Guieu Jimmy - Contacts OVNI Cergy-Pontoise

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Un franc-maçon ce gars là ? ...

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Franck Fontaine Jean-Pierre Prvost, Salomon Ndiaye

contacts ovni cergy-pontoiseEnqute et tmoignage recueillis par Jimmy GuieuPrface dAlain Le Kern Illustrations de Sabine Mangin

ditions du rocher

ditions du Rocher, 1980 Ceux qui trouvent sans chercher, sont ceux qui ont longtemps cherch sans trouver. Un serviteur inutile, parmi les autres. 6 novembre 2012 Scan, ORC Mac Roy (merci) Mise en page et Annexe 3 LENC ULUS pour la Librairie Excommunie Numrique des CUrieux de Lire les USuels

lettre aux lecteurs

Ce livre nest ni une histoire, ni un roman, mais un compte rendu denqute ralise par des membres de lI.m.s.a. en qui nous avons entire confiance. Nous tenons les remercier pour les marques de sympathie et de comprhension quils ont bien voulu nous tmoigner tout au long de leurs recherches. Nous souhaitons atteindre trois objectifs : 1. Quune fois pour toute, la lumire soit faite sur lextraordinaire aventure que nous avons vcue et continuons vivre. 2. Que lopinion publique soit avertie de ce que lon encourt dclarer avoir vu un ovni, dune part vis--vis des autorits, dautre part en ce qui concerne les sectes, illumins ou escrocs en tout genre. 3. Informer ceux qui seraient amens entrer en contact avec un ovni ou ses occupants quil existe (heureusement) des gens simposant le devoir de faire passer la science avant les intrts commerciaux. Nous tenons donc remercier trs sincrement Jimmy Guieu, alain Le Kern, Barbara ORyan, sabine mangin, Roger-Luc mary, Daniel Huguet, maryse mounet (tous membres de lI.m.s.a.), pour le soutien moral quils nous ont apport et sans lesquels ce livre naurait jamais vu le jour, ainsi que Randal (membre du G.T.R. de detectufo-Eure) pour son aide ds le dbut de laffaire et un des premiers avoir pris notre aventure au srieux. aux centaines de personnes qui nous ont exprim leur soutien par courrier et auxquelles nous navons pu rpondre, faute de temps, et que nous esprons rencontrer un jour. a tous un trs grand merci et que ce livre soit le vtre. Jean-Pierre, salomon, Franck. Celui qui nous apportons la lumire doit se faire devoir de la diffuser. Haurrio.

avant-propos

Le Gepan (Groupe dtudes des Phnomnes Arospatiaux Non Identifis) a son sige au c.n.e.s. (Centre National dEtudes Spatiales) Toulouse, et dans la mesure o ce groupe trs officiel interviendra dans le Cas Franck Fontaine , je me dois, en propos liminaires, de rvler certains aspects de ses mthodes jusquici ignors du public. Le 12 septembre 1978, le Gepan invita son sige les reprsentants des associations de recherches ufologiques franaises, lexclusion des journalistes. De 9 heures du matin 18 heures, son directeur, M. Claude Poher, et les responsables des groupes spcialiss travaillant sous ses ordres, nous exposrent leurs intentions et leur mthodologie, sur le principe de laquelle nous avons t unanimement daccord. Nous avons applaudi aussi au projet consistant tudier la ralisation dun simulateur optique destin faciliter les reconstitutions des observations. Au fil des heures, quelques-uns dentre nous commencrent percevoir, derrire les mots, certaines intentions qui nous rappelaient trop celles du comit Condon amricain. Un exemple : Le travail scientifique doit tre poursuivi et tendu au traitement des donnes dordre psycho-sociologiques recueillies. (Ce sont justement, entre autres, ces lments dordre psycho-sociologiques qui, aux U.S.A., permirent au comit Condon de faire passer bien des tmoins pour des complexs ou des visionnaires !) Des textes nous furent remis, notamment un Avis & recommandations du conseil scientifique du Gepan . Nulle part ny figure le sigle ovni, pudiquement remplac par : les faits rapports . Lun de ces textes sachve sur cette consigne : Le Conseil recommande de garder une grande vigilance quant la diffusion et la publication des tudes et des rsultats. Il sera consult avant toute publication. (Un comit de censure, somme toute !) Interrog sur la composition du Conseil Scientifique, Claude Poher (un homme sympathique mais qui, plus dun dentre nous, donna limpression dtre inconfortablement assis entre deux chaises) dclara que les membres de ce conseil devaient conserver lanonymat, quils ne connaissaient pas le sujet mais mettaient des avis, des rapports, des recommandations ! (Ce quau Gepan, sans doute, on appelle

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lutilisation des comptences !) On nous affirma par ailleurs que cet organisme officiel tait ouvert tous les scientifiques. Manque de chance pour le Gepan, un homme se leva : Jean-Franois Gille, docteur s sciences, charg de recherches au c.n.r.s. et affili lI.M.S.A. [1], pour sinscrire en faux contre cette dclaration. A plusieurs reprises, il stait adress au Gepan, sans jamais recevoir de rponse. De l conclure que le comit scientifique ouvrait grandes ses portes aux contre et refoulait les pour , il ny avait quun pas. Ce que je fis remarquer, refusant ds lors de suivre les inconditionnels simaginant sans doute quen raison de leur bonne conduite, le Gepan leur remettrait incontinent une carte officielle denquteur ! On peut rver, nest-ce pas ? A lissue de la sance, Claude Poher nous annona sa dcision de prendre deux annes de cong et de dmissionner du Gepan. Il a t, depuis, remplac par M. Alain Esterle, alors prsent cette runion o mes interventions ne passrent pas inaperues (il est bon de lindiquer et, plus loin, on comprendra pourquoi). Tout comme il est bon de faire un sort laffirmation sans appel selon laquelle : rien ne dpassera jamais la vitesse de la lumire, credo par excellence dune partie (allant diminuant) de la communaut scientifique. En effet, en sciences avances, des chercheurs en sont dj ltude des Tachyons, ces particules (trs) tranges doues, au moment de leur apparition, dune vitesse transcique, o le c de ce nologisme reprsente le symbole de la vitesse de la lumire. Ladjectif transcique signifie donc : suprieur c . Il ne sagit point l de sciencefiction (encore que la S.F. ait invent de longue date des astronefs vlocit supraluminique translatant par lhyperespace), mais dune remarquable tude conduite par deux savants authentiques : le professeur Rgis Dutheil et A. Rachman (laboratoire de physique de la Facult des Sciences de Poitiers et laboratoire de physique thorique, Institut Henri Poincar, Paris). Rfrences : Extrait du bulletin de la socit Royale des sciences de Lige, n 5-8, en 1978, communication intitule : Sur la thorie de la relativit restreinte dans la rgion du genre espace. Ces recherches de pointe constituent une bombe qui jusqualors na pas fait de bruit, dans le domaine public, mais dont londe de choc ne tardera pas se faire sentir et lon verra alors scrouler plus dune certitude et plus dun mandarin ! Tels ceux, par exemple, de lInstitut docanologie de lU.R.S.S. (Cf. bulletin dinformation sur FranceInter, le 25 septembre 1979, 7 h 30), selon lequel les ovni sont des accumulations de poussire et deau dans latmosphre ; leurs mouvements tourbillonnaires les font donc prendre pour des soucoupes volantes ! Mais avant cette explication scientifique russe, nous avions eu droit celle, made in Usa, des biologistes Philip S. Callahan et R. W. Mankin. Pour ces derniers, les soucoupes volantes seraient dnormes essaims de papillons dont le corps, sous certaines conditions atmosphriques, libre par friction une dcharge dlectrons excitant les molcules de gaz qui mettent alors une lumire bleue . Infortuns papillons au postrieur transform en racteur, que de tmoins sincres avez-vous abuss ! Pareilles explications ont autant de valeur que linvocation des hallucinations, des poussires sur le globe oculaire ou des symboles sexuels fminins chez les esprits1 Institut Mondial des Sciences Avances. Secrtariat : Thomas Savelli, villa le Clos Fleuri, impasse Desprez, 83 000 Toulon.

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dits tourments. Pour ceux qui affirmrent avoir vu des cigares volants, je vous laisse le soin de consulter un trait de psychanalyse L aussi, je doute que lexplication vous satisfasse ! La Presse est-elle coupable davoir entretenu chez le public la raillerie lendroit des soucoupes volantes dabord et des ovni ensuite ? Non, car, lorigine, devant ces manifestations droutantes, les journalistes ont cherch rponse leurs questions auprs des scientifiques, lesquels furent catgoriques : Ces choses-l nexistent pas, ce sont des fumisteries, des histoires de dbiles mentaux, la plante Vnus ou des ballons sondes. Cest ainsi que la Presse fut la premire dupe par la science officielle des annes cinquante. Mais dauthentiques hommes de science et des journalistes ont ragi, se rendant compte que lon se servait deux pour touffer la vrit. (Ils nauraient point dsavou la remarque de lsotriste Ren Gunon : Lavis de la majorit ne peut tre que lexpression de lincomptence.) Et ces hommes de science, ces journalistes lucides, ont aujourdhui ralis quil tait temps de regarder les choses anciennes avec des yeux neufs ; ayant tudi le problme sans ide prconue, ils ont ds lors compris que les chasseurs de sorcires se trompaient et que leurs victimes avaient raison ! Mais comment avons-nous pu, nous, les ufologues, avoir raison contre la majorit de la communaut scientifique et ce depuis 1947 qui vit natre lexpression soucoupes volantes ? Serions-nous plus intelligents que les savants ? Nullement : nous sommes diffrents. Nos structures mentales, libres de tout conditionnement, ouvertes limagination cratrice, sont diffrentes des leurs. Ds le premier tmoignage dobservation de lre moderne, le 24 juin 1947, nous comprmes spontanment que les performances de nos avions ou de nos (bien timides encore) fuses ne pouvaient en aucune manire rivaliser avec celles de ces objets discodaux. En consquence, avonsnous raisonn, si dautres observations analogues sont rapportes, si les tmoins se multiplient, si des traces physiques sont constates (et elles furent lgion !), nous pouvons tenir pour certain que ces objets sont en ralit des engins extraterrestres construits par une espce pensante venue dun autre monde. Cette hrsie nous valut les foudres de la science officielle. Jnonce simplement un fait, sans vouloir ici polmiquer ni tirer gloriole de notre lucidit. Lavenir dira qui, de nous ou de nos dnigreurs, avait raison. Un avenir probablement trs proche Le monde se dveloppe uniquement en fonction des hrsies, en fonction de ceux qui rejettent le prsent, apparemment inbranlable et infaillible, seuls les hrtiques dcouvrent des horizons nouveaux dans la science, dans lart, dans la vie sociale ; seuls les hrtiques, rejetant le prsent au nom de lavenir, sont lternel ferment de la vie et assurent linfini mouvement en avant de la vie. Une pense dEugne Zamatine, en exergue larticle de Pierre Bahier : Eon de lEtoile, in les Cahiers dEtudes Cathares (n 84, hiver 1979). Une pense que me paraissent mriter les ufologues et autres chercheurs vous aux sciences avances

