Guide Pratique 6: Organisations Communautaires

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    G U I D E SP R A T I Q U E SP O U R L E S

    D C I D E U R SP O L I T I Q U E S

    L Alliance des Villes

    Cities Without Slums

    logerpauvres

    villesdans les

    les

    africaines

    ORGANISATIONS COMMUNAUTAIRES:

    LES PAUVRES EN TANT QUAGENTS DUDVELOPPEMENT

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    Guide pratique n6 : Organisations communautaires

    Copyright Programme des Nations Unies pour les tablissementshumains (ONU Habitat), 2010Tous droits rservsProgramme des Nations Unies pour les tablissements humains(ONU-Habitat)PO Box 30030, Nairobi (Kenya)Tl : +254 2 621 234Tlcopieur : +254 2 624 266www.unhabitat.org

    AVERTISSEMENT

    Les appellations employes dans la prsente publicationnimpliquent, de la part du Secrtariat de lOrganisation des NationsUnies, aucune prise de position quant au statut juridique des pays,territoires, villes ou zones ou de leurs autorits, ni quant au tracde leurs frontires ou limites, ni quant leur systme conomiqueou leur degr de dveloppement. Lanalyse, les conclusions etrecommandations figurant dans le prsent rapport ne refltent pasncessairement les vues du Programme des Nations Unies pour lestablissements humains, de son Conseil dadministration ou de sestats Membres.

    Numro : HS/041/11FNumro ISBN (Series): 978-92-1-131926-2

    Numro ISBN (Volume): 978-92-1-132340-5

    La publication de la srie Loger les pauvres dans les villes africaines a t possible grce au soutien financier de lAlliance des villes.

    Publi parProgramme des Nations Unies pour les tablissements humains(ONU-Habitat)Service de la formation et du renforcement des capacitsCourriel : [email protected]

    Impression et Pr-presse ; BNUN/ Section des Publications/ Nairobi, Certification ISO 14001:2001

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    GUIDES PRATIQUES POUR LES DCIDEURS POLITIQUES

    logerpauvres

    villesdans les

    les

    africaines

    ORGANISATIONS COMMUNAUTAIRES:

    LES PAUVRES EN TANT QUAGENTS DU

    DVELOPPEMENT

    Cities Without Slums

    ance es es

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    GUIDE PRATIQUE POUR LES DCIDEURS POLITIQUES 6ORGANISATIONS COMMUNAUTAIRES2

    Cette srie de guides pratiques a t prpare en sinspirant dune srie similaire sur le logement despauvres dans les villes dAsie et qui a t publie conjointement par ONU-Habitat et la CESAP (Commissionconomique des Nations Unies pour lAsie et le Pacifique) en 2009. Cette srie est une adaptation de la versionpour lAsie aux ralits et aux contextes des pays dAfrique sub-saharienne et elle sera disponible en anglais,franais et portugais. Ceci a t rendu possible grce aux contributions financires de lAlliance des villes etdONU-Habitat.

    Les guides ont t rdigs par lquipe dexperts du Centre africain pour les villes (ACC) dirig par EdgarPieterse, avec des contributions importantes de Karen Press, Kecia Rust et Warren Smit. Les experts delquipe qui ont contribu aux rapports de base prcieux pour les guides sont Sarah Charlton, Firoz Khan,Caroline Kihato, Michael Kihato, Melinda Silverman et Tanya Zack. Bruce Frayne a apport son concours la gestion du projet et Tau Tavengwa en a magistralement assur la conception. Un certain nombre de col-

    lgues du Service de la formation et du renforcement des capacits, du Service du logement et du Bureaurgional pour lAfrique et les pays arabes dONU-Habitat ont contribu la conception, au dveloppe-ment et ltude des guides. Ce sont notamment Gulelat Kebede, Cynthia Radert, Claudio Acioly, JeanDAragon, Rasmus Precht, Christophe Lalande, Remy Sietchiping et Alain Grimard. Les guides ont aussibnfici des contributions de plusieurs experts ayant particip la Runion du Groupe dexperts qui sesttenue en novembre 2009 Nairobi (Kenya) : Benjamin Bradlow, Malick Gaye, Serge Allou, Barbra Kohlo,Ardelline Masinde, Esther Kodhek, Jack Makau, Allain Cain, Sylvia Noagbesenu, Kecia Rust, Babar Mum-taz, Alain Durand Lasserve, Alan Gilbert et Tarek El-Sheik.

    Toutes ces contributions ont orient cette srie de guides pratiques. Nous esprons quils faciliteront letravail quotidien des dcideurs politiques dans la rgion de lAfrique sub-saharienne dans leur qute demoyens susceptibles damliorer le logement et laccs au foncier pour les citadins pauvres.

    REMERCIEMENTS

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    3GUIDE PRATIQUE POUR LES DCIDEURS POLITIQUES 6ORGANISATIONS COMMUNAUTAIRES

    TABLE DES MATIRES

    CONDITIONS

    CONCEPTS

    MTHODES

    OUTILS ET LIGNES DIRECTRICES

    RESSOURCES

    LES COMMUNAUTS DFAVORISES : RESSOURCE INEXPLOITE DES VILLES AFRICAINES 5

    UNE LONGUE HISTOIRE DAUTO-SUFFISANCE 6

    LES DIFFRENT TYPES DORGANISATIONS COMMUNAUTAIRES 7

    TOUT FAIRE LA FOIS 10

    DE LAFFRONTEMENT LA NGOCIATION ET DE LA RSISTANCE LA COLLABORATION 11

    NE RIEN FAIRE POUR NOUS, SANS NOUS 12

    PARTICIPATION COMMUNAUTAIRE : DE LAPPROPRIATION TOTALE LA MANIPULATION 14

    PARTENARIATS: LES QUATRE MANIRES DONT LES COMMUNAUTS PAUVRESAIDENT LEURS GOUVERNEMENTS RSOUDRE LES PROBLMES FONCIERS,DE LOGEMENT, DE SERVICES DE BASE ET DE PAUVRET DANS LES VILLES AFRICAINES 15

    SIX MOYENS POUR LES AUTORITS LOCALES DE SOUTENIR LES ORGANISATIONSCOMMUNAUTAIRES 24

    RFRENCES 30AUTRES LECTURES CONSEILLES 31

    SITES INTERNET 32

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    ORGANISATIONS COMMUNAUTAIRES : LES PAUVRES ENTANT QUAGENTS DU DVELOPPEMENT

    Lmergence dorganisations communautaires des pauvres en Afrique a t un fait marquant des deuxdernires dcennies. Ces organisations, connues aussi sous le nom dorganisations communautaires debase , reprsentent les citadins pauvres, rsidents de zones gographiques particulires ou personnespartageant une certaine identit commune (originaires de la mme rgion par exemple). Ce sont desstructures qui permettent aux mnages et des communauts pauvres de sortir de leur isolement et de leur

    impuissance pour trouver une force collective; cesorganisations sont donc devenues des mcanismespuissants du dveloppement dans leurs pays.

    Outre le fait quelles offrent un moyen de partagerdes ides, de mettre en commun des ressources, dese soutenir mutuellement, les organisations com-munautaires ouvrent aux pauvres des voies leurpermettant de se faire entendre des autorits localeset nationales et dentreprendre en collaboration desprojets de dveloppement concernant le logement,la rnovation, le rgime foncier, les infrastructures etles moyens de subsistance. Les communauts pau-vres dAfrique se concentrent de plus en plus sur lafourniture de logements et les amliorations com-munautaires en collaboration avec les autres parte-naires au dveloppement.

    Les organisations communautaires des pauvres peuvent tre des partenaires utiles et pleins de ressourceslorsquil sagit de trouver des solutions viables aux problmes de logement des pauvres. Il est donc impor-tant que les dcideurs comprennent comment ces organisations fonctionnent et comment les gouverne-ments peuvent le mieux collaborer avec elles pour amliorer les conditions de vie des pauvres.

    Le prsent guide ne sadresse pas des spcialistes mais a pour but daider renforcer les capacits desautorits nationales et locales et des dcideurs politiques, qui doivent durgence arriver mieux compren-dre les problmes de logement de ceux qui ont de faibles revenus.

    GUIDE PRATIQUE POUR LES DCIDEURS POLITIQUES, N6

    Il est capitalqu la longue lescommunauts depauvres, groupeprincipal en qutede justice sociale,possdent et grentleur propre processusde dveloppement etsoient au cur de sonperfectionnement etde son expansion .(Sheela Patel, SPARC,Inde)2

    Les organisations communautaires de basesont parfois constitues de groupes vul-nrables spcifiques, notamment femmes,

    personnes ges, enfants, jeunes et per-sonnes handicapes. Dans certains contextes,les populations autochtones peuvent gale-ment tre considres comme des groupesvulnrables. Le guide dONU-Habitat sur les

    politiques dans ce domaine, Loger les popu-lations autochtones dans les villes, contientdes recommandations sur la mise en uvre

    de politiques de logement efficaces en milieuurbain pour des groupes vulnrables commeceux-ci.1

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    5GUIDE PRATIQUE POUR LES DCIDEURS POLITIQUES 6ORGANISATIONS COMMUNAUTAIRES

    CONDITIONS

    LES COMMUNAUTS PAUVRES :UNE RESSOURCE INEXPLOITE DESVILLES AFRICAINES

    Les citadins pauvres sont les concepteurs, lesbtisseurs et les fournisseurs de lensembledes logements abordables dans les villesdAfrique. Leurs efforts dautonomie leur ontpermis de raliser ce que des dcennies deprogrammes gouvernementaux de logement,de projets de dveloppement du secteur form-el, de campagnes pour le droit au logementet dinterventions internationales en faveurdu dveloppement nont pas russi faire :fournir un toit et des services de base la ma-jorit des citadins pauvres au moment o ilsen ont besoin et non dans un avenir lointain.

    Ces systmes informels de fourniture de loge-ments et de services dans des tablissementspauvres et informels ne sont pas lidal bien des gards ils sont infrieurs aux normeset souvent inquitables. Mais ils constituentune rponse raisonnable une ncessit ur-gente, lorsquil ny a pas dautres solutions. Il

    y a, dans cette dmonstration de lingniosit

    de lhomme, une remarquable indpendanceet une vitalit intrinsque qui sont lune desgrandes sources dnergie inexploites desvilles africaines. En effet, refusant dtre lesvictimes passives de lincapacit de ltat et dusecteur priv leur fournir un logement d-cent, les Africains reconstruisent la ville par-tir du bas et assument le rle dentrepreneurs,de gestionnaires urbains et de fournisseurs deservices et dinfrastructures dans leurs com-munauts.

