Grant Thornton, groupe d’Audit et de Conseil, vous · Le business model de l’industrie...

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Grant Thornton, groupe d’Audit et de Conseil, vous présente cette étude réalisée en 2017 en partenariat avec les étudiants du MBA in International management d'ESCP Europe.

L’encadrement méthodologique a été assuré par Olivier Rihouet , Associé Conseil au sein de Grant Thornton et Pascale Martin Saint Etienne , Directrice du MBA in International Management.

Cette étude s’est notamment appuyée sur une enquête auprès du public et sur des interviews menées auprès de professionnels de l’industrie pharmaceutique, de professionnels de santé (médecin, chercheur), de consultants spécialisés du monde de la santé et d’éditeurs informatiques. Nous tenons à remercier en particulier Théo Langeard, Chloé Chalem, Charles Eymard, Farzad Jaberian, Philippe Moubariki, Meng Liu, élèves de l’ESCP EUROPE, pour leur implication.

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Aperçu Le modèle économique traditionnel de l’industrie pharmaceutique est basé sur l’exploitation exclusive des blockbusters. Ces dernières années, nous avons pu observer une nette régression du secteur notamment due à la perte des brevets et au développement du marché des génériques, à l’augmentation des coûts de la recherche & développement et au renforcement de la réglementation. En 2015, le nombre d’objets connectés s’élève à 4.9 milliards. En 2020, on estime à 20 milliards le nombre d’objets connectés dans le monde. Une grande part de ces objets va être amenée à bouleverser le fonctionnement de l’écosystème de santé. Ce rapport a pour objectif d’apporter de éléments de réponse liés à la problématique suivante : l’impact des objets connectés sur le business model de l’industrie pharmaceutique ? Notre recherche s’est articulée autour de 3 parties :

La transformation de l’écosystème de santé

Elle est caractérisée par le passage d’une médecine réparatrice à une médecine dite des 4 P :

- Prédiction - Prévention - Personnalisation - Participation

Cette transformation va être facilitée par différentes avancées technologiques telles que la génomique, la bio-informatique, le séquençage haut débit et également le développement des objets connectés de santé.

L’impact des objets connectés

L’internet of things ou internet des objets fait référence à l’écosystème des objets connectés existant dans les différents secteurs qui régissent notre quotidien notamment dans le domaine de la santé. Ces objets permettent de capter des données liées à la santé des individus et suivent un parcours sécurisé jusqu’au stockage. Le caractère sensible de ces données implique une forte réglementation d’un point de vue juridique et limite donc une utilisation inappropriée de celles-ci.

Le business model de l’industrie pharmaceutique

La recherche et développement, le manque d’innovation et le recul de la productivité poussent les industriels de santé à trouver des relais de croissance pertinents qui assureraient leur pérennité. Les objets connectés et les nouvelles capacités analytiques apparaissent à la fois comme une nécessité et une opportunité dans le cadre d’un nouveau système de santé en recherche d’efficacité économique et thérapeutique. En aval, ceux-ci permettraient l’offre d’un service en complément d’un traitement adapté à la pathologie du patient : ce sont les solutions multi-technologiques. En amont, la récupération, le traitement et l’analyse des données permettront une amélioration du processus de production ayant pour effet de réduire les coûts.

Table des matières 1. LA TRANSFORMATION DE L’ECOSYSTEME DE SANTE ..... ........................................ 1

1.1 EVOLUTION HISTORIQUE DE LA MEDECINE ET DE LA RECHERCHE BIOMEDICALE .................. 1 1.1.1 Histoire de la médecine avant l’Antiquité jusqu’à la fin du 18ème siècle .................. 1 1.1.2 19ème siècle et première moitié du 20ème siècle (ère de la sémiologie) ................... 1 1.1.3 Seconde moitié du XXème siècle (médecine basée sur les preuves) ...................... 2 1.1.4 Début du XXIème siècle (avènement du génome et des technologies omiques) ... 2

1.2 L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE ET MEDECINE .................................................................... 3 1.2.1 L’intelligence artificielle et le suivi patient .............................................................. 4 1.2.2 L’IA et le développement de médicaments plus intelligents ................................... 4 1.2.3 Intelligence artificielle et objets connectés ............................................................. 5 1.2.4 Que réserve l’avenir? ............................................................................................ 6

1.3 PASSAGE D’UNE MEDECINE REPARATRICE A UNE MEDECINE 4P ........................................ 6 1.3.1 Définition 4 P ......................................................................................................... 6 1.3.2 Exemples de maladies rares traitées par la médecine 4P ..................................... 7 1.3.3 Nécessité de traitement des maladies chroniques par la médecine 4P ................. 7 1.3.4 Vieillissement de la population .............................................................................. 8 1.3.5 Prolifération des maladies chroniques ................................................................... 8

1.4 REVOLUTIONS TECHNOLOGIQUES ET AVENEMENT DE NOUVEAUX METIERS PREDISPOSANT AU CHANGEMENT DE LA FAÇON DE PRATIQUER LA MEDICINE ................................................... 9

1.4.1 Génotypage et séquencage haut débit .................................................................. 9 1.4.2 Bioinformatique et Biostatistique ........................................................................... 9 1.4.3 Développement des IPSC (Cellules souches pluripotentes) .................................. 9

2. IOT ET LE MONDE DE LA SANTE .................... ............................................................ 11 2.1LE MARCHE DES IOT EN PLEINE EXPANSION ................................................................... 11 2.2 LES IOT DE SANTE ....................................................................................................... 11

2.2.1 Les différentes catégories d’objets connectés de santé: l’approche produit et l’approche service ........................................................................................................ 12 2.2.2 Les enjeux à venir et problématiques posées par les objets connectés ............... 15

2.3 LES DONNEES DE SANTE .............................................................................................. 17 2.3.1 La circulation des données de santé ................................................................... 18 2.3.2 Opportunités et menaces autour des données de santé...................................... 21 2.3.3 Les règlementations juridiques entourant les données de santé: panorama des législations en vigueur.................................................................................................. 23

3.LE BUSINESS MODEL DE L’INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE . ................................... 32 3.1 LE MODELE FONDE SUR LE PRINCEPS ............................................................................ 32

3.1.1 Le recul de la productivité de la R&D .................................................................. 32 3.1.2 Les fondamentaux de l’activité pharmaceutique .................................................. 34 3.1.3 L’environnement sectoriel en France ................................................................... 38 3.1.4 Les tendances du marché pharmaceutique en France ........................................ 40

3.2 LE MODELE EVOLUTIF .................................................................................................. 42 3.2.1 Les axes de mutation : La révision de la R&D ..................................................... 42 3.2.2 Le développement du marché des génériques .................................................... 46 3.2.3 L’émergence des nouveaux players .................................................................... 48

3.3 LA PROCHAINE ETAPE DE L’INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE : LES SOLUTIONS MULTI TECHNOLOGIQUES ............................................................................................................. 50

3.3.1 Une réorientation stratégique centrée sur le patient ............................................ 51 3.3.2 De nouveaux relais de croissance ....................................................................... 57 3.3.3 Vers une restructuration digitale de la chaîne de valeur des industries pharmaceutiques ......................................................................................................... 71

CONCLUSION .................................................................................................................... 73

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La transformation de l’écosystème de santé

1.1 Evolution historique de la médecine et de la

recherche biomédicale

1.1.1 Histoire de la médecine avant l’Antiquité jusqu’à la fin du 18ème

siècle

D’après le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, la

médecine est la science qui a pour objet l’étude, le traitement et la

prévention des maladies. C’est aussi l’art de maintenir un être vivant dans

les meilleures conditions de santé possibles.

Pendant plusieurs milliers d’années, depuis l’Antiquité, la médecine fut

associée à la magie ainsi qu’aux croyances religieuses. Dès le 5ème siècle

av JC, en Grèce, Hippocrate (460-377 av JC) posa les bases de la

médecine moderne en se dissociant de la religion; en considérant les

maladies issues de causes naturelles. Il créa une classification des

maladies à travers une observation objective des pathologies.

Du 16e au 18ème siècle, ce fut l’ère de la physiologie et de l’histologie, on

découvrit la circulation sanguine grâce à William Harvey (1578-1657).

Ensuite ce fut les prémices de la médecine préventive avec l’introduction

du vaccin contre la variole par Edward Jenner (1749-1823).1

1.1.2 19ème siècle et première moitié du 20ème siècle (ère de la

sémiologie)

Durant le 19ème siècle, l'École française de médecine menée par Trousseau

et Laennec (1781-1826) effectua une comparaison entre les données

anatomiques et les données cliniques permettant de mieux cerner le

développement et le mécanisme des maladies. (Sémiologie). 2

1 http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/histoire_de_la_m%C3%A9decine/187065 2 https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9miologie_m%C3%A9dicale

1

2

En 1944, les Américains Avery, Macleod, et McCarthy démontrent que le

patrimoine génétique est constitué d’une substance chimique appelée

acide désoxyribonucléique ou A.D.N. La médecine à cette époque était

totalement liée au développement prodigieux de la physique quantique, de

la chimie moléculaire et de la biologie cellulaire.3

1.1.3 Seconde moitié du XXème siècle (médecine basée sur les

preuves)

La seconde moitié du 20ème siècle est marquée par le développement de

modèles expérimentaux mais aussi par des révolutions technologiques

comme l’avènement de l’ordinateur et des techniques sophistiquées dans

le domaine de l’imagerie (scanner à rayons X, Imagerie à Résonance

Magnétique, échographie) améliorant la prise de décision.4

Au début des années 80, les blockbusters voient le jour : c’est une période

profitable pour l’industrie pharmaceutique. Ces médicaments ont pu

rapporter plus d’un milliard de dollars par an, comme par exemple Zocor de

MERCK utilisé contre l’hypercholestérolémie.

1.1.4 Début du XXIème siècle (avènement du génome et des

technologies omiques)

La fin du 20ème siècle ainsi que le début du 21ème siècle sont marqués par

les découvertes physiopathologiques erratiques, ou l’observation de

dérèglements aléatoires du fonctionnement normal des organes.

Par ailleurs, le 21ème siècle fut marqué par l’avènement du génome qui

représente l’ensemble des informations contenues dans notre ADN

composé d’environ 22 000 gènes pour l’Homme. La génomique consiste à

étudier le fonctionnement d’un organisme, d’un organe, ou bien d’un

cancer.5

3 http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/m%C3%A9decine/68896 4 http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/histoire_de_la_m%C3%A9decine/187065 5 http://www.leem.org/article/quoi-servent-les-omiques-toutes-les-data-qu-elles-generent

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On commence aujourd’hui à se questionner sur notre façon de pratiquer la

médecine basée sur les preuves. Les blockbusters sont remis en question

ayant atteint leur limite due aux phénomènes de résistance de certaines

bactéries mais aussi à d’autres facteurs.

1.2 Intelligence artificielle et médecine

Le terme « intelligence artificielle », créé par John McCarthy, est souvent

abrégé par le sigle « IA » (ou « AI » en anglais, pour Artificial Intelligence).

C’est “la science dont le but est de faire par une machine des tâches que

l'Homme accomplit en utilisant son intelligence”.

Le terme de machine learning quant à lui “décrit un processus de

fonctionnement d'un système d'intelligence artificielle par lequel le système

est doté d'un système d'apprentissage”.6

Par exemple, Amazon a sorti l’un des premiers algorithmes de

recommandation intelligent pour ses clients. Les consommateurs reçoivent

des offres et suggestions personnalisées à l’aide d’une méthode appelée «

filtrage collaboratif point à point ».

La question se pose de savoir si “l’intelligence artificielle” ou le “machine

learning” vont permettre de faire évoluer la médecine et d’améliorer la

qualité des soins ?

Stephen Hawking, Bill Gates et Elon Musk ont exprimé leur inquiétude vis

à vis de l’intelligence artificielle. Dans une interview à la BBC, Hawking

explique que le développement de l’intelligence artificielle “pourrait

menacer la survie de la race humaine”. D’autres considèrent que

l’intelligence artificielle pourrait potentiellement apporter une valeur aux

prestations des soins et aux traitements des maladies. 7

6 http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/intelligence_artificielle 7 http://www.bbc.com/news/technology

4

Pour IBM, avec l’acquisition de Merge Healthcare annoncée fin 2015,

l’intelligence artificielle peut ouvrir de nombreuses possibilités.

Le secteur de la santé, fortement réglementé, a peu utilisé l’intelligence

artificielle jusqu'à présent. “Afin de permettre un diagnostic médical, nous

avons besoin d’informations sur la démographie, les protéines, les

interactions des gènes multiples, les effets environnementaux et une foule

d’autres informations”, écrit Rebecca Harrington dans la Vulgarisation

scientifique.

1.2.1 L’intelligence artificielle et le suivi patient

L’IA peut-elle aider à vérifier si nous avons pris nos pilules? Selon MedCity,

une société américaine s’est lancée sur ce projet: AICure, une start-up qui

utilise l’intelligence artificielle sur les appareils mobiles du patient pour

suivre leur prise de médicaments.

Comment ça marche? Un logiciel capture et analyse les preuves de

l’ingestion de médicaments. Le caméra d’un téléphone intelligent est

utilisée pour comprendre si les patients ont pris le médicament

correctement. Les données en temps réel sont centralisées pour un suivi et

une intervention immédiate si nécessaire. La recherche a démontré que la

non-prise de médicaments et le non-respect des prescriptions coûte des

milliards de dollars par an aux organismes de santé et entraîne de piètres

résultats thérapeutiques. 8

1.2.2 L’IA et le développement de médicaments plus intelligents

IBM Watson est probablement un des exemples les plus connus d’un

superordinateur qui a prouvé ses capacités en intelligence artificielle au-

delà du laboratoire. En plus de répondre aux questions du jeu télévisé

Jeopardy, Watson est aussi capable de comprendre et extraire des

informations clés en scannant des millions de pages de documentation

médicale scientifique et ensuite établir des relations entre les médicaments

8 http://medcitynews.com/2013/03/digital-health-startup

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et les maladies associées.

En 2014, IBM a annoncé une collaboration avec le géant pharmaceutique

Johnson & Johnson et son concurrent Sanofi. L’objectif de cette

collaboration est d’enseigner au supercalculateur à lire et à comprendre les

articles scientifiques qui contiennent des résultats d’essais cliniques et

d’ainsi aider à élaborer et à évaluer les médicaments et autres traitements.

Ceci pourrait apporter une efficacité avantageuse dans la phase de

recherche et développement des industries pharmaceutiques, ainsi que

maximiser l'efficacité des médicaments et réduire au minimum les effets

secondaires.

MedCityNews a indiqué qu’il s’agissait de la première annonce publique

des entreprises pharmaceutiques à intégrer l’intelligence artificielle dans

leur recherche en tant qu’outil analytique prédictif vers un développement

des médicaments.9

1.2.3 Intelligence artificielle et objets connectés

Pour l’instant, l’Internet des objets n’est pas en mesure de traiter et analyser

un nombre trop important de données. Cependant, les systèmes

d’apprentissage automatique seront, à l’avenir, adaptés pour gérer les

grandes capacités de données entrantes.

Zulfi Alam, Manager général chez Microsoft, explique que leurs algorithmes

intelligents en sauront, à l’avenir, assez sur l’utilisateur et ses données

biométriques pour pouvoir reconnaître les modèles et les possibilités

d’améliorer sa condition physique et sa santé.

Une équipe de chercheurs à l’Université de Californie propose une

plateforme de surveillance à l’aide de réseaux de capteurs sans fil. Ce

système intègre des fonctions de calcul qui modélisent l’état de santé du

patient. Cette plate-forme de surveillance reliée à l’intelligence artificielle

pourrait changer considérablement la manière de soigner à l’avenir.

9 https://www.fastcompany.com/3001739/ibms-watson-learning-its-way-saving-lives

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1.2.4 Que réserve l’avenir?

Les professionnels de la santé semblent être sceptiques à l’utilisation de

l’intelligence artificielle dans leur pratique. Ci-dessus, nous avons présenté

quelques cas où l’utilisation de l’Intelligence Artificielle a pu apporter de la

valeur ajoutée à la recherche pharmaceutique au-delà des capacités

humaines. Pourtant, l’IA est encore à un stade précoce de développement

et ne sera pas en mesure de remplacer un médecin, écrit Daniela

Hernandez de nouvelles de santé Kaiser dans WIRED. 10 La grande

question que nous devons nous poser est “comment l’intelligence artificielle

peut-elle véritablement faire avancer le développement de la médecine et

ce faisant aider les acteurs du monde de la santé?”. C’est aux

professionnels de santé et aux industries pharmaceutiques d’évaluer les

enjeux et les problèmes à résoudre.

1.3 Passage d’une médecine réparatrice à une médeci ne 4P

1.3.1 Définition 4 P

D’après Hervé Le Marec, membre de l’Institut du Thorax et selon Elias

Zerhouni, ancien directeur de la National Institute of Health des Etats-Unis

et actuel directeur de la Recherche et Développement chez Sanofi, la

médecine des 4P constitue l’avenir des soins. Chaque terme est défini de

façon précise par ces deux acteurs.

La prédiction mesure la sensibilité d’un patient à une maladie: plus

précisément, chaque individu présente un risque différent de développer

une maladie indépendamment des facteurs environnementaux, et ces

risques doivent être finement mesurés.

La prévention signifie le fait d’arrêter un processus en cours, et donc de

développer la prévention active du risque, qui se différencie de la

préemption qui consiste à prendre des mesures au niveau moléculaire

avant l’apparition d’une pathologie donnée.

La personnalisation mesure la sensibilité d’un patient à un traitement

10 https://www.wired.com/2014/06/ai-healthcare

4P (Modèle centré patient):

Prédiction, prévention, personnalisation,

participation

7

donné, et doit tenir compte des risques individuels grâce à des approches

ciblées.

La participation représente l’implication des patients, une condition sine

qua non dans le but d’obtenir une prévention et un traitement efficace.11

1.3.2 Exemples de maladies rares traitées par la médecine 4P

La médecine 4P a déjà été testée dans le cas de maladies rares et

héréditaires, comme par exemple le syndrome du QT long qui d’après les

docteurs CELANO, CROTTI et SCHWARTZ correspond à une maladie

cardiaque héréditaire visant le plus souvent les enfants en bas âge: due à

une mutation d’un gène situé sur le chromosome humain lié à une protéine

appelé triadine engendrant une arythmie potentiellement mortelle. 12

D’après l’Institut du Thorax, depuis une dizaine d’années, les scientifiques

ont réussi à identifier les gènes impliquant cette maladie tout comme les

mécanismes et les cibles qui ont eux aussi été élucidés. Les facteurs de

risque ont été identifiés et un centre de référence a été créé permettant

diagnostic, prévention et l’application de soins individuels. La mortalité a

disparu grâce à une prévention et une participation active des patients.

