Grain de sel N°25

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Le littoral submergé L e changement climatique ? Il n’y a pas si longtemps que cela, beaucoup n’y croyaient pas. Ou en tout cas ne pensaient pas qu’il puisse avoir une incidence sur notre vie de tous les jours. Pour les habitants de la zone côtière du Bangla Desh ou d’atolls du Pacifique submer- gés périodiquement par l’océan, comme pour les Inuits voyant fondre sans cesse de larges portions de banquise, oui. Mais chez nous, ce n’est pas demain la veille, estimait-on !… La multiplication des catastrophes naturelles : cyclones dans les Caraïbes et la côte sud des Etats Unis, à côté de chez nous tornade des- tructrice dans l’Avesnois, brutales inondations dans le Cambrésis devraient nous mettre la puce à l’oreille : les bouleversements géophysiques générés par le changement climatique, cela n’est pas sorti tout droit du cerveau enfièvré d’un quelconque savant Cosinus. C’est une réalité. En tant qu’occupants d’un ex-polder au cœur du “plat pays”, nous nous situons même aux premières loges ! La Flandre Maritime menacée Le tout est évidemment de savoir quel pour- rait être le niveau atteint par les eaux et à quelle échéance bien sûr, dans la mesure où cela conditionne l’avenir de notre territoire. Sur ce point les avis des climatologues qui, tous ou presque maintenant, tirent la sonnette d’alarme divergent. Si au début, d’aucuns estimaient que le niveau des mers croîtrait tout au plus de 0,3 à 0,5 mètre d’ici à la fin du siècle, désormais devant l’accélération que connaît la fonte des glaciers du Groenland et de l’Antarticque (les deux calottes glaciaires), et compte tenu de la dilatation des océans sous l’effet du réchauffement, les scientifiques pensent que le niveau des eaux marines pour- rait monter de 1 à 2 m, voire même pour les 1• GRAINS DE SEL Bulletin de l’Assemblée de Défense de l’Environnement du Littoral Flandre Artois Fédération d’associations de l’environnement 25 novembre décembre 2008 par la montée des eaux ? p 4-5 Flamoval, un non massif à l’incinération • p 6-7 Le tracassin nucléaire • p 8-9 La colère noire du collectif gravelinois • p 10 Alimentation : où allons-nous ? • p 12 C’est quoi l’ADELFA ? Vu par Sciences et Vie : en cas d’une montée des eaux de 3 m, amplifiée par une tempête, le Dunkerquois et une bonne partie de la Flandre Maritime serait sous les eaux. (carte du littoral) Ce n’est pas que pure hypothèse.

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Grain de sel N°25

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Le littoral submergé

Le changement climatique ? Il n’y a pas si longtemps que cela, beaucoup n’y

croyaient pas. Ou en tout cas ne pensaientpas qu’il puisse avoir une incidence sur notrevie de tous les jours.Pour les habitants de la zone côtière duBangla Desh ou d’atolls du Pacifique submer-gés périodiquement par l’océan, comme pourles Inuits voyant fondre sans cesse de largesportions de banquise, oui. Mais chez nous, ce n’est pas demain la veille, estimait-on !…La multiplication des catastrophes naturelles :cyclones dans les Caraïbes et la côte sud desEtats Unis, à côté de chez nous tornade des-tructrice dans l’Avesnois, brutales inondationsdans le Cambrésis devraient nous mettre lapuce à l’oreille : les bouleversements géophysiques générés par le changement climatique, cela n’est pas sorti tout droit ducerveau enfièvré d’un quelconque savantCosinus. C’est une réalité. En tant qu’occupants

d’un ex-polder au cœur du “plat pays”, nousnous situons même aux premières loges !

La Flandre Maritime menacée Le tout est évidemment de savoir quel pour-rait être le niveau atteint par les eaux et àquelle échéance bien sûr, dans la mesure oùcela conditionne l’avenir de notre territoire.Sur ce point les avis des climatologues qui,tous ou presque maintenant, tirent la sonnetted’alarme divergent. Si au début, d’aucunsestimaient que le niveau des mers croîtraittout au plus de 0,3 à 0,5 mètre d’ici à la findu siècle, désormais devant l’accélération queconnaît la fonte des glaciers du Groenland etde l’Antarticque (les deux calottes glaciaires),et compte tenu de la dilatation des océanssous l’effet du réchauffement, les scientifiquespensent que le niveau des eaux marines pour-rait monter de 1 à 2 m, voire même pour les

1• GRAINS DE SEL

Bulletin de l’Assemblée de Défense de l’Environnement du Littoral Flandre Artois

Fédération d’associations de l’environnement

n°25novembredécembre2008

par la montée des eaux ?

p 4-5 Flamoval, un non massif à l’incinération • p 6-7 Le tracassin nucléaire •p 8-9 La colère noire du collectif gravelinois • p 10 Alimentation : où allons-nous ?• p 12 C’est quoi l’ADELFA ?

Vu par Sciences et Vie : en cas d’une montée des eaux de 3 m, amplifiéepar une tempête, le Dunkerquois et une bonne partie de la Flandre Maritime serait sous les eaux. (carte du littoral)

Ce n’est pas que pure hypothèse.

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plus pessimistes d’entre eux : de 3 m. C’estclair, ces chiffres même non avérés, mais quisont susceptibles d’être amplifiés par unetempète telle qu’on en a connue sur les riva-ges de la Mer du Nord en 1953, sont porteursde désastres humains et économiques.L’exemple de La Nouvelle Orléans en 2005 etde ses 400 000 réfugiés après le passage deKatrina est là pour attester qu’une montée

des eaux conjuguée à un “effet tempète” pro-voquant une surcote aurait des effets catastro-phiques : digues éventrées, quartiers envahispar la mer, zones agricoles inondées et satu-rées par le sel, économie paralysée.Provoquées volontairement par les occupantsallemands pendant la dernière guerre, lesinondations stratégiques des Moëres et desterres avoisinantes n’ont pas laissé de bonssouvenirs. Et à l’époque il n’était pas encorequestion d’effet de serre et de réchauffementclimatique !

Il est temps de passer aux actesQu’ont fait jusqu’à présent nos “décideurs” pourconjurer la menace qui nous pend au nez ?On en est au stade des études. Concrètementpas grand-chose.Seule initiative, à notre connaissance, s’inscri-vant dans une démarche louable de précau-

tion : la centrale nucléaire de Gravelines a,depuis quelque temps déjà, rehaussé d’1 menviron ses défenses de côte. Il est vrai quel’incident du Blayais en Gironde fin 1999, oùle site nucléaire avait été partiellement envahisous l’effet d’un mascaret ayant engendréune surcote de 2,50 m, avait servi d’avertis-sement sans frais (ou presque).