    Les gouvernements ont toujours eu tendance considrer les bidonvilles et les tablisse-ments informels comme un srieux problme,comme des cloques sur le paysage urbain etcomme des nids dlments anti-sociaux. Maisbeaucoup de gouvernements et de dcideursont commenc jeter un regard neuf sur lestablissements informels et les communau-ts dfavorises qui les constituent - et ils com-

    mencent reconnatre le rle constructif que

    Il y a une chose que nous avons apprise au cours des ans, cest que ni les scnarios catastrophes ni les critiquesdestructrices ne pousseront les gens et les gouvernements agir. Ce quil faut, cest une vision positive, une feuillede route claire pour aller dun endroit un autre; il faut aussi que des responsabilits soient clairement attribues

    chacun des nombreux acteurs du systme . Kofi Annan, ancien Secrtaire gnral3

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    CONDITIONS

    jouent ces communauts (et leurs organisa-tions) dans la recherche de solutions durableset de grande envergure aux problmes fonci-ers, de logement et de moyens de subsistanceau niveau municipal.

    Beaucoup de villes africaines ont derrire ellesune longue histoire de projets qui ont choudans le secteur du logement : projets de loge-ments subventionns qui finissent par loger lemauvais groupe cible, projets pilotes qui neprogressent jamais, projets sites-et-services opersonne ne veut vivre et projets de rinstal-lation abandonns aux spculateurs, souvent

    aprs avoir dtruit des communauts viablesen les expulsant par la force. Les gouverne-ments et les spcialistes du logement se ren-dent compte que les projets conus du hautvers le bas, sans grande participation des pau-

    vres auxquels ils sont en principe destins, nevont jamais rsoudre des problmes qui nefont que prendre plus dampleur. Ils se rendentcompte aussi que si les organisations de com-munauts pauvres sont au cur de la planifi-cation et de la mise en uvre des programmesde logement et de dveloppement qui les con-cernent, ces programmes ont beaucoup plusde chances de russir.

    UNE LONGUE HISTOIRE DAUTO-SUFFISANCELauto-suffisance constitue la base de presquetous les aspects de la formation des commu-nauts de citadins pauvres : comment les rsi-dents obtiennent des terres pour sy installer,comment ils construisent, achtent ou louentun logement, comment ils peuvent avoir accs leau et llectricit, de paver leurs passag-es, obtenir des prts en cas de crise, trouverdes emplois et survivre dans une ville qui lesaide bien peu. Un tablissement pauvre qui, vude lextrieur, peut sembler chaotique, est enralit un champ extrmement complexe decompromis, de soutien mutuel et dingniositde la part de tous ceux qui y vivent et dpen-dent souvent les uns des autres pour toutessortes dactivits mnagres et individuelles.

    Lauto-suffisance peut galement constituerune base solide pour entreprendre des activits

    de dveloppement et amliorer les conditionsde vie au fil du temps. Si une communaut in-formelle peut rester au mme endroit pendantde nombreuses annes sans tre expulse, ilest probable quelle amliorera et consoliderapeu peu les structures de logement, appro-fondira ses structures dappui et renforcerales systmes collectifs quelle aura mis enplace pour satisfaire ses besoins et rsoudreses problmes. Beaucoup de communautsdveloppent des capacits considrables pour

    sorganiser, collaborer avec dautres organisa-tions et tablir des relations pragmatiques avec

    les hommes politiques locaux et les agencesgouvernementales afin dobtenir ce dont ellesont besoin dans leur tablissement. Cest ainsique commence une organisation communau-taire, mais ce nest presque jamais facile.

    Dans les villes africaines, beaucoup

    dorganisations communautaires sont nes

    Depuis que les hommes existent, ils se sont organissen communauts afin de survivre et de satisfairecollectivement les besoins qui ne peuvent ltre

    individuellement : besoins physiques, affectifs,conomiques, scuritaires et culturels. Cette auto-suffisance collective est trs vivante dans lescommunauts de citadins pauvres en Afrique.

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    CONDITIONS

    parce que ltat tait incapable de fournir desinfrastructures et des services satisfaisants tous ses citoyens rsultat, en partie, de laforme prise par lurbanisation en Afrique.Cette forme est troitement lie lhistoire

    du continent, les structures et ressources deltat tant concentres dans les capitales et,dans les municipalits de moindre importance,les autorits locales ayant des pouvoirs et dessources de revenu limits qui ne leur permettentpas de rpondre aux besoins des citadins. Aucours de ces dernires dcennies, les forces etprocessus de lconomie mondiale tels que lesprogrammes dajustement structurel ont aussiaffaibli la capacit de ltat rpondre auxbesoins de la population urbaine.

    Beaucoup des organisations communautairesqui ont vu le jour pendant cette priode seconstituaient sans aucune intervention ni au-

    cun appui des autorits locales ou des agencesgouvernementales. Les autorits locales mon-traient en gnral, au contraire, beaucoupde rticence ngocier avec elles ou offrirune aide aux communauts dfavorises qui

    souhaitaient lancer leurs propres stratgiesde dveloppement, puisque toute collabora-tion officielle avec les occupants de terrainsinformels risquait dtre vue comme un actede rgularisation de ces tablissements.

    De ce fait, les tablissements taient laisss plusou moins livrs eux-mmes et, si des amlio-rations taient apportes aux logements ou aucadre de vie, elles ltaient gnralement parles communauts elles-mmes et, en gnral,

    indpendamment des programmes existantsou des projets de logement des agences gou-vernementales.

    LES DIFFRENTS TYPES DORGANISATIONSCOMMUNAUTAIRES DE BASE (OCB)

    Les OCB et les organisations but non lu-cratif qui les soutiennent forment, ensemble,la socit civile. La nature de la socit civileen Afrique a fait lobjet de nombreux dbats.4Si des chercheurs ont donn une dfinitionrestrictive de la socit civile et trouv quelle

    tait pratiquement inexistante sur une bonnepartie du continent, dautres en ont donn

    une dfinition plus large, de sphre publiquede lactivit collective formelle ou informelleindpendante de ltat et de la famille .5Cette dfinition plus large engloberait doncpar exemple des organisations ethniques, desrseaux de confrries (par ex. les communau-

    ts soufies du Sngal) et mme des autoritstraditionnelles. Certaines organisations com-

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    CONDITIONS

    munautaires se fondent sur ce qui existait dj lpoque pr-coloniale mais elles se sontadaptes un contexte nouveau et volutif;certaines sont enracines dans le contexte ru-ral. Dautres se fondent sur des affiliations eth-

    niques, confessionnelles ou autres et dautresencore sont constitues spcifiquement pourrpondre un besoin particulier (par exempleamliorer les conditions de logement).

    Les organisations communautaires typiquesque lon trouve en Afrique sont notammentdes associations communautaires de dvel-oppement qui soccupent essentiellement dengocier laccs aux services urbains, des as-sociations de personnes venant de la mme

    localit qui peuvent comprendre ceux quifournissent une aide aux nouveaux migrantsoriginaires de la mme zone rurale et ceuxqui cherchent entretenir des liens avec leurlieu dorigine en participant activement sondveloppement, des associations confession-

    nelles et des groupements de femmes quirpondent aux problmes spcifiques aux-quels sont confrontes les femmes africaines,par exemple privation de pouvoir conomiqueet barrires traditionnelles et religieuses

    laccs au foncier et au logement. Il y a aussiun certain nombre de fdrations nationalesde citadins pauvres rattaches Shack/SlumDwellers International (SDI).

    Outre le rle important quelles jouentau niveau du dveloppement, beaucoupdorganisations communautaires sont toutaussi actives dans le domaine du plaidoyeren faveur des pauvres et de la protection deleurs droits. Il convient de relever que la classe,

    lethnicit et le sexe sont des facteurs impor-tants qui influencent la forme et la fonctiondes associations en Afrique et ont un impactsignificatif sur leur capacit daccs aux res-sources conomiques et au pouvoir politique.

    Tableau 1:INDICE IBRAHIM POUR LA PARTICIPATION ET LES DROITS DE LHOMME EN 20096

    CATGORIE PAYS

    Suprieure (>70) Afrique du Sud, Botswana, Cap Vert, Ghana, Lesotho, Maurice, Namibie, Seychelles

    Moyenne suprieure (5070) Bnin, Burkina Faso, Burundi, Gabon, Kenya, Libria, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie,Mozambique, Niger, Ouganda, Sao Tom-et-Principe, Sngal, Sierra Leone, Tanzanie,Zambie

    Moyenne infrieure (3050) Algrie, Angola, Cameroun, Comores, Congo, Djibouti, gypte, Gambie, Guine, Guine-Bissau, Maroc, Nigria, Rpublique centrafricaine, Rpublique dmocratique du Congo,Rwanda, Swaziland, Tchad, Togo, Tunisie, Zimbabwe

    Infrieure (

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    9GUIDE PRATIQUE POUR LES DCIDEURS POLITIQUES 6ORGANISATIONS COMMUNAUTAIRES

    CONDITIONS

    La force de la socit civile varie considrablement dun pays lautre. LAfrique du Sud par exemple aune socit civile relativement florissante, tandis que, dernirement encore, les organisations de la socit

    civile du Zimbabwe voisin taient victimes de fortes restrictions leur autonomie et leur libert daction.

