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Présence Église Orthodoxe d’Avignon – Patriarcat Œcuménique de Constantinople Journal de la Paroisse Saint Côme et Saint Damien Sommaire : Édito - Regard sur le monde chrétien - La vie au Monastère de Solan,- Le mot du prêtre : la paternité spirituelle - Éléments d’orthodoxie - Lu pour vous - Commentaire de l’icône - La paroisse au fil des mois - Billet d’humeur – Lexique* - Apophtegmes au fil des pages - Icône de Saint Patapios. En annexe: Le Grand Concile Panorthodoxe. Janvier 2017 La fête de la Nativité tout juste clôturée, nous retrouvons ce nouveau numéro de notre revue paroissiale bisannuelle…. Alors que nous sortons d’ «une semaine pleine» – sans jeûne, ni abstinence - émaillée sans doute de quelques excès de nourriture et de boisson, le comité de rédaction a décidé de vous emmener promener dans l’univers du monachisme; celui de l’ascèse, de la prière continue et de l’éloignement des choses du monde. La vie monastique nous intrigue (pourquoi se sont-il fait moine? moniale?), nous fait parfois un peu peur (il ne faut pas confondre paroisse et monastère!) et nous questionne sur son sens profond (qu'est-ce que ça apporte au monde?). Mais dans le même temps, lorsque nous allons dans un monastère, nous sommes émus parce que nous vivons la beauté des offices, l’éloignement du tumulte du monde, le silence et même une Présence, presque palpable, du Divin. Les questions qui nous agitent sont sans doute liées à la faiblesse de notre mémoire. Elle nous fait oublier que notre Tradition a été conservée, transmise, approfondie et enrichie par le monachisme et que la plupart des «pépites» spirituelles qui nous guident encore aujourd’hui dans notre quotidien de fidèles orthodoxes sont issues de la sagesse monastique…. + Georges Édito n° 23 Saint Paul 1er Ermite et Saint Antoine le Grand «Le Jus se réjouira parce quil met dans le Seigneur son espérance. Tous ceux qui ont le cœur droit seront loués.» psaume 63, 11.

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PrésenceÉglise Orthodoxe d’Avignon – Patriarcat Œcuménique de Constantinople

Journal de la Paroisse Saint Côme et Saint Damien

Sommaire  : Édito - Regard sur le monde chrétien - La vie au Monastère de Solan,- Le mot du prêtre : la paternité spirituelle - Éléments d’orthodoxie - Lu pour vous - Commentaire de l’icône - La paroisse au fil des mois - Billet d’humeur – Lexique* - Apophtegmes au fil des pages - Icône de Saint Patapios. En annexe: Le Grand Concile Panorthodoxe.

Janvier2017

La fête de la Nativité tout juste clôturée, nous retrouvons ce nouveau numéro de notre revue paroissiale bisannuelle…. Alors que nous sortons d’  «une semaine pleine» – sans jeûne, ni abstinence - émaillée sans doute de quelques excès de nourriture et de boisson, le comité de rédaction a décidé de vous emmener promener dans l’univers du monachisme; celui de l’ascèse, de la prière continue et de l’éloignement des choses du monde.

La vie monastique nous intrigue (pourquoi se sont-il fait moine? moniale?), nous fait parfois un peu peur (il ne faut pas confondre paroisse et monastère!) et nous questionne sur son sens profond (qu'est-ce que ça apporte au monde?).

Mais dans le même temps, lorsque nous allons dans un monastère, nous sommes émus parce que nous vivons la beauté des offices, l’éloignement du tumulte du monde, le silence et même une Présence, presque palpable, du Divin. Les questions qui nous agitent sont sans doute liées à la faiblesse de notre mémoire. Elle nous fait oublier que notre Tradition a été conservée, transmise, approfondie et enrichie par le monachisme et que la plupart des «pépites»  spirituelles qui nous guident encore aujourd’hui dans notre quotidien de fidèles orthodoxes sont issues de la sagesse monastique….

+ Georges

Édito

n°23

Saint Paul 1er Ermite et Saint Antoine le Grand

«Le Juste se réjouira parce qu’il met dans le Seigneur son espérance. Tous ceux qui ont le cœur droit seront loués.» psaume 63, 11.

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Autour de l’assassinat du Père Hamel

Mardi 26  juillet, alors qu’il célébrait la messe dans l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray, près de Rouen, le père Jacques Hamel a été assassiné par deux terroristes. Cette attaque, revendiquée par Daech, a fait également un blessé grave.

• Le Conseil français du culte musulman (CFCM) «condamne avec la plus grande vigueur cet acte terroriste lâche et barbare.»

• Le pape François s’associe «à la douleur et à l’horreur » a annoncé le Vatican. François Hollande a condamné un «ignoble attentat terroriste » et un « lâche assassinat».

• Une fidèle catholique : «On veut qu’on se fasse la guerre. On ne la fera pas.»

(27 et 28 juillet 16)

• Une rencontre provoquée en urgence par l’Élysée. Après avoir rencontré François Hollande pendant une heure, les responsables des cultes en France, catholiques, protestants, juifs, bouddhistes et musulmans ont exhorté les croyants à œuvrer à « la cohésion de notre société ». «La question est de savoir en quel Dieu nous croyons. Croyons-nous en un Dieu de vie ou en un Dieu de mort ?», a martelé le cardinal André Vingt-Trois

(28 juillet 16)

• Les funérailles du père Jacques Hamel ont été célébrées mardi 2 août. L’émotion était palpable dans l’assistance venue à la cathédrale de Rouen. Depuis cet acte odieux qui visait explicitement la communauté chrétienne, les responsables catholiques et musulmans se sont fortement mobilisés pour contredire l’idée que nous serions en train d’assister à une guerre des religions. Mgr Dominique Lebrun, qui présidait les funérailles, l’a de nouveau exprimé en saluant la présence de fidèles des communautés juive et musulmane, «  très marquées et déjà décidées à s’unir pour plus jamais ça ».

(3 août 2016)

• Nouvelle visite de François Hollande au Pape. Cette visite a été suscitée par l’assassinat du P. Hamel. François Hollande s’est dit touché par la réaction du pape et des catholiques de France.

(16 août 2016)

• «Tuer au nom de Dieu est satanique » affirme le pape François. Le pape a accueilli 80 pèlerins du diocèse de Rouen. Dans son homélie, il est longuement revenu sur l’assassinat du prêtre, le qualifiant de martyr et de bienheureux.

(15 sept. 2016)

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Regard sur le monde chrétien(origine La Croix sauf indication contraire)

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(nous est parvenu de façon anonyme)

Voyages du pape François

En Arménie du 24 au 26 juin 2016.

Le pape a visité les lieux de mémoire arméniens, en particulier ceux du génocide (mot qu'il n'a pas hésité à employer) de 1915, voulant faire du rappel de cette tragédie une "source de paix et d'avenir". Aux côtés de l'Église apostolique arménienne et en présence de son primat Karekine II, il a plaidé pour qu'un œcuménisme fraternel serve d'exemple au monde.

(27 juin 2016)

En Géorgie le 30 septembre.

Dans ce pays majoritairement orthodoxe, renaissance spirituelle après soixante-dix ans d’athéisme soviétique  : « être Géorgien, c’est être orthodoxe. » Cependant seuls 15% des Géorgiens vont à l’église le dimanche. Dans ce Caucase divisé par les conflits, le pape a parlé de paix. Un message au Moyen-Orient.

