[GUIDE] Sculpture Sur Bois

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Lacombe, S.. Nouveau manuel complet de la sculpture sur bois ; suivi de l'art de dcouper et de denteler les bois, et les procds mcaniques au moyen desquels on excute la sculpture par compression, la gravure par le feu. 1868.

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ENCYCLOPEDIE-RORET

SCULPTURE SUR BOIS

DCOUPAGE

ET MOULAGE

DU BOIS

PARIS LIBRAIRIE ENCYCLOPDIQUE DE RORET RUE 12, HAUTEFEUILLE,

ENCYCLOPEDIE-RORET

SCULPTURE

SUR

BOIS

MANUELS-RORET NOUVEAU MANUEL DELA SCULPTURE COMPLET

SUR BOIS CONTENANT LADESCRIPTION DESOUTILS LESPLUS USITS ET DESBOIS LESPLUS CONVENABLES AINSI QUE DES NOTIONS PRATIQUES DE SCULPTURE DE SUIVI

DE DCOUPER L'ART ET DE DENTELER LES BOIS et les PROCDS MCANIQUES o la desquels u excute Sculpture compression, par Au moyen la Gravure ar le feu,l'Estampage le moulage u bois, et d p le Bois l etc. moul,e Boisdurci,le Similibois, PAR M. S. LACOMBE.

PARIS LIBRAIRIE ENCYCLOPDIQUE DE RORET RUE 13. HAUTEFEUILLE, 1868 Droitsdeproprit de traduction et rservs.

NOUVEAU

MANUEL DELA

COMPLET

SCULPTURE

SUR ET DELA

BOIS

DCOUPURE

DES BOIS

PREMIRE

PARTIE.

SCULPTURE SUR BOIS, DE SURBOIS. HISTORIQUE LA SCULPTURE Bien que la sculpture sur bois ne nous offre pas ces modles de la statuaire magistrale que nos grands matres ont su tirer du marbre, on peut la considrer, jusqu' un certain point, comme son mule par tous les chefs-d'oeuvre dont* les glises et les anciens chteaux de France, d'Italie, d'Allemagne et de Belgique offrent tant de spcimens. Mais si elle a une infriorit marque prs du marbre, elle marche l'gale de la sculpture sur pierre qu'elle complte dans la dcoration extrieure des difices et des grands htels, et qu'elle remplace compltement dans l'intrieur des appartements les plus luxueux comme ornementation et ameublement. Ces portes admirables, qui 1 Sculplure sur Bois.

2 DE HISTORIQUE LA font la gloire des Jean Goujon, des Germain Pilon et des Puget, ces bas-reliefs, ces lambris et ces meubles qui rendent universels les noms des Cousin et des Duquesnoy, disent assez que la sculpture sur bois tait un art des plus apprcis par nos anctres, et les noms clbres dont elle est souvent signe doivent servir d'mule nos artistes modernes et nous prouver que nous sommes dans le sens artistique rel en relevant un art qui avait t nglig pendant quelque temps. Ainsi que le dit M. Charton dans son excellent travail artistique sur l'histoire de France, la sculpture pourrait servir, de mme que les monuments, expliquer les diffrentes phases morales de notre histoire. On la retrouve chaque pas dans les difices religieux les plus anciens, seuls monuments qui nous restent de ces poques recules ; elle nous dit : ici, la navet des croyances, par l'interprtation des sujets; l, le niveau des ides morales, par les scnes singulires mises sous les yeux du peuple pour l'arrter dans ses dbordements. Ce qui caractrise la nature de ces travaux, c'est la libert d'interprtation laisse aux artistes et leur peu de scrupule dans l'exactitude historique ; quant au faire, il se trahit par la raideur des contours donne aux figures et aux ornements, et surtout par le peu de suite que prsente la conception du dessin. Cette raideur se fait principalement sentir dans les meubles du moyen-ge, faits presque tous en bois de chne ; leur forme austre et peu commode nous fait peine comprendre, avec nos

SCULPTURE SURBOIS. 3 gots du confort, l'utilit qu'on pouvait en tirer. Aussi ne reproduit-on les meubles de cette poque encore barbare qu' titre de curiosit. Mais bientt l'ide de la composition est plus suivie et elle arrive, dans la sculpture sur bois et dans l'ameublement, un ensemble de caractres qui fait natre le style. Le style roman n'a gure laiss de traces dans la sculpture sur bois, mais l'poque ogivale ou style gothique commence cette nouvelle re artistique dont les dbuts sont des chefs-d'oeuvre de patience que nous retrouvons dans ces bahuts et cadires qui nous offrent les combinaisons les plus heureuses des diffrents lobes enrichis de rosaces. Le got s'pure insensiblement, le gothique arrondit ses contours et donne plus de souplesse la vgtation qui en fait l'ornement; les lourdes corniches, dans la grande dcoration et dans l'ameublement, sont remplaces par ces feuilles de vigne et de chardon qui courent avec la plus grande lgret et dont le travail, fouill avec une patience toute monacale, fait encore l'admiration des artistes de nos jours. Parmi les oeuvres les plus pures de cette poque, nous citerons le rtable de l'autel de Saint-Germain-l'Auxerrois, de Paris, et l'aile de Louis XII, du chteau de Blois. Pendant que l'art gothique dit son dernier mot, en prenant ses formes flamboyantes et en rompant les lignes droites par ses choux aux mille plis ou feuilles crochets, voici venir Franois Ier

DELA 4 HISTORIQUE et la pliade d'artistes italiens qu'il appelle auprs de lui. Le sicle de Lon X dborde en France, et la fusion de cette poque brillante et du gnie franais nous donne une impulsion artistique toute nouvelle qui devient l'aurore de l'art moderne, en l'levant au niveau de la science, et mrite ce sicle le nom de Renaissance. Ce sont d'abord Lonard de Vinci, le Rosso, le Primatice, Andr del Sarto et Benvenuto Cellini, qui nous initient l'art magistral du grand sicle italien. Ce dernier contribue, par son ornementation d'un style florentin, un peu exagr peuttre, o se fait sentir la perfection du ciseleur, la cration de ces panneaux en bas-relief, frustes ou arabesques d'une composition si ingnieuse et si varie. Bientt, sous l'influence de cette brillante poque italienne, naissent Jean Goujon, le Phidias franais, le Corrge de la sculpture, Germain Pilon, son mule, Cousin, au gnie multiple, et tant d'autres qui achvent de fixer le style de cette poque en alliant la nature vivante l'ornementation. Les chteaux de Fontainebleau, de Chambord et de Blois (aile de Franois Ier), la fontaine des Innocents, Paris, les plafonds du chteau d'Anet, les lambris de la chambre coucher de Diane de Poitiers, etc., etc., sont autant de chefs-d'oeuvre qui attestent la juste clbrit de cette poque. La statuaire prend des proportions magistrales, les attitudes sont varies, les draperies franchement jetes. L'ornementation est anime par ces reliefs

5 SCULPTURE SURBOIS. aux formes lgantes et pures qui savent allier, lorsqu'il le faut, la force et la grce ; ses figures ont tant de relief que l'oeil tromp croit en embrasser toute la rondeur. La dcoration des meubles devient aussi moins morne ; les bas-reliefs sont entours de feuillages de convention inspirs par la feuille d'achante; les froides draperies de panneaux des sicles prcdents sont remplaces par ces vases aux formes lgres, qui paraissent sortir de fleurs imaginaires et dans lesquelles des oiseaux fantastiques inclinent leurs longs cols. On semble avoir horreur de la nudit des murs et des panneaux, l'ornementation envahit tout, et l o elle ne peut amener un sujet, on place une salamandre vomissant des flammes, ou des armes surmontes de couronnes hraldiques. Il semble, quand on regarde ensuite l'poque de Louis XIII, que le XVIe sicle ait momentanment puis la sve de notre gnie artistique; l'ornementation et les meubles deviennent lourds, froids et tristes comme le caractre du souverain, on parait revenir la raideur des meubles moyenge, et on copie en mme temps le gothique allemand en plaant sur les chapiteaux et sur les panneaux des cartouches aux formes gauchies, creuss dans d'paisses masses de bois et qui paraissent craser sous leur poids les objets dont ils ne doivent tre que l'accessoire. Mais, cette poque, la sculpture sur bois se rfugie en Flandre o elle se dveloppe avec le plus grand clat sous l'influence du gnie de Rubens. Toutes les glises de Belgique renferment

DE 6 HISTORIQUE LA encore des chefs-d'oeuvre de sculpture sur bois de cette poque aussi fconde que le grand matre dont elle s'inspirait. L'ide d'introduire dans l'ornementation des animaux symboliques, donne souvent leurs travaux un cachet original qui est encore accentu par les enfants que Franois Duquesnoy, plus connu sous le nom de Franois Flamand, fait jouer au milieu d'une vgtation de la plus grande richesse. Cet artiste nous initie l'art de reproduire ces enfant bouffis, aux membres rebondis, la manire du Titien et de l'Albane dont il s'tait inspir et qu'il a cisels profusion. L'art de la sculpture sur bois ne fait pas de progrs bien sensibles sous Louis XIV. Le caractre du souverain et de son entourage changent l'ornementation et les meubles de cette poque en poussant souvent le genre noble jusqu' la lourdeur; tout est empreint de noblesse et de majest. Pierre Puget cre des chefs-d'oeuvre de sculpture sur bois, remarquables par le sentiment du grandiose, qui malheureusement sont faits Marseille et Toulon, loin du centre artistique, et Boule cre le style qui porte son nom dans la fabrication des meubles de luxe qu'il orne de bronzes lgants et de riches mosaques, mais ces meubles appartiennent plutt l'bnisterie qu' la sculpture sur bois qu'ils contribuent faire ngliger. Pendant que l'architecture et l'ornement de l'poque de Louis XIV conservent le caractre imposant, nous voyons des architectes de la fin de ce rgne, et notamment Perrault, tracer, pour les

SCULPTURE SURBOIS. 7 Vases et ornements des jardins de Versailles, des dessins qui peuvent servir de transition entre la sculpture sur bois des meubles de cette poque et les grandes poques de Louis XV et Louis XVI o cet art fut port son apoge. L'poque de Louis XV n'est remarquable, il est vrai, que par la sculpture de ses meubles; celle du genre ou des personnages est entrane par le faux got de l'poque, elle est contourne, manire et affadie ; les draperies qui visent quelquefois l'antique, sont trop recherches, trop chiffonnes et laissent souvent deviner, ou mme voir les formes avec une affectation peu digne de l'art qui, sous ce rapport, se ressent du relchement des moeurs du temps. On retrouve, jusque dans les travaux religieux que l'on rencontre dans les glises, ce genre mondain et trop facile des compositions de Boucher faites pour ces boudoirs mythologiques qui avaient alors la grande vogue. Mais la dcoration des meubles, des lambris et des siges prend un caractre nouveau qui est tout fait propre cette poque. Ce ne sont que contours lgers et volutes varies l'infini, dont le regard suit les courbes sans se heurter un seul angle ; tous ces motifs, surmonts de colombes aux ailes entr'ouvertes, ou de charmants mdaillons, sont relis ensemble par de gracieuses guirlandes de fleurs d'une excution admirable et maintenues par des rubans aux plis arrondis qui achvent de donner l'ensemble un aspect des plus aimables.

