Guerre Des Juifs

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GUERRE DES JUIFS introduction livre II livre III livre IV livre V livre VI livre VII texte numérisé et mis en page par François-Dominique FOURNIER Les mots grecs dans les notes ont été ajoutés (F.-D. F) FLAVIUS JOSÈPHE Guerre des juifs. LIVRE 1 texte grec Pour avoir la traduction française d'un chapitre, cliquer sur le chapitre. Pour avoir le texte grec par chapitres, cliquer sur le lien rouge LIVRE 1

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GUERRE DES JUIFS

introduction livre II livre III livre IV livre V livre VI livre VII

texte numris et mis en page par Franois-Dominique FOURNIER Les mots grecs dans les notes ont t ajouts (F.-D. F) FLAVIUS JOSPHE Guerre des juifs. LIVRE 1 texte grec Pour avoir la traduction franaise d'un chapitre, cliquer sur le chapitre.

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LIVRE 1

PRAMBULE [1]

SOMMAIRE. 1-2 - Pourquoi Josphe a entrepris cet ouvrage. Grandeur du sujet, insuffisance des rcits antrieurs. - 3. Erreur de ceux qui rabaissent la rsistance des Juifs - 4. Sentiments personnels de l'auteur. 5. Supriorit de l'historien des faits contemporains sur le compilateur d'histoires anciennes. - 6. Le pass lointain des Juifs ; inutilit d'y remonter. 7-11. Aperu sommaire des faits traits dans cet ouvrage. - 12. Sa division, sa sincrit. 1- [1] La guerre que les Juifs engagrent contre les Romains est la plus considrable, non seulement de ce sicle, mais, peu s'en faut, de toutes celles qui, au rapport de la tradition, ont surgi soit entre cits. soit entre nations. Cependant parmi ceux qui en ont crit l'histoire, les uns, n'ayant pas assist aux vnements, ont rassembl par oui dire des renseignements fortuits et contradictoires, qu'ils ont mis en uvre a la faon des sophistes; les autres, tmoins des faits, les ont altrs par flatterie envers les Romains ou par haine envers les Juifs, et leurs ouvrages contiennent ici un rquisitoire, l un pangyrique, jamais un rcit historique exact. C'est pour cela que je me suis propos de raconter en grec cette histoire, l'usage de ceux qui vivent sous la domination romaine. traduisant l'ouvrage que j'ai compos auparavant dans ma langue maternelle[2] l'usage des Barbares de l'intrieur. Mon nom est Josphe, fils de Matthias, Hbreu de nation[3], originaire de Jrusalem, prtre : aux dbuts j'ai moi-mme pris part la guerre contre les Romains ; les vnements ultrieurs, j'y ai assist par contrainte. 2. [4] Quand se produisit[4] 3 le grand mouvement dont je viens de parler, les affaires des Romains taient malades : chez les Juifs, le parti rvolutionnaire profita de ces temps troubls pour se soulever[5], jouissant alors de la plnitude de ses forces et de ses ressources ; tel tait l'excs des dsordres, que les uns conurent l'espoir de conqurir l'Orient, les autres la crainte den tre dpouills. En effet, les Juifs esprrent que tous ceux de leur race, habitant au del de l'Euphrate, se rvolteraient avec eux : d'autre part, les Romains taient inquiets de l'attitude des Gaulois, leurs voisins ; la Germanie[6] demeurait point en repos. Aprs la mort de Nron, la confusion rgnait partout, beaucoup, allchs par les circonstances, aspiraient au principat ; la soldatesque, sduite par l'espoir du butin, ne rvait que de changements. - J'ai donc pens que, s'agissant d'vnements si considrables, il tait absurde de laisser la vrit s'garer. Alors que les Parthes, les Babyloniens, les Arabes les plus loigns, nos compatriotes habitant au del de l'Euphrate, les Adiabniens savent exactement, grce mes recherches, l'origine de la guerre, les pripties les douloureuses qui en marqurent le cours, enfin le dnouement, il ne faut pas que, en revanche, les Grecs et ceux des Romains qui n'ont pas pris part la campagne continuent ignorer tout cela parce qu'ils n'ont rencontr que flatteries ou fictions. 3. [7] Et cependant on ose donner le titre d'histoires ces crits qui, mon avis, non seulement ne racontent rien de sens. mais ne rpondent pas mme l'objet de leurs auteurs. Voil, en effet, des crivains, qui. voulant exalter la grandeur des Romains, ne cessent de

calomnier et de rabaisser les Juifs : or, je ne vois pas en vrit comment paratraient grands ceux qui nont vaincu que des petits. Enfin, ils nont gard ni la longue dure de la guerre, ni aux effectifs considrables de cette arme romaine, qui peina durement, ni la gloire des chefs, dont les efforts et les sueurs devant Jrusalem, Si l'on rabaisse l'importance de leur succs, tombent eux-mmes dans le mpris [6a]. 4. [9] Cependant je ne me suis pas propos de rivaliser avec ceux qui exaltent la gloire des Romains en exagrant moi-mme celle de mes compatriotes : je rajoute exactement les faits accomplis par les uns et par les autres : quant l'apprciation des vnements, je ne pourrai m'abstraire de mes propres sentiments [6b], ni refuser libre cours ma douleur pour gmir sur les malheurs de ma patrie. Que ce sont, en effet, les factions domestiques qui l'ont dtruite, que ce sont les tyrans des Juifs qui ont attir sur le Temple saint le bras des Romains, contraints et forcs, et les ravages de l'incendie, cest ce dont Titus Csar, auteur de cette dvastation, portera lui-mme tmoignage, lui qui, pendant toute la guerre, eut piti de ce peuple garrott par les factieux, lui qui souvent diffra volontairement la ruine de la ville, et, en prolongeant le sige, voulut fournir aux coupables l'occasion de se repentir. On pourra critiquer les accusations que je dirige contre les tyrans et leur squelle de brigands, les gmissements que je pousse sur les malheurs de ma patrie ; on voudra bien pourtant pardonner ma douleur, ft-elle contraire la loi du genre historique. Car de toutes les cits soumises aux Romains, c'est la ntre qui s'est leve au plus haut degr de prosprit pour retomber dans le plus profond abme de malheur. En effet, toutes les catastrophes enregistres depuis le commencement des sicles me paraissent, par comparaison, infrieures aux ntres[7], et comme ce n'est pas l'tranger qui est responsable de ces misres, il m'a t impossible de retenir mes plaintes. Ai-je affaire un critique inflexible envers l'attendrissement? Qu'il veuille bien alors faire deux parts de mon ouvrage mettre sur le compte de l'histoire les faits, et sur celui de l'historien les larmes. 5. [13] Maintenant, comment ne pas blmer ces Grecs diserts qui, trouvant dans lhistoire contemporaine une srie d'vnements dont l'importance clipse compltement celle des guerres de l'antiquit, ne s'rigent pas moins en juges malveillants des auteurs appliqus l'tude de ces faits, - auteurs aussi infrieurs a leurs critiques par l'loquence que suprieurs par le jugement tandis qu'eux-mmes s'appliquent rcrire l'histoire des Assyriens et des Mdes sous prtexte que les anciens crivains l'ont mdiocrement raconte? Et pourtant ils le cdent ces derniers aussi bien sous le rapport du talent que sous celui de la mthode: car les anciens, sans exception, se sont attachs crire l'histoire de leur propre temps, alors que la connaissance directe qu'ils avaient des vnements donnait leur rcit la clart de la vie, alors qu'ils savaient qu'ils se dshonoreraient en altrant la vrit devant un public bien inform. En ralit, livrer la mmoire des hommes des faits qui n'ont pas encore t raconts rassembler pour la postrit les vnements contemporains, est une entreprise qui mrite a coup sr la louange et l'estime; le vrai travailleur, ce n'est pas celui qui se contente de remanier l'conomie et le plan de l'ouvrage d'un autre, mais celui qui raconte des choses indites et compose avec une entire originalit tout un corps d'histoire. Pour moi, quoique tranger je n'ai pargn ni dpenses ni peines pour cet

ouvrage, o j'offre aux Grecs et aux Romains le souvenir de faits mmorables ; tandis que les Grecs de naissance (7a), si prompts ouvrir leur bouche et dlier leur langue quand il s'agit de gains et de procs, s'agit-il, au contraire, d'histoire, o il faut dire ta vrit et runir les faits au prix de grands efforts, les voil musels et abandonnant des esprits mdiocres, mal informs, le soin de consigner les actions des grands capitaines. Apportons donc cet hommage la vrit historique, puisque les Grecs la ngligent. 6. [17] L'histoire ancienne des Juifs, qui ils taient et comment ils migrrent d'gypte, les pays qu'ils parcoururent dans leur marche errante, les lieux qu'ils occuprent ensuite, et comment ils en furent dports, tout ce rcit je l'ai jug inopportun cette place, et d'ailleurs superflu, car, avant moi, beaucoup de Juifs ont racont exactement l'histoire de nos pres, et quelques Grecs ont fait passer dans leur langue ces rcits, sans altrer sensiblement la vrit[8]. C'est donc l'endroit o cesse le tmoignage de ces historiens et de nos prophtes que je fixerai le dbut de mon ouvrage. Parmi les vnements qui suivent je traiterai avec le plus de dtail et de soin possibles ceux de la guerre dont je fus tmoin; quant a ceux qui prcdent mon temps, je me contenterai d'une esquisse sommaire. 7. [19] C'est ainsi que je raconterai brivement comment Antiochus, surnomm piphane, aprs stre empar de Jrusalem par la force, occupa la ville trois ans et six mois jusqu'a ce qu'il fut chass du pays par les fils d'Asmone : ensuite, comment les descendants des Asmonens, se disputant le trne, entranrent dans leur querelle les Romains et Pompe : comment Hrode, fils dAntipater, mit fin leur dynastie avec le concours de Sossius : comment lepeuple, aprs la mort dHrode, fut livr la sdition sous le principat d'Auguste Rome. Quintilius Varus tant gouverneur du pays ; comment la guerre clata la douzime anne du principat de Nron, les vnements qui se succdrent sous le gouvernement Cestius, les lieux que dans leur premier lan les Juifs occuprent de vive force. 8. [21] Je dirai ensuite comment ils fortifirent les villes voisines : comment Nron, mu des revers de Ceslius et craignant une ruine complte de lempire, chargea Vespasien de la conduite de la guerre ; comment celui-ci, accompagn de lan de ses fils, envahit le territoire des Juifs ; avec quels effectifs, romains ou allis, il se rpandit dans toute la Galile[9] ; comment il occupa les villes de cette province, les unes par force, les autres par composition. En cet endroit de mon livre viendront des renseignements sur la belle discipline des Romains la guerre, sur lentranement de leurs lgions, puis sur ltendue et la nature des deux Galiles, les limites de la Jude et les particularits de ce pays, les lacs, les sources quon y trouve ; enfin, pour chaque ville, je raconterai les misres de ceux qui y furent pris, le tout avec exactitude, selon ce que jai vu ou souffert moi-mme. Car je ne cacherai rien de mes propres infortunes, puisquaussi bien je madresse des gens qui les connaissent. 9. [23] Je raconte ensuite comment, au moment o dj la situation des Juifs priclitait, Nron mourut, et Vespasien, qui avanait vers Jrusalem, en fut dtourn pour aller occuper la dignit impriale ; jnumre les prsages quil obtint ce sujet , les rvolutions de Rome, les soldats le saluant malgr lui du titre dempereur, puis, quand il sest rendu en gypte

pour mettre ordre dans l'empire, la Jude en proie aux factions, des tyrans surgissant et luttant les uns contre les autres, 10. [25] Je montre alors Titus quittant l'gypte et envahissant une seconde fois notre contre ; j'explique comment il rassembla ses troupes, en quels lieux, en quel nombre ; dans quel tat son arrive, la discorde avait mis la ville ; toutes les attaques de Titus, tous ses travaux d'approche, et, d'autre part, la triple enceinte de nos murailles, leurs dimensions, la force de notre ville, la disposition de lenceinte sacre et du Temple, leurs mesures et celles de l'autel, le tout avec exactitude ; je dcris quelques rites usits dans nos ftes, les sept degrs de la puret[10], les fonctions des prtres, leurs vtements et cieux du grand pontife, enfin le sanctuaire du Temple, le tout sans rien omettre, sans rien ajouter aux dtails pris sur le fait. 11. [27] Je dpeins ensuite la cruaut des tyrans contre des compatriotes, contrastant avec les mnagements des Romains a l'gard d'trangers ; je racontecombien de fois Titus, dsirant sauver la ville et le Temple, invita les factions traiter. Je classerai les souffrances et les misres du peuple, provenant soit de la guerre, soit des sditions, soit de la famine, et qui finirent par les rduire la captivit. Je nomettrai ni les msaventures des dserteurs, ni les supplices infligs aux prisonniers ; je raconterai le Temple incendi malgr Csar, quels objets sacrs furent arrachs des flammes, la prise de la ville entire, les signes et les prodiges qui prcdrent cet vnement ; la capture des tyrans, le grand nombre des captifs vendus l'encan, les destines si varies quils rencontrrent ; puis la manire dont les Romains touffrent les dernires convulsions de cette guerre et dmolirent les remparts des forteresses, Titus parcourant toute la contre pour lorganiser, enfin son dpart pour lItalie et son triomphe. 12. [30] Tel est lensemble des vnement que je compte raconter et embrasser dans sept livres. Je ne laisserai ceux qui connaissent les faits et qui ont assist , la guerre aucun prtexte de blme ou d'accusation, - je parle de ceux qui cherchent dans l'histoire la vrit, et non le plaisir. Et je commencerai mon rcit par o j'ai commenc le sommaire[11] qu'on vient de lire. LIVRE IER

