Germinal, Émile Zola

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Germinal, Émile Zola Guide pédagogique par Marigold Bobbio Questions sur la partie 1 (p. 68 à 71) Ai-je bien lu ? 1. d. Étienne arrive au Voreux, un lundi de mars à 3 heures du matin. e. Les Maheu se lèvent et partent pour la mine. f. Étienne est embauché à la mine. a. Étienne fait la connaissance de Catherine Maheu qui l’initie à sa tâche de herscheur. c. L’ingénieur Négrel et le contremaître Dansaert reprochent aux mineurs de mal boiser. b. À la fin de sa première journée de travail, Étienne décide de rester au Voreux. J’analyse le texte Le narrateur et la construction du roman 2. Le récit est mené à la troisième personne : le narrateur est extérieur à l’histoire. 3. Au début du roman, le paysage minier est majoritairement vu et appréhendé par le regard d’Étienne : il est sans doute en contrebas, une partie du paysage disparaît à ses yeux : « Un chemin creux s’enfonçait. Tout disparut ». Ce matin-là, Étienne se déplace dans un paysage hostile et fantastique. Il en aune perception floue : « Mais, au ras du sol, un autre spectacle venait de l’arrêter. C’était une masse lourde, un tas écrasé de constructions, d’où se dressait la silhouette d’une cheminée d’usine » (l. 36-38). Étienne n’identifie les lieux que tardivement : « Alors l’homme reconnut une fosse ». Il en a confirmation lorsqu’il entend les explications du vieux Bonnemort : « Oui, c’était bien une fosse » (l. 115) 4. a. L’action débute un lundi de mars à trois heures du matin. Le dossier préparatoire de Zola permet de donner l’année : 1865. b. L’action se termine l’après-midi (l. 1114) après la fin de la journée de travail. On peut évaluer la durée de l’action dans cette première partie entre douze et quatorze heures. Le parcours d’Étienne 5. Étienne Lantier est un beau jeune homme de vingt et un an, brun, mince et fort (l. 72-74). 6. Étienne est machineur (mécanicien). Il travaillait dans un atelier de chemin de fer à Lille. Il a été renvoyé après avoir giflé son chef et se retrouve sans travail et sans domicile. Depuis huit jours il cherche du travail. On lui a dit qu’il y en avait à Marchiennes, mais il n’a rien trouvé. Il a passé le dimanche caché dans un atelier de charronnage mais en a été expulsé à deux heures du matin et se retrouve sur la route de Montsou à trois heures (l. 104-115) 7. a. b. c. Étienne est embauché comme herscheur dans l’équipe (le marchandage) de Maheu. Ce travail consiste à remplir les berlines du charbon qui vient d’être extrait par les haveurs et à les faire rouler jusqu’aux cages (ascenseurs). Fleurance, qui était herscheuse dans le marchandage de Maheu,

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Germinal, Émile Zola Guide pédagogique

par Marigold Bobbio Questions sur la partie 1 (p. 68 à 71) Ai-je bien lu ? 1. d. Étienne arrive au Voreux, un lundi de mars à 3 heures du matin. e. Les Maheu se lèvent et partent pour la mine. f. Étienne est embauché à la mine. a. Étienne fait la connaissance de Catherine Maheu qui l’initie à sa tâche de herscheur. c. L’ingénieur Négrel et le contremaître Dansaert reprochent aux mineurs de mal boiser. b. À la fin de sa première journée de travail, Étienne décide de rester au Voreux. J’analyse le texte Le narrateur et la construction du roman 2. Le récit est mené à la troisième personne : le narrateur est extérieur à l’histoire. 3. Au début du roman, le paysage minier est majoritairement vu et appréhendé par le regard d’Étienne : il est sans doute en contrebas, une partie du paysage disparaît à ses yeux : « Un chemin creux s’enfonçait. Tout disparut ». Ce matin-là, Étienne se déplace dans un paysage hostile et fantastique. Il en aune perception floue : « Mais, au ras du sol, un autre spectacle venait de l’arrêter. C’était une masse lourde, un tas écrasé de constructions, d’où se dressait la silhouette d’une cheminée d’usine » (l. 36-38). Étienne n’identifie les lieux que tardivement : « Alors l’homme reconnut une fosse ». Il en a confirmation lorsqu’il entend les explications du vieux Bonnemort : « Oui, c’était bien une fosse » (l. 115) 4. a. L’action débute un lundi de mars à trois heures du matin. Le dossier préparatoire de Zola permet de donner l’année : 1865. b. L’action se termine l’après-midi (l. 1114) après la fin de la journée de travail. On peut évaluer la durée de l’action dans cette première partie entre douze et quatorze heures. Le parcours d’Étienne 5. Étienne Lantier est un beau jeune homme de vingt et un an, brun, mince et fort (l. 72-74). 6. Étienne est machineur (mécanicien). Il travaillait dans un atelier de chemin de fer à Lille. Il a été renvoyé après avoir giflé son chef et se retrouve sans travail et sans domicile. Depuis huit jours il cherche du travail. On lui a dit qu’il y en avait à Marchiennes, mais il n’a rien trouvé. Il a passé le dimanche caché dans un atelier de charronnage mais en a été expulsé à deux heures du matin et se retrouve sur la route de Montsou à trois heures (l. 104-115) 7. a. b. c. Étienne est embauché comme herscheur dans l’équipe (le marchandage) de Maheu. Ce travail consiste à remplir les berlines du charbon qui vient d’être extrait par les haveurs et à les faire rouler jusqu’aux cages (ascenseurs). Fleurance, qui était herscheuse dans le marchandage de Maheu,

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est morte le dimanche. S’il ne la remplace pas, il ne pourra faire rouler les berlines de son équipe (l. 600-610). Il pense alors à Étienne qui avait demandé à Catherine, sa fille, herscheuse dans son équipe, s’il y avait du travail. Il obtient l’autorisation de Dansaert, le maître-porion. 8. a. Catherine est le deuxième enfant des Maheu. Elle a quinze ans. C’est à elle qu’Étienne s’adresse pour demander s’il y a du travail. Il la prend alors pour un garçon. b. Il comprend que c’est une fille quand il se retrouve au fond de la mine. C’est elle qui lui apprend le métier et ils font plus ample connaissance à la pause. Elle partage avec lui son « briquet » (ses tartines) et son café. Ils discutent. Étienne est attiré par Catherine et il songe à l’embrasser (800-824 et 859-864). c. Mais un des haveurs du marchandage de Maheu, Chaval, les observe, embrasse Catherine (l. 869-876). Il est brutal et jaloux. 9. Étienne décide de rester à Montsou parce qu’il a trouvé du travail et un logement. Il a souffert du travail au fond pendant ce premier jour. Dans le dernier paragraphe du chapitre VI (l. 1148-1155), le narrateur explique que peut-être, il a été séduit par les yeux clairs de Catherine et qu’il a senti « un vent de révolte, qui venait du Voreux » (l. 1150-1151). Il veut partager les souffrances et les luttes des mineurs. Les autres personnages 10. Bonnemort est le surnom de Vincent Maheu, le père de Toussaint Maheu et le grand-père des sept enfants Maheu (voir p. 9). On l’appelle ainsi parce qu’il a frôlé la mort à trois reprises. Il a été brûlé dans une explosion de grisou, il a manqué étouffer sous des éboulements, il a failli mourir noyé dans une inondation (voir p. 27). À cinquante-huit ans, c’est un vieillard qui souffre des jambes et qui a les poumons remplis de poussières de charbon qu’il crache régulièrement. 11. Les autres personnages : Zacharie : fils aîné des Maheu, 21 ans, haveur. Estelle : septième enfant et dernière-née de la famille Maheu, bébé de trois mois. Jeanlin : troisième enfant de la famille Maheu, 11 ans, galibot. Bébert : fils des Levaque, 12 ans, galibot. Lydie : fille d’un premier mariage de Pierron, galibot. Ces trois enfants sont inséparables, c’est Jeanlin le chef. Le père Mouque : palefrenier à la mine, il s’occupe des chevaux qui sont au fond, il vit à Réquillart et est le gardien de cette vieille fosse abandonnée. La Mouquette : fille du précédent, 18 ans, elle a de nombreux amants. Rasseneur : propriétaire du cabaret À l’Avantage, il a été renvoyé de la mine à cause de ses idées socialistes. Négrel : ingénieur, il contrôle le travail des mineurs. Dansaert : maître-porion (contremaître chef), il doit veiller à ce que les ordres de Négrel soient respectés. Maigrat : épicier de Montsou, chez qui les femmes du coron des Deux-Cent-Quarante vont se fournir. Zola, un romancier naturaliste 12. L’action se déroule dans le pays des mines de charbon du Nord (« le pays noir »). Montsou est une ville imaginaire, mais Marchiennes existe. 13. Termes techniques (pour les explications, voir p. 16 à 18 et lexique p. 322 à 326)

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Installations minières Métiers de la mine Tréteaux (l. 41) Ouvriers de la coupe à terre (l. 51) Fosse (l. 46) pour l’exploitation (l. 272), pour l’aérage ou l’épuisement (l. 274-275)

Moulineurs (l. 53)

Terri (l. 49) Charretier (l. 57) Berlines (l. 55) Machineur (l. 70) Culbuteur (l. 63) Galibot (l. 190) Hangar du criblage (l. 97) Herscheur (l. 190) Beffroi du puits (l. 98) Haveur (l. 191) Chambre de la machine d’extraction (l. 99) Remblayeur (l. 193) Tourelles de la pompe d’épuisement (l. 99) Raccommodeur (l. 194) Cage (l. 281) Maître-porion (l. 616) Recette (l. 544) Baraque (l. 562) Accrochage (l. 582) Front de taille (l. 659) Boisage – Moutons – Chapeaux (l. 989) Les mineurs sont logés dans les petites habitations des corons. À l’étage, on trouve les chambres. Tous les enfants dorment dans la même pièce, deux par lit, sauf le bébé qui dort dans un berceau avec ses parents. Il y a peu de meubles : une armoire, deux chaises, une table. En bas, il y a une seule salle avec un fourneau de fonte avec deux fours où brûle du charbon de mauvaise qualité (l’escaillage) fourni par la compagnie, un buffet, une table et des chaises. Au mur des gravures, comme ornements une boîte de carton rose et un coucou. Le sol est dallé. Les mineurs doivent se réveiller à quatre heures du matin, préparer leur casse-croûte (le briquet) et du café qu’ils emportent pour leur pause au fond de la mine. Il n’y a que très peu à manger, la paie de la quinzaine est épuisée au bout de la première semaine. Après le départ des mineurs, les femmes et les jeunes enfants se rendorment. Les mineurs travaillent en équipe, c’est le système du marchandage qui consiste en une négociation entre la compagnie et le responsable de l’équipe. Le marchandage de Maheu comporte quatre haveurs, deux herscheurs et trois galibots. Ils travaillent à plus de cinq cents mètres sous terre, après la descente dans les « cages » et le trajet dans les galeries. Le travail est très pénible comme le montre le début du chapitre IV (chaleur, manque d’air, infiltrations d’eau, positions très inconfortables, obscurité). Il y a danger d’éboulement, mais les mineurs sont payés à la berline de charbon et négligent le boisage (l. 724-727). Le grisou s’infiltre dans la mine, empoisonne l’atmosphère et fait courir le risque d’une explosion. L’ingénieur de la mine Paul Négrel et le maître porion inspectent le travail des mineurs et s’aperçoivent que Maheu et ses haveurs ont négligé le boisage de la galerie dont ils sont responsables : il a été fait trop vite et ne tiendra pas. Malgré les protestations de Maheu qui explique que pour bien boiser il faudrait qu’ils soient payés davantage, Négrel leur donne trois francs d’amende, les menace de payer le boisage à part et les oblige à boiser encore une heure jusqu’à la fin de leur journée.

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Au fond de la mine, il y a une écurie avec des chevaux qui ne quittent plus le fond : ils sont employés à tirer les berlines Et on ne les remonte que morts. Le narrateur nous présente deux chevaux, l’un, Bataille, est au fond depuis dix ans et a acquis des réflexes : il se baisse pour ne pas se cogner dans les galeries, il refuse de faire plus que le nombre réglementaire de voyages ; l’autre, Trompette, vient d’être descendu au fond, attaché dans un filet fixé au-dessous d’une cage. Arrivé au fond, il refuse de bouger malgré les hennissements de bienvenue de Bataille. L’originalité du naturalisme de Zola 14. Sous la plume de Zola, les installations minières du Voreux se transforment en une vision fantasmagorique. Une présence monstrueuse semble tapie au fond de cet espace hostile et mystérieux, ainsi qu’en témoignent les passages suivants : - l. 100-103, chapitre I : « dressant sa cheminée comme une corne menaçante, […] un air mauvais de bête goulue, accroupie là pour manger le monde. » - l. 119-121, chapitre I : « l’échappement de la pompe, cette respiration grosse et longue, soufflant sans relâche, qui était comme l’haleine engorgée du monstre. » - l. 325-328, chapitre I : « Et le Voreux, au fond de son trou, avec son tassement de bête méchante, s’écrasait davantage, respirait d’une haleine plus grosse et plus longue, l’air gêné par sa digestion de chair humaine. » - l. 558-561, chapitre III, l. 358-351 : « le puits avalait des hommes par bouchées de vingt et de trente, et d'un coup de gosier si facile, qu'il semblait ne pas les sentir passer. » - l. 592-596, chapitre III, l. 392-396 : « Pendant une demi-heure, le puits en dévora de la sorte, d'une gueule plus ou moins gloutonne, selon la profondeur de l'accrochage où ils descendaient, mais sans un arrêt, toujours affamé, de boyaux géants capables de digérer un peuple. » (l. 303-305, chapitre I, une autre métaphore désigne les lointains capitalistes qui possèdent le Voreux : ils sont dans « un tabernacle inaccessible, où se cachait le dieu repu et accroupi, auquel ils donnaient tous leur chair, et qu'ils n'avaient jamais vu. » Cette métaphore est reprise à la fin de cette partie, chapitre VI, l. 1148-1150 : « ce dieu repu et accroupi, auquel dix mille affamés donnaient leur chair, sans le connaître. ») Le nom Voreux, de la famille de dévorer (latin vorare) contribue à faire de la fosse une créature vivante dévorant les êtres humains. 15. La mine ressemble à un enfer (l. 679-684) : elle est située dans les profondeurs de la terre ; la température y est très élevée et elle est un lieu de torture pour les mineurs. On y étouffe et la lampe accrochée près de la tête ajoute au supplice du mineur soumis à une chaleur qui évoque la représentation traditionnelle de l’enfer : « l’étouffement à la longue devenait mortel », « cette lampe, qui chauffait son crâne, achevait de lui brûler le sang. » 16. Maheu est comparé à « un puceron pris entre deux feuillets d’un livre, sous la menace d’un aplatissement complet. » (l. 697-699). 17. Zola prête des sentiments humains aux chevaux de mine : Bataille est « le doyen de la mine » (l. 3), il est « sage », à « l’air bonhomme » (l. 1007), fait preuve de « malignité », c’est-à-dire d’intelligence lorsqu’il circule dans les galeries et ne veut pas faire plus que son travail habituel (l. 1009-1016). Il éprouve de la « mélancolie », revoit le moulin de son enfance et fait « d’inutiles efforts pour se rappeler le soleil » (l. 1024-1025). Il accueille avec joie Trompette dont l’odeur évoque justement le soleil et l’herbe : « il éclata tout à coup d’un hennissement sonore, d’une musique d’allégresse, où il semblait y avoir l’attendrissement d’un sanglot. » (l. 1052-1060).

