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Activités autour de Sarambwe et du Mont Tshiaberimu Amélioration du suivi de l’application de la loi dans Afi Dissémination des graines par les gorilles des plaines de l’ouest Gorilla Journal No. 52, juin 2016 Partenariat pour l’éducation à la conservation des grands singes Journal de Berggorilla & Regenwald Direkthilfe

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Activités autour de Sarambwe et du Mont Tshiaberimu

Amélioration du suivi de l’application de la loi dans Afi

Dissémination des graines par les gorilles des plaines de l’ouest

GorillaJournal

No. 52, juin 2016

Partenariat pour l’éducation à la conservation des grands singes

Journal de Berggorilla & Regenwald Direkthilfe

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BERGGORILLA & REGENWALD DIREKTHILFE

2 Gorilla Journal 52, juin 2016

Table des matièresR. D. Congo 3Activités de développement autour de Sarambwe et du Mont Tshiaberimu 3Des crottes de gorilles pour restaurer les habitats forestiers 6Ouganda 8Partenariat pour l’éducation à la conservation des grands singes de Bwindi 8Cross River 9Amélioration du suivi de l’application de la loi dans Afi 9Purification d’eau pour assurer la conservation à Cross River 11Gorilles 14L’histoire de deux pionniers de l’habituation des gorilles de l’est 14Forêt tropicale 16Dissémination des graines par les gorilles des plaines de l’ouest 16

Pole Pole Foundation (POPOF), qui a pour objectif d’associer les communau-tés locales à la conservation du parc. IIl a reçu plusieurs distinctions, médailles et certificats.

Dr. Corinne Kendall est curateur associé pour les activités de conserva-tion et de recherche du zoo de Caroline du Nord, où elle supervise plusieurs programmes internationaux de conser-vation à côté de ses recherches man-datées par le zoo.

Dr. Kristen Lukas est directeur scientifique chargé de la conserva-tion au zoo de Cleveland Metroparks, et préside l’Association des Zoos et Aquariums pour un Plan de Survie des gorilles.

Dr. Martha Robbins est assistante de recherche à l’Institut Max Planck pour l’Anthropologie Evolutive. Elle étudie l’écologie comportementale des gorilles depuis 1990. Depuis 1998, elle a étudié la socio-écologie et les straté-gies de reproduction des gorilles dans le Parc National de Bwindi.

Claude Sikubwabo Kiyengo a travaillé avec l’ICCN à Goma et pour l’UICN. De 2006 à 2007 il a été chef conservateur du Parc National des Vi-runga, secteur centre. Il a été notre as-sistant à partir de 2008 et est mainte-nant Directeur Général de l’Institut Su-périeur de Conservation de la Nature, de l’Environnement et du Tourisme. Il était expert PACEBCo.

Bruno Tenger est co-directeur de la Tengwood Organization, une initia-tive suisse de conservation à but non lucratif qui se consacre à l’importation de viande de brousse par les aéroports des pays développés. Il développe des stratégies alternatives de conservation des grands singes.

Dr. Kathy L. Wood a étudié le genre Mandrillus et participe à des initiatives de conservation consacrées aux pro-blèmes des mandrills et d’autres pri-mates dans leur habitat naturel. Elle est co-directrice de la Tengwood Orga-nization.

AuteursDr. Augustin K. Basabose a diri-

gé plusieurs études consacrées à la biodiversité dans la région de l’Alber-tine Rift, comprenant entre autres des comptages de gorilles à Kahuzi-Biega, Virunga et Bwindi. Il a fondé et pré-side la Primate Expertise (PEx). Il di-rige actuellement le Laboratoire de Pri-matologie du Centre de Recherche en Sciences Naturelles de Lwiro.

Emmanuel Sampson Bassey est depuis 2011 Coordinateur du Projet Afi CyberTracker pour le compte du WCS. Ses principaux centres d’intérêt sont le football et la conservation de la nature.

Dr. Richard Bergl a mené dans le cadre de son Ph. D. des recherches sur la population des gorilles Cross Ri-ver au Nigéria et au Cameroun. Il est actuellement curateur du Parc Zoolo-gique de Caroline du Nord.

Andrew Dunn est chef de projet pour le programme de recherche sur la biodiversité du WCS dans le sud-est du Nigeria,. Il travaille sur les études biologiques et les projets de conser-vation en Afrique depuis 1989. Il a tra-vaillé comme conseiller en conserva-tion pour le WWF au Parc National de Gashaka-Gumti et comme conseiller du Parc National de Korup.

Dr. Barbara Haurez a étudié le rôle des gorilles des plaines de l’ouest dans la régénération des forêts. Elle est actuellement engagée dans un pro-jet mené conjointement par Gembloux Agro-Bio Tech, Nature + association, le CIRAD et l’ATIBT, qui a pour but de proposer une alternative à l’Intact Fo-rest Landscapes adaptée au Bassin du Congo.

Dr. Inaoyom Imong travaille pour le WCS depuis 2004. Il est Directeur du projet du WCS Cross River Gorilla Landscape Project au Nigéria.

John Kahekwa Munihuzi a parti-cipé à l’habituation des gorilles dans le Parc National de Kahuzi-Biega de 1983 à 2004. Il a fondé en 1992 la

Gorilla Journal 52, juin 2016Editeur : Angela MederAugustenstr. 122, 70197 Stuttgart, AllemagneFax : +49-711-6159919E-mail : [email protected] : Yves Boutelant, Jean-Pascal Guéry, Julia Peguet, Florence PerrouxRéalisation : Angela MederCouverture : Gorille femelle dans son nid au Parc National de Kahuzi-Biega. Photo: Christian Kaiser

Addresse de l’organisation :Berggorilla & Regenwald Direkthilfec/o Burkhard BroeckerJuedenweg 333161 Hoevelhof, AllemagneE-mail : [email protected] Site web : http://www.berggorilla.org

Relation bancaire :IBAN DE06 3625 0000 0353 3443 15BIC SPMHDE3ESuisse : IBAN CH90 0900 0000 4046 1685 7BIC POFICHBEXXX

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Activités de développement autour de la Réserve de Sarambwe et du Mont Tshiaberimu

La Réserve de Sarambwe et le Mont Tshiaberimu sont deux sites fragiles abritant des gorilles aux côtés du Parc National des Virunga. Comme l’écotourisme ne peut pas encore être pratiqué, ces deux sites sont plus ou moins en marge du soutien que fournit l’institution nationale en charge de la Conservation et du Tourisme. Cette situation est aggravée par le retrait de ce site par rapport à l’axe routier principal d’une part et par l’insécurité créée, de temps à autre, par les hors la loi ou groupes armés d’autre part. A Sarambwe par exemple, les gardes du parc sont souvent rappelés à la station (headquarter) à cause de l’insécurité, comme c’est d’ailleurs le cas actuellement. La réserve reste sous la responsabilité des pisteurs, soutenus par Berggorilla notamment.

Ces deux sites reçoivent fréquem-ment un soutien de la part de parte-naires se consacrant, au moins en partie, à la conservation des gorilles.

Sans eux, la survie des gorilles dans ces sites serait compromise, sans changement de stratégie de la part de l’insti tution nationale en charge de la conservation. Tout récemment, The Go rilla Orga ni sation, qui œuvrait au Mont Tshiaberimu avec Berggorilla & Regenwald Direkthilfe (B&RD) s’est re-tiré du site. Le Programme Internatio-nal pour la Conservation des Gorilles (PICG) n’intervient plus à Sarambwe et même pas dans le Mikeno. Seule la B&RD reste active dans la Réserve de Sarambwe et au Mont Tshiaberimu.

Nous présentons ci-dessous les ac-tivités de développement menées au-tour de Sarambwe et du Mont Tshia-birimu.

Activités en cours dans la Réserve de SarambweLa Réserve de Sarambwe est gérée par l’ICCN, Institut Congolais pour la Conservation de la Nature. Cette institution de l’Etat y a affecté un officier assisté par 5 gardes. L’insécurité qui règne dans ces lieux oblige parfois l’ICCN à retirer tous ses agents de la réserve pendant une certaine période pouvant aller de deux mois à plus de deux ans, sans surveillance de sa

part. Même lorsque ces agents sont en poste, ils sont en nombre trop restreint pour assurer la surveillance, la lutte anti-braconnage, l’entretien des pistes dans la réserve et la sensibilisation de la population. C’est dans ce cadre que la Berggorilla & Regenwald Direkthilfe assure le salaire de 5 pisteurs et la ration de la patrouille pour appuyer les gardes dans les patrouilles, assurer l’entretien des pistes et du camp des gardes, sensibiliser la communauté autour de la réserve et faciliter l’exé-cution de certaines autres activités financées autour de la réserve. Ces pisteurs sont permanents et restent dans la réserve même pendant les périodes de trouble. Ils assurent ainsi une surveillance continue, sans in-terruption, de la réserve.