Ailleurs rien. Ni autour des usines établies nonloin du bord de mer : Aluminium-Dunkerque,Polimeri, Total, Arcelor, comme le PortAutonome situé pourtant en première ligne.Ni non plus autour des villes et quartiers dontcertains à Dunkerque, Rosendaël et ailleursont pourtant connu l’inondation lors des évè-nements de 1953 évoqués ci-dessus. Pasdavantage dans le secteur dunaire pourtantfragile ou dans les secteurs des wateringuesqui ont déjà du mal à évacuer les eaux deFlandre Maritime en temps normal. Qu’ensera-t-il si la mer monte et que se trouve dimi-nuée l’amplitude des évacuations des eaux ? Pendant que chez nous on semble ne pas avoirpris toute la mesure du risque qui nous menaceen se contentant d’évoquer dans l’ébauched’un Plan Climat Territorial la lutte (nécessairebien sûr) contre l’effet de serre, nos voisinsbelges et hollandais ont déjà œuvré à la pro-tection de leurs rivages aux caractéristiquesmorphologiques comparables aux nôtres.Ainsi voilà plusieurs décennies que l’on pro-cède systématiquement sur la côte belge aurechargement en sable des plages : 500 000à 1 million de m3 par an. Quant au portd’Anvers, comme les polders asséchés etendigués des Pays-Bas (Plan Delta), il a déjàfait l’objet de travaux anticipés de renforce-ment et élévation des digues de protection.Il est vrai que ces voisins précautionneux etavisés avaient énormément souffert humaine-ment et économiquement de la submersionmarine survenue en 1953.Raison de plus pour que l’on applique concrè-tement chez nous, au prix d’une mobilisationde l’État, des collectivités, des entreprises, leprincipe de précaution.

Jean Sename

Le mensuel “Science et Vie” n° 1090 de juillet dernier a consacré toute une étude

au réchauffement climatique sous le titre :« Et si la mer montait de trois mètres… ».Perspective alarmiste, penseront certains. En tout cas, une projection des effets de cettemontée des eaux montre que, dans cettehypothèse, c’est tout le littoral jusqu’à uneligne passant par Bergues, Drincham, Millamqui passerait sous les eaux…Dans ce même numéro, le mensuel affiche leseffets prévisibles de cette submersion marineà l’horizon 2100 en fonction du niveau atteintpar les eaux.Extraits de “si le niveau de la mer montede…”• 0,5 mètre : « le nombre de personnes expo-

sées aux tempêtes triple, la valeur desbiens exposés est multipliée par 12 »

• 1 mètre : « des tempêtes banales font desdégâts considérables, importants investisse-ments de protection »

• 2 mètres : « très gros dégâts sur l’habitat etles infrastructures côtières. 2 % de la popu-lation doit déménager. Les coûts d’adapta-tion deviennent exorbitants »

• 3 mètres : « d’importantes zones écono-miques et d’habitat doivent être abandonnées,le coût social est astronomique et absorbe unepart considérable des revenus des États.Multiplication des réfugiés. Pertes agricoles,menaces sur l’équilibre alimentaire. »

Alors, optimisme ou pessimisme ?À vous de choisir. n

Anticipation

Sous l’effet de la tempète de 1953,

une partie de la jetéeEst fut balayée

par les flots.

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3• GRAINS DE SEL

Président de1995 à 1998,puis vice-prési-dent de l’Asso-ciation deDéfense del’Environnementde Calais(ADECA), mais membre de l’association

depuis 1992, Henri Bourgain nous a quittés,voici quelques semaines. Avant de revenir sur l’action d’Henri au seinde l’ADECA, permettez-moi de revenir sur lesqualités humaines de ce véritable philanthro-pe qu’il était. Nous devons reconnaître qu’à cejour l’homme nous manque. Son éloquence,sa simplicité, sa gentillesse mais aussi sagaieté - notre ami aimait rire, plaisanter -, sesqualités naturelles faisaient de lui un compa-gnon indispensable pour détendre l’atmosphèreaussi bien en réunion de travail qu’à l’exté-rieur. C’était aussi un homme organisé etrigoureux dans son action associative. Laplace qu’occupent ses archives le démontre.Henri Bourgain était surtout un homme cultivé,attaché aux valeurs familiales : le livre qu’il aécrit : “Héritage tombé du ciel” édité en 2001qu’il dédia à ses petits-enfants le prouve. Ondit souvent à tort ou à raison que personnen’est irremplaçable dans une fonction, maisdans le domaine associatif et bénévole, totalement désintéressé, une chaise restedésespérément vide. Lorsqu’en 1998, suite à des soucis de santé,

Henri Bourgain céda la présidence, il continuasa tâche au sein de nos réunions commevice-président, mais il fut surtout le parfaitambassadeur de l’ADECA dans les instancesliées à l’environnement et au développementdurable. Ses interventions étaient appréciéesde tous les partenaires et les nombreuxtémoignages de sympathie qui ont suivi l’annonce de sa disparition démontrent quel’homme était apprécié à sa juste valeur.Henri Bourgain restera le président qui fitévoluer l’association de quartier à cette asso-ciation qui a étendu ses compétences à l’arrondissement du Calaisis. Il fut aussi unedes chevilles ouvrières de la lutte contre leprojet d’incinérateur des déchets ménagersdès décembre 1991 et sa ténacité à argumen-ter auprès du grand public, des scolaires etdes élus en mettant en avant la nécessité aucontraire de valoriser le tri des déchets, a finipar porter ses fruits. Il est à noter que 12 ans plus tard, l’ADECAapporte toujours sa contribution à la luttecontre un projet d’incinérateur, cette fois àFlamoval près d’Arques. Et il est symptoma-tique d’entendre cette même populationaudomaroise louer la décision des élus calai-siens qui ont opté pour la méthanisation : ilsdemandent à leurs propres élus de suivrecette même voie. Il est des pieds de nez par-fois ! Ne serait-ce pas finalement un bel hom-mage rendu au travail d’un homme humble àla tête d’une association, qui a su proposer etêtre écouté ? n

