Grande Guerre (1)

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La Grande Guerre 1914-1918

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Soldats français dans les Vosges (1915).Autochrome Lumière

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● En quoi peut-on dire que la Grande Guerre fut une guerre totale, constituant une rupture fondamentale dans l’histoire de la France et du monde?● Comment les Français ont-ils vécu et se sont-ils représentés la Première Guerre mondiale?

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I. Entrer dans la guerre

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A. Enthousiasme et gravité

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1. Tout prépare l’Europe à la guerre qui éclate en août 1914:

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- L’exaspération des sentiments nationalistes

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- Les graves rivalités entre les Etats européens

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En novembre 1913, un jeune sous-lieutenant prussien, Von Forstner, du 99 Régiment d'infanterie en garnison à Saverne, provoque, par ses insolences et ses brutalités à l'encontre de jeunes recrues alsaciennes, de sérieux incidents. Cette affaire est une des manifestations du militarisme allemand et un des signes avant-coureurs de la Première Guerre mondiale. Elle suscite l'opposition de la population, des commentaires dans la presse allemande et étrangère et des interventions au Landtag, au Reichstag ainsi que des procès.

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- La course aux armements

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-La répétition et l’aggravation des crisesinternationales créent en Europe une psychose de guerre qui concourt au renforcement dedeux blocs adverses

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1912: nouveaux accords franco-Russes.Visite duprésident R. Poincaré àSaint-Pétersbourg.

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Veillée d’armes…

1912: L’ Allemagne augmente son budget militaire.Renouvellement de la Triplice. 1912-1913: L’Autriche-Hongrie adopte deux lois militairesvisant à renforcer son dispositif de défense.1913: Le Reich allemand fait passer son effectif de tempsde paix de 600 000 à 800 000 hommes.Le parlement français vote la « loi des trois ans » qui permet de placer sur le pied de guerre 750 000 hommes.La Russie établit un programme de réorganisation de son armée.

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La crise internationale de l’été 1914

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L'attentat (28 juin 1914)

"L'archiduc-héritier François-Ferdinand et sa femme, la duchesse de Hohenberg, se rendaient à l'hôtel de ville, où avait lieu une réception, lorsqu'une bombe fut lancée contre l'automobile, mais l'archiduc put l'écarter de la main. La bombe fit explosion après que l'automobile fut passée, mais les personnes se trouvant dans l'automobile suivante furent légè-rement blessées.L'auteur de l'attentat, un typographe de Trebinje nom-mé Cabrinovic, fut arrêté sur-le-champ."

in Le Matin, 29 juin 1914.

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"Un élève du lycée de la 8ème classe, nommé Prinzip, tira alors plusieurs coups de revolver sur l'automobile de l'archiduc [revenant de la réception] . Celui-ci fut atteint au visage, et la duchesse de Hohenberg fut atteinte au bas-ventre. [Tous deux] furent transportés au palais du gouverneur, où ils succombèrent peu après. L'auteur du deuxième attentat a été également arrêté. La foule a voulu lyncher les assassins. On croit que le complot a été préparé par des Bosniaques protestant contre l'annexion, il y a quelques années, de la Bosnie-Herzégovine à l'Autriche-Hongrie."

in Le Matin , 29 juin 1914.

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Arrêstation de Prinzip

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Les soldats français sont mobilisés

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Souvenirs d’un soldat

" Août 1914! Le tableau qu'offrit Paris pendant les premiers jours de la mobilisation demeure un des plus beaux souvenirs que m'ait laissé la guerre. La ville était paisible et un peu solennelle.La circulation très ralentie, l'absence des autobus, la rareté des auto-taxis rendaient les rues presque silencieuses. L'unanime bienveillance se traduisait par des mots ou des gestes, souvent puérils et gauches, et néanmoins touchant. Les hommes pour la plupart n’étaient pas gais ; ils étaient résolus, ce qui vaut mieux."

in Marc Bloch, Souvenirs de guerre, 1914-1915

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La mobilisation vue par un instituteur du Dauphiné.