La Réserve de Sarambwe a une faune très riche en primates. On y trouve les gorilles de montagne, les chimpanzés à face claire, les babouins, les cercopithèques à diadème, les as-cagnes et les colobes guéréza. En de-hors de ces animaux, on y trouve aus-si des potamochères/hylochères, des rongeurs et plusieurs espèces d’oi-seaux apparentés aussi aux oiseaux du Parc National Impénétrable de Bwindi. Les céphalophes ne sont plus

Ruts

huru

Ishasha

Rutshuru

Buhoma

Butogota

D. R. CONGO

UGANDA

BwindiImpenetrableNational Park

Nteko

Parc National des Virunga

SarambweRusuraRéserve

Naturellede Sarambwe

protected area

national border

Elèves en agronomie de l’Institut Technique Agricole et Pédagogique de Kisharu en train de planter des arbres issus de leurs pépinières

Photo: Constantin Batarira

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US par mois à partir du mois de dé-cembre 2016.

Activités en cours autour du Mont TshiaberimuActuellement, un seul projet est en cours d’exécution autour du Mont Tshiaberimu. Il s’agit d’un projet de pisciculture (élevage de poissons dans des étangs aménagés).

Ce qui motive ce projet, c’est que le lac Edouard fait partie intégrante du Parc National des Virunga et ses bor-dures passent au bas du flanc du Mont Tshiaberimu. Rappelons que la popu-lation autour du Mont Tshiaberimu est constituée d’agriculteurs et d’éleveurs de volailles (poules, canards). C’est un élevage de type individuel, peu déve-loppé et peu répandu. L’élevage des lapins aussi est connu, mais la pis-ciculture y est trop faiblement déve-loppée. Des cas de braconnage de la faune dans la forêt du Mont Tshiabe-rimu sont souvent signalés. C’est un braconnage surtout par pose de pièges qui vise les mammifères terrestres tels que les céphalophes, les hylochères, les rats de Gambie. Malheureusement, les gorilles sont aussi souvent victimes de ces pièges.

Le développement de la pisciculture devrait induire une réduction du bra-

mentionnés dans les rapports de pa-trouille. Les buffles y ont disparus.

Mis à part les activités des gardes et pisteurs citées ci-dessus, les activi-tés de développement autour de la Ré-serve de Sarambwe consistent à reboi-ser les environs à partir de pépinières scolaires et de pépinières tenues par les femmes de pisteurs. Un accent est mis sur le maintien des boisements antérieurs et leur rentabilisation finan-cière par l’apport de valeurs ajoutées. Le maintien des boisements est une forte contribution dans la séquestration du carbone, et représente donc une contribution au processus REDD+.

Projet de reboisement autour de SarambweLe reboisement autour de la Réserve de Sarambwe avait commencé en 2010. C’était une des composantes du Projet d’Appui à la gestion intégrée de la Réserve de Sarambwe initié par La Voix de la Nature (VONA). Ce projet avait été financé par la B&RD et le Comité Français de l’UICN (Union Internationale de Conservation de la Nature). Une superficie de 89 hectares avait été reboisée en agroforesterie (65 hectares) et en micro-boisement pur (24 hectares). Après ce projet, un autre projet de reboisement scolaire avait été initié pour augmenter les surfaces de boisement à partir de pépinières scolaires. Ce projet a été arrêté en cours d’exécution à cause de troubles armés. Il avait alors produit 30 hectares.

Le projet actuel de reboisement comprend deux volets : le premier consiste à maintenir une partie des an-ciens boisements et l’autre à augmen-ter la superficie des boisements exis-tants.

Projet de boisement et de maintien de boisements existantsCe projet vise la sauvegarde des boisements existants, surtout ceux aux grands arbres susceptibles d’être

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coupés pour la fabrication de charbon de bois. La stratégie consiste à créer des revenus à partir des maracujas (appelés aussi grenadilles ou fruits de la passion) dont les supports pour grimper sont constitués par les arbres du boisement. Au Mont Tshiaberimu, un projet pilote de plantation de maracujas dans les boisements a donné des résultats spectaculaires. Dans le vil - lage de Vuswagha, des familles par-venaient à gagner 240 dollars US par mois, un revenu très élevé pour cette population. Cette plantation incitait à ne pas couper les arbres du boisement et à développer même les plantations. Ce projet a permis la préservation de 100 hectares de boisement autour du Mont Tshiaberimu.

Au niveau de la Réserve de Saram-bwe, la pépinière de maracujas, tenue par les femmes de pisteurs, a fait une production de 33 723 plants de mara-cuja dont 9723 déjà distribués et plan-tés. Si ce projet se limite au mois de juin 2016, il permettra de sauvegarder 21 hectares de boisement. Pour cette association des femmes de pisteurs, la pépinière d’eucalyptus et de Grevillea a une production de 50 000 plants qui permettra de replanter 31,25 hectares. Au stade actuel, 30 000 plants ont été distribués, 20 000 sont dans la pépi-nière ou en train d’être distribués.

Deux écoles, l’ITAP (Institut Tech-nique Agricole et Pédagogique) et l’Ecole primaire de Kisharu disposent aussi de pépinières d’arbres et de maracujas. Les résultats de produc-tion seront disponibles en mai 2016 et semblent plus élevés que pour les pé-pinières des femmes de pisteurs.

En estimant des productions simi-laires aux autres pépinières pour ces derniers groupes, nous parvenons à la projection d’un reboisement de 94 hectares et à une protection contre la coupe (maintien d’un boisement) d’un boisement de 63 hectares. Enfin, une vingtaine de familles pourraient avoir des revenus minimums de 100 dollars

Ishango

Muramba

LakeEdward

Sem

liki

Parc National des Virunga

protected area

national border

Kalibina

VurusiMt. Tshiaberimu

Kyondo

Masereka

Mt. Tshiaberimu

Butembo

DEMOCRATICREPUBLIC OFTHE CONGO

RWANDA

UGANDA

LakeEdward

Ruwen

zori

Beni

Mutsora

Rwindi

Tongo

Rumangabo

GomaLake Kivu

Rutshuru

Mikeno Sector

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connage. De plus, cet élevage sera à la fois source de revenus mais aussi source de protéines animales qui font défaut dans l’alimentation de ces po-pulations. Ce développement sera ac-compagné d’une campagne de sensi-bilisation pour la conservation des go-rilles et des autres animaux du parc.

Les objectifs de ce projet sont :

– former la population à l’élevage des poissons en étangs,

– apprendre à la population comment construire ou aménager un étang, comment l’entretenir pour un bon rendement,

– donner une formation sur la vie des poissons tilapia : cycle de vie, croissance, alimentation, capture et transport des alevins,

– aménager six étangs piscicoles pi-lotes, y mettre des alevins et suivre leur croissance jusqu’à la récolte,

– suivre les activités pendant au moins six mois et enfin participer à une récolte et à une distribution des alevins.

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Lors de l’identification du projet étang piscicole, 4 étangs piscicoles avaient été identifiés pour constituer des étangs pilotes (modèles). A partir de ce modèle, la population (les familles intéressées) devrait se construire des plus petits étangs (étangs familiaux). Au moment du lancement du projet, la revue du projet a montré qu’il était pos-sible de construire 5 étangs et puis on a trouvé qu’il était possible de réaliser 6 étangs dans 3 sites (Kasimbi, Vu-lambo et Kitevya) avec les fonds dis-ponibles.

La formation des pisciculteurs a eu lieu à Vurusi et la population de Vuru-si a profité de l’occasion pour partici-per à la formation, faisant ainsi le qua-trième site. Mais il n’était pas prévu un étang pilote ou modèle au niveau de Vurusi. La sensibilisation de la popula-tion, la formation et l’encadrement de celle-ci a permis la mise en place de 59 étangs piscicoles du type familial, un résultat trop largement supérieur à celui escompté dans le projet où on pensait peut être atteindre 12 étangs

familiaux (double des étangs pilotes ou modèles).

Les six étangs ont été aménagés entre septembre et novembre 2015. Les alevins y ont été placés, les pois-sons grandissent assez bien et vite. Un premier essai de capture d’alevins dans deux de ces étangs est program-mé pour juin 2016. La récolte des pois-sons interviendra en septembre 2016.

Une campagne de sensibilisation de la population pour les activités pisci-coles a eu lieu en septembre 2015. Une autre campagne a été menée en janvier 2016 et beaucoup des gens ont adhéré au projet. Initialement pré-vu pour 6 étangs piscicoles pilotes par le projet et environ 15 étangs pisci-coles familiaux par la population, la po-pulation s’est mobilisée pour en faire plus. Il leur a été conseillé de mettre en place des étangs familiaux en déri-vation, pour profiter de toutes les eaux des collines. La population a travail-lé ensemble pour creuser des étangs : une dizaine de personnes se mettaient à creuser un étang pour un membre et après l’avoir achevé, elle entamait un autre étang pour un autre membre et ainsi de suite jusqu’à la construc-tion des étangs de tous les membres du groupe. Mis à part les fonds utilisés pour les six étangs pilotes, les groupes de personnes ont été appuyés en ma-

Etangs en dérivation sur le site Kitevya

Photo: André Katembo

Le Lac Edouard et la rivière Semliki à partir de la colline de Vurusi. Vue sur une vallée pour les étangs piscicoles. Photo: André Katembo

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tériels de creusage et de construction des étangs.