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Trompette, lui, est terrorisé par la descente (l. 1040-1041) et vit un cauchemar (l. 1047). Il reste à terre. Il a si peur que seul un coup de fouet le remet debout. Pour le romancier, les chevaux partagent la souffrance des hommes, peut-être encore davantage puisqu’eux ne remontent pas à la surface. Je formule mes impressions 18. Réponses libres. J’étudie la langue Vocabulaire : autour du mot « vorace » 19. a. L’adjectif « vorace » signifie qui dévore avec avidité, qui s’empiffre. b. Un être : - omnivore mange de tout, - frugivore mange des fruits, - carnivore mange de la viande, - insectivore mange des insectes, - piscivore mange des poissons, - herbivore mange de l’herbe. J’écris 20. Réécriture : changer le narrateur l. 21-26 : Depuis une heure, j’avançais ainsi, lorsque sur la gauche à deux kilomètres de Montsou, j’aperçus des feux rouges, trois brasiers brûlant au plein air, et comme suspendus. D’abord j’hésitai, pris de crainte ; puis je ne pus résister au besoin douloureux de me chauffer un instant les mains. l. 103-115 : Tout en l'examinant, je songeais à moi, à mon existence de vagabond, depuis huit jours que je cherchais une place ; je me revoyais dans mon atelier du chemin de fer, giflant mon chef, chassé de Lille, chassé de partout ; le samedi, j’étais arrivé à Marchiennes, où l'on disait qu'il y avait du travail, aux Forges ; et rien, ni aux Forges, ni chez Sonneville, j’avais dû passer le dimanche caché sous les bois d'un chantier de charronnage, dont le surveillant venait de m'expulser, à deux heures de la nuit. Rien, plus un sou, pas même une croûte : qu'allais-je faire ainsi par les chemins, sans but, ne sachant seulement où m'abriter contre la bise ?

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Questions sur la partie 2 (p. 93 à 96) Ai-je bien lu ? 1. Les Grégoire sont un couple de bourgeois aisés qui possèdent le domaine de la Piolaine à l’ouest de Montsou sur la route de Montsou à Joiselle. Ils ont une fille nommée Cécile. Ils peuvent vivre sans travailler grâce aux revenus de l’action de la Compagnie des mines de Montsou qu’ils ont hérité de l’arrière-grand-père de Léon Grégoire. 2. La Maheude se rend chez les Grégoire pour obtenir de l’aide, si possible cinq francs, parce qu’elle n’a plus de quoi nourrir sa famille. Elle avait rencontré les Grégoire qui lui avaient proposé de venir à la Piolaine. 3. Madame Hennebeau est la femme du directeur de la Compagnie, elle s’ennuie à Montsou. Elle fait visiter le coron à un couple d’amis venus de Paris. J’analyse le texte La construction du roman 4. a. Les deux chapitres qui présentent un retour en arrière sont les chapitres I et II. Au chapitre I, l’action commence le lundi à huit heures du matin à la Piolaine alors que dans la partie précédente elle s’était terminée dans l’après-midi de ce même lundi, au moment où les mineurs rentrent chez eux et où Étienne décide de rester à Montsou. Le chapitre II ramène le lecteur au coron toujours ce même lundi, à six heures du matin, chez les Maheu : la Maheude se réveille et emmène ses enfants Lénore et Henri à la Piolaine. b. Le chapitre II de la première partie et le chapitre I de la deuxième partie présentent des scènes parallèles : d’un côté le réveil des Maheu qui se préparent dès quatre heures du matin à partir à la mine, et de l’autre le réveil des Grégoire à huit heures et celui encore plus tardif de Cécile. Ces deux scènes permettent d’opposer le mode de vie des ouvriers à celui des bourgeois. c. Le narrateur reprend l’ordre chronologique de la journée au coron à partir du chapitre III au moment où la Maheude rentre chez elle à onze heures du matin. 5. L’action de la deuxième partie se termine en fin d’après-midi au moment où Étienne rentre se coucher. Elle a duré environ quatorze heures si l’on prend en compte le réveil de la Maheude à six heures du matin. Le rythme des deux premières parties est lent : Zola prend soin de présenter en détail situations et personnages. Bourgeois et ouvriers 6. Tout oppose les bourgeois et les mineurs, d’un côté les Grégoire, Mme Hennebeau et ses amis, de l’autre les Maheu. Zola a fait le choix de familles emblématiques de façon à mettre en avant les différences sociales. La famille Grégoire n’est pas présentée comme une famille de riches capitalistes comme le montrent les expressions restrictives : « il ne restait qu’une trentaine d’hectares (l. 5-6) », « Pour tout personnel, outre ces deux femmes, il n’y avait que le cocher (l. 36-36) », « Du reste, il n’y avait aucun luxe (l. 51-52) ». Cependant leurs ressources financières sont sans aucune mesure avec celles des Maheu : ils peuvent vivre confortablement, payer leurs domestiques, satisfaire les caprices de leur fille alors que la Maheude n’a plus d’argent au début de la deuxième semaine après la paie de quinzaine au point qu’elle est obligée d’aller demander l’aumône aux Grégoire ou de supplier l’épicier Maigrat pour avoir des provisions à crédit. Cette opposition est marquée également dans leur habitation :

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- d’un côté, une grande demeure, la Piolaine, avec une belle chambre pour Cécile, la fille unique, une grande cuisine, des provisions qui débordent de partout, une salle à manger, un salon (qu’on n’utilise pas), un calorifère qui chauffe toute la maison, un feu dans la cheminée, un verger, un potager entretenus par un couple de jardiniers, une grande allée de tilleuls ; - de l’autre, une petite maison pauvrement meublée dans le coron avec deux chambres pour dix personnes, une seule salle qui sert de cuisine et de salle à manger, un buffet vide, un seul feu pour chauffer la maison et faire la cuisine et qu’il faut rallumer chaque matin, un potager cultivé par Maheu après sa journée de travail. Leurs conditions de vie contrastent aussi fortement : - aucun des Grégoire ne travaille, M. Grégoire gère sa propriété, Mme Grégoire s’occupe de donner des ordres à la cuisinière, Cécile prend des leçons à domicile, Mme Hennebeau qui ne travaille pas non plus s’ennuie. Les Grégoire ont cinq domestiques à leur service : une cuisinière, une femme de chambre, un cocher, un couple de jardinier ; - les Maheu descendent à la mine dès l’âge de huit (Bonnemort) ou dix ans six jours sur sept, les enfants ne vont pas à l’école, la Maheude a arrêté de descendre au fond à vingt ans, après son deuxième enfant, la mine la rendait malade. Elle est maintenant femme au foyer, elle doit s’occuper de nourrir les dix personnes de sa famille, s’occuper de ses trois plus jeunes enfants avec l’aide d’Alzire, neuf ans et infirme. - Les Grégoire peuvent dormir autant qu’ils veulent, se lèvent en général à neuf heures : « dormant beaucoup, avec passion (l. 16) » - Les Maheu doivent se réveiller, difficilement, dès quatre heures du matin. Catherine est épuisée au réveil : « ses yeux gris pleuraient de sommeil combattu, avec une expression douloureuse et brisée, qui semblait enfler de fatigue sa nudité entière. (l. 385-387) ». Maheu, après avoir grondé sa fille, se rendort. Zacharie et Jeanlin ont beaucoup de mal à quitter leur lit. Bonnemort travaille de nuit et occupe un lit laissé par les enfants. - La mine use les mineurs et les rend malades comme le montre le personnage de Bonnemort, un vieillard à cinquante-huit ans, qui a des difficultés à marcher, qui tousse et crache le charbon qu’il a dans les poumons (« si ravagé par ses quarante années de fond, les jambes raides, la carcasse démolie, la face terreuse », l. 481-483) alors que M. Grégoire à soixante ans est en bonne santé : « rose lui aussi pour ses soixante ans (l. 57) ». - Le contraste physique entre Catherine Maheu et Cécile Grégoire est grand : Catherine : « Fluette pour ses quinze ans, elle ne montrait de ses membres, hors du fourreau étroit de sa chemise, que des pieds bleuis, comme tatoués de charbon, et des bras délicats, dont la blancheur de lait tranchait sur le teint blême du visage, déjà gâté par les continuels lavages au savon noir. » (p. 35, l. 377-382) Cécile : « Elle n'était pas jolie, trop saine, trop bien portante, mûre à dix-huit ans ; mais elle avait une chair superbe, une fraîcheur de lait, avec ses cheveux châtains, sa face ronde au petit nez volontaire, noyé entre les joues. » (l. 85-88). - Henri et Lénore sont ainsi décrits : « ces enfants pitoyables, avec leur chair de cire, leurs cheveux décolorés, la dégénérescence qui les rapetissait, rongés d'anémie, d'une laideur triste de meurt-de-faim. » (l. 244-247). 7. La Maheude et ses enfants « glacés, affamés » (l. 170) sont accueillis par deux chiens qui aboient très fort et qui font peur aux enfants. Une fois à l’intérieur, ils sont surpris par la chaleur de la pièce, craintifs et embarrassés devant la famille Grégoire confortablement installée après leur petit-

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déjeuner (« saisis d’un effarement peureux, l. 171 », « étourdis par la brusque chaleur, très gênés des regards de ce vieux monsieur et de cette vieille dame, l. 180-181 »). 8. Les réactions des Grégoire face à la détresse de la Maheude : - les Grégoire restent fermes dans leurs principes : ne pas donner d’argent. Leurs aumônes sont toujours en nature. Quand la Maheude lui demande cinq francs, Léon Grégoire dit « d’un air de devoir : « - Non ce n’est pas dans nos habitudes. Nous ne pouvons pas. » (l. 391-392). Au fil de l’attente et de la conversation, pendant que la servante cherche le colis de vêtements, « le monsieur et la dame se taisaient, douillettement allongés, peu à peu ennuyés et pris de malaise devant l’étalage de cette misère. » (l. 297-299) et scandalisés par le fait que la Maheude ait tant d’enfants. - Cécile s’apitoie en paroles sur les enfants : « les pauvres mignons » (l. 195 et l. 206). Quand elle a les vêtements pour les petits, elle les fait envelopper rapidement, sa maîtresse de piano vient d’arriver. Elle est émue par la pauvreté de la Maheude, mais totalement inconsciente, elle veut « combler » les enfants en leur donnant deux parts de brioche pour partager avec leurs frères et sœurs. - les domestiques éprouvent de l’« apitoiement » et une « pointe d’inquiétude » (l. 199) : si elles sont bien nourries chez les Grégoire, elles peuvent se dire qu’il s’en est fallu de peu qu’elles ne soient dans la même situation que la Maheude. 9. a. La Maheude demeure fière face aux Grégoire. Quand elle demande de l’argent, sa voix s’étrangle « car les Maheu étaient fiers et ne mendiaient point. » (l. 319-320). b. Elle répond calmement en expliquant sa situation : elle n’a rien pu faire pour éviter ses grossesses et compte sur ses enfants pour rapporter leur paie dès qu’ils ont l’âge de travailler. Mais sa situation est difficile à cause de Bonnemort et des petits qui ne travaillent pas encore. Quand Grégoire reproche aux mineurs de ne pas faire d’économies, de boire et de faire des dettes, elle explique que même si le chef de famille ne boit pas, il est impossible de ne pas vivre à crédit parce que la paie n’est pas suffisante. Le charbon, gratuit mais de mauvaise qualité et le loyer très bas ne suffisent pas à rétablir la situation. c. La Maheude apparaît comme résignée ; elle refuse de se plaindre et prône une morale de l’acceptation fondée sur une vie honnête. La critique sociale 10. a. Les Grégoire chargent Cécile de leurs aumônes, ce qui correspond à l’éducation qu’ils veulent lui donner. Elle doit apprendre à être charitable. b. Ils refusent de donner de l’argent parce qu’ils ont peur « d’être trompés et d’encourager le vice » (l. 199). Pour eux, dès qu’un pauvre a de l’argent, il le dépense à boire. 11. a. Mme Hennebeau fait visiter le coron à ses amis pour leur montrer comment les mineurs y vivent et sont bien traités par la compagnie minière. C’est pour elle un remède à l’ennui qu’elle éprouve à Montsou, une distraction similaire à une visite au zoo ou à la foire comme le montrent les expressions suivantes : « heureuse de se distraire un instant à ce rôle de montreur de bêtes » (l. 428-429), « Ils sortirent de l’air enchanté dont on sort d’une baraque de phénomènes » (l. 460-461). b. Ce sont les invités de Mme Hennebeau, des Parisiens, qui tiennent ces propos cyniques sonnant comme des antiphrases hyperboliques : le monsieur (« Une Thébaïde ! Un vrai pays de Cocagne ! »), la dame (« Les beaux enfants ! »). Zola dénonce ainsi l’hypocrisie des bourgeois et leur totale ignorance des conditions de vie des ouvriers. 12. a. La confection et la dégustation de la brioche constituent un événement important dans la vie des Grégoire : Mme Grégoire y a pensé avant de se lever, elle donne ses instructions aux bonnes, elle reste à observer leur travail, Cécile est ravie de la surprise, c’est le sujet de la conversation : « on ne

