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Page 1 sur 9 GNE : Sortie du mardi 2 au jeudi 4 Avril 2019. Mercredi 28 novembre 2018 Île de Batz On dit ‘’BA’’. Et pas que l’Île de Batz, puisqu’il y a aussi : Morlaix, Carantec, Roscoff, Belle-Isle-en-Terre. C’est un vrai plaisir, d’avoir autant de matière à traiter sur un même document et de recourir à divers ouvrages de la bibliothèque d’abord. Voici ce qu’il en est, à commencer par le but principal de notre sortie, l’île de Batz. Mercredi 3 avril 2019. Île-de-Batz Enez Vaz Quinze îles sont associées sous le vocable « Îles du Ponant », le mot ‘’ponant’’ désignant la forme ancienne de couchant (du soleil). L’association crée en 1971 s’est donnée pour but de maintenir les communautés insulaires actives aux îles remplissant trois caractéristiques : 1) Avoir une population permanente ; 2) Être assez importante pour être constituée en commune ; 3) Ne pas être reliée au continent par un lien fixe (Noirmoutier, Ré, Oléron, ne remplissent pas ces critères). L’Île de Batz, appartient aux îles de la Manche (Chausey, Bréhat, Batz), alors que les douze autres se situent sur la façade atlantique. Et comme il s’agit d’une île, je donne en premier ses coordonnées, avant de parler du reste : 48° 44’ 43’’ nord 4° 00’ 35 ouest La commune d’Île de Batz appartient aussi à la Communauté de communes du « Haut-Léon Communauté », créée le 1 er janvier 2017, comptant 31 505 habitants et regroupant les communes suivantes : Saint-Pol-de-Léon (6 584 habitants), Cléder (3 770), Île-de-Batz (470), Lanhouarneau (1 323), Mespaul (930), Pouénan (2 490), Plouescat (3 471), Plougoulm (1 772), Plonévez-Lochrist (2 333), Roscoff (3 354), Santec (2 350), Sibiril (1220), Tréflaouénan (507), Tréflez (931). Par ailleurs l’île appartient à la « Ceinture dorée » que forment les Communes, continentales, de Plougoulm, Sibiril et Cléder au point de vue agriculture.

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GNE : Sortie du mardi 2 au jeudi 4 Avril 2019. Mercredi 28 novembre 2018

Île de Batz On dit ‘’BA’’.

Et pas que l’Île de Batz, puisqu’il y a aussi :

Morlaix, Carantec, Roscoff,

Belle-Isle-en-Terre. C’est un vrai plaisir, d’avoir autant de matière à traiter sur un même document et de recourir à divers ouvrages de la bibliothèque d’abord. Voici ce qu’il en est, à commencer par le but principal de notre sortie, l’île de Batz.

Mercredi 3 avril 2019.

Île-de-Batz

Enez Vaz

Quinze îles sont associées sous le vocable « Îles du Ponant », le mot ‘’ponant’’ désignant la forme ancienne de couchant (du soleil). L’association crée en 1971 s’est donnée pour but de maintenir les communautés insulaires actives aux îles remplissant trois caractéristiques : 1) Avoir une population permanente ; 2) Être assez importante pour être constituée en commune ; 3) Ne pas être reliée au continent par un lien fixe (Noirmoutier, Ré, Oléron, ne remplissent pas ces critères). L’Île de Batz, appartient aux îles de la Manche (Chausey, Bréhat, Batz), alors que les douze autres se situent sur la façade atlantique. Et comme il s’agit d’une île, je donne en premier ses coordonnées, avant de parler du reste :

48° 44’ 43’’ nord 4° 00’ 35 ouest

La commune d’Île de Batz appartient aussi à la Communauté de communes du « Haut-Léon Communauté », créée le 1er janvier 2017, comptant 31 505 habitants et regroupant les communes suivantes : Saint-Pol-de-Léon (6 584 habitants), Cléder (3 770), Île-de-Batz (470), Lanhouarneau (1 323), Mespaul (930), Pouénan (2 490), Plouescat (3 471), Plougoulm (1 772), Plonévez-Lochrist (2 333), Roscoff (3 354), Santec (2 350), Sibiril (1220), Tréflaouénan (507), Tréflez (931). Par ailleurs l’île appartient à la « Ceinture dorée » que forment les Communes, continentales, de Plougoulm, Sibiril et Cléder au point de vue agriculture.