Franck Fontaine quitte le commissariat aprs son enlvement . La semaine pendant laquelle il avait disparu navait laiss aucune trace dans son esprit. Notez le jeune homme blond gauche de la photo, qui tient deux livres dans sa main droite et tente dagripper Franck Fontaine de sa main gauche. Il sagit dun Ralien et les livres quil tient sont fort probablement Le livre qui dit la Vrit et Les Extra-Terrestres mont emmen sur leur plante. Ce qui permet de laffirmer cest que ce blondinet est cit dans un article du quotidien La Dpche du Midi paru en 1979, lpoque des faits. Nous pouvons rvler que ce blondinet ntait autre que lInfamous Lenculus en train doffrir Frank Fontaine deux livres de Lesage Jean-Michel Le diabolique secret des ovni ; Un coin du voile lev publi par la commission dtudes ouranos et de lauteur prolifique et respectable Gimme Dieu Le retour des Vieux. Ces documents ont t crit dans les annes 1995 soit plusieurs annes aprs les faits. Blondin ou plutt lInfamous Lenculus serait-il un voyageur intemporel ? Toutefois le regard de Franck Fontaine vers cette main tendue nous indique que cela est pour lui, le contact, de la pisse de chameau.

prface

Vous allez pntrer dans une aventure peu banale. Ce que vous y dcouvrirez pourra vous paratre invraisemblable, voire invent de toute pice ou, encore, patiemment labor en vue doccuper un temps le devant de la scne des vnements insolites. Voil seulement plus de trente annes quest apparue dans notre civilisation une nouvelle nigme. Depuis 1947, en effet, les vocables de soucoupes volantes , dovni, dufologie sont peu peu entrs dans notre langage quotidien. Quoi dtonnant donc ce que vous soyez en train de lire ces lignes ? Mais depuis ces dernires annes, en mme temps que croissait le nombre douvrages consacrs ce domaine, les observations, les hypothses et les rsultats obtenus se faisaient de plus en plus nombreux et prcis. Cest ainsi qua t forge lexpression de Rencontre du 3e Type , qui dsigne le contact avec les personnages sortant dengins venus dAilleurs. Mais paralllement cela, une littrature dlirante est venue se greffer sur ce phnomne (outre les querelles entre groupes ufologiques !), contribuant malheureusement jeter un discrdit sur nos recherches et leurs rsultats ; quand ce discrdit ntait pas provoqu par les reprsentants de la science officielle qui, malgr leur docte et rassurante ouverture en face des moyens dinformation, se sont toujours opposs la divulgation et mme une investigation scientifique de ces phnomnes (voir la pantalonnade du comit Condon, du jury Robertson aux U.S.A et ailleurs). Aussi, quand l affaire Fontaine sest dclare et vous le dcouvrirez dans ces pages , le milieu scientifique sest trangement comport. Alors, il appartenait aux pionniers, aux chercheurs de la premire heure, je dirai aux hommes de bonne volont, davoir une coute, un intrt et le rel dsir dclaircir laventure de Franck Fontaine et de ses amis. Jimmy Guieu est de ceux-l. Voil plus de trente ans en effet quil tudie ce phnomne. Il est lun des tous premiers avoir, en Europe, jet avec Marc Thirouin les bases de la recherche ufologique [2]. Et sa parfaite connaissance de lufologie, des contacts (voire de la parapsychologie), nous est prcieuse et indispensable. Un petit groupe de LI.M.S.A. (compos par Sabine Mangin, Barbara ORyan, Maryse Mounet,2 Ses livres documentaires les Soucoupes volantes viennent dun autre monde (1954) et Black-out sur les soucoupes volantes (1956), premiers ouvrages de rfrence, font encore autorit dans les milieux ufologiques mondiaux. (Rdition diffuse par Dervy-Livres, Paris.)

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Jimmy Guieu

Daniel Huguet, Roger-Luc Mary et moi-mme) a pu, au cours de dizaines dheures dentretiens sous la direction de Jimmy Guieu, sassurer de la sincrit de Franck Fontaine et de ses amis. Ce genre de sincrit ne peut pas tre mise en vidence par un scientifique et son appareillage ; elle ne peut tre le fruit que dune longue exprience et cest prcisment le cas de Jimmy Guieu. Car, ne nous leurrons pas : des tres ayant un pouvoir sur la matire ainsi que bien des observations lont montr on galement un pouvoir sur lesprit. Voil pourquoi bien des contacts demeurent en quelque sorte sous induction . Car, si cest Franck Fontaine qui a vcu une singulire aventure, ses amis et prcisment Jean-Pierre Prvost ont galement t concerns par ce contact, vous le verrez. En fait, les lments qui se mettent en place depuis ces dernires annes, sur le plan des contacts de plus en plus nombreux, nous font penser une sorte de manipulation exerce sur le genre humain. il y a comme une sorte de prparation progressive sur le plan psychologique, qui prpare un contact plus officiel La preuve en est que ce sont prcisment des personnes gnralement non concernes qui sont contactes et non des spcialistes ou des passionns ; quoi dtonnant ou dextraordinaire en effet quun mystique parle de sa vision de Dieu ? Nous sommes dans le cas dune tribu sauvage dont quelques individus racontent un contact avec des civiliss ; pour eux, cest une ralit. Mais pour nous ? Toute la tribu est concerne. Ne sommes-nous donc pas, nous-mmes, manipuls ou agis en vue justement de contacts futurs ? Les vnements qui se droulent la surface de cette plante prennent chaque jour une ampleur qui peut nous conduire une catastrophe. Le problme que posent les contacts nest pas inclure dans un pays, pour un moment donn, dans une suite dvnements ; la ponctualit dun contact et ses particularits peuvent parfois nous y inciter, alors quil est vritablement lchelle plantaire. Mais en regard des avertissements qui nous sont donns, vue ce dessein ou cette manipulation , nous avons le devoir dessayer de comprendre et surtout, de faire comprendre. Voil pourquoi, derrire lextraordinaire affaire de Cergy-Pontoise, existe un message qui sinscrit dans une suite dont nous avons peu peu communication. Les contacts se feront de plus en plus nombreux, prcis et importants, je dirai spcifiques et certains propos rapports dans cet ouvrage ont une valeur spirituelle. Cela voudra dire, pour nous, que le Contact est proche mais, aussi, quune catastrophe est toujours possible. A bien des moments de notre investigation, nous avons eu le sentiment de rpondre une sorte de schma qui doit amener, dans les mois ou les proches annes venir, des rponses sur les ovni dont la matrialit nest plus dmontrer, mais aussi sur les relations qui doivent finalement exister entre lHomme et le reste de lUnivers. Une partie de lantique proccupation des philosophes sur la place de lHomme dans lUnivers sera alors rsolue Alain Le Kern Rapporteur de lI.M.S.A.

chapitre premier

Ce matin de la fin novembre 1979, lheure du petit djeuner, jcoutais comme laccoutume les informations sur France-Inter, avec son lot habituel de joyeusets : inflation, dbat lAssemble sur lavortement, la Chine aux Jeux Olympiques, les otages de Thran, lorsque le tlphone sonna : Roger-Luc Mary, auteur de la Psychomutation et lExprience extraterrestre [3] et chercheur parapsychologue de lI.M.S.A., se nomma. Que penses-tu de laffaire de Cergy-Pontoise ? Quelle affaire ? France-Inter nen avait rien dit. Il est vrai que la radio (trs officielle) franaise boude en gnral du moins au dbut ce type dinformation ; il faut que lvnement dlibrment pass sous silence prenne de lampleur pour que, enfin, lauditeur en entende parler sur les ondes. Radio Monte-Carlo venait dannoncer quun jeune homme nomm Franck Fontaine avait t enlev, dans sa voiture, par une sphre lumineuse, sous les yeux de deux de ses amis. La chose me parat tout fait plausible, rpondis-je. Il y a eu des prcdents en matire denlvements de Terriens par les ovni. Nous aurons sous peu dautres prcisions, jespre, et nous jugerons alors de lopportunit dune enqute sur place. Jalertai un correspondant parisien et le chargeai de se renseigner le plus rapidement possible sur ce cas. La journe scoula, ponctue dappels tous azimuts damis ou relations me harcelant de questions auxquelles, bien videmment, il mtait impossible de rpondre, sinon en rptant ce que javais dit le matin mme Roger-Luc Mary. Nul naurait pu penser, alors, que la nouvelle de lenlvement de Franck Fontaine allait faire le tour du monde et constituer, peut-tre, lun des plus spectaculaires pisodes du phnomne ovni. Tout en gardant la tte froide, les chercheurs de LI.M.S.A. et moi-mme commencions nanmoins phosphorer ferme, prouver3 In coll. Les Carrefours de ltrange , d. du Rocher. Roger-Luc Mary prpare actuellement un ouvrage sur lahurissante aventure de Marius Dewilde, lun des tout premiers contacts franais , manuscrit provisoirement intitul : Ne rsistez pas aux extraterrestres, paratre dans cette mme collection.

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cette sensation bien connue, faite dimpatience, dexaltation raisonne, maintes fois constate lapproche dun vnement hors du commun ; perceptions subtiles propres certains chercheurs marginaux nous disons : avancs dcoulant de leurs structures mentales particulires. Le soir mme, mon correspondant parisien toujours bien inform mappela : la gendarmerie tait sur les dents et le Gepan avait t alert. Le lendemain, le quotidien de Marseille, le soir me tlphonait, sollicitant une interview sur lAffaire, pour paratre le jour suivant, mercredi 28 novembre 1979, sous la plume du journaliste Jean-Pierre Chanal, interview dont voici de larges extraits, avec ce titre en guise de prise de position personnelle : Jimmy Guieu : Jy crois La disparition de Franck Fontaine na pas manqu dmouvoir les membres de lInstitut Mondial des Sciences Avances dont Jimmy Guieu est le prsident. Pour les techniciens, les ingnieurs et les scientifiques qui appartiennent cet organisme non officiel traitant de tous les phnomnes parapsychologiques, paranormaux et irrationnels, aucun doute nest possible : Franck Fontaine a bel et bien t emmen bord dun ovni. Certes, je nai pas interrog les deux compagnons de ce jeune homme, explique Jimmy Guieu. Pourtant, je tiens priori leur rcit pour vrai. La lueur quils dcrivent et qui aurait entour le vhicule correspond effectivement celle que dcrivent par ailleurs tous les contacts dj connus. Dautre part, les nombreuses informations que reoit Thomas Savelli, notre secrtaire, prouvent quil ne sagit pas l dun cas unique. De ce fait, il semble bien que le Gepan () ait pris laffaire de Franck Fontaine trs au srieux puisque lordre a t donn lensemble des brigades de la gendarmerie de France dentreprendre des recherches pour le retrouver () Science-fiction que tout cela ? Canular que ce phnomne de dmatrialisation et de rematrialisation ? Jimmy Guieu ne le pense pas. Depuis vingt ans, la trs srieuse firme amricaine William Lear, spcialise dans llectronique pour lquipement des satellites artificiels, tudie la radio-transmission de la matire. Et si ses travaux nont pas encore t couronns de succs, ils prouvent tout le moins que le phnomne est parfaitement envisageable. Et Jimmy Guieu, dont les livres sont actuellement rdits [4], cite un autre cas rappelant par bien des aspects celui de Franck Fontaine : Au Chili, le caporal Valds bivouaquait avec ses hommes lorsquune sentinelle lappela. Un truc bizarre descendait du ciel. Le caporal Valds, qui sen tait rapproch, sestompa progressivement aux yeux de ses hommes et disparut dans la lueur. Un quart dheure plus tard, il revint, silhouette titubante et tomba aux pieds de ses hommes. Inexplicablement, ceux-ci constatrent quil portait une barbe de cinq jours et que sa montre avait tourn dautant. Rve ou hallucination collective que tout cela ? Pour Jimmy Guieu, ceux-ci sont impossibles dans la mesure o des enqutes officielles ont t ouvertes sur chacune des affaires, dmontrant sans pouvoir videmment apporter dexplication la ralit des tmoignages. Dailleurs, les disparitions paraissent, ses yeux, bien plus nombreuses que ne le rvle lactualit officielle. Plus nous parlons, plus nous faisons connatre ces affaires et plus nombreux sont les contacts se rvler, explique-t-il.4 Coll. science-fiction Jimmy Guieu , chez Plon.