La situation actuelle dans les sites est la suivante :

– Site de Kitevya : en plus des deux étangs pilotes, 37 étangs familiaux ont été creusés (13 avant fin dé-cembre 2015 et 24 entre janvier et début avril 2016). Vingt étangs sont en dérivation.

– Site de Kasimbi : les jeunes ont l’objectif d’atteindre 40 étangs. Le groupe de pisciculteurs n’est en-core que de 10 personnes mais ils se mobilisent pour en sensibiliser d’autres. Ils disposaient de 9 étangs mais fort malheureusement pour eux, trois étangs ont été engloutis par des éboulements. Il ne reste que 6 étangs, dont les deux étangs pi-lotes.

– Le site de Vulambo dispose de 15 étangs parmi lesquels les deux étangs pilotes. Un grand étang com-munautaire était en train d’être amé-nagé. Les travaux sont arrêtés à cause d’un conflit foncier. Toutefois, les 15 étangs individuels reçoivent actuellement des alevins.

– Site de Vurusi : 5 étangs individuels y sont déjà aménagés et servis en alevins.

à accroître les stocks de carbone en restaurant les forêts et a mieux les gérer (Elias & Lininger 2010).

La plupart des programmes de refo-restation sous les tropiques, utilisent les espèces d’arbres exotiques (per exemple, les pins ou les eucalyptus), mais pendant ces dix ou vingt der-nières années, des recherches appro-fondies ont été menées sur le contrôle et le développement des méthodes de production d’espèces natives qui puissent être introduites dans les pro-grammes de reforestation (Holl 2013).

Les fruits, y compris les fruits char-nus et les noix, sont consommés par une grande variété d’animaux, tels que les oiseaux et les mammifères, qui sont les principaux disséminateurs de leurs graines dans les écosystèmes fores-tiers (Hickey et al. 1999; Wilson 1993). La dissémination des graines par les animaux est le premier mécanisme de dispersion des arbres tropicaux (Holl 2013), mais la plupart des animaux dis-séminateurs ne se déplacent pas en dehors de la forêt vers des terres agri-coles très ouvertes. En outre, le pou-voir germinatif des semences de cer-taines espèces de fruits est censé être renforcé après leur passage dans les intestins d’un animal (ex. Fedriani & Delibes 2009).

Dans les forêts tropicales d’Afrique

R. D. CONGO

Après septembre 2016, les activités piscicoles seront maintenues car elles sont rentables. Les groupes de pisci-culteurs se sont réunis, et ont fixé le prix d’un alevin à 100 Francs congolais (équivalent de 0,1 dollars US), le pois-son moyen à 500 Francs congolais et un poisson de 1000 g à 1000 Francs congolais.

Claude Sikubwabo Kiyengo

Des crottes de gorilles pour restaurer les habitats forestiers dégradés et fragmentés autour de Kahuzi-BiegaBien que la restauration des forêts ne doit pas se substituer à la préservation des forêts intactes, les sites dont de grandes parcelles de forêt ont été rasées, restaurer ces aires dégradées peut aider à rétablir à la fois la biodiversité, mais aussi les services rendus par les écosystèmes (Holl 2013). L’intérêt pour la restauration des forêts tropicales a grandi de manière significative ces dernières années, à cause des efforts consentis pour réduire les émissions de carbone liées aux activités humaines causées par la déforestation et la dégradation des forêts, mais aussi par ceux visant

Etangs piscicolesPhoto: André Katembo

Espèce Origine des semences

Nombre de grains intactes placés en germoires

Taux de germination (%)*

Allophyllus kivuensis selles de grand singe

157 (134) 85,35

Myrianthus holstii selles de grand singe

105 (9) 8,57

Syzygium parvifolium selles de grand singe

83 (36) 43,37

Syzygium parvifolium boulettes mâchées

112 (101) 90,18

* Résultats préliminaires ne tenant pas compte de la différence entre les espèces de grands singes, ni l’âge des graines testées. Entre parenthèses, le nombre de graines ayant germé avec succès.

Espèces d’arbres

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où ils vivent, les chimpanzés et les go-rilles consomment beaucoup de fruits charnus, qu’ils mâchent sans écraser leurs graines, et qu’ils disséminent en-suite au travers de leur domaine vi-tal; ce qui fait de ces grands singes des grands contributeurs au maintien de la diversité végétale. Nous menons des recherches sur les grands singes au Parc National de Kahuzi-Biega de-puis plus de 20 ans. Nous collectons quotidiennement les déjections de ces grands singes pour décrire leur régime alimentaire frugivore et une grande quantité de graines encore intactes, provenant de fruits charnus, y est re-trouvée.

Très peu de forêts naturelles existent encore autour du Parc National de Ka-huzi-Biega et c’est donc très difficile de trouver des graines de plantes apparte-nant aux espèces autochtones de cette région en dehors du parc. Autour de Kahuzi, toutes les forêts naturelles ont été totalement rasées, et les habitants, qui ont besoin de bois de chauffe, de bois d’œuvre et de médicaments, se rendent dans le parc pour ramasser et collecter ces ressources, effrayant au passage la faune protégée, y com-pris les grands singes. Pénétrer dans

le parc pour y ramasser des graines is-sues des arbres fruitiers n’est pas per-mis sans l’avis préalable des gestion-naires afin d’éviter toute perturbation de la biodiversité du parc.

La stratégie la plus répandue pour restaurer les forêts tropicales consiste à implanter des germoires et pépi-nières à base des espèces d’arbres autochtones dont les plantules seront repiquées dans les espaces déboisés. Plusieurs autres approches ont été testées scientifiquement, mais ces ap-proches ont été rarement appliquées à grande échelle et n’ont donné que des résultats mitigés (Holl 2013). Utili-ser des graines intactes trouvées dans des crottes de gorilles et de chimpan-zés pourrait être une technique à faible coût et s’avèrerait être une stratégie non-invasive pour restaurer les habi-tats forestiers naturels en dehors du domaine vital des grands singes.

Nous avons calculé le taux de ger-mination de graines de trois espèces d’arbres (Allophyllus kivuensis, Myrian-thus holstii et Syzygium parvifolium) trouvées dans les selles et les bou-lettes mâchées provenant de grands singes (les chimpanzés mâchent cer-tains végétaux spécifiques pour en extraire les nutriments et finissent par recracher des boulettes de fibres qui peuvent contenir des graines). Des graines intactes de chaque espèce trouvées dans les déjections de grands singes ont été utilisées dans cet essai afin d’estimer le taux de germination de chaque espèce testée.

Ces résultats préliminaires seront combinés aux résultats attendus d’une autre étude, plus systématique celle-là, ayant utilisé des graines provenant de plusieurs espèces d’arbres, mais avec un grand nombre de réplication afin d’obtenir une bonne estimation du taux moyen de germination des diffé-rentes semences testées. Le but ultime de cette étude est d’évaluer l’effica-cité d’une méthode non-invasive per-mettant de restaurer des habitats fo-

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restiers naturels dégradés et fragmen-tés en utilisant des graines matures intactes retrouvées dans les déjections de grands singes.

Nous attendons les résultats de cette étude pour déterminer l’efficacité de la dissémination, et ainsi, d’évaluer la contribution des grands singes de Kahuzi au processus de régénération de la forêt. Plus tard, nous souhaitons utiliser les essences fruitières autoch-tones ayant les meilleurs taux de ger-mination et qui grandissent vite, afin de déployer un programme de reforesta-tion à grande échelle autour du Parc National de Kahuzi-Biega.

Augustin K. Basabose

RéférencesElias, P. & Lininger, K. (2010): The Plus Side: Promoting Sustainable Carbon Sequestration in Tropical Forests. Washington, DC: Union of Concerned ScientistsFedriani, J. M. & Delibes, M. (2009): Func-tional diversity in fruit-frugivore interactions: A field experiment with Mediterranean mam-mals. Ecography 32 (6), 983Hickey, J. R. et al. (1999): An evaluation of a mammalian predator, Martes americana, as a disperser of seeds. Oikos 87, 499–508Holl, K. D. (2013): Restoring Tropical Forest. Nature Education Knowledge 4 (4), 4Wilson, M. F. (1993): Mammals as seed-dis-persal mutualists in North America. Oikos 67, 159–176

Graines contenues dans des excréments

Photo: Augustin K. Basabose

Graines dans des excréments de gorilles

Photo: Augustin K. Basabose

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Partenariat pour l’éducation à la conservation des grands singes de Bwindi

Le Partenariat pour l’éducation à la conservation des grands singes de Bwindi (BACEP) est un projet mené en commun par L’Institut Max Planck d’An-thropologie Evolutive (MPI-EVAN), le Zoo Metroparks de Cleveland (CMZ), le Zoo de Caroline du Nord (NCZ) et l’association UNITE pour l’Environne-ment. Le projet a pour objectif une meil-leure prise de conscience des gorilles de montagne et des chimpanzés dans quatre écoles primaires de la région du Parc National Impénétrable de Bwin-di, où vivent près de la moitié des 880 gorilles de montagne subsistant dans le monde. Le projet a été inspiré par les précédentes collaborations entre les organisations participantes qui ont comme objectif commun d’assurer la conservation des grands singes.

