Guillaume LEBELLE, Myriade et Focus

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Guillaume LEBELLE Myriade et Focus

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Guillaume LEBELLEMyriade et Focus

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ISBN 978 - 2 -918423 - 05 -8

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Déambulations de Guillaume Lebelle par Tristan Cormier.Myriade et Focus, conversation entre Guillaume Lebelle et Rémi Labrusse.

Traduction anglaise de Lindsay Macdonald.

GALERIE CHRISTOPHE GAILLARD

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La peinture commence aussi loin qu’on puisse trouver des signes et continue de s’étendre comme au premier jour. De la précision du trait pariétal aux équilibres penchés de Tal Coat, c’est le même instinct de trace qui est à l’œuvre. Le geste qui avance la main vers la surface pour venir la griffer ou la recouvrir compte parmi ceux qui fondent l’espèce, comme la parole ou le rire. La peinture dessine la permanence de notre passage dans la longue histoire. Le travail de Guillaume Lebelle montre que cette expérience reste neuve.

Pas de séries mais plutôt des familles de tableaux, ou encore des continents. Grands formats, petits formats, surfaces très denses à l’huile, peinture sur toile brute, papier journal... Toutes ces familles sont alimentées de concert et travaillées de manière séquencée, sans qu’il y ait de stratégie. Pourquoi séquence ? Une famille se crée et suit son temps propre, imprévisible, qui peut aussi bien s’interrompre en renvoyant ou pas à une autre séquence, un autre tableau laissé en attente. Le chemin de chacun s’inscrit dans une durée vivante, avec ses arrêts et ses reprises. Un geste abandonné peut trouver un écho sur un autre continent et préparer en même temps son resurgissement à l’intérieur de sa propre famille. Ce jeu d’échos trame au fur et à mesure une lisibilité.

Ainsi s’établissent plusieurs gestes qui ont leur mouvement propre et une certaine constance de composition avec l’espace alentour, un périmètre émergé de relation et d’unité entre des touches à tonalités diverses. C’est cet aspect particulièrement sensible dans les grandes toiles qui me retient. Le texte de Deleuze Occuper sans compter : Boulez, Proust et le temps éclaire ce principe de liaison et d’unité particulière au type de figures que l’on rencontre dans cette peinture : « la manière dont des bruits et des sons décollent des personnages, des lieux et des noms auxquels ils sont d’abord rattachés, pour former des motifs autonomes qui ne cessent de se transformer dans le temps, diminuant ou augmentant, ajoutant ou retranchant, variant leur vitesse et leur lenteur » et plus loin « la vie autonome du motif, en tant qu’il passe par des vitesses variables, traverse des altérations libres, entre dans une variation continue ».

La toile n’est pas enduite et se laisse pénétrer par la liquidité de la couleur, ce qui donne l’impression d’une couleur dans la toile plutôt que dessus. A quoi il faut ajouter des variations de consistance interne à la couleur liées à l’épaisseur du mélange, qui creusent la perspective des motifs. On obtient des corps ancrés dans la trame du tissu à différents degrés et qui s’en détachent plus ou moins. Ce sont là plusieurs gestes,

Déambulations de Guillaume Lebelle

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les uns laissant la couleur s’imprégner et décider de ces contours, les autres poursuivant ou marquant le coup à la surface. Plusieurs motifs, autant de gestes de peinture, qui l’un après l’autre, instaurent une communauté d’espace, et finalement son unité.

A première vue il n’y a pas de figure. Sauf de rares indices identifiables (dont on conçoit mal qu’ils soient de simples accidents), les autres motifs pris séparément sont plutôt des signes ou des gestes de libre peinture. Rien ne semble assigner à ces gestes une fonction figurale. Et cependant les deux ou trois indices perçus plus tôt ont commencé à étendre les axes d’une distribution spatiale. Ils sont le point de départ d’une curieuse continuité qui reporte de proche en proche un caractère de figure. Il se produit une espèce de figuration par induction entre des éléments hétérogènes : lignes vives et lentes, courbures enfoncées, griffures ponctuées ou errantes, triangles flottants à demi ouverts, vaguelettes, esquisses d’architectures repliant leurs arêtes, stries et pétales échappés des doigts, sauts de l’ange de brindille à pavot…

