Guide N°2 "Comment toucher et intéresser les publics les plus éloignés ?"

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C ahier de p a rtag e d’e x pér ienc e s N°2 Comment toucher et intéresser les publics les plus éloignés ? L'accessibilité pour tous aux TIC Sous la direction de Philippe Cazeneuve

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Guide N°2 "Comment toucher et intéresser les publics les plus éloignés ?"

Transcript of Guide N°2 "Comment toucher et intéresser les publics les plus éloignés ?"

  • C a h i e r d e p a r t a g e d e x p r i e n c e s N 2

    Comment toucher et intresser les publics les plus loigns ?

    L'accessibilit pour tous aux TIC

    Sous la direction de Philippe Cazeneuve

  • Dix moi comment faire

    1. Sortez de votre Espace public multimdia et les prjugs. Montrez ce qu'on peut faire pour aller la rencontre des publics : sur les avec l'outil avant de proposer au public de marchs, dans les associations, les maisons de manipuler. retraites...

    2. Travaillez en rseau et en partenariat : voir c'est trs simple , cela dvalorise les animateurs multimdia, professionnels de efforts des dbutants. Pour rassurer, il vaut l'insertion, de la sant, du dveloppement mieux dire Vous pouvez y arriver.

    3. Montez des projets avec les personnes les projets, adapter son intervention au rythme plutt que pour elles. d'apprentissage des personnes.

    4. Donnez du sens et montrez l'utilit. L'informatique n'est pas une fin en soi. proche du public, en ge, sexe, profession, Mettez en avant les usages concrets pour la situation familiale, origine culturelle Les personne : communiquer avec des parents publics loigns se mfient des spcialistes loigns, rechercher un emploi et de leur jargon, mais sont sensibles 5. Recherchez la facilit d'utilisation. l'exemple de russite des personnes qui leur Dbuter avec la photo numrique est plus ressemblent. facile et moins intimidant que le clavier et le

    6. Prenez le temps de discuter, de rpondre les mmes droits et services que ceux proposs aux questions, de faire merger les craintes aux internautes.

    7. Ne minimisez pas la difficult : vous allez

    social doivent agir de faon concerte sur 8. Ne soyez pas presss. Il faut beaucoup de un mme territoire. temps pour identifier les partenaires, monter

    9. Si possible, choisissez un mdiateur

    10. Respectez la libert de ceux qui ne souhaitent pas utiliser les TIC et garantissez leur

    traitement de texte.

    Le rseau CRATIF (Collectif des Rseaux d'Accs aux TIC en France), rassemble des personnes engages dans la conduite et la promotion d'actions de sensibilisation du public aux technologies de l'information et de la communication (TIC) pour le compte de collectivits territoriales, d'associations ou d'administrations dcentralises. Il souhaite favoriser l'appropriation sociale et citoyenne des technologies de l'information par : - l'change des pratiques et le travail en rseau des animateurs et des responsables, - le soutien et la diffusion des ralisations et des projets, - l'observation et l'valuation des usages, - l'encouragement d'une participation active de la population.

    Philippe Cazeneuve est consultant-formateur, spcialis en ingnierie pdagogique et TIC. Il a dirig pendant 5 ans le Centre de ressources multimdia de la MJC Monplaisir Lyon.

    Dans la mme collection, le cahier N1 "L'accueil adapt de personnes handicapes dans un Espace public multimdia" est disponible en tlchargement sur www.creatif-public.net

  • S O M M A I R E

    P.4/7

    p.8/12

    Enjeux et problmatique

    - Internet pour tous, mythes et ralits- Introduction : Moderniser sans exclure,les mots pour le dire- Pour linclusion numrique et sociale

    Qui sont les publicsloigns des TIC ?

    - La 1re fois : inquitudes et craintes despublics loigns- Techno mordus ou techno exclus ?- Un foss numrique impossible combler ?

    Aller la rencontre desp.13/16

    publics les plus loigns

    - Le multimdia au service des personnesen multi-difficults- Travailler et Apprendre Ensemble :recycler des ordinateurs pour rinsrerdes personnes- LInternet de rue : aller au devant desfamilles les plus pauvres

    p.17/27

    p.28/32

    Mettre l'usager au centrdu projet

    - Il ne suffit pas que les gens utilisent, ilfaut faire en sorte qu'ils s'approprient- Mettre en place une charte de l'usager- MiNiNet et Troc'Matic Belleville- Dveloppons le pouvoir d'agir deshabitants- Multimdia et prvention routire - Migrants crateurs de dialogue - Les tlboutiques de Chteau-Rouge

    Des territoires se mobilisent

    - Le programme insertion.emploi.net - Ssame Multimdia : un chquier quiouvre des portes - L'Internet sur roulettes : une spcialitMaison - Prendre ses distances avec lilletrisme

    p.33/34 Repres sur ...

    - la pauvret et l'exclusion- Laccs public en chiffre

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  • ENJEUX ET PROBLMATIQUE > Quelques clairages pour une politique publique

    Internet pour tous : mythes et ralits

    Il tait beaucoup question de l'accs public durant la premire priode de diffusion de l'internet en France. Aujourd'hui, lorsqu'un gros tiers des Franais est devenu usager de l'internet, trs peu de politiques publiques prennent en compte la majorit des personnes qui n'y ont pas accs. Finis les emploi-jeunes, qui ont permis des centaines de milliers de personnes de dcouvrir le mutimdia ou d'accder des services de recherche d'emploi. L'lan d'innovation, l'nergie de ces milliers de jeunes a pourtant t une richesse, pour nombre de nos communes. L'clatement de la bulle de la

    net-conomie n'a pas frein la diffusion de l'internet dans la socit, dans les coles, les entreprises, les services publics. Ces outils d'change entre personnes, d'accs aux services, la culture, aux loisirs sont aujourd'hui devenus un bien social. Mais ces habilets nouvelles, ces usages de communication, d'expression, la disponibilit d'un ordinateur ou l'accs au rseau lui-mme, sont trs ingalement partags. Plus la place des changes numriques s'accrot dans la socit, plus celles et ceux qui n'y ont pas accs se sentent carts de cette socit en mutation. Face cet enjeu social, des dizaines d'initiatives montrent qu'un accompagnement est riche de lien social, de crativit, d'intgration.

    Cre en 2001 avec le souci d'une prise en compte des personnes loignes des TIC et de leurs usages, l'association CRATIF (Collectif des rseaux d'accs aux technologies de linformation en France) est fire aujourd'hui de donner voir ces personnes, ces associations qui ont coeur un progrs partag qui ne laisse pas de ct des millions de personnes, dj isoles.

    Toutes les initiatives n'ont pu tre reprises ici et nous vous donnons rendez-vous sur le site de CRATIF : http://www.creatif-public.net pour aller plus loin et enrichir ce guide par vos propres contributions. Ce guide, coordonn par Philippe Cazeneuve et publi avec le soutien de la Caisse des Dpts et Consignations, est aussi un appel lanc aux acteurs publics : Etat, Rgions, Dpartements, Communes, pour qu'ils s'impliquent et accompagnent les initiatives associatives, les acteurs des lieux d'accs publics, dans cet objectif commun d'un progrs partag.

    Merci toutes celles et ceux qui par leur tmoignage et leur action ont contribu ce deuxime guide.

    Michel Briand, Prsident de CRATIF - Novembre 2004

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  • ENJEUX ET PROBLMATIQUE > I n t r o d u c t i o n

    Moderniser sans exclure, les mots pour le dire Philippe CAZENEUVE

    Rduire la fracture ... Mythe fondateur de la politique en faveur du dveloppement de lieux daccs public au multimdia et Internet, le concept de fracture numrique introduit une vision dforme des problmes sociaux auxquels nous devons faire face. Ce concept de fracture numrique, tout comme celui de fracture sociale, prsuppose une socit constitue dun seul tenant, un corps social unique. Cette vision monolithique de la socit ignore lexistence de forces antagonistes, celles qui font que les hommes tiennent debout par un jeu de tensions musculaires opposes. Elle masque aussi le rle de corps intermdiaires : les articulations, qui permettent dviter de rester bloqu dans des attitudes figes.

    ... ou enjamber le foss ? Le concept anglo-saxon initial, digital divide, promu par laction politique du vice-prsident amricain Al Gore, aurait mrit la traduction plus fidle de foss numrique. Cette mtaphore gologique voque un phnomne ancien et volutif : un foss creus par le temps. L'exclusion ne nait pas d'une rupture accidentelle du tendon d'Achille de notre socit : le lien social. Au cours des sicles, le foss sest illustr dans sa fonction dfensive. Le foss qui nous spare des autres, nous permet aussi de vivre tranquillement sur notre petite le. Et si les exclus des TIC se considraient comme des naufrags volontaires, des irrductibles gaulois bien labri des romains colonisateurs ? Si notre rle est de construire des passerelles, il nest pas en notre pouvoir dobliger qui que ce soit les emprunter pour se rendre sur lautre rive.

    Les sans-claviers, nouveaux exclus ou exclus nouveau ? Lorsque nous nous engageons pour promouvoir la diffusion des usages des TIC, nous devons tre vigilants aux questions dquit, afin dviter que lexclusion numrique ne vienne renforcer les diffrentes formes dexclusion sociale. Mais comme le souligne Mark Warschauer : Le but poursuivi en utilisant les TIC avec les groupes de personnes marginalises, nest pas de combler le foss numrique, mais plutt de poursuivre un processus dinclusion sociale. (Sce : Warschauer, 2002) Dans cette perspective, il nest pas de solutions 100 % numriques, et un mlange de technologie, de ressources humaines et de relationnel est indispensable.

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  • Aller la rencontre des publics loigns Si les publics viss initialement par les programmes d'actions pour la Socit de l'Information ne viennent pas spontanment dans les lieux d'accs publics crs leur attention, il est sans doute temps que les professionnels sinterrogent sur les moyens mettre en place pour aller au devant des publics prioritaires, du point de vue de lquit sociale. C'est l'objectif de ce guide que de clarifier Qui sont ces publics ? et Comment les toucher et les intresser ? Pour autant, vous ne trouverez pas dans ce guide de recettes toutes faites. Si vous ne deviez retenir quune seule chose de cette lecture, voici une formule qui transparat en filigrane dans la plupart des tmoignages et expriences : Faire AVEC les personnes plutt que POUR elles.