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Dailleurs, tous ne se sont pas rematrialiss, comme le prtend mon ami Jean-Claude Bourret. Certaines disparitions sont dfinitives. A nos yeux, il va se passer quelque chose. Nous venons de vivre le prlude dune poque dont nous allons traverser le premier chapitre. Sera-t-il celui du premier contact officiel ? Qui peut le dire [5] ? Aprs avoir rvl qu Marseille mme, voici une quinzaine de jours, une femme avait t contacte et serait interroge sous hypnose pour vrifier lauthenticit de son rcit, Jimmy Guieu raconte une bien trange histoire. A mettre au conditionnel, de toute vidence. Celle-ci se serait droule voici vingt et un jours exactement dans le Centre-Ouest de la France. Et si Jimmy Guieu ne rvle ni le nom des villages, ni celui des participants, cest, dit-il, pour pouvoir poursuivre dans la plus grande srnit lenqute que mnent conjointement les membres de LI.M.S.A. (sous hypnose) et la gendarmerie nationale. Un des membres de notre Institut, le Dr Alpha, mappela voici trois semaines, pour me signaler la prsence dans son cabinet dun individu racontant une aventure absolument extraordinaire. La voici : roulant vers 20 h 30 entre deux villages spars par un quart dheure de route, sa voiture avait t arrte mi-parcours, proximit dune fort devant laquelle une extraordinaire lueur brillait. Sapprochant, notre tmoin surnomm Gamma-Delta, aperut quatre troncs darbres, se transformant ses yeux en escaliers, puis en plaques permettant daccder un ovode do fusait un fantastique faisceau de lumire polychrome Soudain, au tlphone, tout devint confus et notre tmoin ne se souvint plus de rien, sinon quil stait veill un moment plus tard, dans sa voiture, 30 km de l. D. ressentait tout de mme, mavoua-t-il, une gne la nuque et des douleurs dans le dos, symptmes courants chez les contacts. Croyant lui-mme un rve (dautant plus quil avait pris la prcaution de marquer le lieu de son aventure avec deux pierres blanches et quil ne les avait pas retrouves le lendemain), il accepta de tmoigner sous hypnose. Et le 11 novembre, notre hypnotiseur, Daniel Huguet, linterrogea devant des personnalits officielles de la science. Inutile de prciser que son rcit rvla quelques divergences par rapport celui quil avait fait en tat de veille. Pour lui, il ne sagissait plus dune lueur mais dune coupole, ni de troncs darbres ou de plaques, mais de silhouettes, portant chacune un nom et un numro (leur identit, en quelque sorte) ! Il craqua deux fois au cours de cet entretien sous hypnose : la premire fois, en avouant quon lui avait expliqu ce langage et ces signes ; la seconde, lorsquil dclara avoir vol dans cette coupole et surtout avoir travers deux maisons Mieux, mme, il dcrivit un homme et ses activits (juch sur une chaise, il rangeait des objets dans un placard, N.d.A.) au moment mme o lengin, dmatrialis, traversait son domicile () Rveill nouveau et parfaitement dtendu, il persvra dans ses dclarations faites sous hypnose, dclarant tre mont bord dune soucoupe volante. Il ajouta encore quun long moment durant, il avait senti, dans sa voiture et lissue de cette aventure, une prsence : celle dun des hommes qui lavaient contact. Bien videmment, nous allons poursuivre son interrogatoire sous hypnose. Mais dores et dj, je considre que cet homme a t tmoin de quelque chose de fantastique et que, la mythomanie tant totalement exclue pour ce fonctionnaire paisible nayant jusquici5 En raison de ses prolongements assez extraordinaires lis laffaire Franck Fontaine, je rappellerai en temps voulu cette opinion rsumant lentretien que jeus aux U.S.A., en 1978, avec Allen Hynek (astronome, n 1 de lufologie doutre-Atlantique) Evanston, Illinois.

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jamais port le moindre intrt aux ovni, laffaire ne fait que commencer. Je le rpte : nos yeux, il va se passer quelque chose (fin de citation). Je ne savais pas si bien dire, mais nanticipons pas et prcisons que si jai cit de longs extraits de cet article, cest parce que celui-ci allait jouer un rle capital au tout dbut de mon enqute Cergy-Pontoise. Toutefois, avant den arriver cette enqute, si riche en rebondissements parfois incroyables ou inquitants, il me parat absolument ncessaire, dabord, de prciser quau tlphone je conseillais Gamma-Delta de se rendre, en compagnie du Dr Alpha, la gendarmerie afin dy faire la dclaration de son aventure, ce quil accepta sans hsitation. La gendarmerie, donc, enregistra son tmoignage et, tout naturellement, celui-ci parvint au Gepan que lhypnotiseur Daniel Huguet et moi-mme devions rencontrer le dimanche 11 novembre chez le Dr Alpha, en la personne de son directeur, Alain Esterle, accompagn de quatre ou cinq de ses collaborateurs et en prsence de deux gendarmes. Deux jours plus tt, le Dr Alpha mavait tlphon, visiblement embarrass : le Gepan ne souhaitait pas que LI.M.S.A. participt lenqute. Ce quoi je rtorquai : Si le Gepan est sur laffaire, cest bien parce que jai conseill Gamma-Delta de faire une dclaration en bonne et due forme la gendarmerie, sachant pertinemment que celle-ci en informerait le Gepan. En consquence, jentends bien ne pas abandonner Gamma-Delta au Gepan et exige de mener notre enqute auprs du tmoin qui sera soumis lhypnose par Daniel Huguet. Le Dr Alpha me rappela dans la nuit : Cest O.K., tu peux venir avec Daniel Huguet, mais sans autre chercheur de LI.M.S.A. La prsence du Gepan cette sance dhypnose ne devra pas tre bruite. Jai tenu ma promesse jusqu lAffaire Franck Fontaine o la conduite du Gepan mincita alors rompre le silence dans lintrt des ufologues en gnral et des contacts en particulier ! Lorsque la radio annona la rapparition de Franck Fontaine, le lundi 3 dcembre 4 h 20 du matin ( lemplacement exact de son kidnapping et une semaine, heure pour heure, aprs celui-ci), jappelai le commandant Roger Courcoux, chef descadron de la gendarmerie de Cergy-Pontoise, qui me confirma la nouvelle et accepta de me recevoir le lendemain. Le commandant Courcoux me signala dailleurs quen ce moment mme, une meute de journalistes, radio et tl-reporters faisaient le sige de la gendarmerie ! Je tlphonai aussitt Jean-Louis Forest, ufologue de longue date mais, aussi, trsorier de LI.M.S.A. et notre entretien donna peu prs ceci : Tu connais la nouvelle ? Pardi ! Franck Fontaine est de retour. Combien nous reste-t-il en caisse ? Moins de trois mille francs, mais il faut y aller ! Dbrouille-toi de coincer ce garon et ses amis et remplis ras bord les cassettes de ton magnto ! Pas le temps de convoquer le conseil dadministration ; prenons la dcision nous-mmes de cette mission et tant pis si ce nest pas dmocratique ! Laffaire est trop importante et ne souffre aucun dlai. Je pris sans plus attendre contact avec Daniel Huguet, lequel navait pas dormi

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depuis quarante-huit heures car surcharg de travail (cabinet de consultation, collaboration auprs de certains mdecins lesprit ouvert soumettant divers patients ses traitements hypnotiques, enfin, des galas profanes sous le pseudonyme de Dany Franck). A quelle heure partons-nous ? me demanda-t-il sans hsiter. Vingt-deux heures au plus tard. La gendarmerie de Cergy-Pontoise nous attend de bonne heure. Nous nous arrterons de temps autre sur lautoroute pour boire un caf. O.K. ? O.K. Je passe te prendre 22 heures. Et linfatigable Daniel fut prcis au rendez-vous, ayant pu se librer pour quarantehuit heures maximum, au cours desquelles il neut gure le temps de fermer lil ! mardi 4 dcembre 1979, neuf heures Nous arrivons la gendarmerie de Cergy-Pontoise. Un planton est derrire son bureau. Dans le hall, gauche, trois hommes en civil bavardent mi-voix et lun deux nous jette un coup doeil machinal. Je le vois tiquer, se retourner vivement vers ses interlocuteurs et entamer une discussion brve mais anime avant de prendre la direction dun bureau voisin dont il referme la porte, non sans mavoir lanc un regard en biais. Srement des hommes du Gepan, dis-je Daniel Huguet. Lun deux ma reconnu et sest clips pour aller prvenir Alain Esterle ! Nous dclinons notre identit, prsentons nos cartes de LI.M.S.A., indiquons que nous sommes attendus par le commandant Courcoux. Le planton sinforme, nous confirme que le commandant nous recevra dans quelques minutes. Pourtant, une demi-heure scoule. Un mauvais esprit imaginerait que ce dlai fut mis profit par le bureau voisin afin de mettre les choses au point avec le commandant Courcoux, nulle confusion ne devant tre faite entre LI.M.S.A. et le Gepan Mais je nai pas mauvais esprit Nous sommes enfin reus par le commandant Courcoux. Accueil cordial. Nous obtenons ladresse de Franck Cergy et celle de sa mre, Mme Monique Fontaine, Saint-Ouen-lAumne. Non, Franck et ses camarades Jean-Pierre Prvost et Salomon NDiaye ne veulent plus voir personne, saturs quils sont par les interviews (par les interrogatoires de gendarmerie, du Parquet de Pontoise aussi, bien sr, mais cela, le chef descadron ne le dit pas). Nous apprenons aussi que Franck et ses amis, forains, sont considrs comme des marginaux , mais plutt braves types. En conclusion, commandant, mme si vous ne vous expliquez pas la disparition et la rapparition de ce garon, que pensez-vous de lui et de ses compagnons ? Le commandant Courcoux eut cette rponse (qui renfora notre conviction) : Notre enqute nous a permis dtablir que ces jeunes gens conduisent leur voiture (transportant des vtements quils vendent sur les marchs de la rgion) sans permis de conduire, sans assurance et que lun deux, au chmage ou en assurance maladie, les aide parfois. Autant dinfractions qui auraient d les inciter la plus grande discrtion, alors que cette invraisemblable histoire les a transforms en vedettes internationales ! Le commandant Courcoux ne comprend pas. Nous, si ! Seul un vnement dramatique pouvait traumatiser ces jeunes gens au point de leur