Gestes et signes se précisent ou estompent leur contour à différentes hauteurs. Certains aspirent à des figures qu’ils peuvent trouver et tenir, d’autres sont en voie de repli et laissent l’avènement à la touche seule. Le regard compose avec ces différentes hauteurs et les entraîne dans un jeu de correspondances et de répons. On arpente la carte d’une dissémination où les espacements

et la blancheur maintenus par la toile brute dessinent des voies de circulation. Les quelques indices mieux identifiés soutiennent des champs de reconnaissance et affermissent la trame de l’espace. On traverse un univers composite fait de figures allant leur chemin propre et prises à différents stades de leur développement : coexistence de l’état larvaire et de la ruine, saut du distinct vers l’indistinct (ou le contraire), interstices éclairés de lumière filante.

Peinture et dessin se confondent dans un même flux. On pourrait parler d’une peinture qui dessine, se délestant en route de sa charge d’être de la peinture. Et lentement émerge de ce complexe de notations une perception claire, un «substrat lumineux» qui se dépose dans la mémoire. A cela nous reconnaissons la peinture, signe qui s’oublie, signe lent, lent à venir et prompt à céder le pas. Sa condition demeure: prendre le temps, laisser venir et revenir. Laisser insister sans savoir ce qui vient, et qui vient. Et pareillement pour celui qui reçoit, « aller à rebours vers la genèse du tableau » écrit Paul Klee, refaire lentement le chemin du tableau.

Tristan Cormier, 2009

Et de deux, 2008,164 x 200 cm

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Dyptique, 2008 - 2009,200 x 82,5 cm et 200 x 78 cm

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Le vieux mot d’advertance. Pourquoi ne pas se contenter de marcher, de nager, ou de regarder la vibration de l’air ? Parce que peindre aide précisément à regarder l’air et à lutter contre l’inadvertance ; contre la tendance à occulter l’épaisseur légère de la vie. On risque toujours de se laisser aller à l’oubli. Le tableau, une façon de s’éveiller à l’air. Peindre : amplifier ses sensations, les peser, les démêler.

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Myriade est la merveille, un chemin, une transition qui se renouvelle sans cesse : son mode d'apparition est le continuum, l'amplification, la résonance. Focus : un point d’arrêt, un agrandissement, une prise de conscience, il agit en pleine connaissance de pause. Myriade et Focus jouent à ne jamais se répéter, ils s'ajustent l'un l'autre et créent ainsi la configuration du tableau. Pense à l’instabilité des représentations et au léger contrôle que l’on garde malgré tout sur elles dans le demi sommeil, dans cette dorme-veille qui donne des perceptions ultra-fines : le mouvement est incessant – un personnage peut devenir un lieu et réciproquement – et pourtant tu peux opérer des arrêts, tu conserves une maîtrise sur le flux. A chaque instant, tu lâches les rênes, tu les récupères, tu les laisses aller de nouveau. Fin de la hiérarchie des genres, début des métamorphoses accompagnées.

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De toute, 2008, 189 x 165 cm

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Sans titre, 2009, 60 x 60 cm

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L’autour : ton regard ne se limite pas à l’espace de la toile. Il passe de l’infiniment proche au dehors, opère un va-et-vient entre ici et plus loin. Tu as toujours besoin de garder contact avec l’air, de laisser filtrer la vie ambiante, pour qu’à l’arrivée l’autour habite aussi la surface peinte.

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Gioux, 2009, 164 x 200 cm

Pas de citations de peintures, mais les œuvres qui demeurent sont là comme des planches d'appel. La mémoire des peintures qui comptent pour toi est une mémoire agissante, à la fois très précise et pas vraiment visuelle. C’est comme la trace d’une énergie qui se transmet. Nul besoin d’instrumentaliser les références, que ce soit à la peinture ou à autre chose. Tu peins sans parti pris, sans préambule, laissant venir ou revenir ce que tu sais et ce que tu ne sais pas, ce que tu vois et ce que tu ne vois pas. Ce avec quoi tu dialogues trouve par soi-même sa place dans ta peinture.

La grande image n’a pas de forme, ni début ni fin. La peinture décline d’un seul tenant aussi bien ce qui l’a initiée que ce qu’elle découvre. Ce que l’on y voit est à la fois l’instrument, le jeu et la caisse de résonance.

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Alors, 2008, 179 x 177 cm

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Le plaisir immense de commencer, vif démarrage, vive entrée en matière sur la toile. Garder le contact avec ce fond qui augure de tout. Le fond de la toile est aussi perçu comme un substrat lumineux.