Donc on remarque que la médecine 4P a eu des résultats positifs sur les

maladies difficiles à traiter comme les maladies héréditaires. 13

1.3.3 Nécessité de traitement des maladies chroniques par la

médecine 4P

L’objectif est de pouvoir appliquer le principe de la médecine des 4P sur les

maladies chroniques. Une maladie chronique est comme son nom l’indique

une maladie pouvant ressurgir chez le patient de façon périodique même si

un traitement a été appliqué dans le but de l’éradiquer.

D’après l’OMS, les maladies chroniques représentent la première cause de

11 http://www.dhu2020.org/images/2-HLM.pdf 12 http://u1046.edu.umontpellier.fr/163-2/abrege-des-proteines-musculaires/triadine/ 13 http://u1046.edu.umontpellier.fr/163-2/abrege-des-proteines-musculaires/triadine/

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mortalité au monde, et la demande de soins est croissante. Par exemple,

le diabète est la maladie la plus chère du monde; elle représente 50% des

dépenses de l’Assurance Maladie (CNAM) en France. La maladie est en

pleine croissance et elle est ignorée par le développement technologique.

Les bandelettes d’autosurveillance glycémique sont un processus coûteux

et pas assez efficace.14

1.3.4 Vieillissement de la population

Deux facteurs vont accélérer le vieillissement de la population :

Tout d’abord, il y a une augmentation de l’espérance de vie (10 ans

depuis 1965). D’après l’INSEE, elle atteindra 80 ans pour les hommes et

85,6 pour les femmes en 2020.

On observe également un vieillissement de la population, avec une

proportion des plus de 60 ans en constante progression. En 2030, un tiers

de la population aura plus de 60 ans.15

1.3.5 Prolifération des maladies chroniques

D’après l’Institut du Thorax, la fréquence et l’impact des maladies

chroniques, en particulier cardiovasculaires et métaboliques, vont continuer

à croître. De plus, les mécanismes liés à ces maladies sont mal connus, ce

qui empêche le développement de la prévention. Le but est de développer

des stratégies de recherche de transfert, une composante majeure en

recherche biomédicale. Cela représente l’expression d’un besoin essentiel

d’accélérer la valorisation d’une découverte scientifique en application

concrète et rapide au bénéfice des patients.

Les affections longue durée et les maladies aiguës ont évolué vers des

maladies chroniques, dues à certains facteurs comme la résistance aux

antibiotiques par exemple.

14 http://www.dhu2020.org/images/2-HLM.pdf 15 http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2016/health-inequalities-persist/fr/

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1.4 Révolutions technologiques et avènement de nouv eaux

métiers prédisposant au changement de la façon de p ratiquer la

medicine

1.4.1 Génotypage

Le génotypage est l’étude qui vise à déterminer l’identité d’une variation

génétique à une position spécifique sur tout ou partie du génome considéré

d’un individu ou groupe d’individus. Il existe plusieurs types de génotypage

mais le plus couramment utilisé par les chercheurs est celui du génotypage

SNP (Single Nucleotide Polymorphism). Il consiste à observer le

changement de position d’une base constituant l’ADN sur une partie ou

l’ensemble du génome. Cette méthode est utilisée pour reconnaître un

individu lors d’une scène de crime ou bien lors d’un test de paternité.

1.4.2 Bioinformatique

La bio-informatique est constituée par l’ensemble des techniques et

concepts nécessaires à l’interprétation informatique de la biologie.

Plusieurs champs ont été créés, comme celle de la bio-informatique des

séquences qui traite de l’analyse de données issues de l’information

génétique contenu dans la séquence de l’ADN, ou dans l’enchaînement

des protéines codées. La bio-informatique des réseaux, quant à elle, étudie

les relations entre gènes, protéines et cellules. Les données sont issues du

séquençage haut débit protéomique ou transcriptomique effectué en

amont.

1.4.3 Développement des IPSC (Cellules souches pluripotentes)

Les cellules souches pluripotentes permettent d’accélérer la récupération

de cellules défectueuses ou bien de directement les remplacer. Les tests

effectués en laboratoire ont permis d’observer leur impact sur de

nombreuses maladies et pourraient avoir d’éventuelles applications dans le

domaine du traitement des tumeurs.

10

Les IPSC pourront être utilisés dans le cadre d’une médecine

personnalisée, il serait possible de générer des cellules hépatiques ou

rénales qui serviront à faire des analyses toxicologiques sur différents

médicaments dans le but de savoir quel sera le médicament le plus

tolérable pour chaque patient. Cela pourra permettre au médecin de choisir

quel est le médicament le plus approprié dans le but de soigner son patient.

onclusion

Le développement des TIC (technologies de l’information et des

communications) représenté par les objets connectés et applications

mobiles pourront produire une source massive de données permettant

d’accompagner le virage vers la médecine des 4P. L’objectif aujourd’hui est

de pouvoir trouver des solutions grâce aux avancées faites en génétique et

à l’impact de la bio-informatique afin de maîtriser les risques liés aux

maladies chroniques, source majeure de mortalité dans le monde.

c

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IoT et le monde de la santé

2.1 Le marché des IoT en pleine expansion

Aujourd’hui, le taux de pénétration des objets connectés en France est de

29%16 mais le marché des IoT est en plein expansion. Certaines études

montrent une explosion du nombre d’objets connectés à l’avenir. Morgan

Stanley ou encore Cisco anticipent entre 50 milliard et 75 milliard

d’objets connectés dans le monde d’ici 202017.

Les objets connectés vont avoir un impact important sur différents

secteurs d’activité et notamment la santé. Selon un sondage

IFOP, les intentions d’achat des français sont les suivantes 18;

Le monde de la santé va donc être fortement impacté par l’intrusion de ces

objets notamment dans le passage d’une médecine curative à une

médecine préventive.

2.2 Les IoT de santé

L’émergence de ce nouveau marché a attiré de très nombreux

investisseurs parmi lesquels on trouve des laboratoires pharmaceutiques

16 Baromètre santé 360 – La santé connectée,Odoxa, janvier 2015 17 The Internet of Things -Vertical Solutions, Cisco, Février 2015Dossier_medecine_ere_numerique 18 l’Observatoire des objets connectés, publié par l’IFOP en novembre 2014

2

L’internet of things ou internet des

objets fait référence à l’écosystème des

objets connectés existant dans les

différents secteurs qui régissent notre

quotidien (santé, sécurité, énergie,

électroménager etc…

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(Merck, Pfizer, Novartis, Johnson & Johnson), des nouveaux entrants

(Visiomed, Withings, IHealth, Medissimo, FeetMe) des Big Tech (Samsung,

Sony, Philips, Siemens), les géants du WEB (comme Google ou Apple) et

des mutuelles et assurances (Harmonie Mutuelle)

Tous ces acteurs se livrent une concurrence accrue, à la fois parce que le

marché des objets connectés de santé est porteur, mais aussi parce que

l’accès aux données de santé des utilisateurs constitue un enjeu important,

notamment pour la recherche et développement19.

Pour l’instant, les entreprises qui se positionnent sur le marché disposent

soit d’une expertise médicale (laboratoires pharmaceutiques) soit d’une

expertise technique (nouveaux entrants et Big Tech), soit d’une expertise

analytique (Google et Apple).

Ils sont dans un état de dépendance les uns par rapports aux autres (par

exemple, Sanofi et Google sont obligés de coopérer pour mettre au point

un dispositif contre le diabète)20. Mais à l’avenir, la donnée pourrait changer

puisque certains de ces acteurs se positionnent pour acquérir une double

compétence 21 (ex: Google Genomics s’est engagé dans la recherche

génétique en collaboration avec des centres médicaux et met à leur

disposition ses plateformes informatiques22).

2.2.1 Les différentes catégories d’objets connectés de santé:

l’approche produit et l’approche service

Parmis les objets connectés de santé, différentes approches peuvent être

envisagées: produit ou service.

Dans un premier temps, ils vont permettre de mesurer des données et de

les récolter (approche produit). Ensuite, ces données sont transmises à une

application qui va les traiter et les analyser afin de prodiguer des conseils

ou diagnostics (approche service).

19 Questionnaire qualitative (Annexe 1) 20 http://www.ladepeche.fr/article/2016/09/13/2417638-sanofi-et-google-ensemble-contre-le-diabete.html 21 Questionnaire qualitatif(Annexe 3) 22 http://www.futura-sciences.com/tech/actualites/technologie-bref-google-engage-recherche-medicale-genome-58754/

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a. L’approche produit : les Etats Unis leaders de l’innovation

- Les wearables : Dispositif conçu pour être porté par les utilisateurs

(poignet, cheville etc.) et pour diffuser leurs données de santé de

manière permanente. (Apple Watch, Google Glass)

- Les non wearables : Dispositif qui recueille et transmet des

données de santé périodiquement sans être continuellement

attaché à l’utilisateur. (Balance connectée, Pilulier connecté). Cette

catégorie contient également toutes les solutions de Home

Monitoring pour permettre une intervention rapide auprès des

personnes âgées ou dépendantes.23

- Les injectables : Dispositif intelligent qui recense les données au

sein même de l’organisme de l’utilisateur (Helius pills / Profusa)

Nous avons mené une étude (voir annexe Questionnaire quantitative

annexe 13) sur un échantillon de 64 entreprises innovantes qui fabriquent

des objets connectés. Nous les avons classées par capitalisation, par

origine géographique et par spécialité afin d’anticiper l’évolution du marché.

Il en ressort que la plupart d’entre elles proviennent d’Amérique du Nord

(USA 75% et Canada 5%) et 12% sont situées en Europe (France,

Allemagne, Angleterre, Suède, Finlande).

Elles fabriquent pour la plupart des objets connectés pour le secteur

clinique (34%), d’autres proposent des solutions de Home Monitoring (27%)

et de fitness (17%) (même si ce dernier secteur est celui dans lequel les

investissements sont les plus importants et représentent près de 40% du

marché).

23https://christophegazeau.wordpress.com/2015/01/25/les-consommateurs-sont-ils-prets-a-acheter-des-objets-connectes-partie-3-les-intentions-des-consommateurs/

Trois types de produits: - wearables, - unwearables, - injectables.

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Quelques exemples les solutions Innovantes

Bioserenity : c’est une Start Up Française créée en 2014 par Pierre Yves

Frouin qui est spécialisée dans l’épilepsie. Aujourd’hui, 50 millions de

personnes dans le monde sont atteintes d’épilepsie. En Europe et aux Etats

Unis seulement 50% de ces patients reçoivent un traitement adéquate.

BioSerenity a mis en place « un vêtement intelligent équipé de capteurs

biométriques intégrés enregistrant les paramètres corporels ». Ceci permet

un suivi du patient à domicile et offre un diagnostic grâce au partage des

données avec un professionnel de santé.24

Proteus Digital Health : entreprise Américaine basée en Californie qui a

créé une pilule connectée (Helius) qui sera ingérable par le patient et qui

permettra de recueillir des informations de santé (température, rythme

cardiaque, rythme respiratoire et rythme du sommeil). L’intérêt de cette

pilule est que les constantes sont mesurées depuis l’intérieur de

l’organisme ce qui assure une meilleure fiabilité des mesures contrairement

aux objets connectés classiques (Wearable).25

Livanova : issu de la fusion de Sorin et Cybersonics ce laboratoire a mis

en place un défibrillateur (Platinium) implantable sous la peau des patients

souffrant de tachycardie ou d’insuffisance cardiaque qui leur permet d’éviter

un infarctus. C’est un dispositif intelligent qui s’adapte en fonction des

malades (Machine Learning). Le dispositif émet des données transmises à

un boitier qui transmet les données au serveur de Sorin. Celui-ci les redirige

vers les professionnels de santé qui reçoivent de manière quasi instantanée

une notification ou alerte en cas de problème.26

b. L’approche service: centrée patient ou praticien

24 Questionnaire qualitatif (Annexe 1) / http://www.bioserenity.com 25 https://pulse.edf.com/fr/helius-la-pilule-communicante; https://www.industrie-techno.com/proteus-leve-52-millions-de-dollars-supplementaires-pour-financer-sa-pilule-connectee.31560 26 Questionnaire qualitatif (Annexe 4) http://www.ticsante.com/livaNova-presente-ses-defibrillateurs-Platinium-dont-la-longevite-est-la-plus-importante-du-marche-NS_2932.html

15

Les fabricants d’objets connectés de santé proposent, en général, une

application qui leur permet de visualiser et d’analyser leurs données de

santé afin d’améliorer leurs performances sportives, perdre du poids ou

analyser des constantes comme la glycémie, la température, le rythme

cardiaque ou la tension.

Parmi les différentes applications proposées par les acteurs de la e-santé,

on trouve celles qui sont centrées patient :

- Les applications de fiche médicale d’urgence patient en cas

d’urgence (groupe sanguin, allergies, don d’organe)

- Les applications de collecte de données de santé et de conseils à

l’utilisateur (notamment pour surveiller certaines constantes et

inciter à l’effort sportif)

- Les applications de géolocalisation sur Smartphone (Podomètre,

distance parcourue).

- Les applications de rappel de prise médicamenteuse

On trouve également celles qui sont centrées praticien :

- Aide au diagnostic du malade

- Références médicamenteuses

- Calcul des paramètres médicaux

- Recherche de littérature scientifique

- Communication clinique

- Connexion avec le dossier patient

- Formation médicale

2.2.2 Les enjeux à venir et problématiques posées par les objets

connectés

La relative nouveauté des objets connectés de santé pose des problèmes

éthiques, juridiques et sociétaux. Pour l’instant, certains pays dont la

France, sont assez réticents à leur égard du fait de leur caractère intrusif et

leur faible utilité. A la question « pour vous, cette connectivité est-elle vécue

comme un progrès ou comme un danger pour votre vie privée ? », 60% des

Deux approches : - Centrée patient - Centrée praticien

16

interrogés répondent comme un danger 27 . Une autre crainte des

consommateurs est l’impact sur la santé des ondes émises par ces objets,

notamment pour les enfants en bas âge.

Pour que ces IoT s’intègrent dans la société, il faut tout d’abord qu’ils aient

une utilité dans le parcours de soins du patient afin qu’il les accepte au

quotidien dans sa vie privée. Pour que ces soins s’effectuent correctement,

il faut que le diagnostic du médecin s’appuie sur des constantes précises

ce qui pose également un problème de fiabilité des données.

Utilité pour le patient: vers une médecine prédictive et personnalisée Plus de 55% des personnes ayant acheté un objet connecté déclarent ne

jamais l’utiliser ou rarement28. La relative nouveauté des IoT ne permet pas

encore de mesurer leur utilité pour les utilisateurs. Les nouvelles

technologies créent un enthousiasme au moment de leur mise sur le

marché mais après la phase de lancement il arrive souvent que « le soufflé

retombe ». Pour preuve, les chiffres de vente de l’Apple Watch diminuent

de jour en jour depuis son lancement le 24 avril 201529.

Pour l’instant, la plupart des IoT de santé sont orientées vers le bien être

des utilisateurs (mesurer performances sportives, entretien du corps) et ne

concernent que quelques paramètres de santé (température, tension,

poids, pouls, temps de sommeil etc…)30. Ils ne permettent pas encore

d’anticiper certaines maladies même si l’amélioration des performances

sportives ou la perte de poids peuvent s’analyser, d’ores et déjà comme

une première forme de prévention.

L’étape suivante va être de permettre de récolter des données sanguines

par l’intermédiaire de capteurs sous cutanés ou à l’intérieur même de

l’organisme. Les données sanguines sont les plus à même d’apporter aux

médecins un diagnostic mais elles posent des problèmes éthiques

puisqu’on imagine la réticence des patients vis-à-vis de ces capteurs

27 Article Craintes et attentes vis 28 Questionnaire quantitatif (Annexe 13) 29http://www.latribune.fr/technos-medias/internet/l-apple-watch-deja-un-flop-490805.html 30 Questionnaire quantitatif (Annexe 13)

17

intrusifs.31

L’enjeu donc, pour les fabricants d’IoT va être d’offrir des dispositifs de

santé capable de prévenir les maladies afin de créer une véritable utilité

pour le malade.

Pour cela, il est important pour les fabricants d’IoT d’anticiper les tendances

à venir en matière de santé et de prendre en compte le vieillissement de la

population à venir (1/3 de la population aura plus de 60 ans en 203032)et le

développement des affections de longue durée (Diabète, Cancer, Maladies

cardiovasculaires).

Fiabilité des données: la condition du diagnost ic Il est déterminant de connaitre les conséquences d’un résultat faux sur la

santé du patient. Il peut donner au malade une fausse impression d’être en

bonne santé ou à l’inverse un sentiment d’être malade alors qu’il n’a rien.

Ce paramètre est primordial pour les patients puisque 62% d’entre eux

considèrent que c’est le critère le plus important dans l’utilisation d’un objet

connecté.

Les données récoltées à partir des IoT ne sont pas encore assez fiables33

pour permettre d’en tirer des conséquences médicales. (Par exemple, il est

prouvé que certains podomètres en vigueur manquent un pas sur trois34)

L’idée à l’avenir n’est pas de remplacer le médecin mais de l’impliquer

davantage dans l’analyse et le diagnostic que dans la collecte

d’informations sur son patient. Pour cela, la fiabilité et la précision des

données doivent être améliorées.

2.3 Les données de santé

Les données de santé vont devenir des ressources très prisées par les

différents acteurs liés au secteur de la santé 35 : laboratoires

pharmaceutiques, médecins, sécurité sociale, compagnies d’assurances,

banques etc…

31 Questionnaire qualitatif (Annexe 5) 32 source XERFI 33 DocDalloz Elise Debies 35 Doc Bioserenity

18

2.3.1 La circulation des données de santé

L’Internet des objets (IOT) dans l’industrie de la santé va bien au-delà d’un

scénario traditionnel de (M2M) machine-to-machine. C’est un concept

permettant à deux machines de communiquer sans intervention humaine.

La figure suivante illustre les tendances récentes du mode de transmission

relativement sécurisée des données de santé.

Figure 1: La topologie de l’IoT du réseau de santé:

a. L’évolution des technologies de la communication

Les types de réseaux les plus courants que l’on retrouve dans l’utilisation

des objets connectés sont les réseaux personnels (PAN), les réseaux

locaux (LAN) et les réseaux étendus (WAN). Chaque type de réseau

implique un certain nombre de technologies sans fil, comme le montre la

ligne Access Gateway Layer de la figure 1.

Les technologies de communication suivantes les plus fréquemment

utilisées dans le cadre des objets connectés sont les suivantes (dans l'ordre

de classement des coûts):

19

1) ZigBee : Il s'agit d’un réseau de faible puissance et de courte portée,

basée sur le réseau personnel sans fil à faible débit (LR-WPAN). Il est

moins coûteux que le Bluetooth et fonctionne dans la bande 2,4 GHz ISM

(The Industrial, Scientific et Medical radio).36

2) Bluetooth : c’est une radiofréquence de faible puissance à courte

distance qui peut faciliter les échanges d’informations d’un appareil à un

autre, basée sur le Wireless Personnel Area Network (WPAN). Les

appareils Bluetooth sont bon marché et la technologie Bluetooth Low

Energy réduit considérablement la consommation d'énergie. 37

3) Light Fidelity (Li-Fi) : Il s'agit d'un système de communication visuel

optique (VLC) utilisant la lumière plutôt que les ondes radio de la même

manière que le Wi-Fi.