(3 octobre 2016)

Migrants 

Le pape appelle l’Europe à s’ouvrir au nom de ses « racines chrétiennes »

Dans un message vidéo pour un congrès européen à Munich, le pape François évoque l’ « immense patrimoine, imprégné de christianisme du continent appelé à être «  ouvert et accueillant  » plutôt qu’à ériger des «  murs envers les personnes d’origines ou de religions différentes ».

(4 juillet 2016)

L’accueil des catholiques

Il y a un an, le 6 septembre 2015, le pape François appelait fidèles et communautés à accueillir des réfugiés, suscitant un élan de solidarité inattendu. Nombreuses sont les paroisses qui ont répondu à l’appel, en France et plus encore en Italie, en offrant des solutions d’hébergement ou d’accompagnement.

(6 septembre 16)

Chrétiens d’Orient

Le scoutisme offre une respiration aux jeunes chrétiens de Gaza.

Outre les troupes musulmanes, la bande de Gaza en abrite aussi deux chrétiennes qui doivent faire face à de nombreux défis et au sein desquelles les jeunes orthodoxes et catholiques sont mélangés.

(30 août 2016)

Les Coptes d’Égypte acceptent le projet de loi sur la construction des lieux de culte.

Après des mois de tensions avec le gouvernement, l’Église copte-orthodoxe a annoncé avoir donné son accord au projet de loi sur la construction des lieux de culte. Ce projet de loi en dix articles devrait contribuer à mettre fin à certaines discriminations à l’égard des chrétiens.

(1er septembre 16)

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Dans le sud de l’Irak, les chrétiens oubliés.

Loin de la ligne de front de Daech et des camps de réfugiés du nord du pays, les chrétiens (Chaldéens) de la région de Bassora, dans le sud de l’Irak, doivent pourtant se battre pour résister à l’extinction.

(7 septembre 16)

Proximités œcuméniques

Liturgie : Mgr Dominique Rey (évêque de Fréjus - Toulon) célébrera «vers l’Orient»,

(c’est-à-dire comme avant Vatican 2 et comme les orthodoxes) en certaines occasions à partir de l’Avent 2016.

(12 juillet 2016)

Le rapprochement entre Rome et Moscou passe aussi par les jeunes prêtres.

Dix étudiants européens issus de diverses universités pontificales ont achevé dimanche un voyage d’études d’une semaine à Moscou et à Saint-Pétersbourg.

Avec pour ambition de mieux connaître la communauté orthodoxe.

(6 septembre 16)

Rencontres d’Assise

Il y a trente ans, la rencontre d’Assise

Le pape Jean-Paul II recevait des représentants des grandes traditions religieuses pour «  une journée mondiale de prière pour la paix .»

Le pape François dans les pas de ses prédécesseurs.

Loin de tout syncrétisme, l’esprit d’Assise, inauguré en 1986, place chaque croyant devant ses responsabilités en

matière de guerre et de paix. « Seule la paix est sainte, pas la guerre. Jamais le nom de Dieu ne peut justifier la violence. »

(21 septembre 16)

La place de la religion en France

Islam de France, le plan Cazeneuve

Le ministre de l’intérieur détaille le projet de « Fondation pour l’Islam de France  » ainsi que le dispositif de formation des imams.

(29 août 2016)

Les religions approuvent la fermeture de la «jungle»

Tous ont réaffirmé leur soutien au plan de fermeture du camp et de relocalisation des réfugiés de Calais.

(22 septembre 16)

Les convictions religieuses de plus en plus visibles au travail

65  % des salariés ont observé une ou plusieurs manifestations du fait religieux dans leur entreprise en 2016. Cela représente une forte hausse par rapport à 2015.

(23 septembre 16)

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Paroles publiques chrétiennes

Les évêques (catholiques) appellent à refonder la politique.

Dans un livre qui paraît le 14 octobre, les évêques s’adressent aux habitants de notre pays; ils s’inquiètent du discrédit de la politique et posent les bases d’une «refondation». Ils appellent à «repenser le contrat social», concept ancré dans l’histoire de la philosophie politique et toujours débattu.

(13 octobre2016)

Blog Le temps d’y penser

«Le pape François fait comme le Christ qui dénonçait l’hypocrisie religieuse et le pouvoir de l’argent. Il représente une secousse tellurique qui remet en cause des habitudes, des traditions familiales chez des catholiques qui n’ont pas compris encore que l’identité chrétienne est un processus de conversion.»

(18 octobre 2016)

Le pape dénonce la « dictature mondiale » de l’argent

«Face à la tentation de la corruption, il n’y a pas de meilleur antidote que la sobriété » a conclu le pape qui a appelé « à prêcher par l’exemple. Ne sous-estimez pas la valeur de l’exemple.»

(7 novembre 16)

Lettre apostolique Misericordia et Misera

«La miséricorde ne peut être une parenthèse dans la vie de l’Église, mais elle en constitue l’existence même, qui rend manifeste et tangible la vérité profonde de l’Évangile.  Tout se résoud dans l’amour miséricordieux du Père.»

(22 novembre 16)

Audience générale du pape à Rome

«Ne faisons pas de la foi une théorie abstraite où les doutes se multiplient. Faisons de notre foi notre vie.»

(24 novembre 16)

Catholicisme : le diaconat des femmes à l’étude

Voulue par le pape François, la commission d’étude sur le diaconat des femmes se réunit aujourd’hui pour la première fois au Vatican.

(25 novembre 16)

500 ans de la Réforme

Visite du pape en Suède

Après 500 ans de malentendus et de caricatures, et cinquante ans d’efforts de réconciliation, catholiques et luthériens se sont retrouvés à Lund en Suède le 31 octobre, en présence du pape François, pour lancer les célébrations du 500e anniversaire de la Réforme (1517). Il n’y aura pas eu d’annonces fracassantes, ni d’invitation à partager l’eucharistie. Mais une volonté exprimée de travailler ensemble vers l’unité, en reconnaissant les torts historiques de chacun et la nécessité de pardonner

(Réforme 3 novembre 16)

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Le pape François et l’évêque Munib Younan, président de la Fédération luthérienne mondiale à Lund en Suède

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Le Monastère de la Protection de la Mère de Dieu à Solan (Gard)

Notre monastère, fondé en 1981 par le Père Placide dans le Vercors, à côté du Monastère Saint-Antoine-le-Grand, est une dépendance du Monastère de Simonos Petra, au Mont-Athos, dont nous avons hérité la recherche d’une synthèse entre l’hésychasme et l’esprit cénobitique.

Comment cela se passe, dans le concret des journées ? D’une part, nous vivons un office intense, chanté en commun, avec joie. La divine Liturgie est célébrée quatre fois par semaine.

Le travail tient une grande place dans notre vie, réalisé dans un esprit de service, à la recherche du bien commun, et dans le respect de la création.

D’autre part, la prière personnelle féconde de l’intérieur la prière communautaire et la vie fraternelle. Chaque moniale a un temps de canon de prière en cellule, dans la solitude, avec une règle qui varie selon chaque tempérament, chaque santé et aussi la ferveur. Ce temps de dialogue avec le Seigneur comporte divers éléments : les métanies, ou prosternations, qui sont le signe efficace de l’unification de tout notre être, âme et corps ; la lecture de l’Ecriture Sainte, où Dieu nous parle, et où nous faisons connaissance avec la «manière d’agir» du Seigneur dans l’histoire du peuple de Dieu, pour discerner aussi comment Il agit et nous parle dans notre propre vie  ; la lecture du Psautier  ; enfin, et surtout, la prière de Jésus, dans la tradition léguée par le saint Ancien Joseph l’Hésychaste, qui, par l’intermédiaire de ses disciples, a redonné une vigueur nouvelle à la vie spirituelle athonite, et orthodoxe en général.