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Willem de Kooning : Peindre les petits tableaux comme si c’étaient des grands et les grands comme si c’étaient des petits.

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19 Sans titre, 2007, 22 x 33 cmConquet, 2003, 30 x 30 cm

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Le paradoxe du concert : à certains moments, quand les musiciens se répondent et que la symbiose est réussie, il y a un jeu

de passe-passe, tu regardes un musicien et tu entends le son d’un autre. Le saxophone fait de la percussion, le piano du violon,

etc. Etrange expérience d’engendrement à la fois cohérente et incontrôlée. Dans le tableau : en peignant, tu éprouves une

sensation et, au moment où tu l’éprouves, tu en vois une autre habiter la toile ; la sensation éprouvée s’installe dans la peinture

et avance dedans ; ou bien encore : elle met l’image en route comme un moteur. Ce que tu entends en toi est parfaitement là sur

la toile, et pourtant tout autre, un son qui n’a rien à voir avec son origine bien qu’il en procède indissociablement.

TB, 2008, 218 x 278 cm

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Sans titre, 2008, 69,5 x 64,5 cm

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Abreuvoir II, 2009, 60 x 81 cm

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L’espace aujourd'hui : un espace pulvérisé, où tous les points, quels qu’ils soient, où qu’ils soient, de quelque façon qu’ils se manifestent, offrent potentiellement le meilleur angle de vue. Trouver son continuum, l'unité d'une vie.

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Vauvenargues attaque, 2009, 70 x 70 cm

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Agita, 2009, 30 x 30 cm

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Mire, 2009, 40 x 40 cm

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Jeanne arrive, 2009, 40 x 40 cm

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Il n’y a pas de couleur en soi. Sa teneur, son oscillation se décident en prise directe.

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Sans titre, 2009, 24 x 33 cm

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Graguge, 2009, 30 x 50 cm

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La peinture, un exercice naturel pour coordonner des expériences différentes, des temporalités, des systèmes harmoniques qui ne devraient pas se rencontrer.

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TGC, 2009, 40 x 40 cm

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Abreuvoir I, 2009, 60 x 81 cm

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Sans titre, 2009, 70 x 70 cm

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Peindre, c'est comme jouer au jeu de go. On s'efforce de déposer sur l'échiquier le maximum de points disponibles. Plus il y en a, plus on est sûr de gagner. Ce ne sont pas les éléments en eux-mêmes, ce sont leurs interactions qui produisent les ouvertures.

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Soon, 2009, 30 x 30 cm

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Hors puits I, 2009, 20 x 30 cm

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Hors puits II, 2009, 20 x 30 cm

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Painting begins far enough way that we may find the signs and continue to spread ourselves, as on the first day. From the precision of the parietal line to the slanting balances in Tal Coat, it’s the same instinct of the trace that is at work. The gesture that advances the hand towards the surface in order to scratch or to recover it counts among those that give shape to the species, like speech or laughter. Painting marks out the permanence of our passage in a long history. The work of Guillaume Lebelle shows that this experience remains new.

No series, but families of paintings, or even continents. Large formats, small formats, surfaces dense with oil, painting on raw canvas, newspaper, etc. All of these families are cared for together and worked upon in sequence, without a strategy. Why a sequence? A family creates itself and follows its own time, unpredictable, that can stop as it may or may not refer to another sequence, another painting left to wait. The path of each one comes within living time, with its stops and returns. A once-abandoned gesture may find an echo upon another continent, while it prepares its sudden revival within its own family. This game of echoes weaves in due time a sense of readability.

Thus several gestures, each with their own movement and sense of consistent composition with surrounding space, settle in, like a perimeter emerging from the relation

and unity between the diverse strokes and tonalities. It is this aspect, which is particularly tangible within large canvases, that captivates me. Deleuze’s text Occupy without counting: Boulez, Proust and time illustrates this principle of liaison, the particular unity to the type of figures that we encounter in this painting: “how noises and sounds detach from the characters, places and names to which they are first attached, in order to make independent motifs that eternally transform with time, diminishing or growing, amplifying or retreating, varying their speed and slowness”, and further: “the independent life of the motif, in so much as it goes through these varying speeds, traverses these free alterations, enters into a continual variation.”