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Carte IGN au 1/25 000e : 0515 Est. Canton de Saint-Pol-de-Léon.

L’île se trouve à environ 2 milles nautiques de Roscoff (3,700 km). Le bras de mer est traversé par de violents courants. Jusqu’à 4 nœuds (7,4 km, 0h 15 après BM ou PM).

Elle mesure environ 3,5 km de long pour 1,5 km de large. Son pourtour mesure environ 12 km.

320 hectares. 168 hectares sont cultivés, dont 139 en culture de légumes primeurs.

470 Batziennes et Batziens (ou Îliennes et Îliens). Altitude de 0 m à 33 m.

§§§§§

Blasonnement :

Etymologie : Albert DAUZAT est muet sur l’origine du nom de cette commune et il dit pour Batz-sur-Mer (Nom identique) qu’il est d’origine obscure, car il n’a pas d’explication. Sans aucune preuve, cela pourrait venir de bazh ou vazh (bâton en breton), qui serai le bâton de pèlerin de Pol Aurélien. Pol Aurélien débarque avec plusieurs moines au VIe s. à Ouessant, il longe les côtes du Léon et se fixe à l’Île-de-Batz. Désigné plus tard évêque du Léon par Childebert 1er (Roi de Paris de 511 à 558), Pol Aurélien évangélise les foules, forme des prêtres, organise le diocèse. Il est vénéré en tant que l’un des sept fondateurs de la Bretagne. Ses reliques se trouvent dans la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Le nom de la commune-île est attesté sous la forme de Insula bassa (île basse), il faut dire que vue du large l’île, qui ne dépasse pas 33 m, se confond avec le continent : Insula battha en 884, Ecclésia Bath Pauli en 1158 et 1185, Baz Insula en 1265, Ylle de Bast en 1296, Baza Insula en 1330, Ile de Baz Paul en 1371 et 1472 , Isle de Batz Paul en 1587.

Histoire : Les renvois numérotés renvoient à la carte, en fin d’article, peinte à la gouache par Nicolas ROUALEC,

un Îlien.

Protohistoire : Batz n’était qu’une presqu’île jusqu’à l’âge du fer (Vers - 800, jusqu'au 1er siècle), elle était ensuite accessible à marée basse depuis le continent jusque vers le XIe s.

Dès l’âge du bronze le site est habité. Des épées, haches et un torque (collier celte) ont été trouvés à l’Ile Verte (1), entre Roscoff et Batz, ainsi que des tombes, visibles dans le jardin Georges DELASELLE, confirment cette supposition d’insularité tardive.

Histoire : La période romaine n’a laissé de trace qu’une petite meule à grain trouvée à Roc’Higou (2).

BLASON : D’or au lion morné (Ni griffes, ni langue, parfois sans queue) de sable (Noir) en abîme (Au centre) accompagné de 12 mouchetures d’hermine du même (Identiques) mises en gironné (En cercle) accolées par les pointes.

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En 857, les envahisseurs normands, investissent l’île (ou la presqu’île) et en 878 le viking Hasting fait de Batz un

poste avancé pour ses expéditions sur le continent. A son départ en 882, le monastère fondé par Pol Aurélien est complètement détruit. Vers 950 l’église est reconstruite. Ses vestiges forment l’actuelle chapelle Sainte-Anne (3).

En 884, Wrmonoc, hagiographe de Pol Aurélien, évoque le péage de Golban, et le passage de chariots attelés de bœufs.

Avec l’insularité, les habitants se regroupent autour de Porz-Kernoc (4), une anse protégée de la mer par des récifs. Au XIIe s. les hommes sont tous marins et les femmes cultivent la terre.

En 1296, Philippe IV ‘’Le Bel’’ (règne de 1285 à 1314) qui soupçonne les ports bretons de fournir armes et vivres aux Anglais, fait évacuer l’île de ses habitants qui ne peuvent revenir que pour la moisson, avec un seul jour de vivres.