Au sujet de la prière, laissons parler le père Placide, en citant un paragraphe de notre Typicon (règle de vie)

« Dans la prière, nous devrons surtout nous appliquer à prononcer calmement les paroles que nous adressons à Dieu, en croyant d'une foi ferme que nous parlons à quelqu'un, et en concentrant notre attention, par un effort de volonté, sur les mots eux-mêmes. Cela devra se faire avec une grande sobriété spirituelle : non seulement nous devrons refuser d'arrêter notre attention sur les préoccupations et les images étrangères qui surviendraient, mais nous devons écarter même les considérations élevées qui nous viendraient à ce moment à l'esprit sur Dieu et les choses de Dieu. Notre prière doit consister à parler à Dieu dans la foi comme à une personne vivante et aimante, et avec une acceptation sans réserve de sa volonté. Le reste dépend de lui seul. Notre prière sera inévitablement imparfaite; cela ne doit en aucune façon nous décourager. (…) Ayons une foi vive dans la puissance de la prière, de toute prière faite avec foi. La prière est la plus grande force qui existe sur la terre. La parole du Seigneur n’est pas vaine  : «Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai» (Jn, 14, 13). La prière peut transporter des montagnes, elle a la puissance d’attirer l’Esprit-Saint qui fait toutes choses nouvelles. »

Ainsi, chercher Dieu, répondre par un engagement de tout son être à l’appel de l’Amour qui nous a créés pour nous communiquer sa gloire et trouver en nous sa joie : tel est l’idéal du moine et la merveilleuse unité de sa vie.

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L’un des cadeaux qu’a fait le monachisme au monde orthodoxe, à travers les temps, et encore aujourd’hui, est la paternité spirituelle. Il est peut-être utile de se rappeler que la création d’un «Père spirituel» est, dans notre tradition, la bénédiction que reçoit le prêtre de son évêque lorsqu’il devient confesseur. Toutefois ceci ne fait pas forcément du prêtre un Père spirituel; cette appellation est généralement conférée à une personne par des fidèles, des disciples, qui ressentent un charisme spirituel, une sagesse, de nature à les aider dans l’approfondissement de leur relation à Dieu. Cette démarche passera généralement par l’aide à la compréhension des «pensées», à la lutte contre les «passions» et les conseils spirituels que dispensera le père. Dans les faits la paternité spirituelle se trouvera auprès d’un prêtre de paroisse, d’un moine, d’une moniale, d’un ermite. La lecture des Pères et des vies de Saints nous montre que, très souvent, ce sont des moines qui ont été, et demeurent aujourd’hui encore, ces guides sans lesquels nous nous trompons parfois de chemin; sans aller plus loin replongeons nous juste pour le plaisir dans la lecture des apophtegmes!

Certains d’entre nous, issus du terreau de l’orthodoxie (slaves, orientaux…) ou venus plus récemment vers elle, et d’autres horizons, se demandent néanmoins s’il est bien utile d’avoir un père spirituel, voire même, parfois, de simplement se confesser. Penser cela constitue une forme de rupture avec la tradition. Cette attitude est souvent «expliquée» par la proximité que le croyant a vis-à-vis de «son» prêtre ou d’un moine; un peu comme si le manque de distance physique s’opposait à une élévation spirituelle. Sur un plan qui, lui, n’est pas spirituel cet état de fait est aussi la conséquence de la façon dont notre évolution sociétale nous renforce dans un individualisme de plus en plus grand nous privant d’ailleurs de l’idée que notre frère, notre ami, notre voisin puissent être un appui, un secours. Nous trouvons pourtant dans les textes de nombreuses citations qui devraient nous enjoindre de voir les choses de manière plus juste. Ainsi Saint Silouane nous dit, à travers ce que nous a rapporté le Père Sophrony, que:

«Il est bon de chercher en tout temps et en toutes circonstances à être éclairé par Dieu pour savoir comment il faut agir et ce qu’il faut dire. En d’autres termes on doit en toutes circonstances chercher à

connaître la volonté de Dieu et les voies permettant de l’accomplir».

Ces paroles, prononcées au 20ème siècle, s’inscrivent dans le prolongement d’habitudes qui, dès le 3ème ou 4ème siècle, amenaient vers le désert des fidèles à la rencontre d’anciens pour leur demander des conseils spirituels afin de mieux accomplir la volonté divine.

Forts de cette tradition qui souvent nous touche et nous émeut lorsque nous lisons des hagiographies*, nous pouvons sans doute retrouver l’envie de nous approcher, avec confiance, d’un père spirituel si nous percevons son approche. Celle-ci va habituellement être développée selon plusieurs axes :

• La perspicacité et le discernement  : la capacité de percevoir intuitivement les secrets des cœurs, de comprendre les profondeurs cachées de l’être dont nous sommes souvent inconscients…

• La capacité d’aimer autrui et de faire siennes ses souffrances  : aimer son prochain ça signifie pouvoir souffrir avec lui et pour lui; c'est-à-dire la capacité de faire preuve de compassion et de porter le fardeau de l’autre …

• Le pouvoir de transformer l’environnement humain  : C'est-à-dire la façon dont celui qui guide aide son « fils » à percevoir le monde tel que Dieu le créa et tel qu’Il aimerait le voir à nouveau.

Ces volets qui constituent l’approche du père spirituel écartent bien sûr toute idée humaine de jugement et de morale. C’est sans doute chez Saint Séraphim de Sarov que nous trouvons la synthèse qui nous éclaire sur la démarche du père spirituel: s’en remettre à la lumière de l’Esprit Saint et ne pas élaborer d’avance ce qui est dit au disciple, afin que ses paroles ne soient pas le reflet de son propre jugement mais de la volonté divine.

+ Georges

Sources : Saint Séraphim de Sarov, Mgr K. Ware, Père Syméon (Higoumène du monastère Saint Silouane)

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Le mot du prêtreUn prolongement du monachisme: la paternité spirituelle

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Éléments d’orthodoxie pratique

Un jour, le Père Porphyre fit part de la peine qu’il éprouvait en raison de l’attitude de certains fidèles au cours de la liturgie.«Moi, disait-il, je les encense et eux ne s’inclinent pas. Je dis  : «Tenons-nous bien», et eux sont assis. Je les bénis, et eux ils bavardent. (…)

Sais-tu donc, Petit Georges, ce qu’est le Saint Autel ? Ce qu’il y a de plus précieux sur terre. Les trônes royaux, les sièges présidentiels, les chaires académiques n’ont que peu de valeur. La Sainte Table est le Buisson Ardent. C’est là que le Christ descend, que l’Esprit Saint est présent; les anges l’entourent. Terrible spectacle. Moi, bien des fois, j’avais peur de poser les mains sur la Sainte Table.

Et devant un tel miracle, c’est pénible d’entendre les fidèles murmurer des bavardages sur des sujets futiles et ne pas vivre l’événement unique.Dis-moi un peu, toi, qui donc officie ? Le prêtre tout seul ou tous ensembles, clergé et peuple  ? Pourquoi appelons-nous cela «liturgie» ? Hé bien! L’attitude qui est celle du prêtre doit être celle du fidèle aussi. Qu’il soit concentré. Qu’il s’abandonne complètement à Dieu. En cette heure-là, nous ne sommes pas sur terre, «nous qui sommes l’image des chérubins». Nous sommes dans le Ciel, en présence de la Trinité, sans «souci temporel». Nous sommes tous les officiants. Holala  ! Quelle chose magnifique Dieu nous accorde-t-il de vivre !

