Guide de l'exposition Objectif subjectif - Portraits de ...

Objectif subjectif pOrtraits de suzan farkas 1960-1990 du 20 novembre 2015au 19 mars 2016

O b j e c t i f subjectifportraits de suzan Farkas 1 9 6 0 - 1 9 9 0

dans les yeux

Drôle d’idée. Envahir la maison de Voltaire avec des portraits sans lien ni référence avec les Lumières. Et pourtant… nous sommes au cœur des collections de la Bibliothèque qui racontent Genève en montrant des hommes et des femmes : écrivains, hommes d’État, de négoces et de médias. La Bibliothèque a hérité du culte des grands hommes et de leurs demeures. Elle réside au plus près de l’humain, de ses convic-tions et du fil de ses pensées : elle conserve les notes recueillies lors des prêches de Calvin, les cahiers d’écoliers qui ont archivé la pensée de Ferdinand de Saussure, les dessins de Nicolas Bouvier. Genève est imprévisible. Elle peut rayonner très loin, mais aussi se noyer dans son image, dans le lac ou dans les reflets objectifs d’un Hasselblad. Vani-teuse. Elle aime prendre la pose. Oublier ce qui l’entoure. S’imaginer seule au monde. Alors oui, montrons ces portraits dans la maison du philosophe qui a tant ri de la vanité humaine. Exposons le combat de ces hommes et de ces femmes, emmaillotés, prisonniers de leur cage argentique. Tout, soudainement, se met à parler. Malgré eux. Leurs cravates, leurs coiffures, ici un jeans déchiré à l’entre-jambe, là une montre, une chemise entrouverte, une main, un pull. Que reste-t-il de ce qu’ils désiraient raconter à leurs contemporains ? Le décor d’eux-mêmes. Témoins de leur époque, plus que de leurs idées. Ils ont déserté leurs corps. Où sont-ils ? Vivent-ils encore ? On les regarde dans les yeux, gommant ces sourires, pour retrouver ce qu’ils furent, descendus du podium. Alors oui, drôle d’idée, bonne idée, d’offrir à Voltaire, l’opportunité de narrer une nouvelle histoire. Une histoire qui dit oui, une histoire qui dit non, comme Genève.

Alexandre Vanautgaerden, Directeur de la Bibliothèque de Genève

À sa naissance, vers 1839, la photographie suscite l’hostilité de certains artistes qui pratiquent le portrait en peinture. Ils se sentent menacés par la capacité du daguerréotype à rendre avec précision les visages, une forme de représentation qu’ils jugent trop mécanique. Néanmoins, les défauts des premiers temps, qui imposent des durées de pose longues et pénibles aux modèles, seront vite corrigés et le portrait photographique va s’imposer dans la quasi-totalité des familles. De nos jours, c’est à une autre invention – l’appareil de prise de vue intégré à nos téléphones portables – que l’on doit la révolution des selfies. La prise sur le vif d’instantanés l’emporte désormais sur la transmission d’une image de soi, pérenne et maîtrisée. Le portrait encadré a été décroché des murs des salons et rejoint le monde immatériel des échanges sur les réseaux sociaux.

le passage à la cOuleur

L’œuvre de Suzan Farkas, née en 1938 à Budapest, s’inscrit à un moment particulier de cette évolution, celui des derniers moments de l’argen-tique. Lorsqu’elle s’installe à Genève, dans les années 1960, le métier connaît ce qu’il est convenu d’appeler un âge d’or : les photographes sont nombreux sur la place, l’image prend une importance grandissante dans une presse riche et diversifiée, le recours à un professionnel pour immortaliser les événements de la vie privée reste une habitude soli-dement ancrée ; bientôt le médium sera valorisé sur les cimaises des musées qui lui seront dédiés. Grâce à son talent, Suzan Farkas connaîtra le succès. En 1976, elle ouvre un studio dans les Rues-Basses, dans le passage Malbuisson, puis, déménagera dans le nouveau complexe de Confédération Centre (illustration page suivante). Son travail qui couvre le dernier quart du XXe siècle a rejoint en 2007 les collections du Centre d’iconographie de la Bibliothèque de Genève.

Dans les années 1960, la photographie est encore très majoritairement en noir et blanc. Formée en Hongrie, Suzan Farkas dispose d’un solide métier, acquis à Budapest dans les meilleurs studios, notamment auprès du photographe Angelo (Funk Pál). À Genève, elle s’intéresse à une innovation qui peine alors à s’imposer : la photographie couleur dont elle sera l’ambassadrice pour la firme Kodak et dont elle enseignera les secrets à de nombreux praticiens. La couleur lui permettra de donner la pleine mesure de son talent. « Toutefois, dit-elle, je n’ai jamais appré-hendé la pratique de la couleur comme une nouveauté technologique.