    Parmi les principales organisations de la socit civile, les plus concernes par les questions de dveloppe-ment urbain sont probablement les fdrations communautaires affilies Shack/ Slum Dwellers Interna-tional (SDI) qui, en Afrique, sont notamment :

    au Kenya : Muungano wa Wanavijiji

    au Ghana : la Fdration ghanenne des citadins pauvres (GHAFAP)

    en Tanzanie : la Fdration des citadins pauvres de Tanzanie (TFUP)

    au Malawi : la Fdration des sans-logis du Malawi (MHPF)

    en Zambie : la Fdration des pauvres et des sans-abri de Zambie (ZHPPF)

    au Zimbabwe : la Fdration des sans-logis du Zimbabwe (ZIHOPPE)

    en Namibie : la Fdration des habitants de taudis de Namibie (SDFN)

    en Afrique du Sud : la Fdration des citadins pauvres (FEDUP)

    La socit civile ne peut spanouir que si les gouvernements respectent les droits de lhomme, la libertdexpression et le droit de dfendre des ides diffrentes . LIndice Ibrahim du tableau 1 mesure les dif-frents aspects de la gouvernance, y compris la participation et les droits de lhomme, et donne unebonne ide de la place laisse la socit civile dans diffrents pays. Ce tableau classe les pays en quatrecatgories (numrs par ordre alphabtique dans chacune) sur la base des rsultats de lIndice Ibrahimpour 2009 en matire de participation et de respect des droits de lhomme. Ces rsultats sont tablis surla base des 18 indicateurs composites suivants : participation politique, force de la dmocratie, lectionslibres et justes, auto-dtermination lectorale, lections libres et justes de lexcutif, droits de lhomme,droits politiques, droits collectifs, libert dexpression, libert dassociation, libert de presse, liberts civiles,ratification et rapport initial des principales conventions sur les droits de lhomme, galit entre les sexes,taux de frquentation complte dans lenseignement primaire, rapport filles-garons dans lenseignementprimaire et secondaire, proportion de femmes dans la main-duvre, femmes parlementaires. Lindice 100correspond au meilleur rsultat possible et 0 au plus mauvais. (voir Tableau 1)

    LA SOCIT CIVILE EN AFRIQUE

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    GUIDE PRATIQUE POUR LES DCIDEURS POLITIQUES 6ORGANISATIONS COMMUNAUTAIRES10

    CONDITIONS

    Alors que certaines organisations communau-taires de base se concentrent sur un seul pro-

    blme, laccs au foncier par exemple, nombredentre elles sintressent de plus en plus unlarge ventail dactivits. Ces organisationscommunautaires apprennent que le secret dela survie de leur mouvement est quelles soi-ent actives sur plusieurs fronts la fois et en-treprennent beaucoup dactivits en mmetemps.

    Elles se sont rendues compte que le change-ment ne se produit pas du jour au lendemain quil peut mme prendre beaucoup de temps.

    Pour trouver des solutions durables aux pro-blmes de la pauvret et du logement en mi-lieu urbain, il faut que les organisations misessur pied et administres par les communautsaient de la patience et gardent le pouvoir. Ilfaut quun grand nombre des membres descommunauts dfavorises veuillent que la sit-uation change, et ce degr de volont ne peuttre atteint que sils ont des preuves tangiblesquun changement est possible.

    Beaucoup dorganisations communautaires debase se forment et se renforcent dans lunit deleur raction un seul problme critique (celuide lexpulsion par exemple) mais, une fois leproblme rsolu, elles saffaiblissent. Si un seulproblme, une crise ou un projet pilote est laseule base sur laquelle repose une organisationcommunautaire pour maintenir son processusde mobilisation, la pression est trop forte pourque le problme soit rsolu ou que le projetpilote russisse auquel cas les gens se d-courageront et lorganisation seffondrera. Une

    organisation communautaire saine et forte abesoin de temps pour se dvelopper, et ellese dveloppe le mieux lorsquelle saffaire rpondre de nombreux besoins sur de nom-breux fronts diffrents et de diverses manires en mme temps.

    Shack/ Slum Dwellers International (SDI) dcritce besoin dactivits sur de nombreux frontscomme le besoin de tout faire la fois ,la stratgie tant similaire celle utilise pourcuisiner simultanment un certain nombre

    de mets diffrents dans des plats de diversesgrandeurs. Pendant que vous attendez que cer-

    tains des mets commencent cuire, dautressont peut-tre dj prts tre retirs du feu.

    Il y a toujours quelque chose de prt pour en-tretenir lexcitation et lenthousiasme, mmelorsque dautres mets sont encore froids. Cesttoute autre chose que faire une chose la foisjusqu ce quelle soit parfaite, et la reproduireensuite.

    La stratgie qui consiste tout faire la fois est aussi un moyen de rpondre aux besoinstrs divers de toute communaut pauvre, danslaquelle hommes, femmes, enfants, jeunes etvieux peuvent avoir par exemple des besoins

    diffrents et ont des degrs diffrents de s pau-vret. Plus il y a dactivits, plus de nouveauxdirigeants ont la possibilit de se manifester,plus de nouveaux venus ont celle de prendrepart des choses qui les passionnent, plus lepouvoir au sein de la communaut peut trerparti entre beaucoup de membres, grce leur participation active. Lorsque ces activitsdonnent aux gens la possibilit de simpliquer,elles permettent aussi de relcher les tensionset doublier les frustrations invitables dans un

    contexte de pauvret. Sefforcer datteindredes objectifs diffrents en mme temps estun moyen dinspirer les membres de la com-munaut et de leur donner lnergie ncessaire cette fin, mme si certains de ces objectifssemblent trs loigns, et de faciliter le dvel-oppement du leadership et des comptencesen matire dorganisation au sein de la com-munaut.

    Beaucoup dorganisations communautaires debase, comme celles qui sont affilies SDI, con-

    sidrent que la mobilisation de lpargne et ducrdit est lun des lments indispensables la construction dune stratgie consistant cui-siner beaucoup de mets (Voir le Guide pratiquen 5 sur le financement du logement pouravoir plus dinformations sur cette question). Ilest important que les autorits gouvernemen-tales et les dcideurs politiques comprennentpourquoi les organisations communautaires debase participent beaucoup dactivits diffr-entes en mme temps et quils reconnaissentla ncessit de leur collaboration avec les pou-voirs publics pour quil y ait des interactions en-tre les diffrent secteurs et ministres.

    TOUT FAIRE LA FOIS

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    11GUIDE PRATIQUE POUR LES DCIDEURS POLITIQUES 6ORGANISATIONS COMMUNAUTAIRES

    CONCEPTS

    DE LAFFRONTEMENT LANGOCIATION ET DE LA RSISTANCE LA COLLABORATION

    La nature de lengagement entre les organisa-tions communautaires de baseet ltat peutaller de la rsistance ou de laffrontement lacollaboration ou au partenariat, selon les con-ditions qui prvalent. Dans de nombreux cas,ces relations voluent partir dun conflit ini-tial, les organisations communautaires luttantpour attirer lattention des autorits localessur leur sort, pour arriver une collaborationventuelle, un partenariat et, parfois, une

    participation complte. Dans leur qute deressources, les organisations communautairesde base tablissent aussi des liens avec desorganisations non gouvernementales (ONG)et des institutions internationales. Ceci a in-vitablement des rpercussions sur la formedorganisation, linteraction entre les dirige-ants de lorganisation et la communaut dansson ensemble et peut avoir un effet ngatif surla viabilit de lorganisation long terme.

    Il convient toutefois de relever que collabora-

    tion et affrontement ne sexcluent pas nces-sairement lun lautre. Des processus de dvel-oppement peuvent simultanment faire lobjetdune collaboration et dun affrontement en-tre une organisation communautaire et ltatcar ces processus sont invitablement sourcede conflit. Si la lgislation et les politiquespeuvent thoriquement modifier lquilibredu pouvoir, cest gnralement au stade de la

    mise en uvre que les conflits surgissent. Ain-si, lamlioration progressive des bidonvillessprovoquera souvent des ractions qui seront lorigine dun affrontement entre les diffrentsgroupes dintrt de la communaut et dans lecontexte urbain plus large. Il est donc impor-tant de mettre en place des mcanismes derglement des diffrends et dy recourir.

    Les mouvements communautaires ns de luttes contrelexpulsion ont proactivement pris la tte dun processusde recherche de solutions aux problmes de logementdans leurs villes.

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    13GUIDE PRATIQUE POUR LES DCIDEURS POLITIQUES 6ORGANISATIONS COMMUNAUTAIRES

    CONCEPTS

    Les ONG peuvent jouer un rle capital en aidant les organisations communautaires de base et en souten-ant des approches innovantes et originales au dveloppement. De plus, elles jouent souvent un rle im-portant dans la fourniture de services ainsi, en 2003, les ONG dirigeaient 50 % des hpitaux knyans et87 % des dispensaires et centres mdicaux du pays.8

    Tout comme les organisations communautaires, les ONG en Afrique refltent les grandes diffrences degouvernance du continent. Dans une bonne partie de lAfrique, des ONG fortes ont t au premier plande la lutte pour le dveloppement et la dmocratie, alors que dans dautres parties du continent elles sontfaibles, manquent dassurance et sont vulnrables la rpression. Le Ghana, le Kenya, le Sngal, lAfriquedu Sud et le Zimbabwe abritent un grand nombre dONG, et beaucoup dentre elles ont jou un rle cru-cial pour faire progresser la rforme des politiques nationales. Les ONG importantes qui ont t lavant-garde du dveloppement communautaire en Afrique sont notamment les suivantes : Development Works(Angola), Environnement et Dveloppement du Tiers Monde (ENDA) (Sngal), Institut Mazingira (Kenya),Shelter Forum (Kenya) et Community Organization Resource Centre (CORC) (Afrique du Sud). Le CORCest le bras droit de laffili de SDI en Afrique du Sud; parmi les autres ONG qui soutiennent SDI ailleurs en

    Afrique nous retiendrons le Fonds Pamoja au Kenya, Peoples Dialogue Ghana (PDG) au Ghana, Centre forCommunity Initiatives (CCI) en Tanzanie, Centre for Community Organization and Development (CCODE)au Malawi, Peoples Process on Housing and Poverty in Zambia (PPHPZ) en Zambie, Dialogue on Shelterau Zimbabwe et Namibia Housing Action Group (NHAG) en Namibie.

    Le secteur des ONG en Afrique du Sud est particulirement fort les ONG qui soccupent de dveloppe-ment urbain dans ce pays sont notamment Afesis-Corplan Londres-Est, Built Environment Support Group(BESG) Pietermaritzburg, Development Action Group (DAG) au Cap et Planact Johannesburg.

    DES ONG EN AFRIQUE

    DIFFRENTESFORMES DE PARTICIPATION

    FAIBLEPARTICIPATION

    PLEINE

    PARTICIPATION

    Participation parle biais de

    la manipulation

    Participationpar le biais delinformation

    Participation parle biais de laconsultation

    Participation parle biais de lacoopration

    Participationpar le biais de

    lappropriation totale]

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    GUIDE PRATIQUE POUR LES DCIDEURS POLITIQUES 6ORGANISATIONS COMMUNAUTAIRES14

    CONCEPTS

    PARTICIPATION COMMUNAUTAIRE :DE LAPPROPRIATION TOTALE LAMANIPULATIONLes communauts peuvent participer de biendes manires diffrentes au processus de re-cherche de solutions aux problmes fonciers,de logement, de moyens de subsistance etdaccs aux services de base. tant directe-ment confrontes ces problmes, ce sontelles qui les connaissent gnralement lemieux et qui sont les plus motives pour lesrsoudre. Malgr cela, nombreux sont les or-ganismes publics et agences de dveloppe-ment qui ne les consultent pas vraiment etessaient de sapproprier des ides par desprojets et des programmes, la participationdes communauts restant insignifiante. Demme, la dmocratie reprsentative nest pastoujours pleinement participative et ne laissepas suffisamment de place la consultationdes communauts par les dirigeants locauxlus. La participation communautaire peuttre assure de diffrentes manires et la meil-leure forme de participation peut varier selonles circonstances, en fonction des capacits de

    la communaut et de la nature du projet. Laparticipation rsultant dinformations reuesou de la manipulation par dautres groupesdintrt nest, cependant, pas vraiment uneforme vritable de participation et doit trevite.