Si nous croyons que s’accomplit devant nous le Grand Sacrifice, nous devons nous tenir «dans la crainte de Dieu», pleurer de bonheur puisque Dieu en personne descend et se sacrifie par amour pour nous. Mais si nous ne croyons pas, pourquoi donc venons-nous à l’église ? De qui nous moquons-nous ? Ceux qui n’entrent pas dans l’église font preuve de plus de conséquences.

Dis-donc, Petit Georges, vas-tu dans des concerts de musique ?

- Oui, Geronda, ils me délassent.- Y as-tu entendu quelqu’un parler ? Tous sont silencieux, de peur d’interrompre l’œuvre. Alors ? Quelle chose a le plus de valeur ? Les mélodies de la musique qui délassent réellement ou bien le «bruit» de l’Esprit Saint qui sauve ? (…)

Dans l’église nous gardons le silence, nous nous rassemblons et nous parlons à Dieu...

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Notre attitude durant la divine liturgie

Nous en avons terminé avec la source provenant de la paroisse de la Sainte Trinité à Paris, que nous remercions encore. Nous nous proposons maintenant de poursuivre avec d’autres apports.

Cette fois-ci, nous avons choisi un passage tiré du livre «Anthologie de conseils» de saint Porphyre (L’Age d’Homme, p.177-179).

«Père Porphyre (1906-1991) est sans doute, avec Père Païssios du Mont Athos, le plus connu des grands spirituels orthodoxes grecs de ces dernières décennies. Tous deux ont d’ailleurs été récemment canonisés par le Patriarcat de Constantinople (en 2013 et 2015).

Comme Saint Païssios, il a reçu des milliers de visiteurs venus du monde entier, auxquels il a prodigué ses conseils et qu’il a consolés, apaisés, encouragés et fortifiés par la grâce divine qui rayonnait de sa personne et qui se transmettait par sa prière d’intercession.» (extrait de l’introduction p. 7).

Nous voyons dans ce passage la manière vivante et imagée, et également ferme dont il s’exprimait, ici sous forme d’un dialogue avec un enfant spirituel (Petit-Georges, à ne pas confondre avec notre bien-aimé recteur !)

Saint Porphyre

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Au cours des trois premiers siècles, de nombreux ascètes* et vierges consacrées, même s’ils vivaient parfois en commun, participaient pleinement à la vie des églises locales auxquelles ils appartenaient. Ils ne se distinguaient du reste des fidèles que par une vie d’ascèse et de prière plus dense.

À la fin du 3ème siècle, et surtout au 4ème siècle, apparaît le monachisme proprement dit. Il se caractérise par la recherche de la solitude, souvent par la «fuite au désert», loin de toute habitation humaine. Cette «anachorèse*» était motivée par le désir de trouver de meilleures conditions qu’au sein des villes et villages pour mener le combat spirituel contre Satan et pour s’unir au Christ sans partage.

Il a toujours existé un monachisme urbain à côté du monachisme rural ou du désert. L’anachorétisme absolu, l’érémitisme* individuel strict, a toujours été exceptionnel, et la plupart des moines ont vécu au sein de groupements, où la solitude individuelle et la collectivité étaient diversement dosées. Malgré son caractère exceptionnel, la solitude individuelle totale n’a jamais été considérée dans l’Église comme une déviation. La canonisation de figures comme saint Paul de Thébes (4ème siècle), sainte Marie l’Égyptienne (5ème siècle), saint Pierre l’Athonite (9ème siècle), montre bien que l’érémitisme n’est pas étranger à l’esprit de l’Église, même s’il ne correspond à la «mesure» que de quelques personnalités exceptionnelles.

L'érémitisme nous révèle le sens chrétien de la solitude et le caractère dynamique de la vie spirituelle. C'est par le baptême, la chrismation et l'eucharistie que nous est donnée la participation à l'Esprit-Saint. Mais les sacrements sont des semences qui ne peuvent se développer dans l'homme que par la synergie de la grâce et de ses efforts. La solitude, en créant des

conditions optimales pour l’ascèse et la prière incessante, permet à ceux qui sont suffisamment préparés de l'assumer authentiquement, de faire fructifier la grâce des sacrements reçus, même non fréquemment. Elle favorise le développement des divines énergies communiquées par la réception des sacrements.

Père Placide a écrit dans l’Évangile au désert «Par la retraite du monde et de son tumulte, par l'éloignement de tout ce qui est du monde, par la mort absolue à tout ce qui en lui, par son jeûne, ses veilles et sa vigilance, par sa conversation amicale avec Dieu, le moine s'efforcera de conformer ses actions à celles du monde nouveau.

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A partir du livre: Monachisme, eucharistie et pastorale de l'Archimandrite Placide Deseille.

Les origines et les principes du monachisme

Rencontre de Saint Antoine et Saint Paul l’Ermite

Nous vous présentons dans ce numéro deux éclairages sur le monachisme, l’un sur ses origines et ses principes, l’autre traitant de la vie intérieur du moine.

Lu pour vous

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Ainsi avec les esprits (célestes) et comme eux, il jouit spirituellement des saints mystères et reçoit le Christ dans son âme, sans intermédiaire. Donc, il ne faut pas blâmer les moines qui cessent de recevoir les saints mystères soit parce qu'ils ne s'en estiment pas dignes, soit qu’ils en jouissent déjà spirituellement.

Absents de l ’euchar is t ie , dépourvus de v ie communautaire, les solitaires étaient par là même privés du «sacrement» de l’Église locale. Ils n'en étaient pas moins profondément conscients de leur insertion dans le Corps du Christ, de leur union vitale avec tous les saints du ciel et de la terre. Évagre le Pontique (346-399) fut le maître de toute la tradition hésychaste*.

Cette pratique spirituelle mystique enracinée dans la tradition de l'Église orthodoxe, était une recherche «d'immobilité, de repos, de calme et de silence» dans une âme pacifiée, ou dans la vie monastique en général, ou enfin dans une vie plus solitaire au sein ou en dehors du cénobitisme*. Évagre le Pontique disait déjà: «Le moine est celui qui est séparé de tous et uni à tous ».

Beaucoup plus tard, saint Syméon le Nouveau Thélogien (949-1022) chantait:

La solitude de l'ermite ne lui permet pas d'exercer des fonctions pastorales qui le lieraient à un groupe humain régulièrement constitué. Néanmoins, il est habituel que l'ermite qui, après un long combat spirituel, a vaincu ses passions et a «acquis le Saint-Esprit», exerce auprès des hommes un ministère de guérison corporelle et spirituelle, grâce aux charismes des guérisons, du discernement des esprits et de la parole qui lui sont départis. De saint Antoine le Grand (251-356), saint Athanase (296-376) nous dit  qu’il guérissait non en commandant au mal, mais en priant et en invoquant le nom du Christ.

L'évêque Ammonas, disciple et successeur d'Antoine le Grand, constate qu'on retrouve ainsi dans le monachisme une sorte de constante, qui se vérifiait chez les saints personnages de l'Ancien et du Nouveau Testament: «L'âme ne peut connaître Dieu, si elle ne s'éloigne pas des hommes et de toute distraction. C'est pour cela que les saints Pères aussi vécurent solitaires dans des lieux déserts, soit Élie le Thesbite (9ème siècle), soit Jean-Baptiste le Précurseur et les autres Pères. Ils ont d'abord vécu dans une grande solitude et ils ont obtenu ainsi la force de Dieu pour qu'elle demeure en eux. Alors Dieu les a envoyés au milieu des hommes, en possession de toutes les vertus, pour qu'ils édifient les hommes et guérissent leurs maladies, car ils furent médecins des âmes et des corps. Mais ils ne sont envoyés qu’après que leurs propres maladies soient guéries. Il est impossible en effet que Dieu les envoie pour édifier les hommes, s'ils sont encore malades. Mais ceux qui sortent avant d'être parfaits, sortent de leur propre volonté, et non par la volonté de Dieu, car Dieu dit de ceux-là: «Je ne les ai pas envoyés, mais eux couraient».