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Pour moi il s'agissait de gommer la subjectivité du noir-blanc et de me rapprocher encore plus de mes sujets. La couleur permet de rendre les gens tels qu'ils sont. »

« la phOtOgraphie est avant tOut une affaire de rencOntres. »

Le portrait est au cœur de l’œuvre de Suzan Farkas. Tout ce que Genève connaît en célébrités a défilé dans son studio : personnalités du monde de la politique, de l’économie, des médias ou du sport. « Photographier des stars relève du défi, affirme-t-elle. Conscientes de leur image, prenant la pose, elles ne laissent que peu d'espace au photographe ». Comme son maître Angelo, elle défend en effet « une approche psy-chologique du portrait photographique », la technique, qu’elle maîtrise pourtant à la perfection, ne jouant qu’un rôle secondaire. Pour elle, le portrait naît de l’empathie qui se crée peu à peu lors de la rencontre du photographe avec son client. Elle demande toujours à voir ses mo-dèles quelques jours avant la prise de vue. L'occasion de se connaître, de bavarder, de partager un café, bref le début d'une relation : « nombre de clients trouvent très désagréable de venir se faire photographier ; l’impression qu’ils ont de n’être pas photogéniques prend souvent l’allure d’une idée obsessionnelle. En discutant avec eux de leurs complexes, et surtout en les considérant comme mes invités, je vais au-devant de leurs désirs ». Réflexions sur le vêtement et la physionomie trouvent naturellement leur place dans le studio où un local est spécia-lement dédié au maquillage, que Suzan Farkas assimile aux retouches qu’elle est amenée à faire sur ses tirages photographiques.

Sa démarche subjective vise ainsi autant la personnalité que l’apparence – qui pour elle est le reflet de nos aspirations profondes – pour créer un univers qui soit propre à son modèle : « Je n'ai jamais considéré ma pratique comme artistique. Ce n'est pas mon art qui doit transparaître mais l'âme du sujet. C'est d'ailleurs pour ça que je n'ai pas de style. Mes portraits sont tous différents et c'est une fierté : je ne veux pas que ce soit mon savoir-faire qui transparaisse sur les images ».

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Dominique Appia, artiste 1988impression numérique sur papier d’après un négatif couleur 6x6 original Bibliothèque de Genève CIG Fark N06x06 1187

Jean Maye, magistrat genevois Avril 1996impression numérique sur papier d’après une diapositive cou-leur 6x6 originale

Bibliothèque de Genève CIG Fark D06x06 1247

Dominique Appia, artiste 1988

impression numérique sur papier d’après un

négatif couleur 6x6 original

Bibliothèque de Genève CIG Fark N06x06 1187

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Jean Maye, magistrat genevois Avril 1996 impression numérique sur papier d’après une

diapositive couleur 6x6 originale Bibliothèque de Genève CIG Fark D06x06 1247

Barbara Polla, médecin, galeriste, écrivaine et femme politique Vers 1992


négatif noir/blanc 6x6 original Bibliothèque de Genève CIG Fark N06x06 1311

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Martine Brunschwig Graf, femme politique, ancienne conseillère d’Etat 1994 ou 1988



Bibliothèque de Genève CIG Fark N06x06 1413, 1171,

1361

Árpád Bogsch, directeur général de l’OMPI de 1973 à 1995

1992



Bibliothèque de Genève CIG Fark N06x06 1329, 0475,

0805

Christine Arnothy, femme de lettres et journaliste1984-85 ou 1992 impression numérique sur papier d’après une

diapositive couleur 6x6 originale


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Mouna Ayoub, femme d'affaires entre 1996 et 1998

impression numérique sur papier d’après une



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Michael Drieberg, homme d’affaires1989




Marie Laforêt, chanteuse et comédienneMai 1980




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Jacob Berger, cinéaste1988



Bibliothèque de Genève CIG Fark N06x06 1135 et 0071

Claude Ketterer, homme politique, ancien maire de Genève 1977




Charles Poncet, avocat, homme politique

1994




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Guy-Olivier Segond, homme politique, ancien maire de la Ville et conseiller d’Etat 1986


négatif noir/blanc 6x6 original


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Jacques-Simon Eggly, homme politique, journaliste, ancien conseiller national1995