Dany BogaertPrésident de l’ADECA

Hommage à Henri Bourgain

La nuit du samedi 1er au dimanche 2 février 1953,la conjonction d’une grande marée et d’une vio-lente tempête provoqua des dégâts majeurs et denombreuses victimes sur les bords de la Mer duNord. Aux Pays Bas, on dénombra 991 morts et514 en Grande-Bretagne.Le littoral dunkerquois ne fut pas épargné. Ladigue Tixier entre la mer et le canal exutoirecéda en deux endroits et, en raison d’une sur-cote évaluée à 2,50 m, l’eau monta dans lecanal qui finit par déborder. Les secteursenvironnants situés en contrebas furentnoyés sous un mètre d’eau de mer. En dépitdes efforts consentis pour édifier des rem-parts de terre, la cité de baraquements dustade Tribut, le pont de Rosendaël, le boule-vard Sainte-Barbe et l’ex-avenue Foch (deve-nue depuis avenue de Rosendaël), furent sub-mergés, jusqu’au “Coq Blanc” pour la dernièreartère citée. Sur la digue de Malo, des sous-sols furent inondés et ailleurs (Bastion 32,cordon dunaire), des blockhaus, victimes d’affouillement, basculèrent. Au port, un dockflottant rompit ses amarres et des écluses etfeux de signalisation tombèrent en panne.

Si l’on n’eut pas à déplorer de victimes, lesdégâts matériels furent importants.À noter que la digue Tixier avait déjà cédé en1949. n

La tempête de 1953

Un cycliste isolé par les flots, avenuede Rosendaël.

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GRAINS DE SEL •4

Flamoval ne peut se résumerà une affaire d’opinion

Réconfortante, cette image de marée humaine emplissant, le samedi 13

septembre, la totalité de la pourtant vastegrand-place de Saint-Omer, puis déferlantdans les petites rues commerçantes de la villeavant de gagner les boulevards extérieurs.Les organisateurs de la manifestation contrel’implantation à Arques (Pas-de-Calais) de l’incinérateur d’ordures ménagères Flamoval ontfrappé fort en rassemblant 4 000 personnes.Franchement ils nous font envie.D’abord parce que ce rassemblement – dujamais vu à Saint-Omer – a été mis sur piedexclusivement par des professionnels desanté, membres de l’APSH (580 au total). Cela laisse en effet rêveur en ces temps oùnos médecins et propres professionnels desanté semblent ne connaître comme horizonque la ligne bleue de leurs cabinets ou deleurs centres de soins !Ensuite, parce que mettre 4 000 personnessur le pavé un samedi après-midi pour direnon à un incinérateur, c’est une démarchecontraire au fatalisme, dont il faut reconnaîtrequ’il caractérise nombre de nos concitoyens(« de toute façon, c’est déjà décidé, on n’ypeut rien » : assertion souvent entendue àl’heure du projet de terminal méthanier ou dudéferlement des pollutions !)Peu représentés à la manifestation audoma-roise qui les concernait pourtant au premier

chef puisque c’est eux qui paieront pour ali-menter Flamoval, les habitants de la FlandreMaritime (Hondschoote, Bergues, Wormhout)n’avaient, il est vrai, guère été informés de ceque concoctait le syndicat mixte Flandre-Morinie : toutes les décisions avaient été priseslors de délibérations prises en catimini parles conseils municipaux. L’ADELFA qui, voiciune dizaine d’années, avait été la seule àdénoncer le projet surdimensionné d’incinéra-teur (CVE) de la CUD, décidé en fait par lePréfet dans sa tour d’ivoire administrative,effectua en tout cas à cette occasion unretour aux sources. Celui du refus d’installa-tions qui, sous couvert de valorisation éner-gétique (l’alibi défendu par Borloo, pourtantministre de “l’environnement”) sont des aspira-teurs à déchets et des diffuseurs de dioxines,furanes et autres composés du mercure, tousréputés cancérigènes même en faible quantité.

Il existe, rappelons-le, d’autres technologiespour traiter les déchets : d’abord mener devigoureuses actions pour en limiter le nombreet le volume, les recycler au maximum (68 %le sont actuellement en Allemagne, 30 % seule-ment en France), opter pour des filières tellesla méthanisation ou la thermolyse qui,respectivement à Calais et Arras, après desdébuts parfois difficiles, font leurs preuves. n

J.S.

Tel élu éminent déclarait le 29 août dernier qu’il était facile de brandir le danger sani-

taire pour faire peur à la population.Mais même, chacun sait que la peur n’évitepas le danger !En effet, les médecins et les scientifiquessavent que les dioxines qui seront émises parl’incinérateur auront un impact certain dansl’environnement, comme d’ailleurs les autrespolluants tels que l’oxyde de carbone, lesperoxydes d’azote, les sulfures, l’acide chlor-hydrique, le cadmium, le plomb, le mercure,le chrome, l’arsenic, le béryllium et les hydro-carbures aromatiques polycycliques ou lespoussières. On retrouve ces produits à la sortiede tous les incinérateurs récents ou non. Laplupart ont des propriétés toxiques et pourcertains cancérigènes. Pour ce qui concerneles dioxines il est important de savoir quecelles-ci sont très stables chimiquement, trèspeu biodégradables et ne sont détruites qu’à

très hautes températures (ce qui n’est pas lecas dans un four d’incinérateur). Elles sontpeu solubles dans l’eau ; mais par contre ellesle sont fortement dans les graisses. Ellesreprésentent donc un potentiel importantd’accumulation dans les sols et en particulierdans les tissus organiques. En conséquenceon les retrouve tout au long de la chaîne ali-mentaire qui conduit jusqu’à l’homme.S’il est vrai qu’entre 1995 et 2003 les émis-sions par les incinérateurs ont été diviséespar 10 il n’en demeure pas moins vrai qu’aucunincinérateur des plus modernes et de dernièregénération n’en émet plus. Si les dioxinesétaient biodégradables, l’incidence seraitnégligeable. Mais comme elles se concentrentleur impact ne mettra que plus longtemps àdevenir négatif. Et l’incinérateur aura beau“être au top” et “être dans les normes” sesrejets ne mettront qu’un peu plus de tempspour atteindre les valeurs de nocivité. Il faut

Un non massifà l’incinération

Fla

moval

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5• GRAINS DE SEL

Un chercheur norvégien vient de publier unethèse (en anglais) sur le “parler vert” desentreprises. Il souligne que les paroles n’ontpas la même signification pour les managerset pour les défenseurs de l’environnement.Par exemple, côté entreprises, “risque”évoque leur gestion et leur contrôle sansjamais se référer ni aux sources des risquesni à leurs conséquences.

