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Groupe GUE /NGL

Intervention du mercredi 8 Novembre 2017

La poussée continentale et durable des populistes de droite traduit des bouleversements radicaux du champ politique européen

La poussée des droites radicales René Monzat Bruxelles08/11/2017

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I : La montée des droites radicales concernetout le continent européen


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Une grande diversité des populismes de droiteeuropéens• Un courant politique présent dans toute l’Europe et dont le poids augmente

• Ces organisations ont des histoires différentes (le Front National est issu de la droiterévolutionnaire comme le NPD allemand mais pas l’UDC suisse ni le mouvement de GeertWilders (NL) ni non plus l’AfD allemande.)

• Une hétérogénéité sociale, forte présence de l’identitaire/communautaire/social, unediversité politique

• Cette diversité s’exprime soit au sein d’un même mouvement comme dans le FN français• Soit entre des mouvements différents et concurrents (AfD plus « eurosceptique » face à un

NPD carrément social/national), UKIP à tonalité eurosceptique qui a atteint 27% auxeuropéennes de 2014/BNP plus agressivement xénophobe, en Hongrie le FIDESZ issu dela radicalisation d’un part de la droite et le Jobbik groupe d’extrême-droite nostalgique (20%en 2014).

• Soit successivement entre des mouvement qui occupent le même espace politique : enRussie, en Roumanie, en Grèce, LAOS puis Golden Dawn, aux Pays Bas

• Le double aspect identitaire, nativiste et de révolte contre les élites, le système est trèsprésent dans l’électorat de Donald Trump

3La poussée des droites radicales René Monzat Bruxelles08/11/2017

1/3 de siècle de croissance du Front National

• Une montée électorale : • le FN a gagné des voix• Le FN a gagné en % (aidé par une croissance de l’abstention)• Le FN a gagné des soutiens dans de nouveaux territoires• Le FN a gagné des soutiens dans des couches sociales qui lui étaient peu

favorables

• Aujourd'hui le FN bénéficie de plus de soutien électoral de la part desouvriers que toute la « gauche » réunie. Mais la majorité des ouvrierss'abstient.

• Il a gardé l’autre pilier électoral chez les couches moyennesindépendantes

• Une faiblesse organisationnelle persistante• Une direction renouvelée• Dans un bouleversement du champ politique, social et idéologique


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Renforcement des deux piliers de l’électorat FN

Le bloc « artisanscommerçants chefsd’entreprises,rapatriésculturellementconservateur dominele FN du Sud de laFrance.

Le bloc ouvriersemployés chômeurspour un état social fortdomine le FN du Nordet de l’Est La poussée des droites radicales

René Monzat Bruxelles08/11/2017

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Les populistes xénophobes arrivent de plus enplus souvent au premier rang électoral• Passage d’un rôle marginal

(appoint/impuissance) à un rang desecond ou de premier.

• Fin du bipartisme, acquisition d’unefonctionnalité stratégique)

• Il a conquis un rôle clé : il estlocalement capable de conquérirdes majorité absolues, il profite dela fin du bipartisme, il peut êtreutilisé comme instrument« antisystème » par des gens quine soutiennent pas toute lapolitique du FN.


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Rang du Front National lors des élections

II : Evolution politico-culturelle vers des thèmesidentitaires, distincts de la droite libérale commede la gauche


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La droitisation du champ culturel et intellectuel• S’exprime chez des écrivains du champ littéraire légitime, aux forts tirages, primés

(Michel Houellebecq : Soumission 2015, la France sous gouvernement musulman,Richard Millet éloge littéraire Breivik (2012), dénonce le chaos racial)

• S’exprime chez des journalistes et essayistes a forte audience, qui ne sont passympathisants du FN et qui viennent parfois de la gauche

• Jacques Julliard ancien intellectuel organique de la CFDT (ancien syndicat chrétien,social démocrate) déclare dans la revue de la Nouvelle Droite: « la gauche a tout misésur les immigrés dont elle a décidé de faire un prolétariat de rechange »

