnelles, parce quelle disparat physiquement, phnomne naturel et acceptable jusqu un certain point, mais aussi, parce quelle est altre par lintro-duction non matrise dlments prove-nant dautres cultures ou dune architec-ture qui se veut crative (souvent dun got douteux). Cette perversion du bon got dantan du paysan btisseur ne saurait tre repro-che aux paysans eux-mmes. Le phnomne a des causes objectives, telles que la tendance gnrale au dve-loppement social en Europe, la mon-dialisation ou encore les problmes de dveloppement propres la Roumanie. Il ne faut pas oublier quentre 1985 et 1989, le rgime communiste a men une politique trs agressive de standar-disation des villages, en vue de dtruire le mode de vie rural traditionnel par la force. Aujourdhui, les responsables de laltration continue du paysage rural, ce sont les dirigeants politiques et autres spcialistes . Ils sont en effet incapa-bles de comprendre la valeur profonde et relle des enseignements de larchi-tecture vernaculaire ; ils ne prennent pas suffi samment de mesures pour sauve-garder les sites qui mritent de ltre et prserver ces valeurs traditionnelles par lducation. Ces remarques ne sappliquent pas au patrimoine exceptionnel dores et dj protg par la loi, bien que mme dans ce cas maints problmes se posent eu gard la dlimitation des zones de pro-tection et la collecte de fonds pour les travaux de restauration. Ladhsion de la Roumanie lUnion europenne est loccasion dintensifi er les efforts pour prserver notre architec-

    ture vernaculaire et lui donner toute sa place, mais il faudra aussi veiller mettre dment en uvre le Schma de dve-loppement de lespace communautaire (SDEC), la Convention du paysage, les Principes directeurs pour le dveloppe-ment territorial durable du continent europen de la CEMAT et les autres ins-truments juridiques europens.

    Gheorghe PatrascuDirecteur gnral

    Direction gnrale de lamnagement du territoire et de lurbanisme et de la politique du logement

    Ministre des Transports, de la Construction et du Tourisme

    Calea Serban Voda, no 66, Apt. 8, Secteur 4, Bucarest, Roumanie

    [email protected], [email protected]

    1 Lucian Blaga, pote et philosophe roumain (1895-1962), qui mriterait dtre mieux connu hors de Roumanie.2 Lucian Blaga, The Trilogy of Culture, Universal Literature Edition, Bucarest, 1969.

    Grange en bois avec un toit de chaume

    Four et chemine, Nord-Est de la Roumanie

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    Nouvelles approches des fermes historiques au Royaume-Uni Les fermes historiques doivent tre consi-dres et analyses en liaison avec le pay-sage dans lequel elles sinscrivent et avec les contextes sociaux, conomiques et culturels prsents et passs. Pour pouvoir dgager des tendances, il importe de sortir des limites troites des tudes portant sur le bti. Nous devons brosser un tableau partir de ce que nous savons, en soulevant des questions pour les recherches futures. De rcents travaux, parrains par English Heritage et par la Countryside Agency, ont soulign que le secteur de lenvironne-ment historique doit promouvoir des moyens de gestion du changement plus positifs et mettre en place une base de donnes factuelles qui contribuera favo-riser les bonnes pratiques, laffectation des ressources et le suivi de leffi cacit des actuels mcanismes et politiques de subvention. La politique nationale en matire damnagement du territoire demande dsormais aux collectivits locales dadopter une approche plus sou-ple et positive concernant la rutilisation durable des btiments ruraux dsaffects, en privilgiant la fois une conception de qualit et lapplication dorientations et de principes directeurs spcifiques pour tel ou tel endroit. En effet, la plupart des directives en matire damnage-ment au niveau local tmoignent dune connaissance limite de la nature et du caractre des fermes historiques, tant lchelle locale que dans un contexte plus large. Lapparition, en 2005, de nou-veaux programmes agro-environnemen-taux qui accordent des subventions aux agriculteurs sils mettent en uvre des projets comportant des avantages envi-ronnementaux (naturels mais aussi his-toriques, en englobant les btiments), a en outre rvl quil y a beaucoup moins dinformations disponibles lchelle dun paysage sur les fermes et leurs dpendan-ces que sur dautres aspects du paysage culturel, comme loccupation des sols, les rgimes agraires ou les modes de dlimi-tation des parcelles.