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parla longtemps que de la brioche ». Elle est le symbole de la richesse et représente pour les mineurs affamés un aliment qu’ils ne pourront jamais s’offrir. b. Les enfants, qui n’ont pas de pain, sont effectivement fascinés par la brioche : « les petits ouvraient de grands yeux et contemplaient la brioche » (l. 214-215) et lorsque Cécile, qui ne peut comprendre la détresse de ces enfants, leur fait don de deux parts qu’elle leur demande en outre de partager avec leurs cinq frères et sœurs, ils s’en vont « en tenant cette brioche respectueusement, dans leurs menottes gourdes de froid » (l. 332-334). Je formule mes impressions 13. et 14. Réponses libres J’étudie la langue Grammaire : les valeurs des temps 15. a. et b. Les verbes des lignes 41-45 - avait médité : plus que parfait, antériorité dans le passé, action antérieure à celle de rester dans la cuisine - resta : action de premier plan qui assure la progression du récit - était, emplissaient : imparfait : action de second plan, description - devinait : imparfait, action de second plan, à durée indéterminée

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Questions sur la partie 3 (p. 138 à 141) Ai-je bien lu ? 1. a. Souvarine est un Russe d’une trentaine d’années, machineur au Voreux depuis un an. Bien qu’issu de la noblesse, ses idées socialistes l’ont poussé à apprendre le métier de mécanicien. Il a quitté la Russie après un attentat manqué contre le tsar. Étienne fait sa connaissance parce qu’il occupe la chambre meublée chez Rasseneur à côté de la sienne. b. Étienne et Souvarine se retrouvent le soir dans la salle du cabaret de Rasseneur après le départ des mineurs. 2. La ducasse est la fête annuelle de Montsou. Le terme de ducasse désigne les fêtes de village dans le nord de la France. 3. Un samedi d’octobre, alors que les mineurs vont toucher leur paie, une affiche annonce le paiement du boisage à part à partir du 1er décembre. Le prix de la berline est abaissé et le tarif prévu pour le boisage ne compense pas la perte due à la baisse de la berline malgré les calculs faits par la Compagnie. Par ailleurs la somme que touche Maheu pour la quinzaine est ridiculement faible. 4. Les mineurs préparent la grève en riposte à cette mesure. J’analyse le texte La chronologie 5. a. La chronologie de la troisième partie = a. 2 – b. 5 – c. 1 – d. 3 – e. 4 a. Un lundi de mars 2. Étienne s’embauche au Voreux b. Le dernier dimanche de juillet 5. La ducasse à Montsou c. Août 1. Étienne s’installe chez les Maheu e. Septembre 4. Création de la caisse de prévoyance d. Un samedi fin octobre 3. Maheu touche une paie très faible b. L’action de la troisième partie s’étend sur neuf mois de mars à novembre (accident de Jeanlin). Le parcours d’Étienne 6. a. Les hommes qui permettent à Étienne d’approfondir sa pensée et sa révolte sont - Pluchart, le socialiste, mécanicien à Lille qui l’incite par correspondance à créer une section de l’Association internationale des travailleurs à Montsou ; - Rasseneur, le modéré qui voudrait aussi une seconde révolution après celle de 1789, celle des ouvriers ; - Souvarine l’anarchiste qui ne croit plus en rien et exprime sa volonté de tout détruire. b. Étienne complète sa formation en lisant toutes sortes de livres et de journaux qu’il commande ou que lui prête Souvarine. 7. a. Étienne veut aller habiter le coron pour partager totalement la vie de ses camarades et pouvoir plus facilement les convaincre d’agir. Il va loger chez les Maheu à la place de Zacharie qui épouse Philomène et va vivre avec elle. b. Cette décision provoque la jalousie de Chaval, l’amant de Catherine, parce que désormais Étienne va partager la même chambre que la jeune fille. c. Étienne se transforme physiquement et moralement : son expression devient plus grave, il s’habille avec soin : vêtement de drap et bottes fines. Cette transformation accompagne son changement de statut auprès des mineurs : il devient chef, ce qui l’emplit d’orgueil.

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L’action 8. La caisse de prévoyance créée par Étienne doit servir à financer la grève qui ne va pas manquer d’être décidée. 9. Le discours d’Étienne se présente comme une réponse à la remarque de Bonnemort : « il y aura toujours des chefs, pas vrai ? Inutile de se casser la tête là-dessus. » (l. 499-500). Il veut démontrer que les ouvriers peuvent réfléchir, s’organiser, lutter contre le patronat, faire la révolution pour un monde meilleur : « tout péterait un jour, grâce à l’instruction » (l. 522-523). Pour exprimer son indignation contre l’injustice faite aux ouvriers et emporter l’adhésion des mineurs qui l’écoutent, il utilise : - un langage familier : « tout péterait » (l. 522), « on n’était plus collé » (l. 528), « joué des poings » (l. 531), - des jurons : « nom de Dieu » (l. 521), - des interjections exclamatives : « Comment ! » (l. 501), « Eh ! » (l. 502), « Ah ! » (l. 526), - des phrases exclamatives : « la réflexion serait défendue à l’ouvrier ! » (l. 501-502), « ça poussait, ça poussait petit à petit, une rude moisson d'hommes, qui mûrissait au soleil ! » (l. 526-527), - des fausses interrogations (interrogations oratoires) : « Est-ce que tous les citoyens n'étaient pas égaux depuis la Révolution ? puisqu'on votait ensemble, est-ce que l'ouvrier devait rester l'esclave du patron qui le payait ? » (l. 514-517), « pourquoi donc n'aurait-on pas joué des poings, en tâchant d'être le plus fort ? » (l. 530-531), - une opposition entre le passé et le présent : « Du temps du vieux… » (l. 504) « Mais à présent… » (l. 510), entre la passivité du passé et la prise de conscience du présent. - la métaphore de la germination : « le mineur s'éveillait au fond, germait dans la terre ainsi qu'une vraie graine ; et l'on verrait un matin ce qu'il pousserait au beau milieu des champs : oui, il pousserait des hommes, une armée d'hommes qui rétabliraient la justice. » (l. 510-514), « Ah ! ça poussait, ça poussait petit à petit, une rude moisson d'hommes, qui mûrissait au soleil ! » (l. 526-527). Cette métaphore explique le titre du roman, elle sera reprise notamment au dernier chapitre. Elle exprime l’idée d’un mûrissement de la classe ouvrière qui s’éveillera un jour et se révoltera pour construire une société fondée sur la justice sociale. 10. Les Maheu se retrouvent dans l’analyse que fait Étienne de leur vie : pauvreté, promiscuité, épuisement dû aux conditions de travail, plaisirs limités à la boisson et à l’accouplement (l. 469-482). La Maheude est la première qui exprime sa révolte (l. 484-485 : « mais il y a des fois où cette injustice me révolte. ») Bonnemort et Maheu sont écrasés par la situation et pensent que la situation ne changera pas (l. 491-500 et 533-536). Puis la discussion porte sur la promesse d’une vie meilleure dans l’au-delà réfutée par l’ensemble de la famille. Ensuite devant la véhémence et la conviction d’Étienne, chaque membre de la famille se met à espérer un avenir meilleur même si la Maheude se défend d’être dupe : « Il était si doux d'oublier pendant une heure la réalité triste ! Lorsqu'on vit comme des bêtes, le nez à terre, il faut bien un coin de mensonge, où l'on s'amuse à se régaler des choses qu'on ne possédera jamais. » (l. 503-506). Elle est accrochée par l’idée de faire régner la justice. Maheu espère voir le « chambardement » (l. 614). Alzire rêve « d’une maison très chaude où les enfants jouaient et mangeaient tant qu’ils voulaient. » (l. 632-634). Catherine est fascinée par la personne d’Étienne autant que par ses discours (l. 558-561 et l. 634-637)

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Le naturalisme de Zola 11. Les activités auxquelles se livrent les mineurs le jour de la ducasse sont diverses : faire un bon repas avec de la viande (l. 191-193), se promener à travers la ducasse, boire dans les nombreux cabarets, manger des frites, acheter des babioles aux camelots (fichus, miroirs, couteaux, casquettes, sucreries), tirer à l’arc, jouer aux boules, au billard, assister à un combat de coqs. Le soir, dès cinq heures, c’est le bal au Bon-Joyeux avec trois musiciens. Les mineurs dansent, continuent de boire, les femmes et les plus jeunes enfants rejoignent les maris pour les ramener à la maison. La fête se termine vers dix heures. 12. Le cadre minier est toujours présent : la phrase des lignes 212-214 insiste à deux reprises sur le « noir » du charbon : « L'éternelle boue noire avait séché, une poussière noire montait, volait ainsi qu'une nuée d'orages. » 13. a. Au cours du bal, la foule devient une masse compacte où l’on ne distingue plus que des morceaux de corps ou d’habits : « remuements des hanches et des gorges », « confusion de bras », « les faces rouges, les cheveux dépeignés collés à la peau, les jupes volantes ». b. On peut relever les métaphores qui montrent l’importance de la consommation de bière : « fleuve de bière » (l. 247), « une mer montante de bière » (l. 370). 14. a. Jeanlin est pris sous un éboulement et il a les jambes cassées. Il guérit mais reste boiteux. La Compagnie donne un secours de cinquante francs et promet un emploi au jour pour le garçon. b. Quand la Maheude voit Jeanlin blessé, elle réagit par un cri de colère (l. 924-926), maudit le sort et continue à se plaindre toute la soirée. À la fin du chapitre V, elle énumère tous les malheurs qui ont fondu sur la famille depuis l’été : il n’y a plus que la paie de Maheu pour faire vivre une famille de sept personnes. Je formule mes impressions 15. Réponse libre J’étudie la langue Vocabulaire : autour des mots « nihilisme » et « anarchisme » 16. Cette nouvelle annihile tous leurs espoirs. 17. Des mots en –isme désignant des mouvements de pensée : idéalisme, matérialisme, féminisme, darwinisme…, des courants politiques : communisme, socialisme, centrisme, libéralisme… J’écris Réécrire au discours direct 18. « Mais, à présent, le mineur s'éveille au fond, germe dans la terre ainsi qu'une vraie graine ; et l'on verra un matin ce qu'il poussera au beau milieu des champs : oui, il poussera des hommes, une armée d'hommes qui rétabliront la justice. Est-ce que tous les citoyens ne sont pas égaux depuis la Révolution ? Puisqu'on vote ensemble, est-ce que l'ouvrier doit rester l'esclave du patron qui le paie ? Les grandes Compagnies, avec leurs machines, écrasent tout, et l'on n'a même plus contre elles les garanties de l'ancien temps, lorsque les gens du même métier, réunis en corps, savaient se défendre. C'est pour ça, nom de Dieu ! et pour d'autres choses, que tout pétera un jour, grâce à l'instruction. On n'a qu'à voir dans le coron même : les grands-pères ne pouvaient pas signer leur nom, les pères le signent déjà, et quant aux fils, ils lisent et écrivent comme des professeurs. Ah ! ça pousse, ça pousse petit à petit, une rude moisson d'hommes, qui mûrit au soleil ! »

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Questions sur la partie 4 (p. 188 à 190) Ai-je bien lu ? 1. Dans la quatrième partie, l’action se déroule en hiver, du lundi quinze décembre à début janvier. 2. Une délégation de mineurs se rend chez Hennebeau pour exposer leurs revendications : ils refusent le nouveau système de paiement du boisage à part qui aboutit à une diminution de salaire. Ils réclament le retour à l’ancien système avec une augmentation de cinq centimes par berline. Hennebeau refuse d’accorder quoi que ce soit en expliquant qu’il n’est qu’un employé de la Compagnie et qu’il va transmettre les demandes des mineurs à la Direction qui se trouve à Paris. Il conseille cependant aux mineurs de reprendre le travail. Ces derniers sortent, découragés. 3. a. b. La grève amène la famine chez les mineurs. Ils sont pourtant déterminés à la poursuivre. J’analyse le texte Bourgeois et ouvriers : deux mondes opposés 4. M. Hennebeau est le directeur salarié de la Compagnie, M. Grégoire est un actionnaire rentier, M. Deneulin est le propriétaire privé de la fosse Jean-Bart. 5. Zola souligne l’opposition entre les conditions de vie des mineurs et celles des bourgeois dans une scène de repas plantureux offert par les Hennebeau aux Grégoire et à Deneulin. C’est en mangeant ce repas abondant et raffiné (œufs brouillés aux truffes, truites de rivière, perdreaux rôtis, charlotte de pommes meringués, fruits) arrosé d’un grand cru, du Chambertin, puis d’un vin du Rhin « pour remplacer le champagne, jugé commun. » (l. 78) que Hennebeau et Deneulin discutent de la situation économique, puis de la grève qu’ont démarrée les mineurs et qui va les amener à la misère et les faire souffrir de faim. Ce choix renforce l’effet de contraste entre les deux classes sociales et jette un discrédit sur l’attitude des bourgeois. 6. a. et b. M. Hennebeau considère que les années de prospérité antérieures ont habitué les ouvriers à un bon salaire : « Et ils vivaient bien, et ils prenaient des goûts de luxe » (l. 20) et que maintenant ils peinent à retrouver un niveau de vie plus bas. Il est sûr, dit-il, que les ouvriers arrêteront leur grève rapidement : « une semaine, une quinzaine au plus de paresse. » (l. 49). L’ensemble de ses propos témoigne d’un grand mépris pour les mineurs. Deneulin lui comprend mieux la souffrance de l’ouvrier durant cette crise économique : « l’ouvrier a raison de dire qu’il paie les pots cassés. » (l. 45-46). Il craint que les mineurs fassent une grève longue en s’appuyant sur la caisse de prévoyance. Il est plus lucide et sans doute plus humain que le directeur. 7. a. Durant ce repas, les femmes sont particulièrement discréditées : elles ne prennent pas part à la discussion, Mme Hennebeau se contente de jouer son rôle d’hôtesse en proposant à M. Grégoire de reprendre des truites. À la fin du repas, elles discutent d’une recette. Leurs interventions sur la grève montrent leur méconnaissance du monde des mineurs et de leurs difficultés : Mme Grégoire les traite de « pauvres gens » (l. 64), Cécile considère comme une réjouissance d’aller distribuer des bons pour que les mineurs puissent aller s’acheter à manger, et Mme Hennebeau croit toujours qu’ils sont « très heureux » (l. 68). b. Quand M. Hennebeau retrouve ses invités après avoir reçu la délégation des mineurs, Mme Hennebeau donne au valet Hippolyte l’ordre d’aérer le salon : « Hippolyte, avant que nous passions au salon, ouvrez les fenêtres et donnez de l'air. » Pour elle, les mineurs ne peuvent que sentir mauvais et symboliquement les bourgeois ne peuvent pas respirer le même air que les mineurs. Dans son inconscience, cette femme fait preuve d’un grand cynisme. 8. Maheu a été choisi pour conduire la délégation chez M. Hennebeau parce qu’il est un ouvrier très bien considéré et que ses paroles auront du poids. 9. Les mineurs sont reçus dans la maison du directeur au salon : ils y sont introduits par un domestique qui leur ouvre les rideaux. Ils découvrent alors de très nombreux meubles anciens très hétéroclites, de quatre styles différents ainsi que des ornements d’église utilisés pour décorer. Ils