Li-Fi a des problèmes de sécurité relatifs à la fiabilité (due à l’interférence

de sources de lumières externes) et la couverture de réseau (liée aux

obstacles physiques). Cependant, le Li-Fi pernet le chevauchement sans

interférences des objets médicaux connectés. Par exemple, il peut être

utilisé dans une pièce pour surveiller les patients tandis que simultanément

des ondes radio sont utilisées pour un scanner IRM.38

4) Wi-Fi : l’intérêt du WI-FI réside dans le fait qu’il permette à la fois des

configurations point-à-point et point-multipoint.

Les anciennes versions Wi-Fi sont également utilisées dans le domaine de

la santé. La sécurité WiFi peut être fournie par les protocoles suivants :

- Wired Equivalent Privacy (WEP) est le premier protocole de sécurité utilisé

pour le Wi-Fi. Il est facile à casser.

- Wi-Fi Protected Access (WPA) est un protocole de sécurité beaucoup plus

fort pour Wi-Fi.

36 Wasnaa Al Mawee. 2015. Privacy and Security Issues in IoT healthcare Applications for the Disabled Users, a survey. Page 9 37 Wasnaa Al Mawee. 2015. Privacy and Security Issues in IoT healthcare Applications for the Disabled Users, a survey. Page 9 38 Wasnaa Al Mawee. 2015. Privacy and Security Issues in IoT healthcare Applications for the Disabled Users, a survey. Page 9

20

- Wi-Fi Protected Access II (WPA2) est l'amélioration de WPA, qui

comprend le (Advanced Encryption Standard - AES).39

5) Évolution à long terme (LTE) : Il s'agit d'une norme 4G sans fil,

développée par le Third Generation Partnership Project (3GPP). LTE offre

une solution rentable pour les services M2M pour les objets connectés et

les applications de santé, y compris la surveillance et le suivi des

patients.40

6) Évolution à long terme - Avancé (LTE-A) : Il s'agit d'une norme de

communication mobile 4G "true", qui est une amélioration significative de

la LTE; Il fournit des débits de données trois fois plus élevés et une latence

plus faible. LTE-A devrait être compatible avec les équipements LTE, de

sorte que les services M2M améliorés peuvent tirer parti des réseaux LTE

existants.41

b. La sécurisation des données de santé

Les systèmes de sécurisation des données de santé sont vulnérables pour

plusieurs raisons : la multiplication des serveurs, le manque de vigilance

des utilisateurs, l’obsolescence des systèmes de stockage.

Pour se prémunir face aux attaques des hackers, certaines propriétés ont

été définies pour permettre une protection en amont (au niveau du patient)

et en aval (au niveau du stockage).

La protection en amont : au niveau de l’utilisateur

L’authentification est la procédure qui consiste, pour un système

informatique, a vérifier l'identité d'une entité afin de lui autoriser l’accès à

des ressources (systèmes, réseaux, applications...). L’authentification

consiste à fournir une preuve d’identité : mot de passe, empreintes

39 Wasnaa Al Mawee. 2015. Privacy and Security Issues in IoT healthcare Applications for the Disabled Users, a survey. Page 9 40 Wasnaa Al Mawee. 2015. Privacy and Security Issues in IoT healthcare Applications for the Disabled Users, a survey. Page 10 41 Wasnaa Al Mawee. 2015. Privacy and Security Issues in IoT healthcare Applications for the Disabled Users, a survey. Page 10

21

digitales. Les systèmes d’authentification sont plus ou moins forts en

fonction de l’importance des données protégées.42

La pseudonymisation est un processus par lequel les données perdent leur

caractère nominatif, sous couvert d’un pseudonyme. C’est une technique

importante de protection de la confidentialité des données de santé à

caractère personnel. Elle est moins protectrice que l’anonymisation des

données, dans la mesure où la pseudonymisation permet, par recoupement

d’informations, de retrouver l’identité de la personne.43

La protection en aval : au niveau du stockage

L'intégrité des données consiste à vérifier qu'elles n'ont pas été altérées

accidentellement ou frauduleusement au cours de leur transmission ou de

leur stockage. Au niveau des objets connectés de santé, l’intégrité des

données de santé est primordiale puisqu’elle va permettre de fournir aux

professionnels de santé les informations qui vont servir au diagnostic.44

La notarisation électronique permet de garantir le contenu, la date et

l’origine des données et d’assurer la sécurité de l’archivage par un

établissement agréé par les Etats. Le règlement Européen qui entrera en

vigueur en 2018 prévoit d’agréer un certain nombre d’établissements de ce

type.

2.3.2 Opportunités et menaces autour des données de santé

a. Le passage d’une médecine curative à prédictive

A l’avenir, les données de santé récoltées à partir des IoT seront transmises

directement à un praticien qui surveillera à distance les constantes du

patient et les analysera pour fournir un diagnostic préventif. Par exemple, il

est probable, qu’à l’avenir, le maillot d’un sportif soit équipé de capteurs

détectant l’élévation de l’acide lactique dans le sang. L’entraineur pourra

faire sortir le joueur si le risque de claquage est trop élevé45.

42 http://www.iso.org/iso/fr/home/news_index/news_archive/news.htm?refid=Ref1209 43 http://www.mi.parisdescartes.fr/~mea/cours/Mi/Principes_securite.pdf 44 http://www.mi.parisdescartes.fr/~mea/cours/Mi/Principes_securite.pdf 45 Questionnaire quantitatif (Annexe 5)

22

C’est le principal apport de l’IoT, de permettre le passage d’une médecine

curative à une médecine prédictive. Pour l’instant, nous sommes dans une

période de transition dans laquelle les professionnels de santé (Médecins,

pharmaciens) sont très peu sensibilisés à ces technologies et certains, ceux

de l’ancienne école, sont réticents au changement. Mais les évolutions

technologiques à venir vont surement amener les médecins à réviser leur

position sur la question.

Les objets connectés vont également avoir un impact sur la diminution des

coûts de santé, ce qui présente un intérêt majeur pour l’Etat. Le passage à

une médecine prédictive va permettre une diminution du nombre de

médicaments achetés et donc remboursés par la sécurité sociale. Ils vont

aussi permettre une diminution des consultations puisque le patient se

déplacera de moins en moins chez le médecin. Ce point est très important

puisque la dette de la sécurité sociale française (qui ne se réduit pas à

l’assurance maladie) a atteint près de 162 milliards d’euros fin 201546. L’IoT

va s’intégrer aux politiques de santé visant à réduire drastiquement les

dépenses de l’assurance maladie.

Pour finir, les IoT vont avoir un impact important sur la pharmacovigilance

qui consiste à enregistrer et évaluer les effets secondaires (en particulier

les effets indésirables) résultant de l’utilisation des médicaments47. A partir

des données récoltées, il va être possible de mesurer les effets néfastes

d’un médicament après sa mise sur le marché, et permettre le cas échéant

son retrait du marché.

b. Les menaces pesantes sur la relation patient-médecin et la protection des données de santé

La médecine repose sur une relation d’intimité entre le médecin et le

malade. Il y a un lien de confiance entre les deux mais aussi un lien de

subordination. Le patient se réfère aux directives du médecin pour soigner

sa maladie. La menace des objets connectés est qu’ils peuvent fournir un

résultat qui soit indépendant des symptômes cliniques que le patient

néglige or ce sont grâce à eux que le diagnostic peut être fait et non

46http://www.lefigaro.fr/social/2016/01/13/09010-20160113ARTFIG00214-la-dette-sociale-de-la-france-en-quatre-chiffres.php 47 Wikipédia + Document juridique Dalloz (Elise Debiès : l’ouverture et la reutilisation des données)

Les objets connectés vont

également avoir un impact sur la

diminution des coûts de santé, ce

qui présente un intérêt majeur

pour l’Etat.

23

uniquement grâce aux données de santé.48

Par ailleurs, la menace qui pèse sur les données de santé réside dans leur

circulation. Il est important de sécuriser le parcours de la donnée depuis la

source (objet connectée) jusqu’à son stockage (hébergeur) pour éviter des

atteintes à la vie privée.

En matière de cybersécurité, le risque est bien réel, en février 2015, la

compagnie d’assurance Anthem a fait l’objet d’une cyberattaque de ses

serveurs. Un nombre indéterminé de données personnelles concernant

leurs assurés ont été volées. Ensuite, ces données sont revendues à

d’autre acteurs du monde de la santé (Data broker) ou encore les données

peuvent faire l’objet d’une demande de rançon de la part des Hackers.49

Depuis les années 1980, La plupart des pays au monde se sont armés d’un

arsenal législatif pour offrir une protection juridique à ces données de santé

dites « sensibles ». En Europe, la Commission Européenne a souhaité

unifier les régimes juridiques des Etats membres en édictant un règlement

Européen qui entrera en vigueur en 2018.

2.3.3 Les règlementations juridiques entourant les données de

santé: panorama des législations en vigueur

Ces données offrent des opportunités pour le développement d’une

médecine plus préventive mais sont susceptibles d’être utilisées par des

opérateurs privés à des fins pécuniaires (assurances, banques, ciblage

commercial).

Par conséquent, les Etats se sont dotés de législations afin de protéger la

vie privée de leurs citoyens. Cependant, les données sont amenées à

circuler à travers le monde en un temps record. Pour cette raison, l’adoption

de législations nationales à un phénomène international pose problème.

48 Questionnaire quantitatif (Annexe 5) 49 Document Ernst and Young

24

L’efficacité des règlementations ne pourra être possible que si les Etats

unifient leurs systèmes juridiques (ex: règlement Européen du 27 avril

2016) ou coopèrent pour assurer la protection de ces données. L’enjeu est

de concilier le principe de liberté de circulation des données avec le respect

de la vie privée.

De ce point de vue, on peut distinguer:

- Les pays libéraux comme les Etats Unis ou le Royaume Uni (et

certains pays scandinaves) qui se sont engagés dans un processus

d’ouverture de données publiques depuis 2009

- Les pays plus conservateurs comme la France, qui restent réticents

face à l’ouverture des données, même si depuis 2016, la loi Touraine

a permis une ouverture contrôlée des données publiques.

a. La règlementation en France : une législation qui concilie

protection de la vie privée et liberté de circulation des données

En France, les données de santé à caractère personnel sont recueillies par

le Sniiram à chaque fois qu’une personne va chez le médecin, à la

pharmacie ou dans un hôpital. Ce système constitue la plus grande base

de données de santé au monde et opère une distinction entre 50:

- Les données de santé à caractère personnel

- Les données agrégées (agrégation de données de santé à caractère

personnel) qui fournissent des informations anonymes sur des groupes

d’individus et qui depuis la loi du 26 janvier 2016 peuvent faire l’objet d’une

ouverture contrôlée au public (Open data)

Deux finalités sont interdites par cette loi et visent les assureurs et

laboratoires pharmaceutiques. Ils devront apporter des garanties

supplémentaires pour éviter que l’utilisation des données conduisent à une

sélection du risque pour les assureurs et au ciblage commercial pour les

industriels.

50 Elise Debies: l’ouverture et la reutilisation des données

Sniiram:

Système national

d’information inter-

régime d’Assurance

maladie

25

� Les données publiques de santé La loi du 26 janvier 2016 dite « de modernisation du système de santé »

vient de créer le système national de données de santé (SNDS) qui permet

une ouverture contrôlée des données de santé.

L’article 193 autorise un accès au public de ces données de santé à « des

fins de recherche, d’étude, ou d’évaluation présentant un caractère d’intérêt

public ». L’objectif étant de proposer de nouvelles ressources pour

l’innovation économique et sociale.

Parmi ces données de santé on trouve, notamment:

- Les données issues des systèmes d’informations des établissements

de santé

- Les données sur les causes de décès

- Les données médico-sociales du système d’information des maisons

départementales des personnes handicapées

Le législateur a décidé d’exclure du SNDS les données permettant

l’identification des personnes (nom, prénom, numéro de sécurité sociale).

(Anonymisation)

Par ailleurs, il est important de préciser que les données contenues dans le

SNDS qui ne permettront pas l’identification seront librement et

gratuitement accessibles au public. Pour cette raison, un certain nombre de

ces données seront rendues publiques sous forme de statistiques

agrégées.

On verra que d’autres données de santé peuvent être rendues publiques à

condition que « l’intérêt public » le justifie mais après autorisation de la

CNIL.

� Les données de santé à caractère personnel : le consentement du patient au cœur du système juridique

En adoptant la loi du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et

aux libertés, dite « loi informatique et libertés », la France est l’un des

premiers pays Européens à se doter d’un arsenal juridique en vue de la

protection des données à caractère personnel.

26

Depuis 1978, cette loi a été refondue à plusieurs reprises et a fait l’objet de

modifications substantielles. La dernière modification date du 7 octobre

2016 avec la loi « pour une République Numérique ».

Champ d’application de la loi du 6 janvier 1978 (article 2 de la loi) La loi du 6 janvier 1978 dite « informatique et libertés » est très protectrice

du citoyen Français et place le consentement de la personne au cœur du

système de partage de données. Par ailleurs, elle classe les données de

santé comme des données sensibles qui font l’objet d’un régime juridique

plus stricte.

La loi s’applique au traitement de données à caractère personnel c’est-à-

dire « aux opérations portant sur ces données et notamment la collecte,

l’enregistrement, l’organisation, la conservation, la consultation, l’utilisation

(…) »

La loi s'applique aux données à caractère personnel, celles-ci étant définies

comme « toutes informations relatives à une personne physique identifiée

ou qui peut être identifiée, directement ou indirectement, par référence à un

numéro d'identification ou à un ou plusieurs éléments qui lui sont propres ».

Traitement des données sensibles (article 8 de la loi de 1978) En principe, il est interdit de collecter ou de traiter des données à caractère

personnel qui font apparaître, directement ou indirectement, les origines

raciales ou ethniques, les opinions politiques, philosophiques ou religieuses

ou l'appartenance syndicale des personnes, ou encore qui sont relatives à

la santé ou à la vie sexuelle de celles-ci.

Dans la mesure où la finalité du traitement l'exige pour certaines catégories

de données, ne sont pas soumis à l'interdiction ci-dessus :

- les traitements pour lesquels la personne concernée a donné son

consentement exprès, sauf « dans le cas où la loi prévoit que l'interdiction

ne peut être levée par le consentement de la personne concernée »

- les traitements portant sur des données à caractère personnel rendues

publiques par la personne concernée ;

- les traitements nécessaires à la recherche, aux études et évaluations

27

dans le domaine de la santé ;

- les traitements justifiés par l'intérêt public, sous réserve de l'autorisation

de la Cnil.

En conclusion, la France permet un accès juridiquement encadré aux

données de santé, avec d’une part:

- Les données de santé qui sont mises à la disposition du public par

l’intermédiaire du SNDS sous forme de données agrégées et

anonymisées

- Les données de santé à caractère personnel (non anonymisées) qui

ne peuvent, en principe, être collectées par les entreprises sauf

dérogations:

� Le consentement de la personne intéressée

� Une autorisation de la Commission nationale de

l’informatique et des libertés (CNIL) lorsque le

traitement est justifié par l’intérêt public.

b. Règlementation Européenne : l’unification des législations pour

une protection globale

Pour l’instant, chaque membre de l’UE dispose de sa propre législation en

ce qui concerne la protection des données personnelles de santé.

Cependant, le règlement Européen du 27 avril 2016 va harmoniser les

systèmes juridiques Européens à partir du 25 mai 2018. Donc à partir de

cette date tous les Etats membres de l’Union Européenne (28 Etats) seront

dotés du même arsenal juridique sur la question.

Ce règlement s’applique aux responsables de traitement ou sous-traitants

établis sur le territoire de l’Union Européenne mais aussi établis en dehors

lorsque les données concernent des citoyens européens (article 3).

Par ailleurs, l’Union Européenne a conclu avec les USA l’accord « EU-US

Privacy Shield » qui encadre le transfert des données entre les deux

continents et assure les droits fondamentaux des citoyens de l’Union

européenne dont les données sont transférées aux Etats Unis.51

51 La Commission européenne a adopté le bouclier de protection des données transatlantiques –

28

Définition des données de santé

Pour la première fois, le règlement propose une définition des données de

santé comme étant « des données à caractère personnel relatives à la

santé mentale et physique d’une personne, y compris la prestation de

services de soins de la santé qui révèle une information sur l’état de santé

de la personne (…) présent, passé et futur (…). Il faut entendre toute

information concernant une maladie, un handicap, un risque de maladie,

les antécédents médicaux, un traitement clinique ou l’état physiologique ou

biomédical de la personne concernée, indépendamment de sa source ».52

Le régime juridique des données de santé

En principe, le traitement des données de santé à caractère personnel

d'une personne physique est interdit. (Article 9)

Sauf :

- Si la personne concernée a donné son consentement explicite au

traitement de ces données a caractère personnel pour une ou plusieurs

finalités spécifiques, sauf lorsque le droit de l'Union ou le droit de l'Etat

membre prévoit que l'interdiction visée au paragraphe 1 ne peut pas être

levée par la personne concernée;

- Si le traitement est nécessaire a la sauvegarde des intérêts vitaux de la

personne concernée ou d'une autre personne physique, dans le cas ou la

personne concernée se trouve dans l'incapacité physique ou juridique de

donner son consentement.

- Si le traitement porte sur des données a caractère personnel qui sont

manifestement rendues publiques par la personne concernée.

- Le traitement est nécessaire a des fins d’archivage dans l'intérêt public, a

des fins de recherche scientifique ou historique ou a des fins statistiques,

Laura Sadoun-Jarin – 29 juillet 2016 52 Règlement européen du 26 avril 2016

29

conformément a l'article 89, paragraphe 1, sur la base du droit de l'Union

ou du droit d'un Etat membre qui doit être proportionne a l'objectif poursuivi,

respecter l'essence du droit a la protection des données et prévoir des

mesures appropriées et spécifiques pour la sauvegarde des droits

fondamentaux et des intérêts de la personne concernée.

Ainsi, le règlement autorise le traitement des données à caractère

personnel si:

- la personne a donné son consentement au traitement

- A des fins d’intérêt public mais le règlement laisse aux Etats les

modalités d’application de cette mesure (ex: en France autorisation

par la CNIL)

Exploitation des données pour des finalités d’intérêt public, recherche

scientifique, historique ou à des fins statistiques

Le texte autorise l'exploitation de « données pseudonymisées » pour des

finalités d'intérêt public, de recherche scientifique et historique, ou

statistiques, qui font exception à l'accord de la personne intéressée. Les

données pourraient être uniquement « pseudonymisées », au lieu d'être

« anonymisées » lorsque cela n'est pas possible (article 89).