    1. Participation par le biais delappropriation totale:les communautsont le contrle du processus dcisionnel etltat prend des initiatives la demande de

    la communaut. De cette faon, ltat r-agit des demandes et les appuie au lieude prendre linitiative du processus, et lacommunaut gre, met en uvre et suitles projets quelle a elle-mme conus, enfonction de ses besoins et de ses priorits.

    2. Participation par le biais de la coopra-tion:dans ce cas, ltat et les communau-ts cooprent pour atteindre un mmeobjectif, dans le cadre dun processus d-cisionnel fort, souvent avec laide dONG.

    Les communauts sont impliques trs tt

    et les groupes vulnrables de ces commu-nauts (souvent des femmes) sont encour-ags participer.

    3. Participation par le biais de la consul-tation:la participation des communautsest recherche avec de bonnes intentions,gnralement en organisant des forumsqui donnent aux participants la possibilitde partager leurs vues au sujet dune in-tervention envisage. Mme si la prise de

    dcision et linformation sont sous le con-trle dune institution extrieure, le projetpeut tre adapt en cours de route afin demieux rpondre aux besoins au niveau lo-cal sur la base de ce qui est propos dansces forums. Les communauts nont peut-tre pas beaucoup de contrle mais ellesont au moins la possibilit de donner leuravis, ce qui donne au projet un certain de-gr de responsabilisation.

    4. Participation par le biais delinformation:on peut avoir limpressionque la communaut participe mais en r-alit elle ne fait que recevoir des informa-tions sur ce qui va se passer, que cela luiplaise ou non. Ses membres nont aucunepossibilit de sexprimer ou dexercer uneinfluence sur le changement, et le pro-cessus manque gnralement de trans-parence. Ce genre de participation ahabituellement pour objectif de rduire larsistance potentielle un projet (par ex-

    emple abandonner des terres communau-taires pour largir une route).

    5. Participation par le biais de la manipu-lation: cette forme de participation ninclut les communauts que pour lesexploiter. Il ny a pas de processus dcisi-onnel participatif et les communauts sontutilises essentiellement des fins poli-tiques, pour obtenir de la main-duvregratuite, recouvrer les cots ou satisfaireaux exigences des donateurs.9

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    15GUIDE PRATIQUE POUR LES DCIDEURS POLITIQUES 6ORGANISATIONS COMMUNAUTAIRES

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    Les partenariats entre pouvoirs locaux et au-tres parties prenantes sont importants parceque les problmes fonciers, de logement et de

    services des villes africaines sont trop vastes ettrop complexes pour tre rsolus par les pou-voirs locaux, les autorits centrales, les com-munauts ou les agences de dveloppement eux seuls. Pour trouver ces problmes debonnes solutions rpondant aux besoins de laville, il faut crer des partenariats, mais ce nestpas si simple en particulier lorsquil sagit departenariat entre les pauvres et ltat qui ontune longue histoire de mfiance rciproque surmonter. Les conflits internes entre organisa-tions partenaires peuvent rendre ces partenari-ats encore plus difficiles.

    Les partenaires doivent faire beaucoupdefforts pour assurer le succs dun parte-nariat. Lun des principes fondamentaux de larussite russi consiste trouver le moyen delaisser chaque partenaire le soin de faire cequil connat le mieux de faon ce que toutesles parties finissent par sadditionner pour faireun tout acceptable. Ce type de solution com-porte diffrentes facettes et permet de trouver

    certaines des solutions les meilleures. Mais ilfaut du temps pour tablir un partenariat etseule la pratique permet dy arriver.

    Il y a beaucoup de choses que les pauvrespeuvent faire mieux et plus efficacement queltat. Les communauts informelles pos-sdent dj toutes les comptences nces-saires la construction : maons, charpen-tiers, plombiers, lectriciens, manuvres. Sivous y ajoutez la confiance, les qualifications,lampleur, linnovation et les capacits organ-

    isationnelles que les organisations communau-taires africaines ont acquises, perfectionnes et

    dveloppes pendant des dcennies, vous dis-posez potentiellement dune immense sourcede solutions aux problmes. Si ces organisa-tions communautaires peuvent construire desvilles grce leurs comptences, elles peuventaussi les canaliser pour amliorer les conditionsde vie des populations considrables des villesafricaines laisses de ct dans le processus dedveloppement.

    Le partenariat entre pouvoirs publics et com-munauts dfavorises est relativement nou-veau. Pour que les organismes dtat conclu-ent des partenariats avec des communauts, ilfaut que les deux parties adaptent leurs atti-tudes et leurs faons de voir. Mais ce genre departenariat, et la dvolution du contrle quilimplique, reprsentent une stratgie permet-tant aux gouvernements de parvenir une d-centralisation vritable et de garantir la pleine

    participation des pauvres aux programmes quiles concernent.

    PARTENARIATS : QUATRE MOYENS POURLES ORGANISATIONS COMMUNAUTAIRESPAUVRES DAIDER LEURS

    GOUVERNEMENTS RSOUDRE LESPROBLMES FONCIERS, DE LOGEMENT,DE SERVICES DE BASE ET DE PAUVRETDANS LES VILLES AFRICAINES

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    Du fait que les terres et les logements sont inabordables pour les mnages pauvres, environ la moiti dela population de la ville de Gobabis en Namibie vivait dans des tablissements informels. La plupart deces mnages navaient pas accs des toilettes. Pour ragir ces conditions mdiocres de logement, lesrsidents ont cr le Hatago Saving Group en 1998. En collectant rgulirement les petites conomies

    journalires de ses membres, la communaut a fini par tre en mesure daccumuler des fonds et dentamerdes ngociations en 1999 sur laccs la terre. En janvier 2002, le groupe dpargne a achet une parcellede terrain viabilis pour 50 membres. La municipalit a vendu la terre au groupe dpargne un prix forte-ment subventionn (moins dun septime du cot normal des parcelles individuelles en ville). Les activitsde dveloppement ont dmarr immdiatement.

    Le Housing Action Group de Namibie (NHAG) et la Fdration namibienne de Shack Dwellers (SDFN) ontrenforc les capacits du Hatago Savings Group pour mettre en uvre le projet. Le NHAG a assur laformation technique dans le domaine de lenregistrement des matriaux de construction, de la productionde blocs de construction et de la construction des maisons. La communaut a apport une contributionen main-duvre importante, ce qui a permis dabaisser de 25 % les cots de construction, les membresproduisant eux-mmes les blocs ncessaires la construction et faisant les travaux dexcavation. Ils as-suraient la gestion du projet, faisaient la comptabilit, formaient dautres groupes et tenaient les registresdes matriaux de construction.

    La municipalit a fait don de fonds pour un Centre communautaire et des prts au logement ont t obte-nus dans le cadre du programme Construire ensemble du Gouvernement. Le Twahangana Fund du SDFN afinanc le projet sous forme de prts additionnels. Le 29 mars 2003, la premire maison a t remise et leCentre communautaire a t officiellement inaugur. En 2004, la communaut et la municipalit ont missur pied une quipe charge des questions foncires qui sest runie rgulirement afin dlaborer dautresstratgies daccs la terre; des terrains pour la construction de 70 maisons de plus ont t obtenus parla suite. La municipalit de Gobabis a lanc plusieurs projets damlioration de laccs de la communautaux toilettres et leau.

    La communuat de Hatago a prouv quune dmarche communautaire peut avoir pour rsultat des ter-rains et des logements abordables. La reconnaissance des pouvoirs locaux et le soutien financier du gou-vernement national (sous forme de prts au logement des conditions avantageuses) ont permis au projetde rpondre aux besoins de logement de mnages pauvres. De plus, le partenariat merge entre partiesprenantes au niveau local a permis de dvelopper dautres initiatives dans la ville.10

    PARTENARIAT POUR UN PROJET COMMUNAUTAIRE DANS LE DOMAINE FONCIER ET DULOGEMENT GOBABIS (NAMIBIE)

    1. Partenariat avec des organisations communautaires dansle domaine du logement

    Il existe un certain nombre dexemples departenariat russis entre les pouvoirs locaux etles organisations communautaires pour traiterles problmes de dveloppement urbain enAfrique (par ex. accs au logement et aux in-

    frastructures, ramnagement urbaine et ges-tion des dchets); certains de ces exemplessont examins ci-aprs. Les rsultats de cespartenariats comprennent certains des travauxles plus innovants et les plus excitants raliss

    aujourdhui en matire de dveloppement.Ces projets montrent que les gouvernementset les communauts dfavorises peuvent tra-vailler la main dans la main et que cela vautbeaucoup mieux pour tout le monde lorsquil

    en est ainsi.

    Pour dautres dtails sur la manire dontles pouvoirs locaux et les organisationscommunautaires peuvent collaborer, voirGuide Pratique n 8 sur les autorits locales.

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    Rajaa est un quartier de la prfecture de Riadh de la ville de Nouakchott, en Mauritanie. En 1999, le Gou-vernement avait amnag 422 parcelles Rajaa qui se trouve sur le site dune dcharge la priphriede la ville. En 2002, seuls quelques 100 mnages vivaient Rajaa, principalement des mnages nomadesdont les chefs de famille taient des femmes et qui staient dplacs Nouakchott pour chercher dutravail. Ces mnages vivaient dans des cabanes. La communaut tait organise en twizas, petits groupescommunautaires autonomes et dpargne comptant de 5 10 membres chacun. Avec le soutien de la Fon-dation CEAR, de lAgence espagnole pour la coopration internationale (AECI), de lUniversit polytech-nique de Madrid, du Gouvernement central mauritanien et de la municipalit (la Communaut Urbaine deNouakchott), un projet de logement a t lanc en 2002.