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sont particulièrement impressionnés par « ces vieux ors, ces vieilles soies […], tout ce luxe de chapelle. » Ce qui les impressionne aussi et les embarrasse, ce sont les luxueux tapis de laine. 10. Maheu commence par dire que les mineurs ont droit à la justice et qu’ils ne veulent pas mourir de faim. Ensuite il expose les causes immédiates de leur grève : le nouveau système avec le boisage payé à part et la diminution du prix de la berline. Puis il insiste sur les difficultés de leur vie, à cause des faibles paies, des amendes et du chômage technique. Pour conclure, il formule leurs revendications : ils ne redescendront pas s’ils n’obtiennent pas le maintien du système antérieur et une augmentation de cinq centimes par berline. 11. Étienne prend le relais quand Hennebeau qui veut le faire parler, accuse les mineurs de se laisser embrigader par l’Association internationale des travailleurs qu’il qualifie d’« armée de brigands dont le rêve est la destruction de la société. » (l. 290-291). Finalement M. Hennebeau se lève pour signifier que la discussion est close. Il n’a donné aucune réponse aux revendications des mineurs. Il dit qu’il ne peut rien décider parce qu’il n’est qu’un salarié aux ordres de la direction de la Compagnie et que tout se décide à Paris. Le portrait d’un syndicalisme révolutionnaire : Pluchart (chap. IV) 12. a. Pluchart est le responsable départemental de l’Association internationale des travailleurs (voir p. 141). b. Pluchart obtient l’adhésion des ouvriers à l’Internationale par un discours qui obtient l’approbation des mineurs à plusieurs reprises. Il explique d’abord l’organisation de l’Internationale et ses buts : une « société libre » (l. 580). Puis il évoque le développement rapide de l’Internationale et enfin il traite la question des grèves qui ont pu gagner grâce au soutien de l’Internationale. Son discours est parfaitement rodé (« Sa voix sortait, pénible et rauque ; mais il s'y était habitué, toujours en course, promenant sa laryngite, avec son programme. », l. 556-557), ampoulé, préparé, propre à étourdir des ouvriers naïfs. Il revêt une connotation religieuse : « il avait une éloquence qui tenait du prône, une façon religieuse de laisser tomber la fin des phrases, dont le ronflement monotone finissait par convaincre. » (l. 561-564). c. Sa préoccupation première est de placer ses idées (« il plaça son discours sur la grandeur et les bienfaits de l'Internationale, celui qu'il déballait d'abord, dans les localités où il débutait. », l. 565-567) et de faire adhérer les ouvriers à l’Internationale Dès que les applaudissements ont en effet atteint un certain niveau, il se réjouit : « Ça y est ! dit-il rapidement à Étienne. Ils en ont assez… Vite ! les cartes ! » (l. 615-616). Pluchart ne semble pas particulièrement intéressé par le sort des ouvriers, il sert son ambition en endoctrinant les foules : « Et ce fut ainsi que les dix mille charbonniers de Montsou devinrent membres de l’Internationale » (l. 656-657). Il s’en va ensuite rapidement continuer sa tournée (« on voulait retenir Pluchart ; mais sans s’arrêter, il déclara qu’il repartit à l’instant pour Joiselle » (l. 683-684). Étienne : le parcours amoureux et politique 13. Étienne entre en conflit avec Chaval à deux reprises. La première fois (chapitre III), Étienne se trouve chez la Maheude ; il discute avec elle quand Catherine, qui a quitté la maison pour aller vivre avec Chaval, arrive avec quelques provisions pour les enfants. La Maheude insulte Catherine devant Étienne, lui reprochant son départ. La jeune fille avoue alors être forcée de se soumettre à Chaval. À ce moment, Chaval entre et la brutalise. Étienne est sur le point d‘intervenir « C'était une vieille haine, une jalousie longtemps inavouée, qui éclatait. Maintenant, il fallait que l'un des deux mangeât l'autre. » (l. 541-543). Mais Catherine arrive à entraîner Chaval à l’extérieur pour éviter un affrontement. La deuxième fois (chapitre VII), au Plan des Dames, Étienne prend la parole et tient des propos révolutionnaires. Apercevant dans la foule Chaval, qui n’est pas gréviste et qui est allé travailler à Jean-Bart, Étienne le provoque en le traitant de mouchard : « Et, s'il y a des mouchards parmi nous, camarades, continua Étienne, qu'ils se méfient, on les connaît… Oui, je vois des charbonniers de Vandame, qui n'ont pas quitté leur fosse… » (l. 1034-1035), ce qui provoque des réactions hostiles des mineurs qui en viennent à menacer Chaval : « à mort ! à mort ! » (l. 1058). Chaval, pour se

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défendre, retourne alors la situation en promettant de mettre la fosse Jean-Bart en grève le lendemain. 14. Avant l’arrivée d’Étienne, c’était Rasseneur qui était le meneur. Il avait été renvoyé par la Compagnie, suite à une grève qu’il avait provoquée. Il tente de continuer son action mais son discours trop modéré n’obtient pas l’adhésion des mineurs qui lui préfèrent Étienne, partisan d’une action radicale. On le voit s’affronter à Étienne au cours de deux réunions, et perdre son influence. Au cabaret du Bon Joyeux (chapitre IV), alors que Pluchart, qui a été appelé par Étienne, n’arrive pas, Rasseneur avoue au jeune homme lui avoir demandé de ne pas venir car il redoute les conséquences d’un ralliement à l’Internationale : ce qu’il veut, c’est traiter avec la Compagnie afin d’obtenir de meilleures conditions de travail. Mais finalement, Pluchart arrive. Et quand Rasseneur essaie de s’exprimer devant les mineurs pour intervenir contre une grève dure, les mineurs l’en empêchent pour écouter et acclamer Pluchart qui évoque les bienfaits de l’Internationale et les gagne à sa cause. Au Plan-des-Dames (chapitre VII), au début de la réunion dans la forêt, Étienne, Maheu et Rasseneur apparaissent comme les chefs du mouvement. Mais une querelle éclate entre Rasseneur et Étienne : Rasseneur veut « procéder régulièrement à l’élection d’un bureau » (l. 735-736) ce qu’Étienne trouve ridicule en pleine forêt : « Il fallait agir révolutionnairement, en sauvages, puisqu’on les traquait comme des loups » (l. 741-743). C’est Étienne qui l’emporte en commençant à parler et à se faire écouter des mineurs tandis que Maheu fait taire Rasseneur. Étienne n’a pas l’éloquence facile de Rasseneur, mais il arrive à trouver les mots et les images qui émeuvent la foule (l. 825-835). Après le discours d’Étienne, Rasseneur essaie de reprendre la parole et d’expliquer son point de vue (obtenir la participation aux bénéfices de l’entreprise), mais la foule refuse de l’écouter, « c’était une idole renversée » (l. 902), il est devenu un « traître » (l. 914 et 919). Il quitte la réunion en prédisant à Étienne qu’il sera, lui aussi, désavoué par la foule (l. 926-931). 15. Quand, dans la forêt de Vandame, Étienne voir Chaval devant lui, il pense immédiatement que Catherine doit être là, elle aussi. Aussitôt il est galvanisé par l’amour et la jalousie : « L'idée que Catherine devait être là l'avait soulevé d'une nouvelle flamme, d'un besoin de se faire acclamer devant elle. » (l. 963-965). Il continue à parler ensuite, soulève la foule, tout en continuant à chercher Catherine des yeux, mais il ne voit que Chaval qui ricane, « dévoré de jalousie » (l. 1032). 16. Étienne commence d’une voix monotone par un exposé objectif et sec de la situation. Puis par la suite, il devient plus véhément et utilise de nombreux procédés pour convaincre son auditoire : - phrases interrogatives : « Est-ce qu'il se trouvait des lâches pour manquer à leur parole ? » (l. 802-803) ; « Ne valait-il pas mieux mourir tout de suite, en essayant de détruire cette tyrannie du capital qui affamait le travailleur ? » (l. 806-808) ; « n'était-ce pas un jeu stupide qui ne pouvait durer davantage ? » (l. 810-811) ; « N'était-ce pas effroyable ? » (l. 979) ; - phrases exclamatives souvent liées aux précédentes : « depuis un mois, on aurait souffert inutilement, on retournerait aux fosses, la tête basse, et l'éternelle misère recommencerait ! » (l. 804-806) ; « Entendez-vous ! la mine vous appartient, à vous tous qui, depuis un siècle, l'avez payée de tant de sang et de misère ! » (l. 839-841), « un peuple d’hommes crevant au fond de père en fils, pour qu’on paie des pots-de-vin à des ministres, pour que des générations de grands seigneurs et de bourgeois donnent des fêtes ou s’engraissent au coin de leur feu ! » (l. 979-983), « le travail demanderait des comptes au capital, à ce dieu impersonnel, inconnu de l'ouvrier, accroupi quelque part, dans le mystère de son tabernacle, d'où il suçait la vie des meurt-de-faim qui le nourrissaient ! » (l. 1000-1004) « On irait là-bas, on finirait bien par lui voir sa face aux clartés des incendies, on le noierait sous le sang, ce pourceau immonde, cette idole monstrueuse, gorgée de chair humaine ! (l. 1004-1007) ; - énumération : « les maladies des mineurs […] : l’anémie, les scrofules, la bronchite noire, l’asthme qui étouffe, les rhumatismes qui paralysent. » (l. 984-987) ; - hyperbole : « les mineurs exploités, supportant à eux seuls les désastres des crises, réduits à ne plus manger » (l. 811-813), « Le salariat est une forme nouvelle de l'esclavage » (l. 836) - comparaison : « La mine doit être au mineur, comme la mer est au pêcheur, comme la terre est au paysan… » (l. 837-839) ; « on les parquait ainsi que du bétail dans les corons » (l. 988-989) ; « on finirait bien par voir sa face aux clartés des incendies, on le noierait sous le sang » (l. 1005-1006) ;

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- antithèses caractérisant les mineurs et ceux qui les exploitent : « il remontait au premier Maheu, il montrait toute cette famille usée à la mine, mangée par la Compagnie, plus affamée après cent ans de travail ; et, devant elle, il mettait ensuite les ventres de la Régie, qui suaient l'argent, toute la bande des actionnaires entretenus comme des filles depuis un siècle, à ne rien faire, à jouir de leur corps. » (l. 973-979) ; - métaphores fondées sur le mythe de la dévoration et sur l’image de la moisson et de la germination qui éclaire le titre de l’œuvre : « cette famille, …mangée par la Compagnie » (l. 974-975) ; « les ventres de la Régie, qui suaient l'argent » (l. 980-981) ; « on les jetait en pâture aux machines » (l. 987-988) ; « ce pourceau immonde, cette idole monstrueuse, gorgée de chair humaine ! » (l. 1006-1007) ; « Une armée poussait des profondeurs des fosses, une moisson de citoyens dont la semence germait et ferait éclater la terre, un jour de grand soleil. » (l. 994-996) ; « [le] capital, […] ce dieu impersonnel, inconnu de l'ouvrier, accroupi quelque part, dans le mystère de son tabernacle, d'où il suçait la vie des meurt-de-faim qui le nourrissaient ! » (l. 1001-1004) ; « ce pourceau immonde, cette idole monstrueuse gorgée de chai humaine. » (l. 1006-1007) ; - interjections : « Quoi ! » (l. 804) ; « Non ! » (l. 814), « Oui ! » (l. 1000) - appels à l’auditoire : « Est-ce qu'il se trouvait des lâches » (l. 802-803), « C’était trop cette fois » (l. 817), « Entendez-vous ! la mine vous appartient, à vous tous… » (l. 839-840). 17. Étienne donne un souffle prophétique à son discours : il emploie le futur de l’indicatif, devenu conditionnel présent au style indirect libre, ce qui confère à ses paroles une dimension visionnaire. Il fait naître chez les mineurs l’espoir d’une vie meilleure, où régnerait la justice, où l’ouvrier ne serait plus exploité ni réduit à la misère par une minorité de riches capitalistes. » « Quel rêve ! être les maîtres, cesser de souffrir, jouir enfin ! » (l. 868-869). 18. Le discours d’Étienne suscite des réactions d’enthousiasme de la part des mineurs. Dans un premier temps, alors qu’il fait un exposé objectif et froid des faits, les mineurs se taisent et ne se prononcent pas sur la continuation de la grève (l. 796-799). Ce n’est que par la suite, lorsqu’il évoque l’exploitation des mineurs et réclame la justice que la foule applaudit et crie « Justice ! » (l. 820-824). De nouveau des applaudissements nourris et des cris d’approbation se font entendre quand Étienne explique que la mine appartient aux mineurs (l. 845-849). La foule est exaltée par les promesses, on ne sent plus le froid (l. 860), on crie très fort : « La clameur recommença. » (l. 884). À la fin du discours d’Étienne, les mineurs poussent des cris tels qu’ils parviennent jusqu’à Montsou et inquiètent les bourgeois (l. 1010-1013). Enfin quand Étienne leur demande alors s’ils sont prêts à continuer la grève, les mineurs « hurl[ent] leur accord. » Après la promesse de Chaval de mettre en grève Jean-Bart, la foule « applaudit furieusement » (l. 1067), l’excitation est à son comble. 19. Dans ce chapitre, Étienne s’élève au statut d’un chef, d’un meneur. Il semble grandir au fur et à mesure de son intervention, accompagné par le lever de la lune. Au début, il est plongé dans le noir comme l’ensemble de la foule : « Lui, noir également, faisait au-dessus d'elle, en haut de la pente, une barre d'ombre. » (l. 760-764). Puis quand la lune se lève et l’illumine, c’est le héros sauveur qui apparaît : « À ce moment, la lune, qui montait de l'horizon, glissant des hautes branches, l'éclaira. Lorsque la foule, encore dans l'ombre, l'aperçut ainsi, blanc de lumière, distribuant la fortune de ses mains ouvertes, elle applaudit de nouveau, d'un battement prolongé. » (l. 844-848). Étienne apparaît comme un prêcheur exalté, ainsi qu’en témoignent les métaphores religieuses : « Une exaltation religieuse les soulevait de terre, la fièvre d’espoir des premiers chrétiens de l’Église, attendant le règne prochain de la justice. (l. 861-864). Je formule mes impressions 20. a. Étienne a évolué depuis le début du roman : d’un ouvrier affamé, au chômage, il devient le chef acclamé d’une dizaine de milliers de mineurs qu’il pousse à la révolte. Il a acquis des connaissances importantes sur la condition ouvrière, le salariat, la lutte contre le capitalisme, et même si ces connaissances ne sont pas encore totalement maîtrisées, c’est lui qui a le pouvoir : « il faisait d’un mot battre les cœurs » (l. 885-887). b. Réponse libre.