DE HISTORIQUE LA Le sculpteur sur bois doit spcialement s'attacher tudier le style et le faire de cette poque qui sert encore de modle aux artistes de nos jours. Bien qu'tant semblable en plusieurs points au style de Louis XVI, il en diffre essentiellement par mille dtails que le connaisseur distingue du premier coup-d'oeil. La dcadence du style Louis XV est signale par l'introduction dans la sculpture du genre Rocaille qui imite les rochers et les coquillages. La sculpture des petits meubles et garnitures, tels que coffrets, pendules, vases et flambeaux, en offre encore d'intressants spcimens remarquables par l'adresse avec laquelle les diffrents motifs sont relis entre eux. On retrouve des traces de ce genre dans le style Louis XVI, plus svre et plus correct que celui qui le prcde, mais qui ne lui cde en rien par la grce et l'lgance. L'influence des scnes champtres de Trianon et des bergeries de M. de Florian se fait sentir dans la dcoration des meubles et des lambris, par des faisceaux de houlettes, de tambourins et de musettes, et par ces lgers paniers de fleurs qui ressemblent souvent des trompe-l'oeil. A tous les ornements de l'poque devancire, on ajoute les perles, et enfin la dorure qui vient donner aux meubles une richesse jusqu'alors inconnue. Les modles de ce style sont encore rpandus dans plusieurs chteaux, notamment Versailles et Trianon. Il ressemble d'assez prs celui de Louis XV pour que nous en indiquions les principales dif-

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SCULPTURE SURBOIS. 9 frences : les lignes sont moins molles, quelquefois irises par des ressauts en saillie, sans cesser pour cela d'tre agrables l'oeil, les fleurs et les roses surtout sont plus fouilles, plus dtailles et plus naturelles; les rubans qui entourent et relient presque toujours les attributs sont chiffonns par une profusion de plis qui leur donne une lgret admirable. Cette poque est regarde juste titre comme la plus belle de la sculpture sur bois pour l'ornementation et les meubles. On s'explique difficilement que ce grand art soit subitement frapp d'interdit par les artistes de l'poque suivante qui n'accordent quelque attention qu' la peinture. Malheureusement le genre qui fait cole sous l'Empire, et dont David est le matre, est pouss l'exagration par ses lves, dont les compositions raides et anguleuses ressemblent des figures de mathmatique. L'ornementation des appartements est presque inconnue; les meubles, anguleux eux-mmes, ne sont que des cubes gomtriques que le suprme bon got du moment perche sur des colonnes cylindriques qui ne sont d'aucun ordre et rehausse d'ornements en bronze d'un modle invariable. C'est l'poque o florissent les pendules carres contre lesquelles s'accoude l'invitable troubadour dont la chevelure de chrubin est surmonte d'un toquet de velours, sorte d'critoire d'o sort une plume hors de toute proportion; sa tunique, dcollete comme celle d'une femme, tombe en plis raides et rguliers qui paraissent avoir t peigns. Tel est le got de la statuaire; aussi les

10 HISTORIQUE LA SCULPTURE DE SURBOIS. oeuvres de sculpture de cette poque disparaissent-elles chaque jour, nul ne peut avoir l'ide de les collectionner, et encore moins songe-t-on les imiter. Les proccupations d'un autre ordre absorbent toutes les aspirations artistiques, l'art n'est mme plus un accessoire, il est oubli, mconnu. Nous assistons ensuite une sorte de sommeil d'une quarantaine d'annes qui fait croire une fatigue gnrale pour tout ce qui est art et industrie. On a oubli le style empire, c'est le seul loge que l'on puisse donner cette poque d'engourdissement. L'art est concentr dans la lithographie, la joaillerie, puis dans la peinture qui vient contribuer relever la sculpture d'ornementation et d'ameublement. Aujourd'hui, enfin, de grands artistes ne ddaignent plus de faire collaborer leur talent l'industrie, et nous voyons apparatre une nouvelle renaissance de la sculpture d'ornementation qui arrivera, nous le pensons fermement, donner un cachet notre sicle. Le genre actuel, qui est bas sur l'imitation de la nature, ne peut manquer d'tre remarqu par nos descendants : il s'efforce, en effet, de rsoudre ce problme difficile d'allier le ralisme l'idalisme, c'est--dire de crer un genre d'imitation substitu la nature (dont le moindre brin d'herbe ne peut tre fidlement imit) et d'arriver une illusion que les efforts de nos ciseleurs modernes ne peuvent tarder atteindre,

OUTILS. PREMIRE SECTION. Outils.

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Beaucoup des outils dont nous allons nous occuper sont tellement connus qu'il serait inutile de les dcrire et mme de les nommer ; nous esprons cependant que le lecteur sera ddommag par les dtails de fabrication que nous donnerons, et qu'il est de toute ncessit de connatre, pour leur afftage et la transformation qu'on pourrait dsirer leur faire subir. Nous n'indiquerons que ceux qui sont le plus ncessaires au sculpteur sur bois. Il pourra se faire que les difficults d'excution que l'on rencontrera dans certains travaux en ncessitent d'autres que ceux dont nous parlons, mais ils driveront tous, plus ou moins, de ceux dont nous aurons donn le modle; il sera facile l'artiste, soit de les faire lui mme par les procds que nous indiquerons plus loin, page 49, soit d'en donner le dessin l'ouvrier. Au reste, plus le sculpteur avancera dans la pratique de son art, plus il apprendra tirer parti de ses outils et en rduire le nombre quelques-uns seulement qui iront le mieux sa main. LE CISEAU. Le ciseau de menuisier (fig. 1) est le plus simple des outils de sculpteur, il consiste en une lame d'acier appele planche, sur laquelle on soude

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OUTILS. plat une lame de fer destine lui donner moins de rigidit et plus de liant. Cette lame se termine par une tige carre qui va en s'amincissant afin de pntrer dans le manche. L'extrmit de la lame est affte en biseau, de manire que le taillant porte sur la lame d'acier A, et que la lame

Fig. 1. de fer, qui est use par la pierre, forme le biseau A, a. Ce biseau prsente, de profil, un angle plus ou moins aigu, selon la nature du travail que l'on a excuter : il est ordinairement de 25 30 degrs. La partie aigu qui termine la tige se nomme soie S ; la masselote de fer E qui se trouve entre la tige et la soie est appele embase et sert appuyer, ou plutt arrter le manche. Ces derniers dtails de fabrication tant les mmes pour tous les outils, nous nous abstiendrons de les rpter. Il est bon d'avoir quelques ciseaux assortis de largeur et variant de 3 20 millimtres.

Tous les outils qui suivent, existant aussi en acier fondu, le sculpteur devra les prfrer ceux employs par les menuisiers, car ils peuvent tre affts et aiguiss des deux cts sans crainte de dpasser la planche.

LES FERMOIRS. LES FERMOIRS. Le Fermoir droit.

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Cet outil diffre du prcdent en ce qu'il a son tranchant au milieu de l'paisseur de la lame au lieu de l'avoir sur un des bords. Dans l'outil de enuisier, la lame d'acier ou planche, sur laelle doit porter le tranchant, est entre deux mes de fer qui lui sont soudes plat. Ceux le plus en usage ont gnralement de 3 40 centimtres de largeur. Le Fermoir coud.

Fig. 2. Ce fermoir sert pntrer dans les creux au fond desquels on doit niveler des parties plates. Sa composition est la mme que celle du fermoir droit, mais la lame est beaucoup plus courte et la tige plus longue est recourbe en S, de telle sorte que la partie plate de la lame A, B se trouve sur un plan infrieur celui de la tige M, N. Plus la partie que l'on doit travailler est profondment place, plus l'angle form par la tige et la lame doit tre aigu dans le sens A, C. Il faut cependant se garder de trop courber la lame, car alors le centre des forces, en se dplaant, se porte sur les parties coudes qui n'ont assez de solidit pour rsister, et l'outil se plus 2 Sculpture sur Bois.

14 OUTILS. brise. Cette observation s'applique tous les outils couds. Le Fermoir nez-long droit.

Fig. 3. Le fermoir nez-long droit (fig. 3) a le tranchant biseaut, c'est--dire coup obliquement par rapport la direction de ses cts, de manire prsenter un angle aigu. On s'en sert pour pntrer dans les trous ou les angles aigus et rentrants et continuer les parties plates commences par le fermoir droit. Le Fermoir nez-long coud. Il est au prcdent ce que le fermoir coud est au fermoir droit, et il est l'objet des mmes observations. Il est ncessaire d'en avoir quelques-uns, mais il faut les choisir trs-troits afin qu'ils puissent pntrer dans les angles les plus aigus. Le Biseau. Il arrive souvent que le fermoir coud ne peut pntrer dans les parties creuses un peu resserres cause de la longueur qu'on est oblig de donner sa lame; on le remplace alors par le Biseau (fig. 4) qui n'est autre chose qu'une masselotte biseaute M, au-dessus et sur le milieu de laquelle est brase une tige coude, dont la direction de la,

branche

15 LES GOUGES. est dans le plan de l'axe de la masselotte.

Fig. 4. On fait des biseaux aussi petits que possible; il en est mme qui permettent de pntrer dans des Creux de 1 millimtre. LA GRADINE. La gradine (fig. 5) est un fermoir droit et quelquefois coud, dont le taillant est dentel. Elle sert faire les ctes de certaines feuilles et produire les nervures des tiges, des fleurons et des corces d'arbres. LES GOUGES.

Fig. 5.

Fig. 6. La gouge (fig. 6) est un ciseau courb dans sa largeur, de telle sorte que la lame d'acier (dans l'outil de menuisier) se trouve dans la partie concave. Quand le tranchant a la forme d'un demi-cercle rgulier, on l'appelle gouge creuse; elle se nomme

16 OUTILS. demi-creuse quand sa cavit est comprise entre un demi-cercle et un quart de cercle ; et, enfin, elle est mplate quand sa courbe est moindre d'un quart de cercle. La gouge est droite quand la lame est dans le prolongement de la tige (fig. 7); elle est coude Fig. 7. (fig. 8) quand la tige est courbe en S; elle est Fig. 8. contre-coude (fig. 9) quand l'ouverture de la

Fig. 9. gorge, au lieu de se trouver vers l'intrieur du coude est tourne vers l'extrieur; le tranchant de la gouge peut aussi tre taill en gradine, elle prend alors le nom de gouge brette. Presque tous les objets sculpts pouvant tre considrs comme une suite de surfaces convexes ou concaves plus ou moins cylindriques ou sphriques, on comprend le rle important que jouent les gouges dans la sculpture sur bois; aussi devra-t-on en avoir un assortiment de chaque espce et de plusieurs pas, c'est--dire reprsentant des fractions de cercles de rayons diffrents.