I 1. Dissensions entre nobles juifs. Antiochus Epiphane prend Jrusalem et interrompt le culte des sacrifices. - 2-3. Perscution religieuse. Soulvement de Mattathias. - 4-6. Exploits et mort de Judas Macchabe. 1[12]. [31] La discorde s'leva parmi les notables juifs, dans le temps o Antiochus piphane disputait la Cl-Syrie Ptolme, sixime du nom. C'tait une querelle d'ambition et de pouvoir, aucun des personnages de marque ne pouvant souffrir dtre subordonn ses gaux. Onias, un des grands-prtres, prit le dessus et chassa de la ville les fils de Tobie : ceux-ci se rfugirent auprs dAntiochus et le supplirent de les prendre pour guides et d'envahir la Jude. Le roi, qui depuis longtemps penchait vers ce dessein, se laisse persuader et, la tte d'une forte arme, se

met en marche et prend d'assaut la ville[13] ; il y tue ungrand nombre des partisans de Ptolme, livre la ville sans restriction au pillage de ses soldats, et lui-mme dpouille le Temple et interrompt durant trois ans et six mois la clbration solennelle des sacrifices quotidiens[14]. Quant au grandprtre Onias, rfugi auprs de Ptolme, il reut de ce prince un territoire dans le nome d'Hliopolis : l il btit une petite ville le plan de Jrusalem et un temple semblable au notre ; nous reparlerons de ces vnements en temps et lieu[15]. 2. [34] Antiochus ne se contenta pas d'avoir pris la ville contre toute esprance, pill et massacr plaisir ; entran par la violence de ses passions, par le souvenir des souffrances qu'il avait endures pendant le sige, il contraignit les Juifs, au mpris de leurs lois nationales, laisser leurs enfants incirconcis et sacrifier des porcs sur l'autel. Tous dsobissaient ces prescriptions, et les plus illustres furent gorgs. Bacchids, quAntiochus avait envoy comme gouverneur militaire[16], exagrait encore par cruaut naturelle les ordres impies du prince ; il ne sinterdit aucun excs d'illgalit, outrageant individuellement les citoyens notables et faisant voir chaque jour la nation toute entire l'image d'une ville captive, jusqu' ce qu'enfin l'excs mme de ses crimes excitt ses victimes oser se dfendre. 3[17]. [36] Un prtre, Matthias[18], fils d'Asamone, du bourg de Modin, prit les armes avec sa propre famille, - il avait cinq fils - et tua Bacchids[19] coups de poignard ; puis aussitt, craignant la multitude des garnisons ennemies, il s'enfuit dans la montagne[20]. L beaucoup de gens du peuple se joignirent lui ; il reprit confiance, redescendit dans la plaine, engagea le combat, et battit les gnraux d'Antiochus, qu'il chassa de la Jude. Ce succs tablit sa puissance ; reconnaissants de l'expulsion des trangers, ses concitoyens l'levrent au principat ; il mourut en laissant le pouvoir a Judas, l'an de ses fils[21]. 4[22]. [38] Celui ci, prsumant qu'Antiochus ne resterait pas en repos, recruta des troupes parmi ses compatriotes. Et, le premier de sa nation, fit alliance avec les Romains[23]. Quand Epiphane envahit de nouveau le territoire juif[24], il le repoussa en lui infligeant 1111 grave chec. Dans la chaleur de sa victoire, il s'lana ensuite contre la garnison de la ville qui n'avait pas encore t expulse. Chassant les soldats trangers de la ville haute, il les refoula dans la ville basse, dans celte partie de Jrusalem qu'on nommait Acra. Devenu matre du sanctuaire, il en purifia tout l'emplacement, l'entoura de murailles, fit fabriquer de nouveaux vases sacrs et les introduisit dans le temple, pour remplacer ceux qui avaient t souills, leva un autre autel et recommena les sacrifices expiatoires[25], Tandis que Jrusalem reprenait ainsi sa constitution sacre, Antiochus mourut ; son fils Antiochus hrita de son royaume et de sa haine contre les Juifs[26]. 5[27]. [41] Ayant donc runi cinquante mille fantassins, environ cinq mille cavaliers et quatrevingts lphants[28], il s'lance travers la Jude vers les montagnes. Il prit la petite ville de Bethsoura[29], mais prs du lieu appel Bethzacharia, o l'on accde par un dfil troit, Judas, avec toutes ses forces, s'opposa sa marche. Avant mme que les phalanges eussent pris contact, lazar, frre de Judas, apercevant un lphant, plus haut que tous les autres, portant une vaste tour et une armure dore, supposa qu'il tait mont par Antiochus lui-mme ; il s'lance

bien loin devant ses compagnons, fend la presse des ennemis, parvient jusqu' l'lphant ; mais comme il ne pouvait atteindre, en raison de la hauteur, celui qu'il croyait tre le roi, il frappa la bte sous le ventre, fit crouler sur lui cette masse et mourut cras. Il n'avait russi qu' tenter une grande action et sacrifier la vie la gloire, car celui qui montait l'lphant tait un simple particulier ; et-il t Antiochus, l'auteur de cette audacieuse prouesse n'y et gagn que de paratre chercher la mort dans la seule esprance d'un brillant succs. Le frre d'lazar vit dans cet vnement le prsage de l'issue du combat tout entier. Les Juifs, en effet, combattirent avec courage et acharnement ; mais l'arme royale, suprieure en nombre et favorise par la fortune, finit par lemporter ; aprs avoir vu tomber un grand nombre des siens, Judas s'enfuit avec le reste dans la prfecture de Gophna[30], Quant Antiochus, il se dirigea vers Jrusalem, y resta quelques jours, puis s'loigna , cause de la raret des vivres, laissant dans la ville une garnison qu'il jugea suffisante, et emmenant le reste de ses troupes hiverner en Syrie. 6[31]. [47] Aprs la retraite du roi, Judas ne resta pas inactif; rejoint par de nombreuses recrues de sa nation, il t'allia les soldats chapps la dfaite, et livra bataille prs du bourg d'Adasa aux gnraux d'Antiochus[32]. Il fit, dans le combat, des prodiges de valeur, tua un grand nombre d'ennemis, mais prit lui-mme[33]. Peu de jours aprs, son frre Jean tomba dans une embuscade des partisans d'Antiochus et prit galement[34].

II I. Principat de Jonathan. - 2. Principat de Simon. - 3-4, Jean Hyrcan contre son beau-frre Ptolme. 5. Jean Hyrcan et Antiochus Sidts. 6-8. Succs et mrites de Jean Hyrcan. 1[35]. [48] Jonathas, son frre, qui lui succda, sut se prserver des embches des indignes et affermit son pouvoir par son amiti avec les Romains ; il conclut aussi un accord avec le fils d'Antiochus[36]. Malgr tout, il ne put chapper son destin. Car le tyran Tryphon, tuteur du fils d'Antiochus, et qui conspirait ds longtemps contre son pupille, sefforant de se dbarrasser des amis du jeune roi, s'empara par trahison de Jonathas lorsque celui-ci, avec une suite peu nombreuse, fut venu a Ptolmas rencontrer Antiochus. Tryphon le charge de fers et part en campagne contre la Jude ensuite, repouss par Simon, frre de Jonathas et furieux de sa dfaite, il met mort son captif[37]. 2[38]. [50] Simon, qui conduisit les affaires avec nergie, s'empara de Gazara, de Jopp, de Jamnia, villes du voisinage, et rasa la citadelle (Acra), aprs avoir rduit la garnison a capituler. Puis il se fit l'alli d'Antiochus[39] contre Tryphon, que le roi assigeait dans la ville de Dora avant de partir pour son expdition contre les Mdes. Pourtant, il eut beau collaborer a la perte de Tryphon[40], il ne russit pas a conjurer l'avidit du roi ; car Antiochus, peu de temps aprs, envoya Cendbe, son gnral, avec une arme pour ravager la Jude et s'emparer de Simon. Celui-ci, malgr sa vieillesse, commena la guerre avec une ardeur juvnile ; il envoya en avant ses fils avec les hommes les plus vigoureux contre le gnral ennemi ; lui-mme, prenant une partie des troupes, attaqua sur un autre point. Il posta a diverses reprises des embuscades dans

les montagnes et obtint l'avantage dans tous les engagements. Aprs ce brillant succs, il fut proclam grand-prtre et dlivra les Juifs de la domination des Macdoniens, qui pesait sur eux depuis cent soixante-dix ans[41]. 3[42]. [54] Il mourut lui-mme dans des embches que lui dressa au cours d'un festin son gendre Ptolme. Le meurtrier retint prisonniers la femme et deux des fils de Simon, et envoya des gens pour tuer le troisime, Jean, surnomm Hyrcan. Le jeune homme, prvenu de leur approche, se hta de gagner la ville, ayant toute confiance dans le peuple, qui gardait le souvenir des belles actions de ses anctres et hassait les violences de Ptolme. Cependant Ptolme se hta d'entrer lui aussi par une autre porte ; mais il fut repouss par le peuple, qui s'tait empress de recevoir Hyrcan. Il se retira aussitt dans une des forteresses situes au-dessus de Jricho, nomme Dagon. Hyrcan, succdant son pre dans la grande-prtrise, offrit un sacrifice Dieu, puis se lana la' poursuite de Ptolme pour dlivrer sa mre et ses frres. 4. [57] Il assigea la forteresse, mais, suprieur sur tous les points, il se laissa vaincre par son bon naturel. Lorsque Ptolme se trouvait vivement press, il faisait conduire sur la muraille, en un endroit bien visible, la mre et les frres d'Hyrcan, les maltraitait et menaait de les prcipiter en bas si Hyrcan ne s'loignait sur-le-champ. Devant ce spectacle, la colre d'Hyrcan cdait la piti et la crainte. Mais sa mre, insensible aux outrages et aux menaces de mort, tendait les bras vers lui et le suppliait de ne pas se laisser flchir par la vue de l'indigne traitement qu'elle endurait, au point dpargner cet impie : elle prfrait l'immortalit mme la mort sous les coups de Ptolme, pourvu qu'il expit tous les crimes qu'il avait commis contre leur maison. Jean, quand il considrait la constance de sa mre et entendait ses prires, ne songeait plus qu l'assaut ; mais quand il la voyait frapper et dchirer, son cur s'amollissait, et il tait toutentier sa douleur. Ainsi le sige trana en longueur, et l'anne de repos survint ; car tous les sept ans les Juifs consacrent une anne l'inaction comme ils font du septime jour de la semaine. Ptolme, dlivr alors du sige, tua la mre et les frres de Jean et s'enfuit auprs de Znon, surnomm Cotylas, tyran de Philadelphie. 5[43]. [61] Antiochus, irrit du mal que lui avait caus Simon, fit une expdition en Jude, se posta devant Jrusalem et y assigea Hyrcan. Celui-ci fit ouvrir le tombeau de David, le plus riche des rois, en tira une somme de plus de trois mille talents[44] et obtint d'Antiochus, au prix de trois cents talents, qu'il levt le sige ; avec le reste de cet argent, il commena payer des troupes mercenaires qu'il fut le premier des Juifs a entretenir. 6[45]. [62] Plus tard, Antiochus, parti en guerre contre les Mdes, fournit Hyrcan l'occasion d'une revanche. Celui-ci se jeta alors sur les villes de Syrie, pensant, comme ce fut le cas, qu'il les trouverait dpourvues de dfenseurs valides. Il prit ainsi Mdab, Samaga et les villes voisines, puis Sichem et Garizim ; en outre, il soumit la race des Chuthens, groupe autour du temple bti l'instar de celui de Jrusalem. Il s'empara encore de diverses villes d'Idume, en assez grand nombre, notamment d'Adoron[46] et de Marisa.