Que ces deux types de protagonistes nesoient pas sur la même longueur d’onde, lesassociations le constatent à chaque réuniondite de concertation. Il faudrait rajouter queles décideurs suivent, en plus, leur propretempo. Allegro et presto.

Ainsi les Dunkerquois ont découvert, dans lapresse institutionnelle de rentrée, que le pro-jet de terminal méthanier à Loon-Plage « for-tement amendé » est « sur les rails » avec undépôt de demande de permis de construireen octobre 2008. Selon le journal DunkerqueExpansion, « EDF et le Port autonome n’ontpas attendu la synthèse du débat public pourrevoir leur copie. Dès l’hiver dernier, ils ont

redéfini l’implantation du site ». Et, en suiteharmonieuse, des mesures environnementalessavamment distillées en mesures d’accompa-gnement et de compensation : un écosystèmedunaire, un espace d’alimentation pour lesoiseaux de passage, deux zones de préserva-tion (Clipon Est et site APF), création d’uneMaison de la nature et de l’énergie à Loon-Plage (Dunkerque Magazine).*

Les associations de défense de l’environne-ment en sont, elles, encore à l’allure ma nontropo imposée lors de la dernière réunion duS3PI (18 juin 08) à propos du choix du site duClipon. Et à écouter silencieusement (par obli-gation) le tour de table du comité de pilotagemis en place par le sous-préfet à propos duprojet de terminal (24 juillet 08). Un sous-pré-fet qui entend bien que « rien de l’environne-ment ne vienne entraver sa bonne fin » selonDunkerque Expansion. Et à attendre l’annoncede l’ouverture du débat public sur le tracé dugazoduc et celle de l’enquête publique pour leprojet de terminal méthanier.Concertation, ça veut dire quoi ? n

F.M.

C’est quoi la concertation ?

aussi savoir, et c’est important, que contraire-ment à une idée reçue les riverains des instal-lations les plus récentes ne sont pas forcé-ment les plus exposés. En effet les dioxinesémises peuvent être transportées sur de lon-gues distances avant de retomber à la surfacedes sols ou des milieux aquatiques. Sur les solsnotamment elles contaminent les parcellescultivées ou pâturées par les animaux herbi-vores. Comme elles s’accumulent dans lesgraisses on les retrouve dans les viandes ani-males consommées par l’homme, sansoublier les produits laitiers. Et à cause de leurstabilité il faut attendre 10 ans pour voir leurquantité réduite de moitié (à condition que lesol ne reçoive plus de nouveaux apports).Toutes les études dont on dispose actuelle-ment montrent que l’exposition humaine s’effectue majoritairement (à plus de 90 %)par l’alimentation.

Ceci étant, bien sûr qu’il est indispensabled’éliminer les déchets. Toutefois la prioritépourrait être donnée à leur réduction, tant ilest une vérité que la meilleure façon de traiterun déchet reste encore de ne pas le produire !Or, à l’inverse, la quantité des déchets à traiterne cesse de croître. Alors il est facile de fairecroire que cette augmentation est un phéno-mène inéluctable de société contre lequel onne peut rien faire. Nos responsables poli-tiques ne détiennent-ils pas le pouvoir déci-sionnaire, le pouvoir de légiférer et de régle-menter. Ils seraient sans doute bien inspirésd’entrevoir le problème par cet autre bout dela lorgnette. Faut-il rappeler qu’aujourd’hui lerecyclage des déchets atteint péniblement28 % dans le Pas-de-Calais alors que l’objectif

inscrit dans le plan départemental est de50 % (ce qui n’est déjà pas d’une ambitiondémesurée). Ne faut-il pas non plus s’émou-voir de cette mode infernale du suremballage(1 produit acheté avec autour 2 voire 3emballages successifs, des blisters, despochettes plastiques…)Enfin l’intensification du tri sélectif (qui soulagepar le retour d’argent la redevance du contri-buable) et le procédé de traitement desdéchets par méthanisation qui fournit de l’énergie utilisable (chaleur ou électricité)comme cela est pratiqué pour le Calaisis parl’organisme gestionnaire : SEVADEC, sontactuellement les voies qui conviennent le mieuxà la préservation de notre environnement. n

Michel VerclytteEx-délégué au SEVADEC

Membre de l’ADELFA

* Il est aussi question d’aider leSivom de l’Aa à créer une basede loisirs dédiée à l’aviron avecl’aide financière d’EDF (commepar hasard !?)

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GRAINS DE SEL •6

Effluents radioactifs échappés de Socatri, filiale d’Areva implantée à Tricastin,

contamination à trois reprises de dizaines desalariés sur ce même site, découverte d’unefuite (ancienne) à l’usine FBFC de Romans-sur-Isère, puis à Comurhex, etc. : les industrielsdu nucléaire ont eu beau proclamer que cesincidents en cascade n’ont eu aucune consé-quence (ou presque) pour la population et surl’environnement, un leitmotiv à chaque foisseriné, il n’empêche qu’en cet été noir, l’imageavantageuse de “la technologie propre” s’esttrouvée passablement écornée.Sale temps donc pour Areva, EDF, ainsi quepour les supporters empressés de la filièreEPR au moment où précisément les entrepri-ses précitées s’efforcent d’essaimer leur nou-velle machine aux quatre coins de la planète !