LES RAPES. LES RAPES

Fig. 10. La rpe (fig. 10) est une sorte de lime dont les plans sont hrisss de dents ou pointes saillantes. Elle peut, dans les travaux d'une certaine dimension, remplacer la gouge ou le ciseau pour arrondir les angles ou pour lisser les parties qui doivent avoir une forme rgulire, mais on doit en user avec la plus grande discrtion, car la vritable sculpture doit tre obtenue par le ciseau, le fermoir ou la gouge, et elle n'admet pas ces moyens expditifs qui ont presque toujours pour rsultat de donner trop de raideur et de scheresse aux contours. La rpe est plate des deux cts, ou plate d'un ct et arrondie de l'autre, ou compltement ronde et en cne long ; elle va gnralement en diminuant de la base son extrmit. Quelques-unes sont coudes l'extrmit de manire former une courbe ou un angle droit afin d'agir dans les parties creuses. Les dents de la rpe sont plus ou moins prononces et espaces, selon la nature du bois sur lequel on veut agir et la quantit que l'on a enlever, aussi distingue-t-on la rpe forte et la rpe moyenne. La rpe, en passant sur le bois, le dchire et le rend rugueux l'oeil et au toucher, on enl ses asprits au moyen de la lime btarde, es

18 OUTILS. de lime qui, au lieu d'tre sillonne de raies croises, n'a ses raies que dans un seul sens. Cet outil a l'avantage de donner au bois un poli d'autant plus complet que ses raies sont plus rapproches. LES RIFLOIRS. Pour achever de polir certains creux.destins tre vus et dans lesquels la gouge ne pntre qu'avec peine, on se sert de rifloirs (fig. 11),

Fig.11. sortes de rpes petites dents et de limes btardes raies serres, qui sont de formes pointues, plates ou mplates, droites ou coudes, selon le besoin. Ces sortes d'outils sont souvent d'un grand secours, aussi doit-on en avoir un assortiment de toutes les formes. LE TIERS-POINT. Le tiers-point, lime triangulaire, ne sert au sculpteur que dans l'afftage de la scie, nous renvoyons le lecteur cet article, page 47. LE VILEBREQUIN. Cet outil (fig. 12), qui sert percer le bois, est d'un usage trs-rpandu, il se compose d'une tte de bois T en forme de champignon, renforce d'une virole en fer V sa partie infrieure, dans

LE VILEBREQUIN. 19 laquelle on introduit, suivant son axe, un boulon en fer B qui est adapt perpendiculairement

Fig. 12. une tige ronde de fer, ayant la forme d'un C ; l'extrmit de ce C est renforce en M et perce d'un trou carr dans la direction de l'axe de la tige; on le perce, en outre, sur le ct, d'un trou qui reoit une vis de pression destine fixer la mche qui doit tre introduite dans le carr. Vers le milieu du C se trouvent deux renflements entre lesquels on adapte un morceau de bois perc en son milieu P et tournant librement; il sert faciliter le mouvement que la main droite imprime l'instrument. La Mche cuillre. Le carr du vilebrequin peut recevoir diffrentes mches de toutes forces; la mche la plus ordinaire et aussi la plus ancienne, est celle cuillre (fig. 13), que l'on peut comparer une gouge creuse dont la partie infrieure serait lgrement releve, de manire avoir prise sur le bois; elle sert particulirement percer Fig. 13.

20 OUTILS. des trous dans le bois debout, c'est--dire dans le sens des fibres du bois. La Mche anglaise. Cette mche (fig. 14) est compose d'une lame plate l'extrmit de laquelle se trouvent deux cannelures donnant naissance trois pointes; celle du milieu sert fixer la mche au centre du trou que l'on veut faire, les deux autres sont releves, chacune en sens inverse de l'autre, et aiguises de manire mordre dans le bois. Cette mche sert faire des trous parfaitement ronds et fonds plats. Fig. 14. La Mche franaise.

Fig. 15. La mche franaise (fig. 15) est un ruban d'acier tourn en hlice; de l'axe de cette hlice sort une pointe taraude que l'on visse pralablement au milieu de la partie qui doit tre creuse ; les deux angles opposs du ruban sont lgrement relevs dans le sens de leur pas et aiguiss. Cette mche peut remplacer la mche cuillre, car elle a autant de puissance qu'elle dans le bois debout, et elle fait ses trous aussi ronds que la mche anglaise; elle peut donc elle seule remplacer les deux autres.

LA VIS D'ARCHIMEDE. LAVIS D'ARCHIMDE.

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Un instrument non moins utile que le vilebrequin et qui permet de faire des trous plus petits avec une plus grande facilit, est la vis d'Archimde ou foret rotateur (1) (fig. 16). C'est une tige

Fig. 16. de fer T 4 ou 5 pans tourns en hlice; on l'entre dans un manche M perfor suivant son axe, l'extrmit duquel se trouve un tourillon t qui arrte la tige et lui laisse toute libert de rotation ; l'extrmit oppose de la tige est un renflement R perc dans la direction de l'axe et qui sert recevoir la mche. Celle-ci est grosse comme une aiguille tricoter, aplatie son extrmit; les angles sont abattus et aiguiss et forment un angle obtus. Un curseur C est enfil dans la tige, dont il embrasse exactement le contour, il suffit de le faire monter et descendre pour faire tourner la mche alternativement dans les deux sens et la faire mordre dans le bois. Il est ncessaire d'avoir un jeu de mches de diffrentes forces. Les forets rotateurs les meilleurs sont ceux dont la tige a le moins de pans, car alors la virole en cuivre qui s'adapte au curseur rsiste plus longtemps et s'mousse moins. Il faut aussi choisir d'autresnoms,tels que : tou(1) Cetinstrument orteencore p ret, drille, etc.

OUTILS. 22 ceux dont la mche fait le plus de tours en portant le curseur d'une extrmit l'autre ; le trou se fait plus promptement et il y a conomie de force. LA VRILLE. La vrille (fig. 17) est une tige de fer qui s'emmanche dans un morceau de bois qui lui sert de tte, dispos de manire donner l'ensemble la forme d'un T, dont la tige serait le corps; elle est termine par un bout taraud en forme de tire-bouchon. Elle peut tre supple par la vis d'Archimde. Fig. 17. LES MAILLETS. Les sculpteurs sur bois se servent souvent de deux sortes de maillets, l'un tte carre, l'autre en forme de bouteille. Le Maillet tte carre. Il se compose d'une masse de bois (fig. 18) taille carrment, de 15 centimtres de longueur sur 7 centimtres dans ls deux autres dimensions et coupe, dans le sens de sa longueur, sur ses faces suprieure et infrieure, de manire prsenter un lger arc de cercle dirig vers l'intrieur de l'outil. Cette tte est perce perpendiculairement son axe, d'un trou cylindrique qui la

LES MAILLETS. 23 traverse de part en part, dans lequel on enfonce un manche qui ressort vers l partie concave de

Fig. 18. 18 20 centimtres, et la partie convexe de 10 12 millimtres. On fend cette dernire extrmit. on y introduit un morceau de bois dur qui fait et coin, on frappe fortement afin de l'enfoncer dans les cts s'cartent et adhrent ainsi lemanche; toutes les parties du trou fait dans la tte, on coupe ensuite l'excdant et le manche ainsi forc est dfinitivement fix. Son autre bout, qui sert manier le maillet, doit tre un peu renforc afin de mieux tre en main. La fente du manche doit tre faite dans un sens perpendiculaire ou oblique la direction des fibres du bois de la tte, sans cette prcaution, cette dernire partie serait expose clater sous le forcement du coin. La tte doit tre d'un bois solide ayant cepen-

24 OUTILS. dant assez de liant, tel que le charme ou le frne. Sa courbure est ordinairement un arc de cercle dont le centre est l'extrmit du manche, ayant alors le rayon AM l'extrieur, AN l'intrieur, et compris dans une longueur de 18 20 centimtres, mesurs dans son axe. Le Maillet en forme de bouteille. Ce maillet (fig. 19) est fait d'une pice et a la forme d'une bouteille lgrement concave vers le milieu du corps et renfle au milieu du goulot; il est fait du mme bois que le prcdent et a sur lui l'avantage de pouvoir se tourner dans la main et de prsenter toujours une surface avec laquelle on peut frapper. Il a ordinairement de 28 30 centimtres de longueur, sa poigne en a de 12 14, et on donne 10 12 centimtres au corps de la Fig. 19. bouteille. LES COMPAS. On en distingue de deux sortes : le compas ordinaire et le compas d'paisseur. Le Compas droit. On sait que le compas droit ou ordinaire est compos de deux tiges de fer runies par une

LES COMPAS. 25 charnire qui permet de les rapprocher et de les loigner volont, et termines par deux pointes d'acier ou de cuivre. Le Compas d'paisseur. Le compas droit (fig. 20) sert prendre les distances sur des surfaces planes, mais quand on veut les prendre sur des surfaces rentrantes domines par des surfaces convexes, il devient d'un usage impossible; on se sert alors du compas d'paisseur qui diffre du compas ordinaire en ce que ses branches sont recourbes leur extrmit. Fig. 20. Le Compas matre-de-danse. Le compas d'paisseur est avantageusement remplac par un autre instrument qui fait double emploi, et auquel on a donn le nom bizarre de compas matre-de-danse (fig. 21). Il est compos

Fig. 21. de deux branches qui sont courbes en arc de cercle et runies leur coude par une charnire ; 3 Sculpture sur Bois.

26 OUTILS. les pointes des branches du croissant servent prendre les distances extrieures, et avec la partie des branches droites qui sont replies perpendiculairement leur extrmit, on relve les dimensions des parties rentrantes dans le sens inverse, car la distance de l'extrmit des pieds CD tant la mme que celle qui spare la pointe des branches quand le compas est ferm, il en rsulte qu'en l'ouvrant l'cartement reste toujours le mme de part et d'autre. L'instrument peut alors servir de compas ordinaire et de compas d'paisseur. LA SCIE. Quand on voudra faire une sculpture jour, soit qu'elle doive tre rapporte ou rester libre, comme dans les cadres, il faudra pralablement faire scier les jours dans l'paisseur du bois. Plusieurs sculpteurs ont de ces petites machines aussi commodes qu'lgantes au moyen desquelles on peut dcouper seul le bois sans le secours d'aucun aide et faire les dentelures les plus fines (nous donnons la fin do cet ouvrage, page 113, la description de quelques-unes de ces machines et des diffrentes manires de procder). Mais il pourra se faire que ces jours soient assez peu dlicats pour que le sculpteur les fasse sans le secours de ce supplment d'outillage, il se servira alors de la scie allemande chantourner (fig. 22). Elle ne diffre des scies communes que par la largeur de la lame et la manire dont elle est fixe aux traverses. Elle est compose de deux

27 LA SCIE. traverses T runies par un montant M, dans le

Fig. 22. tenon duquel elles pntrent; l'extrmit des traverses, d'un mme ct du tenon, on a perc dans chacune d'elles un trou cylindrique dans lequel on a pass uni boulon en fer, la tte place en dehors de la monture; la tte de l'un est fendue en b et celle de l'autre est garnie d'une mchoire en fer B ; la tte de celui-ci est fixe une poigne P en bois qui permet de le faire tourner dans tous les sens suivant son axe. C'est dans cette mchoire et la rainure du premier boulon qu'est introduite la lame de la scie qui est fixe par des vis. A l'autre extrmit des traverses se trouve une entaille dans laquelle on passe une double corde C qui sert tendre la lame ; pour y arriver, on introduit un morceau de bois G en forme de latte appele garrot entre les deux cordes et vers le milieu; on fait faire plusieurs tours qui tordent la corde, la raccourcissent et rapprochent les deux branches des traverses, les deux traverses opposes s'loignent alors et don-