La guerre de succession de Bretagne qui se déroule de 1341 à 1354, au cours de la guerre de Cent ans (1337-1453) voit Edouard III d’Angleterre se proclamer roi de France. Jean II de MONTFORT, prétendant au duché de Bretagne contre son demi-frère Jean III de Bretagne, lui prête hommage-lige et nomme Richard III FitzAlan, comte d’Arundel, Gouverneur de Brest en 1374. En 1388, Richard IV FitzAlan, son successeur, envahit et occupe Batz avec les troupes anglaises. L’île est d’ailleurs envahies par les Anglais de nombreuses fois 1559, 1587… Ces guerres engendrent la misère et la déchristianisation sur le littoral de Léon et dans l’île, où Michel LE NOBLEZ entreprend l’évangélisation en 1610, à la manière de Saint-Pol dont il se proclame le disciple.

Une école de fille est attestée sur l’île en 1664. Sous le règne de Louis XIV (règne de 1643 à 1715) VAUBAN fortifie l’île, des batteries sont établies pour protéger

la rade entre l’île et Roscoff, et le commerce avec l’Angleterre voisine est bloqué ainsi que pendant la guerre de 7 ans (1756-1763), sous le règne de Louis XV (de 1715 à 1774).

Toutefois les armateurs d’Honfleur et de Fécamp continuent d’envoyer à Batz des navires pêcher le maquereau qui abonde. Mais, soudainement cette ressource disparait vers 1770 et l’économie locale est irrémédiablement bouleversée et dès avant la Révolution, l’île se réoriente vers l’agriculture, fertilisée par le goémon, alors que la cure était en 1786, la plus pauvre du diocèse de Léon, puisqu’elle n’atteignait pas la portion congrue (du latin ‘’Congru’’ [convenable ou correct, le SMIC de l’époque]).

Durant la période révolutionnaire, les guerres contre les Anglais imposent une présence militaire de plus en plus importante sur l’île. Quatre batteries de côte sont édifiées pour protéger le chenal qui, de par sa position, offrait en mouillage sûr aux convois et aux corsaires.

L’île devient commune en 1790. Yves TREMINTIN, nait à Batz le 17 février 1778, mousse sur la Révolue, il fait naufrage en 1794. Alors qu’il se

trouve sur le corsaire l’Amitié, il est capturé par les Anglais et passe cinq ans sur les pontons britanniques. Libéré en 1802, il devient pilote côtier, mais il est à nouveau capturé en 1811. Pilote, en 1823, il se bat en Espagne et navigue sur la Zelée, une gabare transportant de la poudre de Brest à Cadix. En 1824, il navigue sur la corvette la Lamproie, qui arraisonne une felouque grecque, le Panayoti. L’enseigne de vaisseau BISSON est chargé, accompagné de quinze hommes, dont TREMINTIN, de conduire la prise et de naviguer de concert avec la frégate la Magicienne sur laquelle sont regroupés les prisonniers grecs. Alors qu’ils se trouvent aux abords de l’île de Stampalia, deux corsaires grecs parviennent à s’échapper et à donner l’alerte aux autres corsaires. Le Panayoti est alors attaqué par deux navires corsaires et BISSON ordonne de mettre le feu aux poudres, ce qui fait sauter les trois bateaux. Bien que blessé TREMINTIN et quatre autres marins sont récupérés par la Magicienne. Il est soigné au Val de Grâce, promu enseigne de vaisseau, avec solde à vie, décoré de la Légion d’honneur. Puis il retourne à Batz, où il est surnommé « Chevalier ». Il meurt le 3 juin 1862.

Le 17 novembre 1808, Philippe ROBIN, maire de Batz disparait sans laisser de trace. L’affaire est signalée au préfet, mais elle ne semble importante qu’aux Îliens. En 1817, le tribunal civil de Morlaix accrédite la thèse d’un assassinat sur le témoignage, non vérifié, de trois marins libérés des geôles anglaises accusant des soldats du général JUNOT (Jean-Antioche JUNOT, 1771-1813, duc d’Abrantès, dit « Tempête ») de retour du Portugal, en casernement sur l’île.

En 1900, les ouvrier de DELASELLE viennent du continent à pied, en prenant les marées favorables, afin d’économiser le prix du passage.