    Les membres de la communaut ont reu une formation dans la fabrication de matriaux de construction etla construction de maisons. Des coopratives communautaires ont t cres pour fabriquer les matriauxde construction (par exemple, des blocs de ciment), construire les maisons et grer lapprovisionnementen eau de la communaut.

    Au total, 123 maisons ont t construites dans le cadre du projet. Ces maisons taient construites selon lemodle traditionnel de pices autour dune cour. La premire a t acheve en juillet 2003 et la dernireen aot 2005.

    Les maisons taient finances en partie par des dons de lAECI et en partie par les prts consentis auxmembres de la communaut. Les twizas ont particip la gestion du programme de prt, lentretiencontinu de la zone et lapprovisionnement en eau.11

    LE PROJET DE TWIZA RAJAA NOUAKCHOTT (MAURITANIE)

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    Nakuru est une ville du Kenya ayant une population de plus de 400 000 habitants qui a connu une crois-sance rapide. Laccs leau est devenu un problme srieux et, en 2000, une grave pidmie de cholrasest dclare. Les reprsentants des communauts ont ensuite demand linstallation de rservoirs deau proximit pour quils soient accessibles aux rsidents faibles revenus. Ceci devait donner une sourcefiable deau potable des personnes qui, auparavant, taient obliges dutiliser des sources inconnues (etnon contrles).

    Le Conseil municipal sest ensuite adress la communaut internationale en lui prsentant une proposi-tion de financement de la construction et de lexploitation de cinq rservoirs dans des zones faible reve-nu. Les composantes du projet comprenaient notamment des activits de formation et de sensibilisation, laconstruction des rservoirs, le raccordement des conduites aux rservoirs, lexploitation et la maintenance,

    la documentation relative lactivit. Le Conseil municipal de Nakuru a travaill en troite collaborationavec une organisation communautaire, le Naroka Greeners Self Help Group. Ce groupe a dtermin lesbesoins de la communaut et sest attach sensibiliser ses membres aux questions environnementalestelles qulimination sre des dchets liquides, utilisation sre et gestion approprie de leau. Le groupe aaussi fourni de la main-duvre pour creuser les tranches ncessaires linstallation du rseau de pom-page et il a t charg de la gestion des rservoirs. Le Conseil municipal de Nakuru a fourni le savoir-fairetechnique et vendu leau en gros au Groupe Naroka Greeners qui, leur tour, devait la revendre au dtail.En 2005, le groupe avait en moyenne 9 10 employs et son chiffre daffaires annuel tait de lordre de17 000 dollars, avec un excdent de quelques 6 000 dollars.

    Les principaux lments du processus taient les suivants :

    - planification avec la participation de la communaut;

    - renforcement des capacits de lorganisation communautaire de base afin dassurer la bonnegestion des rservoirs;

    - gouvernance inclusive afin de garantir une gestion plus diversifie et durable du projet:

    - tablissement dun lien entre les ressources internes et externes et augmentation du ratiodendettement.

    Les avantages du projet pour la communaut ont t multiples. Premirement, il a donn accs deleau potable, rduisant ainsi les risques de maladies associes de mauvais services dassainissement.Deuximement, le temps que passaient les femmes en trajets pour aller chercher de leau a sensiblementdiminu, leur laissant ainsi du temps pour dautres activits productives. Troisimement, les rservoirs ontcr des possibilits demploi pour divers membres de la communaut. Enfin, les rservoirs ont gnr desrevenus pour le Conseil municipal par la vente deau potable sre et fiable aux entreprises.

    Lexprience de Nakuru montre bien limportance dune approche fortement intgre et de la ncessit deconsulter les parties prenantes dans le cadre du processus dcisionnel.12

    PARTENARIATS ENTRE MUNICIPALIT ET COMMUNAUT POUR LAPPROVISIONNEMENT EN EAUDE NAKURU (KENYA)

    2. Partenariat avec des organisations communautaires pourla construction dinfrastructures

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    En Angola, les quatre dernires dcennies de conflit presque ininterrompu ont eu pour rsultat le dplace-ment de plus dun tiers de la population et des dommages considrables la proprit et aux infrastruc-

    tures. Ce conflit a urbanis lAngola dont, selon les estimations, environ 60 % de la population viventmaintenant dans les villes, et les trois quarts dans des tablissements informels pri-urbains, les musseques,qui nont pas accs leau potable ou des services dassainissement de base. Les rsidents des mussequesdoivent acheter de leau, un prix trs lev, des fournisseurs informels qui, eux, lachtent des entre-prises prives qui vont la chercher par camion dans le fleuve Bengo. Leau cote trs cher : les habitants destablissements informels payent 16,90 dollars/m3, soit environ 800 fois le prix officiel de leau amene parconduites dans les zones formelles de la ville. Le systme mixte eau de pluie/gouts ne dessert que 10 %de la population et le ramassage des dchets solides nest fait que dans les zones formelles.

    Pour ragir cet tat de choses, la fourniture de services urbains comme leau, lassainissement de base etle ramassage des dchets solides a t assure dans le cadre dun projet appel Projet durable de servicescommunautaires (SCSP) qui est un partenariat entre les comits locaux de rsidents, lONG DevelopmentWorkshop, les autorits locales et des fournisseurs de services. Bien que les comits locaux de rsidents soi-

    ent les principaux responsables de la fourniture des services urbains, la communaut tente dy faire partici-per les autorits locales et les encourage jouer un rle plus important dans les projets de dveloppement.

    Des comits responsables de leau ont t crs dans beaucoup de musseques et ont pour tchedentretenir les points deau et de percevoir les redevances des usagers pour leur entretien et leur mainte-nance. Les femmes jouent un rle actif dans lorganisation de ces comits en occupant 64 % des emploisdans les comits permanents et en constituant 60 % des membres de la communaut responsables de lapromotion de projets dans de nouvelles communauts. De mme, les comits de rsidents assument aussila responsabilit de la coordination des activits dassainissement de base et de ramassage des dchetssolides. Avec le soutien de Development Workshop et dautres donateurs, les rsidents locaux ont construitprs de 10 000 latrines pour les mnages et les coles au niveau local.13

    FOURNITURE DE SERVICES URBAINS LUANDA (ANGOLA)

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    Manenberg est un township du Cap (Afrique du Sud), tabli par lancien Gouvernement qui pratiquaitlapartheid pour rinstaller dans les Cape Flats dsols de la priphrie de la ville les personnes de couleur vivant depuis fort longtemps dans les faubourgs du centre ville. Cette zone de rinstallation, commebeaucoup dautres des Cape Flats, sest rapidement transforme en un terrain propice la violence debandes et de trafiquants de drogue, de nombreux mnages tant aussi victimes de lalcoolisme et duneextrme pauvret.

    Malgr la dmocratisation de lAfrique du Sud et la suppression des restrictions de caractre racial, restric-tions relatives au lieu de rsidence des habitants, la communaut de Manenberg continue se heurter uncertain nombre de problmes sociaux et conomiques, notamment niveau lev de chmage, surpeuple-ment, toxicomanie et autres activits nombreuses lies aux gangs. Il est frquent par exemple dentendredes coups de feu dans les rues, beaucoup de rsidents, y compris des enfants, tant victimes des changes

    de coups de feu entre membres de bandes adverses. Le projet Manenberg Education Development Trust(MEDT) a t lanc par un groupe danciens militants contre lapartheid, ns et levs Manenberg, pourfournir des bourses des tudiants dous de la zone afin quils puissent poursuivre leurs tudes.

    Aprs la mort violente dun tudiant du collge de Manenberg en 2005, le groupe sest ren-du compte quil ne suffisait pas de donner des bourses aux tudiants pour faire face aux problmessocio-conomiques profondment enracins de la communaut et quil tait ncessaire dlargir le pro-gramme. Ceci a donn lieu la naissance de linitiative Proudly Manenberg, dirige par les membres de lacommunaut, dans le but de construire une commune de Manenberg anime et digne .

    Manenberg est fire dun certain nombre de programmes de dveloppement social et a conclu des parte-nariats stratgiques en vue dradiquer les problmes auxquels est confronte la communaut. Le ProjetClean and Green par exemple a pour but de nettoyer et embellir le quartier tout en offrant des possibilitsdemploi ses habitants. Ce projet emploie 110 personnes de la communaut pour lentretien et le net-

    toyage des rues de Manenberg. Il fait galement appel aux membres de la communaut pour lutter contrela criminalit et le gangstrisme, en organisant des comits de rue et des gardes du quartier. Chaque an-ne, ils organisent aussi le Festival de rue de Manenberg pendant trois jours, donnant ainsi loccasion auxartistes et entrepreneurs de la zone dexposer le produit de leurs talents et de vendre leurs biens et services.Cette initiative a connu un vif succs et a russi donner de Manenberg limage dun quartier anim etpositif au lieu de celle dune zone infeste par des bandes o svit la criminalit.

    En 2007, les efforts de la communaut de Manenberg ont t officiellement reconnus par les autori-ts provinciales lorsque le Premier Ministre de la Province occidentale du Cap a sign un mmorandumdaccord avec Proudly Manenberg et a promis lorganisation une somme de 85 000 dollars environ surune priode de trois ans pour financer les dpenses dexploitation et les cots relatifs la mise en uvredun certain nombre de programmes de redressement social dans la zone.

    Plus rcemment, Proudly Manenberg a cr une socit dinvestissement, De Laan Investments, afin

    dassurer lindpendance, la viabilit et le dveloppement de lconomie. De Laan gre et supervise uncertain nombre de projets de dveloppement conomique, notamment une cooprative de scurit quiemploie 10 rsidents et aide assurer la scurit de la zone industrielle, le Waterfront Industrial Park, destraiteurs qui se runissent et partagent matriel et comptences pour organiser de grandes manifestationset des projets importants, une cooprative dhabillement employant 11 femmes qui fournit des vtements des prix abordables aux coles et clubs de la communaut.14

    PARTENARIAT DE RNOVATION MANENBERG (AFRIQUE DU SUD)

    3. Partenariat avec des organisations communautaires pourredynamiser les villes

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    Les associations communautaires de dveloppement jouent un rle capital dans la gestion et la moderni-sation de Lagos. La zone mtropolitaine de Lagos couvre moins de 2,5 % de la superficie terrestre du

    Nigria, mais elle abrite au moins 8 % de sa population totale, limmigration reprsentant 65 % de lacroissance dmographique de Lagos. Cette urbanisation rapide sest accompagne de problmes spatiauxsous forme dexpansion urbaine et autres dfis socio-conomiques, notamment une pnurie de logementsqui a pratiquement dcupl depuis les annes 1960, un taux de chmage lev, des transports et autresinfrastructures inadquats et se dgradant srieusement, un grave problme de dchets solides. Ces pro-blmes peuvent tre imputs principalement la rapidit de lurbanisation en labsence dune croissanceconomique relle ainsi qu des rponses de ltat insuffisantes et inappropries ces dfis urbains.