L'érémitisme radical incarne dans toute sa perfection l'idéal monastique. Néanmoins, il n'a jamais été le fait que d'un petit nombre d'hommes, doués d'une personnalité hors du commun et assistés d'une grâce exceptionnelle. L'immense majorité des moines a vécu dans des groupements semi-érémitiques, ou dans des communautés cénobitiques*.

Dans le monastère semi-érémitique, les moines vivaient durant la semaine soit seuls, soit le plus souvent en groupes restreints autour d'un ancien. Le samedi et le dimanche, tous se rendaient à l'église du monastère pour participer à la liturgie eucharistique, à un repas et éventuellement à une conférence.

Dans le monastère cénobitique, la vie quotidienne était entièrement commune, la liturgie eucharistique était à

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«Sorti d’entre nous, tu es séparé du monde

entier: c’est vraiment cela être solitaire. Parce

que tu es uni à (ton) Dieu et roi, tu n’es

plus solitaire mais tu es devenu le compagnon

de tous les saints, tu partages la vie des

anges, tu habites avec les justes, tu es

vraiment le cohéritier de tous ceux qui sont

au ciel. Comment donc serait solitaire celui

qui possède sa cité, là où réside l’assemblée

des martyrs et des saints, là où se trouve la

foule innombrable des justes, des pontifes, des

patriarches et de tous les autres saints ? Il

n’est plus seul, celui qui est uni à Dieu,

même s’il est solitaire, même installé dans un

désert, même dans une grotte»

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l'origine le samedi et le dimanche matin. Mais la communion pouvait être distribuée plus fréquemment, et même quotidiennement, comme c'était le cas chez l'abbé Apollos qui disait: «Il faut, si possible, que les moines communient chaque jour aux mystères du Christ, car celui qui s'en éloigne s'éloigne de Dieu; en revanche, celui qui le fait continuellement reçoit continuellement le Sauveur. Car la voix du Sauveur déclare: «Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi et moi en lui» (Jean 6,56). Il est donc utile aux moines, dès lors qu'ils font continuellement mémoire de la passion du Sauveur, de se tenir prêts chaque jour, et de se rendre tels qu'ils soient dignes en tout temps de recevoir les mystères célestes, puisque nous bénéficions ainsi de la rémission de nos péchés».

Les moines jouèrent un rô le impor tant dans l'extraordinaire expansion missionnaire de l’Église. En Occident, le rôle de saint Martin de Tours (316-397), par exemple dans l'évangélisation des campagnes gauloises, est bien connu. Les moines celtes et anglo-saxons eurent aussi un important rayonnement missionnaire tout au long de leurs pérégrinations pour le Christ. Il faut noter cependant que cette activité ne représentait jamais, pour ces moines, l'essentiel de leur genre de vie. Elle n'était pas voulue et organisée comme un élément constitutif de la vie monastique.

Pour conclure, la vie des moines n'a pas d'autre source, ni d'autre but que celle de tout chrétien. Elle a pour origine l'audition de la Parole de Dieu et la réception des sacrements, baptême, chrismation, eucharistie.

La synergie de la grâce de Dieu et de la liberté de l’homme a pour but le plein développement des énergies divines déposées dans son cœur par ces sacrements. Ce qui caractérise le monachisme, c'est le choix évangélique du célibat et d'une part -variable- de solitude, comme moyens particulièrement efficaces pour organiser toute la vie en fonction du développement de la grâce sacramentelle. La solitude n'empêche pas le moine de se sentir d'autant plus uni à tous dans l'unité du Corps du Christ, qu'il s'unit davantage à Dieu par l'ascèse et la prière. Dans la mesure où il s'insère dans une communauté eucharistique, il a conscience de vivre en église avec tous les membres de cette communauté, et avec l’Église du Christ répandue dans tout l'univers.

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Apophtegme d’Abba Arsène

En ce temps-là, Abba Arsène habite encore dans

le palais du roi. Il fait cette prière à Dieu :

«Seigneur, conduis-moi sur le chemin où je serai

sauvé». Une voix lui répond : «Arsène, fuis loin

des hommes et tu seras sauvé».

Arsène part loin des hommes. Il vit seul. Il

recommence la même prière: ”Seigneur, conduis-

moi sur le chemin où je serai sauvé”. Il entend

une voix. Elle dit: ”Arsène, fuis, tais-toi, demeure

en repos. Voilà les racines d’une vie sans péché”.

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Né en 1934, d'origine anglicane, moine du monastère Saint-Jean de Patmos, il est évêque auxiliaire du diocèse orthodoxe grec de Grande-Bretagne, et professeur de théologie à l'université d'Oxford. Kallistos Ware, ancré dans la tradition de l’Église mais ouvert sur le monde et la modernité, est un véritable “passeur” entre l'Orient et l'Occident chrétiens. Son ouvrage est un apprentissage de l’intériorité, du «retour en soi-même», de l’écoute, du repentir, de la prière, de la lutte contre les pensées et les p a s s i o n s . N o u s n o u s s o m m e s i n t é r e s s é s particulièrement au chapitre sur l’hésychia* et la prière dans le silence.

Un apophtegme* des Pères du désert raconte une visite de Théophile, archevêque d’Alexandrie (de 384 à 412), aux moines de Scété. Désireux d’impressionner leur vénérable hôte, les frères firent appel à un ancien pour dire une parole au pape, pour qu’il soit édifié. L’ancien leur dit: « S’il n’est pas édifié par mon silence, il ne sera pas édifié non plus par ma parole  ». Cette histoire montre l’importance que la tradition du désert accorde à l’hésychia - recherche de qualité de repos en Dieu et de silence- .

«  Une eau boueuse ne peut se clarifier si elle est constamment remuée, de même il est impossible de devenir moine sans l’hésychia  », précise saint Nil d’Ancyre (4ème - 5ème siècle).

À l’origine, le mot hésychaste* désigne généralement un ermite, un moine vivant dans la solitude par opposition au membre d’une communauté cénobitique. Ici l’hésychia prend son sens le plus extérieur, elle renvoie, en terme d’espace, à la relation qu’un homme entretient avec ses semblables. L’hésychia peut renvoyer à la situation du moine dans sa cellule, qu’il soit ermite ou cénobite. Selon Abba Ruffus «L’hésychia, c’est demeurer assis dans ta cellule, dans la crainte et la connaissance de Dieu, sans rancœur ni vaine gloire. Une telle paix intérieure est la mère de toutes les vertus; elle protège le moine des traits enflammés de l’ennemi. Garde la mémoire de la mort, car tu ne sais pas à quelle heure le voleur vient. Veille sur ton âme ». L’hésychia est associée

ici à un autre mot clé de la tradition du désert: la nepsis*, sobriété spirituelle ou vigilance.