Bibliothèque de Genève CIG Fark N06x06 PL 1442

André L’Huillier, collectionneur d’art contemporain et mécène 1988




< La direction de la banque Lombard & Odier

1996 ou 1998



Bibliothèque de Genève CIG Fark N06x06 1473 et 1561

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Jacques Deschenaux, journaliste sportif, Télévision Suisse Romande Vers 1985



Bibliothèque de Genève CIG Fark D06x06 TV

Maria Walliser, championne de ski alpin

1988 ou 1989




Nadine de Rothschild, écrivaine 1979




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Jacques Zanetta, journaliste, Télévision Suisse Romande

1985



Bibliothèque de Genève CIG Fark ND06x06 TV

Bertrand Duboux, journaliste sportif, Télévision Suisse RomandeVers 1985



Bibliothèque de Genève CIG Fark N06x06

Murielle Siky, journaliste, Télévision Suisse Romande2 juillet 1985


diapositive couleur 6x6 original


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Pierre-Pascal Rossi, journaliste, Télévision Suisse Romande 1985




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Christian Defaye, critique de cinéma, Télévision Suisse Romande 1985




Jean-Jacques Tillmann, journaliste sportif, Télévision Suisse Romande 1985



Bibliothèque de Genève CIG Fark N06x06 TV

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Bernard Pichon, journaliste, Télévision Suisse Romande

1985




Jean-Charles Simon, acteur et journa-liste, Télévision Suisse Romande 1985




Dominique Huppi, journaliste, Télévision Suisse Romande Vers 1985




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Bernard Jonzier, journaliste sportif, Télévision Suisse Romande Vers 1985




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Boris Acquadro, journaliste sportif, Télévision Suisse RomandeVers 1985




Jean-François Rossé, journaliste sportif, Télévision Suisse Romande1989




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Elizabeth Teissier, astrologue

1988 ou 1989


diapositive couleur 6x6 original

Bibliothèque de Genève CIG Fark D06x06 1170 et 1197

Micheline Calmy-Rey, femme politique, ancienne présidente de la Confédération1994




Dominique Schibli, animatrice, Télévision Suisse Romande

Vers 1985




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En bas : portrait de groupe au siège de l'OMPI des participants à une confé-rence internationale, avec notamment, assis au centre, Kurt Waldheim, secrétaire général des Nations Unies, et debout derrière lui, Árpád Bogsch, directeur général de l'Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle.

En haut : les doublures, placées au même endroit pour effectuer le réglage des lumières avant la prise de vue.vers 1980

impressions numériques sur papier d'après des

négatifs couleurs 4x5 inches originaux


Claude Haegi, homme politique, ancien maire de la Ville et conseiller d’Etat 1989




Olivier Vodoz, homme politique, ancien conseiller d’Etat 1988




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Anne Vaucher, comédienne, directrice de théâtre1980


diapositive couleur 4x5 inches originale


Carlos Païta, compositeur et chef d’orchestre1977




Rita Mitsouko, duo pop-rock 1988




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Lolita Morena, Miss Suisse et Univers de photogénie, animatrice de télévisionVers 1985




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Zino Davidoff, négociant en cigares1980




Sur l'image, on aperçoit la photographe à l'oeuvre face

à son modèle. Jamais cachée derrière son appareil,

elle envisage son travail comme une discussion.

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sOurces et crédits

L’exposition Objectif : Subjectif, Portraits de Suzan Farkas est une proposition

du Musée Voltaire de la Bibliothèque de Genève.

Direction : Alexandre Vanautgaerden

Organisation : Nelly Cauliez, Unité régie ; François Jacob, Musée Voltaire ;

Nicolas Schaetti, Centre d’iconographie

Commissaire de l'exposition : Jorge Perez

Textes : Nicolas Schaetti, Jorge Perez

Sélection des photographies : Suzan Farkas, Christine Falcombello et Jorge Perez

Numérisation et impression : Photorotation

Montage et mise en lumière : Viorel Stanciu

Le film présenté dans l'exposition a été réalisé en 2002 par Zuglo TV et extrait de YouTube ;

durée 22' ; metteur en scène : Mariann Kárpáthy ; chef opérateur : Zoltán Zsóka

monteur : Zsolt Vértes

Autoportraits de Suzan Farkas pris dans son studio genevois, vers 1976 (1ère de couverture)

et vers 1978 (4ème de couverture), impressions numériques sur papier d'après des épreuves

argentiques originales (Bibliothèque de Genève CIG Fark)

Bibliothèque de Genève, novembre 2015

www.bge-geneve.ch

Impression : Ville de Genève

Rue des Délices 251203 Genèvetél. +41 22 418 95 60 [email protected] 14h-17h

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