The canvas is not coated, is left to be penetrated by the liquidity of the color, a liquidity that gives the impression of a color in the canvas rather than above. To which one must add variations of consistency in the colors tied to the thickness of the mix, that cuts across the perspective of the motifs. We get hold of bodies anchored in the framework of the fabric to different degrees, and which more or less detach from it. Here are several gestures, some letting color absorb and decide its contours, others seeking or marking the event at the surface. Many motifs, as well as gestures of painting, one after another establish a community of space, and finally its unity.

The Wanderings of Guillaume Lebelle

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Atermimoï, 2009, 40 x 40 cm

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Sans titre, 2009, 24 x 33 cm

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At first sight there is no figure. Excepting the rare identifiable hints or indications (of which we find difficult to think they are simple accidents), the other motifs taken separately are rather signs or gestures of free painting. Nothing seems to assign a figural function to these gestures. And then however the two or three hints perceived earlier have started to stretch the axes of spatial distribution. They are the starting point of a curious continuity that brings out more and more the character of a figure. Through induction between heterogeneous elements, a kind of figuration emerges: lines sharp and slow, sinking curves, punctuated or wandering scratches, floating or half open triangles, wavelets, architectural shapes closing up, streaks and slippery petals (escaping the fingers), swan dives and leaps from twigs to poppies …

Gestures and signs refine themselves or blur their contour at different heights. Some aspire to figures they can find and hold, others are on the way to folding, leaving the advent to touch only. The viewer must come to terms with these different heights, playing with correspondences and responses. We stride the map of a composition where the spacing and the whiteness retained by the raw canvas draws the path of circulation. The few best identified hints or indications support the field of recognition and strengthen the framework of space. We traverse a composite universe made up of figures going about

their own ways, each taken at different stages of their development: the embryonic stage coexists with the ruin, we jump from the distinct to the indistinct (or the opposite), from lit openings to a rushing light.

Painting and drawing combine within the same flow. We could speak of a drawing painting, which progressively gets rid of the painting’s burden. Then, from this network of quotations, a clear perception, like a «luminous substrate», slowly emerges, settling in one’s memory. This is how we recognize what painting is, as a slow sign, a sign that forgets itself, slow to come and quick to give way. Its condition remains: taking time, letting come and come back. Letting insist without knowing what is coming, and who is coming. And then similarly for those who take and look at the painting: «go backwards towards the genesis of the painting» writes Paul Klee, slowly recreate the painting’s path.

Tristan Cormier, 2009Translated by Lindsay Macdonald

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Myriad is the merveille, a path, a transition renewing itself without end: it exists in a world of continuum, amplification, resonance. Focus – a stopping point, an enlargement, an awakening: it lives within the full understanding of pause. Myriad and Focus play to never repeat; they adjust each to the other as they unfold in this way shape of the painting. Think of the instability of representations, the light control we keep holding over them when half-asleep, at that edge of consciousness that brings such ultra-fine perceptions: the movement is incessant – a character may transform into a space, space into character reciprocally – and yet you can operate these stops, you keep a sense of control over the flux. At each moment you drop the reigns, you take them back in hand, you leave them to work themselves once more. End of the hierarchy of genres, beginning of supporting metamorphoses.

The paradox of the concert – at certain moments, when the musicians truly respond to each other and symbiosis is achieved, there is a kind of magic trick, a kind of exchange that happens: you look at one musician and you hear the sound of another. The saxophone plays the percussion, the piano the violin, etc. A strange experience of birth at once coherent and uncontrolled. In the painting: while painting, you feel a sensation, and then the moment you feel it, you see another

of it coming into the canvas; the sensation you have felt enters the painting and advances within it, or then again: it «starts» or turns the image on, like an engine. What you hear within yourself is perfectly there upon the canvas, yet wholly other, a sound that has no connection with its origin even while it inextricably proceeds from it.

Never quotations of paintings, but the works that live on are there as a sounding board, a call. The memory of paintings that counts for you is a moving memory, at once very precise yet not terribly visual. It is like a trace of energy transmitting itself. No need to orchestrate references, whether it be to painting or other. You paint without preconception, without preamble, letting come or letting return what you know and what you do not know, what you see and what you do not see. Those things with which you dialogue find their own place within your picture.

The great image has no form, no end and no beginning. The painting unfolds as a whole as much through what was once initiated as what it reveals. What one sees is at once the instrument, the game, the sound box.