• Passe en particulier par les thématiques islamophobes. La France n'a pas tiré lebilan de sa politique coloniale et nombre de réflexes sociaux ou administratifs dereprésentations héritées de la période coloniale restent vivaces. En particulier lareprésentation de l’islam comme un danger pour la culture nationale


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Généralisation des représentations identitaires

• Elle touche la droite et la gauche française. Manuel Valls, (alors premier ministre)déclare le 4 avril 2016 : « Bien sûr, il y a l’économie et le chômage, mais l’essentiel,c’est la bataille culturelle et identitaire. »

• Même a gauche on « nationalise » la démocratie ou les droits des femmes : ElisabethBadinter regrette que « aujourd’hui une partie de la gauche est imprégnée de l’idéeque toutes les cultures et traditions se valent et que nous n’avons rien à leur imposer » : Il y en a de meilleures qui peuvent imposer les bonnes valeurs aux autres?

• Via des thématiques se disant « Laïques » et « féministes ».• Les cas de Oriana Fallacci en Italie ou de Thilo Sarrazin en Allemagne témoignent

de cette droitisation, de cette diffusion des thématiques identitaires sans lien avec uneorganisation politique


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III : Un éventail de tendances qui peuventconcurrencer la droite conservatrice ou lagauche radicale


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Des généalogies plurielles : radicalisation dela droite, ou des tenants du libéralismeculturel.

• Radicalisation de la droite

• UDC suisse

• la droite française dont le futur patron a fait campagne sur desthématiques identitaires

• Ou des tenants du libéralisme culturel Geert Wilders aux Pays Bas


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Des intellectuels issus de la gauche sont utilisés par lescourants identitaires

Michel Clouscard est resté au PCF jusqu’à sa mort mais ses analyses antilibérales communistes viennent alimenterle courant identitaire (Eric Zemmour, Michel Houllebecq, Alain Soral), Jean-Claude Michéa évoquant la « commondecency » chez Georges Orwell réintroduit les valeurs conservatrices qu’il attribue aux couches populaires, JacquesSapir ou le souverainisme des deux Fronts : pour une alliance souverainiste du Front National et du Front de Gauche


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Des militants venus de gauche et d’extrême gauche ont rejointla direction du FN sans renier leur passé

Florian Philippot ex chevènementiste (gauche « souverainiste), Gilbert Collard ex

avocat et dirigeant (Bureau National) de l’association antiraciste MRAP, Robert

Ménard, Ex responsable de l’ONG de défense des journalistes Reporters sans

Frontières, Fabien Engelman ex CGT qui a passé une décennie dans des

organisations trotskistes

La représentation de l’espace politique selonl’axe gauche-droite est inopérante

Gauche DroiteUne interprétation unidimensionnelle implicite est largement dominante, interprétation dans laquelle gauche = « plus d’Etat » et droite = « moins d’Etat ». Ceci « fonctionne » si la place la plus a gauche est occupée par les partisans d’un communisme étatismestalinien puis la social démocratie, la droite sociale et la droite des libertariens « thatchéro-reaganiens ». Sauf que cela ne décrit pas la réalité, ni dans la partie gauche de l’axe, ni à son extrémité droite.

Afin d’étudier la Révolution conservatrice allemande Jean-Pierre Fayeavait utilisé l’image du « fer à cheval des partis » [The horseshoetheory] . Son ouvrage, n’a pas eu de postérité sur ce point KP

DNatbolch

Zentrum


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08/11/2017

IV : La montée des populismes de droite reflèteun bouleversement irréversible du champpolitique européen


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Ils reflètent des évolutions des idéologiesprétendant à l’hégémonie dans les sociétéseuropéennes • Ce ne sont pas les organisations d’extrême droite qui ont créé les évolutions

idéologiques sur lesquelles, au contraire, elles s’appuient• Révolte de la droite populaire contre « l’establissement »

• Révolte contre les institutions européennes (ou les cadres internationaux)

• Sentiment anti-immigrés

• Le tout dans une vison du monde « identitaire/autoritaire » du « nous » contre « eux ».