De tels traitements des données concernant la santé pour des motifs

d’intérêt public ne doivent pas aboutir à ce que des données à caractère

personnel soient traitées à d’autres fins par des tiers, tels que les

employeurs ou les compagnies d’assurances et les banques.

Les données « anonymisées » sont des données à partir desquelles il n'est

en principe pas possible d'isoler et d'identifier un individu. Son anonymat

étant ainsi théoriquement pleinement respecté.

Les données « pseudonymisées » restent en revanche relatives à un

individu identifiable, en raison du lien existant entre le pseudonyme et les

données d'identification (e.g. nom, prénom, adresse) possédées par

l'organisation collectant l'information.53

53https://wiki.laquadrature.net/Synthèse_du_règlement_sur_la_protection_des_données#Le_consentement_de_la_personne_concern.C3.A9e_.28art._4.28.C2.A711.29.2C_6.2C_7.2C_consid.C3.A9ran

30

Un renforcement pour les droits du citoyen européen

Les citoyens européens disposeront54 :

- D’un droit à l’oubli (art 17 du règlement) : l'effacement de leurs

données personnelles lorsqu'ils ne souhaitent plus que leurs

données soient traitées, à condition qu'il n'existe aucune raison

légitime de les conserver.

- D’un droit à la portabilité des données (art 20 du règlement) : toute

personne jouit du droit à la "portabilité des données" afin que les

individus puissent transmettre plus facilement des données à

caractère personnel entre fournisseurs de services.

- D’un droit d’être informé dans un langage clair et simple (art

12,13,14): Les députés ont insisté pour que les nouvelles

dispositions mettent un terme aux politiques de vie privée "en petits

caractères".

c. Aperçu de la législation américaine

Le mouvement pour l’open Data a commencé aux USA depuis 2009 et ne

cesse de croître depuis. Pour un pays qui est très axé sur les innovations

technologiques, il est important de permettre une ouverture des données

publiques de santé (anonymisées). Le but est de permettre aux acteurs de

santé d’assurer une meilleure qualité des soins. De ce point de vue, la loi

Américaine est beaucoup plus permissive et permet un accès à une base

de données très importante.

Contrairement aux législations européennes qui veulent prévenir toute

atteinte aux données de santé, le cadre juridique américain préfère guérir

que prévenir. (Notamment parce que la loi américaine permet la revente

des données par des entreprises privées)

t_32.29 54 Règlement Européen du 26 avril 2016

31

La loi HIPAA (Health insurance portability and accountability) vise à garantir

la confidentialité et la sécurité des données de santé. Elle donne accès à

des données « déidentifiées » et l’utilisateur s’engage à ne pas chercher à

identifier les patients sous peine d’amende.

La réelle différence avec la législation française, c’est qu’elle s’applique

aussi bien aux données vendues par le secteur public que par le secteur

privé. C’est-à-dire que des entreprises privées comme un laboratoire

pharmaceutique peuvent collecter des données de santé et les revendre

par la suite. A ce sujet, certaines pratiques ont été dénoncées par les

médias américains. Par exemple, la technique du « matchback » qui

consiste à « réidentifier » les patients à partir des données anonymisées

collectées afin d’effectuer un ciblage commercial. Des entreprises comme

Yahoo, Sanofi ou Astra Zeneca sont soupçonnées par Bloomberg d’avoir

eu recours à cette technique pour lancer des campagnes marketing ciblées.

onclusion

La loi du 26 janvier 2016 vient permettre une ouverture contrôlée des

données publiques de santé ou données agrégées. Ainsi, l’Union

Européenne, sous la pression de la Chine et des Etats Unis, s’est tournée

vers de l’open data de certaines données de santé (il ne s’agit pas de toutes

les données de santé) pour permettre des études d’intérêt public et

notamment accélérer l’innovation.

Pour les laboratoires pharmaceutiques, l’accès aux données publiques va

permettre d’avoir une quantité d’information importante pour stimuler la

recherche et développement de nouvelles molécules. Mais l’enjeu pour eux

va être de capter les données qui ne sont pas mises à la disposition du

publique. L’industrie pharmaceutique va devoir repenser son business

model et intégrer les objets connectés dans sa chaine de valeur de manière

à récupérer ces données privées.

c

32

Le business model de l’industrie pharmaceutique

3.1 Le modèle fondé sur le Princeps

Historiquement, de la recherche et développement (R&D) à la

commercialisation, tout était fait en interne par les industries

pharmaceutiques. Le business model traditionnel consistait en

l’identification de nouvelles molécules prometteuses, testées au moyen de

vastes campagnes d’essais cliniques, et mises sur le marché en s’appuyant

sur un marketing extensif et couteux. Dans la version traditionnelle, des

contracteurs étaient employés mais la compagnie cherchait à générer du

profit toute seule « profit alone path »55. La stratégie de la Pharma - qui

consistait à miser sur peu de molécules pour faire d’eux des blockbusters -

a bien fonctionné pour les actionnaires pendant de nombreuses années.

Cependant, avec l’augmentation des coûts de R&D, le manque d’innovation

et le recul de la productivité, cette technique ne répond plus aux besoins du

marché actuel.

Aussi, comme on l’a vu dans la 1ère partie, l’attention s’est déplacée des

maladies relativement communes et faciles à traiter vers certaines plus

complexes, amenant une chute libre de la productivité des laboratoires56.

L’expiration de nombreux médicaments lancés dans les années fastes a

laissé la « Big Pharma » très vulnérable.

3.1.1 Le recul de la productivité de la R&D

L’industrie pharmaceutique est puissante, mais sa stratégie est positionnée

sur la production de médicaments matures avec de faibles perspectives

d’innovation et de croissance. Deux tiers des traitements fabriqués dans

l’Hexagone ont été inventés il y a plus de 18 ans, et seulement 8 des 130

55 PWC. 2009. Page 2 56 PWC. 2009. Page 4

3

33

nouvelles molécules autorisées par l’Agence européenne des

Médicaments entre 2012 et 2014 provenaient de sites français57.

Les perspectives pour 2017 sont pessimistes et annoncent moins de

nouveaux médicaments innovants et lucratifs mis sur le marché, selon

Evaluate Pharma58. La croissance viendra grâce à des acquisitions et des

ventes de blockbusters présents depuis des années : les revenus de

certains blockbusters concurrencés par les génériques vont avoir tendance

à baisser comme le Lantus de Sanofi (5,2 milliards de dollars attendus).

Roche et Gliead bénéficieront de nouveau blockbusters, le Tecentriq dans

la classe thérapeutique de l’oncologie (2,4 milliards de dollars attendus) et

l’Epclusa (1,7 milliards de dollars attendus) pour le traitement de l’Hepatite

C 59.

La productivité de la R&D est en stagnation depuis de nombreuses années,

comme le montre ces deux graphiques60.

57 Xerfi France. Avril 2016. Page 100 58 Jean-Yves Paillé. 12/12/2016 59 Jean-Yves Paillé. 12/12/2016 60 PWC. 2009. Page 5

34

Le déclin de la productivité de la R&D61

3.1.2 Les fondamentaux de l’activité pharmaceutique

Pour bien comprendre l’environnement et le fonctionnement complexe de

l’industrie pharmaceutique, il est important d’en connaitre les fondamentaux

et les enjeux actuels.

Quelques définitions.

Qu’est-ce qu’un medicament ? « Toute substance ou composition

présentée comme possédant des propriétés curatives ou préventives à

l'égard des maladies humaines ou animales, ainsi que toute substance ou

composition pouvant être utilisée chez l'homme ou chez l'animal ou pouvant

leur être administrée, en vue d'établir un diagnostic médical ou de restaurer,

corriger ou modifier leurs fonctions physiologiques en exerçant une action

pharmacologique, immunologique ou métabolique » (L511 du Code de la

santé publique). Ces médicaments doivent avoir reçu une autorisation de

mise sur le marché (AMM).

Médicaments génériques : copie d’un médicament dont le brevet est

tombé dans le domaine public.

Biosimilaires : copie des biomédicaments ayant perdu leur brevet. Il n’est

toutefois pas substituable aux biomédicaments de référence. Son taux de

pénétration est déterminé par les prescriptions des médecins.

61 PWC. 2008. Page 4

35

Médicaments OTC (over the counter) : sont des médicaments non

remboursables à prescription médicale obligatoire ou facultative.

Les acteurs principaux de l’industrie, ou les maillons importants de la

chaine du médicament sont les patients, les prescripteurs (médecins), et

les Organismes payeurs (Assurance maladie, complémentaire santé

etc…).

a. Le développement d’un médicament et sa distribution

La filière du médicament62

Sur 10 000 molécules ciblées, 10 font l’objet d’un dépôt de brevet, et une

parvient à passer tous les tests. La mise au point d’une nouvelle molécule

s’écoule sur 12 ans en moyenne et représente en moyenne un

investissement d’un milliard d’euros.

62 Xerfi France. Avril 2016. Page 14

36

En ce qui concerne la distribution, soit les laboratoires s’adressent à des

grossistes répartiteurs (qui sont des intermédiaires) - c’est le Circuit Full

Lining - qui ensuite redistribuent les médicaments aux pharmacies, ce qui

représente 82% des cas ; soit les officines de pharmacie s’adressent

directement aux entreprises pharmaceutiques. C’est le Circuit Short

Lining , qui permet une marge de négociation plus large pour le

laboratoire 63 . L’arrivée sur le marché de produits de plus en plus

techniques, coûteux et s’adressant à des populations ciblées

(biotechnologies) pourrait à terme favoriser la vente directe, plus adaptée

et moins coûteuse. Pour la distribution en détail, les pharmacies disposent

d’une protection inégalée en Europe (le monopole pharmaceutique avec

des règles strictes d’installation) en contre-partie de missions de santé

publique64.

b. Le marché mondial du médicament

Il est en forte croissance : ventes de 1060 milliards de dollars, en hausse

de 8,9% en 201565. Il y a un rôle conséquent des pays émergents sur la

croissance (la Chine principalement, cf. la partie sur les pays émergents).

Les pays « matures », en particulier les USA, l’Allemagne et le Royaume-

Uni, contribuent à la croissance en raison du faible nombre d’expiration de

brevets de médicaments, des fortes hausses tarifaires aux USA et des

nombreux lancements de produits ciblés innovants et du traitement onéreux

de maladies orphelines66.

63 Xerfi France. Avril 2016. Page 16 64 Xerfi France. Avril 2016. Page 17 65 Xerfi France. Avril 2016. Page 52 66 Xerfi France. Avril 2016. Page 52

37

Répartition géographique des ventes de médicaments en 201567

Structure des ventes de médicaments dans le monde en 2014 68

Les 12 principaux médicaments les plus vendus en 201569

67 Xerfi France. Avril 2016. Page 52 68 Xerfi France. Avril 2016. Page 55 69 Xerfi France. Avril 2016. Page 56

38

3.1.3 L’environnement sectoriel en France

L’analyse des facteurs macro-environnementaux (politiques, économiques,

socioculturels, technologiques, environnementaux et législatifs) permet de

dégager des déterminants majeurs du futur de l’industrie pharmaceutique

en France, ainsi que les tendances.

Le Pestel 70

a. La démographie et la silver économie

La moitié des dépenses de santé en France concerne les patients âgés de

plus de 60 ans. Or la part de ces personnes dans la population, va passer

d’un cinquième en 2000 à un tiers en 2030, donc un accroissement de la

70 Xerfi France. Avril 2016. Page 20

39

demande potentielle dans le cadre de la silver économie71.

b. Les affections longue durée

Conséquence du vieillissement de la population, les affections longue

durée (ALD) se développent. Les principales affections sont le diabète, les

tumeurs malignes, les affections psychiatriques de longue durée, les

maladies coronaires, l’insuffisance cardiaque, l’hypertension artérielle, la

Maladie d’Alzheimer ou la démence72.

c. Les dépenses et le solde du régime général de l’assurance

maladie

Le solde du régime général de l’Assurance maladie est passé de -11,6

milliards d’euros en 2010 à -5,8 milliards d’euros en 2015, dans le contexte

d’une politique de réduction des dépenses de santé, et ceci depuis 200473.

Ceci est rendu possible avec la baisse du prix des médicaments sous

brevet, le développement du répertoire des génériques, l’abaissement des

taux de prise en charge, et l’incitation aux médecins à des prescriptions

efficientes74.

d. Les remboursements de médicaments

Le taux de croissance des dépenses de remboursements de médicaments

a reculé, depuis 2012 en territoire négatif en raison de la hausse du taux

de pénétration des génériques75.

L’évolution des dépenses de remboursement de médicaments76

71 Xerfi France. Avril 2016. Page 21 72 Xerfi France. Avril 2016. Page 22 73 Xerfi France. Avril 2016. Page 24 74 Xerfi France. Avril 2016. Page 26 75 Xerfi France. Avril 2016. Page 25 76 Xerfi France. Avril 2016. Page 25

40

3.1.4 Les tendances du marché pharmaceutique en France

La fabrication de médicaments et de vaccins est réalisée sur 224 sites de

production. Les produits fabriqués sont destinés à l’usage officinal

(médicaments de ville) et l’usage hospitalier.

En 2015 il y a eu une réelle opposition entre le marché officinal (-0,2%)

et hospitalier (+5%), ce qui a conduit à une réduction des ventes de

médicaments en pharmacie à cause des baisses de prix (impact de 611

millions d’euros). Le marché du médicament remboursable a été pénalisé

en raison du déremboursement des antiarthrosiquse et une pénétration

accrue des médicaments génériques principalement dans la classe des

statines et des anti-dépresseurs77.

En parallèle, il y a tout de même eu un fort rebond des médicaments non

remboursables (10,2% des ventes en officine en 2015), ce qui est lié à une

montée de l’automédication . Les classes d’automédication les plus

dynamiques étant les antigrippaux, les antitussifs et les produits pour le

traitement des affections respiratoires.

Marché de l’automédication en France78

77 Xerfi France. Avril 2016. Page 28 78 Xerfi France. Avril 2016. Page 38

41

Si la consommation de médicaments en France est en baisse depuis

2012 à cause des mesures de maîtrise des dépenses de médicaments, des

prescriptions auprès de médecins (baisse du volume moyen de

prescriptions par ordonnance), il y a eu tout de même un fort rebond de la

production , progressant de 15,8% en 201579 . La vente de molécules

matures a été facilitée par la bonne tenue des ventes de médicaments non

remboursables et une hausse du marché des médicaments génériques qui

a stimulé la demande aux laboratoires80.

L’exportation de médicaments est le principal moteur de l’activité des

laboratoires francais (50% du CA du secteur) à la hausse en 2015

(+1,8%)81. Cependant, les ventes à l’étranger ont tendance à se tasser :

l’insuline et les corticostéroides sont toujours des produits phares mais il

existe une tension concernant les vaccins. Les spécialités de la production

française sont la vente d’hormones corticoides (+89%) et de l’insuline

(+24%) en 2015 vers les USA, l’Arabie saoudite et la Chine

principalement82.

Exportations françaises de préparations pharmaceutiques 83

79 Xerfi France. Avril 2016. Page 30 80 Xerfi France. Avril 2016. Page 43 81 Xerfi France. Avril 2016. Page 43 82 Xerfi France. Avril 2016. Page 52 83 Xerfi France. Avril 2016. Page 50

42

3.2 Le modèle évolutif

De nombreux laboratoires pharmaceutiques mettent en place de nouveaux

plans stratégiques de développement. S’ils ont tardé à anticiper l’évolution

de leur environnement et privilégié les actions défensives (fusions entre

géants, lobbying etc), les industriels du médicament sont en transformation

ces 5 dernières années et leur capacité d’adaptation ne doit pas être sous-

estimée.

3.2.1 Les axes de mutation : La révision de la R&D

L’évolution de la productivité de la R&D84

a. Le positionnement sur les axes de spécialité

La révision du modèle de recherche et développement en cours par le

repositionnement sur des créneaux de spécialités constitue une clé

majeure des stratégies des laboratoires. Après une période de

84 Xerfi France. Avril 2016. Page 76

43

diversification, les laboratoires tentent de se recentrer sur un nombre

restreint d’aires thérapeutiques. Valorisés à des prix élevés, ces traitements

thérapeutiques spécialisés, souvent issus du progrès dans le domaine des

biotechnologies (notamment dans l’oncologie)85, ont ouvert des nouveaux

champs pour les laboratoires et peuvent s’avérer très rentables86.

Le virage vers la médecine de spécialité va s’accentuer, le nombre de

lancement par an va s’accélérer. Les médicaments biologiques constituent

par exemple la majorité des produits en cours de développement. Leur

champ d’action ne cesse de s’étendre, ils répondent à des besoins

thérapeutiques jusqu’ici non satisfaits87 (voir partie 3.3.1)

b. Le rôle des biotechnologies

Au sein de cette réorganisation de la recherche et développement, les

sociétés de biotechnologie jouent un rôle essentiel. Les industriels

investissent désormais dans les champs de recherche offerts par les

biotechnologies, dont le développement s’est accéléré depuis le début des

années 80. La mise au point de ces nouveaux médicaments, basés sur la

génomique et la protéomique est associée à des technologies telles que la

chimie combinatoire88.

Les grands laboratoires ont établi un nouveau schéma avec des

investissements en amont dans la recherche académique et des

acquisitions plus tardives de molécules en développement par les

structures innovantes. Au début des années 2000, l’industrie

pharmaceutique cherchait encore à acquérir des compétences et des

approches nouvelles. Quelques années plus tard, les « biotechs » les plus

crédibles pour un rachat devaient au moins présenter une preuve de

concept in vivo des molécules candidates.

Aujourd’hui, les entreprises de biotechnologies doivent aller jusqu’à investir

dans le développement clinique, l’accès au marché et les affaires

réglementaires. Selon une étude récente, 152 partenariats impliquant des

biotechs ont été approuvés en 2014 traduisant le réalignement des

85 Xerfi France. Avril 2016. Page 78 86 Xerfi France. Avril 2016. Page 68 87 Xerfi France. Avril 2016. Page 78 88 Xerfi France. Avril 2016. Page 12

44

stratégies des laboratoires dans le domaine de la recherche et

développement. Cette augmentation des accords s’est d’ailleurs traduite

par une nette augmentation des tickets d’entrée. Le montant moyen des

paiements initiaux de ces partenariats a ainsi bondi de 40% en moyenne

en 2014. Au global, ils ont quasiment doublé pour atteindre le niveau record

de 5,1 milliards de dollars89.

Nombre de partenariats impliquant une biotech 90

c. La délocalisation et le remaniement des centres de

recherche et développement

En parallèle, un nouveau phénomène de délocalisation de la recherche et

développement émerge au sein des principaux laboratoires français.

