GhANA ET EThIOPIE, NOUvEAUx«LIONS» DE LA CROISSANCE

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DEBOUTCIV N°7

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INTERNATIONAL 28

L’Asie avait ses dragons, l’Afrique émer-

gente a désormais ses lions. Pour 2011,

les deux champions de la croissance

sont le Ghana (+12%) et l’Ethiopie

(+10%). De quoi faire pâlir d’envie les

pays francophones.

Le Ghana a le miracle modeste. Le paysde l’ex-leader panafricaniste KwameNkrumah ne fait guère parler de lui dansla rubrique des conflits, famines et autrescatastrophes. Et la presse francophonel’ignore injustement pour se focaliser surle voisin ivoirien, beaucoup plus turbu-lent.

Dommage, carle Ghana est lec h a m p i o nafricain de lac r o i s s a n c epour 2011,selon lest o u t e sd e r n i è r e sprévisions dela Banqueafricaine ded é v e l o p p e -ment (BAD) etde l’Organisa-tion decoopération etde développement économiques (OCDE).

L’ancien prestigieux royaume ashanti vadoubler la croissance de son produit in-térieur brut (PIB) en seulement un an,passant de +5,9% en 2010 à +12% en 2011grâce au pétrole.

La Banque mondiale est même encoreplus optimiste, tablant sur un PIB enhausse de 13,4%. En comparaison, lacroissance du PIB de l’Afrique de l’Ouestpour 2011 est de 5,9% et celle de l’ensem-ble du continent de seulement 3,7%.

Le Ghana est en pleine phase de décol-lage: entre 1993 et 2006, la taille de sonéconomie a triplé. Et grâce au démarragede la production de pétrole à grandeéchelle en décembre 2010, le décollageprend des allures de véritable miracle.D’autant plus que les bases sont solides:

«La stabilité sociale et l’enracinementcroissant de la démocratie dans le paysont contribué à renforcer la confiance desinvestisseurs, ce qui s’est traduit par unerecrudescence des opérations», selon lerapport.

Une «nation industrielle moderne»

Le président John Atta Mills, d’une grandediscrétion sur la scène internationale con-trairement, par exemple, à son homo-logue sénégalais Abdoulaye Wade, seconcentre sur son pays, qu’il veut trans-former en «nation industrielle moderne».

La production de pétrole est actuelle-ment d’environ 80.000 barils par jour etdevrait atteindre les 120.000 barils/jourdès le mois d’août. Des nouveaux gise-ments ont récemment été découverts etles autorités comptent ouvrir une deux-

ième raffinerie. Legrand port de Tako-radi, situé près dezones d’exploitation(toutes offshore),change à toutevitesse, avec de lux-ueuses villas qui

poussent commedes champignons.

Bref, les pétrodol-lars coulent à flot.Mais la chance duGhana, c’est que lepays n’a pas attendu l’«or noir» pour en-clencher son décollage économique etpeut ainsi éviter les travers que connaîtle Nigeria ou le Gabon, où les pétrodollarsne profitent guère à la population et sontcaptés par des élites peu scrupuleuses.

Le pays de Nkrumah, 24 millions d’habi-tants, est en effet le deuxième produc-teur d’or du continent après l’Afrique duSud, et le deuxième exportateur mondialde cacao, derrière son voisin ivoirien.Pour le Ghana, le pétrole est un moteurde plus à son économie —mais pas l’u-nique. Le président Barack Obama ne s’yest pas trompé: il avait réservé au Ghanaen juillet 2009 son premier voyage enAfrique subsaharienne.

Mais la comparaison avec la Côte d’Ivoire,qui sort avec peine d’une décennie decrise politico-militaire, n’est vraiment pasavantageuse pour Abidjan. Si le pays

d’Alassane Ouattara est resté leader surle marché du cacao —demeurant le paysle plus riche de l’Afrique de l’Ouest fran-cophone— les indicateurs pour 2011 sontdiamétralement opposés: croissance de12% pour Accra (capitale ghanéenne), ré-cession de plus de 7% pour Abidjan. Soitprès de 20 points de différence entre lesdeux voisins…

La famine de 1984

Cap à l’Est, avec l’autre champion 2011de la croissance: l’Ethiopie.

Comparer l’ancien royaume abyssin à un«dragon asiatique» peut paraître plusqu’osé tant les préjugés sont forts à l’é-gard de ce pays de la Corne de l’Afrique.En Occident, les images de la terriblefamine de 1984 et de l’élan de solidaritémondiale qu’elle a suscitée sont toujoursdans les esprits. Et aujourd’hui encore, la

situation nu-trit ionnelleest gravepour des mil-lions d’habi-tants. Lagrande pau-vreté restee n k y s t é edans de nom-breuses ré-gions, dansde nombreuxvillages etq u a r t i e r s :40% des prèsde 90 millions

d’habitants vivent —ou plutôt survivent—avec 1,25 dollar par jour (0,86 euro).

Mais l’Ethiopie ne se résume pas à cesclichés misérabilistes. Lorsqu’on arrivedans l’immense aéroport d’Addis Abeba(capitale de l’Union africaine), qu’on em-prunte des avenues plus larges que lesChamps-Elysées à Paris, que des nouveauxbâtiments de béton et de verre défilentdevant soi, on se dit que ce pays, quiselon les projections comptera en 2050170 millions d’âmes, voit grand, trèsgrand.

Depuis 2004, soit 20 ans après la grandefamine et ses millions de morts, la crois-sance économique en Ethiopie oscilleentre 8,8% (en 2010) et 12,6% (en 2005).Et selon le rapport BAD-OCDE, elle devraits’élever à 10% en 2011 —la deuxième plusforte sur le continent, bien au-dessus decelle de l’Afrique de l’Est (6,7%).

Ghana et ethiopie, nouveaux

«lions» de la croissance