7[47]. [64] Il s'avana jusqu' la ville de Samarie, sur l'emplacement de laquelle est aujourd'hui Sbast, btie par le roi Hrode. L'ayant investie de toutes parts, il en confia le sige ses fils Aristobule et Antigone ; ceux-ci exercrent une surveillance si rigoureuse que les habitants, rduits une extrme disette, se nourrirent des aliments les plus rpugnants. Ils appelrent leur secours Antiochus, surnomm Aspendios[48]. Celui-ci rpondit volontiers leur appel, mais fut vaincu par Aristobule. Poursuivi par les deux frres jusqu' Scythopolis, il se sauva ; ceux-ci, se retournant ensuite contre Samarie, renfermrent de nouveau le peuple dans ses murs ; ils prirent la ville, la dtruisirent et rduisirent les habitants en esclavage. Poussant leurs succs, sans laisser refroidir leur ardeur, ils s'avancrent avec leur arme jusqu' Scythopolis, firent des incursions sur son territoire et livrrent au pillage tout le pays en de du mont Carmel. 8[49]. [67] Les prosprits de Jean et de ses fils provoqurent dans le peuple la jalousie, puis la sdition ; un grand nombre de citoyens, aprs avoir conspir contre eux, continurent s'agiter jusqu'au jour o leur ardeur les jeta dans une guerre ouverte, o les rebelles succombrent. Jean passa le reste de sa vie dans le bonheur, et aprs avoir trs sagement gouvern pendant trentetrois ans entiers[50], il mourut en laissant cinq fils. Il avait got la vritable flicit, et rien ne permit d'accuser la fortune son sujet. Il fut le seul a runir trois grands avantages : le gouvernement de sa nation, le souverain pontificat et le don de prophtie. En effet, Dieu habitait dans son cur, si bien quil n'ignora jamais rien de l'avenir ; ainsi il prvit et annona que ses deux fils ans ne resteraient pas matres des affaires. Il vaut la peine de raconter leur fin et de montrer combien ils dchurent du bonheur de leur pre.

III [51] 1. Avnement dAristobule. Ses premiers actes. - 2-4. Meurtre de son frre Antigone. - 5. Prdiction de Judas l'Essnien. - 6. Fin d'Aristobule. 1. [70] Aprs la mort d'Hyrcan, Aristobule, l'an de ses fils, transforma le principat en royaut; il fut le premier , ceindre le diadme, quatre cent soixante et onze ans[52] et trois mois aprs que le peuple, dlivr de la captivit de Babylone, fut revenu en Jude. Parmi ses frres, il s'associa, avec des honneurs gaux aux siens, le pun Antigone, pour lequel il paraissait avoir de l'affection ; les autres furent, par son ordre, emprisonns et chargs de liens. Il fit enchaner aussi sa mre, qui lui disputait le pouvoir et qui Jean avait tout lgu par testament ; il poussa la cruaut jusqu' la faire mourir de faim dans sa prison. 2. [72] Il fut puni de ces iniquits dans la personne de son frre Antigone qu'il aimait et avait associ la royaut car il le tua lui aussi sur des calomnies que forgeaient de perfides courtisans. Tout d'abord Aristobule avait refus toute crance leurs propos, parce qu'il chrissait son frre et attribuait l'envie la plupart de ces imputations. Mais un jour qu'Antigone revint d'une expdition en un brillant appareil pour assister la fte solennelle ou l'on lve Dieu des tabernacles, il se trouva qu'Aristobule tait malade en ce temps l. Antigone, la fin de la solennit, monta au Temple, entour de ses hommes d'armes, avec la pompe la plus magnifique, et pria Dieu surtout

pour son frre. Les mchants coururent alors auprs du roi, lui dpeignirent le cortge dhoplites, l'assurance d'Antigone trop grande pour un sujet ; ils dirent qu'Antigone revenait avec une trs nombreuse arme pour mettre son frre mort, qu'il ne se rsignait pas n'avoir que les honneurs de la royaut quand il pouvait obtenir le pouvoir lui-nime. 3. [75] Peu peu Aristobule ajouta foi malgr lui ces discours. Proccup la fois de ne pas dvoiler ses soupons et de se prmunir contre un danger incertain, il fit poster ses gardes du corps dans un souterrain obscur - il demeurait dans la tour nomme dabord Baris, depuis Antonia - et ordonna d'pargner Antigone, s'il tait sans armes, de le tuer, s'il se prsentait tout arm. Il envoya mme vers lui pour l'avertir de ne pas prendre ses armes. Cependant la reine se concerta trs malicieusement avec les perfides, cette occasion : on persuada aux messagers de taire les ordres du roi et de dire, au contraire, Antigone que son frre savait qu'il s'tait procur en Galile de trs belles armes et un quipement militaire que la maladie l'empchait d'aller examiner tout le dtail de cet appareil mais, puisque tu es sur le point de partir, il aurait un trs grand plaisir te voir dans ton armure . 4. [77] En entendant ces paroles, comme il n'y avait rien dans les dispositions de son frre qui pt lui faire souponner un pige, Antigone revtit ses armes et partit comme pour une parade. Arriv dans le passage obscur, appel la tour de Straton, il y fut tu par les gardes du corps. Preuve certaine que la calomnie brise tous les liens de l'affection et de la nature, et qu'aucun bon sentiment n'est assez fort pour rsister durablement a l'envie. 5. [78] On admirera dans cette affaire la conduite d'un certain Judas, Essnien de race. Jamais ses prdictions n'avaient t convaincues derreur ou de mensonge. Quand il aperut a cette occasion Antigone qui traversait le Temple, il s'cria, en s'adressant a ses familiers, - car il avait autour de lui un assez grand nombre de disciples - : Hlas ! Il convient dsormais que je meure, puisque l'esprit de vrit m'a dj quitt et qu'une de mes prdictions se trouve dmentie, Car il vit, cet Antigone, qui devait tre tu aujourdhui. Le lieu marqu pour sa mort tait la tour de Straton : elle est a six cents stades dici, et voici dj la quatrime heure du jour le temps coul rend impossible l'accomplissement de ma prophtie . Cela dit, le vieillard resta livr a une sombre mditation ; mais bientt on vint lui annoncer qu'Antigone avait t tu dans un souterrain appel aussi tour de Straton, du mme nom que portait la ville aujourd'hui appele Csare-surmer. C'est cette quivoque qui avait troubl le prophte. 6. [81] Le remords de ce crime aggrava la maladie d'Aristobule. Il se consumait, l'me sans cesse ronge par la pense de son meurtre. Enfin cette immense douleur dchirant ses entrailles, il se mit vomir le sang en abondance ; 0r, comme un des pages de service enlevait ce sang, la Providence divine voulut qu'il trbucht au lieu o Antigone avait t gorg et qu'il rpandit sur les traces encore visibles de l'assassinat le sang du meurtrier. Les assistants poussrent une grande clameur, croyant que le page avait fait exprs de rpandre l sa sanglante libation. Le roi entend ce bruit et en demande la cause, et comme personne n'ose rpondre, il insiste d'autant plus pour savoir. Enfin ses menaces et la contrainte arrachent la vrit. Alors, ses veux se remplissent de larmes, il gmit avec le peu de force qui lui reste et dit : Ainsi donc je ne devais

pas russir soustraire mes actions coupables lil puissant de Dieu, et me voici poursuivi par un prompt chtiment pour le meurtre de mon propre sang. Jusques a quand, corps impudent, retiendras-tu mon me, due a la maldiction d'un frre et d'une mre ? Jusques quand leur distillerai-je mon sang goutte goutte ? Qu'ils le prennent donc tout entier et que Dieu cesse de les amuser en leur offrant en libation des parcelles de mes entrailles . En disant ces mots, il expira soudain aprs un rgne qui n'avait dur quun an[53]. IV 1. Avnement d'Alexandre Janne. - 2-4. Premires guerres ; rvolte des Juifs. - 5-6. Lutte contre Dmtrius lIntempestif. Atroces excutions. - 7-8. Dernires guerres. Mort du roi. 1[54]. [85] La veuve dAristobule[55] fit sortir de prison les frres du roi et mit sur le trne l'un d'eux. Alexandre, qui paraissait l'emporter par l'ge et la modration du caractre. Mais a peine arriv au pouvoir, Alexandre tua l'un de ses frres qui visait au trne; le survivant, qui aimait a vivre loin des affaires publiques, fut trait avec honneur. 2[56]. [86] Il livra aussi bataille Ptolme Lathyre, qui avait pris la ville dAsochis ; il tua un grand nombre d'ennemis, mais la victoire resta du cot de Ptolme. Quand celui-ci, poursuivi par sa mre Cloptre, s'en retourna en gypte[57], Alexandre assigea et prit Gadara et Amathonte, la plus importante des forteresses sises au-del du Jourdain, et qui renfermait les trsors les plus prcieux de Thodore, fils de Znon. Mais Thodore, survenant l'improviste, reprit ses biens, s'empara aussi des bagages du roi et tua prs de dix mille Juifs. Cependant Alexandre ne se laissa pas branler par cet chec; il se tourna vers le littoral et y enleva Raphia, Gaza et Anthdon, ville qui reut ensuite du roi Hrode le nom d'Agrippias. 3[58]. [88] Aprs qu'il eut rduit ces villes en esclavage, les Juifs se soulevrent l'occasion d'une fte car c'est surtout dans les rjouissances quclatent chez eux les sditions. Le roi n'et pas, ce semble, triomph de la rvolte, sans l'appui de ses mercenaires. Il les recrutait parmi les Pisidiens et les Ciliciens ; car il n'y admettait pas de Syriens, cause de leur hostilit native contre son peuple. Il tua plus de six mille insurgs, puis s'attaqua l'Arabie ; il y rduisit les pays de Galaad et de Moab, leur imposa un tribut et se tourna de nouveau contre Amathonte. Ses victoires frapprent de terreur Thodore ; le roi trouva la place abandonne et la dmantela. 4. [90] Il attaqua ensuite Obdas, roi d'Arabie, qui lui tendit une embuscade dans la Gaulanitide ; il y tomba et perdit toute son arme, jete dans un profond ravin et crase sous la multitude des chameaux. Alexandre se sauva de sa personne Jrusalem, et la gravit de son dsastre excita a la rvolte un peuple qui depuis longtemps le hassait. Cette fois encore, il fut le plus fort dans une suite de combats, en six ans, il fit prir au moins cinquante mille Juifs. Ses victoires, qui ruinaient son royaume, ne lui causaient d'ailleurs aucune joie ; il posa donc les armes et recourut aux discours pour tacher de ramener ses sujets. Ceux-ci ne l'en harent que davantage pour son repentir et l'inconstance de sa conduite. Quand il voulut en savoir les motifs et demanda ce qu'il devait faire pour les apaiser : Mourir , lui rpondirent-ils, et encore c'est peine si, ce prix, ils lui pardonneraient tout le mal qu'il leur avait fait. En mme temps, ils invoquaient le