    En 2006, English Heritage et la Countryside Agency ont publi une politique rvise sur les corps de fermes traditionnels qui mettra en avant ces exigences et le rle que ces btiments seront appels jouer dans la diversifi cation des revenus agrico-les, le dveloppement rural et le maintien et lamlioration dun environnement rural de grande qualit. Une recomman-dation cl est que les solutions envisages

    tiennent compte de la spcifi cit et de la diversit locale et rgionale modes doc-cupation des sols, double emploi, tat dabandon, possibilits de reconversion, caractre des btiments de ferme , sans perdre de vue les implications en termes de stratgies de rutilisation. Huit dclara-tions prliminaires de caractre rgional ont, en rponse ce besoin, regroup un large ventail dinformations disponibles. Cela constitue un premier pas en vue de la prsentation dune base de donnes lintention dune grande diversit dutilisa-teurs intresss par les fermes historiques et souhaitant tudier, mieux comprendre ou grer ce patrimoine. Les volutions rgionales sont ainsi replaces dans un cadre national ; des exposs sommaires dcrivent le dveloppement agricole de chacune des zones de mmes caractris-tiques (Joint Character Areas). Un projet pilote au Hampshire, dsormais tendu au Sussex et au Weald of Kent, a montr que la densit et lvolution des fermes sur la dure, ainsi que le taux de survivance de diffrents types de btiments et dpen-dances, sont troitement lis des types de paysages dont le caractre a t model par lhistoire. Cela permet de vrifi er et modifi er les rsultats de la caractrisation des paysages historiques et contribue une comprhension plus intgre et nuan-ce la fois des btiments et des paysages. Cela nous permet en outre de formuler des recommandations positives et de produire des trousses outils pour une rutilisation durable fonde sur une comprhension des traits ou lments distinctifs qui contri-buent la spcifi cit dun territoire et lui donnent son caractre1.

    LgendesLa carte montre la rpartition des fermes en Angleterre avant 1750.La plupart des fermes ayant conserv le gros de leurs dpendances et antrieu-res 1750 ont t recenses. Ces cartes soulvent dimportantes questions pour des recherches futures. Sur la carte ta-blie pour la priode antrieure 1550, elles sont concentres en ceinture autour de Londres, dans les Pennines du Sud et dans le secteur allant du Feldon of Warwickshire au Mid Devon. Derrire cette distribution se cache un large ven-tail de fermes de toutes sortes et dimen-sions, des grandes exploitations isoles aux granges relativement modestes qui ne furent pas remplaces au cours des sicles suivants en raison de la dimension

    de la ferme et de divers autres facteurs. La plupart des outliers, notamment dans les Cornouailles et le comt de Durham, reprsentent la construction dimportan-tes granges sur des domaines ecclsias-tiques lpoque mdivale. Pendant la priode 1550-1750, des dynamiques rgionales de construction et de survi-vance se dessinent plus nettement. On observe ainsi une concentration sur une bande allant de la plaine du Lancashire aux Pennines du Sud. A noter galement labsence relative de fermes antrieures 1750 dans les schmas damnage-ment du territoire de lest et du centre de lAngleterre. Ces paysages sont ceux qui furent le plus profondment modifi s par les amliorations agricoles de la priode postrieure 1750. ( Copyright de la Couronne. Tous droits rservs. English Heritage 100019088. 2005)Les granges sont gnralement les plus grands btiments que lon trouve sur une ferme. Celles construites uniquement aux fi ns du traitement et du stockage des rcoltes sont plus courantes dans les zones arables, comme cet ensemble dans les Chilterns, dans le sud de lAngleterre. Cet exemple dune grange en plein champ sur les collines crayeuses de Weymouth, dans le Dorset, est typique de lagriculture bl-mouton qui a caractris cette rgion du XIVe au XIXe sicle. La construction basse est un trs rare exemple dabri moutons. Les corps de ferme linai-

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    Carte montrant la rpartition

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    avant 1750

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    res, comme cette exploitation dans les Oswestry Uplands, la frontire avec le pays de Galles, sont largement absents du sud et de lest du pays mais convenaient bien aux plateaux, o de petits troupeaux de btail passaient la plus grande partie de lhiver labri. Le fait de regrouper toutes les activits de la ferme sous un mme toit prsentait des avantages vidents. On voit sur la photo, de gauche droite, lcurie, ltable, une grange avec aire de battage et la maison.