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faire oublier les risques encourus raconter la vrit, lors mme quils accumulaient les infractions et se plaaient dans une situation des plus illgales. Ces informations nous confortaient dans notre certitude en la ralit des phnomnes allgus : des Intelligences du Dehors avaient indubitablement dmatrialis puis rematrialis, une semaine plus tard, Franck Fontaine. Daniel et moi filons aussitt Saint-Ouen-lAumne afin dinterroger, dabord, la mre du kidnapp . Pour nous, la corrida commenait Nul naurait pu prvoir qu notre tour, un mois plus tard, Daniel Huguet, quelques autres chercheurs de LI.M.S.A. et votre serviteur toucherions du doigt le fantastique

chapitre ii

Vers 11 heures, voiture gare, nous empruntons Saint-Ouen-lAumne une ruelle au charme dsuet : limpasse du Clos-du-Roi, menant au pavillon de Mme Monique Fontaine. De faibles bruits, derrire la porte et les volets ferms, trahissent une prsence. Nous frappons, ne recevons aucune rponse. Persuad que Mme Fontaine mentend, je la rassure, glisse sous la porte une lettre-circulaire stipulant les buts de LI.M.S.A., lui affirmant que nous souhaitons rencontrer son fils non pas pour le ridiculiser ou le calomnier (comme lont fait tant desprits forts ), mais pour le comprendre et laider. Une jeune femme parat enfin, jolie, blonde, mais les traits tirs, dimmenses cernes sous les yeux, visiblement au bord de lpuisement. Non, Franck nest pas l ; nous pourrons le joindre de faon certaine Cergy, chez ses amis Jean-Pierre Prvost et Salomon NDiaye. Non, ils ne possdent pas le tlphone. Si nous ne sommes pas des journalistes ni des officiels , son fils nous recevra peut-tre. Midi. Nous stoppons sur le parking proche du bloc 11 de la rue de la JusticeMauve, Cergy-Nord, appel Justice Mauve car chaque pt de blocs arbore une couleur distinctive : mauve pour ceux-ci, rouge, vert, orange, bleu, etc., pour dautres. Bizarres structures de bton perces de fentres, alvoles flanqus de balcons, univers droutant mais riant, comparativement aux monstruosits barioles et dlirantes des quartiers nouveaux surgis prs de la Dfense et ailleurs. Les btiments nous apparaissent un peu en contrebas, depuis le boulevard de lOise. Un groupe de reporters radio et journalistes qui font le sige nous aperoit. Lun des radio-reporters me reconnat, en informe ses confrres et le voil qui accourt, son micro de r.m.c. brandi en avant, sollicitant une dclaration ! Jacquiesce volontiers, ayant un faible pour Radio Monte-Carlo, qui je dois davoir fait mes premires armes en 1953, dans la rubrique quotidienne : as-tu vu les soucoupes , mission Zigzag de Fernand Pelatan. Non, nous navons pas rendez-vous ici avec Franck Fontaine, ce matin, mais cet aprs-midi ailleurs. (Pieux mensonge !). Nous sommes simplement venus nous imprgner du site o eut lieu la rencontre du troisime type et djeuner au petit

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restaurant les Villageoises , au centre danimation culturelle qui jouxte limmeuble. Et de rpter ma conviction en la parfaite sincrit des protagonistes de cette aventure, point unique en son genre, etc. Les flashes crpitent, les questions pleuvent. Librs , nous descendons le long du remblai et gagnons ostensiblement le centre danimation culturelle dans le hall duquel nous sommes bientt hors de vue des journalistes. Ronflement de moteurs, dmarrages ; les voitures loignent. La voie est libre et nous gagnons limmeuble voisin et le second tage. Un vrai labyrinthe ! Une fillette nous renseigne, nous montre le chemin. De la musique nous parvient, touffe. Nous frappons la porte, sonnons, refrappons sans nous impatienter. La porte enfin sentrebille. Un garon pas trs grand, torse nu, muscl, collier de barbe, en simple short, nu-pieds, nous jette un regard inquisiteur. Prsentations ; nous ne sommes pas journalistes mais enquteurs de LI.M.S.A. et je lui montre la coupure de presse du quotidien le soir o stale : Jimmy Guieu : Jy crois. Brve hsitation puis soulagement chez notre interlocuteur : Bon, Franck est l, mais il est crev. Vous comprenez, cest encore tout frais, son retour et tant de barjos, dillumins et de flics ont dfil ici quil en a ras le bol et nous aussi ! Mais puisque cest pour une enqute scientifique et que vous, vous y croyez, revenez une heure et demie et il vous recevra. Mais gaffe, hein, vous venez seuls ! Si un autre type est avec vous, la lourde reste ferme ; des journalistes, on en a soup ! Langage direct, sans fioriture, maill dargot et avec un accent faubourien savoureux ; abord sympathique, regard franc, cest ainsi que nous apparut Jean-Pierre Prvost lors de cette premire et trs brve rencontre. Ce mme mardi 4 dcembre, 13 h 30 Un coup dil au judas rassure Jean-Pierre Prvost : Daniel Huguet et moi-mme navons pas amen de journalistes. Nous grimpons un escalier intrieur et gagnons un duplex, modeste mais propre, aux meubles encombrs de cendriers, de tasses caf, de paquets de cigarettes. Franck Fontaine est l ; dix-neuf ans, grand garon maigre, aux longs cheveux chtain fonc, friss, dimmenses yeux bleus, cerns par la fatigue, en jeans et chemise largement ouverte. Un petit anneau loreille gauche. Rserv mais sympathique, tout autant que Salomon NDiaye El Mama (lui, avec une toile dor, minuscule, loreille gauche galement) ; vingt-cinq ans, un Africain, Ouoloff du Sngal, grand, fines moustaches, lair rflchi, une certaine distinction, peu loquace, observateur. Tous trois ont cette mme lueur trange au fond des yeux, reflet encore prsent de leur fabuleuse aventure. La coupure de presse laisse Jean-Pierre Prvost est tale sur une table basse. Tous lont lue, savoir les trois garons, Corinne, une amie de Jean-Pierre, Manina, la compagne de Franck, et Jean-Luc, un de leurs copains. Cet article du soir avait jou le rle dune introduction, la meilleure qui fut ; nos htes savaient dsormais quils pouvaient avoir confiance en nous. Caf ? Ils en boivent des litres, depuis quarante-huit heures. La glace est rapidement rompue et nous passons bientt au tutoiement amical de faon trs naturelle. Une habitude, dailleurs, chez la plupart des chercheurs avancs

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(qualifis nagure encore de marginaux ) nappartenant point un organisme officiel. Habitude galement observe dans les socits initiatiques o rgne la fraternit. Une approche psychologique assurment fort diffrente de celle dun enquteur patent ! Mais brossons moins schmatiquement le portrait des intresss. Franck Fontaine. N le 1er fvrier 1961 Pontoise, an dune famille de quatre enfants. Fut lve lcole du Parc-aux-Charrettes, Pontoise, jusqu la troisime, classe quil ne frquenta gure quun mois et demi, schant les cours, ne sintressant aucune matire enseigne. Bohme, il prfrait se promener, couter de la musique, apprendre jouer de la guitare. Il avoue en riant navoir jamais lu un bouquin (hormis des bandes dessines), va peu souvent au cinma et na pas vu les films Rencontres du troisime type ni la Guerre des toiles. Pour lui, jusqu laube de ce 26 novembre, les ovni ne lont jamais intress ; pas plus que la politique ou la religion. Sa mre, foraine, vend des vtements sur les marchs de la rgion et il laide dans sa tche. En juin 1979, il dcide de travailler avec son ami Jean-Pierre Prvost, qui lui aussi vend des pulls et des jeans sur les marchs, dans un rayon de soixante kilomtres. Car Franck doit dsormais voler de ses propres ailes ; trois ans plus tt, il a rencontr Manina, une fille adorable et celle-ci va lui donner un fils, Julien, g de deux mois et demi au moment des vnements . Le jeune couple sest install dans un petit appartement de SaintOuen-lAumne, deux pas de Cergy-Nord. Jean-Pierre Prvost. Vingt-six ans, C.A.P. de chaudronnier, C.E.T. dEpluch, commune de Saint-Ouen-lAumne, puis chaudronnier de P 1 P 3 Bezons. De 1972 1974, animateur de m.j.c. Saint-Ouen, de centres ars puis de colonies de vacances. De 1977 1979, emplois temporaires des plus divers : peintre, srigraphe, manuvre. Le plus souvent sur les routes : travail de saison, vendanges Bordeaux, cueillette de pommes en Normandie, sports dhiver Grenoble. Pas sur les pistes, skier, non : dans un restaurant, faire la plonge. En t 1979, nanti dune patente, dcide de faire les marchs : vente de vtements pour une maison de gros, en alternance avec friperie, meubles et brocante. En octobre 1979, fait lacquisition dun stock de marchandises (pulls et jeans) et les voil, lui et Franck, sur les marchs de Saint-Ouen, Pontoise, Cergy, Mantes, ConflansSainte-Honorine, Gisors, etc. Un ami leur a prt un break Ford Taunus rouge, plus en trs bon tat, quils conduisent vaillamment (et fort bien) sans permis ni assurance ! Passer le permis demande trop de temps et cote trop cher. Jean-Pierre Prvost, bien que baptis et ayant fait sa communion, versa ensuite dans lathisme et devint militant anarchiste en mai 68. (Non-violent, il est affili la branche pacifique de la Fdration anarchiste qui ne sadonne aucune action dclat). Caractre affirm, nergique, sexprimant volontiers, gnreux, dvou, altruiste, aimant normment lire ( linverse de Franck), mditant, crivant rgulirement des notes, des rflexions, Jean-Pierre Prvost est tout aussi sympathique que Franck et Salomon ; le fait pour Daniel Huguet et moi-mme de porter ce jugement sincre nimplique aucunement pour nous dpouser ses convictions politiques. Nous venions eux en enquteurs de LI.M.S.A., point en censeurs ni en moralistes. salomon NDiaye el mama. Vingt-cinq ans, n le 6 avril 1954 Dakar, Sngal, en France depuis cinq ans. Etudiant en comptabilit commerciale et gestion dentreprise

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; devint agent commercial pour subvenir ses besoins. De nationalit sngalaise, musulman de parents, ne fait point de politique, nappartient aucun parti. Je crois en Dieu et aux phnomnes paranormaux, avoue-t-il, mais pour moi, jusquau jour de ma msaventure, les ovni ntaient que de la frime, du bidon. Titulaire du bac A et dun C.a.p. de comptabilit, la littrature ne mintresse plus depuis deux ans. Par contre, je suis passionn de musique, de thtre uniquement et le cinma moderne me laisse indiffrent. Jaide aussi Franck et Jean-Pierre sur les marchs. Voil donc prsents les hros (bien involontaires !) dun drame semblant tout droit issu dun roman ou dun film de science-fiction, qui allait faire clater le nom de Franck Fontaine et celui de Cergy-Pontoise la une de tous les journaux du monde, accaparer les antennes des radios et stations de tlvision sur lancien et le nouveau continent, lU.r.s.s. y compris Micro en circuit, les trois amis parlent, racontent leur tonnante aventure, dans leur langage ou leur gouaille souvent peu acadmique, sem dargot, dexpressions plutt lestes, sur fond daccent de titis parisiens Le dimanche 25 novembre, Franck a travaill toute la journe avec sa mre, au march de la Porte de Montreuil ; le soir 21 heures, elle le laisse Cergy-Nord, prs de limmeuble 11 Justice Mauve. Il ne rentrera probablement pas chez lui, devant, le lendemain laube, partir avec ses amis faire le march de Gisors. Tous trois passent la soire regarder la tlvision, sur la 3 , o le cinma de minuit propose : Wait till the sun shine, Nellie. Ce film de Henri King (1952) relate lhistoire de Nellie, pousant Ben Halper, barbier de son tat. Les jeunes maris sinstallent dans un village, au lieu daller Chicago, ainsi que Ben lavait promis sa femme, laquelle rve dune vie mondaine, de voyages en Europe ; elle doit hlas se contenter dune existence mdiocre, met au monde un enfant, etc., etc. Comme on le voit, un film passablement diffrent de la Guerre des toiles ou de Rencontres du troisime type ! Et lon se demande comment il aurait pu influencer les tmoins Certes, des journaux nont pas manqu de faire remarquer que F.R-3, ce mme dimanche 18 h 30, prsentait les mystres du ciel, avec pour thme : Les ovni . Quatre invits y parlrent des pulsars, des trous noirs et des ovni : Jean-Claude Bourret, Jean Goupil, ingnieur en lectronique, face deux astronomes : Pierre Kohler et Paul Muhler ce dernier ngateur obstin des ovni Rappelons cependant que cette mission, aucun des trois garons ne la vue et surtout pas Franck Fontaine qui, au march de la Porte de Montreuil, seconda sa mre toute la journe. Le trio, donc, ce dimanche soir-l, suivit le film TV du cinma de minuit et bavarda jusqu 2 heures du matin, se demandant alors sil valait la peine de se coucher, lors mme quune heure et demie plus tard, il fallait se lever et prparer le matriel. Ils dcidrent tout de mme de se reposer un peu, se rveillrent 3 h 30, burent un caf et bientt chacun sadonna mthodiquement la tche qui lui tait rserve. Il importait en effet darriver de trs bonne heure au march de Gisors afin doccuper un emplacement bien plac . Gisors nest qu une soixantaine de kilomtres, mais la Ford Taunus ne dmarre point au quart de tour pour lexcellente raison que, en piteux tat, elle ne possde plus de dmarreur et quil faut la pousser pour mettre le moteur en route. Et cela prend du temps, avec une telle guind (Jean-Pierre dixit). Il faut en outre y caser la marchandise, le parasol, les lments de ltalage et tout le tintouin !