Pas si anodin que cela…Contrairement en effet à ce qu’EDF et Arevaont pu énoncer pour tenter de se disculper,ces incidents à répétition ne sont pas négligea-bles. Laisser échapper 74 k d’uranium radioac-tif dans la nature, et en particulier dans unerivière et dans la nappe phréatique alimentantdes puits, ce n’est pas anodin. Si c’était le cas,on se demande bien pourquoi l’autorité pré-fectorale a interdit aux riverains de boire l’eaudes puits, comme d’arroser ou irriguer les cul-tures alentour. Pourquoi également la Justice aaccepté d’enregistrer les plaintes de la munici-palité de Bollène, de “Greenpeace” et duréseau “Sortir du Nucléaire” ?Qui plus est : les déversements de Socatri ontpermis de lever un lièvre de plus : l’existence àproximité d’une décharge ancienne de déchetsprovenant d’une usine militaire d’enrichisse-ment d’uranium. À croire que les experts offi-ciels ne se sont jamais posé la question de lanocivité des doses, fussent-elles faibles !Cet enchaînement d’évènements a par ailleursrévélé – et c’est sans doute là où le bât blessele plus – que la loi “Transparence et Sécuritéen matière Nucléaire” (TSN), censée régler aumieux tous les problèmes, n’est pas (encore)la panacée. Le sera-t-elle un jour ?Pour preuves : lors de l’incident chez Socatri,il a fallu pas moins de 17 heures pour que lapopulation avoisinante soit informée qu’un“événement” aux conséquences sanitairesprobables*, s’était produit sous ses fenêtres…Ainsi de fil en aiguille, les Pouvoirs Publics(Autorité de Sûreté Nucléaire, Institut deRadioprotection et de Sûreté Nucléaire) tardè-rent à communiquer. Et encore ne le firent-ilsque très approximativement. Quant auGouvernement, il en fut réduit trois jours plustard, par la voix du ministre Borloo, à deman-der poliment à ses services de bien vouloirprocéder à une vérification de l’état de la pol-

lution des nappes phréatiques autour de toutesles centrales nucléaires. À croire qu’il n’enétait pas régulièrement informé !

Réactions citoyennesCette série d’incidents conjuguée à la passivitédes autorités a évidemment nourri les craintes,les appréhensions des populations environ-nantes ou non. Encore et toujours le syndromede Tchernobyl, entretenu, rappelons-le, par lefait qu’on nous a raconté, il y a une vingtained’années, que le fameux nuage avait eu l’amabilité de s’arrêter aux postes-frontièresdu pays !Quel crédit en effet accorder à la longue auxpropos rituels de hauts “responsables” qui, en toutes circonstances, vous serinent lefameux : « circulez, il n’y a rien à voir », alorsmême que nombre d’incidents sont décou-verts de manière fortuite (canalisations fuyar-des, alarmes débranchées depuis des mois,voire des années, etc.) En sorte d’ailleurs qu’iln’est pas illégitime de se demander si, en faitd’incidents, il ne s’en produit pas plus fré-quemment qu’on ne le reconnaît…En tout cas, ces épisodes tricastinois de lasaga nucléaire ne peuvent évidemment quenous inciter – et avec nous les citoyens dits“de base” – à exiger qu’en matière de contrôlede cette technologie surexploitée en France,on donne aux associations toute la place quileur revient au sein des instances officielles,telles les Commissions Locales d’Information(CLI) fonctionnant autour de chaque sitenucléaire. Il est clair que si tel était le cas,elles feraient appel plus fréquemment en casde problème non anodin (rejets de substan-ces radioactives dans l’environnement parexemple) à des expertises indépendantes.Est-il rassurant et acceptable en effet que laplupart des contrôles opérés dans l’environ-nement ou au sein de ces installations lesoient par les exploitants eux-mêmes ou pardes laboratoires qu’ils accréditent ? n

J.S.

Le tracassinnucléaire

*L’incident le plus grave survenuà Tricastin a été classé par

l’ASN au niveau 1, le plus basde l’échelle Inès. Selon la termi-

nologie retenue, cela signifieque ce n’était pas vraiment un

incident, mais simplement…un “écart”. Évidemment

dans ces conditions, on n’est pas un écart près…

Tri

casti

n

Un nom difficile à porterLes vignerons des “Coteaux du Tricastin” pes-tent contre leur encombrant voisin. Les inci-dents à répétition de l’été survenus à la cen-trale nucléaire du Tricastin et dans des installa-tions proches, ont provoqué une mévente del’AOC et beaucoup d’interrogations chez leursfidèles clients. La majorité des producteurssouhaite un changement d’appellation…On notera qu’on trouve dans le commerce un“château Gravelines”. Par bonheur, c’est un“Bordeaux”. Et d’ailleurs, il n’y a pas de châ-teau à Gravelines. Juste un arsenal. C’est plusprudent…

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7• GRAINS DE SEL

Fort de la loi TSN (Transparence et SécuritéNucléaire) de 2006 qui confie aux CLI la

mission de d’effectuer des expertises indé-pendantes, les représentants associatifs quenous sommes, ont pu dernièrement réaliserleurs propres prélèvements d’eau souterraineà la centrale nucléaire de Gravelines afin d’enanalyser la qualité. Jean Louis Borloo, ministrede l’écologie, n’avait-il pas annoncé dans lesmédias que l’on regarderait de plus près l’étatdes nappes phréatiques sous les installationsnucléaires suite aux incidents à répétition dela centrale de Tricastin au début de l’été der-nier ? Même si nous n’exploitons pas les eauxde la nappe phréatique, celle-ci fait toutefoispartie du milieu et appelle un contrôle strict.Nous avons souhaité faire appel à un labora-toire indépendant, distinct de ceux utiliséspar EDF ou l’ASN.

Première difficulté : le choix du labora-toire ! Quand le secrétariat de la CLI me pro-posa de faire appel à Algade, je me suis ren-seigné sur son pedigree : stupeur ! J’apprendsqu’Algade est le laboratoire attitré d’AREVA etque son histoire se confond avec celle de laCOGEMA. Bien peu de garanties d’indépen-dance donc ! À mon invitation, la CLI s’esttournée vers la CRIIRAD (Commission deRecherche et d’Information Indépendantes surla Radioactivité) dont on ne peut nullementmettre en cause l’indépendance puisquecréée par des “scientifiques-militants” à lasuite de l’accident de Tchernobyl. Certes, laCRIIRAD ne détient pas tous les agrémentspour tous les types d’analyses - agrémentsd’ailleurs décernés sur proposition de l’ASN -mais les résultats obtenus seront pour notrepart incontestables.

Deuxième difficulté : le contexte de lacampagne de prélèvements. Entre la déci-sion de la CLI de lancer cette campagne d’analyse prise lors de la commission “sécuritédes populations” du 9 septembre, l’invitationpar l’ASN à assister à l’inspection du 17 sep-tembre portant sur le contrôle des eaux sou-terraines et la commande de l’analyse à la

CRIIRAD le 16 septembre, seulementquelques jours - voire quelques heures - nousont permis d’élaborer une stratégie de prélè-vements. À Fessenheim, la programmationd’une telle étude avait demandé deux ans depréparation, avec signature d’une conventionmultipartite. Chez nous, rien de tout cela, ennous associant à une inspection annuelle pro-grammée de l’ASN, nous avons travaillé dansl’improvisation la plus totale, sans pouvoirélaborer une solide stratégie de prélèvement.Cette précipitation a exaspéré tout le monde.Ainsi, les responsables d’EDF ont écarquilléles yeux lorsque j’ai annoncé lors de l’inspec-tion que nous souhaitions plus de 16 litresd’eau de nappe. Il faut dire que nous comp-tons rechercher, en plus du tritium, des radio-nucléides non contrôlés habituellement tels lecarbone 14 ou l’iode 131.

