Grand-père, qui était toujours dehors dans les bois,

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Grand-père, qui était toujours dehors dans les bois, grand-père que l’on ne peut jamais avoir longtemps pour soi tout seul, grand-père qui n’est heureux qu’en pleine nature, eh bien ! ce grand-père-là s’est fracturé la jambe !!! Quelle tristesse ! Direz-vous. Mais ses petits-enfants sont - PowerPoint PPT Presentation

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Grand-père, qui était toujours dehors dans les bois,grand-père que l’on ne peut jamais avoir longtemps pour soi tout seul, grand-père qui n’est heureux qu’en pleinenature, eh bien ! ce grand-père-là s’est fracturé la jambe !!!Quelle tristesse ! Direz-vous. Mais ses petits-enfants sontfous de joie. Autour du radiateur, assis par terre sur letapis, ils ne se lassent pas :« Raconte, grand-père, quand tu étais petit !!! »Et grand-père, dans les regards émerveillés levés vers lui,découvre tout ce dont il s’est privé jusqu’à présent !!!

« Quand j’étais petit... » Mots magiques ! Des mots qui ouvrent la porte des coffres les mieux gardés : nos coffresà souvenirs !« Quand j’étais petit, j’aimais, comme vous, jouer dans laneige. Faire des bonshommes de neige avec mon frère Luc. »Les enfants ont du mal à s’imaginer Grand-père et le grand-oncle Luc en petits garçons jouant dans la neige !!!« Un jour, j’ai piqué la pipe de mon grand-père pour lamettre à notre bonhomme. La colère, je ne vous dis pas !! »Là, les enfants ont encore plus de mal à suivre ! Comment !Grand-père, si sévère à la moindre de leurs incartades !

« - Ou bien, nous sortions jouer avec les voisins. Même quandJoël était bébé, il venait avec nous. Nous l’installions sur latraîne et nous le tirions chacun à notre tour. Nous faisions desconcours, à qui mettrait le moins de temps pour arriver àl’autre bout de la rue. Évidemment, Évelyne était plus grandeque nous, mais nous la bombardions de boules de neige, elle seretournait pour dire que ce n’était pas juste, et cela lui faisaitperdre du temps ! »Les enfants rient. « Tu étais malin, grand-père ! » Et grand-père semble tout fier du compliment.

Grand-père regarde avec dédain le sapin synthétique que mamansort de sa boite…« Nous avions un vrai sapin, et son odeur embaumait toute la maison !-Et vous l’achetiez où, grand-père ?- Nous allions le couper en forêt. C’était autorisé, en ce temps-là !Certaines années, nous partions avec papaIl y avait de longues discussions pour le choix ! Il le fallait régulier,il fallait couper un sapin qui risquait de gêner les autres engrandissant, et ni trop petit, ni trop grand… Et nous revenionstriomphalement à la maison, avec notre trésor !

« Une année, papa était souffrant, nous sommes partis seulsdans la forêt voisine pour choisir et couper notre arbre.J’avais ma petite hache. Nous avions eu du mal, mais nous l’avions eu, notre sapin de Noël ! »Même maman s’est retournée, stupéfaite. Son beau-père, quiinterdit que les enfants aillent seuls en forêt…

« -Tout le monde faisait comme vous, Grand-père?- Non. Il y avait des couples âgés, par exemple… Un marchandde sapins passait, avec un traîneau rempli de sapins et attelé àun cheval. Nous aimions aller le voir et regarder ce qu’ilvendait, mais nous trouvions notre sapin bien plus beau queles siens !-Et lui, il prenait ses sapins où, grand-père ?- Comme nous, pardi ! dans la forêt ! »Comme les après-midi passaient vite ! Même grand-père netrouvait plus le temps long. Lorsque les enfants jouaient dehors, il quittait son coin de radiateur pour approcher sonfauteuil de la fenêtre…

Mais les enfants revenaient vite à l’intérieur. Ce jour-là,Grand-père leva un regard inquiet vers Géraldine.« -tu avais quitté ton bonnet, dehors ! ce n’est pas prudent.Tu n’as pas pris froid ? Viens prés du radiateur ! »Maman allait d’étonnement en étonnement. Son beau-père s'inquiétant de la santé des petits ? Mais les enfants, déjà…. « Raconte, Grand-père ! Est-ce que tu aimais le traîneau ?-Cela me passionnait ! Voilà une chose qui n’a pas changé…N’entendre que le bruit des grelots et des patins… Glisser sansheurts sur cette neige blanche… Chanter au rythme du galopdu cheval….