Les habitants des communautés li-mitrophes du Parc National Impéné-trable de Bwindi ont une connaissance limitée des préoccupations liées à l’en-vironnement et à la conservation, ain-

si que des gorilles de montagne, es-pèce en danger critique d’extinction, qui vivent non loin de chez d’eux. De plus, il existe un grand besoin d’amé-liorer les standards éducatifs et l’infras-tructure dans les écoles, où il y a sou-vent une pénurie d’électricité et d’eau courante, ainsi que des fournitures de base comme le papier, les crayons, la craie ou les tableaux noirs. Les organi-sations du BACEP ont identifié une op-portunité de collaborer avec les com-munautés locales pour résoudre ces problèmes, en donnant plus de res-ponsabilité aux enseignants et en four-nissant le matériel manquant. Elles soutiennent également d’autres activi-tés destinées à enseigner la conserva-tion par un meilleur engagement des élèves des écoles primaires et de leurs familles.

Fondé fin 2014, le BACEP com-bine différentes stratégies d’éducation à la conservation déjà mises en place par MPI-EVAN à Ruhija, un village li-mitrophe de Bwindi, et par UNITE à Bigodi, un petit village situé près du Parc National de Kibale, qui abrite l’une des plus grandes populations de chim-panzés de l’Ouganda. Ces stratégies ont pour but de créer une nouvelle

approche de contact et d’évaluation adaptées aux besoins des communau-tés locales. Pour ce faire, le BACEP propose une gamme d’activités com-prenant des sorties sur le terrain, des débats, des concours de musique, des formations pour les enseignants et des leçons destinées aux écoles du village de Ruhija et des environs. Les activi-tés d’évaluation comprennent le sui-vi des enseignants, des enquêtes des élèves, ainsi que des visites à domicile destinées à promouvoir des méthodes de sensibilisation à la conservation ba-sées sur des faits réels afin de maximi-ser leur efficacité et leur impact.

En ce moment ce sont deux membres ougandais qui coordonnent les activités du programme du BACEP à Ruhija, sous la supervision des asso-ciations partenaires. En 2015, le BA-CEP a assuré deux sessions de for-mation à la biodiversité ayant regroupé 57 enseignants, et également organisé plusieurs sorties dans le Parc Natio-nal Impénétrable de Bwindi regroupant 480 élèves, tout en menant diverses activités de conservation ayant pour but d’approfondir leur perception de leur environnement. Les élèves ont mis en place 3 pépinières dans des écoles primaires, ce qui a permis de distribuer près de 6000 plants aux familles des élèves. Le BACEP a également organi-sé une session d’information destinée aux communautés pour une meilleure utilisation des poêles à mazout.

Kristen Lukas, Corinne Kendall et Martha Robbins

Nos activités n’auraient pu être menées sans le soutien et l’engagement de la Ugan-da Wildlife Authority, des écoles et commu-nautés de la régions, des organisations MPI-EVAN, NCZ, UNITE, CMZ, et de généreux donateurs. Merci de contribuer vous aussi aux efforts du BACEP pour assurer la conserva-tion des grands singes dans le Parc National Impénétrable de Bwindi en acquérant des in-formations complémentaires et en faisant des dons destinés à http://www.clevelandzoosociety.org/bacep ou en nous écrivant par email à l’adresse [email protected]

OUGANDA

Emily Turinawe du personnel du BACEP en train d’évaluer en langue locale des élèves de Rukiga afin de vérifier les résultats et l’efficacité de nos programmes Photo: Kristen Lukas

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Amélioration du suivi de l’application de la loi dans le Sanctuaire pour Faune Sauvage des Montagnes d’AfiLe Sanctuaire pour Faune Sauvage des Montagnes d’Afi au Nigéria consti-tue le site d’implantation des gorilles de Cross River le plus occidental de leur aire de répartition et abrite environ 10 % de leur population totale (Dunn et al. 2014). La protection du site étant aupa-ravant relativement faible, la chasse et les activités humaines au sein du sanc-tuaire sont importantes. Cependant, un appui de base à des patrouilles de ran-gers, de nouveaux partenariats et une technologie de surveillance améliorée ont largement contribué à réduire la chasse dans le sanctuaire : on est en effet passé de 2,07 collets par km en 2012 à 0,53 par km en 2015.

En 2011, avec le soutien de l’US Fish and Wildlife Service, WCS en col-laboration avec le North Carolina Zoo a contribué à la réorganisation et la redy-namisation du programme des gardes à Afi en introduisant un système amé-lioré de suivi de la faune et de l’applica-tion de la loi basé sur CyberTracker (un logiciel qui peut être utilisé sur un ordi-nateur portable ou un smartphone pour

enregistrer automatiquement les don-nées d’observation géoréférencées). Ce nouveau système a permis d’orga-niser plus efficacement les patrouilles anti-braconnage et a également consi-dérablement amélioré l’efficacité de l’application de la loi. Fort de ce suc-cès, WCS, toujours en collaboration avec le North Carolina Zoo, a introduit SMART (Spatial Monitoring and Repor-ting Tool) à Afi fin 2015. SMART est un nouvel outil destiné à mesurer, évaluer et améliorer l’efficacité des patrouilles chargées de l’application de la loi sur la faune sauvage et des activités de conservation sur site. SMART dispose d’une meilleure analyse des données et de fonctions de reporting et de pla-nification automatisée améliorées par rapport à CyberTracker.

Au cours de l’année 2015, avec le soutien de WCS, les guides de la Com-

mission d’Etat des Forêts de Cross Ri-ver ont effectué 47 patrouilles longue distance au sein du sanctuaire. Les pa-trouilles, qui ont aussi couvert les forêts communautaires de Olum Hills et Ka-kwagom-Bitiah, ont parcouru une dis-tance totale de 1830 km.

Les niveaux de chasse étaient im-portants à la fois dans le sanctuaire et les zones voisines. 6 chasseurs ont été arrêtés, 6 fusils et 1009 collets ont été confisqués et 45 camps de chasse ont été détruits. Avec un meilleur sys-tème de suivi de l’application de la loi, la chasse dans le sanctuaire (mesurée par le taux de rencontre de collets et de camps de chasse) a continué de di-minuer. Cependant, la chasse utilisant des collets et des fusils est encore lar-gement répandue dans le sanctuaire et elle reste l’une des principales me-naces à l’encontre de la faune sauvage

CROSS RIVER

9 Gorilla Journal 52, juin 2016

Localisation de l’AMWS, des collines d’Olum, des forêts d’Olum Hills et de Kakwagom-Bitiah et répartition approximative des gorilles de Cross River

Carte: WCS

Les gardes d’Afi enregistrent des données avec le système SMART

Photo: WCS

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et des gorilles. Bien que protégés par la loi, les gorilles de Cross River sont toujours chassés de façon ponctuelle, notamment sur les sites où la protec-tion est faible.

Outre la chasse, la survie des go-rilles d’Afi est menacée par la perte de l’habitat au profit de l’agriculture et de l’exploitation forestière. Beaucoup de nouvelles fermes et de preuves d’ex-ploitation forestière illégale ont été dé-couvertes au sein du sanctuaire et des forêts d’Olum Hills et de Kakwagom-Bitiah par les gardes au cours de leurs patrouilles en 2015.

Bien que la plupart des fermes soient localisées en bordure du sanctuaire, beaucoup s’étendent profondément à l’intérieur même de celui-ci, menaçant de détruire rapidement une grande partie du site si rien n’est contrôlé. Une action urgente est nécessaire afin de se saisir de la question de l’agriculture et de l’exploitation forestière illégale au sein du sanctuaire et dans la Réserve Forestière de la Rivière Afi voisine afin de protéger le corridor reliant le sanc-tuaire aux montagne Mbe et à la divi-

sion Okwangwo du Parc National de Cross River. En plus de l’application de la loi, un soutien et une participation accrus des communautés sont essen-tiels pour assurer la protection à long-terme d’Afi.

Réorganiser le programme des guides à Afi grâce au système Cyber-Tracker (et maintenant grâce à SMART) s’est avéré être un effort utile avec des résultats encourageants d’ores et déjà enregistrés. La possibilité de rassem-bler rapidement des données de ter-rain géoréférencées, d’analyser et de partager l’information simplement et dans un temps retreint est un atout clé du système. Celui-ci a renforcé la per-formance du suivi de la faune sauvage, des menaces et de l’application de la loi. En facilitant l’accès des patrouilles aux endroits où se concentre l’activité humaine enregistrée par les patrouilles précédentes et en responsabilisant les gardes, le système a amélioré l’organi-sation et l’efficacité des patrouilles, ce qui était indispensable pour réduire si-gnificativement la menace que consti-tuait la chasse à Afi et préserver les

gorilles. En collaboration avec le North Carolina Zoo, WCS a également in-troduit CyberTracker et SMART sur d’autres sites de gorilles de Cross Ri-ver au Nigéria et au Cameroun.