    Apprivoiser les TIC Voici lche une nouvelle mtaphore : celle de l'loignement, de la distance. Ce qui est proche de moi, m'est familier, voire intime. Ce qui est loin de moi me semble trange, voire tranger. Et si on prenait le problme dans le bon sens ? Si l'on parlait de technologies lointaines plutt que de publics loigns ? Des technologies tranges, sauvages, non domestiques, qu'il nous appartiendrait d'apprivoiser afin de vivre en bonne intelligence avec elles...

    Le Petit Prince - () Quest-ce que signifie apprivoiser ?

    Le Renard - a signifie crer des liens (...) On ne connait que les choses que l'on

    apprivoise. Les hommes n'ont plus le temps de rien connatre. Ils achtent des choses

    toutes faites chez les marchands.

    Antoine de SAINT-EXUPERY, Le Petit Prince, Paris, Gallimard, 1946.

    Moderniser sans exclure, pour reprendre la formule lance par Bertrand Schwartz, cela suppose de prendre avec chacun le temps quil faut. Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin.

    Pour terminer, je vous laisse mditer sur les dernier conseils du renard au Petit Prince : Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivois.

    Pour aller plus loin :

    CAZENEUVE Philippe, Pour en finir une fois pour toutes avec la fracture numrique, 2003.

    http://www.creatif-public.net/article.php3?id_article=12 SAINT-EXUPERY Antoine de, Le Petit Prince, Paris, Gallimard, 1946.

    SCHWARTZ Bertrand, Moderniser sans exclure, La Dcouverte, Paris, 1994.

    WARSCHAUER Mark, Reconceptualizing the Digital Divide, First Monday, Vol.7 N7, Juillet 2002.

    http://www.firstmonday.dk/issues/issue7_7/warschauer/

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  • ENJEUX ET PROBLMATIQUE > Pour l inclusion numrique et sociale

    Pierre L. Carrolaggi Nous souhaitons une socit de linformation galitaire dans ses dimensions culturelles, sociales et politiques. Pour favoriser lintgration sociale et professionnelle de tous, les techniques numriques doivent tre porteuses de valeurs et amliorer la participation dmocratique ainsi que les conditions de vie des individus. Lobjectif de cette charte, rdige par un collectif europen, est de faciliter la rflexion et l'action pour mettre en place un environnement de-learning (*) socialement inclusif.

    Une Dclaration en 10 points pour une socit de linformation participative et galitaire

    1. Dpasser les barrires psychologiques est aussi important que rsoudre les problmes daccs au rseau et lquipement, car la fracture numrique nest pas seulement matrielle : elle est aussi dans les mentalits. 2. Il faut dvelopper des programmes de recherche pour mieux comprendre les besoins des diffrents groupes exclus du numrique ainsi que les liens entre les diffrents facteurs dexclusion, comme lge, lorigine ou le genre. 3. Il faut rechercher des solutions adaptes chaque handicap. Des efforts supplmentaires sont ncessaires pour identifier les domaines les plus sensibles et viter une approche gnraliste. 4. Insister sur le ct ludique des techniques numriques permet daugmenter la motivation des apprenants. Il ne suffit pas de montrer leur importance dans le monde professionnel. 5. Faire des TIC une composante du statut socioculturel est un facteur de motivation pour linclusion. Cependant, pour viter des blocages supplmentaires, il convient dinformer les individus que lexistence est possible sans Internet. 6. Les actions de formation peuvent sappuyer efficacement sur les valeurs positives vhicules par les TIC, car, mme un niveau modeste dutilisation et de matrise, les TIC sont synonymes dintgration. 7. Le-learning doit tre participatif : ne pas dfinir les interfaces a priori, partir de modles prexistants, mais impliquer les utilisateurs en amont des dispositifs pour quils puissent les valuer. 8. Le-learning doit favoriser lapprentissage coopratif : permettre des personnes appartenant aux groupes cibles de devenir des appuis qui jouent un rle de modle et redonnent confiance leurs pairs. 9. Dvelopper des modles mixtes : la combinaison de lutilisation de lordinateur avec un contact humain est plus efficace que le tout e-learning. Les relations interpersonnelles avec des ducateurs sont ncessaires quand lapprentissage est complexe et dmotivant. 10. Les politiques et stratgies dinclusion doivent galement favoriser le dveloppement personnel de ceux, qui, pour des raisons conomiques, personnelles ou pour cause de handicap lourd, nadhreront pas la socit de linformation.

    Pour consulter la Charte dans son intgralit ou pour la signer : http://charte.velay.greta.fr

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  • QUI SONT LES PUBLICS LOIGNS DES TIC ? > La 1re fois : inquitudes et craintes des publics loigns

    J'avais peur de casser l'ordinateur... Quelques personnes expriment ici ce qu'elles ont ressenti, lorsqu'elles sont venues pour la premire fois dans un lieu d'accs public pour apprendre utiliser un ordinateur :

    - J'tais gn-e cause de mon manque de connaissances en informatique. - Je me trouvais stupide de ne pas savoir, mon ge, utiliser un ordinateur, alors que tout le monde a l'air de savoir s'en servir. - Je me trouvais trop g-e pour apprendre. - Je pensais mon niveau de franais insuffisant. - Je ne voyais vraiment pas quoi cela pouvait me servir dans ma vie de tous les jours. Ce sont mes enfants qui ont insist pour que

    j'apprenne utiliser un ordinateur. - J'tais effray-e l'ide de perdre des informations. - J'tais inquiet-e de me retrouver face un instructeur impatient et d'tre oblig-e de quitter le cours. - Je pensais que si je suivais une formation, je devrais subir un test la fin, et cette ide me paniquait.

    Extrait d'un guide de bonnes pratiques ralis dans le cadre du programme britannique d'accs publics aux TIC Uk Online Ensuring Equal Opportunities : a good practice guide http://www.helpisathand.gov.uk

    J'ai aim avoir accs des choses... Les participants d'un atelier informatique organis par ATD Quart Monde tmoignent :

    Moi au dbut j'avais le trac... j'avais peur de faire des btise et de ne pas comprendre ... et puis force de manipuler l'appareil, on y arrive... Les personnes autour de moi m'ont respect, m'ont accept tel que j'tais, m'ont parl et donc m'ont donn l'envie de continuer...

    Il a fallu vaincre ma peur et pour moi ce ntait pas facile. J'ai fini par aller au bout, parce qu'il y avait autour de nous des gens qui sont calmes, des gens qui ne disent pas : celui-l il ne va pas y arriver...

    Avant j'tais contre les ordinateurs, parce que je pensais que cela enlevait du travail aux hommes. Maintenant, j'en ai un la maison. Peut-tre je pourrai apprendre quelqu'un s'en servir et pour l'encourager, je lui dirai que moi, je n'avais jamais touch un ordinateur avant.

    Extraits d'un article de Brigite Bourcier et Corinne Chevrot, Un atelier informatique in Internet : au service de qui ?, Revue Quart Monde, N 187, Aot 2003 http://www.atd-quartmonde.org

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  • QUI SONT LES PUBLICS LOIGNS DES TIC ? > Techno mordus ou techno exclus ?

    Il nous faut organiser la socit pour que ceux et celles qui ont le plus de difficults matriser le monde virtuel puissent continuer vivre dans le monde rel, et n'en soient pas exclus. On doit pouvoir vivre et travailler sans savoir cliquer ou lire un message lectronique, et il faut tout faire pour viter le totalitarisme numrique.

    Selon Yves LASFARGUE, La matrise des systmes informatiques repose sur 6 conditions :

    1. Savoir LIRE (ou dcoder) les informations qui sont affiches sur l'cran. On a cru longtemps que l'utilisation d'icnes (...) permettrait de se passer de la lecture d'un texte crit : dans les faits, aujourd'hui, on s'aperoit que toutes les icnes sont accompagnes d'un texte crit en prcisant le sens.

    2. COMPRENDRE le vocabulaire (ou le codage) et les concepts utiliss. Dans le traitement de texte, la diffrence entre Quitter et fermer est loin d'tre vidente assimiler. Au-del des mots, C'est le concept mme qui est parfois difficile apprhender.

    3. Accepter la rgle du jeu et accepter d'OBEIR aux instructions du systme. Croire que les techno-exclus sont toujours ceux qui ne comprennent rien est faux car sont exclus aussi ceux qui veulent tout comprendre.

    4. Accepter d'obir VITE L'interactivit exige des rponses rapides car souvent le systme est programm avec un temps d'attente limit. (...) Cette obligation de rapidit qui est la base du caractre ludique de l'interactivit et qui provoque tant de plaisir chez certains (...), engendre un stress insupportable chez d'autres.

    5. Accepter de DECOUVRIR le mode d'emploi au fur et mesure de l'utilisation Le mode d'emploi d'un systme abstrait et interactif n'est jamais linaire (...) Si bien qu'on ne (le) trouve jamais dans un livre que l'on peut apprendre tte repose. Il faut accepter de dcouvrir le mode d'emploi en utilisant le systme. Cela demande beaucoup d'humilit et de ttonnements.

    6. Ne pas craindre la situation d'APPRENTISSAGE chaque nouveau systme. Il faut beaucoup de temps pour apprendre matriser les TIC et l'apprentissage et le rodage sont de plus en plus chronophages. Ce temps ncessaire la matrise des TIC n'est supportable que s'il est accompagn de plaisir.

    D'aprs Yves LASFARGUE, Techno mordus Techno exclus? Vivre et travailler l're du

    numrique, Editions d'Organisation, 2000.

    Voir aussi son intervention dans le cadre dune journe organise en 2003 par le rseau

    Public de lInsertion des jeunes en Ile-de-France :

    http://www.generationcyb.net/article.php3?id_article=285#nb1

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  • QUI SONT LES PUBLICS LOIGNS DES TIC ? > Un foss numrique impossible combler ?

    Huit angles de vue Lge : la proportion dutilisateurs rguliers diminue avec lge, mais les seniors sont de

    plus en plus nombreux se socialiser via Internet et les prretraits viennent gonfler les rangs.

    Le genre : les disparits entre hommes et femmes persistent, mais elles sattnuent lorsque la diffusion dInternet se gnralise (Finlande, Danemark, Pays-Bas, Amrique du Nord).

    Les revenus : il existe une relation quasi linaire entre le niveau de revenu et le taux dutilisation rgulire dInternet ; cette ingalit persiste dans les pays o Internet atteint une diffusion plus large.