"Dans ce petit village, l'ordre de mobilisation a été une profonde surprise. À ce moment, la fenaison se poursuit avec activité. Les journaux ne sont pas lus, faute de temps.Le 31 juillet cependant, l'ordre de tenir les chevaux prêts pour la réquisition commence à émouvoir l'opinion ; mais personne ne croit à l'imminence de la guerre.Aussi les cloches annonçant la mobilisation causent-elles une sorte d'effarement chez tout le monde. Chacun cesse le travail, atterré. Aucune manifestation bruyante dans le village : ni enthousiasme, ni récrimination ; plutôt un profond étonnement."

Lettre de l'instituteur de Malleval en septembre 1914.

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2. L’« Union sacrée »

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L’échec des pacifistes

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Le 31 juillet,Jean Jaurès, le leader de la SFIO, est assassiné par un nationaliste, Raoul Villain, au Café du Croissant.

Lors de son enterrement, le 4 août, Léon Jouhaux, le secrétaire général de la CGT, adhère àla notion de défense nationale et rompt avec l’antimilitarisme

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B. L’échec de la guerre de mouvement

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Le plan français du général Joffre (plan XVII)envisage une offensive en Alsace et en Lorraine.Méprisant l’artillerie lourde, les Françaistablent sur l’enthousiasme des fantassins.

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Une attaque de l’infanterie française, baïonnette au canon, en août 1914

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Le plan allemand pour une victoire rapide

"Le plan d'opération conçu par Schlieffen en vue de la guerre sur deux fronts visait en premier lieu à remporter une décision rapide et décisive à l'Ouest. Mais cette décision désirée ne pouvait être obtenue par une attaque frontale des forteresses de la frontière orientale française. Il fallait envelopper l'aile gauche de l'ennemi appuyée à la frontière belge, tout en esquissant un mouvement contre tout son front... La presque totalité des forces allemandes devait converger autour de Metz comme pivot ce qui leur ouvrait une vaste zone d'opérations à travers la Belgique et la France du Nord. Le mouvement débordant des armées allemandes devait englober non seulement la première ligne de défense française, mais encore la seconde, à savoir la ligne Reims-La Fère."

in KRONPRINZ, Souvenirs de guerre , Payot, 1923.

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C. Entrer dans une guerre longue

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II. Les Français dans le conflit/Combattre dans une guerre nouvelle

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A. Guerre des tranchées et brutalisation du conflit

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1. Pour se protéger, Français et Allemands s’enterrentdans les tranchées

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Guetteur au poste de l'écluse 26. Militaire Français en observation. Eglingen. (Haut-Rhin. France. 23 juin 1917).

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"Très curieux, la tranchée. C'est un travail formidable et extrêmement bien fait (ici du moins). On est stupéfié de découvrir ces kilomètres de ruelles, si étroites que les bords du sac, le bidon, les musettes et les manches y frottent et y cognent. De place en place, une meurtrière s'ouvre vers la crête du talus, du remblai. C'est là qu'il faut regarder pour s'assurer que rien ne se passe d'anormal entre les lignes allemandes, dont on connaît les positions sans les voir, et nous. Il y avait clair de lune et nous avions l'air (les sentinelles sont très près les unes des autres) d'observateurs au creux d'un grand talus de neige. (...)On quitte ce soir la tranchée. Quelle vie ! La boue, la terre, la pluie. On en est saturé, teint, pétri. On trouve de la terre partout, dans ses poches, dans son mouchoir, dans ses habits, dans ce qu'on mange. C'est comme une hantise, un cauchemar de terre et de boue, et vous ne sauriez avoir idée de la touche que j'ai - mon fusil a l'air d'être vaguement sculpté dans la terre glaise. On part pour le repas à la nuit tombante ! »

H. Barbusse, Lettres à sa femme .

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Toutes les offensives pour percer le front sont des échecs

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L’Artois et la Champagne (1915)350 000 morts pour faire avancerles lignes françaises de 4 km.