    Les rsidents pauvres et leurs associations semblent avoir jou un rle important pour empcher la villede Lagos dimploser et de se transformer en chaos, comme daucuns lavaient prdit. Les citadins pauvreset les associations communautaires de dveloppement ont largement contribu transformer la ville enprenant la responsabilit du dveloppement foncier et immobilier, en transformant des zones de la ville au-paravant dtruites en quartiers anims et en grant le ramassage des dchets solides. Ainsi, un cinquime

    des 42 tablissements considrs comme des zones saccages dans les annes 1980 sur la base duncertain nombre de critres ne pouvaient plus tre dcrits comme tels en lan 2000. Les rsidents et leurs or-ganisations ont galement cr des micro-entreprises informelles dimprimerie, de recyclage des dchets,de transport, de scurit par exemple. Lagos, lconomie informelle a augment, passant de 20 % environ 70 % de la main-duvre entre 1980 et la fin des annes 1990.

    Dautres associations communautaires de dveloppement de Lagos ont jou un rle actif dans le dvel-oppement des infrastructures et la fourniture de services en pavant les rues, en construisant des grilles descurit, en assurant la maintenance des conduites et des fontaines publiques, en assurant les oprationsdasschement aprs de fortes inondations et mme en mettant sur pied des oprations de scurit pourfaire face au problme de la criminalit. Les associations communautaires de dveloppement ont aussiconu des moyens novateurs pour rgler des problmes tels quexpulsion et dplacement dun march;de plus, elles ont exerc des pressions sur ltat pour quil fournisse des services plus que ncessaires.Ainsi, des groupements dintrt commercial puissants ayant jet leur dvolu sur une parcelle bien situe

    et donc trs prise dans la communaut de Wasimi, celle-ci, sous la houlette de lassociation communau-taire locale de dveloppement, a lanc un projet de construction dune cole primaire et secondaire surce terrain et amen les mdias faire de la publicit et veiller lintrt du public pour cette affaire afinde garantir la conservation de cette parcelle dans la communaut. Les pouvoirs publics, sous la pressioncroissante dautres associations volontaires qui staient jointes au mouvement, ont ragi en achevant laconstruction de lcole, en lquipant et en la dotant des personnels requis. Dans la communaut dOluwa,o la criminalit tait un problme majeur, lassociation communautaire de dveloppement a galementutilis des moyens innovants pour lutter contre ce problme en recrutant et formant de jeunes chmeurscomme gardes rmunrs au lieu de recourir des arrangements scuritaires classiques. La scurit sestconsidrablement amliore dans cette communaut et la collaboration entre les jeunes gardes et la policelocale est devenue plus troite, la police se fondant sur les renseignements fournis par les gardes pour ar-rter et poursuivre les criminels.15

    ASSOCIATIONS COMMUNAUTAIRES DE DVELOPPEMENT LAGOS

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    Les Zabaleen communaut chrtienne en grande partie copte taient lorigine des fermiers sans terre dudistrict rural de El Badary Assiout, venus au Caire la recherche de travail dans les annes 1930 et 1940. Ilscollaboraient avec un autre groupe de migrants, les Wahiya, qui avaient assum la responsabilit du ramas-sage et de llimination des dchets mnagers du Caire. Les Zabaleen staient organiss en une associationdnomme lAssociation des ramasseurs dordures de Gammiya.

    La collaboration entre les Wahiya et les Zabaleen est un partenariat dans lequel les Wahiya ont le contrledes dchets et des droits de collecte tandis que les Zabaleen ont la responsabilit du ramassage et dellimination des ordures mnagres. Les Zabaleen vivent dans sept tablissements de ramasseurs dorduresdans la zone du grand Caire, le plus important tant celui du Muqattam. Ces tablissements sont tous biensitus; ils sont proches du centre ville et facilement accessibles par la route. Ltablissement du Muqattamabrite environ 20 000 personnes qui toutes gagnent leur vie en sadonnant des activits lies aux ordures.

    En 1981, la Banque mondiale a financ un programme de rnovation de ltablissement du Muqattam,appel le Programme de dveloppement environnemental des Zabaleen (ZEDP), qui a attir des ressourcesfinancires importantes de bailleurs de fonds internationaux comme la Fondation Ford et lOxfam. Le Pro-gramme ZEDP tait coordonn par une ONG locale, Environmental Quality International (EQI).

    Un lment important du Programme ZEDP tait un programme de crdit, lanc par lassociation commu-nautaire de dveloppement de Gammiya qui permettait aux Zabaleen de crer des entreprises de recyclagecommunautaires. Avec les prts fournis au titre du programme de crdit, les Zabaleen pouvaient acheterdes machines pour la fabrication de granules de plastique et dautres pour ltirage des fils pour le tissagede tapis; ils pouvaient ainsi tirer des revenus supplmentaires de leurs activits de recyclage. Une usine decompostage qui transformait les dchets solides en engrais a galement t cre.

    En 1989, les Zabaleen et les Wahiya ont cr une nouvelle socit de ramassage mcanis des dchets,

    Environmental Protection Company (EPC). Dans le cadre de ce nouvel arrangement, les Zabaleen sont enga-gs par les Wahiya pour ramasser et liminer les ordures mnagres du Caire. Les Zabaleen et les autoritslocales se sont partags la responsabilit de la gestion des dchets solides mais, avec la cration de la EPC,les Wahiya et les Zabaleen sont devenus les principaux acteurs du ramassage et de llimination des dchetssolides au Caire. Un autre acteur important est lONG, EQI.

    Cet exemple montre comment une association communautaire de dveloppement peut assumer le rle despouvoirs locaux. Dans ce cas, lassociation des Zabaleen assume pratiquement lentire responsabilit de lagestion des dchets solides du Caire, un cot trs bas pour les pouvoirs locaux. Les Zabaleen manipulentinformellement un tiers des ordures du Caire; 3 000 tonnes dordures sont ramasses chaque jour et environ85 % sont recycles par des micro-entreprises communautaires qui offrent des revenus et des emplois environ 40 000 membres de la communaut. Au milieu des annes 1990, il y avait 700 familles propritairesdentreprises de ramassage; 200 familles possdaient et exploitaient des petites et moyennes entreprises derecyclage et 120 familles taient propritaires dentreprises commerciales.

    Lassociation des Zabaleen montre comment, en se mobilisant et en sorganisant, une communaut peutamliorer sensiblement les conditions de vie de ses membres. Les revenus tirs des activits de recyclagetaient investis dans la rnovation de leurs logements. Depuis 1981, les Zabaleen ont investi 5,1 millions dedollars dans la construction de nouvelles units de logement, ce qui a cr dautres emplois et des possibilitsde revenus, grce des services et des industries subsidiaires comme la menuiserie et la vente de matriauxde construction et dappareils mnagers. Le programme de crdit lanc par la Gammiya sest transform enun plan dpargne pour les micro-entreprises, la rnovation et la construction de logements, linstallationdinfrastructures et la cration et la gestion de services de base comme llectricit. Les Zabaleen ont gale-ment pu mettre en uvre des programmes de soins de sant ce qui a considrablement rduit la mortalitno-natale et infantile et ils ont aussi investi dans lducation de leurs enfants, un plus grand nombre, enparticulier des filles, tant inscrits dans des tablissements scolaires. Un rsultat marquant a t la baissede la mortalit no-natale et infantile au sein de la communaut, de 240 pour 1 000 en 1979 117 pour

    1 000 en 1991.16

    LE RAMASSAGE DES ORDURES AU CAIRE PAR LES ZABALEEN

    4. Partenariat avec les organisations communautaires pourla gestion des dchets

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    OUTILSETLIGNESDIRECTR

    ICES

    Les autorits locales peuvent soutenir les or-ganisations communautaires de diffrentesmanires. Dans certains cas, il sagit simple-ment de crer un espace permettant aux or-ganisations communautaires dagir, tandis quedans dautres ceci peut exiger une collabora-tion active avec elles.

    Les six suggestions dcrites ci-dessous sont lesprincipales mesures que peuvent prendre les

    autorits locales. Il convient, toutefois, de nepas oublier que les citadins pauvres ne sontpas tous semblables. La pauvret urbaine tou-che diffremment les hommes, les femmes,les enfants, les jeunes, les personnes ges etautres groupes vulnrables. Dans diffrentesrgions, les communauts et leurs membrespeuvent avoir des besoins, des problmes etdes priorits diffrents et connatre divers de-grs de pauvret.

    1. Reconnatre les organisations commu-nautaires de base et collaborer avecelles

    Il est indispensable que les autorits localesreconnaissent les organisations communau-taires de pauvres comme partenaires lgitimeset utiles lors de llaboration de solutions du-rables aux problmes fonciers, de logement,dinfrastructure et de pauvret. Les pouvoirslocaux devraient toujours rechercher la par-ticipation active et indispensable des pauvres

    et de leurs organisations la formulation despolitiques, plans, programmes ou projets quiles concernent. Il est particulirement impor-tant de faire participer les organisations com-munautaires titre dacteurs cls tous lesprogrammes sociaux ou de dveloppementrelatifs au logement, la terre, la scurit, la sant, laide sociale et lducation.

    La Fdration des sans-logis du Malawi etlONG qui la soutient, le Centre dorganisationet de dveloppement communautaires(CCODE), ont effectu un recensement et r-alis un relev; ils ont considr que leau etlassainissement taient les proccupations lesplus pressantes des communauts vivant dansdes quartiers de bidonvilles. La communauta particip intgralement tous les aspectsdu projet relatif leau et lassainissement,depuis lidentification des endroits convenantaux points deau jusqu llaboration de pro-grammes dassainissement et de systmes degestion de leau dirigs par la communaut.