    Le niveau de formation : ici aussi, il existe une relation directe entre le niveau de formation et lusage dInternet, mais certains efforts cibls dducation permanente peuvent rduire les carts de manire significative.

    Les professions : la prdominance des professions intellectuelles et des tudiants persiste, mais Internet fait une perce significative parmi les travailleurs manuels et les demandeurs demploi.

    La composition familiale : les familles biparentales ayant des enfants en ge scolaire sont les plus nombreuses utiliser Internet. Les isols et les femmes seules avec enfants font partie des groupes dfavoriss.

    Les caractristiques rgionales : partout en Europe, les disparits rgionales sont lies aux carts de dveloppement conomique. Par contre, il y a peu de diffrences entre zones urbaines et rurales.

    Nord Sud : Au niveau mondial, la fracture numrique prend lallure dune crevasse. Les

    carts entre pays du Sud sont encore plus profonds quentre le Nord et le Sud, mais la cra

    tivit des usages y est tonnante.

    (Source : Vendramin P., Valenduc G., La Lettre EMERIT n 39, Namur, juin 2004)

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    Quelques sous-groupes de la population en marge dinternet :

    la tranche dge des 65 ans et plus (87% de non-utilisateurs) ceux qui nont pas de diplme du secondaire (79%), ceux qui nont pas dactivit professionnelle et ne sont pas demandeurs demploi (62%), les femmes seules (69%).

  • Dans une moindre mesure : les chmeurs (49%), les ouvriers (49%), les familles monoparentales (42%).

    Source : VENDRAMIN Patricia & VALENDUC Grard, 200

    La cte des fosss ;-) Un foss socio-conomique : les cadres et professions intellectuelles suprieures utilisent

    Internet 6 fois plus que les ouvriers (76,3 % contre 12,9 %). (Sce : ROUQUETTE, INSEE, 2002) Un foss dducation : 68 % des diplms de lenseignement suprieur utilisent Internet

    contre 14 % des sans-diplme. (Sce : BIGOT, CREDOC, 2002) Un foss de gnrations : 68 % des 15-24 ans lutilisent, mais plus on avance en ge,

    moins on utilise lInternet : 39 % des 35-49 ans sont utilisateurs, et seulement 3 5 % des plus de 65 ans. (Sce : BIGOT, CREDOC 2002)

    Des carts qui se mesurent en annes En France, en avril 2002 :

    Les personnes disposant des revenus les plus faibles (1er quartile) ont un niveau dutilisation de lInternet comparable celui de la moyenne de la population en fvrier 1999 soit 38 mois ou 3 ans de dcalage.

    Les plus de 50 ans ont un niveau dutilisation de lInternet comparable celui de la moyenne de la population en octobre 1998, soit 42 mois ou 3 ans et demi dcart !

    Au niveau europen, le graphique ci-dessous montre que les personnes ayant les niveaux dducation les plus faibles, prsentent un dcalage de 4 5 ans avec la moyenne de la population, dans les taux dutilisation dInternet constats. (Sce : SIBIS, 2002-03)

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  • Qui est connect lInternet domicile ?

    Des non-usagers rfractaires aux TIC ? La progression continue du nombre dabonns et dusagers dInternet, ne doit pas nous faire oublier quune part importante de la population reste aujourdhui encore lcart des autoroutes de linformation. Parmi les non-usagers et usagers occasionnels dInternet en France, la moiti sont daccord pour affirmer Internet, ce nest pas pour moi (Sce : SIBIS, 2002-03) 65 % des personnes non diplmes ou faiblement diplmes ne sont pas connectes Internet et nenvisagent pas de le faire (Sce : LOUE et HEITZMANN, SESSI, 2003).

    Un foss qui narrte pas de se creuser Une analyse comparative mene entre 1997 et 2002 au niveau europen, fait ressortir que si les carts hommes/femmes tendent progressivement disparatre, et que lon constate depuis 2000 une tendance des plus de 50 ans recoller au peloton, en revanche les carts les plus discriminants se creusent davantage. La situation des personnes faiblement diplmes na pas boug dun pouce et les carts selon les niveaux de revenus se sont encore aggravs en 5 ans. (Sce : SIBIS, 2002-03)

    Sources : BIGOT Rgis, Le foss numrique en France, Cahier de Recherche, CREDOC, n 177, novembre

    2002, 87 p. http://www.credoc.asso.fr/ca/c177.htm

    LOUE J-F et HEITZMANN R., LInternet avance : les jeunes poussent, Les 4 pages du Sessi, DiGITIP

    Ministre de lEconomie, des Finances et de lIndustrie, N172, fvrier 2003.

    www.industrie.gouv.fr/biblioth/docu/4pages/pdf/4p172.pdf VENDRAMIN Patricia & VALENDUC Grard, Fractures numriques, ingalits sociales et processus dappropriation des innovations, Intervention au Colloque international TIC et ingalits : les fractures numriques, 18-19 novembre 2004, Paris. http://irene.asso.free.fr/papers/vendramin.pdf ROUQUETTE Cline, Un tiers des adultes ont dj utilis lInternet, INSEE Premire, N850, juin 2002. http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/IP850.pdf SIBIS Pocket Book 2002/03, Measuring the Information Society in the EU, the EU Accession Countries, Switzerland and the US http://www.sibis-eu.org

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  • Aller la rencontre des publics les plus loigns > Le multimdia au service des personnes en multi-difficults

    Nathalie LAREUR animatrice - AGEHB Centre d'accueil Le Phare - Brest

    Au Centre d'accueil, l'quipe reoit, coute, oriente des personnes en situation de grande prcarit. Les services du quotidien sont proposs aux usagers : repas chauds, machine laver, douche Et des activits ont t cres pour permettre aux usagers de se reconstruire, parmi lesquelles un atelier informatique.

    L'atelier informatique L'activit informatique a commenc il y a 3 ans. Quand je suis arrive, il y avait un ordinateur qui tait en bas dans la salle manger et qui servait pour jouer au solitaire. Certains faisaient a longueur de journe... J'ai commenc demander si a intressait certaines personnes et partir de l, j'ai mont un projet et on a mis la salle informatique en place. Il y a eu des ttonnements au dbut. Au dpart, je pensais faire comme dans les centres de formation, une session pour apprendre la bureautique (Word en X heures). Je pensais qu'on allait d'abord apprendre la machine, puis aprs les logiciels... Eh ben, ce n'est mme pas la peine... Je leur ai pris la tte, c'tait magnifique ! (rires) Ils ont t gentils, ils sont revenus quand mme ! Je me suis vite rendue compte que ce qui compte le plus, c'est de produire quelque chose. Au dpart on avait des logiciels de traitement de texte, c'est peu, mais c'est dj beaucoup pour eux. Et puis petit petit, on s'est mis aux jeux, pdagogiques ou simplement ludiques (jeux de cartes, Questions pour un champion, Karaok...). Souvent ce sont des jeux qu'ils font plusieurs. Ensuite, il y a eu l'Internet en 2001. Aujourd'hui, de plus en plus les personnes en prcarit utilisent les boites mail.

    Russir tre autonome Le principe : c'est donnant-donnant. On peut leur apprendre des choses, mais ils connaissent aussi des choses qu'ils peuvent nous apprendre. L'objectif de cet atelier, c'est de faire en sorte qu'ils russissent tre autonomes : savoir allumer l'ordinateur tout seul, utiliser la souris (a parat simple, mais certains au bout de deux ans n'arrivent toujours pas lutiliser, ils tremblent ou le double-clic n'est pas du tout acquis), reprer le programme que tu veux, pouvoir le mettre en marche et l'utiliser. C'est la mme chose pour Internet. S'il arrivent ouvrir le programme, faire une lettre, imprimer tout seul, enregistrer leur document et surtout le retrouver (a c'est sympathique leur faire apprendre !), alors l'autonomie est gagne.

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  • Contact : Le Phare - Nathalie Lareur - Tl : 02.98.05.10.91 - Ml : [email protected]

    Les difficults rencontres La frquence alatoire de leur venue, il est difficile de faire un travail suivi. Difficults d'apprentissage : tremblements, mmorisation, lenteur... Le repre-temps

    chez les populations prcaires est trs diffrent. Un RDV, a prend l'nergie d'une semaine. Donc la progression est trs lente.

    L'illettrisme : en gnral ils ne le disent pas, il y a une certaine honte. L'informatique c'est bien pour cela, il y a beaucoup de symboles, des commentaires sonores sur certains cdroms multimdia... c'est une aide pour se reprer.

    Alcoolisme : on a un contrat moral : dans chaque activit, ils ne peuvent venir que sils sont en tat...

    Epilepsie : je fais attention cela par rapport l'activit multimdia, on a plusieurs personnes pileptiques, je ne les mets pas sur les jeux, mais uniquement sur le traitement de texte.

    Problmes de comportement : les sautes d'humeur, ils viennent mais ils n'ont pas envie d'apprendre. Je sais que ce n'est pas ce jour l que je vais leur apprendre quelque chose, donc ils vont plutt faire des jeux, des tches qui demanderont moins d'efforts de concentration.

    Conseils aux animateurs Le dialogue de dpart est essentiel. Qu'est-ce qu'ils veulent faire ? Est-ce qu'ils veulent

    venir plusieurs fois ?... C'est indispensable de se mettre d'accord avec eux au dpart sur l'objectif vis (travail de fond ou superficiel) Sinon, tu te plantes tout le temps.

    Alterner travail et jeu. Il est important qu'il y ait des moments de travail, o ils produisent quelque chose, et puis des moments de dtente.

    Il faut des thmes de travail, sinon les gens s'essouflent, ne voient plus l'intrt et abandonnent. Il faut des thmes qui les intressent et qui aient du sens et de l'utilit dans leur vie quotidienne (ex : la cuisine, lhygine).

    Produire un rsultat. Imprimer son texte une relle valeur pour eux. Valoriser leurs russites. Ne pas hsiter leur faire remarquer les progrs qu'ils ont

    accompli. Ceux qui ont appris les premiers commencent transmettre aux autres. C'est trs valorisant pour eux. On arrive faire cela avec les groupes de ceux qui viennent rgulirement.