L’inventaire des biens de l’église se déroule à Batz le 4 décembre 1906, en présence du préfet du Finistère et du sous-préfet de Morlaix, accompagnés d’hommes de troupes et de deux commissaires de police. A leur arrivée, ils sont accueillis aux cris de « Vive la liberté » des Îliens agglomérés sur la place de l’église, foule surtout composée de femmes. Après avoir parlementé, le préfet ordonne aux gendarmes de déblayer la place. Un violent corps à corps s’engage et des pierres sont jetées sur les forces de l’ordre, blessant plusieurs gendarmes. Des arrestations sont opérées et la population est refoulée et maintenues dans les rues adjacentes. Pendant ce temps le préfet fait enfoncer, par les sapeurs, la porte de l’église et celle de la sacristie, toutes deux barricadées de l’intérieur. L’inventaire à lieu, et l’arrestation de l’abbé

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MONJEAUX, venu prêcher la mission est maintenue, alors que les autres sont relâchés avant le départ des autorités. On déplore plusieurs blessés parmi les habitants, dont une mère de quinze enfants ayant la jambe cassée.

Vingt huit Îliens perdront la vie au cours de la première guerre mondiale, soit 2.05 % de la population de 1911. En 1939 de nombreux Îliens sont mobilisés dans la Marine nationale. Six de ceux là mourront au cours du conflit.

En 1940, un petit groupe d’Îliens rejoint l’Angleterre, juste avant l’arrivée des Allemands qui investissent Morlaix le 19 juin 1940 à 9h 45 et Brest le même jour, à 19h. La garnison d’occupation de l’île compte jusqu’à trois cent cinquante hommes. Le 29 avril 1944, le destroyer candien Athabaskan est coulé au large, trois corps échouent sur la côte de l’île. Le 9 juin 1944, neuf marins allemands périssent lors du naufrage d’un de leurs destroyers au large de l’île. Le 15 juin 1944, vers 21h 30, deux vagues de douze bombardiers attaquent un destroyer allemand échoué sur le sable dans l’angle nord-ouest de l’île, une zone peu habitée. Les Allemands quittent l’île de 7 août 1944, après avoir fait sauter le phare, deux forts, deux moulins et plusieurs maisons.

Les marées noires de l’Amoco Cadiz, en 1978, et du Tanio, en 1980, marquent profondément les Iliens et bouleversent pour de nombreuses années son écosystème.

Economie : Le bourg s’est constitué à Porz-Kernoc, autour du port, au sud de l’île, dans une anse protégée, face à Roscoff.

L’île étant par ailleurs entourée de nombreux récifs ne laissant que peu de mouillages. A marée basse trois chaînes d’îlots sont visibles. L’une part de Bloscon pour rejoindre la pointe de Bilvidic (5). Une autre, de l’ancien fort de la Croix, rejoint la pointe sud-est par l’Île Verte. La dernière plus à l’Ouest réunit Perhardi et l’îlot Jacopin par le rocher du Loup, Rouzenn et Perroc’h.

Porz-Kernoc (Photo Jean R.)

En 1865, l’île est reliée télégraphiquement au continent par un câble sous marin qui part de Roscoff. En 1938, l’île est reliée par téléphone (arrivé sur le continent en 1908). En 1938, l’électricité est distribuée dans l’île. En 1969, Construction de l’estacade de Roscoff. En 1972, Le réseau d’eau potable est généralisé sur l’île. En 1994, un réseau d’assainissement est mis en service. En 2000, est ouverte la déchetterie.

Démographie : En 1793, l’île comptait 805 habitants, ils étaient 1809 en 1800, mais six ans plus tard, ils n’étaient que 791, avant

de remonter à 1039 en 1821. Je pense que cette décrue de 1806 est peut être liée aux guerres napoléoniennes, et à l’enrôlement des inscrits maritimes. A partir de 1841 et jusqu’en 1946, la population est relativement stable et le plus souvent entre 1 100 et 1 200 habitants, avec un pic à 1363. Après 1946, ou l’on compte 1150, la population ne cesse de décliner (Sauf deux fois) : 1954 = 1 088 ; 1962 = 1059 ; 1968 = 956 ; 1975 = 807 ; 1982 = 744 ; 1990 = 746 ; 1999 = 575 ; 2005 = 594 ; 2010 = 507 ; 2015 = 470. C'est-à-dire qu’au dernier recensement l’île à perdu 7.3 % de sa population par rapport à celui de 2010, alors que le département du Finistère progressait dans le même temps de 1.13 % et la France de 2.44 %.