secours de Dmtrius surnomm l'Intempestif. L'esprance d'une plus haute fortune fit rpondre ce prince avec empressement leur appel ; il amena une arme, et les Juifs se joignirent leurs allis prs de Sichem. 5[59]. [93] Alexandre les reut la tte de mille cavaliers et de huit mille mercenaires pied il avait encore autour de lui environ dix mille Juifs rests fidles. Les troupes ennemies comprenaient trente mille cavaliers et quatorze mille fantassins[60]. Avant den venir aux mains, les deux rois cherchrent par des proclamations dbaucher rciproquement leurs adversaires : Dmtrius esprait gagner les mercenaires d'Alexandre, Alexandre les Juifs du parti de Dmtrius. Mais comme ni les Juifs ne renonaient leur ressentiment, ni les Grecs la foi jure, il fallut enfin trancher la question par les armes. Dmtrius l'emporta, malgr les nombreuses marques de force d'me et de corps que donnrent les mercenaires d'Alexandre. Cependant l'issue finale du combat trompa l'un et l'autre prince. Car Dmtrius, vainqueur, se vit abandonn de ceux qui l'avaient appel : mus du changement de fortune d'Alexandre, six mille Juifs le rejoignirent dans les montagnes o il stait rfugi. Devant ce revirement, jugeant que ds lors Alexandre tait de nouveau en tat de combattre et que tout le peuple retournait vers lui, Dmtrius se retira. 6. [96] Cependant, mme aprs la retraite de ses allis, le reste de la multitude ne voulut pas traiter : ils poursuivirent sans relche la guerre contre Alexandre, qui enfin, aprs en avoir tu un trs grand nombre, refoula les survivants dans la ville de Bmslis[61] ; il s'en empara et emmena les dfenseurs enchans Jrusalem. L'excs de sa fureur porta sa cruaut jusquau sacrilge. Il fit mettre en croix au milieu de la ville huit cents des captifs et gorger sous leurs yeux leurs femmes et leurs enfants ; lui-mme contemplait ce spectacle en buvant, tendu parmi ses concubines. Le peuple fut saisi d'une teneur si forte que huit mille Juifs, de la faction hostile, s'enfuirent, la nuit suivante, du territoire de la Jude ; leur exil ne finit qu'avec la mort d'Alexandre. Quand il eut par de tels forfaits tardivement et grand-peine assur la tranquillit du royaume, il posa les armes. 7[62]. [99] Son repos fut de nouveau troubl par les entreprises d'Antiochus, surnomm Dionysos, frre de Dmtrius et le dernier des Sleucides. Comme ce prince partait en guerre contre les Arabes, Alexandre, effray de ce projet, tira un foss profond entre les collines audessus d'Antipatris et la plage de Jopp ; devant le foss il fit lever une haute muraille garnie de tours de bois, de manire barrer le seul chemin praticable. Cependant il ne put arrter Antiochus ; celui-ci incendia les tours, combla le foss, et fora le passage avec son arme ; toutefois ajournant la vengeance qu'il et pu tirer de cette tentative d'obstruction, il s'avana marches forces contre les Arabes. Le roi des Arabes, se retirant d'abord vers des cantons plus favorables au combat, fit ensuite brusquement volte-face avec sa cavalerie, forte de dix mille chevaux, et tomba sur l'arme d'Antiochus en dsordre. La bataille fut acharne : tant quAntiochus vcut, ses troupes rsistrent, mme sous les coups presss des Arabes, qui les dcimaient. Quand il tomba mort, aprs stre expos continuellement au premier rang pour soutenir ceux qui faiblissaient, la droute devint gnrale. La plupart des Syriens succombrent

sur le champ de bataille ou dans la retraite les survivants se rfugirent dans le bourg de Cana, mais, dpourvus de vivres, ils prirent, l'exception d'un petit nombre. 8[63]. [103] Sur ces entrefaites, les habitants de Damas, par haine de Ptolme, fils de Mennos, appelrent Artas[64] et l'tablirent roi de Cl-Syrie. Celui-ci fit une expdition en Jude, remporta une victoire sur Alexandre et s'loigna aprs avoir conclu un trait. De son ct, Alexandre s'empara de Pella et marcha contre Gerasa, convoitant de nouveau les trsors de Thodore. Il cerna les dfenseurs par un triple retranchement et, sans combat, s'empara de la place. Il conquit encore Gaulana, Sleucie et le lieu dit Ravin d'Antiochus ; puis il s'empara de la forte citadelle de Gamala, dont il chassa[65] le gouverneur, Dmtrius, objet de nombreuses accusations. Enfin il revint en Jude, aprs une campagne de trois ans. Le peuple l'accueillit avec joie cause de ses victoires ; mais la fin de ses guerres fut le commencement de sa maladie. Tourment par la fivre quarte, on crut qu'il vaincrait le mal en reprenant le soin des affaires. C'est ainsi que, se livrant d'inopportunes chevauches, contraignant son corps des efforts qui dpassaient ses forces, il hta son dernier jour. Il mourut dans l'agitation et le tumulte des camps, aprs un rgne de vingt-sept ans[66].

V 1-2. Avnement d'Alexandra. Domination des Pharisiens. - 3. Perscution des conseillers de Janne. Politique trangre. 4. Rvolte d'Aristobule. Mort d'Alexandra. 1[67]. [107] Alexandre lgua le royaume sa femme Alexandra, persuad que les Juifs recevraient son autorit plus favorablement qu'aucune autre, parce que, trs loigne de sa cruaut, elle s'tait oppose aux violences du roi, de manire se concilier l'affection du peuple. Cet espoir ne fut pas tromp, et cette faible femme se maintint au pouvoir, grce sa rputation de pit. Elle observait, en effet, exactement, les traditions nationales et tait leur charge ceux qui transgressaient les lois religieuses. Des deux fils qu'elle avait eus d'Alexandre, elle leva l'an, Hyrcan, la dignit de grand-prtre, en considration de son ge, et aussi de son caractre, trop indolent pour s'immiscer dans les affaires d'tat ; quant au cadet, Aristobule, temprament bouillant, elle le retint dans une condition prive. 2. [110] On vit collaborer son gouvernement les Pharisiens, secte juive qui passe pour tre la plus pieuse de toutes et pour interprter les lois avec le plus d'exactitude. Alexandra leur accorda un crdit particulier dans son zle passionn pour la divinit. Mais bientt les Pharisiens s'insinurent dans l'esprit confiant de cette femme et gouvernrent toutes les affaires du royaume, bannissant ou rappelant, mettant en libert ou en prison selon ce qui leur semblait bon. D'une faon gnrale, les avantages de la royaut taient pour eux, les dpenses et les dgots pour Alexandra. Elle tait d'ailleurs habile conduire les affaires les plus importantes ; par des leves de troupes continuelles elle parvint doubler l'effectif de l'arme et recruta des troupes mercenaires en grand nombre, destines non seulement tenir en bride son propre peuple [67a],

mais encore a se faire craindre des princes trangers. Cependant, Si elle tait la matresse des autres, les Pharisiens taient ses matres leur tour. 3. [113] C'est ainsi qu'ils firent mourir un homme de marque, Diogne, qui avait t l'ami d'Alexandre ; ils l'accusaient d'avoir conseill au roi la mise en croix des huit cents Juifs. Ils pressaient aussi Alexandra de frapper d'autres notables qui avaient excit le prince contre ces rebelles. Et comme elle cdait toujours, par crainte religieuse, ils tuaient ceux qu'ils voulaient. Les plus minents des citoyens, ainsi menacs, cherchrent un refuge auprs d'Aristobule. Celui-ci conseilla sa mre d'pargner leur vie en considration de leur rang, mais de les bannir de la cit, si elle les croyait fautifs. Les suspects obtinrent ainsi la vie sauve et se dispersrent dans le pays[68]. Cependant Alexandra envoya une arme Damas, sous prtexte que Ptolme continuait pressurer la ville ; lexpdition revint sans avoir rien accompli de remarquable. D'autre part, elle gagna par une convention et des prsents. Tigrane, roi d'Armnie, qui campait avec ses troupes devant Ptolmas et y assigeait Cloptre[69]. Il se hta de partir, rappel par les troubles de son royaume, o Lucullus venait de faire invasion. 4. [117] Sur ces entrefaites Alexandra tomba malade, et Aristobule, le plus jeune de ses fils, saisit l'occasion avec ses amis [69a], qui taient nombreux et tout dvous sa personne, en raison de son naturel ardent. Il s'empara de toutes les places-fortes et, avec largent qu'il y trouva, recruta des mercenaires et se proclama roi. Les plaintes dHyrcan murent la compassion de sa mre, qui enferma la femme et les fils dAristobule dans la tour Antonia ; c'tait une citadelle adjacente au flanc nord du temple, nomme autrefois Baris ; comme je l'ai dj dit[70], et qui changea de nom au temps de la suprmatie d'Antoine, comme Auguste Sbastos et Agrippa donnrent leur nom aux villes de Sbast et d'Agrippias. Cependant avant d'avoir eu le temps de faire expier Aristobule la dposition de son frre, Alexandra mourut aprs un rgne de neufs annes[71].

VI 1. Hyrcan II abdique en faveur dAristobule II. - 2-3. Antipater et Artas cherchent rtablir Hyrcan. Intervention de Scaurus . - 4-6. Ngociations des deux frres avec Pompe. Sa marche sur Jrusalem. 1[72]. [120] Hyrcan tait l'hritier universel de sa mre, qui lui avait mme de son vivant remis le sceptre ; mais il tait bien infrieur Aristobule par la capacit et le courage. Dans la bataille livre Jricho pour dcider de l'empire, Hyrcan fut abandonn par la plupart de ses soldats, qui passrent du ct d'Aristobule ; avec ceux qui lui restrent il courut chercher un refuge dans la tour Antonia. Il y trouva de prcieux otages de son salut, la femme et les et les enfants dAristobule ; mais avant d'en venir des maux irrparables, les deux frres se rconcilirent condition qu'Aristobule exercerait la royaut, et que Hyrcan renonant au pouvoir [72a] jouirait des honneurs dus au frre du roi. Cet accord se fit dans le Temple, en prsence du peuple ; ils

