Guernica 1937 Pablo Picasso (1881 -1973) - e-lyco · Guernica 1937 Pablo Picasso (1881 -1973)...

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Guernica 1937 Pablo Picasso (1881 -1973) Réalisée du 1er Mai au 4 Juin dans l’atelier des Grands Augustins commandée par le gouvernement républicain espagnol pour l’exposition universelle de 1937. Peinture sur toile de très grand format : 349,3 x 776 cm exposée à Madrid Centro de Arte Reina Sophia Le format de l'oeuvre : Le spectateur est projeté physiquement dans la représentation à cause des dimensions de la toile. Il apprend la nouvelle du bombardement par la presse alors qu’il vît en France. « On ne peut pas expliquer l’art, mais il faut apprendre à regarder un tableau. Cela s’apprend comme une langue étrangère. » Picasso Guernica, petite ville de 7000 habitants située sur la route de Bilbao au pays Basque espagnol, le 27 avril 1937 elle devient la cible de la Luftwaffe allemande. Les hommes sont absents partis se battre contre la junte militaire de Franco (guerre civile espagnole juillet 1936). Ce bombardement pourrait apparaître comme une répétition pour la seconde guerre mondiale à venir. Le noir et blanc si il est lié à la presse, pourrait être en relation avec la limitation des couleurs dans l’approche de la représentation par les cubistes (mais Guernica n'est pas une oeuvre cubiste, le cubisme étant un mouvement artistique du début du XXème siècle). La lecture s’effectue de gauche à droite (orientation des têtes femme à la lampe, cheval, taureau, personnage au sol) en frise, représenté comme une scène nocturne, alors que le bombardement a eu lieu en plein jour, ce qui renforce l’effet dramatique . Cette peinture ressemble à un collage, les formes sont géométrisées, il y a peu d’illusion de profondeur (en frise référence à l’antiquité). On ne sait s’il s’agit d’un espace intérieur ou extérieur car les indices visuels s’opposent. Partie gauche occupée par la représentation du taureau de la femme et de l’enfant, la partie droite par une femme en péril, la partie centrale par le cheval blessé et la porteuse de lumière. La composition s’articule autour d’un triangle central dont le sommet est le plafonnier dont on voit l’ampoule représentée. L’oiseau figuré en noir et blanc entre la tête de taureau et celle du cheval pourrait fonctionner comme symbole de la liberté malmenée (Picasso dessinera la colombe de la paix, à la fin de la seconde guerre mondiale) A la libération en 1945 Picasso déclare que « le taureau n’est pas le fascisme mais la brutalité et l’obscurité. » La Composition (choix de la place de chacun des éléments du tableau dans un souci d'expression) se base sur une confrontation entre l'horizontale et les obliques, celles-ci renforçant le sentiment d'un ordre brisé. On a ainsi une succession de triangles se détachant sur des aplats de noir et de blanc et des lignes horizontales formées par les bras tendus ou coupés des personnages. Ce choix de "rayer" la toile par des obliques est l'un des ressorts plastiques utilisés par Picasso pour accentuer l'expressionnisme des figures : la violence et l'horreur de la scène ne surgissent pas uniquement des visages grimaçants ou des corps tordus représentés, mais aussi de la composition même de la toile.

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Guernica 1937 Pablo Picasso (1881 -1973) Réalisée du 1er Mai au 4 Juin dans l’atelier des Grands Augustins commandée par le gouvernement républicain espagnol pour l’exposition universelle de 1937.

Peinture sur toile de très grand format : 349,3 x 776 cm exposée à Madrid Centro de Arte Reina Sophia Le format de l'oeuvre : Le spectateur est projeté physiquement dans la représentation à cause des dimensions de la toile. Il apprend la nouvelle du bombardement par la presse alors qu’il vît en France. « On ne peut pas expliquer l’art, mais il faut apprendre à regarder un tableau. Cela s’apprend comme une langue étrangère. » Picasso Guernica, petite ville de 7000 habitants située sur la route de Bilbao au pays Basque espagnol, le 27 avril 1937 elle devient la cible de la Luftwaffe allemande. Les hommes sont absents partis se battre contre la junte militaire de Franco (guerre civile espagnole juillet 1936). Ce bombardement pourrait apparaître comme une répétition pour la seconde guerre mondiale à venir. Le noir et blanc si il est lié à la presse, pourrait être en relation avec la limitation des couleurs dans l’approche de la représentation par les cubistes (mais Guernica n'est pas une oeuvre cubiste, le cubisme étant un mouvement artistique du début du XXème siècle). La lecture s’effectue de gauche à droite (orientation des têtes femme à la lampe, cheval, taureau, personnage au sol) en frise, représenté comme une scène nocturne, alors que le bombardement a eu lieu en plein jour, ce qui renforce l’effet dramatique. Cette peinture ressemble à un collage, les formes sont géométrisées, il y a peu d’illusion de profondeur (en frise référence à l’antiquité). On ne sait s’il s’agit d’un espace intérieur ou extérieur car les indices visuels s’opposent. Partie gauche occupée par la représentation du taureau de la femme et de l’enfant, la partie droite par une femme en péril, la partie centrale par le cheval blessé et la porteuse de lumière. La composition s’articule autour d’un triangle central dont le sommet est le plafonnier dont on voit l’ampoule représentée. L’oiseau figuré en noir et blanc entre la tête de taureau et celle du cheval pourrait fonctionner comme symbole de la liberté malmenée (Picasso dessinera la colombe de la paix, à la fin de la seconde guerre mondiale) A la libération en 1945 Picasso déclare que « le taureau n’est pas le fascisme mais la brutalité et l’obscurité. » La Composition (choix de la place de chacun des éléments du tableau dans un souci d'expression) se base sur une confrontation entre l'horizontale et les obliques, celles-ci renforçant le sentiment d'un ordre brisé. On a ainsi une succession de triangles se détachant sur des aplats de noir et de blanc et des lignes horizontales formées par les bras tendus ou coupés des personnages. Ce choix de "rayer" la toile par des obliques est l'un des ressorts plastiques utilisés par Picasso pour accentuer l'expressionnisme des figures : la violence et l'horreur de la scène ne surgissent pas uniquement des visages grimaçants ou des corps tordus représentés, mais aussi de la composition même de la toile.