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La Somme (1916)

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L’offensive frontale est une méthode douteuse,inutile (…). Il y a mieux à faire.Il existe, à notre portée, des objectifs d’unetelle importance aux yeux de l’Etat-majorennemi qu’il serait prêt à engager son dernierhomme pour les préserver. Et la Francesera saignée à blanc.

Général von Falkenhaym, décembre 1915.

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Verdun

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Verdun

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Français: 275 000 mortsAllemands: 240 000 morts

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Face à la puissance du système de défense, de nouvelles armes sont inventées.

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Pièce d'artillerie de 320 "Cyclone" et son convoi sur rail, Hogstade. (Belgique 5 septembre 1917).

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Les villages détruits" Combles * ne présentait plus, pour autant qu'on pût s'en rendre compte dans l'obscurité, que le squelette d'une agglomération.Des maisons entières avaient été aplaties ou fendues en deux par un coup de plein fouet, si bien que les chambres avec leur mobilier pendaient comme des coulisses de théâtre au-dessus du chaos. Une odeur de cadavres sortait de ces décombres, car le premier bombardement avait complètement surpris par sa soudaineté les habitants, et en avait enterré un grand nombre sous les ruines, avant qu'ils n'eussent pu sortir de chez eux.Le village de Guillemont semblait avoir complètement disparu,- seule, une tache blanchâtre parmi les entonnoirs signalait encore l'endroit où le calcaire de ses maisons avait été pilé. Devant nous, nous avions la gare, fracassée comme un jouet d'enfant, et plus loin, derrière, le bois de Delville, haché en copeaux. "

Ernst Jünger, Orages d'acier , Christian Bourgois (coll. " Folio " No 539).

*A 10 km au nord-ouest de Péronne (Somme).

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Inscriptions à Bucy. "Gott strafe England ! 1914/15". Dieu punisse l'Angleterre. Bâtiment en ruines. (Aisne. France. 1917).

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2. Au front, les soldats français (les « poilus ») risquent à tout moment de mourir

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"24 juin 1915

Dans la tranchée, le pis, ce sont les torpilles. Le déchirement produit par ces 50 kg de mélinite en éclatant est effroyable. Quand une d'elles tombe en pleine tranchée, et ces accidents-là arrivent, elle tue carrément 15 à 20 types. L'une des nôtres étant tombée chez les Boches, des pieds de Boches ont été rejetés jusque sur nos deuxièmes lignes".

Michel Lanson, in GUÉNO, J-P, (s. d.), Paroles de poilus : lettres et carnets du front 1914-1918, Paris, Librio, 2001, p. 62

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En 1914, le Suisse Blaise Cendrars est « engagé volontaire étranger » dans l'armée française. En 1915, un obus lui emporte le bras droit, et il quitte les combats. Rentré du front, il raconte ses souvenirs : on voit ici l' efficacité de l'artillerie.

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"Cette nuit-là, les Boches bombardèrent Bus pour la première fois depuis le début de la guerre et le premier obus tomba en plein sur la voiture de la 6e Cie qui débouchait sur la place du Marché. Le cheval, le cocher et Lang furent écrabouillés. On ramassa deux, trois écuellées de petits débris et les quelques gros morceaux furent noués dans une toile de tente. C'est ainsi que furent enterrés Lang, le cocher et de la bidoche de cheval. Et l'on planta une croix de bois sur le tumulus.Mais en revenant du cimetière quelqu'un remarqua la moustache de Lang qui flottait dans la brise du matin. Elle était collée contre la façade, juste au-dessus de la boutique du coiffeur. Il fallut dresser une échelle, aller détacher ça, envelopper cette touffe sanglante dans un mouchoir, retourner au cimetière, faire un trou et enterrer ces poils absurdes avec le reste. Puis nous remontâmes en ligne, dégoûtés. »