    Ils ont galement fait des plans pour la gestionfuture des services et mis en place des plansdpargne afin de pouvoir recourir aux servicesde surveillants et acheter des fournitures pourles rparations futures. Cette initiative a treproduite dans des tablissements pauvresde Blantyre, Lilongwe et Mzuzu, et le nombredhabitants de taudis ayant accs leau po-table et lassainissement a augment pourpasser plus de 440 000.17

    RECENSEMENT AU MALAWI

    SIX MOYENS POUR LES AUTORITSLOCALES DE SOUTENIR LESORGANISATIONS COMMUNAUTAIRES

    2. Apporter un appui au relev car-tographique des communauts et auxinitiatives de recensement

    Apporter un appui aux exercices de relevcartographique et de recensement des com-munauts est une faon pour les pouvoirslocaux daider renforcer les capacits des or-ganisations communautaires tout en obtenantsimultanment des informations prcieuses,

    essentielles aux fins de la planification et de lagestion urbaines.

    Pour les organisations communautaires detoute lAfrique, une partie importante du pro-cessus de collecte de donnes consiste tablirdes cartes des tablissements indiquant les

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    OUTILSETLIGNESDIRECTR

    ICES

    1. Cest un moyen simple et direct permettantaux pauvres de satisfaire leurs besoins imm-

    diats. Lpargne et le crdit grs par la com-munaut exigent que ses membres collaborentrgulirement et prennent conjointement lesdcisions concernant les activits qui ont uneincidence sur leurs conditions de vie, dans lecadre dun mcanisme bien ancr, simple etcomportant des rituels rguliers directementlis leurs besoins quotidiens. Lpargne collec-tive fournit aux pauvres une base de ressourcesquils contrlent et cr galement un processuscontinu dapprentissage sur leurs modes de vierespectifs, la gestion collective des situations etltablissement de relations avec des systmes

    extrieurs financirement plus forts. Des com-munauts pauvres sud-africaines et indiennesont t les premires pratiquer lpargne jour-nalire mais lide sest depuis lors tendue toute lAfrique et lAsie. Lpargne journalire permet un groupe dpargnants de senraciner dansune communaut de faon rapprocher ses membres quotidiennement et daller beaucoup plus loinque lpargne mensuelle. Lpargne journalire attire galement les membres les plus dmunis de lacommunaut qui gagnent leur vie au jour le jour et qui ont beaucoup de difficults faire partie dunprocessus dpargne mensuel. Lorsque les gens pargnent et remboursent leurs prts sur une base

    journalire, les paiements sont moins levs, plus rguliers et font moins peur quun gros versementmensuel, ce qui permet de grer plus facilement les remboursements de prt et peut aider rsoudreles problmes y relatifs.

    2. Cest une manire active de renforcer les organisations communautaires. Lpargne est un outil per-mettant dlaborer un processus dauto-dveloppement plus complet des tablissements urbainsdfavoriss, dans le cadre duquel les pauvres eux-mmes (et de grands rseaux de communautsdshrites) dveloppent petit petit leur confiance, leurs capacits de gestion et le volume ncessairepour tablir un lien avec le systme formel et devenir des acteurs plus forts dans le processus plus largedu dveloppement urbain.

    3. Elle tablit une structure de coopration, dentraide et daction collective. En tissant rgulirement desliens entre les personnes, lpargne aide les pauvres collaborer pour rsoudre des problmes plusvastes de pauvret tels que scurit doccupation, logement, services de base, moyens de subsistanceet aide sociale. En construisant un cadre pour grer ces tches de dveloppement plus complexes, lesgroupes dpargnants peuvent aider soutenir le dveloppement global de la communaut.

    4. Elle donne du pouvoir et de largent. Des groupes dpargnants individuels peuvent rpondre beaucoup des besoins internes de leur communaut. Les organisations communautaires nayant paspargn peuvent galement se rassembler et donner un certain pouvoir aux gens. Mais si lpargneet le crdit sont au cur du processus, vous avez la fois largent et le pouvoir : les deux lmentsindispensables lamlioration des conditions de vie des pauvres.

    5. Elle renforce les capacits des gens assumer de plus grands projets de dveloppement. Lpargnerenforce les capacits collectives de gestion dont ont besoin les communauts pour entreprendre desprojets conjoints avec les autorits municipales. Lavoir collectif que reprsente lpargne peut tre unpuissant argument de ngociation lorsque les communauts ngocient pour obtenir des ressourcesextrieures pour des projets de logement et de dveloppement et pour ltablissement de liens avecle systme formel.18

    POURQUOI LPARGNE COLLECTIVE EST-ELLE SI IMPORTANTE POUR LES PAUVRES?

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    OUTILSETLIGNESDIRECTR

    ICES

    maisons, les magasins, les ateliers, les chemins,les points deau, les poteaux lectriques et leszones problmes afin que les gens aient uneide visuelle de leur situation physique. Le rele-v est un lment essentiel du renforcement

    des capacits lorsque le moment est venu deplanifier les amliorations des tablissementset dvaluer les interventions de dveloppe-ment. Ces cartes permettent galement auxcommunauts de montrer quelle est loriginedes problmes dont les autorits peuvent lesrendre responsables en dmontrant parexemple que la pollution des cours deau oudes canaux autour de ltablissement est im-putable des usines, des systmes dgoutsou dautres sources dans dautres parties de

    la ville. Le relev permet aussi aux membresde la communaut de voir comment leurtablissement est (ou nest pas) raccord auxrseaux de llectricit, de leau et aux servicesdlimination des dchets situs ailleurs dansla ville et de comparer dans quelle mesure ilest bien desservi par des hpitaux, des coles,des postes de police et autres installations parrapport des banlieues plus aises.

    Les recensements des tablissements et les en-qutes sur les mnages entrepris par les rsi-dents eux-mmes peuvent tre des outils trsutiles pour lancer le processus de dveloppe-ment. Les entrevues et lanalyse des donnesralises par les pauvres eux-mmes peuventgalement mobiliser la communaut. Lorsqueles communauts et leurs rseaux enqutentsur tous les pauvres et les tablissements in-formels dune ville, ils recueillent souvent desdonnes qui ne lont jamais t auparavantsur le nombre, les moyens de subsistance, lesproblmes et les conditions de vie de grandes

    parties de la population urbaine.

    Les informations recueillies par la popula-tion tant souvent plus prcises et compltesque celles des autorits, elles permettent demieux planifier au niveau local et peuvent treun outil puissant pour les pauvres lorsquilsdoivent ngocier pour obtenir des terres etdes titres dhabilitation. De bonnes enqutesdinformation placent les communauts dansune situation proactive et moins dfensive

    lorsquelles doivent participer ces ngocia-tions. Avec des donnes dtailles, il est gale-ment plus facile pour les autorits locales dejustifier une intervention et de savoir o inter-venir. Les enqutes donnent aussi chaque r-

    sident dun tablissement informel une iden-tit officielle, souvent pour la premire fois.

    3. Soutenir les projets communautairedpargne et de crdit

    Dans toute lAfrique, lpargne communau-taire est devenue un des lments fondamen-taux de la croissance des rseaux, fdrationset organisations communautaires et de leursuccs pour changer les conditions de vie despauvres. En soutenant les projets commu-

    nautaires dpargne et de crdit, les pouvoirslocaux sont en mesure daider les rsidents avoir plus facilement accs des moyens definancement provenant dautres sources pouramliorer leurs conditions de vie. Le Guidepratique n 5 sur le financement du logementdonne plus de dtails sur lpargne et le crditcommunautaires et sur le soutien que peuventapporter les pouvoirs locaux.

    4. Faciliter les partenariats de dvel-oppement au niveau local avec les or-ganisations communautaires de base

    La section du prsent Guide pratique sur lespartenariats comprend des tudes de cas quimontrent comment les pouvoirs locaux et lesorganisations communautaires en Afrique ontpu constituer des partenariats russis pour lafourniture de logements et dinfrastructureset pour des projets damnagement urbainet de gestion des dchets. Il existe gale-ment de nombreuses possibilits de partenari-

    ats fructueux pour traiter toute une gammedautres questions de dveloppement urbain(voir le Guide pratique n 8 sur les autoritslocales pour trouver dautres ides). Il est im-portant que les reprsentants lus et les re-sponsables aient des contacts directs avec lesorganisations communautaires qui ont entre-pris avec succs des projets damlioration desconditions de vie des pauvres afin quils puis-sent sinspirer de ces exemples de partenariatsrussis.

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    OUTILSETLIGNESDIRECTR

    ICES

    Outre les partenariats entre les autorits lo-cales et les organisations communautaires, lesautorits locales peuvent galement faciliterdes initiatives de collaboration entre les organ-isations communautaires et dautres acteursurbains importants tels que ONG, universits,instituts techniques, architectes, groupes de

    la socit civile et exploitants du secteur privpour satisfaire les besoins des communautspauvres.

    5. Participer la cration de Fonds com-munautaires de dveloppement

    Lexpression fonds communautaire de dvel-oppement (FDC) dsigne diffrents typesdinstitutions cres dans de nombreux paysau cours de ces dernires annes pour fournirdes prts et des dons aux communauts pau-

    vres. Ces fonds sont tous diffrents, crs

    pour rpondre des besoins, et en fonctionde capacits et de contextes politiques lo-caux trs divers. Certains ont t lancs parles gouvernements, dautres par des ONGou des fdrations communautaires, avec lespouvoirs locaux comme partenaires. Les capi-taux prter viennent de bailleurs de fonds,

    de gouvernements, de lpargne de la com-munaut et dinstitutions de financement.Leurs conditions de prt favorables et sou-ples, le fait quils soient grs conjointementpar les communauts, les pouvoirs locaux etdautres parties prenantes et quils fournissentdes prts bien ncessaires pour le logement,les infrastructures et lapport de revenus auxorganisations communautaires sont leurs car-actristiques communes. En facilitant laccsau financement, il est possible de dvelopper

    et reproduire des projets communautaires dedveloppement.

    1. Largent est retir en fonction des besoins rels des habitants et non la demande de programmesde dveloppement extrieurs. La plupart des fonds communautaires reposent sur les actifs financiers

    et structurels gnrs par lpargne communautaire; les besoins et les projets sont dtermins par lesmembres de la communaut : ce sont eux qui font le travail et grent les fonds, et non des institu-tions, des administrateurs ou des ONG.

    2. Ils offrent un moyen moins lourd, plus souple et plus efficace de faire parvenir directement aux pau-vres des ressources pour le dveloppement, sans la bureaucratie pesante et les frais administratifsonreux qui accompagnent les projets de dveloppement conventionnels. Lorsque les communautssont impliques dans la gestion du travail et des fonds, il en rsulte des systmes plus efficaces etquilibrs doptimisation des comptences disponibles et de rduction des cots au minimum.