Au cours de ces patrouilles, les go-rilles ont été observés directement à deux reprises et un total de 21 sites de nids de gorilles, 2 de chimpanzés et 3 sites de nids non identifiés ont été enregistrés. La présence des go-rilles a aussi été enregistrée à Olum Hills, mais pas dans la forêt de Ka-kwagom-Bitiah où les niveaux d’acti-vité humaine (chasse, agriculture et exploitation forestière) sont particuliè-rement élevés. La présence des go-rilles avait pourtant été enregistrée précédemment sur ce site. Bien que connues pour être fréquentées par les gorilles, les forêts d’Olum Hills et de Kakwagom-Bitiah ont reçu peu d’atten-tion au cours des années. En 1997, le site d’Olum Hills a souffert de feux im-portants qui ont contraint les gorilles à abandonner la zone pendant environ 10 ans. La preuve de leur retour a seu-lement été enregistrée en 2005 quand la végétation a commencé à repous-ser. En 2006, suite à des rapports de destruction de cultures par des gorilles dans des fermes voisines de la forêt de Kakwagom-Bitiah, WCS a mené une étude qui a confirmé l’utilisation de la zone par l’espèce, et noté la perte ra-pide d’habitat dans la région.

Avec un gouvernement qui retarde souvent le paiement des salaires des guides d’Afi pendant plusieurs mois, le soutien de WCS et de nos donateurs et partenaires dont le North Carolina Zoo, Berggorilla & Regenwald Direkthilfe, le US Wildlife Fish and Service, le US Fo-rest Service, le Zoo de Taronga, le Zoo de Kolmården et Puma a été crucial afin de maintenir ces patrouilles pour protéger les gorilles et les autres pri-mates en danger d’Afi.

Inaoyom Imong, Emmanuel Bassey, Andrew Dunn et Richard Bergl

CROSS RIVER

10 Gorilla Journal 52, juin 2016

Statistique des interventions et découvertes de marques de chasse dans l’AMWS, des collines d’Olum et la forêt communautaire de Kakwagom-Ir-ruan/Bitiah

Illustration: WCS

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Purification d’eau douce pour assurer la conservation à Cross River : Les gardes du parc en première ligneDans un précédent article, nous avions évoqué le trafic de viande de brousse entre l’Afrique Occidentale & Cen-trale et l’Europe & l’Amérique du Nord (voir le numéro 48 du Gorilla Journal). Nous effectuons en ce moment des re-cherches pour déterminer le trajet de ces viandes entre l’Afrique et les pays développés. Malheureusement, ces re-cherches n’ont lieu que lorsque les ani-maux ont déjà été tués, ce qui est trop tard pour les protéger des trafiquants. Dans le cas d’espèces menacées dont il ne subsiste plus que quelques indivi-dus comme les gorilles de Cross River, la disparition d’un nombre même ré-duit d’animaux peut avoir des consé-quences fatales pour la survie de l’es-pèce. Pour cette raison, il est primordial de disposer de stratégies permettant de protéger les animaux dans leur ha-bitat naturel avant qu’ils ne soient tués.

On trouve actuellement dans de nombreuses zones protégées des pro-grammes de formation des gardes qui exercent une protection efficace sur place des espèces en danger. Les gardes se battent en première ligne pour la conservation et ils jouent un rôle direct dans la conservation des es-pèces en danger. En Afrique, la chasse est l’une des menaces les plus immé-diates pour la survie des espèces. Les gardes contribuent à poursuivre et capturer les chasseurs et autres per-sonnes exploitant les ressources natu-relles à l’intérieur des parcs. Ils aident donc à stopper le commerce avant que les animaux ne soient tués et emporté hors des parcs. Les gardes protègent les espèces de par leur présence dans les zones sensibles, ainsi que par leurs patrouilles qui dissuadent les chas-seurs de pénétrer dans ces zones.

Le travail des gardes n’est pas fa-cile. Il demande une bonne condition physique, en particulier pendant les randonnées de plusieurs jours en ter-rain difficile. De ce fait, une bonne san-té et de l’eau potable sont des condi-tions primordiales pour que les gardes puissent effectuer leurs patrouilles de manière efficace. L’organisation Teng-wood (www.tengwood.org) mène dans la région de Cross River un projet des-tiné à fournir de l’eau potable pour une conservation plus efficace (Clean Wa-ter for Conservation) grâce à du maté-riel procuré par une autre association non-gouvernementale suisse nommée Aqua-pura (www.aqua-pura.org).

Ce projet a deux objectifs prin-cipaux: le premier est de fournir aux gardes de l’eau potable de qualité pour préserver leur santé et leur capacité à effectuer leurs patrouilles. Le second est d’associer à la fourniture d’eau po-table des activités de formation à la conservation. Nous testons en ce mo-

ment l’utilisation de systèmes de puri-fication d’eau dans deux zones pro-tégées de l’Etat de Cross River, au Nigéria : le Sanctuaire pour la Faune Sauvage du Montagne d’Afi (Afi Moun-tain Wildlife Sanctuary, AMWS) et la Division d’Okwangwo du Parc Natio-nal de Cross River (Cross River Natio-nal Park, CRNP). Ces deux zones sont situées dans une vaste région mon-tagneuse et forestière avec un bassin versant qui fournit de l’eau aux plantes, aux animaux sauvages et aux êtres humains. De nombreuses communau-tés se sont établies dans les parties basses de la zone autour des sources et influencent par leur présence les mécanismes de distribution de l’eau. Les perturbations causées par les acti-vités agricoles, la chasse et l’urbanisa-tion ont un impact croissant sur la four-niture d’eau dans la région. Ces activi-tés humaines modifient et dégradent les structures naturelles à l’intérieur et à la périphérie des parcs et ont un im-

CROSS RIVER

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Evaluation par l’organisation Tengwood du poste de garde d’Okwangwo, l’un des sites proposés pour la mise en œuvre du système « waterflow »

Photo: Tengwood Organization

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CROSS RIVER

12 Gorilla Journal 52, juin 2016

pact croissant sur un environnement dont les communautés dépendent pour leur subsistance.

Du matériel éducatif conçu pour une prise de conscience de l’impor-tance des sources par les communau-tés établies dans les zones exposées devrait aider à atteindre notre objectif de sensibilisation à l’environnement en mettant l’accent sur l’interdépendance des structures naturelles d’un bassin versant (cours d’eau, arbres, plantes et animaux). En expliquant les interac-tions entre ces structures naturelles et les activités humaines, nous voulons assurer une prise de conscience de l’importance des bassins versants pour l’ensemble de l’écosystème et démon-trer aux communautés comment elles peuvent agir directement pour leur pré-servation. Nous prévoyons également de présenter des actions alternatives pour pérenniser les sources.

La patrouille des gardes de mon-tagne du Sanctuaire d’Afi couvre une région montagneuse d’environ 100 km2 qui constitue une partie de l’habi-tat des gorilles de Cross River (Go-rilla gorilla diehli) et abrite aussi des groupes de chimpanzés du Nigéria/Ca-meroun (Pan troglodytes ellioti) ainsi

que d’autres espèces de primates me-nacées comme le drill (Mandrillus leu-cophaeus). Le programme destiné aux gardes d’Afi est géré par la « Cross River State Forestry Commission », avec le soutien du WCS du Nigéria. Avec l’assistance du Zoo de Caroline du Nord, le WCS a mis en place à Afi un système de surveillance élec-tronique destiné à mieux faire respec-ter la législation. En juillet 2012, plu-sieurs glissements de terrains succes-sifs ont touché la montagne d’Afi (voir le numéro 47 de Gorilla Journal). On pense qu’une succession de pluies ex-ceptionnelles associée à une augmen-tation des cultures illégales a érodé le sol et causé ces glissements. Ceux-ci ont endommagé les sources et ont ren-du certaines d’entre elles, qui utilisées auparavant par les communautés, non potables pour cause de pollution par la boue.

Les gardes occupent et entre-tiennent un camp de base situé près du sommet de la montagne d’Afi, d’où ils se mettent en route pour leurs pa-trouilles. La rivière alimentant ce camp en eau a été touchée par une cou-lée de boue. Pour démarrer notre pro-jet, nous avons analysé l’eau de cette

rivière avant et après un processus de purification en utilisant le système « waterdrop », qui détecte d’éventuels germes pathogènes dans l’eau. Esche-richia coli est une bactérie fécale coli-forme que l’on trouve principalement dans les intestins des mammifères à sang chaud, y compris les humains, et qui est souvent l’objet de recherches lors de tests de qualité d’eau car elle est l’un des meilleurs indicateurs de la présence d’agents pathogènes (Ed-berg et al. 2000). Les quantités d’E. coli relevées dans le camp de base d’Afi ont été considérées comme non-acceptables pour qualifier l’eau de po-table, et le Programme pour les Gardes d’Afi (Afi Ranger Program) a de ce fait été choisi pour tester le système « wa-terdrop ». En mars 2016, des sessions de formation à l’utilisation de ce sys-tème ont été organisées à destination des gardes d’Afi. Le matériel et les for-mateurs ont été fournis par le WCS et acheminés au camp de base. Les gardes peuvent maintenant utiliser le système pour purifier leur eau au dé-part de leurs patrouilles. Le suivi du système « waterdrop » durera 3 mois, pendant lesquels des tests périodiques de la qualité de l’eau et une évalua-tion de l’utilisation pratique du système pendant les patrouilles seront effec-tués.