Servier, Sanofi et Ipsen ont ainsi inauguré en 2014-2015 des centres de

R&D à l’étranger afin de se rapprocher des plus importants groupes

pharmaceutiques mondiaux. À l’instar de nombreuses autres big pharma

(Baxter, AstraZeneca, Novartis, Eli Lilly, etc.), Ipsen et Sanofi se sont

installés sur le campus de Cambridge, aux États-Unis, afin de bénéficier

d’un environnement riche en matière de recherche scientifique et

biomédicale91.

Avec l’augmentation des coûts de recherche et développement et le recul

89 Xerfi France. Avril 2016. Page 77 90 Xerfi France. Avril 2016. Page 77 91 Xerfi France. Avril 2016. Page 79

45

de sa productivité, on assiste depuis 2010 à la rationalisation des centres

de recherche et développement et aux fermetures de certains d’entre eux.

Les grands centres de recherche des années 1990 continuent ainsi de

muter vers des unités de recherche plus petites, spécialisées par domaine

thérapeutique, dans le cadre de co-développement avec d’autres

entreprises d’innovation ou de partenariats public-privé. Pour être plus

efficiente et réactive, la recherche se tourne vers de petites structures plus

agiles, via notamment des accords de licence92.

d. Collaborations, accords & partenariats

Devant l’étendue des technologies disponibles et des champs de recherche

explorables, les opérateurs pharmaceutiques multiplient les sources

extérieures de médicaments potentiellement prometteurs, en passant par

des accords de partenariat. Si vu leur historique et leur situation actuelle

les Big Pharma ont des difficultés à se rendre attractifs, les budgets

recherche et développement et les cash-flows disponibles permettent aux

grands groupes de faire monter les enchères sur les projets jugés les plus

intéressants et de multiplier les accords93.

Avec les fusions et les acquisitions de grande envergure qui ont émaillé le

début des années 2000, les laboratoires ont eu à gérer des centres de

recherche dans différents pays, qui ne représentaient pas d’ailleurs

l’objectif de leur transaction. Les montants des opérations de fusions-

acquisitions atteignent des records : après trois ans d’accalmie, 2014 et

2015 ont été des années mouvementées. Le montant des transactions a

une nouvelle fois atteint un haut niveau en 2015 avec une valeur totale de

plus de 185 milliards de dollars, contre 220 milliards en 2014, une année

record. Il aurait d’ailleurs pu être largement dépassé si le méga-rachats

d'Allergan par Pfizer pour près de 160 milliards de dollars avait abouti94.

Le dynamisme des opérations de fusions-acquisitions est la conséquence

de l’accélération des mutations du modèle des big pharma. Ce mouvement

s’accompagne de cessions/rachats de branches complètes d’activité

92 Xerfi France. Avril 2016. Page 76 93 Xerfi France. Avril 2016. Page 68 94 Xerfi France. Avril 2016. Page 92

46

auprès des laboratoires, d’importants portefeuilles de produits jugés non

stratégiques et d’entreprises de biotechnologies95.

Montant des opérations de fusions acquisitions des 40 principaux

laboratoires pharmaceutiques96

Les réorganisations opérées par les majors de l’industrie pharmaceutique

ont porté leurs fruits. Le nombre de nouvelles molécules autorisées (NME)

tend ainsi à se redresser depuis 2011 tandis que les dépenses en

recherche et développement se sont stabilisées. Aux États-Unis, ce sont

45 nouveaux médicaments qui ont obtenu des autorisations en 2015, un

record depuis 200097.

3.2.2 Le développement du marché des génériques

En parallèle, les brevets de nombreux médicaments lancés dans le faste

des années 1990 vont expirer dans les prochaines années, laissant la Big

Pharma très vulnérable. La société de recherche américaine Sanford C.

Bernstein estime que le choc de l’érosion des revenus due aux génériques

peut être estimé entre 2 % et 40 % pour les 10 premières entreprises entre

aujourd’hui et 2015. Encore pire, elle a calculé que seules 4 de ces mêmes

entreprises disposent de produits en cours de développement pour combler

la perte de chiffre d’affaires98.

Cependant, la quête de taille critique des grands génériqueurs (TEVA et

Mylan principalement) a également eu un rôle moteur sur le front des

acquisitions. Alors que le nombre de médicaments blockbusters à

95 Xerfi France. Avril 2016. Page 92 96 Xerfi France. Avril 2016. Page 92 97 Xerfi France. Avril 2016. Page 76 98 PWC. 2008. Page 5

47

génériqueurs tend à se réduire, les acteurs du marché cherchent à prendre

des parts de marché à la concurrence. Leur avenir sera lié à leur capacité

à s’adapter à la nouvelle phase de maturité du marché. L’une des

principales sources d’avantage concurrentiel est la capacité des

génériqueurs à accorder des remises et celle-ci dépend essentiellement

d’un effet volume et d’une stricte maîtrise des coûts99.

En France, le marché des génériques remboursables a renoué avec la

croissance en 2015 (+1,3% en valeur), essentiellement soutenu par les

ventes en volume (+5,1%) 100 . La perte de brevet de l’antidépresseur

Seroplex (escitalopram) et l’entente préalable aux prescriptions de la

rosuvastatine (Crestor) afin de favoriser les statines génériquées ont

soutenu les dispensations de génériques. Le marché a en revanche été une

nouvelle fois bridé en valeur par de nouvelles baisses tarifaires de certains

groupes de médicaments génériques, notamment les sartans et les IEC

début 2015. Le taux de pénétration des génériques dans le répertoire (tant

en valeur qu’en volume) a pour sa part légèrement progressé mais semble

plafonner. La prescription en DCI et le Plan de relance des génériques

annoncé en mars 2015 ont finalement eu peu d’effet sur le marché des

médicaments génériques remboursables101.

Impact de l’érosion causée par les génériques sur les revenus de la Big

Pharma102

99 Xerfi France. Avril 2016. Page 92 100 Xerfi France. Avril 2016. Page 36 101 Xerfi France. Avril 2016. Page 36 102 PWC. 2008. Page 3

48

3.2.3 L’émergence des nouveaux players

En 2020, près des deux tiers du marché du médicament en volume sera

réalisé au sein des pharma-émergents, selon le cabinet d’études IMS

Health. Il s’agira, certes, essentiellement de génériques mais la pénétration

de médicaments de marque va nettement progresser dans le sillage de

l’expansion des systèmes de couverture de santé (notamment en Inde, en

Chine, au Brésil et en Indonésie). Dans ce contexte, ces zones constituent

des gisements de croissance incontournables pour les big pharma. Ces

derniers y pénètrent essentiellement à travers des investissements directs

(ouvertures d’usines, création de joint-venture avec des acteurs locaux,

etc.), conditions sine qua non à l’accès de ces marchés103.

Cependant les pharma-émergents ne sont pas forcément des el dorado

pour les big pharma. À la lecture des résultats des principaux laboratoires

pharmaceutiques, ils sont finalement peu nombreux à avoir bénéficié

pleinement de la vitalité de ces marchés émergents. Alors que la part de

marché de ces derniers a bondi de 11 points entre 2004 et 2014, elle n’a

progressé que de 4 points en 10 ans pour le top 20 mondial104. Les big

pharma peinent ainsi à s’imposer. Le dynamisme des pharma-émergents

est en effet essentiellement assis sur les médicaments génériques, ce qui

103 Xerfi France. Avril 2016. Page 87 104 Xerfi France. Avril 2016. Page 88

49

a favorisé l’essor de producteurs locaux. Les seuls grands laboratoires à

avoir réussi à s’imposer sont ceux répondant aux besoins spécifiques de

ces populations avec des produits non généricables, à l’image de Sanofi

(vaccins et insuline), GSK (vaccins) et Novo Nordisk (insuline). Pour les

autres, l’heure est à la reconsidération de ces territoires dans leurs

stratégies d’expansion : ciblage de quelques territoires clés, sous-traitance

de la production avec un acteur local à l’image de Gilead qui a validé un

accord de licence pour son médicament phare Sovaldi (traitement de

l’hépathite C) avec sept laboratoires indiens, ou accords de distribution.

Pfizer et Sandoz ont de leur côté opter pour un redimensionnement de leur

présence, notamment en Inde. Pfizer a ainsi fermé son usine de Thane

Belapur Road à Navi Mumbai, jugée trop vétuste et pas assez rentable pour

la moderniser. En parallèle, Sandoz, division générique de Novartis, a

annoncé la fermeture de son site de Turbhe, à Mumbai dans le cadre de

l’optimisation du réseau productif mondial de Novartis105.

Classement des principaux marchés pharmaceutiques mondiaux106

onclusion

Le business model de l’industrie pharmaceutique est en crise, en

France et dans le monde. Si l’industrie souffre de l’augmentation des coûts

105 Xerfi France. Avril 2016. Page 88 106 Xerfi France. Avril 2016. Page 87

C

50

de recherche et développement, du manque d’innovation et du recul de la

productivité, elle tente de s’adapter aux enjeux de demain. Les besoins

immédiats de l’industrie pharma sont d’améliorer la productivité recherche

et développement, réduire les coûts, utiliser le potentiel des économies

émergentes, et s’orienter de la vente de médicaments au management des

résultats107.

Dans le futur, la plupart des médicaments seront payés sur la base des

résultats donnés et de leur efficacité108. Il y a une crise de confiance du

patient consommateur: le client est par conséquent de plus en plus exigeant

quant aux conditions de prix et de remboursements. Il y a aussi une

nécessité pour les industriels de fabriquer des médicaments

révolutionnaires pour lesquels les gouvernements et les assurances santé

seront prêt à payer, pour préserver la valeur de ces produits, et éviter d’être

dépassé par les nouveaux players.

Pour cela, les big pharma vont devoir joindre leurs forces, « profit

together », et collaborer davantage avec d’autres organisations : pour

développer des médicaments de manière plus économique, aider les

patients à manager leur propre santé, et s’assurer que les produits et les

services qu’ils offrent font la différence109.

3.3 La prochaine étape de l’industrie pharmaceutiqu e : les

solutions multi technologiques

Nous avons pu observer une nette régression du secteur pharmaceutique

depuis une quinzaine d’années notamment due à la perte des brevets, à

l’augmentation des coûts de la R&D et au renforcement de la

réglementation.

De plus, les avancées scientifiques et technologiques vont pousser à court-

moyen terme les industriels de santé à opérer une mutation profonde de

leur modèle opérationnel.

107 PWC. 2012. Page 1 108 PWC. 2012. Page 2 109 PWC. 2012. Page 1

51

L’adaptation et la collaboration seront nécessaires afin d’offrir des solutions

globales de santé non plus focalisées sur le traitement d’une maladie, mais

sur la santé de l’individu.

La perspective d’un écosystème de santé plus performant d’un point de vue

économique et thérapeutique obligeront les laboratoires à fournir des

traitements adaptés aux besoins du patient notamment à travers des

solutions multi-technologiques et/ou des médicaments à forte valeur

ajoutée.

Certains laboratoires comme Novartis avec Entresto ont par exemple lancé

un nouveau modèle de fixation du prix aux Etats Unis qui prévoit que la

rétribution du laboratoire sera conditionnée au succès du médicament. 110

L’évolution et l’adaptation du modèle économique des industries

pharmaceutiques représentent à la fois une nécessité mais aussi une

opportunité.

3.3.1 Une réorientation stratégique centrée sur le patient

Lorsque les fondements d’un marché sont bouleversés, de nouveaux choix

stratégiques s’imposent. Quel que soit l’acteur de santé concerné, le patient

devra être au cœur de la réflexion : Comment créer de la valeur pour celui-

ci ?

Pour les laboratoires, cette considération est d’autant plus critique que la

réputation générale des entreprises pharmaceutiques a été entachée par

plusieurs scandales comme le Médiator, le Dépakine, la pilule Diane, ou

plus récemment le décès d’un patient dans le cadre d’essais cliniques à

Rennes.

Selon une étude menée par Infostat en Mars 2015 sur 73 associations de

patients, le manque de transparence et la recherche de profitabilité sont les

reproches les plus cités111.

110 Novartis Signs on to value-based pricing for Entresto ; Tracey Walker – 4 mai 2016 111 Ce que les associations de patients attendant de l’industrie pharmaceutique (sondage); Le Crip-30/03/2015

52

Cette réorientation stratégique présentera un double intérêt: améliorer

l’image de l’industrie pharmaceutique auprès des consommateurs et se

préparer à la mutation du système de santé.

Elle impliquera dans un premier temps une clarification du positionnement

de l’industrie puis l’offre d’un service personnalisé et adapté à la pathologie

du patient concerné.

a. Passage d’une stratégie volume à une stratégie valeur : la

spécialisation

La recherche systématique d’efficacité thérapeutique et économique

impliquera une focalisation sur la valeur ajoutée des traitements proposés

de manière à délivrer des retours durables et profitables pour l’ensemble

des acteurs du système de santé.

Un changement radical d’état d’esprit est nécessaire pour l’industrie

pharmaceutique : avoir une approche « patient » plutôt que « produit »,

« retour » plutôt que « vente ».

De plus, la stratégie de diversification opérée par les gros laboratoires

s’essouffle en raison du coût important que celle-ci représente.

Ces différents constats vont pousser les laboratoires à orienter leurs

recherches et acquisitions vers des produits plus spécialisés, destinés à

des pathologies graves avec une épidémiologie faible mais bénéficiant

d’une excellente marge et d’un bon taux de remboursement (oncologie,

maladies auto-immunes, dégénérescences etc.).

Ce passage vers des produits plus spécialisés dits « de niche », comme

Avastin, a par exemple permis au laboratoire suisse Roche de générer plus

de 6 milliards d’euros de revenu en 2015112.

De plus, ces produits permettent une limitation de la force de vente

puisqu’ils sont destinés à des médecins spécialistes.

112 Cancer: La France limite le recours au produit phare de roche; Catherine Ducruet- 05/08/2016

53

D’où l’importance de catégoriser ses produits et de se concentrer sur des

classes thérapeutiques à fort potentiel dans lesquelles il sera possible de

concentrer ses efforts de R&D sur un nombre plus restreint de débouchés.

Le repositionnement sur des créneaux de spécialités constitue une clé

majeure des stratégies des laboratoires.

Les produits de biotechnologie pour le traitement des maladies

inflammatoires et dans l’oncologie, les produits de niches, très onéreux et

concernant peu de patients, sembleraient convenir à cette stratégie de

spécialisation.

b. Personnalisation des soins et accompagnement du patient dans

sa démarche curative

Parallèlement à cette stratégie, la santé a tendance à devenir plus

personnalisée. Les avancées scientifiques et technologiques permettront

alors d’adapter les traitements en fonction des caractéristiques des patients

et de leurs maladies.

Il s’agit déjà d’une réalité dans certains types de cancer et les progrès à

venir en génétique, protéomique, imagerie médicale et thérapeutique vont

accélérer cette tendance dans les années à venir.

Par exemple, le séquençage à haut débit permettrait aux médecins de

disposer du profil génomique de chaque tumeur. Ils pourront ainsi l’intégrer

54

dans leur décision thérapeutique pour proposer à des patients des essais

cliniques en vue de développer un traitement ciblé.

En ce sens, l’IRCL (Institut pour la Recherche sur le Cancer Lille) tient à

jour un registre sur les avancées relatives à la caractérisation génomique

des tumeurs ou celles relatives aux cellules résistantes aux traitements.

De nouvelles opportunités émergent notamment dans la phase de

diagnostic grâce aux biomarqueurs. Leur application permettrait :

- Un diagnostic plus précis

- Un traitement ciblé en suivant son efficacité ou au contraire la

résistance à une chimiothérapie

- Suivre l’évolution de la tumeur et mesurer le risque d’apparition de

métastases

Les biomarqueurs présenteraient une réelle opportunité thérapeutique et

économique malgré un modèle économique encore flou.

Même si leur champ d’action ne cesse de s’étendre à de nouveaux

domaines, les biotechnologies sont au cœur des stratégies thérapeutiques

pour le traitement des maladies inflammatoires, auto-immunes et dans

l’oncologie.

De plus en plus d’acteurs prennent place dans le domaine des thérapies

cellulaires et géniques qui permettraient une médecine nouvelle et

personnalisée.

La majorité des acquisitions réalisées en 2015 (185 milliards de dollars113)

se tourne vers ces domaines thérapeutiques considérés comme ayant un

fort potentiel.

113 Xerfi

55

L’efficacité du système de santé pourrait être renforcée par le phénomène

« Quantified Self » définit par Emmanuel Gadenne – auteur du guide

pratique du quantified self – comme « regroupant de façon générique les

outils, principes et méthodes permettant à chacun d’entre nous de mieux

nous connaître, de mesurer des données relatives à notre corps, à notre

santé, à notre état général ou aux objectifs que nous nous fixons ».

L’idée serait de permettre au patient de gérer sa propre maladie grâce à

des solutions multi-technologiques de santé.

Par exemple, le laboratoire Sanofi a lancé l’application Diabeo qui calcule

en temps réel les doses d’insuline nécessaires aux patients atteints de

diabète en fonction de l’alimentation, de l’activité physique et selon la

prescription du médecin à qui les résultats sont automatiquement envoyés.

Aujourd’hui, près des deux tiers des applications présentes sur le marché

concernent la prévention et la promotion d’un mode de vie sain selon une

56

étude réalisée par l’IMS Institute for Healthcare Informatics.

Du côté du corps médical, ces applications sont loin de faire l’unanimité. En

2016 en France, seulement 20% des médecins ont recommandé l’utilisation

d’une application de santé mobile114.

Le service médical rendu par ces applications et l’utilisation qu’en font les

patients ne sont pour le moment pas généralisés. Pourtant, celles-ci

pourraient avoir un rôle déterminant dans le suivi de maladies chroniques

ou des affections de longue durée.

Par exemple, un patient victime d’un arrêt cardiaque aura besoin d’adapter

son comportement au quotidien. Sa consommation de sel, son régime, son

niveau d’activité physique, sa pression artérielle ou son poids sont des

éléments qui peuvent être suivis par à un « coach électronique » et dont les

données peuvent être transmises au médecin traitant.

Ce type de services annexes pourrait être proposé par les laboratoires

pharmaceutiques en complément des traitements proposés pour une

pathologie donnée.

114http://www.vidalfrance.com/wp-content/download/info/Barometre_Mobile-VIDAL-

CNOM-2016.pdf

57

En revanche, il semblerait que proposer ces applications en tant que vitrine

et les laisser à la libre disposition des patients et/ou médecins soit la

meilleure alternative.

Cette stratégie présentera un double intérêt, surtout marketing, pour le

laboratoire :

- Regagner la confiance des patients et des médecins

- Promouvoir le traitement et le laboratoire

La plupart des éléments analysés au cours de cette étude démontrent donc

que les industriels de santé devront se spécialiser pour réduire les coûts en

amont.