En guise de plan de prélèvements, nousn’avons eu droit qu’à un seul puits denotre choix. Nous aurions préféré pouvoirsélectionner plusieurs puits de prélèvementmais cela m’a été refusé le jour de l’inspec-tion par l’ASN. Soit ! Nous avons tout demême prélevé plus de 16 litres d’eau sur lepiézomètre N3 situé au sud du CNPE, un peuéloigné des zones réacteurs mais judicieuxdans le sens où il semble représentatif de laqualité du milieu. Rappelons que les réacteursdisposent de sous-sols réputés étanches, protégés par des caissons de béton empê-chant la fuite de radioéléments vers le milieu.Une fois les flacons d’eau remplis et scellés,nous avons expédié les échantillons à la CRII-RAD. Nous attendons maintenant les résultatsafin d’établir des inter-comparaisons avec lesrésultats obtenus par EDF et par l’ASN en vued’obtenir au final un état de la qualité deseaux souterraines du Gravelinois, même s’ils’avère difficile de tirer des conclusions à partir d’un seul échantillon et malgré la précipitation avec laquelle notre tierceexpertise a été menée. n

Nicolas FournierMembre de la CLI

Les Amis de la Terre

16 litres d’eau, c’est pas la mer à boire !

CLI : Commission locale d’information

ASN : Autorité de sûreté nucléaire

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Donner aux pollueursl’énergie d’être meilleurs.

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GRAINS DE SEL •8

Chaque année et ce depuis son installa-tion, la population gravelinoise souffredes envolées de poussières émanant duquai à pondéreux ouest (QPO).Il est vrai que celui-ci est trop près des habi-tations, tout le monde, y compris le maire enest d’accord. Dès que le temps est sec, l’industriel,Seabulk, en charge du site, doit arroser lesmonts de minerais, de manière à fixer lesparticules. En quelques années, la capacité del’exploitation a augmenté de 70 % et on nousannonce encore le doublement de l’activitédans les prochaines années. Pour preuve lamise en place du barreau de Saint-Georges,permettant le départ de 17 chargements jour-naliers du port, comme les articles parusdans la presse locale, à l’occasion de la pré-sentation de la nouvelle directrice du portautonome de Dunkerque (PAD).À partir du mois d’avril, la population graveli-noise a manifesté son mécontentement et uncollectif d’habitants s’est formé. Une pétitiona circulé chez les commerçants de la ville et a recueilli plus de 2 200 signatures.Parallèlement 35 signataires se sont manifes-tés via Internet.Des réunions ont été organisées et quelquesmembres du collectif ont été associés à ungroupe de travail en charge de réunir des élé-ments afin de faire modifier l’arrêté préfectoralrégissant l’exploitation de Seabulk. Le collectif a également été appuyé dans sesdémarches par l’ADELFA et a assisté à deuxcommissions du SPPPI.

Lors du conseil municipal du 25 juin, a étévotée à l’unanimité des élus, majorité etopposition confondues, la motion issue de cegroupe de travail. Parmi les clauses propo-sées, il nous semblait prioritaire d’obtenir lesmêmes normes que celles en vigueur chez nosvoisins allemands et anglais sur le principeque nous ne sommes pas génétiquementmodifiés.

Ailleurs on fait mieux• Les rejets de poussières autorisées sont limi-

tés à 1g/m2/j au lieu de 4g/m2/j chez nous.• Les monts sont limités à 9 m de hauteur.

Chez nous, ils atteignent 18 à 20 m.• Toute activité est stoppée à partir d’un vent

à 60 km/h. Chez nous aucun ralentisse-ment, quelle que soit la vitesse du vent.

• Nous souhaitions également rendre plusperformant l’arrosage.

• Comme connaître la provenance des pous-sières, ainsi que leur composition et leurimpact sur la santé.

• Nous demandions une attention particulièrelors des chargements et déchargements ainsique le maintien du site en état de propreté.

• Nous exigions des contrôles réguliers.Le 2 juillet, une réunion publique a été orga-nisée à la salle de l’Agriculture des Huttes.Elle a réuni près de 200 participants.L’intervention du docteur Renard, a misen évidence le problème des cancers surle Dunkerquois, quatre fois supérieurs auxautres agglomérations, une durée de vie de

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res La colère noire gronde toujours,

les habitants sont roulés dans la… poussière !

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9• GRAINS DE SEL

cinq ans inférieure pour les hommes à lamoyenne nationale et une vente de produitstype Ventoline largement supérieure à celleenregistrée ailleurs. Elle a mis en évidenceaussi des allergies cutanées et respiratoires.Elle avait déjà alerté le maire par écrit de soninquiétude par rapport aux constats lors des picsde pollution : bronchites, bronchiolites, crisesd’asthme, clapping. Elle a souligné la nécessitéde mettre en place un système d’alerte lors deces pics pour les plus fragiles : personnesâgées, enfants, asthmatiques, malades etsportifs. Elle a réaffirmé ses propos dans lapresse régionale. Le 4 juillet, nous nous sommes rendus à uneréunion chez le sous-préfet, où nous pensionspouvoir examiner le nouvel arrêté préfectoral,comme nous l’avait affirmé la municipalité.Dès le début de l’entretien, le sous-préfet aété clair. Nous n’étions pas là pour ça, maisinvités de manière informelle à une réunionde la CLIS (comité de liaison d’information etde sécurité). Seuls, les services de l’État sonthabilités à la rédaction de l’arrêté, nous a-t-ilrappelé. Il a tout de même souligné, même sicela n’a pas été repris dans le récapitulatif, la nécessité de mettre en place un système d’alerte lors des pics de pollution.L’entretien a duré trois heures. Nous avonscertes été écoutés mais ce qu’il en estrésulté, était écrit d’avance. Pour preuvele livret qui nous a été remis par l’indus-triel Seabulk à la fin et où tout étaitdéjà noté ! Et il y avait aussi le compterendu d’une réunion du 27 juin àlaquelle nous n’étions pas présents !