L’hésychaste est donc celui qui observe la parole d’Abba Moïse : «Va, reste dans ta cellule, et ta cellule t’enseignera toutes choses  ». Il savait que l’endurance dans la cellule porte le moine à la bonne observance. La cellule est d’abord l’atelier de la prière incessante. L’hésychaste, dans le vrai sens du terme, n’est pas celui qui a séjourné extérieurement au désert, mais celui qui a voyagé à l’intérieur de son propre cœur. «Le Royaume de Dieu est en vous» (Luc 17, 21). Si l’hésychaste peut être un solitaire vivant dans le désert, la solitude n’est pas un lieu géographique, mais un état de l’âme.

Il y a trois degrés dans l’hésychia: Fuir les hommes, se taire, garder le recueillement à Dieu. Mais ni la fuite ni l’absence de parole ne suffisent à faire d’un homme un véritable hésychaste, car il peut extérieurement, vivre dans la solitude et ne pas parler, mais être intérieurement plein d’inquiétude et d’agitation. Pour accéder au vrai repos intérieur, il faut passer de l’hésychia extérieure à l’hésychia intérieure.

Saint Syméon le Nouveau Théologien (949-1022) pensait que la plénitude de la vision de Dieu était possible aussi bien «au milieu des villes» que «dans les montagnes et

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A partir du livre: Le Royaume Intérieur de Mgr Kallistos Ware.

Un témoignage de moine

Kalistos Ware

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les cellules». Pour lui, les gens mariés, malgré les tâches séculières, les enfants, les soucis inhérents à la responsabilité d’un ménage, peuvent s’élever jusqu’aux cimes de la contemplation. Le critère à nouveau n’est pas la situation extérieure, mais la réalité intérieure.

La distinction entre le silence intérieur et le silence extérieur a été définie par Jean de Gaza (6ème siècle). Il arrive qu’un homme dise des milliers de mots utiles et que cela soit compté comme silence, tandis qu’un autre, pour avoir dit une seule parole vaine, sera considéré comme ayant foulé aux pieds l'enseignement du Sauveur, qui a dit: «Les hommes rendront compte au jour du jugement de toute parole vaine qu’ils auront proférée .» (Mt 12,36).

Laïc, fonctionnaire et homme de cour, saint Nicolas Cabasilas (1322-1391), qui fut l’ami de nombreux éminents hésychastes, déclare qu‘il est possible de pratiquer son métier sans que celui-ci ne soit un obstacle à la méditation. Pour lui, il n’est pas nécessaire de se retirer du monde, de manger une nourriture bizarre, de changer son vêtement, d’altérer sa santé. Au contraire, il est possible de demeurer chez soi, sans perdre aucun de ses biens et de se consacrer toujours à la recherche de Dieu. .

Dans le même esprit, saint Syméon le Nouveau Théologien souligne que « a vie la plus élevée» est l’état auquel Dieu appelle chacun personnellement.

L’hésychia signifie aussi le passage de ma prière à celle de Dieu qui agit en moi, ou, pour parler comme saint Théophane le Reclus (1815-1894), le passage de la prière «épuisante» et «ardue» à la prière «spontanée» et «jaillissante».

Comme l’écrit saint Isaac le Syrien (7ème siècle), «Quand l’Esprit Saint demeure dans un homme, celui-ci ne cesse de prier, car l’Esprit Saint prie tout le temps en lui. Que cet homme dorme ou qu’il veille, la prière désormais ne quitte jamais son âme».

L’ hésychia est un état que l’homme, dans le temps de ce monde, ne peut réaliser que de manière limitée et imparfaite. C’est une réalité qui ne pourra être atteinte dans sa plénitude que dans le Royaume futur. Saint Isaac le Syrien dit: «Le silence est le mystère du siècle à venir. »

Les pensées défilent et s’agitent dans nos têtes, comme des mouches qui bourdonnent, selon saint Théophane le Reclus. Ce manque de concentration, cette incapacité à être ici et maintenant avec la totalité de notre être, est

l’une des conséquences les plus tragiques de la chute. L’abandon des pensées mauvaises et triviales pendant la prière de Jésus  : «Seigneur Jésus-Christ, fils de Dieu, prends pitié de moi» et leur remplacement par la seule pensée du Nom est en soi une manière positive de contrôler ses pensées. La prière de Jésus est un combat qui nous fait avancer. L’impassibilité dont parlent les textes ascétiques n’est pas un état dans lequel le péché est impossible.

Même si un hésychaste a atteint le niveau de la contemplation, il reste tenu de s’engager dans l’action en s’efforçant d’acquérir les vertus et de rejeter les vices.

Pour l'homme du monde, l’action en soi n’est pas suffisante. S’il n’y a pas un lieu de paix au centre de la tempête, si l’homme, pris dans ses multiples activités, ne préserve pas une chambre secrète dans son cœur où se tenir seul devant Dieu, il perdra tout sens d’une voie spirituelle et se désintégrera.

Certains environnements peuvent s’avérer plus favorables que d’autres au silence intérieur, mais il n’y a aucune situation qui rende le silence absolument impossible. Saint Grégoire le Sinaïte (1255-1346) renvoya dans le monde nombre de ses compagnons les plus proches, au Mont Athos et dans d'autres déserts, qui devinrent des patriarches et des évêques.

Pour Évagre le Pontique (346-399), «le moine est celui qui, s’étant mis à l’écart de tous, est en union avec tous».

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«L’impassibilité n’est pas de ne pas sentir les

passions, mais de ne pas les accueillir».

+ Saint Isaac le Syrien.

«Celui qui demeure au désert et y vit dans le

recueillement est débarrassé de trois combats: de

l’ouïe, du bavardage et de la vue. Son seul

combat est dans son propre cœur».

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L’hésychaste accomplit un acte de séparation  : extérieurement en se retirant du monde, intérieurement en «bannissant toute pensée». Cependant, l’effet de cette fuite est de l’unir aux hommes plus étroitement qu’avant, de le rendre plus profondément sensible aux besoins des autres. Cela est une évidence chez les grands saints. Des êtres comme saint Antoine le Grand   (251-356) et saint Séraphin de Sarov (1754-1833) ont vécu pendant des décennies dans un silence et un isolement physique total qui, paradoxalement, leur a permis d’acquérir une clairvoyance et une compassion exceptionnelles. Et s’ils n’adressaient parfois que deux ou trois mots à leurs visiteurs, ces quelques paroles étaient précisément la seule chose que ceux-ci avaient besoin d’entendre à ce moment critique de leur existence.

Saint Macaire d'Alexandrie et Saint Macaire le Grand

Saint Isaac le Syrien dit qu’il est préférable d’acquérir la pureté du cœur plutôt que de convertir des nations entières. Un grand nombre d’ermites ne retournent jamais dans le monde comme apôtres ou pères spirituels. Ils continuent, totalement inconnus d’autrui, de pratiquer le silence intérieur pendant toute leur vie. Cela ne signifie pas pour autant que leur contemplation cachée est inutile ou que leur vie est gaspillée. Ils

servent la société, non par des œuvres actives, mais par la prière; non par ce qu’ils font, mais par ce qu’ils sont; non extérieurement, mais existentiellement. Ils peuvent dire, selon les mots de Macaire d’Alexandrie (6ème siècle): «Je garde les murs».

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Apophtegme d’Abba Poémen

Un jour qu’Abba Isaac était assis chez l’Abba

Poémen, on entendit le cri d’un coq. Il lui dit :

”Il y a donc cela ici, Abba ?”. Le vieillard lui dit :

”Isaac, pourquoi me forcer à parler ? Toi et tes

semblables, vous entendez cela. Mais celui qui est

vigilant n’en a nul souci”.

Apophtegme d’Abba Sisoès

Un jour, Abba Sisoès parla en toute liberté. Il

dit: ”Courage ! Après trente ans, je ne prie plus

Dieu pour mes fautes, mais je fais cette prière:

’Seigneur Jésus, défends-moi contre ma langue !’