La seconde partie de notre projet est prévue dans la Division Okwangwo du Parc National de Cross River, où se trouvent des populations de gorilles de Cross River et d’autres primates et où le bassin versant subit des pertur-bations liées aux activités humaines. La Division Okwangwo du parc s’étend sur environ 100 km2 et est contigüe au Parc National de Takamanda au Ca-meroun. Les divisions d’Okwangwo et d’Oban sont gérées conjointement par le gouvernement fédéral et celui de l’Etat de Cross River. L’un des postes de gardes situé à la limite nord-ouest de la Division d’Okwangwo est arrosé par une rivière permanente. Dans le

Résultats de la recherche d’E. coli avant et après la purification de l’eauPhoto: Tengwood Organization

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Le système manuel « waterdrop », qui permet aisément de purifier l’eau dans une bouteille en plastique d’1,5 litre

Photo: Tengwood Organization

CROSS RIVER

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passé, cette rivière avait assez d’eau pour couvrir aussi bien les besoins du poste de garde que ceux de la commu-nauté villageoise de Butatong située dans le voisinage, qui comptait environ 1800 habitants. Mais maintenant les fo-rêts voisines du parc ont été cultivées de plus en plus intensément à mesure de la croissance de la population des communautés.

La mise en place de nouvelles cultures dans la région commence sou-vent par la coupe rase d’une surface de forêt. Quand il y a de grands arbres, on les brûle à la base pour les faire tom-ber, puis les branchages sont empor-tés avant de commencer les planta-tions. L’élimination de la végétation na-turelle dans les fermes situées au-delà de la rivière a causé une diminution du débit de cette dernière. Un petit bas-sin dans la rivière alimente en eau les gardes et la communauté voisine, mais il a vu son niveau décroître régulière-ment année après année. Lors d’un

projet mené par le WWF à la fin des années 90, une paroi de béton a été construite dans la rivière pour tenter de créer un réservoir, mais la tentative a échoué. Suite aux nuisances cau-sées par les activités humaines, il ne reste plus qu’un bassin minuscule qui doit subvenir aux besoins des gardes, du personnel du parc et de la commu-nauté voisine. Les gardes nous ont dit qu’ils sont obligés de se rendre au bas-sin tôt le matin, car les communautés ont le droit de pénétrer dans la sta-tion pendant la journée pour y prendre de l’eau. Au cours d’une journée, l’eau du bassin est exploitée jusqu’à épuise-ment. La communauté de Butatong ne dispose en tout pour son eau potable que de 2 sources. L’une est ce bassin, la seconde un puits situé dans le vil-lage et muni d’une pompe manuelle, près duquel se forment de longues files d’attente pour chercher les rations quo-tidiennes d’eau potable. Nous finissons en ce moment les préparatifs de mise en place d’un système de distribution d’eau destiné aux gardes, combiné avec un programme éducatif destiné aux communautés, aux écoles et aux visiteurs de la station.

Ces systèmes de distribution d’eau devraient aider à améliorer les condi-tions de travail des gardes dans les parcs de Cross River en leur fournis-sant de l’eau potable pour leurs pa-trouilles. Ils permettront également de prendre conscience de l’impact direct que les communautés peuvent avoir sur leur environnement immédiat, et plus spécifiquement sur leurs réseaux de cours d’eau, et donc finalement sur leur bien-être. La pénurie d’eau permet de créer une prise de conscience favo-rable à des actions éducatives consa-crées à l’environnement. Les résultats à venir montreront si notre approche peut être appliquée à d’autres pro-grammes de formation des gardes ou des communautés locales et favoriser directement la préservation de l’habitat des animaux sauvages tout en assu-rant pérennité des réserves d’eau po-table.

Kathy L. Wood et Bruno Tenger

Références:Edberg, S. C. et al. (2000): Escherichia coli: the best biological drinking water indicator for public health protection. Journal of Applied Mi-crobiology 88, 106S–116S

Le seul puit de la communauté qui est actionné à la main, ce qui provoque de longues files d’attente au long de la journée et est la cause de conflits.

Photo: Tengwood Organization

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GORILLES

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L’histoire de deux pionniers de l’habituation des gorilles de l’est

Les scientifiques admettent à ce jour 4 sous-espèces de gorilles: Gorilla beringei beringei, Gorilla beringei graueri, Gorilla gorilla gorilla et Gorilla gorilla diehli. Ces quatre sous-espèces ont ensuite été séparées entre 2 zones géographiques: les gorilles de l’ouest et les gorilles de l’est. Les gorilles de l’est comprennent deux sous-espèces: (1) les gorilles des plaines de l’est ou Gorilla beringei graueri, aussi connus sous le nom de gorilles de Grauer et (2) Gorilla beringei beringei ou gorilles des montagnes.

J’ai plus de 33 ans d’expérience avec les gorilles grâce à mon implica-tion dans le tourisme et l’habituation des gorilles de Grauer dans le Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB) en République Démocratique du Congo (RDC). J’ai aussi de l’expérience avec les gorilles de montagne du Parc Na-tional de Virunga en RDC. D’autre part,

j’ai rencontré les gorilles des plaines de l’ouest du Parc National de Mouka-laba-Doudou en République Gabo-naise.

J’ai énormément appris sur le sujet et ce, dès mon plus jeune âge, ayant la chance d’être le neveu d’Agnès Bujiriri M’Rwankuba, la femme du co-fonda-teur du Parc National de Kahuzi-Biega, Adrien Deschryver.

Depuis les années 60, deux per-sonnes se sont illustrées dans leur approche de ces deux sous-espèces de gorilles. Ces deux personnalités, aux caractères très différents et origi-naires de 2 pays et continents distincts, ont étudié les deux sous-espèces de gorilles dans les 2 pays voisins que sont le Rwanda et la RDC, au cœur de l’Afrique. Ces deux personnes sont le Belge Adrien Deschryver et l’Améri-caine Dian Fossey. Tout au long de ma vie, je les ai tous les deux respectés et admirés pour leur détermination et leur impressionant sens de l’initiative dans l’approche des gorilles sauvages, même lorsqu’ils étaient accompagnés par des dresseurs.

Deschryver a approché les go-rilles du PNKB au milieu des années 60 pour le tourisme, accompagné de

Adrien Deschryver au Parc National de Kahuzi-Biega, République Démocratique du Congo

Dian Fossey au Parc National des Volcans, République du Rwanda

1. Il s’est toujours tenu debout devant le dos-argenté Casimir.

1. Elle s’est toujours accroupie devant Digit.

2. Il a toujours regardé Casimir dans les yeux.

2. Elle a toujours regardé de côté pour éviter le face-à-face avec Digit.

3. Il disait quelques mots à Casimir, « Viens, viens Casimir ».

3. Elle ne parlait pas à Digit.

Similitudes4. Il frappait toujours sa poitrine

comme un gorille face à Casimir.4. Elle frappait toujours sa poitrine

comme un gorille face à Digit.5. Il mangeait quelques feuilles

comme un gorille face à Casimir.5. Elle mangeait quelques feuilles

comme un gorille face à Digit.Résultats

6. Casimir était habitué aux gestes de Deschryver.

6. Digit était habitué aux gestes de Fossey.

Les méthodes d’approche des gorilles avec leurs différences et leurs similitudes, ainsi que les résultats obtenus

John Kahekwa au bureau de Pole Pole FoundationPhoto: Christian Kaiser

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deux pisteurs Pygmées, Pili Pili Puru-si et Mishebere Patrice. Les Pygmées sont natifs de la forêt et vivaient déjà là avant que le gouvernement zaïrois ne transforme la région de Kahuzi-Biega en parc national. Les Pygmées n’ont aucun besoin de boussole ou de GPS pour s’orienter dans la forêt. Les gardes forestiers les appellent les « boussoles naturelles ». Ils pistèrent leur premier groupe de gorilles que Deschryver nomma Casimir.

Dian Fossey visita le Parc National des Volcans du Rwanda et approcha un groupe de gorilles qu’elle nomma « Groupe 4 » avec un mâle qu’elle appela plus tard Digit. Elle aussi était accompagnée de pisteurs qui connais-saient très bien le parc. L’un de ces pis-teurs se nommait Sembagare. Fossey approcha les gorilles des montagnes avec un objectif de recherche sur le long-terme.