Continuer à se battre…En résumé :• La décision finale reviendra au préfet.• Les monts seront écrêtés et ne

devront pas dépasser 16 m, et pourles plus sensibles 14 m.

• La norme concernant le taux derejets acceptés serait celle en vigueuraujourd’hui, divisée par 3 ou 4.

• Une étude de la DRIRE permettrad’envisager l’emplacement de 2 ou 3capteurs supplémentaires sur la ville.

• L’étude menée par l’ULCO sur lescommunes de Fort-Mardyck et Saint-Pol-sur-Mer, en partenariat avecARCELOR afin de déterminer la com-position des poussières rejetées, seraétendue à la ville de Gravelines avecl’accord de Seabulk.

• Le numéro vert permettant de recenser lesplaintes des habitants, numéro géré parSeabulk, étant surchargé, il sera repris encompte par la ville ou la DRIRE.

Dans l’arrêté préfectoral régissant l’installa-tion de Seabulk, il était pourtant déjà noté,que l’exploitation ne pouvait se faire qu’à partirdu moment où elle n’entraînait aucun désa-grément pour les habitants, aucune nuisancepour les riverains, le site, l’environnement…Force est de constater que cela n’a pas étérespecté. De plus, les contrôles de la DRIREn’ont, semble-t-il, jamais été effectués !

Depuis, nos questionnements restent lettremorte, nos demandes de rendez-vous avec lemaire ne trouvent pas satisfaction. On nousaffirme qu’il n’y a aucune extension en cours,ni en superficie, ni en densité, ni en hauteur,pas plus que de portique supplémentaire. En conséquence, nous avons l’impression d’avoirété menés en bateau et nous appelons lapopulation à rester mobilisée. Il faut conti-nuer à se battre pour notre qualité de vie etla santé de nos enfants.

Une butte constituée de scoriesParallèlement, nous nous inquiétons du faitque la mairie qui ne nous parle que du futurParc paysager de l’Aa et de son bassin olym-pique d’aviron (un coût de 24 millions d’euros,financé en partie par EDF) prévoit une buttede protection des vents de 15 mètres dehaut, construite à partir de scoriesd’ARCELOR. Quand on constate le manque de traçabilitédes déchets de l’aciériste et les pollutionsqu’ils ont entraînées (Negobat à Bourbourgou encore cette dernière affaire de fioul pol-lué exporté illégalement en Belgique), on nepeut que s’inquiéter pour le sous-sol et lanappe phréatique.

Ce sont pour ces mêmes raisons, que nousnous opposons à la seconde butte, constituéede la même manière afin de « protéger lesmaisons des poussières ». Une butte, qui selonles spécialistes, s’avérerait être un tremplinplus qu’un rempart pour les poussières.Autre sujet d’inquiétude : Le plan d’urbanis-me “1 000 logements en 10 ans” lancé par lamunicipalité qui prévoit une grande partiedes constructions dans le secteur des Hutteset du Pont de Pierre : les deux quartiers lesplus touchés par cette pollution. Comment sefait-il que des permis de construire conti-nuent d’être octroyés dans ce périmètre ? n

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GRAINS DE SEL •10

Pour approfondir :- Site de l’auteur de l’article http://ddvaleurs.neuf.fr- Site du Mouvement pour le Droit et le Respect

des Générations Futures : http://www.mdrgf.org- Exposition : "Alimentation, où allons-nous ?",

du 8 au 23 novembre à la Maison de l’Environnement, 106, avenue du Casino, Dunkerque (avec videos etaudios).

- Film documentaire “Nos enfants nous accuseront” sortie nationale le 5 novembre 2008.

(À suivre)Philippe Fourmestraux,

Association “Les Amis de la Terre”

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La foire aux n’importe quoiTerrier pose un lapinVous l’avez sûrement remarqué : des poly-techniciens, des énarques, des ingénieurs dehaut vol posent un beau jour leurs valiseschez nous, promus par leur administration ouleur entreprise en conquérants de terresinconnues. Leur mission : nous concocter unprojet évidemment mirobolant. Un terminalméthanier, par exemple fortuit bien sûr. Ilscherchent et trouvent sur place des appuispolitiques, économiques, sociaux. Ils pondent– parce qu’ils sont là pour cela – un truc plusou moins “merdique”, destiné, assurent-ils, àfaire le bonheur des populations dont ils n’ontrien à foutre. Trois petites années passent etpuis ils s’en vont, nantis d’une réputation debâtisseurs. Il ne nous reste plus ensuite qu’àgérer leurs productions.M. Jean-Claude Terrier, ex-directeur général du Port Autonome de Dunkerque, n’a pas faillià ces us et coutumes.Bonne chance aux Marseillais chez qui il estparti faire son nouveau trou.

Les Ailes se tirentPendant longtemps les autorités ont juré leursgrands dieux qu’une menace d’agressionexterne, de crash d’un avion sur la centralenucléaire de Gravelines était inconcevable.Vint le 11 septembre et l’on vit arriver sur lesite devenu sensible, un détachement de mili-taires équipés d’une batterie de missiles.Après cet épisode sans lendemain, la sécuritéaérienne est revenue à l’ordre du jour avec ledéploiement de mesures visant à éloigner lesaéronautes fourvoyés au-dessus des réac-teurs. Les médias publièrent notamment cetteimage surréaliste d’un passager d’hélicoptèremilitaire brandissant un panneau rappelantaux égarés l’interdiction de survol de la cen-trale… !Dernier épisode connu de cette saga sécuri-taire : la base aérienne de Cambrai devant fer-mer ses portes, les aviateurs censés nous pro-téger de toute agression devraient désormaisdécoller en cas de problème de la base deReims ou de celle de Saint-Dizier. Sauf à équi-per un jour l’aérodrome de Ghyvelde, on sesent quand même moins en sécurité !