Et pourtant, jusqu’à maintenant, chaque jour, je

tombe à cause de cette langue et je fais le péché”.

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Les mariages

22.06.2016: Marius et Cécile.

20.08.2016: Charles et Marion.

27.08.2016: Gérôme et Nina.

03.09.2016: Ronald et Raya.

24.07.2016: Jean et Xénia

Quelques événements: • Le 1er novembre 2016: Père Georges et notre communauté

ont eu la joie d’être invités par père Mikail Antonin à concélébrer la Divine Liturgie avec la communauté roumaine. L’office a été célébré dans le lieu de culte de l’hôpital d’Avignon.

• Le 8 novembre 2016: 1ère Liturgie à l’église des saints Archanges Michel et Raphaël à Aix-en-Provence. Père Georges et quelques paroissiens ont eu la grande joie de partager avec une centaine de personnes cette célébration. À cette occasion, un Trisaghion a été tout particulièrement chanté pour Père Michel, de bienheureuse mémoire, initiateur de la construction de ce lieu.

• Le 17 novembre 2016: déplacement de Père Georges et du Lecteur Stéphane à la Sainte Métropole, à Paris, pour participer à l’Assemblée Générale de la Clérico-Laïques. Chaleureuse journée d’amitié et de partage avec de nombreux prêtres, laïcs et responsables des paroisses de notre patriarcat.

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La paroisse au fil des moisLes baptêmes

• 24 juin: Marcel, fille de Marius et Cécile.

• 25 juin: Laéleya Maria, fils de Sébastien et Valentina.

• 25 juin:Paola Cami, fille de Lionel et Ramona.

• 03 juilet: Maléna, fille de Laurent et Andréa.

Petite-fille de père Claude, de bienheureuse mémoire et fondateur de notre paroisse, et de son épouse Jacqueline, notre très cher, chef de chœur.

• 09 juillet: Nathanaël, fils de Bruno et Héloïse.

• 09 juillet: Flavia, fille de Alexios et Marie-Laure.

• 17 juillet: Liv, fille de Quentin et Sarah.

Petite-fille de nos paroissiens Philippe et

Odile.

• 31 juillet : Émilie, fille de Gheorghe et Alina.

• 07 août: Elios, fils de Sébastien et Julie.

Petite fille de notre paroissienne Venize.

• 04 septembre: Joël (jeune adulte de 22ans) après un long cheminement a été baptisé.

• 25 octobre: Agnès, fille de nos paroissiens Benoît et Constance-Emmanuelle.

À L’église Saint Serge de Radonège de l’institut saint Serge (Paris ), mariage le 24 juillet 2016 de Jean, fils de Père Cernokrak et de Xénia , fille de Père Michel Philippenko  , soutien fidèle de notre paroisse!

«Seigneur, de gloire et d’honneur, couronne-les tous deux » ! « couronne-les !»

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• Des nouvelles du CESOOR: La Liturgie de rentrée a eu lieu le dimanche 30 octobre 2016 à 10h. Le groupe de paroissiens d’Orange et de ses environs qui y participe s’étoffe de plus en plus. Gloire à Dieu !

Œcuménisme:

• Avec la bénédiction de monseigneur Emmanuel, Père Georges a représenté notre Tradition auprès de nos frères catholiques lors de la Béatification de père Marie-Eugène de l’Enfant Jésus, le 19 novembre 2016, lors d’une célébration véritablement grandiose.

• Sont à signaler 2 rencontres œcuméniques, dans notre église, avec nos frères catholiques et protestants, l’objectif principal étant la préparation de la semaine de prière pour l’Unité des Chrétiens de janvier 2017.

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Apophtegme d’Abba Macaire

Quelqu’un demande à Abba Macaire: ”Comment doit-on prier ?”.

L’ancien répond: ”Tu n’as pas besoin de faire de longs discours. Etends seulement les mains et dis: ”Seigneur, comme tu le veux, comme tu sais, aie pitié !”. Et si un combat survient, dis: ”Seigneur, au secours !”. Le Seigneur sait ce qu’il nous faut et il a pitié de nous.

Père Marie-Eugène de l’Enfant Jésus

Billet d’humeur «Gloire au Père et au Fils et au Saint Esprit, et maintenant et toujours pour les siècles des siècles.

Amen»

Sacrement du Repentir et Ecclésialité.

Le Repent i r est , et demeure un sacrement fondamentalement donné en Église.

Ainsi, si pour des raisons bien compréhensibles d'ordre social, la confession en public telle qu'elle était pratiquée dans les premiers temps du Chr is t ian isme a é té abandonnée, i l ex is te et persiste néanmoins un élément très important de notre vie en Église, que l'on peut retrouver dans nos paroisses, élément souvent incomplètement perçu dans tou t le sens qu ' i l revê t , ma is qui illustre la pleine Ecclésialité de ce sacrement.

En effet, lorsque les circonstances et la configuration de l'église le permettent, il n'est pas rare de constater, lors d'une confession, la présence d'une personne, fidèle sollicité et volontaire béni par le prêtre, se tenant à distance, en retrait du prêtre et du pénitent qui eux, sont devant l'icône du Christ: Et cette personne prie très activement en lisant des psaumes à haute voix!!!

Certes, si cette voix à pour intention évidente de rendre inaudible ce que confesse le pénitent, il faut tenir également et fortement présent dans nos cœurs, qu'en cet instant, c'est toute l'Église qui est présente en la personne de ce serviteur de Dieu, priant à la fois pour le frère qui se repent, et le soutenant en cela......mais aussi pour le prêtre,  à la fois homme et Intercesseur dans la plénitude de son Sacerdoce.

Et il y a alors, en cet instant privilégié, la manifestation discrète mais ô combien incommensurable de l'Invisible «Esprit de Vérité, qui est partout présent et qui remplit tout».

Un fidèle

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Il s’agit d’une icône très traditionnelle de notre sainte église orthodoxe.

Comme dans toutes icônes classiques représentant un saint personnage, celui-ci est centré, avec à sa droite le mot « SAINT » (car la droite du Christ est un symbole de sainteté : celui qui sera le premier à entrer au paradis comme le larron crucifié à sa droite.)

Sur la gauche est ordinairement indiqué le nom du Saint….PATAPIOS.

Le rason* couvre la soutane, le voile porte une croix frontale et la barbe est bifide (c’est-à-dire fendue longitudinalement). Ce genre de barbe apparaît vers le XI° siècle dans l’iconographie russe et symbolise la double nature du Christ : Homme et Dieu.

La main gauche, horizontale, symbolise la création. Elle tient un chapelet, pour la prière permanente à laquelle se consacre le moine, trop long pour apparaître entièrement dans l’icône symbolisant la prière de Jésus continuelle. Elle est ouverte pour accueillir la foi en Christ notre Dieu et sauveur et son Esprit très saint. 

La main droite est fermée sur la croix, tenant la vérité. On remonte ainsi sur un axe vertical jusqu’à la croix du voile, alignant ainsi l’affirmation de la Trinité.

Bien que ce saint moine ait vécu dans le désert de nombreuses années, il choisit ensuite de vivre dans le monde pour apporter la bonne nouvelle du Royaume de Dieu.