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Agriculture : Au début du XVIIe s. la culture du lin et du chanvre, destinée à l’industrie de la toile, assure un semblant de

prospérité. Mais à partir de 1650, avec l’ensablement progressif de l’Est de l’île, il est fait obligation aux propriétaires de construire des murets autour des parcelles. La seule véritable richesse de l’île semble être le goémon. Depuis toujours les Iliens se sont battus pour conserver leurs droits exclusifs de ramassage des algues. En 1687, COLBERT signe un arrêté qui reprend des dispositions antérieures concernant la propriété du goémon. Il fait force de loi jusqu’en 1844.

L’île regroupe 650 espèces d’algues. Et la récolte et le brûlage du goémon était une activité importante de l’île. Il était brûlé et les cendres mélangées à la bouse de vache séchée servaient de combustible domestique ou vendues au marché de Morlaix où les agriculteurs des cantons de Sizun et Saint-Thégonnec en faisaient grand usage pour les champs de sarazin. Certaines espèces d’algues, tel le bezin trouc’h (littéralement goémon de coupe) servaient de nourriture aux animaux, chevaux, vaches, cochons, dont on dit qu’ils en étaient friands. Une autre espère servait de tisane aux Iliens. A partir du XIXe s., on en extrait la soude et l’iode (Rendement : 24 m3 de goémon pour 1 kg de soude). Aujourd’hui leur utilisation s’est diversifiée vers les cosmétiques et la nourriture. Actuellement l’île compte quatre goémoniers.

Avec l’avènement de la marine à vapeur, plusieurs Iliens deviennent marinier sur la Seine, certains s’embarque pour vendre les oignons de Roscoff, mais l’île se tourne vers l’agriculture. L’activité agricole soutient un temps le cabotage, cependant avec le développement du chemin de fer, dans la seconde moitié du XIXe s., l’île perd sa vocation maritime.

Le climat de l’île de Batz est océanique et doux, il bénéficie du Gulf Stream, ce qui autorise des cultures maraîchères variées. Ce microclimat permet de réaliser jusqu’à trois récoltes par an et d’avoir des légumes primeurs un mois plus tôt que ceux du continent voisin, pommes de terre, choux fleurs, artichauts... Une quinzaine d’exploitations agricoles exploitent les terres et une quarantaine de familles vivent de cette production. C’est en 1974 que pour la toute première fois un agriculteur sème avec succès des carottes nantaise sous tunnel de protection. Depuis les Iliens essaient toutes sortes de variétés, endives, tomates, brocolis, persil, courgettes, fenouil… Les terres sont amendées par des algues depuis fort longtemps…

Pêche : En 2018, la flottille de pêche, se compose d’une quinzaine de bateaux spécialisés dans la pêche côtière, dont 5

bateaux entre 11 m et 16 m et 11 bateaux entre 6,50 m et 9,90 m (Fileyeurs, caseyeurs, coquillers, Ligneurs, arts traînants, goémoniers).

Transport et continuité du territoire : La construction de l’estacade à Roscoff, en 1969 et l’allongement de la calle du débarcadère à Batz améliorent

considérablement les conditions du passage d’eau à marée basse. De nouvelles vedettes, plus confortables sont affectées au transport des passagers. L’acquisition d’une barge, dans les années 1980, facilite l’exportation sur le continent de la production agricole et le ravitaillement de l’île dans l’autre sens.

Les compagnies associées de l’Île de Batz (CFTM, Compagnie Armor Excursions, compagnie maritime Armien) desservent l’île toute l’année, et proposent des excursions pendant l’été.

L’île n’est pas à proprement parler exempte de véhicules particuliers à moteur, les faibles dimensions font qu’ils sont trop nombreux. On rencontre surtout des tracteurs liés à l’activité agricole de l’île, des quads, des vélos et des chevaux de selle du centre équestre surtout ou de particuliers, plus rarement, ici ou là un bon gros cheval postier breton en retraite.

Services : A partir de 1982, avec l’ouverture du collège des Iles du Ponant, les élèves ne sont plus obligés de poursuivre sur

le continent leur scolarité après l’école primaire insulaire. En 1992, une salle polyvalente et une bibliothèque sont inaugurées, plus tard, la caserne des pompiers, puis le

cabinet médical composé d’un médecin et d’un(e) infirmier(e). La poste, des commerces de souvenirs, dépôt de gaz, articles de pêche, de plage, tabac, presse, boulangerie-

pâtisserie, alimentation, superette, bar, brasserie, restauration rapide, restauration traditionnelle, crêperie et artisans sont à la disposition des Iliens et des touristes.