Fausse routeInvoquer le développement durable, c’estexcellent au moment de conclure un discours.Le problème, c’est qu’il ne suffit pas de le criersur tous les toits pour qu’il soit effectif.Ainsi, le Plan Climat Territorial sur lequel onphosphore à la CUD, prévoit, entre autres cho-ses, que sur le littoral comme partout ailleurs,l’on va diminuer de 20 % les émissions de gazà effet de serre à l’horizon 2020. Autre objectif :porter à 20 % la part des énergies renouvela-bles dans le “bouquet” énergétique.Sage résolution, relevant du “développementdurable” le vrai, tel qu’on le préconise. On applaudit à tout rompre.Cela admis, 30 secondes de réflexion et vousvous rendez compte que réclamer à cor et àcri la réalisation d’un terminal méthanier surle littoral, va tout à fait à l’encontre des objectifsaffichés. Le méthane est l’un des principauxgaz à effet de serre et d’autre part, il s’agit bel et bien d’une énergie fossile, doncpar définition non-renouvelable.C’est dire que sur le littoral dunkerquois, on neprend pas nécessairement le chemin du déve-loppement durable dont nos décideurs se récla-ment. Ils chargent la barque au lieu de l’alléger !Erreur de casting ? Manque de maturité poli-tique ? Va savoir…

EDF nous plumeEst-ce l’un des avatars du projet précité ?En tout cas, vous avez pu observer sur vosfactures de l’été qu’EDF ne s’est pas privée demajorer substantiellement ses tarifs. Évidem-ment les 700 millions d’€ nécessaires à laréalisation d’un terminal méthanier créateur àmoyen terme de 50 emplois, cela ne se trouvepas sous les sabots d’un cheval. Pas plusqu’on n’y trouve les quelques milliards investisdans le rachat d’une compagnie de productionélectrique british.Mais alors où va-t-elle chercher tout cetargent en ces temps de récession ? Dans lapoche de l’usager-client bien sûr, un peu pluspressuré.Aux grandes ambitions, les petites rivières !

EPR : un dossier-béton ?Que ce soit en Finlande où Areva construitpoussivement son prototype ou à Flamanvilledésignée par nos stratèges nationaux, les EPRen chantier connaissent des retards à l’allumage.En cause la piètre qualité du béton qui, àdiverses reprises, n’a pas passé les contrôlesde l’Autorité de Sûreté Nucléaire. Étonnant,non, au pays où M. Bouygues est vice-roi.

Chez Arcelor, des gens vendent des déchetsTOXIQUES comme carburants. Des pompes funèbresen quelque sorte… !

Directeur de la publication :Jean Sename

Réalisation : Cohesiumimprimé sur papier recyclé

Le prix de l’abonnement : 4 €

ISSN 1293-5484

Maison de l’Environnement106, avenue du Casino — BP 2159941 Dunkerque cédex 2Tél. 03 28 20 30 40Fax : 03 28 20 30 39www.maison-environnement.org

l’ADELFA bénéficie du concours de la ville de Dunkerque, de la Communauté Urbaine de Dunkerque et du SyndicatMixte de la Côte d’Opale

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GRAINS DE SEL •12

Créée en 1974 par des militants associatifs soucieux "de constituer une force commune… afin que le développement de la région littorale se fasse avec le minimum de pollutions, en respectant le cadre de vie des habitants" (article 2 des statuts)L’Assemblée de Défense de l’Environnement du Littoral Flandre Artois (ADELFA) est unefédération agréée par les pouvoirs publics qui regroupe actuellement les associations suivantes :

Siège :Maison del’Environnement106 avenue du CasinoBP 2159941 DUNKERQUE CEDEX 2Tél./Fax 03 28 59 13 24ouTél. 03 28 20 30 40

Nom de l’Association Nom du Président Siège

AAPMAAmicale des Associations de pêche René PATOOR 14 avenue Vaubanet de protection du milieu aquatique (8 associations) 59380 BERGUES

ADCLDAssociation de Défense des Copropriétaires Yves ARMAND Maison de l’Environnement du Littoral Dunkerquois

ADECAAssociation de Défense de l’Environnement de Calais Dany BOGAERT Maison pour tous

81 bld Jacquard - 62100 CALAIS

ADELEAssociation de Défense de l’Environnement du Littoral Est Huguette FLAMENT Maison de l’Environnement

APPEAssociation de Protection du Patrimoine Jean-Marie EVRARD Mairie de Fort Mardycket de l’Environnement Rue Jean Deconninck

59430 FORT MARDYCK

ARDEVAAssociation Régionale de Défense des Victimes Pierre PLUTA 19 rue du Jeu de Paumede l’Amiante BP 78 - 59942 DUNKERQUE Cedex 2

ATTAC Sylvie BENOIT CHIEUX 8 rue Guynemer59430 SAINT-POL-SUR-MER

Boulonnais Nature Environnement Pierre GENEAU 21 rue Eugène Livois62200 BOULOGNE-SUR-MER

Comité Anti Pollution Les Amis de la Terre Nicolas FOURNIER Maison de l’Environnement

CLCVConsommation Logement Cadre de Vie Marie-Paule HOCQUET 18 rue Clémenceau - 1er étage

59760 GRANDE SYNTHE

DEFIDéfense de l’Environnement Edmond KOCISZEWSKI 202 rue de Berguesde la Flandre Intérieure 59470 ESQUELBECQ

DEPITDéfense de l’Environnement de PITgam Anne-Marie BOUDENS 6 route du Staelenbrugghe

59284 PITGAM

Excentric Demain Luce DUVOSKELDT 37 rue Eugène Dumez59240 DUNKERQUE

GONGroupe Ornithologique et Naturaliste du Nord Pas-de-Calais Bernard BRIL Maison de l’EnvironnementSection Flandre maritime

Groupe Louis Lecoin Jean-Marc BRUNEEL Maison de l’Environnement

Het Reuzekoor Marie-Christine MJC Château CoquelleLAMBRECHT Rue de Belfort - 59240 DUNKERQUE

Houtland Nature Thierry RYCKELYNCK Hôtel de Ville - 59470 WORMHOUT

Les Delphiniums Michel FOCKEU 1 rue Aron - 59229 TETEGHEM

Loon-Plage Environnement Éric BOUTON 59279 - LOON-PLAGE

Looweg Le Chemin de l’Eau Françoise BOLLENGIER 249 Rue du Canal - 59380 WARHEM

SERA Raoul DEFRUIT 23 rue de la ChapelleSanté et Environnement des Rives de l’Aa 59820 GRAVELINES

UFC QUE CHOISIR Odile RAFFOUX BP 97Union Fédérale des Consommateurs 59240 DUNKERQUE CEDEX

UFCS Paulette DECLERCK Maison de l’EnvironnementUnion Féminine Civique et Sociale

SOS Blootland (en instance) Joël DEVOS 47 Rue J. Morel59210 COUDEKERQUE-BRANCHE

C’est quoi l’ADELFA ?