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  • Aller la rencontre des publics les plus loigns > Travailler et apprendre ensemble :

    Recycler des ordinateurs pour rinsrer des personnes Claude Virlojeux, Journaliste (ARTESI Ile-de-France)

    Tout homme est un homme Il est nickel comme une salle blanche, latelier qui accueille, avec ses deux laboratoires vitrs, son hall avec des ordinateurs blistriss bien rangs sur des palettes, sa salle de runion et son espace collectif daccs Internet, lassociation Travailler et Apprendre Ensemble (TAE) au confins de Noisy-le-Grand dans le 93 (Seine-Saint-Denis). Toutes les caractristiques dune petite entreprise innovante Pourtant, lentreprise nest pas tout fait comme les autres : dabord parce quelle est intgre au Chteau de France, au cur de la Cit de Promotion Familiale qui vit, en 1957, la cration de ce qui allait devenir le Mouvement ATD Quart-Monde. Ensuite, parce qu cet endroit, elle participe aux objectifs dun projet, qui au-del du simple relogement durgence, doit permettre aux familles les plus dmunies, dacqurir lautonomie pour pouvoir assurer leurs responsabilits dans lducation de leurs enfants, daccder un habitat normal et sinsrer dans la vie sociale et professionnelle. Comme le monde, les processus de rinsertion ont chang. Aujourdhui, ils sappuient sur la protection de lenvironnement, le dveloppement durable, les nouvelles technologies de linformation et de la communication. Dans le respect du temps de personnes longtemps loignes des contraintes professionnelles, les activits de production occupent de lordre des 2/3 du temps pass dans lentreprise, le reste du temps tant consacr au projet personnel de chacun et aux moyens de le mettre en uvre, ainsi qu une ncessaire convivialit (repas communs, jardin potager). La capacit de production de latelier est le reconditionnement de 1.200 ordinateurs par an. Une grande partie de ces ordinateurs est fournie par le premier partenaire de lassociation, la Mission Solidarit EDF qui, grce aux centaines de PC rforms chaque anne par la grande entreprise, a permis le dmarrage du projet et continue en assurer une partie non ngligeable du fonctionnement. Le site Internet et le bouche--oreille ont fait le reste pour complter lactivit de lentreprise, comme ils assurent la commercialisation des appareils recycls, au-del de ceux repris par EDF, auprs dassociations en mal dinformatique bon march, voir de particuliers assurs de trouver ici des machines propres et fonctionnelles. Mais la recherche de linclusion ne se limite pas aux comptences professionnelles, paradoxalement, la diffrence de nombres demploys de petites PMI-PME traditionnelles qui ne bnficient ni de formations, ni dusages de lInternet, les salaris de TAE, disposent leur sortie du dispositif, grce lespace collectif daccs Internet, des outils ncessaires leur intgration dans la socit numrique.

    Contact :

    Bruno Dulac Ml : [email protected] web : http://www.tae-asso.org/

    ATD Quart-Monde : http://www.atd-quartmonde.asso.fr/

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  • Aller la rencontre des publics les plus loigns > L'Internet de rue :

    Aller au-devant des familles les plus pauvres [Re]crer du lien social partir des TIC

    Une des rponses la fracture numrique est le dploiement de points d'accs publics numriques. Ceux-ci montrent leur limite lorsqu'il s'agit de toucher les familles les plus pauvres qui le plus souvent ne voient pas l'intrt de ces lieux et/ou s'en sentent exclues. Il faut dans ce cas avoir recours une dmarche individuelle en allant au-devant des personnes, souvent dans la rue.

    L'Internet de rue est une recherche-action, retenue dans le cadre de l'appel projets du Ministre de la Recherche, qui se propose :

    de valider la dmarche et le poste de travail itinrant (ordinateur, logiciels, et connexion lInternet).

    d'tablir les conditions de succs et de minimiser les risques d'checs afin de dgager des pistes pour sa reproduction.

    de collecter et de rfrencer des cas concrets sur un site Web francophone de rfrence sur lutilisation des TIC comme outil pouvant contribuer l'inclusion sociale.

    d'enquter auprs des points daccs publics pour rcolter expriences, histoires succs, checs dans laccompagnement de ces personnes.

    L'action se droule Paris et dans le Val d'Oise. Nous cherchons d'une part travailler en partenariat soit avec des institutions qui sont quipes en informatique, soit avec des personnes et groupes qui sont dj en lien avec des personnes en situation de grande pauvret. Au-del de faire connatre l'outil, ses possibilits, d'initier son fonctionnement ceux qui le dsirent (ce qui pour nous est d'abord une dmarche citoyenne), c'est aussi de permettre une expression publique des personnes qui en sont gnralement prives. Le projet en est ses dbuts, mais il est dj indniable que ces liens humains avec le support d'ordinateurs permet des personnes de se remettre en route, pour exercer leurs droits, obtenir des documents administratifs, btir des projets... Notre ambition est dassocier des familles en situation de grande pauvret la rflexion sur cet outil et daboutir la ralisation d'un document ouvrant le dialogue avec ces familles propos des TIC, de leurs usages et incluant les aspects techniques (quels matriels, quels logiciels), des points de repres pour russir, des erreurs viter, des propositions damlioration, en particulier de sites (services) publics.

    Contacts : Jean-Pierre Pinet (ATD Quart-Monde) Ml : [email protected]

    Bruno Oudet (IMAG Grenoble) - Ml : [email protected]

    Pour aller plus loin : Le blog du projet : http://reso.blogs.com/crealiens/

    Une Socit de la connaissance pour tous, contribution dATD quart-Monde au SMSI 2003 :

    http://www.atd-quartmonde.org/intern/wsis/SMSI-ATD-FR.pdf

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  • METTRE LUSAGER AU CENTRE DU PROJET > Il ne suffit pas que les gens utilisent, il faut faire en sorte qu'ils s'approprient

    Jean-Michel Cornu Directeur scientifique de la FING

    Lappropriation, cest trs diffrent de la simple utilisation. Sapproprier cela veut dire que lon va commencer modifier les choses, les prendre pour soi.

    Le premier niveau : limplication. Imaginons que je veuille minstaller dans un nouvelle maison. Pour que cela soit chez moi, je vais changer le papier peint. Je vais commencer transformer lobjet que jachte, pour ladapter mon usage. Cest la dfinition exacte du mot appropriation : transformer pour un certain usage.

    Si quelquun moffre un service, que je lutilise exactement comme prvu, sans ladapter mes besoins, je ne me le suis pas appropri. Le dtournement dusage, est quelque chose d'important, c'est le mcanisme mme de lappropriation. (ex : transformer le fond dcran de son ordinateur avec la photo de ses enfants).

    Le deuxime niveau : loutilisation Quand je transforme pour moi, cest bien, mais souvent la premire chose que recherche quelquun, cest la reconnaissance, une approbation sociale. Quand je reois quelque chose dun fournisseur, je peux ainsi lutiliser pour offrir un service aux autres. Si je reprend lhistoire de la maison, je ne vais pas simplement changer le papier peint pour que moi jy sois laise, mais je vais me servir de ma maison pour inviter les copains et faire une bonne fte. Donc ce moment l, jai utilis le produit ou le service, comme un outil pour faire quelque chose. Do la contraction dOutil et dUtilisation : ce qui donne Outilisation.

    Le troisime niveau : le co-dveloppement Cest le niveau le plus important dimplication : je connais l'objet que j'utilise , je sais de mieux en mieux comment je voudrais le transformer. Mais je voudrais le transformer la base, alors je vais participer au dveloppement. Je vais le co-dvelopper. Cest ce que lon trouve dans le logiciel libre par exemple. Dans mon exemple de maison, je prend un maon, je prends la truelle, je fais les plans, je co-dveloppe ma maison avec des professionnels et des copains qui viennent maider.

    Adoption > < appropriation Je peux pousser les gens adopter une produit ou service en faisant du marketing, mais je ne peux pas les forcer se lapproprier. Pour faciliter lappropriation des gens, je peux faire un produit qui est plus facilement dtournable, plus facilement personnalisable ou rutilisable

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  • pour en faire autre chose (ex : le SPIP pour publier en ligne). Eventuellement, si je veux aller encore un cran plus loin, je vais leur demander de co-dvelopper avec moi.

    Une des faons d'aider les gens sapproprier un produit ou service, cest qu'il soit souple et adaptable. La vrai question devient : Est-ce que la technologie ou le service que joffre va permettre des usages que je navais pas prvus au dpart ?

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    Implication, Outilisation et co-dveloppement dans un Espace public multimdia

    1er niveau : implication pour parvenir dfinir ses besoins propres Si je fais mon cours Le web et comment naviguer sur le web, le niveau dappropriation

    est quasi nul. Si par contre la personne qui vient est passionne par exemple par les

    champignons, on va travailler avec elle pour laider rechercher de linformation sur le web

    propos de sa passion. Donc a veut dire que lon a adapt mon enseignement du web,

    pour arriver suivre le cours, disons Les champignons sur le web. Dans ce cas, l'appro

    priation et l'assimilation sont trs rapides.

    2me niveau : loutilisation

    Je veux apprendre mon public publier sur Internet, Si je fais un simple cours de html,

    l'assimilation est longue. Si jaide la personne faire son site, que a soit sur son chat, sur

    son association ou encore sur la gnalogie de sa famille, alors le niveau dappropriation

    est trs fort.

    Il ne faut pas former au html, mais il faut former chaque personne crer son propre site

    web, son propre blog ou son propre wiki, par rapport ses propres besoins.

    3me niveau : le co-dveloppement Le co-dveloppement n'est pas forcment ncessaire pour tout le monde, mais si celui qui a t form pour faire son blog sur les champignons initie son tour dautres personnes, il devient co-dveloppeur de la formation elle-mme, pour former le gars qui lui veut faire un site sur son chat. Lusager qui devient formateur gagne encore plus que la personne forme, car il a un niveau dappropriation encore plus important.

    Lobjectif dun bon animateur dEPN, cest dtre un fainant, mais un fainant intelligent. Il doit juste faire en sorte que les gens sapproprient les choses et mettre en place la dynamique. Cela demande beaucoup dnergie quand mme, soyons clairs ! Mais il ne faut pas faire le travail, il faut aider les autres le faire.

  • METTRE LUSAGER AU CENTRE DU PROJET > Mettre en place une Charte de l'usager

    Chaque structure tant diffrente, il est conseill que chaque lieu d'accs public consacre du temps afin d'laborer sa propre charte de l'usager. Certains opteront pour un document trs dtaill de plusieurs pages ; d'autres choisiront peut-tre une approche minimaliste, en se contentant de quelques paragraphes.