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Porz Kernoc (Photo Jean R.)

Patrimoine :

Puisqu’il s’agit d’une île, commençons par le patrimoine maritime :

Phare : A Créac’h-Glidic (6), Haut de 44 m (210 marches), il a été construit, avec différents granits, entre 1833 et

1836, par l’architecte Martin FELIX, sur le point le plus élevé de l’île, puis électrifié en 1886. Les machines et le personnel logé sur place n’étant pas suffisamment fournis en eau, un dallage de 650 m² est alors réalisé afin de recueillir les eaux pluviales, conduites dans un réservoir de 150 m3.

Phare de l’Île de Batz (photo Jean R.)

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Digue : Longue de 524 m, elle est construite, par l’architecte MICHEL, entre 1850 et 1854, en granit de l’île et de

Roscoff, celui du parapet provenant de l’Aber-Ildut. En 1808, le général d’empire Armand Samuel de MARESCOT (1758-1832) préconise déjà la construction d’une digue qui, selon lui, devrait de trouver entre l’îlot Malvock et l’îlot Kernok. Il faut attendre le second empire pour que soit réalisé cet ouvrage, entre l’île et Malvock.

Abrit du canot de sauvetage : (7) Construit en 1894 à l’initiative de la Société de sauveteurs bretons, sur

l’îlot de Kefenn, il est relié à la digue par un passage. Cet endroit est réputé pour sa petite plage qui a été fréquentée par Farah Diba, entre autres…

Sémaphore : (8) Construit en béton au XXe s., Il occupe la place d’un moulin, qui servait aux gardes côtes, puis

aux volontaires du Calvados pendant la Révolution. Vers 1857, le moulin est remplacé par un réduit de batterie, qui elle-même…

Patrimoine naturel et patrimoine religieux :

Le Trou du serpent : (Toull ar sarpant)(9) A l’ouest de l’île. Une roche allongée dans un chaos granitique, à

quelques mètres de la côte, marque le lieu où Pol Aurélien, revêtu de ses habits sacerdotaux, aurait précipité dans les flots, à l’aide de son étole, le dragon maléfique (métaphore du paganisme) qui ravageait l’Île de Batz.

Le Trou du serpent (Photo Jean R.)

Eglise Notre-Dame-de-Bon-Secours : (10) Au centre de Porz-Kernoc, elle a été construite en 1873. Elle

abrite les statues de la Vierge du XIV-XVe s. et de Saint Pol Aurélien du XVIIe s., et dans le bras gauche du transept, l’étole miraculeuse, en lin… du VIIIe s. comme le laisse penser sa broderie qui représente une scène de chasse. Elle proviendrait d’Orient. (NDLR : Et pas de Lorient, comme certains pourraient le penser…).

Ruine de l’abbaye fondée par Pol Aurélien : Se situe dans l’ancienne résidence de Withur, comte de

Léon, son cousin, qui permet son installation. Pillée par les Vikings, menacée par les Anglais, fortifiée au Moyen Âge. Il

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reste la base d’une tour et un pan de mur percé d’une poterne. Elle a peut être été détruite lors d’une attaque anglaise ou sous la Révolution. La plupart des vestiges ont été réutilisés lors des travaux dirigés par DELASELLE.

Chapelle Sainte-Anne : (3) A la pointe est de l’île, à proximité des ruines de l’abbaye. Entre le XVIe et le

XVIIIe s. elle s’ensable et disparait, avant de réapparaître.

Patrimoine civil :

Jardin exotique DELASELLE : Baptisé « Jardin colonial » (12) par son créateur Georges

DELASELLE (1861-1944), fils et successeur du directeur de compagnie d’assurances (AGF), et appelé « Jardin exotique » avec la décolonisation.

Il serait trop long de détailler ici les étapes, voici les grandes lignes : Georges DELASELLE achète les parcelles en 1897. Les travaux préparatoires commencent en 1903 avec des ouvriers embauchés sur place. En 1905 sont plantes des pins sur le pourtour. En 1906 édification des plans. En 1907, il fait creuser l’intérieur du périmètre et fait une découverte inattendue : Une nécropole de l’âge du bronze. En 1918, Georges DELASELLE apprend qu’il est atteint de tuberculose, il prend sa retraire pour se consacrer entièrement au jardin qu’il est en train d’édifier. En 1929, la dépression monétaire le met en difficultés financières qui l’empêchent de construire le pavillon qu’il projetait. En 1938, il vend l’œuvre de sa vie qui connaitra par la suite de nombreuses vicissitudes. Le jardin est aujourd’hui propriété du Conservatoire du littoral et géré par l’Association des amis du Jardin G. DELASELLE.