28 OUTILS. nent la lame une rigidit d'autant plus grande la corde a t plus tendue. Quand on juge la que tension suffisante, on fixe le garrot dans une mortaise pratique au centre du montant. Cette disposition de la lame permet de lui donner tous les mouvements de rotation autour de son axe, pour cela on la dtend, on lui imprime, au moyen de la poigne, la direction dsire, on la dgauchit l'autre extrmit et on retend la corde. La dimension moyenne de cette scie doit tre, pour le sculpteur, de 50 centimtres environ. On doit avoir des lames de diffrentes largeurs : pour le trait de scie droit, il en faut une de 3 centimtres. Quant aux autres, elles devront tre d'autant plus troites que la courbe chantourner sera plus petite. Ces lames ne devant couper que des bois secs et d'un grain serr, devront avoir les dents petites et serres. Il faut avoir soin, chaque fois qu'on cessera de se servir de la scie, de lcher le garrot pour dtendre la corde ; d'abord pour ne pas la fatiguer et ensuite pour viter que la corde qui subit les influences atmosphriques n'arrive une trop grande tension et ne casse les traverses ou le montant. (Voir, page 47, la manire d'aiguiser et d'entretenir la scie.) L'TABLI. On donne le nom d'tabli une sorte de banc sur lequel on fixe l'objet que l'on veut travailler. L'tabli ordinaire se compose d'une table qui

LESPRESSES. 29 a d'habitude 50 centimtres de largeur sur 1m.50 de longueur et une paisseur de 6 7 centimtres. Il doit tre en orme ou en htre, bois assez durs et surtout trs-lourds, considration importante, car il faut que l'tabli ne puisse tre branl facilement. Les quatre pieds sont en chne trs-fort, leur hauteur varie suivant la taille de la personne qui est destin l'tabli; il doit tre tel que l'on puisse travailler debout et assis sur un sige un peu lev. Ces pieds sont unis la table de la manire la plus solide et assembls enfourchement double; ils sont unis par le bas 15 centimtres de leur extrmit par une traverse qui les enveloppe et dont l'assemblage est fix par des tenons. On peut runir la partie infrieure des traverses par des planches, on forme ainsi une demi-bote qui sert, soit mettre des outils, soit y placer de grosses pierres pour augmenter la rsistance de l'tabli, quand on doit lui faire supporter de grands chocs, comme dans l'bauche des gros ouvrages. LES PRESSES. menuiserie emploie des valets pour fixer le La bois sur l'tabli, mais cet outil a une force trop brutale, exerce une pression peu constante et il en faudrait souvent quatre ou cinq la fois, ce qui embarrasserait l'tabli et gnerait dans le travail; on les remplace avantageusement par les presses main.

30

OUTILS. La Presse main.

Fig. 23. Elle est forme d'un montant M (fig. 23) auquel sont assembles des traverses T enfourchement double; l'une de ces traverses est perce d'un trou taraud dans lequel se meut une vis en bois V manche octogonal, pour donner plus de prise la main. Si on veut fixer une planche sur une table, par exemple, on place l'instrument la vis en dessous, de telle sorte que la planche et la table se trouvent entre la vis et le montant suprieur, et on tourne jusqu' ce que les deux objets soient suffisamment serrs. On en emploie souvent plusieurs pour fixer un mme ouvrage, mais il faut avoir soin, si on ne veut pas dtriorer l'objet sur lequel pse l'extrmit de la vis, de le protger par de petites planches de bois tendre. La Presse en fer. On fabrique aussi des presses main en fer, mais elles sont plus petites que les prcdentes, le montant et les traverses sont d'une seule pice, la tte de la vis est ordinairement oreilles.

31 Bien que ces presses puissent supporter une plus forte pression que celles qui sont en bois, il faut cependant se garder de les laisser trop longtemps tendues chaque fois que l'on s'en sert. La Presse allemande. On comprend que les presses ne peuvent arriver fixer tous les ouvrages; ainsi, elles deviennent impossibles pour ceux qui exigent une pression de ct. Pour obvier cet inconvnient, on introduit dans l'tabli la presse allemande, dont l'usage est de la plus grande utilit pour le sculpteur. Elle consiste en une bote dans laquelle on met un ou plusieurs mentonnets ; elle est traverse d'une vis qui lui fait faire charriot, et permet ainsi d'avancer ou de reculer le mentonnet selon le besoin. L'tabli, qui doit alors avoir au moins 10 centimtres d'paisseur, est perc de plusieurs ouvertures carres dans lesquelles on peut placer des mentonnets (fig. 24), chevilles en bois qui prennent exactement dans la partie creuse et retenues par une tte carre de 2 3 centimtres de rebord qui pose sur l'tabli. C'est entre deux de ces mentonnets, dont l'un fix dans Fig. 24. l'tabli, l'autre rendu mobile, que la planche sur laquelle on doit travailler est assujettie. On pratique dans la table une entaille (fig. 25) de 30 centimtres dans le sens de la longueur, et

LES PRESSES.

OUTILS. 32 de 25 centimtres dans la profondeur; on fait sur le fond F une entaille longitudinale que l'on creuse en rainure, en laissant une paisseur de

Fig. 25. 15 centimtres environ, de manire qu'une planche puisse facilement y glisser coulisse. On asjettit avec des vis, au bout de la table, une traverse MN assez forte qui se prolonge jusqu' hauteur du grand ct, de sorte que l'extrmit M soit au niveau de A. Une seconde traverse T, taille queue d'aronde, est solidement fixe audessous de la premire MN et au ct de la partie chancre. C'est dans cet encastrement ainsi dispos que l'on place la bote dont voici la description aussi simplifie que possible. La partie principale de la bote est la tte B, reprsente dans la figure 26, qui doit venir s'appliquer contre la partie latrale de l'tabli, en glissant par une chancrure E dans la queue d'aronde de la traverse T, qui dirigera en ligne

LESPRESSES. 33 droite le mouvement de la bote. C'est dans sa partie suprieure que l'on place un ou plusieurs mentonnets m qui doivent appuyer le bois travailler contre ceux dj placs dans l'tabli. La planche C, qui est l'extrmit de la boite, est plus courte de la hauteur de la traverse MN (fig. 25), et perce d'un trou dans lequel doit passer la vis. La planche de dessus joint les deux planches latrales qui le sont encore leur angle extrieur et infrieur par une traverse b c. La planche de derrire P (fig. 26) est taille lan-

Fig. 26. guette de manire courir dans la rainure creuse dans le fond de l'entaille F (fig. 25) ; elle est de la largeur D G de la planche C (fig. 26), de manire reposer sur la traverse MN, quand on fait mouvoir la bote. Toutes ces planches doivent tre assembles feuillures et vis. Voici maintenant comment on fait mouvoir cette bote : on passe la vis V (fig. 26) dans la planche C, puis dans un crou X, dont la queue, passant dans la fente longitudinale de la planche

34 OUTILS. du fond, va se fixer en K (fig. 25) dans l'tabli o elle est maintenue par deux boulons qui la traversent (fig. 27) ; la vis est ensuite enfonce

Fig. 27. dans la planche B (fig. 26), dans laquelle elle est attache par un boulon qui lui permet de tourner librement sans s'en dtacher. Si maintenant la bote est place dans son encastrement de la figure 25, et qu'on fasse tourner la vis au moyen d'une tige de fer place dans le trou pratiqu la tte, on comprend que la bote, soumise au mouvement de la vis qui tourne dans son crou X, avancera ou reculera tout en restant dans le plan de l'tabli, puisque la traverse T (fig. 25) la maintiendra la mme hauteur, et que la planche P, en glissant dans la coulisse du fond F, la rendra toujours adhrente l'tabli. On pourra ainsi calculer dans la construction le maximum du recul de la bote, d'aprs la partie de la vis comprise entre l'crou X et son entre V dans la planche B (fig. 26). Ainsi, quand on voudra fixer une pice quelconque sur l'tabli, on la placera entre les mentonnets qui sont dans l'tabli (et seront avancs ou reculs selon la dimension de l'objet), et ceux de la boite, et on tournera la vis jusqu' ce que les

35 LES PRESSES. mentonnets mobiles pressent le bois contre ceux de l'tabli. La Presse mobile. La presse allemande que nous venons de dcrire, bien que d'une utilit incontestable, oblige avoir un tabli complet et devient impossible aux personnes qui ne peuvent loger chez elles un appareil aussi encombrant, ou celles qui sont appeles voyager. On pourra, dans ces deux cas, la remplacer avantageusement par un appareil trs-simple que nous appellerons Presse mobile, qui peut se mettre sur une table quelconque et tient trs-peu de place dans une malle. Elle consiste en une planche de bois d'orme ou de htre qui a une longueur de 55 centimtres dans le sens de son fil, une largeur de 40 centimtres et une paisseur de 6 centimtres. La figure 28 reprsente une coupe suivant l'axe de la

Fig. 28. planche, et la figure 29 est la coupe du ct sur lequel vient dboucher l'entaille. On creuse dans l'un de ses petits cts une entaille de 25 millimtres de largeur, 9 centimtres de longueur et 5 centimtres de profondeur, elle est vase l'in-

36 OUTILS. trieur de manire prsenter (fig. 29) un trapze

Fig. 29. A, B,C,D, dont le plus large ct parallle formerait la base C, D. Dans cette entaille, on introduit un curseur T, C, D qui s'encastre dans l'entaille A, B, C, D, et la dpasse de 5 centimtres sous la forme d'un rectangle T; son paisseur est de 1 centimtre, puis l'ouverture est ferme par une plaque en fer M, N, solidement visse, dans laquelle on aperoit un trou taraud destin donner passage une vis V qui vient se boulonner au centre R du trapze du curseur. Dans la tte de la vis se trouve une tige en fer qui permet de la tourner. La planche est perce de plusieurs trous Z destins recevoir des mentonnets en bois. Si, maintenant, on veut fixer un ouvrage sur cette presse mobile, on le place entre le curseur, recul contre la plaque en fer et le mentonnet et on serre la vis jusqu' ce qu'il soit pris entre ces deux mentonnets. Les trous des mentonnets doivent tre percs 5 centimtres de profondeur seulement, le bois qui reste sert donner de la solidit la planche. Cette presse est assez lourde par elle-mme pour rsister un travail ordinaire ; si on craint cependant qu'elle bouge, il suffit de la fixer la table au moyen d'une presse main.

LA VIS ANGLAISE. LA VIS ANGLAISE.

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presse allemande, n'oprant sa pression que La les cts, devient insuffisante quand on veut sur sculpter en ronde-bosse, car, ici, la force des coups tant alors dirige sur la verticale ou axe de l'objet, c'est dans cette direction que doit se trouver la rsistance, c'est--dire l'appui. On se sert alors de la vis anglaise (fig. 30) qui

Fig. 30. est compose d'une tige d'acier taraude d'un pas de vis carr C sa partie infrieure, dans lequel on engage un crou branches E, et se terminant par un pas de vis en spirale d'une forme conique A. On enfonce cette dernire partie de la vis endessous du bois que l'on veut travailler, suivant une perpendiculaire cette base qui a t pralablement bien aplanie ; on passe ensuite la partieC dans un trou pratiqu dans l'tabli, on engage l'crou et on serre jusqu' ce que le bois soit bien fix la table. Voir, page 68, la manire d'introduire la vis dans le bois. 4 Sculpture sur Bois.