    1- Associer les usagers l'criture de la charte Participer la dfinition d'une Charte de l'usager est une action ducative en soi, et dveloppera une meilleure appropriation des lieux de la part des personnes qui y ont particip.

    Organisez une soire ou une rencontre d'change avec les personnes concernes afin de dfinir les usages et les comportements acceptables ou non et de dterminer les procdures suivre en cas d'abus.

    Elaborer la Charte de lusager Pour chaque activit propose dans votre lieu daccs public Internet, dterminez sil sagit dune activit :activit :

    1. accepter simplement 2. limiter ou encadrer 3. encourager et dvelopper 4. interdire

    Afin de faciliter ce travail d'analyse, vous trouverez sur le site de CRATIF www.creatif-public.net, une liste d'activits propose titre d'exemple.

    2- Rendre la Charte accessible Il est important que le contenu de la Charte soit rendu accessible chacun des usagers, ce qui peut se faire de faons varies (affichage sur les murs, reproduction sur la carte d'adhsion remise lors de l'inscription, page d'accueil des navigateurs...). Il peut tre utile et pertinent de :

    traduire ce texte en diffrentes langues, pour les rsidents trangers... ou pour les touristes de passage !

    Raliser des affichettes synthtiques en faisant ressortir les principaux point-cls destination de diffrents publics : un pour les adultes, un pour les enfants.

    Demander ce que la personne signe un exemplaire pour s'engager la respecter.

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  • 3- S'assurer que les usagers comprennent ce qui est important On ne fait pas une Charte de l'Usager pour faire joli, mais parce quon respecte mieux les rgles, lorsqu'on en comprend le sens et l'utilit.

    Prenez le temps de vous asseoir quelques minutes avec les nouveaux usagers de votre espace et expliquez leur les principaux points de la Charte.

    Expliquer leur les raisons qui fondent certaines interdictions, par exemple la protection contre les virus informatiques ou le respect d'obligations lgales sur le droit d'auteur...

    4- Les usagers respectent-ils la charte ? Dans la majorit des cas, les usagers sont trs responsables et respectueux des rgles.

    Quelquefois, certains dbordements peuvent tre involontaires et dus une mauvaise

    matrise de l'outil (par exemple, on peut arriver accidentellement sur un site

    pornographique).

    Cependant, lorsqu'un problme est constat ou signal par d'autres usagers, il convient de

    ragir trs vite.

    5- Que fait-on lorsque certains bafouent dlibrment la Charte ?

    Discuter avec l'usager. Souvent un simple rappel l'ordre suffit. C'est le cas avec certains adolescents qui cherchent systmatiquement les limites et qui ont besoin de provoquer pour tester votre raction. Ce peut-tre l'occasion d'un acte ducatif, par exemple expliquer pourquoi l'accs certains salons de Chat est interdit et rappeler quelques rgles de base (ne jamais donner d'informations sur sa vritable identit, ne pas donner son numro de tlphone, ne jamais se rendre un RDV seul-e dans un lieu inconnu...)

    Dans le cas d'infractions rptes, une suspension temporaire du droit d'accs de la personne peut-tre dcide. Cette possibilit de sanction doit tre annonce dans la Charte, afin de ne pas paratre arbitraire. Impliquer le comit d'usagers de votre structure, lorsqu'il existe, donnera plus de poids la sanction.

    Dans des cas extrmes, heureusement forts rares (actes illgaux commis de faon volontaire), il vous faudra contacter les services de Police.

    A viter : fermer l'accs tous sous prtexte que quelques-uns ont des comportements incontrlables.

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    6- Rviser la Charte Votre Charte de l'usager n'est pas faite pour tre grave dans la pierre. Elle doit tre revue et adapte rgulirement.

    Datez votre Charte et prvoyez une priodicit de mise jour.

    Source : ces conseils sont inspirs d'un guide de bonnes pratiques ralis dans le cadre du programme britannique d'accs publics aux TIC Uk Online Safety pack : Implementing an Acceptable Use Policy http://safety.ngfl.gv.uk/ukonline/

    Lutilit prcde lusage

    Philippe Mallein, sociologue du CNRS lUniversit Pierre Mends France de Grenoble, a dvelopp une mthode pour valuer lacceptabilit sociale dune innovation : elle permet dexpliquer pourquoi et comment les utilisateurs vont accepter ou non linnovation dans leur vie quotidienne. Pour quune personne adopte facilement un objet technologique , il faut : 1. quil ait du sens pour elle, que son utilisation soit perue comme positive, 2. quil lui soit utile dans ses activits habituelles, 3. quil soit facilement utilisable, que son usage soit facile comprendre, 4. quil prsente une valeur ajoute conomique relle.

    Dvelopper les usages des TIC auprs de certaines populations, suppose que chacun puisse trouver du sens et de lutilit, ainsi quun relle valeur ajoute en investissant du temps et de largent dans la pratique de ces outils.

    Pour aller plus loin :

    "Ces objets qui communiquent", la direction de Philippe Mallein et Gilles Privat, Les cahiers du

    numrique, N4 2002 Edition Lavoisier.

    Laboratoire LUCEhttp://www.msh-alpes.prd.fr/luce/

    France Qualit Publique, La participation des usagers/clients/citoyens au service public, La

    Documentation Francaise, 2004 132 p.http://www.qualite-publique.org/livrefqp.html

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  • METTRE LUSAGER AU CENTRE DU PROJET > MiNiNeT & Troc'Matic BelleVille

    Faciliter l'appropriation des TIC, c'est, une fois pass le stade de l'initiation dans l'Espace Public Numrique, permettre au public de continuer pratiquer chez eux. A BelleVille, on exprimente des solutions originales pour les petits budgets

    Dimanche 2 mai 2004, les habitants du quartier BelleVille dans le 19e arrondissement de Paris, ont pu dcouvrir un Vide-Grenier pas comme les autres. Il s'agissait de la premire dition du Troc'Matic, organis par le Centre Social BelleVille et son Espace Public Numrique. Mieux qu'une brocante o l'on trouverait du matriel d'occasion, ici on fait du troc, du troc numrique, entre citoyens ! Pas moins de 120 quipements de rcupration ont t apportes par les bnvoles du Centre Social et proposes gratuitement, avec conseils et explications la cl. Le Troc'Matic suivant se tient, au mme endroit, le 1er mai 2005.

    Autre ide mise en uvre par l'EPN, avec un partenariat avec des entreprises, des collectivits locales et territoriales et d'autres associations, la conception et la ralisation d'un point d'accs fonctions simplifies (pas de disque dur, on utilise une cl USB, du logiciel libre) permettant d'accder Internet et de faire de la bureautique. Equip de ce MiNiNeT, les habitants d'un immeuble peuvent partager un seul et mme accs ADSL, grce une liaison Wi-Fi. A environ 300 le poste, plus les conomies ralises sur l'abonnement mutualis, voil une ide pour les petits budgets ! Mais attention, ce n'est pas un ordinateur bon march... c'est un point d'accs au numrique et au net avec les fonctions basiques de la bureautique pour des utilisateurs dont le temps numrique est modeste. Les jeux, les vidos, les tlchargements qui ncessitent des configurations muscles se feront difficilement sur MiNiNeT.

    Contact : Dominique Dardel, LISCRED c/o Centre Social BelleVille 17 rue Jules Romains 75019 Paris Tl : 0 140 030 882 - Ml : [email protected] Troc'Matic : http://trocmatic.crao.net MiNiNeT : http://igenerator.net/index.php/MiniNet

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  • METTRE LUSAGER AU CENTRE DU PROJET > Dveloppons le pouvoir d'agir des habitants

    Manu Bodinier Dlgu (Union Rhne-Alpes des Centres Sociaux)

    Dans les Centres sociaux, on n'est pas vendeurs d'ordinateurs ou d'Internet Notre cur de projet, c'est la capacit des gens tre acteurs et auteurs de leur vie, individuellement et collectivement. Ce qui nous importe, c'est que les personnes puissent matriser ces technologies pour les fins qu'elles se sont assignes. A partir du moment o on veut seulement dvelopper une technologie, on ne rpond pas un besoin dmocratique. Les Centres sociaux fondent leur projet sur l'intrt des habitants, pas sur celui des commerants.

    Les TIC pour dvelopper la Citoyennet Une manire de dfinir la Citoyennet, c'est la capacit avoir des droits, des devoirs et du pouvoir. Il me semble que le dveloppement du pouvoir d'agir des gens, c'est le fondement d'une politique de dveloppement social. Si les gens ont du pouvoir, il peuvent accder, demander, ou faire adopter un certain nombre de droits. Le dveloppement du pouvoir d'agir, se fonde sur une certaine ide de la dmocratie, o les populations ont du pouvoir pour changer leurs vies.

    Ne pas traiter les acteurs en dehors de leur contexte, ne pas traiter les contextes sans les acteurs Pour dvelopper le pouvoir d'agir des personnes, l'intervenant doit prendre en considration des acteurs dans un contexte donn. Prenons deux contextes diffrents. Si l'objectif de l'intervenant est de dvelopper la capacit des personnes utiliser les TIC :

    Pour une personne sur une le dserte, c'est dire sans rseau de sociabilit, le problme va tre sa connaissance et son autonomie personnelle vis vis des outils TIC.

    Si on considre une personne dans sa communaut ou dans sa famille, la connaissance des outils ne sera pas forcment un problme pour cette personne. Si elle a dans son rseau familial ou social, un certain nombre de gens qui savent utiliser les TIC, son manque de connaissance ne fait plus problme. L'intervenant doit alors reconsidrer l'objet de son intervention en fonction de l'intrt de la personne et du groupe.

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  • La prise en compte de la dfinition du problme par la personne elle-mme Le problme n'est pas tant l'existence d'un foss numrique mais : qui dfinit qu'il y a un foss numrique combler ? Bien sr, partir du moment o une personne exprime un sentiment d'exclusion des TIC, il faut rpondre cette demande l. Mais l'ide gnrale et universelle d'un foss numrique dans la population, pour moi c'est un mythe. Il faut donner un certain nombre d'associations ou d'institutions les moyens de rpondre des demandes individuelles et/ou collectives contextualises. Et ces rponses l doivent tre coconstruites avec les personnes. Par exemple, on peut rpondre une demande par la formation de la personne mais aussi en mettant en lien cette personne avec quelqu'un qui est dj trs connect qui peut tre son voisin, son cousin ou tout autre personne qui va aller lui chercher ses mails toutes les semaines, lui chercher des informations quand elle en demande.