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4 heures environ La nuit est trs froide, toile, sans le moindre brouillard ; ce dtail, gardons-le en mmoire. Franck Fontaine se met au volant de la Taunus, gare au parking voisin de limmeuble. tant le plus lger des trois, cest lui qui tous les matins dmarre sans dmarreur, pouss par les autres qui rlent invariablement de cette corve, vouant la guind , le veau , la chignole aux gmonies ! Aprs bien des efforts, le veau dmarre enfin. Pour chauffer le moteur, Franck fait deux ou trois tours de parking avant de revenir, en marche arrire, stopper la Taunus (moteur au ralenti), devant lentre de limmeuble, le coffre prt recevoir son chargement tandis quil gardera prudemment le pied sur lacclrateur. Salomon commence entasser soigneusement les jeans et pull-overs dans le coffre, aid par Jean-Pierre ; sur le point de remonter au deuxime tage chercher le matriel dtalage, Franck les appelle, attire leur attention : dans le ciel pur constell dtoiles, un objet lumineux, bizarre, vient dapparatre. (Illustration n 1.) Il pourrait tre compar un cylindre lavant arrondi, dun blanc opaque tel un faisceau lumineux et lextrmit caudale dun blanc allant en dgrad, flou. Son diamtre apparent tait bien suprieur celui de la pleine lune et sa longueur apparente estime deux ou trois mtres minimum. A une altitude value cinq cents ou six cents mtres son point dapparition, lobjet ( pareil un pais brouillard aurolant une rampe de non blanc opaque , dira Jean-Pierre), descendait lentement en direction des champs, sur la gauche, au-del de limmeuble qui le cacha ensuite aux regards des tmoins. Le mystrieux objet (que les jeunes gens appelrent aussi : le faisceau ), nclairait absolument pas le paysage, ne laissait aucun sillage. Contours trs nets et distincts, sans dgrad, hormis sa partie arrire qui donnait limpression de se dissiper dans lair . Au jug, lobservation dura peut-tre une ou deux minutes, au cours desquelles, intrigus, les trois amis chafaudrent diverses hypothses : un avion qui allait scraser ? Non, aucun bruit, aucune flamme, pas dailes, pas de hublots. Une mtorite, une toile filante ? Non, trop lent. Une fuse de 14 juillet ? Des conneries ! ronchonne JeanPierre qui voit le temps filer. Des martiens ? Et pourquoi pas ma sur, raille Franck. Pragmatique, Salomon entrane Jean-Pierre : Magnons-nous ! Je vais chercher mon appareil. Qui sait, un clich au poil peut nous faire gagner notre journe ! Tu parles ! ironise Jean-Pierre. a intresserait srement Hara-Kiri ! Poursuivant sa descente, lobjet disparat lentement derrire le btiment du 11 Justice Mauve. Je vais voir le bidule de plus prs, annonce Franck. Vous me retrouverez en haut. En haut, cest--dire sur le boulevard de lOise, surlev par rapport aux immeubles en contrebas. Et il dmarre en trombe (autant que le lui permet la vieille Taunus) tandis que Jean-Pierre Prvost et Salomon pntrent dans limmeuble. Rappelons que ces derniers partagent un duplex situ au second tage, reli au palier par un escalier intrieur. Salomon furte chez lui la recherche de son appareil (persuad quil va faire

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la photo du sicle !), cependant que Jean-Pierre, dans son propre logement, rcupre quelques paquets de jeans, le parasol et la caisse (petite valise fermant cl destine recevoir la recette de la journe). Il descend cette partie du matriel jusqu la porte de lascenseur et remonte chercher ce qui reste. Il a lide douvrir les volets de la fentre du salon donnant ( loppos du parking et du terre-plein), sur la plaine du Vexin, louest. En bas, sur larrire de la maison, un chantier avec des travaux de terrassement et au-del, un btiment en construction ; vers la droite (nord) le boulevard de lOise, rectiligne, longeant un champ de choux ; plus droite encore, cent cinquante, deux cents mtres, les pylnes, les structures du poste de transformation de LE.d.f. La voiture de Franck est stoppe sur la route, compltement gauche et son pot dchappement ne fume plus, preuve que le moteur a cess de tourner. En revanche, le cylindre lumineux observ un instant plus tt, lui, nest plus visible. Le con ! grommelle Jean-Pierre. Avoir cal sur le plat ! On est bon pour la pousser et ce ne sera pas du gteau ! Il referme la fentre, descend lescalier intrieur avec les derniers paquets quil laisse devant lascenseur et remonte frapper la porte de Salomon : Allez, laisse tomber la photo, y a plus rien voir. Quant la bagnole, elle est cale (stoppe, moteur arrt). Va falloir la pousser ! Et sans attendre son ami africain, il charge les paquets dans lascenseur et descend. Peu aprs, Salomon accourt, affol, fort agit : Par la fentre, jai vu un truc compltement dingue : une grosse boule de brouillard entoure la voiture ! A tous les coups, il va arriver quelque chose Franck ! Jean-Pierre hausse les paules : Arrte tes vannes ! Moi aussi, de l-haut, jai vu la caisse (la voiture). Elle est seulement cale, en plein sur la gauche. Merde ! Je tassure que cest vrai, la bagnole est emprisonne par une boule de brume ! Grouille-toi, on peut pas laisser Franck comme a ! Il est en danger ! Et ton appareil ? Pas de pellicule, tu te rends compte ? Allez, viens ! Ils traversent la pelouse du terre-plein pour gagner du temps et grimpent jusquau boulevard, mais l, ils sarrtent, interdits : la voiture nest plus gauche, mais sur le ct droit de la route et en biais ! Une norme sphre de brouillard enveloppe le vhicule dont seul larrire est encore visible, avec ses feux de position allums, environ cent cinquante mtres. La sphre mesurait deux ou trois mtres de diamtre, faite dun brouillard extrmement pais dune brillance diaphane comme sil avait t clair par de puissants phares blancs ; ses contours taient nets, prcis, bien dlimits. Cest le silence. A lquateur de cette grosse sphre, mais en dehors delle, se meuvent trois ou quatre autres sphres denviron trente quarante centimtres de diamtre. A tour de rle, elles sintgrent rapidement dans la grande, faisant corps avec elle. Seule une trs petite boule brillante, un instant, flotte proximit. Cest alors quune sorte de trane fine, cylindrique, merge sur la partie gauche de la grande sphre et stire pour enfler et former une sorte de tuyau cotonneux, aux bords nets, analogue daspect lobjet aperu dans le ciel quelques minutes plus tt. Un trange phnomne se produit soudain : la grande sphre est littralement

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aspire lintrieur du cylindre et y disparat en une fraction de seconde. Aprs quoi, le cylindre fonce vers le ciel une vitesse inoue ! Confronts ce phnomne ahurissant, incomprhensible pour eux, Jean-Pierre et Salomon NDiaye demeurrent ptrifis, les jambes coupes, incapables de faire un mouvement. Aujourdhui encore, ils continuent de se demander si ctait seulement la peur qui les clouait sur place ou bien autre chose, quelque chose manant du phnomne lui-mme et paralysant leurs rflexes, bloquant leur volont. Et toujours ce silence angoissant Ils sortirent enfin de limmobilit et coururent vers la voiture. Salomon latteignit le premier, ouvrit la portire : Franck Fontaine ntait plus l. Il courut autour du vhicule, rejoint par son ami et tous deux, bouleverss par la disparition de leur copain, crirent son nom, arpentrent le champ de choux, en pure perte. Aucune trace de lui ! Salomon, va appeler les flics ! Dis-leur ce qui se passe. Magne-toi, Bon Dieu ! Salomon revient en courant ; Jean-Pierre va sa rencontre, sinforme : la cabine tlphonique fonctionne avec des pices de 20 centimes et il est dpourvu de menue monnaie. Jean-Pierre lui en donne, repart vers la voiture et tressaille : hauteur de la poigne de la portire ouverte (ct chauffeur), il dcouvre une petite sphre de la grosseur dune balle de tennis, de consistance analogue celle de la grande sphre maintenant disparue, mais beaucoup plus lumineuse. Et sous ses yeux, la portire se referme toute seule en claquant ! Trs lentement, la petite sphre se met en mouvement, fait le tour du vhicule, diminuant graduellement de volume en laissant derrire elle une sorte de lacet de brouillard, un lisr lumineux [6] qui persistera, encerclant la Taunus aprs la disparition de la boule, vanouie son tour. Et linstant mme de sa disparition, la portire se rouvre delle-mme ! Dans le mme temps et deux reprises, le moteur se met ronfler, comme si on essayait de le lancer laide du dmarreur. Manuvre rigoureusement impossible puisque le dmarreur est grill depuis trois semaines et quil faut, pour remettre en marche le moteur, pousser la voiture ! Le lisr lumineux seffaa alors spontanment. Le silence lourd, inquitant, na t rompu que par la fermeture et louverture de la portire ; lensemble du phnomne lumineux, lui, sest droul sans le moindre bruit Ces dtails sont tellement incroyables, techniquement impossibles (du moins pour notre technologie) quau dbut, Jean-Pierre seul tmoin les avoir enregistrs les gardera pour lui, craignant en les divulguant de passer pour un fou ! Ce qui pour lui importait avant tout, ctait que la police retrouvt Franck Fontaine. Salomon lavait alerte ; elle serait l dans peu de temps. Les jeunes gens patientrent.6 Le 26 avril 1974, Nilson Patterio roulait en voiture en direction de Catanduva (Brsil) ; arrivant proximit de la ligne haute tension qui traverse la route menant Urubupunga, il perut une vibration anormalement leve dans les fils. Du ciel fusa un filament trs fin et bleu, qui le frappa au visage ; la voiture, moteur cal, roula sur une dizaine de mtres et stoppa. Nilson Patterio vit prs de la route un objet haut de dix mtres environ : Je ne sais pas si jai ouvert la portire, ni si jai mis les pieds sur le sol. Je fus envelopp par un faisceau de lumire une sorte de tapis qui se droulait et je fus transport lintrieur de la nef. Ce cas est actuellement tudi par Franoise Valry, charge de mission au Brsil par LI.M.S.A. Ignor du public franais, ce cas ne peut avoir influenc Franck et ses amis. On aura not les troublantes similitudes entre les deux affaires.