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OUTILS. L'TAU D'HORLOGER.

L'indication que nous venons de donner des outils propres au sculpteur ne serait pas complte si nous omettions de parler de l'tau d'horloger qui ne peut servir dans la sculpture proprement dite, mais qui est d'un grand secours l'artiste pour emmancher ses outils, les faonner comme il sera indiqu page 49, et enfin travailler le fer et l'acier. Cet tau se compose (fig. 31) de deux mchoi-

Fig. 31. res M, N, dont les branches infrieures sont unies ensemble par un boulon solide C, autour duquel elles peuvent jouer. La mchoire N est perce d'un

CHOIX DESOUTILS. 39 trou taraud dans lequel glisse librement une vis V qui vient s'engager dans la mchoire M; une tige en fer T, passe dans la tte de la vis, permet de la tourner; on comprend alors que, selon le tour que l'on donne la vis, l'tau s'ouvre ou se ferme. L'cartement des vis est encore aid par le ressort R tremp et plac leur jonction. Afin de pouvoir fixer facilement l'tau sur une table, on donne la branche Mdeux renflements A et B; ce dernier est perc d'un trou taraud dans lequel glisse une vis V' surmonte d'une plaque hrisse de clous saillants, l'autre, A, a galement plusieurs pointes sa partie infrieure. On place l'tau de faon que la table soit prise entre deux griffes, et on serre la vis ; les pointes s'enfoncent dans le bois et contribuent, sous la pression de la vis, fixer l'tau la table. Des renforts placs en e servent d'enclumes. CHOIX DES OUTILS DE LEURQUALIT. ET Le choix des outils est d'une trs-grande importance pour le sculpteur, tant pour la facilit du travail que sous le rapport conomique. Les outils sont ordinairement faits de deux faons diffrentes; ils sont droits quand le pas de l'outil est prolong suivant toute la longueur de la lame, jusqu' la tige (fig. 32), et on appelle ou-

Fig. 32.

40 OUTILS. tils anglais ou en gane (fig. 33) ceux dont le pas

Fig. 33. ne prend qu'une faible partie de la lame, 2 ou 3 centimtres environ. On comprend de suite l'avantage des outils droits sur ceux en gane; dans ceux-ci, la moindre brche faite au tranchant, qui oblige les affter de nouveau, raccourcit sensiblement l'outil, de plus, le pas allant en diminuant, on arrive bien vite ne plus pouvoir se servir de la lame, tandis que dans le droit, le pas est le mme partout et l'outil peut servir dans toute la longueur de la lame. Quelle que soit la forme de l'outil, on reconnatra qu'il est bien fait, quand le fer sera de la mme paisseur dans toute la longueur de la partie de la lame dont l'usage est possib'e, quand la lame et la tige seront exemptes de fissures ou de pailles qui peuvent dranger le pas ou le biseau, ou les faire casser sous les efforts auxquels l'outil doit rsister. Quant la trempe, l'usage seul peut en faire connatre la qualit. MANCHE DESOUTILS ET MANIRE DELES EMMANCHER. Pour que l'outil soit bien en main, on l'emmanche dans une poigne en bois (fig. 34) huit pans qui va en s'largissant de chaque bout vers

41 EMMANCHAGE OUTILS. DES le milieu o elle a un diamtre de 2 3 centimtres, selon la force de l'outil.

Fig. 34. Il faut, autant que possible, la choisir assez forte, car les manches trop minces offrent moins de prise et l'excution fera facilement reconnatre qu'ils fatiguent vite la main par la trop grande contraction des doigts. Pour y introduire le manche, on perce un trou avec une petite vrille la base du manche et dans la direction de son axe ; prenant ensuite d'autres vrilles de plus en plus grosses, on les enfonce successivement dans ce trou jusqu' ce qu'il ait son orifice un diamtre peu prs gal au talon de la soie. Mais comme il est ncessaire que le trou ait peu prs la forme de cette soie qui va en diminuant, on enfonce de moins en moins les vis mesure qu'elles augmentent de grosseur, afin de lui donner une forme conique. La soie reste ainsi serre dans toute sa longueur. Cette opration faite, quand on voudra emmancher l'outil, on le placera dans l'tau la lame en-dessous, la tige prise dans les mchoires de l'tau sur lesquelles reposera la manchette, on fera entrer la soie reste en saillie dans le trou du manche et on l'enfoncera en observant de mettre son axe dans la mme direction que celui de l'outil ; sans cette prcaution, les coups que

42 OUTILS. l'on donnerait sur le manche porteraient faux et le briseraient invitablement. AIGUISEMENT ENTRETIEN ET AFFUTAGE, DES OUTILS. Le soin que le sculpteur doit prendre de ses outils est d'une importance extrme ; leur afftage doit tre surtout l'objet de son attention, car il contribue plus qu'on ne le pense rendre la sculpture nette et propre. Quelqu'habile que soit la main de l'artiste, son oeuvre paratra toujours faite avec hsitation et peu de soin s'il travaille avec des outils qui ne coupent pas, les angles saillants sont mousss, le bois est dchir, le simple toucher y laisse des traces malpropres, la poussire s'y loge si bien qu'il devient impossible de l'enlever, l'ensemble a une apparence nglige qui fait prfrer cet ouvrage celui d'une main moins exerce, mais travaill avec des outils bien affts; celui-ci aura un aspect de nettet qui plaira au premier coup d'oeil et qui, joint la propret, contribuera souvent en faire disparatre les dfauts. Les outils de sculpteur doivent tre soumis deux oprations pour arriver couper nettement le bois sans y laisser le moindre sillon, l'afftage d'abord et l'aiguisement ensuite. L'Afftage. Il consiste donner au tranchant de l'outil le biseau voulu qui est, ainsi que nous l'avons dit

AFFUTAGE ES OUTILS. D 43 page 12, de 25 30 degrs, et d'autant plus court que le bois travailler est plus dur. La Meule. On se sert pour cela d'une meule en grs d'un grain fin et gal M (fig. 35), qui doit tre assez

Fig. 35 mou pour garder la trace de l' ongle et exempt de fentes, cavits ou crevasses. Cette meule est perce en son centre d'un trou ou oeil, on y passe l'arbre A sur lequel elle doit tourner. Reste maintenant installer l'arbre de manire pouvoir faire tourner la meule. Voici, entre plusieurs appareils connus, un des plus commodes comme usage et comme propret : il se compose (fig. 35) d'une bote B, demi-circulaire, ayant dans toutes ses proportions 2 centimtres de plus que la moiti de la meule ; au centre de son diamtre se trouve en A une ouverture qui fait coussinet, dans laquelle on pose les collets ou parties cylindriques de l'arbre, l'une des extrmits duquel on passe une

44 OUTILS. manivelle qui permet de faire tourner la meule. On verse dans cette boite la hauteur de 4 centimtres d'eau afin de baigner la partie infrieure de la meule, et, pour qu'elle ne mouille pas, pendant l'afftage, le meuble sur lequel on pose l'appareil, ou recouvre la pierre d'un capuchon C ayant environ un quart de cercle de manire qu'on n'aperoive que la partie ncessaire pour l'afftage. Avant de se servir de la meule, il faut se rappeler que le tranchant de l'outil, quand celui-ci n'est pas entirement en acier fondu, doit toujours se trouver sur la planche, c'est--dire sur la lame d'acier; que cette planche se trouve sur un des cts pour les ciseaux, gouges droites ou coudes, et au milieu pour les fermoirs. Veut-on maintenant se servir de la meule, on la fait mettre en mouvement et on lui prsente le ciseau l'acier en dessus et le fer en dessous en le tenant de la main gauche par le manche, et appuyant de la main droite, qui doit faire ici l'office de pilote. Quand la surface use par la meule s'unit la planche par un angle bien vif et une ligne parfaitement droite, et qu'on aperoit une sorte de rebroussement rejet l'extrieur de la planche, c'est--dire le morfil, l'outil est afft. On comprend que cette opration doit tre rpte deux fois pour le fermoir. Quant la gouge, on la tient de la main droite en appuyant la lame de la main gauche, et on la fait tourner sans cesse afin de l'user galement sur toute sa convexit.

AFFUTAGE OUTILS. DES Le grs carr.

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On se sert aussi, au lieu de grs en forme de meule, du grs carr, ce qui permet d'affter sans le secours d'aucun aide ; on tient alors l'outil, quel qu'il soit, de la main droite, on pose la main gauche sur la lame, et l'on frotte le fer jusqu' ce que la planche soit affte. Il faut avoir soin, dans ce mode de procder, de donner toujours l'outil la mme inclinaison, sans cela l'afft est convexe au lieu d'tre droit, l'angle du biseau devient moins aigu et le tranchant pntre moins facilement dans le bois. Il est toujours ncessaire de mouiller la pierre sur laquelle on veut affter, sans cela le fer s'chauffe, et, arriv un certain degr, la trempe s'affaiblit et finit mme par disparatre entirement. Aiguisement. Quelque bien afft que soit un outil, on remarque toujours, en examinant attentivement son biseau, de petits sillons laisss par le grain du grs, qui donnent un morfil au tranchant et lui impriment des dentelures dont on retrouve les traces sur le bois que l'on coupe; pour obvier cet inconvnient, aprs avoir bien afft l'outil on l'aiguise afin de lui donner un fil net, dont la coupure fait croire que le bois a t poli. L'aiguisement se fait l'huile ou l'eau sur des pierres molles. Les meilleures sont celles que l'on trouve en Lorraine, elles sont d'un rouge-brun et lais-

OUTILS. 46 sant un angle vif sous la coupure d'un instrument tranchant. Aiguisement l'huile. On verse sur la pierre quelques gouttes d'huile, puis, tenant le manche de l'outil de la main droite et appuyant sur la lame avec la main gauche, on applique exactement le biseau sur la pierre et on frotte en spirale jusqu' ce que l'on ait fait disparatre les raies de l'afftage, et que le biseau soit touch. Il est quelquefois ncessaire arriver plus facilement ce dernier rsulpour tat, de frotter l'outil du ct de la planche, il faut alors poser la lame bien plat, sans cela le tranchant est report en arrire sur le fer, et toute l'opration est recommencer. Il faut toujours essuyer lgrement la pierre aprs s'en tre servi, de manire enlever le gros de cette sorte de cambouis form par l'huile, autrement elle s'encrasse et se couvre d'une couche de graisse, ce qui oblige de la nettoyer en la raclant avec un ciseau, et de la frotter ensuite avec du grs pil pour lui rendre son mordant. Aiguisement l'eau. Il se fait identiquement de la mme manire, avec cette diffrence que l'eau est substitue l'huile. Il a sur le prcdent l'avantage de demander moins de soin de propret. Quant la perfection de l'aiguisement, on obtient le mme rsultat par l'un et l'autre procd.

AFFUTAGE DESOUTILS. Le Pierrier.