Saint Patapios naquit en l'an 380 dans la ville égyptienne de Thèbes. Tout en exerçant sa double profession de médecin et de philosophe, son père, qui descendait d'une des plus illustres familles du pays, était aussi gouverneur de sa province. Sa femme et lui, qui étaient de fervents chrétiens, baptisèrent l'enfant et lui donnèrent une éducation orthodoxe. Ils l'instruisirent avec soin dans les Saintes Écritures. Puis ils firent venir d'Alexandrie des maîtres réputés qui lui transmirent toute la science de leur époque.

Plus Patapios avançait en âge, plus il progressait dans la vertu. Et plus il s'apercevait du caractère éphémère des choses de ce monde, comprenant que véritablement «vanité des vanités, tout est vanité»; plus aussi il était attiré par une vie ascétique, ou, comme l'on disait alors, philosophique… Les combats de Saint Athanase et du grand Antoine inspiraient à son âme la vénération et la contrition, lui mettant au cœur le désir de les imiter.

Ce qu’il fit, et il passa de longues années au désert dans la solitude.

Sa renommée lui amena nombre de visiteurs. Trop de disciples troublant sa solitude, il alla à Constantinople se perdre dans l’anonymat de la foule d'une grande ville. Il ne cessait pas, de jour comme de nuit, de louer le

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Saint Patapios de Thèbes

Commentaire de l’icône

La découverte de la Sainte dépouille d'Osios Patapios

Loutraki - 1904

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Seigneur, et, en retour, Dieu lui donna la grâce d’accomplir des miracles.

La célébrité de Saint Patapios, réputé savant et thaumaturge, était parvenue jusqu’aux confins de l’Égypte…

Le moment arriva pour lui de quitter cette vie éphémère pour entrer dans l'autre, qui est éternelle. Il s'en allait sous les yeux de ses disciples, qui pleuraient, inconsolables à l'idée qu'ils n'auraient plus la Grâce du Saint pour les protéger et les affermir.

«Père, disaient-ils, toi le plus doux des pères, pourquoi abandonner tes enfants orphelins? Pourquoi aller dans l'autre patrie? Qui fera cesser notre peine, et qui guérira les plaies de nos âmes?»

Le Saint, devant la Mort, ne montrait aucune lâcheté, aucun attachement pour cette vie éphémère. «Mes enfants, leur disait-il, ne me faites pas vos adieux dans la tristesse et les larmes, parce qu'en agissant ainsi vous vous causez du tort à vous-mêmes ainsi qu'à moi. Mais priez plutôt Dieu pour mon âme et faites un office de supplication; cela vous sera d'un grand profit». C'est ainsi que le Saint mit fin à leurs lamentations, en même temps qu'il les édifiait à propos de la bienheureuse éternité.

Puis il se mit à prier pour eux et tandis qu'il était en Prière, il remit sa sainte âme au Seigneur. L'on était en l'an 463; le Saint était alors âgé de quatre-vingt-trois ans.

Ses disciples se mirent alors en devoir d'ensevelir son saint corps dans l'église du Précurseur.

«Le glorieux serviteur de Dieu s'endormit en paix, entouré des moines et des ascètes des environs qui pleuraient la perte d'un si grand trésor mais se réjouissaient aussi de son entrée dans la gloire éternelle.

Tous ces faits touchant la Vie du Saint étaient connus. Mais ce que l'on découvrit à une époque récente, ce fut sa Sainte Relique qui dormait dans son ermitage des Monts Géraniens, surplombant Loutraki en face de Corinthe.

C'est là le lieu bienheureux que Saint Patapios avait choisi pour y mener l'ascèse; là aussi que fut découverte sa dépouille toute vénérable, que tant de siècles avaient laissée intacte et embaumante.

En effet, si la chapelle avait de nouveau servi à célébrer la liturgie aux alentours de 1500, elle avait été laissée à l'abandon depuis Patapios jusqu'à cette date, c'est-à-dire jusqu'à la chute de Constantinople. Elle était belle

pourtant, ainsi creusée à même la grotte, avec son iconostase où figurent en pied les grandes silhouettes bien droites du Saint Père Nikon le jeune, de Saint Patapios, de Sainte Patience, et d'autres Saints encore. Il fallut néanmoins attendre 1904 pour faire la découverte de la Sainte Relique. Cette année-là, un Prêtre célébrait à l'Ermitage. Constantin Sousanis – tel était son nom – s'acquittait de ses devoirs liturgiques. Mais, parce qu'il était de haute taille, il était gêné par le plafond trop bas de la grotte et par l'étroitesse du sanctuaire. Il eut alors l'idée d'agrandir l'endroit pour l'aménager plus spacieusement. Il fit venir des ouvriers qui pratiquèrent une ouverture dans le mur ouest de la chapelle. Quelle ne fut pas leur stupeur lorsqu'ils découvrirent, cachée là depuis des siècles, la vénérable dépouille d'un Saint conservé intact, et dont s'exhalait un parfum d'une incomparable suavité – l'odeur de Sainteté qui s'exhale des corps des Bienheureux-. C'est grâce au manuscrit qu'il tenait entre les mains qu'ils purent identifier le corps, car sur le papyrus figurait son nom : «Saint Patapios».

Après la découverte de la Sainte Relique, l'on put voir, et l'on voit encore, s'opérer une multitude de miracles pour ceux qui le prient avec foi.

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dans la crypte du monastère de Loutraki

Les Saintes reliques de Saint Patapios

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Lexique

Anachorèse, anachorète: Retrait, départ, fait de se retirer dans un lieu désert.

Apophtegmes (des Pères du désert): ensemble de préceptes, d'anecdotes et de paroles, attribués aux ermites et aux moines qui peuplèrent les déserts égyptiens au IVe  siècle. Les apophtegmes illustrent la vie spirituelle, l'éthique et les principes ascétiques et monastiques des Pères du désert.

Ascèse, ascète: L'ensemble des pratiques du chrétien qui veut se purifier de ses passions: jeûne, veille, chasteté, obéissance…

Cénobitique: Le cénobitisme est une forme de vie monastique en communauté, propre aux cénobites, par opposition aux ermites et anachorètes qui vivent seuls une vie consacrée à la prière et la contemplation.

Érémitisme: L'ermite ou l'anachorète est une personne (le plus souvent un moine) qui a fait le choix d'une vie spirituelle dans la solitude et le recueillement. Les ermites étaient à l'origine appelés anachorètes.

Hagiographie: Vie d’un saint.

Hésychasme, hésychaste, hésychia: Pratique spirituelle mystique enracinée dans la tradition de l’Église orthodoxe : «être en paix en Dieu, garder le silence.»

Nepsis: Mot grec signifiant chez les Pères du désert sobriété spirituelle, vigilance.

Rason: Manteau ecclésiastique, ample et à large manche, de couleur noire, habituellement porté par les moines. Il est aussi porté par dessus la soutane par tous les membres du clergé.

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Apophtegme d’ Abba Agathon

Les frères demandent à Abba Agathon : "Parmi toutes les bonnes actions, quelle est celle qui demande le plus d'efforts ?". Il répond:

"Excusez-moi, mais je crois que c'est la prière. Oui, chaque fois que tu veux prier, tes ennemis veulent t'empêcher de le faire. En effet, ils le savent : pour arrêter ta marche vers Dieu, il n'y a qu'un moyen : te détourner de la prière ! Quand tu commences quelque chose de bien, n'importe quoi, si tu continues avec courage, tu trouveras le repos. Mais pour la prière, tu dois combattre tes ennemis jusqu'à la mort".

Abba Antoine dit:

Je vis tous les filets de l'ennemi déployés sur la terre, et je dis en gémissant:

Qui donc passe outre ces pièges ?

Et j'entendis une voix me répondre: l'humilité.

(Paroles 16,6)

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