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Au bout dun quart dheure, ne voyant rien venir, Jean-Pierre appelle la gendarmerie. Rponse : ce nest pas notre secteur ; voyez plutt le commissariat ! Vers 5 heures, enfin, la Police arrive. Il fait froid ; les deux jeunes gens sont invits bord de lune des deux voitures et rptent ce quils viennent de vivre. Les policiers ne leur accordent aucun crdit et ironisent propos des petits hommes verts ! A 6 h 50, ils reoivent un message radio du commissariat les dessaisissant de laffaire au profit de la gendarmerie qui, peu de temps auparavant, assurait ne pas tre concerne par ce secteur ! Ds cet instant, les hommes du commissariat fourbissent leurs torches lectriques et prouvent le besoin subit de fouiller le champ de choux ! Lun deux conseille aux garons de se dpcher car les gendarmes les attendent 7 heures. Ils obtemprent aussitt, sans se douter un seul instant du calvaire qui les attend Le mot calvaire nest pas trop fort car, jusqu 12 h 30 et de 14 heures 18 heures, ce jour-l, les gendarmes de Cergy-Pontoise interrogrent sans relche Jean-Pierre et Salomon. Irritation des gendarmes qui ne croient pas plus aux ovni qu leur histoire . Ou bien Franck a fait une fugue, sclipsant discrtement dans la nature, ou bien cest un canular ! Pourtant, les deux suspects paraissent sincrement bouleverss. Pendant les interrogatoires spars la gendarmerie consulte les r.g. (renseignements gnraux) et apprend ainsi que Jean-Pierre Prvost est connu pour son militantisme anarchiste. Du coup, la fugue parat sexpliquer : partageant srement ses convictions politiques, Franck a d se planquer pour insoumis potentiel ! couper au service militaire, quil ne devra toutefois accomplir que dans un an minimum ! Et cela nest pas certain : pre de famille, Franck devrait pouvoir tre exempt. Ces dtails ne troublent pas la marchausse : pour elle, lincident nest quune mise en scne orchestre par le trio. A 18 heures, Jean-Pierre et Salomon sont autoriss regagner leur domicile mais, une heure et demie plus tard, les gendarmes viennent. chercher lanarchiste et le cuisinent jusqu 21 heures. Entre-temps, Salomon a reu la visite de la tlvision (F.R.3) dbarquant sans pravis. Il est vrai que, ds le dbut de laprs-midi, ce lundi 26 novembre, la Presse a t alerte, France-soir stant immdiatement rendu la gendarmerie. Les dpches commencent tomber sur les tlscripteurs, relatant lenlvement dun jeune homme par un ovni Cergy-Pontoise . Et lon invoque illico les petits hommes verts ! mardi 27 novembre. Ds 8 h 30, les interrogatoires recommencent et se poursuivront jusquau soir, dans le but de dmontrer le canular . mercredi 28. Mme scnario mais, en ce troisime jour dabsence de Franck, linquitude grandit. Jeudi 29. Le commandant Courcoux conseille Jean-Pierre et Salomon daccepter la prsence chez eux dun gendarme en civil, pour viter quils ne soient importuns par les journalistes . Proposition accepte. Or, peu aprs commencent dfiler chez eux les journalistes et radio-reporters, orients vers leur domicile par les soins de la gendarmerie. Et inlassablement, les deux garons de rpter leur tmoignage, sans varier dun mot, tout comme ils lont fait et refait depuis trois jours la gendarmerie o

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saccumulent leurs dpositions ! Tu comprends, me dira Jean-Pierre Prvost, a commenait bien faire ! Ce qui importait, pour nous, ctait de savoir ce que Franck tait devenu ; nous tions des tmoins alors quon nous traitait en plus que suspects, ce qui nous donnait droit tre emmerds vingt-quatre heures sur vingt-quatre ! Je lai dit textuel aux gendarmes et l, ils sont monts sur leurs grands chevaux, arguant quils faisaient tout a pour nous aider. Mais partir de ce jour-l, plus de convocation la gendarmerie o ladjudant Maniela nous abrutissait de questions. Enfin, on soufflait. Pas pour longtemps : 2 heures du mat, on sonne. Ctaient les gendarmes qui nous rendaient visite : On a vu de la lumire votre fentre, alors on est monts. Ils nont pas ajout : des fois que votre copain se planquerait chez vous , mais ctait tout comme ! Cette tactique de harclement visait briser leur rsistance , leur faire commettre une bvue dans lespoir de percer jour le canular ou lescapade. Sans rsultat. Insensiblement, une autre hypothse prit naissance : Franck avait d tre liquid par ses complices ! Crime crapuleux entre marchands forains ! LOise sera fouille, drague, sans succs l non plus et pour cause ! A Mme Monique Fontaine et Manina, la compagne du disparu, la gendarmerie fit part de cette hypothse. Indignation : toutes deux connaissent parfaitement les prsums coupables et les savent absolument incapables dune telle ignominie ! Ce nest donc plus un vivant que recherchent dsormais les gendarmes, mais un cadavre ! Et la cohorte des journalistes continue de dfiler au 11 La Justice Mauve, certains nhsitant pas se faire passer pour des membres du Gepan avec lespoir de rcolter des informations indites ! Le Gepan ? Quest-ce que cest ? Jean-Pierre et Salomon ne stant jamais intresss aux ovni nont pas la moindre ide de ce que signifie ce sigle. Peut-on imaginer les affres de ces infortuns garons, souponns davoir assassin leur ami ? Imaginez ce que furent ces interminables journes danxit, ballotts quils furent entre les gendarmes et les journalistes, les curieux, les jobards porteurs de messages et autres raliens propagateurs de la bonne parole et collectant des fonds en vue de construire une somptueuse villa pour accueillir les extraterrestres ! Oui, imaginez-les, clotrs chez eux (ou sur la sellette la gendarmerie), se morfondre, dans lincapacit dsormais dexercer leur commerce, ne pouvant plus conduire sans permis un vhicule, de surcrot non assur ! Les amis commencent leur tourner le dos ; les voisins les regardent de travers . Et le peu dargent quils possdent diminue : plus de travail, plus de rentres. Ne sachant plus qui demander sinon de laide, du moins un peu plus de comprhension, Jean-Pierre Prvost dcide de se prsenter Jean-Claude Bourret. Jtais mort de fatigue, de chagrin, mavouera Jean-Pierre. Un type comme Bourret, qui a crit des bouquins sur les ovni, devrait au moins connatre le problme. Il ma reu, cout avec attention, mais pas plus. Pour se prononcer sur notre cas , il devait attendre le rapport final de la gendarmerie. Notre parole ne lui suffisait pas Comme si les gendarmes taient mieux qualifis que nous, qui avions vu, pour lclairer de leurs lumires ! Les paules de Jean-Pierre se votent davantage et il sen retourne Cergy, plus amer que jamais, dsespr, pour conter son chec Salomon. Bien sr, durant ces longues journes, entre les gendarmes et les journalistes, nos

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amis reurent la visite de reprsentants de groupes ufologiques ( Lumires dans la nuit [7] , notamment), qui leur ont tmoign de la sympathie, leur parlant de ces engins mystrieux qui sillonnent nos cieux depuis des millnaires et qui ont connu une clipse pour revenir plus nombreux, toujours plus nombreux, depuis 1947. Ebahis, JeanPierre et Salomon apprirent aussi lexistence dautres cas denlvements de Terriens, perptrs par les occupants de ces engins venus dailleurs, on ne sait do mais, en tout cas, point de la Terre. Le phnomne est rel, indiscutable pour tous ceux qui lont tudi. Alors, merde ! semporte Jean-Pierre, si on sait tout a, pourquoi ne pas le dire officiellement ? Pourquoi les gouvernements ne prennent pas des mesures afin que les tmoins soient traits avec plus dgards ? Et pourquoi ce silence complice ? Pourquoi, mon cher Jean-Pierre ? Parce que des intrts colossaux imbriqus dans la gopolitique sont en jeu, ainsi que tu le sauras sans doute, plus tard

7 Lumires dans la nuit , M. Raymond Veillith, 43400 Le Chambon-sur-Lignon, France.

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Pour nos jeunes amis, lespoir dtre crus enfin samenuisait chaque jour davantage. France-soir du 27 novembre 1979 crivait en effet : Pour le commandant Cochereau qui dirige la direction de la gendarmerie le service de centralisation des phnomnes anormaux (sic), lintervention dun quelconque objet non identifi nest pas du tout crdible () Franck Fontaine ne sest pas volatilis comme par enchantement. Il a pu quitter brusquement ses camarades pour une raison peut-tre trs simple, pied ou en auto-stop (fin de citation). Je me permets de suggrer au commandant Cochereau de se rendre en civil vers 4 h 30 du matin, sur le boulevard de lOise, en bordure du champ de choux et de tenter de faire de lauto-stop ! Le secteur est particulirement dsert et trs rares sont les voitures qui y circulent la nuit. Aussi bien que le jour, dailleurs, nous lavons vrifi avec les journalistes de V.s.D. venus y faire un reportage publi dans la livraison de cet hebdomadaire en date du 24 au 30 janvier 1979. Ailleurs lon crira, propos des gendarmes : Si leur bon sens les empche denvisager que des extraterrestres ont enlev le jeune vendeur forain, ils ne doivent pas moins rsoudre une affaire qui, disent-ils, peut aussi bien avoir une explication banale quune conclusion grave (fin de citation). La sempiternelle incrdulit de bon ton qui, hlas, grve lufologie depuis de trente-deux ans Pour Jean-Pierre Prvost et Salomon NDiaye, donc, une semaine dinquitude et de tourments venait de sachever. Au soir de ce dimanche 2 dcembre, runis autour dune tasse de caf, ils recevaient Iris Billion-Duplan, attache La Gazette de Cergy-Pontoise. Cette jeune journaliste, au cours de cette mmorable semaine, avait maintes reprises rencontr les deux garons, les observant et finissant par partager leur angoisse devant la disparition de leur camarade. Convaincue de leur sincrit, elle prparait, lors dun long entretien, un article toff pour son journal. Vers 3 heures du matin, vaincu par la fatigue, Salomon NDiaye alla se coucher et confia la cl de son logement Jean-Pierre : Je rgle mon rveil sur 6 heures, mais si je ntais pas rveill, rentre et secoue-