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J’étudie la langue Vocabulaire : autour du mot grève 21. a. Le nom féminin « grève » a deux sens : 1. Terrain plat formé de sable ou de graviers, situé au bord de la mer ou d’un cours d’eau. 2. Cessation volontaire et collective de travail. On est passé d’un sens à l’autre parce que les ouvriers sans travail se réunissaient à Paris sur la place de Grève (1er sens) en bordure de Seine. Avant 1850, « être en grève » signifiait « chercher du travail », puis après 1850, « refuser de travailler ». b. lever une grève : arrêter la grève, faire reprendre le travail, laisser pourrir une grève : attendre que les travailleurs épuisés par la grève reprennent petit à petit le travail jusqu’au moment où les meneurs sont isolés, faire une grève sur le tas : arrêter le travail en restant dans l’usine ou le lieu de travail, en l’occupant, faire la grève du zèle : travailler en appliquant tous les règlements de façon à ralentir le plus possible le travail.

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Questions sur la partie 5 (p. 227 à 230) Ai-je bien lu ? 1. Chap. Lieux Événements Moments

de la journée

1 Maison de Deneulin à Vandame puis mine Jean-Bart

• Deneulin apprend tôt le matin que la grève a éclaté, sous l’instigation de Chaval, à la mine Jean-Bart, dont il est propriétaire. • Deneulin discute avec les mineurs : il n’est qu’un petit capitaliste, il ne peut les augmenter et une grève le ruinerait car serait obligé de vendre son entreprise et de passer sous le joug de la Compagnie des mines de Montsou. • Deneulin convainc Chaval de reprendre le travail en lui promettant une place de porion. Les mineurs de Jean-Bart descendent donc (y compris Catherine). • Mme Hennebeau se rend à Marchiennes pour y déjeuner, avec Jeanne et Lucie, filles de Deneulin, Cécile Grégoire et Paul Négrel.

Le lendemain vendredi, de 4 h du matin à 10h

2 Au fond de la mine Jean-Bart. Le goyot des échelles

• À plus de 700 mètres de profondeur, Catherine est asphyxiée par le grisou, Chaval la sauve en l’amenant dans un endroit aéré de la mine. • Vers 10h, on apprend que les mineurs de Montsou ont coupé les cables des ascenseurs, personne ne peut remonter. • Les mineurs prisonniers, remontent par les échelles. La remontée de Catherine est très difficile.

De 8h à 11h

3 Sur les routes de Montsou à Vandame. À Jean-Bart à la surface. Sur les routes vers les autres fosses

• Les mineurs de Montsou vont à Jean-Bart. Ils coupent les câbles des cages et vident les chaudières. Puis ils huent les mineur non grévistes s qui remontent par les échelles • Ils emmènent Chaval de force manifester avec eux. • Deneulin constate sa ruine.

retour en arrière : de 8h à 11h

4 Sur les routes de fosse en fosse

• Le nombre des manifestants grossit, ils attaquent les installations des fosses, frappent les non grévistes. • Chaval cherche à fuir, Étienne veut se battre au couteau avec. Catherine l’en empêche en le giflant. • Les gendarmes arrivent. Les mineurs reprennent le chemin de Montsou.

De 11h à 17h

5 Chez Hennebeau, à Montsou. Vers 17h, dans une ferme, sur le trajet de la manifestation

• Hennebeau, resté seul chez lui, apprend les agissements des grévistes. • Il découvre par hasard que sa femme le trompe avec Paul Négrel. Il est désespéré. • Suite à une demande de la Compagnie, Il fait appel à la gendarmerie pour arrêter les mineurs. • Mme Hennebeau et ses amis, qui rentrent de promenade, se cachent quand ils voient les mineurs en furie arriver en

De 8h30 à 18h

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cortège. • Les mineurs arrivent devant la maison d’Hennebeau.

6 À Montsou, devant la demeure d’Hennebeau

• Les mineurs assiègent la maison d’Hennebeau. • Les Grégoire, insouciants, se rendent chez les Hennebeau pour le dîner prévu ce soir-là. • Mme Hennebeau réussit à rentrer chez elle avec ses amis sauf Cécile qui se fait attaquer par les femmes des mineurs et Bonnemort. Deneulin arrive à cheval et la ramène évanouie. • Étienne détourne la fureur des mineurs contre l’épicerie de Maigrat. La foule enfonce à coups de hache la porte du magasin, Maigrat s’enfuit par les toits, tombe et se tue. Les femmes mutilent son cadavre. • Catherine arrive et supplie Étienne de s’enfuir : Chaval a en effet appelé les gendarmes. Les mineurs rentrent chez eux en catastrophe.

De 18h à 20h

J’analyse le texte Le parcours d’Etienne et de Chaval 2. Étienne n’approuve pas la violence des manifestants mais il ne réussit pas à contenir les débordements de la foule. Ceux-ci ne l’écoutent plus et détruisent les installations de Jean-Bart. 3. Le soir, Étienne est horrifié par la violence des mineurs : il arrache sa hache à Levaque, il tente sans succès de calmer les Maheu et ne peut supporter de voir les femmes s’acharner sur Cécile Grégoire. Pour les détourner de leur proie, il les entraîne vers la boutique de Maigrat, se sert de la hache pour détruire la porte avec l’idée de récupérer de quoi manger. Les mineurs le suivent pour trouver du pain : « Une rage de faim les soulevait » (l. 754-755). 4. Chaval est dur et violent avec Catherine : elle doit lui obéir : ne pas descendre au fond quand il a décidé la grève et descendre quand il change d’avis (chapitre I). Pourtant il lui montre de la tendresse quand il la sauve de l’asphyxie et il lui promet de bien la traiter. Mais ce moment ne dure pas et il la rudoie de nouveau au moment de la fuite vers les échelles (chapitre II). 5. a. Chaval n’est pas gréviste : il travaille à Jean-Bart, propriété de Deneulin, qui n’est pas touché par les mesures de la Compagnie et dont les mineurs ne se sont pas mis en grève. Cependant, lorsqu’il est accusé de traîtrise par Étienne et les mineurs de Montsou, lors de la réunion dans la forêt de Vandame, il s’engage à faire débrayer les mineurs de Jean-Bart. Il y réussit en les convainquant de demander une augmentation de cinq centimes par berline. b. Deneulin le fait changer d’avis en utilisant sa vanité et sa jalousie : il lui promet de le nommer porion. Chaval se laisse séduire : devenir porion flatte son orgueil alors que, s’il suit les grévistes, il ne sera que le second d’Etienne. 6. En fin de journée, Chaval se venge des mauvais traitements que les grévistes lui ont fait subir en allant chercher les gendarmes qui arrivent à Montsou. Un patron paternaliste : Deneulin 7. a. Deneulin se montre paternaliste envers ses ouvriers en essayant d’établir le dialogue et de raisonner les mineurs comme il le ferait d’enfants : « Eh bien ! que se passe-t-il donc, mes enfants ? demanda-t-il à pleine voix. Qu'est-ce qui vous fâche ? Expliquez-moi ça, nous allons nous entendre. » (l. 45-47), « Voyons, reprit-il, vous n'allez pas me faire repentir d'avoir répondu de vous. Vous savez que j'ai refusé un poste de gendarmes… Parlez tranquillement, je vous écoute. » (l. 58-61). b. Il explique à ses ouvriers que sa situation économique ne lui permet pas de les augmenter : il n’a pas de stock pour répondre aux commandes et doit faire des économies s’il ne veut pas faire faillite.

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La violence des mineurs 8. Les grévistes coupent les câbles des ascenseurs et vident les chaudières de Jan-Bart. Les mineurs restés au fond doivent remonter sept cents mètres dans un étroit boyau et emprunter cent deux échelles de sept mètres chacune. Les échelles sont presque droites, les montants et les barreaux font mal aux mains, il y des infiltrations, les mineurs risquent la chute. Cependant malgré les difficultés, ils réussissent à remonter tous au jour, Catherine perd connaissance à cinq échelles de l’arrivéee et reprend conscience à la sortie du puits. L’autre conséquence de la violence des mineurs est la ruine de Deneulin dont la mine sera rachetée par la Compagnie. 9. Devant la maison de Hennebeau, la colère des mineurs s’exprime par des jets de pierre. Le lexique de la violence est abondant : « les pierres […] grêler » (l. 487), « brutes démuselées » (l. 488), « terribles » (l. 489), « d’une ténacité féroce dans la colère » (l. 490), « sauvageries abominables » (l. 482), « la bête […] soûle d’atrocités » (l. 483), « fureur meurtrière » (l. 499), « les dents et les ongles dehors » (l. 500), « aboyantes comme des chiennes » (l. 500-501), « la grêle des pierres » (l. 520), « À mort les bourgeois ! » 10. Cécile Grégoire, de retour de la promenade faite avec madame Hennebeau, se perd, affolée, dans la foule des mineurs en furie. Sa toilette de bourgeoise, sa peau fine, son parfum, sa montre excitent la colère des femmes. La Brûlé, la Levaque et la Mouquette menacent de la déshabiller et l’une d’elles déchire sa voilette. Bonnemort, lui, l’empoigne par le cou et c’est la Maheude, qui reconnaît Cécile, qui lui fait lâcher prise. Bonnemort a cédé à une pulsion due à l’ensemble des malheurs de sa vie et des injustices subies : « il cédait à des choses qu’il n’aurait pu dire, à un besoin de faire ça, à la fascination de ce cou blanc de jeune fille. » (l. 654-656). 11. a. L’épicier Maigrat est allé chez Hennebeau pour chercher de l’aide au cas où on s’attaquerait à son magasin. Sa mort est un accident puisqu’il glisse et se tue en essayant de rentrer chez lui en passant par le toit d’un hangar pour atteindre la fenêtre de sa maison. Et s’il est passé par ce chemin dangereux, c’est parce qu’Étienne est en train de s’attaquer à la porte de sa boutique . La peur de recevoir des pierres, les cris qu’il entend le font trembler et lâcher prise. b. La chute et la mort de Maigrat provoquent la stupeur chez les mineurs : ils s’arrêtent et se taisent. Cependant les femmes mutilent le cadavre de celui qui les tenait à sa merci. La vue du cadavre fait reculer les mineurs, puis quand les gendarmes arrivent, c’est la débandade. Les réactions des bourgeois 12. Les bourgeois ne comprennent pas la détresse des mineurs. Leurs réactions vont de l’hostilité (Mme Hennebeau) parce que le mouvement des mineurs gâche le dîner prévu pour le soir à la nécessité de réprimer la manifestation (M. Hennebeau) en passant par la totale inconscience des Grégoire qui pensent que les mineurs vont s’arrêter quand ils seront fatigués pour aller manger alors qu’ils connaissent la famine. Les termes utilisés par les Hennebeau sont significatifs : « sales ouvriers », « canaille ». Une vision épique et prophétique 13. La foule apparaît sous la forme d’un être collectif. Aux yeux des bourgeois, la réalité se transforme en une vision d’horreur et de démesure. a. La foule est décrite à travers le regard de Mme Hennebeau, de Jeanne et Lucie Deneulin et de Paul Négrel. (Cécile se cache pour ne pas voir.) b. Jeanlin est en tête. Puis viennent les femmes : les mères avec, pour certaines, leurs petits, ensuite les plus jeunes et les vieilles. Ensuite les hommes, puis la Mouquette qui montre son derrière aux bourgeois en signe de mépris. De nombreux termes évoquent l’uniformité : « une masse compacte […] d’un seul bloc, serrée, confondue, […] on ne distinguait ni… ni…, […] uniformité terreuse. » (l. 400-406), « la bande » (l. 465), « le flot » (l. 476 ». On note la répétition du pluriel : « les hommes, les femmes » aux lignes 391, 401, 425, 444, ce qui donne l’impression d’une multitude unie dans l’action. c. Le nombre impressionnant des émeutiers est suggéré par les déterminants à élargissement épique : « près d’un millier de femmes » (l. 391-392), « deux mille » (l. 401) pour les hommes. Le