• Cette poussée ne se limite nulle part à un simple développement militant ouélectoral de ces mouvements de droite radicale, populiste xénophobe.


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La bipolarisation, la pillarisation de la viepolitique s’affaiblit ou s’effondre

• Les pays européens qui étaient dominés par un duopole (parti ou bloc de droiteconservateur /parti social-démocrate, travailliste voire communiste, ou bloc degauche) connaissent les uns après les autres une situation dans laquelle unvoire deux piliers du duopole passent derrière les droites populistes.

• L’exemple autrichien de « pillarisation » la plus aboutie du système social etpolitique explose dès 1999 quand le FPÖ de Jorg Haider entre augouvernement, le candidat de ce parti rate de peu la présidence de la républiqueen 2016.

• Mais si ce sont les populistes de droite qui ont semblé provoquer le phénomèneen France, en GB, en Autriche, ou en Allemagne, le bipartisme s’affaiblit aussien l’absence de populistes de droite (Etat Espagnol)


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IV : Un risque de stabilisation d’une structuresociale qui alimente une demande autoritaire


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Les droites radicales peuvent créer à leur profitdes évolutions durables des sociétés européennes• Elles ont déjà a plus de dix reprises participé à des gouvernements• Elles peuvent devenir la force principale du pouvoir politique et modifier

profondément l’architecture légale et démocratique (Hongrie) • Elles peuvent en renforçant ou installant des discriminations importantes

(raciales ou religieuses) mettre en place une forme d’apartheid, lui-mêmegénérateur de tensions qui alimenteraient une demande politique autoritaire.

• Les dégâts d’années d’exclusion de secteurs entiers de la population de leursdroits, de l’école, de la protection sociale complète de l’accès à l’emploi, àl’ascension sociale américaniseraint de ce point de vue durablement la structuresociale


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V : La gauche radicale redevient un des troiscourants fondamentaux du champ idéologique etpolitique


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La poussée de la droite radicale est unsymptôme de la crise de la culture européenne• Une perspective de développement des biens communs et de politiques

publiques, une volonté politique démocratique une organisation auto-gestionnaire sont nécessaires pour l’Europe.

• Ces perspectives sont strictement opposées à la direction empruntéeaujourd’hui par les institutions européennes

• Or elles seules constituent une alternative à la crue identitaire.• Un continent de liberté, un universalisme décolonisé comme alternative à la

perspective du choc (des guerres) de civilisation.• La poussée de la droite radicale (et du phénomène distinct du radicalisme

djihadiste) méritent une réponse politique radicaleLa poussée des droites radicales René Monzat Bruxelles08/11/2017

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Les gauches radicales peuvent se retrouver aucœur des enjeux et devenir l’alternativeprincipale• Face à la révolution libérale et à la soumission aux contrainte du profit

maximal.• Et face aux politiques identitaires de discrimination et à la demande autoritaire• Les gauches radicales et écologistes peuvent• Se battre pour une production fondée sur les besoins sociaux• Se battre pour l’égalité des droits et des situations des européens dans leur

diversité• Exprimer la nécessité de la volonté politique démocratique au niveau national,

local, social et..• Les droites populistes expriment un refus régressif de ce à quoi nous pouvons

opposer une alternative radicale et démocratique. Mais cette possibilité(d’alternative progressiste) n’est aujourd’hui pas une certitude


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Le projet, le principe politique de la vie de la société et labase sociale définissent les courants fondamentaux

• Mouvement identitaire

• Pouvoir autoritairediscrimination entre le « vraipeuple » et les autres

• Niant les conflits de classe aunom d’un « peuple »communauté ethnicoculturelle prétendue éternelle

• Mouvement éco-socialiste

• D’émancipation démocratique

• Basé sur couches populaires• Le « peuple » est un acteur

politique qui se construit


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