    Passer d'une animation de boutique une animation du territoire Une autre manire de prendre en compte le contexte dans l'intervention sociale c'est d'largir le champ du problme en passant d'une offre de boutique l'animation d'une question de territoire. Caricaturons : il y a deux manires d'animer un espace multimdia et l'une me semble moins riche que l'autre :

    D'un ct, entretenir le besoin d'un public et sa dpendance vis vis des technologies et de l'espace multimdia de la structure.

    De l'autre, accompagner des personnes dans leurs projets pour crer du lien et du sens, pour dvelopper la capacit se mobiliser et s'organiser sur un territoire.

    L'animateur multimdia pourrait considrer son espace d'intervention hors de la salle multimdia dont il est responsable et devenir animateur de la question du multimdia sur son territoire dans un sens qui permettent aux personnes d'exercer un plus grand pouvoir sur les outils de la socit moderne :

    Essayer de reprer quels sont les groupes sociaux qui expriment une demande de matrise des outils TIC ;

    Reprer des personnes-ressources sur le territoire capables de dvelopper des usages coopratifs avec les TIC autour d'eux.

    Organiser et animer un espace de rencontre et de frottement entre ces personnes et ces groupes sociaux.

    Mais attention, si le projet de dveloppement social n'est pas port politiquement par le CA et la direction du Centre social, l'animateur multimdia ne fera rien

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  • METTRE LUSAGER AU CENTRE DU PROJET > Multimdia & Prvention routire

    Au Centre social et culturel des Fosss-Jean Colombes (92), l'objectif est de favoriser l'accs des habitants aux TIC en mettant celles-ci au service d'actions ducatives. Notamment la prvention routire.

    Tout a dbut suite un accident mortel d'un jeune du quartier. a n'tait pas le premier

    accident, mais l'accident de trop ; et les adolescents taient bouleverss , raconte Carole

    Hayat, animatrice Jeunes au Centre social et culturel des Fosss-Jean.

    Le Centre social a alors dcid de mener une action sur la prvention routire. Mais comment,

    face un constat rcurrent (inconscience de certains jeunes qu'on voyait filer sans casque

    sur leurs scooters et brler les feux rouges), obtenir une relle prise de conscience par les

    jeunes de 12/15 ans du quartier, des dangers qu'ils encourraient ?

    Aprs mres rflexions, un cdrom nous a sembl tre le bon support pour donner corps

    ce travail et lui assurer l'impact voulu.

    Pendant les vacances de printemps, une quinzaine de jeunes se sont investis dans l'aventure.

    Le travail a commenc par un calage du projet (changes par ml), puis un travail de recherche

    et de documentation (via Internet, ou dans les manuels de Code de la route...) : signification

    des divers panneaux de signalisation (interdictions, obligations...) ; droits et devoirs (pour les

    pitons, personnes en rollers, cyclistes, motocyclistes, automobilistes) ; pnalits encourues.

    Enfin, en fonction de tmoignages et d'un bilan de la police, nous avons recens les diffrents

    points noirs du quartier, nous dplaant chaque fois pour prendre des photos et essayer

    de comprendre la raison du danger (manque de visibilit, manque de feu...).

    La mise en forme du cdrom a t faite sur Powerpoint par les jeunes. Un jeu des sept

    erreurs a t rajout pour faciliter l'appropriation des rgles.

    Le cdrom a servi de support au cours d'alphabtisation. Les remarques faites ont permis

    des amliorations.

    Plusieurs prsentations publiques ont ensuite eu lieu. Notamment le 25 mai 2002, au centre

    administratif du centre ville (ouvert tous), dans le cadre de la Journe du Jeu. Mais aussi

    des prsentations dans le rseau des autres centres sociaux du dpartement, qui ont ainsi

    relay notre initiative. Nous avons galement pu bnficier d'un petit article dans le Nouvel

    Observateur.

    Plus concrtement, au niveau du quartier, des propositions ont t communiques au service de

    la voirie de la ville (rajout de dos d'ne, construction d'un rond point...), dont certaines ont

    abouti.

    Ce projet spcifique, a reu le soutient de Ville, Vie, Vacances du Conseil Gnral.

    REM : Propos recueillis par Lina Peral - Extrait de la revue des Centres sociaux Ouvertures, N71 mars 2003, Dossier Usages sociaux du multimdia.

    Contact : Carole Hayat, Animatrice - Centre social et culturel des Fosss-Jean Colombes (92) Tl. : 01 42 42 86 76 Ml : [email protected] - Web : http://csc-fossesjean.com

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    METTRE LUSAGER AU CENTRE DU PROJET > Migrants crateurs de dialogue

    Une vritable galit inclut le mme droit pour tous de vivre diffremment.

    Deux sociologues espagnols ont observ et analys le fonctionnement d'un Cybercentre associatif, le Point informatique Agora Barcelone, et dgagent les facteurs de russite d'un tel lieu pour les populations migrantes. Il s'agit de :

    Un lieu d'changes interculturels : des espaces o participent des personnes du monde entier, de toutes cultures, langues et religions. Des situations de cohabitation positives qui permettent de construire des liens.

    Une personne (...), qui dans un autre contexte aurait refus la venue d'arabes, remercie le marocain qui l'aide trouver une page web qu'elle ne trouvait pas.

    Un lieu de dialogue galitaire : les animateurs et les participants s'apprennent mutuellement des choses. Les apports de chaque personne sont pris en compte pour leur pertinence et non en fonction du statut qu'occupe la personne.

    Un lieu de participation solidaire : un climat d'aide rciproque, des relations bases sur l'change de savoirs.

    Source :

    Ramn Flecha et Francisco Fernndez Palomares, Migrants crateurs de dialogue informatique, in

    Migrants.com, Revue Hommes & migrations, N1240, nov-dc 2002, ADRI. http://www.adri.fr/hm/

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    Les principaux usages des migrants

    Outil de communication avec la famille et les amis lointains rests au pays d'origine, ou migrs eux aussi dans d'autres villes, d'autres pays.

    Outil de renforcement identitaire Comme dit l'adage On ne peut pas savoir o l'on va, si l'on ne sait pas d'o l'on vient.

    lire dans sa langue suivre l'actualit de son pays d'origine militantisme politique (ex : cas des exils politiques) mdias lectroniques qui contrebalancent l'absence de modles de russite ethniques

    dans les mdias dominants du pays d'accueil.

    Outil d'intgration infos spciales migrants : questions juridiques et administratives spcifiques, accs l'emploi

    et au logement. Accs aux offres commerciales cibles (commerce ethniques : alimentation, voyages,

    mariages et ftes traditionnelles...)

  • METTRE LUSAGER AU CENTRE DU PROJET > Les tlboutiques de Chteau-Rouge (Paris 18me)

    Le quartier de Chteau-Rouge dans le XVIIIme arrondissement parisien est clbre pour son march africain. Cette zone commerciale attire chaque fin de semaine, des dizaines de milliers de personnes, venant faire leurs achats dans les boucheries Hallal, les commerces de fruits et lgumes tropicaux, boutiques textile, ...

    Un modle emprunt aux Pays du Sud Les premires boutiques de tlphonie internationale prix rduit ou tlboutiques se sont cres en 1996, suite la drglementation des tlcommunications. En 2001, s'organisent les premires Cyberboutiques, proposant en plus l'accs l'Internet. Elles prennent modle sur les tlcentres africains apparus un an plus tt, au Cameroun ou au Sngal. Le matriel tlphonique, les ordinateurs parfois, sont enferms dans des cabines de bois aux portes perces de fentres dans lesquelles les clients s'enferment souvent plusieurs.

    Ce modle d'accs collectif qui nous vient des pays du Sud, se distingue nettement des cybercafs ou des Espaces Publics Numriques :

    La tl ou cyber boutique relve exclusivement du secteur marchand. Elle propose un ensemble de services : photocopies, scan, photographie, fax, tlphone

    factur la dure, cartes de forfaits d'appels... et accs Internet. Elle peut-tre associe une autre activit commerciale : salon de coiffure, commerce de

    tissus, d'objets imports, de cassettes vidos indiennes ou africaines mais jamais associe un caf !

    Un bouquet de services destins aux migrants Aujourd'hui, ces boutiques continuent de se multiplier, Paris comme en province, dans les zones de commerce ethnique frquentes par une clientle issue de l'immigration :

    les commerants recrent un environnement familier aux migrants africains, pour attirer la clientle immigre. Ils tiennent compte de la culture des clients (ex : forfaits tlphoniques spciaux pour le Ramadan ou l'Ad).

    des services associs adapts sont proposs : traductions en diverses langues, aide la rdaction de mail ou d'actes administratifs, assurances... L'implantation, proximit de services de fret, ou d'agences de voyages est frquente.

    Source : SCOPSI Claire, Reprsentation des TIC et multiterritorialit : le cas des tl et cyber boutiques de Chteau-Rouge Paris, in Technologies de la communication et mondialisation en Afrique, Annie Chneau-Loquay (dir.), Paris, Karthala MSHA, Aot 2004, 13 p. http://www.africanti.org/resultats/colloque2003/Communications/SCOPSI32.pdf

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  • DES TERRITOIRES SE MOBILISENT > Le programme INSERTION.EMPLOI.NET

    Anne-Claire DUBREUIL Charge de mission (Conseil Gnral du Lot)

    Le Conseil Gnral du Lot (160 000 hab.) est engag depuis octobre 2001, aux cts de 30 partenaires trs divers (ANPE, organismes de formation, associations, centres sociaux, collectivits, tablissements mdico-sociaux) dans un ambitieux programme europen EQUAL qui vise l'accs pour tous aux TIC.

    Le public cible du programme est constitu de bnficiaires de minima sociaux, de travailleurs handicaps, de salaris fragiliss dans leur emploi par la mconnaissance des TIC, de demandeurs d'emploi, de jeunes sans qualification

    Des runions l'chelle des 5 Pays du Lot ont t organises afin de faire merger les projets. Il s'agissait de construire avec tous les partenaires une vision commune de la question et de construire collectivement les axes du programme :

    Mettre en rseau et professionnaliser les acteurs, Prendre en compte un territoire rural, Identifier les comptences requises pour accder ou se maintenir dans l'emploi, Pallier certains handicaps.