Ces deux pionniers ont spontané-ment rendu des travaux de qualité équivalente sans se connaître et sans s’être consultés au préalable.

Les gorilles sauvages sont agités pendant les premiers contacts avec les humains. Ces deux personnes ont montré leur force et leur courage en uti-

GORILLES

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Deschryver pendant une habituation (gorille de Grauer) au Parc National de Kahuzi-Biega (années 60)

Dian Fossey pendant une habituation (gorille de montagne) au Parc National des Volcans (années 60)

Illustrations: John Kahekwa Munihuzi

Deux pionniers mondiaux des gorilles dans deux positions distinctes face aux gorilles

lisant des signes qui ont rendu possible l’acceptation par les gorilles d’humains dans leur habitat naturel.

J’ai décidé d’illustrer les méthodes d’habituation des deux sous-espèces de gorilles de l’est de Dian Fossey et d’Adrien Deschryver en mémoire des gens qui ont vécu leur expérience sur le terrain et pour les générations qui ne les ont pas connus. Leur immense tra-vail en République Démocratique du Congo et au Rwanda a été une source d’information importante pour les fi-nances et la recherche des gouverne-ments et dans l’avenir pour les commu-nautés associées aux gorilles.

Ces deux pionniers de l’habitua-tion des gorilles ont disparus dans les années 80. Dian Fossey a été assas-sinée en 1985 par des gens que l’on n’a pas identifiés, elle est enterrée au centre de recherche de Karisoke. Adrien De schryver est décédé d’une attaque cardiaque en 1989 et est enter-ré au siège administratif de Tshivanga. Que leurs âmes reposent en paix pour l’éternité.

Le dos-argenté Digit a été tué par des braconniers en 1977 et a été lui aussi enterré au centre de recherche de Karisoke. Le dos-argenté Casimir

est mort de vieillesse a la suite d’un combat violent contre un jeune mâle de son groupe en 1975. Le corps de Casimir fut apporté au centre scienti-fique CRSN-Lwiro où son squelette est conservé.

John Kahekwa Munihuzi

Le dos-argenté Mishebere, Parc National de Kahuzi-Biega

Photo: Carlos Schuler

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FORET TROPICALE

Dissémination des graines par les gorilles des plaines de l’ouest

Les forêts tropicales africaines, qui constituent le deuxième réservoir de biodiversité après le bassin amazo-nien, abritent une multitude d’espèces végétales. La majorité d’entre elles (50 à 95 %) produit des fruits charnus adaptés à la consommation des verté-brés et par conséquent à la dissémina-tion via les animaux. En effet, les es-pèces sauvages forestières assurent d’importantes fonctions écologiques pour la dynamique des forêts du Bas-sin du Congo grâce à leur rôle de dis-séminateur, de prédateur de graines, de consommateur de végétaux etc. Cependant beaucoup d’animaux, et notamment les grands mammifères, sont confrontés à un déclin sévère et des extinctions locales causés par dif-férentes perturbations anthropogé-niques comme la chasse commerciale et la dégradation de l’habitat.

Le gorille des plaines de l’ouest compte parmi les plus gros mammi-fères forestiers africains et il est sup-posé jouer un rôle important dans la dissémination des graines. En fait, cette espèce en danger critique d’ex-tinction possède un régime alimentaire hautement frugivore et consomme une grande variété de fruits dont les graines sont avalées puis excrétées in-tactes et viables. Les gorilles déposent plus de la moitié de leur matière fécale et par conséquent la moitié des graines qu’ils dispersent, aux endroits où ils établissent leurs nids. Comme ces nids sont préférentiellement installés dans des habitats à canopée ouverte, les graines dispersées par les gorilles bé-néficient potentiellement d’une lumi-nosité élevée. Pour cette raison, on pense que les gorilles des plaines de l’ouest permettent la dispersion di-recte de nombreuses espèces végé-tales. Cependant, les différents compo-

sants de la dispersion des graines par les gorilles étaient encore peu connus jusqu’à récemment.

Au cours des 7 dernières années, deux études scientifiques ont été conduites dans les forêts tropicales du Cameroun et du Gabon. Au Cameroun, La Belgique est un site de recherche de 40 km2 situé en périphérie nord de la Réserve du Dja. Le site n’a jamais été exploité mais des traces de per-turbations humaines sont marquées à l’échelon local avec la présence de pal-miers à huile émergents (Elaeis gui-neensis) suggérant des sites de vil-lages abandonnés, et d’anciennes plantations de cacao. Au Gabon, le site d’étude est localisé au sein d’une concession forestière gérée de façon durable au sud-est du pays (de Pre-cious Wood Gabon). Un premier cycle de récolte de bois y a été réalisé entre 1987 et 2014, la seconde rotation était en cours au moment de notre étude.

Les deux sites sont principalement recouverts de forêts secondaires et dans une moindre mesure de zones inondées. Ils abritent des populations de gorilles des plaines de l’ouest qui ne sont pas habituées à la présence humaine. Le but de ces études était de (1) documenter la variété des espèces

disséminées sur chacun des sites et notamment d’identifier les relations étroites potentielles entre les végétaux et les gorilles, (2) évaluer la viabilité des graines dispersées et de détermi-ner l’impact du passage dans le tube digestif sur la germination des graines, (3) évaluer la contribution des gorilles des plaines de l’ouest dans la disper-sion du Dacryodes normandii (Burse-raceae), espèce produisant des pro-duits forestiers ligneux et non ligneux, et (4) tester l’effet des conditions de dépôt des graines (présence de ma-trice fécale et dépôt sur des sites de nidification à canopée ouverte) sur le développement des plantules. Beau-coup de graines étant déposées près des nids, ces sites ont été caractéri-sés (en matière de type de végéta-tion, d’ouverture de la canopée et de la communauté de bousiers qui y vit) sur les deux sites étudiés. Les activités de recherche concentrées sur la disper-sion des graines par les gorilles ont été menées de 2009 à 2014 au Cameroun et de 2011 à 2014 au Gabon.

Dispersion de graines par les go-rilles au CamerounSur le site de La Belgique, la collecte de fèces et les analyses ont été réali-

Barbara Haurez marque un nid de gorille dans le cadre de son étudePhoto: Jean-Louis Doucet

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sées afin d’identifier les espèces dis-persées par les gorilles et de quantifier le nombre de graines par unité fécale. Lorsque c’était possible, des essais pour comparer la germination ont été entrepris afin d’évaluer l’impact du pas-sage à travers l’intestin sur le succès de la germination des graines et la la-tence de germination (nombre de jours entre le semis et l’émergence de la plantule). Afin de fournir des semences passées par l’intestin pour ces essais, des sessions d’alimentation avec des gorilles des plaines de l’ouest cap-tifs ont été réalisées au Limbe Wildlife Centre. Ils ont également permis d’esti-mer le temps de rétention des graines ingérées et de tester ses effets sur le succès de la germination.

Nos résultats ont montré que les go-rilles dispersent une large variété d’es-pèces qui sont hautement diverses en terme de taille, de forme, de type de fruits, de forme de vie (grands, moyens et petits arbres, lianes et herbes) et la guilde de régénération (besoins en lu-mière). Sur ce site d’étude, les graines d’au moins 58 espèces ont été trou-vées dans les fèces des gorilles. La plupart appartiennent à des arbres (44 espèces, 75,9 %). Les graines disper-sées proviennent essentiellement de fruits charnus mais certaines espèces avec des fruits et des gousses fibreux, comme Tetrapleura tetraptera, ont éga-lement été trouvées dans les fèces de gorilles. Les graines étaient dominées par quelques taxons (par exemple Ua-paca spp., Landolphia spp., Cissus dincklagei, Marantochloa filipes), re-flétant probablement les modèles de disponibilité saisonnière des fruits et les préférences alimentaires des go-rilles. 1/3 des graines appartiennent au genre Uapaca.

Le temps de rétention de la graine dans l’intestin a été évalué pour 5 es-pèces : Antrocaryon klaineanum, Pseu-dospondias longifolia, P. microcarpa et Trichoscypha acuminata et Myrianthus arboreus. Il varie de moins de 8 à 188

h et il est en moyenne de 50,6 ± 28,2 h. La plupart des graines sont excrétées après une période qui varie de 32 à 48 h. La durée de la rétention dans l’intes-tin des gorilles augmente le succès de germination pour seulement une des 5 espèces testées (M. arboreus) et n’a eu aucun effet pour les autres es-pèces. Considérant l’effet du passage dans l’intestin, il était positif pour 3 des 5 espèces testées, et négatif pour l’une d’entre elles. La latence de la germina-tion des graines n’a pas été influencée par le temps de rétention dans l’intes-tin. Cependant, le passage des graines dans le tube digestif a affecté la latence de la germination : les graines passées par l’intestin ont germé plus vite pour 2 espèces (M. arboreus et T. acuminata) et plus lentement pour une espèce (P. longifolia), uniquement à cause du re-trait de la pulpe.