En outre, la personnalisation des traitements et l’observance thérapeutique

pousseront les laboratoires à se focaliser sur les besoins du patient en se

tournant par exemple vers les biotechnologies et en proposant des services

complémentaires annexes aux traitements sous forme d’application mobile.

Par ailleurs, l’utilisation par les laboratoires pharmaceutiques de dispositifs

médicaux connectés semble constituer une réelle opportunité pour les

industriels de santé.

3.3.2 De nouveaux relais de croissance

Les objets connectés de santé constituent un nouveau segment dans

l’écosystème de santé et s’inscrivent dans le mouvement « Quantified

Self ». Leur apport s’articule autour des thèmes suivants:

- Améliorer la qualité des soins

- Réduire les coûts de prise en charge

- Intégrer et renforcer la dimension préventive du système de santé

- Améliorer l’accès aux soins dans les pays émergents ou déserts

médicaux

Ce nouveau marché attire de nombreux acteurs : laboratoires

58

pharmaceutiques, fabricants de dispositifs médicaux, des start-up, Big

Tech, GAFA ou complémentaires santé.

Aujourd’hui, un sondage réalisé par l’ESCP Europe a démontré que la

visibilité et le taux de pénétration de ces objets connectés était faible. Sur

189 personnes interrogées, seulement 54% d’entre elles étaient capables

de citer un objet connecté de santé et 12% en possédaient un. Plus

intéressant encore, sur les 22 personnes possédant un tel objet, plus de la

moitié l’utilisent rarement, voire jamais.

Pourtant, le potentiel des objets connectés de santé est indéniable tant du

point de vue thérapeutique (prévention, suivi des pathologies chroniques,

coordination des soins) qu’économique avec une meilleure performance du

système de santé.

La question est alors la suivante: comment intégrer ces objets dans l’offre

des industriels de santé et quel modèle économique choisir?

Il conviendra alors de distinguer les IoT (« Internet of Things ») avec une

approche produit pour ensuite envisager l’éventualité où l’utilisation des

données de santé serait autorisée.

a. Une offre digitale à destination des patients

Selon une étude réalisée par McKinsey, l’impact économique des objets

connectés de santé et bien-être pourrait aller de 170 milliards jusqu’à 1.6

trillion de dollars dans le monde en 2025115.

Le marché est loin d’être arrivé à maturité. Par exemple, l’actuel business

model des objets connectés de bien-être n’est pas une solution pérenne.

On observe, avec l’arrivée d’acteurs de plus en plus nombreux (notamment

Xiaomi avec des prix très compétitifs), un effet ciseau entre des coûts

croissants et une chute des prix sur le mass market.

115

http://www.mckinsey.com/business-functions/digital-mckinsey/our-insights/the-internet-of-things-the-

value-of-digitizing-the-physical-world

59

L’enjeu sera alors d’identifier un modèle économique pertinent qui assurera

des ressources viables et durables pour l’industrie.

Pour y parvenir, il faut avoir conscience que la valeur ajoutée ne vient pas

de l’objet connecté en lui-même, mais des services qu’il peut apporter au

patient.

Il sera alors indispensable de catégoriser les produits connectés de santé

en fonction de leur utilité avant d’explorer les modèles économiques

susceptibles de convenir.

1. Internet of Things : l’approche Hardware

Conformément à la stratégie selon laquelle le patient doit être au cœur des

questions relatives au futur développement des industriels de santé, il

convient d’opérer une segmentation en fonction de l’utilisation des objets

connectés de santé.

Dans le cadre d’une étude réalisée en Mars 2016 sur un échantillon de 64

entreprises, CB Insights a cartographié le marché des IoT de santé.

Parmi ces initiatives, on retrouve des objets connectés de santé liés à:

- L’efficacité clinique : cette catégorie inclut des startups dont

l’objectif est d’améliorer la façon dont les services médicaux sont

délivrés dans les cliniques. Nous pourrons citer Augmedix ou

Obaa, des lunettes connectées, qui permettent aux médecins

d’avoir un accès rapide à toutes les informations relatives aux

patients (maladie, dossier médical).

- Capteurs biométriques : il s’agira ici de dispositifs médicaux

connectés à destination des hôpitaux pour simplifier les soins du

patient. Par exemple, Bioserenity propose des vêtements

connectés permettant le suivi et le diagnostic de l’épilepsie.

- Monitoring du patient : Ces entreprises développent des

technologies qui sont commercialisées directement auprès des

60

consommateurs. Chrono Therapeutics propose notamment aux

fumeurs une solution pour arrêter de fumer. Qardio permet

d’effectuer des électro-encéphalogrammes depuis son domicile

pour le suivi des maladies cardio-vasculaires.

- Capteurs neuronaux / neuro-technologie : On retrouve des

offres BtoC qui proposent des capteurs non-invasifs (qui ne

rentrent pas dans la peau du patient) et mesurent l’activité

cérébrale. On citera notamment des initiatives comme InteraXon

ou Thync qui permet un contrôle de son humeur en jouant sur

l’équilibre du système nerveux.

- Fitness wearables : Ces dispositifs permettent le suivi de l’activité

physique grâce à des capteurs intelligents. OMsignal propose par

exemple des vêtements connectés qui mesurent rythme

cardiaque, fréquence respiratoire et activité.

- Monitoring du sommeil : Des entreprises comme Beddit

proposent des capteurs qui surveillent votre sommeil pour aider

l’utilisateur à mieux dormir.

- Monitoring des enfants en bas âge : Il existe également des

technologies permettant le suivi des mouvements des enfants en

bas âge ainsi que leurs constantes vitales. On citera notamment

Owlet ou Sproutling.

Il sera alors important pour les industriels de santé de segmenter leur offre

pour offrir un service cohérent et pertinent compte tenu de la stratégie de

spécialisation opérée dans un premier temps.

Il y a une réelle opportunité dans les affections de longue durée (ALD). Le

rapport Xerfi 2016 constate que les personnes atteintes d’ALD ont

augmenté de près de 20% entre 2008 et 2014, conséquence directe du

vieillissement de la population ainsi que du développement des

comportements à risque lié au mode de vie116.

116 Xerfi

61

Le développement de Diabeo par Sanofi confirme cette tendance, le

diabète étant l’ALD qui touche le plus grand nombre de personnes.

C’est dans ces domaines que les objets connectés sont susceptibles de

créer le plus de valeur pour le patient qui deviendra acteur de sa propre

santé dans le suivi de sa pathologie.

62

De la même manière l’opportunité économique à venir pour les industriels

de santé est indéniable.

En ce qui concerne les canaux de distribution, il semblerait qu’il faille éviter

le mass market et cela pour plusieurs raisons.

La première tient à la problématique de la légitimité. Les patients ont

tendance à faire davantage confiance au corps médical qui est considéré

comme étant plus légitime. Il sera dès lors plus à même de convaincre les

consommateurs dans l’utilisation d’une solution multi-technologique de

santé.

Le questionnaire réalisé par l’ESCP Europe démontre que parmi les 105

personnes qui accepteraient de partager leurs données de santé, 90.5% le

feraient avec leur médecin.

La seconde tient au fait que l’industrie pharmaceutique devra être perçue

comme ayant une stratégie fondée sur la valeur ajoutée apportée par leurs

solutions et non plus sur les ventes réalisées.

De la révolution technologique des objets connectés de santé à leur

intégration effective dans le parcours de soin, il reste quelques étapes à

franchir et surtout un modèle économique à définir.

2. Les différents modèles économiques applicables

aux objets connectés

Initialement, Il y avait 5 caractéristiques communes qui définissaient les

entreprises d’objets connectés:

� Difficilement accessible au grand public

� Besoin de ressources financières important

� Durée de développement infinie

� Efforts marketing colossaux

� Coûts de distribution supérieurs à la moyenne

Aujourd’hui, la donne est en train de changer. Les investisseurs ne

considèrent plus comme toxiques les startups d’objets connectés. Leur

visibilité est plus grande auprès des consommateurs, elles nécessitent

63

moins de ressources dans leur phase de développement, les produits sont

plus accessibles en terme de prix (le processus de mise au point étant

facilité par les composés standards), et les acteurs de la distribution flairent

le potentiel généré par ces dispositifs (FNAC, LICK etc.).

Nous avons identifié quatre business model adaptés aux objets

connectés :

� HaaS : Hardware as a Service

A l’image du Software as a Service, l’objet connecté sera commercialisé

sous forme d’un abonnement mensuel.

Ce modèle assure une source de revenu régulière et croissante grâce au

paiement d’une somme déterminée à l’avance à une date donnée.

L’achat de l’objet permet de conserver un client et par conséquence

d’allonger la « Customer Lifetime Value ».

En revanche, ce modèle nécessite un besoin en fonds de roulement

important pour absorber les coûts liés au développement (fabrication et

commercialisation) avant que les revenus puissent excéder les dépenses

consenties.

On citera par exemple Space Monkey qui commercialise du stockage cloud.

L’objet est vendu $199 puis $49 par an pour conserver l’usage du service

associé au produit.

Ce modèle économique permettrait de calquer le modèle d’achat in-app.

Terraillon le propose déjà avec ses deux balances connectées. L’analyse

des données permet de proposer un service annexe, en l’occurrence,

l’accompagnement d’un nutritionniste pendant 3 mois pour 40€.

� Hardmium : L’objet connecté est un vecteur

Dans ce cas, l’objet connecté est conçu pour l’accessoire d’un service en

apparence distinct. Le client acquiert l’objet pour tirer parti des possibilités

offertes par l’association de l’objet et du service.

64

Par exemple, le scanner Amazon Dash permet de scanner ses courses par

Amazon pour commander le produit associé (Signal, Ariel, Kleenex etc.).

Ce modèle rassemble rapidement une communauté d’utilisateurs et permet

d’améliorer la fiabilité et l’expérience du logiciel développé.

� Hardware as a platform : L’objet connecté comme créateur

d’un écosystème d’utilisateurs

L’objet connecté commercialisé offre une fonctionnalité qui permet la

création d’une communauté. Cela induit nécessairement un support sous

forme de plateforme.

Ce modèle économique présente l’avantage de potentiellement générer

des revenus infinis car les utilisateurs sont captifs via l’objet connecté

initialement acquis.

Cependant, il doit réunir une importante communauté de développeurs qui

permettrait d’améliorer le produit en fonction des retours qui en sont fait.

Par exemple, le boitier Leap Motion est une sorte de mini camera Kinect

permettant la reconnaissance du mouvement des mains, qui est

commercialisée à partir du modèle Haap.

� Hardata : Hardware combiné au big data

C’est le modèle économique le plus controversé qui est né à partir de la

rencontre Hardware et du Big Data.

L’objet connecté permet en aval de récupérer une quantité gigantesque de

données à des fins prédictives ou analytiques dans la domotique, le

« Quantified Self ».

Les données générées par l’usage de l’objet connecté représentent une

manne financière bien supérieure au prix intrinsèque de celui-ci. En effet,

l’exploitation commerciale des données pourrait constituer un processus de

monétisation à forte rentabilité pour certaines entreprises et permettrait

65

d’offrir l’objet de manière gratuite en échange de l’exploitation des données

personnelles de santé.

Pour le moment, ce mode de commercialisation reste très controversé

surtout en matière de données de santé.

Les dérives pourraient être nombreuses et pourraient conduire par exemple

la revente de données à des assureurs qui proposeraient alors des

tarifications personnalisées en fonction du comportement de l’individu.

Et Axa a été le premier à franchir le cap. L’assureur français à travers sa

complémentaire santé Modulango a offert à 1000 clients un bracelet

connecté Withings en échange de l’exploitation des données recueillies

(taux d’oxygène dans le sang, rythme cardiaque, nombre de pas parcourus

dans la journée) à des fins de prévention médicale.

Cette opération a nécessité le consentement express préalable des

participants dans leur contrat d’assurance conformément à la législation en

vigueur.

Le choix entre ces modèles dépendra de plusieurs dimensions.

La première réside dans le fait de répondre à la question suivante : Qui sera

amené à payer ?

Après 10 ans d’attente, la solution multi technologique de santé Diabeo a

réussi à obtenir un avis favorable au remboursement auprès de la Haute

Autorité de Santé. Le patient n’en supportera donc pas les coûts

représentant ainsi un argument de taille dans l’adoption de ce service.

Pourtant le prix n’est pas un critère déterminant dans l’utilisation d’un objet

de santé. Selon le questionnaire réalisé par l’ESCP Europe, seulement 10%

des sondés estiment le prix comme étant un des critères les plus importants

dans l’utilisation d’un objet connecté de santé et préfèrent privilégier la

fiabilité des mesures (37%), la facilité et le confort d’utilisation (27%) ou le

respect de la vie privée (26%).

Autre aspect, une législation plus souple permettrait une utilisation plus

66

généralisée du modèle Hardata en laissant le soin à la CNIL d’anticiper les

éventuelles dérives. Mais aujourd’hui, la monétisation de telles données est

compliquée pour les fabricants d’IoT tentés par ce modèle économique.

Compte tenu de ces considérations, il semblerait qu’il soit préférable de

privilégier un business model comme le HaaS ou le Hardmium où il est plus

évident d’établir le lien entre le produit et le service proposé.

Se pose ensuite la question du développement : faut-il préférer un

développement interne ou externe du digital à travers les acquisitions ?

L’avantage d’une startup réside dans le fait que celle-ci soit beaucoup plus

agile et réactive en comparaison aux grands groupes où l’échelle de temps

est beaucoup plus allongée. Cette rapidité d’exécution permet de trouver la

meilleure solution particulièrement dans le cadre de sujets encore peu

matures.

A contrario, les grands groupes disposent de ressources beaucoup plus

importantes que les startups.

Il existe des modèles mixtes où les industriels peuvent créer une entité

indépendante qui aura l’agilité d’une startup.

L’association de compétences explique que l’on observe de plus en plus de

partenariats entre les industriels de santé et les entreprises du digital.

Merck et Samsung Bioepsis pour le développement de biosimilaires;

Google et Novartis pour une lentille de contact connectée; Sanofi et Google

pour le diabète; GSK et Verily Life Science dans le domaine de la

bioélectronique; AstraZeneca et Voluntis pour tester un service digital

destiné à accompagner les femmes atteintes d’un cancer de l’ovaire ; le

laboratoire Roche dont l’objectif est de connecter des inhalateurs

intelligents.

Pour conclure, les industries pharmaceutiques vont être amenées à

proposer sur le marché des médicaments couplés à une offre digitale. Ces

dispositifs technologiques à venir faciliteront le suivi des traitements par les

patients que ce soit dans une démarche prédictive ou curative.

67

Après catégorisation des produits pour s’aligner sur la stratégie définie dans

un premier temps, il sera important de choisir un modèle économique

adapté permettant un lien entre le produit et le service proposé par

l’industriel de santé.

Les dispositifs médicaux connectés, le développement de la génomique,

l’informatisation des dossiers patients ou encore les applications et les

capteurs d’activité liés à la santé sont voués à générer une masse

extraordinaire de données et le big data appliqué à la santé apparait comme

une opportunité à ne pas négliger pour l’industrie pharmaceutique.

b. Big Data et Intelligence Artificielle : l’hypothèse d’un système de

santé interconnecté

Selon une étude publiée par le cabinet Gartner, nous générons 2,5 trillions

d’octets de données par jour, chiffre qui augmentera jusqu’à 800% d’ici cinq

ans117.

Les données de santé quant à elles seront multipliées par 50 d’ici 2020

d’après Orange Healthcare.

L’analyse de ces données de santé sera amenée peu à peu à bouleverser

l’industrie médicale et le secteur pharmaceutique notamment dans les

essais cliniques, la recherche et développement, l’anticipation des

épidémies etc.

La recherche, les soins de santé, les découvertes médicales ont toujours

été orientées sur la collecte et l’analyse des données.

Aujourd’hui, le Big Data permet la capture, la recherche, le partage, le

stockage, l’analyse et la présentation d’une masse de données colossale.

1. Big Data

L’enjeu est de taille et présente un intérêt certain dans ce domaine car

117 https://www-01.ibm.com/software/fr/data/bigdata/

68

l’analyse de ces données permettrait une meilleure prévention, un

diagnostic plus précis, un traitement plus individualisé et un suivi médical

plus approfondi.

Dans le cadre de la prévention, certains chercheurs ont commencé à réunir

les informations relatives aux patients pour comprendre la relation entre

leur mode de vie et leur pathologie.

L’idée serait ici de mieux identifier les facteurs de risque qui influencent une

pathologie et de contribuer donc à leur prévention.

HealthConnect tente de compiler tous les rapports et enregistrements de

santé pour les ouvrir à tous les acteurs du système afin d’offrir des soins

adaptés au patient.

Le programme d’IBM Watson utilise des algorithmes dont le potentiel serait

de repérer des pathologies et augmenter les chances de succès du

traitement.

A terme, nous serons capables d’identifier l’influence des facteurs sociaux-

environnementaux déterminants et d’apporter de nouvelles réponses et

solutions aux phénomènes sanitaires sur une population dans une zone

géographique donnée dans le cadre de la prévention et le suivi des

épidémies.

Google Flu Trend a permis de suivre l’évolution de la grippe dans le monde

en analysant des mots-clés du moteur de recherche.

Les capacités analytiques permettront également de définir les meilleurs

sujets pour des essais cliniques à l’aide du croisement d’informations plus

conséquentes et prenant en compte les données liées à la génétique.

L’identification d’une population spécifique permettrait aux tests cliniques

d’être plus courts, moins chers, et plus fiables.

Une autre application du Big Data consisterait à évaluer les effets

indésirables d’un traitement liés à leur consommation. Au niveau européen,

on estime le nombre de décès liés aux effets secondaires d’un médicament

69

à 197 000 et l’impact économique à 79 milliards d’euros118.

Les actions d’évaluation pourront être menées sur des groupes de

population plus larges et diversifiés. L’analyse des données permettront de

détecter des signaux liés à l’exposition à un traitement et de déclencher une

alerte sur son utilisation.

D’un point de vue purement économique, le big data permettrait aux

industriels de santé une réduction en amont de la chaîne de valeur et

notamment en R&D qui représente, selon le Leem, 10,2% du chiffre

d’affaires des laboratoires.

Les capacités analytiques et les modèles prédictifs peuvent aider à

identifier de nouvelles molécules qui disposeraient de chances de succès

plus grandes dans leur phase de développement.

Cela requiert un certain investissement dans le but d’étendre la masse de

données qu’elles collecteront mais également dans des structures

permettant le management et l’analyse de celles-ci.

Outre le Big Data, le Machine Learning et l’Intelligence Artificielle

permettraient une transformation profonde des soins.

2. Intelligence Artificielle et Machine Learning

Le Machine Learning décrit un processus d’intelligence artificielle par lequel

une machine, au sens large du terme, évolue grâce à l’apprentissage et

effectue des tâches que l’algorithme classique ne serait pas en mesure de

réaliser.