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Le mode d'aiguisement que nous venons d'indiquer est insuffisant pour enlever le morfil des gouges, puisque la pierre plate ne peut arriver dans les parties creuses; on se sert alors du pierrier, qui est un jeu de pierres lorraines, d'paisseurs trs-diffrentes et dont le dos est convexe, elles peuvent ainsi adhrer aux diffrents pas des gouges et agir sur la planche de ces outils, soit qu'on aiguise en les tenant la main, soit qu'on les fixe, au moyen d'entailles, sur un morceau de bois pour procder comme il a t indiqu pour la pierre plate. Afftage de la Scie. On se sert pour affter la scie (page 18) d'une lime triangulaire appele tiers-point, dont la grosseur est proportionne l'cartement des dents de la scie; elle est monte sur un manche en bois, comme les autres outils, et a ordinairement de 13 14 centimtres de longueur. Quand on veut affter la scie, on serre fortement la lame entre les deux mchoires de l'tau en la laissant dborder de 5 millimtres entre l'tau et les dents, et mesure qu'on a lim la partie engage, on la fait avancer pour engager la suivante. On fait mouvoir la lime dans une direction un peu oblique, afin de donner un peu de biseau aux cts des dents et de mieux les faire couper. On donne le trait de lime d'un mme

OUTILS. ct, de deux en deux dents, et on retourne la lame pour rpter la mme opration sur les dents qui n'ont pas encore t attaques. Comme le mordant de la lime laisse souvent des bavures, on la passe ensuite sur le plat de la scie, de manire enlever cette espce de morfil. La scie dont se sert le sculpteur devant tre trs-fine, il est inutile de lui donner de la voie, du reste, si la lame est bien faite, elle doit tre plus paisse sur le devant que vers le talon, ce qui suffit pour lui frayer la voie. Entretien et nettoyage des Outils. On se sert, pour empcher les outils de rouiller, d'une graisse dite graisse d'armes, qui se fait de la manire suivante : faire fondre sur un feu doux 125 grammes de graisse de mouton; la passer dans un linge un peu clair; y mler immdiatement 250 grammes d'huile d'olive de bonne qualit. On obtient ainsi une espce de pommade blanche qu'il faut avoir soin de couvrir pour la garantir de la poussire. Il faut, de temps autre, frotter la lame de l'outil avec un morceau de drap ou d'toupes imbib de cette graisse, on empche ainsi l'humidit ou la transpiration des mains de dterminer la rouille. Cette opration est surtout ncessaire quand on doit tre quelque temps sans se servir des outils ou les faire voyager. Dans ce dernier cas il est bon, pour empcher les lames de s'abimer, en se frottant l'une contre l'autre, de ficher

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49 FORME DES OUTILS. le tranchant de chacune d'elles dans un bouchon qui protge ainsi la partie la plus dlicate de l'outil. Quand les outils sont couverts de rouille, on arrive facilement les en dbarrasser par diffrents moyens, et, entre autres, en les frottant sur un grs, puis sur une pierre affiler. Voici un moyen prfrable et plus expditif : Aprs avoir nettoy l'outil avec de l'eau de lessive, page 62, on le frotte avec une ponge imbibe d'essence de trbenthine, puis avec un mlange compos de 1 partie de vernis gras la rsine copale et 3 parties d'essence de trbenthine, au moyen d'une ponge fine fortement imbibe d'abord, et que l'on presse ensuite afin de ne laisser que trs-peu de vernis sur la lame. Il faut s'abstenir de passer de nouveau l'ponge quand cette couche est sche, car on encrasserait l'outil. D MANIRE E MODIFIEROI-MME FORME S LA DESOUTILS. Il arrive frquemment qu'on ne trouve pas dans le commerce des outils qui rpondent aux besoins du travail que l'on doit excuter, il faut alors les commander, et malgr les explications et les dessins donns l'ouvrier, on n'arrive souvent pas obtenir ce que l'on dsire ; le plus simple alors est de se les confectionner soi-mme, soit en modifiant la forme de ceux que l'on a, soit en travaillant de vieux outils uss, qui ne 5 Sculpture sur Bois.

50 OUTILS. peuvent plus satisfaire leur destination premire. L'outil, tel qu'il est fait, ne peut tre travaill froid cause de l'acier qui en fait partie ; on enlve la trempe de cet acier en le chauffant blanc, il devient ds-lors aussi mallable que le fer, et on profite de la chaleur qui augmente cette mallabilit pour le faonner son gr, avec un marteau, sur les enclumes de l'tau. Quand le travail est termin, on rend l'acier sa trempe premire en faisant chauffer l'outil et le plongeant immdiatement dans l'eau froide, ds qu'il a atteint le degr de chaleur voulu. Le degr de chaleur donner est une opration assez dlicate pour attirer l'attention du sculpteur, car c'est de cela que dpend la qualit de l'outil. On remarquera, en faisant chauffer un morceau d'acier dtremp, qu'il commence d'abord par se colorer d'une lgre teinte rousse qui, la chaleur augmentant, devient successivement bronze, gorge-de-pigeon, bleu de Prusse, d'abord assez clair, et se fonce ensuite presque jusqu'au noir. C'est ces nuances que l'on reconnat les diffrents degrs de la trempe de l'acier. Aussi, quand on le retire ds qu'il est roux et qu'on le plonge dans l'eau, il est trs-cassant, et le moindre coup d'outil port faux peut briser le tranchant, ce qui exige un nouvel afftage : on dit alors que l'outil est tremp trop sec. Le point convenable qu'il faut atteindre pour les outils de sculpteur est la nuance gorge-de-pigeon, cet tat l'acier est suffisamment rsistant et a plus do liant.

LA COLLE-FORTE. 51 Quand on a donn l'outil la forme que l'on dsire, on l'affte et on l'aiguise comme on fait de ceux qui sont neufs. LA COLLE-FORTE. Tout le monde connat assez la colle-forte pour qu'il soit inutile d'en parler. Nous nous bornerons indiquer ici un petit appareil qui permet d'en faire fondre une petite quantit plutt en rapport avec les besoins du sculpteur que ce que l'on peut obtenir avec le pot colle de menuisier. Il Il se compose (fig. 36) d'un rcipient en cuivre

Fig. 36. R de la contenance d'un dcilitre environ, destin recevoir la colle, dont le bord est retrouss en bourrelet et reoit un manche. Ce rcipient est plac dans un chaudron C qui a 1 centimtre de diamtre en plus et 3 centimtres de plus en profondeur; son bord est maintenu par le bourrelet hauteur du chaudron. On remplit d'eau ce dernier aux deux tiers, on y plonge le rcipient aprs y avoir mis la colle, et on place sous l'appareil une lampe esprit-de-vin qui, en chauffant l'eau, fait fondre la colle au bain-marie.

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A BOISPROPRES LA SCULPTURE. DEUXIME SECTION.

Bois les plus propres a la sculpture. Le choix des bois est d'une trs-grande importance dans la sculpture, aussi devra-t-on s'attacher tout particulirement les connatre et les apprcier. Les renseignements que nous allons donner serviront beaucoup guider le sculpteur, mais il n'arrivera discerner la qualit des bois que par une observation constante que la pratique seule peut lui donner. Nous les distinguerons en bois indignes et exotiques. Les bois indignes les plus propres la sculpture sont, dans l'ordre alphabtique : Le Chne, Le Noyer, Le Poirier, Le Tilleul. Les bois exotiques sont : L'Acajou, L'bne. Nous mentionnerons, pour mmoire, trois sortes de bois trs-rarement employs : L'If, Le Merisier, Le Camphrier.

BOISINDIGNES. BOISINDIGNES. Le Chne.

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C'est le bois par excellence de la menuiserie, il est aussi le plus rpandu. Tout le monde connat assez cette espce de bois pour que nous nous dispensions de la dcrire. Les fibres trop prononces de ce bois, son tissu grossier, le rendent peu propre la fine sculpture des panneaux d'appartements ou de certains meubles. Parmi les nombreuses espces de chnes, celle des Vosges est la plus recherche des sculpteurs, elle n'est pas trop dure et offre un grain assez uni ; les plus tendres de cette espce sont ceux qui poussent en pleine futaie et que l'on nomme merrains, ils sont exempts de noeuds et autres irrgularits causes par les circonstances atmosphriques et que l'on rencontre dans ceux qui sont sur la lisire des forts, mais le bois est plus cassant. Le Noyer. Le noyer est un bois d'une couleur gnralement brune, dont la coupure donne un grain brillant, il est doux, liant, facile travailler; c'est de tous les bois celui qui varie le plus dans ses nuances. Bien que sa couleur soit gnralement brune, on en trouve de vein d'un noir bien fonc et d'un bois qui a presque l'aspect du bois blanc aux fibres prs. Ce caprice de nuance existe d'une manire frappante dans un mme arbre;

54 BOISPROPRES LA SCULPTURE. A ainsi, il n'est pas rare de voir du blanc sillonn par des veines d'un noir d'bne qui tranchent avec la nuance gnrale sans aucune espce de transition. Le noyer le meilleur sculpter est celui qui est d'une teinte brune, lgrement bronze et presque uniforme ; ses veines sont gnralement rgulires et il offre un grain gal la gouge. Le blanc est plus tendre que le prcdent et lui serait prfr s'il n'avait, comme nous venons de le dire, l'inconvnient d'tre sillonn par des veines noires qui dfigurent compltement le travail et exigent la plus grande attention quand on veut y passer une teinte gnrale pour galiser les tons. Le brun vein a trop de fibres, des noeuds trop prononcs, des aubiers et quelquefois des parties dcomposes qui font taches, ressemblent l'amadou et dans lesquels la gouge s'mousse sans pouvoir s'enfoncer. On devra s'assurer avant de travailler le bois, qu'il est exempt de ces infirmits. Nous croyons devoir avertir que les noyers qui sont situs prs des mares ou des trous de fumier pompent par leurs racines une sve d'une nature particulire qui donne au bois l'odeur dsagrable des oeufs pourris quand il est chauff par la main ou par l'outil. Les plus beaux noyers croissent en Amrique, on en rencontre aussi de trs-beaux chantillons dans les pays o se trouvent les manufactures d'armes qui en font un grand usage pour les bois de fusils, carabines, pistolets, etc.

BOISEXOTIQUES. 55 Ce bois a l'inconvnient de se piquer facilement, l'aubier l'est presque toujours et les vers gagnent bientt le coeur, si on n'a pas la prcaution d'y remdier par le moyen indiqu, page 63. Le Poirier. Il est d'une couleur chamois, son grain fin, son fil qui est trs-peu sensible permettent de le travailler avec la plus grande facilit. Il a plus de liant que le chne et le noyer et est plus rsistant que le tilleul, aussi le prfre-t-on tous les autres bois pour la sculpture dlicate, telle que les fleurs et la vgtation. Il prend trs-bien la teinture noire, voir l'bne, page 56. Le Tilleul. Il est de tous les bois, le plus propre la sculpture, le plus tendre et le plus agrable travailler, mais il est trop tendre et ne rsiste pas assez dans les dtails un peu dlicats, aussi ne l'emploie-t-on que pour les cadres ou tout au plus pour quelques ouvrages fond lev qui n'ont pas de fatigue ni de poids supporter. Sa nuance est peu prs celle du beurre frais tirant quelquefois sur le vert. BOISEXOTIQUES. L'Acajou. Le Mahogon, connu en botanique sous le nom de Swietenia, est un bois qui crot dans les les

56 BOISPROPRES LA SCULPTURE. A du golfe du Mexique et que nous connaissons sous le nom d'Acajou; on l'emploie pour les ouvrages d'bnisterie les plus dlicats, et c'est dans ces conditions que le sculpteur le travaille. On ne peut faire avec ce bois que des travaux assez largement traits, car l'acajou, bien que trs-solide quand on l'emploie comme bnisterie, se casse facilement sous la gouge et les dtails trop lgers seraient briss chaque instant sous la fatigue que les meubles ont supporter. L'bne. Parmi les sept ou huit espces d'bnes, le seul qui soit propre la sculpture est le plaquemenier; il est parfaitement uni et d'un grain tellement serr qu'il ne parat pas, sous l'outil, avoir le moindre fil, aussi sa duret le rend-elle d'un travail trs-difficile, ce qui donne un grand prix cette sorte de sculpture. L'inconvnient de ce bois est de se dtacher quelquefois par feuilles et de se fendre. Il faut se mettre en garde contre une imitation d'bne que l'on trouve Paris et qui n'est autre que du poirier que l'on fait macrer dans un bain de teinture noire pendant plusieurs jours; la couleur pntre jusqu'au coeur de la planche, en sorte que la coupure du bois est aussi noire que celle de l'bne. C'est avec cette imitation que l'on fabrique maintenant beaucoup de petits objets d'bnisterie.