Sur ce site d’étude, les lieux où les gorilles établissent leurs nids se ca-ractérisaient par une canopée plus ou-verte, moins dense et plus interrom-pue. Ils affichent des densités plus éle-vées d’espèces exigeantes en lumière, en particulier de « jeunes » arbres pionniers avec des diamètres entre 10 et 19,9 cm. Ils étaient surtout installés dans de jeunes forêts secondaires et des trouées de la canopée, bien que tous les types d’habitat soient utilisés pour implanter les nids. Les plantules qui se sont développées à partir des fèces déposées dans les nids avaient une plus grande probabilité d’implanta-tion et un taux de croissance plus élevé que celles d’autres sites.

Dispersion de graines par les go-rilles au GabonDes observations directes (à la jumelle) et indirectes (pièges-photos) ont été réalisées afin d’identifier les espèces animales impliquées dans la prédation et la dispersion des graines de l’es-sence forestière Dacryodes normandii et en particulier d’évaluer la contribu-tion des gorilles dans ce processus.

Les gorilles des plaines de l’ouest sont identifiés comme les principaux disséminateurs de cette espèce, dans la mesure où ils présentent la fré-quence de consommation la plus éle-vée (88 % des visites de gorilles im-pliquent la consommation des fruits et l’ingestion des graines) et la plus longue durée de visite (83 minutes en moyenne). Les graines passées par l’intestin des gorilles ont été ex-crétées intactes dans les fèces. Elles ont montré un succès de germination élevé (68 % en moyenne) qui n’était pas significativement différent de ce-lui des graines extraites des fruits frais (taux moyen de germination = 73 %). Le chimpanzé (Pan troglodytes troglo-dytes) est aussi un important dissé-minateur de graines de D. normandii, alors que l’éléphant de forêt africain (Loxodonta cyclotis), le hocheur (Cer-copithecus nictitans nictitans), le calao à huppe blanche (Tropicranus albocris-tatus) et le touraco géant (Corythaeola cristata) sont des disséminateurs de moindre importance.

Nous avons sélectionné 4 espèces d’arbres typiques de l’aire d’étude au Gabon pour évaluer l’impact de la ma-trice fécale et du site de dépôt sur le dé-veloppement des plantules D. norman-dii et Santiria trimera (Burseraceae), Plagiostyles africana (Euphorbiaceae) et Chrysophyllum lacourtianum (Sa-potaceae). Ces espèces persistantes sont soit peu demandeuses de lumière (S. trimera, D. normandii et C. lacour-tianum), soit non pionnières et exi-geantes en lumière (P. africana). Elles fournissent toutes de précieux produits forestiers non ligneux à des fins ali-mentaires, médicinales ou culturelles. C. lacourtianum et D. normandii sont aussi exploitées par des compagnies industrielles pour la production de bois. Pour évaluer les effets de la matrice fécale sur la croissance des plantules, des graines de S. trimera, C. lacourtia-num et P. africana collectées à partir des fèces de gorilles ont été mises en

FORET TROPICALE

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pépinière avec et sans matrice fécale. Les plantules de S. trimera and D. nor-mandii ont été mises en place aux en-droits où sont installés les nids et sur des sites forestiers à canopée fermée pour évaluer l’impact du site de dépôt des graines et notamment celui de la disponibilité en lumière sur le dévelop-pement des graines.

Les plantules de S. trimera et C. lacourtianum n’ont pas montré d’aug-mentation du taux de croissance mais une légère hausse du taux de feuillai-son en relation avec la présence de matrice fécale. Un effet positif de pré-sence de matrice fécale sur la crois-sance des plantules et le taux de feuil-laison a été observé pour P. africana. Le site de dépôt a influencé la crois-sance et les taux de feuillaison pour les deux espèces testées (S. trimera et D. normandii). En fait, le taux de crois-sance et de feuillaison des plantules de S. trimera était respectivement 10 et 2 fois plus élevés sur les sites où sont établis les nids que dans la canopée fermée. Pour D. normandii, les plan-tules déposées sur les sites où sont positionnés les nids ont présenté un taux de croissance 5 fois plus rapide que dans la canopée fermée alors que le taux de feuillaison était approximati-vement 10 fois plus élevé sur les sites avec les nids que ceux à canopée fer-mée. Cet effet positif de dépôt sur les sites où sont établis les nids sur la croissance des plantules était proba-blement lié à la disponibilité en lumière, étant donné que les taux de croissance et de feuillaison étaient corrélés posi-tivement à l’ouverture de la canopée pour les deux espèces testées.

Les nids des gorilles sur le site d’étude au Gabon étaient plutôt instal-lés dans des forêts à canopée ouverte, comme cela a été observé sur d’autres sites d’études dans tout le Bassin du Congo. Leur canopée était significati-vement plus ouverte que celle obser-vée en moyenne sur le site d’étude.

Conclusions et implications pour la dynamique des forêts tropicalesLes résultats combinés de ces re-cherches scientifiques révèlent l’impor-tance des gorilles des plaines de l’ouest dans la régénération et la dynamique des forêts du Bassin du Congo. En ef-fet il s’avère que les gorilles sont impli-qués dans la dispersion des graines d’un nombre élevé de plantes variées. Ces graines sont excrétées intactes et viables, et quelques-unes d’entre elles bénéficient du passage à travers le tube digestif des gorilles. En outre, le temps de rétention élevé dans l’intes-tin, les domaines vitaux étendus et les mouvements quotidiens des gorilles permettent potentiellement une disper-sion longue distance, un phénomène qui ajoute à l’efficacité potentielle des services de dispersion de graines.

Sur les deux sites, les nids étaient préférentiellement installés dans des habitats caractérisés par une cano-pée ouverte. Nos résultats ont confir-mé que les plantules des espèces vé-gétales dispersées par les gorilles ont vu leur développement amélioré sur les sites comportant des nids en raison de conditions de luminosité favorables. A cet égard, le gorille est un disperseur direct de graines, un processus impor-tant mais rare parmi les vertébrés dis-séminateurs. Au Gabon, nous avons mis en lumière l’impact du dépôt de graines par les gorilles (par exemple la présence de matière fécale et d’une canopée ouverte sur les sites où les nids sont installés) sur le développe-ment des plantules de quatre espèces d’arbres caractéristiques de la forêt ga-bonaise et possédant une valeur éco-nomique.

Les résultats du Cameroun et d’aut-res sites d’étude montrent qu’un cer-tain nombre d’autres espèces exploi-tées pour leurs produits ligneux et non ligneux, dépendent aussi des goril-les pour la dispersion de leurs graines (ex : Pseudospondias microcarpa et Trichoscypha spp. (Anacardiaceae),

Nauclea didderrichii (Euphorbiaceae), Dialium spp. (Fabaceae), Myrianthus ar boreus (Moraceae)). Les gorilles sont les principaux disséminateurs du Dacryodes normandii et peuvent peut-être jouer un rôle similaire pour d’autres arbres commercialement importants. En conséquence, les services de dis-persion fournis par les gorilles au sein de l’écosystème forestier sont essen-tiels d’un point de vue environnemen-tal et économique. Ils semblent être particulièrement importants dans le contexte des forêts exploitées et de la gestion forestière durable. Par consé-quent ces études encouragent la mise en œuvre de stratégies de conserva-tion des gorilles afin d’assurer celle des écosystèmes forestiers tropicaux.

Barbara HaurezPublications originalesHaurez, B. et al. (2013): Impacts of logging and hunting on western lowland gorilla (Gorilla gorilla gorilla) populations and consequences for forest regeneration. A review. Biotechno-logy, Agronomy, Society and Environment 17 (2), 364–372Haurez, B. et al. (2014): Western lowland goril-la density and nesting behavior in a Gabonese forest logged for 25 years: implications for go-rilla conservation. Biodiversity and Conserva-tion 23 (11), 2669–2687Haurez, B. et al. (2015): The role of great apes in seed dispersal of the tropical forest tree spe-cies Dacryodesnormandii in Gabon. Journal of Tropical Ecology 31 (5), 395–402Haurez, B. et al. (2015): Is western lowland gorilla a good gardener? Impact of deposition condition on seedling growth. Bois et Forêt des Tropiques 324 (2), 39–50Petre, C.-A. et al. (2013): Role of the western lowland gorilla (Gorilla gorilla gorilla) in seed dispersal in tropical forests and implications of its decline. Biotechnology, Agronomy, Society and Environment 17 (3), 517–526Petre, C.-A. et al. (2015): Differences in dung beetle activity at western lowland gorilla defe-cation sites in south-east Cameroon: implica-tion for establishment of Uapaca spp. seed-lings. Journal of Tropical Ecology 31, 165–174Petre, C.-A. et al. (2015): Quantity and spa-tial distribution of seeds dispersed by a wes-tern lowland gorilla population in south-east Cameroon. Journal of Tropical Ecology 31 (3), 201–212Petre, C. A. et al. (2015): Western lowland gorilla seed dispersal: Are seeds adapted to long gut retention times? ActaOecologica 67, 59–65

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