s'embrassrent affectueusement et changrent leurs demeures ; Aristobule s'tablit au palais, et Hyrcan dans la maison d'Aristobule. 2[73]. [123] Tous les adversaires d'Aristobule furent frapps de crainte devant son triomphe inattendu, mais surtout Antipater, qu'une haine profonde sparait de lui depuis longtemps. Idumen de naissance, l'clat de ses anctres, ses richesses et d'autres avantages lui donnaient le premier rang dans sa nation. Il persuada Hyrcan de chercher un refuge auprs du roi d'Arabie, Artas, pour revendiquer ensuite le pouvoir ; en mme temps il pressa Artas d'accueillir Hyrcan et de le rtablir sur le trne ; sans cesse il dnigrait le caractre d'Aristobule et lui faisait l'loge d'Hyrcan ; ne convenait-il pas au souverain d'un si brillant royaume de prendre en main la dfense des opprims ? or, ctait bien un opprim, puisqu'il tait dpouill d'un trne que lui confrait son droit d'anesse. Aprs avoir ainsi travaill l'un et l'autre, Antipater, une nuit, enlve Hyrcan de Jrusalem et s'vade avec lui ; courant sans relche, il parvient jusqu' la ville de Ptra, capitale du royaume d'Arabie. L, il remet Hyrcan aux mains d'Artas et, force de prires et de prsents, il gagne ce prince et le dcide fournir les forces ncessaires pour rtablir Hyrcan. Artas arma, tant fantassins que cavaliers, cinquante mille hommes[74]. Aristobule ne put rsister ; vaincu ds la premire rencontre, il senferma dans Jrusalem. La ville allait tre emporte de vive force, lorsque Scaurus, gnral romain, survenant dans cette situation critique, fit lever le sige. Envoy d'Arabie en Syrie par le grand Pompe, qui tait alors en guerre avec Tigrane, il avait atteint Damas, o il trouva Metellus et Lollius qui venaient de s'en emparer[75], il les fit partir [75a], et, apprenant les vnements de Jude, se rendit en toute hte dans ce pays pour profiter d'une telle aubaine. 3. [128] Quand il fut arriv sur le territoire juif, les deux frres lui adressrent aussitt des dputs, chacun d'eux implorant son secours. Trois cents talents[76], offerts par Aristobule, lemportrent sur la justice ; peine Scaurus les eut-il reus quil envoya un hraut Hyrcan et aux Arabes, les menaant, sils ne levaient pas le sige, de la colres des Romains et de Pompe. Artas, frapp de terreur, vacua la Jude et se retira Philadelphie, pendant que Scaurus retournait Damas. Aristobule, non content de son propre salut, ramassa toutes ses troupes, poursuivit les ennemis, les attaqua non loin du lieu dit Papyrn, et en tua plus de six mille ; parmi les morts se trouvait le frre d'Antipater, Phallion. 4[77]. [131] Privs du secours des Arabes, Hyrcan et Antipater tournrent leurs esprances du ct oppos. Quand Pompe, abordant la Syrie, fut arriv Damas[78], ils cherchrent un refuge auprs de lui ; outre des prsents[79], ils apportaient encore pour leur dfense les mmes raisons dont ils s'taient servis auprs dArtas, suppliant Pompe de dtester la violence d'Aristobule et de ramener sur le trne celui que son caractre et son ge en rendaient digne. Cependant Aristobule ne montra pas moins d'empressement ; le succs de ses dons Scaurus lui donnait confiance, et il parut devant Pompe dans l'appareil le plus magnifiquement royal. Toutefois, mprisant la bassesse et ne souffrant pas de se laisser imposer, mme par intrt, une servilit indigne de son rang, il partit brusquement de la ville de Dion[80].

5. [133] Irrit de cette conduite et cdant aux supplications d'Hyrcan et de ses amis, Pompe marcha en hte contre Aristobule, prenant avec lui les troupes romaines et un fort contingent d'auxiliaires syriens. Il avait dpass Pella et Scythopolis et atteint Cores, o commence le territoire de Jude pour ceux qui se dirigent vers l'intrieur, lorsqu'il apprit qu'Aristobule s'tait enfui Alexandrion, place somptueusement fortifie et situe sur une haute montagne ; il lui envoya par des messagers l'ordre d'en descendre. Aristobule, devant cette invitation trop imprieuse, tait dispos risquer le combat plutt que d'obir, mais il voyait la multitude effare, ses amis le pressaient de considrer la puissance invincible des Romains. Il se laissa persuader et descendit auprs de Pompe ; puis, aprs avoir justifi longuement devant lui son titre royal, il remonta dans son chteau. Il en sortt une seconde fois sur l'invitation de son frre, plaida sa cause contradictoirement avec lui, puis repartit sans que Pompe y mt obstacle. Balanc entre l'esprance et la crainte, tantt il descendait dans l'espoir d'mouvoir Pompe et de le dcider lui livrer le pouvoir, tantt il remontait dans sa citadelle, craignant de ruiner son propre prestige. Enfin Pompe lui intima l'ordre d'vacuer ses forteresses, et comme il savait qu'Aristobule avait enjoint aux gouverneurs de n'obir qu'a des instructions crites de sa main, il le contraignit de signifier chacun d'eux un ordre d'vacuation ; Aristobule excuta ce qui lui tait prescrit, mais, pris d'indignation, il se retira a Jrusalem pour prparer la guerre contre Pompe. 6. [138] Alors celui-ci, sans lui laisser de temps pour ses prparatifs, le suivit la piste. Ce qui hta encore plus sa marche, ce fut la nouvelle de la mort de Mithridate ; il l'apprit prs de Jricho, la contre la plus fertile de toute la Jude, qui produit en abondance le palmier et le baumier ; pour recueillir le baume, on pratique dans les troncs avec des pierres tranchantes des incisions qui le laissent distiller goutte goutte. Aprs avoir camp dans cette localit une seule nuit, Pompe ds l'aurore s'avana rapidement contre Jrusalem. Epouvant son approche, Aristobule se prsente en suppliant, et par la promesse qu'il lui fait de livrer la ville et sa propre personne, il adoucit la colre de Pompe. Cependant il ne put excuter aucun de ses engagements, car lorsque Gabinius, envoy pour prendre livraison de l'argent, se prsenta, les partisans d'Aristobule refusrent mme de l'admettre dans la ville.

VII 1-3. Sige de Jrusalem par Pompe. - 4-6. Prise du Temple et massacres. Hyrcan redevient grand-prtre. La Jude tributaire. - 7. Distribution des territoires enlevs aux Juifs. Aristobule emmen captif Rome. 1[81]. [141] Indign de ces procds, Pompe retint sous bonne garde Aristobule et se dirigea vers la ville pour examiner de quel ct il pouvait l'attaquer. Il observa que la solidit des murailles les rendait inabordables, qu'elles taient prcdes dun ravin d'une profondeur effrayante, que le Temple ceint par ce ravin tait lui-mme trs solidement fortifi et pouvait fournir, aprs la prise de la ville, une seconde ligne de dfense aux ennemis.

2. [142] Pendant que son indcision se prolongeait, la sdition clata dans Jrusalem ; les partisans d'Aristobule voulaient combattre et dlivrer le roi, ceux d'Hyrcan conseillaient d'ouvrir les portes Pompe ; ce dernier parti tait grossi par la crainte qu'inspirait le bel ordre de l'arme romaine. Le parti d'Aristobule, ayant le dessous, se retira dans le Temple, coupa le pont qui le joignait la ville et se prpara lutter jusqu'au dernier souffle. Le reste de la population reut les Romains dans la ville et leur livra le palais royal. Pompe envoya des troupes pour l'occuper, sous la conduite d'un de ses lieutenants, Pison ; celui-ci distribua des postes dans la ville, et comme il ne put, par ses discours, amener composition aucun de ceux qui s'taient rfugis dans le Temple, il disposa pour l'attaque tous les lieux d'alentour ; dans ce travail Hyrcan et ses amis l'assistrent avec zle de leurs conseils et de leurs bras. 3. [145] Pompe lui-mme combla sur le flanc Nord le foss et tout le ravin, en faisant apporter des matriaux par l'arme. Il tait difficile de remplir cette immense profondeur, d'autant plus que les Juifs, du haut du Temple, s'efforaient par tous les moyens d'carter les travailleurs. Les efforts des Romains fussent rests infructueux, si Pompe n'avait profit du septime jour de la semaine, ou, par religion, les Juifs sabstiennent de tout travail manuel ; il parvint ainsi lever le remblai, en interdisant cependant aux soldats tout acte d'hostilit ouverte, car le jour dit Sabbat, les Juifs ont le droit de dfendre leur vie, mais rien de plus. Le ravin une fois combl, Pompe dressa sur le remblai de hautes tours, fit avancer les machines amenes de Tyr, et les essaya contre les murailles. Des balistes faisaient reculer ceux qui d'en haut s'opposaient aux progrs des Romains. Cependant les tours des assigs, qui taient, dans ce secteur, d'une grandeur et d'un travail remarquables, rsistrent trs longtemps. 4. [148] Pendant que les Romains supportaient des fatigues puisantes, Pompe eut occasion d'admirer en gnral l'endurance des Juifs et surtout la constance avec laquelle ils ne ngligeaient aucun dtail du culte, mme envelopps d'une grle de traits. Comme si une paix profonde rgnait dans la cit, les sacrifices, les purifications de chaque jour, tous les dtails du culte s'accomplissaient exactement en l'honneur de Dieu ;i le jour mme de la prise du Temple, quand on les massacrait auprs de l'autel, les Juifs n'interrompirent pas les crmonies journalires prescrites par la loi. Ce fut le troisime mois du sige[82] que les Romains, ayant russi grand-peine renverser une des tours, s'lancrent dans le Temple. Le premier qui osa franchir le mur fut le fils de Sylla, Faustus Cornelius ; aprs lui vinrent deux centurions, Furius et Fabius. Suivis chacun de leur troupe, ils cernrent de toutes parts les Juifs et les taillrent en pices, soit qu'ils cherchassent un refuge dans l'enceinte sacre, soit qu'ils opposassent quelque rsistance. 5. [150] Alors bon nombre de prtres, voyant les ennemis s'lancer le glaive ta main, demeurrent impassibles dans l'exercice de leur ministre et se laissrent gorger, tandis qu'ils offraient les libations et l'encens ; ils mettaient ainsi le culte de la divinit au-dessus de leur propre salut. La plupart furent massacrs par leurs concitoyens de la faction adverse ou se jetrent en foule dans les prcipices ; quelques-uns, se voyant perdus sans ressources, brlrent dans leur

fureur les constructions voisines de l'enceinte et s'abmrent dans les flammes. Il prit en tout douze mille Juifs; les Romains eurent trs peu de morts, mais un assez grand nombre de blesss. 6. [152] Dans ce dluge de calamits, rien n'affligea aussi vivement la nation que de voir dvoil au regard des trangers le lieu saint, jusque-l invisible. Pompe entra, en effet, avec sa suite dans le sanctuaire, dans la partie ou seul le grand-prtre avait le droit de pntrer ; il y contempla les objets sacrs : le candlabre, les lampes, la table, les vases libations, les encensoirs, le tout en or massif, quantit d'aromates accumuls et le trsor sacr, riche d'environ deux mille talents. Cependant il ne toucha ni ces objets ni rien autre du mobilier sacr, et, le lendemain de la prise du Temple, il ordonna aux gardiens de purifier l'enceinte sacre et de recommencer les sacrifices accoutums. Il rintgra Hyrcan dans ses fonctions de grand-prtre, parce qu'il lui avait tmoign beaucoup de zle pendant le sige et surtout avait dtach nombre d'habitants de la campagne, qui dsiraient prendre les armes pour Aristobule ; grce a cette conduite digne d'un sage gnral, il gagna le peuple. par la bienveillance plutt que par la terreur. Parmi les prisonniers se trouvait le beau-pre d'Aristobule, qui tait en mme temps son oncle[83]. Ceux des captifs qui avaient le plus activement favoris la guerre furent condamns prir sous la hache. Faustus et ceux qui s'taient avec lui distingus par leur valeur obtinrent de brillantes rcompenses ; le pays et Jrusalem furent frapps d'un tribut. 7. [155] Pompe enleva aux Juifs toutes les villes de Cl-Syrie que ce peuple avait conquises, plaa ces villes sous l'autorit du gouverneur romain prpos cette rgion, et renferma ainsi les Juifs dans leurs propres limites. Il releva de ses ruines la ville de Gadara, dtruite par les Juifs, pour complaire l'un de ses affranchis, Dmtrius, qui tait de Gadara. Il affranchit aussi du joug des Juifs les villes de l'intrieur, qu'ils n'avaient pas eu le temps de ruiner, Hippos, Scythopolis, Pella[84], Samarie, Marissa, puis encore Azotos, Jamne, Arthuse, et, sur le littoral, Gaza, Jopp, Dora, et la ville qu'on appelait jadis Tour de Straton et qui, plus tard, rdifie et orne de constructions splendides par Hrode, prit le nom nouveau de Csare. Toutes ces villes, restitues leurs lgitimes habitants, furent rattaches la province de Syrie. Il la confia, avec la Jude et tout le pays jusqu' l'gypte et l'Euphrate, ladministration de Scaurus, qui commanda deux lgions ; lui-mme se hta vers Rome travers la Cilicie, emmenant prisonniers Aristobule et sa famille. Ce prince avait deux filles et deux fils, dont l'an, Alexandre, s'vada en route ; le cadet, Antigone, et ses surs furent conduits Rome.