    A l'issue de ce programme (40 actions - 905.000 du FSE) : Plus de 57 EPM existent dont 22 EPM sont ns du programme. Une formation auprs des animateurs EPM a t conduite sur l'accueil, la mthodologie

    de projet, la connaissance des divers publics d'o est n le rseau des animateurs du Lot qui ont tous adhr la Charte qualit des EPM.

    Plus de 1.500 personnes ont bnfici des actions d'initiation mise en place. La Chambre des Mtiers a conduit une action de formation des artisans. Tout le rseau des animateurs d'EPM a bnfici d'une formation par l'ANPE. Une association regroupant tous les tablissements mdico-sociaux du Lot est ne, ntic-lot-h,

    pour promouvoir et diffuser les TIC auprs des personnes handicapes. La Mission locale a conduit 3 actions d'insertion ayant comme support la ralisation de

    reportages avec des camras numriques. Un chquier Ssame Multimdia a permis a 100 personnes de s'ouvrir aux TIC ou d'acqurir

    des consommables. Le ticket-net (module de sensibilisation de 20h formalis et valid) a t cre et sera

    bientt diffus dans tous les EPM.

    Contacts : Tl : 05.65.53.22.70 Ml : [email protected] web : http://www.lot.fr

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  • -DES TERRITOIRES SE MOBILISENT > Ssame Multimdia

    Un chquier qui ouvre des portes Katalin Kolosy, Agence Lotoise de Dveloppement

    Dans le cadre du programme insertion-emploi.net, lAgence Lotoise de Dveloppement a conduit lexprimentation dun chquier facilitant laccs du multimdia aux publics qui en sont les plus loigns. Il sagit de mettre disposition des sans claviers un soutien financier leur permettant de frquenter les Espaces Publics Numriques, d'acheter du matriel ou des consommables - petits logiciels, encre d'imprimante, etc.

    Baptis SESAME MULTIMEDIA, ce projet est un outil de travail coopratif pour lutter, de manire concrte, contre la fracture numrique.

    La phase principale de lexprimentation a consist mettre en circulation 300 chquiers contenant 10 chques dune valeur de 5 chacun, auprs dun

    premier chantillon de personnes, repres via un rseau de travailleurs sociaux relayant lopration. Lutilisateur achte le chquier 5 (10% de sa valeur), les prestataires contribuent hauteur de 10%, les 80% restant, tant financs par les partenaires publics et privs.

    Contacts : Katalin Kolosy -Tl : 05.65.53.23.50 Ml : [email protected] - web: www.infolot.net Le rapport de cette exprimentation est disponible en ligne http://www.infolot.net/donwload/Etude_SESAME.pdf

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    La Cyberbase de Cre et Dordogne Une seconde phase de lexprimentation sest concentre sur un chantillon de 150 utilisateurs salaris dentreprises qui ont pu acheter un chque de 15 via le Comit dEntreprise, afin de lutiliser dans la Cyberbase de Biars-sur-Cre, partenaire du projet.

    Cette opration a permis la Cyberbase, ouverte depuis quelques mois seulement, dtablir des contacts avec les salaris de deux grosses entreprises du secteur, dont aucun navait encore franchi la porte de ce nouvel EPN. Une animatrice de la Cyberbase est venue rencontrer les responsables des C.E. et des amnagements dans le planning danimation ont t effectus afin daccueillir au mieux les ouvriers de production de ces entreprises. Ainsi, les salaris de Manucre qui font la semaine de 4 jours, ont bnfici de crneaux prioritaires le vendredi matin.

    Contacts : Cyberbase de Biars-sur-Cre, Centre culturel Robert Doisneau Nathalie Demarquay Tl : 05 65 39 71 58 Ml : [email protected]

  • DES TERRITOIRES SE MOBILISENT > LInternet sur roulettes : Une spcialit m@ison

    Jacques Houdremont, Directeur (La M@ison - Grigny 69)

    La M@ison (de la formation et des TIC) sest construite une solide rputation de dveloppement de ses actions dans la proximit. Grce une unit mobile wifi, elle intervient en appartement, dans les diverses initiatives locales pour dvelopper des projets de sensibilisation aux usages de lInternet et du multimdia.

    Des animations dans la proximit : Pourquoi ? Cette ide est ne dans le cadre de la dmarche participative mise en oeuvre pour laborer le plan de dveloppement TIC. Elle part du principe quil ne suffit pas douvrir des espaces publics numriques pour que les gens y viennent spontanment. Fort de lexprience des bibliothques de rue inities Givors et Grigny par ATD quart Monde, les acteurs du plan se sont dit quil fallait engager la mme dmarche concernant la sensibilisation aux usages de lInternet et du multimdia. En juin 2003, la Communaut de Communes Rhne-Sud investit donc dans une unit mobile wifi compose de 6 ordinateurs et dune imprimante, le tout reli en wifi et conditionn dans un caisson mont sur roulettes pouvant entrer dans un petit vhicule. En juin 2004, grce une convention de partenariat avec lagence professionnelle de France Tlcom Lyon, ce dispositif sera dot en plus dune antenne parabolique bi-directionnelle permettant une connexion Internet via satellite en tout point.

    Les animations en appartement Le principe est simple, un habitant invite chez lui des amis, des voisins ou de la famille pour participer une sance de sensibilisation aux usages. Aprs un change sur les proccupations des divers participants, la sance dbute domicile permettant daborder les usages en fonction des attentes exprimes

    Sensibilisation dans les structures et plus value technologique aux initiatives locales Grce cette unit mobile, la M@ison est en capacit de rpondre aux sollicitations qui lui sont faites pour apporter une plus value technologique aux contenus des diverses initiatives culturelles, de solidarit ou encore sportives. La M@ison a pu ainsi se rendre sur le foyer du troisime ge, appuyer lorganisation du cross intercommunal, crer un site web avec les habitants dun quartier

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  • Lintrt des Espaces publics numriques Si la mobilit permet daller auprs des citoyens pour imaginer et dvelopper avec eux les usages, elle est ncessairement limite. Les Espaces publics numriques sont ncessaires, voir incontournables, pour se former, accder rgulirement loutil, dvelopper des usages. Ce sont plus de 190 personnes, touches directement ou indirectement par les actions de proximit qui ont particip aux sances dinitiations approfondies. Elles ont aussi formalis des groupes de travail autour du logiciel libre, ou du portail de solidarit ou encore autour des actions culturelles.

    Le portage politique et le rseau dacteurs : une dimension essentielle. Lensemble de la dmarche, de la mise en oeuvre des actions, ne serait possible sans un portage politique fort, et un rseau dacteurs motivs par le fait quInternet est et doit rester un bien commun, donc un bien construire conjointement. Par laccs au matriel, la formation, tout citoyen doit pouvoir participer cette oeuvre collective.

    Contact : Tl : 04 37 20 20 69 Ml : [email protected] http://www.tic-rhonesud.com

    Le train passait sans sarrter et je restais sur le quai Monsieur Boisson, usager de la M@ison

    Jai suivi une initiation linformatique au Centre social des Vernes Givors que jai beaucoup apprcie. Jai pris contact avec lquipe de la M@ison Grigny ds son ouverture et jai demand participer une formation Internet. Si je me suis inscrit dans cette dmarche, cest que demble jai t enthousiaste par laccueil et lesprit militant de cette quipe qui veut rendre accessible Internet tout le monde, par la mutualisation des connaissances et des gnrations. Dans cette aventure jy ai entran mon pouse. A la fin janvier, jai convi des voisins et amis chez nous et Guy, un des animateurs, est venu avec lunit mobile faire une dmonstration Internet. Que dire de plus, cest lapport des connaissances domicile, aprs cest chacun daller plus loin. Je ne suis pas n avec linformatique et javais la pnible impression dhabiter une grande ville avec une belle gare, seulement le train passait sans sarrter et je restais sur le quai. Je pense sincrement que les adultes dun certain ge doivent faire leffort de sinitier Internet. Ceux qui ne lauront pas fait risquent dtre comme les analphabtes daujourdhui. Que cela nous plaise ou pas, dans peu de temps pour avoir un renseignement administratif ou autre, jai peur que nous nayons pas dautre choix que lInternet.

    Tmoignage extrait du site http://www.tic-rhonesud.com/new/article.php3?id_article=63

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  • DES TERRITOIRES SE MOBILISENT > Prendre ses distances avec lillettrisme

    Stphanie Lucien-Brun Chef de projet Centre de ressources ICOM (Handicap International)

    En matire de lutte contre l'illettrisme, la rgion Nord-Pas-de-Calais a t l'initiative d'une exprience de Formation Ouverte A Distance pour les personnes en situation d'illettrisme. Port par un rseau rgional d'acteurs de la formation, des entreprises prives et des collectivits, il a permis de valider, entre 1999 et 2001, un ensemble de pistes de travail afin de dboucher sur une gnralisation de ce dispositif. Pour Vronique Eberl, charge de mission illettrisme au C2RP (Centre Rgional de Ressources Pdagogiques et de dveloppement de la Qualit), le projet a prouv l'intrt de l'utilisation des TIC avec des publics en situation d'illettrisme. Les principaux apports de cette exprience pour les personnes concernes sont :

    la valorisation des actes de formation sur des savoirs de base par cette nouvelle approche, la valorisation des personnes du fait de l'usage des TIC.

    Les enseignements qui ont pu tre tirs pour les professionnels : la ncessit de produire des contenus adapts, la ncessit de faire voluer les interfaces d'accs en combinant son et images, le rle essentiel du travail en groupe et de l'accompagnement individuel.

    Dans le nouveau projet qui voit le jour, la demande de l'Etat et de la Rgion, l'accent va tre renforc notamment, sur la production de supports pdagogiques. Un des objectifs est de permettre au maximum de points d'accs, dont les Cyber-centres, de devenir Points d'information et d'accs la formation distance, y compris avec les publics en situation d'illettrisme. Les animateurs bnficieront d'une sensibilisation sur ce thme et de la logistique permettant de tirer partie du dispositif existant, en matire de mise en rseau d'acteurs.

    Le site du projet FOAD-illettrisme prsente de nombreuses interviews vido de participants au projet http://foad.univ-lille1.fr/seb/index.html Contact : Vronique Eberl, C2RP web : http://www.c2rp.fr/decouv_localis/mission.php?mission_id=3#

    -

    L'illettrisme en augmentation depuis 1995 10 14 % de personnes en situation d'illettrisme en France parmi les 18 65 ans (7 10 %

    parmi les personnes ayant appris lire en franais). Les hommes sont plus souvent en difficult que les femmes. Les personnes ges plus touches que les plus jeunes : 13 20 % pour les 50-65 ans contre

    3-8 % pour les moins de 30 ans. Sources : Enqute sur l'information et la vie quotidienne, Nov. 2002, Cit par ANLCI.