    Jeremy LakeInspecteur, quipe de caractrisation

    English HeritageNational Monuments Record

    Swindon SN2 2GZUnited Kingdom

    [email protected]

    1 Lake, J. et Edwards, B. Farmsteads and Landscape : Towards an Integrated View, Landscapes, 7.1., 2006, 1-36.

    Croatie : lexemple du vieux village de Posavski Bregi

    Le village historique de Posavski Bregi sest dvelopp lendroit le plus large de la valle de la Save, le long de la vieille route qui relie Ivanic-Grad au point de passage le plus proche sur la rivire. Le bourg a t jusqu aujourdhui une importante paroisse et un centre urbain. Son existence est antrieure larrive des Turcs au XVIe sicle, poque laquelle les habitants ont t contraints de partir. Il fut de nouveau habit en 1595, et la nouvelle paroisse fut cre en 1790. Lancienne chapelle Sainte-Croix (1649), en bois, fut remplace en 1815 par une glise paroissiale monu-mentale. Le plan de lagglomration est quasiment identique celui de la carte des premires mesures cadas-trales de 1861. Autrement dit, ses limites nont pas fondamentalement chang. Posavski Bregi reste un gros bourg rural avec quelques hameaux. Les vieilles maisons et granges en bois reprsentent aujourdhui 40 % du total des maisons du village.Ds ses origines, la prsence de gran-des forts de chne motiva lemploi quasi-exclusif du bois dans la construc-tion. Dans ces rgions, le bois fut conti-nuellement utilis jusqu la seconde moiti du XXe sicle. On le retrouvait partout, des palissades des fortifi ca-tions aux objets sacrs, dans les mai-sons et tous les btiments de ferme. La stagnation gnrale de la construction dans les villages rsulte de la diminu-tion de la production agricole et de lexode rural dans la seconde moiti du XXe sicle. Cest pourquoi il ny eut pas mme, jusqu rcemment, de nou-velles constructions en maonnerie dans ces localits. Les maisons en bois volurent sur la dure. On distingue

    diffrentes formes et types de bti. Les poutres dangle non quarries sont la caractristique de base des construc-tions traditionnelles croates les plus anciennes. Les toitures sont couvertes de tuiles de bois. Les toits plus anciens, couverture de chaume, ne sont pas prservs partout. La plupart des mai-sons de bois actuelles virent le jour dans la premire moiti du XXe sicle ; les plus anciennes datent probable-ment de la fi n du XVIIIe sicle.Lenvironnement historique tant bien prserv, le village offre un potentiel touristique important. Des program-mes en rapport avec les modes de vie traditionnels, comme la production de tissu, ont t introduits. La prsen-tation des techniques de culture, de fi lage et de tissage du lin, par exemple, a ainsi fourni une bonne base pour le dveloppement du tourisme culturel et cologique.

    Silvija NikicConseillre principale, Bureau

    pour la protection du patrimoine culturelMinistre de la Culture

    10 000 Zagreb,Croatie

    Runjaninova, [email protected]

    www.min-kulture.hr

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    Ferme du 17e sicle, South Downs, Angleterre

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    Fermes et paysage en Allemagne : une nouvelle vie pour les btiments rurauxEn Allemagne, le dispositif structurel de bon nombre de btiments ruraux est une ossature en bois. Le toit et les murs sont constitus dun cadre en bois qui comporte des lments primaires et secondaires. Dans les murs, lespace entre les poutres est combl laide de matriaux faciles trouver, tels que pieux et branches de clayonnage et argile, briques sches au soleil ou, par la suite, cuites au four. Argile ou chaux sont utilises comme enduits, et recouvertes de couleurs naturelles. La structure est expose aux variations mtorologiques. Le prsent article se propose de montrer comment conserver et restaurer les btiments anciens de ce type en prservant leur style, et dlaborer une mthodologie pour la rnovation des btiments de ferme anciens. La majeure partie des villages et bourgs ruraux dAllemagne est constitue de bti-ments traditionnels charpente en bois. La conservation de ce patrimoine exige de lui trouver de nouvelles fonctions et de mettre au point des techniques de restauration appropries. Il est donc ncessaire de bien connatre les problmes inhrents aux charpentes en bois et leurs matriaux.

    Analyse et projet prliminairePour mener bien la reconstruction dun btiment historique, par exemple une grange, lessentiel est de bien planifi er le projet, en procdant comme suit : analyse de durabilit, bilan des dom-

    mages et relev des faiblesses de la construction ;

    tude de construction, avec mesurage du site ;

    exigences des nouvelles affectations en ce qui concerne la statique, la protection incendie, lisolation et lhumidit ;

    plan dtaill, dossier soumettre et devis.

    Ltude de construction sera effectue avec les outils habituels.Vu son cot, la photogrammtrie ne sera utilise quen cas de ncessit, pour les btiments dexception agrments de sculptures et autres ornements.La reconstruction gommera les dfauts de conception et les problmes dordre sani-taire, garantissant ainsi le confort requis pour lutilisation du btiment dautres fi ns aujourdhui. La modifi cation de lagen-cement doit se faire dans le respect des principes de construction historiques. Il convient de distinguer murs porteurs et murs de sparation. Lquipement tech-nique doit tre modernis ; en matire de

    physique du btiment, des mesures sont prendre pour assainir lair ambiant.