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moi Manque de pot, nous navons plus de pain ni rien pour djeuner. Faudra en acheter, en se levant. Jai ce quil faut, annonce Iris qui invite Jean-Pierre laccompagner chez elle (sa maison nest qu une centaine de mtres). Nous poursuivrons linterview chez moi ; quand jaurai fini de prendre des notes, tu pourras repartir en emportant du pain, du beurre et du jambon, pour votre petit djeuner. Rive la tche, Iris Billion-Duplan entendait bien veiller tout le restant de la nuit, sil le fallait, afin de rdiger son article. Jean-Pierre la suivit donc et Salomon sombra dans un profond sommeil. D tait alors un peu plus de 3 heures, ce matin du lundi 3 dcembre Quand la sonnerie de la porte palire le rveilla, Salomon pesta : dj 6 heures ? Ce doit tre Jean-Pierre. Un coup dil au rveil le dtrompa : 4 h 20, cinq minutes prs. Les gendarmes, de nouveau ? Des journalistes, alors ? Non, tout de mme pas aux aurores ! Salomon se lve, les yeux bouffis de sommeil et va ouvrir, en pyjama. La minuterie du palier steint et dans lencadrement de la porte, clair par la lumire du hall, il reste une seconde ptrifi, la gorge noue par lmotion : Franck Fontaine est l, devant lui, vtu de son jeans et de son pull, le dvisager avec un froncement de sourcil : Merde ! O est Jean-Pierre ? Jai sonn chez lui : personne ! Et toi, tu te refous au pieu en pyjama ? Allez, grouille, Salomon, descends : on ma piqu la bagnole avec les fringues dedans ! Salomon ne peut retenir ses larmes, attire lui le revenant et lembrasse en pleurant de joie. Et Franck de grogner en se dgageant : Non, mais, tes loufe ? Je te dis quon nous a piqu le break avec tout le chargement ! Salomon refoule ses larmes et finit par rire : Le break ? Mais il est en bas, regarde par la fentre ! Quand tu as disparu, cest avec lui que nous sommes alls la gendarmerie. Franck fronce les sourcils : Disparu ? Tu dbloques ! Allez, magne-toi, rhabille-toi, on va dposer plainte pour le vol de la guind ! Et Salomon, qui ne comprend pas comment Franck peut divaguer ainsi, ne pas savoir quil a disparu depuis huit jours, lentrane dautorit vers la fentre : Vise un peu, en bas : ne me dis pas que tu ne reconnais pas la tire, notre Taunus ! Et regarde-toi dans une glace : ta barbe a pouss Allez, viens, je touvre chez JeanPierre et tu my attends, je vais le chercher Non ! Je ne veux voir personne ! Personne, tu entends ? Lesprit en droute, mais sans pour autant admettre encore les paroles de son camarade sngalais, Franck Fontaine retourne la fentre et regarde longuement le boulevard de lOise, le champ de choux et au-del, sur la droite, la fort de pylnes de la centrale de transformation de LE.d.f. Bon, ne bouge pas, je reviens dans cinq minutes, dclare Salomon avant de dvaler lescalier, ngligeant lascenseur pour aller plus vite et courant ensuite sur lesplanade en pyjama, par un froid glacial ! pour grimper aussitt chez la jeune journaliste et cogner frntiquement sa porte.

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Iris ouvre, interdite en apercevant le jeune africain essouffl, en pyjama. Au comble de lexcitation, Salomon entre en trombe dans lappartement : sur la table, dinnombrables feuillets de notes, des journaux pars, une thire fumante et, sur le divan, assis, Jean-Pierre Prvost, buvant une tasse de th, qui se dresse lentre intempestive de son copain. Jean-Pierre, viens vite ! Franck Franck est chez toi ! Jean-Pierre, mcontent, hausse les paules : Arrte tes conneries ! Bon Dieu, dpche-toi, je te jure quil est l-bas, chez toi, prtendant quon lui a piqu le break ! Trs mue soudain, Iris secoue Jean-Pierre : Salomon a lair vraiment boulevers ! Dpchons-nous Cest srement vrai, ce quil dit ! Et les voil partis, les coudes au corps, prcds de ce grand gaillard de Sngalais sprintant dans la nuit et le froid en pyjama ! Franck est toujours la mme place, face la fentre donnant sur la plaine du Vexin, comme fascin par ce site dsertique o, trs confusment, il sent quil sest pass quelque chose Franck ! Mon vieux Franck ! Jean-Pierre slance, le prend dans ses bras, incapable de retenir ses larmes, pleurant de joie. Iris elle aussi a les yeux humides, remue par ces retrouvailles poignantes, par cette joie qui clate chez les deux jeunes gens, par cette expression de dsarroi, dincomprhension totale quelle dcouvre chez Franck Fontaine, inconnu delle. Merde ! Mais quest-ce que vous avez, tous, chialer et me faire des bises ? Et qui cest, cte nana ? Les rires fusent travers les larmes, on le bourre de coups de poing amicaux, on le force sasseoir, on lui prsente la nana et on lui raconte tout. Il nen croit pas un mot. Tiens, regarde les canards : tu es la Une de tous les journaux ! Il reste bouche be, ptrifi devant sa photo qui stale, lit les titres : Disparition du troisime type Cergy (Libration, 28 nov. 79), Quand passent les ovni : la disparition de Franck Fontaine (Le Progrs de Lyon, 28 nov. 79), Le jeune homme enlev par un ovni devant ses amis : rien dlucid (LUnion de la Marne, 28 nov.), Cest le jeune homme enlev par des ovni (in Le Dauphin Libr, 28 nov.), et bien dautres quotidiens : France-Soir, LAurore, Le Matin, Le Parisien Libr, jusques et y compris des journaux trangers. Franck secoue la tte : Cest dingue ! Je ne peux pas y croire ! Iris sort, court la cabine tlphonique, afin de prvenir Monique Fontaine, la mre de Franck et Manina, sa compagne. (Chez Salomon, le tlphone est coup, en raison de relevs impays.) Bref conciliabule entre les deux garons : On alerte les gendarmes, oui ou non ? Franck va en faire une maladie ! Si on la boucle, quand les gendarmes sauront quil est de retour, on peut se retrouver tous en calche ! Bon, coute, Salomon : on attend une heure ou deux et on avise, O.K. ? Dailleurs, on ne sait mme pas o il a pass ces huit jours, alors ?

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Un moment plus tard, Salomon prend la dcision dappeler Radio-Luxembourg : Cest NDiaye Salomon qui vous parle ; je suis lun des tmoins de laffaire Franck Fontaine Cergy. Faites votre possible pour contacter la gendarmerie : Franck est de retour, mais il ne veut voir personne [8]. Vers 5 h 30 du matin, Mme Fontaine et Manina arrivent et fondent en larmes en dcouvrant Franck ! Oui, il est bien l, hbt, pas du tout ras depuis des jours ! On lembrasse ltouffer Jean-Pierre branche la radio et au bulletin dinformation, un commentateur dclare : On est toujours sans nouvelle du jeune Franck Fontaine, enlev par un ovni Cergy-Pontoise Franck saffaisse dans un fauteuil, se prend la tte deux mains, berlu. La prsence de sa mre, de sa compagne, ce flash la radio, ces piles de journaux, la violente motion de tous ces tres qui lui sont chers Il ne peut plus douter Entre le moment o il dmarra bord du break (pour aller voir o se dirigeait le faisceau lumineux) et celui o il frappa la porte de Salomon et le retrouva en pyjama, ce ntait pas un quart dheure ou une demi-heure qui stait coule, mais huit jours ! Press de questions, rassemblant pniblement ses souvenirs, il narra alors son trange aventure : En quittant le parking, je gagnai la route (le boulevard de lOise), mattendant revoir le phnomne lumineux, masqu un instant plus tt par la maison. Or, arriv sur la route, plus rien : tout avait disparu. Je continuais de rouler et mon attention fut attire par un point lumineux, environ un mtre du sol, gros comme une balle de tennis. Cette balle se dplaait de droite gauche trs rapidement, dans le champ de choux. Je paniquai et, soit une fausse manuvre ou un cart involontaire, je me retrouvai sur la gauche de la route et, au moment prcis o jarrivais hauteur de la boule lumineuse, la voiture sest arrte net. Affol, jai essay de redmarrer, chose qui mtait videmment interdite, avec le dmarreur bousill, mais dans la panique, la logique perd toute valeur ! La boule, qui ce moment-l allait et venait toute allure dans le champ, est venue se placer sur le capot de la voiture. Presque sans transition, je me suis retrouv dans le plus complet brouillard ; du paysage, de tout ce quil y avait lextrieur, je ne voyais plus rien. Une trouille ! Vous ne pouvez pas savoir ! Jai essay de sortir de la guind, mais les portires taient coinces, alors que dhabitude, elles souvrent normalement. Jtais prisonnier de ce tas de ferraille sans pouvoir faire quoi que ce soit. Mes yeux se sont alors mis me piquer ; mes paupires devinrent trs lourdes et je me sentis partir dans le plus profond sommeil. Il sinterrompit, plong dans ses penses, toujours drout et enchana : Je repris conscience debout dans le champ de choux. La voiture avait disparu. Do, pour moi, une vidence flagrante : on ma endormi par je ne sais quel procd, pour me piquer la voiture et jai rv pendant un quart dheure Le plus dur pour moi, cet instant, ctait dimaginer la raction de Jean-Pierre et Salomon surtout de Jean-Pierre quand je leur apprendrais quon nous avait fauch la bagnole avec toutes les fringues dedans !8 On aura not cet trange comportement, cette sensation de quelque chose quil ne comprend pas, ce souci de ne voir personne avant que les souvenirs partiels et les informations dues ses amis ne se mettent en place dans son psychisme perturb par cette affolante exprience.

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Je me rends donc chez Jean-Pierre : personne. Je sonne chez Salomon et je le vois se pointer en pyjama, incapable de prononcer deux mots sans bgayer, puis me prenant dans ses bras pour me bcoter en chialant ! Il me fait entrer dans lappartement de Jean-Pierre, absent, me dit que jai disparu depuis huit jours, quon me cherche de partout et me conseille de ne pas bouger et se barre en pyjama ! Je reste l lattendre, compltement paum et je gamberge, je gamberge : une demi-heure plus tt, tous les trois, nous chargions le break pour partir au march de Gisors. Je mendors dans la voiture, je me rveille dans le champ de choux, je retourne hbt chez Salomon et il mouvre en pyjama, prtend que huit jours se sont couls ! Je ne pige rien cette histoire de fou ! L-dessus revient Salomon, avec Jean-Pierre et une fille que je ne connais pas Iris, la journaliste et tous les trois me racontent ma disparition, me montrent les journaux, mexpliquent le sac dembrouilles et les emmerdes quils ont eues avec les gendarmes, la faon curante dont une certaine presse les a traits, les tranant dans la boue, insinuant quils mavaient zigouill et balanc dans lOise ! Nimporte quoi ! Avec toutes ces preuves sous les yeux, je ne pouvais plus douter ; javais bel et bien vcu une exprience incomprhensible et qui avait dur huit jours. Et pourtant, le seul souvenir de cette absence tait un rve, un rve confus, dont les dtails mchappaient. Je me souviens dune phrase de Jean-Pierre : Et si ton rve ntait en fait quune ralit ? Oui, une ralit tellement fantastique que personne ne voudrait ladmettre et surtout pas les gendarmes. Je ne me souviens que de quelques bribes de ce rve ou de cette ralit et je ferai bien de la boucler, de nen rien dire du tout. Cest donc partir de cette minute que, dun commun accord, les trois jeunes gens dcident de feindre lignorance et, pour Franck, de prtendre quil ne se souvient plus de rien. Ils ont peur, peur de la raction des gendarmes ce rcit invraisemblable , peur dtre arrts, pire, enferms dans un asile psychiatrique ! Ils caressent mme lide de dguerpir, de fuir Cergy, de se planquer la campagne ! Monique, la mre de Franck, plus raliste, les en dissuade : ils nont commis aucun dlit, ont simplement vcu son fils en particulier une aven ture prodigieuse lie la venue dun ovni. Et voir un ovni ou tre enlev par lui ne constitue pas, quelle sache, un crime puni par la loi ! Monique sapprte aller tlphoner lorsquon sonne la porte dentre. uniformes sombres, kpis, ce sont les gendarmes, prvenus du retour de Franck par un coup de fil anonyme [9]. Ils viennent aux nouvelles, ralisent que Franck est bien vivant et ordonnent :9 Laissant traner une oreille la gendarmerie, Jean-Pierre apprendra ainsi la teneur de ce coup de fil anonyme que lon peut rsumer en ces termes : Je suis un ouvrier et me lve tt. Tout lheure, vers 4 h 20/4 h 30, regardant par la fentre de mon appartement qui donne sur le boulevard de lOise, jai vu dans le champ de choux une grosse boule trs lumineuse. Dans la lueur est apparue la silhouette dun homme qui sest avanc et que jai vu entrer au n 11 la Justice Mauve. Je me suis dit : ce doit tre le type qui a disparu, voil, cest tout. Et linconnu raccrocha. Jouant les dtectives, Jean-Pierre pense avoir identifi louvrier en question. Interrog, celui-ci prtendit ne rien savoir mais il ajouta que, sil avait vu quelque chose, il se garderait bien den parler, peu dsireux de subir son tour les tracas dont furent victimes les trois jeunes gens !