BOISDIVERS. BOIS DIVERS.

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Il nous reste mentionner trois sortes de bois : l'if, le merisier et le camphrier dont la sculpture ne nous offre que trs-peu de spcimens. L'If. L'if est un bois indigne qui lutte, dans la marqueterie, avec les plus beaux bois de l'Amrique. Son aubier, qui est blanc et trs-dur, recouvre un bois plus dur encore, plein, sans pores apparents, dont la coupure est trs-nette, d'un grain vif; sa couleur est d'un rouge orange des plus clatants. On distingue dans le commerce l'if anglais et l'if franais, dnomination fautive, car l'un et l'autre croissent galement dans les deux pays. Le premier est rempli de gerures dont il est tout hriss, les branches qui semblent prendre naissance dans le coeur de l'arbre, le rendent noueux et rsistant la gouge. L'if franais a un bois plus uni, parfois vein de violet, mais trs-dur et difficile travailler. On ne le rencontre que trs-rarement dans la sculpture ancienne, l'art moderne parat l'avoir abandonn. Le Muse de Cluny n'en possde qu'un spcimen du XIIIe sicle, reprsentant la statue de Saint-Louis (de 66 centimtres de hauteur) ; cette figure appartient la dcoration de l'ancien rtable de la Sainte-Chapelle.

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BOISPROPRES LA SCULPTURE. A Le Merisier.

C'est une sorte de cerisier sauvage, d'une teinte assez chaude et dont le coeur est souvent rouge, il perd malheureusement de son clat en vieillissant. Il se travaille assez facilement, et a l'inconvnient d'tre sujet la vermoulure ; on s'en sert beaucoup en bnisterie, et on ne l'emploie en sculpture que pour faire des petits coffrets. Le Camphrier. Cet arbre, dont on tire le camphre par la distillation, croit dans le Japon et la Chine. L'opration se faisant sur les lieux mmes, on ne peut se procurer ce bois qu'avec beaucoup de peine, aussi n'en trouve-t-on que trs-rarement en Europe. Sa teinte est d'un blanc mat qui rappelle celle du bois de Spa ; ses fibres sont trs-peu sensibles, son grain est fin et sa coupure un peu grasse. Il produit trs-bon effet dans la sculpture des petits meubles style no-grec et style Elisabeth. M. Mario en a une trs-belle table dans sa collection. CONDITIONS LESQUELLES BOIS DANS LE DOITSE TROUVER POURTREBIENTRAVAILL. Le bois employer doit tre parfaitement sec, sans tre pour cela trop vieux, car alors il est pour ainsi dire dpourvu de nerf et devient cassant, il est souvent mme rong par les vers. On

TEINTURE DESBOIS SCULPTS. 59 doit le choisir dans la futaie de l'arbre, 30 ou 60 centimtres au-dessus du tronc, parce que plus bas il est noueux; les branches doivent gnralement tre rejetes, car leur bois n'a pas suffide corps; il doit tre en outre d'un samment uni, avoir les fibres prononces et tre grain exempt de noeuds ou de parties gtes. L'aubier des bois (que l'on sait tre la partie la plus rapproche de l'corce) ne doit pas tre employ, il n'a pas encore toutes les qualits du bois proprement dit, il est trop noir, et reoit facilement les vers quand l'arbre est coup, surtout le noyer. ' Les bois le plus ordinairement employs peuvent tre classs, pour leur duret, dans l'ordre suivant : le chne, le poirier, le noyer et le tilleul; et pour les exotiques, l'bne et l'acajou. TEINTURE ESBOISSCULPTS. D Il est bien entendu qu'il n'est question ici que de la teinture du travail excut, car il serait hors de propos de teindre le bois avant de le travailler ; la teinture ne pntrant presque toujours que la superficie du bois, serait bientt enleve par la gouge, ou bien, n'apparaissant que par endroits, elle donnerait l'ensemble de l'ouvrage un aspect sale qui nuirait sa valeur relle. On ne devra donc songer teindre le bois que quand la sculpture sera arrte d'une manire dfinitive et entirement finie, ainsi que nous l'indiquerons dans la troisime partie. Parmi les nuances que l'on donne aux bois

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BOISPROPRES LA SCULPTURE. A sculpts, la plus rpandue est celle que l'on nomme vieux bois. On l'obtient de deux manires : 1 Dans un litre d'eau, faire bouillir pendant deux heures 175 grammes de brou de noix dessch, passer le liquide quand il est refroidi et s'en servir. 2 Dans un litre d'eau, mettre 62 grammes de terre de Cassel et 62 grammes de potasse rouge d'Amrique concasse, procder ensuite de la mme manire que ci-dessus. Le brou de noix a la proprit de se fixer seul, tandis que dans le second procd on ajoute la potasse la terre de Cassel, parce qu'elle n'a pas par elle-mme assez de force de pntration. La couleur que l'on obtient ainsi est trsfonce. Quand on doit s'en servir, on l'allonge jusqu' ce que l'on ait obtenu la teinte voulue. On l'applique avec un pinceau de soies assez ferme, afin de pouvoir tamponner fortement dans les trous et les cavits, et de faire bien pntrer partout la couleur. Il faut ensuite repasser soigneusement toutes les parties de l'objet peint, et remettre de la couleur dans les blancs qui peuvent rester et qui sont surtout apparents quand le bois est de nuance claire. Cette couleur imite le vieux chne, et, applique sur ce bois avec certains soins, elle arrive tromper les connaisseurs eux-mmes. Elle vieillit galement le noyer, quelle que soit sa nuance naturelle, et le fait pousser un pou au noir en vieillissant; elle brunit lgrement sur le tilleul,

D TEINTURE ES BOISSCULPTS. 61 et conserve peu prs l'clat de sa nuance premire sur le poirier. Quand on veut obtenir la nuance claire et chaude que l'on donne aux cadres et autres petits objets sculpts qui se trouvent dans le commerce, on y ajoute un peu d'ocre rouge. On donne au poirier la teinte orange fonce, en faisant bouillir ensemble, parties gales, de la gomme-gutte et du safran. Le tilleul devient orang avec le curcuma et le muriate d'tain; brun vein avec la garance, puis l'actate de plomb quand la premire teinte est sche; noir avec une dcoction de campche trs-forte, et une dcoction de garance trs-charge et ensuite du verdet. Le noyer prend la teinte acajou rouge en le frottant avec une infusion de brsil (ou campche). Enfin, tous les bois de sculpture peuvent tre peints en noir par le procd suivant : on prend de l'extrait de bois de Campche que l'on trouve dans le commerce, on en pile 30 grammes que l'on fait bouillir dans 2 litres d'eau; lorsque l'extrait est dissous, on ajoute 4 grammes de chromate jaune de potasse et l'on agite le tout. L'opration est alors termine et le liquide peut servir soit pour l'criture, soit pour la teinture sur bois; sa couleur est un trs-beau violet fonc qui, appliqu sur le bois, devient d'un noir pur. Sculpture sur Bois. 6

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A BOISPROPRES LA SCULPTURE. PROCDS POUR D D'ENCAUSTIQUES DONNER U AUX BRILLANT BOISSCULPTS.

Toutes les couleurs appliques se ternissent en schant; pour leur rendre leur clat, on passe sur la sculpture un encaustique liquide qui doit pntrer dans toutes ses parties. Voici deux procds de fabrication des plus faciles : Faire dissoudre dans l'essence de trbenthine de la cire jaune; on prend pour cela une quantit d'essence proportionne au besoin de ce que l'on doit employer; on coupe par petites pelures trs-minces de la cire jaune, que l'on met dans le mme vase raison d'un dixime environ, et on laisse reposer 2 heures, aprs quoi on remue le tout; la cire qui est dissoute se mlange avec l'essence et forme un encaustique sirupeux. Ou bien : On prend un litre d'eau de lessive (que l'on obtient en faisant bouillir deux poignes de cendres de bois dans un litre d'eau, puis tirant au clair), on fait bouillir cette eau avec 40 grammes de sel de tartre et 150 grammes de cire, jusqu' ce que la cire ait bouilli et que l'eau ait diminu d'un quart, et on agite de temps en temps pendant que le mlange se refroidit. Quand cet encaustique est vieux, on le fait refondre petit feu avec lgre addition d'eau de lessive et d'un peu de sel de tartre. Ces deux encaustiques sont appliqus au pinceau, on en met le moins possible afin d'viter

POUR RENDRE BOISPLASTIQUE. 3 LE 6 PROCD les emptements de la cire qui dnaturent souvent les dtails et prennent trop facilement la poussire; cet inconvnient se fait surtout sentir avec l'encaustique l'essence qui laisse sur le bois une couche huileuse. Ds que l'encaustique est plac, il faut aussitt frotter avec une brosse afin de l'tendre galement, et ds qu'il est sec on le frotte pour lui donner son lustre. PROCDS POUR RENDRE ESBOISINALTRABLES L ET LES PRSERVER CONTREESVERS. L Certains bois, tels que le merisier, prennent assez facilement la vermoulure; on les prserve d cet accident en les frottant, quand ils sont travaills, avec une forte dissolution de sel; il suffit pour cela de faire dissoudre dans de l'eau froide, autant de gros sel de cuisine que l'eau peut en digrer, et de l'appliquer froid sur le bois. D'autres bois, tels que le noyer, et surtout son aubier, sont facilement piqus par les vers, on les en prserve en faisant infuser des coquilles de bois de noyer dans de l'eau de pluie ou de rivire, on ajoute ensuite une petite quantit d'alun et cm fait bouillir un quart d'heure. Cette dissotion s'applique froid. Si, quand le bois est sec, on ne veut pas le passer l'encaustique, il faut, pour complter l'opration, le frotter avec de l'axonge. PROCDOURRENDREE BOISPLASTIQUE. P L a dcouvert rcemment un moyen nouveau On