There is no color in itself. Its content and oscillation are being settled upon direct contact.

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The great pleasure of beginning, of the live entrance of material onto the canvas. Keep connected to the base that foresees all else. The base of the canvas may be seen as a luminous substrate.

De Kooning: "paint small paintings as if they were large and the large as if they were small."

Painting, it’s like playing Go. You strive to put the maximum number of pieces possible onto the board. The more you have, the more you are sure to win. They are not elements in themselves; it is their interactions that produce the openings.

The surroundings: what you look at is not limited to the space of the canvas. It goes from what is infinitely close to what is outside, operates a back-and-forth between here and beyond. You must always keep contact with the air, to let the ambient life filter through, so that, in the end, the surroundings inhabit the surface of the painting.

An old word of caution: Why not content ourselves to walking, swimming, looking at the vibrations of the air? Because painting helps us to look at the air, to battle against oversight; against the tendency to hide or ignore the light layering to life. We always

risk allowing ourselves to succumb to forgetfulness, oblivion. The painting, a way of awakening to the air. Painting: amplifying sensations, weighing them, unfolding them.

Space today: a pulverized space, where all the points, whatever they may be, where they may be, whatever way they manifest themselves, may potentially offer the best angle of vision. Finding its continuum, the unity of life, of an experience led to its end.

Painting : a natural exercise to coordinate different experiences, temporalities, harmonic systems that should not normally meet.

Comments taken from Rémi Labrusse, 2009

Translated by Lindsay Macdonald

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Expositions personnelles/ Solo exhibitions

2010 Galerie Christophe Gaillard, Paris2009 Galerie Henri Chartier, Lyon2006 Atelier Gen Paul, Paris Ouverture avec Didier Lasserre (batterie)2006 Atelier P. Simon, Bruxelles, Belgique Ouverture avec Lucien Johnson (saxophone)2004/ 2002/ 2000 Galerie Jean Fournier, Paris

Expositions collectives/ Group exhibitions

2007 Jean Fournier, la couleur toujours recommencée, Musée Fabre, Montpellier2006 Jean Fournier, Choix d’oeuvres sur papier, Le Ring, Nantes2003 4 vérités + 1, Galerie Jean Fournier, Paris2002 Art Cologne2001 FIAC2000 Les avatars du papier, Galerie Jean Founier, Paris

G u i l l a u m e L E B E L L E

Guillaume Lebelle, 2009Photo: Rurik Dmitrienko

Né en 1972Diplômé de l’école nationale supérieure des beaux-arts de Paris

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Publications

2004 Fatrasies, Lebelle et Ribour Editions Pioche2003 Vaches d’Inde, Lebelle et Ribour Editions Pioche2002 L’Autourso, Galerie Jean Fournier Editions (sérigraphies Atelier Eric Seydoux)

Bibliographie/ Bibliography

- Carambole, l’invention à répétition, François Jeune (Colloque Eurêka, le moment de l’invention, Ecole Supérieure de Physique et Chimie Industrielles de Paris – L’Harmattan, 2008)

- La couleur toujours recommencée, Hommage à Jean Fournier, Catalogue d’exposition, textes de JP. Ameli-ne, H. Bellet, D.Fourcade, Y. Michaud, A. Pacquement, M. Pleynet, P. Wat. Musée Fabre / Actes Sud (2007)

- Jean Fournier, un choix d’oeuvres sur papier, catalogue d’exposition, textes d’O. Delavallade et P. Wat, Le Ring, Artothèque, Nantes (2006)

- Le bidule, Galerie Jean Fournier, Paris (2000)

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Guillaume LEBELLEMyriade et Focus12 janvier - 6 février 2010

Conception graphique: France de Baillenx, Christophe Gaillard et Bérangère Baralle.

© 2009 Rurik Dmitrienko pour les photographies.© 2009 Rémi Labrusse, Guillaume Lebelle et Tristan Cormier pour les textes.© 2009 Lindsay Macdonald pour les traductions.© 2009 Galerie Christophe Gaillard pour le catalogue.

Ce catalogue a été édité à 500 exemplaires à l’occasion de l’exposition de Myriade et Focusà la galerie Christophe Gaillard du 12 janvier au 6 février 2010.

Achevé d’imprimer en décembre 2009sur les presses de Corlet Imprimeur, Condé-sur-Noireau

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