VIII 1. Scaurus contre Artas. - 2-5, Gouvernement de Gabinius. Rvolte et dfaite d'Alexandre. Constitution aristocratique octroye la Jude. - 6. Rvolte et dfaite d'Aristobule. - - 7. Nouvelle tentative d'Alexandre. 8-9. Crassus et Cassius. Pillage du Temple. Puissance d'Antipater. 1[85]. [159] Cependant Scaurus avait envahi l'Arabie. Les difficults du terrain le firent chouer devant Ptra ; il se mit alors ravager le territoire environnant, mais il en rsulta pour lui de nouvelles et graves souffrances, car son arme fut rduite la disette. Hyrcan la soulagea, en

faisant amen des vivres par Antipater. Comme celui-ci avait des relations d'amiti avec Artas, Scaurus l'envoya auprs de ce roi pour le dcider acheter la paix. L'Arabe se laissa persuader : il donna trois cents talents ces conditions, Scaurus vacua l'Arabie avec son arme. 2[86]. [160] Alexandre, celui des fils d'Aristobule qui s'tait chapp des mains de Pompe, avait peu a peu rassembl des troupes considrables et causait de graves ennuis Hyrcan en parcourant la Jude. On pouvait croire qu'il renverserait bientt ce prince ; dj mme, s'approchant de la capitale, il poussait la hardiesse jusqu'a vouloir relever les murs de Jrusalem dtruits par Pompe[87]. Heureusement Gabinius, envoy en Syrie comme successeur de Scaurus[88], se distingua par divers actes d'nergie et marcha contre Alexandre. Celui-ci, pris de crainte son approche, runit une grosse arme - dix mille fantassins et quinze cents cavaliers et fortifia les places avantageusement situes d'Alexandreion, d'Hyrcaneion et de Machrous, prs des montagnes d'Arabie. 3. [162] Gabinius lana en avant Marc Antoine avec une partie de son arme ; lui-mme suivit avec le gros. Le corps d'lite que conduisait Antipater et le reste des troupes juives sous Malichos et Pitholaos firent leur jonction avec les lieutenants de Marc Antoine ; tous marchrent ensemble la rencontre d'Alexandre. Peu de temps aprs survint Gabinius lui-mme avec la lourde infanterie. Sans attendre le choc de toutes ces forces runies, Alexandre recula ; il approchait de Jrusalem quand il fut forc d'accepter le combat ; il perdit dans la bataille six mille hommes, dont trois mille morts et trois mille prisonniers, et s'enfuit avec le reste Alexandreion. 4. [164] Gabinius le poursuivit jusqu'a cette place. Il trouva un grand nombre de soldats camps devant les murs ; il leur promit le pardon, essayant de les gagner avant le combat. Mais comme leur fiert repoussait tout accommodement, Gabinius en tua beaucoup et rejeta le reste dans la forteresse. Ce fut dans ce combat que se distingua le gnral Marc Antoine ; il montra toujours et partout sa valeur, mais jamais elle ne fut si clatante. Laissant un dtachement pour rduire la garnison, Gabinius parcourut lui-mme la contre, rorganisant les villes qui n'avaient pas t dvastes, relevant celles qu'il trouva en ruines. Ainsi se repeuplrent, d'aprs ses ordres, Scythopolis, (Samarie), Anthdon, Apollonia, Jamne, Raphia, Marisa, Adoros[89], Gamala, Azotos, et d'autres encore ; partout les colons affluaient avec empressement. 5. [167] Cette opration termine, Gabinius revint contre Alexandreion et pressa le sige avec tant de vigueur qu'Alexandre, dsesprant du succs, lui envoya un hraut : il demandait le pardon de ses fautes et livrait les places qui lui restaient, Hyrcancion et Machrous ; enfin il remit Alexandreion mme. Gabinius, sur les conseils de la mre d'Alexandre, dtruisit de fond en comble toutes ces places, pour qu'elles ne pussent servir de base d'opration dans une nouvelle guerre. Cette princesse demeurait auprs de Gabinius, qu'elle cherchait se concilier par sa douceur, craignant pour les prisonniers de Rome, son poux et ses autres enfants. Ensuite Gabinius ramena Hyrcan a Jrusalem, lui confia la garde du Temple et remit le reste du gouvernement entre les mains des grands. Il divisa tout le pays en cinq ressorts dont les snats[90] devaient siger respectivement Jrusalem, Gazara, Amathonte, Jricho, et

Sepphoris, ville de Galile. Les Juifs, dlivrs de la domination d'un seul, accueillirent avec joie le gouvernement aristocratique. 6[91]. [171] Peu de temps aprs, Aristobule lui-mme s'chappa de Rome et suscita de nouveaux troubles. Il rassembla un grand nombre de Juifs, les uns avides de changement, les autres depuis longtemps dvous sa personne. Il s'empara d'abord d'Alexandreion et commenait en relever les murs, quand Gabinius envoya contre lui une arme commande par Sisenna, Antoine et Servilius[92] ; cette nouvelle, il se rfugia Machrous, renvoya la foule des gens inutiles et ne retint que les hommes arms au nombre de huit mille environ ; parmi eux se trouvait Pitholaos, qui commandait en second a Jrusalem et avait fait dfection avec mille hommes. Les Romains le suivirent la piste. Dans la bataille qui se livra, les soldats d'Aristobule rsistrent longtemps et combattirent avec courage ; mais enfin, ils furent enfoncs par les Romains : cinq mille hommes tombrent, deux mille environ se rfugirent sur une minence ; les mille qui restaient, conduits par Aristobule, se frayrent un chemin travers l'infanterie romaine et se jetrent dans Machrous. Le roi campa le premier soir sur les ruines de cette ville, nourrissant l'espoir de rassembler une autre arme, si la guerre lui en laissait le temps, et levant autour de la place de mchantes [92a] fortifications ; mais quand les Romains l'attaqurent, aprs' avoir rsist pendant deux jours au-del de ses forces, il fut pris. On l'amena, charg de fers, auprs de Gabinius, avec son fils Antigone qui s'tait enfui de Rome avec lui. Gabinius le renvoya de nouveau Rome. Le Snat retint Aristobule en prison, mais laissa rentrer [92b] ses enfants en Jude, car Gabinius expliqua dans ses lettres quil avait accord cette faveur la femme d'Aristobule en change de la remise des places-fortes[93]. 7[94]. [175] Comme Gabinius allait entreprendre une expdition contre les Parthes, il fut arrt dans ce dessein par Ptolme[95]. Des bords de l'Euphrate; il descendit vers l'Egypte. Il trouva, pendant cette campagne, auprs d'Hyrcan et d'Antipater toute l'assistance ncessaire. Argent, armes, bl, auxiliaires, Antipater lui fit tout parvenir ; il lui gagna aussi les juifs de cette rgion, qui gardaient les abords de Pluse, et leur persuada de livrer passage aux Romains. Cependant le reste de la Syrie profita du dpart de Gabinius pour sagiter. Alexandre, fils d'Aristobule, souleva de nouveau les juifs ; il leva une arme trs considrable et fit mine de massacrer tous les Romains du pays. Ces vnements inquitrent Gabinius, qui, la nouvelle des troubles, s'tait ht de revenir d'gypte : il envoya Antipater auprs de quelques-uns des mutins et les fit rentrer dans le devoir. Mais il en resta trente mille avec Alexandre, qui brlait de combattre. Gabinius marcha donc au combat ; les Juifs vinrent sa rencontre, et la bataille eut lieu prs du mont Itabyrion ; dix mille Juifs prirent, le reste se dbanda. Gabinius retourna Jrusalem et y rorganisa le gouvernement sur les conseils dAntipater. De l il partit contre les Nabatens qu'il vainquit en bataille range ; il renvoya aussi secrtement deux exils Parthes, Mithridate et Orsans, qui s'taient rfugis auprs de lui, tout en dclarant devant les soldats qu'ils s'taient vads[96]. 8[97]. [179] Cependant Crassus vint pour lui succder dans le gouvernement de la Syrie. Avant d'entreprendre son expdition contre les Parthes, il mit la main sur l'or que renfermait le

Temple de Jrusalem et emporta mme les deux mille talents auxquels Pompe n'avait pas touch. Il franchit l'Euphrate et prit avec toute son arme ; mais ce n'est pas le lieu de raconter ces vnements. 9. [180] Aprs la mort de Crassus, les Parthes s'lanaient pour envahir la Syrie mais Cassius, qui s'tait rfugi dans cette province, les repoussa. Ayant ainsi sauv la Syrie, il marcha rapidement contre les Juifs, prit Tariches, o il rduisit trente mille Juifs en esclavage, et mit mort Pitholaos, qui cherchait runir les partisans d'Aristobule : c'est Antipater qui lui conseilla cette excution. Antipater avait pous Kypros, femme d'une noble famille d'Arabie ; quatre fils naquirent de ce mariage - Phasal, Hrode, qui fut roi, Joseph, Phroras - et une fille, Salom. Il s'tait attach les puissants de partout par les liens de l'amiti et de l'hospitalit ; il avait gagn surtout la faveur du roi des Arabes, par son alliance matrimoniale, et c'est lui qu'il confia ses enfants quand il engagea la guerre contre Aristobule. Cassius, aprs avoir contraint par un trait Alexandre se tenir en repos, se dirigea vers l'Euphrate pour empcher les Parthes de franchir le fleuve ; ce sont des vnements dont nous parlerons ailleurs[98].

IX 1-2. Mort d'Aristobule et d'Alexandre. - 3-5. Services rendus par Antipater Csar en gypte. 1[99]. [183] Quand Pompe se fut enfui avec le snat romain au-del de la mer Ionienne[100], Csar, matre de Rome et de l'Empire mit en libert Aristobule. Il lui confia deux lgions et le dpcha en Syrie, esprant, par son moyen, s'attacher facilement cette province et la Jude. Mais la haine prvint le zle d'Aristobule et les esprances de Csar. Empoisonn par les amis de Pompe, Aristobule resta, pendant longtemps, priv de la spulture dans la terre natale. Son cadavre fut conserv dans du miel, jusqu'au jour o Antoine l'envoya aux Juifs pour tre enseveli dan s le monument de ses pres. 2. [185] Son fils Alexandre pril aussi cette poque : Scipion[101] le fit dcapit Antioche, sur l'ordre de Pompe, aprs l'avoir fait accuser devant son tribunal pour les torts qu'il avait causs aux Romains. Le frre et les surs d'Alexandre reurent l'hospitalit de Ptolme, fils de Mennos, prince de Chalcis dans le Liban. Ptolme leur avait envoy Ascalon son fils Philippion, ci celui-ci russit enlever la femme d'Aristobule, Antigone et les princesses, qu'il ramena auprs de son pre. pris de la cadette, Philippion l'pousa, mais ensuite son pre le tua pour cette mme princesse Alexandra, qu'il pousa son tour. Depuis ce mariage il tmoigna au frre et la sur beaucoup de sollicitude. 3[102]. [187] Antipater, aprs la mort de Pompe[103], changea de parti et fit la cour Csar. Quand Mithridate de Pergame, conduisant une arme en gypte, se vit barrer le passage de Pluse et dut s'arrter Ascalon, Antipater persuada aux Arabes dont il tait l'hte de lui prter assistance ; lui-mme rejoignit Mithridate avec trois mille fantassins juifs arms. Il persuada aussi les personnages les plus puissants de Syrie de seconder Mithridate, savoir[104]Ptolme du Liban et Jamblique. Par leur influence les villes de la rgion contriburent avec ardeur a cette

guerre. Mithridate, puisant une nouvelle confiance dans les forces amenes par Antipater, marcha sur Pluse et, comme on refusait de le laisser passer, assigea la ville. A l'assaut, Antipater s'acquit une gloire clatante ; car il fit une brche dans la partie de la muraille en face de lui et, suivi de ses soldats, s'lana le premier dans la place. 4. [190] C'est ainsi que Pluse fut prise. L'arme, en continuant sa marche, fut encore arrte par les Juifs gyptiens qui habitaient le territoire dit d'Onias. Cependant Antipater sut les persuader, non seulement de ne faire aucune rsistance, mais encore de fournir des subsistances l'arme. Ds lors ceux de Memphis[105] ne rsistrent pas davantage et se joignirent de leur plein gr Mithridate. Celui-ci, qui avait fait le tour du Delta, engagea le combat contre le reste des gyptiens au lieu appel camp des Juifs . Dans cet engagement, il courait de grands risques avec toute son aile droite, quand Antipater, en longeant le fleuve, vint le dgager ; car celui-ci, avec l'aile gauche, avait battu les ennemis qui lui taient opposs ; tombant alors sur ceux qui poursuivaient Mithridate, il en tua un grand nombre et poussa si vivement le reste qu'il s'empara de leur camp. Il ne perdit que quatre-vingts[106] des siens ; Mithridate dans sa droute en avait perdu huit cents. Sauv contre son esprance, Mithridate porta auprs de Csar un tmoignage sincre de la brillante valeur dAntipater. 5. [193] Csar, par ses louanges et par ses promesses, stimula Antipater courir de nouveaux dangers pour son service. Il s'y montra le plus hardi des soldats, et, souvent bless, portait presque sur tout son corps les marques de son courage. Puis, quand Csar eut mis ordre aux affaires d'gypte et regagna la Syrie, il honora Antipater du titre de citoyen romain et de l'exemption d'impts. Il le combla aussi de tmoignages d'honneur et de bienveillance, qui firent de lui un objet d'envie ; c'est aussi pour lui complaire que Csar confirma Hyrcan dans sa charge de grand-prtre.