in CENDRARS, Blaise, La main coupée, Lausanne, 1960, p. 30

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L'attaque

" A l'heure prescrite, les officiers nous font le petit laïus habituel, les dernières recommandations, puis nous demandent si nous sommes prêts. Sur notre réponse affirmative suit un instant de silence, de recueillement, puis soudain retentit le cri : "En avant !" Nous étions dans le deuxième parallèle de départ. Sans hésitation officiers et hommes, nous sautons sur le parapet et courons vers la première tranchée pour y remplacer les camarades qui déjà s'approchent des lignes boches. On s'arrête à peine, que déjà retentit de nouveau le cri : "En avant !" Nous escaladons le nouveau parapet et en criant de toutes nos forces n'importe quoi : Vive la France! Sus aux Boches! Allons les gars ! nous partons pour rejoindre la première vague. La fusillade crépite là-bas devant nous. Les mitrailleuses dévident leurs rubans de mort. Tac, tac, tac, tac. Nous rejoignons les camarades, mais. horreur, nous nous heurtons à une barrière de fils de fer barbelés intacte et profonde de plus de trente mètres.

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Pendant ce temps, les mitrailleuses ennemies continuent : tac, tac, tac, tandis que nous voyons à droite, à gauche, les camarades tomber et joncher la terre de taches bleues de capotes, rougies de sang aux endroits où le coup a frappé. Voici à présent les 3e et 4e vagues qui arrivent à leur tour. En avant, quelques poilus qui ont réussi à se couler sous les fils de fer atteignent la tranchée des empoisonneuses. Ils sautent dedans mais hélas on ne les a pas revus... Ils étaient trop peu nombreux ! D'autre part, franchir le réseau en masse est impossible et la situation devient de plus en plus critique. Le cri " aux outils ! " retentit. On creuse alors fébrilement le sol et bientôt nous sommes terrés tout contre le réseau boche. Les balles sifflent au-dessus de nous et nous nous cramponnons au terrain acquis. Voici le résultat de la journée mais... si les fils de fer avaient été coupés... comme nous enlevions la position ! ( ... ) Bon dieu ! si seulement notre artillerie avait réussi à établir une brèche ! ( ... ) Si encore nous n'avions pas le chagrin d'avoir perdu notre commandant. notre capitaine, mon lieutenant et combien de copains tués ou blessés. «

" L'Écho de tranchées-ville ", 28 octobre 1915.

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La boue

"Octobre 1915,

Je crois n'avoir jamais été aussi sale. Ce n'est pas ici une boue liquide, comme dans l'Argonne. C'est une boue de glaise épaisse et collante dont il est presque impossible de se débarrasser, les hommes se brossent avec des étrilles. (...) Par ces temps de pluie, les terres des tranchées, bouleversées par les obus, s'écroulent un peu partout, et mettent au jour des cadavres, dont rien, hélas, si ce n'est l'odeur, n'indiquait la présence. Partout des ossements et des crânes. Pardonnez-moi de vous donner ces détails macabres ; ils sont encore loin de la réalité ».

Jules Grosjean, in GUÉNO, J-P, (s. d.), Paroles de poilus : lettres et carnets du front 1914-1918, Paris, Librio, 2001, p. 61

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Un témoignage sur une attaque au gaz

"Avec la vague, la mort nous a enveloppés, elle a imprégné nos vêtements et nos couvertures, elle a tué autour de nous tout ce qui vivait, tout ce qui respirait. Les petits oiseaux sont tombés dans les boyaux, les chats et les chiens, nos compagnons d'infortune se sont étendus à nos pieds et ne se sont plus réveillés. Nous avions tout vu : les mines, les obus, les lacrymogènes, le bouleversement des bois, les noirs déchirements des mines tombant par quatre, les blessures les plus affreuses et les avalanches de fer les plus meurtrières, mais tout cela n'est pas comparable à ce brouillard qui, pendant des heures longues comme des siècles, a voilé à nos yeux, l'éclat du soleil, la lumière du jour, la blanche pureté de la neige.«

in « Le Filon », 20 mars 1917, cité dans S. AUDOUIN-ROUZEAU, Les combattants des tranchées, A. Colin, 1986.

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