Elle est utile dans le cadre de l’amélioration du diagnostic en réalisant des

prédictions sur l’évolution de l’état de santé d’un patient.

Cette technique permettrait entre autres des modèles de prédiction

d’adhérence au traitement du patient et anticiper l’éventuelle survenue de

118http://healthcaredatainstitute.com/wp-content/uploads/2016/11/hdi-bigdata-prevention-

2016_vmf.pdf

70

complications cardiovasculaires ou des crises d’hypoglycémie pour les

diabétiques.

Les programmes d’interventions de santé publique privilégieront l’utilisation

de solutions complémentaires ou alternatives pour les populations à risque.

Pathways Genomics développe un test sanguin afin de déterminer si une

détection ou prédiction de certains cancers est possible.

Au stade du traitement, CareTrio a développé une solution afin d’aider les

docteurs à choisir les meilleurs protocoles de traitement pour les patients

atteints de cancer :

� CareEdit aide l’équipe clinique à créer des guides pour l’optimisation

des traitements pour chaque type de cancer

� CareGuide utilise ces informations pour orienter les docteurs dans le

choix du traitement optimal pour chaque patient

� CareView synthétise et évalue les résultats de décisions cliniques en

identifiant les patients ayant reçu des traitements contraires aux

recommandations

SOPHiA s’appuie sur l’ensemble du matériel génétique d’un individu pour

faciliter le diagnostic de plusieurs maladies génomiques. Cet outil est

capable de distinguer les degrés de pathogénicité selon les données socio-

environnementales du patient concerné.

L’intelligence artificielle permet d’améliorer le suivi des patients en sortie

d’hôpital pour rappeler ou vérifier que le patient prenne les bons

médicaments à la bonne heure (AiCure).

71

Source : Healthcare data institute – Big data et prévention : de la prédiction à la démonstration

En conclusion, la valeur créée par les objets connectés de santé va bien

au-delà de la vente d’équipement. Un autre aspect du digital trouve son

application dans les usines de production.

3.3.3 Vers une restructuration de la chaîne de valeur des industries

pharmaceutiques

La digitalisation de la chaîne de production des industriels de santé aurait

le potentiel d’achever l’objectif d’efficience économique (réduction des

coûts) et thérapeutique (valeur ajoutée pour l’écosystème de santé).

Des processus de production connectés incluant le contrôle à distance des

équipements et de la sérialisation permettraient :

� La visualisation en temps réel de l’utilisation et la disponibilité des

outils de production ainsi que leur maintenance

� La prise en compte des évènements enregistrés, des informations

dérivées de manière à prendre des décisions de manière proactive

� D’assurer à tout moment la conformité des équipements et de la

production

72

� Minimiser les rebuts et les stocks en alignant les capacités de

production utilisées sur les besoins du marché à travers les différents

canaux de distribution

Les défis relatifs à la digitalisation du processus de production dans les

industries pharmaceutiques sont nombreux et complexes.

La gestion de la diversité des équipements nécessitera une interaction

entre tous les appareils qui récupèrent des données. Cela impliquera

l’obtention de certifications et de standards spécifiques parmi lesquels on

retrouve l’ISO/IEEE 11073.

Le problème c’est que la plupart des produits ne bénéficient pas de ce type

de standards aujourd’hui.

L’intégration et la recoupe de données à partir d’évènements croisés, la

corrélation, nécessitent une compréhension approfondie pour pouvoir tirer

des conclusions à partir des analyses.

La prolifération des données, la nécessité de les récupérer et les analyser

vont rendre les plateformes analytiques désuètes et inadaptées.

Enfin les données nécessiteront la mise en place de nouvelles politiques

de confidentialité conformes à la réglementation en vigueur. Les données

devront également être sécurisées.

Le cabinet de conseil Tata recommande en ce sens l’utilisation d’un SOA

(Service Oriented Architecture) dans la gestion du système d’information

de l’industriel qui permettrait l’appréhension de ces différents défis.

On citera notamment Rockwell, Siemens, Honeywell propose des solutions

visant à améliorer le processus industriel.

Concrètement, les bénéfices d’une digitalisation du processus de

production des industriels de santé sont multiples :

73

� Une optimisation du processus opérationnel, une meilleure gestion

des stocks notamment grâce à l’analyse en temps réel permettront de

baisser les coûts de revient dans le développement d’un médicament,

et de fait, augmenter les marges ou gagner des parts de marché.

� Le processus de sérialisation améliorera la qualité des médicaments

achetés.

� La visualisation des données en temps réel permettra une meilleure

compréhension du processus de production et améliorera le

processus décisionnel

Les objets connectés sont donc également utiles dans le cadre de

l’amélioration d’un processus de production et auront pour effet de réduire

les coûts en amont de la chaîne de valeur des industriels de santé.

74

onclusion:

Le monde de la santé est en pleine mutation. Tous les acteurs de

l’écosystème vont évoluer vers une recherche d’efficacité économique et

thérapeutique : « Soigner mieux pour moins cher ».

Cette mutation est caractérisée par l’arrivée des objets connectés qui

faciliteront l’avènement du passage à une médecine prédictive.

Il s’agit d’une nécessité pour l’industrie pharmaceutique de s’adapter à ce

changement en proposant des services allant au-delà des médicaments et

permettre aux patients de devenir acteur de leur propre santé.

« Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans

aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J’interviendrai

pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur

intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de

mes connaissances contre les lois de l’humanité. »

Extrait du Serment d’Hippocrate

C

ANNEXES

SOMMAIRE

Bibliographie …………………………………………………………….………1

Annexe 1 : Entreprise d’objets connectés ……………...………………….5

Annexe 2 : Entreprise de consultance …...…………..……………...…….8

Annexe 3 : Entreprise de logiciels pour l’analytiqu e……………………10

Annexe 4 : Entreprise de dispositifs médicaux …………..….....................11 Annexes 5 à 11 : Questionnaires professionnels de s anté 1 à 7……...…………………………………………………………………………...13

Annexe 12 : Questionnaire quantitatif ………………………………..……22

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Bibliographie

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ANNEXE 1 : Questionnaire qualitatif d’une entrepris e d’objets connectés

Qualité de l’interviewé : Directeur Général

● Contexte de l’entreprise o Il va y avoir une transformation du marché dans l’industrie du diagnostic qui part

dans 2 directions : ▪ Tests à très haute cadence [Avec des usines où tout est automatisé] ▪ « Point of Care » : plus proche du patient → le test se déplace pour venir

au patient. N’importe quel lieu d’hôpital peut devenir un centre de diagnostic. Plus de contrainte de temps / espace (plus économique)

o Vision à long terme : enregistrement / médecine en continue = Médecine

préventive.

o Produit : cardiologie, épilepsie, grossesses à risque, polysomnographie ▪ Capteurs non invasifs (ne rentre pas dans la peau) ▪ Mesure de l’électro encéphalogramme. ▪ « Machine Learning » : on ne modélise pas tous les comportements

humains. Répliquer l’observation du neurologue de l’électro encéphalogramme. → Assistance en pré-identifiant les zones pour le médecin qui n’aura plus qu’à se concentrer sur le risque.

● Canaux de distribution :

o Hôpitaux car cela permet d’abaisser les coûts : ▪ Device [il faut l’accord de l’AMM] ▪ Cloud et interprétation à distance avec leurs médecins qui font leur

interprétation. Télé médecine pour l’hôpital.

o Pas de B2C : Si jamais Monitoring pour le patient, la plupart dans le cas de l’épilepsie sont pharmaco-résistants (non stabilisable). Il faut une éducation du patient.

o Business avec les labos pharma : ▪ Apporte des solutions pour avoir plus de données pour leur phase de

validation / développement clinique. ● Coûts directs : 300 millions. ● Dans un marché où blockbusters de plus en plus rares, c’est de

plus en plus compliqué. ● C’est de plus en plus difficile à cause de :

o Réglementation o Trouver des patients o Processus réglementaires sont chers (cohorte de patients

plus importantes) ● → 50% des essais échouent.

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▪ L’industrie pharma n’a pas fait sa révolution numérique. Elle est en train d’aller dans cette direction mais en retard. Dans la chaîne de production, rien.

o Incentives mises en place : J&J a mis en place des récompenses pour

l’utilisation d’un podomètre / perte de poids (paiement des mutuelles employées)

● Objets connectés santé / bien-être : il y a un marché mais le vrai business model n’a pas encore été trouvé.

o Différent côté médical car il y a un réel besoin créé par certains patients.

● Impact industrie pharma :

o Amont : baisse des coûts

▪ Utilisation des IoT pour suivre les essais cliniques

o Aval : Augmentation des ventes ▪ Apport de services aux médecins. Pas seulement pour vendre des

pilules. Meilleur suivi des patients. ▪ Comprendre le Patient Pathway. Passage d’un traitement stratifié

(catégories de patients) → traitement personnalisé ▪ Traitement pharmaceutique doit être vu comme dernier recours.

Focalisation sur la santé + que sur le traitement.

o Problème → Education du patient. Phrase de Voltaire qui montre le comportement du patient face au médical : « L’art de la médecine consiste à distraire le malade pendant que la nature le guérit ». Les patients ont besoin de sentir qu’on s’occupe d’eux.

● Médecine préventive :

o Gros impacts sur les maladies cardiovasculaires / maladies neurodégénératives

o Beaucoup de traitement sur les maladies qui stabilisent le patient mais moins de

traitement curatif.

o Déficit de diagnostic précoce. Lorsque c’est diagnostiqué, il est déjà trop tard.

● Données :

o Il va y avoir une guerre : ▪ Publiques / privées ? ▪ Qui les possède ? ▪ Difficile d’anticiper la direction que cela va prendre

o Gouvernements Chinois et Américains poussent pour de l’open data.

o Gouvernements européens officiellement disent que les données publiques

devront être partagées mais concrètement ne le font pas (peut-être veulent ils garder les données ? / Ou considérations éthiques ?)

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▪ Angleterre : lorsque vous êtes assuré par la NHS, on conserve vos données (ils s’en servent pour analyser le côté bénéfice / risque)

▪ France : on ne veut pas s’en servir. On doit obtenir le consentement du patient. On peut anonymiser les données mais on ne le fait pas. On a plutôt tendance à régresser. L’industrie travaille beaucoup sur des données américaines et chinoises. Aujourd’hui : lettre de consentement papier.

▪ Cela permettrait de comprendre : ● Parcours patient ● Ce qui peut être amélioré

▪ Modèle Estonien : ● Chaque citoyen a accès à ses données via un portail et fait le

choix de partager ou non ses données.

o Il faudrait un gouvernement qui s’autorise à utiliser les données en prenant en compte les considérations éthiques. Aujourd’hui, les données médicales ont l’obligation de conserver les données pendant 10 ans, et on ne s’en sert pas.

o Les effets secondaires des traitements : ▪ Les décisions médicales se basent sur les données qui viennent des

labos. Aucun suivi, analyse à part l’essai clinique. ▪ Elles pourraient être beaucoup plus pertinentes avec l’analyse des

données.

o Sur la commercialisation : ▪ US : Systèmes de management d’information et revente des données. ▪ Ce sera la même chose dans les pays émergents.

● Le système de santé de demain :

o Données seront la clef des nouveaux traitements :

▪ Médecine personnalisée ▪ Moins de traitement ▪ Suivi des effets secondaires etc.

o Gagnants seront ceux qui auront les données. Comme l’industrie des dispositifs

médicaux (Stents, pacemaker, imagerie etc.). ▪ Medtronic ▪ GE

o Cœur du problème : ce sont les données.

o A son avis d’ici 5 ans, tout ça sera ancré.

● Survie des labos se fera par :

o Les maladies rares

o La médecine personnalisée avec la capacité à fournir un service

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ANNEXE 2 : Questionnaire qualitatif d’une entrepris e de consultance spécialisée dans l'accompagnement des mutations du monde de la santé et de la protection sociale

Qualité de l’interviewé: Fondateur Projet Open Data : La santé publique fait ce qu’elle veut avec les données, il n’y a pas d’hébergeur de données. L’industrie pharmaceutique n’a pour l’instant pas d’accès aux données : il ne peut y avoir légalement de contact patient / industrie pharmaceutique .

● Obligation de passer par un partenaire

● Enormes barrières légales

Quelles sont les catégories d’objets connectés liés à la santé ?

● Bien être

● Gestion du stress au travail = santé au travail

● Médical préventif

● Médical suivi des pathologies chroniques

Pourquoi les gens utilisent des objets connectés liés à la santé ?

● Motivation : Suivi des performances

● Partage :

o Famille o Amis o Médecin pour le suivi médical

Qui a le plus de données de santé aujourd’hui ? La CNAM (régime obligatoire) a une grosse position sur le marché. Il faudrait comprendre ce qu’ils font et articuler la réflexion autour d’eux. L’information clé est la conduite du changement . L’approche service a deux aspects :

● Vente d’IoT / applications

● Dispositifs médicaux = définir les dispositifs médicaux (peut-être des pansements

comme Urgo) o L’enjeux des dispositifs médicaux est de rendre ces dispositifs connectés

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Les objets connectés de santé peuvent avoir un rôle important dans le cadre de l’observance thérapeutique : Adéquation entre le comportement du patient et le traitement proposé. Elle est variable selon la pathologie, les contraintes du traitement, les facteurs psychosociaux, mais aussi selon la pertinence de la mise en place du suivi. Elle peut être utile dans les domaines suivants:

● Oncologie

● Transformation des maladies aigues en maladie chronique . Cela est dû à notre

changement d’environnement et de mode de vie. Comme exemple, il est possible de citer Pasteur Mutualité qui propose une vente directe d’objets connectés de santé aux patients sous forme d’abonnement. On peut imaginer une application qui motive l’engagement du patient. Dans ce cas : Objet connecté + Engagement. Pour l’industrie pharmaceutique ce qui est critique c’est :

● L’image

o Utiliser les applications comme des vitrines

● La diversification stratégique o Il s’agit là de l’éducation thérapeutique du patient pour le suivi des maladies

chroniques et des affectations longues durées. Comment le financer ? Est-ce que cela sera remboursé?

o Télémédecine

● La digitalisation du cœur de métier o Utilisation d’objets connectés pour les essais cliniques

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Annexe 3 : Questionnaire qualitatif d’une entrepris e de solutions et logiciels pour

l’analytique

Qualité de l’interviewé : Directeur de l’innovation et du business développement

● Machine learning analytics est l’avenir de la santé selon lui. Qu’est-ce que c’est ?

L'apprentissage automatique ou apprentissage statistique (machine learning en anglais), champ d'étude de l'intelligence artificielle, concerne la conception, l'analyse, le développement et l'implémentation de méthodes permettant à une machine (au sens large) d'évoluer par un processus systématique, et ainsi de remplir des tâches difficiles ou impossibles à remplir par des moyens algorithmiques plus classiques (Wikipédia).

● Lien entre droit et éthique Règlement Européen qui entre en vigueur en 2018, c’est le GDPR (General Data Protection Regulation).

● Pouvez-vous nous parler de l’open data ? Plusieurs définitions possibles. Mais pour lui l’open data = agréger des données de manière anonyme.

● Les 3 types de maladies qui sont susceptibles d’être traitées par les IoT à l’avenir : Diabète, maladies cardiovasculaires, Oncology.

● Solutions innovantes dans les biotechnologies

Smart pills : Otsuka – entreprise japonaise (prothésiste santé digitale sur bipolarité et schizophrénie) = Proteus Pill (with medication adherence monitoring). Cette pilule connectée vient d’être rejeté par la FDA (aux USA).

● Problématiques de fiabilité des données - Pour l’instant la fiabilité des données n’est pas encore au point, il faudra du temps pour

que la précision soit optimale. - Autre problème notamment pour les compagnies d’assurances qui souhaitent utiliser les

données de santé pour majorer ou minorer la prime d’assurance (cad le prix de l’assurance par mois) : si l’IoT est un wearable il est potentiellement interchangeable avec quelqu’un d’autre. On peut imaginer que certains clients des compagnies d’assurances tentent de confier l’IoT à une autre personne en meilleure forme physique pour pouvoir baisser le prix de la prime.

● 2 initiatives intéressantes : - Ministère de la santé de Nouvelle Zélande : projet sur le diabète. Quantifier le nombre de

diabétique en NZ, dans un programme d’économie des dépenses nationales. Ils ont essayé de faire participer l’ensemble des acteurs du système de santé.

- Start UP : patients aux USA qui ne prennent pas leurs médicaments : cout 300 milliards de dollars. Start UP s’est rapproché des pharmacies pour faire des économies à l’Etat, gestion de la relation patient.

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Annexe 4 : Questionnaire qualitatif d’une entrepris e de dispositifs médicaux

Directeur Général

● Différents dispositifs médicaux vendus : - chirurgie cardiaque (outils) - cœur et poumons artificiels - dispositifs micro-électroniques: implantables

*stimulateur cardiaque - implanté juste en dessous de la peau par un

cardiologue. Electrode passe par une veine. Contrôlé par radio. Aide les malades touchés par la bradycardie, pour restimuler le cœur et éviter la syncope. Le dispositif est un mini-ordinateur avec des capteurs+electrodes + un algorithme qui permet d’analyser les différentes activités cardiaques.

*défibrillateur implantables sous la peau pour les patients souffrant de

tachycardie, permettant d’éviter l’infarctus, ou d'insuffisance cardiaque. C’est un dispositif intelligent qui s’adapte en fonction du malade= traitement personnalisé

Ces dispositifs sont créés en internes avec des ingénieurs + l’aide de médecins. Une antenne est connectée aux dispositifs. Le patient à une boite qui fonctionne avec le wifi. Téléchargement des données par le médecin, suivi adaptable. Les données sont envoyées sur le serveur de Sorin et transmises à chaque médecin, qui reçoit de manière automatique une notification, une alerte.

● Protection des données Le serveur est hyper sécurisé avec des spécialistes de la cyber sécurité pour être surs que le système n’est pas hacké (ainsi que les dispositifs) Les données sont traitées par zone de réglementation. Les US ont leur serveur à eux. Le Canada est plus flexible, il accepte que le serveur passe par les US. Le Japon autorise que les serveurs soient basés en Europe. Les données sont anonymes mais numérotées. Il y a quelques personnes en interne qui sont autorisées à regarder ces données par les autorités. Les réglementations sont plus strictes en Europe. Aux US, elles peuvent être utilisées par les sociétés. L’Europe et les US cherchent à trouver une entente par rapport au traitement et l’accès aux données. Avec le big data, l’Europe va devoir s’adapter. Réseaux de vendeurs chez les médecins et les hôpitaux. En Europe, le cardiologue est salarié de l'hôpital. Aux Us, il est indépendant. Les acteurs ; hôpitaux, médecins, sécurité sociale (différents selon les pays). Les dispositifs sont généralement remboursés, sinon les hôpitaux n’achèteraient pas. Nécessité de faire pression sur les systèmes sociaux de chaque pays pour faire rembourser les produits, les convaincre avec de longues études cliniques (faites en internes avec l’aide de médecins externes pour le protocole clinique).