X 1-3. Plaintes d'Antigone contre Antipater ; Csar dcide en faveur de ce dernier. - 4. Antipater gouverne la Jude sous le nom d'Hyrcan. - 5-9. Exploits, procs, exil et retour d'Hrode. - 10. Guerre d'Apame. 4[107]. [195] Vers le mme temps se prsenta devant Csar Antigone, fils d'Aristobule, et son intervention eut pour effet inattendu d'avancer la fortune d'Antipater. Antigone aurait d se contenter de pleurer sur la mort de son pre, empoisonn, semble-t-il, cause de ses dissentiments avec Pompe, et de fltrir la cruaut de Scipion envers son frre, sans mler ses plaintes aucun sentiment de haine. Loin de l, il osa encore venir en personne accuser Hyrcan et Antipater : ils l'avaient, disait-il, au mpris de tout droit, chass, lui, ses frres et surs, de toute leur terre natale ; ils avaient, dans leur insolence, accabl le peuple d'injustices ; s'ils avaient envoy des secours en gypte, ce n'tait pas par bienveillance pour Csar, mais par crainte de voir renatre de vieilles querelles et pour se faire pardonner leur amiti envers Pompe.

2. [197] En rponse, Antipater, arrachant ses vtements. montra ses nombreuses cicatrices. Son affection pour Csar, dit-il, point n'est besoin de la prouver par des paroles ; tout son corps la crie, gardt-il il le silence. Mais l'audace d'Antigone le stupfait. Quoi ! le fils d'un ennemi des Romains, d'un fugitif de Rome, lui qui a hrit de son pre lesprit de rvolution et de sdition, ose accuser les autres devant le gnral romain et s'efforce d'en obtenir quelque avantage, quand il devrait s'estimer heureux d'avoir la vie sauve ! D'ailleurs, s'il recherche le trne, ce n'est pas le besoin qui l'y pousse ; ce qu'il dsire plutt, c'est de pouvoir, prsent de sa personne, semer la sdition parmi les Juifs et user de ses ressources contre ceux qui les lui ont fournies . 3. [199] Aprs avoir entendu ce dbat, Csar dclara qu'Hyrcan mritait mieux que tout autre le grand pontificat et laissa Antipater le droit de choisir la dignit qu'il voudrait. Celui-ci dclara s'en rapporter son bienfaiteur du soin de fixer l'tendue du bienfait ; il fut alors nomm procurateur de toute la Jude. Il obtint de plus l'autorisation de d'lever les murailles dtruites de sa patrie. Csar expdia ces dcisions Rome pour tre graves au Capitole comme un monument de sa propre justice et du mrite d'Antipater. 4[108]. [201] Antipater, aprs avoir accompagn Csar jusqu'aux frontires de Syrie, revint Jrusalem. Son premier soin fut de relever les murs de la capitale, que Pompe avait abattus, et de parcourir le pays pour apaiser les troubles, usant tour a tour de menaces et de conseils. En s'attachant Hyrcan, disait-il, ils vivront dans l'abondance et dans la tranquillit et jouiront de leurs biens au sein de la paix commune ; s'ils se laissent, au contraire, sduire par les vaines promesses de gens qui, dans l'espoir d'un avantage personnel, trament des changements, ils trouveront dans Antipater un matre au lieu d'un protecteur, dans Hyrcan un tyran au lieu d'un roi, dans les Romains et dans Csar des ennemis au lieu de chefs et d'amis ; car ceux-ci ne laisseront pas chasser du pouvoir celui qu'ils y ont eux-mmes install. En mme temps, il s'occupa luimme d'organiser le pays car il ne voyait chez Hyrcan qu'inertie et faiblesse indignes d'un roi[109]. Il donna son fils an Phasal le gouvernement de Jrusalem et des alentours ; il envoya Hrode, le second, avec des pouvoirs gaux en Galile, malgr son extrme jeunesse. 5. [204] Hrode, dou d'un naturel entreprenant, trouva bientt matire son nergie. Un certain Ezchias, chef de brigands, parcourait la tte d'une grosse troupe les confins de la Syrie ; Hrode s'empara de sa personne et le mit mort avec un bon nombre de ses brigands. Ce succs fit le plus grand plaisir aux Syriens. Dans les bourgs, dans les villes, les chansons clbraient Hrode comme celui qui assurait par sa prsence la paix et leurs biens. Cet exploit le fit aussi connatre Sextus Csar, parent du grand Csar et gouverneur de Syrie. Phasal, de son ct, par une noble mulation, rivalisait avec le bon renom de son frre ; il sut se concilier la faveur des habitants de Jrusalem et gouverner en matre la ville sans commettre aucun excs fcheux d'autorit. Aussi le peuple courtisait Antipater comme un roi : tous lui rendaient des honneurs comme s'il et t le matre absolu ; cependant il ne se dpartit jamais de l'affection ni de la fidlit qu'il devait Hyrcan. 6. [208] Mais il est impossible dans la prosprit d'viter l'envie. Dj Hyrcan se sentait secrtement mordu par la gloire de ces jeunes gens ; c'taient surtout les succs d'Hrode qui

l'irritaient, c'taient les messagers se succdant sans relche pour raconter ses hauts faits. Il ne manquait pas non plus de mdisants la cour, pour exciter les soupons du prince, gens qui avaient trouv un obstacle dans la sagesse d'Antipater ou de ses fils. Hyrcan, disaient-ils, avait abandonn Antipater et ses fils la conduite des affaires ; lui-mme restait inactif, ne gardant que le titre de roi sans pouvoir effectif. Jusqu' quand persvrerait il dans son erreur de nourrir des rois contre lui ? Dj ses ministres ne se contentent plus du masque de procurateurs ; ils se dclarent ouvertement les matres, ils le mettent entirement de ct, puisque, sans avoir reu ni ordre ni message d'Hyrcan, Hrode a, au mpris de la loi juive, fait mourir un si grand nombre de personnes ; s'il n'est pas roi, s'il est encore simple particulier, Hrode doit comparatre en justice et se justifier devant le prince et les lois nationales, qui interdisent de tuer un homme sans jugement. 7. [210] Ces paroles peu peu enflammaient Hyrcan ; sa colre finit par clater, et il cita Hrode en justice. Celui-ci, fort des conseils de son pre et s'appuyant sur sa propre conduite, se prsenta devant le tribunal, aprs avoir pralablement mis bonne garnison en Galile. Il marchait suivi d'une escorte suffisante [109a], calcule de manire viter dune part lapparence de couloir renverser Hyrcan avec des forces considrables, et dautre part le danger de se livrer sans dfense a l'envie. Cependant Sextus Csar, craignant que le jeune homme, pris par ses ennemis, nprouvt quelque malheur, manda expressment Hyrcan qu'il eut absoudre Hrode de l'accusation de meurtre. Hyrcan, qui d'ailleurs inclinait cette solution, car il aimait Hrode, rendit une sentence conforme[110]. 8. [212] Cependant Hrode, estimant que c'tait malgr le roi qu'il avait vit la condamnation, se retira Damas auprs de Sextus et se mit en mesure de rpondre une nouvelle citation. Les mchants continuaient exciter Hyrcan, disant qu'Hrode avait fui par colre et quil machinait quelque chose contre lui. Le roi les crut, mais il ne savait que faire, voyant son adversaire plus fort que lui. Lorsque ensuite Sextus nomma Hrode gouverneur[111] de ClSyrie et de Samarie, formidable la fois par la faveur du peuple et par sa puissance propre, il inspira une extrme terreur Hyrcan, qui s'attendait ds lors le voir marcher contre lui la tte d'une arme. 9. [214] Cette crainte n'tait que trop fonde. Hrode, furieux de la menace que ce procs avait suspendue sur sa tte, rassembla une arme et marcha sur Jrusalem pour dposer Hyrcan. Il aurait excut ce dessein incontinent, si son pre et son frre n'taient venus au-devant de lui et n'avaient arrt son lan ; ils le conjurrent de borner sa dfense la menace, l'indignation, et d'pargner le roi sous le rgne duquel il tait parvenu une si haute puissance. Si, disent-ils, il a raison de s'indigner d'avoir t appel au tribunal, il doit, d'autre part, se rjouir de son acquittement ; s'il rpond par la colre l'injure, il ne doit pas rpondre par l'ingratitude au pardon. Et s'il faut estimer que les hasards de la guerre sont dans la main de Dieu, un acte injuste prvaudra sur la force d'une arme : aussi ne doit-il pas avoir une confiance absolue dans la victoire, puisqu'il va combattre contre son roi et son ami, qui fut souvent son bienfaiteur et ne lui a t hostile que le jour o, cdant de mauvais conseils, il l'a menac d'une ombre d'injustice.

Hrode se laissa persuader par ces avis, pensant qu'il suffisait ses esprances d'avoir fait devant le peuple cette manifestation de sa puissance. 10[112]. [216] Sur ces entrefaites, des troubles et une vritable guerre civile clatrent Apame. entre les Romains. Ccilius Bassus, par attachement pour Pompe, assassina Sextus Csar[113] et s'empara de son arme ; les autres lieutenants de Csar, pour venger ce meurtre, attaqurent Bassus avec toutes leurs forces. Antipater, dvou aux deux Csars, le mort et le vivant, leur envoya des secours sous ses deux fils. Comme la guerre tranait en longueur, Murcus fut envoy d'Italie pour Succder Sextus.

XI 1-2. Guerre civile. Cassius en Syrie ; ses exactions. - 3-4. Antipater assassin par Malichos. 5-8. Hrode tire vengeance de Malichos. 1[114]. [218] A cette poque clata entre les Romains la grande guerre, aprs que Brutus et Cassius eurent assassin Csar, qui avait occup le pouvoir pendant trois ans et sept mois[115]. Une profonde agitation suivit ce meurtre ; les citoyens les plus considrables se divisrent ; chacun, suivant ses esprances particulires, embrassait le parti qu'il croyait avantageux. Cassius, pour sa part, se rendit en Syrie afin d'y prendre le commandement des armes runies autour d'Apame. L il rconcilia Bassus avec Murcus et les lgions spares, fit lever le sige dApame, et, se mettant lui-mme la tte des troupes, parcourut les villes en levant des tributs avec des exigences qui dpassaient leurs ressources. 2. [220] Les juifs reurent l'ordre de fournir une somme de sept cents talents. Antipater, craignant les menaces de Cassius, chargea ses fils et quelques-uns de ses familiers, entre autres Malichos, qui le hassait, de lever promptement cet argent, chacun pour sa position, - tel point les talonnait la ncessit ! Ce fut Hrode qui, le premier, apaisa Cassius, en lui apportant de Galile sa contribution, une somme de cent talents ; il devint par l son intime ami ; quant aux autres, Cassius leur reprocha leur lenteur et fit retomber sa colre sur les villes mmes. Aprs avoir rduit en servitude Gophna, Emmas et deux autres villes de moindre importance[116], il s'avanait dans le dessein de mettre mort Malichos pour sa ngligence fournir le tribut, mais Antipater[117] prvnt la perte de Malichos et la ruine des autres villes en calmant Cassius par le don de cent talents. 3. [223] Cependant, aprs le dpart de Cassius, Malichos, loin de savoir gr Antipater de ce service, machina un complot contre celui qui l'avait sauv plusieurs reprises, brlant de supprimer l'homme qui s'opposait ses injustices. Antipater, craignant la force et la sclratesse de ce personnage, passa le Jourdain pour rassembler une arme et djouer le complot. Malichos, quoique pris sur le fait, sut force d'impudence gagner les fils d'Antipater : Phasal, gouverneur de Jrusalem et Hrode, commandant de l'arsenal, ensorcels par ses excuses et ses serments, consentirent lui servir de mdiateurs auprs de leur pre. Une fois de plus Antipater le sauva, en apaisant Murcus, gouverneur do. Syrie, qui voulait mettre mort Malichos comme factieux.