    L'illettrisme renforce l'exclusion sociale Plus de 30 % d'illettrs dans la population des bnficiaires du RMI, plus de 20 % dans la population carcrale, plus de 25 % chez les jeunes de la PJJ. Si l'illettrisme ne conduit pas ncessairement l'exclusion, il en interdit souvent les portes sortie.

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  • Repres sur > La pauvret et l'exclusion

    A propos de pauvret En 2001, la France comptait 3,5 millions de personnes pauvres (6 7 % des mnages),

    selon le mode de calcul du seuil de pauvret adopt par l'INSEE, et 7,1 millions selon les normes appliques dans les autres pays europens !

    Pour tre au dessus du seuil de pauvret, un couple avec enfants doit disposer d'un emploi temps plein au Smic et d'un temps partiel.

    Sources : Observatoire national de la pauvret et de l'exclusion sociale - Rapport 2003-2004 Les enfants pauvres en France - rapport du CERC - 2004

    A propos d'exclusion Diffrences ou ingalits ? Observer des carts entre sous-groupes de la population est une chose, savoir si ces carts se traduisent dj ou vont se traduire par de nouvelles ingalits est une autre chose () La fracture numrique ne se mesure pas au nombre de connects Internet, mais aux effets simultans de la connexion des uns et de la non-connexion des autres. () Il faut s'intresser non pas aux carts, mais aux effets discriminatoires (dus au non-accs Internet). [VALENDUC, VENDRAMIN - 2004]

    Exclusion et inclusion L'exclusion est un processus social qui s'enracine dans des ingalits et qui conduit la marginalisation d'individus ou de groupes par rapport certains objectifs de la socit. L'exclusion se dfinit par rapport un objectif : ici, il s'agit du processus d'exclusion par rapport au dveloppement de la socit de l'information. L'inclusion est galement un processus social, dtermin par un objectif atteindre. Ce n'est pas seulement le contraire de l'exclusion. Le processus d'inclusion sociale comporte trois dimensions indissociables :

    surmonter les obstacles dus aux ingalits, afin d'viter l'exclusion ; exploiter les opportunits offertes par l'objectif socital atteindre, de faon rduire

    les ingalits existantes et amliorer la qualit de la vie ; favoriser l'implication dans les transformations sociales, amliorer l'expression indi

    viduelle et collective, l'engagement citoyen et la participation dmocratique. [VALENDUC, VENDRAMIN - 2004]

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  • Repres sur > Laccs public en chiffres

    Un internaute sur cinq frquente les lieux d'accs publics Internet... 5 % des franais dclarent avoir frquent un lieu d'accs public Internet au cours des quatre dernires semaines, ce qui reprsente un internaute sur cinq (SIBIS 2002). Les deux-tiers des usagers des lieux publics ont dj accs par ailleurs Internet (CREDOC 2003). Parmi les non-connects, moins d'une personne sur cinq connat l'existence d'accs dans des lieux publics (au lieu d'une personne sur trois pour les autres). (INSEE Premire juin 2002)

    ... Seuls et diplms, ils cherchent un emploi Selon les donnes d'une valuation des Points d'accs publics Brest en 2004 : - Un usager sur deux vit seul. - Les trois-quart des usagers sont bacheliers. - Les tudiants et scolaires reprsentent un tiers des usagers. - Les demandeurs d'emploi reprsentent un quart des usagers, 56 % d'entre eux sont diplms de l'enseignement suprieur, 31 % ont un niveau Bac+4 ou plus. - La moiti des usagers viennent pour une recherche d'emploi.

    [Source : Les europens et la e-inclusion Eurobarometre 55.2 - Printemps 2001]

    Ce qui encouragerait les non-internautes utiliser un lieu daccs public :

    Rien

    Si laccs internet y tait gratuit

    Si ctait proche de chez moi

    Si je pouvais avoir une formation ou de laide pour utiliser internet

    Si ctait disponible dans les bibliothques

    Si ctait disponible dans un btiment de ladministration publique

    Sil y a avait assez de point daccs pour tout le monde

    Si ctait disponible des horaires qui me conviennent

    Si ctait disponible dans des centres de loisir

    Interrogs sur ce qui pourrait les encourager utiliser un Point daccs public Internet, les non-utilisateurs placent en tte :

    la gratuit (pour une personne sur 4) la proximit (pour une personne sur 6) la disponibilit dune assistance humaine (pour une personne sur 8)

    Mais pour 40 % des non-utilisateurs dinternet, le rejet est formel, rien ne pourrait les encourager utiliser un lieu daccs public internet !

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  • R e m e r c i e m e n t s

    A la Caisse des Dpts et Consignations et plus particulirement Sophie Bernay (DNTIC).

    Aux membres du Comit de rdaction : Anne-Claire Dubreuil (CG Lot), Katalin Kolosy

    (Agence Lotoise de Dveloppement), Elisabeth Le Faucheur-Joncour (Ville de Brest),

    Stphanie Lucien-Brun (Handicap International Centre Icom), Lina Pral (Fdration

    des Centres sociaux de France), Marie-Lise Simon (ARDESI), Michel Briand (CRATIF),

    Pierre-Louis Carrolaggi (Greta du Velay), Christian Delluc (consultant), Jacques

    Houdremont (M@ison de Grigny), Claude Virlojeux (ARTESI).

    A toute l'quipe d'organisation du Forum des Usages Coopratifs de Brest et plus par

    ticulirement : Florence Morvan et Frdric Bergot.

    A l'quipe d'ATD-Quart Monde et plus particulirement : Jean-Pierre Pinet, Bruno

    Dulac, Gwenal Navarette.

    Aux membres de CRATIF et plus particulirement : Jean-Claude Bournez, Franck

    Briand, Yannick Landais.

    Aux porteurs de projets ou personnes interviewes : M. et Mme Boisson (usagers de la

    M@ison), Vronique Eberl (C2RP), Nathalie Lareur (AGHEB Brest), Manu Bodinier

    (Centres sociaux de Rhne-Alpes), Jean-Michel Cornu (FING), Dominique Dardel (CS

    BelleVille), Bruno Oudet (IMAG).

    Aux contributeurs dont les textes n'ont finalement pas t intgrs dans cette version

    papier : Isabelle Verbruggen (Rgion Nord-Pas-de-Calais), Michel Elie (OUI), Bruno

    Garcia (animateurmultimedia.free.fr), Ral Montero (webtrotteurs de quartier).

    Aux auteurs qui m'ont inspir : Dana Diminescu,Claire Scopsi, Patricia Vendramin,

    Rgis Bigot, Yves Lasfargue, Philippe Mallein, Antoine de Saint-Exupry, Bertrand

    Schwartz, Grard Valenduc, Mark Warschauer.

    A Armande Gerber (L'YEUX) qui a cr la maquette et ralis la mise en page.

    et tous ceux que j'ai malencontreusement oublis !

    Crdits photos : ATD Quart-Monde, Communaut de communes Rhne-Sud, Ville de

    Brest, CS BelleVille, URACS, USAID Guinea, CRATIF.

  • Chaque progrs nous a chasss un peu plus loin hors

    d'habitudes que nous avions peine acquises et nous

    sommes vritablement des migrants qui n'ont pas fond

    encore leur patrie ; il nous faut rendre vivante cette maison

    neuve qui n'a pas encore de visage.

    Antoine de SAINT-EXUPERY, Terre des hommes, Paris, Gallimard, 1939.

    Ce cahier de partage d'expriences, n'est pas un livre de recettes. Nous l'avons imagin comme un espace

    d'change et de questionnement propice faire progresser les pratiques professionnelles des responsables et

    animateurs de lieux d'accs publics au multimdia et Internet. Il a pu tre ralis grce au soutien financier

    de la Caisse des Dpts et Consignations.

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    ACCESSIBILITE POUR TOUS AUX TIC : comment toucher et intresser les publics les plus loigns ?page1- Couverturepage36 - Dos couverturepage2- "Dix moi comment faire"Le rseau CRATIF

    3 -SOMMAIREENJEUX ET PROBLMATIQUE4- Internet pour tous : mythes et ralits - Michel BRIAND5 & 6 - Moderniser sans exclure, les mots pour le dire - Philippe CAZENEUVE7- Pour linclusion numrique et sociale - Pierre L. CARROLAGGI

    QUI SONT LES PUBLICS LOIGNS DES TIC ? 8- La 1re fois : inquitudes et craintes des "publics loigns"9- Techno-mordus ou technos-exclus ?10 12 - Un foss numrique impossible combler ?

    ALLER A LA RENCONTRE DES PUBLICS LES PLUS ELOIGNES13 & 14 - Le multimdia au service des personnes en multi-difficults - Nathalie LAREUR15- "Travailler et Apprendre Ensemble" : Recycler des ordinateurs pour rinsrer des personnes - Claude VIRLOGEUX16- L'internet de rue : Aller au devant des familles les plus pauvres

    METTRE LUSAGER AU CENTRE DU PROJET17 & 18 - Il ne suffit pas que les gens utilisent, il faut faire en sorte qu'ils s'approprient - Jean-Michel CORNU19 & 20 - Mettre en place une charte de l'usager21- Lutilit prcde lusage 22- MiNiNeT & Troc'Matic BelleVille23 & 24 - Dveloppons "le pouvoir d'agir des habitants" - Manu BODINIER25- Multimdia et Prvention routire26- Migrants crateurs de dialogue27- Les tlboutiques de Chteau-Rouge (Paris 18me)

    DES TERRITOIRES SE MOBILISENT28- Le programme Insertion.emploi.net - Anne-Claire DUBREUIL29- Ssame Multimdia : Un chquier qui ouvre des portes - Katalin KOLOSY29- La Cyberbase de Cre et Dordogne30 & 31 - LInternet sur roulettes : une spcialit m@ison - Jacques HOUDREMONT32 - Prendre ses distances avec l'illettrisme - Stphanie LUCIEN-BRUN

    REPERES SUR ...33 - Repres sur la pauvret et l'exclusion34 - Repres sur laccs public en chiffres35 - Remerciements