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Cest bon, suivez-nous la gendarmerie pour y faire une dposition. Jean-Pierre semporte : Ecoutez, voil une semaine quon vous en signe, des dpositions, Salomon et moi ! Vous en avez plein vos tiroirs ! Maintenant que notre pote est revenu, il fait sa dposition ici, vous la prenez et vous nous foutez la paix ! Dmont par tant dassurance et quelque peu embarrass (la prsence de Franck prouvant que ses complices ne lont pas assassin !), le gendarme appelle la brigade par radio, afin de solliciter des consignes de ses suprieurs. Il revient peu aprs, cette fois colreux et trs arrogant (confirm par les tmoins) : Allez, on embarque tout le monde, mme par la force sil le faut ! Arrtez de jouer les marioles, sinon, on pourrait devenir trs mchants ! Et dembarquer tout le monde manu militari, savoir : les trois lascars , Corinne, lamie de Jean-Pierre, Monique Fontaine, Manina, la compagne de Franck mais aussi Iris Billion-Duplan, la journaliste de la Gazette ! A noter que Corinne, en convalescence aprs avoir subi une grave opration et se devant de garder le repos, est embarque elle aussi, en dpit des protestations des suspects ! Ouvrons ici une parenthse pour dissiper un malentendu et certaines insinuations calomnieuses rapportes par quelques journaux. Le matin mme du lundi 3 dcembre, Salomon tlphona comme on la vu plus haut R.t.l., pour informer cette station radio du retour de Franck. Daucuns insinurent mchamment quil stait tromp de numro, ayant appel R.t.l. par erreur, pensant en fait appeler Europe I qui avait offert une prime toute personne pouvant fournir des renseignements sur le disparu de Cergy-Pontoise. On a aussi crit que son appel avait t anonyme. Cest absolument faux ; il sest nomm, au standard de la station, rptant son nom au service que lopratrice lui passa, informa son correspondant du retour de Franck et, prfrant ne point tlphoner directement la gendarmerie, suggra R.t.l. de se charger de la corve . Revenons nos amis, conduits la brigade de Cergy-Pontoise et, ds leur arrive 8 heures du matin, placs sparment chacun dans une pice. Une petite dposition dun quart dheure et vous serez libres, leur avait-on dit. A 16 heures, ils taient encore soumis un flot roulant de questions ! A commencer par Franck, interrog par ladjudant Maniela, le commandant Courcoux faisant parfois une brve apparition dans le bureau (esprant que Franck aurait craqu et avou le canular ) et sen retournant du. Vers 11 heures, Franck est amen sur les lieux du crime , que lon passe au compteur Geiger : aucune radioactivit (et pour cause, les engins de nos visiteurs clestes ou extra-dimensionnels nutilisant point lnergie nuclaire, ce que le premier des ufologues dbutants sait pertinemment !). On passe galement autour de la tte de Franck une boussole, la mise en orbite de cet instrument devant rvler si le suspect est magntise au niveau du crne Il ne ltait pas. Au reste, un crne humain ntant pas en fer doux, lon ne voit pas trs bien comment il pourrait tre porteur dune rmanence magntique, mais passons Retour la gendarmerie o on dcrte quil va subir des examens : prise de sang, analyse durine. Franck ny voit aucun inconvnient mais exige la prsence de son mdecin de famille, le Dr Vivien Hassoun. Condition accepte. Entre-temps, un

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psychiatre vient sentretenir avec lui et repart, ayant constat son parfait quilibre mental. A 15 heures, arrive du Dr Hassoun la gendarmerie qui procde la prise de sang, recueille lurine et laisse les flacons sur place. Rsultats de ces examens non communiqus Linterrogatoire reprend et Franck, lasse, demande pourquoi on ne le laisse pas partir, ds linstant ou il na rien se reprocher ? Rponse : Il y a une centaine de journalistes, dans le hall. Vous seriez pris dassaut. Dailleurs, nous devons vous conduire 16 heures au Parquet de Pontoise, pour y tre entendu par le Procureur de la Rpublique. Voil autre chose ! soupire Franck moralement. Interrogatoire de Jean-Pierre, dans la pice exigu o il est isol : Alors, o tait donc Franck Fontaine, pendant tout ce temps ? Je nen sais rien et je men fous ; la seule chose qui compte, cest quil soit revenu, sain et sauf. Ricanement : Allez, vous pouvez vous mettre table, on sait tout. Votre copain a lch le morceau, il a racont son canular. Faites-en autant Jean-Pierre lve les yeux au plafond et dodeline du chef, excd par une ruse aussi grossire. Inopinment, le commandant Courcoux fait son entre, sr de lui : Cest vous qui avez nourri Franck Fontaine et lavez cach pendant ces huit jours. Alors, inutile de jouer les fortes ttes. Racontez-nous tout ; le planton prendra votre dposition et laffaire sera close. Sans se dmonter, Jean-Pierre rtorque : Moi, je veux bien vous raconter tout ce que vous voulez, je suis mme prt maccuser davoir assassin Henri IV, mais une condition : je ne signerai une telle dposition que si vous stipulez clairement quelle ma t impose par la contrainte ! Et en attendant, jaimerais bien manger quelque chose, boire un verre de flotte et fumer, car je nai plus de cigarettes. On verra tout a plus tard, rplique le reprsentant de lordre, fort mcontent de larrogance de lanarchiste et bien dcid le faire craquer, lui tendre un pige pour quil finisse par avouer sa complicit dans ce canular. Pour craquer, Jean-Pierre craqua, devant tant dobscurantisme born : il sempara dune machine crire, la souleva pour la jeter la figure de son tourmenteur, se ravisa in extremis et la flanqua par terre ! Rsultat, dix minutes plus tard, les gendarmes (sans doute conscients dtre alls un peu trop loin), lui apportaient un casse-crote, de leau, du caf et un paquet de cigarettes ! Salomon entend la mme chanson : Vous auriez intrt tout avouer, vous aussi, nous raconter par le dtail votre canular, car vos copains ont fini par lcher le morceau. Salomon soupire et persiste dans ses erreurs coupables , ritre mot pour mot ce quil a dclar N fois dj depuis une semaine Il en va de mme pour Monique Fontaine, la mre de Franck.

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Quant Manina, sa jeune compagne, isole dans une autre pice, cest les larmes aux yeux et frmissante dindignation quelle entend ce genre de propos : Si le pre (Franck) est fou, le fils a des chances de ltre aussi ! Et si le pre a mont un canular, et vous en le soutenant, votre fils risque fort de se retrouver bientt lorphelinat Monstrueux, scandaleux, ignoble mais vrai, tristement vrai, hlas ! Vers 16 heures, sous les flashes des reporters (ils sont effectivement plus de cent les mitrailler !), nos amis sont embarqus dans un fourgon (Jean-Pierre dans un autre, car on la fait sortir par une porte sur larrire de la gendarmerie) et conduits au Palais de Justice. L, au bout de deux heures dattente, ils sont individuellement prsents au Procureur de la Rpublique, notant incidemment la prsence de quatre hommes discrtement assis, coutant attentivement leurs paroles. Des collaborateurs du magistrat, sans doute ? Non. Ils apprendront ultrieurement quil sagissait en fait dAlain Esterle, directeur du Gepan et de trois de ses collaborateurs. Cette fois, linterrogatoire est de routine, roulant sur des questions archi-rabches. Non seulement la version du canular na pas t retenue mais pas davantage le dlit doutrage magistrat. Et cest heureux ! A 20 heures, mins par la tension nerveuse, par lanxit et la fatigue, on les runit dans un bureau du Palais de Justice pour leur tenir ce discours : Vous tes libres. Vos dpositions se tiennent ; aucune contradiction. En consquence, nous navons rien retenir contre vous. Vous pouvez partir ; toutefois, si vous souhaitez un jour revenir sur vos dpositions ou que vous ayez des dtails ajouter, sachez que la Justice est votre disposition et vous entendra. Plus tard, Jean-Pierre ironisera : Cest quand mme rassurant de savoir que la Justice est notre disposition. Jusque-l, on ne sen tait pas dout ! Au sortir du bureau, Franck et ses amis furent abords par les quatre hommes aperus, un moment plus tt chez le Procureur, qui se prsentrent eux en ces termes : Nous appartenons au Gepan, le seul organisme officiel enqutant sur les phnomnes ovni ; votre exprience nous intresse. Nous voudrions vous conduire dans une clinique tranquille et vous soumettre divers examens. Vous seriez tous ensemble et trs bien traits dans cet excellent tablissement dirig, Bonneval, par le professeur Faure. Franck et ses compagnons dclinrent cette proposition ; harasss, ils aspiraient rentrer chez eux, savourer la joie de leurs retrouvailles. Franck ne refusait pas de se soumettre des examens susceptibles daider la science ; il suffirait au Gepan de se prsenter le lendemain soir, au 11 la Justice Mauve et lon verrait alors comment procder. Passablement dus, les hommes du Gepan promirent de revenir comme convenu le lendemain, mardi 4 dcembre. Ce rendez-vous pris, Franck et ses amis exprimrent le souhait de quitter le Palais de Justice par une porte drobe, afin dviter les journalistes lafft dans le hall. Loin daccder leur demande, les gendarmes les poussrent tout au contraire au-devant de la Presse ! De toutes parts fusrent les flashes, mitraillant les hros du jour. Et les gendarmes qui, du mme coup, figurrent sur les photos, le lendemain, la Une des quotidiens

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Ce lendemain-l, ainsi que prcis au dbut de louvrage, Daniel Huguet lun des hypnotiseurs de LI.M.S.A. et moi-mme arrivions chez Franck aprs avoir fait une visite la gendarmerie de Cergy-Pontoise et bavard avec le commandant Courcoux. Notre enqute commenait

Jean-Pierre Prvost, le principal animateur de laffaire de Cergy-Pontoise. Le fait davoir eu laudace de prvenir la police a beaucoup fait pour quil soit pris au srieux...

chapitre iv

Le magntophone tourne. Daniel Huguet et moi-mme, depuis 13 h 30, interrogeons les jeunes gens qui, par le menu, nous exposent chronologiquement les faits. Nous percevons clairement chez Franck une sorte dinhibition qui lempche daller au bout de ses confidences. Aujourdhui, nous dit-il, je suis trs tonn de constater que jai t capable damener la voiture jusqu lendroit (le champ de choux, voir planche 1, c et d. N.d.a.) o sest droul le phnomne. Tout dabord, parce que cette bagnole est particulirement difficile conduire, sa bote de vitesses ntant plus du tout synchronise. Cest dailleurs Jean-Pierre qui avait d enclencher la deuxime pour que je puisse dmarrer. Je suis donc trs surpris davoir pu la conduire si loin (environ 150 mtres) bien que jen aie eu lexplication toute logique par les extraterrestres eux-mmes : ce sont eux qui mont guid par tlpathie vers lendroit o je devais me rendre. Aut