    3. Ils constituent un outil de pression la fois aux niveaux financier et politique. Les Fonds commu-nautaires de dveloppement peuvent renforcer les initiatives des habitants en leur donnant des res-sources et un poids institutionnel lorsquils ngocient avec les autorits; ils les aident aussi exercerprventivement des pressions diffrents niveaux sur le systme pour raliser les changements quils

    estiment ncessaires.

    4. Ils aident renforcer la transparence et la responsabilisation. Le fait que les membres de la com-munaut savent rarement quelles sont les rentres est une grosse pierre dachoppement du dvel-oppement communautaire : les ONG et les institutions donatrices semparent de ces fonds et lacommunaut se transforme en bnficiaire au lieu dtre participant. Mais si chacun sait exactementquels sont les montants et o ils se trouvent, tous les rapports changent. Par participation, il fautentendre en ralit contrle financier. Lorsquune communaut est capable de lever, pargner etgrer des fonds de faon transparente et responsable, on peut dire quelle a gagn son autonomie.

    5. Ils portent sur le long terme. Le dveloppement est un processus de longue haleine; ce nest pas unprojet court terme et tout changement prend du temps. Du fait que leurs capitaux circulent dunprt lautre, les fonds communautaires sont naturellement des mcanismes long terme. Ils devi-ennent une ressource permettant aux communauts de faire ce quelles doivent faire, mme si cela

    prend beaucoup de temps. Il faut comparer cela au mode conventionnel de financement dun projetdans lequel largent, limit dans le temps, disparat rapidement.19

    AVANTAGES DE LA MTHODE DES FONDS COMMUNAUTAIRES DE DVELOPPEMENT

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    OUTILSETLIGNESDIRECTR

    ICES

    6. Soutenir la cration et la participationdes rseaux dorganisations commu-nautaires des niveaux plus levs

    Au fur et mesure quils se dveloppent et

    parviennent maturit, les petits groupesdpargne et de crdit parpills sassocientpresque invitablement dautres groupeset constituent des rseaux plus tendus avecune sorte de base financire ou organisa-tionnelle commune. Les rseaux fournissentun appui horizontal aux communauts indi-viduelles et offrent des possibilits dchangedexprience et dapprentissage rciproques.Ils crent galement des possibilits de miseen commun des ressources. Ce genre de col-

    laboration donne aux groupes accs desressources financires plus importantes, unplus grand sens de la solidarit et davantagedinfluence lorsquils doivent ngocier avecltat et dautres acteurs du milieu urbain pourobtenir des droits et des ressources.

    La constitution de rseaux permet aux gouver-nements de nouer plus facilement le dialogueavec les organisations communautaires, dufait quils sont potentiellement en mesure detraiter avec quelques organisations (ou par-

    fois mme une seule) au lieu dune srie degroupes fragments. Les autorits locales doi-vent donc :

    appuyer la cration de forums locaux,nationaux et rgionaux et dinstitutions-relais pour promouvoir la participation desorganisations communautaires avec lesautres parties prenantes au dveloppe-

    ment conomique et social li la pau-vret et au logement.

    intgrer les organisations communau-taires, leurs fdrations et rseaux dansllaboration et la mise en uvre des poli-tiques et programmes afin de permettreaux pouvoirs publics de mieux comprendreles besoins des pauvres et y rpondre.

    apporter un soutien des visitesdorientation et des programmes

    dchange entre des organisations com-munautaires et des projets communau-taires de logement dans diffrents endroitset y participer. Des visites dorientationconjointes permettant aux dirigeantsde la communaut et aux responsablesdes pouvoirs publics de voir et appren-dre ensemble peuvent tre un moteurpuissant de cration de partenariats etdlargissement des perspectives davenircommunes.

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    ICES

    Au cours des 20 dernires annes, les rseaux et fdrations communautaires sont devenus des m-canismes importants du dveloppement appartenant aux pauvres et susceptibles de trouver des solutions

    aux problmes auxquels ils sont confronts. Des rseaux ont collabor avec les pouvoirs locaux pour lancerdes projets de dveloppement municipaux et se sont associs dautres groupements de la socit civilepour influencer des politiques municipales plus larges de dveloppement. Les rseaux communautairesont beaucoup contribu combler le foss de lincomprhension entre les citadins pauvres et le systmeformel et quilibrer cette relation politique fondamentale de plusieurs manires:

    1. Changements dans lampleur des mouvements communautaires :dans le modle de rseau,les communauts individuelles correspondent la plus petite unit structurelle et la reprsentationgographique la plus locale. Mais une fois runies aux niveaux municipal, provincial ou national, ellesdeviennent une force politique. Sans ces deux lments communauts individuelles sur le terrain etrseau collectif plus large ayant la force du nombre on ne peut esprer apporter des changementsstructurels dune quelconque importance. Un rseau peut, au nom dune communaut, ngocier cequelle ne peut obtenir par elle-mme car elle est trop petite.

    2. Changements dans la manire daborder les problmes de la pauvret :dans la plupart desprojets de dveloppement, ltat, les agences de dveloppement et les ONG contrlent les ressourceset prennent toutes les dcisions. Les gens nont pas dautre choix que de suivre la voie trace poureux par dautres, ou sinon de courir le risque de perdre tous leurs avantages. Mais avec les rseaux, lespauvres sont libres dapprendre comme ils lentendent, de rechercher dautres solutions et de faire deschoix quils comprennent. Les rseaux communautaires sont une tribune puissante du dveloppement plus grande chelle et ils ont conduit une acceptation plus large des processus de dveloppementraliss linitiative de la communaut.

    3. Changements dans la manire dont les communauts entretiennent des relations les unesavec les autres :dans le dveloppement traditionnel du haut vers le bas , les liens entre agencesde dveloppement et communauts individuelles sont verticaux. Quand des problmes surgissent,labsence de mcanismes horizontaux permettant aux communauts de sentraider signifie que lesgens dpendent des institutions pour obtenir de laide. Mais en tant que canaux dinformation, lesrseaux leur permettent dapprendre constamment les uns des autres et dviter de rpter les mmeserreurs. Lorsquune communaut a mis au point une mthode qui donne de bons rsultats, les autresmembres du rseau lapprendront systmatiquement.

    4. Dveloppement de mcanismes dquilibrage internes au sein des communauts :les rseauxfournissent aux communauts de nombreux outils pour rsoudre les problmes internes et, avec despossibilits de contrle et dquilibrage, soutenir un processus de dveloppement quilibr, quitableet ralis leur initiative. Par le pass, lorsque les communauts avaient des problmes, elles taientsouvent bloques ce niveau. Mais les rseaux fournissent une tribune plus large pour examinerouvertement toutes sortes de problmes. Cette ouverture peut tre un mcanisme important decontrle, une faon dquilibrer les choses, dattnuer les tensions et de rsoudre des situations pro-blmatiques avec tact et en sauvant la face.20

    QUATRE FAONS POUR LES RSEAUX DE CHANGER LES MOUVEMENTS DE LA COMMUNAUT

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    RESSO

    URCES

    RFRENCES1. ONU-Habitat (2009) Loger les populations autochtones dans les villes : Guide sur la politique de

    logement des populations autochtones dans les villes.Nairobi : ONU-Habitat. http://www.unhabitat.org/pmss/listItemDetails.aspx?publicationID=2681 (accs le 23 juillet 2010)

    2. ONU-Habitat & CESAP-ONU (2008) Loger les pauvres dans les villes dAsie. Petit guide lintentiondes dcideurs, n6: les organisations communautaires.Nairobi & Bangkok : ONU-Habitat & CESAP-ONU. p.1

    3. ONU-Habitat & CESAP-ONU (2008) Loger les pauvres dans les villes dAsie. Petit guide lintentiondes dcideurs, n 6: les organisations communautaires.Nairobi & Bangkok : ONU-Habitat & CESAP-ONU. p.2

    4. H.A.R. Hassen (2009) Ltat et la socit civile en Afrique : point de vue de lAfrique du Nord.Journalafricain des sciences politiques et des relations internationales 3(2) : 6676; N. Kasfir (1998) Lasocit civile et la dmocratie enAfrique. Londres: Frank Cass; J.M. Makumbe (1998) Existe-t-il unesocit civile en Afrique? International Affairs 74(2): 305; Orvis S (2001) La socit civile en Afriqueou la socit civile africaine?Journal of Asian and African Studies36(1): 1738

    5. S. Orvis (2001) La socit civile en Afrique ou la socit civile africaine?Journal of Asian and AfricanStudies 36(1): 1738. p. 18

    6. www.moibrahimfoundation.org (accs le 16 mars 2010)

    7. ONU-Habitat & Rseau mondial doutils fonciers (2009) Ne rien faire pour nous, sans nous : travailleravec les organisations de la base dans le domaine foncier.ONU-Habitat : Nairobi

    8. http://www.wri.org/publication/content/8558 (accs le 31 mars 2010)

    9. J. Plummer (2000) Les municipalits et la participation communautaire. Ouvrage de rfrence pourle renforcement des capacits. Londres: Earthscan

    10. ONU-Habitat (2006) Base de donnes des meilleures pratiques 2006. www.unhabitat.org/bestpractices/2006/bplist.asp (accs le 31 mars 2010)

    11. ONU-Habitat (2006) Base de donnes des meilleures pratiques 2006. www.unhabitat.org/bestpractices/2006/bplist.asp (accs le 25 juillet 2010)

    12. 12 Alliance des villes (2007) Des villes vivables : avantages de la planification du milieu urbainWashington DC : Cities Alliance

    13. 13 C. Bassett & M. Lucas 1999) Small victories : water in Luanda (Petites victoires : de leau Luanda). Southern African Report 15(1) : 17-21

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    18. UCDO (Urban Community Development Office, Thalande) (2000) Mise jour n 2, octobre 2000.www.codi.or.th

    19. ONU-Habitat & CESAP-ONU (2008) Loger les pauvres dans les villes dAsie. Petit guide lintentiondes dcideurs, n 6: les organisations communautaires. Nairobi & Bangkok : ONU-Habitat & CESAP-ONU.

    20. ONU-Habitat & CESAP-ONU (2008) Loger les pauvres dans les villes dAsie. Petit guide lintention

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    RESSO

    URCES

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    nity Exchange (Face face : notes du rseau sur les changes communautaires). Disponible sur lesite Internet de ACHR www.achr.net

    T. Bigg & D. Satterthwaite (ds) (2006) How to Make Poverty History: The Central Role of LocalOrganizations in Meetingthe MDGs (Comment faire pour que la pauvret marque lhistoire :rle central des organisations locales po