4. [225] Quand le jeune Csar et Aubine ouvrirent les hostilits contre Cassius et Brutus, Cassius et Murcus levrent une arme en Syrie, et comme Hrode paraissait leur avoir rendu de grands services dans cette opration, ils le nommrent alors procurateur de la Syrie entire[118] en lui donnant de l'infanterie et de la cavalerie ; Cassius lui promit mme, une fois la guerre termine, de le nommer roi de Jude. La puissance du fils et ses brillantes esprances amenrent la perte du pre. Car Malichos, inquiet pour l'avenir, corrompit prix d'argent un des chansons royaux et fit donner du poison Antipater. Victime de l'iniquit de Malichos, Antipater mourut en sortant de table[119]. C'tait un homme plein d'nergie dans la conduite des affaires, qui fit recouvrer Hyrcan son royaume et le garda pour lui. 5[120]. [227] Malichos, voyant le peuple irrit par le soupon du crime, l'apaisa par ses dngations et, pour affermir son pouvoir, leva une troupe de soldats. En effet, il pensait bien qu'Hrode ne se tiendrait pas en repos ; celui-ci parut bientt la tte d'une arme pour venger son pre. Cependant Phasal conseilla son frre de ne pas attaquer ouvertement leur ennemi, dans la crainte dexciter des sditions parmi la multitude. Hrode accepta donc pour le moment la justification de Malichos et consentit l'absoudre du soupon ; puis il clbra avec une pompe clatante les funrailles de son pre[121]. 6. [229] Il se rendit ensuite Samarie, trouble par la sdition et y rtablit l'ordre ; puis il revint passer les ftes Jrusalem, suivi de ses soldats. Hyrcan, l'instigation de Malichos, qui craignait l'entre de ces troupes, le prvint par un message et lui dfendit d'introduire des trangers parmi le peuple qui se sanctifiait. Mais Hrode, ddaignant le prtexte et l'auteur de l'ordre, entra de nuit dans la ville. L-dessus Malichos se prsenta encore une fois auprs de lui pour pleurer Antipater. Hrode lui rpondit en dissimulant, tout en ayant peine contenir sa colre. En mme temps il adressa Cassius des lettres o il dplorait la mort de son pre ; Cassius, qui hassait d'ailleurs Malichos, lui rpondit en l'engageant poursuivre le meurtrier ; bien plus, il manda secrtement ses tribuns de prter leur concours Hrode pour une juste entreprise. 7. [231] Quand Cassius se fut empar de Laodice et vit arriver de tous les cts les principaux du pays portant des prsents et des couronnes, Hrode jugea le moment venu pour sa vengeance. Malichos avait conu des soupons ; arriv Tyr, il rsolut de faire chapper secrtement son fils, qu'on gardait alors en otage dans cette ville, et lui-mme se disposa fuir en Jude. Le dsespoir le poussa mme de plus vastes desseins ; il rvait de soulever la nation contre les Romains, pendant que Cassius serait occup la guerre contre Antoine, et se flattait d'arriver a la royaut, ds qu'il aurait sans peine renvers Hyrcan. 8. [233] Mais la destine se rit de ses esprances. En effet, Hrode, devinant son intention, l'invita a souper avec Hyrcan ; ensuite il appela un[122] de ses serviteurs qui se trouvait l et l'envoya, en apparence pour prparer le festin, en ralit pour prvenir les tribuns de disposer une embuscade. Ceux-ci, se rappelant les ordres de Cassius, sortirent en armes sur le rivage de la mer, devant la ville ; l ils entourrent Malichos et le criblrent de blessures mortelles. Saisi d'pouvante cette nouvelle, Hyrcan tomba d'abord vanoui ; quand il revint lui, non sans peine, il demanda Hrode qui avait tu Malichos. Un des tribuns lui rpondit : Ordre de Cassius .

Alors, rpondit-il, Cassius m'a sauv ainsi que ma patrie, puisqu'il a mis mort celui qui tramait notre perte . Hyrcan parlait il ainsi du fond du cur, ou acceptait-il par crainte le fait accompli, c'est un point douteux. Quoi qu'il en soit, c'est ainsi qu'Hrode se vengea de Malichos.

XII 1. Rvolte d'Hlix et du frre de Malichos. - 2. Rivalit d'Hrode et de Marion, tyran de Tyr. 3. Victoire d'Hrode sur Antigone. Il pouse Mariamme. - 4-5. Antoine conduit les ambassadeurs juifs ; Hrode et Phasal nomms ttrarques. - 6.7. Massacre des dputs juifs. 1[123]. [236] Cassius avait peine quitt la Syrie qu'une nouvelle sdition clata Jrusalem. Un certain Hlix se mit la tte d'une arme et se souleva contre Phasal, voulant, cause du chtiment inflig Malichos, se venger dHrode sur la personne de son frre. Hrode se trouvait alors Damas, prs du gnral romain Fabius ; dsireux de porter secours Phasal. il fut retenu par la maladie. Cependant Phasal quoique laiss ses seules forces, triompha d'Hlix et accusa Hyrcan d'ingratitude, pour avoir favoris les desseins d'Hlix et laiss le frre de Malichos s'emparer d'un grand nombre de places et particulirement de la plus forte de toutes, Masada. 2. [238] Mais rien ne pouvait garantir Hlix de l'imptuosit d'Hrode. Celui-ci, rendu la sant, lui reprit les places-fortes et le fit sortir lui-mme de Masada, en suppliant. Il chassa pareillement de Galile Marion, tyran de Tyr, qui avait dj pris possession de trois places ; quant aux Tyriens, qu'il avait faits prisonniers, il les pargna tous ; il y en eut mme qu'il relcha avec des prsents, s'assurant ainsi lui-mme la faveur des Tyriens et au tyran leur haine. Marion tenait son pouvoir de Cassius, qui divisa la Syrie entire en tyrannies de ce genre ; plein de haine contre Hrode, il ramena dans le pays Antigone, fils d'Aristobule. Il se servit cet effet surtout de Fabius, quAntigone s'tait concili par des largesses et qui favorisa son retour ; Ptolme, beaufrre d'Antigone, fournissait toutes les dpenses. 3. [240] Hrode, s'opposant leur marche, livra bataille l'entre du territoire de la Jude et fut vainqueur. Antigone chass, Hrode revint Jrusalem, o sa victoire lui valut la faveur gnrale ; ceux mme qui auparavant lui taient hostiles s'attachrent lui, quand un mariage le fit entrer dans la famille d'Hyrcan. Il avait d'abord pous une femme du pays, d'assez noble naissance, nomme Doris, dont il eut un fils, Antipater ; maintenant il s'unit la fille d'Alexandre, fils d'Aristobule, et petite-fille d'Hyrcan, nomme Mariamme : il devenait ainsi parent du prince. 4[124]. [242] Lorsque, aprs avoir tu Cassius Philippes[125], Csar et Antoine retournrent, l'un en Italie, l'autre en Asie, parmi les nombreuses dputations des cits, qui allrent saluer Antoine en Bithynie, se trouvrent aussi des notables juifs qui vinrent accuser Phasal et Hrode de s'tre empars du pouvoir par la violence et de n'avoir laiss Hyrcan qu'un vain titre. Hrode, prsent ces attaques, sut se concilier par de fortes sommes d'argent la faveur d'Antoine ; son instigation, Antoine refusa mme d'accorder audience ses ennemis, qui se virent congdis.

5[126]. [243] Bientt aprs les notables juifs, au nombre de cent, se rendirent de nouveau Daphn dAntioche auprs d'Antoine, dj asservi l'amour de Cloptre ; ils mirent leur tte les plus estims pour l'autorit et l'loquence et dressrent une accusation en rgle contre les deux frres. En rpons, Messalla prsenta leur dfense ; et Hyrcan se plaa ct de lui, en raison de son alliance matrimoniale avec les accuss. Aprs avoir entendu les deux parties, Antoine demanda Hyrcan quels taient les plus dignes du commandement : comme Hyrcan dclarait que c'tait Hrode et son frre, Antoine s'en rjouit, en souvenir des anciens liens dhospitalit qui l'unissaient cette famille, car leur pre, Antipater, l'avait reu avec bienveillance quand il fit campagne en Jude avec Gabinius. En consquence, il nomma les deux frres ttrarques et leur confia l'administration de toute la Jude. 6. [245] Les dputs du parti adverse ayant manifest leur irritation, Antoine fit arrter et mette en prison quinze d'entre eux et voulut mme les faire mourir : il chassa le reste avec ignominie. Ces vnements provoqurent une agitation encore plus vive Jrusalem. Les habitants envoyrent cette fois mille dputs Tyr, o sjournait Antoine, en route vers Jrusalem. Comme les dputs menaient grand bruit, il leur envoya le gouverneur de Tyr, avec ordre de chtier ceux qu'il prendrait et de consolider l'autorit des ttrarques institus par lui. [246] 7. Dj auparavant, Hrode accompagn d'Hyrcan s'tait rendu sur le rivage ; l il exhorta longuement les dputs ne pas dchaner la ruine sur eux-mmes et la guerre sur leur patrie par une querelle inconsidre. Mais cette dmarche ne fit que redoubler leur fureur ; alors Antoine envoya contre eux son infanterie, qui en tua ou blessa un grand nombre ; Hyrcan accorda la spulture aux morts et des soins aux blesss. Malgr tout, ceux qui s'chapprent ne se tinrent pas en repos[127] ; par les troubles qu'ils entretenaient dans la cit, ils irritrent Antoine, au point qu'il se dcida a faire excuter les prisonniers.

XIII 1. Le Parthes en Syrie. - 2-3. Pacoros attaque Jrusalem. - 4-5. Capture de Phasal et d'Hyrcan. 6-8 Fuite d'Hrode. 9-11. Restauration d'Antigone. Mort de Phasal. 1[128]. [248] Deux ans aprs[129], Barzapharns, satrape des Parthes, occupa la Syrie avec Pacoros, fils du roi. Lysanias, qui avait hrit du royaume de son pre Ptolme, fils de Mennaios, persuada le satrape, en lui promettant mille talents et cinq cents femmes, de ramener sur le trne Antigone et de dposer Hyrcan[130]. Gagn par ces promesses, Pacoros lui-mme s'avana le long du littoral et enjoignit Barzapharns de faire route par l'intrieur des terres. Parmi les populations ctires, Tyr refusa le passage Pacoros, alors que Ptolmas et Sidon lui avaient fait bon accueil. Alors le prince confia une partie de sa cavalerie un chanson du palais qui portait le mme nom que lui, et lui ordonna d'envahir la Jude pour observer l'ennemi et soutenir Antigone au besoin. 2. [250] Comme ces cavaliers ravageaient le Carmel, un grand nombre de Juifs se rallirent Antigone et se montrrent pleins d'ardeur pour l'invasion. Antigone les dirigea vers le lieu appel

Drymos (la Chnaie)[131] dont ils devaient s'emparer. Ils y livrrent bataille, repoussrent les ennemis, les poursuivirent jusqu' Jrusalem et, grossissant leurs rangs, parvinrent jusqu'au palais. Hyrc