« Et la messe de Minuit, Grand-père ? Vous alliez à la Messede Minuit ? » demande Georges, non sans malice.Il se souvient que l’an dernier, grand-père a pesté « contre cesbalivernes ». « Bien sûr que nous y allions ! Toute la famille ! Les chevauxétaient soigneusement étrillés, le traîneau nettoyé, les patinsgraissés… Il y avait un bel embouteillage devant l’église !- Cette année, dit Yolande avec courage, nous irons bien sûr tousaussi;-C’est très bien , c’est très bien… Dit grand-Père sans trop se-compromettre.

Mais Yolande le tire par la manche. « Et les chevaux, grand-père ? Ils restaient dehors ? Dans lanuit, dans la tempête ?-C’est bien de te faire du souci pour les animaux ! Non,bien sûr, il y avait près des églises des hangars où l’on mettaitles chevaux à l’abri, après leur avoir mis des couvertures surle dos. Mais on les laissait tout harnachés, car après… chacunétait pressé de repartir !-Mais il fallait atteler de nouveau ? »Ma parole, c’est de la tendresse qu’il y a dans les yeux degrand-père !« Tu penses à tout, toi, hein ? Quel âge tu as ?-8 ans, grand-père…-- C’est bien, c’est bien…

« Vous aviez des invités pour Noël; Grand-père ?-Souvent, nos cousins de Laponie venaient passer les fêtesavec nous. Ils arrivaient en train. Parfois, le train étaitbloqué par la neige ou des congères, mais enfin, ils finissaienttoujours par arriver. En avons-nous fait des parties ! C’était lafête à chaque fois… »Grand-père se tait un instant puis ajoute d’un ton rêveur : « Au fond, je me demande ce qu’ils sont devenus ? Ils étaientplus jeunes que moi… J’y pensais en vous regardant jouer toutà l’heure, et je revoyais nos jeux d’autrefois, tout semblablesaux vôtres. »

Maman sait bien que son irascible beau-père a coupé les pontssous un prétexte futile… elle réfléchit.Mais Jeanne, avec la spontanéité de ses 4 ans, monte ses lesgenoux du grand-père. Maman s’apprête à l’en sortir, avant qu’une colère n’éclate ! Mais… est-ce possible ? Le bras dugrand-père se resserre autour de l’enfant !Décidément, cette maladie, et le contact prolongé des enfants,ont changé son beau-père !!!

Alors, d’un ton tout tranquille mais le cœur battant à serompre, elle dit :« C’est amusant que vous en parliez ! justement, avec votrefils, nous nous disions que nous pourrions les inviter, cetteannée. Comme vous serez encore immobilisé, cela vous feraune distraction pour les fêtes ! Vous avez tant de souvenirscommuns ! »Grand-père ne répond pas immédiatement. Le cœur de mamanbat si fort qu’elle a l’impression que ce battement emplit lapièce !« Oui, pourquoi pas ? » dit enfin grand-père.

Les enfants n’ont pas saisi l’enjeu de ce petit dialogue. Maisils ont retenu le mot « Laponie »-C’est froid, grand-père, la Laponie ?-Oh ! tu sais, il fait parfois aussi froid ici qu’ en Laponie,et je suppose que nos tempêtes de neige valent les leurs !-Tu as été pris dans une tempête de neige, toi, Grand-père ?-Oui, j’étais avec mon père, nous revenions de la ville. Quandle blizzard s’est levé, on ne voyait plus rien. Papa m’a couché au fond du traîneau, sous les fourrures, et a pris les chevauxpar le mors pour les guider dans la tourmente. Nous avons missept heures pour rentrer !!! »

« Et une autre fois, c’est moi qui me suis perdu dans latempête. Je n’avais pas un traîneau de promenade, maiscelui pour transporter les charges, presque une schlitte.Perdu, complètement perdu ! C’est le cheval qui m’a ramené !Et vous savez comment il s’appelait, mon cheval ? »-Dis-nous, grand-père !-Il s’appelait Tempête ! »Les rires fusent.« Allons ! Dit grand-père. Il est temps de faire manger cesenfants.. Ils se sont beaucoup dépensés… »

Dans le cœur de maman s’allument des étoiles, des millionsd’étoiles, toutes les étoiles de tous les Noëls précédents, oùson beau-père avait si souvent gâché la fête…Elle avait l’intuition que les enfants, avec leur innocence,avaient ouvert dans le cœur endurci une brèche qui ne serefermerait plus !

Ces magnifiques peintures sont l’œuvre de moncorrespondant Philippe Bédard, qui me les a aimablementcommuniquées, car je voulais que vous puissiez tous enprofiter. Je le remercie chaleureusementhttp://www.art-atlas.net/detail.php?id=3879

Musique : « Mon beau sapin», air traditionnel

Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la [email protected]://jackydubearn.over-blog.com/http://www.jackydubearn.fr/