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déterminant défini « les » est employé devant « hommes » et « femmes » (voir 13b), ce qui produit un effet de généralisation. d. Ce que retient le narrateur dans les visages des hommes, ce sont « les yeux [qui] brûlaient » (l. 406), « les trous des bouches noires » (l. 407). Ce sont des détails effrayants qui constituent une menace pour les bourgeois qui observent comme le souligne Mme Hennebeau : « Quels visages atroces ! » (l. 415). e. Les champs lexicaux - de l’animalité : « de femelles » (l. 394), « mugissement (l. 408), « claquement des sabots » (l. 409), « mâchoires de bêtes fauves » (l. 420), « mâchoires de loups » (l. 445) ; - de la violence : « l’ouragan des gestes et des cris » (l. 390-391), « guerrières », « brandissaient leurs bâtons » (l. 398), « hérissement des barres de fer » (l. 410-411), « hache » (l. 411), « couperet de guillotine » (l. 413-414), « ensanglantaient » (l. 424), « charrier du sang » (l. 425), « saignants comme des bouchers en pleine tuerie » (l. 426), « massacrât » (l. 432), « soirée sanglante » (l. 440), « sang des bourgeois » (l. 442-443), « incendies » (l. 459), « on ne laisserait pas debout » (l. 450), « vent terrible » (l. 458) ; - de la sauvagerie : « la peau nue, des nudités » (l. 393-394), « barbares » (l. 479), « vie sauvage » (l. 451), « force de la nature » (l. 458). Dans les lignes 397-400, on note les allitérations des gutturales [g] : « gorges gonflées de guerrières » et [k] : « les cordes de leurs cous » et de la labiale [b] : brandissaient des bâtons ». 14. La couleur noire symbolise la vie des mineurs teintée en noir par le charbon, c’est aussi la couleur du deuil et du malheur. La Marseillaise, chant interdit sous le Second Empire, renvoie à la Révolution française : composée en 1792, elle devient hymne national jusqu’en 1804 (Premier Empire). La hache est un symbole de violence qui évoque le couperet de la guillotine de la Révolution française de 1792 à 1794 (période de la Terreur). La couleur rouge du soleil couchant en hiver donne l’impression que l’ensemble des manifestants est couvert de sang, symbole de mort violente. Je formule mes impressions 15. Zola donne de la force populaire une image à la fois positive et négative : il explique la légitimité de cette révolte par la condition misérable des mineurs mais en même temps il déplore l’enchaînement des violences qui mènent à une plus grande souffrance et à la mort. 16. Réponse libre. J’étudie la langue Grammaire : le futur dans le passé 17. Dans le passage des lignes 439-456, le narrateur utilise le conditionnel présent pour exprimer le futur dans le passé et présenter une vision prophétique des événements. Réécriture du passage au futur simple de l’indicatif : « C’est la vision rouge de la révolution qui les emportera tous, fatalement, par une soirée sanglante de cette fin de siècle. Oui, un soir, le peuple lâché, débridé, galopera ainsi sur les chemins ; et il ruissellera du sang des bourgeois. Il promènera des têtes, il sèmera l'or des coffres éventrés. Les femmes hurleront, les hommes auront ces mâchoires de loups, ouvertes pour mordre. Oui, ce seront les mêmes guenilles, le même tonnerre de gros sabots, la même cohue effroyable, de peau sale, d'haleine empestée, balayant le vieux monde, sous leur poussée débordante de barbares. Des incendies flamberont, on ne laissera pas debout une pierre des villes, on retournera à la vie sauvage dans les bois, après le grand rut, la grande ripaille, où les pauvres, en une nuit, efflanqueront les femmes et videront les caves des riches. Il n'y aura plus rien, plus un sou des fortunes, plus un titre des situations acquises, jusqu'au jour où une nouvelle terre repoussera peut-être. »

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Questions sur la partie 6 (p. 269 à 272) Ai-je bien lu ? 1. L’action de cette partie se déroule en hiver et plus précisément en février. 2. L’ordre des actions est le suivant : a. Mort d’Alzire d. Duel entre Étienne et Chaval c. Heurt sanglant entre la troupe et les mineurs b. Mort de Maheu 3. Les actions des trois derniers chapitres s’enchaînent : l’action, dans le chapitre III se déroule un dimanche soir, dans le chapitre IV, la nuit qui suit, dans le chapitre V du lundi matin à partir de cinq heures jusqu’à la fin de la matinée, ce qui donne une durée d’environ 16 à 18h. J’analyse le texte La misère ouvrière 4. a et b. Les Maheu vivent dans un complet dénuement : ils n’ont plus de chauffage depuis la veille où ils ont brûlé leur dernière pelletée de charbon. Ils n’ont plus de lumière : ni pétrole pour la lampe, ni chandelle. Ils n’ont plus rien à manger : « ils savaient qu'il n'y avait rien, que c'était la fin de tout, qu'ils ne devaient espérer ni une chandelle, ni un morceau de charbon, ni une pomme de terre ; et ils attendaient d'en mourir » (l. 49-52). Ils ont tout vendu : laine et toile des matelas, draps, linge, la boîte de carton rose… L’hiver aggrave encore la misère, tout est recouvert de neige, rien dans le potager, rien à manger à glaner sur les chemins, impossibilité de glaner du charbon sur le terri. Alzire est tombée malade car elle a absolument voulu chercher du charbon dans la neige. Le parcours d’Etienne 5. Après la mort de Maigrat, Étienne, recherché par les gendarmes, se cache dans la fosse abandonnée de Réquillart. Des légendes courent à son sujet et les mineurs espèrent tout d’abord qu’il va revenir avec une armée ou de l’or. Mais peu à peu sa popularité diminue, on l’accuse de se cacher dans une cave avec la Mouquette. Il apprend que la Compagnie a fait venir des mineurs belges, les Borains. Le lundi matin, il assiste à la descente des Belges, protégés par soixante soldats. Il tente de contenir la colère des grévistes puis de rallier l’armée à la cause des mineurs, mais il échoue. Il demeure impuissant face à la violence et ne réussit pas à faire entendre raison à ses camarades (l. 653-654). 6. a. Étienne envisage de mettre fin à la grève devant l’atroce misère de la famille Maheu et des mineurs. Il lui semble impossible d’agir pour empêcher les mineurs belges, les Borains, de descendre à cause de la présence de la troupe qui va les protéger. Il explique à La Maheude en furie que l’on « devrait arriver à une entente avec la Compagnie (l. 220-221). b. Étienne se sent responsable de la situation, mais surtout de la transformation de la Maheude qui, de sage qu’elle était, refusant toute violence, est devenue une révolutionnaire acharnée : « il avait reculé devant cet enragement qui était son œuvre » (l. 195). Il n’a pas le sentiment d’avoir été compris par la Maheude qui maintenant réclame la mort de tous les bourgeois et regrette de ne pas avoir laissé Bonnemort étrangler Cécile. Elle a cru aux discours d’Etienne annonçant une ère nouvelle et le bonheur. Et sa déception l’entraîne aux pires extrémités. Elle est comme empoisonnée par la misère et la souffrance (« l’idéal impossible tournait en poison, au fond de ce crâne fêlé par la douleur » (l. 216-218). c. Étienne assiste à l’affrontement avec la troupe, mais sans prendre part aux jets de brique. Quand il est atteint par une brique lancée au hasard par Catherine, il se retourne pour la regarder sans prêter attention aux autres briques qui risquent de l’atteindre. Lorsque la fusillade éclate, il accourt auprès de Mouquette qui s’est jetée devant Catherine pour la protéger. Il veut la relever mais il est trop tard. Il reste à côté de Catherine qui est « tombée de fatigue et d’angoisse (l. 909) et entend l’abbé Ranvier appelant « sur les assassins la justice de Dieu » (l. 912-913).

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7. a. Étienne en vient à se battre avec Chaval quand celui-ci entre à L’Avantage pour trinquer avec Catherine à la reprise du travail. Il a été engagé pour conduire une équipe de douze mineurs belges et provoque à plusieurs reprises Étienne qui est aussi au cabaret : « J'en connais qui ont dit que j'étais un mouchard, reprit Chaval arrogant, et j'attends que ceux-là me le répètent un peu en face, pour qu'on s'explique à la fin. » (l. 300-302), « Il y a les feignants, et il y a les pas feignants » (l. 305 », « Trinque avec moi à la crevaison de tous les salauds qui refusent de travailler ! » (l. 313-315 et enfin « Alors, c'est la nuit que les taupes sortent ? Il faut que les gendarmes dorment pour qu'on rencontre les brigands ? » À ce moment Étienne accepte de se battre : « Je suis ton homme, il y a assez longtemps que l’un des deux doit manger l’autre. » (l. 318-320). Les personnages présents sont Rasseneur, sa femme, Souvarine et Catherine. b. C’est Étienne qui sort vainqueur de la rixe. c. Catherine prend position pour Étienne quand elle lui crie « comme l’aveu d’une préférence ignorée d’elle-même. » : « Prends garde ! il a son couteau ! » au moment où Chaval à terre cherche son couteau et attaque en se remettant debout. Le représentant de la religion : l’abbé Ranvier 8. a. L’abbé Ranvier explique qu’il faut aller à la messe, que seule l’Église qui est du côté des pauvres fera triompher la justice, et que les riches seront punis par la colère de Dieu. (l. 81-84). b. Dans un passage supprimé (avant la l. 85), on lit : « La Maheude, qui l'écoutait, croyait entendre Étienne, aux veillées de l'automne, lorsqu'il leur annonçait la fin de leurs maux Seulement, elle s'était toujours méfiée des soutanes. » Ce sont les mêmes promesses d’un bonheur à venir, Étienne comme l’abbé Ranvier apparaissent comme des pourvoyeurs d’illusion. Les Maheu qui vivent dans la plus grande misère et ne peuvent plus croire en ces promesses. c. La religion n’apporte pas de secours aux mineurs, l’abbé Ranvier appelle à venir à l’église sans apporter aucune aumône. De même le socialisme, malgré les promesses de Pluchart, n’a pas permis aux mineurs de poursuivre la grève et n’a guère amoindri leurs souffrances. La scène de la fusillade (chap. V) 9. Les forces en présence sont d’un côté soixante soldats commandés par un capitaine, de l’autre les mineurs venus du coron. Au début ils ne sont que trente (l. 489) mais leur nombre va grossir au fil de la matinée avec des mineurs venus des corons voisins : ils se retrouvent plus de cinq cents (l. 655). L’affrontement a lieu devant les installations du Voreux, les soldats sont chargés de protéger la descente des mineurs venus de Belgique tandis que les mineurs grévistes en furie protestent contre leur venue qui casse la grève. 10. a. La scène est construite selon une forte progression dramatique jusqu’à la tuerie : à chaque action violente des mineurs répond un ordre du capitaine qui ne veut pas se laisser dominer. Au début les mineurs peu nombreux se tiennent à distance de la troupe (l. 487-495). Ensuite ce sont des cris : «À mort ! », Étienne essaie trois fois de convaincre le capitaine de fraterniser, sans succès. Le capitaine envoie chercher du renfort. Quatre cents mineurs se précipitent tout près de la troupe de soldats en leur demandant de partir (l. 523-541). La Brulé arrive et les mineurs se mettent à injurier les soldats. (l. 556-571). Le capitaine tire alors son épée et demande à la troupe de croiser les baïonnettes. Les mineurs se précipitent sur les armes (l. 572-602), quant aux soldats, ils supportent de moins en moins bien l’affrontement. (l. 603-626). La tension diminue un peu quand le vieux porion Richomme essaie d’apaiser ses camarades mais l’intervention de Négrel est très mal perçue (l. 642). Les mineurs arrivent de plus en plus nombreux, un certain nombre en curieux avec les enfants (l. 653-665). Les renforts n’arrivant pas, le capitaine fait charger les fusils pour impressionner la foule qui continue les provocations et les railleries (l. 666-713). Le capitaine décide alors de faire des prisonniers, Levaque et deux autres, qui sont enfermés dans le bureau des porions. La troupe fait maintenant face aux grévistes, fusils chargés (l. 714-727). D’abord stupéfaits, les mineurs

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commencent à lancer des briques sur les soldats (l. 728-809). Certains sont blessés, la troupe réagit en tirant sur la foule au moment-même où le capitaine allait donner l’ordre de faire feu. b. Les femmes jouent un rôle important dans cet affrontement. La Brûlé dès qu’elle arrive se met à injurier les soldats, c’est elle qui la première également lance des moitiés de briques. La Levaque, quant à elle, lance des injures virulentes. La Mouquette, au premier rang, injurie copieusement les soldats puis elle leur montre son derrière et lance des briques entières. La Maheude, arrivée la première avec Estelle sous le bras, réclame le départ des soldats. les mettant au défi de tirer sur le bébé. Puis, ne pouvant pas lancer les briques à cause d’Estelle, elle incite Maheu à participer à la bagarre en le traitant de lâche. Quant à Catherine qui a passé la nuit dehors après avoir été chassée par Chaval, elle est d’abord désespérée de tomber au milieu de nouvelles violences, mais peu à peu, elle prend le parti d’Étienne (l. 542-556). Elle reste muette quand tous réagissent en riant au geste insultant de la Mouquette. Sa haine monte. Elle se met aussi à lancer des briques mais ne réussit qu’à atteindre Étienne. c. Les termes exprimant la violence de l’affrontement sont nombreux : « vomissant l’injure » (l. 564), « des bordées d’insultes » (l. 569), « un mépris exalté de la mort » (l. 582), « il les (les baïonnettes) tordait, dans les forces décuplées de sa colère » (l. 589), « il (Maheu) les obligeait à reculer, terrible d’insolence et de bravoure » (l. 596-597), « ces enragés-là de s’embrocher » (l. 606), « sa baïonnette tordue comme une paille » (l. 518-519), « les violences ne cessaient pas, les poings tendus, les mots abominables, des pelletées d’accusations et de menaces qui les souffletaient au visage » (l. 522-524), « Et tous continuaient à se jeter sur les fusils » (l. 688-689), « Tous […] huaient les soldats, comme s’ils les voyaient salis d’un éclaboussement d’ordures » (l. 710), « Trois mineurs, Levaque et deux autres furent empoignés dans le tas des plus violents » (l. 717-719), « la bataille à coups de pierre commença » (l. 738), « C'était une grêle, des grêlons énormes, dont on entendait les claquements sourds. » (l. 751), « Mais la grêle des briques devenait plus drue » (l. 791), « sous cette rafale de pierres » (l. 810), « la pluie des briques redoublait » (l. 832), « Et il y eut une panique folle, un galop de bétail mitraillé, une fuite éperdue dans la boue. » (l. 540-541), « le feu de peloton balayait le terrain, fauchait à cent pas les groupes de curieux qui riaient de la bataille. » (l. 860-861), « l’ouragan des balles » (l. 875). 11. a. Les soldats mettent du temps à tirer parce qu’ils ne doivent le faire qu’en dernier ressort (l. 603-605). Ils se décident à le faire lorsqu’ils sont blessés par les briques. b. Les personnages qui sont tués sont : - Bébert et Lydie qui est tuée sur le coup, tandis que Bébert agonisant, meurt en étreignant la jeune fille (l. 842-848) ; - la Brulé qui meurt en proférant un dernier juron (l. 856-859) ; - la porion Richomme qui, atteint dans le dos au moment où il supplie ses camarades, meurt en pleurant (l. 852-856) ; - Mouquet qui est venu comme au spectacle est atteint d’une balle dans la bouche et son sang éclabousse les enfants de Zacharie et de Philomène (l. 862-864) ; - la Mouquette qui s’est jetée devant Catherine pour la protéger ; quand Étienne accourt, elle lui fait signe que c’est fini et sourit à Étienne et à Catherine ; - Maheu qui est atteint en plein cœur par une dernière balle alors que l’on pouvait penser que la fusillade était terminée. 12. Les spectateurs du drame sont le maître porion Dansaert, l’ingénieur Paul Négrel et Souvarine qui ont assisté à l’affrontement depuis la recette du Voreux et Bonnemort de l’autre côté en haut de la pente, du côté du coron. Le naturalisme zolien : de la réalité à la vision épique 13. Pour le récit de la fusillade, Zola s’est inspiré d’événements réels qui se sont déroulés à la Ricamarie près de Saint-Etienne : des mineurs emmenés par la troupe, les autres essayant de les libérer, les soldats débordés tirent et faisant treize morts dont deux femmes. Avant cela, les mineurs secouaient les armes ; pour les impressionner, la troupe charge les armes, les mineurs se jettent sur les baïonnettes. Zola combine ces éléments avec d’autres empruntés à la grève d’Aubin dans