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● Les rapports avec l’industrie pharmaceutique

Concurrents indirects. Traitent les mêmes maladies, mais pas à la même phase (le dispositif médical est mis en place si les médicaments ne sont pas efficaces dans le traitement).

● Le futur de l’industrie pharmaceutique Leur stratégie sera d’acheter les sociétés de dispositifs médicaux. Ils ont peur de ça car la gestion du niveau de risque est importante, peut-être plus qu’en pharma (risques de pépins mécaniques). Problème de financement de la sécurité sociale ; les pouvoirs publics vont exiger une gestion plus globale du malade (modèle de “risk-sharing”) L’utilisation des données pourrait faire naître de nouvelles thérapies, de nouveaux médicaments, et permettre un meilleur suivi du malade.

● Les objets connectés et la biotechnologie Proteus : compagnie de pilule puce biodégradable ingérable avec un signal indiquant que le malade a bien prit ses médicaments : permettrait de faire des économies Réduire la consommation de médicaments. Medtronic : ingérable Revaral Linq Prévention : dispositifs connectés pour maintenir sa santé Traitement : pharma + dispositifs médicaux Pleins de start-ups ont été créés de dispositifs médicaux. Les plus grands sont medtronics, Abbott, Boston sciences, GE health…

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Annexe 5 : Questionnaire qualitatif de professionne l de santé 1

Qualité de l’interviewé : Docteur médecine

● Quelle est la définition selon vous d’un objet connecté de santé ?

Il existe plusieurs définitions. Chacune est juste à sa façon. En première intention, je dirai « objet produisant des données sur l’état de santé d’un individu et les transmettant en temps réel». Mais c’est trop restrictif. Je dirai donc « Objet jouant un rôle de medium médical entre un organisme et un observateur. » Medium, c’est une notion de sociologie, développée par Régis Debray par exemple. Il y a le côté transmission dans les deux sens. L’objet connecté, ce peut être aussi bien le capteur qui informe en temps réel sur la glycémie que le robot chirurgien. Ce dernier ne pose pas de problème en lui-même. C’est à terme un bouleversement total du métier de chirurgien. L’objet connecté qui nous intéresse, c’est un capteur qui transmet des informations sur l’état de santé de son porteur. En l’état actuel, cela ne concerne que quelques paramètres, mais on peut parfaitement imaginer un panel important de données.

● Comment voyez-vous la médecine évoluer ? Quel serait selon vous le rôle des objets connectés dans pratique de la médecine de demain ?

La médecine repose sur la relation médecin-malade, le fameux colloque singulier, relation intime. Il est évident que pour certains de nos maîtres, cela participait de la confession. Il y a un lien de confiance mais aussi de soumission. La consultation médicale classique est une sorte d’enquête policière. Il y a une plainte, il faut en trouver le coupable. Le but de l’interrogatoire c’est de chercher le stigmate signifiant négligé par le patient qui met en avant des signes importants pour lui mais sans intérêt médicalement. L’objet connecté va s’intercaler entre les deux. Il va introduire un déséquilibre. Il présente deux problèmes. Le premier est que le résultat peut être mis en avant par le patient au détriment de signes cliniques auxquels il n’accorde plus d’importance. C’est souvent ces signes qui font le diagnostic. Le deuxième est que cela par solution de facilité simplifie l’examen clinique. Le patient vient avec un chiffre, celui-ci devient le diagnostic. Cela c’est le schéma général. Dans un premier temps les objets connectés vont fournir des données liées à l’état du patient. Quand vous courez, votre montre vous indique votre fréquence cardiaque, votre pourcentage de VO2max, votre dépense calorique…Vous pouvez gérez votre effort, ralentir pour éviter la crampe. Cela existe déjà tous les jours. Vous pouvez connaître votre temps de sommeil, sa qualité, votre posture et une foultitude d’informations. L’échelon supérieur, ce sera des données sanguines. On peut parfaitement imaginer disposer de capteurs sur la peau (c’est déjà le cas pour les gaz du sang) voir dedans. L’évolution des techniques va favoriser l’accès à de multiplications des paramètres.

● Pensez-vous que les objets connectés seraient utiles dans le but d’obtenir un diagnostic plus efficace ? Si oui, comment ?

Prenons l’exemple du maillot d’un sportif contenant un capteur détectant l’élévation de l’acide lactique dans le sang. Ceci signe le passage à la glycolyse anaérobie. Il y a un risque de claquage, l'entraîneur peut faire sortir le sportif en évitant l’accident. On peut imaginer des capteurs pour des patients à risque. Ceci permet d’anticiper et de traiter. Diagnostic ? On sort

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du cadre général. Mais c’est uniquement un problème technique. Prenons la PSA, on peut imaginer un capteur permettant de le doser, mais on ne va pas le faire tous les jours. Donc autant aller au laboratoire ou en plus il y a le tiers payant. Reste le marché des maladies rares, du génome. Le séquençage complet des 25000 gènes ne va bientôt plus rien coûté, mais c’est one shot, cela ne relève pas de l’objet connecté.

● Pensez-vous que votre relation avec les patients va évoluer grâce aux objets connectés ? Si oui comment ?

Le patient va devenir acteur de sa santé, il y a une responsabilisation. Mais on observe déjà cela chez les patients souffrant de pathologies chroniques. Un insuffisant rénal dyalisé connaît parfaitement sa maladie. Ce pourrait être une source d’économies. Pour le médecin, ce sera sans doute une charge en moins. Cependant il y a un aspect qui mérite d’être mentionné. Le fonctionnel, la terreur des services de médecine interne. Il y a un profil psychologique particulier. Généralement ce n’est pas un dominant. Il a une plainte somatique, un symptôme vague non systématisé. Les psychiatres appellent cela l’épine irritative. Impossible de la relier à une maladie. Sa vie est souvent médiocre tant sur le plan professionnel que affectif. Alors on fait des examens, labo, radio…Et on trouve rien, ou presque. Il suffit de trouver un paramètre dépassant légèrement de la norme pour que cela génère d’autres examens. Et à la fin, on les envoie chez les internistes, qui échouent. Nous vivons une époque difficile et le statut de malade est plus valorisant que celui de loser. On ne reproche pas à un malade de ne pas réussir professionnellement ou d’avoir des troubles du désir. L’accès libre à des données médicales, l’usage d’internet va pousser des patients à se chercher une maladie qu’ils reprochent à leur médecin de ne pas parvenir à diagnostiquer. Le patient n’a pas de recul. Il les reçoit brut, sans outils pour les analyser, sans les contextualiser. Il y a là un vrai risque inflationniste des dépenses de santé.

● Voyez-vous une menace pour les patients ? (Fiabilité du protocole de mesure des objets ? Responsabilisation trop grande ?)

Menace est peut être excessif, mais problèmes réels surement. Je suis assez circonspect sur la qualité du récepteur. Je me positionne ici en biologiste. Dans les protocoles de dosage, on doit passer un contrôle tous les 50 échantillons. On observe une éventuelle dérive avec la courbe de Levey-Jennings. Si le contrôle sort de l’écart type, on fait une calibration et on dose un contrôle. Pour ce type de capteur, il n’y a pas de contrôle. On ne peut pas savoir si le résultat est bon. Prenons un cas pratique qui n’est pas un objet connecté mais qui donnera une idée. Au laboratoire, nous utilisons pour les sérologies HIV des tests de 4° génération contenant de la P24 pour dépister les séroconversion précoces. Mme Touraine a mis sur le marché des tests rapides HIV. Ces méthodes je les ai pratiqué quand on utilisait des tests de 3° génération. J’ai eu un faux négatif au Contrôle National, contrôlé sur un deuxième sérum. Un résultat faux peut donner à quelqu’un une fausse assurance ou à l’inverse une culpabilité pouvant avoir des conséquences terribles. Il faudrait contrôler régulièrement les récepteurs.

● Pensez-vous que ce nouvel outil peut représenter une menace ou une disruption pour votre profession ? Si oui, comment ?

La médecine sera impactée par les objets connectés mais comme tous les métiers. Nous sommes à la 3° révolution industrielle, donc tout change. Pour ce qui est de la médecine, les

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objets connectés vont provoquer des bouleversements dont le principal est, à mon sens, la fin du rôle passif du patient. Certains médecins ont peur de perdre leurs pouvoirs. Je n’y crois pas. Les associations de patients sont déjà des agents actifs de la santé. Elles font du bon travail. Je crois que le médecin va peut être devenir un manager, gérant une équipe de patient. On peut très bien imaginer une prime pour ceux qui ont de bons résultats. Par exemple si les patients diabétiques sont bien équilibrés, pourquoi ne pas le récompenser ? Cela fonctionne ainsi en UK.

● Avez-vous une idée sur la réaction des pouvoirs publics face à cette révolution technologique ?

Pour moi, ils sont ont une attitude névrotique. Ils en espèrent des économies mais appréhendent la perte de leur contrôle. Je crains qu’on aboutisse à une usine à gaz comme c’est souvent le cas en France. Un contrôle administratif lourd fera perdre au système sa souplesse et ses potentielles économies. Je voie assez peu l’administration française renoncer à son ivresse normative surtout sur un sujet sexy comme celui-ci.

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Annexe 6 : Questionnaire qualitatif de professionne l de santé 2

Qualité de l’interviewé : Chirurgien au CMCO CMCO : centre multidisciplinaire de chirurgie de l’obésité. Médecin Old School Diététicien, nutritionniste, chirurgien. Aucun n’utilise ce type d’objet. Mais c’est dans l’air. Pression. Congrès. Surveillance fonctionnel par objet connecté. Champ qui s’ouvre : obèses : comment ils mangent ? comment ils bougent ? Podomètre, programme d’activité physique. Ethicon : travaille en partenariat avec J&J pour améliorer la chirurgie.

● Médecine préventive et médecine curative Préventif et accompagnement curatif (pour les obèses). Dépister l'hypertension artérielle à un stade précoce. Dépistage et surveillance du diabète.

● Enjeux à venir

- Cerner la réticence au changement. - Coût des équipements. Si tu veux équiper tout le monde avec un podomètre. - Celui qui a à présenter ses courbes à la nutritionniste impactera sa motivation.

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Annexe 7 : Questionnaire qualitatif de professionne l de santé 3

Qualité de l’interviewé : Pharmacien à Lyon

● La ventes d’objets connectés en pharmacie En pharmacie, il y a une liste de produits autorisés à la vente fixé par loi. Pour l’instant pas d’IoT remboursés. Seul le glucomètre – prix fixé par la sécurité sociale (60 euros) est remboursé par la Ss. But de partager avec les médecins. Mais part minime de ses ventes. Population en pharmacie : population vieille.

● Quelle est la proportion médicaments génériques / princeps ? Médicaments les plus demandés : Hypertension artérielle, diabète, cholestérol. Génériques. Ss impose de vendre plus de génériques. Taux de substitution à atteindre. Sur 100 médicaments au moins 80% de générique sinon amende de l’Etat. Parce que beaucoup plus économiques pour la Ss, parce que moins chers, Protection pendant 10 ans. Loi sur la SS – Tiers payant contre génériques : si le client refuse le générique il a pas le droit à au tiers payant.

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Annexe 8 : Questionnaire qualitatif de professionne l de santé 4

Qualité de l’interviewé : Cardiologue à Paris

● Prescrivez-vous des objets connectés ? Le seul objet connecté qu’il ait prescrit est un tensiomètre, pour la surveillance à domicile. Automesure tensionnelle, enregistreur de tension à poser par le médecin, le patient le garde pendant 3 jours, puis le médecin le reprend et analyse les données.

● Relations médecins/industrie pharmaceutique Le gouvernement cherche à s’affranchir des dépenses marketing pharma, il y a de moins en moins de réseaux de visites de médicales pour vendre des médicaments (nouvelles régulations : autorisation de deux visites par an par médecin). Le marketing de médicaments se fait à travers des congrès sponsorisés et des revues médicales (qui ne vivraient pas sans la publicité).

● Evolution de la médecine Le médecin parle d’une évolution de la médecine vers un traitement personnalisé grâce à la Génétique, une médecine de plus en plus prédictive avec des enquêtes génétiques ciblées pour piloter la pathologie et l’aide à la prescription Les classes thérapeutiques qui sont de plus en plus courantes (dans la cardiologie): -hypertension artérielle -Maladies coronaires -Maladies des valves (à cause du vieillissement de la pop, rétrécissement aortique) : angioplastie et TAVI Le docteur parle du défibrillateur implantable également, mis en place par un chirurgien, données gardées par l'hôpital. Médicaments les plus prescris : -cholestérol (estatines) -insuffisance cardiaque (diurétiques) -aspirine (fluidifier le sang) -anticoagulant Les patients sont de plus en plus informés et de plus en plus critiques, ainsi que exigeants. La médecine a changé d’exercice, le médecin de famille est voué à disparaître. Tendance : la médecine de groupe - polycliniques.

● Le futur de l’industrie pharmaceutique En crise à cause des génériques (Teva) et de la R&D. Beaucoup de licenciements. Politiques de réduction des coûts par le gouvernement. Plus de relations avec les médecins : visites réglementées deux fois par an. Pas d’incitation à la prescription. Les médecins n’aident la pharma dans le marketing avec le packaging. Pour lui la future repose sur la recherche génétique. Quelles solutions ? Il faut des labos innovants. Fusions entre eux.

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Annexe 9 : Questionnaire qualitatif de professionne l de santé 5

Qualité de l’interviewé : Médecin généraliste à Noisy le Roi

● Prescrivez-vous des objets connectés ? N’a jamais prescrit d’objets connectés. Avait un tensiomètre qu’il prêtait à ses patients, lui a été volé depuis.

● L’avenir et l’évolution de la médecine La télémédecine à un avenir, et cela à travers les IoTs, mais le patient aura toujours besoin d’un dialogue, d’un contact humain. Dans certaines îles coupées du monde, une infirmière fait des consultations avec un patient avec l’aide d’un médecin en visuel par internet. Utilisation des otoscopes connectés, stéthoscopes connectés pour communiquer avec les médecins. La demande a évolué en voulant plus de consultations, plus rapidement, plus de rdvs (plateaux techniques). Il y a un besoin de traitements plus rapides : une loi manque car pas d’assurance, la sécurité sociale est en discussion avec le gouvernements à ce sujet en ce moment.

● Relations médecins/industrie pharmaceutique Relations entre les médecins et l’industrie pharma : il y a 30 ans, c’était convivial. Le médecin recevait trois délégués de pharma par jour. Maintenant, les médecins perdent confiance, ils sont déçus par l’industrie. La majorité des médecins ne reçoivent plus du tout de délégués médicaux, comme lui. Ils se tiens au courant des nouveaux médicaments à travers des revues médicales par internet.

● Futur de l’industrie pharmaceutique L’industrie pharma : ne font pas de recherches à perte. Ils ne misent que sur les médicaments qui rapporte de l’argent

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Annexe 10 : Questionnaire qualitatif de professionn el de santé 6

Qualité de l’interviewé: Pharmacien à Paris

● Objets connectés et leur rôle dans l’environnement de la santé On peut donner une définition très large avec une connection internet, réseau informatique, téléphonie mobile pour faire passer des informations diverses et variées connectés via médecins, hôpitaux, industrie pharmaceutique. Ce domaine est vaste et large. On peut être identifié directement et sans ambiguïté, on peut traiter beaucoup de données physiques et virtuelles. Les données s’y rattachant sur le domaine santé en général ils jouent un rôle essentiel dans le domaine de communication en informations.

● Vente d’objets connectés Prestations de services connectés via internet et facebook. Indications thérapeutiques sur ordonnance du patient et prise de médicaments. Suivi du service médical avec le médecin et le pharmacien via internet & carte vitale. Domaine prépondérant diabète et maladie inflammatoires, oncologie également sur l’accompagnement et le suivi des malades.

● Evolution de la médecine et de la relation médecin/patient C’est l’avenir de la pharmacie, tout passe par internet et facebook pour communiquer. Les patients pourront dialoguer plus facilement avec vous et s’informer aussi sur la santé qui les concerne en général. Il y aura un suivi via internet.

● Impact des IoTs sur la vente de médicaments et disruption sur le métier de pharmacien Il ne peut pas avoir de réelle menace si c’est nous qui faisons la connection. Mais si les patients achètent des produits non sécurisés ni français sur internet cela pose problème et représente une disruption. Il y a des faux, et de mauvais produits non contrôlés qui peuvent provenir de l’étranger sans AMM en France et c’est dangereux.

● Réactions des pouvoirs publics face à cette révolution technologique L’internet du futur est l’objet connecté. Avec l’Europe le marché va être ouvert, le gouvernement va décider de fermer ou d’ouvrir certains marchés : il ne faut pas que ça se passe comme aux USA. Il faut avoir le contrôle en France sur l’importation des médicaments. Nous avons soulevé de nombreuses fois la difficulté qu’ont les experts à se mettre d’accord sur l’internet des objets, en revanche l’ensemble de ces mêmes experts sont d’accord pour dire que internet des objets est l’internet du futur.

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Annexe 11 : Questionnaire qualitatif de professionn el de santé 7

Qualité de l’interviewé: Médecin à Paris

● Définition d’un objet connecté Un objet qui par l’informatique et internet permet une relation entre le patient et le malade pour le diagnostic

● Evolution de la médecine et rôle des IoTs La médecine peut se développer grâce à l’informatique notamment au niveau de la radiologie avec l’amélioration des images.. La médecine connectée permet un plus grand stockage des informations et l’interrelation entre médecins. C’est à ce titre que la médecine pourra évoluer

● Diagnostic plus efficace grâce aux IoTs Le diagnostic plus efficace ne peut se faire que grâce à un diagnostic précoce et plus rapide.

● Evolution de la relation médecin/patient Le patient peut avoir une relation plus rapide et surtout permanente avec le médecin

● Menace pour les patients et la profession de médecin Si les systèmes sont sécurisés il n’y a aucune crainte pour les patients. Il faut contrôler qui pourra avoir accès aux fichiers. Il y va de l’indépendance de la médecine et du respect du secret médical.

● Réactions des pouvoirs publics Les pouvoirs publics ne peuvent qu’encourager cette technologie qui permet une médecine de qualité avec une réduction des coûts grâce à des diagnostics précoces et sûrs.

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Annexe 12 : Questionnaire quantitatif

Résultat : 189 réponses

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* *Surveiller certaines constantes (tension, température, rythme cardiaque etc…) Partager mes informations avec un professionnel de santé Mesurer vos performances sportives

* *La fiabilité des mesures réalisées par cette objet Le respect de la vie privée La facilité et le confort d’utilisation Le prix

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* *Amélioration de la prise en charge du patient Amélioration du suivi médical du patient Réduction des coûts du système de santé Meilleure évaluation des effets indésirables d'un médicament

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