Sont inclus dans le jardin exotique : Dolmen : Granit, du néolithique. Découvert lors de terrassements et déplacé. La croix qui le surmonte a peut-

être été ajoutée par DELASELLE.

Tombe à coffre : Les tombes à coffre sont encore nombreuses sur le littoral, malgré la montée des eaux.

Destinées à des inhumations, elles sont enterrées et le sable apporté par le vent les recouvre. DELASELLE en déterre quelques unes, les autres sont utilisées comme remblai pour protéger les plantes.

Fontaine souterraine : Granit XVII et XVIIIe s. (Elle serait un vestige de l’abbaye). Cette partie de côte

comporte plusieurs de ces fontaines se substituant aux puits. D’accès facile grâce à un escalier, elle conserve l’eau fraîche et des niches sont aménagées de chaque côté pour y placer des produits à conserver.

Patrimoine militaire :

Corps de garde ouest : (Granit, 1694-1705, Architectes VAUBAN, Siméon GARANGEAU) L‘emplacement du

corps de garde (13), sur la dernière crête de l’île, est utilisé depuis l’antiquité pour le guet. Une première batterie est construite à une dizaine de mètres, mais les canons de 12 n’ont pas la portée suffisante pour atteindre les bateaux ennemis ou corsaires qui pénètrent dans la rade entre l’île et Roscoff, raison pour laquelle la batterie est déplacée vers la pointe sud-ouest. En 1780, le corps de garde abrite les hommes des édifices militaires voisins.

Batterie sud-est : (Granit, 1694, architectes VAUBAN, POICTEVIN de La RENAUDIERE)(14) Elle est

construite pour que ses feux croisent ceux du fort de Bloscon, près de Roscoff, afin d’interdire la passe est que les marins anglais basés aux Sept-Îles connaissent aussi bien que les locaux. Elle est pourvue de deux canons de 12, auxquels on rajoute un obusier de 6 pouces qui tire des projectiles explosifs.

Magasin à poudre : (Granit, 1694, même architectes que la batterie sud-est)(14) Ce bâtiment qui abrite les

poudres et trois ou quatre hommes, est jumelé à une guérite biplace. Il est placé en retrait de la côte sur une hauteur. Vers 1780, il sert à la batterie de Bilvidic (14) qui dispose également d’une guérite biplace détruite en 1943, lorsque les Allemands creusent des tranchées.

Merlon : (XVIIIe s.) Six canons de tailles variées, utilisables contre les bateaux entrant dans la rade, s’abritent

derrière ce merlon, moins important que celui des batteries. Les canons tirent par les embrasures en pierres de taille. La légende veut que, sous l’empire, le curé le l’île, venu réciter son bréviaire à cet endroit, le 15 août, jour de la Saint-Napoléon, aurait tiré sur un patrouilleur anglais en allumant la mèche d’un canon avec sa pipe. Il aurait été décoré par l’Empereur.

Réduit de batterie : (Granit, 1852) Le réduit de batterie, du modèle 1846, type 3, est destiné à remplacer le

corps de garde jugé obsolète. Mais ce genre de défense est conçu pour s’opposer à des bateaux à voiles, et confrontés aux progrès techniques de la marine moderne qui tire des projectiles explosifs. Pour les protéger le génie militaire les entoure de talus gazonnés, les merlons. Ce bâtiment dispose de chambres pour le gardien et sa famille, de magasins à

Page 9: GNE : Mercredi 28 novembre 2018 Île de Ba tz...Les renvois numérotés renvoient à la carte, en fin d’article, peinte à la gouache par Nicolas ROUALEC, un Îlien. Protohistoire

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poudre et à vivres et d’une citerne. L’unique porte est protégée par un pont-levis et une herse. La défense en cas d’attaque, se repose sur un escalier en bois, amovible. Ce réduit correspond à une batterie de 3 canons.

Carte de l’Ile de Batz (Photo Jean R.)

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La Chapelle-sur Erdre, samedi 2 février 2019.M’Fanch