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l’Aveyron : lors de cette grève les mineurs se sont également jetés sur les baïonnettes, les grévistes ont lancé des briques, les soldats ont tiré par accident. 14. a. Dans les l. 900-907, le narrateur compose un tableau épique saisissant et présente une vision apocalyptique : on y voit le corps mort de Trompette, parmi les cadavres des mineurs et les blessés hurlants, gisants dans la neige et dans la boue. Les morts adoptent « des postures cassées », ils apparaissent dérisoires et maltraités jusqu’au bout (« boueux de la boue liquide du dégel, ça et là envasés »), amaigris (« tout petits, l’air pauvre avec leur maigreur de misère »). Les hommes et l’animal se rejoignent dans la mort, unis dans un destin commun, celui d’enrichir la Compagnie. Les termes « cadavres d’hommes » et « cadavre de Trompette » se répondent et le cadavre du cheval situé au milieu des morts humains est décrit lui aussi avec des termes à la fois dépréciatifs et pathétiques : « un tas de chair morte, monstrueux et lamentable ». Hommes et animal ont perdu toute dignité. Les couleurs ajoutent à l’horreur et à la grandeur du tableau : ce sont le noir du charbon et le blanc sali de la neige. La nature (boue, charbon, neige fondue) semble à l’unisson du massacre. b. L’abbé Ranvier appelle à la justice de Dieu et à l’extermination de la bourgeoisie. Mais de fait il disait sa messe au moment de l’affrontement et du massacre, sans rien faire pour les éviter. Zola dénonce l’inutilité du socialisme chrétien tel qu’il nous le présente par l’intermédiaire de l’abbé Ranvier. Je formule mes impressions 15. Réponses libres J’étudie la langue Vocabulaire : sens propre et figuré 16. a. Les mots pris au sens propre : « boueux de la boue liquide du dégel », Les mots pris au sens figuré : « marée montante des mineurs », le mot marée désigne ici un nombre important de mineurs qui arrivent comme la marée montante, « cette grêle de gros mots » : les injures sont nombreuses et atteignent les soldats comme le feraient de la grêle, « la grêle des briques », même explication que précédemment mais pour des briques « l’ouragan des balles », les balles tirées par les soldats ont été extrêmement rapides et violentes comme peut l’être un ouragan. b. Ces termes appartiennent au champ lexical de la nature et en particulier des manifestations atmosphériques ; ils marquent le caractère violent et inéluctable des actions des hommes pendant cet épisode.

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Questions sur la partie 7 (p. 316 à 319) Ai-je bien lu ? 1. Le bilan de l’affrontement avec la troupe est de vingt-cinq blessés, quatorze morts dont deux enfants et trois femmes. Les mineurs doivent reprendre le travail le lundi suivant après l’annonce par la Compagnie du départ des Belges et des militaires. Mais les grévistes n’ont rien obtenu. 2. a. Souvarine est un Russe anarchiste, machineur au Voreux. Il sabote le cuvelage du puits dans la nuit du dimanche au lundi (de minuit à trois heures du matin) avant la reprise du travail. b. Le cuvelage cède et la mine est inondée. Quinze mineurs restent au fond dont Étienne, Catherine et Chaval. 3. Au chapitre V, Catherine descend travailler accompagnée d’Etienne. Ils se retrouvent bloqués au fond de la mine par l’inondation et les éboulements. En essayant de trouver une issue ou un endroit sûr, ils tombent sur Chaval. Bientôt la coexistence est impossible et Étienne tue Chaval. Ils restent tous les deux sans rien à manger attendant les secours. Après un bref moment d’amour, Catherine meurt. Étienne seul sera sauvé au bout de douze jours. 4. À la fin du roman, après six semaines à l’hôpital, Étienne quitte Montsou pour rejoindre Pluchart à Paris. J’analyse le texte Le parcours d’Étienne 5. a. Après la fusillade, les mineurs du coron des Deux-Cent-Quarante se retournent contre Étienne rendu responsable du massacre. Ils l’injurient, le traitent de lâche, le considèrent comme la cause de tous leurs malheurs. Celui-ci court jusqu’à la route pour leur échapper, mais il tombe sur le vieux Mouque et Chaval qui commencent à lui lancer des briques, les autres qui l’ont suivi font de même et il est obligé de se réfugier chez Rasseneur qui apaise la foule et retrouve sa popularité. b. Il décide de reprendre le travail pour accompagner Catherine, et peut-être pour échapper temporairement à la vindicte des mineurs. c. Étienne croit toujours qu’il est possible de faire évoluer la société, mais il a conscience que la violence n’est peut-être pas le meilleur moyen pour y arriver et qu’il faut s’appuyer sur l’action légale, les syndicats et ensuite prendre le pouvoir (chap. VI, l). d. Étienne voit son avenir à Paris comme une nouvelle étape de sa vie : il combattra sans relâche pour ses camarades restés sous terre, mais rêve désormais d’une lutte organisée, d’une conquête légale de la justice sociale, sans violence et dans le cadre des syndicats. 6. Étienne aime Catherine depuis le premier jour où il est descendu à la mine et qu’elle a partagé son « briquet » avec lui. Dès ce moment il a eu envie de l’embrasser, mais il n’a pas osé et Chaval l’a fait avant lui. Ce dernier a fait de Catherine sa maîtresse, l’a poussée à vivre avec lui : elle considérait qu’elle devait rester avec lui jusqu’au jour où il l’a chassée. Mais à ce moment-là, Catherine reste encore fidèle à Chaval car elle pense qu’Étienne a une relation avec la Mouquette. 7. Étienne affronte encore une fois Chaval à un moment où ils se retrouvent avec Catherine coincés au fond de la mine. Catherine reste d’abord auprès d’Étienne, mais Chaval s’impose auprès de la jeune fille en lui offrant un peu à manger : la coexistence devient impossible. Il tente de la caresser, ce qu’elle refuse. Étienne l’affronte alors : « Si tu ne la lâches pas, je t’étrangle. » (l. 592). Ils se mettent tous deux debout pour se battre. Chaval riposte : « Cette fois je te mange. » Étienne est pris alors du besoin de tuer, à cause de son hérédité, il détache de la paroi un morceau de schiste et en frappe Chaval à mort. 8. a. Étienne et Catherine vivent leur scène d’amour au fond de la mine, dans le noir tandis que l’eau monte et qu’ils entendent qu’on travaille à leur délivrance. Catherine délire sous l’effet de la faim, mais elle est heureuse. Les deux jeunes gens s’avouent leur amour. Ils ont alors une étreinte amoureuse qui leur permet d’oublier un instant le tragique de leur situation. Et Catherine meurt immédiatement après.

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b. Dans ces noces funèbres, vie et mort sont intimement liées, pourtant la vie semble l’emporter : Catherine « revit le soleil », les deux amants ressentent avant de mourir « l’obstiné besoin de vivre, de faire de la vie une dernière fois » (l. 852-853). Quand Catherine meurt, Étienne la garde sur ses genoux, comme si elle était endormie, rêvant d’une vie future à deux et quand les sauveteurs approchent, il la voit marchant devant lui, et les coups qu’il entend lui semblent être « le léger claquement de ses sabots » (l. 906). Le personnage de l’anarchiste Souvarine 9. Souvarine est en proie à une forte rage au moment où il détruit la mine. On peut relever le lexique de la destruction : des noms : « destruction » (l. 112), « morsure de ses outils » (l. 120), les outils eux-mêmes : « vilebrequin », « scie » (l. 114), des verbes : « s’acharna » (l. 112), « tapant » (l. 113), « l’éventrer » (l. 115), « tuerait » (l. 117). 10. Le comportement animal de Souvarine est souligné dans les lignes 119-123 par les termes : « son échine s’allongeait », « rampait » et la métaphore : « un vol d’oiseau nocturne au travers des charpentes d’un clocher. » Une fois son œuvre accomplie, il s’apaise, rebouche le trou qu’il a fait pour s’introduire au plus près du cuvelage, dissimule ses outils dans sa veste, remonte les échelles. Il sort de la fosse et reste sur la route. La dimension épique et symbolique 11. Le Voreux est totalement détruit. L’ensemble des installations s’enfonce dans la terre : les différents bâtiments : criblage, recette, bâtiment des chaudières, tourelle carrée, machines, cheminées. Il se forme un cratère de quinze mètres de profondeur sur quarante mètres de largeur, qui engloutit tout le carreau de la mine : tréteaux, passerelles, train de berlines, trois wagons, provision de bois. Une fissure va jusqu’au cabaret de Rasseneur. L’eau du canal envahit ensuite le trou, toute la mine est inondée. 12. a. Le narrateur reprend la métaphore du monstre vorace : « cette bête mauvaise du Voreux, à la gueule toujours ouverte, qui avait englouti tant de chair humaine ! » (l. 117-119), « C'était fini, la bête mauvaise, accroupie dans ce creux, gorgée de chair humaine, ne soufflait plus de son haleine grosse et longue. » (l. 157-160). b. La tour carrée et la machine sont personnifiées dans les lignes 145-152 : la tour « tomba sur la face », à l’intérieur la pompe d’épuisement « râlait », la machine « lutt[e] contre la mort », « les membres écartelés », elle agit d’elle-même : « elle marcha, elle détendit sa bielle, son genou de géante, comme pour se lever ; mais elle expirait ». Ces personnifications contribuent à la dramatisation épique et accentuent l’horreur de la situation. 13. La mort du Voreux a des résonances bibliques, elle rappelle l’Apocalypse, le Déluge, met en branle les éléments (eau, terre et feu) : la terre engloutit les installations au sol du Voreux, une énorme inondation envahit la mine et l’ensemble des galeries. Les mineurs ont juste le temps de remonter sauf quinze d’entre eux dont Étienne, Catherine et Chaval qui se retrouvent bloqués par l’eau dans la veine Guillaume (voir Partie 1). Pour les sauver, les mineurs creusent une galerie à partir de la vieille fosse de Réquillart : ils doivent traverser des couches de charbon extrêmement dures. Mais il y a du grisou et une imprudence de Zacharie provoque une explosion à l’origine d’ un violent incendie (l. 215-222). Un porion et trois mineurs sont grièvement brûlés et Zacharie est mort : « Les vêtements avaient brûlé, le corps n’était qu’un charbon noir, calciné » (l. 245-246). 14. On retrouve le champ lexical de la germination : « la terre qui enfantait » (l. 1050), « Du flanc nourricier jaillissait la vie » (l. 1050), « bourgeons » (l. 1051), « poussée des herbes » (l. 1052), « des graines se gonflaient s’allongeaient » (l. 1053), « débordement de sève » (l. 1055), « germes » (l. 1056), « grosse » (l. 1061). La métaphore de la dernière phrase du roman développe l’idée qu’en ce matin de printemps, les mineurs, sous terre, comme la nature en germination, pousseront pour produire un jour « une armée noire, vengeresse » (l. 1061-1062) qui changera la société. Cette transformation se fera lentement

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mais inéluctablement à l’image d’une germination qui produira les « récoltes du siècle futur » (l. 1063). Le titre du roman prend alors tout son sens : il fait à la fois référence à la germination végétale et au mois d’avril du calendrier révolutionnaire, symbolisant la germination de la révolte qu’Étienne a semée. La terre, en gestation, devient ainsi le symbole d’une gestation sociale et pollitique Comparaison entre début et fin du roman 15. a. Le début et la fin du roman se déroulent dans des conditions climatiques opposées : au début, c’est un jour froid de mars, c’est encore l’hiver, tandis que la fin se déroule un très beau jour d’avril : le printemps est là, la nature printanière offre des symboles de bon augure. Le narrateur projette sur la campagne renaissante les espoirs du héros. La situation des mineurs face à la compagnie est sans doute toujours aussi mauvaise mais la grève a montré que les ouvriers peuvent se révolter. b. Entre ce début et cette fin, treize mois se sont écoulés. Il y a eu de nombreux morts en particulier chez les Maheu (Alzire, Maheu, Zacharie, Catherine). Les seuls qui travaillent pour subvenir aux besoins de la famille sont la Maheude qui fait tourner un ventilateur au fond et Jeanlin qui travaille en surface comme « nettoyeur de gros ». Deneulin a été obligé de vendre sa mine et les mineurs du Voreux vont travailler à Jean-Bart. Chez les Grégoire, Cécile est morte. Étienne s’est transformé : d’un ouvrier inculte, il est devenu un dirigeant et va travailler à Paris. Je formule mes impressions 16. Réponses libres J’étudie la langue Vocabulaire : autour du mot travail 17. Entrer en salle de travail : entrer en salle d’accouchement ; Travailler la terre : la labourer, la bêcher… faire en sorte qu’elle puisse recevoir les semences ; Travailler la pâte : pétrir la pâte ; Être travaillé par des soucis : être préoccupé ; Travailler son style : rédiger le mieux possible ; Un bourreau de travail : métaphore qui s’applique à quelqu’un qui travaille énormément ; Un travail de romain : travail énorme et difficile (les Romains ont construit routes et aqueducs dans tout leur empire). Les travaux d’Hercule : ce sont les douze exploits que la déesse Junon (ou Héra en grec) a imposé à Hercule (ou Héraclès). Elle poursuivait de sa jalousie ce fils de Jupiter (Zeus) et d’Alcmène ; au sens figuré, ce sont des tâches très difficiles. Un travail de fourmi : travail qui demande beaucoup de patience, qui se fait petit à petit (les fourmis transportent peu à la fois mais sans relâche). Travail intérimaire : travail temporaire, pour une durée déterminée, de façon à remplacer un salarié absent. Travail au noir : travail qui n’est pas déclaré, les charges sociales et l’assurance ne sont pas payées.