    Dommages de la charpente en boisLa plupart des dommages de la char-pente en bois sont causs par la pollution humide : pluie battante, humidit diffuse et forte condensation. En labsence de plan-chiage, la charpente ne peut tre tan-chifi e. Leau sinfi ltre alors dans lespace entre la charpente et le mur de mme que dans les joints en bois et les fi ssures des poutres. Ce sont l les points faibles de la charpente. Humidifi cation et dshumidifi -cation ne squilibrent pas sur les parties les plus exposes aux intempries. Si lon utilise des matriaux non diffusibles, il se produit une condensation sur la surface interne. Il faut que lhumidit se rsorbe lintrieur comme lextrieur. Par cons-quent, lintrieur, les pare-vapeur et les pare-air sont souvent mal disposs. Les constructions murs tags doivent tre homognes ; les matriaux doivent tre susceptibles de transporter lhumidit par diffusion ou capillarit.

    Un taux dhumidit suprieur 18 % favo-rise la vgtation myclienne dans le bois. Le Boletus Destructor a une prfrence pour le conifre humide. Le bois de conifres et de feuillus peut ptir de la moisissure. Les insectes aussi sattaquent au bois lorsquil prsente un degr dhumidit gal celui de lair.

    Rnovation des constructions en boisPour mener bien la rnovation des char-pentes en bois, il faut respecter strictement les exigences concernant : la qualit et lhumidit du bois, lassemblage des poutres, la protection du bois.Qualit des constructions en boisDans la rnovation des btiments histo-riques en bois, le ratio matriaux/salaires est de 1 :10. Vu le cot exorbitant de la main-duvre, il est de la plus haute impor-tance que les travaux raliss soient utiles et durables. Le chne doit tre utilis sans son aubier, le conifre, exclusivement comme bois quarri.Lorsquon se trouve en prsence dinsectes ou de champignons dans un btiment en bois, il faut retirer non seulement la partie endommage, mais lensemble des l-ments concerns et protger les lments de remplacement au moyen de sel borique. Les causes des moisissures doivent tre com-pltement limines. Pendant les travaux, il

    faut galement viter toute exposition mme de courte dure, lhumidit, sous forme de pluie ou de mortier humide par exemple. Le bois trop humide rtrcira en schant, do du jeu dans tous les assemblages. Tous les lments de remplacement devront avoir une teneur en humidit quilibre (de 12 24 %, selon quil conviendra).Assemblages en bois dans les constructions traditionnellesPour restaurer les constructions tradition-nelles, il convient de nutiliser quun bois sec du mme type que celui du btiment en question. Les fi ssures importantes doi-vent imprativement tre combles avec du bois, jamais avec un quelconque mat-riau de remplissage.Toutes les pices dassemblage en bois doi-vent tre fabriques selon la mthode tradi-tionnelle, sous forme de joints en bois. Les attaches mtalliques sont un facteur sup-plmentaire de condensation. Il sera nces-saire de prsenter les pices dassemblage traditionnelles joints, tenons, biseaux, entures mi-bois, coches et encoches et dassortir les descriptions de schmas expli-catifs. La fabrication des joints en bois exige un temps considrable, dautant quon ne dispose pas de machines pour ce faire.Les mortaises doivent tre dfaites avec une perceuse. Les fentes profondes doi-vent tre draines. Le fi l tranch doit tre tanchifi au moyen denduits modernes. Les surfaces de seuil peuvent tre inclines pour permettre lvacuation de leau. Il est dconseill de disposer du papier gou-dronn sous les seuils, ceci entranant une accumulation de lhumidit.Protection artifi cielle du boisIl faut veiller harmoniser les diverses ta-pes du processus de protection chimique du bois. Les produits ou groupes de pro-duits doivent tre clairement dtermins, la quantit et les mthodes dapplication, prcisment indiques. Pour les charpen-tes en bois, lutilisation de dispersions ou enduits conformes la norme DIN 68800 est autorise. Avant dtres recouvertes dun enduit, les surfaces en bois doivent tre parfaitement nettoyes : la macration posera des problmes envi-

    ronnementaux avec les solvants. Les mat-riaux suinteront en raison de la quantit deau ncessaire aprs traitement ;

    le dcapage doit tre rserv aux petites surfaces, car il prend trop de temps ;

    le brossage ou grattage manuel prend galement trop de