64 BOISPROPRES LA SCULPTURE. A et fort simple pour rendre le bois plastique. Ce moyen consiste faire pntrer de l'acide chlorhydrique tendu dans les pores ou les cellules du bois, sous une pression d'environ 2 atmosphres. Cette imprgnation a besoin d'tre continue pendant un temps assez prolong, qui varie avec la nature du bois. Il n'est pas ncessaire de dpouiller pralablement le bois de son corce, et au moyen d'une disposition facile imaginer, la liqueur pntre par une de ses extrmits de la tige et suinte par l'autre. Si le bois, pendant qu'il est encore humide, est soumis la pression, aprs qu'on a lav le tissu cellulaire avec de l'eau, on peut rduire son volume d'un dixime de ce qu'il tait primitivement; les fibres se laissent rapprocher en contact plus intime sans se briser ni se brouiller et, lorsqu'elles sont sches, elles ne font aucun effort pour se sparer de nouveau. Si on injecte en couleur, les dtails apparaissent avec nettet et avec la plus parfaite exactitude. Le bois ainsi imprgn peut tre utilis de bien des manires. Lorsqu'aprs lui avoir fait subir l'action de l'acide chlorhydrique il est lav et sch, il se laisse dcouper avec une remarquable facilit, et peut ainsi tre employ avantageusement par les sculpteurs. La dessiccation s'opre en refoulant dans les cellules de l'air chauff une temprature d'environ 30 R. L'humidit est, de cette manire, chasse promptement, et comme la contraction a lieu uniformment dans toute la masse, il ne se manifeste pas de fissure. On peut, de cette manire, intro-

COLLAGES. 65 duire dans toute la substance du bois des matires colorantes ou propres le garantir contre la pourriture. Le verre soluble ou la silice rcemment prcipite rendent ainsi le bois trs-durable et en mme temps incombustible. COLLAGES. Le collage consiste rapporter, au moyen de la colle-forte, soit un morceau de bois sur la partie qui doit tre sculpte, afin d'en augmenter le relief, soit une pice dj sculpte qui s'est accidentellement dtache. Dans le premier cas, on rend parfaitement planes les deux parties qui doivent tre colles l'une contre l'autre, de manire les faire parfaitement adhrer; si elles sont trop unies, on leur donne un coup de rpe qui dchire lgrement le bois et rend plus intime la pntration de la colle. On chauffe ensuite les cts qui doivent tre colls, ou au moins celui rapporter, s'il n'est pas possible de chauffer la partie de l'ouvrage mme qui doit aussi subir l'opration et on tend de la colle-forte trs-chaude sur les deux surfaces qui doivent tre rapproches; on les soumet ensuite une pression aussi forte que le permettent les presses main dont on peut disposer. An bout de 6 heures la colle est sche et les parties sont assez bien assembles pour recevoir, sans se sparer, les plus grands chocs de l'outil. La pression doit tre aussi forte que possible, afin de diminuer la couche de colle-forte qui laisse dans la sculpture un trait noir, d'autant

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D NOTIONS E SCULPTURE. plus visible que le bois est plus blanc, et qui a l'inconvnient d'brcher les outils. Pour coller des pices dj sculptes et qui ont t casses, on les chauffe lgrement, on y tend la colle chaude et on les place l'une contre l'autre en les ajustant dans les accidents de la cassure. Il faut avoir soin d'enlever les bavures de la colle pendant qu'elle est chaude, car elle ne peut tre enleve plus tard qu' la condition de recouper le bois. TROISIME Notions SECTION. de sculpture.

DESCULPTURE. DFINITION ESDIFFRENTS D GENRES On distingue trois genres de sculptures sur bois: la sculpture en ronde bosse, la sulpture sur fond lev ou prise dans la masse, et la sculpture d'applique. Sculpture en ronde bosse. La sculpture en ronde bosse consiste dtacher d'une masse de bois une tte ou une figure quelconque qui puisse tre vue sur toutes les faces et reproduire, dans des proportions voulues, toutes les parties de l'objet que l'on veut reprsenter. C'est, comme on le voit, pour la figure et les animaux, le genre qui se rapproche le plus de la nature, aussi est-il le plus difficile.

DU LE FIXAGE BOISPOUR TRAVAILLER. 67 Sculpture sur fond lev. La sculpture sur fond lev ou prise dans la masse, s'obtient en rservant dans la masse du bois une paisseur, qui est alors le fond de la sculpture. Le fond est plein, lorsqu'il ne prsente aucun vide ; jour, lorsque son paisseur est dcouvert. Le fond plein uni peut tre sans ornements, ou grav, ou sabl. Le fond jour peut tre quadrill, mais il faut remarquer que la dcoration en relief dans les fonds nuit l'effet de la sculpture qui n'est jamais mieux dtache que sur le fond uni ou sur le vide. Sculpture d'applique. La sculpture d'applique proprement dite, est celle qui s'applique sur un fond, elle se fixe soit l'aide de colle ou de pointes, soit par les deux moyens la fois ; ce procd a l'avantage de supprimer le fond et une grande partie du dcoupage qui est fait alors la mcanique. MANIRES FIXERLE BOISPOURLE TRAVAILLER. DE Il est trs-important que le travail soit bien fix, sans cette prcaution on risquerait de se blesser et de briser l'ouvrage, ou, encore, le travail tant moiti fait, il pourrait se dtacher et se dtriorer ; pour y parvenir on se sert de la vis anglaise dans la ronde bosse, de la colle-forte et de la gutta-percha dans tous les autres genres de sculpture.

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D NOTIONS E SCULPTURE.

La Vis anglaise. Cette vis, dcrite page 37, sert maintenir la sculpture de haut relief ou la ronde bosse, c'est-dire les figures, animaux, ttes, etc. Avant de se servir de cet outil, on a le soin d'amorcer, c'est-dire de percer dans le bois un trou assez profond pour que le tiers du pas de la vis puisse y entrer; ce trou doit tre exactement proportionn : trop troit, la vis ne pourrait y entrer, trop large, les fils ne mordraient pas. Pour ne pas faire clater le bois, on a le soin d'vaser l'entre du trou dont l'axe doit tre perpendiculaire la base de l'objet; car s'il tait inclin par rapport ce plan, la vis le serait aussi, et il deviendrait impossible de la redresser; on serait oblig de percer un nouveau trou, ce qui terait de la solidit et ferait perdre l'aplomb. Si on force trop sur la vis, droite ou gauche, on use le pas form dans le bois ; celui-ci n'tant plus maintenu par la vis, tombe tout--coup et s'chappe sous le maillet. Il faut aussi tenir compte de la nature du bois, et enfoncer d'autant plus la vis qu'il est plus tendre; mais l'ouvrage doit toujours porter parfaitement plat, la base tre bien dresse, de faon que tous les points portent sur l'tabli. La Colle-forte. Quand on veut faire de la sculpture fond plein ou jour; il arrive souvent, dans le pre-

FIXAGE UBOIS D POUR LETRAVAILLER. 69 mier cas, que le fond plein rserv n'est pas assez large pour qu'il soit possible d'y appliquer la presse main, et dans le second cas, on ne peut recourir ce moyen sans risquer de briser l'ouvrage; il faut alors fixer le bois par la colleforte. On prend pour cela une planche de bois tendre assez paisse, sensiblement plus grande que le bois que l'on veut travailler, on y passe une couche de colle-forte trs-liquide et chaude, on pose dessus une feuille de papier assez pais, que l'on fait adhrer partout, et sur cette feuille on passe une couche de colle-forte dans les mmes conditions, on applique immdiatement le bois travailler sur cette dernire couche et on soumet le tout la pression de plusieurs presses de manire faire parfaitement porter l'une sur l'autre les deux pices de bois qui ne sont spares que par la feuille de papier, qui remplit le rle de corps isolant. Quand la colle est sche, on fixe la planche de fatigue sur l'tabli, et on peut travailler son bois dans tous les sens sans crainte de le dcoller, si toutefois l'adhrence des deux planches a t complte. Pour dcoller ensuite l'ouvrage, on donne de petits coups de ciseau plat, en baissant l'outil autant que possible, la jonction des deux bois et sur tout son contour; la feuille de papier se spare en deux et laisse ainsi libre chaque panneau, il ne reste plus qu' nettoyer le dessous de la partie sculpte avec un racloir. Il faut avoir soin de se servir de colle bien li-

D NOTIONS E SCULPTURE. quide, sans cela elle devient trop forte et on risque de briser l'ouvrage en le dcollant. 70 La Gutta-percha. Cette substance s'emploie pour les travaux qui doivent tre sculpts sur plusieurs faces et qui prsentent des reliefs qui empchent de les faire porter plat. L'avantage qu'elle a sur la colle, dans le cas o celle-ci peut s'employer pour ces sortes d'ouvrages, c'est de ne laisser aucune trace sur la partie sculpte, tandis que la colle, si claire qu'elle soit, a toujours l'inconvnient de s'attacher aux dtails, et comme on ne peut plus se servir du racloir, il faut l'enlever au fer chaud, ce qui brle le bois, ou bien dtremper les parties colles, ce qui ouvre les pores, enlve le poli et fait disparatre les petits dtails, surtout dans le bois tendre. Pour se servir de la gutta-percha, on la fait chauffer dans un vase ; en brlant, elle devient liquide, c'est alors qu'on la verse sur la planche destine recevoir l'objet fixer. Lorsqu'elle est refroidie, on l'expose lgrement au feu et on y applique l'objet, de faon que toutes les parties saillantes portent bien. Il faut avoir soin, en appliquant la partie sculpte, de ne pas trop l'enfoncer, parce que la gutta-percha, pntrant dans les dessous, se dchirerait difficilement. L'emploi de cette matire est trs-simple, on devra cependant, pour le premier essai, en couler sur un morceau de bois brut pour apprcier le

PROCDS E SCULPTURE. D 71 degr de chaleur employer, et on reconnatra que plus la gutta est chaude au moment de l'application, plus on aura de difficults enlever l'objet. Le travail tant termin, il suffit, pour le dtacher, d'engager, entre le bois et la gutta, un outil plat assez large (un fermoir non afft, par exemple), on frappe lgrement et paralllement au plat de la planche; et, au moindre effort, l'objet se dtache et ne conserve aucune trace de gutta. Avant de se servir de l'outil, il faut, avoir le soin d'enlever les bavures qui pourraient couvrir la sculpture extrieure et faire rsistance, sans cette prcaution, on risquerait de casser la sculpture. PROCDS MPLOYSOURNE PAS TATONNER E P DANSL'EXCUTION LA SCULPTURE. DE La sculpture se fait d'aprs un modle en relief, une gravure ou un dessin. Comme l'artiste fait toujours une maquette en terre glaise ou en cire, ou au moins un dessin avant d'excuter son oeuvre, on peut, jusqu' un certain point, traiter la sculpture sur bois comme une copie obtenue par un des procds ci-dessus. Quel que soit le genre de sculpture auquel ou se livre, on ne doit commencer qu'aprs s'tre rendu compte de l'effet et avoir trouv toutes les lignes, et en rservant des masses propres combler les vides qu'il est surtout impossible de reproduire dans un dessin de face, car ces parties

72 NOTIONS SCULPTURE. DE doivent tre bauches de manire concourir l'effet de la face, sans nuire celui de la sculpture vue d'un autre ct, tout en conservant des mouvements possibles. Sculpture d'aprs un modle en relief. L'esquisse ou maquette est l'ide, parfois grossire, de ce que l'on se propose d'excuter. Quelqu'imparfaite qu'elle soit, elle offre l'avantage de fixer l'ide et de prvenir des ttonnements qui ne peuvent que nuire l'excution. Avec cette prcaution, l'ouvrage ne peut donc que gagner dans le fini des d