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Le bilan de lecture (p. 320-321)

Les personnages et les lieux du roman Nom Caractéristique À la fin du roman Étienne 6. Meneur de la grève. b. Va faire sa carrière à Paris. Maheu 9. Haveur, père de sept enfants. p. Meurt frappé par la dernière balle des

soldats. La Maheude 5. Mère au foyer, sept enfants. l. Travaille à manœuvrer un ventilateur au

fond de la mine. Zacharie 1. Haveur, épouse Philomène. c. Meurt dans une explosion de grisou en

voulant sauver sa sœur. Catherine 12. Herscheuse, maîtresse de Chaval,

amoureuse d’Étienne. h. Meurt dans les bras d’Etienne.

Jeanlin 2. Âgé de onze ans, il brutalise ses amis Bébert et Lydie

g. Estropié, travaille à trier le charbon.

Alzire 12. Fillette bossue. n. Meurt de faim et de froid pendant la grève.

Bonnemort 10. Charretier, A travaillé cinquante ans à la mine.

d. Devient paralysé et perd la tête.

Chaval 14. Haveur, amant de Catherine. e. Meurt au fond de la mine tué par Étienne.

La Mouquette 8. Herscheuse, a beaucoup d’amants, amoureuse d’Étienne.

a. Meurt pendant la fusillade en protégeant Catherine.

Cécile Grégoire 11. Fiancée à Paul Négrel. k. Étranglée par Bonnemort. Les Grégoire 7. Ils résident à la Piolaine. m. Ont perdu leur fille. Hennebeau 3. Directeur de la mine de Montsou. j. Directeur de la mine de Montsou. Deneulin 15. Ingénieur, propriétaire de la mine de

Jean-Bart. i. A vendu sa mine, devient ingénieur de la mine de Montsou.

Rasseneur 4. Propriétaire du cabaret À l’Avantage. f. Retrouve son rôle de conseiller des mineurs.

Souvarine 13. Anarchiste, sabote le cuvelage du Voreux.

o. Quitte Montsou pour une destination inconnue.

7 V 5 1 M O N T S O U C R 9 O E V 2 R E Q U I L L A R T O X 8 N 10 N F D J 3 P I O L A I N E 6 S M A C S E N

4 G A L E R I E B G A E R T

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Dossier thématique : Ouvriers et ouvrières au XIXe siècle Les conditions de vie et de travail des ouvriers Description de la condition ouvrière par R.-L. Villermé (p. 331-332) 1. La durée de la journée de travail varie mais elle s’étend au moins sur quinze heures. Les ouvriers disposent d’une demi-heure pour le déjeuner et d’une heure pour le dîner, ce qui donne treize heures et demie de travail effectif. a. Les ouvriers ne peuvent pas loger en ville près de leur lieu de travail, à cause du prix des loyers. b. Ils vont se loger loin de la ville à une lieue ou une lieue et demie (entre 4 et 6 kilomètres) ou même plus. Ils doivent faire l’aller et retour à pied pour se rendre sur leur lieu de travail et en revenir. 2. Les logements des ouvriers sont très rudimentaires comme le montrent les termes : « un mauvais et unique grabat pour toute la famille, un petit poêle qui sert à la cuisine comme au chauffage, une caisse ou grande boîte qui sert d’armoire, une table, deux ou trois chaises, un banc quelques poteries », et c’est tout. Tableau de François Bonhommé, « Forgeage au marteau-pilon… » (p. 333) Le tableau en couleur se trouve sur le site du Musée du Creusot 1. Le tableau représente un atelier de forgeage avec deux marteaux-pilons destinés à forger le métal (à droite et à gauche du tableau). Au premier plan des pièces déjà forgées sont destinées à équiper un bateau (une frégate à hélice). Au second plan et à l’arrière-plan, les ouvriers portent les pièces de métal. À l’extrême gauche deux ouvriers sont blessés. À l’extrême droite, à droite du marteau-pilon, un autre ouvrier surveille le travail de la machine. C’est une huile sur toile de 125 x 220 cm qui est exposée à l’écomusée du Creusot. 2. L’atelier doit faire six mètres de hauteur sur une vingtaine de mètres de long, mais le tableau ne le représente pas dans sa totalité. Il est construit comme une halle, sans colonnes dans le milieu pour soutenir la charpente. L’espace dégagé est très vaste. 3. François Bonhommé montre l’interaction des ouvriers et des machines. Les machines et les pièces forgées au premier plan sont impressionnantes, mais les ouvriers sont nombreux et indispensables à cette époque (Second Empire). On peut noter que ces ouvriers travaillent dans un environnement dangereux sans autre protection qu’un tablier de cuir. 4. François Bonhommé met en évidence les caractéristiques du progrès industriel au XIXe siècle : ampleur des installations, abondante main-d’œuvre, dangerosité des tâches. Le travail des femmes Extrait du chapitre « L’ouvrière » dans La Femme de Jules Michelet (p. 335) 1. Michelet considère que les seuls métiers féminins sont le filage à la campagne et la couture à la ville. Leur avantage était de permettre à la femme de réaliser ces travaux rétribués chez elle tout en s’occupant de son ménage, de ses enfants, de ses bêtes. 2. Ce sont des machines qui remplacent la fileuse et la couseuse, la machine à lin pour le filage, la machine à coudre pour la couture. Michelet les appelle : « deux terribles fées, […] la fileuse d’airain et la couseuse de fer ». 3. Michelet reconnaît que ces machines « sont, à la fin, des bienfaits pour l’espèce humaine ». Il insiste sur leurs avantages : « bon marché, perfection de leur travail ». Mais pour lui les conséquences sont désastreuses, en période de transition, pour des millions de femmes arrachées à leurs tâches traditionnelles. Salle de peigneuse Heilmann pour la laine (p. 336) 1. Il s’agit d’une gravure réalisée par le dessinateur Barclay et le graveur Armand Kohl. Il s’agit sans doute d’une gravure sur bois.

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2. Le nombre de machines est extrêmement difficile à compter. Le dessinateur a choisi de créer un effet de perspective montrant les deux rangées de peigneuses pour montrer l’importance de ce type d’atelier qui permet d’installer de nombreuses machines côte à côte. 3. Après la tonte des moutons et avant d’être filée, la laine doit être lavée, cardée (c’est-à-dire brossée en formant des rubans) et peignée (c’est-à-dire passée par des peignes pour l’étirer). Avant l’invention des machines, cette opération se faisait à la main. C’était long et pénible. Le travail des enfants Poème de Victor Hugo, « Melancholia » (p. 338-339) 1. a. Le poème commence par trois phrases à modalité interrogative correspondant aux trois premiers vers. Hugo souhaite d’emblée interpeller l’auteur en lui présentant un tableau pathétique d’enfants tristes et amaigris. b. La réponse à ces questions est dans les vers suivants, du vers 4 au vers 17. 2. Dans les v. 18 à 23, Victor Hugo oppose le travail des enfants qui asservit et affaiblit au « vrai travail, sain, fécond, généreux,/ Qui fait le peuple libre et qui rend l’homme heureux ! » 3. Le poète dénonce la durée du travail imposé à des enfants dès huit ans (quinze heures), leur fatigue, l’enfermement, les gestes répétitifs, l’absence de pause, l’impossibilité de rire et de jouer, leur asservissement en général (v. 17). Cette oppression de l’enfance le révolte. 4. L’illustration se réfère aux vers : « Accroupis sous les dents d’une machine sombre,/ Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l’ombre ». 5. La machine est comparée à un monstre qui dévore les enfants et les détruit : « Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l’ombre ». Extrait du roman de Charles Dickens, David Copperfield (p. 340) 1. David Copperfield est embauché dans une entreprise d’embouteillages de vins et de liqueurs. 2. Son travail consiste d’abord à rincer les bouteilles vides et à éliminer les bouteilles abîmées. Ensuite il doit coller les étiquettes sur les bouteilles pleines, les boucher, les coiffer de cire et les emballer dans les caisses. 3. Ce travail n’a aucun intérêt pour un enfant de dix ans. Il est répétitif et fatigant, et ne comporte aucune valeur éducative. Les luttes ouvrières et le droit à la grève Jules Adler, La Grève au Creusot (P. 342-343) 1. a. b. Il s’agit d’un cortège de manifestants. La foule est composée d’hommes, de femmes et d’enfants. Ils portent des vêtements de fête (et non de travail) de couleur noire pour la plupart. Le noir est dominant avec quelques taches plus vives ou plus claires : écharpe rouge, foulard, pantalon, tablier, cols blancs. Les manifestants ont une expression déterminée, volontaire et même farouche. Ils ont la bouche ouverte : ils crient ou ils chantent. c. Les manifestants portent des drapeaux tricolores ; les drapeaux rouges, symbole de la révolution, étaient interdits mais le peintre a choisi un cadrage qui met en évidence le rouge des deux premiers drapeaux. La signification symbolique des drapeaux tricolores est le soutien à la République. Nous pouvons également voir au deuxième rang une femme portant un rameau, symbole de paix. 2. À l’arrière-plan, nous voyons les toits des installations minières (les chevalets) et les cheminées d’usines du Creusot. Le peintre qui est allé au Creusot situe précisément la scène. 3. Le peintre met au premier plan une femme qui brandit un drapeau et porte une écharpe rouge ; elle fait penser au tableau de Delacroix La Liberté guidant le peuple. Elle est suivie d’un enfant qui porte un tambour sur le dos et tient des baguettes dans la main droite. Tous deux guident la foule en marche. Le peintre veut montrer que les femmes ont eu un rôle important dans ce mouvement et que la solidarité touche tous les âges. 4. Ouvriers et ouvrières sont unis : serrés les uns contre les autres, ils se tiennent par les bras.

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5. La manifestation est inscrite dans un triangle dont la pointe est la jupe de la femme de tête et qui met en évidence la marche du cortège qui se poursuit, au-delà des limites du cadre du tableau (partie gauche). Le peintre crée l’illusion du mouvement en présentant les personnages un pied en avant. Il cherche à la fois à montrer l’union et à varier sa composition : les lignes verticales (personnages, cheminées des usines) se conjuguent avec les lignes obliques du cortège et sont rompues par les lignes horizontales que l’on peut tracer au niveau des têtes (base du triangle) et du toit de l’usine. 6. a. La foule s’éloigne des usines, elle tourne le dos à la masse des toits pourtant imposante. b. L’éclaircie de l’arrière-plan peut symboliser l’espoir des ouvriers et des ouvrières de voir leurs revendications satisfaites et de connaître un avenir meilleur. 7. Le tableau est un grand format (231 x 302 cm) qui permet de représenter les personnages grandeur nature, ce qui contribue à faire du public dece tableau des spectateurs de la manifestation. Affiche syndicale réclamant la journée de huit heures (p. 345) 1. C’est le syndicat (CGT Confédération générale du travail qui fédère l’ensemble des ouvriers) qui est à l’origine de cette affiche. Elle s’adresse aux ouvriers syndiqués et non syndiqués. 2. À gauche, on voit la caricature d’un énorme patron, baguette à la main et chapeau sur la tête ayant à ses pieds un ouvrier de taille minuscule qui s’incline devant lui, casquette à la main. À droite, les rapports sont inversés : l’ouvrier a la même taille que le patron présenté à gauche, mais il est mince et porte une casquette et un outil en main (attributs de l’ouvrier). C’est un patron de taille minuscule qui, cette fois, s’incline devant lui, chapeau à la main. Ces deux caricatures peuvent convaincre les ouvriers de se syndiquer, en montrant que l’ouvrier non syndiqué ne pèse rien devant le patron alors que le patron face à l’ouvrier syndiqué perd de son pouvoir. 3. La revendication porte sur la journée de travail de huit heures sans diminution de salaire. a. La journée de travail de huit heures permettra aux ouvriers d’avoir huit heures de repos, et huit heures de loisirs. Ils pourront ainsi goûter aux joies de la famille et de la vie, jouir d’une liberté plus grande, avoir accès à l’éducation. En outre, le chômage pourra diminuer car le travail sera mieux réparti (quatrième paragraphe de l’affiche). b. L’action proposée pour le 1er mai 1906 est de mettre en application la journée de huit heures. Le film Germinal de Claude Berri (p. 346) 1. a. L’on voit que le document est une affiche grâce aux indices suivants : mention qu’il s’agit d’un film de Claude Berri, nom des principaux acteurs (les autres indications figurant dans la partie inférieure de l’affiche, telles que scénario, costumes, ingénieur du son… ont été coupées). b. Cette affiche représente le cortège des mineurs en grève. 2. À l’arrière-plan est figurée l’usine, avec ses tréteaux et ses structures métalliques. 3. a. Les personnages sont des mineurs qui défilent sous la conduite d’Étienne (Renaud). Ils sont diversement vêtus. Étienne fait partie des mieux habillés (il s’habille mieux depuis qu’il s’est instruit et distingué parmi les mineurs) : il porte une chemise, un gilet, une redingote, une écharpe. Les femmes, derrière lui, sont misérables, mal peignées, fichu sur la tête. Le visage d’Étienne exprime la colère ; les autres personnages paraissent déterminés, renfermés, tristes et fatigués (la femme). Étienne tient à la main une rivelaine, l’instrument des mineurs, mais qui connote ici la violence. Il avance décidé, bouche ouverte pour rallier ses camarades. À sa droite, un homme serre le poing ; à sa gauche, un autre est muni d’un bâton. b. Les mineurs vont de l’avant, de droite à gauche, tournant le dos à la mine. Le spectateur est légèrement sur le côté, quasiment face à eux, et assiste avec inquiétude à ce déferlement d’une foule en révolte. 4. Étienne est au premier plan. L’acteur qui joue le rôle est Renaud Séchan. 5. Cette affiche illustre la 5e partie (chapitres 3 et 4) : « Oui, un soir, le peuple lâché, débridé, galoperait ainsi sur les chemins ; et il ruissellerait du sang des bourgeois » (l. 441-443 p. 210).